Vous êtes sur la page 1sur 352

COLLECTION

TER RES LIT T ÉRAI RES


SOUS LA DIRECTION DE XAVIER DAMAS

Français
re
1
L I V R E D U PR OF E S S E UR

Marion Baudet
lycée Jean Monnet (Yzeure, 03)

Aurélia Courtial
lycée Pierre de Coubertin (Meaux, 77)

Xavier Damas
lycée Gaston Bachelard (Chelles, 77)

Nathalie Havot
lycée Jules Verne (Château-Thierry, 02)

Loïc Larboulette
lycée François Rabelais (Saint-Brieuc, 22)

Liliane Martinet-Bigot
lycée Camille Claudel (Troyes, 10)

Murielle Taïeb
lycée Victor Hugo (Besançon, 25)
A V A N T - P R O P O S

Complément du manuel Terres littéraires Première, le livre du professeur propose la correction intégrale
de toutes les activités proposées à l’élève : lectures analytiques et études de textes en vis-à-vis, analyses
d’images, questions sur des œuvres intégrales et en histoire des arts, exercices d’approfondissement de
la partie I ; exercices d’ouverture de fiche, puis d’application de la partie II ; questions sur des éléments
de cours et exercices d’entraînement de la partie III.

Des études de textes graduelles


Le corrigé des lectures analytiques et des analyses d’images de la partie I valorise la progressivité des
questionnaires : l’approche systématique sous forme de relevés ou de questions thématiques de la rubrique
« Première lecture » (« Première approche » pour les images) est validée par un corrigé essentiellement
énumératif, souvent court. Il en est de même pour le traitement de la rubrique « Mise au point » axée sur
un point de grammaire, de vocabulaire ou de rhétorique, dans l’étude des textes.
Les réponses aux questions d’analyse, généralement plus développées, obéissent à une logique de
plus en plus exigeante, aboutissant à une réponse de synthèse, en relation avec l’objectif initialement posé.
La systématisation de deux activités complémentaires « Pour aller plus loin », l’une de recherche,
l’autre de rédaction ou de travail oral dévolue à la préparation des épreuves du bac, rattache explicitement
le texte à l’ensemble de la séquence et à la progression annuelle. Les activités de type TICE ou de lectures
cursives offrent des réponses fondées sur le maniement d’usuels, de textes littéraires ou de sites Internet
de référence. En outre, les travaux en lien avec l’examen final sont traités sous forme de plans généraux
ou détaillés axés sur la compétence visée.
Les réponses aux questionnaires plus resserrés « D’un texte à l’autre » obéissent à la même logique
que le corrigé de la rubrique « Analyse » des textes principaux (1, 2 et 3). Seules les dernières questions
« Vis-à-vis » sont traitées de manière spécifique : chaque réponse confronte synthétiquement les deux
documents en vue d’une confrontation stylistique et diachronique.

Des apports synthétiques enrichissant les séquences


Outre les études de textes et les analyses d’images, les corrigés des travaux d’étude d’œuvres
intégrales, des questions en histoire des arts et des exercices d’approfondissement, au plus près des
contraintes de temps de la vie de classe, sont à la fois précis et synthétiques. Il s’agit en outre d’ouvertures
culturelles dans lesquelles le professeur peut puiser pour concevoir d’autres lectures analytiques. Le corrigé
du dernier exercice de la séquence, fondé sur une activité de type bac, rappelle que le support étudié est
utilisable dans l’évaluation finale prévue par le professeur.

Édition : Carole San-Galli


Conception maquette : Alinéa
Réalisation : Graphismes
Relecture, corrections : Silvain Chupin et Julie Vasseur
© Hatier, Paris 2011 – ISBN 978-2-218-95328-6
Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous pays, faite sans
autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires. Réf. : loi du 11 mars 1957,
alinéas 2 et 3 de l’article 41.
Une représentation ou reproduction sans autorisation de l’éditeur ou du centre français d’Exploitation du droit de copie
(20, rue des Grands-Augustins, 75006 PARIS) constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants
du Code pénal.

2
Des notions progressivement assimilées
La correction des exercices d’application de la partie II est pragmatique. Les réponses énumèrent,
surtout dans les premiers exercices de la rubrique « Mettre au point », les champs lexicaux ou les éléments
grammaticaux à relever, dans l’optique d’apprivoiser la notion étudiée ; l’exercice ne se confond pas avec
une lecture analytique de la partie I. Le but est de faire de chaque texte ou de chaque image un prétexte
à l’assimilation progressive d’une notion lexicale, grammaticale ou stylistique.
À la fin de chaque fiche, après les exercices de la rubrique « Appliquer », un exercice « Écrire »
comporte une activité de type bac. Elle bénéficie d’une réponse souvent détaillée, et régulièrement d’une
proposition intégralement rédigée.

Des méthodes acquises par étape


Les corrigés de toutes les activités de la partie III renforcent le caractère progressif des exercices. Ils
suivent le fil méthodologique du cours et de l’application : l’élève peut ainsi, étape par étape, assimiler les
techniques de recherche, de rédaction et d’exposé attendues au lycée.
Le caractère systématique des relevés et des plans détaillés est au plus près de l’élaboration et de la
composition attendues à l’examen. Ces corrigés d’exercices comportent, en outre, de nombreux modèles
rédactionnels, du plan détaillé à la rédaction intégrale de parties de devoir. Rappelons que pour toutes
les séries de bac, des entraînements effectifs aux épreuves anticipées sont proposés à la fin de chaque
chapitre de la partie I ; leur correction précise sous forme de plans détaillés renforce l’acquisition des
méthodes évaluées à l’examen.

Un outil dynamique
Loin de se cantonner à la correction, déjà essentielle, de toutes les activités proposées dans le livre
de l’élève, cet ouvrage comporte de nombreuses ouvertures destinées à enrichir le cours, donner d’autres
idées de séquences, croiser les textes et images d’une même séquence avec d’autres documents, former
un corpus de type bac à partir de quelques textes étudiés en lecture analytique, etc.
Dans la partie I, une série de prolongements met chaque séquence en réseau avec l’intitulé général de
l’objet d’étude (pistes bibliographiques, liens avec le DVD-Rom de la collection Terres littéraires, propositions
de corpus et d’activités complémentaires de type bac).
En fin de correction de chaque fiche de la partie II, un prolongement utilise généralement le support
du dernier exercice pour une nouvelle activité qui a pour but d’affermir la notion étudiée.
Au bout de toute série d’exercices de fiche méthode de la partie III, un prolongement plus exigeant
enrichit l’acquisition de la compétence concernée.
Ce livre a été conçu dans la ferme détermination de préparer les élèves de Première de façon concrète
et progressive aux épreuves du bac. Recherches, lectures, activités écrites et orales sont les piliers de
l’examen, constamment préparé en complémentarité avec le manuel et le DVD-Rom de la collection, afin
de s’approprier des savoirs et des méthodes transposables aux autres matières.
Xavier DAMAS

3
S O M M A I R E Dans le sommaire ci-après,
ces pictogrammes proposent
des liens avec le DVD-Rom

Audio Vidéo

Texte Iconographie

PARTIE I

Textes
Chapitre 1 Écriture poétique et quête du sens
Séquence 1 L’inspiration poétique
ANALYSE D’IMAGE N. Poussin, L’Inspiration du poète 19
C. Baudelaire,
« Parfum exotique » TEXTE 1 Saint-Amant, Œuvres poétiques 19
C. Baudelaire, D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 P. de Ronsard, Nouvelles poésies 20
« Les fenêtres » TEXTE 2 C. Baudelaire, Les Fleurs du mal 21
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 V. Hugo, Les Contemplations 22
E. Le Sueur, Clio,
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE C. Baudelaire, Les Fleurs du mal 23
Euterpe et Thalie
S. Gainsbourg, TEXTE 3 R. Queneau, Battre la campagne 24
La Nuit d’Octobre D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 T. Corbière, Les Amours jaunes 25
HISTOIRE DES ARTS 26
É. Vigée-Le Brun,
Autoportrait Exercices d’approfondissement
G. Courbet, 1 N. Boileau, L’ Art poétique 26
L’Atelier du peintre 2 A. Rimbaud, « Voyelles » 27
F. Nadar, Portrait 3 F. Ponge, Le Parti pris des choses 27
de Charles Baudelaire
4 A. Bosquet, Sonnets pour une fin de siècle 27
5 Y. Bonnefoy, Les Planches courbes 28
Prolongements 29

Séquence 2 La poésie amoureuse

M. Desbordes-Valmore, TEXTE 1 L. Labé, Sonnets 30


« Je ne sais plus... » D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. Du Bellay, L’Olive 31
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE L. Labé, Sonnets 31
TEXTE 2 P. Verlaine, Romances sans paroles 33
A. Canova, Psyché...
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 M. Desbordes-Valmore, Poésies inédites 34
G. Apollinaire, ANALYSE D’IMAGE A. Rodin, Le Baiser 34
« Le pont Mirabeau » TEXTE 3 R. Desnos, Corps et biens 35
G. Brassens, Il n’y a D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 P. Eluard, Capitale de la douleur 36
pas d’amour heureux

4
S O M M A I R E
HISTOIRE DES ARTS La représentation des amants 37
J. A. Watteau, Arlequin
et Colombine… Exercices d’approfondissement
G.F. Kersting, 1 B. de Ventadour, Chansons 37
La Brodeuse 2 F. de Malherbe, Poèmes 37
B. Vian, La Complainte 3 L . Sédar Senghor, Lettres d’hivernage 37
du progrès
4 A . de Musset, Poésies nouvelles 38
5 P. de Ronsard, Les Amours 38
Prolongements 39

Séquence 3 La mission du poète


TEXTE 1 V. Hugo, Les Rayons et les Ombres 40
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 C. Marot, L’Adolescence clémentine 41
ANALYSE D’IMAGE R. Magritte, La Tentative de l’impossible 41
G. Apollinaire,
« Le pont Mirabeau » TEXTE 2 F. Ponge, Le Parti pris des choses 42
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 G. Apollinaire, Calligrammes 43
A. Rimbaud, ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE F. Ponge, Le Parti pris des choses 44
« À la musique »
TEXTE 3 R. Char, Seuls demeurent 45
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 A. Rimbaud, Lettre à Paul Demeny 47
Barbara, Göttingen
J. Prévert, « Barbara » HISTOIRE DES ARTS Le mythe d’Orphée à travers les arts 47
J. Tardieu, « Oradour »
Exercices d’approfondissement
1 D. Diop, Coups de pilon 47
2 Lautréamont, Les Chants de Maldoror 48
3 L. Aragon, Le Roman inachevé 48
4 A. d’Aubigné, Les Tragiques 48
Prolongements 49
VERS LE BAC Le sonnet : une muse exigeante ?
J. Du Bellay ; F. de Malherbe ; C. Baudelaire ; G. Apollinaire 50

Chapitre 2 L’argumentation : la question de l’homme


Séquence 4 Réflexions sur la nature humaine
Entretien avec TEXTE 1 B. Pascal, Pensées 55
M. Yourcenar D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 Voltaire, Micromégas 56
J.-B. S. Chardin, TEXTE 2 Fénelon, Traité de l’éducation des filles 57
Le Bénédicité
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe 58
ANALYSE D’IMAGE J.-A. Houdon, Sabine Houdon âgée de quatre ans 59
TEXTE 3 D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville 60
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid 61
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville 62

5
S O M M A I R E
Lecture d’une lettre HISTOIRE DES ARTS Naissance et évolution du portrait pictural 64
de R. Luxemburg
Exercices d’approfondissement
J. de La Bruyère,
« Des Grands » 1 Hésiode, Théogonie 64
M. Luther King, 2 J. Vallée des Barreaux, Poésies choisies 65
I have a dream 3 A. de Vigny, Les Destinées 65
4 S. de Cyrano de Bergerac, L’Autre Monde ou les États et Empires de la Lune 65
G. Arcimboldo,
Le Juriste Prolongements 67
M. Quentin de La Tour,
Portrait de la marquise
de Pompadour
É. Vigée-Le Brun, Séquence 5 Voyage et formation
Autoportrait
TEXTE 1 M. de Montaigne, Essais 68
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation 69
TEXTE 2 Voltaire, L’Ingénu 70
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 A. Gide, Retour de l’URSS 71
J.-P. Blondel, Qui vive ?
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Voltaire, L’Ingénu 72
M. Parr,
La Tour de Pise ANALYSE D’IMAGE E. Fromentin, Halte de cavaliers arabes dans la forêt 73
Barbara, Göttingen TEXTE 3 N. Huston, Nord perdu 74
C. Baudelaire, D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 M. Condé, Entretien avec Elizabeth Nuñez 75
« Parfum exotique »
HISTOIRE DES ARTS Carnets, croquis et voyages 75

Entretien avec F. Lebert Exercices d’approfondissement


(photographe) 1 V. Hugo, Le Rhin 75
G. De Chirico, 2 G. de Nerval, Le Voyage en Orient 76
Piazza d’Italia
3 J. et J.-M. G. Le Clézio, Gens des nuages 76
Prolongements 78

Séquence 6 Le savoir, la science et l’homme


TEXTE 1 F. Rabelais, Pantagruel 79
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 A. Huxley, Le Meilleur des mondes 80
J.-J. Rousseau, Discours
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE F. Rabelais, Pantagruel 81
sur les sciences
et les arts TEXTE 2 J.-J. Rousseau, Discours sur les sciences et les arts 82
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 E. Renan, L’Avenir de la science 83
TEXTE 3 M. Yourcenar, « Diagnostic de l’Europe » 84
Frontispice
de l’Encyclopédie D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 Science et vie 86
ANALYSE D’IMAGE S. Dalì, Galatée aux sphères 86
W. Claesz Heda, HISTOIRE DES ARTS Les vanités 87
La Tourte au cassis
Exercices d’approfondissement
1 M. de Montaigne, Essais 87
É. Zola, Préface au
2 A. Comte, Philosophie des sciences 88
Roman expérimental
Arbre généalogique 3 É. Zola, Le Roman expérimental 88
des Rougon-Macquart 4 A. Camus, Combat 88
5 É. Filhol, La Centrale 89
Prolongements 90
VERS LE BAC Négritude et engagement
A. Césaire ; L. Sédar Senghor ; R. Confiant 91

6
S O M M A I R E

Chapitre 3 Le personnage de roman


Séquence 7 Héros et anti-héros
G. de Maupassant, TEXTE 1 Stendhal, Le Rouge et le Noir 97
« Le Masque » G. de Maupassant, Bel-Ami
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 99
H. de Balzac, ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Stendhal, Le Rouge et le Noir 100
Le Père Goriot TEXTE 2 H. de Balzac, Le Père Goriot 101
Arbre généalogique D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 É. Zola, L’Œuvre 103
des Rougon-Macquart ANALYSE D’IMAGE P. Cézanne, Autoportrait 104
J. Tardi, illustration TEXTE 3 J. Conrad, Au cœur des ténèbres 105
du Voyage au bout D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit 106
de la nuit
HISTOIRE DES ARTS La représentation du conquérant 107
P. Bruegel,
La Chute d’Icare Exercices d’approfondissement
1 M. de Cervantès, Don Quichotte de la Manche 107
B. Cellini, Persée 2 M. Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne 107
3 G. Flaubert, L’Éducation sentimentale 108
4 L. Aragon, Les Cloches de Bâle 108
5 G. Perec, Les Choses 108
Prolongements 109

Séquence 8 La femme dans le roman


TEXTE 1 Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves 110
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 G. Flaubert, Madame Bovary 111
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Mme de la Fayette, La Princesse de Clèves 111
H. de Toulouse-Lautrec,
TEXTE 2 P. Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses 113
La Toilette
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 M. Proust, Un amour de Swann 114
M. Proust, « Violante ANALYSE D’IMAGE C. Claudel, L’Âge mûr 114
ou la mondanité »
TEXTE 3 J. Giono, Le Moulin de Pologne 115
M. Cassatt, À l’opéra D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 J.-M. G. Le Clézio, Désert 116
HISTOIRE DES ARTS Les femmes artistes depuis 1900 117
É. Vigée-Le Brun,
Autoportrait Exercices d’approfondissement
Louise Bourgeois 1 V. Hugo, Les Misérables 117
2 S. de Beauvoir, L’Invitée 117
3 A. Kourouma, Les Soleils des indépendances 118
4 Abbé Prévost, Manon Lescaut 118
Prolongements 119

7
S O M M A I R E

Séquence 9 Nouveaux narrateurs, nouveaux personnages


TEXTE 1 D. Diderot, Jacques le Fataliste 120
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 M. Butor, La Modification 121
TEXTE 2 G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet 122
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 R. Queneau, Le Chiendent 123
ANALYSE D’IMAGE. E. Hopper, Chambre à Brooklyn 123
TEXTE 3 A . Camus, L’Étranger 124
M. Condé, D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 E. Carrère, L’Adversaire 125
La Belle Créole
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE A. Camus, L’Étranger 126
J.-P. Blondel, Qui vive ?
HISTOIRE DES ARTS Personnages en peinture,
du cubisme au retour de la figuration 127
Entretien
avec J.-P. Blondel Exercices d’approfondissement
1 H. Bauchau, Le Boulevard périphérique 127
2 J.-P. Sartre, La Nausée 128
3 J.-M. G. Le Clézio, Le Procès-verbal 128
4 M. Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein 128
5 I. Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur 128
Prolongements 130
VERS LE BAC Le récit épique
A . Rabelais ; V. Hugo ; L .-F. Céline 131

Chapitre 4 Le texte théâtral et sa représentation


Séquence 10 La comédie, jeu d’amour et de pouvoir
Molière, Le Bourgeois
TEXTE 1 Molière, Le Bourgeois gentilhomme 136
gentilhomme
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 C. Goldoni, Les Rustres 137
Marivaux, La Double TEXTE 2 Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard 138
Inconstance
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 G. Feydeau, On purge bébé 139
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard 140
J. A. Watteau, Arlequin
et Colombine… ANALYSE D’IMAGE W. Hogarth, Le Contrat de mariage 141
M. Sand, Polichinelle TEXTE 3 Beaumarchais, Le Barbier de Séville 142
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 B. Brecht, Maître Puntila et son valet Matti 143
Gravure du théâtre
de l’Odéon HISTOIRE DES ARTS Comédie et travestissement, au théâtre et au cinéma 144
P. Corneille, Exercices d’approfondissement
L’Illusion comique
1 Aristophane, Les Guêpes 145
Duo de mises en scène
de Molière, 2 Molière, Les Fourberies de Scapin 145
L’École des femmes 3 Marivaux, L’Île des esclaves 145
4 S. Beckett, Fin de partie 146
Prolongements 147

8
S O M M A I R E

Séquence 11 Figures héroïques, de la tragi-comédie au drame


ANALYSE D’IMAGE J.-L . David, Le Serment des Horaces 148
TEXTE 1 V. Hugo, Hernani 149
J. Racine, Phèdre
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. Racine, Phèdre 150
A. Cabanel, Phèdre
TEXTE 2 A . de Musset, Lorenzaccio 151
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 P. Corneille, Le Cid 152
J. Racine, Bérénice ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE A. de Musset, Lorenzaccio 153
A. Dumas, Antony
TEXTE 3 E. Rostand, Cyrano de Bergerac 154
J. Racine, Bajazet
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 A. de Musset, Les Caprices de Marianne 155
Entretien avec
N. Garraud, HISTOIRE DES ARTS La peinture d’histoire 156
(metteur en scène)
Exercices d’approfondissement
J. Losey, Don Giovanni 1 Euripide, Iphigénie à Aulis 156
P. Chéreau, 2 W. Shakespeare, Le Roi Lear 156
La Reine Margot 3 P. Corneille, Polyeucte 156
4 V. Hugo, Ruy Blas 156
5 B. Brecht, Antigone 157
Prolongements 158

Séquence 12 L’absurdité de la condition humaine


TEXTE 1 A. Camus, Le Malentendu 159
E. Ionesco, La Leçon
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J.-P. Sartre, Les Mains sales 160
TEXTE 2 E. Ionesco, La Leçon 161
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 J. Tardieu, La Comédie du langage 162
J. Tardieu, « Oradour » TEXTE 3 S. Beckett, En attendant Godot 163
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 H. Pinter, Le Retour 164
J. Tardi, illustration ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE S. Beckett, En attendant Godot 165
de C’était la guerre…
ANALYSE D’IMAGE E. Sedgwick, Le Roi de la bière 166
Duo de mises en scène
d’E. Ionesco, HISTOIRE DES ARTS Jeux et fantaisie dans l’art contemporain 167
Le roi se meurt Exercices d’approfondissement
Louise Bourgeois 1 E. Ionesco, Le roi se meurt 167
Andy Goldsworthy 2 S. Beckett, Oh les beaux jours 167
M. Parr, La Tour de Pise 3 N. Sarraute, Isma 168
4 J.-M. Ribes, Musée haut, musée bas 168
Prolongements 169
J.-M. Ribes, Musée
haut, musée bas VERS LE BAC Le mélange des registres au théâtre
W. Shakespeare ; P Corneille ; V. Hugo 170

9
S O M M A I R E

Chapitre 5 Renaissance et humanisme en Europe


Séquence 13 Découvrir et former l’homme
TEXTE 1 N. Machiavel, Le Prince 174
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 É. de La Boétie, Discours de la servitude volontaire 175
TEXTE 2 T. More, Utopie 176
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 F. Rabelais, Gargantua 177
G. Arcimboldo,
ANALYSE D’IMAGE Bronzino, Portrait d’Ugolino Martelli 178
Le Juriste
TEXTE 3 M. de Montaigne, Essais 179
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 Condorcet, Discours à l’Assemblée nationale 180
Château ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE M. de Montaigne, Essais, livre I 181
d’Azay-le-Rideau
HISTOIRE DES ARTS Léonard de Vinci, le génie de la Renaissance 182
Frontispice
de l’Encyclopédie Exercices d’approfondissement
1 Érasme, La Civilité puérile 183
2 Voltaire, Candide 183
3 C.-G. Le Roi, Encyclopédie, article « Homme » 183
4 É. Badinter, XY, de l’identité masculine 184
Prolongements 185

Séquence 14 Découvrir et modeler le monde


TEXTE 1 C. Colomb, La Découverte de l’Amérique 186
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 Virgile, Énéide 187
ANALYSE D’IMAGES Codex Magliabechiano et A. Thevet, Indiens pêchant 188
TEXTE 2 J. de Léry, Histoire d’un voyage fait en terre du Brésil 188
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 M. Polo, La Description du monde 190
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE J. de Léry, Histoire d’un voyage fait en terre du Brésil 190
TEXTE 3 M. de Montaigne, Essais 191
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 J. Cartier, Voyages au Canada 192

HISTOIRE DES ARTS Les arts premiers 193


Exercices d’approfondissement
1 B. de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes 194
2 A. Rimbaud, Lettre d’Aden 194
3 S. de Beauvoir, L’Amérique au jour le jour 194
4 M. Tournier, Le Vent Paraclet 195
Prolongements 196
VERS LE BAC Les figures du pouvoir en poésie
C. Marot ; P. de Ronsard ; J. Du Bellay ; A . d’Aubigné 197

10
S O M M A I R E

Chapitre 6 Les réécritures


Séquence 15 Le mythe d’Œdipe
TEXTE 1 Eschyle, Les Sept contre Thèbes 200
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. Cocteau, La Machine infernale 201
Entretien
avec N. Garraud, TEXTE 2 Sophocle, Œdipe roi 202
(metteur en scène) D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 D. Lamaison, Œdipe roi 203
ÉTUDE D’ŒUVRES INTÉGRALES Sophocle, Œdipe roi
G. Moreau,
et J. Cocteau, La Machine infernale 204
Œdipe voyageur
TEXTE 3 J. Racine, La Thébaïde 206
P. Bruegel, D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 H. Bauchau, Œdipe sur la route 207
La Chute d’Icare
ANALYSE D’IMAGES J. A. D. Ingres, Œdipe devinant l’énigme du Sphinx
T. Chassériau, et F. Bacon, Œdipe et le Sphinx d’après Ingres 208
Andromède...
H. de Montherlant, La HISTOIRE DES ARTS Œdipe, des vases grecs au cinéma 209
mort qui fait le trottoir
Exercices d’approfondissement
J. Losey,
Don Giovanni 1 Eschyle, Prométhée enchaîné 209
M. Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne 209
P.P. Pasolini, Œdipe roi 2 Homère, Iliade 210
J. Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu 210
Prolongements 211

Séquence 16 Figures de monstres en littérature


TEXTE 1 La Bible, Ancien Testament, « Livre de Job » 212
D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. Verne, Vingt mille lieues sous les mers 213
TEXTE 2 T. Gautier, La Morte amoureuse 213
D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 B. Stoker, Dracula 214
TEXTE 3 F. Kafka, La Métamorphose 215
E. Ionesco, Rhinocéros
D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 E. Ionesco, Rhinocéros, nouvelle 216
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE E. Ionesco, Rhinocéros : de la nouvelle à la pièce 217
ANALYSE D’IMAGE T. Burton, Edward aux mains d’argent 218
G. Méliès, La Sirène HISTOIRE DES ARTS La monstruosité dans les arts visuels 219
Exercices d’approfondissement
1 A. Nothomb, Les Catilinaires 219
2 C. Collodi, Les Aventures de Pinocchio 220
H. Melville, Moby Dick 220
3 Sapphire, Precious (Push) 220
Prolongements 221
VERS LE BAC Phèdre, d’Euripide à Émile Zola
Euripide ; R. Garnier ; J. Racine ; É. Zola 222

11
PARTIE II

Outils d’analyse

Chapitre 1 Les outils de l’analyse stylistique


FICHE 1 Communication, énonciation et modalisation
w Exercices d’application : C. Baudelaire ; Le Dictionnaire de notre temps ;
P. Corneille ; Mme de Sévigné ; J.-J. Rousseau ; H. Berr ; P. Sollers 229
FICHE 2 La syntaxe et la valeur des temps
w Exercices d’application : D. Diderot ; A. Camus ; Montesquieu ; J. de La Bruyère 231
FICHE 3 L’enrichissement du vocabulaire et l’étymologie
w Exercices d’application : Voltaire ; V. Hugo ; L. Aragon ; J. Racine 232
FICHE 4 Dénotation et connotation
w Exercices d’application : Bernardin de Saint-Pierre ; A. de Chamisso ;
G. de Maupassant ; M. Duras 234
FICHE 5 Les figures de rhétorique
w Exercices d’application : F. Ponge ; J. Giono ; P. Corneille ; Voltaire ; H. de Balzac 236

Chapitre 2 Les types de texte


FICHE 1 Le texte narratif
w Exercices d’application : G. de Maupassant ; L . Miano ; P. Corneille ;
F. Brown ; R. Queneau ; J. de La Fontaine 238
FICHE 2 Le texte descriptif
w Exercices d’application : H. Queffélec ; Voltaire ; C. Baudelaire ; É. Zola 239
FICHE 3 Le texte argumentatif
w Exercices d’application : P. Vaillant-Couturier ; Montesquieu ;
Voltaire ; G. Kelman ; L .-F. Céline 241
FICHE 4 Le texte explicatif
w Exercices d’application : Le Guide vert ; S. Dulout ; R. Barthes 243

Chapitre 3 Les notions propres à la poésie


FICHE 1 Versification et formes fixes
w Exercices d’application : C. Baudelaire ; T. de Viau ; F. Villon ; J. de La Fontaine ;
Voltaire ; A. de Vigny ; V. Hugo 244
FICHE 2 La modernité en poésie
w Exercices d’application : A. Césaire ; C. Baudelaire ; S. Mallarmé ;
G. Apollinaire ; H. Michaux ; R. de Obaldia 246
FICHE 3 Les registres lyrique et élégiaque
w Exercices d’application : F. de Malherbe ; V. Hugo ; F. Villon ; P. Verlaine ;
A. de Lamartine ; C. Cros ; É. de La Boétie ; P. Eluard 249

Chapitre 4 Les notions propres à l’argumentation


FICHE 1 Les genres de l’argumentation
w Exercices d’application : J.-P. Sartre ; J. de La Fontaine ; Voltaire ;
L. de Jaucourt ; G. Orwell ; B. Vian 252

12
S O M M A I R E
FICHE 2 Convaincre, délibérer ou persuader
w Exercices d’application : M. Yourcenar ; V. Hugo ; J. Racine 254
FICHE 3 Le circuit argumentatif
w Exercices d’application : T. Ben Jelloun ; M. de Montaigne ; Voltaire ; J.-J. Rousseau 255
FICHE 4 Les registres didactique et polémique
w Exercices d’application : C. Lévi-Strauss ; A. Césaire ; J. de La Fontaine ;
Plantu ; D. Diderot ; Montesquieu 256

Chapitre 5 Les notions propres au récit


FICHE 1 Le temps et l’espace dans un récit
w Exercices d’application : R. Radiguet ; A. Dumas ; M. NDiaye ;
G. de Maupassant ; J. Gracq ; H. de Balzac 259
FICHE 2 La structure du récit
w Exercices d’application : J. Sternberg ; J. Vallès ; G. de Maupassant ;
M. Vargas Llosa ; L. Gaudé 261
FICHE 3 Le narrateur et la focalisation
w Exercices d’application : Dai S. ; V. Hugo ; F. Brown ; P. Grimbert 263
FICHE 4 Le personnage
w Exercices d’application : V. Woolf ; A. Gide ; P. Roth 264
FICHE 5 Les registres épique et fantastique
w Exercices d’application : V. Hugo ; T. Gautier ; J.-H. Rosny aîné ;
G. de Maupassant ; H. P. Lovecraft 266

Chapitre 6 Les notions propres au théâtre


FICHE 1 La parole théâtrale
w Exercices d’application : J. Anouilh ; J. Racine ; E. Ionesco ; P. Corneille ; J. Giraudoux 268
FICHE 2 Le spectacle théâtral
w Exercices d’application : M. Pagnol ; Molière ; J. Genet 270
FICHE 3 Le jeu du comédien
w Exercices d’application : E. Labiche ; J.-J. Rousseau ; M. Boulgakov 271
FICHE 4 Les registres comique et tragique
w Exercices d’application : A. Jarry ; J. Racine ; R. Queneau ; H. de Balzac ; V. Hugo 272

Chapitre 7 Les réécritures


FICHE 1 Emprunts et réécritures
w Exercices d’application : M. de Montaigne ; J. de La Fontaine 275
FICHE 2 Pastiche et parodie
w Exercices d’application : H. de Balzac ; P. Corneille ; N. Boileau ; R. Queneau 276

Chapitre 8 L’analyse de l’image


FICHE 1 L’image fixe
w Exercices d’application : L’Express ; R. Franck ; Le Tintoret ;
Plantu ; H. de Toulouse-Lautrec ; H. Kühn 279
FICHE 2 L’image mobile
w Exercices d’application : J.-P. Melville ; A. Hitchcock ; C. Chaplin ;
J. Ford ; E. Wagenhofer ; C. Honoré 282

13
PARTIE III

Méthodes

Chapitre 1 S’organiser dans l’année


FICHE 1 Faire des recherches et lire efficacement
w Exercices d’entraînement 289
FICHE 2 Se cultiver en histoire des arts
w Exercices d’entraînement 291

Chapitre 2 Analyser un corpus


et rédiger une réponse organisée
FICHE 1 Lire un corpus et comprendre la question posée
w Exercices d’entraînement 293
FICHE 2 Organiser son plan de réponse et rédiger
w Exercices d’entraînement 295
FICHE 3 Rédiger des paragraphes de synthèse
w Exercices d’entraînement 299

Chapitre 3 Rédiger un commentaire littéraire


FICHE 1 Examiner le texte à commenter
w Exercices d’entraînement 302
FICHE 2 Définir un projet de lecture
w Exercices d’entraînement 303
FICHE 3 Construire un plan détaillé de commentaire 306
w Exercices d’entraînement 307
FICHE 4 Rédiger l’introduction et la conclusion du commentaire
w Exercices d’entraînement 312
FICHE 5 Enchaîner des paragraphes de commentaire 314
w Exercices d’entraînement 315

14
S O M M A I R E

Chapitre 4 Rédiger une dissertation


FICHE 1 Dégager la problématique d’un sujet
w Exercices d’entraînement 318
FICHE 2 Exploiter le corpus et ses lectures personnelles
w Exercices d’entraînement 319
FICHE 3 Construire un plan détaillé de dissertation 322
w Exercices d’entraînement 322
FICHE 4 Rédiger l’introduction et la conclusion
w Exercices d’entraînement 326
FICHE 5 Rédiger l’ensemble d’une dissertation 328
w Exercices d’entraînement 328

Chapitre 5 Rédiger un écrit d’invention


FICHE 1 Inventer et transposer
w Exercices d’entraînement 331
FICHE 2 Inventer et imaginer
w Exercices d’entraînement 333
FICHE 3 Inventer et argumenter
w Exercices d’entraînement 334

Chapitre 6 Préparer l’épreuve orale du bac


FICHE 1 Organiser ses cours et ses fiches pour l’oral
w Exercices d’entraînement 338
FICHE 2 Préparer l’exposé oral
w Exercices d’entraînement 342
FICHE 3 Organiser et utiliser ses connaissances en vue de l’entretien
w Exercices d’entraînement 345

15
PARTIE I

Textes
CHAPITRE
1 Écriture poétique
et quête du sens
➜ Livre de l’élève, p. 30

SÉQUENCE 1
L’inspiration poétique
➜ Livre de l’élève, p. 31

Analyse N. Poussin, L’Inspiration En bas à gauche, on attend que le poète écrive.


d’image du poète ➜ p. 32 Au milieu, Apollon lui dicte les propos adéquats.
À droite, sa gloire est faite ; on le couronne.
Objectif : Étudier un tableau classique sur le thème
de l’inspiration. 5. Couleurs dominantes = trois couleurs primaires :
− jaune (Muse) ;
− rouge (Apollon) ;
QUESTIONS
− rouge orangé (haut) et bleu (bas) pour le poète.
Première approche Harmonie chromatique des trois couleurs primaires
adoucies par la lumière dorée et le ciel changeant
1. Personnage aux yeux tournés vers le ciel, un stylet
(bleu, nuages blancs…).
(ou une plume) à la main, tout à droite, vers lequel
convergent tous les regards. Question de synthèse
2. Debout, dans un élan de marche, sur le point de tra- 6. a. Classicisme = idéal d’harmonie et de sage symétrie
cer une expression dictée par Apollon sur son feuillet, hérité des références antiques, gréco-romaines (sculp-
le regard concentré vers les hauteurs : caractéristiques ture hellénistique, architecture romaine…).
d’un auteur au travail, attentif à sa mission. b. Codes classiques mis en œuvre :
− inspiration vue suivant la tradition gréco-romaine :
Analyse
Apollon et Muse, lyre et couronne de laurier ;
3. a. Au centre, Apollon, reconnaissable par deux attri- − tripartition de la toile (trois personnages) avec une
buts : couronne de laurier et lyre. Présence massive et répartition équilibrée, et une diagonale (voir la réponse
virile au milieu du tableau un dieu. 4. b) qui réunit harmonieusement les attributs essen-
b. À gauche, sans attribut particulier mais accompa- tiels liés au thème de la toile.
gné d’un putto (angelot) portant un livre, personnage
féminin = Muse, sûrement Polymnie, représentante de Prolongement : lire un extrait de l’épopée Les
la poésie lyrique. Métamorphoses d’Ovide, livre I, « Daphné », afin
d’étudier un mythe doublement étiologique (nais-
4. a. Les deux putti (angelots) portent des couronnes
sance du laurier et de la poésie lyrique).
de laurier, tressées à partir de l’arbre qui sert de décor.
Laurier = attribut d’Apollon rappelant son amour tra-
gique pour Daphné, emblème de la gloire poétique.
b. La diagonale de la toile passe par la couronne du Texte 1
T Saint-Amant,
Œuvres poétiques ➜ p. 33
putto de gauche, le haut de la lyre tenue par Apollon
et les couronnes tenues par l’angelot en haut à droite Objectif : Analyser un sonnet qui donne une image
= matérialisation de la renommée du poète. originale et paradoxale de l’inspiration.

19
LECTURE ANALYTIQUE inversé célèbre pour son dernier vers Bonsoir – ce cra-
paud-là c’est moi.
Première lecture − Poème de jeunesse, « Trois quatrains », I :
1. Poète qui reste dans son lit, sans se soucier de son sous les griffes d’un professeur
œuvre. Apparemment indolent et détaché du monde, ma muse reste emprisonnée
alors que la guerre gronde (guerres d’Italie, v. 5) = anti- mais elle paraîtra dans toute sa splendeur
thèse des images du poète au travail cherchant de l’ins- une fois sorti du lycée.
piration, et surtout du poète engagé. ● Jules Laforgue :
− Les Complaintes, « Complainte du fœtus de poète »
Mise au point
(1885) :
2. Évocation de la main (v. 13) et groupe verbal écrire ces Vous, Madame, allaitez le plus longtemps possible
vers (v. 14) = mise en abyme du travail poétique. Et du plus Seul de vous ce pauvre enfant terrible.
− L’Imitation de Notre-Dame La Lune, « Avis, je vous
Analyse
prie » (1886) :
3. Avant-dernier vers = révélation du destinataire, Oh ! j’ai été frappé de CETTE VIE À MOI,
Baudoin, poète réputé pour le sérieux de son travail L’autre dimanche, m’en allant par une plaine !
=> texte auto-ironique, ou ironique vis-à-vis de ceux Oh ! laissez-moi seulement reprendre haleine,
qui se consument dans l’écriture. Et vous aurez un livre enfin de bonne foi.
4. Deux comparaisons : au vers 3, avec un pâté de lièvre, 10. Écriture d’invention
et au vers 4, avec Don Quichotte. Début de la réécriture du sonnet en alexandrins.
− Première comparaison : vision prosaïque effet de Emploi d’antonymes et de formules contestant le thème
surprise. du poème de Saint-Amant.
− Deuxième comparaison : mention explicite de la folie Comblé d’enthousiasme et de la plus folle envie
(v. 4) anti-modèle, anti-héros également surprenant. Je quitte ma couchette, vile et sombre oubliette
5. Hymne = chant de célébration. On écrit un hymne au Tel un pauvre forçat, libéré des chaînettes,
roi, à la commémoration d’une conquête, etc. Tel Ulysse frondant toute péripétie.
Ici, hymne à l’oisiveté (v. 7) = provocation, contradiction Prolongement : lire en contraste un extrait de L’Art
dans les termes, presque oxymorique. poétique de Boileau (1674) insistant sur l’ardeur au
6. Inspiration associée au laisser-aller, à la paresse, travail littéraire, par exemple les vers 163 à 174 du
confirmée par la rime charmant / dormant (v. 9, 10). chant I, avec l’hémistiche Hâtez-vous lentement.
Création épicurienne uniquement du côté du plaisir, et
non du sacerdoce. Bénéfices liés à cette paresse éga-
lement mentionnés : biens (v. 10) ironie renforcée. Texte 1 P. de Ronsard,
D’UN
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
7. L’enjambement = effet d’attente entre l’adverbe de Nouvelles poésies ➜ p. 34
manière à peine (v. 13) et la suite de la phrase où appa-
Objectif : Étudier un hymne véritable, en relation
raît le verbe pronominal me résoudre (v. 14) extrême avec le poème de Saint-Amant.
paresse illustrée par le vers final provocateur (une
pointe).
QUESTIONS
Question de synthèse 1. Source d’inspiration = don divin attribué au Démon
8. Éloge paradoxal = valoriser ce qui ne l’est pas habi- qui préside / Aux Muses (v. 1-2), périphrase désignant
tuellement (pour des raisons morales en particulier). Apollon. Affirmation répétée aux vers 10 et 11 : un don
Saint-Amant célèbre la paresse ; or, oisiveté = péché de Poésie, / Que Dieu n’a concédé.
capital chez les chrétiens provocation plaisante. La mention du Dieu donateur revient dans les vers 20
et 25.
Pour aller plus loin
2. Poète = prophète (v. 13), créature à qui la divinité
9. Recherche communique des vérités réservées aux initiés.
● Tristan Corbière : Dons liés au savoir ou à la prédiction :
− Les Amours jaunes, « Le crapaud » (1873) : sonnet − un esprit gaillard et vigoureux (v. 3) ;
20
− de science et d’honneur amoureux (v. 4) ; Texte 2
T C. Baudelaire,
− une fureur d’esprit, / Et l’art de bien coucher ma verve Les Fleurs du mal ➜ p. 36
par écrit (v. 7-8) ;
− un don de Poésie (v. 10) ; Objectif : Étudier un manifeste poétique aux sources
de la poésie moderne.
− des dons de prophétie : Il prédit toute chose…
(v. 14-19) ;
− ses mystères (v. 25). LECTURE ANALYTIQUE
Gamme de dons : prédiction (Il prédit toute chose, v. 14),
maîtrise démiurgique des éléments (v. 18), science (ana-
Première lecture
phore : Il connaît la nature, v. 15, Il connaît la vertu, 1. a. Les parfums, les couleurs et les sons se répondent
v. 17). (v. 8) : mélange de sensations suivi d’un verbe qui a le
même radical que le titre « Correspondances ».
3. a. Rimes fantaisie / don de Poésie (v. 9, 10), esprit
agité / divinité (v. 11, 12) une marque divine fait naître
b. Parfums : l’odorat, également au vers 9 (parfums
frais), et au vers 13 qui énumère des essences exotiques
les images dans l’esprit du poète.
(l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens).
b. Démon = guide (v. 2) qui valorise ce que Dieu donne :
Couleurs : la vue, comme aux vers 4 (observent, regards)
Il me haussa le cœur, haussa la fantaisie (v. 9).
et 10 (verts).
4. a. oraison, jeûne, pénitence (v. 23) = champ lexical de Sons : l’ouïe, comme aux vers 2 (confuses paroles),
la religion, de la prière. Structure ternaire comme celle 5 (longs échos), 10 (Doux comme les hautbois) et 14
du vers 26 : vertueux, dévots et solitaires. (chantent).
b. Termes en contraste apparent avec la mention du
Démon (v. 1). Mise au point
Attention, pas démon (chrétien) mais étymologie 2. vivants piliers (v. 1) = oxymore : matière minérale
grecque : daimôn (génie, bon ou mauvais). (piliers)  monde humain, animal ou végétal (vivants).
5. a. La malice en la main, et l’impudence au front, Paysage dans lequel évolue l’être humain : animé, doué
Brûlés d’ambition et tourmentés d’envie (v. 28-29). de parole des symboles le font réfléchir et rêver.
b. Allitérations en [m] et en [s], assonances en [i] et en
[ã] : vers qui font résonner les termes évoquant le mal. Analyse
Ambition (v. 29) : trois échos sonores et diérèse qui les 3. a. Premier quatrain = métaphore, puis personni-
fait résonner (am – bi – ti – on). fication :
− métaphore au vers 1 : comparé = Nature ; compa-
Vis-à-vis : Saint-Amant et Ronsard rant = temple ; analogie : vivants piliers, peut-être des
6. Solitude = thème commun, plus développé chez troncs d’arbres au feuillage bruissant, ou des rochers
Saint-Amant : aux formes évocatrices ;
− solitude oisive et jouissive dans le texte 1 : poème − personnification dès le vers 1 (vivants), puis aux vers 2
marqué par le plaisir et l’épicurisme ; (paroles) et 4 (observent, regards familiers).
− solitude d’une aristocratie de l’art et du savoir chez b. Les GN confuses paroles (v. 2) et regards familiers
Ronsard : âmes séparées (v. 21), Éloignés des tyrans (v. 4) en opposition, la confusion n’engageant pas la
(v. 27). familiarité, mais l’étrangeté.
7. Inspiration = don de Dieu, marquage sacré. Facilité et 4. Assonance en [õ] (longs, confondent, v. 5 ; profonde,
paresse dans le poème de Saint-Amant, alors plaisant, v. 6 ; sons, répondent, v. 8) + répétition de la conjonc-
mais polémique et presque sacrilège. tion comme (v. 5, 7) et du pronom réfléchi se (v. 5, 8)
= échos sonores.
Prolongement : faire une recherche approfondie sur
l’hymne en montrant par exemple le lien entre un 5. Plusieurs comparaisons des vers 5 à 14 :
hymne de Ronsard et un hymne moderne, tel l’Hymne − comparé Les parfums, les couleurs et les sons (v. 8) ;
à la joie (écrit par Schiller, composé par Beethoven, comparant longs échos (v. 5) ;
1824). − comparé parfums (v. 9) ; comparant hautbois (v. 10),
prairies (v. 11) ;
− comparé l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens
(v. 13) ; comparant choses infinies (v. 12).
21
Développement : diffusion des parfums assimilée à des Texte 2
D’UN V. Hugo,
À L’AUTRE
phénomènes auditifs et visuels de la Nature (2e quatrain Les Contemplations ➜ p. 37
et 1er tercet) puis à la spiritualité (2e tercet).
Objectif : Analyser un poème développant une
6. encens / sens (v. 13-14) : le parfum entêtant de l’en- métaphore filée liée à l’écriture.
cens (connotation religieuse liée au catholicisme) est
associé à la sensualité (de l’esprit et des sens) = image
audacieuse. QUESTIONS
piliers (v. 1), symboles (v. 3), clarté (v. 7), infinies (v. 12) : 1. Métaphore aux vers 1 et 2 : Je lisais… La Bible ? – Non,
univers spirituel, voire mystique, rappelant une église. la terre.
Regards familiers (v. 4), corrompus (v. 11), transports Comparé : la terre ; comparant : un livre.
(v. 14) : univers sensuel, voire charnel, évoquant le Répétition de cette figure avec d’autres mots du champ
plaisir érotique. lexical de la nature, de la terre :
− J’épèle les buissons… (v. 5) ;
Question de synthèse − déchiffrer la corolle et la branche (v. 10) ;
7. Sens = essence de l’inspiration. − je traduis… en syllabes les bruits (v. 11-12) ;
L’ensemble des correspondances sensuelles du poème − lire un champ, page fleurie (v. 13) ;
permettent d’accéder à l’infini (v. 12) : élévation mys- − feuilleter la nature (v. 21) ;
tique qui rappelle l’inspiration divine définie par − la terre, cantique… (v. 23) ;
Ronsard ➜ p. 34. − versets les bois… pour strophes les monts (v. 24) ;
− Les roses que tu lis (v. 53) ;
Pour aller plus loin − la lecture du champ (v. 64).
8. Recherche 2. Monde = nature, plus particulièrement un champ
Transport : (v. 13, 51, 64), corroboré par les mentions répétées de
− au XIIe siècle : déplacement (un objet) ; l’herbe (v. 5, 32), des fleurs (v. 10, 13, 30, 50, 52-54).
− au XIIIe siècle : forte émotion (sens qui dominera aux Les détails évoquent tous ce lieu précis : du martinet
XVIIe et XVIIIe siècles) ;
(v. 15) à l’araignée (v. 30), mais le poème élargit la
− au XVIe siècle : modification, translation (sens, thème) ; vision à l’ensemble du monde vivant : l’univers (v. 37),
− au XVIIIe siècle : déportation (un être) ; Le monde (v. 38), la création tout entière (v. 41).
− au XIXe siècle : déplacement (un être) à l’aide d’un
3. a. Interlocuteur = martinet (v. 15).
véhicule.
Apostrophes employées par l’oiseau pour désigner le
Dans le poème de Baudelaire, c’est le deuxième sens
poète :
qui apparaît.
− Ô pauvre homme (v. 16) ;
9. Entraînement au commentaire − ô penseur agité (v. 19).
Premier quatrain : développement conjoint d’une méta- Vision surplombante et conscience critique de l’animal
phore et d’une personnification. qui juge l’homme et s’apitoie (preuve = adjectif qualifi-
Paragraphe fondé sur le glissement de l’une à l’autre catif antéposé pauvre, de valeur affective).
figure en s’appuyant sur la réponse 3. a pour la descrip- b. Impératif = mode essentiellement utilisé par le
tion, puis sur la réponse 6 pour l’interprétation. martinet.
Prolongement : étudier une œuvre symboliste de Il invite le poète à poursuivre sa contemplation du
Gustave Moreau, par exemple l’huile sur bois Jeune champ : répétition de Lis (v. 19, 25) ; Médite (v. 27) ;
Femme tenant la tête d’Orphée (1865, Paris, musée Rends-toi compte (v. 31) ; Marche (v. 35). Il apparaît
d’Orsay) riche en suggestions baudelairiennes. comme un intermédiaire entre l’homme et la divinité :
référence constante à Dieu (v. 31, 47, 51, 55).
4. a. Infinitif = mode verbal des vers 36 et 37.
Phrases assertives à valeur de définition : clé, sens du
monde donné au poète.
b. Autre vers utilisant l’infinitif à valeur de définition :
Comprendre, c’est aimer (v. 31).

22
Autres phrases assertives présentant l’univers que par- ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
court le poète :
− Le monde est l’œuvre où rien ne ment et ne dévie C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,
(v. 38). Rythme en 2 / 2 / 4 / 4, contraire à la scansion section « Spleen et Idéal » ➜ p. 40
classique, sans césure franche. Accent mis sur les noms Objectif : Étudier de quelle manière ce recueil de
monde et œuvre rappelant la métaphore du livre de la poésie moderne mêle le romantisme et les avant-
nature ; gardes poétiques.
− L’éternel est écrit dans ce qui dure peu (v. 48). 3 / 3 /
4 / 2, scansion plus conforme aux règles classiques PISTES D’ANALYSE
valorisant les verbes écrit et dure, également liés à la
métaphore. 1. L’inspiration religieuse
5. DIEU : les lettres capitales ont valeur de révélation, de a. Titres de poèmes explicitement liés à la religion :
clé dans l’observation attentive de la nature. Antithèse « Bénédiction » (I), « Élévation » (III), « Le mauvais
visuelle et sémantique avec l’adverbe à la rime, peu moine » (IX), « Don Juan aux Enfers » (XV), « De
(v. 48) présence de la divinité dans le moindre détail profundis clamavi » (XXX), « Le possédé » (XXXVII),
du paysage (brin d’herbe, petit animal, etc.) = corres- « Confession » (XLV), « L’aube spirituelle » (XLVI), « À
pondance entre macrocosme et microcosme. une madone » (LVII), « Franciscæ meæ laudes » (LX).
6. Antithèse : le martinet insiste sur l’aspect formateur b. Personnages apparaissant dans ces poèmes (dont
et édifiant de l’observation de la nature : structure ter- le titre) :
naire bon, juste et sage (v. 58)  le poète donne une − « Bénédiction » : l’Enfant Poète sous la tutelle invisible
définition dévalorisante de la nature humaine : aveugle d’un Ange ;
ou méchant (v. 63). − « Élévation » : l’esprit du poète accédant à l’air
Antithèse soutenue par l’opposition berceau (v. 59) supérieur ;
– tombe (v. 62) : pour l’oiseau, la nature permet de − « Le mauvais moine » : Ô moine fainéant ! ;
retrouver l’innocence de l’enfance, et pour le poète, − « Don Juan aux Enfers » : le calme héros, fier et
seule la mort en est capable. Mot de la fin = image orgueilleux parmi les morts ;
pessimiste et désespérante. − « De profundis clamavi » : Dieu, Toi, l’unique que
j’aime ;
Vis-à-vis : Baudelaire et Hugo − « Le possédé » : mon cher Belzébuth, je t’adore ! ;
7. Chez Baudelaire, métaphore du temple de la Nature, − « Confession » : une belle femme appelée Pauvre
avec ses piliers (v. 1) et ses symboles (v. 3), en familiarité ange ;
avec le poète ; chez Hugo, métaphore du livre sacré de − « L’aube spirituelle » : un ange qui métamorphose les
la nature. débauchés de la nuit ;
Point commun : nature = œuvre d’art parcourue par le − « À une madone » : poète plantant les sept péchés
poète (architecture chez Baudelaire ; livre chez Hugo). capitaux dans le cœur de la Vierge ;
Symboles du temple (Baudelaire) = éléments déchiffrés − « Franciscæ meæ laudes » : femme interpellée dans
lors de la promenade (Hugo). un latin d’église.
8. Malgré les références culturelles, nature = référence 2. L’inspiration sensuelle
absolue des auteurs au milieu du XIXe siècle = sensi-
bilité romantique mettant l’homme en harmonie avec Poèmes portraits de femmes :
l’univers. − « La Muse malade » (VII) : réfléchis sur ton teint / La
folie et l’horreur ;
Prolongement : approfondir les images poétiques de − « La Muse vénale » (VIII) : des Te Deum auxquels tu
la nature romantique, avec l’étude complémentaire ne crois guère ;
d’« Obsession » extrait des Fleurs du mal : Grands − « La beauté » (XVII) : rêve de pierre ;
bois, vous m’effrayez comme des cathédrales. − « La géante » (XIX) : ses magnifiques formes ;
− « Hymne à la beauté » (XXI) : Tu marches sur des
morts ;
− XXIV : cette froideur par où tu m’es plus belle ;
− XXV : Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie ! ;
23
− « Sed non satiata » (XXVI) : Mégère libertine ; ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
− XXVII : La froide majesté de la femme stérile ;
− « Le serpent qui danse » (XXVIII) : chère indolente ; 1. Entraînement à la lecture de corpus
− « Une charogne » (XXIX) : vous serez semblable à Les Fleurs du mal : métaphore et oxymore évoquant la
cette ordure ; beauté par les fleurs (femmes, références poétiques et
− « Le vampire » (XXXI) : Maudite, maudite sois-tu ; artistiques…) mais associées au mal (perversion, dia-
− XXXII : reine des cruelles ; bolisme…) alchimie du verbe : créer de la beauté à
− « Remords posthume » (XXXIII) : courtisane partir du mal ou de la laideur (cf. projet d’épilogue du
imparfaite ; Spleen de Paris : Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait
− « Tout entière » (XLI) : Elle éblouit comme l’Aurore ; de l’or, 1861).
− « Confession » (XLV) : Que c’est un dur métier que Les Fleurs du mal : les femmes liées au mal, ou la beauté
d’être belle femme ; extraite du mal ?
− « Ciel brouillé (L) : femme dangereuse ; Corpus possible :
− « Le beau navire » (LII) : molle enchanteresse ; − « La beauté » (XVII) : allégorie de la Beauté, certes
− « À une madone » (LVII) : Madone, ma maîtresse ; belle mais froide et dangereuse ;
− « Chanson d’après-midi » (LVIII) : ma frivole / Ma − « Le serpent qui danse » (XXVIII) : éclat de la sensua-
terrible passion ; lité féminine, mais associée au diable (serpent) ;
− « Sisina » (LIX) : l’âme charitable autant que meur- − « Le beau navire » (LII) : beauté séductrice mais pos-
trière ; siblement associée à la sorcellerie ;
− « À une dame créole » (LXI) : brune enchanteresse ; − « Confession » (XLV) : femme complice mais perverse.
Images jugées scandaleuses au XIXe siècle :
2. Lecture expressive
− sensualité mêlée à la religion : poèmes XLV et LVII ;
Grande variété de rythmes et de règles de versification
− immoralité et blasphème : VIII, XXI et LVII ;
à réviser grâce à ce recueil :
− sexualité à peine voilée : XIX et XXVIII ;
− diérèse : Imaginez Diane en galant équipage
− sadisme et perversion : XXIX et XXXI.
(« Sisina », LIX) ;
Femme baudelairienne = être fantasmatique et magné-
− assonances et allitérations avec des harmonies imita-
tique associant sensualité finalement décevante
tives (répétitions significatives) : Les vibrantes Douleurs
(« Spleen ») et élévation spirituelle (« Idéal »).
dans ton cœur plein d’effroi (« L’horloge », LXXXV)
3. L’inspiration mélancolique = progression inexorable des aiguilles du temps qui se
planteront bientôt comme dans une cible.
Quatre poèmes consécutifs intitulés « Spleen » : LXXV,
Etc.
LXXVI, LXXVII et LXXVIII.
a. Spleen : « rate » en anglais, siège de la bile noire,
humeur associée à la mélancolie depuis la médecine
grecque. Mélancolie = équivalent de la dépression Texte 3
T R. Queneau,
Battre la campagne ➜ p. 41
aujourd’hui.
Champs lexicaux caractéristiques : Objectif : Analyser un poème qui revisite les thèmes
− froid, mort et maladie : LXXV ; et les registres de la poésie bucolique.
− tristesse, vieillesse et solitude : LXXVI ;
− pluie, vieillesse et maladie : LXXVII ; LECTURE ANALYTIQUE
− angoisse, prison, pluie et mort : LXXVIII.
D’un poème l’autre, les thèmes reviennent et se déve- Première lecture
loppent inexorablement, créant un climat de tension et 1. Univers majoritairement évoqué : la campagne, et
d’angoisse dans le quatrième poème. surtout la ferme, avec dès le vers 2 l’énumération le
b. Poète = être entre monde de l’inspiration (« Idéal »), lait le beurre la crème = a priori peu poétique car les
et banalité du monde ambiant, bourgeois et décevant précisions sont prosaïques (mouches, v. 8 ; latrines,
(« Spleen »). v. 10 ; porcs, v. 14).
Sphère privilégiée (ville, modernité…) mais spirituelle-
2. Termes évoquant la poésie :
ment pauvre image du roi malheureux : Riche, mais − poèmes (v. 1, 17) ;
impuissant, jeune et pourtant très-vieux (LXXVII).
24
− odes en vers heptasyllabiques (v. 3) ; Pour aller plus loin
− sonnets (v. 5) ; 8. Recherche
− chansons (v. 7) ; Battre la campagne (expression liée à la chasse) : parcou-
− sextines (v. 9) ; rir la campagne en tentant de lever du gibier (sens propre)
− métonymies, métaphores (v. 13) ; chercher en vain (quand le gibier se fait rare) errer,
− assonance, rime (v. 15). faire fausse route sur le plan intellectuel (sens figuré).
Poème sur l’écriture de la poésie = art poétique. Expression réactivée par Queneau qui l’utilise à la fois
dans les sens propre et figuré : poème décrivant, donc
Mise au point
parcourant la campagne, mais en donnant l’impres-
3. Anaphore un vers sur deux j’écrirai relayée par la sion de divaguer (mélange de références savantes et
répétition de j’utiliserai (v. 13, 15) nombreux paral- prosaïques). « La main à la plume », l’auteur joue avec
lélismes, syntaxe identique : j’écrirai des + GN COD les mots.
évoquant une forme poétique + complément du nom
9. Écriture d’invention
introduit par la préposition sur, identifiant le thème
Reprise des anaphores et parallélismes du texte initial
d’écriture.
+ principe d’énumération du domaine parcouru (ville
Parallélismes = énumération exhaustive des aspects de
pour Courir les rues ; mer pour Fendre les flots) + entre-
la campagne traités par l’écriture poétique.
mêlement des références savantes et populaires (par
Analyse exemple, images de la Rome antique opposées à un
4. odes (v. 3), sonnets (v. 5) et sextines (v. 9) = formes Paris populaire ; références au voyage en mer dans
poétiques traditionnelles. l’épopée, et à la pêche au gros aujourd’hui).
Connotations : rigueur de l’écriture poétique, surtout la Amorce pour un poème de Courir les rues :
J’écrirai des poèmes
précision en vers heptasyllabiques appliquée au terme
sur les demis les pinards les cafés crème
odes + aspect désuet de ces formes associées ici à des
j’écrirai des hymnes en alexandrins
notations prosaïques qui les rabaissent.
sur les piétons les chauffards les riverains…
5. a. Mots a priori antipoétiques :
− biques (v. 4) ; Prolongement : étudier en parallèle un poème sur la
− mouches, charançons (v. 8) ; campagne antique du Grec Anacréon ou du recueil
− latrines (v. 10) ; Bucoliques de Virgile.
− agriculture (v. 12) ;
− porcs (v. 14).
Mots souvent associés à la rime à un terme noble et Texte 3 T. Corbière,
D’UN
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

poétique. Ex. : heptasyllabiques / biques (v. 3-4). Les Amours jaunes ➜ p. 42
b. Poème comique qui associe des références nobles à Objectif : Étudier en parallèle avec Queneau
un univers prosaïque burlesque. un sonnet irrévérencieux du XIXe siècle.
6. Métaphore : la charrue du vocabulaire (v. 18).
Comparé : vocabulaire ; comparant : charrue iden- QUESTIONS
tification plaisante du poète qui écrit à un paysan au
1. a. Références à la poésie :
travail.
− sonnet (titre, v. 10, 11, 14) ;
Visualisation : tracés de la charrue = lignes écrites
− Vers, pied (v. 1) ;
cohérence de l’image.
− césure (v. 3) ;
Question de synthèse − Pinde (v. 5) ;
7. Utilisation constante du pronom personnel je associé − rime (v. 7) ;
au verbe écrire + futur simple + champ lexical de la − vers, rime (v. 8) ;
poésie traditionnelle + énumération des éléments de − Muse (v. 10) ;
la campagne, objets de l’écriture = constitution d’un − Pégase (v. 13).
univers poétique projeté et mis sous les yeux du lecteur, b. Champs lexicaux concomitants :
vision de l’auteur « la main à la plume ». − armée : emboîtant le pas, peloton (v. 2), soldats de
plomb (v. 4) ;
25
− transports et télécommunications : railway (v. 5), fils c’est-à-dire des modèles d’écriture. Nom main chez
du télégraphe (v. 6), fil (v. 8), Télégramme (v. 9) ; Queneau et terme manière chez Corbière = références
− mathématiques : Archimède (v. 10), addition (v. 11), 4 explicites à l’art poétique, au maniement des mots.
et 4 = 8 (v. 12), 3 et 3 (v. 13). 8. Modernité = détournement de la tradition à des
2. Fonction de mise en abyme : poème sur la manière fins stylistiques. Utilisation des thèmes antiques ou
d’écrire de la poésie. des formes traditionnelles (poème bucolique, sonnet)
Aspect technique et artisanal de l’écriture mis en évi- mais en usant du registre comique (burlesque chez
dence par le GN manière de s’en servir, les verbes régler Queneau) ou en créant des transpositions (télégraphe
et former de la consigne, et les termes concrets papier chez Corbière).
et lettres.
Prolongement : analyser la toile de P. Klee, Cadence
3. Métaphore filée de la strophe bien rangée rassem- à trois ➜ p. 42 pour montrer la façon dont un peintre
blant ses vers, tel un peloton de soldats de plomb (v. 4). utilise des chiffres et des moyens graphiques géo-
Le quatrain renvoie à lui-même : par quatre (v. 2). métriques pour représenter une sorte de personnage
Référence à l’épopée : clin d’œil appuyé avec la men- incarnant la cadence.
tion latine du pied (v. 1) qui est à la fois la mesure du
vers antique, et le pied du soldat en marche.
4. Termes fil, rime et jalon (v. 8) : structure strophique, Histoire des arts ➜ p. 45
mètres du poème. La représentation de l’artiste
Ponctuation et typographie inhabituelles, heurtées, du
2e quatrain : tirets, deux-points, italique le fil est sur QUESTIONS
le point de se rompre.
1. Sans être au milieu, la partie verticale de l’habitacle
Rime provocatrice reprenant le même radical, condam-
qui délimite le pare-brise et la fenêtre droite s’inscrit
née par Boileau : forme / chloroforme (v. 5, 7).
entre les deux poteaux présents au deuxième plan.
Rime en long / jalon (v. 6, 8), donnant l’impression que
Dans l’alignement du tableau de bord, le rétroviseur
le poète tire à la ligne, développant l’image du fil.
extérieur droit constitue une perpendiculaire flagrante
5. Données mathématiques = surprise dans les tercets, le reflet du photographe, l’appareil en main, appa-
aussi bien sur le plan thématique (domaine peu asso- raît au milieu de ce paysage singulier qui montre à la
cié à la poésie) que typographique (chiffres écrits en fois l’intérieur de la voiture et le monde suburbain que
chiffres, pas en lettres). parcourt l’artiste.
Difficulté posée à la lecture ; le signe « = » (v. 12) ne
2. Synopsis de La Nuit américaine de François Truffaut
se prononce pas pour respecter les douze syllabes de
(1973) : tournage à Nice d’un film dont l’intrigue est
l’alexandrin.
celle de l’amour passionné d’un père qui tombe amou-
6. Premier hémistiche du vers 14 : rime interne lyre / reux de sa belle-fille, au grand dam de son fils qui
délire associant la poésie à la folie, résumant les pro- décide de le tuer. Essentiel : façon dont chaque comé-
cédés facétieux de ce sonnet. dien incarne une profession du cinéma : réalisateur,
Deuxième hémistiche : exclamation à valeur d’inter- comédien, assistant, régisseur, etc. Film hommage au
jection Attention ! rappelant les exigences délicates de septième art dès le titre : technique de filtre permettant
versification. de filmer des scènes nocturnes en plein jour.
Vis-à-vis : Queneau et Corbière
7. Volonté commune : Exercices d’approfondissement ➜ p. 47
− jouer avec la poésie traditionnelle, thématiquement
chez Queneau qui revisite avec le burlesque les thèmes
de la poésie bucolique ; structurellement chez Corbière REVOIR
qui use de procédés typographiques inhabituels dans
l’écriture d’un sonnet, tout en évoquant la culture poé- 1 L’inspiration classique
tique grecque (Pinde, Pégase, lyre) ; N. Boileau, L’Art poétique, chant I, vers 1-12
− créer une subversion plaisante ; ces poèmes s’affir- 1. Idéal chanté par Boileau = travail de l’écriture, patience
ment, malgré leurs écarts, comme des arts poétiques, et longueur de temps (v. 12).
26
2. Vers évoquant la conception antique de l’inspiration : 3 L’inspiration du quotidien
− du ciel l’influence secrète (v. 3) = le don d’écrire ; F. Ponge, Le Parti pris des choses, « L’huître »
− son astre… l’a formé poète (v. 4) = la prédestination,
1. Huître = animal associé à la consommation, la gastro-
la marque du génie.
nomie, mais pas aimé de tous. Aspect gluant, désagréable,
3. génie (v. 5, 10) = activité du poète. Sens dans le voire répugnant, pour certains être peu poétique
poème = capacité à écrire, talent. a priori.
4. Rime périlleuse / épineuse (v. 7-8) travail poétique Adjectifs qualificatifs peu enchanteurs : rugueuse (l. 2),
= danger quand il devient précipité. blanchâtre (l. 3), grossier (l. 8), visqueux et verdâtre
Rime consumer / rimer (v. 9-10) travail poétique = dur (l. 14), noirâtre (l. 15).
labeur qui exténue celui qui y est mal préparé. 2. Dès le deuxième paragraphe, terme firmament (l. 11),
Rime amorces / forces (v. 11-12) antithèse entre la pluriel répété les cieux (l. 12), mentions de la nacre (l. 12)
facilité et l’ardeur qu’exige le travail poétique. et de la dentelle (l. 15) = indices d’écriture poétique.
Poésie = labeur exigeant, destructeur sans préparation. Métaphore des cieux pour désigner les deux faces inté-
rieures de la coquille = indice supplémentaire.
APPROFONDIR 3. a. Verbe orner (l. 17) = travail d’écriture poétique, d’or-
nementation du langage par les figures de rhétorique.
2 L’inspiration symbolique b. on (l. 17) = poète observant précisément la nature et
A. Rimbaud, « Voyelles » cherchant son heure de gloire dans la contemplation
1. Rapport entre voyelle et image associée : difficile, du monde.
voire obscur. Quel rapport entre la lettre A et le noir 4. Ouverture de l’huître = déchiffrement du monde, cor-
corset velu des mouches ? (v. 3). roboré par les lignes 10 et 11 : on trouve tout un monde,
Pour chaque voyelle, métaphore en apposition. Ex. : E, à boire et à manger.
candeurs des vapeurs et des tentes (v. 5).
2. Champ lexical omniprésent (mort, agonie, décom- 4 L’inspiration du quotidien
position) : A. Bosquet, Sonnets pour une fin de siècle,
− mouches (v. 3) et puanteurs cruelles (v. 4) pour le A ; « Le poète comme meuble »
− lances et frissons (v. 6) pour le E ; 1. a. Énumérations :
− sang craché (v. 7) pour le I ; − les sécateurs, les pneus, les robinets, les clous (v. 2-3) ;
− mers virides (v. 9) et rides (v. 10) pour le U ; − les murs, la machine à laver, le réchaud, la poubelle
− strideurs (v. 12) et silences (v. 13) pour le O. (v. 13-14). Univers ménager et familier, de la quotidien-
3. a. Progression ascendante : de l’absence de lumière neté banale.
(A noir, v. 1) à l’éclat du ciel (O bleu, v. 1), en passant par b. Poète = objet parmi d’autres (1re énumération), mais
l’ensemble des couleurs (E blanc, v. 1), puis les couleurs enchante le réel, le quotidien (2e énumération).
associées à chaque élément : la terre, I rouge (v. 1), la 2. Un jour de souffrance ou de malheur (v. 10-11) = GN
végétation entre terre et ciel (U vert, v. 1), et le ciel (O évoquant le lyrisme, l’élégie.
bleu, v. 1). 3. Sonnet dans la succession des strophes, mais pas
b. En position finale, le O occupant tout le dernier ter- dans la répartition des rimes, souvent remplacées par
cet est valorisé : termes en majuscules (Clairon, v. 12 ; des assonances (souffrance / printemps, v. 10-12), ni
Mondes et Anges, v. 13 ; Oméga et Yeux, v. 14), mention dans la syntaxe bousculée par les nombreux enjambe-
répétée (O, v. 12, 14), tiret démarcatif pour la répétition ments, y compris entre les strophes, par exemple celui
et l’exclamation (v. 14), déplacement de l’ordre alpha- des vers 4 et 5 : disponible / à des prix modérés.
bétique (normalement, O avant U). 4. Sonnets pour une fin de siècle : énumération d’objets,
4. Chaque voyelle associée à un ou plusieurs éléments lieux évoqués (grands magasins, v. 4 ; cuisine, v. 8) dans
du monde. Ex. : mouches (v. 3) et Golfes (v. 5) pour le le droit fil de la société de consommation caractéristique
A. Univers = monde des symboles à la façon des forêts de la fin du XXe siècle poète lui-même réduit à l’état
de symboles (v. 3) ➜ p. 36, offertes au poète parcourant d’objet de consommation.
le temple de la nature chez Baudelaire. Dans les deux
cas, monde = ensemble de codes que le poète déchiffre.

27
ÉCRIRE 4. Antithèse entre nuit et lumière (v. 16) = opposition
entre espoir (enfant) et désespoir (ossements gris).
5 Une nouvelle forme d’inspiration ? 5. Entraînement au commentaire
Y. Bonnefoy, Les Planches courbes, Un poème de la simplicité et de la sérénité.
section « La Pluie d’été » Argument 1 : Simplicité formelle rassurante comme
1. Univers évoqué : peu de personnages, oiseaux (v. 7), une berceuse.
Ex. 1 : enchaînement de quatrains avec quelques
enfant qui pleure (v. 12) ; oppositions franches, sans
rimes et répétitions.
nuance : nuit / lumière (v. 7-8, 16) simplicité de l’évo-
Argument 2 : Économie de vocabulaire à l’image
cation et du vocabulaire. d’un monde enfant.
2. Pas de mètre constant, même si l’hexasyllabe domine. Ex. 2 : lexique de base, avec des antithèses pri-
Pas de rimes systématiques, malgré des évidences : maires évoquant la naissance du monde (nuit
se disputant / Se dispersant (v. 5-6), demeure / pleure / lumière).
(v. 9-12). Argument 3 : Atmosphère tendre et apaisée au
Pas de forme fixe, mais quatre quatrains. bord du gouffre.
Impression d’une forme flottante, entre apparence Ex. : dangers balayés aussitôt qu’évoqués, comme
les ossements becquetés par les oiseaux, comme
formelle et constants écarts.
dans les contes.
3. Que ce monde demeure (v. 1, 9) = anaphore per-
manence du monde = assurance de vie et de futur sym-
bolisée par la lumière (v. 16).

28
Prolongements

Textes Image du DVD-Rom


● Horace, Épîtres, livre II « L’Art poétique » (v. 1-14) : E. Le Sueur, Les Muses : Clio, Euterpe et Thalie (vers
fondements de L’Art poétique de Boileau (1574) 1646) : tableau classique sur le thème des Muses.
et des grands principes de l’écriture poétique
Activités
occidentale.
● Histoire littéraire / recherche
● P. Verlaine, Jadis et naguère, « Art poétique »
(1884) : porte ouverte à la poésie moderne, avec le L’épopée étant écrite en vers dans la littérature
vers impair, et au lyrisme intime. antique, rassembler les ouvertures des grands
poèmes épiques gréco-romains : Homère, Odyssée ;
● R. Queneau, Cent mille milliards de poèmes (1961) :
Ovide, Les Métamorphoses ; Virgile, Énéide.
combinaisons poétiques à partir de la forme du
sonnet, entre rigueur mathématique et extrême a. Comment l’inspiration y est-elle évoquée ?
fantaisie. b. Quelle image le poète donne-t-il de la création
poétique ? Sous quelle tutelle est-elle placée ?
Texte du DVD-Rom
c. De quelle façon Rabelais en a-t-il joué dans ses
J. Du Bellay, Défense et illustration de la langue romans au XVIe siècle ?
française (1549), chapitre VIII : « D’amplifier la ● Lecture cursive
langue française par l’imitation des anciens
auteurs grecs et romains » : affirmation de la force A. de Musset, Nuits (1835-1837) : dialogue avec la
de la langue française, capable de se développer Muse fondé sur une confession lyrique et doulou-
littérairement sans se rattacher servilement au latin. reuse.
a. Quelle place la Muse occupe-t-elle dans les
Images fixes quatre poèmes de cette série ? Quelle relation
● Mosaïque des neuf Muses (240 avant J.-C.), entretient-elle avec le Poète ?
découverte à Vichten (Luxembourg, Musée national b. Sur quels sujets ces poèmes portent-ils ?
d’art et d’histoire) : représentation codifiée la mieux
c. Suivant quels registres l’inspiration est-elle
conservée sur ce thème.
abordée ?
● A. Mantegna, Le Parnasse (1497), détrempe sur
d. Quelle œuvre dramatique du romantisme fran-
toile (Paris, musée du Louvre) : représentation
çais met en scène les tourments de l’inspiration ?
de Muses sous la protection de Vénus et de Mars
Donnez ses références précises.
incarnés par les commanditaires du tableau
(Isabelle d’Este et Francesco de Gonzague).
● G. Moreau, Hésiode et la Muse (1891), huile
sur bois (Paris, musée d’Orsay) : représentation
moderne, symboliste, en référence directe au mythe
antique.

29
SÉQUENCE 2
La poésie amoureuse
➜ Livre de l’élève, p. 49

7. Tout à un coup (v. 5), Tout en un coup (v. 8), Et quand


Texte 1
T L. Labé, Sonnets ➜ p. 50
(v. 10), Puis quand (v. 12) = sentiment amoureux pas-
sionné, vif, proche du coup de foudre.
Objectif : Analyse d’un poème lyrique amoureux de
la Renaissance française. 8. Ainsi Amour / inconstamment me mène (v. 9) = mise
en valeur de l’adverbe inconstamment situé juste après
la césure.
LECTURE ANALYTIQUE
9. Place de l’adjectif premier (v. 14) à la fin du poème :
Première lecture renvoie le lecteur au début du poème, signalant que
1. Surprise = antithèse initiale = Je vis  je meurs (v. 1) l’amour est un cercle vicieux auquel cette femme
+ parataxe + vocabulaire lié à la mort vers abrupt n’échappe pas.
en apparente contradiction avec le thème de l’amour. Question de synthèse
2. Malaise et tourment de la poétesse : entre joie et 10. Amour : majuscule + sujet du verbe « me mène »
tristesse. Sentiment d’impuissance devant la force de = personnification ; Amour = ambivalent, provoquant à
l’Amour dont elle est l’objet (v. 9). la fois la joie et le tourment, il crée un déséquilibre qui
Mise au point fait ressentir des sentiments contraires d’un instant à
l’autre. Amour = bouleversement de l’être.
3. Sonnet en décasyllabes = deux quatrains en rimes
féminines et embrassées + deux tercets alternant rimes Pour aller plus loin
masculines et féminines. 11. Recherche
Analyse Auteurs = Maurice Scève, Pernette du Guillet, Antoine
Héroët, Guillaume des Autels, Pontus de Tyard.
4. Antithèses = chaud  froidure (v. 2) ; molle  dure
Thèmes = amour passionné, douloureux ou mystique,
(v. 3) ; ennuis  joie (v. 4) ; ris  larmoie (v. 5) ; plaisir 
nature, vie, mort, Dieu, platonisme (conception méta-
tourment (v. 6) ; s’en va  dure (v. 7) ; sèche  verdoie
physique de la beauté et de l’amour), création poétique.
(v. 8) ; heur (v. 13)  malheur (v. 14) trouble et désar-
roi de la femme amoureuse. 12. Commentaire
Partie I. L’expression du Moi
Allitérations = [m] : meurs, me répété deux fois (v. 1)
1er §. Présence abondante de la première per-
+ Amour inconstamment me mène (v. 9) + assonances
sonne : question 5.
= [ã] : en endurant (v. 2) musicalité qui souligne 2 e §. Expression d’une voix lyrique souffrant
la dimension élégiaque du poème et la douleur de la constamment : questions 6 et 8.
femme. Partie II. L’expression des sentiments
5. Pronoms personnels de 1re personne = je (v. 1, 5, 8, 1er §. Sentiment exalté de l’amour : hyperboles
10, 11, 12), j’ (v. 2, 4, 6), me (v. 1, 9, 11, 14), m’ (v. 3). = « extrême » (v. 2), « trop » (v. 3), « grands »
Déterminants possessifs de 1re personne = mon (v. 7, (v. 4), « maint » (v. 6), « à jamais » (v. 7).
2e §. Sentiments contraires signes du bouleverse-
13, 14), ma (v. 12).
ment dû à l’amour : question 4.
Épanchement lyrique de l’intime, impression d’enfer-
Partie III. Une vision originale de l’amour-passion
mement de la poétesse sur sa situation personnelle. 1er §. Vision infernale, image du cercle vicieux :
6. Présent de narration = dramatisation. À la limite du question 9.
présent d’énonciation, car la poétesse exprime peut- 2e §. Analyse et conscience d’un mal contre lequel
être une souffrance contemporaine de la rédaction du on ne peut lutter : questions 7 et 10.
sonnet.

30
Prolongement : lire des sonnets de Pétrarque (1304- Louise Labé, la femme n’est pas soumise à l’homme,
1374) fondés sur le même système antithétique, seulement à son cœur.
comme par exemple « Pace non trovo », sonnet 7. Même référence au dieu de l’amour, à l’origine des
CXXXIV du recueil Canzoniere, avec le dernier tercet : tourments.
« Je ris en pleurant » (trad. du comte de Grammont
Prolongement : étudier conjointement une toile du
© Poésie − Gallimard).
XVIe siècle représentant Cupidon, par exemple celle
de Lucas Cranach l’Ancien intitulée Vénus et Cupidon
(1509), pour comprendre l’image qu’il représentait
Texte 1
D’UN J. Du Bellay, L’Olive ➜ p. 51
À L’AUTRE alors, et le Portrait de jeune homme par Savoldo (1525)
➜ p. 51.
Objectif : Étudier un poème de la Pléiade
sur les sentiments contraires de l’amour en écho
à celui de Louise Labé.
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
QUESTIONS L. Labé, Sonnets ➜ p. 52
1. Image d’un amour sclérosant et bouleversant qui Objectif : Découvrir comment une poétesse de la
emprisonne le cœur et provoque des sentiments insta- Renaissance évoque l’amour, entre respect de la
bles et contraires. tradition du sonnet et expression personnelle.
2. Antithèses (v. 1) = La nuit  le jour, courte  dure ;
autres antithèses : fuis  suis à la trace (v. 2) ; plaisir PISTES D’ANALYSE
 tourment (v. 4) ; mon bien  mon mal (v. 5) ; désir
 crainte (v. 6) ; m’enflamme  me rend glace (v. 6) ; 1. Les souffrances amoureuses
obscur  lumière (v. 8), clair  obscure (v. 8) ; libre Comparaisons = sonnet XIII, Si de mes bras le tenant
(v. 10)  prison (v. 11) ; obtenir  ne puis requérir (v. 12) ; accolé, / Comme du Lierre est l’arbre encerclé (v. 9-10) ;
blesse  guérir (v. 13). Métaphores = flambeau, feu : II, Tant de flambeaux pour
3. La femme est à la fois celle qui provoque le tourment ardre une femelle ! (v. 11), tant de feus portant (v. 12),
de l’homme en le tenant en son pouvoir, et sa libéra- N’en est sur toi volé quelque étincelle (v. 14) + IV, Depuis
trice. Dans le poème, il s’accuse lui-même de se mettre qu’Amour cruel empoisonna / Premièrement de son feu
dans cet état = Cruel me suis (v. 3), mon mal je procure ma poitrine, / Toujours brûlai de sa fureur divine (v. 1-3)
(v. 5), Ainsi me blesse, et ne me veut guérir (v. 13). + XVI, Mais maintenant que tu m’as embrasée (v. 11)
+ XXIV, j’ay senti mille torches ardentes (v. 2) ;
4. Métaphore filée de la prison : libre (v. 10), lien (v. 10),
arbre : XVII, Des bois épais suis le plus solitaire (v. 10).
prison (v. 11) image d’un amoureux à la merci de son
Ces images insistent sur la douleur physique ressen-
amante, soumis à son amour.
tie par la femme : amour = feu qui consume.
5. Dans la tradition, Cupidon est représenté comme un
enfant qui frappe parfois aveuglément les hommes et 2. Des poèmes universels
les femmes de ses flèches. L’oxymore vieil enfant (v. 14) Les poèmes ne sont pas adressés à un amant en parti-
ajoute une image de sagesse et d’expérience à ce dieu culier enjeu universel : parler de l’amour que chaque
de l’amour, ou rappelle simplement que cet enfant, homme éprouve et évoquer l’amour universel, voire spi-
éternel, est aussi jeune que vieux. rituel, celui que Platon présente comme le lien entre
Gradation des adjectifs qualificatifs = Cupidon en piteux tous les hommes et le lien avec le divin.
état, en amoureux souffrant : vieil aveugle nu. Dernier sonnet adressé aux femmes les mettre en
garde contre les tourments de l’amour.
Vis-à-vis : Louise Labé et Du Bellay
6. Deux sonnets structurés par des antithèses. 3. Un art poétique
Amour, dans les deux poèmes = bouleversement, pas- Musique = sonnet II : Ô luth plaintif, viole, archet et
sion qui déstabilise l’homme. Mais chez Du Bellay, le vois (v. 10) + X, Quand j’aperçois ton blond chef cou-
poète, soumis à la femme, se présente éploré  chez ronné / D’un laurier vert, faire un luth si bien plaindre
(v. 1-2) : référence à Orphée + XII, Luth, compagnon de
31
ma calamité (v. 1) + XIV, Tant que ma main pourra les l’illustre dans des scènes romanesques ou dans des
cordes tendre / Du mignard luth, pour tes grâces chanter dialogues.
(v. 5-6). Ex. : analyse du sentiment amoureux dans La
Danse = XV, Les nymphes déjà en mille jeux s’ébattent Princesse de Clèves (1678) de Madame de La
Fayette ➜ p. 172.
/ Au clair de lune, et dansant l’herbe abattent (v. 9-10).
3e §. L’amour est un des thèmes privilégiés de l’art
La poésie fait appel à ces deux arts qui en font par-
pictural et le peintre sait exprimer grâce aux cou-
tie intégrante. La musicalité du poème se lit dans les leurs et aux formes toute la palette des sentiments
allitérations, les assonances, les anaphores, les répé- amoureux.
titions, etc. ; et la danse est évoquée par le rythme du Ex. : le baiser tendre et fougueux de Roméo et
poème qui le met en mouvement, de même que le texte Juliette dans la toile de Sir F. B. Dicksee ➜ p. 62.
poétique se prête aisément à la mise en musique et fait + Éventuellement une partie III insistant sur le fait
ainsi danser les hommes. que le registre lyrique, très souvent en relation
avec la poésie de l’amour, transcende les genres et
les époques, des poèmes élégiaques de Tibulle aux
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
comédies romantiques hollywoodiennes.
1. Dissertation
2. Analyse d’image
Partie I. Certes la poésie décrit parfaitement
le sentiment amoureux.
Technique du clair-obscur qui fait ressortir le corps
1er §. Le poète sait mettre en valeur les mots pour beige de Cupidon et le drap blanc sur un fond brun
leur donner plus d’intensité et exprimer avec plus foncé.
de force le sentiment amoureux. Personnage = adolescent portant de larges ailes, porte
Ex. : L. Labé, Sonnets (1555), VIII. des flèches. À ses pieds, un luth, un violon accompagné
2e §. Si la poésie joue sur le sens des mots, elle de son archet, une partition de musique ouverte en par-
met surtout en valeur leur musicalité. Le poète tie et une plume attributs d’Orphée liés ici à Cupidon
choisit souvent des termes pour leurs sonorités, ce = étroite relation entre amour et poésie.
qui permet de renforcer, grâce aux allitérations, Objets à ses pieds : sceptre, couronne, équerre et com-
assonances et autres répétitions, l’expressivité des pas l’amour a tous les pouvoirs, au sens propre et
sentiments.
figuré.
Ex. : L. Labé, Sonnets (1555), II, anaphore du ô
Représentation particulièrement réaliste et connotée :
lyrique + « sonnet XVIII » : « Baise m’encor, rebaise
et baise : / Donne m’en un de tes plus savoureux, enfant sexué, alors que dans la tradition Cupidon est
/ Donne m’en un de tes plus amoureux » (v. 1-3). souvent asexué thèse du romancier D. Fernandez
3e §. Enfin, la création d’images (comparaisons dans La Course à l’abîme (2002, roman) : modèle de
et métaphores) permet de rendre l’expression du Cupidon = jeune amant du Caravage.
sentiment amoureux plus frappante et d’éveiller la
sensibilité du lecteur. 3. Recherche
Ex. : L. Labé, Sonnets (1555), réponse à la piste − Sappho (VIIe siècle avant J.-C.) : première poétesse
d’analyse 1 (ci-dessus). grecque reconnue dans l’Antiquité, vivant sur l’île
Partie II. Mais l’amour et ses effets s’illustrent de Lesbos, aurait composé neuf livres de poésie
également sous d’autres formes. dans lesquels elle emploie une strophe particulière
1er §. Le théâtre met en lumière le sentiment amou-
composée de trois vers de onze syllabes et d’un vers de
reux par l’action, les sentiments ne se disent pas
cinq syllabes (strophe saphique), ou le vers de quatorze
forcément directement mais sont incarnés par le
jeu des acteurs. Moins qu’un discours sur l’amour,
syllabes (pentamètre saphique).
il s’agit d’un discours de l’amour en mots et en − Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) : poétesse
gestes. romantique ➜ p. 55.
Ex. : déclaration d’amour plus émouvante par − Renée Vivien (1877-1909) : poétesse parnassienne
l’association du discours au jeu des personnages qui fait vivre la poésie saphique dans la lignée de
dans Cyrano de Bergerac (1897) d’E. Rostand Baudelaire.
➜ p. 246. − Anna de Noailles (1876-1933) : son premier recueil, Le
2 e §. Le roman, plus développé, permet une Cœur innombrable (1901), est couronné par l’Académie
expression précise de l’amour et de ses effets. française ; seule poétesse de son temps à recevoir des
Il décrit et analyse le sentiment amoureux, et
32
distinctions honorifiques pour sa poésie, alliant roman- même (v. 14) + expression des sentiments personnels :
tisme et modernité. triste (v. 1, 12), mon cœur trop sensible (v. 9).
− Des chanteuses-auteures-compositrices de la fin du Élégie = expression de sentiments mélancoliques liés à
XXe siècle, dont la finesse des images évoque l’écriture la souffrance amoureuse, sur un ton plaintif : répétition
poétique : Barbara, et aujourd’hui, Émilie Simon. de mon cœur (v. 4, 5, 8, 9, 13) + champ lexical de la
tristesse : triste (v. 1, 12), je ne me suis pas consolé (v. 3,
7), trop sensible (v. 9), fier exil (v. 12) + hyperboles, à
T 2
Texte P. Verlaine, Romances
lire dans les très nombreuses répétitions, accentuant
sans paroles ➜ p. 53
la lamentation.
Objectif : Étudier un poème lyrique aux accents
modernes. Question de synthèse
7. Ariette = petite mélodie légère et agréable. Le sens
LECTURE ANALYTIQUE musical du terme ariette est très présent dans le poème,
grâce aux sonorités et au rythme du poème qui joue sur
Première lecture les répétitions et une douce mélodie.
1. Mélancolie et tristesse du poète abandonné par la
Pour aller plus loin
femme aimée.
8. Recherche
2. Strophes 1 à 4 : désespoir amoureux, fuite, cœur
a. Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) = compo-
meurtri et inconsolé.
siteur, pianiste et chef d’orchestre allemand. Artiste
Strophes 5 à 8 : sensibilité amoureuse, espoir en un
romantique, il compose des concertos, des symphonies
amour possible, une présence malgré l’exil.
et de nombreuses Romances sans paroles pour piano. Il
Progression dans le sentiment amoureux, du rejet
crée le Conservatoire de musique de Leipzig (1843) où
et de l’oubli à l’espoir.
il enseigne la composition, le chant et les instruments.
Mise au point b. Choix du titre dû à la musicalité de la poésie de
Verlaine, alliant un rythme vif et léger et un travail des
3. Étymologie = du latin ferus qui signifie farouche, sau-
sonorités digne d’un musicien.
vage, cruel puis en bas latin audacieux. Aujourd’hui, il
s’applique à une personne qui a le souci de sa dignité, 9. Écriture d’invention
voire de manière péjorative qui est imbue d’elle-même. Contraintes du sujet :
Dans le poème de Verlaine, le contexte fait pencher − forme à produire = lettre : destinateur Verlaine + des-
pour la définition d’insensible, en antithèse avec triste. tinataire, son épouse, ce qui suppose une énonciation
familière entre une 1re et une 2e personne du singulier ;
Analyse − contenu lié au poème en reprendre certains termes
4. Répétition des vers dans les strophes 2 et 4, comme tout en insistant sur les émotions repérées dans l’ana-
un refrain. À la 3e strophe, répétition anaphorique : Bien lyse ;
que mon cœur (v. 5) puis répétition avec variation : bien − lyrisme à travers l’utilisation abondante de la
que mon âme (v. 5). Répétition de plusieurs termes dans 1re personne, le vocabulaire des sentiments et des sen-
l’ensemble du poème = triste (v. 1), à cause (v. 2), mon sations, des figures d’exagération (hyperboles, grada-
cœur (v. 9, 13), Est-il possible (v. 11) musicalité et tions, énumérations) afin de faire ressortir l’émotion.
redondance soulignant la souffrance amoureuse. 10. Iconographie
5. Cœur = siège de la passion, d’une sensibilité exa- Couleur sombre, brun extrêmement foncé, de l’homme
cerbée comme le souligne l’adverbe trop (v. 9) ; âme au premier plan, avec des échos chromatiques dans
= siège de la raison. Tourments intérieurs du poète l’ensemble de la toile.
symbolisés par le dialogue entre le cœur et l’âme, déjà Attitude mélancolique de l’homme = tête posée sur la
présents dans des poèmes de la Renaissance. main et regard perdu dans le vide (cf. Melencolia de
Dürer et Le Penseur de Rodin).
6. a. Émotions = colère et doute dans les interrogations
Tourment de l’homme perceptible dans les formes
des vers 10 à 12 et 13 à 16.
arrondies, comme en mouvement, des rochers et de la
b. Lyrique = forte présence de la première personne du
rive = distorsion de la réalité en écho avec le malaise
singulier : mon (v. 1, 4, 5, 8, 9, 10, 13), Je (v. 3, 7, 13), moi-
de l’homme.
33
Contraste entre la présence au 1er plan de l’homme et le (adjectif + nom + nom + adjectif) assurant le lien entre
vide du paysage derrière lui, à l’exception d’un couple écriture et portrait (présence) de l’être aimé.
en promenade sur le rivage (homme et femme) et d’une 4. Sentiment de bonheur qui touche les sens, au-delà
maison image probable de la jalousie ou d’un amour de l’écriture qu’elle refuse, et sentiment de nostalgie
récemment brisé + image romantique du mélancolique dans le souvenir de son amour qui éveille son ouïe
seul face à la mer. (v. 17), sa vue (v. 18) et son toucher (v. 19).
Toile proche du poème de Verlaine : solitude de
5. Quatrains en rimes croisées alternant rimes fémi-
l’homme, exilé pour réfléchir + visage exprimant la
nines et masculines + répétition de N’écris pas au début
tristesse + regard perdu réflexion intérieure.
et à la fin de chaque strophe = structure circulaire sym-
Prolongement : prolonger l’étude de la mélancolie en bole d’un amour impossible.
analysant l’huile sur toile d’Edgar Degas, Mélancolie Répétition anaphorique de Il semble que (v. 17, 19),
(1874), autre représentation de cet état d’âme exalté rime de l’ensemble du GN sur mon cœur (v. 17, 19)
par les romantiques. + parallélisme des deux vers exaltation du sentiment
amoureux qui révèle la présence de l’être aimé avec les
verbes répandre (v. 17) et empreindre (v. 19).
D’UNTexte 2 M. Desbordes-Valmore,
À L’AUTRE Vis-à-vis : Verlaine
Poésies inédites ➜ p. 55
et Marceline Desbordes-Valmore
Objectif : Analyser un poème lyrique de l’époque 6. Effet de refrain dû aux répétitions dans les deux
romantique. poèmes et musicalité due au travail des sonorités.
7. Même image d’un amour contradictoire : deux voix
QUESTIONS lyriques qui désirent et refusent l’amour en même
1. a. Anaphore de N’écris pas (v. 1, 5, 6, 10, 11, 15, 16, temps, en proie à un conflit entre passion et raison.
20) = répétition au début et à la fin de chaque strophe.
Négation : contraste avec le poème d’amour qui lais- Prolongement : étudier le tableau de Stevens, La
serait attendre au contraire une réponse de la part de Lettre de rupture ➜ p. 55, en mettant l’accent sur
l’amant volonté de conjurer le sentiment d’amour, l’aspect narratif et le registre lyrique de cette toile.
en assumant la douleur de la séparation.
b. Vers 14 : une lettre reçue rappelle l’existence de l’être
dont on s’est séparé (portrait vivant). Analyse A. Rodin,
d’image Le Baiser ➜ p. 56
2. Métaphores du flambeau = je voudrais m’éteindre
(v. 1), nuit sans flambeau (v. 2) + métaphore de la mort
Objectif : Analyser une sculpture moderne
= Et, frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau représentant l’amour.
(v. 4).
Opposition entre la vie souffrante et la mort effective : Je
suis triste (v. 1), j’ai peur (v. 11), je n’ose plus lire (v. 16)  QUESTIONS
m’éteindre (v. 1), tombeau (v. 4) ; antithèse entre le Première approche
passé heureux et le présent de la séparation : beaux
étés  nuit (v. 2). 1. Deux personnages composent ce groupe : un homme,
Extrême douleur de la femme dans l’absence de son Paolo, et une femme, sa belle-sœur Francesca. Il manque
amant + idée que la vie n’a pas de sens sans l’être le mari qui s’apprête à les tuer (cf. récit de Dante, L’Enfer,
aimé. chant V).

3. a. chère (v. 14) qualifie le nom écriture et signifie qui 2. Points communs = courbe du socle qui fait écho à la
est aimé. Reformulation : une écriture (= une lettre) qui courbe formée par le corps des amants ;
vient de quelqu’un que j’aime équivaut à sa présence Différences = le marbre des personnages est lisse et poli
physique. tandis que celui du socle est martelé, ce qui lui donne
b. Effet de mise en valeur de l’être aimé et du senti- un aspect plus brut, comme s’il s’agissait d’un rocher.
ment amoureux de la femme création d’un chiasme

34
Analyse (v. 14, 16, 17), ta (v. 19), ton (v. 14, 18, 19), tes (v. 20), une
3. Les jambes des personnages s’entrelacent, le pied femme précise s’affirme.
gauche de la femme recouvre celui de l’homme et 2. Vers 1-6 : le poète proclame son amour vivant.
sa jambe droite est posée sur la cuisse gauche de Vers 7-15 : il exhorte la femme aimée à se souvenir
l’homme. Le bras gauche de la femme enlace le cou toujours de son amour pour elle.
de l’homme et le bras droit de l’homme est posé sur Vers 16-25 : il loue la femme aimée et l’assure de ses
la hanche gauche de la femme effet de mouvement sentiments éternels par-delà la mort.
et de sensualité, d’élan fougueux, d’amour passionné.
4. Lignes courbes qui forment les deux lignes d’un X Mise au point
(lettre chi en grec : X), conformément à l’idéal plastique 3. Forme moderne = poème en vers libres sans
de la sculpture douceur et sensualité du sentiment mètre identifiable. Le vers 4, comme d’autres, peut
amoureux. être lu comme un alexandrin ; le vers 24 comme un
5. Non, les visages sont collés l’un à l’autre, ce qui décasyllabe, etc.
empêche de les distinguer et de voir vraiment le bai-
Analyse
ser l’enlacement des corps nus, l’attitude et l’effet
de mouvement fougueux et sensuel suffisent à révéler 4. Vers 4 = passage du pronom indéfini l’ des vers 1 et
l’amour des deux personnages : leurs corps parlent. 3 au déterminant possessif de la première personne du
singulier : Mon amour.
Question de synthèse 5. Compléments circonstanciels = quelque jour (v. 7),
6. Certes, le sujet envisagé est tragique et les person- Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe (v. 9),
nages sont incestueux mais la beauté et la pureté de À l’heure où le rayon final se réverbère sur la surface
la sculpture traduisent un sentiment trop innocent et ondulée des vagues (v. 10), une nuit d’orage sous un
beau pour donner une image de l’Enfer, et universel arbre dans la campagne ou dans une rapide automobile
pour décrire l’amour. (v. 10), Un matin de printemps boulevard Malesherbes
(v. 11), Un jour de pluie (v. 12), À l’aube avant de te
Prolongement : analyser et comparer la toile de
coucher (v. 13) effet d’exaltation et de saturation.
Gustav Klimt, Le Baiser (1907-1908, Österreichische
Galerie, Vienne), huile sur toile recouverte de feuilles 6. Dis-toi (v. 14, 15) = impératif encourager la femme
d’or, pour découvrir une autre manière de représen- à se souvenir de son amour, voire la forcer à l’aimer
ter l’érotisme dans une œuvre mêlant symbolisme et en raison d’un sentiment de culpabilité que le poète
référence à l’estampe japonaise. aimerait faire naître en cette femme inflexible.
7. Contradiction entre l’adjectif morte (v. 16) et la survi-
vance de la femme, belle et désirable (v. 17). Le poète
Texte 3
T R. Desnos, utilise cette image frappante pour exprimer la beauté
Corps et biens ➜ p. 57 éternelle de la femme, lui dire son amour indéfectible.
Objectif : Étudier un poème mêlant lyrisme Référence au poème de Baudelaire, « Une charogne »,
traditionnel et modernité formelle. vers 45-48 :
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
LECTURE ANALYTIQUE
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
Première lecture De mes amours décomposés !
1. a. Robert Desnos lui-même = Moi qui suis Robert 8. a. Évocation de Baudelaire et de Ronsard = argument
Desnos (v. 22, 24). d’autorité, pour donner plus de poids à son argumen-
b. Son nom n’apparaît pas incarnation de l’amour tation, et références majeures à la poésie amoureuse
au début du poème = Mon amour n’a qu’un seul nom, traditionnelle et moderne + manière de conférer au
qu’une seule forme (v. 4), Mon amour n’a qu’un nom, poème une dimension universelle, l’image d’une poé-
qu’une forme (v. 6), Ô toi, forme et nom de mon amour sie qui traverse les frontières du temps.
(v. 8), puis à travers la deuxième personne du singulier b. méprisable (v. 25) désigne toutes les autres femmes
= te (v. 13), t’ (v. 14, 22, 24), toi (v. 8, 14, 15, 16, 20), tu qui sont détestables aux yeux du poète en comparai-
35
son avec la femme qu’il aime dont il gardera l’unique Texte 3
D’UN P. Eluard, Capitale
À L’AUTRE
souvenir. Également façon de dédaigner le monde de la douleur ➜ p. 59
concret pour une réalité idéale spirituelle, à la façon
de Baudelaire dans « Spleen et Idéal », section majeure Objectif : Analyser un poème d’amour surréaliste.
des Fleurs du mal.
QUESTIONS
Question de synthèse
1. Vers 1, 4-5, 14-15 : les yeux de la femme aimée
9. Originalité du poème = révèlent au poète le monde et le sens de l’existence.
− forme du poème en vers libres ;
2. Deux phrases. Originalité de l’organisation des
− références à Ronsard et Baudelaire ;
strophes = mélange d’alexandrins, de décasyllabes
− signature du poète dans le poème.
et d’octosyllabes sans régularité + absence de rimes
Pour aller plus loin systématiques, avec parfois de simples échos sonores
comme le [r] (purs / regards, v. 14-15) + 1re strophe en
10. Recherche
une seule phrase encadrée par la répétition du terme
Ronsard = Sonnets pour Hélène (1578), « Quand vous
yeux (v. 1, 5) + deux autres strophes en une phrase,
serez bien vieille » ➜ p. 64 ; Baudelaire = Les Fleurs du
avec la 2e constituée uniquement de groupes nominaux.
mal (1857), « Un hémisphère dans une chevelure » ou
« Une charogne ». 3. a. Allitération en [d] = de (v. 1 et 2), danse (v. 2),
Desnos reprend des stéréotypes de la poésie lyrique douceur (v. 2), doublée de la sourde [t] (tes, tour, v. 1)
pour mettre l’accent dans son poème sur la nécessité de + assonance en [u] (ou) = courbe (v. 1), tour (v. 1), dou-
profiter de la vie et donc de l’amour (Ronsard) ainsi que ceur (v. 2) insistance sur la forme ronde de l’œil et
sur la sensualité et l’éternité de l’amour (Baudelaire). la douceur du regard de la femme.
b. Assonance en ou sur l’ensemble du poème = tout
11. Entraînement à la dissertation
(v. 4, 15), toujours (v. 5, 12), jour (v. 6, 13), mousse (v. 6),
a. Corpus :
sourires (v. 7), couvrant (v. 8), sources (v. 10), couleurs
− tous les textes de cette séquence ;
(v. 10), couvée (v. 11), coule (v. 15) manière de relier
− Francis Ponge, Le Parti pris des choses, « Le cageot »
les termes qui évoquent la persistance du regard.
(1942) ➜ p. 71 ;
− Tristan Corbière, Les Amours jaunes, « Sonnet (avec 4. Accumulation de groupes nominaux des vers 6 à 11
la manière de s’en servir) » (1873) ➜ p. 42. = représentation des différents aspects du monde, le
b. Arguments : monde entier.
− la modernité s’exprime dans l’absence de ponctuation 5. Métaphore de la poule pour représenter le ciel
qui enrichit le texte en le rendant polysémique ; = éclos (v. 11), couvée (v. 11), paille (v. 12) utilisation
− l’utilisation du vers libre est un signe de modernité en surprenante d’une image concrète et triviale, la poule,
rupture avec la forme traditionnelle du poème ; pour désigner quelque chose de plus abstrait et poé-
− les formes innovantes de la poésie comme le calli- tique, le ciel.
gramme sont un signe extérieur de modernité, qui 6. a. Vers 1 (yeux), 5 (yeux, vu), 14 (yeux), 15 (regards).
rend la lecture parfois surprenante (plusieurs sens de b. Structure circulaire : vers 15 = écho du vers 1 = cœur
circulation…) ; (v. 1) // sang (v. 15), yeux (v. 1) // regards (v. 15).
− reprenant la forme traditionnelle du sonnet, le poète
peut traiter du monde moderne et de la réalité triviale Vis-à-vis : Desnos et Eluard
et quotidienne ; 7. Relation d’admiration = poète fasciné par le regard de
− le poème en prose rompt avec les formes tradition- sa femme qui semble le charmer mais en même temps
nelles, mais reste rattaché à la musicalité des poèmes le protéger : Un rond de danse et de douceur (v. 2).
plus anciens grâce au travail sur les sonorités et les Regard de la femme = vie du poète qui en est entière-
rimes internes. ment dépendant.
Prolongement : lire et comparer le poème d’André 8. ton regard et ses rayons (v. 19) = expression de Desnos
Breton, Clair de terre, « L’union libre » (1931), pour illustrée par le poème d’Eluard qui fait du regard un
une autre forme d’écriture poétique moderne sur le élément qui rayonne sur le monde entier (v. 14). Image
thème de la femme aimée. baudelairienne du cosmos féminin : une femme univers
qui fascine le poète.
36
Prolongement : en relation avec ce poème, étudier le 2. Moi qui ne puis ne pas aimer (v. 11) = double néga-
principe métaphorique du tableau de Dalí ➜ p. 59 : tion renforce l’image de la soumission du poète au
une femme architecture. sentiment amoureux, impression de ne pouvoir lutter
contre un sentiment assurément périlleux.
3. Rôle de la Dame : sans merci et inaccessible, fait
Histoire des arts ➜ p. 61
tomber l’homme amoureux et rejette son amour = Celle
La représentation des amants dont je n’aurai profit (v. 12), Elle m’a pris le cœur (v. 13),
ce rapt (v. 15).
QUESTIONS 4. Tristesse et désespoir = interjections : Hélas ! (v. 5),
1. Couleur dominante = bleu pour le fond et le corps Las ! (v. 9), personnification : cœur assoiffé (v. 16).
des personnages.
Autres couleurs : 2 L’éloge amoureux
− rouge, vert, jaune, rose = éléments de paysage urbain F. de Malherbe, Poèmes
sur le cou et l’arrière du crâne de l’homme, couleurs en
1. Accents sur rien, beau, Caliste, belle répétition qui
écho sur le corps de la femme ;
insiste sur le caractère unique de cette beauté féminine,
− blanc pour le voilier placé au niveau de l’épaule de
et qui lance le thème du poème.
la femme.
Le thème de l’idylle est représenté par les corps enlacés 2. Champ lexical de la vision = éblouit (v. 9), regards
des deux personnages, celui de l’amour entre la ville et (v. 9), yeux (v. 10), visible (v. 11) le regard est princi-
la mer est mis en valeur par les couleurs : le corps des pal en amour, à la fois celui que l’homme pose sur la
personnages et le fond bleu représentent la mer sur femme et celui que la femme lui adresse ; le regard est
laquelle s’incarne la ville grâce aux couleurs tracées le siège de l’amour réciproque.
sur les corps des personnages ; ces couleurs se mêlent 3. Qualités de Caliste :
harmonieusement, symbole du lien sentimental. − beauté de son visage et de son buste = clarté de son
2. La scène se situe dans un décor naturel au pied d’un teint (v. 5), Le baume est dans sa bouche (v. 6), La blan-
arbre. Trois parties : cheur de sa gorge éblouit (v. 9) ;
− un groupe de jeunes gens sur la gauche au 2e plan ; − charme de sa voix = Sa parole et sa voix ressuscitent
− un buste de statue au centre, dans l’arbre ; les morts (v. 7) ;
− Arlequin et Colombine assis au premier plan, Arlequin − douceur (v. 8).
est penché vers Colombine, les couleurs de son costume 4. Phrases interrogatives. Le poète s’adresse à sa raison
sont plus vives que celles des autres personnages, il qui s’oppose aux sens (ouïe, vue, toucher) charmés par
porte le masque traditionnel de la Commedia dell’arte. la beauté de cette femme et à la passion qu’elle éveille
Le couple central est intégré dans une pyramide qui en lui raison et jugement altérés par le charme
conduit le regard vers le sourire énigmatique de la féminin.
statue.
APPROFONDIR

Exercices d’approfondissement ➜ p. 63
3 Amour et vie
L. Sédar Senghor, Lettres d’hivernage
REVOIR
1. Anaphore = Ta lettre (v. 1, 4, 7) mise en valeur de
la femme qui l’attend et de leur relation épistolaire.
1 Le poète et sa Dame 2. Connotation du terme sel = positive car élément
B. de Ventadour, Chansons, Chanson XVII
essentiel à la vie et sacré dans la plupart des religions.
1. Alouette = oiseau du matin qui, par sa façon de la mer a son sel (v. 4) = élément fondamental et essentiel
s’élever rapidement dans le ciel ou de se laisser brus- à la vie de ceux qu’elle abrite ;
quement tomber, symbolise l’élan de la joie et de la Tes lèvres mon sel (v. 8) = la femme est le sel de la vie
vie, l’élévation positive de l’homme vers le bonheur de l’homme, c’est-à-dire ce qui donne du sens et du
image positive de l’élan amoureux. Lyrisme person- piment à sa vie, son élément vital.
nel au vers 5 : Hélas ! comme j’envie.
37
3. Énumérations = le ciel et la mer et mon rêve (v. 3), ÉCRIRE
mon sel mon soleil, mon air frais et ma neige (v. 8)
souligner l’importance vitale de la femme dans la vie
5 Poésie lyrique et argumentation
du poète. Elle rassemble tous les éléments de la nature P. de Ronsard, Les Amours,
(air, eau, terre et feu) auxquels s’ajoutent la spiritualité « Sonnets pour Hélène », livre II, sonnet 43
et l’idéal (mon rêve). 1. Opposition entre la vieillesse : bien vieille (v. 1), et la
4. Vers 1 et 7 sont des alexandrins, le premier coupé 6 / jeunesse : du temps que j’étais belle (v. 4).
6 et le second 7 / 5 équilibre du vers 1 = vers simple- 2. Strophe 3 volonté de démoralisation dans les
ment descriptif ; rupture dans le rythme et l’équilibre strophes 1 et 2 qui retarde la mise en scène du poète,
du vers 7 = valorisation du terme vie dans une antithèse présence alors salvatrice.
frappante (vie / pas vie) qui révèle l’importance vitale
de cette femme.
3. a. Après avoir inquiété la femme aimée de la fuite
du temps dans la strophe 1 et lui avoir fait comprendre
la joie et l’orgueil qu’elle retirerait à être aimée par le
4 L’amour et le temps poète dans la strophe 2, la dernière strophe l’encourage
A. de Musset, Poésies nouvelles,
directement à l’aimer.
« Par un mauvais temps »
b. Métaphore de la fleur = cueillez, roses (v. 14)
1. Pronoms personnels = 1re personne : je (v. 1), m’ (v. 9) image de la beauté et de l’éphémère = topos de la
+ 3e personne : elle (v. 1) + l’ (v. 1) + 2e personne du littérature élégiaque.
pluriel : vous (v. 5, 9, 10) + 2e personne du singulier :
tu (v. 14, 20).
4. Argument : il faut profiter de la vie et de la jeunesse
trop courtes = image inquiétante et négative de la vieil-
Déterminants possessifs = mon (v. 9, 17, 19) + 2e per-
lesse dans les trois premières strophes : bien vieille
sonne du pluriel : votre (v. 6), vos (v. 12) + 2e personne
(v. 1), sous le labeur à demi sommeillant (v. 6), vieille
du singulier : ta (v. 13) + 1re personne du pluriel : nos
accroupie (v. 11) en contraste avec l’image positive de
(v. 14). N.B. : pronom possessif en plus au vers 6 (le
la vie qui clôt le poème = Vivez (v. 13), les roses de la
mien).
vie (v. 14).
1re strophe = présentation descriptive faite par le
narrateur, les strophes 2 et 3 sont directement adres- 5. Ronsard (v. 4), mon nom (v. 7) renforcer l’éloge
sées à la femme à laquelle il s’adresse d’abord à la 2e et l’autocélébration du poète afin de toucher la fier-
personne du pluriel puis avec plus de familiarité dans té de la femme, flattée d’être célébrée par un poète
les strophes 4 et 5, signe de l’évolution intime de leur dont la renommée franchira les barrières sociales et
relation. temporelles.
2. Repères spatiaux = dans cette avenue (v. 7), Dans cette 6. Entraînement au commentaire
pluie et cette fange (v. 11), la boue / Où tu marchais si 1er §. Le poète veut frapper l’imagination et le cœur
bravement ! (v. 19-20). de la femme en lui montrant l’image crue et triviale
de sa vieillesse et de la mort, qui va jusqu’à cette
Repères temporels = depuis que je l’aime (v. 1), Bien
représentation digne d’une danse macabre : « bien
longtemps, peut-être toujours (v. 2), quand vous êtes
vieille » (v. 1), « dévidant et filant » (v. 2), « sous le
revenue (v. 5), tandis que vous bavardiez (v. 10), Quand labeur à demi sommeillant » (v. 6), « fantôme sans
tu parlais de nos amours (v. 14), en ce moment (v. 18). os » (v. 9), « vieille accroupie » (v. 11).
Aspect théâtral renforcé par la mise en scène des 2e §. Il cherche à éveiller sa fierté féminine en
retrouvailles en action dans une avenue et de la conver- mettant l’accent sur l’honneur d’être chantée
sation avec cette femme. par un poète de grande renommée : « au bruit de
3. Opposition dans l’énonciation entre l’emploi de la mon nom » (v. 7), « Bénissant votre nom » (v. 8),
« louange immortelle » (v. 8). L’écho interne avant
2e personne du pluriel et du singulier la relation
la césure « mon nom » (v. 7), « votre nom » (v. 8),
s’apprête à devenir intime.
renforce le message.
4. Le mauvais temps météorologique = Un froid de loup, 3e §. Il l’engage à profiter de la vie de manière
un temps de chien (v. 8), cette pluie (v. 11). directe : impératifs : « Vivez » (v. 13), « n’atten-
Le moment inopportun = espoir d’une relation intime dez » (v. 13), « Cueillez » (v. 14) + image antique
mais la femme n’est pas résolue. du « Carpe diem », métaphore méliorative et sédui-
sante de la rose au vers 14.

38
Prolongements

Textes Activités
e
● Pétrarque, Canzoniere (XIV siècle) : modèle ● Histoire littéraire / recherche
formel et thématique de toute la poésie lyrique Orphée est un personnage mythologique qui chan-
amoureuse, de la Renaissance à nos jours. tait accompagné d’une lyre. On le présente comme
● É. Nelligan, Poésies complètes, « Beauté cruelle » le père des poètes et du lyrisme. Lisez les poèmes
(1896-1899) : question de la beauté et de la laideur suivants : V. Hugo, Les Contemplations, « Les
dans la relation amoureuse. mages » (1856) ; V. Hugo, La Légende des siècles,
« Orphée » (1877) ; G. Apollinaire, Le Bestiaire ou le
● M. Burnat-Provins, Le Livre pour toi (1907) : voix
Cortège d’Orphée (1911).
d’une poétesse moderne sur l’amour.
a. Comment Orphée est-il évoqué dans ces poèmes ?
Textes du DVD-Rom b. Les poètes donnent-ils une image traditionnelle
● M. Desbordes-Valmore, Romances, « Je ne sais ou moderne du personnage ?
plus, je ne veux plus » (1830) : poème romantique c. Quels autres arts s’inspirent du mythe d’Orphée ?
d’une poétesse trop souvent oubliée. Citez des œuvres précises.
● C. Baudelaire, lecture du poème « Parfum exo- ● Lecture cursive

tique » (1857). A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le lac »


● S. Gainsbourg chantant « Nuit d’octobre » (1820) : poème lyrique et romantique sur la relation
de Musset. amoureuse.
a. Quelle image le poète donne-t-il de l’amour ? À
Images fixes
quels autres thèmes l’associe-t-il ?
● P. P. Rubens, Orphée et Eurydice (vers 1636-1638),
b. Comment le temps est-il évoqué dans le poème ?
peinture sur toile (Madrid, musée du Prado) :
Dans quel but ?
représentation du couple mythologique fuyant les
Enfers. c. En quoi peut-on parler de lyrisme romantique à
propos de ce poème ?
● J.-H. Fragonard, Le Verrou (1774-1778), huile sur
toile (Paris, musée du Louvre) : scène de fougue d. Recherchez d’autres poèmes associant l’amour et
amoureuse empreinte de l’esprit libertin du le temps. Ont-ils tous la même signification ?
XVIIIe siècle. N.B. : s’inspirer du travail sur Lamartine dans le
manuel de Seconde ➜ p. 190.
● A. Cabanel, La Naissance de Vénus (1863), huile
sur toile (Paris, musée d’Orsay) : représentation du
corps féminin et de sa sensualité.

Image du DVD-Rom
A. Canova, Psyché ranimée par le baiser de l’Amour
(1793), sculpture en marbre (Paris, musée du Louvre) :
représentation du baiser d’un couple mytho-
logique.

39
SÉQUENCE 3
La mission du poète
➜ Livre de l’élève, p. 65

souillée (v. 5), Leur souffle (v. 7), les brumeuses capitales
Texte 1
T V. Hugo, Les Rayons
(v. 11) être dans le monde, c’est se perdre dans de
et les Ombres ➜ p. 66
mauvais effluves pour le poète.
Objectif : Étudier un extrait de long poème exposant 7. a. Un monde de solitude, idée renforcée par le mot
les fonctions du poète romantique. désert, rime du vers 24 + une liste d’endroits où le poète
pourrait se retirer, abandonner le monde décrit dans les
LECTURE ANALYTIQUE deux premières strophes : le pacifique concert ! (v. 22),
Sous les larges cieux du désert ! (v. 24), les retraites,
Première lecture / Les abris, les grottes discrètes (v. 25-26), les bois !
1. Strophe 1 : appel au poète qui s’oublie dans la foule. […] les plages ! (v. 31), les solitudes (v. 35), les champs
Strophe 2 : adresse pour indiquer que le poète ne doit (v. 38), La nature (v. 39).
pas prêter l’oreille aux affrontements politiques. b. Phrases exclamatives expression de la puissance
Strophe 3 : poète invité à se retirer du monde. des sentiments et des émotions évoquées, affirmations
Strophe 4 : appel à trouver l’inspiration dans la nature. fortes sur la valeur du refuge dans la nature (afin de
Strophe 5 : poète invité à devenir un sage, un guide voir le jour !, v. 30).
parmi les hommes. 8. Tout entier au Dieu que tu nommes (v. 18), La voix d’en
2. Le poète = point d’union entre la foule (v. 2) et Dieu haut, sévère et tendre (v. 29), Dieu t’attend dans les soli-
qui l’apostrophe, Pourquoi t’exiler, ô poète (v. 1). Perdu tudes ; / Dieu n’est pas dans les multitudes (v. 35-36), Le
au milieu de la foule (v. 2), du peuple, il n’est pas à sa poète est l’archet divin ! (v. 40)
juste place. le poète doit être le lien entre Dieu et les hommes.
Dieu s’adresse directement à lui et il doit s’isoler pour
Mise au point pouvoir l’entendre (v. 28).
3. lyre : instrument de musique à cordes constitué
d’une caisse sonore (une carapace de tortue pour la Question de synthèse
première, celle d’Orphée) d’où partent deux bras entre 9. Pour Hugo, le poète doit se placer en dehors du bruit
lesquels sont tendues de haut en bas trois, cinq ou du monde pour pouvoir entendre Dieu et devenir le
sept cordes. Orphée s’en accompagne pour ses chants messager, le passeur entre Dieu et les hommes.
poétiques, d’où les termes lyrisme / lyrique (expression
poétique et musicale de sentiments personnels, souvent Pour aller plus loin
douloureux). 10. Recherche
Le poème est composé de deux parties numérotées :
Analyse − la 1re : cinquante vers ici présents dans le manuel ;
4. ô poète (v. 1), Ô poète, ô maître, ô semeur ! (v. 17), âme − la 2e : 255 vers.
épurée (v. 21), Ô rêveur (v. 25), ô sage ! (v. 41) desti- Autres fonctions du poète :
nataire = poète interpellé à travers ses caractéristiques : − Il est l’homme des utopies (v. 83) // apostrophe au
le rêve, la sagesse… rêveur (v. 25) créer un monde idéal ;
5. semeur (v. 17) : poète = homme qui travaille la nature − pareil aux prophètes, / Dans sa main, où tout peut
pour la faire vivre ; fleur sacrée (v. 23), l’archet divin ! tenir, / Doit, qu’on l’insulte ou que l’on le loue, / Comme
(v. 40) : poète du côté de la spiritualité, de la beauté une torche qu’il secoue, / Faire flamboyer l’avenir
poète sacré. (v. 86-90) // rôle de passeur du message divin (v. 40)
le champ lexical de la lumière ajoute l’idée que le
6. Champ lexical de la population : la foule (v. 2), Les
poète doit éclairer l’avenir. Il se fait visionnaire ;
partis (v. 4), leurs luttes serviles (v. 8), le peuple (v. 14) ;
− Il voit (v. 91), il pense (v. 95), songe tout bas (v. 100)
celui de l’air vicié, mauvais pour le poète : atmosphère
40
activités intellectuelles diverses au service de son renvoie à l’étymologie du mot poésie qui signifiait, en
message ; grec, « fabriquer » poésie = travail, non comme un
− Si nous n’avions que de tels hommes, / Juste Dieu ! don, une inspiration plus ou moins divine.
comme avec douleur / Le poète au siècle où nous 3. Car vous trouvez assez de rime ailleurs, / Et quand
sommes / Irait criant : Malheur ! malheur ! (v. 191-194) vous plaît, mieux que moi rimassez, / Des biens avez et
le poète voit le monde sous son vrai jour et il peut de la rime assez (v. 4-6) mise en avant de l’activité
en rendre compte ; poétique du roi, d’autant que, pour le flatter, il précise
− neuf quatrains (v. 221-256) interpellent les personnes mieux que moi.
qui peuvent, comme lui, éclairer le monde ;
4. Faux dialogue inventé entre Henri Macé (v. 10-11)
− trois derniers dizains (v. 277-307) interpellent ainsi le
et Clément Marot lui-même (v. 12-20). Il expose ainsi
lecteur : Peuples ! écoutez le poète ! / Écoutez le rêveur
l’intérêt de la poésie, aussi bien du côté du lecteur qui
sacré ! (v. 278-279). Il résume les fonctions du poète :
prendra plaisir en rime oyant (v. 16) que du côté du
Lui seul a le front éclairé. / Des temps futurs perçant les
poète qui en a besoin pour survivre, c’est un véritable
ombres (v. 280-281) ; Il rayonne ! il jette sa flamme / Sur
travail : si je ne rimois, / Mon pauvre corps ne serait
l’éternelle vérité ! (v. 298-299).
nourri mois (v. 18).
11. Écriture d’invention
5. ce jeune rimeur (v. 21), Ce rimailleur (v. 24) : travail sur
Contraintes du sujet :
la rime, fruit de son travail + termes plutôt péjoratifs,
− un dialogue argumenté ;
sujets à des jeux de mots significatifs : rimassa (// gri-
− opposition entre deux personnes ;
maça, v. 25) rimes produites pas forcément bonnes.
− arguments du partisan de Victor Hugo : poète = pas-
seur entre Dieu et les hommes ; il lit le monde et le 6. Si vous supplie qu’à ce jeune rimeur / Fassiez avoir un
donne à voir au lecteur, lui fait partager idées et émo- jour par sa rime heur (v. 21-22) : terme de la supplique,
tions ; arguments de l’opposant à Victor Hugo : il faut de la prière besoin de reconnaissance par l’acquisi-
croire en Dieu pour accepter le premier argument de tion d’un travail poétique à effectuer.
Hugo, la vision sacrée de la poésie n’est pas lisible pour 7. Imparfait, passé simple, passé composé : temps du
tous ; vision poétique de la nature complexifie ce qui récit (engagé comme poète) + présent de vérité géné-
devrait être un lien plus immédiat entre l’homme et rale à la fin du texte = expérience de toute une vie ser-
la nature ; chacun vit ses propres émotions et il est vant de guide moral // formule nécrologique, inscription
impossible de partager l’expérience, la vie. sur une pierre tombale.
Prolongement : commenter cet extrait du poème Vis-à-vis : Hugo et Marot
en mettant en avant le rôle des métaphores et des
8. L’idée d’inspiration et l’intérêt pour la nature ne sont
comparaisons.
pas présents chez Marot parce qu’il a besoin d’écrire et
d’être payé pour ce travail pour vivre. Vision pécuniaire
du métier du poète  inspiration idéale romantique.
Texte 1
D’UN C. Marot, L’Adolescence
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE 9. Victor Hugo : poète = messager, prophète, mage…
clémentine ➜ p. 68 guidé par la parole divine, libre au-dessus de la servi-
Objectif : Analyser un poème de circonstances fondé tude humaine  poète artisan au service du roi (poème
sur des jeux de mots. de commande, mécénat).
Prolongement : préparer un exposé sur la poésie et
QUESTIONS
le mécénat, de l’Antiquité à nos jours : étymologie,
1. Jeu autour du mot rime : mots de la même famille, définition, intérêt, auteurs qui s’y sont consacrés…
sonorités qui permettent de rendre présents les sons
[rim] et des néologismes pour que le son apparaisse
encore plus. Analyse R. Magritte, La Tentative
d’image de l’impossible ➜ p. 70
2. En m’ébattant je fais rondeaux en rime, / Et en rimant
(v. 1-2) : le verbe faire insiste sur la notion de travail et Objectif : Étudier un autoportrait du peintre
en Pygmalion.

41
QUESTIONS LECTURE ANALYTIQUE

Première approche Première lecture


1. Peintre sur la droite, présenté en pied, le pinceau et 1. Cageot, n.m. Emballage léger à claire-voie monté par
la palette en mains et habillé dans un costume sombre agrafage, destiné aux transports de certaines denrées
absolument sans aucune tache de peinture, visage alimentaires périssables. (Larousse)
inexpressif, concentré, sans exaltation. Termes surlignés : présents dans le poème, le sens de
2. Femme à gauche, nue, en appui sur la pointe d’un l’expression soulignée est également lisible ici : ces
pied, regard vide, sans vie, indifférent. fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une
maladie (l. 5-7) et les denrées fondantes ou nuageuses
Analyse qu’il enferme (l. 13-14).
3. Peintre = costume sombre, comme la palette, sauf la Début du poème, À mi-chemin de la cage au cachot la
tache blanche plus large, couleurs en résonance avec langue française a cageot (l. 1-3) : construit sur la place
le plancher de bois marron. du mot dans un dictionnaire, mais ce n’est pas vrai-
Femme = nue, peau très claire // avec la tache blanche sur ment le cas plutôt travail sur la phonétique, rappro-
la palette et la couleur du mur en arrière-plan (marron chements de sens : les trois termes servent à enfermer
glacé, très clair). quelque chose.
4. Plan d’ensemble en légère contre-plongée voir le 3e paragraphe : cageot dans le réel, mis en situation ;
peintre et la femme en entier, en se mettant au niveau s’éloigne de la définition du dictionnaire.
de l’observateur assis à distance. 2. Champ lexical de la viande = morceau de viande (l. 1),
5. a. Lattes du parquet = lignes de fuite conduisant l’œil sang (l. 1), graisse (l. 3), fiel (l. 5) étonnement du
vers le pinceau. Convergence = acte de peindre. lecteur face à ce champ lexical restreint.
b. Lignes verticales du soubassement du mur, en inter- Champ lexical de l’industrie beaucoup plus riche
section avec lignes de fuite harmonie visuelle, espace = usine, moulins et pressoirs (l. 1), Tubulures, hauts four-
clos et rassurant de l’atelier. neaux, cuves (l. 2), marteaux-pilons, coussins de graisse
(l. 2-3), vapeur, bouillante (l. 4), scories (l. 5), rouille
6. Réalisme : univers du peintre (palette, pinceau,
(l. 7) mise en valeur de la métaphore filée indiquée
décor, présence du peintre).
dès le début du poème : Chaque morceau de viande est
Peu réalistes : caractère apprêté du peintre et de la
une sorte d’usine (l. 1).
femme inachevée (à la fois modèle et tableau), absence
de toile et de chevalet. Mise au point
Question de synthèse 3. Présent de vérité générale présentation d’objets
de façon apparemment objective.
7. Rivaliser avec le réel, remplacer Dieu, créer la vie. Le
peintre crée de toutes pièces, il veut faire naître le réel Analyse
// mythe de Pygmalion ou « Le portrait ovale » d’Edgar 4. a. [k] / [ka] : À mi-chemin de la cage au cachot la
Allan Poe. langue française a cageot, simple caissette à claire-
Prolongement : recherche sur le mythe de Pygmalion voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre
+ lecture cursive de la nouvelle de Balzac, Le Chef- suffocation font à coup sûr une maladie (l. 1-7) jeu
d’œuvre inconnu (1831). d’allitération et d’assonance propre à la poésie.
b. [m] / [n] / [r] et [i] / [in] : Chaque morceau de viande
est une sorte d’usine, moulins et pressoirs à sang.
T 2
Texte F. Ponge, Le Parti pris Tubulures, hauts fourneaux, cuves y voisinent avec les
marteaux-pilons, les coussins de graisse (l. 1-3).
des choses ➜ p. 71
5. a. Champ lexical traditionnel et classique de la pas-
Objectif : Travailler sur des poèmes en prose mettant
en valeur des objets banals et éphémères. sion amoureuse. Ici, utilisation des mots dans leur sens
concret : transport = voyage ; suffocation = impossibilité
de respirer ; maladie = véritable maladie, pourriture des
denrées alimentaires.

42
b. Mise en place d’un cadre spatio-temporel poétique, Partie II. Un objet valorisé par l’écriture poétique
romantique : Des feux sombres ou clairs rougeoient § 1 : La construction du mot
(l. 4), Des ruisseaux à ciel ouvert (l. 5), à la nuit, à la § 2 : La personnification
mort (l. 6). § 3 : Le caractère tragique de sa condition

6. a. Terme qui relie le cageot à un être humain, per-


Prolongement : rédiger un poème en prose sur un
sonnification qui lui donne une dimension tragique : le
objet quotidien contemporain en utilisant les procédés
destin du cageot est de finir très vite « sa vie ».
utilisés par Ponge dans ses poèmes.
b. Présence du mot mort (l. 6) qui établit également un
rapport au tragique.
7. a. Prise de parole du poète au présent d’énoncia-
Texte 2 G. Apollinaire,
tion  présent de vérité générale et caractère objectif
D’UN
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

du reste du poème. Calligrammes ➜ p. 73


b. Aussitôt (l. 7) donne l’impression de replacer les Objectif : Étudier comment le calligramme
généralités dans le présent d’énonciation. transfigure des objets du quotidien.
Question de synthèse
QUESTIONS
8. Jeux sur les sonorités, comparaisons et métaphores,
passage de la vérité générale objective à la subjectivité 1. La cravate
personnelle, place du tragique caractère poétique, douloureuse que tu portes
autre dimension accordée à des objets quotidiens. et qui t’orne,
ô civilisé,
Pour aller plus loin ôte-la si tu veux bien respirer
9. Recherche Comme l’on s’amuse bien
Poème en prose = texte souvent bref, organisé en la beauté de la vie passe la douleur de mourir
paragraphes, mettant le travail d’écriture poétique au Mon cœur
premier plan. Les deux poèmes de Ponge, comme la les yeux
majeure partie de ceux du recueil : composés d’une l’enfant
quinzaine de lignes. Mise en avant du travail sur le lan- Agla
gage : sonorités, rythme, effets de constructions, images la main
(métaphores, comparaisons… cf. 2e texte : construit sur Tircis
la métaphore filée viande = usine). semaine
l’infini redressé par un fou de philosophe
10. Entraînement au commentaire
les Muses aux portes de ton corps
Proposition d’introduction : le bel inconnu
Francis Ponge a commencé sa carrière poétique et le vers dantesque luisant et cadavérique
par la poésie en prose : son objectif était de rendre
les heures
compte de la vie quotidienne à travers de courts
Il est — 5 (moins cinq) enfin
textes poétiques. Dans son premier recueil, Le Parti
pris des choses, publié en 1942, il fait ainsi entrer Et tout sera fini
en poésie de nouveaux objets comme « le pain »
ou « la bougie ». Dans « Le cageot », il mêle vision Choix fondés sur :
réaliste et image poétique pour dresser le portrait − la disposition des deux objets ;
de cet objet quotidien. Nous verrons d’abord com- − la disposition de chaque mot / groupe de mots dans
ment il décrit un objet simple et utilitaire avant les dessins ;
de nous intéresser à la valorisation de l’objet par − la lecture faisant le tour du cadran dans le sens des
l’écriture poétique. aiguilles d’une montre ;
Proposition de plan : − les aiguilles à la fin à cause du dernier mot : fini.
Partie I. Un objet simple et utilitaire 2. Objets masculins qui connotent l’élégance et un côté
§ 1 : Sa description réaliste
sérieux, mais aussi l’assujettissement au temps et à un
§ 2 : Son rôle objectif
code vestimentaire.
§ 3 : Son caractère éphémère

43
3. a. ô civilisé l’homme occidental qui porte l’objet- Prolongement : analyser le sujet de dissertation
cravate = le porteur d’un uniforme de travail  liberté, ci-dessous, en déduire la problématique et proposer
corps nu des sauvages. un plan détaillé.
b. La cravate empêche de bien respirer, entrave la Que pensez-vous de cette phrase de Michel Butor :
liberté, tout comme la montre qui donne un horaire La façon dont on dispose les mots sur une page doit
pour chaque élément de la vie quotidienne impératif être considérée comme une autre grammaire ? Vous
ôte-la si tu veux bien respirer. discuterez cette citation à la lumière de cette séquence
4. Déesses de la beauté et de l’inspiration artistique, et de toutes vos connaissances en poésie.
Tircis et les Muses = poème élégiaque appel à des
éléments passés synonymes de beauté.

Vis-à-vis : Ponge et Apollinaire ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE


5. L’œil suit les contours des objets évoqués et for- F. Ponge, Le Parti pris des choses ➜ p. 75
més par la disposition des mots, il trouve les bonnes
liaisons pour comprendre le poème. La division de la Objectif : Étudier un recueil de poèmes en prose qui
montre en deux moitiés, celle de droite avec des mots reconstruisent poétiquement la banalité apparente
brefs marquant les heures et celle de gauche avec des du monde.
expressions plus longues. Au fil de la lecture, la montre
devient plus concrète : la forme des aiguilles correspond PISTES D’ANALYSE
à l’heure indiquée (moins cinq), le lecteur s’aperçoit
que chaque heure est indiquée par un mot ou une 1. Le titre du recueil
expression qui la désigne : Parti pris : opinion. L’expression connote la subjec-
− Mon cœur élément unique ; tivité.
− les yeux élément double ; choses : objet, généralités, éléments inanimés.
− l’enfant ce qui transforme un couple en famille ; Objectif de Ponge : donner un sens personnel à ce qui
− Agla quatre lettres ; l’entoure. Nous avons vu comment le poète se fait plus
− la main cinq doigts ; présent dans les deux textes du manuel ➜ p. 71.
− Tircis comporte six lettres, et phonétiquement « L’huître » fait apparaître une formule perle à la fin
l’adjectif numéral six ; du poème en faisant une sorte d’art poétique : l’huître,
− semaine sept jours ; comme le poème, peut parfois concevoir une perle, une
− l’infini redressé par un fou philosophe le signe belle formule. À la fin de « De l’eau », un je, assez rare
mathématique de l’infini, , redressé devient 8 chez Ponge, apparaît et rend sensible la subjectivité
− les Muses aux portes de ton corps elles sont neuf ; du poète : L’eau m’échappe… me file entre les doigts.
− le bel inconnu le signe mathématique de l’inconnu Et encore !
est le x qui, dans la numération romaine, a la valeur
2. Les éléments naturels
de dix ;
− et le vers dantesque luisant et cadavérique le vers Trois cycles :
● les saisons : « La fin de l’automne », « Le cycle des
utilisé par Dante compte onze syllabes ;
− les heures elles sont douze. saisons » ;
● les éléments :
Dans les deux textes de Ponge, ce sont les métaphores
et les comparaisons qui permettent de donner une vie − l’eau : « Pluie », « Bords de mer », « De l’eau »,
poétique aux objets. − le feu : « Le feu » ;
● les règnes :
6. Ponge : force de la personnification pour « Le
− le règne animal : « L’huître », « Le mollusque »,
cageot » et de la métaphore filée pour « Le morceau
« Escargots », « Le papillon », « Notes pour un
de viande » qui leur donnent une dimension tragique.
coquillage », « Faune et flore », « La crevette »,
Apollinaire : force de la mise en image, des décou-
− le règne végétal : « Rhum des fougères », « Les
vertes faites au fil des lectures possibles, du caractère
mûres », « L’orange », « Les arbres se défont à
symbolique des objets qui leur donnent une présence
l’intérieur d’une sphère de brouillard », « La mousse »,
poétique.
« Faune et flore », « Végétation »,
44
− le règne minéral : « Le galet ». § 3 : Image négative de l’intérieur du pain
Seuls onze poèmes ne sont pas classés ci-dessus : Ex. : « la mollesse ignoble sous-jacente, lâche et
nature très présente dans le recueil. froid sous-sol, pareil à celui des éponges » voca-
Cycle de l’air + nombreux animaux à classer dans le bulaire péjoratif  surface dite « merveilleuse ».
cycle de l’eau : la nature oui, mais surtout liée à la mer. Transition : La réalité objective comme la dimen-
sion symbolique sont réunies et transcendées par
3. L’écriture poétique l’écriture poétique.
Partie C. Un poème de la transformation poétique
Personnification : « Le cageot » (➜ p. 71 ) ; « La
§ 1 : Écriture d’une métamorphose
bougie » : Cependant la bougie, par le vacillement des Ex. : éructer, durcir, façonner on passe de la pâte,
clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées « masse informe », au pain.
originales encourage le lecteur, − puis s’incline sur son § 2 : Métamorphoses de la mie
assiette et se noie dans son aliment bougie = messa- Ex. : de la « mollesse » au durcissement, « rassit »,
ger entre le lecteur et le poète. « fanent et se rétrécissent », « se détachent », « la
Métaphores et comparaisons : l’un de ces grands pan- masse en devient friable » on passe de la mie,
neaux familiers et l’un de ces hauts obstacles d’une pièce réalité négative, au pain rassis.
(« Le plaisir de la porte ») les adjectifs grands et § 3 : Place du poète
hauts connotent la force, la puissance. Antithèse fami- Ex. : phrase inachevée coupée par des points de
suspension à la fin du 3e § ; 4e § qui commence
liers  obstacles = ambivalence de la porte, à la fois
par un jeu de mots « Mais brisons-la » la mie
protectrice et séparatrice.
devenue « friable » juste avant, est brisée + // avec
l’expression « brisons-là » qui signifie qu’on clôt un
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES dialogue ; idée : plutôt que de voir le pain, mieux
vaut le manger.
1. Entraînement au commentaire
Plan détaillé : 2. Recherche
Partie A. Une description de l’objet Quelques éléments sous forme de plan :
§ 1 : Une description précise § 1 : Qu’est-ce qu’un poème en prose ?
Ex. : « La surface du pain » ; « la mie » deux − définition
parties distinctes. − mise en valeur de l’écriture poétique
§ 2 : Un objet admiré § 2 : Comment est-il né ?
Ex. : « merveilleuse », « fleurs » vocabulaire lau- − premier recueil en France : Aloysius Bertrand,
datif, surprise de l’adjectif « merveilleuse » pour Gaspard de la nuit (1842) + exemples
un objet quotidien. § 3 : Comment a-t-il évolué ?
§ 3 : Une nouvelle façon de l’observer − quelques jalons importants à étudier : Charles Baude-
Ex. : « La surface du pain est merveilleuse d’abord laire, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé,
à cause de cette impression quasi panoramique » Blaise Cendrars, Francis Ponge, René Char, Yves
gros plan. Bonnefoy…
Transition : Si la description objective est bien
présente, la dimension symbolique est également 3. Rédaction argumentée
importante. Deux tableaux de René Magritte : Ceci n’est pas une
Partie B. L’évocation d’un monde en réduction pipe, Ceci n’est pas une pomme.
§ 1 : Comparaisons géographiques et géologiques Pour Magritte, tableau = représentation d’un objet,
Ex. : « comme si l’on avait à sa disposition sous la d’un fruit… De même, Ponge énonce un certain nombre
main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes, d’évidences réalistes mais c’est par l’écriture poétique
vallées, crêtes, ondulations, crevasses, sous-sol » qu’il donne naissance et vie aux objets qu’il a choisis.
champ lexical abondant, changement d’échelle.
§ 2 : Comparaison avec la naissance du monde
Ex. : « le four stellaire », « la lumière avec applica-
tion couche ses feux » le pain chaque jour renaît T 3
Texte R. Char,
Seuls demeurent ➜ p. 76
de la même façon que la Terre est née. Croûte du
pain = croûte terrestre. Objectif : Étudier un ensemble de poèmes formant
un art poétique original et personnel.

45
LECTURE ANALYTIQUE 6. En partie caché à lui-même (l. 10)  il apparaît aux
autres (l. 10), mortellement visible (l. 11) en écrivant
Première lecture ses textes, le poète se découvre et découvre aux autres
1. Textes très brefs écrits au présent de vérité générale des parties de lui, ce qui peut le rendre vulnérable
plus des maximes que des poèmes. = dévoilement héroïque qui peut se retourner contre le
poète, dépassé par les éléments qu’il laisse apparaître.
Mise au point
2. Article défini Le généralisation, englobe tous les Question de synthèse
poètes. 7. Le poète se situe entre le monde physique de la veille
et l’aisance redoutable du sommeil. Il est donc sur terre,
Analyse dans le monde des hommes, mais avec la responsabi-
3. a. Le poète : lité de rester vigilant, de garder l’humanité, de ne pas
− transforme action de métamorphoser, alchimiste ; plonger dans le sommeil, alors que, comme tout être
− n’a que des satisfactions adoptives s’empare des humain, il peut y sombrer à tout moment.
satisfactions des autres ;
− doit tenir la balance égale arbitre ; Pour aller plus loin
− construit sa route guide ; 8. Recherche
− recommande conseille le lecteur ; a. Art poétique = texte théorique, souvent écrit en vers,
b. Images du poète : qui donne des définitions et des conseils techniques
− empereur prénatal seulement soucieux du recueil de au poète.
l’azur force, pouvoir. Contrebalancé par l’adjectif b. Aristote, Poétique (Ve siècle av. J.-C.) : définition de
prénatal (= qui n’existe pas encore, avant la naissance) ; la poésie tragique comme lieu où la catharsis se fait.
− Magicien de l’insécurité pouvoir qui le rend Horace, « L’Art poétique » (Ier siècle av. J.-C.) : définition
supérieur aux autres hommes, associé à la fragilité. de la poésie en lien avec la nature.
L’insécurité renforce le besoin de tenir la balance égale Joachim Du Bellay, Défense et illustration de la langue
dimension paradoxale : la puissance de l’art poétique française (1549) : définition de la poésie comme lieu du
réside dans sa dimension insaisissable, éphémère ; travail et d’enrichissement du langage.
− le poète comme l’araignée comparaison avec un Nicolas Boileau, L’Art poétique (1674) : définition de
animal qui est capable de tisser des fils entre le ciel l’ensemble des genres et formes littéraires + explica-
et la terre ; tion des règles à suivre pour respecter le classicisme.
− comme le pauvre comparaison qui connote l’idée Paul Verlaine, Jadis et naguère, « Art poétique »
que le poète peut travailler à partir de peu. (1885) : poème qui insiste sur la musicalité de la poé-
4. Travail poétique : sie moderne.
− transforme la défaite en victoire, la victoire en défaite : 9. Dissertation
alchimie du verbe (cf. Rimbaud) ; Analyse du sujet :
− Cendre toujours inachevée métaphore : écriture − citation d’un poème en prose ;
poétique fragile, légère, mérite un travail incessant ; − verbe recommande conseil donné au lecteur / aux
− les lignes de la connaissance dans lesquelles il couche autres poètes ;
le corps subtil du poème liens entre la connaissance − Penchez-vous, penchez-vous davantage donner un
et le poème ; vision didactique de l’écriture poétique. aspect concret à l’attitude du lecteur / du travail du
5. a. Le poète transforme indifféremment la défaite en poète ; se pencher = être attentif ;
victoire, la victoire en défaite chiasme : mise en valeur − Il ne sort pas toujours indemne de sa page la poésie
de l’étendue des pouvoirs du poète + antithèse défaite  doit transformer son lecteur / son auteur ; elle a un
victoire il peut transformer tout en son contraire. pouvoir sur eux, d’où une connotation de danger ;
b. GN la balance égale + antithèse entre le monde phy- − mais comme le pauvre il sait tirer parti de l’éterni-
sique de la veille et l’aisance redoutable du sommeil té d’une olive comparaison étonnante qui relie le
+ proposition participiale allant indistinctement de l’un poète et le pauvre ; il peut utiliser tout ce qui l’entoure,
à l’autre le poète se trouve au centre de tout et peut il travaille à partir de peu.
tout métamorphoser. Problématique : En quoi la poésie est-elle une invitation
à voir le monde autrement ?
46
Plan détaillé : 4. horribles travailleurs (l. 16-17) = poètes qui pour-
Partie I. Une attitude penchée (une attitude d’obser- suivent le chemin tracé par Rimbaud, mais qui profitent
vateur) de la mort du poète qui s’est abîmé dans sa quête :
§ 1 : sur soi-même approche lyrique de V. Hugo charognards qui travaillent sans être très inspirés.
§ 2 : sur le monde regard précis, détaillé sur les
objets de Ponge et Apollinaire Vis-à-vis : Char et Rimbaud
§ 3 : sur les mots Marot et Char
5. Le poète vit dans le monde des hommes mais ne voit
Partie II. Une autre vision du monde
§ 1 : la transfiguration du réel images, calli-
pas la même chose qu’eux. Il voit au-delà, autrement et
grammes… il cherche à dire ce qui n’est pas connu des hommes :
§ 2 : la transfiguration du lecteur nouvelle expé- voyant chez Rimbaud, magicien chez Char.
rience de lecture avec des formes étonnantes 6. Écriture poétique = alchimie (transforme, construit
§ 3 : des transfigurations qui ne sont pas sans dan- sa route pour Char) et une façon d’aller au-delà des
ger Rimbaud le voyant, aux portes de la folie vérités évidentes (se faire voyant pour Rimbaud). Art de
Prolongement : après avoir analysé le poème de la recherche, de la connaissance.
Verlaine, « Art poétique », comparer ce poème avec Prolongement : rédiger la lettre d’un poète d’au-
ceux de Char. Sur quoi ces arts poétiques diffèrent-ils ? jourd’hui qui donne sa définition de la poésie. Utiliser
les textes de la séquence pour argumenter.

Texte 3
D’UN A. Rimbaud,« Lettre
À L’AUTRE
à Paul Demeny » ➜ p. 78
Histoire des arts ➜ p. 80
Le mythe d’Orphée à travers les arts
Objectif : Étudier une lettre clé pour la poésie
moderne.
QUESTIONS
1. Orphée surplombe la ville (= les Enfers) et la baie (= le
QUESTIONS
fleuve des Enfers parcouru par des bateaux qui amè-
1. Nombreuses phrases exclamatives exaltation du nent les âmes aux Enfers) souligne le mouvement
poète communiquée au lecteur. ascendant (les Enfers en bas) = remontée des Enfers.
2. Métaphores pour désigner Le Poète (l. 2) = le grand 2. Poussin représente le jour du mariage d’Orphée et
malade, le grand criminel, le grand maudit, – et le Eurydice. Orphée joue de la lyre, entouré de jeunes
suprême Savant ! (l. 9-10) : gens qui écoutent son chant pendant qu’Eurydice, un
− le grand malade le poète est du côté de la folie ; peu à l’écart, est mordue par le serpent. Moment de la
− le grand criminel il n’est pas un homme recomman- mort de la jeune femme choisi par le peintre, le tout
dable, il est dangereux ; dans un paysage champêtre, idyllique au sens poétique
− le grand maudit il n’est pas du côté de Dieu ; du terme. À l’arrière-plan, une ville qui, avec le monu-
− le suprême Savant l’adjectif et la majuscule au nom ment ressemblant au château Saint-Ange et son pont,
indiquent qu’il est bien au-dessus du commun des rappelle Rome. Mais le château est empanaché d’une
mortels, ce qu’il sait dépasse l’entendement humain. fumée inquiétante = image des Enfers.
3. a. Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète
se fait voyant par un long, immense et raisonné dérè-
glement de tous les sens (l. 1-3) l’écriture poétique Exercices d’approfondissement ➜ p. 82
permet d’aller au-delà de ce que nos sens désignent
comme la réalité, ce qui est pour tous inconnu (l. 11 REVOIR
et 12). Métaphore du voyant : celui qui voit et montre.
b. Mots en italiques : voyant répété trois fois (l. 1-2),
1 Poésie et sentiments universels
dérèglement (l. 3), tous les sens (l. 3) et inconnu (l. 11)
D. Diop, Coups de pilon, « Afrique »
= portrait du poète, qui, selon Rimbaud, voit par-delà
les réalités et les sens pour atteindre l’inconnu. 1. Anaphore du nom propre Afrique (v. 1, 2, 3, 12)
personnification et mise en valeur du continent, de
toutes les connotations qui s’y attachent.
47
2. Le poète s’adresse à l’Afrique, qu’il tutoie (v. 5, 6, = cause du malheur comme l’homme ne peut pas
7, 8…) malgré l’aveu Je ne t’ai jamais connue (v. 5). Il échapper au malheur, le poète doit le vivre aussi et
évoque l’histoire du continent pour essayer de cerner rendre compte des souffrances infligées aux hommes.
les différentes réalités qui la font exister : fiers guer-
riers (v. 2), lien avec ses ancêtres, ma grand-Mère 3 Poésie et engagement
(v. 3)… Celle-ci semble lui répondre à la fin du poème L. Aragon, Le Roman inachevé,
(v. 18-24) : message d’espoir, ton Afrique qui repousse / « Strophes pour se souvenir »
Qui repousse patiemment obstinément (v. 21-22). 1. La guerre : sang (v. 3), peur (v. 5), couvre-feu (v. 8),
3. a. Métaphore filée (v. 23-24) Afrique = arbre MORTS POUR LA FRANCE (v. 9).
robuste et jeune (v. 18), Cet arbre là-bas (v. 19), au 2. Poème destiné aux survivants, à tous les Français,
milieu de fleurs blanches et fanées (v. 20), qui repousse aux générations à venir titre du poème « Strophes
(v. 21-22), les fruits (v. 23). pour se souvenir ».
b. Personnification de l’Afrique le sang versé dans 3. a. Titre : référence explicite à un vrai groupe de résis-
les champs permet le renouveau et nourrit la terre. tants, mention MORTS POUR LA FRANCE (v. 9) + derniers vers
Esclaves morts au travail = sève de l’arbre Afrique. en italiques (v. 14-15) extraits de la dernière lettre de
4. Dernier mot = liberté (v. 24) le poète rend la Manouchian à sa femme Aragon rend hommage
parole à l’Afrique et l’aide ainsi à redevenir libre, mal- à ces hommes qui se sont battus contre l’occupation
gré l’amertume des souvenirs historiques (esclavage, allemande en France.
colonisation…). b. Faits réels + accent mis sur un groupe dont les noms
sont difficiles à prononcer, donc étrangers = plaidoyer,
APPROFONDIR texte engagé.
4. Référence à la mort de ces résistants : sang (v. 3),
MORTS POUR LA FRANCE (v. 9), vos derniers moments (v. 12),
2 Poésie et souffrance
Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Je meurs (v. 15) + idée de tolérance incarnée par la
chant III, strophe 1 dernière phrase Je meurs sans haine en moi pour le
1. Sentiment d’être prisonnier de son corps et de sa vie : peuple allemand (v. 15) tristesse, tendresse pour ces
je sens que mon âme est cadenassée dans le verrou de hommes, fierté d’avoir été défendus par eux.
mon corps (l. 1-2) ; désespoir : J’ai reçu la vie comme 5. Groupe de résistants dont le chef était Manouchian.
une blessure (l. 7-8) souffrance intérieure indicible Ils ont été arrêtés et exécutés ; mais avant cela, une
et sans rémission possible : j’ai défendu au suicide de affiche les représente et les identifie à des terroristes.
guérir la cicatrice (l. 8-9). Symbole de la résistance à l’occupation nazie. Deux
2. Étapes : derniers vers en italiques extraits de la dernière lettre
− 1re phrase : exposition de son sentiment d’enferme- de Manouchian à sa femme Mélinée.
ment (l. 1-7) ;
− 2e : conséquences de ces sentiments sur sa vie (l. 7-11) ; ÉCRIRE
− 3e : comparaison entre lui, les autres hommes et les
chevaux, encore capables d’échapper au malheur 4 Poésie et allégorie
(l. 11-18) ; A. d’Aubigné, Les Tragiques, chant I, vers 97-110
3. a. Le poète s’adresse à son lecteur et évoque le 1. Personnification de la France une mère affligée
Créateur qui doit voir le malheur qu’il a créé. registre pathétique du tableau à peindre.
b. Au lieu d’être le tout-puissant qui peut rappeler tout 2. a. Le plus fort, orgueilleux (v. 3), à force de coups / […]
homme à lui par la mort, le Créateur ne peut pas faire il brise le partage (v. 4-6), Ce voleur acharné, cet Esau
mourir le poète : j’ai défendu au suicide de guérir la malheureux (v. 7) image d’un aîné fort mais mauvais,
cicatrice (l. 8-9) le poète a le pouvoir sur lui. connotations péjoratives très présentes.
4. Être le témoin du spectacle de la meute livide des mal- Son besson (v. 6), son frère (v. 9), son Jacob (v. 11)
heurs, poursuivant sans relâche, à travers les fondrières image neutre ; jusqu’au vers 10 inclus, le cadet est
et gouffres de l’abattement immense, les isards humains passif, victime de son frère.

48
b. Le poète désigne l’un des deux frères de façon très 5. Vers le commentaire
péjorative et compare les deux frères à Esaü et Jacob Proposition de début de paragraphe :
prend donc position contre l’orgueilleux (v. 3). Cet extrait des Tragiques a une dimension allé-
3. Aîné, le plus fort = religion catholique, la plus gorique.
ancienne et celle qui a le plus de poids dans la société. Tout d’abord, dès le premier vers, le poète
Cadet = religion protestante, plus récente et minoritaire. utilise une personnification, « Je veux peindre
la France une mère affligée » (v. 1). Le verbe
4. a. Dernier vers : le conflit devient une guerre civile, « peindre » et la relation entre une idée, « la France »,
un combat dont le champ est la mère (v. 14), c’est-à-dire et un être humain, « une mère » , définissent la
la France (v. 1). première allégorie du poème : la France est repré-
b. Victime = France qui reçoit les coups / D’ongles, de sentée comme une femme, une mère. Ensuite, celle-
poings, de pieds (v. 4-5) de l’aîné et qui devient un ci a « deux enfants » (v. 2)…
champ (v. 14) de bataille.

Prolongements

Textes et documents Activités


Essais et études ● Sujets de travaux d’écriture
● J.-L. Joubert, La Poésie, Armand Colin, Cursus, Question sur le corpus de la séquence 3
3e édition (2006) Quelles sont les fonctions de la poésie définies par
Collectif, Jalons pour la poésie de Ronsard au ces trois textes (V. Hugo, F. Ponge, R. Char) ?
multimédia, SCEREN et Weblettres (2007) Commentaire
● J.-M. Gouvard, La Versification, PUF (1999)
Commentez le texte d’A. d’Aubigné étudié dans
Art et réflexions poétiques l’exercice 4 ➜ p. 83. Suivez ces deux pistes d’étude :
● A. Breton, Manifestes du surréalisme, Gallimard, 1. Un poème allégorique.
Folio-Essais (1973) 2. Un texte engagé.
● M. Butor, L’Utilité poétique, Paris, Circé (1995)
Invention
● P. Valéry, Tel Quel, Gallimard, Folio-Essais (1996)
En vous aidant des poèmes de cette séquence, rédi-
gez à votre tour un poème, en vers ou en prose,
Textes du DVD-Rom
pour défendre un point de vue sur la poésie ou sur
● A. Rimbaud, « À la musique » (1870)
un fait historique
● C. Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXV :
« Les fenêtres » (1869) ● Proposition transversale
● J. Du Bellay, Défense et illustration de la langue Corpus : les arts poétiques
française (1549) Objectif : Étudier plusieurs visions de l’art poétique
au cours des siècles.
Image fixe du manuel - N. Boileau, L’Art poétique ➜ p. 47
N. Poussin, L’Inspiration du poète ➜ p. 32 - F. Ponge, Le Parti pris des choses ➜ p. 48, 71, 75
- R. Char, Seuls demeurent ➜ p. 76
Image fixe du DVD-Rom
E. Le Sueur, Les Muses : Clio, Euterpe et Thalie
(vers 1646)

49
VERS LE BAC
Le sonnet : une muse exigeante ?
➜ Livre de l’élève, p. 84

OBJECTIFS étranges, s’enfuient (v. 14).


– S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant sur – Image de la femme idéalisée, muse du poète. Dans
un corpus de textes poétiques de différentes époques. le texte 2, Malherbe en donne une image fondée sur
– Travailler sur la forme fixe du sonnet. l’hyperbole : rien de si beau (v. 1), tant de trésors (v. 3),
le 2e quatrain… Dans le texte 4, Apollinaire décrit
également la muse comme une femme idéale (le feu
OBJET D’ÉTUDE
de ton regard, v. 2 ; ta grande beauté, v. 9) et ajoute
Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à une déclaration d’amour (mon très cher amour, j’aime,
nos jours v. 1 ; Je t’aime, v. 3).
– Portraits contradictoires de la muse. Dans le texte 3,
CORPUS Baudelaire donne deux portraits : dans les quatrains,
Texte 1 J. Du Bellay, Les Regrets c’est la muse malade qui le conduit sur le chemin du
Texte 2 F. de Malherbe, Les Délices de la poésie Spleen (visions nocturnes, v. 2 ; La folie et l’horreur,
française v. 4 ; la peur, v. 6 ; Le cauchemar, v. 7) et, dans les
Texte 3 C. Baudelaire, Les Fleurs du mal tercets, il développe l’image de la muse rêvée, liée à
Texte 4 G. Apollinaire, Il y a l’Idéal (l’odeur de la santé, v. 9), celle qui ressemble aux
muses des textes 2 et 4.
– Alors que la création poétique dépend de la muse
SUJET POUR LES SÉRIES GÉNÉRALES
dans les textes 1 à 3, Apollinaire la crée lui-même : mon
Question œuvre (v. 1), j’allumai le feu de ton regard (v. 2), Je te
Introduction crée (v. 6), C’est moi qui l’ai conçue (v. 11), belle œuvre
– Auteurs importants de leur époque. J. Du Bellay : d’art (v. 3, 12).
poète humaniste, l’un des poètes de la Pléiade à la Conclusion
fois inspiré par l’Antiquité et désireux d’enrichir la Muse = allégorie changeante, à l’image de l’état d’âme
langue française ; F. de Malherbe : le modèle du poète du poète : éloignée chez Du Bellay ou Baudelaire
classique ; C. Baudelaire a fait entrer la poésie dans la angoissés, présente et satisfaisante pour Malherbe qui
modernité sur le fond comme sur la forme, annonçant la divinise, rassurante et maîtrisée chez Apollinaire qui
les hardiesses d’auteurs comme G. Apollinaire, précur- la contrôle.
seur du surréalisme.
– Contextes : quatre périodes. Humanisme et SUJETS AU CHOIX
Renaissance (texte 1), poésie classique (texte 2), entre
romantisme et symbolisme (texte 3), Esprit Nouveau 1. Commentaire
(texte 4). En commun : à la fois originaux et s’appuyant Introduction
sur la tradition poétique. – Auteur : J. Du Bellay (1522-1560), poète qui forme,
– Forme : quatre sonnets. avec P. de Ronsard et cinq autres poètes, le groupe de
– Thème : la création poétique. la Pléiade. Il écrit beaucoup de sonnets.
– Question : comment évoquer l’inspiration poétique ? – Œuvre : Les Regrets (1558), recueil de sonnets écrit
Développement (éléments de réponse) en Italie tandis qu’il est le secrétaire de son oncle, un
– Fuite de l’inspiration : le texte 1 utilise le registre cardinal : il chante sa mélancolie et la tristesse due à
pathétique avec les interjections, Las (v. 1), et la pré- l’éloignement de la France.
sence des imparfaits (2e quatrain) oppose l’heureux – Texte : sixième sonnet du recueil qui évoque les
temps où il était inspiré à Maintenant (v. 9), abandon- doutes du poète sur sa capacité à écrire.
né et sans inspiration : Et les Muses de moi, comme
50
– Projet de lecture : Dans quelle mesure ce sonnet est-il Plan proposé
paradoxal ? Partie I. Certes, le poète peut percevoir les
contraintes comme une entrave à l’expression
Plan proposé
personnelle.
Partie I. La perte de l’inspiration poétique
1er §. Certaines formes, comme le sonnet, peuvent
1er §. Une expression de registre pathétique
être ridiculisées quand elles s’assimilent à des
Ex. : désarroi marqué par l’interrogation (qua-
formes figées.
trains) et l’adverbe plaintif « Las ».
Ex. : moqueries d’Alceste à propos de ceux qui
2e §. L’auteur, conscient de son errance poétique
veulent absolument écrire des sonnets dans Le
Ex. : antithèse entre le 2e quatrain marqué par
Misanthrope, I, 2 (1666).
un lyrisme joyeux, et le 1er tercet caractérisé par
2e §. Les formes fixes peuvent limiter l’expression
une douleur hyperbolique (« serf de mille maux et
personnelle en la rendant artificielle.
regrets », v. 11).
Ex. : le sonnet de Malherbe (texte 2), hymne à la
Partie II. Une explication passant par la forme tra-
Muse, n’a rien de sincère : « Et l’art n’égale point
ditionnelle du sonnet
sa douceur naturelle » (v. 8), alors que le poète
1er §. Un sonnet traditionnel scandant la plainte
vit une liaison malheureuse avec la vicomtesse
Ex. : de la plainte au constat désabusé, rythme de
d’Auchy.
la pointe (v. 14) qui représente la fuite des Muses
3e §. Obligé de faire entrer ce qu’il veut dire dans
par les coupes (6 / 4 / 2), l’allitération en [r] dans
un cadre rigide, le poète peut se sentir contraint et
les tercets.
se révolter contre ce carcan.
2e §. Le rattachement à une tradition élégiaque
Ex. : volonté absolue de se libérer des contraintes
ancienne qui inspire le poète
de l’alexandrin chez les romantiques (invention
Ex. : après avoir rappelé un vers d’Horace (v. 8) :
de la césure lyrique, dislocation des rythmes clas-
« Déjà Vénus de Cythère conduit les danses sous
siques…), comme dans Les Contemplations de
la lune », ici le poète mène les « Muses » (v. 6)
V. Hugo (1856).
« danser aux rayons de la lune » (v. 8), il multiplie
Partie II. Cependant, le poète peut jouer avec elles,
les références antiques (« Fortune », v. 9 ; « divine
en faire ses adjuvants.
ardeur », v. 13 ; « Muses », v. 14) pour mieux
1er §. D’abord, ce sont des bornes données au poète
feindre la perte irréversible constatée au présent
qui lui servent de point d’appui et ne desservent
dans les tercets ( quatrains au passé).
pas son expression.
Partie III. Une conception exigeante de la poésie
Ex. : la forme du sonnet a traversé les siècles. De
1er §. Le désir d’immortalité : un vœu inhibant
Pétrarque à Apollinaire, elle a toujours été le lieu
Ex. : « Cet honnête désir de l’immortalité » (v. 3),
du lyrisme le plus intense.
cause du malaise présent.
2e §. Toute forme, même rigide, permet de créer un
2e § : Un poème qui, paradoxalement, s’écrit
nouvel univers.
Ex. : réapparition rhétorique des Muses au vers 14
Ex. : Du Bellay qui fait évoluer le sonnet non dans
dans l’affirmation de leur absence.
sa forme, mais dans son registre, en y faisant
Conclusion entrer la satire (moqueries vis-à-vis des cardinaux,
– Bilan : paradoxe d’un poème élégiaque qui chante dans Les Regrets).
l’absence d’inspiration pour finalement s’écrire. Ex. : C. Baudelaire (texte 3) utilise toutes les règles
– Ouverture sur la métalittérature ou la mise en abyme de la poésie traditionnelle pour décrire une « muse
(le roman qui ne parvient pas à s’écrire. Cf. D. Diderot, malade », pourtant éloignée de l’image idéale don-
A. Gide, etc.). née par ses prédécesseurs.
3e §. Les contraintes peuvent même amener le
2. Dissertation poète à se dépasser en pervertissant une forme fixe.
Ex. : T. Corbière prend plaisir à pervertir le son-
Introduction
net en le retournant sur le plan des thèmes et de
– Contextualisation : la forme du sonnet, et plus large-
l’organisation strophique, dans « Sonnet (avec la
ment les contraintes et les codes poétiques. manière de s’en servir) » ➜ p. 43.
– Sujet : la création poétique, sclérosée par les codes
Conclusion
ou libre ?
– Bilan : la contrainte, en poésie comme dans tous les
– Problématique : Comment le poète considère-t-il les
arts, est à la fois obstacle et instrument de création.
contraintes poétiques ?
– Ouverture : même ceux qui refusent les contraintes

51
créent en fonction d’elles. On ne peut s’opposer qu’à très cher amour, toi mon œuvre et que j’aime (v. 1).
quelque chose qui existe. 2. Chez Du Bellay (texte 1), les Muses (v. 6, 14), confor-
mément au modèle antique, doivent rendre le poète
3. Écriture d’invention
heureux (2e quatrain) et lui donner une divine ardeur
Analyse du sujet (v. 13). Grâce à cette figure allégorique de l’inspiration,
– Forme : un dialogue argumenté. le poète peut accéder à l’immortalité (v. 3), passer à la
– Thèmes : l’écriture poétique, travail ou inspiration ? postérité (v. 12). C’est la même idée chez Apollinaire
– Contrainte : deux poètes, deux argumentations bien (texte 4) qui l’exprime de façon encore plus explicite :
distinctes. Je te crée à jamais pour qu’après mon départ, / Tu
Proposition de corrigé (du début du dialogue) : transmettes mon nom aux hommes en retard (v. 6-7).
À la sortie d’une lecture de poèmes d’un jeune Apollinaire, en poète moderne, crée sa muse, comme
auteur contemporain, deux poètes discutent de la le faisaient déjà ses prédécesseurs, mais lui le montre,
création poétique. affirmant ainsi les exigences du travail poétique.
– C’était magnifique ? Une telle sincérité ! Je ne sais
Chez Malherbe (texte 2) et chez Baudelaire (texte 3), la
qui est la muse de ce jeune confrère, mais elle lui
muse est la femme aimée qui doit a priori inspirer le
veut beaucoup de bien…
– La muse ? Tu en es encore là ? Mais mon pauvre
poète ; sa présence suscite le désir de la décrire : son
ami, la poésie c’est du travail, c’est écrire vingt teint (v. 5), sa bouche (v. 6), Sa parole et sa voix (v. 7) en
pages pour n’en garder qu’un quart… Quand on font un univers poétique, fascinant pour Malherbe qui
a bien travaillé ! C’est réécrire sans cesse, trouver compense la froideur de la vicomtesse d’Auchy par cette
le bon mot, le bon souffle, c’est… beauté à célébrer, mais désespérant pour Baudelaire
– Doucement, doucement ! Alors tu ne crois pas que qui fait de sa muse une femme maladive et inquiétante,
le poète puisse être inspiré, qu’il entende par-delà marquée par le champ lexical du cauchemar (visions
le bruit du monde le souffle des dieux ? nocturnes, v. 2 ; folie, horreur, v. 4…). Le dernier ter-
– Non, je ne crois pas. En tout cas, moi, je n’en- cet du texte 3 rappelle le genre de femme, héritée des
tends rien. Je me place devant mon écritoire, et textes antiques, qui peut rassurer l’auteur ; le poète
j’écris. Je lis d’autres poètes et…
moderne, angoissé, en proie au Spleen, doit écrire aux
– Tu vois bien que tu t’inspires d’autre chose.
côtés d’un démon (succube verdâtre, v. 5) qui le menace
– Je m’inspire, mais je ne suis pas inspiré. Là est
toute la différence ! de ses noires pensées.
[…]
SUJETS AU CHOIX
SUJET POUR LES SÉRIES TECHNOLOGIQUES
1. Commentaire
Questions Introduction
1. Sentiments des poètes : – Auteur : C. Baudelaire (1821-1867), poète français.
– le regret chez Du Bellay (texte 1) : titre du recueil, Créateur de la poésie moderne, sur le fond, parce qu’il
interjection élégiaque Las qui ouvre le poème, et fait entrer l’oppression de la grande ville en poésie, et
hyperbole mille maux et regrets (v. 11). Également chez sur la forme, parce qu’il adopte le tout nouveau poème
Baudelaire (texte 3), mais il est marqué par le registre en prose.
pathétique : pauvre (v. 1), hélas ! (v. 1). Dans les deux – Œuvre : Les Fleurs du mal (1861), 2e édition du recueil
sonnets, les quatrains et les tercets s’opposent : regrets de Baudelaire après la censure de plusieurs pièces
de l’inspiration poétique qui a fui dans le texte 1, figure en 1857. La section « Spleen et Idéal » oppose deux
dégradée de la muse qui ne ressemble plus à la muse façons radicales de concevoir la vie : l’angoisse ou
idéale dans le texte 3 ; l’enthousiasme.
– l’amour chez Malherbe (texte 2) : description – Texte : 7e poème de la section « Spleen et Idéal », son-
élogieuse et hyperbolique de la femme, rien de si beau net irrégulier parce qu’au lieu d’être embrassées, les
(v. 1), tant de trésors (v. 3), La clarté de son teint n’est pas rimes des quatrains sont croisées, et dans les tercets,
chose mortelle (v. 5)… On trouve ce sentiment égale- toutes les rimes sont suivies.
ment chez Apollinaire à travers la description élogieuse – Projet de lecture : Comment Baudelaire évoque-t-il
d’une muse dont le poète est le créateur explicite : mon la difficulté de créer ?

52
Plan proposé : Partie I. Certes, la poésie paraît souvent un don
Partie I. La maladie de l’inspiration, obstacle à la des Muses.
création 1er §. Depuis l’Antiquité, le poète, tel Orphée, est
1er §. Une muse nouvelle et déconcertante le protégé d’Apollon et le compagnon des Muses.
Ex. : une muse angoissante décrite par le champ Ex. : Du Bellay (texte 1) évoque cette force de l’ori-
lexical du cauchemar (quatrains). gine antique, substrat de la création poétique.
2 e §. Une muse en antithèse avec les muses 2e §. Le poète est inspiré par la Muse, un génie qui
traditionnelles peut se retirer à tout moment.
Ex. : antithèse entre l’apparence de la muse des Ex. : la plainte de Du Bellay, maudit lors de son
quatrains, démon effrayant, et celle des tercets, voyage à Rome (texte 1) ; brièveté de la car-
pleine de « santé » (v. 9), proche des modèles rière de Rimbaud, « amputé vivant de la poésie »
antiques (références mythologiques, v. 14). (Mallarmé).
3e §. Une nouvelle époque => une nouvelle façon 3e §. Les formes de poésie moderne renforcent cette
de créer conception.
Ex. : conscience d’un nouveau monde déconcertant Ex. : écriture automatique = don de l’inconscient,
(questions rhétoriques des quatrains). Le poète miracle de la création, tel « L’union libre », blason
moderne doit faire avec les réalités déconcertantes surréaliste d’A. Breton.
d’un nouveau monde où la muse est un monstre. Partie II. Cependant, c’est aussi un travail exigeant.
Partie II. Mais l’inspiration demeure présente, 1er §. La création poétique se moule dans des
personnifiée par la muse formes traditionnelles qu’elle respecte ou remodèle
1er §. Ce poème évoque la monstruosité, mais de savamment.
manière ambitieuse et suggestive Ex. : les textes de Malherbe et de Baudelaire
Ex. : vue (couleurs « verdâtre » et « rose », v. 5), (textes 2 et 3), malgré leurs différences de versi-
odorat (« exhalant l’odeur de la santé », v. 9), ouïe fication et de conception de la Muse, se plient aux
(« sons », v. 12, « chansons », v. 13). exigences de la forme du sonnet.
2e §. Une inspiration nouvelle mais réelle, person- 2e §. Même la poésie lyrique autobiographique est
nifiée par la muse malade une recréation du poète.
Ex. : adresse à la muse, apostrophée, intime du Ex. : V. Hugo dans Les Contemplations (1856) tra-
poète. Présence finalement rassurante. vaille à partir de ses souvenirs mais il les trans-
3e §. Un espoir poétique de refonte du monde forme en fonction des formes adoptées ➜ p. 37.
Ex. : dans le vœu au conditionnel (« Je voudrais », 3e §. La poésie, même la plus éloignée des formes
v. 9), la beauté peut sortir de l’horreur : sacrifice du traditionnelles, s’impose un travail sur le langage
« sang chrétien » (v. 11) métamorphosé en « syl- qui transforme patiemment le monde.
labes antiques » (v. 12) grâce au travail poétique. Ex. : les exigences lexicales et rythmiques de la poé-
Conclusion sie en prose, création poétique moderne exigeante,
comme les images fulgurantes d’Une saison en
– Bilan : sonnet qui évoque une nouvelle façon d’écrire
enfer d’A. Rimbaud.
de la poésie en tirant parti d’un monde décevant et
effrayant. Conclusion
– Ouverture : façon dont Baudelaire a appliqué ce pro- – Bilan : l’écriture poétique, en s’affranchissant au fil
gramme poétique à la ville de Paris dans Le Spleen de des siècles de nombre de règles, se définit d’abord par
Paris (Tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or). un travail sur le sens et sur la sonorité des mots.
– Ouverture : Ce mélange de don et de travail n’est-il
2. Dissertation pas inhérent à toute création artistique ?
Introduction
3. Écriture d’invention
– Contextualisation : les différentes façons de percevoir
le travail poétique au fil des siècles. Analyse du sujet
– Sujet : question de l’écriture poétique. – Forme : journal intime.
– Problématique : Comment faut-il percevoir l’activité – Contenu : écrit à la 1re personne d’un poète humaniste
poétique ? de la Renaissance qui confie ses sentiments, confronté
aux problèmes d’inspiration.
Plan détaillé proposé
Proposition de corrigé (début d’une entrée du journal)

53
Rome, le 15 juin 1555. recueil L’Olive. Tout le monde me prédisait le fier
Voici presque deux ans que je vis dans cette destin d’un grand poète. Et quand j’ai appris à mes
ville, deux ans que je n’ai pas entendu la voix de amis que j’allais m’installer à Rome, que ne m’ont-
la Loire tout près de ma demeure, et plusieurs mois ils pas affirmé ? Que je verrais enfin les lieux sur
que je n’écris plus, plus de poèmes en tout cas. lesquels les grands poètes romains avaient écrit ;
Ma Muse, si fidèle en mon bel Anjou, ne me parle que je me rapprocherais des Muses ; que mon ins-
plus ici, comme si elle me jugeait indigne. Est-ce piration serait plus riche et plus belle. Quelle déri-
que c’est pour toujours ? Est-ce que je vais demeu- sion ! En m’éloignant, je suis à l’évidence devenu
rer muet ? incapable de tracer de belles lignes ? muet. […]
Comment retrouver l’inspiration ?
Je me souviens du succès de mon premier

54
CHAPITRE
2 L’argumentation :
la question de l’homme
➜ Livre de l’élève, p. 88

SÉQUENCE 4
Réflexions sur la nature humaine
➜ Livre de l’élève, p. 89

5. Deux questions rhétoriques (l. 29, 53) rôle argu-


Texte 1
T B. Pascal,
mentatif : rappeler la question fondamentale à laquelle
Pensées ➜ p. 90
Pascal tente de répondre dans son argumentation et
Objectif : Analyser une réflexion sur la question chercher à faire réfléchir le lecteur en lui posant une
de la relativité humaine. question simple dans sa forme, mais provocatrice dans
son contenu parce qu’elle reste sans réponse certaine
LECTURE ANALYTIQUE et absolue + question de transition entre la question
de l’infiniment grand et celle de l’infiniment petit
Première lecture (l. 45-48).
1. L’homme et sa place dans l’univers = Qu’est-ce qu’un
6. c’est le plus grand [des] caractères sensibles de la
homme, dans l’infini ? (l. 29).
toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde
Pascal s’adresse à l’homme = Que l’homme contemple
dans cette pensée (l. 21-23) l’univers n’a pas de
(l. 1), Que l’homme étant revenu à soi considère (l. 24),
limites concevables par nos sens, ni même notre ima-
qu’il se regarde (l. 25), Je veux lui faire voir (l. 38), je lui
gination, tout comme Dieu dont les limites échappent
veux peindre (l. 38).
à l’entendement humain. Concevoir l’infini, c’est croire
2. Mais (l. 11, 30), Car (l. 45), Car enfin (l. 53) d’abord en Dieu, pour Pascal.
concession en admettant le recours momentané à
7. Antithèses du grand et du petit = néant (l. 54)  infini
l’imagination, puis affirmation et explication de sa thèse
(l. 54) ; rien (l. 54)  tout (l. 55) la place de l’homme
de manière logique et irréfutable, enfin conclusion avec
est relative à l’univers qui l’entoure, il est petit face à
un dernier argument.
l’infini de l’univers, mais géant devant un ciron (l. 31).
Mise au point 8. Convaincre = argumentation construite logiquement
3. Subjonctif utilisé avec la valeur d’un impératif = Que et clairement grâce aux connecteurs logiques : Mais
l’homme contemple (l. 1). (l. 11, 30), Car (l. 45), Car enfin (l. 53), et aux questions
qui rappellent le problème posé par Pascal.
Analyse Persuader = argumentation qui frappe également l’ima-
4. la terre […] comme un point (l. 6), ce vaste tour lui- gination et la sensibilité de l’homme par les adresses
même n’est qu’une pointe très délicate (l. 8-9), une directes au subjonctif : Que l’homme contemple (l. 1),
sphère infinie dont le centre est partout (l. 19-20), ce Que l’homme étant revenu à soi considère (l. 24), etc., et
canton détourné de la nature (l. 25-26), ce petit cachot les images frappantes : ce canton (l. 25), ce petit cachot
où il se trouve logé (l. 26), un abîme nouveau (l. 38), (l. 26), et les antithèses qu’il utilise pour désigner l’uni-
un colosse (l. 47), un tout à l’égard du néant (l. 47-48), vers, insistant dans le paragraphe 4 sur l’extrême peti-
l’infini (l. 54), néant (l. 54) l’homme vit entre deux tesse de la nature (l. 37) et dans le paragraphe 5 sur
extrêmes : l’infiniment grand et l’infiniment petit. l’extrême grandeur de l’univers.

55
Question de synthèse Texte 1
D’UN Voltaire,
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
9. L’homme est orgueilleux selon Pascal : rechercher avec Micromégas ➜ p. 92
présomption (l. 53). Il cherche ainsi à lui faire prendre
Objectif : Étudier la question de la relativité humaine
la mesure de sa place toute relative dans l’univers en le
dans le cadre d’un conte philosophique.
forçant à regarder avec humilité ce qui l’entoure.

Pour aller plus loin QUESTIONS


10. Recherche 1. Refus des comparaisons imagées et triviales qui
a. Travaux physiques = il a prouvé l’existence de la s’adressent à l’imagination = un parterre dont les fleurs
pression atmosphérique et publié ses Expériences nou- (l. 3), une assemblée de blondes et de brunes (l. 4-5),
velles touchant le vide (1647) démontrant que la nature une galerie de peintures (l. 6). Il préfère des arguments
a horreur du vide. Il invente le principe de la presse chiffrés, des preuves logiques qui s’adressent à la rai-
hydraulique et de la seringue. son = dire combien les hommes de votre globe ont de
Travaux mathématiques = il est l’inventeur de la sens (l. 10-11).
machine à calculer, il a publié un traité de géométrie 2. a. nos soixante et douze sens (l. 13, 15), nos cinq lunes
projective et a développé une méthode de résolution du (l. 13), mille sens (l. 17), cinq cents grandes révolutions du
problème des partis qui donne naissance aux probabi- soleil (l. 29-30), quinze mille ans ou environ, à compter
lités au siècle suivant. à notre manière (l. 30) rôle argumentatif, données
Génie universel = Pascal est un brillant esprit scienti- hyperboliques qui ont valeur d’argument frappant pour
fique qui a fait progresser le monde des sciences et les le lecteur.
répercussions de ses travaux ont traversé les frontières b. Hyperbole = tous les chiffres sont démesurés pour
géographiques et temporelles puisque aujourd’hui l’entendement humain montrer que l’homme n’est
encore nous bénéficions de son génie. rien à côté de ces géants, que la grandeur humaine
b. Dans le fragment 201, dans le contexte d’une série présumée est toute relative.
de pensées sur la foi, Pascal balaie toute objection en
3. L’insatisfaction humaine = nous nous plaignons tous
la définissant comme une atteinte à soi-même, mais
les jours du peu (l. 11-12), il nous reste encore je ne sais
pas à l’existence de Dieu. Sentiment étrange pour le
quel désir vague (l. 17), et la relativité de l’homme dans
lecteur moderne : faire taire sa raison dès qu’il s’agit
l’univers = j’ai vu des mortels fort au-dessous de nous ;
d’interroger les questions liées à la croyance.
j’en ai vu de forts supérieurs (l. 19-20).
11. Écriture d’invention
4. Comparaison avec lui-même = impression que la vie
Contraintes du sujet :
est trop courte : c’est mourir presque au moment que
− la forme du texte à produire est argumentative et doit
l’on est né (l. 31), notre existence est un point, notre
prendre exemple sur le texte de Pascal : utilisation de
durée un instant (l. 31-32), et que l’homme n’est rien
la 1re personne du pluriel ;
au regard de l’univers : je me trouve comme une goutte
− le contenu sera composé d’images abstraites ou
d’eau dans un océan immense (l. 34-35). Comme ces
concrètes laissées au choix de l’élève rendant compte
affirmations suivent l’affirmation de son insignifiance, le
de l’aspect infini et inconcevable de l’univers, images
discours du Saturnien sous-entend que l’homme n’est
poétiques ou triviales.
qu’une poussière dans l’univers.
Images possibles pour l’infiniment grand : une maison
dont les portes ouvrent sans cesse sur des pièces révé- Vis-à-vis : Pascal et Voltaire
lant d’autres portes ; un puits dans lequel on déverse
5. Pour Pascal, l’homme est perdu entre deux extrêmes,
des dizaines de seaux sans entendre la chute finale
il est petit au regard de l’immensité de l’univers mais
de l’eau...
immense au regard des plus petits êtres de la nature 
Prolongement : analyser la toile de Johannes pour Voltaire, l’homme est toujours insatisfait de sa
Vermeer, L’Astronome (1668, huile sur toile, musée condition car il ne considère que son infériorité et sa
du Louvre), qui représente le scientifique observant le petitesse par rapport à l’univers. Mais les deux auteurs
globe terrestre, pour comprendre l’attention accordée cherchent à rendre l’homme plus humble face à sa
à l’univers par les sciences, au XVIIe siècle. condition d’être humain.

56
6. Pascal emploie l’essai, l’argumentation directe : uti- de la vie domestique, c’est-à-dire de l’homme et par
lisation de la 1re personne du singulier  Voltaire utilise conséquent de la société, il est donc nécessaire de les
le conte philosophique, l’argumentation indirecte : per- éduquer afin d’éviter des drames familiaux et sociaux
sonnages fictifs. (l. 49-52) = conclusion en forme de thèse.
Pascal : ton didactique + questions + raisonnement
logique  Voltaire : ton ironique (ex. : après beau- Mise au point
coup de raisonnements fort ingénieux et fort incertains, 3. Phrases interrogatives = questions rhétoriques :
l. 24-25) + comparaisons ridicules proposées par le l. 19-20, l. 20-23, l. 30-33, l. 33-35, l. 35-36 faire
Saturnien au début du dialogue + discours sérieux dans réagir le lecteur en l’interpellant et en l’incitant par ce
la bouche de personnages fictifs. type de phrase à se poser lui-même la question et com-
7. Iconographie prendre l’évidence de la thèse soutenue par l’auteur.
Astre = Saturne distinguable par son anneau et mise
Analyse
en valeur par le contraste de sa couleur jaune sur une
toile aux teintes sombres mettre l’accent sur les 4. on (l. 1, 3, 4, 5) = la pensée commune + nous (l. 49)
recherches astronomiques qui remettent en question interpeller le lecteur et l’introduire dans la réflexion
l’idée que la Terre serait la seule planète habitée de pour le forcer à revoir sa position.
l’univers + dimension imaginaire car Saturne est la 5. Raisonnement concessif : il ne faut pas qu’elles soient
planète de la mélancolie, de la prise de conscience de savantes (l. 1), la curiosité les rend vaines et précieuses
notre insignifiance dans l’univers. (l. 1-2), aussi n’est-il point à propos de les engager dans
des études (l. 8-9), Il est vrai qu’il faut craindre de faire
Prolongement : lire et comparer un extrait des des savantes ridicules (l. 7) rappeler au lecteur les
Voyages de Gulliver (1721) de J. Swift, chapitre pre-
arguments donnés par ceux qui ont un avis contraire
mier de la deuxième partie, dans lequel Gulliver, lors
sur les femmes à celui de Fénelon ; admettre que tous
de sa première rencontre avec les géants, évoque le
les savoirs ne sont pas indispensables aux femmes mais
principe de la relativité.
insister ensuite sur l’apprentissage qui leur est ouvert.
6. a. 1er argument : les femmes doivent être éduquées
T 2
Texte Fénelon, Traité de parce qu’elles ont des devoirs qui sont les fondements
de toute la vie humaine (l. 20), elles soutiennent les mai-
l’éducation des filles ➜ p. 94
sons (l. 21), règlent tout le détail des choses domestiques
Objectif : Analyser un texte argumentatif sur (l. 21-22), elle est l’âme de toute une grande maison, elle
la question de la place des filles dans la société y met l’ordre pour les biens temporels et pour le salut
et de leur éducation au XVIIe siècle. (l. 25-26) = les femmes sont la base, le socle de la vie ;
toute la vie domestique dépend d’elles, ainsi que la vie
LECTURE ANALYTIQUE spirituelle de l’homme.
2e argument (l. 26-28) : elles sont l’éminence grise de
Première lecture la puissance de décision de l’homme, leur influence
1. Femmes opposées aux hommes = Les femmes ont dépasse le seul foyer et rejaillit sur la société.
d’ordinaire l’esprit encore plus faible et plus curieux que 3e argument (l. 29-33) : elles sont nées avec le sens
les hommes (l. 7-8), Leur corps aussi bien que leur esprit pratique.
est moins fort et moins robuste que celui des hommes 4e argument (l. 33-35) : elles créent une douceur de
(l. 14-15), Voilà donc les occupations des femmes, qui ne vivre pour les hommes.
sont guère moins importantes au public que celles des 5e argument (l. 35-36) : elles éduquent les enfants,
hommes (l. 37-38), la vertu n’est pas moins pour les adultes de demain et doivent être éduquées elles-
femmes que pour les hommes (l. 39-40), la mauvaise mêmes pour assurer ce rôle.
éducation des femmes fait plus de mal que celle des b. Il est vrai qu’il = concession (l. 7) + En revanche
hommes (l. 45-46) montrer que les femmes doivent (l. 15-16), Mais (l. 18) = développement des arguments ;
être traitées comme les hommes, que ceux qui les Voilà donc = bilan (l. 37), Enfin = bénéfice social (l. 43),
considèrent comme inférieures se trompent. Voilà (l. 51) = énoncé de la thèse raisonnement
2. Les femmes sont indispensables au bon équilibre logique.
57
L’argumentation progresse de la manière suivante : 1924 que le baccalauréat est unique et ouvre les portes
− paragraphes 1 et 2 = antithèses ; des universités aux filles. La mixité à l’école est égale-
− paragraphes 3 et 4 = affirmation de la thèse de l’au- ment un fait récent (1957). Si dans les pays occidentaux,
teur sous la forme de questions rhétoriques ; l’accès des filles à l’éducation est acquis, ce n’est pas le
− paragraphe 5 = conclusion partielle qui affirme l’éga- cas sur le continent africain par exemple.
lité entre hommes et femmes ; 11. Écriture d’invention
− paragraphe 6 = retournements des arguments par Contraintes du sujet :
la négative pour prouver leur force : le mal qu’elles − forme du texte à produire = dialogue romanesque ou
causent dans le monde quand elles manquent d’une théâtral entre deux personnages donnés : une mère et
éducation (l. 44-45), la mauvaise éducation des femmes sa fille = énonciation familière à la 1re et 2e personnes
fait plus de mal que celle des hommes (l. 45-46) ; du singulier ;
− paragraphe 7 = conclusion sur la nécessité d’éduquer − thème = école ;
les femmes. − dialogue polémique mettant en scène deux avis oppo-
7. Rôle domestique, familial et social = elles ont une sés sur la nécessité d’aller à l’école ;
maison à régler, un mari à rendre heureux, des enfants − arguments équilibrés et justifiés par des exemples
à bien élever (l. 38-39). précis tirés de textes ou d’expériences personnelles.
8. Exclamation ironique soulignant l’absurdité des Prolongement : lire et comparer le texte de Rousseau,
thèses adverses. extrait du livre V de l’Émile ou De l’éducation (1762),
dans lequel l’auteur affirme que les filles doivent être
Question de synthèse
éduquées différemment des garçons.
9. Les femmes doivent être éduquées car elles sont le
fondement de la vie, de la famille et de la société ; elles
ont une influence très grande sur leurs enfants, futurs
Texte 2
D’UN S. de Beauvoir,
adultes et hommes de pouvoir, et sur leurs maris dans L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

la vie domestique, ce qui a des répercussions dans la Le Deuxième Sexe ➜ p. 96


vie sociale et politique. L’éducation des femmes est Objectif : Analyser un traité moderne sur la question
indispensable pour le bien-être dans le cadre familial de la place de la femme dans la société afin
mais aussi pour le bon équilibre et le bon fonction- d’étudier l’évolution du phénomène depuis Fénelon.
nement de la société, c’est-à-dire pour le bonheur de
tous = elles ont la principale part aux bonnes ou aux QUESTIONS
mauvaises mœurs de presque tout le monde (l. 23-24),
1. Condition de la femme soumise à l’autorité maritale
sans parler du bien ou du mal qu’elles peuvent faire au
= épouse (l. 1), la femme entretenue (l. 3-4), vassale (l. 7,
public (l. 40-41).
14), parasite (l. 10)  condition de la femme indépen-
Pour aller plus loin dante qui joue un rôle dans la société = citoyenne (l. 2),
électrice (l. 2).
10. Recherche
La femme est prise entre un début de libération
Au XVIIe siècle, on commence à s’intéresser à l’éduca-
sociale et une soumission domestique.
tion des filles dans des traités comme celui de Fénelon
et grâce à l’institution créée par Mme de Maintenon, 2. Le travail signera la libération totale de la femme
Saint-Cyr. = c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté
Au XVIIIe siècle, les avis sont partagés : Rousseau se concrète (l. 9).
prononce contre l’éducation des filles mais Diderot la 3. Liberté civique acquise par le droit de vote = chaque
défend. citoyenne est devenue une électrice (l. 2)  liberté éco-
Au XIXe siècle, en 1869, une première avancée majeure nomique acquise par le travail = c’est le travail qui peut
grâce à Jules Ferry et son combat pour l’école répu- seul lui garantir une liberté concrète (l. 9). La liberté
blicaine offre à chacun le droit d’être éduqué. Mais économique est primordiale car elle permet l’indé-
l’enseignement n’est pas le même pour les filles et les pendance de la femme = Dès qu’elle cesse d’être une
garçons, qui sont les seuls à avoir accès au lycée. parasite, le système fondé sur sa dépendance s’écroule
Idées et combats féministes du XXe siècle permettent (l. 9-10).
la fin du mythe de la mère de famille. Ce n’est qu’en
58
La femme se doit de travailler, puis de se libérer de par une ligne de force verticale qui met en lumière
l’aliénation éventuelle du travail par une action la femme de profil au second plan, dont le corps est
politique. dans la continuité de celui de l’enfant : soucieuse de
4. La femme est dans la dépendance de l’homme si son enfant, elle laisse le rideau de l’isoloir entrouvert,
elle lui est soumise financièrement = condition de vas- mais ne renonce pas au vote double rôle = mère et
sale (l. 7), médiateur masculin (l. 12) ; elle conquiert sa citoyenne, signe d’une émancipation encore inachevée.
liberté et sa responsabilité si elle est productive, active Prolongement : lire un extrait du roman épistolaire
(l. 19-20), si elle a des projets (l. 22). L’Alternative (1997) de Taslima Nasreen, dans lequel
5. Fonction de preuve par l’exemple et d’illustration en elle dénonce l’inégalité dont sont victimes les femmes
cédant la voix à une autre femme = exemple à valeur dans la société bengalie, pour comparer avec la vision
d’argument, particulièrement frappant dans la mesure de S. de Beauvoir sur la condition des femmes en
où il concerne une femme modeste. France.
6. Limite sociale = C’est seulement dans un monde
socialiste que la femme en accédant à l’un [le travail]
s’assurerait l’autre [la liberté] (l. 36-38), La majorité des Analyse J.-A. Houdon,
d’image Sabine Houdon âgée
travailleurs sont aujourd’hui des exploités (l. 38).
Limite humaine = la structure sociale n’a pas été pro- de quatre ans ➜ p. 98
fondément modifiée par l’évolution de la condition Objectif : Étudier une sculpture empreinte
féminine ; ce monde qui a toujours appartenu aux de dynamisme et de réalisme.
hommes conserve encore la figure qu’ils lui ont impri-
mée (l. 38-41). Première approche
La liberté des femmes par le travail n’est pas encore 1. Tête tournée vers la gauche (droite pour nous)
acquise car la société phallocrate n’accorde pas encore effet de mouvement, de naturel et de prise sur le vif.
l’égalité aux femmes et le travail lui-même est vécu Impression d’avoir affaire directement à l’enfant.
comme une nouvelle forme de servitude.
2. Attirer l’attention sur les détails du visage et les
Vis-à-vis : Fénelon expressions de l’enfant + inscrire ce portrait d’enfant
et Simone de Beauvoir dans la lignée de bustes célèbres (philosophes grecs,
empereurs romains, rois de France, etc.).
7. Évolution dans le statut légal de la femme qui n’est
plus cantonnée aux devoirs de l’épouse (l. 1), c’est-à- Analyse
dire aux activités domestiques et familiales.
3. Cheveux bouclés, coiffés et assez volumineux, qui
8. Fénelon soutient la cause des femmes. L’homme encadrent le visage de l’enfant souligner la féminité,
est présenté comme détenant le pouvoir politique donner une impression de vitalité, voire de mouvement ,
= Les hommes même, qui ont toute l’autorité en public grâce aux boucles.
(Fénelon, l. 26-27) + ce monde qui a toujours appartenu Anglaises = modernité et féminité.
aux hommes (de Beauvoir, l. 40) ; et le pouvoir marital Boucles sur le front = topos des bustes d’empereurs,
et familial = obéir à leurs maris sans raisonner (Fénelon, façon de les identifier, par exemple la double mèche en
l. 3), sa condition de vassale (de Beauvoir, l. 7). tenaille de l’empereur Auguste également visible sur le
Mais en affirmant, même par la concession, que tout front gauche de cet enfant.
savoir n’est pas forcément accessible aux femmes, et
4. Regard légèrement vers le haut et lointain : enfant
que leur liberté servira aux hommes, on peut en déduire
attirée par un événement surprenant, une personne,
que le statut de la femme est instrumentalisé chez
un animal douceur, innocence et candeur rendues
Fénelon pas féministe.
presque évidentes par les yeux incisés, révélant où la
9. Iconographie pupille est dirigée.
Premier plan = poussette avec un enfant à gauche, et
5. Expression tendre qui dénote un caractère doux
une femme dans l’isoloir, à droite.
+ yeux et bouche dénotant la curiosité et l’intelligence
Second plan = deux autres femmes dans leur isoloir.
= être plein de vie.
En plongée sur l’enfant, la photographie le prolonge

59
Question de synthèse − 3e étape = conclusion qui réaffirme la valeur de l’inté-
6. a. Portrait essentiellement psychologique qui voit rêt : parce que leur conservation est toujours un accrois-
l’enfant comme un individu, avec sa personnalité. sement, et leur perte toujours une diminution de fortune
b. Réalisme dans les détails du visage et de la chevelure (l. 15-17).
+ expressivité du visage et du regard. b. Convaincre = raisonnement logique et déductif : du
général au cas particulier (question 4) + questions rhé-
Prolongement : analyser et comparer avec un portrait toriques (l. 7-10, l. 30-32) rendent le propos irréfutable
de très jeune princesse de Francesco Laurana. toucher la raison de l’aumônier qui a besoin de
preuves tangibles.
Persuader = emploi de l’impératif : Mets la main sur la
Texte 3
T D. Diderot, Supplément conscience (l. 5), laisse là (l. 5), dis-moi (l. 7), Sois sûr
au voyage de Bougainville (l. 10), prends garde (l. 24) + parallélismes : un père qui
➜ p. 99 […] n’aimât mieux perdre son enfant (l. 8), un mari qui
n’aimât mieux perdre sa femme (l. 9), C’est ici (l. 12, 13,
Objectif : Étudier un dialogue critique et polémique
14, 15) + ironie : ta patrie si policée (l. 22) impliquer
sur la question de la vertu humaine et de l’altérité.
l’aumônier et le contraindre à adhérer à la thèse en
touchant sa sensibilité.
LECTURE ANALYTIQUE
5. 1re réplique (l. 1-3) = aumônier présenté comme le
Première lecture tenant de la morale chrétienne occidentale considérant
les Tahitiens avec une certaine condescendance comme
1. L’aumônier prône les sentiments altruistes dans les
des hommes inconstants et volages : ces deux senti-
rapports humains = la tendresse maritale, l’amour pater-
ments si puissants et si doux, s’ils ne sont pas étrangers
nel (l. 1-2)  Orou soutient la supériorité de l’intérêt
ici, y doivent être assez faibles (l. 2-3).
dans les relations humaines = Nous y avons suppléé
2e réplique (l. 18-20) = désignation péjorative et condes-
par un autre qui est tout autrement général, énergique
cendante d’Orou : ce sauvage (l. 18) mais concession de
et durable (l. 4-5).
la part de l’aumônier qui confirme la thèse d’Orou par
2. Orou a le dessus = questions rhétoriques (l. 7-10, une application concrète : Le paysan misérable de nos
30-32) + phrases injonctives : Mets la main sur la contrées (l. 18-19).
conscience (l. 5), laisse là (l. 5), dis-moi (l. 7), Sois sûr Affirmation de la condescendance des Occidentaux
(l. 10), prends garde (l. 24) Orou se moque de l’aumô- sur le peuple colonisé mais rôle argumentatif de confir-
nier et le force à se remettre en question. mation de la thèse d’Orou.
Mise au point 6. Hospitalité spontanée des Tahitiens n’est en fait
qu’un intérêt dissimulé = champ lexical de la préda-
3. Périphrase péjorative qui discrédite la morale tradi-
tion : impositions (l. 27), exprimer (l. 30), tribut (l. 31)
tionnelle et critique l’hypocrisie morale des Occidentaux
+ champ lexical de la richesse matérielle : argent (l. 28),
qui se cachent derrière une prétendue vertu.
marchandises (l. 29), denrées (l. 29) opposé à la richesse
Analyse du sang : le sang de tes veines (l. 30) valorisation du
4. a. Thèse = l’intérêt est un ressort moral plus effi- pouvoir procréateur des Tahitiens dans un archipel où
cace que la simple valorisation du sentiment, l’intérêt les enfants sont la source de toute richesse.
et l’altruisme ne sont donc pas contradictoires, comme Naïveté des Occidentaux qui croient cette hospita-
chez les Occidentaux, mais s’enrichissent mutuellement lité désintéressée = Vous nous remerciez, lorsque nous
asseyons sur toi et sur tes compagnons la plus forte de
= lignes 4-5 ;
Argumentation : toutes les impositions (l. 26-27).
− 1re étape = Orou énonce une loi générale qui met sur 7. Préjugés de la supériorité du peuple occidental et de
le même plan biens matériels et relations humaines ses valeurs chrétiennes sur celles du peuple tahitien.
pour en faire ressortir l’intérêt pratique : dis-moi si dans L’aumônier porte un regard condescendant sur Orou
quelque contrée que ce soit (l. 7) ; mais est forcé d’admettre qu’il a raison.
− 2e étape = illustration par une série d’exemples mise
en valeur par des parallélismes : C’est ici (l. 12, 13, 14, 15) ;

60
Question de synthèse de toutes les impositions (Diderot, l. 26-27).
8. Occidentaux = naïfs, condescendants et hypocrites  2e §. Les différents types de textes :
Tahitiens = sociables, intelligents, raisonnables. − l’argumentation directe dans l’essai = Pensées de
Pascal et Traité de l’éducation des filles de Fénelon
Pour aller plus loin 1re personne du singulier : Je veux (Pascal, l. 38) ou du
9. Recherche pluriel : Quelles intrigues se présentent à nous (Fénelon,
a. Le mythe du bon sauvage s’est constitué à la suite l. 49) + argumentation logique et rigoureuse : question
de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb 2 du texte de Pascal et questions 6. a et b du texte
(1492) = idéalisation des hommes vivant en contact avec de Fénelon + interpellation directe du lecteur : Que
la nature. Il s’intègre dans le débat qui fait rage entre l’homme contemple (Pascal, l. 1), On ne manque pas
nature et culture au XVIIIe siècle. de se servir (Fénelon, l. 3), cherchons-en les moyens
b. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796) (Fénelon, l. 52) ;
= refus de faire des sauvages des surhommes parce − l’argumentation indirecte dans le dialogue philo-
qu’ils vivent à l’état de nature, et de leur société une sophique = Supplément au voyage de Bougainville de
société idéale ; c’est uniquement une société différente. Diderot, et dans le conte philosophique = Micromégas
Mythe instrumentalisé pour remettre en question la de Voltaire Dialogue entre deux personnages, l’au-
colonisation et provoquer la réflexion, mais non pour mônier et Orou, A et B, et l’histoire imaginaire mettant
idéaliser le peuple tahitien et proposer un monde idéal. en scène des géants permettent une mise à distance
Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), du jugement de l’auteur, ce qui lui permet de critiquer
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité plus ouvertement des comportements qu’il juge injustes
parmi les hommes (1755) = idée que l’homme est bon ou abusifs et de faire réfléchir le lecteur à travers une
par nature mais que la société le corrompt ; le bon sau- histoire (conte) ou une forme (dialogue) plaisante et
vage est un idéal, un modèle à imiter. accessible.
Voltaire, L’Ingénu (1767) = reprise du mythe du bon Prolongement : étudier un extrait de Tristes tropiques
sauvage mais civilisation et éducation du sauvage (1955) de C. Lévi-Strauss, dans lequel il explique
comme signe de sa perfection. À l’opposé de Rousseau, qu’aucune société n’est parfaite, pour comprendre
l’homme, selon Voltaire, ne peut pas s’accomplir seul au qu’aujourd’hui encore l’altérité fait débat.
contact de la nature, il a besoin de culture et d’éducation.
10. Entraînement à l’analyse d’un corpus
1er §. Les différentes images de la nature humaine : Texte 3
D’UN J.-C. Carrière,
À L’AUTRE
− images valorisantes : humilité = je me trouve comme La Controverse
une goutte d’eau dans un océan immense (Voltaire, de Valladolid ➜ p. 101
l. 34-35), Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la
nature ? Un néant à l’égard de l’infini (Pascal, l. 53-54) Objectif : Analyser un texte critique et moderne
+ respect d’autrui = la vertu n’est pas moins pour sur la question de l’altérité, en comparaison
les femmes que pour les hommes (Fénelon, l. 39-40) avec le texte de Diderot.
+ altruisme = le prix de l’enfant qui naît et l’importance
de la population (Diderot, l. 23) ; QUESTIONS
− images négatives : orgueil de l’homme = rechercher 1. Sépulvéda = les Indiens sont des êtres inférieurs aux
avec présomption (Pascal, l. 53), ce sauvage (Diderot, Espagnols, esclaves par nature (l. 2-3).
l. 18) + insatisfaction = nous nous plaignons tous les Las Casas = les Indiens sont les égaux des Espagnols,
jours du peu (Voltaire, l. 11-12), il nous reste encore je ne ils sont simplement différents d’eux.
sais quel désir vague (Voltaire, l. 17) + abus de pouvoir
sur les femmes = obéir à leurs maris sans raisonner
2. Argument de valeur, fondé sur l’expérience = incapa-
cité des Indiens à créer et inventer : on les voyait habiles
(Fénelon, l. 3) + hypocrisie morale = cette fanfaronnade
de vertu (Diderot, l. 5-6) + naïveté du peuple qui se croit à copier les gestes et les attitudes des Espagnols (l. 8-9).
supérieur à un autre = Vous nous remerciez, lorsque Arguments logiques = Car on voit bien que les Indiens
nous asseyons sur toi et sur tes compagnons la plus forte ont voulu presque aussitôt acquérir nos armes et nos
vêtements (l. 30-31) + les sacrifices humains, qui sont
la marque la plus haïssable, et la plus offensante à Dieu
61
(l. 41-42) + Ils changent très fréquemment de femmes, ce − recentre le débat : Quelles autres marques d’esclavage
qui est un signe très vrai de sauvagerie (l. 45-47). naturel avez-vous relevées chez eux ? (l. 34-35) ;
Argument par analogie = Ils portent leurs fardeaux sur le − gère les prises de parole en rappelant Las Casas à
dos, comme des bêtes (l. 38-39) + on les décrit stupides l’ordre : pour le moment restez silencieux (l. 70).
comme nos enfants ou nos idiots (l. 45). 6. L’argumentation de Las Casas est plus convaincante
Argument d’autorité = référence à Aristote : les habitants car on ne peut tolérer le discours raciste et humiliant de
du Nouveau Monde sont des esclaves par nature. En tout Sépulvéda. Néanmoins, au XVIe siècle, époque de coloni-
point conformes à la description d’Aristote (l. 2-3). sation, l’argumentation de Sépulvéda, claire et logique,
3. Pas de contre-arguments = était plus convaincante pour le peuple qui découvrait
− rejet du premier argument de Sépulvéda par l’exemple un peuple qui lui semblait particulièrement sauvage.
de César (l. 15-23) ;
− série de questions pour remettre en question les Vis-à-vis : Diderot
préjugés de Sépulvéda sur les coutumes indiennes et Jean-Claude Carrière
(l. 55-57 + 62-67). 7. Diderot fait parler le colonisé, Orou  Carrière qui
Las Casas n’affirme aucun argument de manière fait parler les colonisateurs, Sépulvéda et Las Casas
directe pour défendre la cause des Indiens, il se regards critiques et opposés sur la colonisation. Orou
contente de souligner la non-validité de ceux de juge les Occidentaux inférieurs aux Tahitiens, Las Casas
Sépulvéda, en trouvant un exemple contrecarrant les les juge égaux aux Indiens, et Sépulvéda les considère
affirmations de son adversaire, par exemple en parlant supérieurs aux Indiens.
de tripes de porc (l. 59) pour les Espagnols quand son 8. Point de vue d’Orou = le peuple tahitien profite et
contradicteur accuse les Indiens de manger des tripes abuse des Occidentaux, de leur naïveté en les trompant
d’oiseaux (l. 58). par une hospitalité intéressée.
4. a. Sépulvéda est calme et rigoureux dans son argu-  Point de vue de Las Casas : les colonisés sont victimes
mentation = il commence une lecture faite à voix plate, de l’orgueil des Occidentaux = Le reste, nous l’effaçons,
comme un compte rendu précis, indiscutable (l. 36-37) nous le détruisons à jamais, pour dire ensuite : ça n’a
+ logique de l’argumentation = D’abord (l. 7), En pas existé ! (l. 22-23) + nous avons tout fait pour les y
revanche (l. 8), d’ailleurs (l. 11), Car (l. 30), Je ne reviens encourager ! (l. 62).
pas sur (l. 41), J’ajoute qu’ (l. 45), Par exemple (l. 49) ; Les deux hommes défendent les colonisés mais leurs
Las Casas est emporté et en colère = phrases exclama- points de vue sont différents car opposés : Orou raconte
tives (l. 13-23, 59, 62) et interrogatives (l. 51-53, 55-57, son expérience de l’intérieur alors que Las Casas porte
62-67) + vocabulaire péjoratif : on nous chante une un regard extérieur, distant mais humaniste sur le
vieille chanson (l. 13), nous l’effaçons, nous le détrui- peuple colonisé.
sons à jamais (l. 22).
Prolongement : regarder le film de François Truffaut,
b. Informations complémentaires du narrateur :
L’Enfant sauvage (1970), et comparer la vision qu’il
− sur le caractère de Sépulvéda, rigoureux et sûr de
donne du sauvage en s’interrogeant sur la question
lui = avec la même fermeté (l. 1), il a préparé tout un
de la nature humaine et de l’inhumanité.
dossier (l. 6) ;
− sur les paroles du cardinal présentées sous la forme
d’un discours indirect car il n’est qu’un observateur du
débat (l. 24-29). ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
5. Le légat est l’arbitre neutre qui : D. Diderot, Supplément au voyage
− demande des informations = Cette affirmation de Bougainville ➜ p. 103
demande des preuves (l. 4) ;
Objectif : Étudier comment un dialogue
− fait preuve de mesure et de conscience = un ter- philosophique traite de façon directe et originale
rain de discussion des plus délicats, où nous risquons le thème de la colonisation.
d’être constamment ensorcelés par l’habitude (l. 26-27)
+ Certains d’entre eux, oui sans doute […]. Encore qu’il
soit malaisé (l. 32-33) ;

62
PISTES D’ANALYSE nature et les besoins de la procréation. Pays heureux
mais pas utopique car il n’est pas idéal : Prendre le
1. Autour du récit de voyage froc du pays où l’on va, et garder celui du pays où l’on
Récit de voyage = carnet de bord tenu par les explora- est (p. 96).
teurs pour rendre compte des étapes et des découvertes
de leurs voyages. 3. Un dialogue philosophique ?
 Supplément : Fonctions du dialogue =
− chapitres I et V = dialogue entre deux personnages, − éviter d’imposer une pensée dogmatique et laisser
A et B, qui portent un jugement sur Bougainville, son le débat ouvert ;
caractère, son voyage et son ouvrage ; − apporter du dynamisme afin de rendre le débat plus
− chapitre II = confession du vieux Tahitien qui est moins vivant et captivant.
l’occasion de décrire les modes de vie des Tahitiens que Définition du dialogue philosophique : hérité de
de critiquer la violence des Européens à leur égard ; Socrate, qui, par un jeu de questions-réponses, aidait
− chapitres III et IV = dialogue entre Orou, le Tahitien, ses interlocuteurs à accéder à leur propre vérité, c’est
et l’aumônier, qui accompagnait Bougainville, princi- un genre argumentatif dans lequel deux ou plusieurs
palement sur la question de la procréation ; interlocuteurs avancent des arguments sur un sujet qui
− chapitre V = dialogue entre A et B sur toutes les ques- fait débat.
tions posées par la lecture de l’ouvrage, dimension plus Supplément :
philosophique que géographique ou ethnologique. − dialogue entre A et B = dialogue ouvert sur les popu-
Forme du dialogue + parole laissée au peuple tahi- lations étrangères et leurs mœurs (p. 33-35) + dialogue
tien dans le but de critiquer l’attitude et les institutions sur les codes auxquels l’homme européen est assu-
des Européens incarnés par Bougainville, rédacteur du jetti (chapitre V) : ordonner, c’est toujours se rendre le
récit de voyage à la base de l’ensemble. maître des autres en les gênant (p. 93). La lecture du
Supplément est l’occasion pour les deux interlocuteurs
2. Le Supplément et l’utopie de s’interroger sur la société occidentale ;
Mot créé par l’Anglais Thomas More qui en fait le titre − dialogue entre Orou et l’aumônier = dialogue argu-
de son récit de voyage imaginaire dans une île idéa- mentatif et didactique dans lequel le Tahitien tente de
lement gouvernée, Utopia (1518). Deux étymologies démontrer à l’Européen que ses mœurs sont plus natu-
grecques possibles : u-topos = le pays qui n’existe pas relles et justes. But de ce dialogue = présenter un autre
ou eu-topos = le pays heureux. mode de civilisation tout en remettant en question la
Supplément : supériorité et les préjugés des Européens.
− bonheur du peuple tahitien dans la procréation libre Le Supplément relève bien du dialogue philo-
et spontanée = Ils pensent que le moment d’enrichir la sophique.
nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, et ils
s’en glorifient (p. 45) ; 4. Des thèmes audacieux :
− liberté du peuple Tahitien non soumis à une auto- − violence injuste des Européens à l’égard des Tahitiens
rité divine ou sociale, il ne connaît ni les magistrats dans le discours du vieillard (p. 40-47) ;
ni Dieu = Je ne sais ce que c’est que ton grand ouvrier, − Dieu, la religion, les prêtres et les magistrats consi-
mais je me réjouis qu’il n’ait point parlé à nos pères, dérés par Orou comme des moyens d’oppression, pri-
et je souhaite qu’il ne parle point à nos enfants, car il vant l’homme de toute liberté de pensée et d’action
pourrait par hasard leur dire les mêmes sottises, et ils (p. 54-60) ;
feraient peut-être celle de les croire (p. 59) ; − adultère autorisé à Tahiti et aveu de l’aumônier de sa
− population robuste, privilégiant les qualités du pratique tacite en Occident (p. 60-62) ;
sang =Tu dois concevoir quel prix nous attachons à − inceste pratiqué à Tahiti, ce qui choque l’aumônier
la santé, à la beauté, à la force, à l’industrie, au cou- (p. 73-74) ;
rage ; tu dois concevoir comment, sans que nous nous − abstinence des moines remise en question par Orou
en mêlions, les prérogatives du sang doivent s’éterniser (p. 79-80).
parmi nous (p. 72). Leçon philosophique : l’homme doit remettre en
Peuple tahitien libre et heureux, privilégiant la question ses pratiques et accepter la différence comme
un enrichissement.

63
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES Histoire des arts ➜ p. 105
Naissance et évolution du portrait pictural
1. Entraînement à la dissertation
Partie I. Le dialogue permet d’aborder de manière
plus plaisante et plus prudente des sujets délicats. QUESTIONS
1er §. Des œuvres qui abordent des sujets graves 1. Lumière vient du haut à gauche = illumine le visage
avec beaucoup de naturel et de vivacité. de Rousseau qui brille, et donne une teinte plus claire
Ex. : Supplément = dialogue philosophique comme aux cheveux sur le front gauche.
procédé de vulgarisation, lecture agréable pour Barbe naissante visible sur les joues du modèle grâce à
amener insensiblement le lecteur à se poser des la technique du pastel dont l’application brossée permet
questions qui pourraient le rebuter si elles étaient
de tels effets d’ombrage.
abordées dans un essai ou un traité.
Détails psychologiques = regard tendre et complice,
2e §. Des œuvres qui ne négligent pas le recours à
l’humour et l’ironie.
voire malicieux + esquisse de sourire.
Ex. : Supplément = ironie d’Orou qui se moque de 2. Francis Bacon, Autoportrait (1976), huile et pastel sur
la naïveté des Occidentaux ➜ p. 99. toile, musée Cantini de Marseille =
3e §. Une protection contre la censure. − couleurs : blanc, orange, rose, bleu et noir recouvrent
Ex. : Supplément = dialogue fictif, qui délègue à et distinguent plusieurs parties du visage ;
des personnages plus ou moins naïfs le soin de − lignes courbes qui déforment les traits du visage en
défendre des thèses polémiques. Orou, le Tahitien, les étirant ;
réfute l’existence de Dieu et la pertinence des
− traits obliques comme des griffures sur l’œil et la
interdits religieux.
joue + formes ovoïdes ajoutées sur le visage comme
Partie II. Le dialogue permet de rendre une argu-
mentation plus convaincante. des protubérances.
1er §. Des interlocuteurs auxquels le lecteur peut À force de déformations, le visage du peintre se
s’identifier. métamorphose en celui d’un monstre.
Ex. : Supplément = l’aumônier incarne les préjugés
occidentaux et chrétiens du lecteur.
2e §. Le refus du dogmatisme. Exercices d’approfondissement ➜ p. 107
Ex. : Supplément = le dialogue entre A et B sou-
ligne la nécessité de parcourir ensemble l’ouvrage REVOIR
de Bougainville et de garder un rapport raisonné
à la croyance. À la fin du dialogue, mise en doute
de la possibilité de transposer à l’Occident le fonc- 1 Nature de l’homme,
tionnement de Tahiti. nature de la femme
3e §. Un exposé détaillé des thèses en présence. Hésiode, Théogonie
Ex. : Supplément = A n’est présent que pour poser 1. ce mal (l. 9-10), ce piège (l. 13), c’est de celle-là qu’est
des questions et permettre leur approfondissement. sortie la race, l’engeance maudite des femmes (l. 14-16)
expressions très négatives de la femme considérée
2. Lecture expressive
comme l’incarnation du mal sur terre, vision misogyne.
Procédés s’inspirant de l’art du discours étudié en
Seconde : 2. Le caractère maléfique et nuisible, le dégoût de la
− identifier les termes à mettre en valeur ; pauvreté et le goût de l’abondance (l. 16-18).
− respecter les modalités interrogatives et exclamatives 3. Abeille = homme laborieux qui travaille sans relâche
du discours ; pour nourrir et engraisser la femme, représentée par
− mettre le ton pour faire ressortir la dimension polé- l’image négative du bourdon.
mique du texte = hausser la voix lorsque le texte 4. Nature maudite et maléfique = champ lexical du
dénonce et mettre en valeur les phrases ironiques. mal : ce mal (l. 9-10), ce piège (l. 13), l’engeance mau-
dite (l. 15), terrible fléau (l. 16), œuvres de mal (l. 20), le
grand malheur (l. 26), œuvres d’angoisse (l. 27), un mal
(l. 28) la femme nuit au bonheur de l’homme, elle
n’apporte que des malheurs et trompe par sa beauté
qui dissimule un être dangereux et menaçant.
64
APPROFONDIR Univers maritime = topos littéraire pour aborder les
tourments de l’existence.
2 Nature de l’existence humaine 2. Vie = un voyage, une traversée (v. 6) qui suppose des
J. Vallée des Barreaux, Poésies choisies temps de troubles : oubli, morsure, injustice insensée, /
Glaces et tourbillons (v. 5-6), mais l’espoir en un avenir
1. apparence (v. 1) et sort (v. 2) s’opposent à effort (v. 3)
meilleur et serein fait de beauté et de grandeur : abîme
et consistance (v. 4) l’homme n’est que l’objet de la
de splendeur (v. 4), l’arbre de grandeur (v. 7), Cet arbre
providence, il n’est pas maître de sa vie.
est le plus beau de la terre promise (v. 8), tout trésor
2. Image du sommeil = champ lexical du sommeil : dor- scellé du cachet précieux (v. 11), sa gloire est certaine
mir (v. 5), sommeil (v. 7, 8), rêve (v. 9), lit (v. 9), rêver (v. 12), fécondes ondées (v. 17).
(v. 9), songe (v. 14), nuit (v. 14) l’homme s’illusionne Titre, La bouteille à la mer = métaphore à la fois de
en croyant qu’il mène sa vie, il n’est rien sur terre, et l’œuvre poétique (v. 20), et de la vie, ballottée par
sa vie est vaine. les flots et errant au gré de la volonté divine et de la
3. Poème argumentatif construit sur : Providence, tout comme la vie est faite de moments
● des antithèses = monte (v. 3)  descend (v. 3), veiller difficiles mais guidée vers le bonheur.
(v. 5)  dormir (v. 5), Espérer (v. 10)  craindre (v. 10), 3. Juste (v. 3), Bien (v. 3), Art (v. 4), Penseurs (v. 9),
Travailler avec peine (v. 12)  travailler sans fruit (v. 12) ; Capitaine (v. 13), Dieu (v. 14-15) = allégories permettant
● une progression logique :
à l’image de se développer. L’Art est un abîme, le Juste
− 1er quatrain : thèse de l’auteur selon lequel l’homme une source, etc.
n’a pas de prise sur sa vie qui n’est qu’une vaine appa-
4. gloire à la découverte (v. 1), source à peine entr’ou-
rence (v. 1),
verte (v. 3), Art inépuisable (v. 4), abîme de splendeur
− 2e quatrain : argument = la vie est liée au sommeil,
(v. 4), Sur la pierre des morts croît l’arbre de grandeur
parallélisme (v. 5, 8),
(v. 7), sa gloire est certaine (v. 12), Dieu la prendra du
− 1er tercet et vers 12 : même idée que tout n’est qu’un
doigt pour la conduire au port (v. 21) termes souli-
rêve, accumulation de verbes à l’infinitif : rêver (v. 9),
gnant à la fois l’ouverture positive, l’épanouissement
Espérer (v. 10), craindre (v. 10), Passer (v. 11), repasser
et la certitude en un avenir meilleur.
(v. 11), Travailler (v. 12),
− vers 13 et 14 : réitération de la thèse sous forme d’une
question / réponse ; ÉCRIRE
● une adresse directe aux lecteurs par un rappel de

la condition de l’homme = apostrophe Mortels (v. 13) 4 L’autre monde


+ emploi de la première personne : Le dirais-je (v. 13) ; S. de Cyrano de Bergerac,
● une question finale, rhétorique : la réponse était L’Autre Monde ou les États et Empires de la Lune
contenue dans tous les vers précédents mais permet 1. une lucarne du ciel par où l’on entrevoyait la gloire
une dernière réaffirmation de la thèse de l’auteur. des bienheureux (l. 7-8), la platine où Diane dresse les
4. Message = s’interroger sur la vie en faisant relati- rabats d’Apollon (l. 9-10), le soleil lui-même, qui s’étant
viser au lecteur son influence sur celle-ci. Il veut faire au soir dépouillé de ses rayons regardait par un trou ce
prendre conscience à l’homme de la vanité de l’exis- qu’on faisait au monde quand il n’y était plus (l. 11-13)
tence en le forçant à s’interroger = Mortels, qu’est-ce = burlesque par le décalage entre le sujet astronomique
que cette vie ? (v. 13). sérieux, et la manière légère, voire grossière, d’en par-
ler en réduisant la Lune à une simple lucarne (l. 7), en
ravalant les figures mythologiques à des personnages
3 La confiance dans la nature humaine
A. de Vigny, Les Destinées, « La bouteille à la mer »
triviaux : Diane nettoie les vêtements de son frère, et le
soleil est personnifié en voyeuriste.
1. Image de la mer = source (v. 3), Glaces et tourbillons Irrévérence libertine dans le traitement de la dimen-
de notre traversée (v. 6), phare (v. 9), Voguez (v. 10), flots
sion sacrée et divine.
(v. 10), surnager (v. 12), Capitaine (v. 13), mer (v. 20),
port (v. 21). 2. a. la lune est un monde comme celui-ci, à qui le nôtre
sert de lune (l. 17-18) = chiasme.

65
b. Remise en question de l’hypothèse anthropocen- 5. Écriture
triste ; l’homme n’est pas le centre de l’univers puisque L’auteur mêle le rire et le sérieux pour renforcer son
la lune serait elle aussi un monde habité + image argumentation.
baroque du monde inversé. − 1er §. Le cadre est fictif et imaginaire, les personnages
3. Amis = discours indirect et fantaisiste  narrateur semblent en proie à une certaine ivresse = défrayèrent
= discours direct et sérieux le narrateur se démarque (l. 5), Les yeux noyés (l. 6), ce qui libère la fantaisie et
en proposant des hypothèses plus scientifiques avec le l’imagination dans une réflexion d’abord sérieuse et
recours de noms de scientifiques reconnus : Pythagore philosophique = le narrateur soutient que la terre n’est
et Copernic défendent l’héliocentrisme, Épicure, pas le seul monde habité (relativité humaine).
Démocrite et Képler, l’idée selon laquelle il existerait − 2e §. Les hypothèses fantaisistes des amis font ressortir
d’autres mondes habités (arguments d’autorité). par contraste la légitimité des hypothèses du narrateur
4. Rire d’incompréhension de ceux qui restent figés appuyées par des références à des scientifiques connus
dans la pensée traditionnelle et refusent de remettre (arguments d’autorité, l. 23-25).
en question le fondement de la pensée chrétienne selon − 3e §. Le rire des amis souligne leur incompréhen-
laquelle l’homme est au centre du monde. sion autant que leur refus de remettre en question leur
vision du monde ridiculisés ; thèse du narrateur ren-
forcée : il faut voir le monde autrement.

66
Prolongements

Textes et documents ● J.-B. S. Chardin, Le Bénédicité (1740), huile sur


● Montaigne, Essais, livre I, chapitre 26, « De toile, musée du Louvre : sensibilité d’un peintre qui
l’institution des enfants » (1580-1588-1592) : la a fait entrer l’enfant simple et bourgeois dans le
question de l’éducation envisagée sous l’angle monde de l’art.
humaniste.
Activités
● J. Swift, Voyages de Gulliver (1721) : œuvre fictive ● Écriture d’invention
considérant la relativité de la nature humaine.
Complétez le texte de J.-C. Carrière ➜ p. 101, en fai-
● A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1947) : sant parler intérieurement le légat. Votre discours
image poétique de l’homme noir ayant survécu à développera des impressions et des arguments
l’esclavage et rejetant la culture européenne. conformes aux indications du narrateur dans le
texte initial.
Texte du DVD-Rom
● Commentaire
J. de La Bruyère, Les Caractères, « Des Grands », L :
Faites le commentaire du texte de Fénelon ➜ p. 94,
« Pamphile » (1688) : portrait d’un homme qui veut
en mettant l’accent sur la défense de la cause des
à tout prix être un grand homme, dans un texte
femmes.
classique mariant perspective critique et dimension
ludique. ● Lecture cursive
Montesquieu, Lettres persanes (1721) : réflexion cri-
Images fixes  tique sur la société française et la nature humaine
● J.-B. S. Chardin, La Bonne Éducation (1753), huile à partir d’un regard étranger.
sur toile, collection privée : représentation de l’édu- a. Quels thèmes font l’objet d’une critique de la part
cation des filles. des personnages ?
● L. Métivet, Le Rire, Civilisation ! (1847), première b. Quels procédés rhétoriques et stylistiques sont
page du journal : image humoristique sur le thème utilisés pour rendre ces critiques efficaces ?
de l’altérité comparant un sauvage et une femme c. Quel est l’intérêt pour l’auteur de recourir à un
occidentale. regard distancié pour argumenter ?
● A. Rodin, Le Penseur (1880-1885), bronze, musée d. Citez d’autres œuvres argumentatives qui ont
Rodin, Paris : célèbre représentation d’un homme recours au même principe du regard distancié pour
illustrant la condition humaine. fonder leur critique.
Images du DVD-Rom
● M. Quentin de La Tour, Portrait de la marquise de
Pompadour (1755), pastel, musée du Louvre : figure
essentielle du siècle des Lumières dans la subtilité
du pastel.

67
SÉQUENCE 5
Voyage et formation
➜ Livre de l’élève, p. 109

qui se plie à tout et un goût qui accepte tout (l. 12).


Texte 1
T M. de Montaigne,
5. a. Ton polémique : termes à connotation péjorative
Essais ➜ p. 110
(honte, sotte, l. 23 ; s’effaroucher, l. 24 ; taciturne, peu
Objectif : Analyser un texte argumentatif humaniste
communicative, l. 32) jugement négatif de l’auteur
sur le thème du voyage.
sur ses compatriotes qui va jusqu’à la satire avec une
phrase soulignant le paradoxe de ces voyageurs peu
LECTURE ANALYTIQUE ouverts : La plupart d’entre eux ne partent en voyage
que pour faire le retour (l. 30-31).
Première lecture
b. Attitude des voyageurs français : imbus d’eux-mêmes
1. 1er § : les chemins du hasard. Attiré par les surprises métaphore : enivrés de cette sotte manie (l. 23) ; inca-
et jamais déçu, Montaigne ne suit pas un chemin pables d’aller vers les autres s’effaroucher (l. 24)
déterminé. = mouvement de recul comme un animal ; attachement
2e § : les plaisirs de la découverte et de l’exotisme. à leur pays répétition : ils sont hors de (l. 24-25).
3e § : la sottise de voyageurs français qui se replient Attitude de Montaigne : sur un pied d’égalité avec les
sur eux-mêmes. étrangers verbe valoir (l. 51) ; désir d’aller vers les
4e § : les bienfaits de la rencontre avec d’autres milieux gens verbes d’action : je cherche (l. 46), j’aborde,
sociaux. j’observe (l. 48) ; détaché des coutumes françaises
5e § : la recherche du contact avec les étrangers. hyperbole : fatigué de nos façons de vivre (l. 44).
Aspects du voyage : la découverte en toute liberté
6. Raisonnement par analogie : me rappelle, dans un
des lieux (1er §), des coutumes (2e et 3e §) et des gens
domaine semblable (l. 34).
(4e et 5e §).
7. homme mêlé = capable de sortir de son milieu d’ori-
Mise au point gine, de se mêler aux autres, ouvert d’esprit.
2. arrêtassent et soulageassent (l. 19) : subjonctif impar- Valeurs humanistes : ouverture sur les autres cultures,
fait utilisé dans une proposition subordonnée dépen- enrichissement de soi par la connaissance des autres.
dant d’une principale au conditionnel présent (aurais 8. Qualités : capacité à quitter les sentiers battus
besoin, l. 18). (l. 9-10), refus du confort et des habitudes (l. 21-22),
curiosité, goût de l’échange (l. 46-48).
Analyse
3. à droite, à gauche (l. 2), derrière moi (l. 6), à l’endroit Question de synthèse
où je vais (l. 8) : impression d’un cheminement acci- 9. Récit autobiographique :
denté et contradiction ; en fait, conception d’un voyage – emploi de la 1re personne (Moi, je, l. 1…) qui renvoie à
libre, sans a priori. Montaigne lui-même comme il l’annonce dans son avis
4. des assiettes d’étain, de bois ou de terre cuite, du « Au lecteur » : c’est moi que je peins ; souvenirs de ses
bouilli ou du rôti, du beurre ou de l’huile de noix ou voyages (Quand je me suis trouvé ailleurs qu’en France,
d’olive, du chaud ou du froid (l. 15-17) : plaisir dans la l. 20), partage de ses impressions et sentiments (j’ai
variété des plats, représentatifs des coutumes d’un appris que ce qu’on disait n’y est pas, l. 10-11) ;
pays, avec des effets d’antithèses qui se recoupent avec – valeur d’enseignement : refus du récit continu,
les différences sociales, comme les assiettes d’étain qui rédaction fondée sur les expériences de toute une vie,
évoquent la bourgeoisie alors que les assiettes de bois présence d’une sentence à portée universelle (Chaque
ou de terre cuite rappellent les paysans et les petits arti- usage a sa raison [d’être], l. 14).
sans. Montaigne a donc bien une constitution physique

68
Pour aller plus loin QUESTIONS
10. Recherche 1. a. objet = objectif.
Vanité = sans valeur. Référence à L’Ecclésiaste : vanitas b. Motivations diverses du voyage : philosophie (l. 3),
vanitatum, et omnia vanitas (vanité des vanités, et tout intérêt (l. 4), commerce et arts (l. 6), le tout pour le profit
est vanité). Montaigne présente le voyage comme une matériel ou intellectuel.
prise de conscience de la vanité de chacun, puisque 2. Métaphore effroyable de la consommation du sang
l’on découvre la nouveauté (la vanité de ses valeurs) humain (l. 25) pour évoquer les échanges humains en
et la fragilité de la vie à travers le déplacement qui ville, annoncés par l’image anthropophagique manger
équivaut à la fuite du temps, à la prise de conscience des hommes (l. 21).
de sa petitesse, de sa relativité.
3. a. Pour Rousseau, les savants voyagent par inté-
11. Écriture d’invention rêt : on les dépêche, on les défraye, on les paye (l. 31)
Contraintes de cette transposition : parallélisme : ils sont payés par la cour, et se
– époque actuelle ; déplacent non pour apprendre, mais pour instruire,
– genre de l’essai ; c’est-à-dire dans le but de montrer leur savoir contre
– thème du voyage ; rétribution.
– niveau de langue soutenu ; b. ostentation (l. 36) connotation péjorative : savants
– structure : expérience personnelle / critique / analogie / = êtres finalement superficiels.
conclusion.
4. Il modifie le COD de l’expression populaire voir
Proposition de début de rédaction : du pays voir des peuples (l. 38-39). La dernière
À l’heure où les GPS se montent en série sur
phrase du § des lignes 38 à 43 montre que l’homme
les voitures avec leurs écrans tactiles et leur voix
qui se contente de voir du pays n’est qu’un enfant car
personnalisée, je roule avec ma vieille carte routière
sur les genoux. Un panneau d’interdiction de tour- L’homme doit commencer par observer ses semblables
ner à droite ? Je tourne à gauche, et me voilà dans (l. 41-42).
une ruelle pittoresque où les maisons à colombages 5. Il oppose les jeunes gens mal élevés et mal conduits
me transportent dans le vieux Lille. Un piéton sou- (l. 53) et ceux qui sont heureusement nés, ceux dont on
haite-t-il traverser en dehors du passage clouté ? Je a bien cultivé le bon naturel (l. 55-56). Argument = le
m’arrête, je le laisse passer d’un geste de la main, voyage forge la personnalité, il pousse le jeune homme
le sourire aux lèvres, et j’en profite pour admirer
vers son penchant naturel (l. 51-52) voyage profitable
les façades, les portes cochères et autres ornements
pour un public limité.
architecturaux. Mon appareil photo numérique
reste finalement dans sa pochette ; qui pourrait
Idéal = fixer un objectif précis au voyage.
m’aider à immortaliser ces détails remarquables, 6. Répétition du verbe voyager : inanité du voyage
si ce n’est mon œil curieux, attentif au spectacle pour lui-même (l. 63), mais voyager après avoir défini
renouvelé de la ville ? le champ précis du savoir que l’on veut développer est
Prolongement : étude du tableau de V. Campi l’idéal (l. 65-67) = conception moderne de l’instruction,
➜ p. 111.  éloignée de l’appétit d’éducation humaniste universelle
– Quel paragraphe du texte est illustré dans ce de Montaigne ou Rabelais.
tableau ?
Vis-à-vis : Montaigne et Rousseau
– Dans quelle mesure le choix de la ricotta est-il
important ? 7. Le sentiment de supériorité du voyageur est dénoncé
– En quoi le regard des quatre personnages est-il par les deux auteurs : la contagion d’un air inconnu
intéressant par rapport au texte de Montaigne ? (Montaigne, l. 33) le pays étranger est considéré
comme malsain par cette métaphore qui vise les voya-
geurs imbus de leur culture ; ce n’est jamais pour étu-
J.-J. Rousseau, Émile dier les hommes, c’est pour les instruire (Rousseau,
Texte 1
D’UN
À L’AUTRE l. 35) accumulation des présentatifs = sentiment
ou De l’éducation ➜ p. 112
orgueilleux de supériorité du savant voyageur.
Objectif : Étudier un traité éducatif des Lumières
8. Montaigne revendique le vagabondage comme
abordant la question du voyage.
source de plaisir : Je ne trace [à l’avance] aucune ligne

69
déterminée (l. 7). Manière de se laisser surprendre champs lexicaux de la douleur (abandonnons, fuyons,
par le hasard, de quitter les sentiers battus, d’agir en l. 10 ; déplora, pathétique, l. 23 ; fugitives, l. 24) et de
philosophe. l’amour (douces campagnes, notre patrie, l. 10 ; cœurs
Prolongement : le bon sens populaire affirme que les qui l’auraient aimé, l. 27). Bon naturel du personnage.
voyages forment la jeunesse. Dans quelle mesure les b. Si votre pape dit qu’il est le maître de vos draps et de
écrivains défendent-ils cet adage ? Réfléchir à partir vos fabriques, vous faites très bien de ne pas le recon-
des textes de cette séquence. naître (l. 19-20) le pape de l’époque (Innocent XI)
est implicitement accusé de se mêler d’affaires écono-
miques et temporelles qui dépassent sa mission spiri-
tuelle = bon sens dans l’appréhension des fonctions
Texte 2
T Voltaire, L’Ingénu ➜ p. 114
de chacun.
Bon sens peut-être encore plus évident dès la ligne 25
Objectif : Étudier un épisode de voyage formateur
dans un conte philosophique. avec un argument de valeur du Huron : comment le roi
peut-il ainsi faire absurdement souffrir son peuple ?

LECTURE ANALYTIQUE
7. a. À partir de la ligne 28, thèse émise par le petit
homme noir (l. 21) : le malheur des protestants est lié
Première lecture à la révocation de l’édit de Nantes, elle-même le fruit
1. Il rencontre des protestants (l. 6) dont un petit homme d’une influence que subit le roi. Donc, pas seulement
noir (l. 21) = périphrase pour le pasteur. un constat, mais une dénonciation à peine implicite des
courtisans, ministres ou hommes de loi (les parlements)
2. La cause des malheurs des protestants est la révo- qui ont nourri le retour de la lutte contre les protes-
cation de l’édit de Nantes (l. 22) et les mauvaises
tants : C’est qu’on l’a trompé comme les autres grands
influences subies par le roi trop naïf (l. 28).
rois […] On lui a fait croire (l. 28-29).
Mise au point b. Le roi, manipulé par ses conseillers, a choisi de
condamner une partie des forces vives françaises.
3. Conditionnel = doute de la part de l’Ingénu, incom-
préhension. Question de synthèse
Analyse 8. Voltaire utilise ce regard de manière ironique :
– franchise du Huron qui aborde les sujets brûlants dès
4. a. L’Ingénu qui ne savait pas le latin (l. 9) : il ne s’agit
son arrivée (l. 5) ;
pas d’une simple phrase latine, mais d’un passage très
– curiosité : questions (l. 11, 13, 14, 17, 21) ;
connu des Bucoliques de Virgile (I, v. 3). L’Ingénu ne
– décalage entre les centres d’intérêt de l’Ingénu et
possède pas la culture humaniste de l’époque.
ceux des protestants (l. 13-14) ;
b. Vous n’avez donc point de marraines que vous vouliez
– vision naïve de la réalité : périphrase pour le pasteur
épouser ? (l. 13-14) l’Ingénu reste centré sur sa propre
(l. 21), considération logique sur le roi qui devrait pro-
quête, son mariage avec Mlle de Saint Yves (cf. introduc-
téger son peuple, composé de forces vives (l. 25-27).
tion). Et tous ses propos sont marqués par l’interroga-
tion (l. 11, 13-14, 17, 20-21, 25-27), signe de curiosité et Pour aller plus loin
de naïveté : pour les rois, c’est leur affaire : de quoi vous
9. Recherche
mêlez-vous ? (l. 20-21).
Louis XIV unifie le royaume en 1685 à Fontainebleau
5. Plusieurs raisons : grâce à cette révocation. Il s’agit de revenir sur l’édit
– on veut que nous reconnaissions le pape (l. 12) de Nantes signé par Henri IV en 1598 et qui autorisait
conviction religieuse ; les protestants à vivre librement leur religion en France,
– ce pape dit qu’il est le maître du domaine des rois mettant un terme aux guerres de religion qui avaient
(l. 16) conviction politique ; ensanglanté le pays. Les raisons de cette révocation :
– la révocation de l’édit de Nantes (l. 22) fin de la – politique : peur du désordre ;
tolérance religieuse ressentie comme une injustice. – personnelle : influence de Mme de Maintenon, sa maî-
Ils défendent leur religion et leur roi. tresse, du père La Chaise, son confesseur, de Louvois, le
6. a. Émotion de l’Ingénu : il versa des larmes (l. 25) ministre de la guerre, tous fervents catholiques ;
ton pathétique qui entraîne la pitié du lecteur par les – historique : fin de la guerre de Hollande (1672-1679) ;
70
– religieuse : combat contre le protestantisme qui rede-
vient ainsi une hérésie pour mieux s’entendre avec le Texte 2
D’UN A. Gide,
À L’AUTRE

pape Innocent XI. Retour de l’URSS ➜ p. 116


Fin officielle du protestantisme en France : exil des Objectif : Découvrir la vision lucide et critique
pasteurs, culte interdit, temples détruits, enfants élevés d’un système totalitaire.
dans la religion catholique. Dans le texte de Voltaire,
ville de Saumur désertée (l. 2-3), fuite de cinquante QUESTIONS
mille familles (l. 23-24), conversion de force de cin-
1. Les dysfonctionnements du système soviétique :
quante mille autres (l. 24).
– encore tôt (l. 3) : la queue devant le magasin ;
N.B. : Saumur, comme La Rochelle et de nombreuses
– Trois quarts d’heure plus tard […] la même foule (l. 4) ;
autres villes de l’Ouest, étaient des villes huguenotes.
– Quelques heures plus tard (l. 13-17) : l’attente intermi-
10. Commentaire nable dans le magasin ;
Plan détaillé : – Fendant la foule… (l. 21 et suivantes) : constat de la
Partie I. Un récit alerte mauvaise qualité des marchandises.
1er §. Un cadre spatio-temporel réaliste. Surprise liée à l’état d’esprit des Russes qui, fata-
Ex. : cadre réel de Saumur, et contexte historique listes, semblent prendre plaisir à attendre (l. 20) et
précis (révocation de l’édit de Nantes). apprécient des nouveautés que Gide juge rebutantes
2e §. Les personnages en présence.
(l. 22).
Ex. : l’Ingénu franc et curieux ; le pasteur polé-
mique. 2. a. et b. Un Russe qui fait la queue surprise (ques-
3e §. La mise en scène d’un événement incompré- tion) et résignation (brièveté de la réponse) avec une
hensible. phrase au présent de vérité générale qui a valeur d’évi-
Ex. : mécanique et emballement irréversible du dence : Les premiers sont les seuls servis (l. 6).
dialogue, du constat de la misère à la dénonciation 3. Rôle d’exemple : l’écart entre l’offre et la demande
de la tyrannie royale.
est rendu concret par l’opposition entre le nombre de
Partie II. Une réflexion philosophique
coussins, peut-être quatre ou cinq cents objets (l. 8-9),
1er §. Une critique du roi et du pape.
Ex. : alternance des discours direct et indirect, mais
et celui des clients présenté dans une gradation : huit
surtout des propos directs avec des interrogations cents, mille ou quinze cents amateurs (l. 9-10).
et des exclamations. 4. a. Un chiasme : il semble prendre plaisir à attendre,
2e §. Une ruse pour éviter la censure. et vous fait attendre à plaisir (l. 20) plaisir et attente
Ex. : expressions naïves d’un étranger qui découvre sont associés de manière paradoxale et envisagés
tout et le dénonce en toute simplicité logique. comme un trait culturel distinctif, exotique.
3e §. Une manière de toucher le lecteur. b. on (l. 7, 17, 18, 19, 26) = généralisation effet
Ex. : registre pathétique des propos du pasteur
d’étrangeté d’une masse anonyme et oppressante qui
+ données chiffrées rappelant les dégâts démogra-
subit passivement un système collectif.
phiques et économiques de la révocation.
Conclusion : le mot « conte » perd totalement 5. rebutantes (l. 22), inattrayants (l. 23), affreux (l. 26),
ici ses aspects merveilleux pour une narration polé- laides (l. 32) connotation négative, jugement esthé-
mique relayée par un dialogue vif et audacieux. tique.
Exception : récentes fournitures fort plaisantes et rassu-
Prolongement : comparer ce texte avec l’article
rantes (l. 28-29) petite amélioration laissant envisa-
« Réfugiés » de l’Encyclopédie (1751-1772), et en
ger un avenir économiquement plus serein.
déduire quelle est l’argumentation la plus efficace
pour défendre la cause des protestants. 6. Admiration pour :
– le calme et la patience des Russes (l. 2-3, 15, 17) ;
– leur grand nombre (l. 2, 4, 9-10, 14, 21).
Critique de :
– l’insuffisance des marchandises (l. 12) ;
– la qualité des marchandises (l. 22, 23, 26, 32) espoir
en l’avenir avec le futur (l. 33-35).

71
Ambiguïté de phrases qui peuvent être prises pour de – Le bailli : officier de justice qui interroge l’Ingénu ;
l’ironie, ou pour une certaine compassion, tel l’argu- impitoyable.
ment par l’analogie : les peuples de l’URSS semblent Le style et les codes du conte = merveilleux :
s’éprendre de toutes les nouveautés proposées, même – histoire de saint Dunstan : montagne qui sert de
de celles qui paraissent laides à nos yeux d’Occidentaux moyen de transport, puis personnifiée court récit
(l. 31-33). introductif à fonction généalogique (le saint fonde
l’abbaye des Kerkabon), mais façon d’indiquer qu’il
Vis-à-vis : Voltaire et Gide s’agit d’un conte ;
7. Fonction critique de l’observation : – heureux hasard de la rencontre : promenade des per-
– observation dialogue entre les deux personnages sonnages au moment du débarquement des Anglais ;
= délibération chez Voltaire ; – mise en valeur du personnage principal, en quête de
– expérience personnelle et sensorielle de la foule russe son identité.
= persuasion dans le texte de Gide.
8. Valorisation : voyage = prise de conscience de la réa- 2. L’influence du roman sensible
lité par un contact direct avec la population (Voltaire, – Thème de la mort de la femme aimée : Mlle de Saint
l. 6-7 ; Gide, l. 5-6) compréhension intime du pays Yves est morte, son corps est exposé à la porte de la
traversé, visité. maison, le spectacle de la mort // Julie d’Étanges meurt
auprès de ses parents ; son mari, M. de Wolmar, décrit
Prolongement : rechercher quels écrivains français ce mortel spectacle (Rousseau, La Nouvelle Héloïse,
du XXe siècle se sont également engagés dans le lettre XII, partie VI).
communisme et ont eux aussi effectué un voyage en – Entourage réuni auprès de la défunte : amis, parents,
URSS. Choisissez-en un : quelle leçon tire-t-il de son ministre, dans chaque œuvre.
expérience ? Rapprochement possible avec Sartre, Les – Registre pathétique : repentir de Saint Pouange : « J’ai
Mains sales, critique du parti communiste ➜ p. 258. fait votre malheur, j’emploierai ma vie à le réparer » /
Prise de conscience de son amour par Claire, la meil-
leure amie de Julie : J’ai eu de l’amour pour vous, je
l’avoue ; peut-être en ai-je encore, peut-être en aurai-je
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
toujours (lettre XIII, partie VI).
Voltaire, L’Ingénu ➜ p. 118
– Progression dramatique : chaque héroïne assume sa
Objectif : Étudier la manière dont un récit fictif mort comme une fatalité. Mlle de Saint Yves reste très
peut développer une vision satirique et des idées calme // Julie fait ses adieux à ses enfants dans une
audacieuses. chambre entièrement rangée, à la grande surprise de
son mari.
PISTES D’ANALYSE
3. Le mythe du bon sauvage
1. Le système des personnages a. Huron = Indien du Canada. Curiosité des autres per-
– L’abbé de Kerkabon : nom breton, célibataire en rai- sonnages (repas, ch. I) et bienveillance (ch. III) avec
son de son statut d’abbé mais des aventures soulignées l’idée de le sauver de son ignorance.
avec humour (aimé de ses voisins, après l’avoir été Considéré comme un bon sauvage : tenue exotique
autrefois de ses voisines), âgé, aucun élément sur son (tresses, nu-tête, pourpoint), gentillesse, bon sens,
physique, apprécié des gens, sympathique et humble. mais trompe-l’œil car découverte de sa filiation avec
– Mlle de Kerkabon : vieille fille, sœur de l’abbé, petite les Kerkabon, yeux clairs (ch. II).
et bonne vivante (courte et ronde), encore fraîche, facile b. Regard naïf et critique de l’étranger :
à vivre, croyante. – critique de la religion catholique (éducation et rites :
– Le Huron : d’origine canadienne, jeune, célibataire, baptême, mariage…) : ch. III, IV ;
homme attirant, air martial et doux. – dénonciation de l’intolérance religieuse (contre les
– L’abbé de Saint Yves : personnage-prétexte ; présente protestants : dialogue avec l’homme en noir à Saumur ;
sa sœur. contre les jansénistes : dialogues avec Gordon, en
– Mlle de Saint Yves : sœur de l’abbé, très jolie, très prison à la Bastille) : ch. VIII, XI, XII, XIV ;
bien élevée. – critique du pouvoir royal : ch. VIII.
72
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES Analyse E. Fromentin,
d’image Halte de cavaliers arabes
1. Entraînement à l’écriture d’invention dans la forêt ➜ p. 119
Contraintes du sujet :
– transposition en texte théâtral : répliques et didas- Objectif : Étudier les caractéristiques chromatiques
calies ; et thématiques d’un tableau orientaliste.
– registre pathétique ;
– cadre spatio-temporel décor présenté au début QUESTIONS
de la scène.
Première approche
Proposition de début de rédaction :
Scène XX – Abbé de Kerkabon, M de Kerkabon,
lle 1. Paysage champêtre : arbres, sol, ciel bleu nuageux.
Ingénu, Gordon, abbé de Saint Yves, Saint Pouange, Orient : sol aride, puissance de la lumière aveuglante.
dévote de Versailles, quelques voisins, deux prêtres.
Pièce sombre, corps de Mlle de Saint Yves exposé Analyse
dans un cercueil ouvert sur le côté de l’avant-scène. 2. Personnages au repos pour la plupart : étendus ou
Deux prêtres prient autour d’un bénitier. Passants assis près des chevaux, sur le sol.
longeant la scène. Parents en pleurs, Ingénu très Trois cavaliers encore à cheval.
agité, Gordon le plus proche du cercueil. Bruitage Chevaux au même niveau que les hommes, se confon-
pour l’arrivée du carrosse.
dent avec eux en raison de leur robe blanche.
Saint Pouange arrive du côté du cercueil, il passe
en détournant la tête. 3. a. Palette réduite à trois couleurs dominantes : bleu,
DÉVOTE DE VERSAILLES. – Qui va-t-on enterrer ? vert et ocre Fromentin explique que la lumière vive
UN DES PRÊTRES. – Mlle de Saint Yves. du soleil harmonise et atténue les couleurs.
DÉVOTE DE VERSAILLES, pâlissant. – Ah ! b. La couleur ocre de la terre au premier plan avec les
taches vertes qui représentent les touffes d’herbe guide
2. Entraînement au commentaire le regard vers le second plan avec les arbres dont les
Plan détaillé : feuillages restent flous. Arbres = transition avec le fond
Partie I. Un récit comique et le ciel bleu et profond où les nuages blancs font écho
1er §. Une situation comique. aux chevaux et aux hommes.
Ex. : l’Ingénu dans l’eau jusqu’au cou pour être
baptisé, antithèse « Breton » et « Huron». 4. Zone d’ombre au premier plan, à gauche, donne l’im-
2e §. Le comique grivois. pression d’une intrusion dans une clairière, et rend vrai-
Ex. : côté voyeur des femmes avec passage au semblable la présence du peintre occupé à représenter
discours direct et jeux de regards, allusion à les personnages et les chevaux, à l’ombre d’un arbre.
l’eunuque. La lumière se concentre au milieu du tableau : la puis-
3e §. L’échange entre les amoureux. sance de la lumière est telle qu’il devient difficile de
Ex. : anaphore de « baptême », opposition entre cerner les contours des hommes et des chevaux sur le
les « deux paroles » et les actions effectives des sol aspect aveuglant et diffus de la vision.
religieux.
Partie II. Une volonté satirique
5. Critique compréhensible : aspect inachevé percep-
1er §. Le regard naïf de l’Ingénu. tible dans le feuillage des arbres et la confusion entre
Ex. : lecture au premier degré des textes (baptême les costumes des hommes et le sol, comme si le dessin
par immersion et signification du sacrement). n’était pas assez marqué. Tableau en avance sur son
2e §. Une satire de l’Église. temps, époque à laquelle une toile se caractérise par
Ex. : difficulté des religieux à faire entendre raison son souci du dessin, du fini et du modelé.
à l’Ingénu, persuasion de Mlle de Saint Yves. Mais charme de l’œuvre : illusion d’être aveuglé par le
3e §. Des valeurs faussées. soleil, presque comme dans un tableau impressionniste
Ex. : hypocrisie des religieux et des dévotes. (six ans plus tard).
Question de synthèse
6. Exotisme des costumes des cavaliers (turban sur la
tête, haïk ou burnous) et de la manière de monter les
chevaux à cru (sans selle).
73
Pas de réel dépaysement : végétation = feuillus, com- on d’un côté, et de l’autre les autochtones (l. 21) + méta-
muns pour des Européens. Aridité du sol explicable par phore (question 5) = situation d’infériorité, d’incapacité
le passage régulier des chevaux. (On est débile, l. 27).
Prolongement : faire une recherche sur la peinture 7. On est bâillonné. On balbutie, on bégaie (l. 24-25)
orientaliste en sélectionnant une scène de harem allitération en [b] : le voyageur est vu comme
et un tableau de l’histoire ottomane. Deux sources quelqu’un qui baragouine, tel un barbare.
d’information : le site ou le catalogue de l’exposi- 8. Même si elle parle (et écrit) le français, elle se sent
tion L’Orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse une étrangère en France. Comparaison, Ils prendront
(Marseille, Vieille Charité, été 2011). le même air condescendant, légèrement apitoyé mais
en même temps agacé […] que si vous aviez porté à
l’oreille une fourchette chargée de purée ton sarcas-
Texte 3
T N. Huston, tique et peiné = mise en valeur du caractère absurde du
Nord perdu ➜ p. 120 comportement : il est inimaginable pour un Français,
pourtant souvent fâché avec les langues, de laisser
Objectif : Étudier un texte contemporain
commettre une faute de langue.
sur le sentiment d’altérité.
Question de synthèse
LECTURE ANALYTIQUE 9. Art de persuader : appel aux sentiments (question 1),
emploi de la 1re personne, interpellation du lecteur avec
Première lecture
le pronom vous = auteur + lecteur, exemples tirés de
1. Champ lexical de l’angoisse : déstabilisant. Angois- l’expérience personnelle (l. 1-15), procédés rhétoriques
sant. Déboussolant (l. 6-7), La détresse (l. 9), ça qui touchent le lecteur : anaphore du pronom On
m’angoisse (l. 14-15) voyage = changement qui remet (l. 24-27), métaphores…
en cause nos certitudes, nos habitudes.
2. La maîtrise de la langue (l. 16-17) : ne pas comprendre Pour aller plus loin
/ ne pas se faire comprendre métaphore du Mur 10. Recherche
opaque (l. 17) ; l’accent (l. 23). Expression perdre le nord : « se perdre » au sens propre,
mais aussi au sens figuré (la folie) + clin d’œil aux ori-
Mise au point gines de l’auteur (Canada).
3. a. Propos ironiques : N. Huston met à distance l’as- 11. Entraînement à la dissertation
pect soi-disant naturelle de cette réalité linguistique. a. Peut-on associer découverte de soi et découverte
b. La langue maternelle. d’autrui ?
Analyse b. Montaigne, Essais : essai + récit autobiographique ;
Rousseau, Émile ou De l’éducation : essai ; N. Huston,
4. Une concession : D’accord (l. 5) / Mais (l. 6)
Nord perdu : texte de réflexion + expérience person-
admettre rapidement l’intérêt du voyage à l’étranger
nelle ; textes des exercices ➜ p. 126-127.
avant d’en exposer longuement les limites.
c. Arguments :
5. Mur opaque. Être impénétrables (l. 17) impossible – apprendre à mieux se connaître à travers le regard
de voir à travers, de comprendre vraiment. de l’étranger.
6. a. on (l. 17, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27) générali- Ex. : Voltaire, L’Ingénu ➜ p. 114 ;
sation ; « je », comme tout étranger, ressent les mêmes – enrichir son expérience à travers la culture d’autres
troubles, agit de la même manière quand il est seul à pays.
l’étranger. Ex. : Rousseau, Émile ➜ p. 112 ;
Vous (au début du texte, l. 1-4), à la ligne 26, et tout au – s’intéresser uniquement à l’autre pour mieux le
long du dernier § (Vous-même, l. 32) pour créer une cerner.
complicité avec le lecteur : N. Huston, tout comme celui Ex. : Gide, Retour de l’URSS ➜ p. 116 ;
qui la lit, peut expérimenter ce qu’elle évoque. – achever son éducation en se confrontant à l’autre.
b. je (l. 16) et on (l. 17, 19, 20, 22-27) / Ils (l. 17, 18) je et Ex. : Rousseau, Émile ➜ p. 112.

74
Prolongement : rapprocher ce texte d’un extrait de – chez N. Huston : la langue maternelle = élément
l’essai Le Vent Paraclet de M. Tournier (1977) ➜ p. 317. unificateur, perdu au moment de l’exil ;
Dans quelle mesure ce texte est-il le pendant de celui – chez M. Condé : il faut dépasser les apparences de
de N. Huston ? la race possibilité accrue de s’unir par-delà les
différences.
7. Idée d’errance perceptible chez N. Huston par le
Texte 3
D’UN M. Condé, Entretien avec la manque d’assurance lié à l’obstacle de la langue 
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
romancière Elizabeth Nuñez M. Condé pour qui le voyage a toujours un objectif,
➜ p. 121 une motivation (question 2).
Objectif : Étudier un entretien qui conduit Prolongement : sur la base du texte de l’exercice 1
à une réflexion sur les origines. ➜ p. 420 (Le racisme expliqué à ma fille de Tahar
Ben Jelloun), rédiger un paragraphe en imaginant
QUESTIONS le discours de Maryse Condé à une jeune fille noire.
1. Antithèse entre les adjectifs blanc (l. 7), blancs
(l. 9), blanche (l. 13) / noire (l. 11, 12) correspondant à Histoire des arts ➜ p. 124
une ségrégation sociale à la Guadeloupe prise de
conscience tardive de cette différence (l. 15).
Carnets, croquis et voyages
2. France (l. 12), pour ses études de lettres classiques,
QUESTIONS
cf. notice biographique ➜ p. 562 ; Afrique (l. 14), en
Guinée, avec son premier mari en pensant découvrir 1. Les personnages du premier plan à gauche sont
une origine et une histoire communes (l. 17) aux Noirs ; représentés à grands traits, les traits du visage de l’un
États-Unis d’Amérique avec son second mari (l. 34). des trois hommes ne sont pas tracés. Le personnage
central est inachevé et tracé de façon moins nette que
3. 1re idée : les Noirs = un seul peuple (l. 18) avec une
les autres. Plusieurs personnages apparaissent comme
histoire commune liée à l’esclavage (l. 17-18)  réalité :
des ombres ; seules les silhouettes sont perceptibles,
langues, cultures différentes, marquées par la répétition
tel l’homme au chapeau et au manteau, hachuré, au
de la négation (l. 22-26).
premier plan droit.
Accord difficile parce que le « peuple noir » n’existe
pas, et parce que la race, pas le facteur essentiel  la 2. Croquis = dessin d’observation réduit à l’essentiel ;
culture, primordiale (l. 28-29). ébauche = sorte de brouillon ; esquisse = première
étude d’un tableau, elle guide l’artiste. Les trois termes
4. a. Elle est soulignée par Elizabeth Nuñez (l. 31-33) :
évoquent différentes étapes possibles de travail d’éla-
Maryse Condé, Noire, plus proche d’un Blanc britan-
boration d’un tableau (composition, point de vue, plans,
nique que d’un Noir africain question de proximité
couleurs…).
culturelle (l. 31).
b. Sentiments : plus proche (l. 38), compréhension
mutuelle (l. 39), amour (l. 40), sentiments (l. 40).
Exercices d’approfondissement ➜ p. 126
5. « La race n’est pas primordiale » :
– pas d’importance accordée à la couleur dans son
REVOIR
enfance guadeloupéenne : cela me semblait normal
(l. 9-10) ;
– difficulté de se penser descendante d’une même his- 1 Le voyage à pied
toire ; impossibilité de comprendre la vie en Guinée V. Hugo, Le Rhin, lettre XX
(l. 22-30) ; 1. Arguments :
– pas de problème de « race » entre elle et son second – Rien n’est charmant, à mon sens, comme cette façon
mari, blanc et britannique (l. 31-41). de voyager. – À pied ! – (l. 4-5) ;
– On s’appartient, on est libre, on est joyeux ; on est tout
Vis-à-vis : Nancy Huston et Maryse Condé entier et sans partage aux incidents de la route (l. 5-7) ;
6. Découvrir sa différence dans les yeux de l’autre – rien ne gêne, rien ne retient (l. 9-10) ;
quand on part vivre à l’étranger : – On ne voyage pas, on erre (l. 12-13) ;
75
– À chaque pas qu’on fait, il vous vient une idée (l. 13). qui voyagent sans chercher à connaître les lieux, les
2. Chiasme : La marche berce la rêverie ; la rêverie voile gens, les cultures : accoutrement ridicule dont la des-
la fatigue (l. 10-11), et surtout, les nombreuses énumé- cription souligne les matières (coton, l. 21 ; moitié mate-
rations marquées par des anaphores : las, moitié feutre, l. 23-24 ; treillis, l. 25 ; caoutchouc,
– on est libre, on est joyeux, on est tout entier et sans l. 28 ; toile cirée, l. 29) et les couleurs (blanc, l. 21 ; bleu,
partage (l. 5-6) ; l. 25 ; vert, l. 27), l’antithèse des habits des autochtones.
– à la ferme où l’on déjeune, à l’arbre où l’on s’abrite, 4. a. Voyage idéal = sans lettres de recommandation
à l’église où l’on se recueille (l. 7-8) ; (l. 2) liberté de connaître la vie des gens sans inter-
– On part, on s’arrête, on repart (l. 9), etc. médiaire (vêtement, serviteur, drogman…), être proche
Impression d’un mouvement perpétuel réactivé par de la population locale.
les joies de la flânerie et des découvertes. b. Proche de la volonté de Montaigne : apprendre des
3. on inclut le je du 1er § équivalent du pronom nous, autres, accepter les coutumes étrangères et s’y confor-
comme dans la langue orale. mer avec respect et curiosité : un Arabe expansif qui
vous offre cordialement le bouquin de sa longue pipe,
4. il est important pour autrui // il est amusant pour
ou vous fait servir du café (l. 13-15) description mélio-
soi-même fonction argumentative : l’inspiration de
rative de l’autochtone.
l’écrivain passe par son expérience personnelle.
5. Art de persuader : anecdotes (l. 15-24), adresses à
tous grâce au pronom on, phrases exclamatives (l. 5, 3 Voyage et sens de l’existence
J. et J.-M. G. Le Clézio, Gens des nuages
25-33), énumérations (question 2), métaphores pour
valoriser la marche à pied (essaims éclore et bourdon- 1. Voyage de retour, retour sur son enfance : Jemia est la
ner dans son cerveau, l. 14-15)… émotion du lecteur première qui revient, après deux générations d’absence
suscitée par les petits plaisirs de la promenade. (l. 29-30) = retour aux sources de l’histoire familiale.
2. Amélioration des conditions du voyage : il s’est bouffi
APPROFONDIR d’orgueil (l. 3) ; les routes violent les solitudes (l. 4) per-
sonnifications qui soulignent l’impunité du voyageur,
son sentiment de supériorité face à la nature, pour son
2 Voyage et exotisme confort personnel.
G. de Nerval, Le Voyage en Orient, « Les Femmes
du Caire », II – V : « Visite au consul de France » 3. revenir sur ses pas (l. 7), Retrouver la face ancienne
1. Attitude des Européens (gens du monde, l. 4 ; gentle- (l. 8-9) : voyage pour redécouvrir un lieu déjà connu ;
men, l. 9), précisément les Anglais (l. 16), dans les pays verbe comprendre répété (l. 7, 10) = but du voyage.
étrangers (ou leurs colonies) attention portée non 4. 2e § : anaphore de la préposition loin de (l. 14, 15, 16,
sur le voyage mais sur les voyageurs. 17, 18) admiration pour ses parents exilés de cette
2. Touristes engoncés dans leurs habits : ces gentlemen terre où elle revient.
toujours coiffés, bridés, gantés (l. 9)  mœurs libres des 3e § : anaphore du déterminant indéfini chaque (l. 22,
autochtones : un détail curieux, une danse, une cérémo- 23, 24) introduire l’ensemble de ce que voit la voya-
nie (l. 10-11) contraste propre à l’exotisme mais pas geuse de retour, importance des détails.
du tout cultivé par ces touristes qui ne se vêtent pas de
façon confortable et ne se mêlent pas aux locaux, dans ÉCRIRE
un café, dans une taverne (l. 12). G. de Nerval insiste
sur des détails pittoresques conformes à sa vision du 4 Disserter sur le voyage
voyage : un Arabe expansif qui vous offre cordialement
1. Textes sur le voyage :
le bouquin de sa longue pipe, ou vous fait servir du café
– Texte 1 : Montaigne voyager pour connaître des
sur sa porte (l. 13-15).
lieux et des gens différents ; sa propre expérience ;
3. a. Portrait des Anglais (l. 16-34) moyen de transport – D’un texte à l’autre 1 : Rousseau préparer son
ridicule (monté sur un âne, l. 19) ; tenue vestimentaire voyage pour défendre éventuellement son utilité ;
absurde (l. 20-30) ; moyen de défense (un long bâton, – D’un texte à l’autre 2 : Gide voyager pour
l. 31, et deux domestiques). témoigner ;
b. Ton amusé, voire ironique pour se moquer de ceux – Texte 3 : N. Huston voyager pour se découvrir et
76
comprendre à quel point on dépend d’une culture ; En premier lieu, si l’on considère le véritable
– D’un texte à l’autre 3 : M. Condé voyager pour voyageur comme un modèle, il convient de s’in-
mieux se connaître. téresser à sa liberté. En effet, il doit prendre son
temps, celui de regarder, d’admirer, de compa-
2. et 3. Plan détaillé : rer, de changer d’angle de vue. Il ne peut subir
A. Qu’est-ce qu’un voyageur ?
aucune contrainte car « la seule chose qui importe
a. Un homme libre Montaigne, Essais (texte 1) ;
dans le voyage, c’est le temps, pas l’espace, pas
V. Hugo, Le Rhin (exercice 1)
la distance, pas le déplacement. C’est la lenteur
b. Un aventurier Voltaire, L’Ingénu (texte 2) ;
et l’immobilité, pas la course » selon l’écrivain
G. de Nerval, Le Voyage en Orient (exercice 2)
contemporain Hervé Prudhon. C’est ainsi qu’Alain
c. Un homme tolérant, ouvert Nerval ; l’« homme
propose un hymne à la lenteur du voyageur en
mêlé » de Montaigne
évoquant son expérience dans ses Propos sur le
B. Il ressent le besoin de relater son voyage
bonheur. Il évoque par exemple un torrent, et pré-
a. Pour se souvenir Jemia et J.-M. G. Le Clézio
cise sa manière de l’observer, en allant d’un rocher
(exercice 3)
à l’autre. De même, Rousseau ou Hugo défendent
b. Pour apprendre, donner à voir et à comprendre
le voyage à pied qui semble pourtant beaucoup
N. Huston (texte 3)
plus lent que les autres modes de transport. Hugo
c. Pour faire rêver E. Fromentin (image)
va jusqu’à s’exclamer : « Rien n’est charmant,
C. Mais il impose finalement sa propre vision du
à mon sens, comme cette façon de voyager. – À
voyage
pied ! – On s’appartient, on est libre, on est joyeux ;
a. L’auteur-narrateur opère des choix, ne peut pas
on est tout entier et sans partage aux incidents de
tout raconter G. de Nerval, N. Huston…, textes
la route » alors qu’il explique à un ami son périple
où les auteurs utilisent de brèves anecdotes, sans
à pied quelques années plus tôt, de Claye à Paris,
tout raconter
dans la vingtième lettre du recueil intitulé Le Rhin,
b. Il embellit forcément la réalité J.-M. G. Le
et qu’il le compare avec le trajet de Lorch à Bingen
Clézio
qu’il vient d’effectuer en ce mois d’août 1842, soit
c. Il se donne le beau rôle V. Hugo, Le Rhin
dix-neuf kilomètres en une journée. Le vrai voya-
4. Proposition de début : geur sait donc profiter de sa liberté.
Notre périple commence par une escale dans Mais il n’est pas un simple touriste, il se rap-
le dictionnaire pour définir le voyageur, mais pas proche plutôt de l’aventurier, de l’explorateur
n’importe lequel, le vrai voyageur, l’authentique, curieux et courageux, prêt à braver tous les dangers
l’idéal. pour pouvoir découvrir des contrées inconnues…

77
Prolongements

Textes montrer qu’elle a pardonné ce qu’elle a subi en


Récits tant que juive pendant la Seconde Guerre mondiale
● D. Defoe, Robinson Crusoé, chap. XLVII, « Dieu » ● C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,
(1719) : conversion de Vendredi à la religion « Parfum exotique » (1861) femme et exotisme
chrétienne
Films
● J. Kerouac, Sur la route (1957)
● E. Kolirin, La Visite de la fanfare (2007)
● N. Bouvier, L’Usage du monde (1963) une fanfare de la police égyptienne en Israël
Documentaires ● D. Hopper, Easy Rider (1969) road movie hippie
● P. Raffin-Caboisse, Babar autour du monde, ● R. Rossellini, Voyage en Italie (1954)
Éd. Cheminements (2008) : cent aquarelles le voyage physique et symbolique d’un couple
représentant un voyage en bateau avec des escales
● Impressions de voyages, Promenades littéraires Iconographie
à travers le monde, Éd. de la Martinière (2010) : Exposition de la BNF : « Voyage en Orient » :
textes d’écrivains voyageurs illustrés par des http://expositions.bnf.fr/veo/index.htm
photographies. Ex. : A. Camus à Prague, A. Gide
Peintres et voyage : séance TICE
au Congo…
Essai et étude Objectif : Lire et analyser un tableau en lien avec
Voltaire, Lettres philosophiques, lettre I, le thème de la séquence.
« Sur les Quakers » (1734) Étape n° 1 : choix du tableau
Grâce à un moteur de recherches sur Internet,
Documents du DVD-Rom les élèves choisissent un tableau à partir de cette
Entretiens liste de peintres : Ingres, Delacroix, Fromentin,
● J.-P. Blondel, Qui vive ?, collection Photoroman Chassériau, Gauguin, Matisse.
(2010) Étape n° 2 : présentation du tableau ➜ p. 461
Copier-coller l’image et présenter le tableau :
● Entretien avec F. Lebert, photographe, dont les artiste, titre, date, support, dimensions, lieu d’expo-
clichés ont inspiré le récit de l’écrivain sition, sujet, genre.
Images = deux visions de l’Italie Étape n° 3 : analyse du tableau sous forme de
● G. De Chirico, Piazza d’Italia (1913) diaporama ➜ p. 462
regard métaphysique sur une place de Turin Observer les composantes du tableau : composition,
● M. Parr, La Tour de Pise (1990) cadrage, couleur, trait.
regard sarcastique sur le tourisme de masse Décrire le tableau : plans, personnages, actions…
Étape n° 4 : interprétation ➜ p. 463
Textes enregistrés
Proposer une explication personnelle.
● Barbara, Göttingen (1968) ville allemande dans
laquelle la chanteuse accepte de se produire pour

78
SÉQUENCE 6
Le savoir, la science et l’homme
➜ Livre de l’élève, p. 128

6. Métaphore hyperbolique = ensemble des savoirs et


T 1
Texte F. Rabelais,
connaissances Pantagruel doit tout maîtriser.
Pantagruel ➜ p. 129
Le mot science est pris dans son sens étymologique (de
Objectif : Étudier une vision humaniste du savoir scio, verbe latin = savoir, connaître).
transmise au moyen d’un roman. À partir du XVIIIe siècle, la science désigne surtout l’en-
semble des travaux fondés sur le calcul, l’observation,
LECTURE ANALYTIQUE des raisonnements logiques = mathématiques, astro-
nomie, physique, chimie, sciences de la vie.
Première lecture 7. Éducation théorique et pratique : il te faudra sortir de
1. Domaines d’étude : cette tranquillité et de ce repos consacré aux études, et
− sciences naturelles (l. 1-5) ; apprendre la chevalerie et les armes, pour défendre ma
– médecine (l. 6-8) ; maison, et secourir nos amis dans leurs débats (l. 12-14),
– théologie (l. 9, 10) ; Et je veux que rapidement tu essaies de tester combien
– chevalerie (l. 13) ; tu as profité […] en soutenant des thèses publiquement
– rhétorique (l. 16). (l. 15-16) refus d’un savoir qui enfermerait celui qui le
Savoir impressionnant pour un lecteur contemporain possède dans une tour d’ivoire coupée du monde, mise
habitué à la spécialisation des études. en valeur de l’usage pratique (défense, échanges et
2. En somme, que je voie un abîme de science (l. 11) communication), et de la nécessité aussi d’un appren-
Gargantua souhaite que son fils acquière un savoir tissage physique (chevalerie et armes).
encyclopédique sans limites. 8. vie transitoire (l. 23)  la Parole de Dieu demeure
éternellement (l. 23-24).
Mise au point L’homme (créature éphémère)  l’éternité de Dieu
3. Phrases impératives ou déclaratives à valeur jussive : rappel de la condition mortelle incitant à la modestie
relis (l. 6), acquiers (l. 7), commence (l. 9), il te faudra et à la retenue // les vanités picturales (= ne mets pas
(l. 12), il te faut (l. 19), Tiens (l. 22), ne mets pas (l. 22) ton cœur aux choses vaines, l. 22-23).
lettre d’un père qui propose à son fils un traité
d’éducation où il lui prescrit règles et conseils (répéti- Question de synthèse
tion du verbe de volonté je veux, l. 1, 15) 9. Idéal humaniste fondé sur :
– le savoir encyclopédique ;
Analyse
– le contact avec les autres hommes (mettre ce savoir
4. Énumérations des éléments naturels (l. 2-5), des au service des autres hommes) ;
principales sources de connaissances (l. 6, 7), des – la sagesse et à la conscience dans la crainte de Dieu.
Saintes Écritures (l. 9, 10) fonction symbolique, Vision optimiste de l’homme qui peut progresser s’il
connote la diversité et l’étendue des sources du savoir. utilise de manière éclairée son savoir.
5. ce second monde qu’est l’homme (l. 8) :
− comparé = homme ; Pour aller plus loin
− comparant = monde ; 10. Recherche
− motif de rapprochement = la même richesse, la même Homme de lettres (amour des langues anciennes,
diversité et complexité ; œuvres littéraires témoignant d’une parfaite connais-
− sens = le corps de l’homme est un microcosme, aussi sance des textes médiévaux) et juriste, mais aussi
riche que la terre, annonce le voyage dans le corps du homme de sciences au sens moderne (médecin à
chapitre XXI de Pantagruel. Lyon, s’intéresse également aux mathématiques et à

79
l’astronomie) et homme de Dieu (études de théologie 4. Position paradoxale car M. Menier croit à l’existence
au départ) = homme complet. de Dieu (je crois qu’il y en a fort probablement un, l. 15),
11. Écriture d’invention mais il faut cacher l’existence de ce dieu et des livres
Contraintes du sujet : qui en parlent afin d’éviter les questionnements méta-
– Mettre en place les codes du genre épistolaire : en physiques qui empêcheraient les gens de se contenter
exergue, une date, un lieu et une formule désignant des satisfactions matérielles apportées par la société
le destinataire (ex. : Cher fils) ; à la fin, une formule moderne.
d’adieu et une signature ; 5. a. Utopie = monde imaginaire idéal où tous les pro-
– Mettre en place la situation de communication : apos- blèmes de la société réelle sont réglés.
trophe, adresse du père au fils, modalité injonctive ; b. Monde utopique = la jeunesse et la prospérité jusqu’à
– Expliciter le programme éducatif : apprendre les la fin dernière (l. 4-5), le soma, drogue euphorisante
sciences et les langues vivantes, maîtriser les nou- qui enlève toutes les inquiétudes (l. 13), l’ordre social
velles technologies et les principes de la communication (l. 13) satisfaction physique, matérielle, spirituelle et
moderne, voyager pour prendre connaissance des diffé- sociale + le titre du roman avec la tournure superlative.
rentes cultures et civilisations, ne pas oublier la culture Mais cela s’apparente plus à une contre-utopie : utilisa-
classique qui permet d’appréhender le monde moderne tion inquiétante de drogue et de censure (livres dans un
avec un certain recul, et savoir prendre son temps dans coffre-fort) pour empêcher toute forme de contestation.
une société où la vitesse est érigée en valeur sacrée. 6. Iconographie
Prolongement : rédiger un commentaire double – Univers mécanique qui montre l’importance de la
du texte de F. Rabelais et de celui de J.-J. Rousseau médecine scientifique et la façon de faire de l’humain
dans Émile ou de l’éducation (1762) de L’intelligence une machine.
humaine a ses bornes jusqu’à par ce qu’on croit savoir – Image inquiétante = déshumanisation avec la méca-
(livre III, p. 184, Classiques Garnier). nique et la technologie plaquées sur de l’humain
(sarcophage de verre, fils et diodes), mise en scène
inquiétante du savant fou qui se prend pour Dieu (cos-
Texte 1
D’UN A. Huxley, Le Meilleur tume sombre, visage blafard, cheveux hirsutes, regard
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
des mondes ➜ p. 131 sombre).

Objectif : Étudier comment un roman d’anticipation Vis-à-vis : Rabelais et Huxley


met en garde contre les dérives de la science. 7. Chez Rabelais, communication épistolaire qui ne
laisse pas entendre la voix du fils mais permet de
QUESTIONS déployer la thèse sans qu’elle soit contestée  chez
1. a. Mustapha Menier laisse entendre la voix de ses Huxley, forme du dialogue qui laisse entendre la thèse
opposants. Il rapporte au discours direct leurs argu- et les antithèses (les questions du sauvage soulignent
ments. les failles de la thèse de Menier + les arguments des
b. Cela permet d’avoir la thèse et l’antithèse impres- adversaires rapportés au discours direct, créant une
sion d’un dialogue. seconde structure dialogique).
2. Syllogisme : 8. a. Rabelais souligne la supériorité de Dieu sur les
– majeure : Seules la jeunesse et la prospérité sont hommes avec l’antithèse qui exprime la vanité de l’exis-
indépendantes de Dieu (l. 3-4) ; tence humaine il faut se soumettre à Dieu : il te faut
– mineure : Or nous sommes jeunes et prospères servir, aimer et craindre Dieu (l. 19-20)  au XXe siècle,
puisque nous sommes le monde moderne (l. 2, 4) ; Huxley montre comment les hommes pensent pouvoir
– conclusion : Donc nous sommes définitivement indé- se passer de Dieu grâce aux progrès de la science :
pendants de Dieu (l. 5-6). le sentiment religieux est superflu (l. 7), un succédané
(l. 8), Dieu n’est pas compatible avec les machines, la
3. La science se substitue à Dieu, le remplace. Le ratio-
médecine scientifique, et le bonheur universel (l. 25-26).
nalisme, la logique scientifique ne laissent pas de place
b. Rappel des régimes totalitaires qui s’affirment dans
à la spiritualité et à la foi, il faut faire disparaître toutes
les années trente en URSS et dans l’Allemagne nazie :
les interrogations métaphysiques.
propagande, censure et autodafés en Allemagne où
80
tous les textes d’auteurs jugés déviants (les juifs, les chevalerie, illustrent le programme proposé par
communistes…) sont brûlés en place publique. Gargantua dans sa lettre ➜ p. 129.
Prolongement : lire Elias Canetti, Auto-da-fé (1935) : 3. Les formes du comique
un roman quasiment contemporain de celui de Un comique fondé essentiellement sur la parodie qui
A. Huxley qui met en scène un vieux savant sinologue offre un regard critique sur les institutions et pratiques
épris des livres et vivant dans une immense biblio- de l’époque de Rabelais :
thèque qu’il s’est constituée. – satire du pédant avec l’étudiant limousin et son jargon
latinisant incompréhensible (ch. VI) ;
– satire de la justice exprimée dans la parodie de la
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE rhétorique judiciaire de son temps, avec le plaidoyer du
F. Rabelais, Pantagruel ➜ p. 133 seigneur de Humevesne contre le seigneur de Baisecul
(comique de mots sur les noms) (ch. IX, bis) ;
Objectif : Étudier comment Rabelais met en scène – parodie de l’épopée avec la mise en place du registre
de manière critique et comique la relation burlesque qui contribue à dénoncer et critiquer la
de l’homme au savoir. guerre (ch. XVII).

PISTES D’ANALYSE 4. L’érudition de Rabelais


Antiquité Les Saintes Moyen Renaissance
1. La symbolique du gigantisme gréco-latine Écritures Âge
Chapitre V : sa taille gigantesque permet à Pantagruel Homère, saint Luc, Villon, À travers
d’installer une énorme roche sur quatre piliers pour Pline, saint Matthieu Nicolas le personnage
la détente des étudiants de l’université de Poitiers Lucien de de Lyre de Thaumaste
récit étiologique d’un lieu, le savoir lié à la détente Samosate, on reconnaît
Auteurs

Cicéron, la figure de
et à l’amusement. Quintilien, Thomas More.
Chapitre XIII : Pantagruel, de sa voix de stentor, impose Plutarque,
le silence à une assemblée d’étudiants agités afin Platon,
qu’ils écoutent le débat entre Panurge et Thaumaste Quintilien,
Sénèque
faire entendre une parole philosophique.
Chapitre XXII : Pantagruel protège ses soldats en les Euclide, Alberti
Savants

Vitruve,
couvrant de son immense langue dimension pro- Théon,
tectrice, amour de l’homme + l’auteur voyage dans le Archimède
corps du géant qui contient tout un monde intérieur
diversité et richesse de l’homme. Prédominance de l’Antiquité gréco-latine et de
Chapitre XXIII : la blennorragie de Pantagruel à l’ori- la Bible, mais qui n’empêche pas épisodiquement
gine des sources thermales un mal pour un bien : l’ouverture et la connaissance d’auteurs récents : savoir
maladie sexuellement transmissible du géant = bienfait encyclopédique.
pour l’homme.
Vision humaniste de l’homme : savoir, détente, pro- ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
tection de l’homme, éloge de sa richesse et diversité.
1. Dissertation
2. Le parcours du personnage principal Analyse du sujet : la formulation du sujet pose la pro-
Roman construit sur le modèle de l’épopée : blématique et appelle un plan thèse / antithèse.
– naissance et enfance du héros (ch. I à IV) ; Problématique : Le roman est-il un genre efficace pour
– éducation et formation du héros (ch. VI à XIV) défendre des idées ?
il parcourt le monde, rencontre un ami, Panurge, Partie I. De prime abord, le roman ne semble pas
témoigne de sa sagesse (nouveau Salomon) ; le genre le plus efficace pour défendre des idées.
– exploits guerriers (ch. XV à XXIX) la guerre contre 1 er §. La visée principale du roman n’est pas
Loup-Garou. d’argumenter mais de raconter des faits.
Apprentissage complet : théorie, pratique, amitié, Ex. : romans d’aventures, romans d’amour, cf.
Alexandre Dumas, Eugène Sue…
81
2e §. Ces faits peuvent occulter, masquer la pré- Mise en place d’un monde intérieur (les com-
sence des idées. paraisons avec des villes réelles, la peste, les
Ex. : Pantagruel est un exemple d’argumentation brigands).
indirecte où la dimension parodique peut ne pas Partie II. Un récit qui permet de mettre en place un
être comprise du lecteur monde merveilleux.
3e §. De plus, la longueur et la complexité de l’in- – 1er §. L’évocation d’un monde magnifique.
trigue peuvent nuire à la mise en valeur des idées. Vocabulaire mélioratif (répétition de l’adjectif
Ex. : Sartre expose plus directement sa philoso- « beau »), hyperboles, dilatation du temps.
phie de l’existentialisme dans ses essais, comme – 2e §. Un monde inversé.
L’Être et le Néant, que dans son roman La Nausée Renversement carnavalesque, source de comique
(1938). (on est payé pour dormir).
Partie II. Cependant, le roman peut valoriser des – 3e §. Un univers qui invite à une leçon sur la
idées. relativité des points de vue.
1er §. Il permet d’éviter la lourdeur didactique de Analogie entre le grand et le petit, réflexion sur
certains essais. le fait que l’on méconnaît souvent les pays voisins
Ex. : A. Huxley propose une critique de la société de ou les coutumes des autres civilisations.
son temps dans son roman Le Meilleur des mondes. Conclusion : récit parodique qui illustre les
2e §. Il incarne les idées dans des personnages principales valeurs humanistes et reflète une
inoubliables. époque où l’on explore de nouveaux mondes : les
Ex. : Vautrin devient l’incarnation de l’arrivisme et grandes découvertes (Jacques Cartier découvre le
de la force dans Le Père Goriot de Balzac. Canada), les recherches sur le corps humain (tra-
3e §. Il permet aussi de séduire un public plus vaux d’Ambroise Paré).
large par la diversité de ses registres et procédés
narratifs.
Ex. : L’Astrée d’Honoré d’Urfé propose une sorte
de traité amoureux avec les dialogues de ses ber-
T 2
Texte J.-J. Rousseau, Discours
sur les sciences et les arts
gers et bergères envisageant toutes les questions ➜ p. 134
amoureuses.
Conclusion : Objectif : Étudier une thèse paradoxale sur le savoir
La vocation première du roman est de raconter et la connaissance.
mais les récits peuvent être mis de manière effi-
cace au service de l’argumentation, à condition que
LECTURE ANALYTIQUE
l’idée serve le projet littéraire. Retenons la phrase
de M. Proust : « Une œuvre où il y a des théories
Première lecture
est comme un objet sur lequel on laisse la marque
du prix (Le Temps retrouvé) ». 1. Thèse (l. 1-3) : les efforts des hommes pour sortir de
leur ignorance et acquérir des connaissances ont des
2. Commentaire effets néfastes sur la société et les mœurs. Ils amènent
Projet de lecture : montrer que ce texte est une parodie le luxe, la dissolution et l’esclavage (l. 1).
de récit d’exploration. 2. Nous = l’ensemble des hommes.
Partie I. Le récit d’un voyage à l’intérieur de la
Procédé argumentatif permettant d’impliquer le desti-
gorge de Pantagruel.
– 1er §. Un narrateur explorateur.
nataire dans l’argumentation.
Narrateur interne (pronom personnel de la pre-
Mise au point
mière personne sujet des verbes de mouvement,
d’analyse) et qui va écrire un livre : L’Histoire des 3. Questions rhétoriques où Rousseau feint l’incrédulité
Gorgias (titre parodique). en rappelant sa thèse paradoxale.
– 2e §. Un narrateur qui parcourt la gorge de
Pantagruel. Analyse
Les étapes du récit (utilisation du passé simple 4. Présentatif Voilà structure emphatique qui valorise
+ connecteurs temporels) + vulgarisation de la le propos.
vision anatomique du corps humain. le luxe, la dissolution et l’esclavage ont été mise en
– 3e §. Un univers dont les analogies avec le monde
avant dans un rythme ternaire et par la fonction sujet
extérieur sont évidentes (microcosme).
des effets négatifs du savoir sur la société.
82
des efforts orgueilleux que nous avons faits : les de sa condition et se passer des dieux). Rousseau pense
hommes sont relégués en fonction sujet (nous) dans que l’homme commet un péché d’hybris en voulant s’af-
une proposition subordonnée avec antéposition franchir de sa condition notions de châtiment (l. 2)
du complément d’objet direct (efforts orgueilleux) et d’orgueil (l. 2, 22).
l’homme est comme écrasé par l’ampleur des consé- 10. Écriture d’invention
quences négatives. Contraintes du sujet :
En fin de phrase, l’évocation d’un âge d’or révolu : – mettre en place une situation de discours : utilisation
l’heureuse ignorance où la sagesse éternelle nous avait de la 1re personne du singulier ou du pluriel, apostrophes
placés l’homme (nous) en complément d’objet, la au destinataire qui doit être désigné (Rousseau) ;
sagesse éternelle en sujet. – utiliser des procédés rhétoriques et polémiques : ana-
Pour être heureux, l’homme ne doit donc pas aller phores, questions rhétoriques et exclamations permet-
contre la nature. tant d’exprimer l’indignation, effets de rythme (grada-
5. Comparaison (l. 8-10). tion dévalorisante pour qualifier Rousseau), vocabulaire
3 comparés avec leurs comparants : dépréciatif + métaphore filée péjorative ;
– nature = mère protectrice (comme une mère, l. 9) ; – arguments : attaque ad hominem (portrait à charge
– science = arme dangereuse (l. 9-10) ; de Rousseau : homme peu généreux, peu optimiste,
– homme = enfant (l. 10). contempteur du genre humain, misanthrope) ;
L’esprit humain ne semble pas prêt et mature pour – argument historique : rappel de l’humanisme, com-
utiliser la science, dangereuse et mortelle. ment l’homme est sorti de la nuit du Moyen Âge grâce
aux savants ;
6. Deux passages paradoxaux :
– éloge de la science et des arts : tableau d’une société
– Après avoir défini la science comme une arme dan-
et d’une humanité qui progressent (possibilité d’utiliser
gereuse, Rousseau s’esclaffe à l’idée d’entendre que
le futur et de proposer une description utopique).
la science et la vertu seraient inconciliables (l. 18-19) ;
– Après avoir lui-même souligné le paradoxe (contrarié- Prolongement : analyser le tableau de Justus Juncker,
tés apparentes, l. 21), il affirme vouloir examiner de près Savant dans son cabinet de travail (1751) ➜ p. 134.
ce qui relève de la vanité (l. 21-22) : exercice périlleux ! 1. Quelle information importante la date de composi-
7. L’homme est pervers et orgueilleux : efforts orgueil- tion du tableau nous fournit-elle ?
leux (l. 2), Les hommes sont pervers (l. 14) vision 2. Quelles sont les caractéristiques du savant ?
négative de l’homme qui fait une mauvaise utilisation Comment la composition les souligne-t-elle ?
de la nature et des ressources qui lui sont proposées et 3. J. Juncker et J.-J. Rousseau partagent-ils la même
désire s’élever au dessus de sa condition (voir ouverture vision du savoir, selon vous ? Justifiez.
de la phrase 1).

Question de synthèse Texte 2


D’UN E. Renan, L’Avenir
À L’AUTRE

8. Esprit des Lumières = éloge du savoir et des de la science ➜ p. 135


connaissances permettant à l’homme de s’améliorer et Objectif : Étudier un éloge de la science.
de sortir des préjugés, alors que Rousseau pense que
le savoir au contraire pervertit l’homme.
QUESTIONS
Pour aller plus loin 1. Thèse : rien ne doit arrêter les progrès de la science
9. Recherche (l. 1, 2).
Prométhée = héros de la mythologie grecque qui aurait Idéal : la science doit permettre d’améliorer la condition
façonné les hommes à partir d’une motte d’argile, il vole humaine elle ne mènera qu’à découvrir d’incompa-
le feu aux dieux pour améliorer la condition humaine rables beautés (l. 1-2).
(métallurgie et autres arts). Il est châtié par les dieux : 2. Exemples religieux (l. 3-5) avec l’évocation de Mika
alors qu’il est enchaîné nu à un rocher, un aigle dévore et Sérapion.
inlassablement son foie qui repousse chaque jour. Ce n’est pas en contradiction avec la thèse, mais
Feu = métaphore de la connaissance Prométhée tend à proposer une analogie entre science et religion
condamné pour son hybris (vouloir s’élever au-dessus science = nouvelle vraie religion.
83
3. Métaphore filée du temple (l. 5-9) = avancée de la T 3
Texte M. Yourcenar, « Diagnostic
science qui doit faire disparaître tous les obstacles : de l’Europe » ➜ p. 137
les temples deviennent de plus en plus vastes et plus
magnifiques (l. 7), puis les étroites murailles dispa- Objectif : Étudier une argumentation polémique.
raissent et ce temple prend alors les proportions du
monde (n’aura plus qu’un seul temple, dont le toit sera LECTURE ANALYTIQUE
le ciel ! (l. 8-9). Première lecture
Fonction = faire comprendre l’étendue de l’avancée de
la science ton de prédicateur avec le futur de l’indi- 1. Bilan très négatif sur une époque où la raison meurt
catif (réalisation certaine). (l. 30). Thèse fondée sur le développement des champs
lexicaux péjoratifs de la brutalité et de la rapidité :
4. a. La science doit donc poursuivre son chemin (l. 10), mal préparés (l. 1), ploient (l. 1), se sont brisés (l. 2-3),
sans regarder qui elle heurte (l. 11), La science doit se hâtif (l. 9), maladroit (l. 9), inexpérience du plus grand
comporter… (l. 16-17), et ne pas s’inquiéter (l. 18) nombre (l. 9-10), la masse ruée (l. 13), brutalement utili-
personnification : science = personne poursuivant une sées (l. 15), simplifiées (l. 15), se faussent (l. 17), s’embou-
avancée inéluctable et nécessaire. teille (l. 20).
b. Personnification amorcée dès la ligne 1 par le terme
de marche. 2. instruction aristotélicienne et catholique (l. 3),
Descartes et Spinoza (l. 7) philosophes de l’Antiquité
5. Iconographie grecque (Aristote) et du XVIIe siècle, symboles de rigueur
a. Samuel Morse (1791-1872), pionner des télécommu- et de logique = arguments d’autorité.
nications, conçoit un télégraphe électrique simple et
un code qu’il met en fonctionnement aux États-Unis. Mise au point
b. Position centrale et frontale, couleur or de son plas- 3. Cerveau : masse nerveuse localisée dans le corps,
tron l’associe à la machine représentée à côté de lui siège de la vie psychique et des facultés intellectuelles.
dont on comprend qu’il est le concepteur (poing posé Esprit : souffle immatériel, ce qui constitue la faculté de
sur la table), regard orienté au loin vers la droite (vers penser et d’appréhender le monde.
l’avenir) ; au-dessus de lui une coupole avec un liquide Intellect : faculté de comprendre de manière ration-
doré donne l’impression qu’il est auréolé. nelle.
Idéalisation du chercheur en accord avec le texte Âme : ce qui constitue la sensibilité et l’ensemble des
d’E. Renan = un exemple de ces incomparables beautés pensées et des valeurs d’un homme.
produites par la science (l. 2).
Analyse
Vis-à-vis : Rousseau et Renan
4. Antithèse entre le passé et le présent : tableau valo-
6. Condamnation de la science, source de maux et de risant du savoir d’autrefois (l. 3-7) = esprit libre (l. 3),
décadence, peu compatible avec la vertu et la probité : une qualité (l. 4), textes peu nombreux, vénérés (l. 5), la
la vanité et le néant de ces titres orgueilleux qui nous méthode (l. 6) et évocation nostalgique du solide chris-
éblouissent, et que nous donnons si gratuitement aux tianisme du passé (l. 28)  Aujourd’hui (l. 8), illusion
connaissances humaines (Rousseau, l. 22-24)  éloge de l’universel savoir (l. 10) + vocabulaire péjoratif avec
de la science comme source d’incomparables beautés les champs lexicaux de la précipitation, de la brutalité
(Renan, l. 2). et de la quantité.
7. Pour Rousseau, il faut examiner les sciences et les arts 5. Pronoms indéfinis : On pense (l. 17), Tous (l. 27), On se
et voir les progrès qui en résultent vraiment (l. 24-26)  demande (l. 27-28) + présent de l’indicatif refus de la
Renan qui pense qu’il ne faut s’embarrasser d’aucun subjectivité, texte qui se présente comme un discours
questionnement religieux, et surtout pas des dogmes analytique.
imposés par l’Église et ses théologiens : C’est aux autres
6. Phrase simple, très courte avec un rythme binaire
à se garer (l. 12), La science doit se comporter comme si
(Descartes et Spinoza et du latin et des mathématiques)
le monde était libre d’opinions préconçues (l. 16-18), Que
impression de symétrie et de rigueur propre à l’édu-
les théologiens s’arrangent entre eux (l. 19-20).
cation d’autrefois, en opposition avec le désordre, la
Prolongement : faire un exposé sur le scientisme et diversité et l’absence de cadre de la culture actuelle
le positivisme, philosophies essentielles du XIXe siècle. (connotée par des phrases longues et complexes).
84
7. La précipitation et l’absence de méthode : mal pré- Problématique : Dans quelle mesure les journaux et
parés (l. 1), la diversité (l. 1), hâtif (l. 9), maladroit (l. 9), les livres permettent-ils de se constituer un véritable
brutalement utilisées (l. 15), simplifiées (l. 15) science savoir ?
et savoir mal utilisés faute de méthode et de réflexion. Partie I. Certes, les livres et les journaux ne
Ton polémique avec un vocabulaire très péjoratif, des suffisent pas à se constituer un véritable savoir.
hyperboles et des métaphores dépréciatives : le cerveau 1er §. Le principe de la vulgarisation repose sur une
européen, au XXe siècle, s’embouteille (l. 20) et intelli- simplification du savoir.
Ex. : il faut renoncer au jargon spécialisé et rendre
gences transformées en appareils enregistreurs (l. 22),
les concepts abordables en les simplifiant si on
la raison meurt (l. 30).
veut pouvoir se faire comprendre de tous (Jostein
8. Domaine de la religion : Gaarder, Le Monde de Sophie, 1991).
– anesthésiant : substance médicale qui endort afin de 2e §. La vulgarisation est souvent proposée de
calmer les effets de la douleur ; manière maladroite et hâtive, surtout dans les jour-
– mystique : croyance religieuse cachée qui est supé- naux + phénomène du plagiat (au lieu de réfléchir
rieure à la raison. et analyser, on copie et compile).
Refuge et apaisement dans des pratiques irration- Ex. : Patrick Poivre d’Arvor publie une biographie
nelles. d’Ernest Hemingway : Ernest Hemingway, la vie
à l’excès (2011) dans laquelle il reprend des pas-
Question de synthèse sages entiers d’une biographie américaine publiée
en 1985.
9. Diagnostic pessimiste : échec de la raison, vulgarisa- 3e §. La vulgarisation contribue à créer une caté-
tion de la connaissance (projet utopique des Lumières) gorie de personnes qui donnent l’illusion de savoir
avec des utilisations perverses. Connaissances globales Ex. : le lecteur de livres et de journaux est en
effet de passivité. quelque sorte l’Arrias du XXIe siècle (La Bruyère).
Partie II. Mais malgré leurs défauts, le livre et le journal
Pour aller plus loin restent les meilleurs moyens d’apprendre.
10. Recherche 1er §. Les contraintes de la vie active et le champ
Quelques découvertes scientifiques : actuel des savoirs ne permettent pas de se consti-
– 1923 : premier poste de télévision par l’anglais John tuer un savoir encyclopédique.
Baird ; Ex. : l’idéal d’un savoir encyclopédique présenté
par Gargantua ➜ p. 129 est une utopie humaniste
– 1931 : premier ordinateur par l’ingénieur allemand
inenvisageable de nos jours.
Konrad Zuse ;
2e §. La vulgarisation proposée dans les livres et les
– 1937 : invention du nylon ; journaux peut permettre de découvrir un sujet dans
– 1938 : le physicien chimiste Otto Hahn découvre le lequel on pourra approfondir son savoir.
principe de la fission nucléaire. Ex. : un roman sur le nucléaire civil comme La
Événements historiques : Centrale d’Élisabeth Filhol (2010) peut donner
– suite au krach boursier du jeudi 24 octobre 1929 : crise envie d’approfondir ses connaissances ; ouvrages
économique mondiale (années trente) ; de Georges Charpak (1924-2010) ou Hubert
– mise en place ou affirmation de régimes totalitaires : Reeves, vulgarisateurs de talent.
en Allemagne, le NSDAP se développe jusqu’à l’acces- 3e §. Le point de vue de M. Yourcenar est un peu
sion au pouvoir de Hitler en janvier 1933 ; en Espagne, daté : face aux nouvelles technologies comme
guerre civile de juillet 1936 à mars 1939 puis dictature Internet, les livres et les journaux peuvent être
considérés comme des médias de sang-froid qui
franquiste ; en Italie, marche sur Rome en 1922 puis
prennent le temps de la réflexion et mettant en
culte du chef, Benito Mussolini ; en URSS, régime tota-
place des systèmes de contrôle.
litaire avec Staline. Ex : le quotidien Le Monde possède un médiateur (il
11. Dissertation a une rubrique dans le journal) dont le rôle est de
Analyse de la citation : M. Yourcenar émet un jugement veiller au respect de la déontologie journalistique
négatif sur les journaux et les livres, dont le travail de et de régler les désaccords avec les lecteurs.
vulgarisation, fait de manière trop rapide et maladroite, Conclusion :
ne permet pas d’acquérir une véritable connaissance. Si le livre et le journal ne suffisent pas à donner un
savoir complet, ils restent toutefois une ouverture
et une bonne initiation au monde de la connais-

85
sance. Le jugement de M. Yourcenar peut paraître début de phrase pour mieux souligner la permanence
daté dans nos sociétés où le déclin de l’écrit sur d’un problème qu’on ne parvient pas à régler.
papier est plus qu’amorcé. Les deux types de sup- + Repères spatiaux énumérant les pays occidentaux
ports sont finalement complémentaires, l’un favori- (États-Unis, Europe et Russie) aujourd’hui critiqués
sant la rapidité de transmission du savoir et l’autre pour leurs décisions contradictoires.
laissant davantage mûrir la réflexion.
5. se fissurer (l. 5) sens figuré = division, séparation,
Prolongement : lecture cursive de George Orwell, mésentente entre les puissances.
1984 (1948) : roman d’anticipation illustrant le tota- Ce verbe fait écho à la théorie de la fission de l’atome
litarisme mais aussi les dérives liées à des progrès qui permet de produire de l’énergie nucléaire.
technologiques (une société sous surveillance). 6. Image d’une science peu prévoyante qui ne pense
guère aux conséquences de ses découvertes et
applications.
Texte 3
D’UN Science et vie, « Déchets
À L’AUTRE
nucléaires. La cacophonie » Vis-à-vis : Marguerite Yourcenar
➜ p. 138 et Science et vie
Objectif : Étudier le registre didactique dans un texte
7. Par malheur, celles-ci, brutalement utilisées, sim-
de presse. plifiées en affirmations, passées du monde de la pen-
sée pure à celui des applications circonstancielles, se
faussent (l. 14-17).
QUESTIONS
Le nucléaire a été développé trop rapidement
1. Le nucléaire : industrie nucléaire (l. 2), leur site minier (= brutalement utilisées) sans mesurer toutes les
(l. 7), les grandes puissances nucléaires (l. 13), rebuts conséquences, le passage de la théorie (pensée pure)
radioactifs (l. 15), des radioéléments (l. 18), les centrales à l’application (applications circonstancielles) révèle les
nucléaires (l. 19), irradiées (l. 20-21), ces « déchets dangers du nucléaire (se faussent) : il semble améliorer
nucléaires » (l. 23-24), des piscines de refroidissement l’existence en proposant une source d’énergie extraor-
(l. 30), la décroissance radioactive (l. 31). dinaire, mais il peut aussi engendrer la destruction de
2. Proposer un constat sur l’absence de véritable solu- la planète si on ne parvient pas à régler les problèmes
tion pour se débarrasser des déchets issus du nucléaire. de pollution qu’il engendre systématiquement (acci-
Thèse implicite qui découle de ce constat mise en dents, problème des déchets à stocker…).
garde contre le nucléaire et ses effets pervers. 8. Argumentation polémique (Yourcenar)  argumen-
3. a. Procédés didactiques : tation didactique (Science et vie).
– souci de la précision avec les énumérations de maté- Vision d’ensemble sur la science  exemple précis.
riaux (l. 4) ou de pays (l. 6-11) et la volonté de présen- Prolongement : rédiger un dialogue où deux person-
ter toutes les solutions envisagées : galerie de mines nages ont des vues opposées sur le nucléaire civil.
(l. 2-3), site minier de stockage (l. 7-8), entrepôt renou-
velable (l. 26), etc. ;
– structure argumentative claire dont les principales Analyse S. Dalí, Galatée
d’image aux sphères ➜ p. 140
étapes sont soulignées par des connecteurs logiques
ou des formules : Or (l. 5), Qu’on en juge (l. 6), l’énoncé Objectif : Étudier l’influence de la science
est à la fois simple et vertigineux (l. 14-15) + formulation sur la peinture.
de la question centrale (l. 15-16).
b. On croyait (l. 1), Qu’on en juge (l. 6), peu ou prou
QUESTIONS
(l. 12), qui en dit long (l. 27), En attendant (l. 29) point
de vue critique par des termes qui invitent à relativiser Première approche
les solutions proposées et à prendre une distance cri-
1. Portrait = représentation d’un visage de femme.
tique, voire ironique (belle unanimité, l. 5).
4. jusqu’ici (l. 4), cette année 2010 (l. 5), dès les années Analyse
1950 (l. 8-9), Depuis plus de cinquante ans (l. 19), Depuis 2. Sphères = neutrons libérés lors de la fission du noyau
un demi-siècle (l. 22) repères temporels placés en de l’atome.
86
Mouvement des sphères = mouvement des neutrons Caractère illusoire de l’existence par le jeu de reflets sur
libérés par l’atome lors de sa fission, certaines sphères le vase et le verre, et les lourdes tentures qui entourent
avec des taches ou des reliefs évoquant des coquilles cette mise en scène (dimension théâtrale).
abîmées peuvent symboliser la rotation et la révolution Vanité de l’existence avec une interrogation : l’écri-
de la planète Terre mouvement perpétuel, de l’infi- ture permet-elle de dépasser le caractère éphémère de
niment grand à l’infiniment petit. l’existence ?
3. a. Les sphères sont disposées de façon à représenter 2. Niki de Saint Phalle, Tête de mort II (1988) :
un visage et un buste humain. Sculpture immense (115 x 125 x 90 cm) de tête de mort
b. Lignes de fuite, matérialisées par des sphères de en polyester peint, très colorée et joyeuse matériau
plus en plus petites, donc éloignées, convergent vers peu noble, gaieté, dimension ludique qui peut paraître
le centre du visage féminin = plongée dans l’intériorité irrespectueuse car elle s’oppose à l’effroi que les vani-
féminine, effet de profondeur. tés classiques souhaitaient provoquer.
4. Ocre dilué au centre = couleur chaude évoquant la Damien Hirst, Love of God (2007) :
chair, la vie. Bleu en périphérie = couleur froide, miné- Crâne modelé sur celui d’un homme décédé au
rale, évoquant l’origine de la vie (l’eau et l’air). XVIIIe siècle, en platine serti de 8 601 diamants, estimé

Symbolisation de la création évoquant le mythe de à cent millions de dollars (l’une des œuvres les plus
Galatée : la sculpture de marbre (minérale) qui devient chères au monde) le renouvellement se fait dans le
une femme de chair sous les doigts de l’artiste. choix des matériaux très précieux qui sont sans valeur
face à l’idée de notre mort prochaine = dénonciation
Question de synthèse d’une société matérialiste.
5. La théorie de la fission nucléaire permet de mettre en
scène le morcellement de la représentation de l’humain
allégorie de la perte des certitudes et de la confiance Exercices d’approfondissement ➜ p. 144
après la Seconde Guerre mondiale.
REVOIR
Prolongement : rechercher et établir le lien entre
ce tableau et le mythe de Pygmalion (Ovide, Les
Métamorphoses, livre X). 1 Savoir et humanisme
M. de Montaigne, Essais, livre II, chap. XII :
« Apologie de Raymond Sebond »
Histoire des arts ➜ p. 142 1. Éloge de l’obéissance à Dieu : une loi de pure obéis-
Les vanités sance (l. 2), l’obéissance est le principal devoir d’une
âme raisonnable (l. 4-5), De l’obéissance […] naît toute
autre vertu (l. 6-7).
QUESTIONS
Opposition entre le péché lié à la science et la connais-
1. Jan II de Heem, Nature morte aux fleurs (1685 ou sance, et la vertu associée à l’ignorance. Ce texte serait
1695 ?), musée du Louvre : gros vase rond transparent donc un éloge de l’ignorance.
contenant un bouquet de fleurs en désordre en train de
2. Condamnation de la trop grande confiance et suffi-
se faner ; sur la gauche du vase posé sur une table, les
sance que peuvent procurer la science et la connais-
reliefs d’un repas avec un verre à moitié vide (rappelant
sance : La peste de l’homme c’est de penser qu’il sait.
le vase), du pain, des huîtres ouvertes, un citron, des
(l. 17-18) métaphore de la maladie mortelle pour qua-
cerises, des châtaignes décortiquées, et sur la droite
lifier l’attitude de l’homme qui pense savoir, en confor-
une longue pipe reposant sur un livre, une plume, des
mité avec le scepticisme, le refus du dogmatisme et la
feuilles, un encrier, une bougie éteinte. Vanité des plai-
tolérance de Montaigne.
sirs terrestres avec les sens (odorat, vue, goût) et les
plaisirs intellectuels (lecture, écriture, réflexion). 3. Exemple biblique (l. 8-14) : tentation du serpent qui
Caractère éphémère de l’existence : le bouquet se fane promet à l’homme science et connaissance (Genèse).
(// différents âges de l’homme), présence d’aliments Exemple mythologique tiré de l’Odyssée d’Homère
extrêmement périssables une fois ouverts et décorti- (l. 14-17) : les sirènes promettent le don de science.
qués, la bougie éteinte.

87
Exemple pris dans le Nouveau Testament : citation de procéder par l’analyse (l. 4-5) // naturalisme littéraire
saint Paul mettant en garde contre les philosophies = retour à la nature et à l’homme (l. 6), l’observation
trompeuses. directe (l. 6-7), l’anatomie exacte (l. 7) analogie
Diversité des exemples = culture et ouverture d’esprit (La besogne a été la même pour l’écrivain que pour
de Montaigne. le savant, l. 8-9) posée entre démarche scientifique
4. Utilisation du latin = esprit savant qui possède la et démarche littéraire, qui toutes deux doivent être
connaissance et la science paradoxe car Montaigne expérimentales.
nous met en garde contre le savoir (éloge paradoxal 3. Champ lexical de la science : opération (l. 2), savants
de l’ignorance). (l. 2), étude des corps et des phénomènes (l. 3-4), l’expé-
En fait, Montaigne ne condamne pas le savoir ni la rience (l. 4), l’analyse (l. 5), l’observation directe (l. 6-7),
connaissance, mais leur utilisation orgueilleuse et dan- l’anatomie exacte (l. 7), le savant (l. 9), des analyses
gereuse mieux vaut rester ignorant : conséquences rigoureuses (l. 11), ordre logique (l. 21) omnipré-
moins funestes. sence du champ lexical de la science pour souligner
l’influence de la démarche scientifique sur le travail de
APPROFONDIR l’écrivain, l’écriture.
4. Le naturalisme refuse = les personnages abstraits
2 La démarche scientifique (l. 12), les inventions mensongères (l. 12-13), l’absolu
A. Comte, Philosophie des sciences, (l. 13), l’idéalisation du réel (à la façon des idéalistes,
« Cours de philosophie positive», lecon 1 l. 17), la création de types littéraires (l. 18),
1. Texte explicatif absence de thèse, de point de vue, 5. Œuvre de connaissance qui s’appuie sur une
définition de l’état positif, utilisation du présent et de démarche logique, une observation précise du réel
connecteurs logiques exprimant la visée didactique : (l’humain est présenté comme un document). Le travail
c’est-à-dire (l. 7), alors (l. 9) + information du para- de création littéraire semble être mis au second plan :
texte : « Cours de philosophie positive », leçon 1. l’acceptation et la peinture de ce qui est (l. 7-8).
2. Raisonnement et observation (l. 6), explication fon-
dée sur les choses réelles (l. 8-9), recherche des rela- 4 Science et morale
tions invariables de cause à effet visible pour dégager A. Camus, Combat, éditorial
quelques grandes lois (l. 7-8 et 10-11). 1. a. Éditorial = article qui émane de la direction et défi-
Démarche scientifique fondée sur l’observation expéri- nit la ligne directrice, le point de vue du journal.
mentale et rationnelle du monde = outil indispensable b. Une bombe nucléaire a été lancée par les Américains
de l’esprit positif : les progrès de la science tendent de sur Hiroshima le 6 août 1945. A. Camus écrit cet édito-
plus en plus à diminuer le nombre (l. 11-12) grâce à rial deux jours après. Le 9 août, une seconde bombe
la science, on peut tout expliquer, il subsiste très peu est larguée sur Nagasaki.
de phénomènes mystérieux.
2. Hyperboles : au formidable concert (l. 2-3), une foule
3. L’esprit humain renonce au spirituel, aux questionne- de commentaires enthousiastes (l. 6), à son dernier
ments métaphysiques (état métaphysique qui précède degré de sauvagerie (l. 15-16), la plus formidable rage
l’état positif) : des notions absolues (l. 2), l’origine et la de destruction (l. 21-22) démesure de l’événement
destination de l’univers (l. 3-4), les causes intimes des et des réactions ; enthousiasme extrême  virulente
phénomènes (l. 4). condamnation d’A. Camus.
3. Il faut utiliser de manière intelligente la science,
3 Science expérimentale et naturalisme sinon elle peut conduire à la destruction massive de
É. Zola, Le Roman expérimental l’humanité, thèse formulée dans l’alternative ironique
1. Essai = texte d’idées défendant une thèse sur le des lignes 16 à 18.
roman qui doit être naturaliste. 4. Blâme : A. Camus condamne l’enthousiasme indé-
Parallèle entre naturalisme scientifique et naturalisme cent du monde face à la mise en application d’une
dans les lettres. arme de destruction massive. 1re phrase = rappel de
2. Naturalisme scientifique = étude des corps et des la vanité du monde, qui peut disparaître de manière
phénomènes (l. 3-4), se baser sur l’expérience (l. 4), instantanée (méditation sur le caractère éphémère de
88
l’existence), mais aussi jugement méprisant vis-à-vis 3. Difficile de deviner qu’il s’agit d’un roman : thème
du manque de conscience de ceux qui ont employé la scientifique, ton didactique, absence de personnages,
bombe nucléaire. d’ancrage spatio-temporel précis.
Procédés du blâme : Analyse de corpus
– distance ironique : utilisation du pronom personnel on
4. Utilisation militaire (exercice 4)  utilisation civile
et d’antiphrases qui condamnent la réaction indécente
(exercice 5).
des médias sans conscience (formidable concert, l. 2-3 ;
bombe atomique (l. 5)  centrale nucléaire (nucléaire
dissertations élégantes, l. 10) ;
civil, l. 28 + titre du roman).
– travail sur le rythme : phrases longues pour les médias
Destruction  construction, production d’énergie au
qui se répandent (l. 10)  phrase courte et incisive pour
service des hommes.
A. Camus (la civilisation mécanique vient de parvenir à
son dernier degré de sauvagerie, l. 14-16) ; 5. Article de presse (exercice 4)  fiction romanesque
– vocabulaire dépréciatif : sauvagerie (l. 16), suicide (exercice 5) illustrant le fonctionnement d’une centrale
collectif (l. 17), indécence (l. 20), rage (l. 21) ; nucléaire.
– reprise de l’adjectif formidable antithèse des posi- Ton polémique (exercice 4, question 4)  ton didactique
tions (formidable concert, l. 2-3  la plus formidable rage (exercice 5, question 1).
de destruction, l. 21-22). Blâme  apparent éloge de Lise Meitner.
6. Introduction :
ÉCRIRE Les deux textes ont pour sujet une découverte scienti-
fique importante, l’énergie nucléaire, mais les auteurs
ont des visions opposées il convient de rappeler que
5 Science et application concrète les textes n’ont pas été écrits à la même époque.
É. Filhol, La Centrale, chap. 15
Plan :
1. a. Texte argumentatif pour souligner l’intérêt de la – Image très dévalorisante et inquiétante du progrès
théorie de l’énergie atomique utilisation du présent, scientifique dans le texte d’A. Camus, qui dénonce la
description du phénomène (l. 1-17), questions rhéto- célébration indigne d’une découverte, synonyme de
riques afin d’insister sur l’aspect exceptionnel de la milliers de morts.
découverte et de présenter la scientifique concernée – Image fascinante du progrès avec l’éloge apparent de
(nom propre + date) (l. 17-24), mise en situation avec la scientifique et la description d’un usage au service
un exemple concret (l. 24-27), une phrase de conclusion des hommes.
(Le nucléaire civil, c’est ça, l. 27-28). – Le ton didactique du texte d’É. Filhol laisse peut-être
b. Ton didactique : texte avant tout explicatif, infor- transparaître un effroi rentré, une fascination certaine
mations précises destinées à la vulgarisation, ton très pour un univers virtuellement mortifère : la réaction
neutre (absence de la 1re personne du singulier et très s’emballe (l. 26).
peu de vocabulaire appréciatif) mais point de vue sur le Conclusion : point de vue opposé sur le progrès
nucléaire civil tout de même présent lors de l’évocation scientifique, mais le texte d’É. Filhol peut être consi-
mêlant l’admiration et l’effroi de Lise Meitner. déré comme une réponse à l’alternative proposée par
2. Succession de deux questions rhétoriques (l. 17-24), A. Camus : le choix d’une utilisation intelligente des
anaphore La sensation (l. 17, 19-20), métaphore de l’idée conquêtes scientifiques (l. 18).
jaillissante (l’idée jaillit qu’elle sait être la bonne, l. 22),
hyperboles (portée inimaginable, l. 23 ; sans commune
mesure, l. 23) un moment exceptionnel.

89
Prolongements

Textes Filmographie
Textes théoriques sur le développement des ● F. Lang, Metropolis (1926)
sciences ● S. Kubrick, Docteur Folamour (1963)
● E. Kant, Qu’est-ce que les Lumières ? (1784) ● R. Fleischer, Soleil vert (1973)
● J. Hans, Le Principe de responsabilité (1979) ● A. Niccol, Bienvenue à Gattaca (1992) : adaptation
● E. Morin, Science avec conscience (1982) du roman d’A. Huxley Le Meilleur des mondes
Romans sur la science et les personnages de ● S. Spielberg, Minority Report (2002)
savants fous ● D. Guggenheim, Une vérité qui dérange (2006) :
● M. Shelley, Frankenstein (1817) documentaire alertant sur le réchauffement clima-
● J. Verne, Vingt mille lieues sous les mers (1869) tique
● H. G. Wells, L’Île du docteur Moreau (1896) Activités
● P. Boulle, La Planète des singes (1963) ● Organiser un débat oral
● D. Keyes, Des fleurs pour Algernon (1966) – Demander aux élèves de faire des recherches
● J. M. G. Le Clézio, Ourania (2006) sur un progrès scientifique lié à la biologie, afin
de mettre en avant la notion de bioéthique, par
● M. Renard, Le Docteur Lerne (2008)
exemple les mères porteuses.
Théâtre – Chaque élève doit préparer son argumentaire
E. Bond, Le Crime du XXIe siècle (1999) (au moins trois arguments) en s’appuyant sur ses
recherches et en s’efforçant d’utiliser des compa-
Texte du DVD-Rom raisons, des métaphores, du vocabulaire apprécia-
É. Zola, Le Roman expérimental (1880) tif, pour rendre son point de vue convaincant ou
persuasif.
Image fixe
– Débat en classe (plutôt en groupe).
Rembrandt, La Leçon d’anatomie (1632)
● Sortie scolaire :
Image du DVD-Rom au Palais de la découverte ou à la Cité des sciences
W. Claesz Heda, La Tourte aux cassis (1641) : nature à Paris en collaboration avec les professeurs de
morte et vanité. sciences.

90
VERS LE BAC
Négritude et engagement
➜ Livre de l’élève, p. 146

OBJECTIFS marque de l’identité des peuples africains et antillais,


– S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant sur victimes de la colonisation et méprisés à cause de leur
un corpus de textes francophones polémiques. couleur de peau ;
– Comprendre que deux objets d’étude peuvent se croi- – anaphores d’A. Césaire (texte 1) : debout (12 fois,
ser dans un corpus de type bac. l. 6-11, l. 15 et l. 18-22) et debout et libre (2 fois, l. 12-14
et l. 23-25) = groupe binaire mis en exergue par la typo-
graphie + répétition de debout (l. 3 et 5) et liberté (l. 2
OBJETS D’ÉTUDE
et 15) ; anaphores de L. Sédar Senghor : votre frère (l. 2
– La question de l’homme dans les genres de l’argu- et 27), Je ne laisserai pas (v. 3-4), Ils chantaient (v. 8-9),
mentation, du XVIe siècle à nos jours Car les poètes chantaient (v. 10-11), Pardonne (v. 21-22),
– Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à Non (v. 25-26) ; reprise anaphorique du je + répétition
nos jours de la même idée chez Confiant : J’écris ce mot (l. 1),
Je le griffonne (l. 1), Je l’inscris (l. 2).
CORPUS Césaire insiste sur la révolte et la dignité de son
Texte 1 A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal peuple, les autres auteurs sur l’importance des mots,
Texte 2 L. Sédar Senghor, Hosties noires véritables outils de libération.
Texte 3 R. Confiant, Chimères d’en ville ● Effets d’opposition / antithèses :
− texte 1 : debout / assise (l. 3-4) ;
SUJET POUR LES SÉRIES GÉNÉRALES − texte 2 : dominer libéré-liberté (l. 23, 14 et 16),
main chaude sous la glace (l. 1 et 28-29) ;
Question − texte 3 : noirceur Blancs (l. 6), nègre Blanc
Introduction (l. 15-16), noble (l. 5), honneur et respect (l. 16), or (l. 20)
– Auteurs engagés représentant la négritude et la créo- haïr (l. 7), esclavage (l. 17).
lité ; auteurs des textes 1 et 2 = fondateurs, auteur du Chaque auteur oppose la soumission à la révolte
texte 3 = encore vivant aujourd’hui, a adapté le combat contre l’oppression, la dignité espérée à l’humiliation
à notre époque. A. Césaire et R. Confiant sont martini- subie.
quais, L. Sédar Senghor est sénégalais. ● Implication de l’énonciateur :
– Contextes : XXe siècle l’après-guerre : 1947 et − emploi du je dans les textes 2 et 3 + dans le texte 2,
1948 (textes 1 et 2), et l’époque contemporaine : 1985 interpellation des tirailleurs sénégalais avec le Vous,
(texte 3). qui insiste sur l’idée de fraternité ;
– Forme : deux poèmes prose et versets (textes 1 et 2) ; – colonisateur mis à distance avec la 3e personne.
tirade de forme théâtrale, extraite d’un roman (texte 3).
● Ponctuation expressive (interrogatives et excla-
– Thèmes : le peuple noir ses humiliations et sa
matives) :
révolte, sa quête de liberté et de dignité.
– texte 2 : deux interrogatives ouvrent et concluent le
– Question : moyens stylistiques utilisés pour expri-
texte : Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère
mer la force de l’engagement littérature de combat
d’armes, votre frère de sang ? (l. 2 et 27) chiasme qui
(registre polémique).
insiste sur le rôle du poète engagé, porte-parole des
Développement soldats oubliés + interrogative qui souligne le déchire-
● Effets de répétition / anaphores : ment du poète, partagé entre la France et le Sénégal :
– mots négraille (texte 1 : l. 1, 3, 4), noir (texte 2, v. 1, 12, ne suis-je pas assez divisé ? (l. 18) + exclamatives expri-
28), noir, noirceur, nègre (texte 3, l. 1, 5, 6, 11, 12, 15, 19) ment l’indignation et l’incompréhension : non ! (l. 4),
associés aux mots sang, peau et race, eux aussi répétés Ah ! (l. 18) ;
91
– texte 3, l’exclamative exprime une moquerie : À ce qu’il Conclusion
paraît, notre chère Adelise est en train de faire un diction- – Bilan : les poètes français ont oublié de célébrer les
naire ! Ha, ha, ha ! (l. 3-4) qui sera aussitôt contredite. soldats africains, leur préférant d’autres héros à la peau
Conclusion moins noire, ou affichant un désespoir de circonstance
Indignation et révolte, d’abord par le langage poé- chant funéraire en hommage au courage et à l’hon-
tique : chaque auteur défend son peuple opprimé dans neur des tirailleurs sénégalais + chant de révolte et
la langue de l’oppresseur qu’il maîtrise parfaitement, d’espoir.
puis par la conception de l’écriture comme une arme – Ouverture : concept de négritude encore vivace
de combat. aujourd’hui, même s’il a pris des formes nouvelles,
comme chez R. Confiant qui revendique la créolité et
pratique une langue métisse, reflet de l’histoire com-
SUJETS AU CHOIX
plexe des peuples venus d’Afrique.
1. Commentaire
2. Dissertation
Introduction
Introduction
– Auteur : L. S. Senghor, né au Sénégal, imprégné de
– Contextualisation : en s’appuyant sur le corpus, on
culture européenne, brillant défenseur de la langue
peut aborder la question de l’engagement, par exemple
française professeur agrégé de grammaire et poète
en évoquant les philosophes des Lumières et les poètes
+ homme engagé l’un des fondateurs du concept
romantiques, pour qui la littérature est un moyen de
de négritude et président du Sénégal de 1960 à 1980.
défendre des idées.
= informations disponibles seulement dans le cadre
– Sujet : confronter deux manières d’envisager la lit-
d’un devoir en temps libre (recherche personnelle).
térature et l’art, en comparant les œuvres intimistes,
– Œuvre : Hosties noires (1948) = 2e recueil de Senghor,
privilégiant le lyrisme, et les œuvres de combat, qui ont
qui évoque l’épreuve de la guerre et le mépris pour les
pour objectif de transformer la société, de questionner
soldats africains ayant combattu pour la France.
le monde.
– Texte : poème ouvrant le recueil, écrit à Paris en
– Problématique : Les œuvres littéraires et artistiques
avril 1940, dédicataire nommé : L.-G. Damas, poète
sont-elles d’abord le reflet de leurs auteurs ou bien
guyanais référence directe à la Seconde Guerre
ont-elles une réelle influence dans la société ?
mondiale et au courant de la négritude.
– Projet de lecture : Quelle image et quels rôles du Plan proposé
Partie I. Beaucoup d’écrivains et d’artistes trouvent
poète peut-on dégager de ce texte liminaire ?
l’inspiration dans leur existence et dévoilent leurs
Plan proposé sentiments.
Partie I. Le poète porte-parole 1er §. Autobiographie + poésie lyrique : récits de vie,
1er §. Le chant, leitmotiv du texte : la force de la expression de la souffrance, du bonheur…
parole poétique. Ex. : V. Hugo, L’Art d’être grand-père (1877),
2e §. Des rythmes et une ponctuation qui mettent recueil de poèmes sur ses petits-enfants, Georges
en valeur l’émotion : le lyrisme. et Jeanne, enfants de Charles, mort en 1871.
Partie II. Le poète fraternel 2e §. Dévoilement métaphorique : le poète exprime
1er §. Les indices de l’énonciation « je » et « vous »: des sensations, des sentiments, sans donner d’indi-
le lien puissant du poète avec ses frères d’armes. cations précises (noms, lieux…).
2e §. Un hommage funèbre poignant : Ex. : femmes aimées par Baudelaire jamais nom-
la responsabilité du poète survivant. mées directement dans Les Fleurs du mal.
Partie III. Le poète déchiré 3 e §. Autoportrait, omniprésent en littérature
1er §. Une image contrastée de la France : comme dans les arts plastiques dévoilement
des sentiments contradictoires, entre amour et obscène de la nudité ou représentation symbolique
colère. du Moi.
2e §. L’opposition du passé et du futur : Ex. : autoportraits d’Albrecht Dürer, nu ou en
l’annonce d’un renouveau. Christ (XVIe siècle) / Hervé Guibert, Le Protocole
compassionnel (1991) : l’auteur évoque son corps
meurtri par le sida.

92
Partie II. D’autres préfèrent s’interroger sur le 3. Écriture d’invention
monde et espèrent jouer un rôle utile dans la
Analyse du sujet
société.
– Forme : discours d’hommage + ressources de l’art
1er §. Œuvres = reflet de la société, influencées par
le contexte de leur publication ; ne dévoilent pas
oratoire procédés rhétoriques adaptés au genre de
seulement le moi de l’auteur. l’éloge : hyperboles, énumérations, anaphores, anti-
Ex. : Montaigne prétend se peindre lui-même, mais thèses, questions oratoires, phrases exclamatives,
nous renseigne sur son époque dans ses Essais métaphores et comparaisons…
(guerres de religion, par exemple). – Thèmes du discours : naissance de la négritude créée
2e §. Auteurs s’attaquant aux travers de la société par les poètes Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et
(œuvres polémiques et satiriques). Léon-Gontran Damas […] qui ont eu à cœur de défendre
Ex. : Voltaire, dans ses contes, critique le fanatisme la dignité de leur culture et de leur peuple au moyen de
religieux, l’absolutisme… Césaire s’en prend au la littérature éléments historiques tirés du paratexte
colonialisme (texte 1 du corpus). ou de recherches complémentaires + définition argu-
3e §. Impact de ces œuvres sur la société, à plus ou
mentée de la négritude + exemples illustratifs.
moins long terme progrès des droits de l’homme.
– Rappel de méthode : structurer le discours, prévoir
Ex. : Beccaria, Hugo, Camus : textes contre la peine
de mort. des paragraphes texte monolithique ménager des
Partie III. Souvent, ces deux démarches sont pauses, travailler les rythmes.
intimement liées. Proposition de corrigé (début du discours)
1er §. L’écriture et l’art ont toujours un rôle à jouer Nous sommes ce soir rassemblés en ce lieu de
dans la société enrichissent nos vies, constituent mémoire afin de commémorer la naissance de la
un patrimoine culturel, laissent une trace dans négritude par trois poètes majeurs du XXe siècle, le
l’histoire… Martiniquais Aimé Césaire, le Sénégalais Léopold
Ex. : l’homme préhistorique, déjà, avait le souci de Sédar Senghor, et le Guyanais Léon-Gontran
dévoiler de façon stylisée ses préoccupations ou Damas.
une partie de lui-même (scènes de chasse, mains Alors qu’ils étaient étudiants à Paris, ces trois
négatives…). jeunes gens lancèrent, en 1935, le premier numéro
2e §. Artistes et poètes, en évoquant leur univers d’une revue littéraire, L’Étudiant noir, dans laquelle
intime, nous parlent des hommes en général. Césaire employa, pour la première fois, le mot
Ex. : V. Hugo : « Quand je vous parle de moi, je négritude, origine d’un mouvement littéraire de
vous parle de vous » (préface des Contemplations). grande ampleur, symbole des combats menés sans
3e §. Même s’il faut relativiser l’impact des œuvres relâche durant leurs longues vies.
littéraires et artistiques, les témoignages vécus ont Conjuguant écriture poétique et militantisme
la capacité de faire évoluer les mentalités, en éclai- politique, ces trois écrivains ont eu à cœur de
rant les lecteurs (expérience personnelle valeur défendre, par tous les moyens, la dignité du peuple
historique et humaine). noir réduit à l’esclavage, humilié, colonisé pendant
Ex. : photographies du Danois J. A. Riis sur la des siècles, que ce soit en Afrique ou en Amérique.
misère des migrants aux États-Unis + poètes de la Car la négritude n’a pas de frontières : sa patrie
négritude (corpus) + écrits sur les camps (P. Levi, est la littérature, son emblème est la couleur noire,
R. Antelme, J. Semprun…). le noir de la peau de tant d’hommes méprisés et
Conclusion humiliés, sujet qui est au cœur des œuvres de
– Bilan : on oppose les œuvres qui dévoilent l’univers tous les représentants de ce mouvement littéraire.
Qui n’a pas été ému, en lisant et relisant Cahier
intime des écrivains et des artistes à celles qui observent
d’un retour au pays natal, le chef-d’œuvre d’Aimé
la société et témoignent d’une volonté de jouer un rôle
Césaire, dont le lyrisme vous tire les larmes des
dans l’histoire, mais ces deux aspects sont souvent liés. yeux ? Qui n’a pas été bouleversé par les poèmes
– Ouverture : les grands auteurs et les artistes qui trans- de Senghor, au style si puissant, avec ses images
mettent au public leur univers personnel ne transfor- colorées et ses rythmes vigoureux ?
ment sans doute pas le monde, mais ils y laissent une Amoureux de la langue française, ils l’ont hono-
empreinte forte et durable. rée avec brio, mais en ont aussi fait leur arme de
combat…

93
SUJET POUR LES SÉRIES TECHNOLOGIQUES tés (l. 1, 5, 6, 11, 12, 19) dans l’extrait de roman (texte 3)
et opposés au mot Blanc[s] (l. 6 et 16), l’antithèse étant
Questions mise en évidence par la majuscule, qui suggère un sen-
1. Introduction timent de supériorité.
Négritude = mouvement à la fois poétique et militant. – Insistance sur le mépris (texte 2, l. 4) qu’inspire cette
Corpus : visée argumentative commune = condamna- peau noire, opposé à la fraternité (l. 15) dont se tar-
tion du racisme et de l’humiliation infligés aux peuples guent pourtant les Français (devise de la République),
noirs + volonté de célébrer la dignité de cette identité. et les catholique[s] (l. 17) pour qui tous les hommes sont
Développement frères. Plus virulente, Adelise emploie le verbe haïr (l. 7)
Divers procédés rhétoriques : à propos de cette peau noire, comparée à un vêtement
– haine xénophobe dénoncée, exprimée grâce au néo- affreux (l. 8) à cause de la honte qu’il suscite injuste-
logisme péjoratif négraille chez Césaire (texte 1, l. 1, ment, puisque les Noirs eux-mêmes, Homère, Rigobert
3, 4), ou à l’allusion aux rires banania chez Senghor ou Carmélise, en arrivent à dénigrer leur race (l. 9-10)
(texte 2, l. 6) ; dans le texte 3, R. Confiant rapporte au victime de trois siècles d’esclavage (l. 17). Pessimisme de
discours direct cette formule, à propos d’Adelise rédi- Monsieur Jean : le nègre a encore beaucoup de chemin à
geant un dictionnaire créole : Je suis sûr qu’elle n’osera parcourir avant que le Blanc ne lui baille honneur et res-
jamais y mettre « noir » (l. 4-5). pect (l. 15-16). À l’inverse, la narratrice essaie de trouver
Dans les trois cas, racisme souligné : couleur de peau une vague d’apaisement (l. 13), ce qui la différencie de
pas classique (texte 2, l. 12) ; les Blancs sont parvenus ses amis, résignés.
à faire croire aux Noirs eux-mêmes qu’il s’agit d’un Conclusion
vêtement affreux (texte 3, l. 8) ; Paradoxe : progrès apparent du droit et des mentalités,
– rôle du poète = détruire cette image fausse et ignoble, mais le texte le plus pessimiste date de 1985, preuve
ressentie comme une blessure profonde. Césaire répète que le combat des écrivains de la négritude et de la
avec insistance l’adverbe debout, associé au mot liberté créolité est loin d’être terminé.
(l. 2 et 15) ; Senghor offre son chant pour célébrer le
courage de ses frères d’armes, les Tirailleurs Sénégalais SUJETS AU CHOIX
(l. 1-2 et 27-28) ; et l’héroïne du roman Chimères d’en
ville affirme : Il n’y a rien de plus noble que la noirceur 1. Commentaire
quand on cesse de se regarder avec les yeux des Blancs Introduction
(texte 3, l. 5-6), notre pesant de noirceur […] vaut plus – Contextualisation : liens entre le mouvement de la
que de l’or (l. 19-20). créolité, né aux Antilles en 1989, auquel appartiennent
Conclusion Raphaël Confiant, Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau,
Malgré la dimension poétique et lyrique de ces trois et celui de la négritude, dont il est l’héritier, mais dont
textes, défenseurs de la négritude et de la créolité il cherche à se différencier langue plus métis-
= auteurs polémiques pour défendre leur dignité. sée, comme la culture créole, distincte de la culture
africaine.
– Texte : tiré d’un roman écrit au début des années
2. Introduction
1980, Chimères d’en ville, dont l’héroïne, la belle
Pour dénoncer le racisme subi par les Noirs, les auteurs
Adelise, est désirée par les hommes de son quartier de
évoquent les clichés qui sont liés à cette couleur.
Fort-de-France, dont Homère qui vient de la campagne.
Développement L’extrait fait référence au dictionnaire créole d’Adelise
– Couleur noire, origine de cette xénophobie, apparaît destiné à rendre compte de la culture créole, oubliée
sous différentes formes : négraille, néologisme com- dans les dictionnaires traditionnels.
posé du radical nègre (texte 3, l. 15) considéré désor- – Projet de lecture : Dans quelle mesure l’héroïne du
mais comme un terme méprisant, et du suffixe -aille aux roman symbolise-t-elle l’engagement des Noirs dans
connotations péjoratives (texte 1) ; frères noirs (texte 2, le combat contre le racisme ?
l. 1, 28), expression qui souligne la volonté de Senghor
de revendiquer cette identité, bafouée par les Français :
votre rire n’était pas sérieux, votre peau noire pas clas-
sique (l. 11-12) ; noirceur, noir, termes maintes fois répé-
94
Plan proposé combattre la résignation des Noirs habitués au mépris et
Partie I. La noirceur, thème central du texte : incapables de croire à un changement possible.
perception subjective de la narratrice – Ouverture : succès de la littérature noire franco-
1er §. Adelise, héroïne et narratrice, défend un phone ces dernières années prix Goncourt attribué
projet original, son « dictionnaire créole ».
à l’Antillais Patrick Chamoiseau (1992), prix Renaudot
Indices de l’énonciation (« je ») ; présentation
à René Depestre, Haïtien (1988), et Alain Mabanckou,
du texte = article de dictionnaire ; importance des
mots, de l’écriture.
Congolais (2006)…
2e §. L’obsession du noir, motif récurrent du texte.
2. Dissertation
Répétitions et variations (« noir », « noirceur »,
« nègre ») + le mot « race » (l. 10) ; marque de son Introduction
identité, qu’elle affirme en l’écrivant (cf. Eluard, – Contextualisation : Victor Hugo = écrivain engagé
« Liberté »). politiquement, a exprimé ses combats dans ses œuvres,
Partie II. Un récit apparemment anecdotique, mais a écrit des textes sur ses amours de jeunesse ou
finalement engagé sur sa famille plusieurs registres, comme pour les
1er §. Des personnages pittoresques qui ancrent le poètes de la négritude du corpus, optant tantôt pour
récit dans un cadre réaliste.
le registre lyrique, tantôt pour le registre polémique.
Onomastique plaisante : Homère (campagnard
– Sujet : citation de Senghor = rôle de premier plan de
au nom de poète antique), Rigobert (évoque le
rire), Carmélise (entre Carmel et caramel) et
la littérature dans la lutte pour la décolonisation
Monsieur Jean (obsédé du « Savoir avec un grand nécessité de l’engagement + confiance dans le pou-
S » (l. 17), mais trop pessimiste) ; discours direct : voir de la littérature, sur son influence dans l’histoire.
mise en scène vivante des débats qui les agitent. – Problématique : La littérature doit-elle nécessaire-
2e §. Un monde divisé et inégal, à l’origine de l’en- ment être engagée ou bien a-t-elle d’autres fonctions ?
gagement d’Adelise. Plan proposé
Opposition du noir (absence de majuscule) et Partie I. La littérature est un moyen de défendre
du Blanc, de l’esclavage et de la domination mépri- des idées, de s’engager.
sante ; allusions aux préjugés racistes bien ancrés 1er §. La littérature fait avancer la société, en
dans les esprits, « appris » (l. 7), mais qu’Adelise éclairant les hommes, en remettant en question
remet en question. les préjugés, en bravant la censure.
Partie III. Un texte profondément lyrique Ex. : l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
1er §. Une vision optimiste, qui contraste avec la 2e §. La littérature polémique, parfois satirique,
résignation de ses amis. utilise les mots comme des armes de combat.
Arguments d’Adelise en faveur de la « noir-
Ex. : Les Châtiments, de V. Hugo + les représentants
ceur » : « noblesse », « or »… pessimisme des
du mouvement de la négritude (corpus).
autres personnages qui se moquent d’elle ou
3e §. Certaines causes ont été défendues par des
se résignent au point « de se regarder avec les
écrivains qui leur ont fait bénéficier de leur noto-
yeux des Blancs » (l. 6) ; solitude de l’héroïne
riété et de leur talent.
(« personne autour de moi » : l. 19).
Ex. : Voltaire et l’affaire Calas ; Émile Zola et
2e §. Un lyrisme original qui met en valeur ce
l’affaire Dreyfus.
plaidoyer en faveur de la culture créole.
Partie II. Bien des auteurs, au contraire, ne croient
Langage familier et soutenu (ex. : « tout le
pas à l’utilité de la littérature.
temps », l. 16 ; « se gausse », l. 18) ; effets de
1er §. Le culte de la beauté, de l’art pour l’art
rythme : reprises anaphoriques du pronom je ;
poèmes envisagés comme des tableaux, des com-
gradation des lignes 1 à 3 ; énumération de la
positions purement esthétiques.
ligne 11 et 12 rêve noir qui apaise et console la
Ex. : Émaux et camées, de Théophile Gautier
narratrice ; métaphore finale de l’or : la libération
(1852).
passe par le langage.
2e §. La poésie lyrique exprime l’univers intérieur
Conclusion du poète, ses sentiments intimes.
– Bilan : récit plaisant mettant en scène des personnages Ex. : Les Nuits, recueil de poèmes romantiques de
hauts en couleur, au tempérament bien marqué ; texte Musset (1835-1837).
lyrique soulignant le pouvoir du langage, comme moyen 3e §. Parfois l’homme s’engage dans sa vie, mais
d’affirmer une identité bafouée ; texte militant visant à refuse l’engagement dans son œuvre.
Ex. : Francis Ponge a été résistant, mais a préféré
95
décrire poétiquement des objets dans son recueil honneur et respect langage châtié ; pessimiste ;
Le Parti pris des choses (1942). profonde frustration (le Savoir […] dont trois siècles
Conclusion d’esclavage nous ont privés), mais ne croit pas à un
– Bilan : bien des écrivains ont joué un rôle majeur changement proche et se résigne.
dans la société, ont fait évoluer les esprits et les insti- Consignes :
tutions en proposant des idées nouvelles. Mais la lit- – cohérence par rapport au texte
térature a bien d’autres fonctions et n’a pas forcément idées, style, caractères ;
d’utilité immédiate. – richesse du vocabulaire
– Ouverture : Est-ce à dire que dans ce cas elle est nuances, jeu sur les niveaux de langue…
inutile ? Certes non, car l’homme a besoin d’exprimer Proposition de corrigé (début du dialogue)
son Moi, de nourrir son imaginaire et de satisfaire son MONSIEUR JEAN. – Un dictionnaire créole ! Quelle idée
sens de l’esthétique. saugrenue ! Oubliez-vous que nous descendons de
générations d’esclaves incultes, d’hommes qui ont
3. Écriture d’invention été privés de l’opportunité de découvrir le monde
Analyse du sujet de la connaissance ? Qu’y mettrez-vous, alors,
Forme : dialogue entre Adelise et Monsieur Jean (de dans ce dictionnaire ? Et d’ailleurs, qui pourrait
type théâtral) aucun passage narratif, nom des per- bien s’intéresser à un tel ouvrage ? Les Blancs,
sûrement pas ! Les noirs ? Auront-ils envie de rou-
sonnages, tirets, paroles au discours direct.
vrir leurs blessures ?
Contenu :
ADELISE. – Il est bien vrai que notre parole a été
– thèse d’Adelise, qui rédige un dictionnaire créole : étouffée, pendant des siècles, mais cette parole
Il n’y a rien de plus noble que la noirceur quand on cesse existe, elle ne demande qu’à s’exprimer. Si chacun
de se regarder avec les yeux des Blancs ; notre pesant raisonne ainsi que vous le faites, jamais notre situa-
de noirceur […] vaut plus que de l’or elle défend tion ne changera, c’est certain. Serais-je donc la
fièrement son identité de Noire, aime les mots et refuse seule à y croire, la seule à défendre notre culture ?
la soumission ; Car, oui, nous avons bel et bien une culture, et c’est
– thèse de Monsieur Jean, qui se gausse de [s]on à nous de la mettre en valeur, de faire découvrir au
dictionnaire créole : le nègre a encore beaucoup de reste du monde nos richesses…
chemin à parcourir avant que le Blanc ne lui baille

96
CHAPITRE
3 Le personnage de roman
➜ Livre de l’élève, p. 150

SÉQUENCE 7
Héros et anti-héros
➜ Livre de l’élève, p. 151

– en sortant (l. 49) : départ de l’abbé dont la mission


T 1
Texte Stendhal,
d’introduction est achevée Julien commence seul sa
Le Rouge et le Noir ➜ p. 152
nouvelle vie.
Objectif : Étudier une étape importante
de l’ascension sociale d’un héros de roman Mise au point
de formation. 3. Ils redoublèrent l’enchantement de Julien (l. 22-23)
On vous les donnerait tels qu’ils sont, que vous refu-
LECTURE ANALYTIQUE seriez de les habiter ; c’est la patrie du bâillement et du
raisonnement triste (l. 20-22) : extase de Julien  réalité
Première lecture qu’il a devant les yeux antithèse qui souligne la naï-
1. Julien, jeune provincial de milieu modeste, fait ses veté du jeune homme, celle d’un voyageur émerveillé
premiers pas dans le monde : il découvre ébahi (l. 1) le par la découverte de contrées exotiques.
cadre de vie de l’aristocratie parisienne répétition
Analyse
du mot marquis (l. 18, 29, 35, 38). Par inexpérience, il
commet des bévues : il prend un tailleur (l. 48) pour 4. Le décor de l’hôtel de La Mole symbolise l’arrivée
un personnage éminent devant qui on doit faire une de Julien dans ce monde nouveau pour lui, celui de
révérence. l’aristocratie parisienne, théâtre des grandes choses
(citation de la fin de la première partie du roman)
2. Organisation du récit suivant les déplacements des
monde hiérarchisé et protocolaire où chacun est
personnages introduction de Julien dans ce monde
guindé dans son rôle.
nouveau :
− au milieu de la cour (l. 1) : arrivée à l’hôtel de La Mole 5. ébahi (l. 1), méfiance (l. 15), enchantement (l. 23),
Julien ébahi ; point du tout intimidé (l. 32-33), Julien tressaillit et fit
− Les salons que ces messieurs traversèrent au premier un saut en arrière. Il rougit de colère (l. 46-47). L’abbé
étage, avant d’arriver au cabinet du marquis (l. 16-18) : Pirard résume ainsi les contradictions de Julien : il
transition entre la cour et le cabinet du marquis vous vient des idées horribles, et puis vous n’êtes qu’un
émerveillement croissant de Julien ; enfant ! Deux facettes : l’ambitieux, plein d’orgueil
− Enfin, ces messieurs arrivèrent à la plus laide des pièces et de cynisme, qui ne se laisse pas impressionner le
de ce superbe appartement (l. 26-27) + indication tem- garçon naïf et maladroit qui fait un demi-salut devant
porelle : L’audience ne dura pas trois minutes (l. 36) : le tailleur (l. 45).
entrevue avec le marquis Julien point du tout intimidé 6. Il sembla à Julien (l. 31), il remarqua bientôt (l. 34-35)
(l. 32-33) ; regard contradictoire porté sur le marquis, jugé
– En sortant (l. 37) : départ et commentaires de l’abbé d’abord négativement (tournure assez mesquine,
Pirard ; l. 33-34), puis positivement (une politesse encore plus
– On était remonté en fiacre […] près du boulevard […] une agréable à l’interlocuteur que celle de l’évêque de
suite de grands salons (l. 41-42) : transition entre deux Besançon, l. 35-36).
parties de l’hôtel rencontre du tailleur : la bévue ; Julien remarqua (l. 42), Il regardait (l. 43) Julien ignore
97
où le conduit l’abbé Pirard, qui le met en quelque sorte – Lucien Leuwen, héros éponyme d’un roman écrit en
à l’épreuve. Sa confusion à propos du tailleur produit 1834-1836 : fils d’un riche banquier, il étudie à l’école
un effet comique : L’abbé Pirard, malgré sa gravité, rit Polytechnique, dont il est chassé en 1832 pour ses idées
aux larmes (l. 47). républicaines ; il intègre l’armée et fréquente le milieu
7. a. Abbé Pirard = mentor de Julien, il a obtenu pour lui des ultraroyalistes, par opportunisme. Tombé amoureux
le poste de secrétaire, grâce à son entregent : de Mme de Chasteller, il reste hanté par cette passion,
– guide dans le monde codifié de l’hôtel de La Mole même lorsqu’il doit séduire d’autres femmes pour faire
+ mise en garde contre une attitude puérile qui pourrait avancer sa carrière politique.
lui nuire : Ayez donc l’air raisonnable (l. 2), où est le Trois héros partagés entre leurs ambitions et l’amour
nil mirari d’Horace ? (Jamais d’enthousiasme.) (l. 4-5) sincère qu’ils portent à une femme ; Julien et Fabrice
mise en garde contre les laquais (fin du 1er §) ; meurent alors qu’ils sont encore jeunes, mais on ignore
– reproches amicaux : Vous avez regardé le marquis, le destin de Lucien (roman inachevé). D’après les pro-
comme vous eussiez fait un tableau. […] la hardiesse de jets de Stendhal, il devait retrouver Mme de Chasteller
votre regard m’a semblé peu polie (l. 38-40) il invite et l’épouser, mais ce dénouement heureux n’a pas été
Julien à avancer masqué pour mieux se faire accepter rédigé.
parmi cette élite. 10. Iconographie
b. Confiance en Julien, son protégé : bientôt vous en Johann Paumeister : homme jeune boucles claires et
saurez plus que moi (l. 39-40) + Un autre vous garderait regard presque enfantins  engoncé dans un col haut,
comme une jeune fille, en ces premiers moments de votre à la mode à l’époque, qui lui donne un air rigide et
séjour dans cette nouvelle Babylone (l. 50-52) l’abbé sérieux + calvitie naissante.
connaît les faces sombres de la société et en joue Image contrastée, entre naïveté et conscience de
rôle ambigu de la religion sous la Restauration. classe.
11. Écriture d’invention
Question de synthèse
Contraintes du sujet :
8. L’apprentissage s’annonce difficile en raison des pré- – structurer le récit, à la manière de Stendhal, en sui-
jugés sociaux et de la maladresse de Julien. Volonté vant les déambulations du personnage dans les lieux
farouche d’ascension sociale, mais héros mal préparé à symbolisant son rêve d’ascension sociale (ex. : entrée
affronter les obstacles et les pièges qui lui seront tendus dans une tour d’une grande entreprise à la Défense ou
dans cette nouvelle Babylone (l. 51-52) : Songez que ce un palace parisien, à l’Assemblée nationale, dans un
peuple de laquais, vous voyant établi ici, va chercher tribunal prestigieux…) arrivée en voiture de fonc-
à se moquer de vous ; ils verront en vous un égal, mis tion avec une personne influente servant de guide ;
injustement au-dessus d’eux (l. 5-8). découverte du quartier, de l’immeuble ; arrivée dans
un bureau ; rencontre d’un responsable ; départ et
Pour aller plus loin
réflexions sur cette visite ;
9. Recherche – introduire un décalage entre le point de vue émerveillé
– Fabrice del Dongo, héros de La Chartreuse de Parme du jeune héros (contemporain) et le regard ironique
(1839), né en 1798. Contrairement à Julien Sorel, il et critique du narrateur dévoilant ce qui se cache der-
appartient à la noblesse, mais comme lui, il est le pro- rière le vernis des apparences travail sur les figures
tégé d’un abbé, l’abbé Blanès. Comme Julien, il admire de rhétorique et la syntaxe : antithèses, antiphrases,
Napoléon Ier : il rêve de suivre ses traces en participant discours indirect libre… ;
à ses conquêtes militaires, mais se contente d’assister – comme dans le texte 1, prévoir des passages au dis-
de loin au désastre de Waterloo. Comme Julien, il ambi- cours direct pour insister sur le côté théâtral de cette
tionne une carrière ecclésiastique, mais ses aventures entrée en scène dans un monde rêvé.
amoureuses le conduisent en prison. Comme Julien
avec Mathilde, Fabrice a un enfant avec Clélia Conti, la Prolongement : un héros ambitieux dans un film
fille du gouverneur de la prison, qui est mariée (1827). culte : Citizen Kane, d’Orson Welles (1941) : destin du
Cet enfant meurt, puis sa mère. Fabrice désespéré héros, multiplication des points de vue, sens de la
meurt de chagrin, à l’âge de 32 ans, dans un monas- construction du film importance des origines et de
tère où il s’est retiré. l’enfance.

98
Texte 1
D’UN G. de Maupassant, – adjectif immodérée (l. 26) jugement du narrateur
À L’AUTRE
Bel-Ami ➜ p. 154 sur son personnage ;
– sans comprendre d’où lui venait cette vague émotion :
Objectif : Analyser le comportement narcissique d’une inconsciente comparaison, peut-être, entre la
d’un personnage ambitieux de roman réaliste. coupe de leurs vêtements (l. 34-36) ici frontière floue
entre point de vue interne et point de vue omniscient.
QUESTIONS Qui émet cette hypothèse ? Duroy lui-même (discours
1. 1re étape : l. 1 : Il montait lentement les marches ; indirect libre) ou le narrateur ?
l. 2-3 : et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur 4. Vie mondaine = théâtre : Alors il s’étudia comme
en grande toilette qui le regardait ; l. 4 : puis il demeura font les acteurs pour apprendre leurs rôles (l. 16 sq.)
stupéfait montée de l’escalier interrompue par la sur- le costume, la gestuelle, tout est réglé de façon très
prise du miroir= Duroy ne se reconnaît pas. précise + règne de l’artifice et de l’illusion (comédie
2e étape : l. 14 : Et maintenant, en se regardant avec humaine).
soin ; l. 16 : Alors il s’étudia halte devant le miroir, 5. Duroy est différent :
autosatisfaction et répétition du rôle. – il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde
3e étape : l. 21 : Une porte s’ouvrit dans l’escalier ; l. 24 : (l. 12) Duroy ne fait pas partie de l’élite parisienne,
En arrivant au second étage ; l. 29 : dernier étage, troi- il ne se reconnaît pas dans cette nouvelle apparence,
sième glace suite de la montée + deux autres haltes pour l’instant usurpée, qui va lui permettre d’entrer
narcissiques où il peaufine son apparence. dans le cercle d’amis de Charles Forestier, un journa-
4e étape : l. 32 : Puis, tendant la main vers le timbre, liste en vue ;
il sonna ; l. 33 : La porte s’ouvrit presque aussitôt ; – Duroy se compare au valet, ce qui rappelle ses ori-
l. 43 : Il allait faire son premier pas dans l’existence gines modestes et sa pauvreté (l. 35-38) ; il cache
attendue, rêvée l’entrée en scène / le trac = ascen- comme il peut les taches de son pardessus.
sion des marches ponctuée par trois haltes devant le
miroir, accessoire essentiel pour Duroy qui prépare son Vis-à-vis : Stendhal et Maupassant
entrée dans le monde et fait ce commentaire plaisant : 6. Contradictions liées au tempérament et à l’inex-
« Voilà une excellente invention. » (l. 31), étant à la périence : ambition, détermination  crainte d’être
fois acteur et spectateur de lui-même + comparaison maladroit, ce qui compromettrait l’ascension sociale,
avec le théâtre (l. 16-20) renforcée par cette présence naïveté.
de la glace. Julien // laquais et Duroy // valet.
2. Deux facettes contradictoires de Duroy : Autosatisfaction nettement plus marquée dans le roman
– l’inquiétude de n’être pas à la hauteur : le cœur bat- réaliste de Maupassant.
tant, l’esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d’être 7. Fonctions différentes des décors : chez Stendhal,
ridicule (l. 1-2) ; il s’exagérait les imperfections, s’affolait Julien traverse différents lieux qui symbolisent l’appar-
à l’idée d’être grotesque (l. 10) ; peur (l. 21) ; se troubla tenance sociale de la famille de La Mole et émerveillent
de nouveau (l. 34) ; perdant son aplomb […] perclus de le héros pour cette raison  chez Maupassant, le per-
crainte, haletant (l. 42)… ; sonnage n’a pas encore fait son entrée dans l’appar-
– l’exaltation et le narcissisme naissant : Un élan de joie tement de Charles Forestier : le décor représente les
le fit tressaillir tant il se jugea mieux qu’il n’aurait cru coulisses, avant l’entrée en scène.
(l. 6-7) ; fort bien, fort chic (l. 13) ; vraiment, l’ensemble 8. Iconographie
était satisfaisant (l. 14-15) ; une confiance immodérée en Le peintre italien Bernardo Celentano (1835-1863)
lui-même emplit son âme (l. 26).
= homme jeune, mais déjà plein d’assurance et de
3. Narrateur extérieur + précisions ajoutées qui relèvent confiance en lui : haut-de-forme vissé sur le crâne et
du point de vue omniscient : lavallière démesurés, à l’image de son ambition ; cigare
– N’ayant chez lui que son petit miroir à barbe (l. 8) à la bouche, canne à la main gauche, un gant noir à la
élément extérieur à la situation racontée ; main droite seulement image de dandy sûr de son
– Mais voilà qu’en s’apercevant […] (l. 11-13) le narra- effet, comme Duroy face au miroir.
teur, par le présentatif voilà, s’affirme comme le metteur
en scène de l’émoi de Duroy ;

99
Prolongement : commenter l’évolution de la mode, L’arrivée de Julien dans son entourage rompt son
de l’époque romantique à celle des romanciers réa- ennui ; elle séduit le jeune homme, mais joue de sa
listes, à travers la comparaison des deux portraits supériorité sociale et laisse libre cours à ses caprices.
(p. 152 et 154). Par la suite, elle se reproche d’avoir cédé au premier
venu et accepté de passer une nuit avec lui (II, XVI).
Enceinte (II, XXXII), elle est contrainte d’épouser Julien,
alliance qui n’est rendue possible que grâce au pouvoir
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
de son père. Une fois Julien condamné, elle connaît à
Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 156
son tour les affres de la jalousie quand elle comprend
Objectif : Suivre le destin d’un personnage à quel point le jeune homme est encore attaché à son
ambitieux, Julien Sorel, de sa jeunesse rêveuse premier amour. Elle reste jusqu’au bout avec lui et la
à sa condamnation à mort. fin du roman fait d’elle une héroïne tragique baisant la
tête de son amant guillotiné.
PISTES D’ANALYSE
3. La structure du roman
1. Le héros Étapes de l’ascension de Julien, de l’âge de 19 ans, en
– Quête : faire fortune (I, V), s’extraire de sa condi- 1826 (rencontre avec Mme de Rênal), à l’âge de 23 ans,
tion sociale entrer dans les ordres et fréquenter la en 1830 (exécution, II, XLIV).
noblesse. ● Deux parties :
– Adjuvants : son intelligence et son ambition ; – I = Mme de Rênal / II = Mathilde de La Mole et deux
l’exemple de Bonaparte ; le curé Chélan qui perçoit étapes de sa carrière ;
d’emblée ses qualités ; l’abbé Pirard qui le fait entrer au – I = l’Église (le Noir) / II = l’armée (le Rouge) ;
service de M. de La Mole à Paris ; ce dernier, qui l’aide – I = épisode du séminaire // II = expérience de la
à obtenir la croix, un titre de noblesse (de La Vernaye) prison.
et un brevet de lieutenant de hussards ; Mme de Rênal ● Chronologie des expériences de Julien :
qui fait tout pour sauver Julien après l’avoir compromis, – enfance dans une famille de charpentier (I, IV) ;
mais en vain. – précepteur dans la famille de Rênal Verrières et
– Opposants : Mme de Rênal, qui dénonce Julien dans Vergy (I, VI à XXIV) ;
une lettre qui lui sera fatale ; les jurés, inflexibles ; les – séminaire de Besançon et retour à Verrières (I, XXV
origines sociales de Julien, notamment rappelées par à XXX) ;
Mathilde. – installation à Paris, à l’hôtel de La Mole = poste de
secrétaire (II, I à XXXIV) ;
2. Les personnages féminins – mission de deux mois à Londres, retour à Paris
– Mme de Rênal : riche provinciale, femme de notable, obtention de la croix (II, VII) ;
très pieuse. – cachette au presbytère de l’abbé Pirard à l’annonce
Elle incarne les contradictions féminines déchirée de la grossesse de Mathilde mariage accepté par le
entre son amour pour Julien et sa dévotion. Séduite marquis, qui procure à Julien un titre de noblesse, des
par le jeune précepteur de ses enfants, pour qui cette terres, la richesse (II, XXXIV).
difficile conquête est un défi (I, XV), elle redoute ensuite Arrivée au sommet avant la chute :
de perdre sa réputation et s’arrange pour que Julien – séjour à Strasbourg (régiment de hussards), retour
quitte son entourage. Plus tard, elle se montre jalouse précipité à Paris à cause de la lettre de Mme de Rênal,
lorsqu’elle apprend que le jeune homme doit épouser puis voyage à Verrières tentative de meurtre (II,
Mathilde de La Mole. Elle le trahit en envoyant une XXXV) ;
lettre au père de Mathilde, poussée par son confesseur – de la prison de Besançon au tombeau (II, XXXVI
(II, XXXV), mais écrit ensuite aux jurés pour obtenir à XLV).
leur clémence, puis rend visite à Julien (II, XLIII) pour Accélération de l’enchaînement des actions au
l’implorer de demander la grâce. Elle meurt de chagrin chapitre XXXV (IIe partie) = éléments déclencheurs de
peu après l’exécution. la condamnation, puis un rythme plus apaisé dans les
– Mathilde de La Mole : jeune fille de la noblesse pari- derniers chapitres.
sienne, pleine d’assurance et de fierté.
100
4. Titres, citations Ex. : G. Flaubert, L’Éducation sentimentale (1869)
et interventions du narrateur désillusions de la génération de 1848 symboli-
Paratexte = ajout de nombreux éléments : sées par Frédéric Moreau.
3e § : Contexte historique = éléments d’explication
● 75 titres de chapitres, parfois déconcertants, sans sur la destinée du héros.
rapport explicite avec le contenu : Ex. : Musset explique le mal du siècle dans Confession
– métaphores : Le tigre (II, XXXII) la fière Mathilde d’un enfant du siècle (1836).
domptée par Julien ; Un orage (II, XXXV) lettre de Partie II. La dimension historique du roman (chro-
Mme de Rênal = coup de tonnerre qui va anéantir le nique, document)
bonheur du jeune homme ; 1er § : Le roman historique a toujours connu un
– valeur anecdotique : Les ciseaux anglais (I, XIV) succès populaire.
épisode de séduction, rapprochement entre Julien Ex. : romans d’A. Dumas personnages histo-
et Mme de Rênal ; riques = vrais héros de romans, aventures pleines
– orientation historique rappelée au lecteur : Façons de rebondissements (Les Trois Mousquetaires,
1844).
d’agir en 1830 (I, XXII).
2e § : Certains romanciers offrent une vision cri-
● 77 citations accompagnant chaque partie et chaque tique de l’histoire.
chapitre, parfois en langue étrangère, traduite ou non Ex. : Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830) Restau-
(latin, italien, anglais…), de longueurs et d’auteurs très ration = conservatisme, gérontocratie, complots
variés (Mozart, Schiller, Lope de Vega, Machiavel…), ou ultras, rôle de l’Église, hypocrisie jeunesse en
d’auteurs anonymes (Un Moderne, Blason d’amour…) : révolte, éprise de liberté.
les plus connues sont : La vérité, l’âpre vérité, Danton 3e § : Les romans, annales de l’humanité familière
(Livre premier) + Un roman : c’est un miroir qu’on pro- (Claude Roy) : cadres de vie, petits détails vrais
mène le long d’un chemin, Saint-Réal. (I, XIII) débuts = témoignages précieux pour les historiens.
du roman réaliste. Ex. : M. Duras, Un barrage contre le Pacifique
marques des automobiles, chansons à la mode…
● Jeu constant du narrateur avec le lecteur remise en = aspects véridiques de la colonisation française
question de l’illusion romanesque, analyse distanciée de l’Indochine.
du personnage, ironie : Toutes les premières démarches
de notre héros qui se croyait si prudent furent comme 2. Analyse d’image
le choix d’un confesseur, des étourderies (I, XXVI) ; Le – Hachette Biblio Lycée (2011) : illustration colorée dont
lecteur voudra bien nous permettre de donner très peu le style évoque clairement la littérature jeunesse et les
de faits clairs et précis sur cette époque de la vie de films d’animation un adolescent (Julien) lit sur un
Julien. Nous craignons de fatiguer le lecteur du récit des toit dominant un paysage de campagne puissamment
mille infortunes de notre héros (I, XXVII) en exergue éclairé rêves d’ascension du héros.
de ce chapitre, citation de Diderot : ce style rappelle en – Garnier Flammarion : photogramme en couleurs
effet la fantaisie de Jacques le Fataliste. du film de Claude Autant-Lara (1954), Gérard Philipe
(Julien) et Danielle Darrieux (Mme de Rênal), amants
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES enlacés intrigue sentimentale.
– Livre de Poche : reproduction du Portrait de François-
1. Dissertation Marius Granet, Ingres (1807) visage d’un peintre
Plan détaillé : romantique, jeune dandy portant un livre à la main
Partie I. Le roman, récit du destin individuel d’un où son nom est inscrit ; derrière lui, la ville de Rome,
héros dans un contexte donné symbole de sa réussite personnage ambitieux et
1er § : Parfois le roman mêle époque mythique et talentueux.
réalités contemporaines.
Ex. : Le Roman de Thèbes (XIIe siècle) histoire
d’Œdipe dans un cadre féodal + G. Orwell, 1984 T 2
Texte H. de Balzac,
(1948) systèmes totalitaires du xxe siècle. Le Père Goriot ➜ p. 157
2e § : L’itinéraire du héros s’inscrit dans une époque
Objectif : Analyser l’explicit ouvert d’un roman
donnée.
réaliste.

101
LECTURE ANALYTIQUE consentir (l. 20) faveur accordée à l’étudiant pauvre.
– Il est contraint d’emprunter de l’argent pour le pour-
Première lecture boire des fossoyeurs : Eugène fouilla dans sa poche et
1. Repères temporels : n’y trouva rien (l. 31-32).
– Quand le corbillard vint (l. 1), Arrivé là (= à Saint- Rastignac est humilié : Ce fait, si léger en lui-même,
Étienne-du-Mont) (l. 7), En attendant les deux prêtres détermina chez Rastignac un accès d’horrible tristesse
(l. 10-11) : levée du corps dernier geste amical d’Eu- (l. 32-33) hyperbole et antithèse = élément déclen-
gène envers le défunt ; Christophe et Eugène seuls cheur de sa révolte qui prépare la fin du récit.
avec deux croque-morts se rendent à l’Église pour les 5. gagner quelques bons pourboires (l. 10) ; donnèrent
obsèques ; tout ce qu’on peut avoir pour soixante-dix francs dans
– Le service dura vingt minutes (l. 19) : cérémonie rapi- une époque où la religion n’est pas assez riche pour
dement expédiée, en présence de deux prêtres, d’un prier gratis (l. 16-18) ; la courte prière due au bonhomme
enfant de chœur et du bedeau ; pour l’argent de l’étudiant (l. 28-29) ; leur pourboire
– nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attar- (l. 31) ; d’emprunter vingt sous (l. 32) : nombreuses
der, il est cinq heures et demie (l. 22-23), Cependant, au allusions à l’argent tout s’achète, même l’Église est
moment où le corps fut placé dans le corbillard (l. 24) : corrompue par le système économique, ce qui semble
hâte du clergé, retardé par l’arrivée de la voiture vide choquant ici. Le clergé remplit son office comme n’im-
des filles de Goriot + départ du corbillard pour le Père- porte quelle activité banale, la ferveur religieuse étant
Lachaise ; absente de ces funérailles.
– À six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans 6. tortueusement couché (l. 40) : animalisation ou per-
sa fosse (l. 26-27), aussitôt que fut dite la courte prière sonnification de Paris virtualité d’une ville mons-
(l. 28), Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques trueuse, dévoratrice.
pelletées de terre (l. 29-30) : l’enterrement, aussi expé- cette ruche bourdonnante (l. 43) + pomper le miel
ditif que la cérémonie ; (l. 44) : métaphore filée quartiers prestigieux de Paris
– Le jour tombait (l. 34) : la dernière larme de jeune dans lesquels Rastignac compte bien pénétrer pour en
homme (l. 35) de Rastignac. savourer les plaisirs ; métaphore de la ruche associée
Funérailles dans la hâte ; clergé pressé d’en finir. à la présence des lumières (l. 41) = activités multiples
2. Adjectif seul (l. 5, 9, 19, 39) : le père Goriot meurt produisant des richesses, ville animée et puissante.
abandonné par ses filles ; Rastignac qui n’est pas de
sa famille est l’unique proche qui ait daigné faire le Question de synthèse
déplacement avec Christophe, l’employé de la pension. 7. Dénouement = disparition du père Goriot commen-
cement : nouveau départ dans la vie de Rastignac
Mise au point dernière larme de jeune homme (l. 35) + premier acte du
3. Focalisation zéro : une image qui se rapportait à un défi qu’il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez
temps où Delphine et Anastasie étaient jeunes, vierges madame de Nucingen (l. 46-47).
et pures, et ne raisonnaient pas, comme il l’avait dit Goriot = ancienne génération, père honnête qui a tout
dans ses cris d’agonisant (l. 2-4) retour dans le passé donné à ses enfants, désormais sous terre Rastignac
effectué par le narrateur omniscient. = nouvelle génération, vers le haut du cimetière (l. 39) :
l’ami du vieil homme se lie avec ses filles cupides et
Analyse ingrates.
4. a. Simple reconnaissance polie de Christophe, qui se
croyait obligé de rendre les derniers devoirs à un homme Pour aller plus loin
qui lui avait fait gagner quelques bons pourboires 8. Lecture cursive
(l. 9-10) émotion sincère de Rastignac qui serra la François Bon, L’Enterrement (1991) (Folio n° 3038)
main de Christophe, sans pouvoir prononcer une parole a. Structure du roman.
(l. 11-12), après avoir placé religieusement sur la poitrine
● Unité de la tragédie : chronologie brisée, introduction
du bonhomme une image (l. 2) de son passé heureux,
preuve de son attachement. de la polyphonie au fil des trois chapitres :
b. – Il est obligé de monter dans le corbillard car il n’a – unité de temps : samedi matin de décembre (p. 11,
pas les moyens d’avoir un véhicule personnel : verbe p. 119), cette saison d’avant-Noël (p. 119) ;

102
– unité de lieu : village de Vendée (région natale de 2. Une cérémonie expéditive et sans âme
F. Bon), à Champ-Saint-Père (p. 11) ; (question 1).
– unité d’action : enterrement d’Alain, habitant du vil- 3. La peine sincère de Rastignac (question 4. b).
lage parti du village pour vivre sur les mers ; ami du Partie II. Un dénouement en trois temps, de la mort
à la nouvelle vie de Rastignac
narrateur, qui vit à Paris (p. 36).
1. La fin d’un cycle : thème de la mort dominant
● Le narrateur entremêle récit des obsèques, dans l’« explicit », hommage funèbre (question 4).
conversations avec les habitants, évocation des 2. L’humiliation de Rastignac rôle de déclen-
souvenirs d’Alain, réflexions… : cheur / effet de rupture dans le récit (question 5).
– récit de l’enterrement (chronologie brisée : prolepses 3. Le défi de Rastignac : obsèques de Goriot dîner
et analepses) : arrivée du narrateur dans la famille chez sa fille = l’entrée dans le monde (question 7).
d’Alain / marche funèbre du cortège jusqu’à l’église / N.B. : partie II = réponse en trois étapes à la
cérémonie religieuse à l’église Toutes-Joies / départ du question 7.
cortège pour le cimetière / enterrement / moment de Prolongement : étudier l’art du portrait chez Balzac
convivialité qui suit les obsèques la vie reprend ses à travers la comparaison des portraits de Rastignac,
droits ; Vautrin et Goriot, au début du roman Le Père Goriot
– polyphonie : propos des personnages rencontrés composition, choix des détails, visée.
(famille, villageois anonymes…), restitution du parler
local (Ô faut pas s’occuper des affaires de les autres,
p. 115) ; confidences de l’organiste (ses rêves, ses É. Zola,
visions) stéréotypes et sagesse populaire ;
Texte 2
D’UN
À L’AUTRE
L’Œuvre ➜ p. 159
– lieux symbolisant les rituels sociaux du village : église,
bistrot Aux voyageurs, cimetière, école, Poste, usines, Objectif : Étudier l’explicit d’un roman naturaliste
salle des Fêtes utilisée pour le mariage de la sœur et le mettre en relation avec une page de roman
d’Alain six mois plus tôt et lors des obsèques de son réaliste.
frère document anthropologique (fossé culturel entre
Alain et sa famille) ; QUESTIONS
– thème du non-dit (suicide d’Alain suggéré : Surtout
1. Étapes du récit :
ne pas se laisser tirer les vers du nez, p. 20) ; réflexions
– autrefois ; et, maintenant (l. 3-4) : pensées tristes de
sur la liberté, la mort, les tabous… ;
Sandoz avant l’enfouissement du cercueil ;
– mise en abyme, au cœur du récit : passages sur la
– Mais, à cette minute terrible […] les jours précédents
seule curiosité artistique de la région, le transi (p. 87)
(l. 6-8) ; Cela n’en finissait pas, s’éternisant (l. 10) : ébou-
de Gaston Chaissac (1910-1964) art brut, auquel fait
lement dû aux intempéries qui retarde l’enfouissement
écho l’écriture de F. Bon qui tire sa matière de la vie
et redouble le chagrin (l. 7) ;
des gens ordinaires et en restitue la poésie.
– Enfin, la fosse fut vidée (l. 15) ; C’était fini (l. 16) : rapi-
Structure déconcertante à première vue, mais la
dité de l’enterrement effet de contraste (antithèse :
mosaïque du récit et la polyphonie rendent compte de
Cela n’en finissait pas C’était fini) ;
la complexité humaine qui transparaît au-delà des cli-
– Tous s’en allaient (l. 22) ; lentement (l. 33) : départ
chés et des rituels bien rodés.
rapide des officiants départ beaucoup plus lent des
b. Récit entre mort et continuation de la vie :
amis, qui échangent quelques propos ;
– enterrement d’Alain (en décembre, saison du déclin)
– Maintenant (l. 42-43) : halte devant le feu (destruction
// grossesse de sa sœur ;
des vieux cercueils scène symbolique) ;
– dernière phrase du récit (à la fin tu es las de ce monde
– onze heures (l. 47 et 50) : indication précise qui sonne
ancien) : début de « Zone » d’Apollinaire ;
l’heure du départ reprise des activités, de la vie ;
– récit de l’enterrement = cycle : convivialité après les
– Puis (l. 52) : effet de rupture, sursaut d’énergie.
obsèques la vie reprend ses droits.
2. Peine sincère des amis de Claude qui lui rendent
9. Entraînement au commentaire
hommage :
Partie I. Une cérémonie funèbre et pathétique
1. La solitude et l’abandon : absence des filles, petit
– Sandoz : larmes (l. 1, 52), ému (l. 1), chagrin (l. 7),
nombre des participants (question 2). sanglotant (l. 20), désespoir (l. 52) ;
– Bongrand, qui ravalait ses larmes (l. 19).
103
Indifférence des autres participants obsèques rique : absence de ferveur et d’humanité, obsèques
= simple formalité ; défunt = étranger : réduites à une simple formalité, voire une corvée, qu’on
– les officiants : les surplis du prêtre et de l’enfant de accomplit sans zèle, à la hâte. Balzac insiste sur la place
chœur disparaissaient entre les arbres verts (l. 22-23) ; de l’argent, Zola réduit les officiants à de vagues sil-
– le petit cousin : air correct et charmant (l. 16) qui serra houettes furtives : les surplis du prêtre et de l’enfant de
les mains de tous ces gens qu’il n’avait jamais vus, en chœur disparaissaient entre les arbres verts (l. 22-23).
mémoire de ce parent dont il ne se rappelait pas le nom
Prolongement : lecture cursive d’une nouvelle
la veille (17-18) ;
naturaliste d’Émile Zola, au choix :
– des voisins débandés [qui] flânaient, lisaient les ins-
– Comment on se marie (1876)
criptions (l. 23).
4 tableaux = 4 classes sociales ;
3. a. Claude a refusé tout compromis, il est allé jusqu’au – Comment on meurt (1875-1880)
bout de son idéal, et le suicide l’a délivré de son insa- 5 tableaux = 5 classes sociales.
tisfaction dévorante : Il est bien heureux […] et qui ne
vivent pas (l. 26-29) ; il faut vraiment manquer […] mal-
gré mon effort (l. 30-32) ; Au moins, en voilà un […] il Analyse P. Cézanne,
d’image Autoportrait ➜ p. 161
s’est tué. […] Si nous ne tenions pas si fort à nos peaux,
nous ferions tous comme lui… (l. 36-39) ; Puisque nous Objectif : Analyser un autoportrait de P. Cézanne,
ne pouvons rien […] tout de suite (l. 40-41) les amis ami dont Zola s’est inspiré pour son roman, L’Œuvre.
de Claude opposent leur propre choix, qu’ils dévalo-
risent, au choix orgueilleux de Claude, qu’ils admirent QUESTIONS
et jugent plus logique : vivre et créer = accepter l’imper-
fection mourir = refuser la médiocrité humaine. Première approche
b. Image dévalorisée d’eux-mêmes artistes pourtant 1. Image d’un homme austère, au regard puissant et
reconnus et admirés : le romancier alors dans toute à la stature imposante, que fait ressortir le portrait
la force de son labeur et de sa renommée, le peintre en buste + bouche enfouie sous la barbe, symbole de
déclinant et couvert de gloire (l. 34-35) vrais artistes virilité.
très exigeants envers eux-mêmes, regard valorisant du Calvitie dissimulée sous le bonnet blanc : accessoire du
narrateur. peintre souvent utilisé dans les autoportraits, depuis le
4. Locomotive = idée de mouvement et de progrès (1886 : Moyen Âge attitude un peu bohème, qui n’est pas
fin du siècle des révolutions industrielles) + symbole de apprêtée.
renouveau : là-haut […] la locomotive avait repris ses
manœuvres, reculait en hurlant, à chaque tour de roue, Analyse
le foyer ouvert, incendiant le jour morne d’une pluie de 2. a. Couleurs sombres dominantes : vert et brun.
braise (l. 12-14) = lumière et chaleur dans le contexte b. Le blanc du bonnet et du col, et les tons clairs du
lugubre du cimetière (vieilles bières pourries, l. 42 ; nuée visage vitalité, effet de contraste.
de deuil, l. 45-46). 3. Premier plan plus sombre que le fond vert, lumineux.
5. « Allons travailler. » : les amis de Claude ne se décou- Le dégradé des couleurs, de bas en haut, fait ressortir le
ragent pas, ils continueront de vivre et de produire des visage du peintre, surtout son regard, rehaussé par les
œuvres, inlassablement ; champ fleuri de perles (l. 51) sourcils bruns et exalté par le fond vert (couleur froide)
= image printanière qui annonce un renouveau. en contraste avec les couleurs chaudes mais sombres
de l’habit et du visage (brun, jaune).
Vis-à-vis : Balzac et Zola 4. Portrait de trois quarts, regard fixant l’observateur du
6. Enterrement conclusion définitive du roman ; héros tableau : regard habité, incisif, du peintre qui semble
tournés vers l’avenir, idée de renouveau présente, bien contempler un modèle, en fait lui-même dans le miroir
qu’elle ait un sens différent dans les deux œuvres : (effet de réciprocité).
– Rastignac = ambitieux qui recherche argent et pouvoir ; 5. Costume : larges touches de couleur sombre utilisées
– Sandoz = écrivain qui poursuit son travail poussé par de manière à donner une impression de relief, grâce
l’ambition d’améliorer son œuvre. aux petites touches plus claires qui ressortent sous la
7. Présence de la religion abordée sur le mode sati- superposition des couches.
104
Visage : petits traits visibles au niveau du visage (barbe Mise au point
et joue droite) + traits noirs pour délimiter certains 3. Discours direct : dernières paroles du condamné Kurtz
contours (oreille, arête du nez, bord du bonnet…). connotations tragiques + échanges qui ont marqué
Technique qui ne correspond pas au modelé de la pein- le narrateur, inscrites dans sa mémoire et restituées
ture classique (= transitions progressives entre ombre et exactement.
lumière). Chez les impressionnistes, le souci d’imitation
du réel, et notamment des reliefs de la sculpture, dispa- Analyse
raît au profit du jeu des touches de couleur suggérant 4. le Directeur (funeste imbécile) (l. 5) + sa petitesse
les volumes de manière abrupte. (l. 37) ; les pèlerins (l. 34) ; le boy du Directeur (l. 39)
+ mépris cinglant (l. 40) monde très hiérarchisé et
Question de synthèse
corrompu où règnent les préjugés raciaux et le mépris,
6. Cézanne se représente de manière naturelle et non la méfiance et la peur.
idéalisée. Le côté informe du bonnet blanc prouve que
5. ténèbres, impénétrables (l. 12) ; précipice où le soleil
le peintre n’a pas voulu donner une image trop lisse de
ne brille jamais (l. 13) ; infernal (l. 16) ; dans le noir
lui-même, mais plutôt une vision réaliste.
(l. 22) ; sombre orgueil (l. 27-28) ; terreur abjecte, déses-
Prolongement : lire le chapitre II de L’Œuvre de poir intense et sans rémission (l. 28-29) ; « Horreur !
Zola : l’amitié de Sandoz et Lantier adolescents, Horreur ! » (l. 33) connotations diaboliques qui
en Provence, transposition de l’amitié de Zola et entourent ce mystérieux personnage de Kurtz.
Cézanne. 6. Remarques du narrateur précédant les dernières
paroles de Kurtz = éléments d’explication : Kurtz peu
avant sa mort est hanté par des visions terribles qui le
Texte 3
T J. Conrad,
révèlent aux yeux du narrateur : C’était comme si un
Au cœur des ténèbres ➜ p. 162
voile se fût déchiré (l. 26-27). Ce personnage singulier
Objectif : Analyser la vision du monde colonial a côtoyé l’horreur, le mal mort à dimension fantas-
proposée par un roman de la Belle Époque. tique, terrifiante : vision du monde et de l’humain très
sombre résumée par ce mot Horreur répété (ultime cri
LECTURE ANALYTIQUE de révolte).
7. Narrateur fasciné (l. 26) par cet être torturé et téné-
Première lecture breux, dont la dimension d’exception est rendue par les
1. 1re personne + ajout de commentaires : comme je m’y hyperboles : comme pétrifié (l. 24), moment suprême de
attendais (l. 1). connaissance absolue (l. 30) ; De comparable au chan-
des trucs que j’abomine parce que je me débrouille mal gement qui altéra ses traits, je n’avais jamais rien vu,
avec (l. 17-18) présent de l’énonciation. et j’espère ne rien revoir (l. 25-26) ambigüité des
Phrases interrogatives : Répétait-il quelques discours sentiments (attraction et répulsion).
dans son sommeil, ou était-ce un fragment de phrase Kurtz = homme plongé au cœur des ténèbres, lieu
de quelque article de journal ? (l. 8-10). de non-retour.
2. Dans le 1er §, Kurtz = homme méfiant, qui se sent
Question de synthèse
traqué, voire menacé de mort + méprisant :
– « Gardez ça pour moi » […] « Ce funeste imbécile » (il 8. Kurtz, homme blanc qui a participé à l’exploitation
voulait dire, le Directeur) « est capable de fouiner dans coloniale, n’a que mépris pour le directeur qu’il juge
mes cantines quand je ne regarde pas » (l. 4-6) en comme un funeste imbécile (l. 5). Il ne fait plus partie
confiant ses documents les plus précieux au narrateur, de cet univers car il appartient désormais au monde des
il apparaît comme déjà détaché de la vie, prêt à mourir ; ténèbres, un monde primitif et sauvage à l’image de sa
– je le vis étendu sur le dos, les yeux fermés et je me reti- démesure héros mystérieux.
rais discrètement, mais je l’entendis murmurer, « vivre
Pour aller plus loin
comme on doit, mourir, mourir… » (l. 6-8) ; « pour
défendre mes idées. C’est un devoir » (l. 11) homme 9. Recherche
seul, engagé, croyant à sa mission jusqu’à la mort ● Héros de Moby Dick aux prénoms bibliques :

+ image de gisant qui laisse présager sa fin imminente. − Ismaël, narrateur, dont le récit foisonnant est rempli
105
de digressions et de citations ; de Robinson (À un certain moment, l. 12) ;
− le capitaine Achab = la grande baleine blanche, Moby – l. 25 à 42 : les retrouvailles de Bardamu et de
Dick, lui a arraché une jambe il consacre sa vie à la Robinson (portrait au milieu du dialogue, l. 32-38).
poursuite de l’animal sur les océans pour se venger, Action intérêt principal du narrateur descriptions
mais échoue. du monde essentielles dans ce récit.
● Quête d’Achab = mission symbolique et métaphysique,
2. Souvenir de la remontée du fleuve gravé dans la
surhumaine interrogation sur les causes de la mémoire du narrateur, en raison des dangers mul-
souffrance et du mal. tiples tendus par la nature, soulignés par les hyper-
● Dénouement : la baleine blanche fait couler le
boles : tourbillons limoneux (l. 2), branchages énormes
bateau, le Pequod ; seul Ismaël survit au naufrage, écrit en dérive (l. 3), phrase nominale : Travail de forçats en
l’épopée d’Achab dont il a été témoin et continue ses rupture (l. 4) épreuve vécue comme un châtiment à
recherches encyclopédiques. la limite du supportable + expression péjorative : ce sale
● Au cœur des ténèbres et Moby Dick = récits épiques et
canot sauvage (l. 6), moyen de transport indomptable,
tragiques, inspirés de faits réels, mais qui prennent une environnement hostile.
dimension fantastique et symbolique ; interrogations 3. Détails :
sur le mal ; héros aux ambitions démesurées, proches – la pénombre verte et moite (l. 7-8) : obscurité titre
de la folie, quête surhumaine (Kurtz = demi-dieu / du roman, chaleur tropicale difficile à supporter pour
Achab = prophète) et autodestructrice. un Européen ;
10. Écriture d’invention – infinie cathédrale de feuilles + monstres d’arbres abat-
Suite inspirée par le récit de J. Conrad : tus (l. 9) : métaphores et hyperboles caractère sacré
– les pèlerins quittent leur repas pour prendre des ren- et mystérieux + dimension fantastique ;
seignements auprès du boy ; – Dans leur creux un métro entier aurait manœuvré à
– réactions opposées de Marlow, ému voire bouleversé son aise (l. 10-11) : hyperbole et comparaison effet
(il ne veut plus s’approcher de Kurtz, désormais) comique (rapprochement burlesque entre l’univers
Directeur, indifférent et soulagé par la disparition sauvage et l’univers urbain) ;
d’un homme incontrôlable ; – l’infinie forêt, moutonnante de cimes jaunes et rouges
– préoccupations immédiates : que faire de la dépouille et vertes, peuplant, pressurant monts et vallées, mons-
de Kurtz ? la ramener en Europe ? la laisser en Afrique ? trueusement abondante comme le ciel et l’eau (l. 14-16) :
– commentaires sur la personnalité de Kurtz, sur son hyperboles et métaphores soulignant le côté proliférant
destin. et surhumaine de la forêt tropicale.
Champs lexicaux opposés : nature et culture ;
Prolongement : analyse de photogrammes ou d’un
réalisme et fantastique.
extrait du film Apocalypse Now de Francis Ford
Coppola (1979) transposition du récit de Conrad 4. Cadre de vie misérable : une sorte de cagna, à l’abri
dans le contexte de la guerre du Vietnam. […] des tornades de l’Est, les plus mauvaises, les plus
rageuses (l. 19-20) + la dernière catégorie miteuse
qu’elle appartenait, demeure presque théorique, effilo-
L.-F. Céline, Voyage chée de partout (l. 22-23) + la pauvreté de son installa-
D’UNTexte 3
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE tion (l. 33-34) vocabulaire péjoratif.
au bout de la nuit ➜ p. 164
Portrait de Robinson (physique et psychologique) à la
Objectif : Étudier la vision de l’Afrique coloniale fois réaliste et métaphorique : yeux pâles (l. 30-31) ; Il
dans un roman en partie autobiographique. devait approcher de la trentaine, et barbu (l. 32) ; figure
décidément aventureuse […] c’était un malheureux
QUESTIONS (l. 35-39) sympathie du narrateur pour son copain
(l. 25) de tranchées et oppositions : angles très tracés
1. Étapes du récit :
gros nez rond, joues pleines ; têtes de révolte  clapo-
– l. 1 à 5 : la remontée du fleuve : dix jours de remontée
ter contre le destin ; aventureuse malheureux.
de ce fleuve (l. 1) ; Après chaque crépuscule (l. 5) ;
Étonnement du narrateur pourtant préparé à cette
– l. 6 à 11 : la traversée de la forêt ( pénombre) : Certain
découverte : la réalité dépassait mes prévisions (l. 24)
matin / enfin (l. 6) ;
+ tout à fait navré (l. 25) + déconcerté (l. 33).
– l. 12 à 24 : l’arrivée ( grande lumière) et la recherche
106
5. « Allez donc […] On bouffe mal […] En somme c’est une Exercices d’approfondissement ➜ p. 169
affaire ! » (l. 26-30) ; y a pas pire que la guerre ! (l. 40)
= langage familier (bouffer) + emploi systématique de on REVOIR
pour nous + ellipses (y a pas) + phrases courtes et excla-
matives langage populaire restitué, refus du style aca-
démique, rappelant l’admiration de Céline pour Rabelais. 1 Un étrange conquérant
M. de Cervantès, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de
Vis-à-vis : Conrad et Céline la Manche

6. Marlow et Bardamu rencontrent des personnages 1. a. Motivations à la fois égoïstes et altruistes : tant pour
vivant dans un cadre de vie qui leur était étranger, mais l’éclat de sa propre renommée que pour le service de sa
où ils se sont installés : Kurtz critique le Directeur, sym- patrie (l. 4-5) ; il gagnerait une gloire éternelle (l. 10) ; Le
bole du système colonial, Robinson se trouve mieux pauvre se voyait déjà récompensé […] Trébizonde (l. 11-12)
en Afrique qu’à la guerre en Europe ; deux narrateurs quête du statut de héros.
fascinés par les personnages rencontrés. Mais les rai- b. Idéal chevaleresque inspiré de ses lectures : chercher
sons de la surprise sont différentes : Kurtz est à l’agonie les aventures, comme l’avaient fait avant lui ses modèles
et sa mort est un révélateur pour Marlow, Robinson vit (l. 6-7) avec des armes et un cheval (l. 6) ; réparant
dans un environnement beaucoup plus misérable que […] toutes sortes d’injustices, et s’exposant aux hasards
ne l’imaginait Bardamu, qui devra vivre à ses côtés. et aux dangers, dont il sortirait vainqueur (l. 8-9)
définition du héros épique des romans de chevalerie,
7. Aucun exotisme : conditions de vie très difficiles
porteur des valeurs de la communauté et triomphant
Conrad : fièvres de Marlow (l. 20) + panne du bateau
de tous les obstacles.
très délicate à réparer (l. 1, 13-20) / traversée périlleuse
du fleuve et de la forêt chez Céline (l. 1-20), sujet pré- 2. Cette quête n’a rien de raisonnable : Ayant, comme
sent dans d’autres passages du roman de Conrad. on le voit, complètement perdu l’esprit, il lui vint la plus
étrange pensée que jamais fou ait pu concevoir (l. 1-3)
Prolongement : DVD-Rom Terres littéraires : travailler hyperboles, superlatifs (critique implicite des romans
sur une illustration de Tardi accompagnant le roman de chevalerie coupés des réalités humaines).
de Céline (1988, éd. Futuropolis) : la sortie de l’usine,
3. Narrateur manifeste dans le regard critique porté sur
boulevard du Minotaure.
le héros ; connivence avec le lecteur : comme on le
voit (l. 1), Le pauvre (l. 11), description de l’armure avec
Histoire des arts ➜ p. 167 des adjectifs modalisateurs : toute moisie et couverte de
La représentation du conquérant rouille (l. 17-18).

QUESTIONS APPROFONDIR
1. Représentation dynamique : chasseurs en groupe,
de profil qui avancent vers la droite, d’un air décidé 2 Un héros romantique
ils brandissent leurs arcs à l’horizontale, prêts à les M. Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne
bander. Les jambes sont en mouvement (écart évoquant 1. Prométhée : fils du Titan, Japet ; Zeus, fils du Titan
un pas rapide). Chronos cousins. Créateur des hommes (argile) et
2. Deux diagonales très marquées : l’une suit le mouve- bienfaiteur de l’humanité, il dérobe le feu des dieux
ment du cheval cabré, l’autre le cavalier ; le bras et la pour le leur donner, provoquant ainsi la fureur de Zeus
main droite de Bonaparte sont parallèles à la diagonale il est enchaîné au sommet du Caucase, et un aigle
du cheval, soulignant la domination de l’homme sur dévore son foie qui se régénère indéfiniment. Sauvé par
l’animal + idée de mouvement conquérant, d’ascen- une flèche d’Héraclès qui tue l’aigle.
sion suggérée par le sol incliné au premier plan et la Savant Frankenstein = Prométhée des temps modernes,
montagne en arrière-plan + dynamisme renforcé par capable de façonner une créature humaine.
les courbes ou spirales (queue et crinière claires, cape 2. a. Respecterais-je me méprise (l. 9-10) ; amour
rouge) = impression d’une transposition en peinture terreur (l. 16-17) : monstre haï des hommes, qui ne peut
des principes de la sculpture équestre en ronde-bosse. donc les aimer ; cf. opposition mauvais malheureux
(l. 1 : parce que = cause de sa révolte).
107
b. Arguments = questions rhétoriques : L’humanité 4 Un roman du désenchantement
tout entière ne me fuit-elle pas et ne me déteste-t-elle L. Aragon, Les Cloches de Bâle
pas ? (l. 2-3) ; pourquoi j’aurais plus de compassion
1. Focalisation zéro dans le 1er § et au début du 2e §, car
pour l’homme qu’il n’en a pour moi ? (l. 5-6) + J’exigerai
le narrateur oppose Catherine aux autres femmes et
réparation du mal qu’on m’a infligé (l. 15-16).
analyse son tempérament + focalisation interne lorsque
Un geste d’humanité suffirait pour qu’il verse des
le narrateur précise les pensées de son héroïne :
larmes de gratitude (l. 12), mais le monstre est rejeté à
Catherine […] sentait (l. 1-2), il lui apparaissait
cause de sa différence et souffre de la solitude, d’où sa
(l. 14) discours indirect libre : Ah si elle eût aimé
haine inextinguible.
quelqu’un ! […] Aimer ! […] Eh bien, non (l. 13-18).
3. Dénouement annoncé = tragique : soit il tuera son 2. a. Deux images opposées de la femme rejetées par
créateur et commettra d’autres crimes, soit il sera
Catherine (l. 1-8) : femme au foyer réduite aux travaux
détruit : Vous, mon propre créateur, vous vous réjouiriez
de couture, et prostituée dans les deux cas, elle
de ma destruction (l. 3-4).
dépend de l’homme.
Même l’amour, qui la tente = esclavage (l. 17) aimer
3 Un début de roman de formation = se trouver à la merci d’un homme (l. 15-16).
G. Flaubert, L’Éducation sentimentale b. D’abord désabusée : sentait peser davantage
1. Incipit où les actions servent à décrire l’atmosphère du l’inutilité, l’absurdité de sa vie (l. 2), puis révoltée :
départ narration et description étroitement mêlées : Catherine ne pouvait s’y résigner (l. 8) ; l’espoir, l’in-
– imparfait = actions servant de toile de fond à l’his- sensé, le vague espoir renaissait en elle (l. 11-12) ; Eh
toire racontée (scène animée, mais présentée comme bien, non (l. 18) militante politique (note 2).
un tableau), qui ont une durée indéterminée : fumait 3. sa / la = généralisation, de son cas personnel à toutes
(l. 2), arrivaient (l. 4)… + présentation et portrait du les femmes + désillusion politique liée au contexte his-
jeune homme dans les 4e et 5e § : tenait, restait (l. 16), torique (fusillade de Cluses, l. 10).
contemplait (l. 18), s’en retournait (l. 23) ;
– passé simple = actions ponctuelles mises en relief
ÉCRIRE
passages purement narratifs : Enfin le navire partit
(l. 12), filèrent (l. 13), embrassa (l. 19), poussa (l. 21).
5 Des « héros » du quotidien
2. Focalisation externe dominante dans les 2e et 3e § :
G. Perec, Les Choses
actions montrées de façon réaliste, vues par un regard
extérieur et objectif, mais focalisation zéro dans le der- 1. Préoccupation du couple = argent, vie de luxe et de
nier § qui fait référence à des faits extérieurs à la scène plaisirs : Ils auraient aimé être riches (l. 1) ; Leurs plaisirs
racontée. auraient été intenses (l. 6-7) ; Leur vie aurait été un art
Entre les deux, focalisation interne sur le jeune homme : de vivre (l. 8-9).
il contemplait des clochers […] puis il embrassa, dans un Champ lexical de l’argent : situation économique (l. 20),
dernier coup d’œil, l’île Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame riche(s) (l. 1, 3, 11), richesse (l. 5) pauvre (l. 13), rétrécie
(l. 17-20). (l. 17), exigu (l. 18), chétives (l. 19).
3. Paris = ville rêvée, dont les monuments prestigieux 2. Conditionnel passé : rêve du jeune couple réalité
symbolisent le seul objectif possible pour un jeune (irréel du passé) structure concessive du texte : certes
homme ambitieux ne pouvant se satisfaire de la vie ils auraient aimé être riches (1er §), mais ils ne l’étaient
provinciale. pas (2e §), donc personnages vivant dans l’illusion et
Rêve flou : des édifices dont il ne savait pas les noms la frustration.
(l. 18-19). Le verbe languir (l. 24) insiste sur son impa- Rêve = compensation aux contraintes du quotidien (tra-
tience à réaliser ce rêve. vail, difficultés, ennui…) ; plaisirs d’une existence facile,
idyllique vie réelle.
4. Une intrigue sentimentale avec une femme plus
âgée, plus expérimentée. Il s’agira de Marie Arnoux, 3. Anaphore : reprise de Ils auraient au début de huit
femme mariée inspirée par Élisa Schlésinger, qu’a phrases sur onze couple uni par la même illusion
aimée le jeune Flaubert. née de l’insatisfaction.

108
4. Couple représentatif de la société de consommation Ils condamnaient cette surenchère de gadgets et
dimension emblématique : chacun peut s’y recon- d’objets issus des technologies les plus sophisti-
naître aisément. quées, dont seul un petit nombre de fonctionnalités
étaient utilisées…
5. Écriture d’invention
Arguments : critique de la société de consommation
Proposition de début de rédaction : et du matérialisme (cf. mouvement hippie des années
Ils ne rêvaient pas du tout d’être riches car ils 1970), refus des technologies de pointe et des modes,
exécraient cette société de consommation, sa vio-
mise en évidence de valeurs humanistes : altruisme,
lence et ses frustrations. Ils auraient aimé vivre
ouverture culturelle, enrichissement intellectuel…
d’amour et d’eau fraîche, mettre en pratique le par-
tage et la solidarité, si peu prisés à leur époque.

Prolongements

Textes ● E. Degas, Repasseuses (1886)


Essais et études ● Arbre généalogique des Rougon-Macquart (1892)
● J. Tardi, illustration du Voyage au bout de la nuit
● F. Mauriac, Le Romancier et ses personnages

(1933) (1988)
● U. Eco, De Superman au surhomme (1995)

● V. Jouve, L’Effet-personnage dans le roman (1998)


Activités
● S. Germain, Les Personnages (2004)
● Proposition transversale
● P. Cauvin, Dictionnaire amoureux des héros (2005) Séquence sur le roman : une source de questions
● C. Durvye, Le Romancier et ses personnages (2007) sur l’homme et sur la société
Romans : héros et anti-héros Texte A : F. Rabelais, Pantagruel (1532) ou Gargantua
● Héros de chevalerie : Chrétien de Troyes, Yvain ou (1534) ➜ p. 129 ou p. 286
le Chevalier au lion (XIIe siècle) Texte B : Voltaire, L’Ingénu (1767) ➜ p. 114
● Héros merveilleux et comique : F. Rabelais, Gargantua Texte C : D. Diderot, Jacques le Fataliste (1796)
(1532) ➜ p. 192
● Héros idéaliste et comique : M. de Cervantès, Don Texte D : A. Huxley, Le Meilleur des mondes (1932)
Quichotte (1605-1615) ➜ p. 131
● Héros picaresque : A.-R. Lesage, Histoire de Gil Texte E : É. Zola, L’Œuvre (1886) ➜ p. 159
Blas de Santillane (1715-1735) Texte F : L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit
● Héroïne vertueuse : Mme de La Fayette, La Princesse (1932) ➜ p. 164
de Clèves (1678) Objectif : Étudier de quelle manière le romancier
● Héros amoraux : P. Choderlos de Laclos, Les Liaisons aborde les grandes questions philosophiques et
dangereuses (1782) sociales par le biais de la fiction.
● Héros meurtrier : É. Zola, La Bête humaine (1890) ● Écriture de synthèse
● Anti-héros : A. Camus, L’Étranger (1942) Sujet : Rédigez une synthèse en vous appuyant
sur les différents textes de la séquence étudiée :
Textes du DVD-Rom de quelle manière et dans quel but les romanciers
● La fin du roman Le Père Goriot mettent-ils en relation les personnages et leur
● Entretien avec J.-P. Blondel, romancier milieu ?
Images du DVD-Rom
● J.-B. S. Chardin, Le Bénédicité (1740)
● G. Courbet, L’Atelier du peintre (1855)

109
SÉQUENCE 8
La femme dans le roman
➜ Livre de l’élève, p. 171

douleurs (l. 46) ampleur de ses tourments et de sa


T 1
Texte Mme de La Fayette,
souffrance amoureuse.
La Princesse de Clèves
➜ p. 172 6. Lignes 42 à 46 = succession de sept phrases inter-
rogatives incertitude de la jeune femme, questions
Objectif : Étudier un monologue délibératif de roman rhétoriques : elle ne désire pas cet état, mais elle est
qui révèle la psychologie d’un personnage féminin. incapable de le formuler dans une phrase déclarative.
L’anaphore Veux-je (7 fois) renforce cette vaine résis-
LECTURE ANALYTIQUE tance à la passion.

Première lecture Question de synthèse


1. Sentiment = amour dévorant, passion avec la jalousie 7. inquiétudes mortelles : hyperbole, champ lexical de
et la souffrance qu’elle engendre : sentiments de jalou- la souffrance, angoisse = annonce du dénouement
sie (l. 15-16), preuves certaines de passion (l. 16-17), le tragique du roman (mort du prince et retrait de la vie
souvenir de l’état où elle avait passé la nuit (l. 30), les séculière pour la princesse).
cuisantes douleurs (l.30-31), les inquiétudes mortelles de
la défiance et de la jalousie (l. 33-34), qu’il en aimât une Pour aller plus loin
autre (l. 35), les soupçons (l. 35-36), des impressions de 8. Recherche
défiance et de jalousie (l. 37-38), mortelles douleurs que passion : terme générique désignant les agitations et
donne l’amour (l. 46). mouvements de l’âme. Cf. Descartes, Traité des passions
2. Mme de Clèves décide de partir (il faut m’en aller à de l’âme (six passions primitives : admiration, amour,
la campagne, l. 50), pour échapper à la présence de haine, désir, joie, tristesse + passions particulières :
M. de Nemours qui l’empêche de surmonter son incli- estime, mépris, crainte, espérance, désespoir, jalousie).
nation. Dans le langage amoureux, passion = vive inclination
vers un objet.
Mise au point étonnement, étonnée : émotion très forte, choc, commo-
3. Pronom personnel elle = la princesse de Clèves tion, du latin adtonare (frapper par le tonnerre).
focalisation interne du point de vue de la princesse dont Ces termes forts décrivent une âme ébranlée qui a
on suit l’évolution de la pensée. perdu sa tranquillité, à l’image de la princesse déses-
pérément amoureuse.
Analyse 9. Écriture d’invention
4. a. Quatre phrases très longues, multiplications de Contraintes du sujet :
propositions juxtaposées et, à l’intérieur, présence de – mettre en place des didascalies (nom de la princesse
propositions infinitives et de propositions subordonnées avant le monologue, indications de gestes, déplace-
syntaxe complexe. ments et intonations) ;
b. Syntaxe complexe = méandres d’une pensée obs- – utiliser la première personne tout au long du mono-
curcie par la passion + phrases longues afin de faire la logue ;
lumière dans le flux de pensée. – employer le champ lexical de l’amour, opposé à celui
5. a. Effet d’intensité par le nombre, assaut de senti- de l’estime, de l’honneur antithèses qui mettent en
ments dont la princesse est la victime. place le dilemme ;
b. la prodigieuse différence (l. 4), comme un crime – rédiger des phrases exclamatives et interrogatives
(l. 12), les cuisantes douleurs (l. 30-31), les inquiétudes pour exprimer son désarroi ;
mortelles (l. 33), cruels repentirs (l. 45-46), mortelles – adopter une prise de décision finale.
110
N.B. : les monologues délibératifs des héroïnes de tion physique entre les deux amants.
Racine, en particulier Bérénice, sont une mine d’inspi- b. Inaction et mollesse de Charles  action et union des
ration, sachant que l’on considère La Princesse de Clèves amants : Ils s’étreignirent (l. 29).
comme un roman racinien. Rancune tenace et durable entre les époux rancune
qui disparaît très facilement entre les deux amants
Prolongement : en partant de l’exercice 6 ➜ p. 473
emportés par leur passion.
(Analyse de l’image mobile), voir l’adaptation ciné-
matographique du roman par Christophe Honoré : La 7. Iconographie
Belle Personne (2008) et observer la manière dont le Opposition forte dans les couleurs (vêtements noirs et
réalisateur a restitué les monologues de la princesse. austères pour Charles vêtements clairs et élégants
pour Emma), dans la posture (tête baissée, mains croi-
sées dans une attitude contrite pour Charles ouverture
des bras tendus vers les fleurs pour Emma).
Texte 1
D’UN G. Flaubert,
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE Emma et Charles ne se regardent pas = symbole de leur
Madame Bovary ➜ p. 174 désunion : regard d’Emma tourné de côté comme perdu
Objectif : Étudier la représentation réaliste dans une rêverie qui explique la mésentente du couple
d’une femme amorale. vue dans l’extrait.

Vis-à-vis : Mme de La Fayette et Flaubert


QUESTIONS
8. La princesse de Clèves estime son mari (le mari du
1. Lignes 1 à 11 = point de vue interne d’Emma Bovary. monde qui méritait le moins d’être trompé, l. 27-28) et
Lignes 12 à 27 = point de vue interne de Charles. cherche à combattre sa passion Emma qui déteste
Lignes 28 à 30 = point de vue des deux amants. son mari (Tout en lui l’irritait, l. 3) et se complaît dans
Dans l’ensemble du texte, focalisation omnisciente qui l’adultère.
alterne les points de vue pour souligner l’opposition elle s’était reproché comme un crime, le jour précédent,
entre Emma et Charles, et l’union des deux amants. de lui avoir donné des marques de sensibilité (l. 12-13)
2. Métaphore = la pointe ardente de ses prunelles Elle se repentait, comme d’un crime, de sa vertu passée
(l. 2-3), comparaison = comme deux flèches de feu (l. 3) (l. 5) reprise ironique de la même comparaison chez
comparé = les yeux ; comparant = la flèche de feu ; Flaubert : passage de la vertu à l’immoralité, l’adultère
motif commun : le feu, le meurtre. triomphant (l. 7).
Tempérament volcanique et violent du personnage. 9. Le narrateur semble plus critique avec Emma Bovary,
Emma déteste son mari. on peut prendre pitié de son mari et la juger égoïste et
3. Phrases exclamatives (l. 18, 19, 20, 21, 22) et interro- insensible, alors que le point de vue interne du texte 1
gatives (l. 20) animosité d’Emma et incompréhension nous invite à nous identifier aux atermoiements de la
de Charles. princesse.
4. Mode impératif = Embrasse-moi (l. 18), Calme-toi Prolongement : rédiger un commentaire comparé
(l. 20), reprends-toi (l. 20), viens (l. 21) mode de entre l’extrait de Flaubert et un extrait du roman de
l’ordre atténué, attitude apaisante. É. Zola, Thérèse Raquin (ch. VIII, de Le soir, à table
5. Il s’affaisse dans son fauteuil pour pleurer (l. 25-27) jusqu’à un ciel mort. Extrait proposé dans le manuel
inertie devant l’agressivité de sa femme. de Seconde, p. 300), pour montrer deux portraits de
Énumération de participes présents de verbes de pensée femme adultère quasiment contemporains.
et d’impression, l’opposé de verbes de mouvement ou
d’action : cherchant (l. 25), imaginant (l. 26), pleurant
(l. 26), sentant vaguement (l. 26). ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
6. a. leur rancune se fondit comme une neige sous la Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves
chaleur de ce baiser (l. 29-30). ➜ p. 176
Comparé = la rancune ; comparant = la neige ; motif
commun = la froideur. Objectif : Découvrir le premier roman français dont
Baiser échangé = source de chaleur qui fait fondre la l’intrigue est fondée sur l’intimité et les tourments
d’un personnage.
rancune (image filée) ardeur et sensualité de la rela-
111
PISTES D’ANALYSE Les grandes afflictions et les passions violentes, repar-
tit M. de Nemours, font de grands changements dans
1. La peinture de la cour l’esprit (tome deuxième).
– Incipit du roman, scène du bal présentation des – La princesse de Clèves : Elle vit alors que les senti-
principaux protagonistes de la cour, champ lexical de ments qu’elle avait pour lui étaient ceux que M. de Clèves
la beauté, de l’élégance, utilisation de tournures hyper- lui avaient tant demandés (tome premier), Mais les
boliques et superlatives. hommes conservent-ils de la passion dans des engage-
– Peu à peu, dévoilement d’un monde d’intrigues et de ments éternels ? (tome quatrième).
cabales où L’amour était toujours mêlé aux affaires et les L’amour est tragique car il est passionné et ne se
affaires à l’amour (tome premier), chiasme qui montre conjugue pas avec le bonheur, la sérénité ou la durée.
le lien étroit entre passion et manipulation illustré par La répétition de l’adjectif violente traduit cette difficulté
les portraits de Mme de Valentinois, de Mme de Tournon, à être sereinement amoureux.
puis celui de Mme de Thémines.

2. De Mlle de Chartres à Mme de Clèves ACTIVITÉ COMPLÉMENTAIRE


– Éducation : Madame de Chartres ne travailla pas seu- Plan de dissertation
lement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea Analyse du sujet : la formulation du sujet pose la pro-
aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable blématique et appelle un plan thèse / antithèse.
(tome premier) vertu = modèle illustré par des récits Problématique : Les personnages romanesques, notam-
dévoilant les périls de l’amour (récit enchâssé sur la ment féminins, doivent-ils être contradictoires pour
duchesse de Valentinois) et des mises en garde. intéresser le lecteur ?
– Conséquences : méfiance de Mme de Clèves à l’égard Partie I. Le lecteur peut être séduit par des
de la passion amoureuse ; comportement à l’image de personnages simples.
cette vertu (aveu à son mari, retrait de la vie séculière 1er §. Ils permettent d’incarner un type précis.
alors que les convenances l’auraient autorisée à épou- Ex. : Bouvard et Pécuchet sont des personnages
ser M. de Nemours en respectant un délai entre la mort emblématiques permettant à Flaubert de dénoncer
de son premier mari et le remariage) ; pessimisme sur la médiocrité bourgeoise ➜ p. 195.
la constance des hommes : les hommes ne sauraient 2e §. Ils inscrivent le roman dans une catégorie
aimer toujours le même objet (M. de Clèves comme déterminée.
Ex. : l’aventurier Michel Strogoff dans le roman
M. de Nemours conservent leur passion pour elle,
éponyme de J. Verne possède toutes les caractéris-
parce que celle-ci n’est pas véritablement satisfaite) ; tiques du héros d’un roman d’aventure : bravoure,
lucidité : les passions peuvent me conduire ; mais elles courage...
ne sauraient m’aveugler (tome quatrième) = influence 3e §. Et la contradiction peut s’incarner lors de
du jansénisme. péripéties, de combats physiques.
Ex. : les romans d’A. Dumas avec les combats des
3. Le scandale mousquetaires.
Aveu hors norme, peu bienséant dans un monde de Partie II. Toutefois les personnages contradictoires
courtisans où règne la dissimulation et l’hypocrisie, stimulent davantage l’intérêt des lecteurs.
mais aussi parce qu’il ne correspond pas au modèle 1 er §. Ils engendrent du suspense, créent des
de l’honnête femme (mesure, pudeur) qui ne saurait attentes.
dévoiler ainsi ses sentiments. Aujourd’hui, une telle Ex. : monologue délibératif de la princesse pour
attitude, considérée comme un sacrifice, est valorisée. savoir quelle décision prendre ➜ p. 172.
2e §. Ils séduisent par leur complexité psycho-
4. Le tragique des passions logique.
– Le prince de Clèves : la qualité de mari lui donna de Ex. : la duplicité de Manon Lescaut ➜ p 190.
plus grands privilèges, mais elle ne lui donna pas une 3e §. La complexité rend intéressants des person-
nages féminins qui s’illustrent rarement dans des
autre place dans le cœur de sa femme. […] Il conservait
actions héroïques ou spectaculaires.
pour elle une passion violente et inquiète qui troublait
Ex. : le dévoilement de la vie de Jeanne et de ses
sa joie. pensées (de la haine à l’amour) lors de son accou-
– Le duc de Nemours : Monsieur de Nemours sen- chement dans Une vie de Maupassant.
tait pour elle une inclination violente (tome premier).
112
Conclusion 7. Munie de ces premières armes (l. 24) marquise
La complexité des personnages contradictoires = guerrière qui prend la vie pour un combat dans lequel
répond à l’évolution du roman moderne dont l’am- elle souhaite triompher.
bition est de dévoiler les tourments de l’intériorité.
Question de synthèse
T 2
Texte P. Choderlos de Laclos, 8. Champ lexical de l’étude dont la marquise est souvent
le COD.
Les Liaisons dangereuses
➜ p. 177 Omniprésence de la 1re personne du singulier.
Personnage solitaire qui s’étudie afin de mieux
Objectif : Étudier l’autoportrait d’une femme contrôler son apparence dans le jeu de la comédie
libertine. sociale.

LECTURE ANALYTIQUE Pour aller plus loin


9. Recherche
Première lecture Travail < latin tripalium (instrument de torture à trois
1. Volonté de se construire et d’être maîtresse d’elle- pieux) le travail de la marquise sur elle-même
même. Questions rhétoriques qui mettent en valeur les s’apparente à une torture car il est contre nature : elle
affirmations de Mme de Merteuil, fière de se montrer réprime ses impulsions, sa spontanéité et n’hésite pas
ainsi dans une lettre au vicomte de Valmont. à se faire souffrir (j’ai porté le zèle jusqu’à me causer
2. Le récit des débuts dans le monde de Mme de Merteuil des douleurs volontaires, l. 17) pour arriver à ses fins.
a une fonction d’exemple ; il illustre les affirmations du 10. Écriture de commentaire
premier paragraphe. Introduction
Roman par lettres où dominent les échanges entre
Mise au point deux libertins, lettre LXXXI = texte fondamental car
3. Pronom personnel je mise en valeur du caractère il donne la clé du caractère de l’un des personnages
principaux.
égocentrique du personnage et de la manière dont elle
Projet de lecture : En quoi ce texte propose t-il un
gouverne, seule, son destin.
portait de femme singulier ?
Analyse Plan du développement
Partie I. Une femme exceptionnelle
4. Opposition entre les femmes qui agissent sans Affirmation grammaticale de sa singularité
réflexion et celles qui ont un esprit calculateur : femmes + champ lexical de la dissimulation + métaphore
inconsidérées (l. 1), donnés au hasard (l. 4), reçus sans de la guerre.
examen (l. 4), suivis par habitude (l. 4-5) règles (l. 2), Partie II. Un être qui s’affirme par un travail
principes (l. 3), à dessein (l. 3), mes profondes réflexions permanent sur elle-même
(l. 5) Mme de Merteuil = femme unique, exception- Observation des autres / construction de soi-même
nelle, qui se singularise par son intelligence et sa maî- + image du rôle et du théâtre + assurance.
trise d’elle-même. Conclusion
Une femme singulière qui s’affirme par la dissimu-
5. on = la société mondaine de l’époque qui méprise les lation et le calcul.
femmes jugées souvent étourdie[s] ou distraite[s] (l. 9) Ouverture : s’interroger sur le statut mineur de la
et inférieures (on cherchait à me cacher, l. 10). plupart des femmes au XVIIIe siècle, qui ne leur laisse
6. me = complément d’objet direct : la marquise est la pas d’autre choix que la dissimulation.
comédienne d’une mise en scène qu’elle régit.
Prolongement : rédiger la lettre d’une jeune fille de
Duplicité de la marquise qui n’est jamais naturelle et
nos jours qui explique son parcours et les stratégies
contrôle ses impulsions et sa physionomie, pour jouer
nécessaires pour réussir dans la société actuelle.
des rôles : prendre à volonté ce regard distrait (l. 13-14),
régler de même les divers mouvements de ma figure
(l. 15).

113
D’UNTexte 2 M. Proust, Un amour 7. Iconographie
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
de Swann ➜ p. 179 – Perspective : enfilade de portes qui conduisent à la
pièce du fond, une chambre à coucher.
Objectif : Étudier un portrait psychologique féminin – Lieu théâtral : profondeur et recoins. Éléments d’in-
dans un roman d’analyse moderne. trigue susceptibles d’apparaître à tout moment.
– Lieu intime de la chambre à coucher : univers de la
QUESTIONS prostituée.
1. a. Elle dormait ; et le temps de se lever, il était déjà – Vêtement rouge = sensualité.
reparti (l. 2-3). – Femme de dos, tournée vers l’espace de la chambre
b. Swann ne croit pas Odette (l. 4-5) et il retient surtout = invitation à y entrer avec elle.
un détail : Elle avait bien entendu frapper aux carreaux Rappel de la condition de demi-mondaine d’Odette.
(l. 3-4) = détail vrai qu’elle utilise pour élaborer son
Vis-à-vis : Laclos et Proust
mensonge.
8. Vision inquiétante et désenchantée de l’amour
2. Discours indirect (l. 1-3) de elle lui dit que jusqu’à
= tromperie et dissimulation :
parti verbe introducteur de parole.
– Les Liaisons dangereuses l’adjectif laisse présager
Discours direct (l. 16-18, 23-25) présence de guille-
des conséquences négatives ;
mets + propositions incises (se disait-elle, l. 16 ; se disait
– Un amour de Swann le déterminant indéfini en dit
Swann, l. 24-25). long sur les conquêtes du personnage + évocation d’un
Discours indirect libre : quasiment la totalité du texte à univers libertin.
partir de la l. 3 ambiguïté constante entre la pensée
du narrateur et celle de Swann. Ex. : il fallait pourtant
9. Mme de Merteuil = menteuse habile, rompue dans
l’art de la dissimulation (C’est ainsi que j’ai su prendre,
dire quelque chose (l. 11-12).
sur ma physionomie, cette puissance, l. 20) Odette,
Variété des discours = plusieurs voix qui évitent la
menteuse malhabile qui perd toutes ses capacités (un
monotonie narrative et cultivent l’ambiguïté.
trouble la prenait, toutes ses idées s’effondraient, ses
3. Mise en valeur du terme antithétique du compor- facultés d’invention et de raisonnement étaient para-
tement d’Odette, en harmonie avec la répétition de lysées, l. 9-11).
l’adjectif vrai (l. 13, 16, 17, 19, 20) recherche de la
vérité absolue, mais qui se perd dans la relativité des Prolongement : lire Le Mépris (1954-1955), roman ita-
faits. lien d’Alberto Moravia : l’histoire du délitement d’un
couple sur fond de tournage cinématographique et de
4. Imparfait itératif : comportement et manière de faire
références mythiques, et voir l’adaptation au cinéma
habituels chez Odette.
de Jean-Luc Godard (1963).
5. Lignes 16 à 18 = Odette.
Lignes 23 à 25 = Swann.
Ces deux plongées dans l’intériorité des personnages Analyse C. Claudel,
d’image L’Âge mûr ➜ p. 181
permettent d’opposer deux interprétations : pour
Odette, le détail nourrit la durée du mensonge ; pour Objectif : Étudier une œuvre qui met en scène
Swann, il le révèle au grand jour. un drame intime prenant une dimension universelle.
6. Métaphore filée du puzzle, différents morceaux vrais
et faux s’emboîtent pour composer un tableau d’en- QUESTIONS
semble, mais progressivement on ne peut reconstituer
une version acceptable : ces fragments d’un fait exact Première approche
(l. 5), la composition du fait faux (l. 6), Elle en détachait 1. L’implorante = Camille Claudel ; l’homme à gauche
un petit morceau (l. 13-14), ce détail vrai avait des angles = Rodin ; la femme à gauche = Rose Beuret.
qui ne pouvaient s’emboîter (l. 19), elle l’avait arbitrai-
2. Effets de mouvement qui accentuent l’impression de
rement détaché (l. 20), elle le placerait (l. 21), la matière
personnages en train de s’éloigner animation de la
excédente et les vides non remplis (l. 22). C’est Odette sculpture.
qui en est l’origine, manipulatrice d’un jeu savant dont
elle pense avoir seule les clés.

114
Analyse LECTURE ANALYTIQUE
3. a. L’homme : debout, en mouvement en appui sur
sa jambe droite alors que la gauche se soulève, la tête Première lecture
tournée vers la droite, le bras gauche encore tendu vers 1. a. Les gens rient : le rire général éclata (l. 8-9).
l’arrière ; la femme = agenouillée, les deux bras tendus b. Le narrateur rit aussi : j’éclatai de rire (l. 8), on rica-
vers l’homme en position d’implorante. nait (l. 35).
Les deux personnages sont unis dans une diagonale
partant du visage de l’implorante, suivant ses bras, puis Mise au point
le bras de l’homme jusqu’à son visage. Leurs membres 2. a. Si Julie avait dansé sur une place publique comme
permettent ainsi de matérialiser un parallélépipède elle dansait ce soir-là, tout le monde se serait écarté
dont la moitié inférieure gauche correspond aux corps d’elle.
sculptés, et la moitié supérieure droite au vide qui les b. Cette danse se déroule au Casino (l. 48), lieu clos et
surplombe. circonscrit qui autorise le défoulement et l’exhibition
b. Séparation soulignée par le vide entre les mains qu’interdirait une place publique.
de l’homme et la femme, mains pourtant ouvertes
et tendues, témoignant d’une séparation comme à
Analyse
contrecœur. La femme se tient sur un support plus 3. Danse de Julie = attitude impudique et dérangeante :
bas que celui de l’homme, surélevé, ce qui symbolise Le spectacle de cette fille au visage déchiré et qui mon-
l’éloignement. trait ses désirs sans pudeur me brûlait comme un acide
(l. 12-14).
4. a. La femme est dans le dos de l’homme et l’enserre
Rire comparé à un torrent qui éteint la brûlure causée
de ses bras, contrôlant ainsi ses gestes.
par le comportement de la jeune femme : Le rire avec
Légèrement surélevée, elle donne plus de force à
son bruit de torrent (l. 21-22), de mouiller la brûlure et de
sa prise, son visage collé à celui de l’homme, ce qui
l’étendre d’eau (l. 23-24) = façon d’exorciser la présence
connote la force de leur lien.
gênante, voire diabolique, de ce personnage.
b. Femme au visage ridé, aspect inquiétant, présence
de la mort qui semble emporter l’homme dans ses 4. on = l’assemblée présente dans le Casino ; se confond
bras. Par mimétisme, l’homme a déjà les yeux clos et avec le pronom nous, également utilisé, qui rassemble
les membres qui s’abandonnent. le narrateur-personnage et les autres personnes pré-
sentes au Casino : Disons […] qu’on ricanait (l. 34-35),
Question de synthèse notre corps n’en pas l’habitude (tandis que ricaner, on
5. Dimension allégorique du tableau : passage de la sait le faire) (l. 39-40).
jeunesse à la vieillesse : Julie n’est pas incluse dans le on effet d’exclusion qui
– la jeune femme à droite (corps jeune) : jeunesse ; souligne sa singularité et son mystère.
– l’homme au corps musculeux mais commençant à 5. bourgeois renvoie aux valeurs d’une classe moyenne
porter les marques du temps = l’âge mûr ; caractérisée par son confort matériel et son confor-
– la vieille femme derrière l’homme = la mort. misme l’adjectif a une connotation péjorative qui
Le mouvement de ce groupe sculpté va de la droite vers renvoie au manque d’ouverture d’esprit des gens qui
la gauche, du présent vers le passé, de la vie à la mort. composent l’assemblée. Rire des bourgeois dénoncé
car aussi agaçant qu’un bruit répétitif et lancinant : le
Prolongement : étudier un tableau allégorique sur
raclement des cuillers et des fourchettes sur les assiettes
le même thème : Hans Baldung, Les Âges de la vie
dans un réfectoire de collège (l. 33-34).
(vers 1510).
6. Julie, en dansant, se donne en spectacle :
– 1er niveau de cette comédie (l. 21) : début de la danse

Texte 3
T J. Giono, Le Moulin = rire franc, à l’apparition du monstre (l. 10-11) ;
– 2e niveau : durée de la danse, Julie voguait (l. 35)
de Pologne ➜ p. 182
= prolongement du rire en ricanement (l. 35) ;
Objectif : Étudier le portrait en action – 3e niveau : fin de la danse (l. 50) = spectacle du
d’un personnage féminin marginal. monstre au repos (Les dames des premières loges se
penchèrent pour la voir, l. 51-52).

115
7. Parenthèses = précisions a posteriori sur la scène Prolongement : trouver des exemples de romans et
décrite, invitations à relativiser le point de vue adopté des extraits de films décrivant des scènes de bal, et
au moment du déroulement des faits évolution du montrer en quoi la scène décrite par Giono est parti-
regard du narrateur qui a un regard critique sur le rica- culièrement originale.
nement de l’assemblée (tandis que ricaner on sait le
faire, l. 40), lui qui est capable d’apprécier la beauté
du corps de Julie (description de son corps, l. 41-42). Texte 3
D’UN J.-M. G. Le Clézio,
À L’AUTRE
8. Iconographie Désert ➜ p. 184
Visage partiellement déformé de la femme = atroce
visage isolé (l. 4) de Julie. Objectif : Étudier la métamorphose d’un personnage
féminin.
La chevelure rouge peut renvoyer à la sensualité de
Julie qui est ressentie comme une brûlure par l’assem-
blée : me brûlait comme un acide (l. 14), mouiller la QUESTIONS
brûlure (l. 23). 1. Fascinés, les danseurs s’arrêtent pour la regarder,
Dans la réalité, Isabel Rawsthorne = antithèse de Julie, comme s’ils sentaient que quelque chose d’extraordi-
modèle sans aucune difformité physique, transformée naire était arrivé (l. 5) Lalla qui ne les voit pas, prise
par le pinceau rageur et tourmenté de Bacon. par sa danse : elle ne voit personne (l. 8), son regard
passe sur les gens (l. 12), Elle ne les voit plus (l. 22).
Question de synthèse
2. Présent de l’indicatif effet d’actualisation qui
9. Scène violente et pathétique. Le rire est provoqué par donne vie à la scène.
le sentiment de malaise de l’assemblée et il souligne
l’isolement et l’exclusion de Julie renvoyée à sa solitude
3. trop de lumière (l. 3), la lumière les aveugle (l. 5), le
cercle de lumière (l. 8), La lumière brille (l. 10), La lumière
(dansant toute seule, l. 3-4 ; Julie dansait seule, l. 29-30 ;
des projecteurs rebondit sur elle, l’enveloppe, crée des
toute seule, en train de se donner au vide, l. 47).
tourbillons autour de ses pas (l. 17-18) la lumière,
Pour aller plus loin hostile au départ, accompagne ensuite le mouvement
10. Recherche de Lalla et met en valeur son corps et sa danse.
a. Carnaval : traditionnellement avant le Carême, en 4. La grande salle = une esplanade (l. 19), un pla-
mars, ultime fête de débauche avant la période de teau de pierres (l. 19), les gens devenus pareils à des
jeûne et de mortification précédant Pâques. Les gens se rochers, pareils à des blocs de calcaire (l. 24), figés sous
déguisent, dansent, se défoulent, renversent les hiérar- le charme de cette danse (immobilité de l’assistance
chies sociales dans des imitations comiques = exutoire = mise en valeur du mouvement de la jeune femme).
qui permet de mieux accepter les contraintes religieuses 5. Elle danse comme elle a appris autrefois (l. 1-2),
et sociales imposées le reste de l’année. comme dans le désert, c’est-à-dire sans entrave, dans
b. Le rire général, la danse, l’aspect grotesque du visage un espace ouvert où son corps peut se déployer. La
de Julie qui peut s’apparenter à un masque, sa libéra- pétrification des gens qui l’environnent et la roue
tion corporelle avec une danse impudique et solitaire, qu’elle fait en dansant, telle une figure cosmique,
et le lieu même du Casino = parenthèses dans l’ordre évoquent un rite tribal envoûtant.
de la vie habituelle (place publique, l. 45 Casino, l. 48). 6. les rayons d’une grande roue (l. 26-27) = mouvement
11. Écriture d’invention de tournoiement de la danse, dont l’axe monte jusqu’à
Contraintes du sujet : la nuit (l. 27) = hyperbole qui donne une dimension
– respecter les codes de l’article : un titre (ex. : Scandale cosmique à cette danse grâce à laquelle Lalla semble
au casino !), éventuellement des intertitres, nom du atteindre les étoiles.
journaliste et la mention de la date ;
– mettre en place une situation de communication Vis-à-vis : Giono et Le Clézio
(apostrophes et adresses aux lecteurs, ex. : Mesdames 7. Des femmes habituellement en retrait deviennent le
et messieurs, Imaginez-vous donc la scène…) ; centre de l’attention par la libération de leur corps :
– adopter un vocabulaire péjoratif exprimant le point chez Giono, qui montrait ses désirs sans pudeur
de vue du journaliste local (condamnation d’un com- (l. 13-14), yeux ardents (l. 36), lèvres avides (l. 36) ; chez
portement indécent).
116
Le Clézio, quelque chose d’extraordinaire (l. 6), Son Exercices d’approfondissement ➜ p. 189
corps souple ondoie, ses hanches, ses épaules et ses
bras sont légèrement écartés comme des ailes (l. 15-17). REVOIR
8. Solitude au milieu de la foule : Julie dansant toute
seule (l. 3-4), seule (l.30), toute seule, en train de se
1 Personnage féminin et éveil à l’amour
donner au vide (l. 47) ; Lalla Hawa seule (l. 2, l. 8, deux V. Hugo, Les Misérables, quatrième partie, livre V
fois l. 18, l. 19, l. 20).
1. Énumération avec la juxtaposition de huit adjec-
9. Iconographie tifs péjoratifs pour décrire Théodule : fade, niais, sot,
– Le Moulin de Pologne : qui montrait ses désirs sans inutile, fat, déplaisant, impertinent, et très laid (l. 4-5)
pudeur (l. 13-14). Cosette le déteste.
– Désert : Son corps souple ondoie, ses hanches, ses
épaules et ses bras sont légèrement écartés comme des
2. Lexique des cinq sens :
– la vue : lever les yeux (l. 3-4), Des pâleurs (l. 20-21),
ailes (l. 15-17) + la comparaison finale avec l’image de
joie lumineuse (l. 27), l’eût vue (l. 26) ;
la grande roue.
– l’ouïe : fit sonner ses éperons (l. 2-3) ;
Sensualité du mouvement et libération du corps
– le toucher : elle le baisa (l. 11), des frissons (l. 21), elle
+ abandon, la tête en arrière, comme isolée dans un
tâtait (l. 23-24), elle le pressait (l. 24), elle en sentait les
délire chorégraphique.
angles (l. 25), il eût frémi (l. 26).
Prolongement : rédiger le commentaire de ce texte Mise en valeur de la dimension sensuelle de l’amour
afin de montrer comment la danse métamorphose éprouvé par Cosette à la lecture de la lettre.
Hawa et tout ce qui l’entoure. 3. Discours indirect libre : de Elle le trouva [...] laid.
(l. 4-5), Elle pensait [...] des choses vagues (l. 16-19),
surtout l’interrogation quoi ? (l. 19) marques d’oralité
Histoire des arts ➜ p. 187
qui traduisent la subjectivité de Cosette.
Les femmes artistes depuis 1900 Discours direct : elle se disait : est-ce réel ? (l. 23), – Oh
oui ! pensait-elle. C’est bien lui ! ceci vient de lui pour
QUESTIONS moi ! (l. 28-29) exprimer sur le vif la subjectivité, en
1. Mouvement aérien : les bras déployés vers le haut particulier les sentiments exaltés de Cosette.
tenant un ballon, la jambe gauche légèrement suspen- 4. Le narrateur s’exprime de manière lyrique, presque
due, attitude de danseuse, motifs vestimentaires gais et épique, pour parler de l’amour. Ce regard surplombant
très colorés (fleurs, cœurs) femme aux formes géné- fait de Cosette une nouvelle Ève dont le récit révèle la
reuses qui assume son corps, image d’un corps épanoui folie, l’abîme Éden (l. 13).
qui paraît aérien malgré ses rondeurs.
2. Grandes photographes du XXe siècle : APPROFONDIR
– Dorothea Lange : photographies poignantes des vic-
times de la grande dépression de 1929 aux États-Unis ;
2 Portrait de groupe féminin
– Claude Cahun : photographe surréaliste qui s’est S. de Beauvoir, L’Invitée
constamment portraiturée dans des tenues et des poses
1. Attitude physique et état d’esprit différent entre une
androgynes. Elle a beaucoup influencé l’artiste améri-
femme qui a connu une déception amoureuse et une
caine Cindy Sherman ;
autre qui est dans l’impatience de vivre une histoire :
– Lee Miller : proche des surréalistes, photographe de
– Élisabeth dansait les yeux gonflés et la bouche cris-
mode. Nombreux autoportraits, travail pour le maga-
pée (l. 1-2) Xavière, dansait, la tête un peu rejetée en
zine Life. L’une des premières à prendre des clichés
arrière, le visage extatique (l. 7-8) ;
des camps de concentration de Buchenwald et Dachau ;
– Élisabeth, la souffrance (l. 5) d’une femme au cœur
– Diane Arbus : clichés de marginaux, d’exclus de la
lourd (l. 11), l’âme farouche et tendue (l. 16-17) Xavière,
société (drogués, homosexuels, géants, nains…), por-
promesse de mille enchantements inconnus (l. 10), jeune
trait d’une Amérique différente. Elle a influencé toute
fille (l. 11) ;
une génération de photographes, dont Nan Goldin.

117
– Élisabeth est du côté de l’espoir (l. 18), mais Xavière la nécessité de mettre au monde, ce que révèle l’image
de l’attente passionnée (l. 18-19). du giron […] coul[ant] de tous les enfants rêvés, recher-
2. Françoise = Spectatrice (l. 13). Mise en évidence dans chés (l. 32-33).
une phrase nominale, elle-même ne semble pas par- 4. Elle s’affirme comme une femme libre, capable d’as-
ticiper à la vie. sumer un destin, une existence différente, singulière,
3. Et moi ? (l. 12-13), Et quoi ? (l. 16) assonance en même si cela doit être celui d’une femme stérile.
[wa] qui réunit les deux mots et souligne que son moi
reste un mystère, une interrogation pour Françoise qui ÉCRIRE
ne parvient pas à se comprendre.
4. mais derrière elle, devant elle s’étendait un bonheur 4 Une femme déconcertante
aride et clair (l. 21-22) = métaphore l’ensemble de son Abbé Prévost, Manon Lescaut
existence est comparé à un désert (motif commun : le 1. a. Ton grandiloquent de la déclaration amoureuse
vide, l’inanimé, l’absence de sentiments). avec des tournures emphatiques et hyperboliques : Je
la voix émouvante du saxophone (l. 20) = personnifica- te jure (l. 8), l’idole de mon cœur (l. 8-9), il n’y a que
tion. Françoise ne parvient pas à s’accorder avec l’ins- toi au monde (l. 9).
trument personnifié car elle n’éprouve aucune émotion, b. mais = valeur d’opposition, annonce une antithèse
aucun sentiment, aucune attente. (c’est une sotte vertu que la fidélité, l. 12-13) texte de
5. Proposer des approches différentes de l’existence type argumentatif révélant la dure épreuve de la réalité.
avec des femmes différentes : 2. Prise de distance par rapport à ce qui est rapporté,
– Élisabeth a déjà vécu et appréhende avec un espoir dimension très théâtrale + façon de capter l’affection du
craintif l’existence ; destinataire qui l’appelle ainsi : [m]a Manon.
– Xavière qui n’a encore vécu aucune expérience est
3. Conquérir le cœur d’un homme riche : Malheur à qui
dans une impatience exaltée ;
va tomber dans mes filets ! (l. 18-19) = annonce d’une
– Françoise incarne une approche existentialiste (senti-
intrigue de roman d’aventures sur fond d’intrigue amou-
ment d’étrangeté au monde, interrogations sur le moi,
reuse et libertine.
difficulté pour agir).
4. Visée persuasive : il s’agit de persuader le chevalier
du bien-fondé de son attitude.
3 Le destin d’une femme Image d’une femme sans scrupules et sans honneur.
A. Kourouma, Les Soleils des indépendances,
première partie 5. Écriture d’invention
1. La colère (de la colère de la vengeance, l. 4-5), puis la Contraintes du sujet :
peur (l. 7), la honte et l’inquiétude (à son inquiétude au – respecter les codes épistolaires : apostrophe Ma
cœur, à sa honte au front, l. 19-20), et enfin la souffrance chère Manon + référence à la situation d’écriture (ex :
(pour pleurer son malheur, l. 21). Je t‘écris pour…) + signature (ex. : ton tendre amant) ;
– utiliser une énonciation expressive insistant sur
2. La pluie = dans la pluie (l. 8, 11-12), la pluie tombait
la situation de communication : omniprésence de la
(l. 13), gouttes (l. 14, 15), la pluie (l. 29), un petit cra-
1re personne du singulier, apostrophes (ex. : toi que
chin (l. 30) ; le vent climat de tristesse, écho à la
j’aime, Ô perfide Manon…), exclamations, questions
souffrance et aux larmes (l. 21) de la jeune femme qui
rhétoriques ;
fait le deuil de son envie d’avoir un enfant + utilisation
– adapter le contenu de la lettre à l’expression de la
du verbe couler (son giron venait de couler de tous les
colère et de l’indignation (invectives, accusations) qui
enfants rêvés, recherchés, l. 32-33) + les eaux écumantes
peut se transformer progressivement en un appel au
(l. 26) et le torrent (l. 28).
sentiment sacré de l’amour (champ lexical de l’amour).
3. Elle jette le poulet pour s’affranchir du poids des
traditions et pour prendre un nouveau départ, libéré de

118
Prolongements

Textes Vidéo
Textes théoriques C. Guichard, Louise Bourgeois (1993)
● V. Woolf, Une chambre à soi (1929)
Filmographie
● M. Ozouf, Les Mots des femmes (dix portraits ● B. Nuytten, Camille Claudel (1988)
de figures féminines marquantes de la littérature
française) (1995) ● S. Frears, Les Liaisons dangereuses (1988)
Romans français ● S. Daldry, The Hours (2002), film sur la vie de
Virginia Woolf, et dont la construction s’inspire de
● L’abbé Prévost, Manon Lescaut (1731)
son roman Mrs Dalloway
● Mme de Staël, Corinne (1807)
● G. Sand, Indiana (1832) Activités
● Frères Goncourt, Germinie Lacerteux (1865) Sujets de dissertation
● É. Zola, Thérèse Raquin (1867) 1. Pensez-vous que les femmes écrivains réussissent
mieux que les hommes dans la composition de per-
● G. de Maupassant, Une vie (1883)
sonnages féminins romanesques ? Traitez le sujet
● Colette, Les Vrilles de la vigne (1908) en vous aidant des textes de la séquence et de vos
● M. Duras, Moderato Cantabile (1958) lectures personnelles.
● M. NDiaye, Rosie Carpe (2001) 2. En quoi l’approche du personnage féminin contri-
Quelques romans étrangers bue-t-elle à l’évolution du genre romanesque ?
Traitez le sujet en vous appuyant sur les textes de
● J. Austen, Orgueil et préjugés (1813)
la séquence, et sur vos lectures personnelles.
● J. C. Oates, Blonde (2000)
● C. Hein, Paula T., une femme allemande (2010)

Image fixe
P. Picasso, Les Demoiselles d’Avignon (1907)

Images fixes du DVD-Rom


Tableaux
● H. de Toulouse-Lautrec, La Toilette (1889)
● M. Cassatt, À l’opéra (1879)
● É. Vigée-Le Brun, Autoportrait (1790)

119
SÉQUENCE 9
Nouveaux narrateurs, nouveaux personnages
➜ Livre de l’élève, p. 191

Le chirurgien : allure de paysan (Une espèce de paysan,


Texte 1
T D. Diderot,
l. 12), un peu borné (répétition du verbe démontrer, l. 18,
Jacques le Fataliste ➜ p. 192
21, 22, 30).
Objectif : Étudier l’incipit d’un des premiers romans La jeune femme : une jeune paysanne assez belle sous
modernes. le linge (l. 43-44) qui se blesse (s’était grièvement bles-
sée, l. 28) : elle se détache davantage, car au cœur de
LECTURE ANALYTIQUE l’action (péripétie) + description grivoise de sa chute
(rabaisse ses jupons, l. 26).
Première lecture
5. Interventions du narrateur :
1. Dialogue entre deux personnages dont les noms sont – Et, tout en se retournant pour démontrer (l. 23) : pré-
mentionnés avant la prise de parole (l. 2, 8, 9), comme sence ironique du narrateur qui reprend le verbe utilisé
des didascalies, au théâtre. par le chirurgien ;
Effet de vivacité, début in medias res. – Je ne sais s’il commença par rabaisser les jupons ou
2. a. Lignes 1 à 11 : situation initiale = conversation entre par dégager le pied (l. 26-27) : allusion grivoise ;
Jacques et son maître au sujet de la blessure au genou. – des lignes 36 à 55 : mise en place d’une situation de
Lignes 12 à 22 : événement perturbateur = rencontre et communication entre le narrateur et le lecteur interrogé
intervention d’un chirurgien accompagné d’une femme. de manière provocante par des phrases exclamatives,
Lignes 23 à 28 ([…] grièvement blessée) : péripétie = la interrogatives et injonctives : de vous désespérer ! (l. 38),
chute de la femme. Toujours des questions (l. 51), Vous ne voulez donc
Lignes 28 (Et le maître de Jacques […] ) à 35 : retour à pas (l. 51-52), Une bonne fois pour toutes, expliquez-
l’équilibre = débat entre les trois hommes sur l’inter- vous (l. 52-53) + verbes au conditionnel détaillant le
prétation de la péripétie. processus d’invention narrative : ne deviendrait-elle pas
Lignes 36 à la fin : intervention du narrateur qui suspend (l. 36-37), Je donnerais (l. 38-39), j’en ferais (l. 39-40)...
le récit en énumérant une multitude de conséquences => interventions singulières : distances vis-à-vis du récit
possibles. + commentaires.
Pas de situation finale. 6. Intrigue amoureuse avec le champ lexical de
b. Impression d’un événement situé au milieu du l’amour : femme (l. 39), des amours (l. 42), belle (l. 43),
roman, les deux personnages sont sur la route en train l’amour (l. 45), séduisante (l. 46), amoureux (l. 47), rival
de reprendre une conversation qui a été interrompue : (2 fois, l. 49), le récit de ses amours (l. 52).
Eh bien, Jacques où en étions-nous de tes amours ? (l. 1).
7. Comique de mots avec la reprise du verbe démontrer
Mise au point (l. 18, 20, 21, etc.).
3. Conditionnel présent : ne deviendrait-elle pas (l. 36), Comique de situation : chute de la jeune femme, jupes
Je donnerais (l. 37-38), j’en ferais (l. 39-40)… mode renversées = les cotillons renversés sur sa tête (l. 25), et
de l’irréel pour présenter toutes les virtualités narratives qu’on vous verrait le cul (l. 35).
envisageables. Comique de caractère avec le type du raisonneur (le
chirurgien qui veut démontrer).
Analyse 8. Lignes 31 à 35, avec le valet fataliste : accumulation
4. Jacques : agréable envers son maître (Nous en étions, de tournures négatives pour dégager les hommes de
l. 2), serviable pour la jeune femme (l. 25-26) et fataliste toute responsabilité face au déroulement des événe-
(il était écrit là-haut, l. 33). ments (ni de votre faute, ni de la faute de M. le doc-
Le maître : initiateur de la conversation (l. 1), intéressé teur, ni de la mienne, ni celle de mon maître, l. 32-33)
par les amours de son valet (tes amours, l. 1), morali- + expression de la fatalité (il était écrit là-haut, l. 33).
sateur (l. 28-29).
120
Question de synthèse (l. 8), paume (l. 8), poignet (l. 9), bras (l. 9), dos (l. 9),
9. Interruption du récit principal : pas de situation finale. vertèbres (l. 10), cou (l. 10), reins (l. 10), corps (l. 13, 19),
Situation cocasse et grivoise inattendue. yeux (l. 15), paupières (l. 15), tempes (l. 16), peau tendue
Narrateur interpellant le lecteur pour lui demander son (l. 16), cheveux (l. 17) mise en évidence du malaise
avis sur la conduite du récit. physique du personnage identification facilitée par
la précision des informations.
Pour aller plus loin 3. Focalisation omnisciente : on connaît l’intériorité du
10. Recherche personnage principal (vous), mais aussi la manière dont
– Les Bijoux indiscrets (1748) : roman libertin allégo- le personnage est perçu par les autres (insensiblement
rique, peu traditionnel par sa liberté de ton. pour autrui mais non pour vous, pour Henriette et pour
– La Religieuse (1780, publié en 1796) : roman sous la Cécile, ni même pour les enfants, l. 17-19), et le narrateur
forme des mémoires fictifs d’une jeune fille obligée de explique les raisons de la faiblesse inhabituelle (l. 12)
devenir religieuse, texte polémique sur les institutions du personnage (3e §) point de vue omniscient qui
religieuses. dépasse le simple point de vue interne.
Romans modernes par le regard critique et libertin 4. Phrase longue = juxtaposition de propositions qui
sur la société, mais traditionnels dans leur facture. présentent les actions successives : Vous vous intro-
11. Écriture d’invention duisez (l. 3), vous l’arrachez (l. 5), vous la soulevez et
● Mise en place d’un autre schéma narratif : vous sentez (l. 7) + mise en valeur du COD antéposé :
– situation initiale : Jacques aide la femme à se relever votre valise couverte de granuleux cuir sombre couleur
et demande aux autres d’aller chercher de l’aide ; d’épaisse bouteille, votre valise assez petite d’homme
– événement : dialogue amoureux entre Jacques et la habitué aux longs voyages (l. 4-5) + prolifération des
paysanne ; compléments circonstanciels désignant les parties du
– situation finale : promesse d’un rendez-vous le soir corps.
même alors que les deux hommes sont de retour. Volonté d’exhaustivité, désir de mimer syntaxique-
● Champ lexical de la galanterie et des sentiments. ment ce que ressent le personnage + lecture dérou-
● Caractérisation physique et psychologique des deux tante, malaise.
personnages. 5. a. Thèmes du voyage, de l’adultère, de la vieillesse
● Disparition des interventions explicites du narrateur.
intrigue amoureuse et familiale.
Prolongement : étudier un corpus en s’interrogeant b. Début peu conventionnel : choix de la 2e personne du
sur la fonction de l’incipit. pluriel, syntaxe complexe et description prééminente.
Texte A : D. Diderot, Jacques le Fataliste (1796) ➜ p. 192 Vis-à-vis : Diderot et Butor
Texte B : G. Flaubert, L’Éducation sentimentale (1869)
6. Thème du voyage : un maître et son valet en voyage
➜ p. 169
// un homme prenant le train.
Texte C : A. Camus, L’Étranger (1942) ➜ p. 377.
Une espèce de paysan qui les suivait (l. 12), revenons à
nos deux voyageurs (l. 55) // votre valise (l. 4, 5), homme
Texte 1 M. Butor,
D’UN
habitué aux longs voyages (l. 5) trame narrative liée
À L’AUTRE
La Modification ➜ p. 194 au déplacement des personnages, modification des per-
sonnages en fonction d’un parcours symbolique.
Objectif : Découvrir la singularité d’une première
page de Nouveau Roman. 7. Chez Diderot : présence explicite du narrateur externe
avec le pronom personnel je (l. 26, 38, 39…), phrases
exclamatives, questions rhétoriques prise à partie du
QUESTIONS
lecteur, dialogue amusant.
1. a. vous : personnage principal, Léon Delmont  Ton plus sérieux chez M. Butor : narrateur plus discret
b. Identification du lecteur au personnage : sujet des mais aussi plus autoritaire qui impose l’identification au
actions et des sentiments éprouvés par le personnage. personnage avec le pronom vous.
2. Champ lexical du corps : pied (l. 1), épaule (l. 1, 9), Dans les deux textes, dévoilement des mécanismes
doigts (l. 6), muscles (l. 7), tendons (l. 8), phalanges d’écriture et de réception qui déroute le lecteur.

121
Prolongement : lire l’ensemble du roman pour voir Analyse
en quoi l’horizon d’attente posé dans cet incipit se 4. La conversation progresse en fonction de l’environ-
trouve confirmé ou infirmé et saisir la spécificité du nement et des rencontres :
mouvement du Nouveau Roman. – traversée d’un lieu sordide (l. 12-23) conversation
sur les désagréments de la ville ;
– chaleur (l. 24-27) conversation sur le temps ;
T 2
Texte G. Flaubert,
– rencontre d’un ivrogne (l. 28-30) échange politique
Bouvard et Pécuchet ➜ p. 195
sur les ouvriers ;
Objectif : Étudier un incipit de roman réaliste – apparition d’un convoi nuptial (l. 31-41) conversa-
mettant en scène des personnages médiocres. tion sur les femmes et la solitude.
5. a. Focalisation omnisciente qui permet au narrateur
LECTURE ANALYTIQUE de révéler la similitude de pensée des deux per-
sonnages.
Première lecture
b. Capitale et banlieue fatigantes : ouvriers tous
1. Personnages appartenant à la classe moyenne (petite ivrognes (après avoir vu un ivrogne, les deux hommes
bourgeoisie) : L’air sérieux de Pécuchet (l. 1), détails ves- se mettent à parler des ouvriers), femmes toutes
timentaires, le souci du qu’en dira-t-on (l. 26-27), se frivoles, acariâtres, têtues (l. 36) propos généraux,
distinguent des ouvriers (l. 28) dont ils parlent, posi- idées toutes faites, préjugés petits-bourgeois.
tion politique plutôt conservatrice (bien que Bouvard
6. À partir de la ligne 22, repris aux lignes 29 et
fût peut-être plus libéral, l. 29-30), tous deux solitaires :
35 : d’abord sujet de verbe de mouvement, puis de
Pécuchet célibataire (l. 38), Bouvard veuf et sans enfants
verbes de parole communauté de pensée des deux
(l. 39).
personnages.
Sensiblement les mêmes pensées et réactions : Pécuchet
pensait de même (l. 17), Bouvard aussi (l. 19), Leurs opi- 7. Ambiguïté : réponse de Bouvard à Pécuchet, pour-
nions étaient les mêmes (l. 29), Bouvard est juste un peu suite des propos de Pécuchet, ou pensée commune
plus libéral (l. 30), moins convenu dans ses manières (il relayée par le narrateur au discours indirect libre.
se moque du qu’en dira-t-on, l. 26-27).
Question de synthèse
2. Cadre spatial sordide : des tas de pierres à bâtir (l. 20),
8. Personnages médiocres, cadre spatial réaliste, action
l’eau hideuse (l. 20), la cheminée d’une usine (l. 21),
(promenade) et conversation banales reflétant les cli-
des miasmes d’égout s’exhalaient (l. 21-22), les murs
chés d’une époque réalisme.
du Grenier d’abondance (l. 23) cadre réaliste d’un
quartier urbain parisien. Pour aller plus loin
Mise au point 9. Recherche
Couples comiques du maître et du valet dans les romans
3. Discours direct (l. 13-14, 39-40) entre guillemets.
et au théâtre :
Discours indirect (l. 35-36 : qu’ils déclarèrent frivoles,
– Don Quichotte, le rêveur idéaliste, et son valet, le stu-
acariâtres, têtues) : verbe introducteur de parole.
pide paysan Sancho Panza dans le roman de Cervantès
Discours indirect libre (l. 15-17, 24-25, 36-38, dernière
➜ p. 169 ;
phrase) : restitution de l’oralité et de la subjectivité des
– Dom Juan et Sganarelle dans Dom Juan (1665) de
pensées sans verbe introducteur ni guillemets.
Molière ;
Discours narrativisé (l. 29-30) : résumé de leur conver-
– Laurel et Hardy au cinéma.
sation politique.
Effets de contraste et d’opposition, mise en scène de
Variété stylistique + prédominance du discours indi-
conflits puis de péripéties.
rect libre qui entretient une ambiguïté : pensées des
Chez Flaubert, deux personnages quasiment identiques
personnages ou jugement du narrateur ?
= approche originale du duo.
10. Écriture d’invention
Contraintes du sujet :
– poursuite du dialogue au gré de la promenade ;
– insertion d’éléments descriptifs ;
122
– structure possible du texte : rencontre d’un enfant Langage familier : gueuler (l. 14), le bouffer (l. 20, 24,
turbulent => conversation sur l’éducation ; entrée d’un 25), dodo (l. 30), pionçait (l. 32).
voleur dans un tribunal échange sur la justice ; Effets de syntaxe de la dernière phrase : contraste entre
ruban perdu sur le sol conversation sur la mode ; la proposition circonstancielle assez soutenue avec
– possibilité de trouver des éléments dans Le l’utilisation du passé simple et la chute de la proposi-
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (posth., 1910). tion principale avec un verbe argotique, pioncer (l. 32).
Ex. : ENFANTS – Affecter pour eux une tendresse lyrique. Volonté de jouer avec tous les niveaux de langue et
INSTRUCTION – Le peuple n’en a pas besoin pour gagner de provoquer la surprise.
sa vie. 5. Images :
Prolongement : Flaubert écrit dans une lettre qu’il n’y – les rues accablées s’agitaient (l. 2) : personnification
a ni beaux, ni vilains sujets et qu’on pourrait presque des rues qui portent le poids de la fatigue humaine.
établir comme axiome, en se plaçant au point de vue N.B. : figure rhétorique de l’hypallage ;
de l’art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui- – un édifice qui paraissait un étouffement (l. 4-5) :
même une manière absolue de voir les choses. Sujet comparaison inquiétante ;
de dissertation : En quoi ce jugement paraît-il s’appli- – la silhouette disparut empochée par le métro (l. 12), À
quer aux textes de la séquence ? peine sortie de leurs mains elle passait à celles du métro
(l. 22-23) : métro personnifié comme un géant doté de
mains et qui attrape les hommes.
Texte 2 R. Queneau,
D’UN
À L’AUTRE
Images connotant l’aspect oppressant de la vie cita-
Le Chiendent ➜ p. 197 dine et de son rythme infernal.
Objectif : Étudier un incipit qui renouvelle l’approche Vis-à-vis : Flaubert et Queneau
des personnages.
6. a. Bouvard et Pécuchet sans comportement indivi-
duel : ils véhiculent les clichés de leur milieu social,
QUESTIONS le narrateur les confond dans une pensée unique à la
1. a. Un personnage mystérieux désigné par le pronom fin du texte.
personnel Il (l. 2) regarde un autre homme (l. 1) parmi Personnages de Queneau pas du tout individualisés :
des milliers d’autres (l. 1, 2, 8), une silhouette (l. 1, 3, anonymes dans la ville.
5) dans la foule. b. Vision sombre de l’existence, synonyme de répétition,
b. Présentation déroutante : la silhouette et le pronom de monotonie et de médiocrité.
Il, sans référent auquel se raccrocher, restent des ano-
Prolongement : analyse du tableau de G. Fromanger,
nymes sans caractérisation physique.
Quel est le fond de votre pensée ? (1973) ➜ p. 197, pour
Narrateur externe au début du texte, puis omniscient
expliquer en quoi il s’accorde avec le sujet et le ton
à partir de la ligne 6, découvrant sa connaissance de
du texte de R. Queneau.
l’intériorité et de la vie de la silhouette et même des
milliers d’autres hommes.
2. Champ lexical de la vue : Il venait d’ouvrir les yeux Analyse E. Hopper,
d’image Chambre à Brooklyn ➜  p. 199
(l. 2), L’autre referma les yeux (l. 11), lorsqu’il les ouvrit
de nouveau (l. 11-12). Objectif : Étudier une œuvre qui met en scène
Personnage désœuvré : ne travaille pas, vient tous un drame intime prenant une dimension universelle.
les jours à la même heure pour observer la sortie des
bureaux entre 5 et 8 heures (l. 17).
QUESTIONS
3. Valeur itérative décrire le déroulement quasi iden-
tique de toutes les journées d’observation du Il, et des Première approche
soirées de la famille que retrouve la silhouette. 1. a. Le bout d’un lit au premier plan, une chaise face à
4. Mélange de langage soutenu et courant : travaillée une immense fenêtre, un guéridon avec un bouquet de
en sens divers (l. 6-7), emploi figuré du verbe utilisé fleurs ameublement sobre et dépouillé.
par ailleurs dans son sens courant (l. 3, 17, 21) + labeur b. Impression de vide, de tristesse, face à un espace qui
(l. 9), synonyme soutenu de travail (l. 23). semble sans vie malgré la présence d’un personnage.
123
2. Personnage peut-être en train de lire, tête pen-
chée sur quelque chose, à la fenêtre, pour avoir plus
Texte 3
T A. Camus,
L’Étranger ➜  p. 200
de lumière ou tenter de débusquer un élément de vie
Objectif : Étudier un personnage singulier
dans la rue.
représentatif de l’absurdité de la condition humaine.
Analyse
3. Personnage peu mis en valeur dans la composition : LECTURE ANALYTIQUE
au second plan, derrière le lit, dans le tiers vertical
Première lecture
gauche du tableau (délimité par le chambranle de la
fenêtre) refus d’en faire le sujet principal du tableau ; 1. Champ lexical de la justice : on me jugeait (l. 1),
se fond dans le décor. charges écrasantes (l. 3), coupable (l. 3), procureur
(l. 4, 15), instruction (l. 6), forfait (l. 6), Jurés (l. 18), cour
4. Montants et barreaux de la croisée, encadrés par
(l. 22), justice (l. 23), crime (l. 27) univers judiciaire
les murs = lignes verticales et horizontales en triptyque
du procès.
symétrique effet d’enfermement et de froideur qui
accentue l’isolement du personnage. 2. Meursault, le criminel, à la 1re personne => plongée
dans l’intériorité du criminel afin de comprendre les
5. Fenêtre = frontière, barrière place primordiale
raisons de son acte.
dans la composition, quasiment tout l’espace du
tableau. Mise au point
6. Contrastes : 3. Discours indirect (présence de verbes introducteurs
– entre l’arrondi du vase et de la tête de la femme et les de paroles) et indirect libre pour la fin de la phrase
lignes géométriques de la chambre ; (oralité restituée) = Il disait qu’il s’était penché sur elle
– entre des touches ou des couleurs lumineuses, blanc et qu’il n’avait rien trouvé, messieurs les Jurés (l. 17-18).
et jaune-vert (sol, nappe, fleurs, stores, cou de la Discours indirect (l. 18-20) jusqu’à accessible.
femme) et le marron-rouge (couverture, chambranle Discours direct (guillemets, l. 20-25).
de la fenêtre, immeuble extérieur). Discours narrativisé (l. 25-27) : lassitude de Meursault
7. Le vase blanc apporte une touche de gaieté ; les fleurs qui n’écoute plus vraiment ces paroles répétitives et
apportent un peu de nature dans cette scène urbaine les résume (beaucoup plus long que lorsqu’il parlait de
évoquant l’enfermement, symbolisé par la prédomi- mon crime, l. 26-27).
nance des couleurs froides (bleu et vert).
Analyse
Question de synthèse 4. Focalisation interne sur Meursault, sujet des verbes
8. Un tableau sur la solitude urbaine. Les fenêtres de de perception, de pensée et de sentiment : Moi j’écou-
l’immeuble d’en face, à l’arrière-plan, suggèrent que tais et j’entendais (l. 1), je ne comprenais pas bien
derrière chacune d’entre elles se trouve une personne (l. 1-2), me frappait (l. 3), sans qu’en réalité je com-
seule. prenne bien pourquoi (l. 8), je ne pouvais pas m’empê-
Prolongement : lire un poème en prose de Baudelaire cher de reconnaître (l. 8-9), Je ne regrettais pas (l. 9),
pour découvrir une autre fonction symbolique des m’étonnait (l. 10), J’aurais voulu essayer (l. 10), je n’ai
fenêtres, « Les fenêtres », extrait du Spleen de Paris plus senti que la chaleur (l. 27).
(posth., 1869). Étrangeté du personnage accentuée : pas de clé per-
mettant de comprendre la raison de son geste.
5. a. Alternance entre des moments d’attention et
d’inattention : écoute attentivement (l. 1-3), puis phase
d’inattention (l. 4-5), puis écoute attentive (l. 4-25)
lorsque l’on parle de ses regrets et de son âme, avec la
volonté de faire comprendre son attitude, enfin retour
à une absence de concentration en raison de la chaleur
et des propos répétitifs (l. 25-28).
b. Étonnement devant l’attitude accusatrice du pro-
cureur et désir de rapports sociaux amicaux hors de
124
propos dans ce tribunal : J’aurais voulu essayer de lui Ex. : Meursault chez Camus ; Adam Pollo ➜ p. 208,
expliquer cordialement, presque avec affection (l. 10-11), ou Jean-Claude Roman ➜ p. 202.
de me montrer affectueux, d’avoir de la bonne volonté 3e §. De plus en plus de romans mettent en scène
(l. 14-15) => naïveté ou inconscience. des sociétés imaginaires déshumanisées.
Ex. : parcours du combattant de Joseph K. dans Le
6. Question rhétorique : A-t-il seulement exprimé des Château de F. Kafka ; contre-utopies des années
regrets ? (l. 4-5). trente et quarante (G. Orwell, 1984).
Hyperbole : son abominable forfait (l. 6). Partie II. Mais le roman moderne révèle une récon-
Métaphore du gouffre pour exprimer le danger mena- ciliation de l’homme avec le monde.
çant la société (l. 24). 1er §. L’homme cherche à se connaître pour se
Persuader les jurés en jouant sur l’émotion. réconcilier d’abord avec lui-même.
Ex. : développement de l’autofiction et des romans
7. Justice répétitive (Il a répété, l. 25), ennuyeuse (répéti-
autobiographiques comme le cycle de M. Proust
tion de l’adjectif long, l. 26, 27 + longueur de la phrase
À la recherche du temps perdu ➜ p. 179.
finale), et qui se trompe de sujet en s’attardant plus
2 e §. D’autres romans célèbrent la beauté du
sur la réaction de Meursault à la mort de sa mère que monde, réconciliant l’homme avec son cadre de vie.
sur le crime. Ex. : lyrisme de J.-M. G Le Clézio dans Désert ➜ p. 184.
3e §. Le roman moderne est devenu l’un des hauts
Question de synthèse lieux de l’engagement.
8. Spectateur passif et inattentif à son propre procès, Ex. : Malraux dénonçant la guerre d’Espagne dans
qui ne comprend ni la procédure ni les accusations, L’Espoir (1937) ; l’écrivain communiste R. Vailland
sans émotions adaptées à la situation (peur, honte, dénonçant des conditions de travail aliénantes
regret, colère), tout juste étonné : tant d’acharnement dans 325 000 francs (1955).
m’étonnait (l. 10). Conclusion
Le roman moderne est la voix de l’absurde, mais
Pour aller plus loin aussi le moyen de lutter contre l’absurdité du
monde.
9. Recherche
Sisyphe = personnage de la mythologie grecque Prolongement : lire Le Procès de F. Kafka (1925) et
condamné à un châtiment éternel pour avoir défié les voir en quoi ce roman a pu influencer A. Camus dans
dieux (cf. Homère, Odyssée) : il doit pousser un rocher en la rédaction de L’Étranger + adaptation cinématogra-
haut d’une colline, mais avant d’arriver en haut le rocher phique d’Orson Welles, Le Procès (1962).
retombe, et Sisyphe recommence sa tâche sans fin.
A. Camus en fait le symbole de l’absurdité de l’existence :
actions répétées dont on ne comprend pas le sens ; mais Texte 3 E. Carrère,
D’UN
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

le Sisyphe de Camus n’est pas désespéré, comme le L’Adversaire ➜  p. 202


montre le déroulement du procès de Meursault, mais Objectif : Étudier comment un criminel devient
plutôt représentatif de l’absurdité de l’existence. un personnage de roman.
10. Dissertation
Problématique : Le roman moderne est-il seulement QUESTIONS
l’expression du sentiment absurde face à l’existence ?
1. Tentatives d’interpréter les actes du criminel (l. 3-6)
Partie I. Le sentiment de l’absurde est au cœur de
avec le modalisateur d’incertitude Sans doute en ana-
la production romanesque depuis le XIXe siècle.
1er §. Le glas des espoirs et des illusions dans le phore (l. 3, 5), la précision Tant de contrôle témoignait
roman réaliste. d’une grave confusion (l. 9) + comparaison pour mieux
Ex. : H. de Balzac, Illusions perdues (roman au faire comprendre le personnage = comme un veuf bien
titre emblématique) ou Fabrice Del Dongo à la élevé (l. 15).
bataille de Waterloo ne comprenant pas ce qui se 2. Focalisation externe d’un narrateur qui rapporte ce
passe dans La Chartreuse de Parme de Stendhal qu’il a entendu sur l’affaire et formule des hypothèses
divorce entre le personnage et l’événement.
(présence de modalisateurs d’incertitude), mais pro-
2e §. Le roman moderne met en scène des person-
gressivement, on passe en focalisation interne sur le
nages marginaux qui ne parviennent plus à s’inté-
grer dans la société.
criminel : Croyant bien faire, il ne se rendait pas compte
(l. 13) et la dernière phrase du texte.
125
3. a. attitude mondaine (l. 12) et bienséante, en décalage ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
avec l’horreur du crime commis, maîtrise de lui-même A. Camus, L’Étranger ➜ p. 204
avec une grande précision dans les détails (la précision
de ses propos, l. 1-2 ; un récit parfaitement articulé, l. 14) Objectif : Étudier la représentation de l’absurdité des
et son absence d’émotion (sans émotion particulière, rapports humains dans un roman moderne.
l. 15).
b. J.-C. Romand est comparé à un robot : un robot privé PISTES D’ANALYSE
de toute capacité de ressentir (l. 22-23), programmé
pour analyser (l. 23), le programme « docteur Romand » 1. Un personnage étrange
(l. 24), un nouveau programme « Roman l’assassin » – 1re partie, fin du ch. I : l’apparente insensibilité de
(l. 25-26) => déshumanisation, froideur monstrueuse, Meursault à l’enterrement de sa mère = la terre couleur
esprit calculateur. de sang sur la bière de maman, la chair blanche des
4. Le corps médical des psychiatres = psychiatres (l. 1, 13) racines qui s’y mêlaient […] j’ai pensé que j’allais me
rapport fiable et rationnel sur un personnage malade coucher et dormir pendant douze heures.
et manipulateur. Mise en évidence de la pathologie. – 1re partie, ch. V : la relation amoureuse étrange avec
Marie = Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai
5. a. Romand, homonyme de roman => ironie du sort :
répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne
J.-C. Romand a affabulé une bonne partie de sa vie,
signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas.
s’inventant une existence qu’il racontait aux autres,
– 2e partie, ch. III : spectateur de son procès, plus
comme le ferait un romancier avec une fiction.
qu’acteur = Il m’a demandé peu après « si j’avais le
b. Champ lexical du récit : personnage (l. 6), les tech-
trac ». J’ai répondu que non. Et même dans un sens cela
niques (l. 7), un récit parfaitement articulé (l. 14).
m’intéressait de voir un procès.
Vis-à-vis : Camus et Carrère Distance vis-à-vis du monde et des événements,
absence d’émotion dans des circonstances où la société
6. Insensibilité des deux personnages aux yeux des
impose des attitudes convenues.
autres, êtres déshumanisés : pour Meursault, [le pro-
cureur] disait qu’à la vérité, je n’en avais point, d’âme, 2. Un récit symbolique
et que rien d’humain, et pas un des principes moraux a. Présence du soleil pendant l’enterrement de la
qui gardent le cœur des hommes ne m’était accessible mère (ch. I) et pendant le meurtre de l’Arabe (ch. VI)
(l. 18-20) + le vide du cœur (l. 23) // Romand, un robot connotation négative surprenante en opposition
privé de toute capacité de ressentir (l. 22-23). avec le rôle nourricier et constructeur du soleil dans
7. Texte de Camus en focalisation interne sur le criminel, les civilisations méditerranéennes. Images de mort, de
mais paradoxalement le personnage reste hermétique violence, de destruction = lumière aveuglante (ch. I),
et étranger. il commençait à peser (ch. I), Le soleil avait fait éclater
Texte d’E. Carrère en focalisation externe avec appré- le goudron (ch. I), le soleil était maintenant écrasant
hension progressive de la subjectivité du personnage : (ch. VI), la brûlure du soleil (ch. VI) + soleil personnifié
texte qui prend le temps d’analyser le comportement en ennemi : pour triompher du soleil (ch. VI).
incompréhensible d’un personnage. b. Rôle déterminant : soleil responsable des actes
Prolongement : chercher d’autres exemples de de Meursault allégorie du tragique contre lequel
romans puisant leur inspiration dans des faits divers Meursault essaie de lutter sans y parvenir.
et analyser comment les romanciers en font un maté- 3. Une écriture particulière
riau de fiction. a. Passé composé => inhabituel, ce n’est pas un temps
du récit (passé simple ou présent), il est plutôt utilisé
à l’oral, dans une situation de discours et de commu-
nication. Avec A. Camus et M. Duras, il fait son entrée
en littérature.
b. Phrases simples, voire minimales langage épuré,
le plus neutre possible = l’écriture blanche.

126
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES Histoire des arts ➜ p. 206
1. Entraînement au commentaire Personnages en peinture, du cubisme au retour de
Introduction
la figuration
Épisode fondamental, la scène du meurtre de l’Arabe
permet de basculer dans la 2e partie du roman. QUESTIONS
Projet de lecture : Dans quelle mesure le déroule-
1. Utilisation de formes géométriques pour représenter
ment du meurtre exprime-t-il une vision tragique
l’homme, mais des parties du corps et de la guitare sont
de l’existence ?
Plan du développement
encore visibles, prouvant que Picasso ne renonce pas
Partie I. Une scène de meurtre étrange tout à fait au figuratif : la tête au sommet du cylindre,
1er §. Progression de l’action les épaules et les bras saillants, de couleur plus foncée,
Ex. : structure du texte, avec immobilité puis mou- représentés par des rectangles encastrés, et le manche
vement de Meursault. de la guitare au centre de la toile reconnaissable grâce
2e §. Le malaise du narrateur à la présence de cordes serrées sur le manche.
Ex. : focalisation interne, verbes de vision et de 2. Giorgio De Chirico : Il Vaticinore (1915), personnage res-
sensation.
semblant à un mannequin (corps épuré, tête sans yeux,
3e §. La passivité du personnage
bouche, nez, oreille) devant un tableau noir qui semble
Ex. : syntaxe de phrases simples en énumération
représenter le décor du tableau, décor à l’antique avec
engrenage fatal.
Partie II. Une scène qui révèle une vision tragique des lignes de fuite menant à une construction en pers-
de l’existence pective, ombre d’une statue antique climat inquiétant,
1er §. Importance du soleil métaphysique. N.B. : DVD-Rom, G. De Chirico, Piazza
Ex. : véritable acteur de la scène, sujet des verbes. d’Italia. René Magritte, L’Heureux Donateur (1966) : sil-
2e §. Cadre menaçant. houette bleue de personnage avec chapeau melon sur
Ex. : personnifications pesant sur le sort du person- fond marron ; dans la silhouette, représentation d’un
nage. paysage nocturne avec maison au milieu d’un parc
3e §. Le registre tragique boisé personnage vidé de sa substance, réceptacle
Ex. : arrivée inévitable du malheur, images d’apoca- d’un paysage nocturne ; invitation au rêve et au mystère.
lypse.
Conclusion
– Bilan : un crime étrange où le soleil joue le rôle
du destin.
Exercices d’approfondissement ➜ p. 208
– Ouverture : prémisses de la philosophie de
l’absurde développée par A. Camus dans ses essais. REVOIR

2. Entraînement à l’écriture d’invention


Contraintes du sujet :
1 Un personnage aujourd’hui
H. Bauchau, Le Boulevard périphérique, chap. XV
– utiliser la rhétorique du discours judiciaire : adresses
et apostrophes aux jurés, anaphores, énumérations et 1. Un musicien africain jouant dans les couloirs du
gradations, analogies pour rendre les arguments plus métro : Quelque part, quelqu’un fait résonner puissam-
clairs ; ment un tambour (l. 5-6), tam-tam de l’homme invi-
– arguments à développer. sible qui jouait tout seul, peut-être pour lui seul, dans
Idées possibles : le couloir où je ne suis pas passé (l. 18-20) présence
– un homme peu expressif à la personnalité introvertie, invisible et mystérieuse, trivialité du quotidien méta-
mais non dépourvu d’émotion ; morphosée en une expérience presque mystique.
– le meurtre de l’Arabe est l’une des conséquences du 2. a. Comparé : la musique (l. 6) ; comparant : Comme
trouble refoulé consécutif à la mort de sa mère ; celle du cœur (l. 8), comme celui de la mer (l. 10)
– homme victime de mauvaises influences (Raymond) ; => résonances internes et poétiques des sons entendus.
– circonstances atténuantes (rôle de l’alcool, hypnose Comparé : un poids d’expériences (l. 15) ; comparant :
du soleil). comme une mince douleur (l. 16), comme une source
Conclusion : Meursault n’est pas un criminel mais une de vie (l. 16-17) dimension existentielle donnée aux
victime de la société. trajets en RER.
127
b. Vieil homme confronté à la maladie (de sa belle-fille silence absolu (l. 4-5), de chuintements et de sifflements
hospitalisée) la moindre impression éprouvée lors (l. 5-6), d’autres sons (l. 6), des grincements, des froisse-
de ses trajets l’entraîne dans des abîmes de méditation ments (l. 7), le frôlement des poussières (l. 8)
sur l’existence. 3. Absence de paroles, d’actions véritables (ils firent
3. Image dégradante de la vie urbaine enfermement l’amour mentalement, l. 11-12) ; rétrécissement physique
(un homme de souterrain, l. 24), affaiblissement et alié- (ils se tassèrent tous deux dans un coin, l. 10) ; percep-
nation (fatigué, un affamé, l. 25). tion d’eux-mêmes comme des araignées ou des limaces
(l. 13) = disparition du statut humain pour des êtres
APPROFONDIR proches du sol, répugnants.

2 Roman et sentiment de l’absurde 4 La singularité du narrateur


J.-P. Sartre, La Nausée M. Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein

1. Impossibilité de trouver un sens à l’existence, de 1. La narration champ lexical du récit = raconte (l. 2),
trouver sa place par rapport aux choses, aux autres : le j’invente (l. 2), je raconterai (l. 3-4), leur chronologie
narrateur se sent de trop, sans raison d’être. (l. 7), cette histoire (l. 10), lecteur (l. 11).
2. a. Point de vue philosophique sur l’existence que le 2. Présent pour faire sentir l’importance et l’actua-
narrateur cherche à faire partager = existants (l. 1), rai- lité de cette femme (l. 12), de la minute magique (l. 8).
son d’être là (l. 3), chaque existant (l. 3-4), De trop (l. 5), Impression pour le lecteur de vivre l’élaboration et la
prémisses de la philosophie existentialiste développée conception du récit.
par Sartre dans ses essais. 3. Explication et justification des choix et stratégies
b. Raisonnement déductif : du général, un tas d’exis- narratives : le narrateur dévoile les coulisses de son
tants gênés (l. 1), nous (l. 2), ni les uns ni les autres récit et rompt l’illusion romanesque : mêlés […] ce faux
(l. 3), chaque existant (l. 3-4) au particulier à partir de semblant […] et ce que j’invente (l. 1-2), je la prends, là
la ligne 6 : pronoms personnels je et moi. où je crois devoir le faire (l. 13).
3. Mise en valeur des mots clés qui définissent le rap-
port du narrateur à l’existence et sa tentative de lui 5 Un jeu de construction romanesque
trouver un sens rationnel. I. Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur, chap. 8
Malaise visuel par la présence de cette police inhabi- 1. Un écrivain répétition du verbe écrire (l. 5, 6, 9, 16)
tuelle, en écho au malaise du narrateur, de sa distance souvent associée à celle du mot roman (l. 3, 6, 9, 10, 12)
par rapport à lui-même. + évocation d’un vieil écrivain (l. 18-19).
4. Anti-héros : absence de valeur, de cause à défendre 2. Trois lecteurs :
= pas la moindre raison d’être là (l. 2-3), sentiment d’inu- – 1er lecteur qui converse avec l’écrivain (l. 1-2, 17) ;
tilité (répétition de la locution adverbiale de trop, l. 4, 5, – 2e lecteur, personnage d’une fiction écrite par l’écri-
16, 18), inaction d’un personnage paralysé par la pen- vain : Le protagoniste pourrait en être un Lecteur (l. 10-11,
sée : établir (l. 6), compter (l. 7), situer (l. 8), comparer l. 12, 14) ;
(l. 8), autoportrait négatif dans le dernier paragraphe. – 3e lecteur implicite qui parcourt le roman d’I. Calvino.
3. Mise en abyme avec répétition de la même situation :
3 La déconstruction du personnage l’écrivain s’entretient avec un lecteur qui cherche la
J.-M. G. Le Clézio, Le Procès-verbal, « E » suite de romans dont il n’a que les incipit ; dans son
1. Focalisation omnisciente : le narrateur connaît les roman, l’écrivain met en scène un lecteur qui parle avec
pensées des deux personnages (ex. : ils firent l’amour un vieil écrivain et qui recherche la suite des romans…
mentalement, l. 11-12) et des détails très précis (ex. : 4. Texte 1 : D. Diderot, Jacques le Fataliste ➜ p. 192,
amplifiés 1 500 fois, l. 9), et établit des conclusions sur récit des amours de Jacques sans cesse interrompu, en
le sort des personnages (ils n’étaient plus que des moi- parallèle avec les débuts de roman dont on n’a jamais
tiés de personnages, l. 18). la fin + adresse directe au lecteur.
2. Personnages silencieux se contentant d’écouter et D’un texte à l’autre 1 : M. Butor, La Modification
d’appréhender le moindre son champ lexical des ➜ p. 194 pour le procédé d’un récit tout entier à la
sons : à l’écoute (l. 1), ce peu de bruits (l. 2), pas un seconde personne (l. 16-17).
128
ÉCRIRE 3e §. Le romancier explore de nouvelles terres
narratives.
Ex. : le Nouveau Roman, comme La Modification de
6 Disserter sur le roman M. Butor ➜ p. 194, l’OuLiPo (I. Calvino, Si par une
1. Un chiasme (ABBA = écriture-aventure-aventure- nuit d’hiver un voyageur ➜ p. 209) = audacieuses
écriture) qui valorise l’écriture. innovations narratives.
2. l’écriture d’une aventure : fond, schéma narratif tra- Partie II. Mais celle-ci doit rester captivante pour le
lecteur, sans qui le roman n’existe pas.
ditionnel impliquant une intrigue mouvementée avec
1er §. La disparition d’une aventure au sens clas-
des personnages.
sique peut rendre l’œuvre hermétique.
l’aventure d’une écriture : importance accordée au style,
Ex. : J. Joyce, Finnegans Wake (1939), avec des
à l’écriture qui devient le sujet central du romancier. jeux de mots dans de multiples langues roman
Comment le statut de l’intrigue et du personnage irlandais difficile à traduire.
s’est-il modifié dans le roman moderne ? 2e §. Le lecteur friand d’illusion romanesque peut
Analyse du sujet : la formulation du sujet pose la pro- être agacé par le dévoilement des mécanismes
blématique et appelle un plan thèse / antithèse. d’écriture.
Problématique : Quelle est la véritable aventure dans Ex. : les interventions directes du narrateur au
le roman ? lecteur dans Jacques le Fataliste de D. Diderot
3. Plan détaillé de dissertation : ➜ p. 192.
Partie I. Le roman est bien l’aventure d’une 3e §. Le roman peut se noyer dans la métalittéra-
écriture. ture, tel un Narcisse incapable de faire autre chose
1er §. L’évolution du roman conduit à la dispari- que de contempler son reflet  évasion offerte par
tion des héros épiques et du récit d’événements les romans historiques, exotiques, psychologiques.
extraordinaires. Ex. : Thérèse Desqueyroux (1927) de Mauriac nous
Ex. : le personnage de Roquentin, passif, incapable plonge dans la psychologie d’une femme victime
d’agir, dans La Nausée de J.-P. Sartre ➜ p. 208. de son milieu social.
2e §. L’écrivain explore les ressources de la langue Conclusion
pour créer un style. Le roman est certes l’aventure d’une écriture mais
Ex. : dans L’Éducation sentimentale, Flaubert ambi- il faut pouvoir la partager avec le lecteur en ne
tionne d’écrire un roman sur rien, tenant par la renonçant pas à l’écriture d’une aventure au sens
force du style (lettre de 1852 à Louise Colet). classique.

129
Prolongements

Textes Dans le DVD-Rom


Romans français qui ont révolutionné l’écriture Textes
narrative ● M. Condé, La Belle Créole (2001)
● G. Flaubert, L’Éducation sentimentale (1869) ● J.-P. Blondel, Qui vive ? (2010)
● M. Proust, Un amour de Swann (1913) Document audio
● A. Robbe-Grillet, La Jalousie (1957) Entretien avec J.-P. Blondel (romancier)
● C. Simon, L’Herbe (1958)
Activités
● R. Queneau, Zazie dans le métro (1959)
● Constituer un corpus
● G. Perec, La Vie mode d’emploi (1978)
– Compléter le corpus de textes sur la thématique
Romans étrangers du procès en ajoutant aux textes d’A. Camus et
● F. Kafka, Le Procès (1925) d’E. Carrère un extrait choisi dans Le Procès de
● V. Woolf, Mrs Dalloway (1925) F. Kafka et dans Le Procès-verbal de J.-M. G. Le
Clézio.
● W. Faulkner, Le Bruit et la Fureur (1929)
– Formuler personnellement trois questions sur ce
Images associées corpus.
● R. Lichtenstein, Stepping Out (1978) ● Découvrir un film surréaliste
● L. Freud, Leigh sous la lucarne (1994) L. Buñuel, Un chien andalou (1929) voir quelle
forme prend la déconstruction narrative au cinéma,
Filmographie puis faire le lien avec l’objet d’étude consacré à la
● O. Welles, Citizen Kane (1941) poésie.
● A. Resnais, Providence (1977)
● J.-C. Guidicelli et F. Forte, L’OuLiPo, mode d’emploi
(2010) (documentaire)

130
VERS LE BAC
Le récit épique
➜ Livre de l’élève, p. 210

OBJECTIFS (l. 14), feu d’artifice (l. 20), jets de feu (l. 23) ; texte 3
– S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant sur = vers le feu (l. 5), allumer la guerre (l. 24), ça brûlait
un corpus d’extraits de romans d’époques différentes (l. 25), s’éteindre le charbon (l. 26).
racontant un combat. Images de destruction et de violence.
– Analyser les formes et les enjeux du registre épique ● Mais la narration et les registres diffèrent :

dans le roman. – texte 1 : parodie d’épopée. L’objectif est de faire rire,


donc le combat héroïque devient trivial : rendit plus de
OBJET D’ÉTUDE quatre potées de soupe, et l’âme mêlée parmi les soupes
(l. 10-11) ;
Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours
– texte 2 : tradition épique. Héros dont le combat est
justifié par un idéal + antithèse forte entre les deux
CORPUS camps + images poétisant le combat : métaphore filée
Texte 1 F. Rabelais, Gargantua méliorative du lion = rugissement (l. 5), crinière d’éclairs
Texte 2 V. Hugo, Les Misérables (l. 14), ainsi que le lion (l. 15) + champ lexical de la
Texte 3 L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit tempête = ouragan (l. 2), éclairs (l. 14), foudres (l. 20),
grappes de tonnerres (l. 23) + amplification par les plu-
SUJET POUR LES SÉRIES GÉNÉRALES riels, les hyperboles et le vocabulaire mélioratif (imper-
turbable, l. 10 ; formidable, l. 17 ; l’heure suprême, l. 30) ;
Question – texte 3 : anti-épopée, pas de récit de combat mais
Introduction réflexion sur la guerre = On est puceau de l’Horreur
– Romanciers d’époques différentes : Rabelais = huma- comme on l’est de la volupté (l. 1), Ce qu’on faisait à se
nisme ; Hugo = romantisme ; Céline = modernité. tirer dessus, comme ça, sans même se voir, n’était pas
– Même thème = combat, guerre : Rabelais = duel défendu ! (l. 18-19) + dénonciation de la guerre par le
entre Gymnaste et Tripet dans une guerre fictive ; Hugo champ lexical de l’horreur : Horreur (l. 1, 2), fuite en
= insurgés lors de journées révolutionnaires en 1832 masse (l. 4-5), meurtre en commun (l. 5), abomination
face à l’infanterie des gardes nationale et municipale ; (l. 10), Abominable erreur (l. 10-11), assassinats (l. 12)
Céline = un soldat dans son régiment sur le front lors + ironie et expressions familières : « Continuez, colo-
de la Première Guerre mondiale. Un récit fictif (texte 1) nel, vous êtes dans la bonne voie ! » (l. 12-13), Ce qu’on
deux récits inscrits dans l’histoire contemporaine faisait à se tirer dessus, comme ça, sans même se voir,
(textes 2 et 3). n’était pas défendu ! (l. 18-19), C’était même reconnu,
– Question : comparaison des moyens et enjeux de ces encouragé (l. 20).
récits de combats. Conclusion
Développement Les textes représentent violemment la guerre, mais les
● Les textes s’accordent sur la description de la violence textes 1 et 2 s’inscrivent dans la tradition épique alors
guerrière : que le texte 3 est une dénonciation.
– champ lexical de la violence : texte 1 = abattit (l. 2),
blessés, souffrants et meurtris (l. 3), tailla (l. 9) ; texte 2 SUJETS AU CHOIX
= rugissement (l. 5), se rua (l. 5), furie (l. 6), firent feu
impétueusement (l. 13), inondée d’assaillants (l. 14-15), 1. Commentaire
terrible (l. 19), effrayante (l. 19), férocité héroïque (l. 26) ; Introduction
texte 3 = assassinats (l. 12), à se tirer dessus (l. 18) ; – Auteur : engagé dans l’armée puis démobilisé à la
– champ lexical du feu : texte 2 = firent feu (l. 13), éclairs suite d’une blessure dès novembre 1914.

131
– Œuvre : roman moderne par sa langue argotique au Plan proposé
service d’une dénonciation sociale et d’une interroga- Partie I. Le roman dénonce efficacement les travers
tion sur la condition humaine. de la nature humaine.
– Texte : vision de la guerre à travers le regard du nar- 1er §. Genre narratif qui permet de développer de
rateur-personnage Bardamu, envoyé au milieu des longs portraits qui rendent les personnages plus
touchants et de longues descriptions qui rendent
combats et dénonçant l’horreur de la guerre.
les actions plus concrètes.
– Projet de lecture : Comment le narrateur dénonce-t-il
Ex. : nombreuses descriptions dans Germinal
la guerre dans cet extrait ? (1885) d’É. Zola rendent compte de la situation dif-
Plan proposé ficile, voire insoutenable, des mineurs au XIXe siècle.
Partie I. La narration provocatrice d’un anti-héros 2e §. Genre en prose permettant d’aborder tous les
1er §. Récit à la 1re personne du singulier + nom- sujets du réel, y compris les problèmes de société.
breuses interrogations + discours direct point de Ex. : l’alcoolisme de Gervaise dans L’Assommoir
vue interne qui permet de partager les sentiments (1877) d’É. Zola.
de Bardamu. 3e §. Genre libre qui permet de faire varier les tons
2e §. Langage oral et familier distance cho- et les points de vue identification.
quante vis-à-vis de la situation. Ex. : point de vue interne dans Voyage au bout de
3e §. Pas de description de combat mais réflexion la nuit (1832) de L.-F. Céline ➜ p. 212.
de Bardamu sur l’inhumanité de la guerre = le Partie II. Mais d’autres genres littéraires critiquent
narrateur se retranche derrière le pronom « on » efficacement les travers de l’homme.
lorsqu’il s’agit des combats + manque d’humanité 1er §. Le théâtre, par sa dimension spectaculaire,
du colonel qui applique machinalement ce qu’on rend plus évidente la critique de la société.
lui demande inaction provocatrice de Bardamu. Ex. : Les Mains sales (1948) de J.-P. Sartre ➜ p. 258
Partie II. La dénonciation de l’absurdité de la = pièce politique qui met en scène des révolution-
guerre naires violents dans le contexte de la Guerre froide.
1er §. Champ lexical du feu + champ lexical de 2e §. La poésie est un genre efficace pour dénon-
l’horreur violence. cer : procédés stylistiques propres à frapper l’oreille
2e §. Ironie + utilisation abondante du pronom « on » et la mémoire (répétition, antithèse, images, effets
soumission à une guerre absurde. de rythme).
3e §. Personnification de la guerre + déshumani- Ex. : le poème des Châtiments (1853) de V. Hugo
sation de l’homme traumatisme de la guerre. intitulé « Chanson » dénonce la médiocrité de
Conclusion Napoléon Bonaparte.
Par son style familier et ironique, le texte dénonce 3e §. La littérature d’idées développe une argumen-
les horreurs de la guerre. L’homme apparaît comme tation claire qui use aussi bien de la persuasion que
un pantin soumis à des décisions absurdes et voué de l’art de convaincre.
Ex. : dans le Traité de l’éducation des filles (1687)
à la mort. Vision tragique et pessimiste incarnée par
➜ p. 94, Fénelon prend le parti des femmes en dénon-
Bardamu, un anti-héros.
çant l’attitude des hommes qui les soumettent.
2. Dissertation Conclusion
Introduction – Bilan : Certes le roman est efficace pour dénoncer les
– Contextualisation : en s’appuyant sur le corpus, on comportements inquiétants des hommes mais d’autres
peut aborder la question de l’engagement, par exemple genres sont tout aussi efficaces. Au-delà de la question
en évoquant les romanciers qui font de leurs récits une du genre, il s’agit principalement d’une question de
arme de combat (A. Malraux, J.-P. Sartre, A. Camus). procédés que chaque genre peut s’approprier.
– Sujet : comparaison du roman avec les autres genres – Ouverture : Le roman est un genre fictif qui possède
sur la question de la dénonciation des comportements une grande liberté de parole et de ton, mais n’est-il pas
humains. menacé par la censure ?
– Problématique : Le roman est-il un genre plus apte à
3. Écriture d’invention
critiquer les aspects inquiétants de la nature humaine ?
Contraintes du sujet :
– forme : synopsis d’un film d’animation = résumé pré-
cis qui décrit et présente la scène ;

132
– thème : le combat de Gymnaste, emprunté à ● Même but = dénoncer l’absurdité de la guerre :
F. Rabelais = entre gesticulation et combat réel effet – texte 1 = ironie : il convient à tous les chevaliers de
comique. traiter respectueusement leur bonne fortune, sans la
Proposition de corrigé (début du synopsis) molester ni la tourmenter (l. 13-14) + dimension comique
– Dans une grande plaine, afin d’accentuer le qui ridiculise les personnages ;
décalage entre un espace démesurément grand et – texte 3 = ironie : « Continuez, colonel, vous êtes dans
des personnages qui se livrent à un petit combat, la bonne voie ! » (l. 12-13), Ce qu’on faisait à se tirer des-
Gymnaste, vêtu d’une armure de chevalier, semble sus, comme ça, sans même se voir, n’était pas défendu !
voltiger dans les airs et voler d’un adversaire à (l. 18-19) + vocabulaire oral et familier : On est puceau
l’autre en les tuant d’un coup d’épée. de l’Horreur (l. 1), la sale âme héroïque et fainéante des
– Ces voltiges aériennes créent un effet comique. hommes (l. 3-4), Donc pas d’erreur ? (l. 18), J’étais dépu-
Après s’être débarrassé à lui seul des opposants, il
celé (l. 22-23) choc du lecteur.
est attaqué par-derrière par Tripet mais se retourne
in extremis et s’écrie : « Toi là-bas, tu m’as traité Conclusion
de pauvre diable et tu croyais t’en tirer à si bon L’expérience de la bataille vécue par les deux person-
compte ? C’est maintenant que tu vas regretter ces nages est différente mais l’enjeu des auteurs est le
paroles outrageantes. » même : dénoncer l’absurdité de la guerre.

SUJET POUR LES SÉRIES TECHNOLOGIQUES 2. Introduction


Épopée = récit d’exploits accomplis par des person-
Questions nages héroïques (ex. : Homère, Iliade).
1. Introduction Développement
Récits de combats de guerre vus de l’intérieur soit par ● Un combat extraordinaire entre des héros :

un personnage qui se bat (texte 1), soit par un témoin – texte 1 = récit d’un combat exemplaire dans lequel
qui observe (texte 3). Gymnaste terrasse un grand nombre d’adversaires : à
Développement grands coups chargea sur les plus huppés, et les abattit
● Deux positions et registres différents : à grands monceaux (l. 2), sans que nul ne lui résistât
– texte 1 = Gymnaste est un acteur de la bataille, sujet de (l. 3), il lui tailla d’un coup l’estomac, le colon et la moi-
verbes d’action : Gymnaste descend de cheval, dégaine tié du foie (l. 9) combat chevaleresque dominé par
son épée (l. 1), chargea (l. 2), abattit (l. 2), lança un estoc Gymnaste, héros auquel personne ne résiste ;
(l. 8), lui tailla d’un coup l’estomac (l. 9), se retire (l. 12) – texte 2 = récit d’un combat violent où les insurgés
il domine le combat en héros, à l’image des cheva- luttent de toutes leurs forces : Les insurgés firent feu
liers médiévaux + registre comique : les merveilleux vol- impétueusement (l. 13), L’assaut fut si forcené (l. 14),
tigements (l. 4), en tombant, rendit plus de quatre potées l’insurrection voulait lutter (l. 28), L’acceptation de
de soupe, et l’âme mêlée parmi les soupes (l. 10-11) ; l’agonie en pleine jeunesse (l. 28-29) valorisation
– texte 3 = Bardamu est un observateur passif : j’étais des insurgés, héroïques.
pris dans cette fuite en masse (l. 4-5), je le regardais ● Un style épique qui montre la violence et l’intensité

(l. 7), J’étais dépucelé (l. 22-23) + pronom on qui sou- de l’action :
ligne la soumission à la guerre : on n’avait pas le temps – accumulation : dans le texte 1, verbes d’action dont
de fraterniser non plus (l. 17), On venait d’allumer la Gymnaste est le sujet : dégaine son épée (l. 1), chargea
guerre entre nous et ceux d’en face (l. 24-25) il ne (l. 2), abattit (l. 2), lança un estoc (l. 8), lui tailla d’un
fait que s’interroger sur l’absurdité de la guerre et reste coup l’estomac (l. 9) + texte 2 : tambour battant, clairon
égoïstement extérieur aux combats, il incarne l’anti- sonnant, baïonnettes croisées, sapeurs en tête (l. 9-10) ;
héros + registre tragique : champ lexical du feu = vers – énumération : texte 1, il lui tailla d’un coup l’estomac,
le feu (l. 5), allumer la guerre (l. 24), ça brûlait (l. 25), le colon et la moitié du foie (l. 9) + texte 2, énumération
s’éteindre le charbon (l. 26), rôti (l. 28) + images de en gradation : portant une balle, une chevrotine ou un
mort = meurtre (l. 5), assassinats (l. 12), On y passerait biscayen (l. 22) ;
tous (l. 26-27), sa carne ne ferait pas plus de rôti que – hyperboles : texte 1, à grands monceaux (l. 2), sans
la mienne (l. 28) récit pessimiste et tragique d’une que nul ne lui résistât (l. 3), les merveilleux voltigements
mort annoncée. (l. 4) + texte 2, rugissement (l. 5), furie (l. 6), avec le
133
poids d’une poutre d’airain (l. 11), inondée d’assaillants 2e §. La résistance des insurgés : champ lexical
(l. 14-15) ; de la violence + désignation métonymique : « Le
– métaphores : texte 2, l’ouragan (l. 2), le rugissement mur » (l. 12).
(l. 5), une crinière d’éclairs (l. 13-14), inondée d’as- 3e §. La structure du récit : étapes haletantes,
rythme vif.
saillants (l. 14), égrenant la mort dans ses grappes de
Partie II. Un récit aux dimensions épiques
tonnerres (l. 23) ;
1er §. Récit imagé = métaphores et comparaisons
– comparaisons : texte 2, ainsi que le lion les chiens
(question 2).
(l. 15), comme la falaise d’écume (l. 16), un feu d’artifice 2e §. Récit intense = hyperboles, accumulations,
(l. 20) ; énumérations (question 2).
– oxymore : texte 2, férocité héroïque (l. 26). 3e §. Récit critique = champ lexical de la violence
Intensité des combats soulignée, souffle épique. (question 2).
● Effet saisissant :
Conclusion
– texte 1 = violence du combat et attitude héroïque de Description de deux combats en faveur de valeurs oppo-
Gymnaste ; sées + dénonciation de la violence des combats.
– texte 2 = lutte à mort : La rue se joncha de cadavres
(l. 30), mais résistance héroïque des insurgés face aux 2. Dissertation
forces de l’État : Une puissante colonne d’infanterie Introduction
(l. 6), etc. – Contextualisation : genre non codifié, le roman offre
Valorisation des combattants qui se battent pour une une grande liberté. Genre fictif et idéaliste au départ,
juste cause : contre le dangereux Picrochole (texte 1), et il se complexifie dès le XVIe siècle par la recherche de
contre l’État autoritaire (texte 2). la vraisemblance dans le roman d’analyse psycholo-
Conclusion gique puis par le désir de représenter le réel à partir
Textes 1 et 2 héritiers de l’épopée texte 3 : Bardamu, du XIXe siècle.
anti-héros. – Sujet : étude de la création du roman (auteur) et de sa
réception (effets sur le lecteur). Analyser deux grandes
SUJETS AU CHOIX fonctions du roman : divertir et représenter la réalité.
– Problématique : Le roman a-t-il pour fonction essen-
1. Commentaire tielle de distraire le lecteur ou de lui dévoiler la réalité ?
Introduction Ces deux fonctions sont-elles inconciliables ?
– Auteur : chef de file du romantisme et engagé poli- Plan proposé
tiquement, il défend les idéaux républicains et lutte Partie I. Le roman a un rôle divertissant.
contre les injustices sociales. 1er §. Le lecteur peut partager les sentiments et les
– Œuvre : roman à la fois historique et social aux actions des personnages (point de vue interne).
accents romantiques et épiques + grande fresque sur Ex. : Bardamu, narrateur-personnage de Voyage
la nature humaine. Roman écrit en 1862 mais l’histoire au bout de la nuit (1932) de L.-F. Céline ➜ p. 212.
se déroule entre 1815, la bataille de Waterloo, et les 2e §. Le récit entraîne le lecteur dans un univers
émeutes de juin 1832. imaginaire qui lui permet d’échapper au quotidien.
– Contexte : 5-7 juin 1832 = insurrection des républi- Ex. : Don Quichotte (1605) de M. de Cervantès
cains qui tentent de renverser la monarchie de Juillet. ➜ p. 169 raconte les aventures fantasques d’un per-
sonnage idéaliste qui se prend pour un chevalier.
– Texte : récit épique de la lutte entre les insurgés répu-
3e §. Le roman, par sa liberté narrative, offre de
blicains et les forces de la monarchie de Louis-Philippe. nombreux rebondissements et développements qui
– Projet de lecture : Comment V. Hugo métamorphose- rendent l’intrigue complexe.
t-il ce combat de rue en récit épique ? Ex. : Les Trois Mousquetaires (1844) d’A. Dumas est
Plan proposé un roman d’aventures qui multiplie les rebon-
Partie I. Le récit d’un combat dissements.
1er §. La puissance des forces officielles, annon- Partie II. Mais le roman sert également à représen-
cées par un bruit assourdissant : champ lexical du ter le monde réel.
bruit + vocabulaire technique des armes + violence 1er §. Certains éléments ancrent le récit dans la
de la riposte : comparaison avec le feu d’artifice réalité, ce que R. Barthes nomme les effets de réel
(l. 19-24). (descriptions, dialogues, manières de parler).
134
Ex. : É. Zola fait parler certains de ses personnages Le roman est donc à la fois divertissant, didactique et
en argot dans L’Assommoir (1877). potentiellement dénonciateur.
2e §. Le roman a une dimension historique lorsqu’il – Ouverture : Mais la réalité représentée par le roman
représente une réalité passée ou présente inscrite n’en est-elle pas plutôt une interprétation ? Le roman-
commune à une famille ou un peuple.
cier peut-il prétendre à l’objectivité ?
Ex. : dans son roman Les Misérables (1862) ➜ p. 211,
V. Hugo rapporte les événements insurrectionnels 3. Écriture d’invention
de juin 1832 à Paris.
Contraintes du sujet :
3e §. Le roman est le reflet de la société dans
– forme : récit à la 1re personne avec changement de
laquelle vit l’écrivain. « C’est un miroir que l’on
promène le long d’un chemin » (Stendhal). point de vue ;
Ex. : dans La Comédie humaine, Balzac rend – thème : point de vue du colonel sur la scène racon-
compte de la réalité sociale du XIXe siècle, comme tée par Bardamu, lecture de la lettre du général des
en témoignent les titres des sections dans lesquelles Entrayes.
il classe ses romans : scènes de la vie privée, scène Rappel de méthode : changer le point de vue exige de
de la vie de province… tenir compte de toutes les informations données par le
Partie III. Ces deux fonctions sont parfaitement texte, mais sans les recopier.
complémentaires.
Proposition de corrigé (début du récit)
1er §. La fiction fait comprendre plus aisément un
J’étais là, sur ce talus, une lettre du général
message philosophique ou critique.
des Entrayes à la main. J’en recevais une presque
Ex. : Gargantua (1534) de F. Rabelais ➜ p. 211
toutes les cinq minutes, apportée par un agent de
souligne à travers la représentation du combat
liaison, elle m’informait de la position de l’ennemi
entre Gymnaste et Tripet le caractère absurde des
et de la tactique à adopter. À la mine décomposée
guerres.
du bougre, j’avais compris que la situation était
2e §. Le récit imaginaire permet de critiquer le
critique. Je lus la lettre sans précipitation pour être
monde réel, en déjouant la censure.
Ex. : G. Orwell, 1984 (1948), dénonce les régimes certain de ne pas oublier le moindre élément, et
totalitaires à travers le récit d’un personnage pour contrer tout mouvement de panique.
vivant dans une ville surveillée par Big Brother. C’est à ce moment-là que j’entendis au loin
des coups de feu, mais il était hors de question
Conclusion d’inquiéter davantage les troupes. Je ne manifestai
– Bilan : Le roman divertit le lecteur en lui permettant aucun signe de peur, mais tentai de rester le plus
de s’évader de son quotidien, par sa dimension fictive stoïque possible, l’impassibilité étant la clé dans
et imaginaire, mais lui offre aussi une vision du monde ce genre de situation. Je déchirai alors la lettre en
réel, dans ses aspects historique, politique et social. menus morceaux afin d’éviter toute fuite.

135
CHAPITRE
4 Le texte théâtral
et sa représentation
➜ Livre de l’élève, p. 214

SÉQUENCE 10
La comédie, jeu d’amour et de pouvoir
➜ Livre de l’élève, p. 215

T 1
Texte Molière, Le Bourgeois b. Devenir gentilhomme = permettre l’élévation sociale
gentilhomme ➜ p. 216 de sa fille, tout en accordant de l’honneur à toute la
famille + ne plus être un bourgeois pour conquérir la
Objectif : Analyser un extrait de théâtre mettant
marquise Dorimène.
en scène un père autoritaire et ridicule.
Analyse
LECTURE ANALYTIQUE 4. a. Mariage pour M. Jourdain = moyen d’élévation
sociale, alliance pour assurer l’honneur de la famille :
Première lecture
je n’ai besoin que d’honneur, et je la veux faire mar-
1. a. Désaccord entre M. et Mme Jourdain concernant le quise (l. 20-21)  pour Mme Jourdain = un signe d’amour
mariage de leur fille. entre deux personnes : Les alliances avec plus grand
Pour M. Jourdain : un mariage d’intérêt avec un homme que soi sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients
qui l’élève socialement  pour Mme Jourdain : un mariage (l. 26-27), un homme, en un mot, qui m’ait obligation
d’amour. de ma fille (l. 38-39).
b. Mise en scène du désaccord : face à face au début de b. M. Jourdain = ton ferme et catégorique : répétition de
la scène, puis M. Jourdain tente de s’échapper à partir l’impératif Taisez-vous (l. 6, 19) + utilisation de verbe de
de la ligne 10. volonté je la veux faire marquise (l. 21), C’est une chose
On peut imaginer qu’il tourne alors le dos à sa femme que j’ai résolue (l. 25) + futur simple à valeur de certi-
en signe de rejet. Dernière réplique prononcée face au tude, ma fille sera marquise en dépit de tout le monde
public, Mme Jourdain immobile et M. Jourdain fait les (l. 41-42) père autoritaire et tyrannique + gestes d’au-
cent pas derrière elle, en signe de mécontentement. torité et de mépris à l’égard des autres personnages.
2. Qualités d’un gendre pour Mme Jourdain :  Mme Jourdain = ton moqueur à l’égard de son mari :
– un homme qui convient à sa fille = un mari qui lui questions rhétoriques (l. 4-5, 7, 9) et exclamations
soit propre (l. 14) ; (l. 22, 24) + ton catégorique fondé sur la négation : je
– un homme qui connaît les manières du monde, est de ne consentirai point (l. 26), Je ne veux point (l. 27-28,
bonne famille mais avec mesure = un honnête homme 37), je veux (l. 38) femme qui tient tête à son mari
riche (l. 15) ; + gestes d’opposition.
– un homme qui n’appartient pas à une famille trop
5. Exemple de sa fille qui, bien mariée, reviendrait
noble et n’est pas méprisant = Je ne veux point qu’un
dans son quartier en grand’dame (l. 30) hautaine
gendre puisse à ma fille reprocher ses parents (l. 27
regards malveillants et critiques de l’entourage :
-28) ;
elle n’a pas toujours été si relevée que la voilà (l. 34).
– un homme qui aimera sa fille = un homme, en un mot,
La famille risque d’être déshonorée.
qui m’ait obligation de ma fille (l. 38-39).
6. a. Comique de caractère = père obstiné et tenace qui
Mise au point s’oppose à sa femme tout aussi entêtée.
3. a. gentilhomme (l. 3) = homme noble de naissance. b. Situation de départ pas comique = question du
mariage forcé de la fille par son père.
136
Question de synthèse 3e §. L’autorité et la tyrannie paternelle.
Partie II. … traité de manière comique.
7. Personnage sévère par l’autorité de ses paroles = ren-
1er §. L’opposition frontale des deux personnages.
forcée par l’absence de coordination (asyndète) : Vous
2e §. L’obstination ridicule, voire capricieuse, de
n’êtes point gentilhomme, vous n’aurez pas ma fille
M. Jourdain.
(l. 3), l’emploi de l’impératif : Taisez-vous (l. 6, 19), Ne 3e §. Réactions moqueuses de Mme Jourdain aux
me répliquez pas davantage (l. 41). propos de son mari.
Personnage ridicule par l’excès de ses propos et qui
se contente d’affirmer la volonté du mariage d’intérêt, Prolongement : commenter le costume et l’attitude de
sans proposer aucun argument = Tout ce que j’ai à vous M. Jourdain incarné par Andrzej Seweryn dans la mise
dire, moi, c’est que je veux avoir un gendre gentilhomme en scène de J.-L. Benoit ➜ p. 217. Expliquer la fonc-
(l. 12-13), je la veux faire marquise (l. 21), C’est une chose tion du décor en analysant ses éléments symboliques.
que j’ai résolue (l. 25), ma fille sera marquise en dépit
de tout le monde (l. 41-42), si vous me mettez en colère,
je la ferai duchesse (l. 42-43). Texte 1
D’UN C. Goldoni,
À L’AUTRE
Éléments de mise en scène pour un personnage ridicule Les Rustres ➜ p. 218
= costume extravagant + attitude capricieuse (gestuelle
à la Louis de Funès). Objectif : Étudier une figure d’autorité paternelle
dans le théâtre du XVIIIe siècle.
Pour aller plus loin
Recherche QUESTIONS
8. Issu du droit romain, le principe de puissance pater- 1. Margarita fait avouer à Lunardo son projet de
nelle est exercé au XVIIe siècle par les pères sur leurs mariage, par des phrases interrogatives (l. 1, 3, 5, 7,
enfants qui ne peuvent alors contracter aucun mariage etc.) qui permettent de délivrer des réponses essen-
sans le consentement paternel. Le père choisissait tielles pour le spectateur.
très fréquemment le conjoint afin d’assurer l’élévation
2. a. Autorité maritale = répétition de madame (l. 6, 19)
sociale de la famille. En 1970, dans le droit français,
distance avec sa femme + réponse par des phrases
l’autorité parentale remplace la puissance paternelle,
très courtes, parfois réduites aux adverbes Oui (l. 2, 6) et
assurant l’égalité des droits et devoirs du père et de la
Non (l. 19), essentiellement affirmatives. Lunardo assoit
mère vis-à-vis de leur enfant.
son autorité.
9. L’Avare (1668) : Élise souhaite épouser l’intendant Autorité paternelle = La chose est décidée (l. 4), C’est
de son père, Valère, et son frère, Cléante, souhaite moi le maître (l. 8, 21), Ce que je voudrai (l. 10) + accu-
épouser Mariane, jeune femme sans fortune. Harpagon, mulation des déterminants et pronoms à la 1re per-
leur père, s’oppose à ces unions car il a déjà prévu leurs sonne : Ma fille, moi, je veux (l. 24).
mariages, respectivement avec un vieillard et une veuve. b. Rudesse dans la sécheresse et la dimension catégo-
Mais l’amour des jeunes finit par triompher. rique des réponses = ton ferme et autoritaire + paroles
Le Malade imaginaire (1673) : Argan, le malade imagi- dures : Quand elle se mariera (l. 17), je veux que
naire, exige que sa fille épouse Thomas Diafoirus, un personne ne puisse dire qu’il l’a vue (l. 24-25), expres-
jeune médecin sot qui le soignera, mais Angélique aime sions qui soulignent à quel point il ne tient pas compte
Cléante. Toinette, la servante, met en place une ruse
des sentiments de sa fille.
qui engage Argan à accepter le mariage de sa fille avec
Mise en scène possible : costume sombre et rigide
Cléante.
+ expression hautaine + gestes d’opposition et de
10. Commentaire fermeture + peu de déplacements afin de souligner sa
Projet de lecture : Dans quelle mesure cette scène mêle- fermeté.
t-elle le comique et la critique ?
3. Lunardo : mariage forcé et décidé par lui, mariage
Partie I. Un sujet sérieux…
1er §. La question du mariage vue par M. Jourdain :
d’intérêt  Margarita : mariage d’amour.
le mariage d’intérêt. Lunardo exprime clairement son opinion : La chose
2e §. La question du mariage vue par Mme Jourdain : est décidée avec le père du garçon (l. 4), C’est moi le
le mariage d’amour et la crainte du regard critique maître (l. 8, 21), Ma fille […] celui qui la verra devra
des autres. l’épouser (l. 24-25)  Margarita qui fait comprendre son
137
désaccord sans l’affirmer directement : ton interrogatif 2. Exagération des politesses de Silvia et Dorante
faussement surpris, La chose est décidée ? (l. 5), Sans vis-à-vis d’Arlequin par les répétitions de Monsieur
en rien dire à personne ? (l. 7), Vous êtes sûr qu’il va lui + Arlequin, le prétendu maître, n’a pas la maîtrise de
plaire ? (l. 20). la parole et les autres personnages sont forcés de le
4. Registre comique : corriger + doute final de Silvia qui n’est pas au fait de
– rapidité des répliques, avec un effet de stichomythies ce travestissement = aucun de ces deux hommes n’est
aux lignes 1 à 10 ; à sa place (l. 37-38).
– réaction excessive du père qui prive les futurs époux
Mise au point
de se voir avant le mariage et enferme sa fille = Quand
elle se mariera (l. 17), je veux que personne ne puisse 3. Aux yeux de Silvia, Arlequin passe pour un honnête
dire qu’il l’a vue (l. 24-25) ; homme de pacotille, c’est-à-dire un homme sans véri-
– moquerie de Lunardo vis-à-vis de Margarita dont il table noblesse ni éducation ton ironique.
reprend le tic de langage pour s’en moquer = « Pensez Analyse
un peu, pensez un peu ! » (l. 13) ;
– ironie de Margarita : Oh, quel beau mariage ! (l. 29). 4. a. Condition sociale d’Arlequin trahie par :
– des expressions péjoratives qui minimisent le sujet
Vis-à-vis : Molière et Goldoni principal du mariage = autant vaut (l. 7), une bagatelle
5. La figure paternelle de Molière est dépassée par la (l. 9) ;
question du mariage d’intérêt qu’elle soulève, mais – un vocabulaire familier en décalage avec le rôle de
celle de Goldoni semble plus dépassée encore par noble qu’il joue = la belle (l. 14), Pardi ! (l. 21), la sou-
l’excès du père qui empêche les futurs époux de se brette (l. 27), Bon, tant mieux ! (l. 32), avec affection
voir avant le mariage et enferme sa fille. (l. 36) ;
– questions ridicules = Croyez-vous que je plaise ici ?
6. Mme Jourdain, mère de Lucile, impose son avis en
Comment me trouvez-vous ? (l. 29-30) ;
tentant de convaincre son mari du ridicule de son atti-
– désignation de monsieur Orgon et de Silvia par les
tude  Margarita, nouvelle épouse, donc au statut plus
termes inappropriés, car anticipés, de mon beau-père
fragile, qui ne s’impose pas et renonce même à la dis-
et ma femme (l. 4-5) ;
cussion : c’est votre fille ! Moi, je n’ai pas à m’en mêler :
– attitude familière, séductrice, donc déplacée, vis-à-
faites ce que vous voudrez (l. 22-23).
vis de Silvia = entretenez-vous dans ce sentiment-là ; il
Prolongement : comparer les dénouements des deux pourra trouver sa place (l. 32-33).
pièces et souligner les points communs et les diffé- b. Idée de mise en scène : gestes excessifs + intonation
rences en identifiant la pièce la plus comique. faussement mondaine + déplacements difficiles dans un
costume trop large.
5. Arlequin est le type de l’idiot qui n’a pas conscience
T 2
Texte Marivaux, Le Jeu de l’amour de sa médiocrité : mon commencement va bien (l. 39).
et du hasard ➜ p. 220 Il est bête et naïf : Pourquoi donc ? mon entrée a été si
Objectif : Étudier un extrait de comédie mettant gentille ! (l. 42).
en scène le travestissement et la relation entre 6. Relation de maître et de valet, relation d’autorité.
maître et valet. Dorante domine, il remet Arlequin à sa place = Butor
que tu es ! (l. 41) et lui rappelle sa bêtise = tes façons de
LECTURE ANALYTIQUE parler sottes et triviales (l. 43-44).

Première lecture Question de synthèse


1. Apostrophe de Bourguignon (l. 1) par Arlequin pour 7. Comique de situation = quiproquo entre les per-
désigner Dorante dans son nouveau rôle de valet. Le sonnages qui jouent tous un rôle dans la scène 8
titre de Monsieur souligne le nouveau statut d’Arlequin + Arlequin qui surjoue son rôle de manière ridicule
pour Dorante à l’origine du stratagème (l. 3, 6, 18), tout + contraste entre le désarroi de Dorante face à la bêtise
comme pour Silvia qui en ignore tout (l. 6, 24). et à l’incompréhension d’Arlequin.
Comique de mots = expressions familières employées
par Arlequin.
138
Comique de caractère = naïveté et stupidité du valet. Texte 2
D’UN G. Feydeau,
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
On purge bébé ➜ p. 222
Pour aller plus loin
Recherche Objectif : Étudier un extrait de vaudeville consacré
à la relation entre maître et valet, mêlant comique
8. a. Procédé = théâtre dans le théâtre ou mise en
et satire sociale.
abyme.
Intérêt = créer une complicité avec le spectateur qui sait
ce qui se joue derrière les travestissements. QUESTIONS
b. La Fausse Suivante = une jeune femme se fait pas- 1. Rose emploie les termes de Monsieur et Madame
ser pour un chevalier afin de sonder le cœur de celui pour parler de son maître et de sa maîtresse, y compris
qu’elle doit épouser. Comprenant qu’il n’est qu’un en leur présence : C’est Madame qui demande Monsieur
fourbe qui court les dots, elle déjoue ses plans et le (l. 7), Madame (l. 10, 32), Monsieur (l. 13, 18, 20, 25,
punit. Le travestissement permet de souligner la mali- 54)  Follavoine qui s’adresse à Rose, en la vouvoyant,
gnité de certains hommes vis-à-vis des femmes. mais avec brutalité et peu de respect, ce que montrent
L’Île des esclaves = Arlequin et son maître Iphicrate les didascalies : avec brusquerie (l. 8), Sur le même ton
arrivent sur une île sur laquelle les rôles sont inversés, brusque (l. 15), poussant familièrement Rose (l. 48),
Arlequin devient le maître et vice versa. Le travestis- et les répliques, y compris celles qui sont formulées
sement social met l’accent sur les abus de pouvoir de devant la bonne : D’abord, quoi ? Qu’est-ce qu’elle me
certains maîtres ➜ p. 234. veut ? (l. 16), dites donc, vous (l. 24), bougre d’ignare
9. Écriture d’invention (l. 34-35), Elle ne sait rien cette fille (l. 56).
Contraintes du sujet : 2. Naïveté et ignorance de Rose : C’est pas moi qui range
– passages narratifs, interventions du narrateur, pré- ici !... c’est Madame (l. 31-32), c’est dehors (l. 46), etc.
sentation différente du dialogue respectant les codes Caractère coléreux et autoritaire de Follavoine : Eh bien,
de l’écriture romanesque ; moi non plus ! Je regrette ! je travaille (l. 12), Qu’est-ce
– reprise des rôles joués par les différents personnages, qu’elle me veut ? (l. 16), etc.
du caractère de chacun, des regards qu’ils portent les 3. a. Comique de mots : le terme Hébrides = objet d’une
uns sur les autres ; conversation ridicule autour de sa définition.
– commentaire du sujet de la discussion, du dia- b. Le jeu des comédiens doit accentuer les caractères
logue entre Arlequin et Dorante, en faisant ressortir le des personnages :
contraste entre les caractères et la situation des per- – souligner l’ignorance de Rose : ouvrant de grands
sonnages cette production écrite tire donc parti du yeux (l. 36), abrutie (l. 42), voulant avoir compris (l. 45),
travail d’analyse (questions 4 à 6). mais aussi sa ruse : Elle fait mine de remonter (l. 14) ;
Prolongement : lire et comparer Les Bonnes (1947) – montrer l’obstination de Follavoine, la tête dans son
de J. Genet, pièce sur la domesticité qui a recours au dictionnaire : relevant la tête, sans lâcher son diction-
procédé du théâtre dans le théâtre. naire (l. 15), se redressant en refermant son dictionnaire
sur son index de façon à ne pas perdre la page (l. 33-34),
Se replongeant dans son dictionnaire (l. 58-59), et son
attitude méprisante vis-à-vis de Rose : haussant les
épaules (l. 46).
4. a. Réplique comique : Follavoine se trompe sur
l’orthographe du terme Hébrides qu’il écrit avec un Z,
Zhébrides (l. 60) et qu’il cherche dans le dictionnaire
des noms communs ignorance et stupidité du per-
sonnage qui contraste avec son attitude hautaine.
b. Tout au long de ses répliques, l’acteur prononcera
Z’Hébrides en insistant fortement sur la liaison, confon-
due avec la lettre z par le personnage (l. 4, 26, 28, 34,
43, 58).
5. Satire de la bourgeoisie médiocre : la chute de la
139
scène prouve la bêtise du bourgeois qui est aussi igno- – complicité : (II, 7) Lisette s’engage à sonder davantage
rant que sa servante. celui qu’elle croit être le futur époux de Silvia ;
N.B. : le fait qu’il s’agisse d’un fabricant de pots de – conflit : (I, 1) désaccord sur la question du mariage ;
chambre l’identifie au monde des femmes de chambre, (II, 7) Silvia défend Dorante avec agacement face à
et son nom, Follavoine, l’assimile à une bête mangeant Lisette qui tente de lui faire croire qu’il la dupe.
avidement son foin. Relation entre Dorante et Arlequin :
Les répliques courtes donnent rythme et mouvement à – autorité : (II, 4 ; III, 1) Dorante s’adresse toujours avec
la scène, suivant les codes du vaudeville : Elle fait mine beaucoup de dureté à Arlequin, le traitant de misérable,
de remonter (l. 14), Elle remonte (l. 21), redescendant maraud, coquin, insolent.
(l. 25). Critique sociale :
6. Iconographie – autorité dénoncée : (I, 7-8) Arlequin cherche à mon-
trer dans son jeu, avec maladresse, l’autorité dont fait
Follavoine : buste figé, visage fermé, bras tendus devant
preuve Dorante ➜ p. 220 ;
le corps, ce qui lui donne un air gauche et bête per-
– mépris des maîtres : (II, 4 ; II, 6) Arlequin le sou-
sonnage stupide mais qui veut donner une impression
ligne en formulant des propos dégradants à l’égard de
d’autorité.
Dorante, déguisé en valet : valetaille, sottes gens que
Rose : bras appuyés sur un pot de chambre posé sur le
nos gens.
bureau, penchée en avant à l’aise, mais expression
interrogatrice exprimant l’ignorance, voire la bêtise. 2. Jeux de langage
Le langage trahit la condition sociale :
Vis-à-vis : Marivaux et Feydeau
– I, 5 : lors de la 1re rencontre entre Dorante et Silvia tous
7. Points communs : Dorante et Follavoine sont en colère deux en costume de valets, Mario fait remarquer que
contre leur domestique et s’affirment autoritaires. leur manière de s’adresser l’un à l’autre ne correspond
Différences : Dorante est intelligent et raffiné alors que pas à leur rang : entre gens comme vous, le style des
Follavoine est ignorant et stupide. compliments ne doit pas être si grave ; Votre serviteur,
8. Marivaux ne cherche pas à charger ses personnages, ce n’est point encore là votre jargon, etc. ;
ni même à ridiculiser Arlequin, personnage codifié issu – I, 6 : Silvia et Dorante révèlent à mots couverts leur
de la Commedia dell’arte, mais à faire rire subtilement condition. Ex. : Dorante, quand je te tutoie, il me semble
pour divertir  Feydeau qui fait violemment la critique que je jure ; Silvia, on me prédit que je n’épouserai
de la bourgeoisie médiocre en chargeant Follavoine, jamais qu’un homme de condition, etc. ;
dans le but de faire rire par la satire. – I, 7 + II, 2 : Arlequin trahit sa condition de valet par
Prolongement : lire On purge bébé dans son inté- ses expressions triviales ➜ p. 220.
gralité et relever tous les éléments de critique sociale Arlequin parodie le langage des maîtres :
en s’interrogeant sur les procédés théâtraux utilisés. III, 6 = discours amoureux parodique.

3. Jeux de masque : apparence et vérité


Déguisement ambigu et identité mal dissimulée :
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE – I, 6 : Dorante et Silvia badinent et se livrent à un
Marivaux, Le Jeu de l’amour dialogue amoureux qui éveille le doute sur leur identité,
et du hasard ➜ p. 224 Silvia : Quel homme pour un valet ! ;
– II, 9 : trouble de Silvia face à Dorante, je ne te veux ni
Objectif : Découvrir une pièce mêlant pouvoir mal, je ne te hais, ni ne t’aime, ni ne t’aimerai à moins
de l’amour et autorité paternelle dans une intrigue que l’esprit ne me tourne.
fondée sur le travestissement.
4. Jeux amoureux
PISTES D’ANALYSE Marivaudage = style d’écriture précieux et raffiné qui
confine parfois à l’affectation et au manque de naturel
1. Jeux entre maître et valet dans le discours amoureux :
Relations entre Silvia et Lisette : – I, 1 : tirade de Silvia sur l’homme idéal ;
– confidence : (acte I, scène 1) Silvia se confie à Lisette – I, 6 : badinage entre Silvia et Dorante dans leur dia-
sur sa vision du mariage et de l’homme idéal ; logue sur leurs qualités respectives ;
140
– II, 9 : trouble amoureux et difficulté de Silvia et Proposition de début de monologue :
Dorante à révéler leurs sentiments ; SILVIA, seule. Mon cœur hésite, ma pensée vacille…
– II, 12 : révélation de l’identité de Dorante par lui- Que faire ? Je voile mes sentiments sous ce dégui-
même, mais Silvia continue encore le jeu et badine sement et ne sais même plus véritablement ce que
avec lui ; je ressens. Puis-je tomber amoureuse d’un simple
valet… ? M’aimera-t-il toujours, sachant qui je suis
– III, 8 : bas les masques ! Ouverture des cœurs.
vraiment… ? …

ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES Analyse W. Hogarth,


d’image
Le Contrat de mariage
1. Dissertation
➜ p. 225
Problématique = Le théâtre est-il plus adapté que
d’autres genres littéraires pour représenter le conflit ? Objectif : Analyser la représentation satirique
Partie I. Le genre théâtral exprime parfaitement le d’une scène de signature de contrat de mariage.
conflit entre les personnages.
1er §. Par le jeu du dialogue qui dynamise l’affron-
QUESTIONS
tement et le rend plus palpable.
Ex. : dialogue vif entre Mme Jourdain et son mari
Première approche
dans le texte de Molière.
2e §. Par la vivacité du jeu qui exprime les idées de 1. Nombreux tableaux, portraits ou scènes de chasse,
manière plus vive et plus crédible. avec des encadrements de bois doré + fauteuils en
Ex. : le théâtre engagé de Brecht. velours et dorures + tentures en velours vert et fils d’or
3e §. Par l’aspect spectaculaire et émotionnel du intérieur luxueux d’un salon de la haute société.
théâtre qui met en jeu des émotions frappantes. 2. Les deux hommes attablés :
Ex. : comique dans le texte de Marivaux.
– le comte Squanderfield assis à l’extrême droite du
Partie II. D’autres genres expriment également le
tableau = arbre généalogique démesuré déplié à sa
conflit.
1er §. Le genre narratif fait s’affronter des person- gauche + costume doré + âge indiqué par la goutte
nages. (pied bandé supporté par un petit tabouret) ;
Ex. : récits épiques et romans de chevalerie du – un riche négociant, père de la jeune fille, assis en face
Moyen Âge. du comte et portant une longue veste rouge.
2e §. La littérature d’idées se sert du conflit pour Autres personnages :
mettre en avant énergiquement l’affrontement de – un notaire est debout entre les deux hommes et trans-
thèses. met le contrat de mariage au comte ;
Ex. : dialogues philosophiques de Diderot. – les deux amants assis dans le canapé ;
3e §. L’art pictural met en valeur les grandes scènes – un notaire qui réconforte la jeune femme ;
d’affrontement.
– un architecte en noir, avec une calotte sur sa perruque
Ex. : grands formats de la peinture d’histoire de
grise, debout devant la fenêtre, tourné vers l’extérieur.
Poussin ou David.
Analyse
2. Écriture d’invention
Contraintes du sujet : 3. Couleurs dominantes = vert du mur et des tentures
– forme à produire = monologue délibératif : une didas- + dorures des cadres et de la veste de Squanderfield, les
calie doit indiquer qu’elle est seule et dans quel état meubles et les vêtements + veste rouge du père + blanc
d’esprit elle est plongée. Délibération par des questions, de la jeune fille (pureté, virginité).
des termes contradictoires qui permettent de peser le Contraste entre l’habit rouge du négociant, voyant parce
pour et le contre de la question du travestissement ; que riche, et l’habit doré, mais au velours rouge éteint
– thèmes = travestissement, suite de l’action. Prendre du comte, symbolisant ses problèmes d’argent.
en compte les éléments de la pièce, notamment les Contraste entre le blanc rosé de la robe de la jeune
sentiments de Silvia à l’égard de Dorante + intégrer fille, et le bleu gris, également un peu terne, du fils du
adroitement le monologue dans la pièce en se deman- comte désargenté.
dant où en est la révélation de Dorante (s’est-il déjà 4. Tableau séparé en deux parties par la ligne de force
démasqué ?). verticale tracée par la présence du marchand au centre :
141
– à gauche : les jeunes gens destinés à être mariés, tournure grotesque (l. 4), ce coquin de Figaro (l. 6).
assis sur le canapé mais se tournant le dos : la jeune Figaro = personnage humble mais avec de l’esprit : c’est
fille discute avec l’un des notaires qui taille sa plume, la misère (l. 12), Voilà précisément la cause de mon mal-
symbole équivoque jeune homme isolé, tourne le dos heur (l. 37), c’est qu’on veut que le pauvre soit sans
à toute la scène, avec un air niais, habillé de façon défaut (l. 48-49).
extravagante, dans le goût français, avec des chaus- Deux personnages opposés qui se sont connus dans
sures à talon rouge, signe de la noblesse en France. le passé, Figaro était le valet du comte.
N.B. : des historiens d’art ont identifié une tache de Éléments de mise en scène = costumes marquant la
syphilis au cou du personnage ; différence sociale + position digne, voire hautaine du
– à droite : la signature du contrat de mariage, avec comte, costume austère : mention de l’abbé (l. 1) faite
le père de la jeune fille qui observe avec attention le par Figaro  position un peu plus relâchée de Figaro.
document, dans une pose peu élégante, significative
2. Éléments typiques d’une scène d’exposition :
d’une bourgeoisie sans goût le comte qui se tient droit
– nom des personnages donné dès les premières
et regarde en direction du notaire, l’air digne, presque
répliques, grâce à la reconnaissance : c’est le comte
royal + arbre généalogique démesuré + l’architecte
Almaviva (l. 5), c’est ce coquin de Figaro (l. 6) ;
vérifie l’état des travaux d’une maison en construc-
– informations sur le passé des personnages : Figaro,
tion visible en arrière-plan dans l’encadrement de la
voilà les bontés familières dont vous m’avez toujours
fenêtre, une extravagance que le père désargenté doit
honoré (l. 9-10) ; Almaviva, Je me souviens qu’à mon
financer au plus vite. Sa main droite crispée, les doigts
service tu étais un assez mauvais sujet (l. 46-47), etc. ;
écartés, semble nous faire entendre que la bâtisse ne
– informations sur la situation des personnages : Figaro
s’érige pas comme prévu.
était garçon apothicaire (l. 23) dans les haras d’Andalou-
5. Pied bandé, probablement atteint de goutte, ce que sie (l. 25) mais a été limogé lorsque le ministre a appris
confirme la béquille en appui sur son fauteuil. qu’il écrivait des poèmes + déguisement du comte :
Entre les deux jeunes gens, juste au-dessus d’eux, un Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas, à mon déguisement,
tableau en tondo représente visiblement une tête de que je veux être inconnu ? (l. 16-17).
Méduse hurlante, inspirée du bouclier du Caravage
(Offices, Florence) = signe de mauvais augure pour ce Mise au point
mariage arrangé. 3. Te voilà si gros et si gras (l. 11) = hyperbole moqueuse
Question de synthèse marquée par la paronymie des adjectifs gros et gras,
à l’égard de Figaro qui répond ironiquement : c’est la
6. Tableau satirique : critique de l’aristocratie qui vit
misère (l. 12), d’où la réponse également ironique du
au-dessus de ses moyens et cherche à se sauver de la
comte : Pauvre petit (l. 13).
déchéance par un mariage d’intérêt.
Prolongement : rechercher les autres tableaux Analyse
constituant la série intitulée Mariage à la mode de 4. Almaviva s’adresse à Figaro avec familiarité : 2e
W. Hogarth et observer l’évolution de l’intrigue en personne du singulier, tu (l. 8)  respect apparent de
mettant l’accent sur les aspects narratif et théâtral. Figaro vis-à-vis du comte : 2e personne du pluriel, vous
(l. 9) rapport hiérarchique entre les deux person-
nages ; Figaro était le valet d’Almaviva.
T 3
Texte Beaumarchais, Et le comte interroge constamment Figaro, et réagit
Le Barbier de Séville ➜ p. 226 à ses réponses par des exclamatives ironiques qui
Objectif : Étudier un extrait de comédie mettant relancent le dialogue, comme à la ligne 35 : Oh ! grâce !
en scène un valet face à son maître. grâce, ami ! Est-ce que tu fais aussi des vers ?
5. a. Beau début ! (l. 26), Pas mal (l. 53) ironie du
LECTURE ANALYTIQUE comte vis-à-vis de Figaro.
Figaro rit également = Ah ! ah ! il n’y a point de remède
Première lecture universel (l. 30).
1. Le comte = homme de la noblesse, digne : Cet air b. Deux rires distincts :
altier et noble (l. 3) + mépris à l’égard de Figaro : Cette – ironie du comte : Qui tuaient les sujets du roi ! (l. 29),
142
Puissamment raisonné ! (l. 43) ; Figaro est le héros car :
– rire jaune de Figaro : voilà les bontés familières dont – les deux titres font explicitement référence à lui ;
vous m’avez toujours honoré (l. 9-10), c’est la misère – il est rusé et conduit l’action.
(l. 12), Ah ! ah ! il n’y a point de remède universel (l. 30). 10. Analyse d’un corpus
Leur succession donne une dimension satirique à cette Fonctions attribuées au déguisement.
scène de règlement de comptes social. – 1er §. Fonction dramatique : dissimuler son identité
6. Figaro est écrivain et poète = je faisais […] des bou- afin de ne pas être reconnu = moteur de l’intrigue.
quets à Cloris (l. 38-39), j’envoyais des énigmes aux Ex. : chez Marivaux, Dorante et Silvia endossent le cos-
journaux (l. 39), il courait des madrigaux de ma façon tume de leur valet pour sonder leur futur conjoint + chez
(l. 39-40) + il a de l’esprit et sait répondre avec finesse Beaumarchais, Almaviva ne veut pas être reconnu car il
aux remarques ironiques du comte, emploie l’expres- vient en cachette voir Rosine.
sion Excellence (l. 22, 37, 51) ironie de Figaro qui crée – 2e §. Fonction comique : le déguisement permet aux
une complicité avec le lecteur. personnages de jouer un autre rôle selon le procédé
7. c’est qu’on veut que le pauvre soit sans défaut du théâtre dans le théâtre, ce qui crée une complicité
(l. 48-49), Aux vertus qu’on exige dans un domestique, comique avec le spectateur.
Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui Ex. : dans la scène 8 de Marivaux, tous les personnages
fussent dignes d’être valets ? (l. 51-52) habileté de jouent un rôle. Arlequin est maladroit dans son rôle de
Figaro qui utilise le pronom on et le présent de vérité maître, ce qui fait rire le spectateur.
générale pour critiquer indirectement l’attitude du – 3e §. Fonction sociale : le costume est un moyen de
comte vis-à-vis de lui. Le maître a l’habitude d’être servi changer d’identité et de contester dans une certaine
et ne saurait pas faire le travail du valet qui doit sans mesure le statut social.
cesse composer pour assurer sa survie. Ex. : Arlequin veut passer pour un maître, il prend un
air supérieur et entend séduire celle qu’il croit être
Question de synthèse la servante de la maison, Silvia. Il prouve qu’il est
8. Satire des maîtres qui abusent de leur pouvoir sur conscient du pouvoir de son maître, même s’il le fait
leurs valets en leur imposant d’être parfaits. Critique maladroitement.
des maîtres qui sont loin d’être parfaits eux-mêmes et Prolongement : étudier la scène 3 de l’acte V du
qui s’arrogent une supériorité qu’ils acquièrent par leur Mariage de Figaro, monologue de Figaro qui amplifie
seule naissance. la satire ici amorcée.
Pour aller plus loin
9. Recherche
Texte 3
D’UN B. Brecht,
a. Le Barbier de Séville (1775) : Le comte Almaviva est À L’AUTRE
Maître Puntila
tombé amoureux d’une jeune femme, Rosine, enfermée
chez son tuteur, le vieux barbon Bartholo, qui souhaite et son valet Matti ➜ p. 228
l’épouser. Figaro aide le comte par plusieurs ruses à Objectif : Analyser une figure moderne de valet
empêcher cette union, et à épouser Rosine. critiquant son maître.
Le Mariage de Figaro (1778) : Figaro, redevenu valet du
comte Almaviva, s’apprête à épouser Suzanne, servante
QUESTIONS
de Rosine, la comtesse Almaviva. Mais le comte veut
abuser de son pouvoir en espérant faire valoir un droit 1. a. On accuse Matti d’avoir vu des esprits (l. 4), en fait
de cuissage, pourtant aboli, sur Suzanne. Après plu- d’avoir mis au jour l’adultère de Pappmann (l. 23-25).
sieurs quiproquos, la situation retrouve son équilibre, Il est victime de la vengeance de son maître : En per-
et Figaro épouse Suzanne. dant ma place précédente sans qu’il y ait faute de ma
b. Relation complice dans Le Barbier de Séville : Figaro part (l. 2).
aide le comte à conquérir Rosine en mettant en place b. hausse les épaules (l. 6) = détachement et mensonge
de nombreux stratagèmes relation ennemie dans Le de Matti le spectateur retrouve le type du valet fourbe
Mariage de Figaro : Figaro devient l’ennemi du comte qui révèle par son haussement d’épaules qu’il a menti
car il doit lutter conte son abus de pouvoir (critique à son maître en toute conscience.
explicite à la scène 3 de l’acte V).
143
2. Quand la bouillie pèse sur l’estomac des gens, ils font 8. Points communs :
de mauvais rêves, souvent des cauchemars (l. 9-10) : cri- – les propos critiques de Figaro et de Matti à l’égard
tique des maîtres qui ne respectent pas leurs valets en des maîtres relèvent de la morale : Figaro, c’est qu’on
ne les traitant pas décemment. Le mensonge de la mai- veut que le pauvre soit sans défaut (l. 48-49), Aux ver-
son hantée lancé par Matti avait pour but de faire fuir tus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence
les domestiques afin d’alerter le maître sur sa conduite connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes
irrespectueuse. d’être valets ? (l. 51-52) ; Matti, je lui ai dit que je croyais
3. Réponse de Matti : j’avais vu deux nuits de suite un que s’il veillait à ce que la nourriture soit meilleure au
fantôme blanc sauter de la fenêtre de chez l’affourageuse domaine, les esprits se tiendraient plus tranquilles
pour entrer par la fenêtre de monsieur (l. 23-24). Le maître (l. 26-27) ;
est alors réduit au silence : il n’a plus su quoi dire (l. 25). – les valets s’émancipent : Almaviva, je t’avais autre-
Matti est rusé : il se sert de son mensonge pour le fois recommandé dans les bureaux pour un emploi
retourner contre son maître. (l. 13-14) ; Matti, il m’a donné mon congé (l. 25), mais
ils reviennent vers un maître quand même, Figaro vers
4. a. Ton ironique : l’odeur de la viande, par exemple,
le comte, et Matti vers un nouveau maître, Puntila.
ils ne la supporteraient pas (l. 28) effet satirique vis-
à-vis du comportement abusif et inhumain des maîtres. Prolongement : énumérer le plus grand nombre
b. Intonation particulière qui mettrait en valeur les possible de pièces mettant en scène l’opposition d’un
termes odeur de la viande (l. 28) et supporteraient pas maître avec son valet, et en tirer une leçon sur l’his-
(l. 28) + sourire ironique de Matti soulignant le double torique de ce couple de comédie.
sens du mot esprits (fantômes, mais surtout les corps
amaigris des domestiques malmenés).
Histoire des arts ➜ p. 231
5. a. Matti critique le manque de considération des
Comédie et travestissement, au théâtre et au
maîtres vis-à-vis de leurs valets, leur inhumanité.
cinéma
b. La tirade est rythmée par les différentes voix que
Matti fait entendre, celle de Puntila (Si vous me posez
la question, l. 8), et celle de monsieur Pappmann QUESTIONS
(Monsieur Pappmann s’est mis à crier partout après 1. Image 1 : sur un fond de couleurs vives, Toinette
moi, l. 19-20). Elle permet aussi de développer l’action porte un costume de médecin traditionnel du XVIIe siè
afin de la rendre plus convaincante : le spectateur suit cle (longue robe noire, chapeau noir et col blanc).
facilement les différentes étapes de cette histoire. Image 2 : sur un fond obscur, Toinette est en costume
6. Risque d’ennui et de perte d’informations par une moderne de médecin avec une blouse et une toque
écoute irrégulière des variations de la voix et des blanches, et un stéthoscope.
intonations adaptées, des pauses, des déplacements du Image 1 : le costume traditionnel et sombre, la mous-
personnage sur scène et le mime des actions décrites, tache qui la grime en homme, et la main droite posée
rendront la tirade plus vivante, moins artificielle. sur la hanche et la main gauche appuyée sur le siège
d’Argan, rappellent le côté intimidant des médecins qui
Vis-à-vis : Beaumarchais et Brecht établissaient ainsi leur pouvoir à l’époque.
7. Figaro répond avec esprit aux remarques ironiques Image 2 : le costume moderne, la mimique marquant
du comte. la stupeur et le malaise de manière ridicule, le corps
Matti maîtrise la parole en réduisant Puntila au silence penché de Toinette comme en déséquilibre, révèlent
par sa longue tirade, et par son mensonge, il a engagé l’aspect farcesque de la scène.
son ancien maître à remettre en question son attitude 2. Depuis les mises en scène photographiques de
inhumaine. l’artiste française Claude Cahun dans les années 1930-
Le statut du serviteur est surtout remis en question dans 1940, nombreux sont les artistes qui se sont travestis par
la pièce de Brecht qui met en scène un valet moderne provocation ou subversion, ou par une volonté poétique
qui n’hésite pas à faire fuir les domestiques et à accu- d’inverser momentanément les rôles, dans une sorte de
ser son maître d’adultère. Il critique beaucoup plus vertige identitaire : clichés de Cindy Sherman, la photo-
ouvertement son maître, même si Figaro fait également graphe américaine, qui ne cesse de mettre en scène son
preuve d’ironie à l’égard du comte. propre visage depuis les années 1970, ou l’exemple du
144
Français Michel Journiac, artiste qui s’est souvent tra- sa voix ordinaire (l. 5), avec son ton naturel (l. 7).
vesti en jouant à la fois le rôle de ses parents et celui de Une didascalie informative sur le jeu du comédien sur
leur fille ou de leur garçon, dans les années 1970-1980. sa voix, le comique de gestes des coups de bâton don-
nés par Scapin (l. 25), et le double jeu de Scapin qui
joue à être rompu par les coups (l. 29-31), sont des
Exercices d’approfondissement ➜ p. 233 indications indispensables pour comprendre le comique
la scène.
REVOIR La scène gagne à être jouée car il s’agit d’un comique
de mots, de gestes et de situation qui n’est valorisé qu’à
la représentation.
1 Maîtres et valets dans la comédie
grecque 2. Farce = comique de gestes assez grossier avec les
Aristophane, Les Guêpes, vers 67-108 coups de bâton + situation peu plausible du maître
dans le sac ne comprenant pas la supercherie.
1. Caractère excessif de son amour pour la justice : Il
a l’amour de l’Héliée (l. 17-18) + caractère bourru : il 3. Le maître dans le sac reçoit des coups de bâton que
geint (l. 19), il crie (l. 20), sa méchante humeur (l. 22-23). lui donne son valet  la tradition farcesque : le maître
donne toujours des coups de bâton à son valet naïf.
2. a. Procédés comiques :
Scapin fait preuve d’esprit alors que le maître est naïf.
– comparaisons qui le ridiculisent : collé comme un
Il ridiculise son maître en le mettant dans une telle
coquillage à sa colonne (l. 22), il a tout l’air d’une abeille
situation et en profite pour l’insulter indirectement
ou d’un bourdon (l. 24-25) ;
= cé maraut, cé vélître (l. 17-18), répété pour le plaisir :
– comique de situation : il crie après ses chaussures
ni fat, ni maraud, ni belître (l. 19) mais, grâce à cette
(l. 20), il va là-bas et s’y endort bien avant l’heure (l. 21).
mascarade, il espère au contraire recevoir des remer-
b. Au théâtre, le comique de situation, visuel et gestuel,
ciements et en sortir grandi aux yeux de son maître en
est forcément plus efficace si les deux serviteurs miment
se montrant ironiquement protecteur et élogieux = Je
ce que fait leur maître.
défends, comme je dois, un homme d’honneur qu’on
3. Monomaniaque = personne qui a une idée fixe, une offense (l. 21-22).
obsession agaçante pour son entourage.
Philocléon est présenté comme malade par ses valets :
3 L’échange des rôles chez Marivaux
atteint d’une maladie étrange (l. 4), la maladie du maître
Marivaux, L’Île des esclaves, acte I, scène 1
(l. 17) + champ lexical de la justice : l’Héliée (l. 18),
dicaste (l. 19), premier rang (l. 19), la ligne longue (l. 24), 1. Inversion des rôles :
cire (l. 26) personnage obsédé par le tribunal et l’uni- – question initiale du maître (l. 1-2) qui met l’accent sur
vers de la justice jusqu’à en perdre la raison. le renversement ;
– réponse sans appel d’Arlequin qui différencie le passé
4. Jeu avec les spectateurs qui sont désignés du doigt
= Je l’ai été (l. 3), tu étais le plus fort (l. 7-8) et le présent
par les comédiens comme s’ils étaient des personnages
= je te le pardonne (l. 4) ;
de l’histoire : didascalies (l. 7 et 11-12) + interpellations – tirade d’Arlequin qui montre qu’il a la maîtrise de
directes à 2e personne du pluriel : devinez (l. 6), C’est en la parole, signe qu’il prend le pouvoir sur son maître ;
vain que vous bavardez ; vous ne trouverez pas (l. 15-16), – didascalie : se reculant d’un air sérieux (l. 3).
Si vous tenez à savoir, taisez-vous alors (l. 16).
2. Iphicrate, dont le nom est fondé sur le radical grec
crates qui signifie le pouvoir, est ridiculisé par :
APPROFONDIR – les menaces d’Arlequin : nous verrons ce que tu pen-
seras (l. 10-11), Quand tu auras souffert (l. 12), prends-y
2 Le valet triomphant chez Molière garde (l. 23) ;
Molière, Les Fourberies de Scapin, acte III, scène 2 – la déchéance morale : didascalie au désespoir (l. 18),
1. Les didascalies soulignent le comique de langage des Peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le
accents pris par Scapin : En contrefaisant sa voix (l. 2), suis ? (l. 19-20) ;
Reprenant son ton contrefait (l. 5-6), Tout le langage – le recours dégradant à la violence : courant après lui
gascon est supposé de celui qu’il contrefait, et le reste l’épée à la main (l. 18).
de lui (l. 8-9), indiquent les adresses à Géronte avec
145
3. Ton familier = tutoiement : ta (l. 4), te (l. 4), tu (l. 6), Partie I. La relation entre maître et valet vise à
etc. + impératifs (va, l. 4 ; prends-y garde, l. 23) faire rire.
+ apostrophe : mon ami (l. 16) familiarité en signe 1er §. Maître et valet = deux personnages aux carac-
d’insoumission. tères opposés scènes comiques de conflits.
Ex. : finesse d’esprit du maître agacé par la naïveté
Ton menaçant = je ne t’obéis plus, prends-y garde (l. 23).
du valet chez Marivaux ➜ p. 220.
4. Critique du pouvoir dont les maîtres abusent envers 2e §. Relation à l’origine du comique de gestes car
leurs valets = Quand tu auras souffert, tu seras plus rai- le valet reçoit des coups de bâton du maître en
sonnable ; tu sauras mieux ce qu’il est permis de faire colère.
souffrir aux autres (l. 12-14). Ex. : inversion de cette situation comique chez
Molière. Scapin frappe son maître Géronte ➜ p. 233.
3e§. Le valet s’exprime généralement plus grossiè-
ÉCRIRE
rement que son maître comique de mots.
Ex. : chez Marivaux, maladresse des expressions
4 Valet dans le théâtre moderne triviales employées par Arlequin alors qu’il joue à
S. Beckett, Fin de partie être le maître ➜ p. 220.
1. Aucun personnage ne domine = Hamm donne des Partie II. Cette relation engage une critique de la
société, dans l’espoir d’un changement.
ordres : Prépare-moi (l. 1), Va chercher le drap (l. 1-2)
1er §. Une satire des privilèges de l’aristocratie.
mais Clov ne les exécute pas : Clov ne bouge pas (l. 1,
Ex. : chez Brecht, Matti critique ouvertement le
2). Il ne peut pas non plus se débarrasser de lui : Je ne comportement abusif et inhumain de son ancien
te donnerai plus rien à manger (l. 4), car sa survie en maître ➜ p. 228.
dépend (l. 5). La vie de chaque personnage dépend de 2e §. Dénonciation des inégalités sociales dans une
celle de l’autre : Hamm a besoin de Clov pour se dépla- société hiérarchisée.
cer : Il n’y a personne d’autre (l. 15) ; Clov a besoin de Ex. : critique du système jugé injuste par Figaro
Hamm pour se nourrir : Il n’y a pas d’autre place (l. 16). à l’encontre de son maître qui se pense supérieur
2. a. Les personnages maîtrisent leur faim : Je te donne- ➜ p. 226.
3e §. Révolte du valet contre le pouvoir abusif du
rai juste assez pour t’empêcher de mourir (l. 6-7), mais
maître conquête de la liberté et démonstration
pas leur vie ni leur avenir.
d’un pouvoir révolutionnaire.
b. Registre tragique : existence soumise à la fatalité Ex. : plusieurs valets tentent de s’émanciper du
+ image de la mort qui plane : nous mourrons (l. 5), pouvoir de leur maître en inversant les rôles, phy-
pour t’empêcher de mourir (l. 7), nous ne mourrons pas siquement chez Molière et Marivaux ➜ p. 233-234 ;
(l. 8). Le registre comique est donc au second plan. ou psychologiquement et moralement lorsque
3. Entraînement à la dissertation les valets font la morale à leur maître, chez
Problématique = La relation entre maître et valet ne Beaumarchais ➜ p. 226, et chez Brecht ➜ p. 228.
vise-t-elle qu’à faire rire le spectateur ?

146
Prolongements

Textes Image du DVD-Rom


● Marivaux, La Fausse Suivante (1724) : pièce sur J. A. Watteau, Arlequin et Colombine (1717) : repré-
le travestissement d’une femme qui met à bas le sentation des personnages de la Commedia
pouvoir d’un homme cupide. dell’arte.
● Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1778) : pièce
Activités
mettant en scène l’amour des valets confronté au
pouvoir abusif du maître. ● Commentaire
Commentez le texte de Feydeau ➜ p. 222. Vous
● A. Jarry, Ubu roi (1896) : pièce comique mêlant
étudierez d’abord la dimension comique de la
amour d’intérêt et avidité de pouvoir, poussés
scène, puis son aspect critique.
jusqu’à l’absurde.
● Dissertation
Textes du DVD-Rom Le comique d’une pièce repose-t-il selon vous
● Molière, Le Bourgeois gentilhomme (1670) : uniquement sur le langage ?
le comique de la comédie-ballet. Vous répondrez à cette question dans un dévelop-
pement argumenté et illustré par des exemples
● Vidéo : J. Losey, Don Giovanni (1979), un film
précis issus des textes de la séquence et de vos
d’opéra sur la relation maître et valet.
lectures personnelles.
● Vidéo : C. Chabrol, La Cérémonie (1995), un film
● Analyse filmique
sur la dimension moderne et effrayante de la
Étude du film d’A. Kechiche, L’Esquive (2003),
relation entre maîtres et domestiques.
racontant l’histoire d’un adolescent qui veut plaire
Images fixes à une jeune fille en intégrant une troupe qui met en
scène Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux.
● J.-B. Greuze, L’Accordée de village (1761) : toile
illustrant la cérémonie du contrat de mariage entre
les familles devant le notaire.
● P. Picasso, La Dépouille du Minotaure en costume
d’Arlequin (1936) : toile qui allie surréalisme et
image du théâtre moderne.

147
SÉQUENCE 11
Figures héroïques,
de la tragi-comédie au drame
➜ Livre de l’élève, p. 235

– au troisième plan : le dernier frère, une mère et ses


Analyse J.-L. David,
d’image deux enfants.
Le Serment des Horaces
➜ p. 236 4. Les jambes écartées des trois hommes les réunissent
en une pyramide.
Objectif : Étudier une peinture d’histoire L’attitude du père, la jambe droite également déployée
néoclassique. vers l’avant, forme une autre pyramide.
Et les deux femmes réunies par leurs pleurs forment
QUESTIONS elles aussi cette figure géométrique.
La ligne oblique de la lance tendue à gauche, ligne
Première approche parallèle à la jambe droite du premier Horace, donne le
1. Décor : un portique composé d’arches et de colonnes mouvement de lecture de deux autres pyramides inver-
massives, un sol de dalles de marbre Antiquité. sées qui s’emboîtent dans les trois autres l’ensemble
2. Époque rendue également par les vêtements des per- de la composition repose donc sur une frise aux motifs
sonnages (tuniques et voiles), leurs sandales, et l’équi- triangulaires.
pement militaire des personnages de gauche (casques, 5. La lumière vient d’en haut à gauche : tombée du
lances et épées). ciel, elle baigne le dos et les casques des trois frères,
le visage et la tunique rouge du père, et le groupe des
Analyse deux femmes désespérées à droite.
3. a. Ligne horizontale marquée par les bras tendus en La ligne oblique de partage entre l’ombre et la lumière
signe de salut + lignes verticales de la lance, des épées qui se dessine au sommet des colonnes, au-dessus de
et des colonnes. La ligne verticale matérialisée par le l’ensemble de la scène, et les ombres portées de la
corps du père au centre du tableau divise la toile en lance et des corps des protagonistes, à gauche et au
deux zones essentielles : à gauche, les trois guerriers ; centre, inscrivent sur les murs et le dallage la direc-
à droite, leurs femmes et enfants. tion de cette source de lumière. Ce jeu visuel permet
b. Structure tripartite soulignée par les trois arches du au groupe formé par la femme et ses deux enfants de
fond : rester dans l’ombre, et de maintenir l’obscurité au fond
– à gauche : les frères dont les trois têtes, réunies, de cet espace. Toute la lumière porte sur les hommes
occupent la largeur de la première arche sombre sur qui partent à la guerre.
laquelle ils se détachent ; 6. a. Les lignes de fuite du dallage convergent, tout
– au centre : le père qui tend les épées à ses fils, épées comme le bras gauche du vieillard qui tend les épées,
réunies en une ligne qui tend à se confondre avec la vers sa main droite tendue, comme un appel énergique
médiatrice de l’arche du fond ; à l’honneur et à la victoire.
– à droite : les femmes éplorées dont les têtes se b. Le partage harmonieux de l’espace souligne les
rassemblent en ramenant notre regard au centre de la émotions évoquées dans cette scène où tout l’intérêt
troisième arche. dramatique converge au premier plan et au centre. Cet
Et la profondeur de champ creuse l’espace du tableau effet d’avant-scène rappelle le théâtre.
en suivant les lignes du dallage :
– au premier plan : l’un des trois frères face à son père, Question de synthèse
et la première femme assise, à droite ; 7. Les frères sont unis dans un même mouvement, prêts
– au deuxième plan : le deuxième frère, son père, et au combat, le bras du guerrier qui est au milieu du
la deuxième femme éplorée. groupe enserrant le buste de son frère au premier plan.
148
Le père est un patriarche dont l’offrande des épées est Analyse
un appel à lutter. 4. Champ lexical de la souffrance utilisé par doña Sol
Les femmes, éplorées mais inscrites à droite de la com- et Hernani : cruelle (v. 1), on souffre horriblement (v. 4),
position, ne peuvent s’opposer à cet élan guerrier. tourment ! doña Sol souffrir (v. 8), un si rude chemin
Prolongement : étudier la dimension symbolique de (v. 15)… agonie des deux personnages. Registre
cette toile pour David (lien avec son époque). pathétique.
Champ lexical de l’amour, essentiellement dans la
bouche de doña Sol : ô mon jeune amant (v. 3), nuit
de noces (v. 5), une fiancée (v. 6), Nous nous aimons
T 1
Texte V. Hugo, Hernani ➜ p. 237
(v. 20)… rapprochement des deux amants, réunis
dans la mort. Registre lyrique.
Objectif : Étudier le dénouement lyrique et tragique Lexique de la fatalité dans la bouche de don Ruy Gomez :
d’un drame romantique. La fatalité s’accomplit (v. 7), Ô douleur ! (v. 12), je suis
damné (v. 24) personnage témoin de la mort et de
LECTURE ANALYTIQUE la force de l’amour. Propos de registres tragique et
pathétique.
Première lecture 5. Doña Sol et Hernani : jeu de questions / réponses
1. Phrases exclamatives très nombreuses force des avec un échange maintenu jusqu’au bout, malgré l’effet
sentiments comme Désespoir ! (v. 7). du poison, et en parallèle les commentaires douloureux
Phrases interrogatives questions sur leurs actions de don Ruy Gomez (v. 7, 12, 17, 19) qui ne dialogue
respectives (v. 1-3) puis sur leurs sensations au fur et à pas, mais s’affirme comme une présence pathétique,
mesure que l’agonie progresse : Est-ce pas qu’on souffre isolée dans la contemplation d’un amour rival. C’est
horriblement ? (v. 4) puis Souffres-tu ? […] Vois-tu des seulement à partir du vers 19 que doña Sol semble se
feux dans l’ombre ? (v. 18). rappeler l’existence de don Ruy Gomez et communique
2. Didascalies : avec lui.
– Il boit et jette la fiole : action de Hernani, le suicide 6. Au vers 7, don Ruy s’exclame : La fatalité s’accomplit.
registre tragique ; Les deux amants ne peuvent être réunis que dans la
– Ils s’asseyent l’un près de l’autre : proximité des deux mort. Doña Sol reprend cette idée aux vers 10 et 11 :
personnages, ils se réunissent à l’approche de la mort Nous allons tout à l’heure ensemble ouvrir nos ailes. /
puis Ils s’embrassent registres lyrique (amour) et Partons d’un vol égal vers un monde meilleur. L’image
pathétique ; du couple d’anges rappelle la mort tragique de Roméo
– d’une voix affaiblie, d’une voix de plus en plus faible, et Juliette.
d’une voix également éteinte, avec un soupir : progres- La réplique d’Hernani sur les spectres aux vers 13 à 16,
sion de l’agonie avec des indices physiques registres et la rime sombre / ombre (v. 17-18) également formulée
tragique et pathétique ; par Hernani développent le registre tragique.
– Il tombe. Elle retombe. Il se tue : la mort des protago- 7. L’amour de don Ruy pour doña Sol est rappelé à l’ul-
nistes registre tragique. time instant par l’exclamative finale Oh ! je suis damné.
Les didascalies révèlent les étapes qui conduisent à C’est lui qui informe le public de la mort successive des
la mort des trois personnages. deux amants : Mort ! (v. 19) et Morte ! (v. 24), et qui
explicite son rôle maudit dans la pièce : je suis damné.
Mise au point
3. a. L’alexandrin. Question de synthèse
b. Le troisième vers se partage sur trois répliques : doña 8. Relation amoureuse impossible, réunion dans la
Sol prononce les trois premières syllabes, Hernani les mort qui les rend sublimes, le tout dans un cadre his-
trois suivantes, et doña Sol les six dernières. C’est ce torique défini = caractéristiques des héros de drames
qu’Hugo appelait disloque[r] ce grand niais d’alexandrin romantiques influencés par les thèmes et les registres
pour rendre le dialogue plus réaliste, plus vivant, et du théâtre de Shakespeare.
créer des échos, par exemple ici avec le chiasme : Que
fais-tu ? / Qu’as-tu fait ?

149
Pour aller plus loin évoqué avec le champ lexical de la vertu : chaste et
9. Recherche respectueux (v. 2), la vertu soupçonnée (v. 13) qui n’a
Dans les deux pièces, les jeunes amants éprouvent d’égale que la pureté du ciel (v. 23).
une violente passion amoureuse qu’ils ne peuvent 3. Phèdre éprouve :
vivre librement. Malgré des péripéties différentes, les – la passion amoureuse : métaphore filée de l’amour /
personnages des deux pièces meurent fatalement et feu : une flamme (v. 4), un feu (v. 7), brûlantes (v. 16) ;
sont réunis après des événements qui font intervenir – la colère contre Œnone affublée d’adjectifs homé-
interdits familiaux et politiques, trahisons et usage du riques négatifs : La détestable Œnone (v. 5), La perfide
poison. (v. 8) ;
10. Commentaire – la volonté de mourir : métaphore et synecdoque Le fer
Partie I. Un dialogue d’adieu aurait déjà tranché ma destinée (v. 12).
1er §. Un adieu en forme de déclaration d’amour 4. a. Actes expliqués par trois éléments : son amour
(question 1) violent (voir question 3) dû à Vénus, Le ciel mit dans
2e §. L’expression de la fatalité (question 4) mon sein une flamme funeste (v. 4), le rôle d’Œnone qui
3 e §. La présence d’un témoin de mariage
voulait protéger sa maîtresse, La perfide […] / S’est hâtée
(question 7)
à vos yeux de l’accuser lui-même (v. 8-9).
Partie II. L’expression d’un amour survivant
à la mort Mais elle ne se disculpe pas et s’affirme pleinement
1er §. La communion des deux amants (question 5) responsable puisque le présentatif du vers 2 la fait
2e §. Le rôle apaisant de la mort (question 6) s’accuser elle-même : C’est moi. Elle est elle-même le
3e §. La mort de trois héros romantiques (question 8) 3e élément qui explique ses actes.
b. La périphrase verbe Osai jeter (v. 3) souligne encore
Prolongement : lire la dernière scène de Ruy Blas plus sa responsabilité, celle qui la conduit à un suicide
(1838) de V. Hugo et faire le commentaire comparé violent : Par un chemin plus lent [à] descendre chez les
des deux dénouements. morts (v. 15). Elle a le temps de rendre son innocence
à Hippolyte en révélant tout à Thésée, et d’expier sa
passion coupable ; l’aveu et la mort expiatrice sont des
D’UNTexte 1 J. Racine, Phèdre ➜ p. 239 valeurs héroïques.
À L’AUTRE
5. a. Bienséance transgressée par la mort de Phèdre
Objectif : Analyser les codes de dénouement sur scène. Mais la représentation du suicide par poison
d’une tragédie classique. était tolérée dans les tragédies classiques.
b. Le metteur en scène peut faire quitter la scène à
Phèdre avant le dernier soupir ou montrer, avant le
QUESTIONS
tomber de rideau, que Phèdre n’est pas complètement
1. L’aveu proprement dit commence au deuxième morte, par exemple par un geste, un râle.
vers (le premier est une accroche, une invitation à
l’écoute[r]) : Vis-à-vis : Hugo et Racine
– v. 2-4 : aveu de l’amour incestueux pour Hippolyte ; 6. La présence des didascalies est éclairante dans le
– v. 5-9 : aveu du fait qu’elle a laissé Œnone agir, texte de Hugo où nous suivons les corps dans leurs
accuser ; rapprochements et leur mort tragique. Ces indications,
– v. 10-13 : annonce du suicide d’Œnone mais volonté absentes du texte de Racine, ont des équivalents dans
d’expier en continuant à vivre ; les répliques :
– v. 14-23 : aveu du fait que, prise de remords (v. 14), elle – le premier vers : écoutez-moi, Thésée permet d’imagi-
a finalement consommé du poison (v. 17). ner le roi sur le point de quitter la scène, mais rattrapée
2. a. Hippolyte était respectueux (v. 2) tandis que l’amour par Phèdre qui l’appelle de la voix et du geste ;
que ressent Phèdre est incestueux (v. 3). – le vers 14 : devant vous rappelle la proximité des deux
b. Phèdre est coupable d’un amour violent, irrépres- personnages ;
sible, marqué par le champ lexical de la passion : une – le vers 20 : Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuage
flamme funeste (v. 4), ma fureur (v. 6), un feu (v. 7), peut être traduit par un regard vague faisant tituber,
mes brûlantes veines (v. 16)  Hippolyte pur, innocent, chanceler Phèdre (cf. photographie de la mise en scène
150
de P. Chéreau, avec Dominique Blanc ➜ p. 240). 5. a. Hyperbole des expressions dans toute l’Italie, dans
b. Dans la tragédie classique, l’amour impossible est toute l’Europe, ma condamnation éternelle dans tous
aussi interdit et un engrenage fatal conduit à la mort les carrefours de l’immensité grandiloquence du
des protagonistes. Dans le drame romantique, l’amour personnage, fierté de s’être montré un héros en tuant
est impossible mais les amants se réunissent idéale- Alexandre.
ment dans la mort, conformément au mythe de Pyrame b. Les répliques des lignes 7-11 et 37-42 sont des
et Thisbé, source de Roméo et Juliette. moments d’autodérision ironique. Lorenzo s’amuse
de la volonté de tous de le tuer : ma tête a été mise à
Prolongement : élaborer le plan détaillé du commen-
prix (l. 7), La récompense est si grosse (l. 37). Et l’am-
taire de cette scène.
pleur de son meurtre est rabaissée dans la métaphore
qu’il reformule lui-même pour se définir : J’étais une
machine à meurtre, mais à un meurtre seulement (l. 29).
Texte 2
T A. de Musset,
6. Impératif présent, ne tentez pas la destinée (l. 5),
Lorenzaccio ➜ p. 241
Partons ensemble ; redevenez un homme (l. 16), pour
Objectif : Étudier le dénouement d’un drame exhorter le jeune homme à se défaire de cette âme
romantique. torturée, et à continuer à vivre : vous n’avez point encore
fini sur la terre (l. 28) Philippe veut sauver Lorenzo
LECTURE ANALYTIQUE de lui-même.
7. Modalisateurs : un grand gaillard (l. 38), Le pauvre
Première lecture
homme (l. 39-40), un air si penaud qu’il me faisait
1. La réplique des lignes 22 à 26 rappelle la situation pitié (l. 41), peut-être un père de famille qui mourait
historique, l’échec des républicains à Florence passée de faim (l. 41-42) ce mélange de pitié et de mépris
sous le contrôle de Côme de Médicis. Ton ironique mar- montre que Lorenzo ne prend pas au sérieux toutes ces
qué par le jeu sur sa responsabilité dans cette situa- menaces sur sa vie, qu’il accepte le sacrifice de sa vie
tion : c’est là un grand travers de ma part […] je l’avoue, désormais marquée par l’ennui.
je l’avoue, ce sont là des travers impardonnables.
8. Deux exclamatives, Quelle horreur ! quelle hor-
2. Lorenzo veut sortir, se promener dans la ville : Venez
reur ! (l. 60) violence des émotions éprouvées par
donc faire un tour de promenade (l. 3-4, 18-19), Sortons,
Philippe ; une question rhétorique, Eh quoi ! pas même
je vous en prie (l. 35), Je vais faire un tour au Rialto
un tombeau ? (l. 60) caractère pathétique de la fin de
(l. 46) nécessité intérieure d’affronter son destin.
Lorenzo, la haine a eu raison de lui. Le héros est mort
Mise au point comme un chien.
3. Il oppose le passé lié à l’assassinat du duc, Question de synthèse
aujourd’hui que j’ai tué Alexandre (l. 8-9), et le pré-
9. Lorenzo fait face à son destin : il se sait menacé mais
sent qui lui paraît vide, je suis plus creux et plus vide
il sort seul. Son ironie guidée par le sentiment de vide
qu’une statue de fer-blanc (l. 15), Je suis plus vieux que
de son existence le pousse à se sacrifier en acceptant
le bisaïeul de Saturne (l. 18). Le passé composé sert éga-
la punition de Dieu et des hommes.
lement à rappeler qu’il est poursuivi : Hier, un grand
gaillard […] m’a suivi un gros quart d’heure (l. 38-39) Pour aller plus loin
Lorenzo subit au présent les conséquences d’actions
10. Recherche
qui appartiennent à un passé encore très proche.
Musset a été très affecté par l’échec de plusieurs de
Analyse ses pièces au théâtre, en particulier Nuits vénitiennes
4. Annonce : ma mère est morte (l. 3) + volonté de sortir (1830). Il décide alors d’écrire des pièces de théâtre,
(question 2) = tonalités pathétique et tragique annon- non pas pour la scène, mais pour la lecture et il les
cées. Au fur et à mesure, le ton de la scène s’assombrit : publie sous le titre Spectacles dans un fauteuil (1832).
autodérision (je bâille avec ma bouche, l. 14, etc.), ironie Sans appartenir à ce recueil, Lorenzaccio ressortit à
(Cela m’amuse de les voir, l. 37, etc.), attente de la mort. cette esthétique : la pièce est longue, complexe et elle
ne sera jouée pour la première fois qu’en 1896, mais
pas dans son intégralité.
151
11. Écriture d’invention – de l’amour, pour le fils : ma flamme (v. 11), mon âme
Contraintes du sujet : (v. 12), amant (v. 26), ma fidélité (v. 27), Mes liens (v. 29),
– les notes d’un metteur en scène : place des acteurs, Ma foi m’engage (v. 30), Chimène (v. 31).
gestes, accessoires mais aussi décor, lumières, mu- 3. a. Mais (v. 5, 10) : le 1er Mais oppose l’honneur dû
sique... ; au père (v. 1-4) à la nécessité de clamer son désespoir
– son caractère tragique : mise en valeur du destin tout (v. 5-8) ; le 2e oppose de même le respect dû au père
tracé de Lorenzo. (v. 9) à l’affirmation de sa douleur (v. 10-14).
Proposition de début : b. L’opposition est marquée entre le fait d’avoir accom-
– Lorenzo et Philippe sont proches l’un de l’autre. pli ce qui était exigé et les sentiments qui animent Don
Ils sont pris dans un rond de lumière blanche
Rodrigue.
(projecteur).
– Au début de la scène, Lorenzo tourne le dos à 4. Respect pour son père, pour les valeurs qu’il lui a
Philippe, il lit et relit la lettre. inculquées : L’honneur vous en est dû : je ne pouvais
– Après plusieurs lectures, il se tourne vers Philippe pas moins, / Étant sorti de vous et nourri par vos soins
et lui tend la lettre. Philippe la prend avant que (v. 1-2) ; périphrase à qui je dois la vie (v. 4) famille
Lorenzo ne commence à parler… liée à l’honneur.
Amour pour Chimène : Mes liens sont trop forts pour être
Prolongement : préparer une lecture analytique à
ainsi rompus ; / Ma foi m’engage encor si je n’espère
partir de la question suivante : En quoi s’agit-il d’un
plus (v. 29-30).
dénouement original ?
Antithèse qui marque son double attachement : guerrier
et amant (v. 26), il est à la fois un homme d’honneur et
l’amant de Chimène.
D’UNTexte 2 P. Corneille, Le Cid ➜ p. 243 5. Antithèses : honneur / infamie (v. 23, 25) ; guerrier
À L’AUTRE

/ amant (v. 26) ; fidélité / parjure (v. 27, 28) ; quitter /


Objectif : Étudier un dialogue fondé sur des valeurs posséder (v. 31) dilemme tragique entre l’honneur
antithétiques. et l’amour qui l’a poussé à choisir l’honneur et qui le
conduit au trépas (v. 32) : héros tragique.
QUESTIONS
Vis-à-vis : Musset et Corneille
1. Rodrigue vouvoie son père respect et noblesse.
Alternance de présent d’énonciation (Je m’en tiens trop 6. Dans les deux cas, la mort est une solution à une
heureux, v. 3, etc.) et d’impératifs, Souffrez (v. 7), Ne situation intenable :
me dites plus rien (v. 13) mise en valeur de sa liberté – Lorenzo attend la mort qui le délivrera d’une vie vide
d’action. sur laquelle il pose un regard ironique ;
Don Diègue tutoie son fils supériorité sur lui. Même – Rodrigue voit le suicide comme la résolution de sa
temps et mêmes modes. Les impératifs du père, Porte, trop grande souffrance de vivre sans amour.
porte (v. 15), éloigne (v. 19), sont des ordres. 7. Chez Musset, c’est la fin de la pièce et Lorenzo meurt :
2. a. 1re tirade de Rodrigue : servi / ravi (v. 9-10) le héros romantique est allé tragiquement au bout de
il a fait son devoir, même si cela lui coûte son amour. son destin.
Tirade de don Diègue : victoire / gloire (v. 15-16) Chez Corneille, c’est une scène de l’acte III, l’acte du
la seule valeur qui vaille est l’honneur transmis entre nœud, mais nous devinons que tout peut encore arriver
un père et son fils. à Rodrigue : la mort du héros n’est pas certaine. Le
2e tirade de Rodrigue : Chimène / peine (v. 31-32) contraire aura le temps de se profiler.
la valeur suprême de l’amour conduit à des pensées Prolongement : rédiger le monologue de Chimène
suicidaires. qui exprime la dualité de ses sentiments devant sa
b. Champ lexical : situation : Rodrigue, son amant, a tué son père.
– de l’honneur, pour le père : ta victoire (v. 15), ma gloire
(v. 16), l’honneur (v. 17, 21), qu’un honneur (v. 20), un
devoir (v. 21) ;

152
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE – lutte entre les républicains et les Médicis (I, 6 ; II,
A. de Musset, Lorenzaccio ➜ p. 245 4 ; III, 7) ;
– ville = cadre d’une lutte d’influence entre les familles :
Objectif : Étudier un drame romantique a priori écrit assassinats nombreux (II, 5 ; II, 7 ; III, 7 ; IV, 11) ;
pour être lu. – mécénat des artistes de la famille Médicis (II, 6) ;
– domination allemande sur Florence (III, 6) ;
PISTES D’ANALYSE – alliance entre les républicains et François Ier (III, 7 ;
V, 4) ;
1. L’exposition : personnages et valeurs – Côme de Médicis, nouveau duc de Florence (V, 5 ;
en jeu V, 8).
– I, 1 : un éloge de la débauche par Alexandre et b. L’intrigue autour des Cibo se déroule dans les scènes
Lorenzo. suivantes : I, 3 ; II, 3 ; II, 4 ; III, 5 ; IV, 4 ; IV, 10 ; V,
– I, 2 et 5 : les différentes opinions sur le duc Alexandre 1 ; V, 3 ; V, 8. Idées politiques et sociales qui y sont
de Médicis sont présentées par différents personnages développées :
(bourgeois, jeune femme de la noblesse, prêtre…) ; il – le cardinal Cibo, le beau-frère de la marquise, lui
est vu comme un séducteur débauché. conseille de devenir la maîtresse du duc Alexandre pour
– I, 3 : début de l’intrigue autour de la famille Cibo. Le pouvoir aider les républicains critique du compor-
mari quitte Florence, et l’épouse résiste aux avances tement des grands du clergé + critique de la politique
du duc. fondée sur la débauche, la corruption, le mensonge…
– I, 4 : scène cruciale qui montre le duc défendant le (II, 3) ;
jeune Lorenzo qui s’évanouit à la vue d’une épée. La – la marquise devient la maîtresse d’Alexandre cri-
lâcheté de Lorenzo est abondamment moquée. Elle tique du lien entre la politique et les relations privées
désespère sa mère à la scène 6. (II, 5-6) ;
– le marquis Cibo mène la lutte au côté des Médicis,
2. La lutte de Lorenzaccio, héros tragique Alexandre d’abord (IV, 10), puis Côme (V, 1 ; V, 8) qu’il
Plusieurs étapes : propose comme successeur à Alexandre critique de
– II, 4 : rêve de sa mère + lecture de l’histoire de Brutus la confiscation du pouvoir par une famille.
par sa tante + question de son oncle sur ses idées poli-
tiques = il se met du côté des républicains et des vieilles ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
familles florentines, contre Alexandre ;
– II, 6 : Lorenzo profite d’un moment où Alexandre pose 1. Entraînement au commentaire
pour son portrait. Il lui dérobe sa cotte de mailles et Acte IV, scène 9 : scène de tension durant laquelle
s’en débarrasse ; Lorenzo, seul, s’apprête à tuer le duc Alexandre.
– III, 1 : il apprend le maniement de l’épée et s’entraîne ; Partie I. Les tensions qui habitent le personnage
– III, 3 : il explique à Strozzi qu’il est entré dans l’inti- 1er §. Les perceptions et les émotions.
mité d’Alexandre pour pouvoir le tuer ; Ex. : le lexique de l’écoulement du temps.
– IV, 1 : il attire Alexandre dans sa chambre, en lui fai- 2e §. Les moments d’exaltation et d’hésitation.
sant croire que sa tante va céder à ses avances ; Ex. : les interjections et phrases exclamatives.
– IV, 7 : il annonce aux républicains qu’il va tuer 3e §. Les moments de diversion.
Alexandre ; Ex. : les évocations de femmes (Catherine, Jeannette,
– IV, 9 : ultimes préparatifs de l’assassinat ; la mariée).
Partie II. L’apparente incohérence du monologue
– IV, 11 : il tue Alexandre, le cache dans sa chambre,
1er §. Des propos décousus.
et s’enfuit.
Ex. : les différents destinataires et les différents
3. Les apports de l’Histoire types de phrase.
2e §. La violence des mots pour répéter le meurtre.
a. Événements historiques : Ex. : les interrogations sur la façon de transpercer
– histoire des villes italiennes liée au pape Paul III une cuirasse.
critique sévère de la débauche à laquelle s’adonne 3e §. L’autodérision lucide de Lorenzo.
Lorenzo (I, 4) ; Ex. : l’ironie sur le théâtre du monde, comique pour
Dieu.

153
2. Recherche Mise au point
a. La représentation de la pièce, telle que Musset l’a 3. Jusqu’au vers 4, Cyrano vouvoie Roxane, puis il passe
écrite, nécessite environ huit heures de représenta- au tutoiement qui signifie le rapprochement intime dû
tion ; aussi n’a-t-elle jamais été montée en entier. Par à cette déclaration qui rappelle entre autres l’anec-
exemple, la deuxième scène de l’acte I (une scène dans dote troublante du 12 mai. Le pronom tu est maintenu
une rue de Florence) a été intégrée très tardivement à la jusqu’au vers 30 où le pronom vous revient, avant d’être
pièce et de nombreux metteurs en scène la suppriment mêlé au tu, ce qui révèle le trouble de Cyrano qui se
purement et simplement. La première représentation répète, ne sachant plus comment appeler celle qu’il
(1896), avec Sarah Bernhardt dans le rôle titre, éliminait aime : Car vous tremblez (v. 35), Car tu trembles (v. 36).
une partie de la portée politique de la pièce qui se ter-
minait sur la scène de la mort de Lorenzo, sans retour Analyse
à la situation de Florence. 4. Répétition de l’expression pronominale tous ceux. Il
b. Mises en scène célèbres : bredouille, ne sait plus ce qu’il doit dire : l’émotion est
– 1896 : l’action est resserrée sur trois actes dans la mise trop forte, ce que confirme la rime suivante en touffe /
en scène historique avec Sarah Bernhardt ; j’étouffe (v. 3, 4) qui montre que l’émotion conduit le
– 1952 : 1re représentation avec un acteur dans le rôle locuteur à exprimer tous les mots qui lui viennent aux
titre, Gérard Philipe. Mise en scène de Jean Vilar au lèvres.
festival d’Avignon ; 5. Valorisation de ses cheveux : coiffure (v. 11), ta che-
– 1989 : mise en scène de Francis Huster au théâtre du velure (v. 12), blondes (v. 16). Roxane est comparée au
Rond-Point (Paris) ; il incarne lui-même le personnage soleil (v. 13). La blondeur est une caractéristique essen-
éponyme ; tielle de la beauté féminine depuis le Moyen Âge. La
– 2000 : mise en scène de Jean-Pierre Vincent au comparaison hyperbolique fait de Roxane la source
théâtre des Amandiers de Nanterre. de lumière et de vie de Cyrano, sa déesse irradiante
c. Chaque metteur en scène choisit son point de vue, qui communique son feu dévorateur : les feux dont tu
met en lumière un de ses grands thèmes. Le Lorenzo de m’inondes (v. 15).
Sarah Bernhardt est un héros tragique et romantique, 6. Nombreux rejets : ce sentiment / Qui m’envahit
celui de Jean Vilar est sombre. Jean-Pierre Vincent, (v. 17-18), j’entendisse / Rire un peu (v. 23-24), une vertu
tout comme Francis Huster, a transposé la pièce au / Nouvelle (v. 25-26), Commences-tu / À comprendre
XIXe siècle pour mettre en évidence la critique par (v. 26-27), Il ne me reste / Qu’à mourir maintenant !
Musset de son époque. (v. 32-33), C’est à cause des mots / Que je dis (v. 33-34),
que tu le veuilles / Ou non (v. 36-37), le tremblement
Texte 3
T E. Rostand, adoré de ta main / Descendre (v. 37-38) effets d’at-
tente et de suspense dans la déclaration, mais aussi
Cyrano de Bergerac ➜ p. 246
volonté de montrer que Cyrano est bouleversé, qu’il
Objectif : Étudier les effets d’un dispositif particulier n’est plus capable de construire des vers réguliers, alors
de scène d’aveu. que le spectateur l’a vu composer une ballade formulée
tout au long d’un duel dans le premier acte.
LECTURE ANALYTIQUE 7. Ton lyrique, multiplication des phrases exclamatives
qui expriment la puissance des sentiments : c’est vrai-
Première lecture
ment / De l’amour, il en a toute la fureur triste ! (v. 18-19),
1. Anecdote (v. 10-16) force des sentiments de Cyrano. Oh ! mais vraiment, ce soir, c’est trop beau, c’est trop
Ces propos poétiques et hyperboliques ont une valeur doux ! (v. 29), etc.
galante destinée à conquérir Roxane, ils en disent long
sur la passion de Cyrano qui la délègue ici à Christian. Question de synthèse
2. Le vers 30 Je vous dis tout cela, vous m’écoutez, moi, 8. Cyrano aime passionnément Roxane et il est convaincu
vous ! insiste sur la personne qui s’exprime : Cyrano que sa laideur l’empêchera de se faire aimer. Il aide
parle en son nom. Le fait d’avoir abordé explicitement Christian à se faire aimer de Roxane en trouvant
le thème de la jalousie (v. 18) renvoie à la situation les mots, les compliments qui vont séduire la jeune
dramatique qui se joue. précieuse. Il sacrifie héroïquement son amour au
154
bonheur de son ami et de Roxane, trouvant les images perdre de l’argent, c’est-à-dire à la pensée que son ami
les plus frappantes pour conquérir cette femme qui ne Cœlio échoue dans sa conquête de Marianne.
lui reviendra pas. 2. Impératifs, Pardonne-moi, pardonne-moi ! Fais […] va
trouver (l. 9), Dis-lui (l. 10) : Cœlio, bouleversé, presse
Pour aller plus loin
Octave de rester son ami, de lui rester fidèle, et donne
9. Recherche des directives vagues qui replacent Octave dans la posi-
a. Les jeunes filles sur le balcon : position éminente qui tion inconfortable du décideur.
permet métaphoriquement de représenter l’idée que
3. a. Cœlio a précisé : Dis-lui que me tromper, c’est
l’amour monte vers elle. Elles sont aussi spectatrices
me donner la mort (l. 10), et Octave dit finalement à
de l’action des jeunes hommes, rappelant la place du
Marianne : Le cœur de Cœlio est à une autre (l. 15-16),
public, dans un dispositif de théâtre dans le théâtre.
parce qu’il comprend qu’il faut rendre Marianne
b. Chez Shakespeare, l’aveu amoureux est réciproque ;
jalouse : elle sera davantage touchée par cela que par
chez Beaumarchais, l’aveu n’est pas dit mais écrit par
des mots lyriques et trop pathétiques.
Rosine et lu par le comte Almaviva ; chez Rostand,
b. nous désigne non seulement Cœlio mais aussi
Roxane se laisse séduire par les mots de Cyrano, ven-
Octave : les deux jeunes hommes sont tous deux amou-
triloque de Christian.
reux de Marianne.
10. Entraînement à l’exposé oral
4. Métaphore de l’amour comme un enfant à nourrir :
De quelle manière cette scène révèle-t-elle des tempé-
un petit enfant à la mamelle (l. 27-28), La sage nourrice
raments exaltés ?
(v. 30), boire d’un certain lait (l. 30), ce lait merveilleux
Plan de l’exposé : (l. 33) amour vu comme quelque chose qui a besoin
Partie I. Un souvenir précis d’être soigné pour vivre et se développer.
1er §. Le récit lyrique du douze mai
2e §. La comparaison avec le soleil 5. a. Marianne utilise un ton ironique, voire persifleur,
Partie II. Des propos décousus lançant des exclamations qui jouent à l’étonnement :
1er §. Les répétitions Quel dommage ! (l. 17 et suivantes), et elle rabaisse
2e §. Les rejets Octave en dénigrant son entremise : Qui pourrait ne
3 e §. L’émotion dans l’emploi des pronoms pas réussir avec un ambassadeur tel que vous ? (l. 22).
personnels Octave le comprend bien car il lui répond : Raillez, rail-
Partie III. Un aveu amoureux lez (l. 26).
1er §. Les phrases exclamatives b. vous êtes comme les roses du Bengale, Marianne,
2e §. La déclaration d’amour
sans épine et sans parfum (l. 34-35) : le ton mécham-
Prolongement : s’entraîner à lire cette scène en ment ironique de Marianne est contré par cette image
respectant les règles de scansion de l’alexandrin, et qui résume bien la beauté et le caractère de la jeune
en valorisant son lyrisme. femme, tout en la rendant insignifiante : s’agit-il encore
d’une rose ?

Vis-à-vis : Rostand et Musset


Texte 3
D’UN A. de Musset, Les Caprices
À L’AUTRE
6. Octave et Cyrano sont amoureux d’une jeune femme
de Marianne ➜ p. 248
et chacun est le porte-parole d’un autre homme, Cœlio
Objectif : Étudier une scène de tension extraite pour Octave et Christian pour Cyrano. Ils sacrifient leur
d’une comédie romantique. propre amour pour un ami.
7. La scène de Musset est particulièrement pessimiste
QUESTIONS parce que l’amour ne semble pas toucher Marianne,
1. Comparaison avec la banque d’un pharaon pour le condamnée à l’orgueil, comme Camille dans On ne
compte d’un autre, et qui a la veine contre lui Octave badine pas avec l’amour.
est désespéré par la situation, il se considère comme Prolongement : préparer un exposé qui définira le
mal à l’aise dans un système à trois personnages qui drame et la comédie romantiques à travers l’exemple
lui est défavorable. Cette image indique sa loyauté car des œuvres de Musset.
il préfère bien jouer son rôle, bouleversé à l’idée de

155
Histoire des arts ➜ p. 251 b. La mort de Cordélia semble inconcevable pour Lear :
La peinture d’histoire Je sais quand on est mort et quand on est vivant (v. 4).
Il essaie de se persuader qu’elle n’est peut-être pas
morte : Cette plume remue ! Elle vit ! (v. 9).
QUESTIONS
2. Les exclamatives mettent en valeur l’aspect pathé-
1. Une diagonale part du premier plan, en bas à droite tique de la situation : les sentiments de Lear sont vio-
du tableau, et le traverse, passant par le voile bleu au lents, mais aussi ceux de ses compagnons qui chantent
centre du groupe de fidèles placés derrière le Christ, encore plus fortement ce deuil terrible, cette déplora-
et matérialisée par les mains et les bras de ces mêmes tion, qui fait songer momentanément à un espoir de
personnages qui donnent la direction du Saint-Esprit, survie de Cordélia.
la colombe en haut à gauche de la composition.
3. Lear est bouleversé : il a déjà perdu deux autres filles,
De droite à gauche, les personnages d’abord verti-
celle-ci était sa préférée et il l’avait repoussée. Il affirme
caux sont de plus en plus penchés, jusqu’à arriver au
J’aurais pu la sauver (v. 14), ce qui rend sa situation par-
Christ qui finit par se pencher au-dessus des eaux du
ticulièrement tragique, mais son discours est emporté,
Jourdain.
faisant de lui un homme prêt à tout, y compris à fendre
2. Le personnage féminin est l’épouse d’Énée, Créuse : la voûte du ciel (v. 3) pour exprimer sa douleur.
elle confie à son beau-père Anchise, juché sur les épaules
4. a. Son échec à sauver sa fille et l’expression brute de
de son fils, les Pénates, dieux de leur foyer troyen.
sa douleur montrent qu’il ne se considère pas comme
héros mais comme un homme touché par la mort d’un
Exercices d’approfondissement ➜ p. 253 être adoré.
b. Limites de l’héroïsme fixées à partir du moment où
le deuil d’un être aimé rend toute action dérisoire, et
REVOIR fait le vide autour de soi. La dernière réplique du roi
Lear traduit à la fois le remords (J’aurais pu la sauver),
1 Le modèle antique la solitude et l’imprécation (La peste vous emporte) : le
Euripide, Iphigénie à Aulis, épisode III héros, seul contre tous, n’a plus de raison d’être.
1. a. Le sens étymologique du mot héros est « demi-
dieu ». Achille, fils d’une déesse (l. 2-3, 5-6), est bien APPROFONDIR
un héros. Caractérisé par ses actions destinées à sauver
la vie ou l’honneur de sa race, la mention du bras pro-
3 La lutte contre le destin
tecteur (l. 23) est également une marque d’héroïsme. P. Corneille, Polyeucte, acte V, scène 3, vers 1635-1646
b. Achille, demi-dieu, doit obéir aux dieux et accepter
la mort de sa fiancée (l. 7), Iphigénie. Et il est le seul à 1. Félix évoque l’amour (v. 8) et l’amitié (v. 10) pour
pouvoir agir, Clytemnestre étant en pleine déréliction : influencer Polyeucte : ce sont les relations humaines
Si tu as le cœur […] sinon, c’en est fait de nous (l. 22-24). qui lui servent d’arguments.

2. a. Clytemnestre fait appel à la promesse d’Achille 2. Phrases interrogatives : il veut mettre Polyeucte
d’épouser Iphigénie et à son amour pour elle. devant les conséquences de ses actes et de ses choix : il
b. L’épouse des rois des Grecs doit s’abaisser à deman- va mourir, attrister son épouse, sa famille… L’anaphore
der l’aide d’un homme pour sauver sa fille, elle se met permet de valoriser ces questions pressantes : Veux-tu…
même en danger, seule femme au milieu de soldats, de (v. 6, 12), Peux-tu voir… (v. 7, 8).
matelots sans discipline, effrontés dans le mal (l. 20-21). 3. Registre tragique : Malheureux Polyeucte (v. 5),
crime irrémissible (v. 6), tant de pleurs (v. 7). Polyeucte
est un héros parce qu’il résiste à tous les arguments,
2 La tragédie selon Shakespeare
W. Shakespeare, Le Roi Lear, acte V, scène 3,
inflexible, au nom de son Dieu.
vers 231-244
1. a. Le registre pathétique domine par l’expression de 4 L’idéal romantique
deuil du roi Lear marqué par les exclamatives : Hurlez ! V. Hugo, Ruy Blas, acte III, scène 4, vers 1276-1287
hurlez ! hurlez ! hurlez ! (v. 1), Elle est partie pour tou- 1. contemplation angélique : il est perdu dans ses pen-
jours ! (v. 3), la voici partie pour toujours (v. 14). sées, arrivé à l’apogée du bonheur. Champ lexical : le
156
ciel (v. 1), un monde de lumière (v. 3), ces paradis (v. 4), 2. Les deux derniers vers, Où est Antigone, dites : nous
rayons (v. 5), joie, extase et mystère (v. 6), la divinité l’avons vue / Chercher refuge dans la tombe, montrent
(v. 8). une héroïne qui fuit, se cache, comme un animal blessé,
2. Phrases exclamatives = sentiments violents, amour de l’antithèse d’un héroïne tragique qui accepte de mourir.
Ruy Blas pour la reine : m’inondant de vie (v. 5), joie, 3. Entraînement à la dissertation
extase (v. 6), ivresse (v. 7), L’amour dans la puissance et Plan détaillé :
dans la majesté ! / La reine m’aime ! (v. 9-10). Partie I. Les personnages de tragédie correspondent
3. Figures du bonheur : à la définition d’Aristote.
– hyperboles : Se rapproche le plus de la divinité (v. 8), 1er §. Ils inspirent la pitié.
Ex. : la mort des amants à la fin d’Hernani.
Je suis plus que le roi (v. 11) ;
2e §. Ils acceptent leur destin.
– gradation en structure ternaire : Heureux, aimé, vain-
Ex. : les aveux de Phèdre avant de mourir ; le sacri-
queur ! (v. 12) il quitte le monde des hommes pour fice de Lorenzo.
celui des dieux parce qu’il est comblé. 3e §. Ils peuvent devenir terrifiants.
4. Il est animé par l’orgueil (v. 7) et l’amour (v. 9), Ex. : la passion incestueuse de Phèdre.
valeurs héroïques certes, mais qui conduisent à sa Partie II. Mais chacun propose un portrait original
perte. On parlerait alors de démesure (hybris) dans une de personnage tragique.
tragédie grecque. 1er §. lls peuvent refuser de vivre malheureux.
Ex. : le dilemme de Rodrigue.
2e §. Ils n’osent pas avouer leur amour.
ÉCRIRE Ex. : Cyrano et Octave sont les porte-parole frustrés
de leurs amis.
5 La réécriture tragique 3e §. Ils peuvent s’en remettre à la force du destin.
B. Brecht, Antigone Ex. : le deuil du roi Lear pour sa fille Cordélia.

1. Le nom de la ville, Thèbes (v. 3, 5, 7), le terme de Cité Prolongement : rédiger la réponse d’Achille à
(v. 4), la référence aux sources de Dircé (v. 4) et le nom Clytemnestre ➜ p.  253 en mettant en avant son
même d’Antigone (v. 10) renvoient à l’Antiquité. dilemme, l’obéissance aux dieux et son amour pour
Iphigénie.

157
Prolongements

Textes Images fixes du DVD-Rom


Essais et études ● T. Chassériau, Andromède attachée au rocher par
● G. Steiner et P. Blanchard, Les Antigones, Gallimard, les Néréides (1840) : vision romantique d’un mythe
Folio essais (1992) antique
● A. Ubersfeld, Le Drame romantique, Belin sup ● A. Cabanel, Phèdre (1880)
(1999) ● G. Moreau, Œdipe voyageur (1888)
● J.-M. Mondiloni, Tragédie et tragique, Ellipses
Activités
(2001)
●Lectures cursives
● G. Forestier, Une tragédie française : passions
– V. Hugo, Ruy Blas : un héros romantique.
tragiques et règles classiques, Armand Colin (2010)
– Au choix une version du mythe d’Antigone :
● Version de Phèdre en bande dessinée par Sophocle, Robert Garnier, Jean Anouilh, Henry
Armel, avec le texte complet et un complément Bauchau, Bertolt Brecht…
pédagogique intéressant, Petit à petit (2006)
●Travail d’écriture
Textes du DVD-Rom Commenter l’extrait de Lorenzaccio, en suivant le
parcours de lecture suivant : un héros ironique ;
● É. Jodelle, Cléopâtre captive, la première tragédie
un dénouement tragique.
française, extrait (1553)
● Préparation à l’oral
● Lecture : J. Racine, Bajazet, IV, 4 (1672)
Préparer les questions d’exposé suivantes :
Image fixe du manuel – Texte 2 : Alfred de Musset, Lorenzaccio, Quelle
image le héros donne-t-il de lui à travers cette
J. A. D. Ingres, Œdipe devinant l’énigme du Sphinx
scène ?
(1808-1827), et Francis Bacon, Œdipe et le Sphinx
– Texte 3 : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac,
d’après Ingres (1983) : travail sur un mythe antique
Dans quelle mesure la progression de cette scène
souligne-t-elle le jeu cruel auquel se prête Cyrano ?

158
SÉQUENCE 12
L’absurdité de la condition humaine
➜ Livre de l’élève, p. 255

Froideur déterminée de Martha  sensibilité et


Texte 1
T A. Camus,
révolte de Maria.
Le Malentendu ➜  p. 256
6. Si vous voulez le savoir, il y a eu malentendu. Et pour
Objectif : Étudier un face à face tragique peu que vous connaissiez le monde, vous ne vous en
représentatif du théâtre de l’absurde. étonnerez pas (l. 6-7) : valeur générale du nom malen-
tendu sans article + expression connaître le monde
LECTURE ANALYTIQUE = expérience de l’absurde divers malentendus de
l’existence : illusions (Martha pensait améliorer sa
Première lecture situation en volant les clients), différends (Jan et Maria
1. La mort de son mari tué par sa sœur et sa mère : Nous n’étaient pas d’accord sur la manière de présenter les
avons tué votre mari cette nuit (l. 1) ; la mort de la mère choses à la mère de Jan), quiproquos et aveuglement
de son mari : ma mère a rejoint son fils (l. 20-21) ; le (les deux femmes ignoraient leur lien de parenté avec
fait qu’ils ont été noyés : Le flot commence à les ronger Jan), etc.
(l. 21) ; le souhait de Martha de disparaître aussi, mais 7. a. Fatalité champ lexical : savais (l. 9), punis,
non de rejoindre sa mère et son frère : j’ai décidé de malheur, ciel (l. 10), insensées, aveugles (l. 14) + Jan,
mourir à mon tour. Mais je ne veux pas me mêler à eux personnage impuissant face à son destin : il ne savait
(l. 29-30), il me reste ma chambre, il sera bon d’y mourir pas trouver la parole qu’il fallait (l. 12-13) registre
seule (l. 32-33). tragique.
2. Impassibilité lorsqu’elle évoque le fratricide : il y a eu b. mourir seule (l. 33) : Martha symbolise l’être absurde
malentendu (l. 6) ou le matricide : ma mère a rejoint son vision pessimiste : solitude inéluctable et absence de
fils (l. 20-21) ; écœurée par la tristesse de Maria : vos passion : Il n’y a pas là de quoi s’émouvoir (l. 28) ; j’en ai
larmes me répugnent (l. 23-24), Il n’y a pas là de quoi assez vu et entendu (l. 29), Je les laisse à leur tendresse
m’émouvoir (l. 28). retrouvée, à leurs caresses obscures (l. 30-31), Qu’ai-je à
faire dans leur compagnie ? (l. 30) jalousie supposée
Mise au point envers son frère.
3. Pronom indéfini on = vous (Martha et sa mère) dis- 8. Solitude et abandon. À propos de la tendresse et
tance critique vis-à-vis des meurtrières. des caresses, Martha déclare : Ni vous ni moi n’y avons
plus de part (l. 31-32) le pronom nous relie ces deux
Analyse
femmes endeuillées.
4. Pour Maria elles font ressentir l’évolution des Martha orpheline : champ lexical de l’amour conju-
sentiments de ce personnage pathétique, l’antithèse de gal pour parler de sa mère et de son frère : tendresse,
Martha : toujours avec le même effort (l. 5), d’une voix caresses (l. 31), infidèles (l. 32) jalouse + suicidaire :
sourde (l. 8), Elle se met à pleurer (l. 13-14) l’afflic- mourir seule (l. 33).
tion l’accable, puis laisse place à la colère : avec haine Maria veuve : j’ai perdu celui que j’aime (l. 34-35), Il me
(l. 25). faut maintenant vivre dans cette terrible solitude où la
5. Martha : phrases essentiellement déclaratives mémoire est un supplice (l. 35-36) supplice = torture
assurance, renoncement, lassitude (parler froide- précédant la mort.
ment, l. 18).
Maria : phrases interrogatives au début (l. 3, 5) puis Question de synthèse
phrases exclamatives avec des interjections (Oh !, l. 8 ; 9. Tragédie :
Ah !, l. 34) émotions, besoin d’explications, puis – destin familial : huis-clos entre les membres d’une
colère. même famille ;
159
– famille déchirée : Martha tue son frère puis sa mère, Prolongement : après avoir lu la scène 6 de l’acte I
en les endormant puis les noyant Le flot commence d’Électre de J. Giraudoux et la scène 9 de l’acte V de
à les ronger (l. 21) + folie (deux insensées, aveugles, L’École des femmes de Molière, étudier dans quelle
l. 14) et jalousie ; mesure la scène de reconnaissance constitue un
– inhumanité de la sœur indifférente (question 2) ; ressort théâtral. En quoi la scène écrite par Camus
– héroïsme de Jan mari valorisé : bonheur (l. 12), fils diffère-t-elle des deux autres ?
merveilleux (l. 14), cœur fier (l. 15), âme exigeante (l. 16),
orgueil (l. 16) ;
– fatalité (question 7. a) : registres tragique et pathétique Texte 1 J.-P. Sartre,
D’UN
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

(terreur criminelles, l. 3 + pitié malheur, l. 10). Les Mains sales ➜  p. 258


Objectif : Découvrir un texte théâtral engagé
Pour aller plus loin illustrant la réflexion de Sartre sur l’absurde.
10. Recherche
a. Marie de Béthanie, qui, lors d’une visite dans QUESTIONS
sa famille, s’assoit pour écouter la parole de Jésus
1. Hugo n’accepte pas la manière dont Olga cherche à
 Marthe, sa sœur (en grec, prénom signifiant hôtesse),
le sauver et le statut qu’on veut lui imposer au sein du
qui s’agite au ménage et reproche à Marie de ne pas
Parti : Olga souhaite qu’il travaille pour le Parti (l. 5-6)
l’aider (Évangile selon saint Luc, 10, 38-42) Jésus
et reconnaisse que le meurtre d’Hoederer est passion-
défend Marie qui a choisi l’essentiel, une attitude
nel : tué pour rien (l. 18), Tué pour une femme (l. 27-28)
contemplative = la meilleure part  Marthe qui accorde
 Hugo se considère comme irrécupérable, il reven-
trop d’importance à la vie matérielle.
dique le meurtre comme politique : parce qu’il faisait de
b. Maria (Marie) choisit la vie, l’amour, le bonheur
mauvaise politique, parce qu’il mentait à ses camarades
vécu avec son mari  Marthe (hôtesse de l’auberge)
et parce qu’il risquait de pourrir le Parti (l. 13-14).
qui privilégie l’argent, jusqu’à tuer pour l’obtenir, et
se projette dans un monde rêvé (départ, liberté), mais 2. a. Dialogue lié à l’imminence du danger (cf. chapeau,
semble dépourvue de sentiments et ne parvient pas à délai accordé à Olga) :
profiter de la vie. – le rythme s’accélère après la tirade de Hugo (l. 10-21)
qui a pris le temps de [s]’expliquer (l. 12) et la didascalie
11. Entraînement au commentaire
Bruit de moteur (l. 22) ;
Plan détaillé : – Olga cherche vite un compromis et tente d’aider Hugo
Partie I. Une scène tragique et pathétique
par amour impératifs : Écoute, prends, sors (l. 23),
1er §. L’omniprésence de la mort
Va-t’en (l. 29), Allez-vous-en (l. 39)  Hugo, déterminé,
Ex. : répétition du verbe « tuer » + champ lexical de
la mort et du malheur (question 7. a).
dans la réflexion (l. 25-33), qui refuse tout compromis par
2e §. Le poids de la fatalité idéalisme propositions conditionnelles (l. 26, 31, 32) ;
Ex. : champ lexical + mise en abyme avec « cette – l’action s’accélère à présent (l. 37) + didascalies :
comédie » (l. 9) dont Jan est le héros impuissant Hugo ouvre la porte d’un coup de pied (l. 40), il crie
(question 6). (l. 41) suicide.
3e §. Les caractéristiques de la tragédie antique b. Hugo l’emporte sur Olga : répliques brèves d’Olga
Ex. : famille déchirée, inhumanité de la sœur… (l. 29), hésitante (l. 23) ou interrompue par Hugo (l. 35)
(question de synthèse). points de suspension + dernier mot pour lui : il crie.
Partie II. Une réflexion sur l’existence – Non récupérable (l. 41).
1er §. L’absurdité de l’existence symbolisée par
Martha
3. a. Intensité dramatique renforcée avec menace
Ex. : comportement froid et déconcertant (ques- pesant sur Hugo :
tion 7. b). – 1re alerte : Une auto. Bruit de moteur (l. 7) panique
2e §. La révolte dérisoire de Maria d’Olga (l. 9) ;
Ex. : colère, idée du bonheur et du devoir + méta- – fausse alerte : L’auto passe (l. 11) tirade de Hugo
phore de la mémoire (question 4). (l. 11-21) ;
3e §. Le face à face dans un monde sans dieu – alerte réelle : Bruit de moteur (l. 22) accélération
Ex. : référence à Marthe et Marie (Nouveau Testa- du rythme ; sans prendre le revolver (l. 25) décision
ment) + philosophie de l’absurde (question 10. a). d’affronter le danger.
160
b. Rares au début, puis présentes dans chaque réplique LECTURE ANALYTIQUE
(l. 34 à la fin). Bruitages essentiels : Bruit de moteur
(l. 7, 22), freinage de la voiture (l. 27), coups frappés à Première lecture
la porte (l. 34, 38) imminence du danger, marques 1. Lignes 1 à 36 : comparaison de deux nombres : le
du destin. nombre quatre et le nombre trois (l. 2-3) le professeur
4. Hugo refuse de renier son acte (l. 26) en se sacri- se montre patient.
fiant, il donne l’impression d’être tué pour venger Lignes 37 à la fin : entrée plus explicite dans le calcul :
Hoederer qu’en fait, il admirait. Phrase qui s’applique Vous avez toujours tendance à additionner. Mais il faut
à la fois à Hugo et à Hoederer : Il meurt pour ses idées, aussi soustraire (l. 37-38) il s’impatiente fortement.
pour sa politique ; il est responsable de sa mort (l. 30-31). 2. Le Professeur et l’Élève désignés par leur fonction,
Olga a raison : le meurtre de Hugo risque de ne pas être leur identité propre n’a aucune importance par rapport
revendiqué par le Parti, il n’aura donc aucun impact sur au message de Ionesco centré sur la relation d’autorité :
le souvenir d’Hoederer. maître-élève.
5. Hugo était devenu si proche d’Hoederer qu’il en était
arrivé à partager ses opinions et à ne plus souhaiter sa Mise au point
mort alors que le Parti le considérait comme un traître 3. Antithèses :
distance avec le Parti pour lequel il n’a plus aucune – plus grand  moins petit (l. 10-11) ; Plus petit… non, plus
utilité : Non récupérable (l. 41) au lieu d’irrécupérable grand (l. 19-20) : élève impressionnée, s’embrouille ;
= refus catégorique et conscient de la part de Hugo. – additionner / soustraire (l. 38), intégrer / désintégrer
Figure du martyr : il défend son idéal dans la mémoire (l. 39) : professeur aussi contradictoire que l’élève
d’Hoederer. paradoxe, absurde.
6. Image négative : Analyse
– violence : armes (revolver[s], l. 2, 23, 25) ;
4. Manque d’assurance et incompréhension de l’élève
– méthodes expéditives : te laisser tuer comme un chien
le professeur perd progressivement patience :
(l. 4) ;
– lignes 1 à 22 : bonnes réponses de l’élève, le profes-
– manipulation, opportunisme : vous me demandez
seur la valorise et l’encourage : parfait (l. 13), Excellente
d’avoir encore plus honte (l. 17).
réponse (l. 21-22) ;
Machiavélisme : la fin justifie les moyens.
– lignes 22 à 36 : il semble se remettre en question
Vis-à-vis : Camus et Sartre face aux difficultés de l’élève : Je n’ai pas été assez clair
7. Chez Camus : malentendu à propos de l’identité de (l. 28-29) ;
Jan, frère de Martha  chez Sartre : malentendu à pro- – lignes 37 à la fin : il s’énerve : Ce n’est pas ça. Ce n’est
pos de la docilité de Hugo et des mobiles de son crime pas ça du tout (l. 37) coup de théâtre, renversement
(politique / passionnel). de situation qui annonce le dénouement de la pièce.

8. Chez Camus : Maria porte l’émotion et soutient la 5. Patience, calme et valorisation de l’élève : C’est ça,
thèse de la fatalité ; chez Sartre : Olga apparaît comme Mademoiselle. (l. 12-13) ; capacité à se remettre en
impuissante face à la décision irrévocable prise par question : C’est sans doute ma faute (l. 28) ; autorité
Hugo. Émotions perceptibles dans les didascalies. stimulante : Voyons, réfléchissez (l. 45)  violence, idée
d’anéantissement (l. 37-40) anaphore du présentatif
Prolongement : à partir des éléments donnés par = importance de la suppression, menace latente (sous-
Hugo dans ses répliques, retracer les circonstances de traire, l. 38 ; désintégrer, l. 39).
la mort d’Hoederer, et vérifier ensuite ces hypothèses
6. Découragement, abandon : négation répétée, mais
dans un dictionnaire des œuvres ou en lisant la pièce
respect du professeur (répétition de Monsieur).
dans son intégralité.
7. Absurdité de la situation : didascalie = indication de
Texte 2
T E. Ionesco, mise en scène insiste sur l’absence d’accessoires :
La Leçon ➜ p. 260 On ne voit pas les allumettes (l. 33), tableau inexistant,
Objectif : Étudier la montée de la tension dramatique craie inexistante (l. 34) rappelle les jeux d’enfants.
dans une pièce du théâtre de l’absurde.

161
Question de synthèse 2e §. La question du libre arbitre
Ex. : Sartre : la liberté de choix de Hugo qui se
8. Enseignement = rapport de force entre maître et
sacrifie pour son idéal ➜ p. 258.
élève, mélange de séduction (démagogie, flatteries) et
3e §. Le sens de l’existence
de violence (rigidité) révélé dans la progression de la
Ex. : Beckett : vie = attente vaine ➜ p. 263 ; Ionesco,
scène : Le roi se meurt ➜ p. 272 : le pouvoir et la mort.
– respect : vouvoiement (l. 8, 9, 13, 24…), politesse :
Monsieur (l. 8, 26, 30, 41, 44, 48), Mademoiselle Prolongement : écouter la lecture de l’extrait de La
(l. 12-13) ; Leçon (1951) de Ionesco dans le DVD-Rom et étudier la
– insistance du professeur : Ce n’est pas facile, je l’ad- tonalité des voix commenter ces choix et proposer
mets. Pourtant […] (l. 45-47) concession ; d’autres options pour ce dialogue.
– enlisement de l’élève : Je ne sais pas (l. 44, 48), Je n’y
arrive pas (l. 48).
Texte 2 J. Tardieu,
D’UN
À L’AUTRE
Pour aller plus loin Finissez vos phrases ➜  p. 262
9. Recherche Objectif : Comprendre un texte qui interroge
Le professeur s’énerve à cause des plaintes réitérées le langage et l’absurdité des conversations.
de l’élève qui souffre de maux de dents, il la menace
d’un couteau et la tue. La bonne se plaint de la situa- QUESTIONS
tion, mais finalement accueille une nouvelle élève après
1. Lecture difficile au premier abord avec les phrases
avoir rangé le sac de la précédente avec d’autres sacs.
inachevées, comme Serait-ce depuis que ? (l. 3) : seul
Registre tragique : mort inévitable de l’élève, cycle fatal
le subordonnant est présent.
évoquant la Shoah.
Mais scène compréhensible : rencontre on devine les
10. Entraînement à la dissertation mots qui manquent : Je vous crois, parce que je vous !
a. Sartre : question du libre arbitre avec le choix de (l. 11-12) + aime. Propos = lieux communs de la conversa-
Hugo ; Ionesco : question de la relation d’autorité ; tion : Vous allez me faire ? (l. 13) + rougir ; aide des didas-
Beckett : question du sens de l’existence avec l’attente
calies qui précisent les sentiments : tendrement (l. 6).
de Vladimir et Estragon 3 questions sur notre condi-
tion existentielle. 2. Phrases interrogatives (l. 3, 4-5, 7, 9, 13), phrases
b. notre théâtre = théâtre de l’absurde ; met en question exclamatives (l. 1-2, 4, 6, 11-22) émotions perceptibles,
élan des personnages.
= interroge les préjugés ; destin, condition existentielle
= sens de la vie. 3. Monsieur A et Madame B pas d’identification,
Problématique : Quelle réflexion philosophique sur valeur universelle  théâtre psychologique.
l’homme le théâtre de l’absurde suscite-t-il ? 4. Didascalies expressives : sur le ton de l’intimité (l. 1),
Plan détaillé : etc., permettant de déduire le sens amoureux de cet
Partie I. Une réflexion sur les rapports humains échange.
1 er §. Amitié, amour et relations familiales Sens des répliques enrichi : jouant l’incrédule (l. 9, 13)
complexes fausseté de la surprise révélée.
Ex. : Vladimir et Estragon chez Beckett ➜ p. 267,
Marie et Jan chez Camus ➜ p. 256, Teddy et Lenny 5. intimité / seulement nous deux ! = scène de déclara-
chez Pinter ➜ p. 265. tion amoureuse, dialogue censé être confidentiel entre
2e §. Le rapport d’autorité deux personnages seuls sur scène illusion théâtrale.
Ex. : le couple Pozzo-Lucky chez Beckett ➜ p. 267, 6. Effet comique mots : répétition de quand (l. 6-8)
le couple maître-élève chez Ionesco ➜ p. 260, les absurdité, phrases inachevées ; gestes : exagération
pressions du Parti chez Sartre ➜ p. 258. dans la révélation des sentiments (l. 11, 13).
3e §. Dialogues = difficulté à communiquer
Costumes : complémentarité entre les deux personna-
Ex. : Tardieu ➜ p. 262, malentendus et dialogues de
sourds (Camus, Beckett).
ges couleurs inversées du haut et du bas ou rayures ;
Partie II. Une interrogation sur le destin de l’homme couleurs criardes pour se différencier des passants.
1er §. La place de l’homme dans son environnement Décor urbain : rue, trottoir, passants pressés, dominante
Ex. : cadre angoissant chez Beckett ➜ p. 272 ; cadre de gris ; ou salon à la géométrie fantaisiste, mobilier
familial oppressant chez Pinter ➜ p. 265. incomplet en écho aux répliques des personnages.
162
Vis-à-vis : Ionesco et Tardieu ne peut pas (l. 2), Il n’y a rien à faire (l. 6) ; il lui fait des
7. Chez Ionesco : difficultés de compréhension de l’élève propositions : Veux-tu un radis ? (l. 8), Alors rends-le-
malgré les répétitions et explications du professeur : Je moi (l. 20).
me suis mal fait comprendre (l. 28). b. Phrases interrogatives (l. 3, 8, 9, 11, 18) et exclama-
Chez Tardieu : valeur du langage remise en question tives (l. 15, 17, 19) relation parent-enfant : Estragon se
par l’absence des mots les plus significatifs dans le comporte comme un enfant capricieux, Vladimir essaie
dialogue : Lorsque vous me mieux, vous saurez que je de le contenter.
toujours là (l. 10). 5. Fonction symbolique : pauvreté des personnages,
Langage usé par les habitudes, remis en question côté dérisoire, importance de sa couleur : noir (l. 15)
+ instrument de séduction et de manipulation. Je n’aime que les roses ! (l. 19) avec la restriction qui
8. Aspect insensé de la leçon d’arithmétique : Qu’en- marque l’exclusivité caprice puéril.
tendez-vous par le nombre le plus grand ? Est-ce celui Comique de gestes (l. 13-15) => absurde.
qui est moins petit que l’autre ? (l. 9-11) : rapport de 6. a. Mise en abyme de la pièce : démonstratif Ceci
grandeur dans une antithèse. (l. 24) à valeur générale désignant la situation mais
Prise de conscience des limites du langage : les person- aussi l’intrigue de la pièce.
nages de Tardieu se comprennent à demi-mot. Pas encore assez (l. 25) : caprice supplémentaire, ironie
Prolongement : compléter les phrases du texte en insignifiance des échanges, absurde.
imaginant une situation originale qui surprendra b. Atmosphère triste, ton désabusé : Alors rends-le-
le spectateur. Préparer la lecture du texte initial en moi (l. 20), avec un radis qui devient précieux. Aucune
adaptant la tonalité des répliques à la situation ima- progression de l’intrigue : personnages immobiles (Il
ginée. Relire le texte à haute voix. ne bouge pas, l. 23), le dialogue tourne autour d’un
élément dérisoire comme si les comédiens meublaient
le vide de la situation.
Texte 3
T S. Beckett,
Question de synthèse
En attendant Godot ➜ p. 263

Objectif : Étudier un dialogue absurde.


7. Immobilité des personnages : légumes dans les
poches de Vladimir (didascalie, l. 13).
Décalage entre réplique et action : Je vais chercher une
LECTURE ANALYTIQUE carotte. Il ne bouge pas (l. 22-23).
Première lecture Extrême brièveté des répliques : impression supplémen-
taire de vacuité.
1. Nourriture = absurde ; noms de légumes : radis,
navets, carottes, termes souvent employés au sens figu- Pour aller plus loin
ré dans des expressions populaires effet comique. 8. Recherche
Jeu de mots : radis = aliment frugal dont on mange la Éditions de Minuit, p. 26. Répétitions : Veux-tu une
racine, et dans le langage populaire, argent manque carotte ? / Veux-tu un radis ? (l. 8) ; Rends-moi le navet
de ressources. / Alors rends-le-moi (l. 20)…
2. Ceci devient vraiment insignifiant (l. 24) qui n’a pas L’action se construit sur le rapport aux objets : chaus-
de sens = absurde. sures (p. 11, 95), chapeau (p. 11, 62, 101), aliments insi-
gnifiance de l’existence qui s’attache à des détails.
Mise au point
9. Estragon termine la dernière carotte et dit : C’est
3. Vladimir (prénom russe) et Estragon (nom de plante curieux, plus on va, moins c’est bon (p. 27).
aromatique) aucun rapport entre ces noms. Le spec- Ils répètent : ce n’est plus la peine (p. 75).
tateur peut les confondre puisqu’ils ne sont jamais rap- Estragon : Je ne peux plus continuer comme ça (p. 133).
pelés. Lors de la représentation, seuls les costumes les
différencient, cf. photographie ➜ p. 263 (Gilles Arbona 10. Écriture d’invention
Contraintes du sujet :
= Vladimir, Thierry Bosc = Estragon).
– note d’intention du metteur en scène : présentation
Analyse de son projet avec l’enjeu de la scène et des précisions
4. a. Vladimir impose son point de vue à Estragon : On pratiques sur la représentation ;

163
– éléments du spectacle : jeu des comédiens, décor, – aveu de Teddy (l. 10) ;
costumes, accessoires, bruitages, lumières propo- – sortie de l’oncle Sam (l. 11-13) ;
ser des solutions adaptées en utilisant du vocabulaire – explications entre les deux frères (l. 14-25) ;
technique ; – conclusion de Lenny à propos du comportement de
– longueur : deux pages maximum. son frère (l. 26-fin).
Modèles disponibles sur le site http://www.theatre- Dispute assez vive (répliques brèves), malgré des
contemporain.net + s’inspirer de la photographie pauses dans le dialogue :
➜ p. 263. – Lenny, surpris, harcèle son frère avec des questions
Proposition de début : successives (l. 5, 9, 14, 23…) + exclamatives (l. 26, 32)
« Un texte de Beckett s’apprivoise comme une marquant sa déception qui n’apparaissent qu’à la fin
partition, ciselée, puissante. » Cette phrase du du dialogue ;
metteur en scène Daniel Proia explique l’essentiel – didascalies = moments de silence : Un temps (l. 6, 8,
aux comédiens qui joueront Vladimir et Estragon : 11, 25, 27, 30), Un silence (l. 13) tension (moment de
il leur faudra représenter un duo vocal en s’atta- crise déclenché par un événement anodin).
chant à la portée symbolique de chaque mot, en
b. délibérément (l. 22) Quelle impudence ! (l. 26)
trouvant le ton approprié à chaque réplique. La
volonté de Teddy de nuire à son frère, choqué par
sobriété du décor et des costumes amèneront les
spectateurs à ne s’attacher qu’aux personnages, à
cette révélation.
boire leurs paroles. 4. Le grand jeu (l. 32), Comment interpréter ça autre-
ment ? (l. 33) + équivoque (deux fois, l. 35) : quiproquo,
Prolongement : répondre oralement à la question de malentendu. Mise en abyme : l’auteur prête au person-
lecture analytique de l’exercice 7 ➜ p. 556.
nage des paroles rappelant une scène à jouer, avec des
Durée : 10 minutes.
effets plus ou moins affirmés.
Attention ! Analyse à relativiser car le texte est une tra-
D’UNTexte 3 H. Pinter, Le Retour ➜  p. 265
À L’AUTRE
duction de l’anglais.

Objectif : Étudier une scène familiale conflictuelle du Vis-à-vis : Beckett et Pinter


théâtre contemporain. 5. Nourriture simple : légumes chez Beckett, sand-
wich chez Pinter vie quotidienne + besoin vital : je
QUESTIONS n’en peux plus (Beckett, l. 7) = épuisement moral et
physique ; Vladimir pense à la faim, enjeu de conflit
1. a. Le vol du sandwich de Lenny par son frère Teddy :
dans les deux scènes.
Tu l’as fauché ? (l. 9), J’ai pris ton sandwich au fromage,
Lenny (l. 10). 6. Caïn et Abel : fils d’Adam et Ève. Caïn, jaloux de son
b. Réplique de Lenny (l. 16-19) prosaïsme de la frère, le tue car ce dernier est remercié par Dieu pour
confection du sandwich dans ses moindres détails. ses offrandes.
Chez Beckett, deux personnages fraternels dont le dia-
2. a. En apparence, acte anodin avec des termes fami-
liers et argotiques pour qualifier le vol (pris, l. 7, 10, 14 ; logue révèle néanmoins un rapport de forces.
fauché, l. 9 ; Barboter, l. 33)  en profondeur, mésen- Chez Pinter, rancœur entre deux frères, avec volonté de
tente entre les frères : nuire, par jalousie ou vengeance.
– acte de Teddy intentionnel (vengeance ? provoca- Rivalité, conflit qui rappelle le conflit biblique.
tion ?) : Mais je l’ai pris délibérément, Lenny (l. 22) ; Prolongement : le site http://www.theatre-contem-
– rancœur profonde force des reproches de Lenny : porain.net propose les photographies de deux mises
impudence (l. 26), si… vindicatif à l’égard de ton propre en scène de la pièce de H. Pinter : l’une de Marcel
frère (l. 28), vérité toute nue (l. 31), royaume où tous les Delval (2004) et l’autre de Philippe Lüscher (2005).
coups sont permis (l. 32-33). Dans le cadre d’une séance TICE ou TNI, observer
b. C’est une affaire à régler entre frères dont Sam refuse les photographies de chaque mise en scène (onglet :
de se mêler : il sort (l. 12). en images) en s’attachant aux décors, lumières,
3. a. Étapes du dialogue : costumes. Interpréter les choix de chaque metteur
– entrée de Lenny (l. 1-4) ; en scène : atmosphère, notion de pinteresquerie.
– découverte de la disparition du sandwich (l. 5-9) ; Argumenter en faveur de l’une de ces mises en scène.
164
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Invraisemblance totale des didascalies soulignée par
les personnages eux-mêmes.
S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 267
Seul point de repère : l’arbre, un saule (p. 17, 132), en
Objectif : Étudier une œuvre représentative relation avec la tristesse (Finis les pleurs, p. 17). Sinon,
des thèmes et registres du théâtre de l’absurde. décor vide, à l’image de la vacuité de l’existence.

3. La remise en question du langage


PISTES D’ANALYSE – Passage sur Godot (p. 23) avec des répliques qui se
complètent et représentent une sorte de litanie.
1. Des couples énigmatiques
– Métaphores fugaces de la nuit qui galope (par Pozzo,
a. Vladimir-Estragon : relation fraternelle, couple de
p. 52), de la lune, la blafarde (Estragon, p. 73), de l’habi-
clochards, qui présente des gags aux spectateurs (dif-
tude, cette grande sourdine (Vladimir, p. 128). Estragon
ficulté d’Estragon à se déchausser, p. 9-12 ; disparition
digresse poétiquement à propos de son souvenir de la
de ses chaussures remplacées par d’autres) et s’affuble
Bible (p. 14).
de diminutifs ridicules : Gogo et Didi. Inséparables (ça
– Monologue délirant de Lucky jusqu’alors muet
fait combien de temps que nous sommes tout le temps
(p. 55-58), déclenché par une injonction de Pozzo :
ensemble, p. 74).
Pense ! = parole libérée de l’opprimé, répétitive et
Difficile de les différencier mais Vladimir semble plus
désordonnée (vociférations), mise en relation avec son
raisonnable qu’Estragon.
chapeau (Il ne peut pas penser sans chapeau, p. 58).
Pozzo-Lucky : relation dominant-dominé (corde avec
laquelle Pozzo traîne Lucky), relation ridiculisée par
Vladimir et Estragon (p. 102). Lors de l’arrivée de Pozzo ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
et Lucky, Vladimir et Estragon hésitent et prennent parti
1. Dissertation
tantôt pour le maître, tantôt pour l’esclave.
Mots clés : théâtre de l’absurde = mouvement littéraire
Différenciation aisée : Pozzo est chauve mais Lucky
des années 1950-1960, cf. synthèse ➜ p. 269 ; théâtre
a de longs cheveux blancs (p. 45).
= genre dramatique ; révolutionnent = changent en
Couples à géométrie variable : suivant les scènes, l’un
profondeur.
ou l’autre a le dessus, mais la supériorité de Vladimir
Problématique : Quelle est l’originalité du théâtre de
et de Pozzo ressort fortement.
l’absurde ?
b. Vladimir : prénom russe populaire.
Estragon : plante aromatique. Plan détaillé :
Partie I. Le théâtre de l’absurde a introduit de
Pozzo : consonance italienne, jeu sur les noms Bozzo,
profonds changements
Gozzo (p. 29-30) clown. 1er §. Le rôle accru et insolite des accessoires
Lucky : « chanceux » en anglais antiphrase et ironie Ex. : Ionesco, Les Chaises : l’envahissement de la
du sort car il est victime de la violence de Pozzo qui le scène par les chaises = conscience de la petitesse
considère comme un sous-homme, un knouk (p. 45). de l’homme dans le monde ; le vaporisateur dans
Godot : présent dans le titre et les dialogues, mais En attendant Godot.
absent de la pièce ; nom déformé par Pozzo en Godet… 2e §. Le monde des anti-héros
Godin (p. 39) évoque God, « Dieu » en anglais (barbe Ex. : Beckett, En attendant Godot : Vladimir et
blanche, p. 130 + Nous serons sauvés, p. 133), mais ce Estragon, deux vagabonds ➜ p. 263.
personnage emploie des enfants et bat le frère du gar- 3e §. Le triomphe des didascalies = l’importance de
la mise en scène
çon (p. 71). Le parallèle entre godot et godasse (chaus-
Ex. : Beckett, Oh les beaux jours : immenses didas-
sure = accessoire essentiel dans la pièce) est également calies initiales ➜ p. 272.
présent. Partie I. Mais ce théâtre s’appuie sur les piliers du
genre dramatique
2. Un décor dépouillé 1er §. Les ressorts du registre comique
Acte I : Route à la campagne, avec arbre (p. 9), Où sont Ex. : Ionesco, La Leçon : l’élève a des airs de
les feuilles ? Il doit être mort (p. 17). Monsieur Jourdain de Molière.
Acte II : L’arbre porte quelques feuilles (p. 79), Mais hier 2e §. Les relations conflictuelles
soir il était tout noir et squelettique ! Aujourd’hui il est Ex. : Ionesco, Le roi se meurt : le comportement
couvert de feuilles (p. 92). opposé des deux épouses du roi ➜ p. 272.
165
3e §. L’échange constant par le langage QUESTIONS
Ex. : Sarraute, Isma ➜ p. 273.
Première approche
2. Écriture d’invention
1. Scène banale chez le barbier : client assis sur un
Contraintes du sujet :
fauteuil en cuir, mousse à raser sur le visage.
– clore la pièce d’une autre façon, mais rester dans la
Le barbier, vêtu d’un tablier, tient d’énormes ciseaux,
cohérence de l’œuvre de référence (style, personnages,
avec lesquels il coupe les cheveux du client.
intrigue, registres…) ;
Surprise en raison des dimensions des ciseaux
– deux possibilités : retour du garçon, émissaire de
(hyperbole), puis rire lié au contraste entre les ciseaux,
Godot justifiant son retour après sa fuite ou commen-
menaçants, et l’attitude impassible des personnages
taires de Vladimir et Estragon se retrouvant seuls ;
burlesque.
– écriture théâtrale : didascalies et répliques ;
– théâtre de l’absurde : questionnement sur la condition Analyse
humaine et sur le langage brièveté des répliques,
2. Au centre, en diagonale = place essentielle dans le
lieux communs, enchaînements déconcertants, propos
cadre mise en valeur, saisissement immédiat du
pseudo-philosophiques…
spectateur.
Proposition de début de rédaction :
3. Costume ordinaire pour le client : cape de coupe très
Silence. Tintement de sonnailles et bêlements de
chèvres se rapprochent.
large, une sorte de drapé.
VOIX EN COULISSE (chantant). – Il était une chèvre de Étrange pour le barbier : blouse blanche de boucher
fort tempérament qui revenait d’Espagne et parlait au lieu du tablier.
l’allemand… 4. Barbier : très concentré, sérieux, penché sur les
ESTRAGON (chantonnant et dansant). – Ballotant ciseaux pour couper les cheveux avec le plus de pré-
d’la queue et grignotant des dents, ballotant d’la cision possible.
queue et grignotant des dents… Client : regard absent, sourcils froncés en situation
VLADIMIR (hurlant pour se faire entendre sur la
d’attente, méditatif, pas du tout effrayé de la dimension
chanson qui se fait de plus en plus entraînante).
des ciseaux.
– Qu’est-ce qui t’arrive ? Arrête ça tout de suite !
ESTRAGON. – Juste au moment où je commençais à 5. Jimmy Shannon compte ouvrir sa brasserie le
m’amuser ! soir même. Pour être présentable, il entre dans une
GARÇON (entre en poursuivant sa chanson). – Elle boutique du boucher-barbier, « Le Géant du che-
entra par hasard dans… veu ». Après quelques minutes d’attente devant
ESTRAGON (enchaînant avec un timbre joyeux). – … un étal de viandes, il enfile la cape, est rasé de
le champ d’un Normand. près, puis coiffé. Absorbé par les derniers prépa-
VLADIMIR (s’énervant). – Mais arrêtez-moi ça tout ratifs de l’inauguration, il ne se rend pas compte
de suite ! de l’énormité des ciseaux qu’utilise son barbier
Le garçon et Estragon s’exécutent tout penauds. image parodiant l’épisode mythique de l’épée
Silence. de Damoclès.
VLADIMIR. – Notre aventure ne va tout de même pas
se terminer là-dessus ! Non ! Je refuse ! Question de synthèse
Il chasse le garçon avec ardeur… 6. Forte présence de l’insolite => activités banales pré-
sentées de manière décalée :
Analyse E. Sedgwick, – absurdité de la taille des ciseaux pour couper les
d’image Le Roi de la bière ➜  p. 268 cheveux du client ;
– contraste entre la situation dangereuse et le regard
Objectif : Découvrir comment le cinéma burlesque a absent du client ;
incarné l’absurde. – comique de situation.
Prolongement : établir la distinction entre la notion
de burlesque en littérature et au cinéma. Dans quelle
forme d’expression artistique la définition est-elle
plus restrictive ?

166
Histoire des arts ➜ p.270 annonce la fin d’un ton sentencieux : Il n’y a plus de
Jeux et fantaisie dans l’art contemporain temps (l. 6) ambiguïté : le temps est aboli, donc la
mort s’éloigne, ou au contraire la mort arrive puisqu’il
n’y a plus de temps.
QUESTIONS
Le garde et le médecin, également astrologue, annon-
1. Éloge de la société de consommation : couleurs gaies cent la mort du roi : présage, Sur les registres de l’uni-
et attrayantes, trois bouteilles sur le réfrigérateur en vers, Sa Majesté est portée défunte (l. 12-13) ; morbidité :
guise de décoration, abondance des produits sur la il est bien plus mort que vif (l. 17).
table. Dernières répliques = impuissance des femmes à
Critique : envahissement des produits sur la table qui réconforter le roi : Il ne me croit plus, il ne croit plus
laisse à peine voir la nappe à carreaux, pauvreté intel- qu’eux (l. 22-23).
lectuelle d’une société qui livre en nature morte (titre b. Métaphore Le temps a fondu dans sa main (l. 6-7) :
de l’œuvre) des produits de consommation courante ; temps = glace qui perd son état solide jusqu’à dissolu-
univers artificiel, illusoire (décor de théâtre). tion complète angoisse du roi.
2. Andy Warhol : 3. a. Obsession du temps + présage du médecin : un
– Campbell’s Soup (1962) : 32 sérigraphies sur toile vide, dans le ciel, à la place de la constellation royale
représentant la même soupe, dans des couleurs diffé- (l. 10-11) fatalité.
rentes mise en valeur de l’objet comme sur un rayon b. Différents registres :
de supermarché, simplicité prônée dans la répétition ; – tragique et pathétique : omniprésence de la mort
– Grand Coca-Cola (1962) : œuvre de grande dimension, (l. 13, 14, 17, 18-20), fatalité (présage, fuite du temps) ;
un produit de consommation représenté en noir et – comique : anaphore en forme d’incantation (l. 1-4),
blanc devient un symbole du Pop Art aux yeux du grand décalage entre les propos du garde et ceux de
public. Marguerite (Idiot, l. 15), absurdité des suppliques du
Roy Lichtenstein : roi (l. 18-20…).
– "It is… with me!" (1963) ➜ p. 262 : agrandissement
d’une image de bande dessinée avec la bulle qui montre
APPROFONDIR
l’aspect stéréotypé d’une scène de la vie de couple ;
– Hot Dog (1963) : peinture géante sur tôle émaillée
qui stylise l’objet perdant alors sa nature d’aliment en 2 Décor dans le théâtre de l’absurde
raison des aplats de couleurs, des reflets, et du trait noir S. Beckett, Oh les beaux jours
qui cerne chaque relief nourriture emblématique de 1. Connotations apocalyptiques : fin du monde, terre
la société américaine, valeur d’icône. volcanique, relief accidenté : herbe brûlée (l. 1), Pentes
(l. 2), plaine dénudée (l. 8) connotations de danger
(brûlée, l. 1 ; abrupte, l. 3 ; Lumière aveuglante, l. 5) et
Exercices d’approfondissement ➜ p. 272 de sensualité (douces, l. 2 ; mamelon, l. 2) + fausseté du
décor (Une toile de fond en trompe-l’œil très pompier,
REVOIR l. 6) illusion du théâtre.
2. Winnie Enterrée jusqu’au-dessus de la taille (l. 9)
1 Théâtre de l’absurde et fatalité danger, immobilité forcée seul centre d’intérêt
E. Ionesco, Le roi se meurt du spectateur.
1. Anaphore de la conjonction Que espoir d’une vic- 3. Encore une journée divine (l. 26) : hyperbole et conno-
toire possible face à la fuite du temps, confirmé par le tation méliorative de l’adjectif divine, Winnie apprécie
champ lexical du temps (temps, ans, semaine dernière, le beau temps, carpe diem  ensevelissement constaté.
hier soir, retourne, arrête, l. 1-5) et la dernière réplique 4. Peu de liberté en raison de la précision et de l’abon-
de Marie avec son impératif répété : Espère (l. 23). dance des didascalies :
2. a. Marie rassure le roi, en suivant sa logique ; – décor détaillé : Maximum de simplicité et de symétrie
Marguerite, sa première épouse, également, puisqu’elle (l. 4) ;
s’en prend au garde qui annonce la mort de Bérenger : – lumière : aveuglante (l. 5) ;
Idiot, tu ferais mieux de te taire (l. 15-16). Cependant, elle – toile de fond : style très pompier (l. 6), représentation
167
de l’horizon avec un ciel sans nuages (l. 7) et une plaine 2. Rythme très rapide : Tout le XXe siècle s’est écroulé
dénudée (l. 8) ; (l. 5) effet comique, verbe de mouvement traverse
– physique de Winnie : La cinquantaine, blonde, gras- (l. 4) ; écroulement du musée : Coup de tonnerre. Le
souillette, poitrine plantureuse (l. 10-12) ; mur du musée se fend (l. 7), deux branches apparaissent
– costume de Winnie : corsage très décolleté, collier de coup sur coup ; phrases exclamatives (l. 6, 10, 15, 16).
perles (l. 12-13) ; 3. Combat contre un ennemi inidentifiable alors que le
– position et gestes des personnages : les bras sur le musée s’écroule :
mamelon, la tête sur les bras (l. 13-14), Elle se redresse, – champ lexical de la violence guerrière : se battre (l. 2),
pose les mains à plat […] zénith (l. 24-25) ; ivre de rage, lance ses troupes (l. 8-9), résistance (l. 9),
– énumération des accessoires : un grand sac noir battez-vous (l. 11) ;
(l. 14-15), une ombrelle (l. 15) ; – exhortation des troupes : impératifs : Ne reculez pas
– organisation du temps : Un temps long (l. 20), cinq (l. 10), battez-vous (l. 11), Sauvons la planète que nous
secondes (l. 20-21), trois secondes (l. 22)… avons inventée ! À bas la nature, vive l’art ! (l. 15-16) ;
Part de liberté pour le physique de Willie et les couleurs – tableaux = munitions (l. 12-14).
du décor.
4. a. Thèse opposée à celle de Rousseau rejet de
Metteur en scène à qui aucun écart ne semble accordé.
la nature, opposée à l’art, dans un antagonisme entre
nature et culture : nous ne retournerons pas dans les
3 Théâtre et représentation sociale cavernes ! (l. 14-15).
N. Sarraute, Isma
b. Plan détaillé de dissertation :
1. Conversation entre amis à propos de l’usage et du Partie I. A priori, la nature est exclue de la littéra-
charme (l. 19) des lieux communs dans les échanges. ture. (thèse)
2. a. le lieu où l’on se rencontre (l. 4) juste : partage de 1er §. L’écrivain s’en détourne, surtout au théâtre.
valeurs communes et lieu dans le sens du topos, du cliché. Ex. : S. Beckett, Oh les beaux jours ➜ p. 272 : inven-
tion d’un décor artificiel.
b. il n’y a plus de saisons ! (l. 35-36) ; Ah ça ne nous
2e §. L’écrivain la néglige, privilégiant l’artificiel
rajeunit pas ! (l. 36-37) ; J’aime ce livre parce qu’il est
et l’abstrait.
un monument de langage (l. 37-38). Ex. : refuge des poètes symbolistes (S. Mallarmé)
3. Points de suspension (l. 4, 7, 9…) : personnages dans une tour d’ivoire faite de rêve et d’idéalisme.
interrompus vivacité des échanges, tout le monde 3e §. L’écrivain la dépasse pour atteindre l’idéal.
souhaite donner son point de vue. Ex. : G. Apollinaire, « Per te praesentit aruspex »
Phrases interrogatives (l. 1-2, 3, 13) : volonté de cerner ➜ p. 86 : la femme devient la muse du poète, elle
au mieux la notion abordée. remplace la nature qui a longtemps joué ce rôle.
Partie II. En fait, la nature a un véritable rôle
4. Superficialité des relations : Ce n’est que de la surface à jouer dans la littérature. (antithèse)
(l. 18-19) ; platitude liée aux habitudes : c’est tout à fait 1er §. Cadre de l’histoire, lien essentiel avec l’homme
désuet (l. 23), Tout ce qu’il y a de plus usé (l. 24) ; hypo- (interaction).
crisie : pour recouvrir, pour étouffer (l. 42). Ex. : Céline, Voyage au bout de la nuit ➜ p. 164  :
5. Lucidité du personnage sur l’enjeu des lieux com- description de la traversée du fleuve avant d’atteindre
muns : éviter de se révéler + désir de changement l’exploitation coloniale.
jamais mis en pratique : Si seulement on voulait… si 2e §. Reflet idéal de l’âme de l’artiste (source
d’inspiration).
on osait… (l. 39-40) langage sclérosé parce que les
Ex. : Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Correspon-
habitudes rassurent.
dances » ➜ p. 36.
3e §. Valeur symbolique (nature idéalisée, sublimée
ÉCRIRE par la plume de l’écrivain).
Ex. : Bernardin de Saint Pierre, Paul et Virginie
➜ p. 382 : cadre idyllique de l’île.
4 Réflexion dans le théâtre
contemporain
J.-M. Ribes, Musée haut, musée bas
1. Déluge (Genèse, 7, 1-24) : arche de Noé pour sauver
les espèces et les hommes.
168
Prolongements

Textes ● J.-M. Ribes, Musée haut, musée bas (2004) :


Pièces de théâtre où triomphent l’absurde auteur = metteur en scène
et la dérision Texte enregistré
● A. Jarry, Ubu roi (1896) Lecture d’un extrait : E. Ionesco, La Leçon (1951)
● R. Vitrac, Victor ou les Enfants au pouvoir (1929) Art contemporain
● A. Camus, Caligula (1944) ● M. Parr, La Tour de Pise (1990) : regard sarcastique
sur le tourisme de masse
● E. Ionesco, La Cantatrice chauve (1950)
● C. Guichard, Louise Bourgeois (1993) : reportage
● A. Adamov, Le Ping-Pong (1955)
sur l’artiste franco-américaine (1911-2010)
● S. Beckett, Fin de partie (1957)
● J. Tardi, C’était la guerre des tranchées, 1914-1918
● B. Vian, Les Bâtisseurs d’empire ou le Schmürz (1993) : regard original sur une tragédie de l’histoire
(1959)
● J. Tardieu, La Comédie du langage, Iconographie
suivi de La Triple Mort du client (1987) Nombreuses ressources sur l’art contemporain
Romans sur le site du Centre Pompidou :
http://www.centrepompidou.fr
● F. Kafka, Le Procès (1925)
● A. Camus, L’Étranger (1942) Activités d’invention
Essais et études ● Élaborer une affiche au format A3 de la
● A. Degaine, Histoire du théâtre dessinée, représentation de l’une des pièces de la séquence
Éd. Nizet (2000) en utilisant des procédés visuels et graphiques
● M. Esslin, Théâtre de l’absurde, caractéristiques de l’art contemporain.
Éd. Buchet-Chastel (1963) ● Développer le dialogue théâtral de Musée haut,
musée bas ➜ p. 273, en le transposant dans le genre
Dans le DVD-Rom romanesque, et en mêlant narration, description et
Mises en scène discours rapportés.
● E. Ionesco, Le roi se meurt (1962) : mises en scène
de Jorge Lavelli (1977) et de Georges Werler (2005)

169
VERS LE BAC
Le mélange des registres au théâtre
➜ Livre de l’élève, p. 274

OBJECTIFS / mort de son fils  Alcandre, au ton léger il sait que


– S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant sur le fils de Pridamant n’est pas mort (l. 18-19).
un corpus de textes de théâtre de différentes époques. Dans le texte 3, scène qui met les personnages dans
– Travailler sur le mélange des genres et des registres. une position ridicule : Ruy Gomez provoque un branle-
bas de combat (v. 1-3), ce qui s’oppose à l’annonce de
la mort de l’empereur (v. 4-5).
OBJET D’ÉTUDE
Conclusion
Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe siècle à
Mélange des registres pour différentes façons d’évo-
nos jours
quer un thème a priori grave : la mort.

CORPUS
SUJETS AU CHOIX
Texte 1 W. Shakespeare, Hamlet
Texte 2 P. Corneille, L’Illusion comique 1. Commentaire
Texte 3 V. Hugo, Hernani Introduction
– Auteur : P. Corneille (1606-1684), dramaturge français.
SUJET POUR LES SÉRIES GÉNÉRALES D’abord un dramaturge baroque, avec le procédé du
théâtre dans le théâtre.
Question – Œuvre : L’Illusion comique (1635), l’une des dernières
Introduction comédies de P. Corneille, avant de n’écrire que des
– Auteurs phares de leur époque. W. Shakespeare : tragédies.
auteur élisabéthain, mélange les genres et les registres Titre + mise en abyme réflexion sur le théâtre et sa
dans des pièces baroques ; l’un des modèles de V. Hugo place dans la société.
(texte 3). P. Corneille est passé du baroque au début du – Texte : extrait du dénouement de la pièce. Pridamant
XVIIe siècle (texte 2) au classicisme (2e moitié du siècle). croit avoir vu son fils mourir, mais le mage Alcandre lui
– Contextes : trois périodes. Théâtre baroque réserve une surprise : le père a vu une pièce de théâtre,
élisabéthain (texte 1), théâtre baroque français (texte 2), son fils n’est pas mort mais comédien.
romantisme (texte 3). En commun : montrer sur scène – Projet de lecture : Par quels moyens Corneille
la diversité et la richesse de la vie. ménage-t-il la révélation finale ?
– Forme : trois extraits de pièces de théâtre. Plan proposé
– Thème : la mort (perception, réflexion sur la condition Partie I. Un père éploré
humaine). 1er §. Le registre pathétique (l. 1-4)
– Question : procédés et registres pour évoquer la mort. Ex. : cf. réponse à la question d’analyse.
2e §. Le désir de mourir = registre tragique (l. 3-4)
Développement (éléments de réponse)
Ex. : cf. réponse.
Opposition entre deux tonalités : 3e §. L’incompréhension des indices donnés par le
– texte 1 : le fossoyeur ne s’exprime qu’en chantant mage (l. 12, 14-17)
(l. 1 et 9) indifférence devant la mort ; il chante en Ex. : anaphore marquant l’extrême surprise (« Je
creusant des tombes (l. 5-6)  Hamlet qui utilise un ton vois ») + antithèse « les vivants et les morts ».
grave, élégiaque : Ce crâne avait une langue, et pouvait Partie II. Un mage omniscient
chanter jadis ! (l. 14) ; 1er §. L’ironie (l. 5-10)
– texte 2 : Pridamant avec des propos pathétiques, Ex. : entretien de l’illusion, compassion feinte
champ lexical de la souffrance dans les lignes 1 à 4 : devant la volonté de suicide avec la rime
plaintes, douleur, se plaint, déplorable + registre tra- « entrailles » / « funérailles ».
gique : sort ; / Adieu, je vais mourir (l. 3-4) désespoir
170
2e §. Le metteur en scène (l. 10) + didascalie 3e §. Représentation des aspects grotesques et
Ex. : indices de la mise en abyme avec la fonction désespérants de la condition humaine dans le
essentielle du rideau démarcatif. théâtre de l’absurde (burlesque)
3e §. La révélation finale (l. 18-19) Ex. : E. Ionesco, La Leçon (1951), Le roi se meurt
Ex. : champ lexical de la comédie (théâtre) (1962).
= 1re étape de l’éloge du théâtre. Partie III. La complexité humaine est constitutive
Conclusion de l’art théâtral
1er §. Écrire du théâtre = « mêler […] l’ombre à la
– Bilan : mélange des registres pathétique et ironique
lumière »
pièce baroque, force du théâtre au 1er plan.
Ex. : passion amoureuse et mort inéluctable dans
– Ouverture : Quels points communs entre cette comé- les pièces de J. Racine, Andromaque (1667) ;
die et le drame romantique ? double facette, attachante et effrayante des mono-
manes de Molière, tel Arnolphe dans L’École des
2. Dissertation femmes (1662).
Introduction 2e §. Affrontement symbolique entre le bien et le
– Contextualisation : mélange des genres et des mal = « mêler […] le corps à l’âme »
registres dans l’histoire du théâtre. Ex. : les pièces de Shakespeare comme Hamlet
– Sujet : citation de V. Hugo, extrait du texte manifeste (1601), les drames de Strindberg comme
du drame romantique. Mademoiselle Julie (1888).
Expliquer la citation puis confronter les deux façons de 3e §. Opposition entre la partie animale et la par-
tie humaine de l’homme = « mêler […] la bête à
comprendre la définition programmatique de V. Hugo.
l’esprit »
– Problématique : Quelle est la définition du théâtre
Ex. : mélange d’humanité et de bestialité ressenti
selon Hugo ? Se résume-t-elle au mélange des par Phèdre dans la tragédie de J. Racine (1677).
registres ?
Conclusion
Plan proposé – Bilan : définition du drame romantique par V. Hugo
Partie I. Le théâtre selon V. Hugo (explication de
= image complète de l’art dramatique (mélange des
la citation)
1er §. L’imitation de la nature
genres et des registres, connaissance de la complexité
Ex. : les longues didascalies au début des actes des humaine).
pièces de Hugo ; le rôle de don César dans Ruy – Ouverture : Cette définition peut-elle s‘appliquer à
Blas (1838). l’histoire du roman ?
2e §. Le mélange des registres (du « grotesque »
au « sublime ») 3. Écriture d’invention
Ex. : différents personnages pour divers milieux Analyse du sujet
sociaux, avec chacun leur langage, dans Le Songe – Forme : une note d’intention.
d’une nuit d’été de W. Shakespeare (1595). – Thème : interprétation explicite de la lecture d’un
3e §. Le mélange des genres (de « l’ombre » à « la metteur en scène.
lumière »)
– Contrainte : tenir compte de tous les aspects de la
Ex. : le théâtre dans le théâtre, emboîtement d’une
mise en scène (décors, costumes, mais aussi lumière,
tragédie dans une comédie dans L’Illusion comique
de P. Corneille (1635).
musique…).
Partie II. Le théâtre incarne ce projet en mélan- Proposition de corrigé (début de la note)
geant les registres – Tout est sombre. Toile de fond avec des nuages.
1er §. Violence de la société et soif de pouvoir dans Le sol semble boueux. Il s’agit de plonger le spec-
les pièces élisabéthaines (mélange des registres tateur dans une ambiance lugubre.
tragique et polémique) – Halo de lumière sur le fossoyeur qui chante tout
Ex. : W. Shakespeare, Hamlet (1601), Macbeth en creusant révéler progressivement l’antithèse
(1606), Le Roi Lear (1606). étrange, voire dérangeante, entre l’atmosphère de
2e §. Reconstitution historique précise et histoires la scène et le chant du personnage.
d’amour impossibles dans le drame romantique – Hamlet et Horatio entrent dans un autre rond
(mélange des registres tragique et comique) de lumière : ils restent à bonne distance du fos-
Ex. : V. Hugo, Hernani (1830), Ruy Blas (1838). soyeur accentuer l’étrangeté de la conduite du
fossoyeur.

171
– Hamlet est habillé d’un collant et d’un pourpoint – texte 2 : pour Pridamant, la mort de son fils lui fait
de velours noirs. Horatio est un peu en retrait, envisager le suicide (l. 3-4) ; pour Alcandre, la mort
habillé de la même façon que Hamlet, mais dans n’est qu’un jeu de plus, lié au thème baroque de la vie
un tissu et une coupe moins élégants => bien dif- vue comme un songe ;
férencier les deux compagnons. ● texte 3 : l’annonce de la mort de l’empereur est
– Les deux hommes marchent durant les deux pre-
donnée comme un prétexte pour expliquer la présence
mières répliques. Hamlet s’arrête pour prononcer
les vers 1 à 8. Il s’arrête après la première phrase du roi chez doña Sol. Logique de diversion.
et met ses mains à hauteur de ses yeux pour pro-
noncer la deuxième. Pendant le dialogue des deux SUJETS AU CHOIX
jeunes hommes, le fossoyeur a chantonné.
=> Instaurer une atmosphère grave et solennelle. 1. Commentaire
[…] Introduction
– Contextualisation : V. Hugo = chef de file du roman-
SUJET POUR LES SÉRIES TECHNOLOGIQUES tisme français qui a théorisé un nouveau genre, le drame
romantique, dans une préface à la pièce Cromwell
Questions (1827).
1. Quatre formes de comique : mots, geste, situation Hernani = scandale, car drame à l’encontre de toutes
et caractère. les règles classiques du théâtre.
Dans le corpus, essentiellement le comique de – Texte : exposition de la pièce. Scène 3 du premier
situation : acte : deux personnages masculins ennemis, le roi don
– antithèse entre le ton de la chanson du fossoyeur et Carlos et Hernani, chez la femme qu’ils aiment tous les
son activité macabre dans Hamlet (texte 1) ; deux, doña Sol.
– deux hommes amoureux cachés chez une jeune – Projet de lecture : Par quels moyens V. Hugo pré-
femme chez V. Hugo (texte 3) : impression de voir une sente-t-il ses personnages de façon originale ?
scène de vaudeville, transformée en scène de tragédie Plan proposé
avec l’annonce de la mort de l’empereur ; Partie I. Le retournement de situation
– révélation finale : celui que l’on croyait mort ne l’est 1er §. Un danger supposé (v. 1-3)
pas, dans L’Illusion comique (texte 2). Ex. : structure ternaire des armes portées par don
Comique de mots dans les textes 1 et 2 : Ruy Gomez (« Ma hache, mon poignard, ma dague
– humour noir chez W. Shakespeare : propos du chant de Tolède », v. 2).
avec ses apocopes et syncopes (Me v’la embarqué pour 2e §. L’annonce de la mort de l’empereur (v. 4-5, 8)
l’aut’ monde, l. 11) ; Ex. : valorisation de la nouvelle par l’allitéra-
– ironie d’Alcandre chez P. Corneille (l. 5-10) : le tion en [m], « la mort / De Maximilien, empereur
d’Allemagne ».
magicien feint d’entrer dans la volonté de mourir de
3e §. La reconnaissance des personnages didas-
Pridamant.
calies + la façon dont chaque personnage reconnaît
Suivant le metteur en scène, la réaction effarouchée du « le roi » (v. 6)
roi don Carlos peut devenir grotesque, et donc relever Ex. : possible comique de geste dans l’attitude
du comique de geste, ou être traitée sur un mode plus effarouchée du roi.
dramatique : Il jette son manteau, et découvre son visage Partie II. Une situation tragique rendue comique
caché par un chapeau (didascalie qui suit le vers 5). 1er §. Un branle-bas de combat excessif (v. 1-3 + 3e
2. L’attitude devant la mort permet de peindre la per- didascalie + v. 14-16)
Ex. : réactions conjointes et dramatisées de tous les
sonnalité de chaque personnage :
personnages. Impression d’un portrait de groupe
● textes 1 et 2 = refus de la mort :
très dynamique.
– texte 1 : trois personnages pour trois attitudes, le fos- 2e §. Un prétexte pour cacher une scène de vaude-
soyeur indifféren[t] (l. 7), ce que souligne la didasca- ville (v. 3-4, 13, 17)
lie répétée chantant (l. 1, 9) ; Hamlet qui refuse l’idée Ex. : au vers 17, le contraste entre apostrophe
même de la mort (l. 14-17) ; Horatio, observateur objec- « Altesse » et le nom « L’apparence » révèle la
tif, a une attitude intermédiaire, comprenant à la fois situation grotesque dans laquelle se retrouve le roi.
le fossoyeur (l. 7) et Hamlet (l. 17), 3e §. Don Ruy Gomez ridiculisé par le roi (v. 7-12)

172
Ex. : antithèse entre « bien simple » et « bien du 3e §. L’homme est l’acteur de sa propre vie
bruit » (v. 12) marquée par la répétition de l’ad- Ex. : les révolutionnaires dans Les Justes de Camus
verbe « bien ». (1949) ; la résistance de Bérenger dans Rhinocéros
Conclusion d’E. Ionesco (1959).
Partie III. Le théâtre permet de réfléchir sur la mort
– Bilan : exposition originale avec basculement dans le
1er §. La mort comme une punition des actions
genre et le registre de la pièce.
humaines dans les tragédies et les drames
– Ouverture : Cette pièce évoluera-t-elle vers la comédie romantiques
ou vers la tragédie ? Ex. : la ruse de don Salluste est punie par la mort
à la fin de Ruy Blas de V. Hugo (1838).
2. Dissertation 2e §. La mort est vue comme un choix radical
Introduction Ex. : le mythe d’Antigone, de Sophocle à J. Anouilh.
– Contextualisation : le genre théâtral fait représenter 3e §. La mort est une preuve de l’absurdité de la
toutes les facettes de la vie et de la condition humaine. condition humaine
– Sujet : lien entre la représentation théâtrale et la Ex. : les pièces de l’absurde comme Le roi se meurt
réflexion. d’E. Ionesco (1962).
– Problématique : Comment le théâtre invite-t-il à réflé- Conclusion
chir sur le sens de l’existence ? – Bilan : théâtre = mise en scène du conflit et de la
Plan proposé violence représentation des différentes facettes de
Partie I. Le théâtre permet de réfléchir sur les liens la vie humaine et sociale + réflexion.
entre les hommes – Ouverture : La réflexion sur le sens de l’existence est-
1er §. Les relations parents / enfants elle la seule raison d’être du théâtre ?
Ex. : Molière, L’Avare (1668) ou Les Fourberies de
Scapin (1671). La comédie se définit comme un 3. Écriture d’invention
conflit de générations entre deux jeunes amoureux Analyse du sujet
et un père, un oncle ou un tueur en opposant. – Forme : une réplique théâtrale développée tirade.
2e §. Les relations maîtres / valets
– Contenu : les procédés du registre lyrique, des didas-
Ex. : Marivaux, L’Île des esclaves (1725) ou la trilo-
calies éclairant les attitudes et les réactions du
gie espagnole de Beaumarchais. Relations sociales
qui dynamisent l’intrigue et participent à la cri-
personnage.
tique sociale. Proposition de corrigé (début de la réplique)
3e §. Les relations amoureuses dans les drames et Je vois Clindor. Clindor ! mon fils ! (Pridamant
les tragédies fixe son fils, cligne des yeux comme s’il n’en croyait
Ex. : l’amour passionnel insensé de Phèdre pour pas ses yeux.) Il est souriant, il a l’air heureux ! Je
son beau-fils Hippolyte dans la pièce de J. Racine ne comprends pas… Je vois Rosine. Toujours aussi
(1677) ; amour impossible de Cyrano de Bergerac belle, fraîche. (Pridamant se tourne vers Alcandre,
d’E. Rostand (1897). celui sourit et s’avance vers lui.) Je vois leur assas-
Partie II. Le théâtre permet de réfléchir sur la façon sin. Mais qu’est-ce que cette histoire ? Ils semblent
de concevoir l’existence amis maintenant. Voyez, Clindor lui tend quelque
1 er §. L’homme est le jouet des dieux dans la chose ! M’expliquerez-vous à la fin ? Je vois sa
tragédie femme et Lise. Que font-ils tous, ainsi réunis ? […]
Ex. : Phèdre de J. Racine est la victime de Vénus.
2e §. L’homme est le jouet de ses passions
Ex. : Hernani et le roi don Carlos aiment la même
femme, doña Sol, dans Hernani de V. Hugo (1830).

173
CHAPITRE
5 Renaissance
et humanisme en Europe
➜ Livre de l’élève, p. 278

SÉQUENCE 13
Découvrir et former l’homme
➜ Livre de l’élève, p. 279

Modalisateurs (adverbes, conjonctions et pronoms)


Texte 1
T N. Machiavel,
de sens absolu pour asseoir cette idée : toutes les fois
Le Prince ➜ p. 280
qu’il fuira cela (l. 4), ne trouvera aucun péril (l. 5), Être
Objectif : Analyser la rigueur et la lucidité d’un traité rapace […], c’est par-dessus tout ce qui […] le rend haïs-
politique moderne. sable (l. 5-7), toutes les fois qu’à l’ensemble des hommes
(l. 7-8), personne ne pensera à le tromper (l. 15).
LECTURE ANALYTIQUE 5. Antithèse entre l’ensemble des hommes (l. 8) et le
petit nombre (l. 9).
Première lecture Interdépendance de ces deux parties de la société,
1. Avec une morale irréprochable, le prince échappe malgré l’écart numérique : s’assurer le respect de la
au mépris et à la haine du peuple. Donnant l’exemple société entière, c’est minimiser le risque d’une conju-
autour de lui, il satisfait son peuple (ils vivent contents, ration (petit nombre d’insatisfaits extrêmement réduit).
l. 8-9), et peut se concentrer sur tout risque de conju- 6. Deux énumérations en opposition :
ration (combattre l’ambition du petit nombre, l. 9), et – inconstant, léger, efféminé, pusillanime, irrésolu
éviter les trahisons (personne ne pensera à le tromper (l. 10-11) = adjectifs qualificatifs énonçant les défauts ;
ni à le circonvenir, l. 15). – grandeur, courage, gravité, force […] et vouloir (l. 13)
2. Tout risque d’attaque extérieure est minimisé si son = noms mélioratifs scandant les qualités à cultiver,
peuple lui est attaché. excellent et respecté des siens celles d’un homme fiable, à la sentence […] irrévocable
(l. 18), il s’assure la paix avec les potentats extérieurs (l. 14).
(l. 20), fragilisés devant tant de cohésion. Opposition terme à terme : écart flagrant souligné.
7. Répétitions du 2e § :
Mise au point
– très réputé, et contre qui est réputé, on conjure diffi-
3. Interventions directes du locuteur : cilement (l. 16-17) : la morale du prince affermit l’État ;
– j’ai parlé des plus importantes [des qualités du prince], – on conjure difficilement, on l’attaque difficilement
je veux discourir des autres (l. 1-2) = lien avec les idées (l. 17) : accentuation du côté redoutable d’un État
précédemment énoncées, procédé répété à la ligne 24, affermi par la bonne conduite du prince ;
où l’incidente s’il est ordonné et a vécu comme je l’ai dit – il se défend avec les bonnes armes et les bons amis et
rappelle l’argument du § précédent ; s’il a de bonnes armes, il aura de bons amis (l. 20-21) :
– comme je l’ai dit (l. 7, 24, 25). chiasme parfait corrélation entre la stratégie assurée
Cohésion du texte + fonction phatique (communica- du prince et le soutien de ses alliés ;
tion avec le lecteur afin de s’assurer de la compréhen- – Et les choses du dedans demeureront toujours fermes,
sion des idées). quand celles du dehors demeureront fermes (l. 21-22) :
Analyse antithèse entre dedans et dehors soutenue par la répé-
tition verbale principe de vases communicants de la
4. Base de la morale = fuir toute attitude déshonorant morale du prince.
la morale afin de s’assurer le respect de tous.
174
Être respecté chez soi permet de l’être à l’extérieur, Texte 1
D’UN É. de La Boétie, Discours
et vice versa. Monarque redouté car il soutiendra tou- À L’AUTRE
de la servitude volontaire
jours tous les assauts (l. 25).
➜ p. 282
8. Prédominance du futur : aura (l. 21), demeureront
(bis, l. 22), soutiendra (l. 25). Objectif : Étudier l’aspect polémique d’un essai sur
Valeur : assurance d’un avenir de force et de tranquillité. l’exercice du pouvoir.

Question de synthèse QUESTIONS


9. Le prince est craint dans le bon sens du terme : pas 1. Connotation péjorative des trois apostrophes ini-
redouté comme un tyran car l’usurpation et l’injustice tiales. Nombreux adjectifs modalisateurs qui dénigrent
seraient source de conjuration, mais craint pour sa force la capacité des peuples à se laisser soumettre par la
morale et sa capacité à ne pas baisser la garde devant tyrannie : Pauvres, misérables, insensés, opiniâtres,
l’ennemi. aveugles (l. 1-2) volonté de faire réagir les lecteurs,
Pour aller plus loin tous les sujets du royaume, afin qu’ils contredisent ces
qualificatifs dévalorisants.
10. Recherche
Laurent de Médicis (Florence, 1492-1519). 2. Énumérations des malheurs subis par le peuple :
– Membre d’une grande famille de banquiers et de – enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de
marchands italiens, probablement issus d’ascendants votre revenu, piller vos champs, voler et dépouiller vos
médecins ou apothicaires. Il n’est pas à confondre avec maisons (l. 2-4) ;
son grand-père Laurent le Magnifique (1449-1492), dont – tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine (l. 7).
les décisions politiques et le goût des arts ont fait de Champ lexical du pillage, comme celui d’une armée
Florence une ville brillante. qui terrasse tout sur son passage.
– Fils de Pierre II, Médicis chassé de Florence par le 3. Opposition entre l’impression laissée par le champ
prêtre insurgé Savonarole. lexical du pillage, associé aux ennemis (l. 7), au camp
– 1513 : année où Machiavel lui dédie son traité Le adverse lors d’un conflit, et l’ennemi (l. 8) qui person-
Prince ; il succède à son oncle Julien qui a repris le nalise la tyrannie : tension entre pluriel et singulier
pouvoir à Florence grâce au pape Jules II. Gouverne = dénonciation de la mainmise d’un seul sur tous, mais
pour un autre pape, Léon X. perspectives de révolte, de tous contre un.
– Puissant seigneur d’Europe, père de Catherine 4. Nombreuses questions rhétoriques (l. 13-19). Aussi
de Médicis, future reine de France. Redouté par les polémiques que les exclamations du début du texte,
Florentins, il a nourri des rancœurs, mais les conju- elles provoquent le peuple : chaque interrogation asso-
rations naissent surtout sous le pouvoir de son fils cie le pouvoir absolu d’un seul à la complicité de tous,
Alexandre, chassé de la ville en 1527 en raison de ses par exemple Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils
mœurs dissolues et de son pouvoir dictatorial, antithèse pas aussi les vôtres ? (l. 15) peuple mis devant ses res-
du prince prôné par Machiavel. ponsabilités. Son silence coupable nourrit la tyrannie.
11. Écriture de synthèse 5. Antithèses en cascade : semez dévaste (l. 19), meu-
Mise en forme du mouvement du texte : blez et remplissez pilleries (l. 20), élevez vos filles
– 1er § : un prince est respecté par le peuple s’il conduit luxure (l. 20-21), enfants soldats (l. 21-22), peine
moralement le pouvoir, ce qui lui évite séditions et délices, sales plaisirs (l. 24-25), affaiblissez plus fort
conjurations ; (l. 25) succession d’aberrations (on construit pour
– 2e § : conforté par le respect qu’il inspire au sein que tout soit détruit juste après) que seul le principe
même de son peuple, il est redouté à l’extérieur, et pervers de servitude volontaire, un oxymore, puisse
vice versa, selon un cycle vertueux. expliquer.
Prolongement : étudier le portrait du père de Laurent 6. Comparaison avec un grand colosse à faire vaciller
de Médicis, Pierre le Goutteux, peint par Bronzino de sa base = solution par l’image, volonté affichée de
➜ p. 281, en insistant sur le regard que l’artiste a saisi crier à la révolution. L’image illustre l’appel au réveil :
chez son modèle. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres (l. 29).

175
7. Iconographie des habitants :
Message de l’affiche : la dernière ligne de la conjugai- – cours publics […] avant le lever du soleil (l. 12) ;
son du verbe participer est pervertie par le verbe pro- – heures supplémentaires que préfèrent accomplir les
fiter à la 3e personne = mainmise de quelques-uns qui manuels, peu enclins aux spéculations abstraites (l. 19) ;
jouent de la soi-disant démocratie en la détournant à – divertissements (l. 21) du soir : musique, conversation
leur profit. Le peuple construit, et quelques-uns s’acca- (l. 23) et jeux de société.
parent ce qui est réalisé : message pas aussi absolu que Impression d’une vie remplie mais avec de nombreux
celui de La Boétie, mais tout aussi polémique. interstices de liberté qui tiennent compte des envies
de chacun.
Vis-à-vis : Machiavel et La Boétie
8. Conceptions du pouvoir en opposition : Mise au point
– pour Machiavel, le pouvoir autocratique est souhai- 3. Utopie < grec u-topos (non-lieu, donc espace imagi-
table, à la condition que le prince respecte des principes naire) : modèle de société imaginaire suscitant l’amé-
de moralité et de justice ; lioration de l’organisation politique, économique et
– pour La Boétie, tout pouvoir autocratique relève d’une sociale de villes ou de pays bien réels.
tyrannie qui dégénère vite en abus. Le caractère idéalement organisé de l’Utopie de T. More
Cheminement intellectuel différent : Machiavel croit au relève de cette construction imaginaire qui sert de réfé-
despotisme régulé alors que La Boétie vise la démocra- rence absolue.
tie farouchement opposée au pouvoir d’un seul.
Analyse
9. Nombreux exemples d’autocrates modernes, dont
le pouvoir a dégénéré (dictatures de Ceausescu en 4. Marge de liberté réduite : certes, chaque Utopien
Roumanie, de Pinochet au Chili, de Kim Jong-il en peut choisir la branche d’enseignement qui est le plus
Corée du Nord, etc.), des exemples qui vont dans le sens en rapport avec son industrie et ses goûts (l. 16), mais ses
du texte de La Boétie, mais aussi des exemples plus loisirs sont restreints à certaines activités ; la moindre
dérangeants de dictateurs qui ont joué sur le paterna- parcelle de temps est aménagée suivant un horaire
lisme tout en asseyant leur pouvoir sur une répression strict et une répartition qui attribue à tous le même
féroce (Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte, Castro nombre d’heures de travail, de sommeil…
à Cuba…). 5. Les heures de liberté opposent les intellectuels et les
manuels = répartition bipartite, a priori conforme aux
Prolongement : sans faire de prosélytisme, faire le vœux de chacun, mais sans émulation ni découverte
lien entre le mouvement des indignés en Espagne et réciproque. Chaque habitant est amené à suivre la
en Grèce, inspirés par l’ouvrage de Stéphane Hessel, pente naturelle de son appétence pour le savoir ou les
Indignez-vous !, et la thèse de La Boétie.
travaux manuels.
6. Le jeu de combat des vices et des vertus (l. 27) est
T 2
Texte T. More, développé sur plus de six lignes.
Antithèse entre vices et vertus filée comme une méta-
Utopie ➜ p. 284
phore guerrière jeu de stratégie qui envisage diffé-
Objectif : Analyser les enjeux d’une description de rentes façons de se battre (attaque par la violence et à
modèle utopique. découvert, l. 30-31 ; par la ruse et des moyens détournés,
l. 31), mais en privilégiant les valeurs militaires du com-
LECTURE ANALYTIQUE bat (assauts, l. 32 ; terrasse, l. 32 ; victoire, l. 33).
7. Raisonnement concessif : l’auteur envisage la cri-
Première lecture
tique du trop peu de temps consacré au travail, en
1. Le terme distribution (l. 2-3) résume le texte. opposant l’argument d’un pays très misérable (l. 36)
Connotant l’organisation et la rigueur, ce mot se par manque de travail, à l’idée d’un pays qui produit
retrouve dans l’emploi du temps des Utopiens où rien toutes les nécessités et commodités de la vie, et en outre
n’est laissé au hasard. Chaque repère temporel = une un superflu (l. 38-39). T. More défend donc la produc-
tâche définie. tivité sereine de cet État, suivant un débat moderne qui
2. Des heures de loisir (l. 9) sont laissées à l’appréciation évoque étrangement celui des 35 heures en France.
176
Question de synthèse se muer en bataille destinée à asseoir un pouvoir san-
8. Question ouverte, mais il est fort à parier que la plupart guinaire destiné à la jouissance sadique d’un seul, etc. ;
des citoyens occidentaux, habitués à un mode de vie indi- – s’inspirer des contre-utopies, comme Le Meilleur des
vidualiste, soient effrayés par la codification de cet État. mondes d’A. Huxley ➜ p. 131.
Proposition de rédaction (début) :
Pour aller plus loin Le soir, bien après le dîner, les Utopiens pré-
9. Recherche parent l’essentiel de leur nuit à fourbir les pires
complots : l’hiver dans les recoins, l’été au fin fond
a. Principales utopies depuis T. More :
des arrière-cuisines où se mijotent les pires mani-
– Rabelais, Gargantua, « L’abbaye de Thélème »,
gances. Ils ne font aucun bruit et entretiennent les
ch. LVII ➜ p. 286 ; dialogues les plus sournois…
– Fénelon, Les Aventures de Télémaque, « La Bétique »,
fin du septième livre (1699) ; Prolongement : présenter oralement à la classe
– Montesquieu, Les Lettres persanes, « Les Troglodytes », le résumé d’une des principales utopies littéraires
livres XI-XIV (1721) ; depuis T. More.
– Voltaire, Candide, « L’Eldorado », ch. XVIII (1759)
➜ p. 296 ; Texte 2
D’UN F. Rabelais,
– A. Huxley, Le Meilleur des mondes (1932) ➜ p. 131. L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
Gargantua ➜ p. 286
Point commun = organisation de la vie économique,
politique et sociale dans tous ses aspects, avec la volonté Objectif : Étudier les règles et les présupposés
de définir une norme commune aux habitants. d’une société utopique humaniste.
Distinctions :
– part d’ingénuité et de liberté possible à Thélème : QUESTIONS
emploi du temps personnel, possibilité de quitter faci- 1. Antithèse entre les lois, statuts ou règles (l. 1) repré-
lement l’abbaye… ; sentatifs de toute communauté, et le libre arbitre (l. 2)
– règlement de l’existence suivant le rythme et les qui règne à Thélème. Liberté soulignée par des pro-
lois de la Nature en Bétique, à l’opposé de l’Eldorado, positions compléments circonstanciels de temps et de
monde artificiel et luxueux ; manière : quand bon leur semblait (l. 2), quand le désir
– prise en compte des limites possibles de la société leur venait (l. 3), qui préparent la clause : Fais ce que
utopique, et d’un infléchissement du modèle, abordé tu voudras (l. 7).
par Montesquieu : Troglodytes issus d’une 1re génération
qui a échoué ;
2. a. Le 2e § développe après la conjonction parce que
(l. 8) les raisons de cette devise originale. Il s’agit de
– aspect dictatorial d’un modèle social sélectif dans la
contre-utopie d’Huxley, monde effrayant. croire en l’homme : le laisser libre l’incline aux actes
b. Contre-utopie = anti-modèle, organisation rigou- vertueux (l. 10), mais interdire un geste pousse à le
reuse qui emprisonne l’individu dans un carcan poli- commettre : nous […] convoitons ce qui nous est refusé
tique et social qui évoque la dictature. (l. 13-14).
Depuis l’entre-deux-guerres, nombreux récits contre- Impératif présent = exhortation bienveillante ; futur
utopiques, comme pour contrer la Montée des périls, = envisager la liberté sans contrainte temporelle, une
puis exorciser les dégâts du fascisme et du nazisme. fois dans l’abbaye, de façon certaine et absolue.
Parmi les plus célèbres, Le Meilleur des mondes b. La devise et son explication sont au plus près de la
d’Huxley ; 1984 de G. Orwell. psychologie humaine. L’homme est envisagé de façon
réaliste, mû par sa curiosité.
10. Écriture d’invention
Contraintes du sujet : 3. Activités présentées :
– partir du texte de T. More (questions 6 et 7) ; – consommation de boissons en communauté ;
– réécrire sur le principe de l’antithèse : les champs – jeu ;
lexicaux du loisir et de la vie en communauté, sereine et – promenade dans la campagne ;
conviviale, seront respectivement remplacés par ceux de – chasse.
l’esclavage et de la dissimulation, voire de la sournoi- Union, harmonie sans contrariété : le parallélisme
serie. Le jeu du combat des vices et des vertus pourrait s’il… tous… résume la cohésion du groupe (s’il disait :
« Jouons », tous jouaient).
177
4. Adjectifs qualificatifs ou participes passés mélioratifs
Analyse Bronzino, Portrait
pour évoquer les habitants de Thélème : d’image d’Ugolino Martelli ➜ p. 288
– si noblement appris (l. 22) ;
– si preux, si galants, si adroits (l. 25) : structure ternaire Objectif : Étudier un portrait masculin représentatif
avec l’adverbe intensif si répété ; des codes de la peinture humaniste.
– plus verts, mieux remuants (l. 25) ;
– si propres, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes QUESTIONS
à la main, à l’aiguille (l. 26-27).
La plupart de ces qualificatifs insistent sur les gestes Première approche
harmonieux et le dynamisme adroit de cette commu- 1. Yeux attentifs fixés sur la gauche de la composition,
nauté : mouvement et adresse. découpe du visage symétrique, et bouche menue qui
5. Sortie de l’abbaye = facilitée, mesure prévue, bien donne une allure concentrée au modèle. La coiffe
marquée par la simultanéité du désir de partir (quand le qui masque l’essentiel des cheveux permet de ne pas
temps était venu…, l. 29) et la sortie effective (il emme- perdre de vue cette figure sérieuse, qui ne fait qu’un
nait…, l. 30-31). avec le savoir.
Ex. développé : un couple quitte Thélème, et vit d’autant
mieux dans le monde extérieur que l’expérience de Analyse
l’abbaye l’a vu vivre heureux : s’ils avaient bien vécu à 2. Objets = deux livres de couleur bleue. Les mains, fines
Thélème en dévouement et amitié, encore mieux ils la et gracieuses, montrent les objets et leur donnent une
continuaient en mariage (l. 32-33). fonction : l’index droit pointe une ligne du livre ouvert
6. Iconographie sur la table, ligne qui pourrait bien être une équation
Cette miniature italienne montre quatre chasseurs, dont ou une loi physique, vu l’harmonie et la symétrie qui
une femme, avec leurs chevaux et leurs chiens, sur le règnent dans ce tableau ; l’autre main, nonchalamment
point de tuer des canards et des échassiers. L’un d’eux a appuyée sur le livre verticalement posé sur la cuisse
un faucon au poing droit rappel de l’extrait consacré gauche du modèle, pointe également son index dans un
à la chass[e] au vol (l. 18-21). geste apprêté, propre à la peinture maniériste.
3. a. Pyramide formée par le personnage : ses épaules
Vis-à-vis : Thomas More et Rabelais et ses bras écartés en sont les côtés, la tête en est le
7. Participe passé réglés = image traditionnelle de sommet, et le bas du buste dans le prolongement de la
l’utopie, univers organisé, soumis à des lois. Ce verbe table forme une assise solide à l’ensemble. Le bleu-noir
connote la religion chrétienne car il rappelle la règle, de l’ensemble de l’habit du modèle, coiffe comprise, ne
c’est-à-dire l’ensemble des lois qui régissent la vie fait que renforcer la figure géométrique ainsi dessinée.
monastique. b. Palette restreinte : bleu-noir pour le vêtement,
8. Utopie : univers rigide où chaque chose est à sa place gris-bleu pour les reliefs des éléments architecturaux
à tel moment de la journée libre arbitre des habitants (montants, chambranles, arcades…), gris-vert éteint du
de Thélème. crépis de l’édifice. Seules trois couleurs gaies réveillent
A priori, la vision réaliste l’emporte, car l’aspect strict de la composition : les livres bleu roi, la nappe vert éme-
l’emploi du temps et de l’apparence des Utopiens en fait raude, et la table de couleur vieux rose. Cette économie
une société imaginaire, fondée sur une représentation chromatique ne nous distrait pas de la figure centrale.
figée de l’humanité. 4. a. Les lignes de fuite matérialisées par le haut des
portes, le côté droit de la table et la cuisse gauche du
Prolongement : faire une recherche sur le système personnage conduisent notre œil vers le point focal
scolaire en France à l’époque de Rabelais, en com-
situé à la ceinture du personnage sculpté présent à
mentant en particulier l’apprentissage de cinq ou six
l’arrière-plan : David foulant la tête de Goliath.
langues évoqué à la ligne 23.
b. Harmonie de la composition : jeune modèle au
premier plan, en tension dynamique avec la sculpture
du fond qui semble le regarder. Rien ne s’interpose
entre l’homme et l’œuvre, idéalement séparés par les
lignes harmonieuses de ce paysage architectural.

178
Question de synthèse Analyse
5. Idéalisation de l’humanisme : perfection formelle 3. Mode récurrent = impératif : Ôtez-moi (l. 4), ne l’y
(pyramide, mains gracieuses…) du modèle, de l’envi- endurcissez pas (l. 9), Endurcissez-le (l. 10), ôtez-lui
ronnement sur lequel il se détache, et de l’œuvre en (l. 12), habituez-le (l. 15-16), Présentez-vous (l. 24),
ronde-bosse au fond de la composition qui semble Ajoutons (l. 28) + deux subjonctifs à valeur impéra-
aussi animée que le jeune homme représenté. tive : Que ce ne soit pas (l. 16), Que leur profit soit aussi
6. Recherche (l. 33-34).
Dans les premières lignes du texte, répétition en
a. Histoire racontée dans le livre de Samuel (Ancien
chiasme des verbes ôter et endurcir à l’impératif
Testament) : David, jeune juif destiné à devenir roi
opposition de l’éducation courante, caractérisée par
d’Israël, répond aux provocations d’un géant du peuple
sa violence, à un nouveau mode d’éducation fondé sur
des Philistins qui menace ses frères. Avec sa fronde, le
l’apprentissage des aléas de la vie courante (conditions
jeune homme terrasse le monstre en l’atteignant au
climatiques difficiles, régime alimentaire fruste).
front. Cet exploit lui vaut de comparaître devant le roi
déchu Saül qui va alors le persécuter pour l’empêcher 4. Antithèse entre beau garçon efféminé (l. 17), et garçon
de lui ravir le pouvoir. vert et vigoureux (l. 18). La préférence de Montaigne va
b. La vaillance de David en fait un jeune héros qui n’a au 2e type d’élève qui sera d’autant plus efficace dans
peur d’aucun obstacle. Dans le domaine des langues, l’apprentissage qu’il saura affronter le froid, la fatigue,
Ugolino Martelli a sûrement fait preuve d’une ténacité etc. On est loin des principes d’une éducation molle.
et d’une intelligence qui l’assimilent au héros juif. 5. Métaphore de la prison pour désigner le système
scolaire de l’époque : une vraie geôle de jeunesse cap-
Prolongement : énumérer les personnalités peintes
tive (l. 23). Les termes les plus forts du champ lexical
par Bronzino. Toutes sont-elles identifiées ? À quelle
de la violence relevés dans la réponse 1. b filent cette
classe sociale appartenaient-elles ?
image (l. 23-35).
6. Deux références antiques :
– Quintilien (l. 28-29), orateur romain très réservé sur
Texte 3
T M. de Montaigne,
les châtiments corporels ;
Essais ➜ p. 289 – Speusippe (l. 33), philosophe grec qui a fait peindre
Objectif : Étudier un texte argumentatif original les murs de sa classe avec des représentations idyl-
sur l’école, entre tradition et modernité. liques (l. 32-33). Cette idée est l’antithèse des tronçons
d’osier sanglants (l. 32).
LECTURE ANALYTIQUE Question de synthèse
Première lecture 7. Modèles anciens pour condamner l’emploi systé-
1. a. Montaigne dénonce les sévices en cours dans les matique des châtiments corporels tout en entraînant
écoles pour faire écouter et travailler les élèves. L’image le corps de l’enfant à vivre rudement + idée moderne
terrible des tronçons d’osier sanglants (l. 32) résume la d’une éducation jouant habilement sur les deux
violence de ce système éducatif. tableaux, sévérité et bienveillance.
b. Dès la 2e phrase, champ lexical des mauvais trai- Pour aller plus loin
tements avec le double GN horreur et cruauté (l. 3-4).
Suite du relevé : la violence et la force (l. 4-5), châtiment
8. Recherche
– Au XVIe siècle, enseignement scolaire prodigué par
(l. 9), geôle (l. 23), captive (l. 23), punit (l. 24), suppliciés
des maîtres privés, précepteurs, dans les familles de
(l. 25), trogne effroyable (l. 27), fouets (l. 28), châtier
la noblesse, aussi bien aux filles qu’aux garçons. Pour
(l. 30).
la bourgeoisie, développement des collèges laïques
Mise au point mis en concurrence avec les collèges jésuites. L’Église
2. sévère douceur = oxymore. Éducation mesurée qui fait également ouvrir de Petites Écoles financées par
sait sévir quand il le faut, mais dans la bienveillance et le chapitre.
le respect de l’élève. – L’enseignement, avant tout associé aux villes,
n’est pas absent dans les campagnes, mais comme il

179
n’est pas obligatoire, seuls des enfants d’artisans en COD sont des termes qui, accumulés, définissent la
bénéficient. civilisation de façon graduelle, vers l’image du citoyen
– Aussi bien dans les écoles publiques que religieuses, idéal : besoins, bien-être, droits, devoirs, industrie, fonc-
les méthodes sont très dures et reposent sur l’ensei- tions sociales, talents, égalité politique.
gnement de la lecture, des langues anciennes, surtout 2. Volonté d’une éducation universelle : instruction
le latin, des arts et du savoir-vivre, et une ouverture sur nationale (l. 8), généralité des citoyens (l. 11), un plus
les sciences et les mathématiques est de plus en plus grand nombre d’hommes (l. 11-12), prospérité commune
notable à l’époque humaniste. (l. 15), l’espèce humaine (l. 18), la société (l. 20), l’huma-
9. Analyse de corpus nité entière (l. 20).
Trois auteurs (Montaigne, Fénelon et Rousseau) en Connotation politique de ces expressions : volonté de
avance sur les conditions d’enseignement de leur époque : consolider le corps social, c’est-à-dire l’ensemble des
– Montaigne : contre les châtiments corporels, pour une citoyens, issus des idéaux de la Révolution applicables
éducation ferme mais bienveillante ; au reste du monde.
– Fénelon : contre l’ignorance des filles, pour le déve- 3. Enseignement à généraliser pour que chaque citoyen
loppement de leur éducation afin de consolider les non seulement assume ses besoins quotidiens, mais se
foyers et les familles ; développe également intellectuellement : développer
– Rousseau : pour la liberté de mouvement et d’inspi- toute l’étendue des talents qu’il a reçus de la nature
ration de l’enfant, mais dans une codification étroite du (l. 6), que la perfection des arts augmente les jouissances
savoir (pas trop de sciences, avant tout les humanités ; de la généralité (l. 10-11). L’image du citoyen éduqué
pas de divertissements mondains, inutiles et même dépasse donc la seule satisfaction des exigences vitales
pervers, tel le théâtre ; pas de voyages qui dispersent et des devoirs du corps social.
l’attention, sans développer l’esprit critique).
4. les facultés physiques, intellectuelles et morales
Plan possible d’étude du corpus : (l. 16-17) : l’éducation républicaine vise au développe-
1 er §. Des idées novatrices (sévère douceur de ment total du citoyen. Cette vision idéale est résumée
Montaigne ; éducation des filles pour Fénelon ; liberté dans le terme perfectionnement (l. 17).
de mouvement de l’enfant chez Rousseau).
5. Généralisation :
2e §. Mais dans le droit fil d’une tradition revisitée (réfé-
– champ lexical de l’humanité : l’espèce humaine (l. 18),
rences aux Anciens chez Montaigne ; sens de la religion
la société (l. 20), l‘humanité entière (l. 20) ;
et de la famille chez Fénelon ; humanités comme prio-
– répétition de l’article défini le / l’ qui a ici la valeur de
rité éducative pour Rousseau).
la plus grande généralité : les facultés (l. 16), l’espèce
3e §. Une évolution notable en deux siècles (de la tyran-
humaine (l. 18), etc. ;
nie dénoncée par Montaigne au souci de l’enfant vu
– emploi des déterminants indéfinis qui visent l’en-
comme un individu chez Rousseau).
semble de citoyens, voire tous les hommes : chaque
Prolongement : faire une recherche sur les collèges génération (l. 16), toute institution (l. 18).
contemporains de Montaigne, aussi bien le collège de
Guyenne, à Bordeaux, que le collège de Dorat. Vis-à-vis : Montaigne et Condorcet
6. institution (l. 18) = volonté d’officialiser, d’établir un
système stable et commun pour intégrer l’homme à la
D’UNTexte 3 Condorcet, Discours société ; tel est le rôle de l’instituteur (étymologique-
À L’AUTRE
à l’Assemblée nationale ment, en latin, « celui qui installe dans [la société] »).
législative ➜ p. 290 7. Évolution du rôle social de l’éducation :
– éducation revue dans ses méthodes, mais pas dans
Objectif : Analyser les procédés oratoires d’un texte sa destination, chez Montaigne, à une époque où de
révolutionnaire destiné à faire évoluer le système nombreux enfant ne bénéficient pas de l’école (fils de
éducatif. paysans, enfants des petites gens des villes…) ;
– éducation revue dans sa destination, universalisée
QUESTIONS par la volonté de Condorcet.
1. Énumération du verbe Offrir (l. 2) à la loi (l. 8) = suc-
cession de verbes d’action à l‘infinitif dont les GN
180
8. Iconographie des auteurs de langue latine, la 2e langue maternelle de
Tableau allemand de la fin du XVIIIe siècle = image même Montaigne, celle de son précepteur allemand :
de la sévère douceur voulue par Montaigne : enfants – l’orateur Cicéron ;
attentifs et visiblement contents d’étudier, comme le – le poète Horace, avec ses épîtres, son Art poétique
montre le regard admiratif du garçon appuyé sur le et ses Satires ;
genou du maître, écoutant la récitation de son com- – le poète Perse.
parse. Mais le professeur tient une branche, susceptible La plupart du temps, loin de développer des théories
de frapper tout récalcitrant. pédagogiques, ces auteurs sont retenus pour la fulgu-
Décor fruste : coin d’auberge ou salle commune dans rance d’une maxime, tel Horace utilisé pour montrer
une ferme, ce qui fait penser à un instituteur de village, que les enfants doivent s’aguerrir physiquement : Qu’il
peut-être même itinérant projet de Condorcet : élargir vive en plein air et au milieu des alarmes (Odes, livre III,
l’instruction à tous. II, 5), ou Cicéron pour délivrer une leçon sur la fonction
Prolongement : faire une recherche sur les grands de l’enseignement : En homme qui fasse de l’enseigne-
discours prononcés à l’Assemblée nationale (V. Hugo, ment qu’il a reçu non un sujet d’ostentation, mais la
J. Jaurès, M. Schumann, R. Badinter…) en consultant règle de sa vie (Tusculanes, livre II, IV).
le site assemblee-nationale.fr, onglet « Histoire et Certains auteurs, tels Aristote ou Plutarque, ne sont pas
patrimoine », onglet « Les grands débats ». forcément cités textuellement, mais sont longuement
glosés pour la pertinence de leurs idées ; par exemple,
Socrate : on demandait à Socrate d’où il était. Il ne
répondit pas « d’Athènes », mais « du monde ».
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Parmi toutes les références ressort l’épopée Les Méta-
M. de Montaigne, Essais, livre I, morphoses d’Ovide, un ouvrage qui donna à Montaigne
chapitre XXVI ➜ p. 292 le plaisir de lire et d’aller vers d’autres textes.

Objectif : Découvrir les principes et la mise en œuvre 3. L’appel à l’expérience personnelle


d’une forme d’éducation humaniste. Dans les trois dernières pages du chapitre, le père de
Montaigne est présenté comme un pédagogue idéal qui
PISTES D’ANALYSE a appliqué ce que l’auteur propose dans son essai : loin
de faire du latin une langue rébarbative à apprendre
1. Un programme d’éducation scolairement, le père a fait appel à un précepteur alle-
humaniste mand ne parlant pas le français, Horstanus, de façon
Matières préconisées par Montaigne : que son fils parle couramment la langue de Cicéron.
– histoire, poésie, logique, physique, géométrie, rhé- Entre autres trouvailles pédagogiques, il a institué le
torique, latin et grec, sans oublier l’exercice physique ; réveil du petit Michel par le son de quelque instrument.
– Les jeux mêmes et les exercices seront une bonne partie Le souvenir de cet homme d’exception est conjoint à la
de l’étude : la course, la lutte, la musique, la danse, la certitude de la vanité d’un enseignement doctoral : les
chasse, le maniement des chevaux et des armes = phrase astuces de son père lui ont permis de [le] faire enjamber
formulée à l’issue d’un développement condamnant les d’arrivée aux premières classes du collège de Guyenne,
collèges qui enferment les enfants et abrutissent l’es- à Bordeaux.
prit. Et Montaigne va jusqu’à proclamer la nécessité de
4. Le ton particulier des Essais
ne pas faire dépendre les leçons d’un emploi du temps,
mais de les faire se dérouler de façon informelle : notre Avec le sens de la formule, l’essentiel du chapitre est
leçon, se passant comme par rencontre, sans obligation marqué par le registre didactique, avec des phrases
de temps ni de lieu, et se mêlant à toutes nos actions. bien balancées, au présent de vérité générale : Aussi
bien est-ce une opinion d’un chacun, qu’il n’est pas rai-
2. Les références antiques sonnable de nourrir un enfant au giron de ses parents.
Parmi les très nombreux auteurs cités allusivement Ce ton n’est pas maintenu d’un bout à l’autre : dans son
ou explicitement (Platon, Aristote, Virgile, Plutarque, style libre et original, Montaigne laisse transparaître
Dante…), ceux qui reviennent le plus (petites citations son enthousiasme parfois ironique et corrosif, comme
multipliées ou citations longues et commentées) sont au moment où il s’insurge contre des leçons de vie qui
181
arrivent trop tard dans le cursus de l’enfant : Cent éco- Partie II. Un programme encore parlant sous
liers ont pris la vérole avant d’être arrivés à la leçon certains angles.
d’Aristote sur la tempérance. 1er §. La nécessité de se référer au passé et d’avoir
Régulièrement, l’auteur rappelle qu’il s’adresse à Mme un socle humaniste solide (histoire, littérature…).
2e §. Le fait de laisser parler le corps (course,
de Gurson, destinataire privilégiée de cet essai, dans
danse...).
des phrases lyriques, non dénuées de flatterie, qui tra-
Partie III. Un programme à adapter au monde
duisent l’intérêt de Montaigne pour son sujet : Madame, actuel.
c’est un grand ornement que la science, et un outil de 1er §. Une attention accordée à l’individu, concep-
merveilleux service, notamment aux personnes élevées tion moderne conforme à la façon de concevoir
en tel degré de fortune, comme vous l’êtes. l’enfant aujourd’hui.
2e §. Une exigence méthodique prometteuse de
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES résultats correspondant aux critères intemporels
d’une éducation réussie.
1. Recherche
Sommaire d’Émile ou De l’éducation (1762), essai : Histoire des arts ➜ p. 294
– Livre I : essentiellement consacré à l’éveil des sens Léonard de Vinci, le génie de la Renaissance
dans la petite enfance = éducation naturelle ;
– Livre II : suite de l’éducation naturelle et apprentissage QUESTIONS
de la marche = éducation jusqu’à douze ans. Insistance
1. Figure de Jésus au centre de la composition :
sur le fait de ne pas faire appel trop tôt à la raison.
– au milieu de ses douze disciples, six à sa gauche, six
Géométrie et sciences proposées de manière inductive
à droite, répartis symétriquement ;
+ lecture essentielle : roman Robinson Crusoé ;
– sa tête se découpe sur la fenêtre centrale située en
– Livre III : développement des relations sociales,
arrière-plan ;
apprentissage de l’économie et d’un métier. Importance
– ses bras et sa coiffure forment une pyramide au-des-
d’un métier naturel sous l’égide d’un maître ;
sus de la table ;
– Livre IV : perfectionnement éducatif dans l’adoles-
– les lignes de fuite matérialisées par le plafond à cais-
cence avec la socialisation. Importance de l’enseigne-
sons et le haut des tapisseries qui se succèdent sur les
ment tardif de l’histoire et de la religion ;
murs de gauche et de droite, aboutissent au point focal
– Livre V : la question de l’éducation des filles, destinées
situé au sommet de la tête du personnage ;
à devenir de bonnes mères + le débat sur le voyage,
– son habit arbore les deux couleurs primaires dis-
pas forcément utile car virtuellement néfaste ➜ p. 112.
tribuées dans l’ensemble des figures qui se trouvent
Spectre d’activités moins large que chez Montaigne :
autour de la table : le bleu et le rouge.
évolution de la culture humaniste (avide de connais-
sances nouvelles) vers une culture moderne, plus limi- 2. Nombreux exemples de planches anatomiques de
tée dans son champ, mais plus ambitieuse dans ses Léonard de Vinci. Parmi les plus célèbres, des dessins
enjeux (socialisation, citoyenneté…). Chez Rousseau, à l’encre et au fusain représentant les articulations, les
défiance vis-à-vis de l’éducation strictement intellec- os et les muscles de l’épaule, en structure superficielle
tuelle quête de naturel. et en structure profonde (collection de la bibliothèque
royale du château de Windsor, en Angleterre). Dessins
2. Rédaction argumentée à la fois scientifiques par la rigueur de la représentation
Partie I. Un programme que l’on peut juger dépassé anatomique et la volonté d’exhaustivité (vue externe et
sous certains aspects. vue interne, sous différents angles), et esthétiques par
1 er §. La prédominance d’une culture huma- le jeu d’ombres et de reliefs opérés par l’artiste grâce
niste, non pas inutile, mais trop livresque (lettres à la double technique de la plume encrée et du fusain.
grecques et latines).
2 e §. Des domaines jugés accessoires à notre
époque, non pas vains, mais accessoires (logique,
rhétorique...).

182
Exercices d’approfondissement ➜ p. 296 – Vingt belles filles pour accueillir Candide (l. 1) ;
– deux files, chacune de mille musiciens (l. 6-7) ;
REVOIR
– édifices publics élevés jusqu’aux nues (l. 18-19) ;
– mille colonnes (l. 20).
2. Saluts au roi envisagés par Cacambo = signes d’hu-
1 L’éducation humaniste
Érasme, La Civilité puérile, chapitre V miliation, au sens étymologique du terme (ventre à
terre, l. 10-11 ; si on léchait la poussière de la salle, l. 12)
1. Ton professoral et moralisateur = sorte de catéchisme embrasser le roi (l. 14), sautèrent au cou (l. 15) roi
avec des recommandations au présent de vérité géné-
différent de la conception de la monarchie en France et
rale formulées avec la périphrase « devoir + verbe à
dans l’ensemble de l’Europe à l’époque, accentuation
l’infinitif » (Un enfant bien né ne doit se disputer avec
de l’aspect imaginaire de l’Eldorado.
personne, l. 1-2), ou des subjonctifs à valeur impérative
(Qu’il prenne garde d’afficher de la supériorité, l. 4-5). 3. Verbe souper (l. 17) : atmosphère familière, intime, à
l’opposé du protocole attendu à la cour d’un roi.
2. a. Vocabulaire simple : répétitions qui accentuent le
thème développé (un enfant, l. 1, 14, 18) + syntaxe simple 4. Hyperboles (question 1), mentions de l’eau pure
jouant sur le parallélisme (qu’il, l. 2, 3, 4, 22). (l. 20), de l’eau rose (l. 21), les liqueurs de canne de
b. Des lignes 1 à 22 : emploi de la 3e personne (un sucre (l. 21), le girofle et la cannelle (l. 24) = monde
enfant, il) et des tours impersonnels (Il est impoli, l. 16, paradisiaque fondé sur un imaginaire oriental propre
etc.). aux contes des Mille et Une Nuits.
À partir de la ligne 24 : apparition du pronom tu, mais 5. Pas la même utilisation du genre de l’utopie :
syntaxe non modifiée, comme l’indique la reprise des – chez T. More, idéalisme dans l’organisation rigou-
tours impersonnels : Il est ridicule (l. 23), Il est donc reuse, mais envisageable dans la réalité ;
plus sûr (l. 26). – chez Rabelais, idéalisme encore plus marqué avec
Texte volontairement didactique mais qui personna- l’idée d’un bonheur extrême où tout membre du groupe
lise finalement le propos, de façon à le rendre moins ne souffre jamais de la présence des autres, mais par-
théorique, plus humain. tiellement concevable dans la réalité ;
3. Termes péjoratifs, violents parce qu’exprimant direc- – chez Voltaire, monde irréel, créé de toutes pièces.
tement les infirmités visées, répétés pour faire résonner L’objectif reste le même, malgré des degrés de réalisme
l’insulte : appeler borgne un borgne… (l. 12-14). différents : faire réfléchir le lecteur sur l’écart flagrant
Exemples se référant aussi bien aux difformités phy- entre le monde décrit et la réalité, de façon à faire évo-
siques (borgne, boiteux, louche), les premières que luer cette dernière.
voient les enfants, qu’aux anomalies sociales (bâtard),
identifiables à l’école, donc adaptés au destinataire. 3 La définition de l’homme
C.-G Le Roi, Encyclopédie, article « Homme »
4. a. Civilité : ensemble des règles permettant de bien
vivre en société. 1. cet être qui pense, qui veut et qui agit (l. 2) : struc-
puérile : à prendre au sens étymologique (latin puer : ture ternaire qui fait apparemment le tour des grands
enfant) ensemble de règles à destination des enfants. aspects de la nature humaine = image valorisante d’un
b. Modèle de société : sociabilité fondée sur un sermon être animé.
de Jésus (Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas 2. distance infinie (l. 21) justifiée par les réalisations
qu’on fasse à toi-même), mais que l’on trouve égale- humaines : détail de ses arts (l. 27), progrès de ses
ment dans de nombreuses autres cultures. sciences (l. 27).
Distinction contestée par l’observation des animaux :
APPROFONDIR même si l’instinct est en jeu, les prouesses techniques
d’une toile d’araignée ou d’un nid d’oiseau suspendu
relativisent cette distance.
2 L’utopie au XVIIIe siècle
Voltaire, Candide, chapitre XVIII 3. Antithèse : les travaux immenses de l’homme (l. 26)
bassesse, atrocité des nations (l. 30).
1. Hyperboles soulignant l’aspect extraordinaire de ce
Rendue doublement frappante par l’écart entre le GN
monde :
roi de la nature (l. 31) et le champ lexical de la bassesse

183
(interrogation, l. 29-31), et par l’hyperbole qui mesure – Ce faisant (l. 4-5) ouvre la conséquence : la langue
cet écart : mélange monstrueux (l. 32). française est comparée à d’autres langues ;
4. Deux domaines pour contrer l’orgueil : – l’alternative Soit […] soit […] (l. 11-12) récapitule la
– la religion quête du bonheur (l. 38-40) ; leçon apportée par les exemples ;
– la Philosophie amélioration de la vie (l. 40-43). – la conjonction de coordination Mais (l. 13) qui n’a
pas ici valeur d’opposition, mais de précision, de
5. Quête de l’amélioration et du bonheur = but des trai-
reformulation.
tés sur la question de l’exercice du pouvoir (texte 1 et
d’un texte à l’autre 1) + visée de l’utopie (texte 2 et d’un 4. Thèse : le fonctionnement de la langue française
texte à l’autre 2 + exercice 2, question 5) + volonté de concrétise la volonté de domination masculine.
l’évolution du système éducatif (texte 3 et d’un texte à 5. Rédaction de paragraphe argumentatif
l’autre 3). L’auteure elle-même trahit la validité relative de sa
thèse : en faisant appel au latin, elle n’y trouve pas
ÉCRIRE l’homonymie dénoncée en français, mais elle joue avec
les mots en affirmant que vir veut être universel (homo).
L’exception française ne se retrouve pas dans d’autres
4 La question de l’homme aujourd’hui
langues proches de nous :
É. Badinter, XY, de l’identité masculine
– man et human (anglais) ;
1. Confusion entre l’homme (le mâle) et l’Homme (l’être – Mann et Mensch (allemand) ;
humain). – en arabe,
2. Pour É. Badinter, cette confusion entretient la supé- être humain :
riorité de l’homme qui justifie sa domination sur la homme (mâle) :
femme (l. 13-15). – hombre et ser humano (espagnol).
3. Connecteurs logiques : Etc.
– le constat de la 1re phrase est éclairci dans la 2e après
le complément circonstanciel de but Pour nous faire
comprendre (l. 2-3) ;

184
Prolongements

Textes Activités
● Érasme, Éloge de la folie (1509-1511) : satire de la ● Commentaires
pensée dominante de l’époque sous couvert d’un – Commentez les lignes 1 à 19 (jusqu’à traîtres de
discours ambigu de la déesse Folie vous-mêmes) du texte de La Boétie, Discours de la
● B. Castiglione, Le Courtisan (1528) : un traité sur servitude volontaire ➜ p. 282.
l’idéal de la vie de cour – Commentez les lignes 13 à 43 de l’article
« Homme » de C.-G. Le Roi dans Encyclopédie
● J. Du Bellay, Défense et illustration de la langue
➜ p. 297, à l’aide du parcours de lecture suivant :
française (1549) : un traité sur un autre idéal de
1. Expliquez les jeux d’opposition que l’article met
l’humanisme, la valorisation de la langue française
en avant ;
Texte du DVD-Rom 2. Montrez que ce texte relève d’une conception
optimiste de la nature humaine.
Lecture : Rousseau, Discours sur les sciences et les
arts (1750), pour expliquer les disciplines étudiées ● Dissertation
au siècle des Lumières Les valeurs de l’humanisme sont-elles liées à l’his-
toire littéraire du XVIe siècle ? Répondez de façon
Image fixe structurée en vous appuyant principalement sur
Raphaël, portrait de Balthazar Castiglione (début les échos proposés par les textes et les exercices
XVIe siècle) ➜ p. 278 de laséquence.
● Invention
Images du DVD-Rom Faites débattre deux personnages réagissant à la
● Photographie d’Azay-le-Rideau, idéal archi- lecture de l’essai de M. de Montaigne consacré à
tectural de la Renaissance (1529) l’éducation des enfants ➜ p. 289. Répartissez équi-
● J. Goujon, Fontaine des Innocents (1549) tablement la parole tout en jouant sur toutes les
● P. Bruegel, La Chute d’Icare (vers 1558) : tableau possibilités rhétoriques offertes par cette opposition
allégorique (antithèses, etc.).
● G. Arcimboldo, Le Juriste (1566)

185
SÉQUENCE 14
Découvrir et modeler le monde
➜ Livre de l’élève, p. 298

(l. 33-34) accompagné ou non de l’adverbe d’intensité


Texte 1
T C. Colomb, La Découverte
très qui indique la surprise et l’admiration.
de l’Amérique ➜ p. 299
6. Communication à force de signes (l. 25), par l’inter-
Objectif : Étudier la visée d’un journal de voyage. médiaire d’une gestuelle rudimentaire, mais C. Colomb
ne parvient pas à les convaincre : Je m’efforçai de les
LECTURE ANALYTIQUE convaincre d’y aller, mais je vis bientôt qu’ils n’entraient
pas dans cette idée (l. 27-28).
Première lecture Communication rudimentaire et aléatoire.
1. Journal : 7. a. J’étais attentif et m’employai à savoir ; Je vis
– date initiale : Samedi 13 octobre ancre le récit dans (l. 23) ; je pus comprendre (l. 25) ; Je m’efforçai de
le réel et précise la période des événements ; les convaincre ; je vis (l. 27) ; Je déterminai d’attendre
– utilisation très fréquente du pronom je (l. 4, 9, 23, 25, (l. 28) ; je décidai (l. 32).
27, 28, 32, 40) présence d’un diariste qui raconte son Verbes de volonté (de comprendre les indigènes) et
expérience personnelle ; de perception (contacts avec les Indiens).
– récit d’événements précis qui se produisent dans une b. Plusieurs points cardinaux : sud (l. 25, 26, 30),
journée (Dès l’aube, l. 1) et envisagés en focalisation
sud-ouest (l. 29, 30, 32), puis nord-ouest (l. 31). Pas
interne regard d’un seul homme, C. Colomb.
de volonté de combattre des ennemis mais quête d’or
2. Aspects du Nouveau Monde : suivant les informations des autochtones.
– physique des habitants de l’île (l. 1-13) ;
8. Véritables intentions de l’auteur :
– mode de vie et apparence des embarcations percep-
– m’employai à savoir s’il y avait de l’or (l. 23) ;
tibles lors de la rencontre avec les Espagnols (l. 14-23) ;
– je décidai d’aller au sud-ouest chercher l’or et les
– réactions au contact des Européens (l. 35-42).
pierres précieuses (l. 32).
=> Image aussi complète que possible des indigènes.
C. Colomb surtout intéressé par les richesses à
Mise au point emporter ; n’hésite pas à escroquer les Amérindiens
en opérant des échanges inégaux : mais tout ce qu’ils
3. travaillées à merveille (l. 15) = remarquablement
ont, ils le donnent pour n’importe quelle bagatelle qu’on
bien conçues et fabriquées, mais la précision pour ce
leur offre (l. 38-39).
pays (l. 15-16) relativise l’éloge, sous-entendant qu’en
Europe, l’on fait bien mieux depuis longtemps. 9. Iconographie
Différents éléments :
Analyse – en haut : le nom Insula Hyspana l’île d’Hispaniola ;
4. Expression = comparaison (une sorte de). – à l’arrière-plan, une île avec une maison de bois
Comme les Européens ne connaissent pas la pagaie, une civilisation établie ;
Colomb compare la rame à une pelle de boulanger pour – au second plan, des hommes et des femmes nus
permettre au lecteur de se la représenter mentalement apportent des présents en or ou fuient devant deux
effet inattendu, exotique. hommes qui accostent à bord d’une barque, arbalète
5. Modalisateurs : à la main ;
– adjectifs de sens valorisant : belle (l. 5), très beaux – au premier plan, en bas, le bateau aux voiles affalées
(l. 9 renforcé ici par un adverbe), très bien fait (l. 13) ; est le navire espagnol dont sont descendus les deux
– locution adverbiale méliorative : à merveille (l. 15, 19). hommes.
Image d’une population remarquable, admirable. = Tous les éléments du texte : Amérindiens peureux
Pour le paysage, il emploie surtout l’adjectif grande ou généreux, volonté de domination des Espagnols qui
arrivent, les armes à la main.
186
Question de synthèse Texte 1
D’UN Virgile,
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE

10. Image loin d’être idéalisée : passé la surprise et Énéide ➜ p. 301


l’admiration, on perçoit les réelles intentions des explo-
Objectif : Envisager le thème de la découverte dans
rateurs = s’approprier un maximum de richesses au
un texte fondateur.
nom des souverains qui ont commandé de tels voyages.

Pour aller plus loin QUESTIONS


11. Recherche 1. Champ lexical de la grandeur, de la hauteur : cet
a. Célèbres navigateurs et explorateurs au service des ensemble (l. 3), colonnes gigantesques (l. 9-10), temple
royaumes d’Espagne et du Portugal : immense (l. 25), énorme temple (l. 30).
– Bartolomeu Dias (vers 1450-1500) : découvre le « cap Image d’une cité gigantesque, digne d’admiration.
des tempêtes », rebaptisé « Cap de Bonne-Espérance » ; 2. Comparaison avec une ruche et des abeilles travail-
– Amerigo Vespucci (1454-1512) : expédition en leuses : Ainsi les abeilles, en l’été nouveau, par les cam-
Amérique du Sud. C’est en son honneur que l’Amérique pagnes en fleur (l. 10-11) activité incessante.
fut baptisée ainsi en 1507 ; Amplifiée par une hyperbole qui insiste sur le travail
– Fernand de Magellan (1480-1521) : première circum- des ouvriers : elles condensent le miel limpide et d’un
navigation (navigation tour du monde) ; son nom fut nectar délicieux emplissent à craquer leurs chambrettes
donné au détroit à la pointe de l’Amérique du Sud. (l. 13-14).
b. Régions découvertes à la Renaissance : essentielle-
3. Énée prend la parole à deux reprises :
ment le continent américain + différentes îles.
– phrase exclamative (l. 16-17) ; adjectif bienheureux
12. Écriture d’invention + apostrophe Ô = lyrisme admiratif ;
Contraintes du sujet : – question rhétorique, phrase exclamative (l. 35-39) :
– rédiger deux pages d’un journal d’exploration ; vocabulaire mélioratif avec honneurs (l. 37), touche les
– situer l’action au XXIe siècle ; cœurs et Dissipe tes craintes (l. 38), renommée et salut
– évoquer la rencontre et décrire les nouveaux êtres ; (l. 39).
– insister sur les raisons du voyage et sur les difficultés Émerveillement + amour de sa patrie + souvenir des
de communication. amis morts durant la guerre de Troie.
Proposition de début : 4. a. Objet = bas-relief, représentation de la guerre
Galaxie B25 – 28 juin 2011 de Troie au pied de cet énorme temple… intraitable
Au matin, notre vaisseau s’est posé sur une
(l. 30-35).
étrange planète, encore inconnue de toutes nos
b. Évocation de la guerre de Troie (les combats d’Ilion
cartes intersidérales. Nos thermodétecteurs sem-
blaient avoir repéré des formes de vie humanoïdes.
l. 33) et de nombreux personnages de cet épisode : les
Vers la mi-journée, nous avons revêtu nos combi- Atrides, Priam, et Achille (l. 34) et Achate (l. 35).
naisons spéciales et sommes sortis pour tenter de Épisode de la guerre de Troie = éclat d’une renommée
découvrir les éventuels habitants de cette contrée… importante arrivée jusqu’à Carthage = annonce de la
fondation de Rome par des héros illustres, tel Énée.
Prolongement : rechercher les autres écrits des
5. Future création de la ville de Rome : tu le verras (l. 38)
grands explorateurs de l’époque de C. Colomb, dans
et fera notre salut (l. 39), ville aussi belle et puissante
le but d’en établir une liste et d’en lire un extrait.
que Carthage.
6. Iconographie
Didon et Énée = deux personnages au centre de l’image :
– Didon tourne le dos au spectateur et montre du doigt
les bâtiments de sa ville. On reconnaît la reine à sa robe
somptueuse bordée de rouge et à son rôle de « guide »
de la ville dont elle est reine. Le nom latin Carthago est
indiqué sur la balustrade de gauche, qui lui fait face ;
– Énée, à ses côtés, regarde ce qu’elle désigne. Il porte
son casque, sa lance et une cape d’un rouge éclatant,
image du héros guerrier.
187
Vis-à-vis : Christophe Colomb et Virgile – deux enfants : l’un à côté de sa mère et l’autre, plus
7. Points communs : âgé, soufflant sur le feu, à droite ;
– narratif : le récit progresse de l’arrivée dans une – deux hommes reconnaissables à leurs couronnes,
région nouvelle à la découverte de ses richesses ; leurs arcs. Celui de gauche fume et celui de droite fait
– thématique : chaque personnage attend des choses le feu.
favorables de l’avenir : Colomb, la découverte de l’or ; Positions très précises pour chaque groupe.
Énée, la construction de sa cité. b. Mouvements des personnages saisis sur le vif : de
la fumée s’échappe de la bouche de l’homme (centre),
8. a. Colomb s’émerveille de la civilisation amérindienne,
le feu prend et la fumée s’élève à droite. Les muscles
mais cherche à en tirer un bénéfice pour les souverains
tendus des personnages indiquent des gestes en cours
espagnols  Énée découvre une ville fabuleuse et l’ad-
ou des mouvements (marche).
mire sincèrement comme modèle futur de Rome.
b. Expédition C. Colomb = avant tout but commercial 4. Deux groupes :
et acquisition de biens matériels ; il ne s’agit plus de – à gauche : deux prêtres à la peau grise sacrifient une
voyager dans le but d’explorer le monde, de faire des victime. L’un lui ouvre le torse à l’aide d’un poignard,
découvertes avec une volonté purement humaniste. l’autre lui tient les jambes. Au-dessous, un homme tire
une victime ensanglantée ;
Prolongement : rechercher le pendant de ce texte, un – à droite : un groupe de quatre personnages observe
passage qui raconte la fondation de la ville de Rome la scène et la commente.
afin d’en faire une étude comparée. Sacrifice rituel visant à apporter des bienfaits à la
communauté.
Analyse Codex Magliabechiano 5. Un cœur semble s’envoler dans l’angle supérieur
d’images et A. Thevet, Indiens gauche = façon de représenter l’âme de la victime qui
pêchant ➜ p. 303 s’échappe de son corps.

Objectif : Observer des représentations contrastées Question de synthèse


mais contemporaines des peuples amérindiens.
6. a. Document A : aspect barbare de la civilisation
aztèque + omniprésence de la religion dans la vie
QUESTIONS quotidienne.
Document B : importance des tâches quotidiennes
Première approche retour de la pêche et cuisson des poissons.
1. Document A : costumes traditionnels de cérémonie b. Opposition entre une scène cultuelle épisodique (A)
blanc et rouge (capes, costumes et pagnes pour les et une scène quotidienne (B).
sacrifiés). Opposition entre deux peuples aux vêtements diffé-
Document B : plus surprenant, car les personnages sont rents : costumes traditionnels (A) ; nudité et naturel (B).
entièrement nus, mais ont des couronnes de plumes sur Deux populations aux mœurs singulières, mais très
la tête et des arcs à la main. distinctes.
2. Thème de l’image du Codex plus choquant : scène Prolongement : trouver des gravures d’artistes
de sacrifice humain ; personnages représentés naï- d’Amérique (du Sud) afin de comparer la manière
vement  gravure de Thevet : hommes à l’apparence dont ceux-ci envisagent l’arrivée des Européens.
européenne et mieux détaillés, avec une attitude quoti-
dienne (plus proche des préoccupations européennes).

Analyse T 2
Texte J. de Léry, Histoire
d’un voyage fait en la terre
3. a. Trois types de personnages : du Brésil ➜ p. 304
– trois femmes (à gauche) : cheveux longs et portant sur
leur dos de quoi faire le feu ou à la main les poissons Objectif : Analyser la manière dont un explorateur
qui viennent d’être pêchés ; de la Renaissance évoque un peuple inconnu.

188
LECTURE ANALYTIQUE – peuple nomade : pourquoi ils déplacent si souvent leur
maisonnée (l. 38-39).
Première lecture C’est sans doute le nomadisme qui surprend le plus.
1. 1er § : relations sociales entre individus : Quant à la J. de Léry le développe : en Occident, les habitations en
société de nos sauvages (l. 1) société juste et aux dur, le rattachement à un territoire défini sont inscrits
règles équitables. dans les mœurs.
2e § : mode de vie et habitat de la tribu : Concernant b. ils n’ont d’autre réponse que de dire que changeant
les biens de ce peuple, consistant en maisons (l. 18) ainsi d’air, ils s’en portent mieux (l. 39-40) besoin de
peuple nomade et libre, à l’habitat conçu pour être liberté de ce peuple qui ne se fixe jamais à un endroit
déplacé. définitivement. Cela n’est pas propre aux Tupinambas,
Vie sociale et mode de vie meilleurs que ceux des mais peut surprendre un Européen sédentaire.
Européens. 7. a. Les mœurs sont très distinctes : peuple cannibale,
2. Lignes 7 à 9 : constat personnel sur les Tupinambas : polygame et nomade. Néanmoins, ils ont des habitudes
je ne les ai jamais vu débattre que deux fois précision identiques dans leur manière de réagir aux problèmes
supplémentaire. de justice, et vivent eux aussi dans des maisons (l. 18)
Lignes 18-19 : précision pour l’élaboration du récit + importance prédominante de la religion.
parallèle avec ce qui est dit ailleurs dans le récit b. Visée = faire comprendre aux Européens que les
(analogie). Tupinambas sont un peuple riche et évolué, digne
Lignes 22 à 24 : indication sur la manière dont les d’intérêt. Façon habile de suggérer une amélioration
familles se répartissent dans la maison complète le des mœurs en Europe, par exemple la paix, car l’appli-
propos à l’aide d’un exemple concret. cation de la loi du Talion se voit fort rarement entre eux
Ligne 25 : remarque personnelle, jugement sur le (l. 16-17).
mode de vie de la tribu jugé étrange commentaire
de l’auteur. Question de synthèse
Lignes 33 à 35 : parallèle avec une situation similaire 8. Utopie = lieu idéal dans lequel il fait bon vivre ; sorte
racontée à propos des Indiens au Pérou analogie de paradis sur terre. Création intellectuelle, pas un vrai
permettant de comparer deux modes de vie différents. lieu (étymologie).
Fonction de commentaire, souvent personnel. Justice parfaite des Indiens + mode de vie paradisiaque
+ absence de contraintes = modèle utopique.
Mise au point
3. Justice des Tupinambas : vie pour vie, œil pour œil, Pour aller plus loin
dent pour dent, etc. = loi du Talion (Ancien Testament) : 9. Recherche
infliger au coupable une sanction équivalente au crime Missionnaire = religieux envoyé à l’étranger pour
commis (l. 11-17). convertir des populations au christianisme.
Importance du religieux dans la présentation des
Analyse Tupinambas : thème du sacrifice et loi du Talion.
4. Concession : admettre le choc incroyable (l. 1) des 10. Analyse de corpus
révélations sur la société de nos sauvages (l. 1) qui vivent a. Points de vue très différents :
au naturel et sans les lois divines et humaines (l. 2), – certains se considèrent comme supérieurs en matière
mais qui vivent si bien en paix les uns avec les autres technique (Colomb et Cartier), et observent avec amu-
(l. 4) préparer le lecteur à accepter l’altérité. sement les moyens dont disposent les Indiens. Colomb
5. Jean de Léry insiste sur le caractère pacifique et juste s’efforce de tirer profit du commerce avec eux, alors
des Tupinambas : et vivent si bien en paix les uns avec que Cartier est un peu plus observateur et respectueux ;
les autres (l. 4) suggérer aux Européens qu’ils pour- – Jean de Léry donne les Indiens en exemple ;
raient bien suivre les mêmes règles et éviter les que- – Montaigne se distingue : considère les Amérindiens
relles et les guerres inutiles. comme des victimes des Européens (pour ceux qui les
6. a. Les Tupinambas ont deux particularités exotiques : ont subjugués, qu’ils ôtent les ruses et batelages, de quoi
– polygames : le mari a ses femmes et ses enfants sépa- ils se sont servis à les piper l. 42-43).
rés (l. 24) ; b. Montaigne n’est pas un voyageur : récits lus. N’ayant
pas pu aller sur le terrain, il utilise des arguments « de
189
seconde main », moins personnels que ceux des autres Vis-à-vis : Jean de Léry et Marco Polo
+ réflexion, recul, regard de philosophe sur la situation. 6. Marco Polo : le plus objectif car se contente de relater
Prolongement : s’entraîner au commentaire à partir des anecdotes relatives au peuple tartare  Jean de
du 2e § (l. 18-41). Léry : prend partie pour les Indiens tupinambas, en
donne une image idéale aux Européens.
7. Jean de Léry compare Amérindiens et Européens :
D’UNTexte 2 M. Polo, La Description allusion à la loi biblique du Talion (l. 15-17), lorsqu’il
L’AUTRE
ÀL ’AUTRE
du monde ➜ p. 306 évoque la justice des Indiens et compare implicitement
les maisons des deux peuples en expliquant les caracté-
Objectif : Découvrir l’un des premiers récits ristiques des habitations nomades, qui, contrairement à
de voyage en Asie. celles des Européens, sont démontables (l. 37-41).
Prolongement : chercher un autre passage du récit de
QUESTIONS
Marco Polo dans lequel il raconte d’autres prodiges.
1. a. Merveille < latin mirabilia = ce qui est étonnant
(et par la suite, digne d’admiration).
b. Récit de Marco Polo : pas fait pour susciter l’admira-
tion mais pour surprendre le lecteur par son étrangeté ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE
et son originalité. Ex. : mœurs apparemment barbares, J. de Léry, Histoire d’un voyage fait
tous ceux qu’on rencontre sur la route sont mis à mort
en la terre du Brésil ➜ p. 308
(l. 6-7) afin de trouver des compagnons dans l’au-delà
à l’empereur mort. Objectif : Étudier un récit de voyage écrit
2. Exotisme des Tartares : à la Renaissance.
– rites funéraires (question 1. b) ;
– vie nomade en fonction des saisons : Les Tartares PISTES D’ANALYSE
demeurent l’hiver dans les plaines chaudes […] l’été ils
demeurent dans des lieux froids (l. 15-16) ; 1. L’étude d’un peuple
– maison = tente démontable et transportable : ils les Nombreux thèmes abordés :
emportent très facilement (l. 20) ; – aspect physique des Amérindiens (ch. VIII) ;
– nourriture = ils mangent toutes viandes, chevaux, – nourriture et boissons (IX) ;
chiens, rats et marmottes (l. 27) ; Ils boivent du lait de – manière dont ils font la guerre (XIV et XV) ;
jument (l. 28-29). – religion et mariage (XVI et XVII) ;
Signes de barbarie éventuellement perceptibles, en – justice (XVIII) ;
raison du contraste avec les mœurs européennes. – médecine (XIX).
Image valorisante, parfois idéalisée, qui lui permet
3. Marques de la présence de l’auteur :
d’opposer l’univers des Indiens à celui, amplement cri-
Sachez (l. 1), J’ajouterai (l. 5), Je vous certifie (l. 11-12), je
tiqué, des Européens.
vous l’ai dit (l. 13), je vais vous en dire (l. 14).
Expressions incluant souvent le pronom vous 2. Une description comportementale
= adresse au lecteur, témoin des merveilles relatées. Nudité des Amérindiens, force physique et résistance
4. L’expression grande merveille (l. 6) peut sembler (ch. VIII), mais aussi leurs bijoux (os portés aux lèvres,
choquante : précède la mention de massacres faisant pendentifs, ceintures), les plantes dont ils s’enduisent
jusqu’à plus de neuf mille victimes (l. 12). Emploi étymo- le corps, ou leurs peintures corporelles.
logique du mot merveille : étonnement sans forcément Opposition des deux peuples : aspects négatifs des
apprécier, admirer ce qui est vu. Européens  manière idéalisée de voir le peuple indi-
5. Plusieurs anecdotes à partir de la ligne 15 : apparence gène. Critiquer les chrétiens en montrant que l’homme
des charrettes de déménagement, couvertes de feutre à l’état de nature est meilleur.
noir (l. 21), ou régime alimentaire à base de chevaux,
3. La question du cannibalisme
chiens, chats et marmottes (l. 27), etc. succès du livre
Chapitre XV : cas de cannibalisme avérés, avec sacri-
riche en précisions exotiques.
fices de prisonniers ou de criminels. Actes comparés à
190
des pratiques de boucher moins choquants. agriculteurs affaire portée devant le président Lula
Faits mis en parallèle avec les exactions commises en 2010. Pas de solution à ce jour.
en France lors de la Saint-Barthélemy (nuit du 24 au
25 août 1572) Français mal placés pour juger les
Indiens. T 3
Texte M. de Montaigne,
Essais ➜ p. 309
4. Le voyage maritime Objectif : Analyser l’avis d’un philosophe humaniste
Chapitres I à V : voyage vers le Brésil ; chapitres XXI sur les Amérindiens.
et XXII : retour en France.
Premier trajet : évocation précise des lieux traversés,
des animaux rencontrés. LECTURE ANALYTIQUE
Retour : problèmes de ravitaillement, maladies et Première lecture
fatigue de l’équipage.
Problèmes de navigation laissés de côté à l’aller 1. Métaphore filée du jeune enfant dont on doit faire
= laisse entendre que le Brésil est un lieu utopique l’éducation : si enfant, qu’on lui apprend son a, b, c
et qu’en s’en éloignant, on retrouve les problèmes (l. 4), Il était encore tout nu, au giron, et ne vivait que
européens. des moyens de sa mère nourrice (l. 6).
Les Européens ont un rôle à jouer dans le dévelop-
pement de ce Nouveau Monde et une responsabilité
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
bienveillante à assumer.
1. Entraînement au commentaire
Mise au point
Partie I. Une vision du cannibalisme
1 er § : Analogie entre Indiens tupinambas et 2. Oxymore : juxtaposition de deux termes de sens radi-
Français calement opposé ville trop belle ; ses attraits ont
Ex. : « que ceux qui liront ces choses tant horribles, suscité la convoitise des Européens et causé sa perte.
exercées journellement entre ces nations barbares
de la terre du Brésil, pensent aussi un peu de près à Analyse
ce qui se fait par deçà parmi nous » (comparaison). 3. a. Opposition marquée à deux endroits :
2e § : Une vision crue et cruelle – lignes 31 à 37 : qualités mentionnées par l’auteur
Ex. : champs lexicaux du corps et des mutilations. (bonté, loyauté, franchise…) = celles des Indiens, pas
3e § : Un plaidoyer en faveur des protestants
des Européens qui en semblent dépourvus ;
Ex. : mention de la Saint Barthélemy :
– lignes 38 à 40 : autres qualités (hardiesse, courage…)
« la sanglante tragédie qui commença à Paris le
24 d’août 1572 ». = encore celles des Indiens, au profit des Européens.
Partie II. Une argumentation redoutable Qualités morales qui les opposent aux Européens,
1er § : Un texte à valeur argumentative montrés comme mauvais.
Ex. : structure caractéristique : récit anecdotique Pour Montaigne, il faut remonter à l’Antiquité, aux plus
+ conclusion à valeur morale. fameux exemples anciens (l. 41) pour trouver une com-
2e § : Une anecdote marquante paraison en Europe.
Ex. : dates et faits précis réalisme. b. Antithèses :
3e § : Une conclusion implacable
– mensonges des « envahisseurs » (ruses, l. 42)
Ex. : « Par quoi qu’on n’abhorre plus tant désor-
 sincérité des indigènes (juste étonnement, l. 43) ;
mais la cruauté des sauvages anthropophages. »
– techniques avancées des Européens (les foudres et
2. Recherche tonnerres de nos pièces et arquebuses, l. 52-53)
Les Tupinambas vivent essentiellement dans l’état de  manque d’expérience des peuples conquis (autant
Bahia (centre-est du Brésil). inexpérimenté, l. 54) ;
Depuis quelques années, victimes d’agressions répétées – inégalité des forces et des armes : notre acier (l. 52)
de propriétaires terriens qui leur volent leurs terres et  bâtons, et boucliers de bois (l. 56).
les chassent pour l’exploitation agricole. Peuple naturellement bon, mais peu développé
Depuis 2000, les Indiens tentent de reconquérir leurs au niveau technique  peuple européen, rusé et aux
terres, provoquant des rixes avec la police locale et les connaissances avancées.
191
4. la beauté de leurs ouvrages (l. 23-24) : alliance mélio- 9. Commentaire littéraire
rative de l’esthétique et de la fonctionnalité = idéal Partie I. Une opposition systématique entre deux
technique qui valorise les Indiens. peuples
1er § : Les qualités des Indiens
5. Deux allusions :
Ex. : champ lexical des qualités morales (l. 38-39).
– à Lucrèce (l. 7) : sorte d’argument d’autorité pour 2e § : Les ruses des Européens
appuyer les idées de Montaigne ; Ex. : vocabulaire péjoratif : « ruses » (l. 42),
– à César (capables de troubler Cæsar même, l. 53) : « piper » (l. 43)…
créer un effet de surprise car les armes à feu n’existaient 3e § : Les confrontations entre les deux peuples
pas à l’époque de César, pourtant stratège absolu. Ex. : nombreuses antithèses (question 3. b).
Montrer que l’auteur a raison quand il affirme que Partie II. Un texte témoin de la Renaissance
les Indiens n’avaient aucune chance de se défendre 1er § : Des références antiques
face aux Européens. Ex. : Lucrèce (l. 7) et « Cæsar » (l. 53).
2e § : Un état des lieux des connaissances
6. Griefs = avoir profité de l’effet de surprise produit sur
Ex. : champs lexicaux des techniques, des
les Indiens par leurs avancées techniques (des choses matériaux…
étrangères et inconnues, l. 57-58) pour les étonner et 3e § : Une réflexion sur l’avenir du Nouveau Monde
leur mentir : subjugués (l. 42), piper (l. 43). Ex. : métaphore filée (question 1).
Conclusion = sans cet effet de surprise, la victoire
Prolongement : lire le chapitre « Des cannibales »
n’aurait pas été aussi aisée : comptez dis-je aux conqué-
dans les Essais et le comparer avec la vision donnée
rants cette disparité, vous leur ôtez toute l’occasion de
dans cet extrait.
tant de victoires (l. 58-59).

Question de synthèse
7. Texte = synthèse de ce que Montaigne a lu sur la Texte 3
D’UN J. Cartier, Voyages
À L’AUTRE

situation en Amérique : au Canada ➜ p. 311


– beauté des paysages (l. 16 sq.) ;
Objectif : Analyser le point de vue d’un explorateur
– qualités morales des Indiens (l. 30 sq.) ; français.
– faits anecdotiques sur la manière dont les Européens
ont trompé les indigènes.
QUESTIONS
Faits à l’appui de sa thèse personnelle : les
Européens ont dominé les Indiens par la ruse. 1. Deux pronoms majoritairement utilisés :
– nous = Jacques Cartier et son équipage ;
Pour aller plus loin – ils = les Indiens micmacs.
8. Recherche 2. Substantif sauvages (l. 18, 19 et 21) avec deux
a. Littérature humaniste : significations :
– s’appuie sur des modèles latins ou grecs : ici allusion – ceux qui vivent à l’état naturel (sans connotation
à Lucrèce (l. 7) et à Cæsar (l. 53) ; particulière) ;
– homme placé au cœur de la réflexion philosophique : – ceux qui manquent de connaissances et ne sont pas
ici différence entre Européens et Indiens ; civilisés.
– ambition éducative : améliorer l’homme ; Deuxième sens, assez péjoratif, utilisé ici.
– proposer un modèle de société. 3. a. Échanges qui ne sont pas simples :
b. Montaigne = écrivain essentiel de l’humanisme, – d’abord les Indiens ont des intentions pacifiques,
qui a puisé sa réflexion dans les ouvrages des auteurs comme le montre la phrase en langue micmac : Napou
antiques. tou daman asurtat (l. 6) ;
Machiavel et La Boétie ont insisté sur de nouvelles – ensuite, les Français tirent sur les Indiens à deux
façons de régner : naissance de la philosophie poli- reprises : nous leur tirâmes deux passe-volants par-
tique moderne. dessus eux (l. 12), et nous leur lâchâmes deux lances
Érasme a réfléchi à de nouveaux modes d’éducation, à feu (l. 15) ;
influencés par l’évangélisme, donc le refus de la doc- – enfin, les Indiens se replient et les échanges débutent :
trine catholique. commencèrent à trafiquer avec les nôtres (l. 20).

192
b. Tirs sur les Indiens : côté théâtral dans le récit (l. 12, Vis-à-vis : Montaigne et Jacques Cartier
15). Mais ils ne sont pas si invraisemblables, car les 6. a. Jacques Cartier : Indiens = hommes manquant de
Français sont largement inférieurs en nombre (ils connaissances, montrés sous un jour qui n’est pas for-
entourèrent incontinent notre barque, avec leurs sept cément méprisant. Mais l’intérêt commercial rappelle
barques, l. 10-11) et ne comprennent pas la langue vite celui de Christophe Colomb avec l’or ➜ p. 299.
des Indiens (autres paroles que nous ne comprenions Montaigne défend farouchement les Indiens en laissant
pas, l. 7). Ils ne peuvent donc pas savoir que ceux-ci entendre que les Européens les ont asservis par ruse
viennent en amis. et méchanceté.
Retrait rapide des Indiens justifié par la méconnais- b. Dans les Essais : toutes les qualités morales du côté
sance des armes à feu : en grande hâte, et ne nous des Indiens, les Européens ne cherchant qu’à leur nuire
suivirent plus (l. 16-17). ou à profiter de la situation. Dans le texte de Jacques
4. Insistance sur les objets de troc : Cartier, les Français paraissent plus civilisés : les plus
– pour les Micmacs : des peaux de peu de valeur dont évolués techniquement parlant (armes en fer, armes à
ils se vêtent (l. 25-26) ; feu), pas de réactions étranges.
– pour les Français : des couteaux et autres objets de Altérité plus marquée des Indiens chez J. Cartier.
fer, et un chapeau rouge pour donner à leur capitaine 7. Récit de J. Cartier = faits bruts.
(l. 28-29). Montaigne : pas de voyage au Nouveau Monde ; lec-
Intérêt des Européens pour les échanges commer- teur des récits d’explorateurs. Mais plus de recul
ciaux ; quête de l’intérêt commercial et financier. commente avec un regard neuf et impartial + critique
Mention répétée des peaux (l. 25, 30, 35) : annonce très les Européens pour souligner leur matérialisme et leur
claire pour le lecteur actuel de la fondation au Canada fourberie. Essais = analyse philosophique qui pointe les
de la Compagnie de la Baie d’Hudson (par les Anglais réelles circonstances de la découverte de l’Amérique.
au XVIIe siècle) et de la Compagnie du Nord-Ouest (par
les Français au XVIIIe siècle), concurrentes, toutes deux Prolongement : écriture d’invention
spécialisées dans le commerce des fourrures et qui Reprendre le récit de J. Cartier en adoptant le point de
fusionneront au XIXe siècle. vue d’un Indien micmac.
5. Méfiance réciproque à un moment donné des
échanges : d’abord les Indiens qui viennent en paix Histoire des arts ➜ p. 314
sont chassés par les tirs des Français ; puis ces derniers Les arts premiers
doivent montrer des signes de bonne volonté pour lais-
ser approcher les Micmacs : Nous leur fîmes pareille-
QUESTIONS
ment signe que nous ne leur voulions nul mal (l. 26-27)
= situation antithétique qui pourrait donner lieu à une 1. sirige = long, haut en langage dogon (peuple du
mise en scène de gag dans un dessin animé ou une Mali).
bande dessinée. Masque représentant le Ginna, ou maison de la grande
En fait, contraste entre fuite rapide des Indiens (l. 16) famille, qui symbolise le lignage du porteur du masque.
et leur retour où ils sont effarouchés puis ouverts. Les Tronc d’arbre sculpté, peint en partie de couleur noire
simples signes de joie de leur première apparition (l. 5) dans la partie supérieure et blanc et rouge à la base,
deviennent plusieurs cérémonies débordant de joie creusé de formes oblongues à d’autres niveaux.
(l. 31-32) les laissant tout nus (l. 33) à force de donner Utilisés lors de fêtes traditionnelles, des rassemble-
leurs peaux de bêtes. ments de masques.
Effet navrant de la vision d’un peuple infantile. 2. L’Asie est surtout représentée par les arts premiers
d’Indonésie et de Papouasie.
Exemple du peuple batak : imposants bijoux d’oreille
et autres ornements féminins (bagues, bracelets, pen-
dentifs) ; « canne du magicien » sculptée de figures
animales = objet essentiel à toute cérémonie sacrée.

193
Exercices d’approfondissement ➜ p. 316 – 3e § : présent d’énonciation (C’est l’invasion des
Européens, l. 8) + passé composé (n’ont rien rapporté,
REVOIR l. 18) présentation d’une situation où le passé a
encore des implications dans le présent.
2. Ton peu approprié = polémique vis-à-vis des
1 Une vision européenne étonnante
B. de Las Casas, Très brève relation de la destruction Européens + dur à l’égard de l’Afrique : emploi d’un
des Indes vocabulaire péjoratif (côtes maudites, désolées, l. 15 ;
1. a. Comparaison = qu’ils ont toujours utilisés comme superlatif : le plus effroyable du globe, l. 17).
bêtes de somme (l. 8-9), l’air de bêtes mal en point (l. 11) 3. Européens jugés responsables des problèmes des
Amérindiens = animaux domestiques, utilitaires, trai- Africains : invasion des Européens (l. 8), Tous les gou-
tés comme des esclaves par les Européens. vernements sont venus engloutir des millions (l. 13-14),
b. Accumulation : les coups de fouet, les bastonnades, n’ont rien rapporté, que les guerres, les désastres de tous
les soufflets, les coups de poing et mille autres sortes de genres ! (l. 18-19).
torture (l. 12-13). Hyperbole dans le nombre de tortures Européens = colonisateurs sans scrupule, ni pitié.
envisagées (mille).
2. Vocabulaire de l’esclavage ou de l’exploitation : tour- 3 Une Française en Amérique
ments (l. 3), travaux (l. 4), fardeaux (l. 9) + importance S. de Beauvoir, L’Amérique au jour le jour
de la structure récurrente faisaient + infinitif (l. 3, 5, 7) 1. Champ lexical de la peur, de l’insécurité : sécurité
pour insister sur leur condition. (l. 4), peur (l. 5, 7, 16, 27), menace immédiate (l. 15, 16),
Amérindiens = animaux domestiques. haine (l. 17), danger (l. 29) insistance sur les rapports
3. a. Las Casas veut que les Européens comprennent entre les populations blanche et noire aux États-Unis, à
ce que l’on fait subir aux Amérindiens, afin qu’ils en l’origine de tensions, mais sans conflit ouvert.
soient informés et ne puissent nier registre pathé- 2. Plusieurs périphrases :
tique dominant (hyperbole + description des sévices). – des faubourgs où l’on a faim (l. 7-8) ;
b. Espagnols = esclavagistes, hommes sans pitié : – un univers qui refuse le sien [celui du bourgeois riche]
Les chrétiens eux-mêmes se faisaient porter dans des et qui un jour en triomphera (l. 9-10) ;
hamacs (l. 6-7). – une société complète, avec ses bourgeois et ses pro-
Texte polémique dénonçant l’inhumanité de mauvais létaires (l. 10-11).
chrétiens. Société de Harlem dans son ensemble : malaise de
toute une communauté.
APPROFONDIR Condition sociale défavorisée, même si certains sont
plus riches que d’autres.
2 Un regard désenchanté Termes faubourgs, univers et société = monde à part, à
A. Rimbaud, Lettre d’Aden côté des Blancs notion de ghetto.
1. a. Plusieurs instances d’énonciation : 3. Explication introduite par c’était à cause (l. 5) ; pour
– je (l. 1, 4, 20, 21) = Rimbaud lui-même ; l’auteur la responsable est cette peur dans le cœur des
– vous (l. 21-22) = famille de Rimbaud en France ; gens qui ont la même couleur de peau que moi (l. 5-6).
– on (l. 17) = les Européens (valeur indéfinie du pronom). Crainte d’une agression = peur déraisonnable (l. 16) qui
Peu d’éléments personnels et intimes : Rimbaud serait l’envers d’une haine et d’une espèce de remords
n’est pas le centre d’intérêt de cette lettre. Il évoque (l. 17-18) des Blancs.
bien plus les affaires des Européens (l. 8-19). Explication rationnelle pas de peur pour elle : la
b. Temps verbaux : vérité est qu’il ne pouvait rien m’arriver (l. 3-4).
– 1er § : présent d’énonciation (l’été approche, l. 2) 4. Expression reposant sur la paronymie : il se sent et il
actualise le propos ; se sait, due à l’allitération en [s].
– 2e § : présent d’énonciation (elles ne sont plus, l. 6)  L’Américain blanc a conscience de ne pas toujours
imparfait (ce qu’elles étaient, l. 6) opposition entre avoir été bon à l’égard des Noirs. Mais lucidité limitée :
un passé révolu et une actualité bien différente, à cause ses intentions viennent mourir aux lisières de Harlem
des Européens ; (l. 23-24).
194
ÉCRIRE 5. Visage fermé, peu amène  visages ouverts et sym-
pathiques des gens à l’étranger + les ondes répul-
sives émises par chacun à l’encontre de tous les autres
4 Un étranger dans son pays
M. Tournier, Le Vent Paraclet, « Vendredi »
(l. 23-24).
Égoïsme et incapacité à communiquer de la part des
1. Européens du passé = prisonniers de leurs habitudes Français.
et de leur société : Tout cela pesait lourdement sur lui
(l. 3-4), privés de liberté : C’est à peine s’il choisissait 6. Entraînement à la dissertation
sa femme (l. 5-6), terme fort : sujétions (l. 7). Mais ces Analyse du sujet = expliquer ce qu’implique la citation :
conditions difficiles soudaient les hommes (l. 9-10). les sauvages, ce sont surtout les Européens pour
Au présent, riches Européens : fermés dans leur soli- Voltaire.
tude de riche, visages morts (l. 23). Problématique : Comment définir la sauvagerie ?

2. Répétition = dans les pays dits sous-développés. Sous- Proposition de plan :


Partie I. Les sauvages dans les pays découverts
développés vraiment ? (l. 11-12).
1er § : Des peuples inconnus et surprenants
Reprise d’un groupe de mots identique à la fin d’une ➜ J. de Léry
première phrase et au début de la suivante (anadi- 2e § : Des mœurs très différentes ➜ M. Polo
plose : terme nouveau à fournir éventuellement aux 3e § : Des pratiques cultuelles choquantes
élèves) remettre en cause la notion de sous-déve- ➜ Codex Magliabechiano
loppement en soulignant l’incongruité de cette vision Partie II. Des civilisés à la figure de sauvages
européenne. 1 er § : Les Conquistadors et la soif de l’or
3. Image valorisante des étrangers, évoqués par le biais ➜ C. Colomb
2e § : Des Américains blancs apeurés par les Noirs
de situations quotidiennes : rarement un sourire adressé
➜ S. de Beauvoir (exercice 3)
à une inconnue reste sans réponse (l. 13-14), etc.
3e § : Des Français égocentriques
Étrangers chaleureux et accueillants  vision donnée ➜ M. Tournier (exercice 4)
ensuite des Français. Partie III. La notion de sauvage
4. tous ces visages morts (l. 23), renforcé et amplifié par 1er § : Qu’est-ce qu’un « sauvage » ? ➜ Montaigne
l’expression visages de bois (l. 22). Image très négative 2e § : Le choc culturel de deux mondes ➜ J. Cartier
des Français renvoyant aux masques africains, des arts 3e § : Un paradoxe : qui est vraiment le « sau-
premiers en général ➜ p. 314. vage » ? ➜ Las Casas (exercice 1)

195
Prolongements

Textes et documents Texte du DVD-Rom 


Essais et études M. Condé, La Belle Créole (2001) : humiliation de
●C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Pocket, Terre l’Antillais par une békée
Humaine, 2001
Vidéo du DVD-Rom 
● J. Favier, Les Grandes Découvertes, Hachette,
C. Chabrol, La Cérémonie (1995) : humiliation de
Pluriel Éditions, 2010
l’analphabétisme, une sauvage parmi les civilisés
Classiques
● Montaigne, Essais, Livre I, chapitre XXXI, Activités
« Des cannibales », Gallimard, Folio, 2009 ● Commentaire
● Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements Commentez le texte de Marco Polo ➜ p. 306 en
de l’inégalité parmi les hommes, GF / Flammarion, analysant précisément la manière dont il présente
2008 les Tartares.
● Voltaire, L’Ingénu, Hatier, 2004 ● Dissertation
À partir des textes de la séquence, déterminez l’in-
Textes modernes
térêt de ces récits de découvertes ou d’explorations.
● J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid, Pocket,
● Proposition transversale :
1993
Corpus : Plusieurs visions de la nature de
● R. Lewis, Pourquoi j’ai mangé mon père, Pocket, l’homme
1998 Objectif : Analyser les différents aspects de
● N. Barley, L’anthropologie n’est pas un sport l’homme envisagés dans ces textes (lectures
dangereux, Stock, 2001 analytiques).
J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid ➜ p. 101
● Vercors, Zoo ou l’Assassin philanthrope, Magnard,
Voltaire, L’Ingénu ➜ p. 114
Lycée, 2004
Mary Shelley, Frankenstein ➜ p. 169
● Vercors, Les Animaux dénaturés, Le Livre de Élisabeth Badinter,
Poche, 1975 XY, de l’identité masculine ➜ p. 297

196
VERS LE BAC
Les figures du pouvoir en poésie
➜ Livre de l’élève, p. 318

OBJECTIF pas eu le loisir d’y aller (v. 25) + antithèses à la rime :


S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant sur votre grâce / ma trop grande audace (v. 20, 21), une
un corpus de textes poétiques de la Renaissance. Amende / je la vous demande (v. 11, 12).
– Texte 2 : extrait d’un poème adressé à Henri II, tutoyé
(v. 1, 11, 14) = proximité avec le roi, donc le pouvoir.
OBJETS D’ÉTUDE Figures de rhétorique = suite de comparaisons épiques :
– Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à comme un de ces dieux qui vont à la bataille, / Ou de ces
nos jours chevaliers qu’Homère nous a peints […] (v. 2-8) => roi
– Vers un espace culturel et européen : Renaissance mis sur le même plan que les héros de la guerre de
et humanisme Troie (v. 4) + hyperbole : Henri II surpasse Achille (v. 9),
héros par excellence : pourtant il ne mérite / D’avoir
CORPUS l’honneur sur toi (v. 10-11).
Texte 1 C. Marot, Épîtres – Texte 3 : sonnet dédié à François II désigné par une
Texte 2 P. de Ronsard, Hymnes périphrase : Digne fils de Henri (v. 1) ; glorification de
Texte 3 J. Du Bellay, Les Regrets François II, Notre second espoir (v. 2), notre Hercule
Texte 4 A. d’Aubigné, Les Tragiques gaulois (v. 1) ; pouvoir royal fondé sur la victoire guer-
rière : suis ton père à la trace, / Et apprends à dompter
l’Espagnol, et l’Anglois (v. 7-8) = injonction + valeurs
SUJET POUR LA SÉRIE LITTÉRAIRE
héroïques mises en évidence.
Question – Texte 4 : extrait d’un poème épique qui évoque les
Rois (v. 1) et les Princes (titre du livre II) en général ;
Introduction
contrairement aux autres poèmes, élogieux, ce texte
– Auteurs représentatifs de l’humanisme : C. Marot,
poète de la cour de François Ier, proche du protes- critique vivement la monarchie, le caractère inique
tantisme, ce qui lui valut la prison ; P. de Ronsard du pouvoir royal, Le règne insupportable et rempli de
et J. Du Bellay : poètes de la Pléiade, proches du roi misères (v. 7).
Henri II, s’inspirent de l’Antiquité et enrichissent la Figures de rhétorique = métaphore : Le peuple étant le
langue poétique ; A. d’Aubigné : poète protestant proche corps et les membres du roi, / Le Roi est chef du peuple
de Henri IV, auteur d’un poème épique important. […] (v. 9-14) + chiasme Vicieux commencer, achever
– Contexte : Renaissance monarchie + guerres de vicieux (v. 6) pour souligner le blâme.
religion. Organisation de la réponse
– Forme : quatre poèmes d’éloge. – 1er § : image d’un monarque respecté, voire idéalisé
– Thème : le pouvoir du roi. (textes 1, 2 et 3) => marques de l’éloge.
– Question : procédés pour évoquer le pouvoir. – 2e § : image du roi guerrier, héros admiré ou souve-
Développement (éléments de réponse) rain assoiffé de sang (textes 2, 3 et 4) => marques des
– Texte 1 : lettre poétique adressée à François Ier mis en registres épique et polémique.
évidence par le pronom personnel vous (v. 5, 7, 9, 12...) Conclusion
et l’apostrophe Sire (v. 16) + déterminants possessifs Trois poèmes élogieux (textes 1, 2 et 3) s’adressent à des
vos gens (v. 17), votre grâce (v. 20) => roi = homme juste rois précis dont les auteurs évoquent de façon épique
et clément, accessible à la demande de grâce (v. 20). la justice et la force  texte 4 : blâme implacable des
Figures de rhétorique utilisées = euphémisme : Je n’ai monarques sanguinaires.

197
SUJETS AU CHOIX persanes) ou Voltaire, dans des genres certes plus dis-
trayants, mais tout aussi efficaces.
1. Commentaire
Introduction 2. Dissertation
– Auteur : A. d’Aubigné (1552-1630), poète français. Introduction
Élevé dans la confession calviniste et proche de Henri – Contextualisation : question de la relation entre les
de Navarre jusqu’à la conversion de celui qui devient écrivains et le pouvoir.
alors Henri IV. – Sujet : relations entre poésie, ou littérature en géné-
– Œuvre essentielle : Les Tragiques (1616), texte poétique ral, et pouvoir => décrire objectivement, glorifier, ou
à la fois épique et polémique évoquant la France déchi- critiquer les puissants ?
rée par les guerres de Religion (1561-1598) auxquelles – Problématique : Dans quelle mesure la littérature est-
ce poète a participé. elle intéressante pour évoquer le pouvoir ?
– Texte : extrait du livre II intitulé « Princes » ; vive Plan proposé
critique du pouvoir royal belliqueux. Partie I. La littérature de cour => glorification
– Problématique : Par quels moyens A. d’Aubigné 1er §. Lettres et dédicaces = interpellations des puis-
dénonce-t-il le pouvoir ? sants pour leur demander aide et soutien
Plan proposé Ex. : lettres de C. Marot à François Ier (texte 1)
Partie I. Une image négative du pouvoir royal + L’Adolescence clémentine ➜ p. 68 ; dédicace des
1er §. Le roi n’est pas libre (v. 1-3) Fables de La Fontaine.
Ex. : hyperboles « vice noir » et « Esclaves du 2 e §. La poésie de circonstance = éloge des
péché ». puissants
2e §. Le roi est esclave de la « fureur » (v. 3-5) Ex. : poèmes laudatifs de Ronsard et Du Bellay
Ex. : gradation insistant sur la responsabilité meur- (textes 2 et 3) .
trière du roi, « Vous corrompt, vous émeut, vous 3e §. La transposition romanesque (réalité quoti-
pousse et vous invite ». dienne de l’élite)
3e §. La métaphore du « chef » (v. 9-14) Ex. : cour de Louis XIV évoquée à travers celle de
Ex. : chiasme renforçant le pouvoir du roi appuyé Henri II dans La Princesse de Clèves de Madame de
sur la volonté du peuple, « Le peuple étant le corps La Fayette (1678) ➜ p. 172.
et les membres du Roi, le Roi est chef du peuple » Partie II. Le témoignage => fonction didactique
+ métaphore anatomique empruntée au Nouveau 1er §. Évocation singulière du pouvoir en poésie
Testament (peuple = « corps » et « membres du Ex. : image du conquérant Napoléon Ier dans les
Roi »). récits de Stendhal.
Partie II. Le roi guerrier, oppresseur de son peuple 2e §. Défense de ceux qui résistent au pouvoir
1er §. Un mauvais règne (v. 6-8) Ex. : L. Aragon, « Strophes pour se souvenir », afin
Ex. : emprise implacable du roi marquée par le de célébrer la bande de Manouchian ➜ p. 83.
chiasme qui marque les limites fatales du pouvoir, 3e §. Défense de points de vue nouveaux, voire
« Vicieux commencer, achever vicieux ». révolutionnaires
2e §. Un univers de sang et de dévastation (v. 5, Ex. : égalité entre les hommes et les femmes chez
7, 12-14) S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949) ➜ p. 96 ; la
Ex. : image effrayante de l’automutilation « À cou- lutte contre l’esclavage de D. Diderot, Supplément
per de son corps les jambes et les bras ». au voyage de Bougainville (1796) ➜ p. 99.
3e §. Une représentation de la folie Partie III. La littérature critique => visée polémique
Ex. : vocabulaire de la déraison (« frénétique et 1er §. Critique d’un pouvoir inique : poète = porte-
pleine de manie », v. 11) + perversion de la logique parole des opprimés
(« le chef n’est plus chef », v. 13). Ex. : les textes d’A. d’Aubigné (texte 4).
2e §. Critique de la monarchie absolue => éloge
Conclusion
d’une monarchie éclairée
– Bilan : évocation polémique du pouvoir du roi asser- Ex. : l’utopie, tel l’Eldorado dans Candide de
vissant son peuple critique d’un pouvoir royal san- Voltaire ➜ p. 296.
guinaire renforcée par la vision d’un poète témoin des 3e §. Critique d’un pouvoir usurpé => poète = éclai-
horreurs de son temps. reur du peuple
– Ouverture : critique du roi dans les œuvres de phi- Ex. : V. Hugo, Les Châtiments (1853), vives cri-
losophes des Lumières comme Montesquieu (Lettres tiques à l’encontre de Napoléon III ➜ p. 540.
198
Conclusion – Thèmes : avenir, choix politiques et humains,
– Bilan : la littérature a un rôle très important à jouer monarque efficace => appel à des connaissances histo-
dans la représentation du pouvoir, de la poésie de riques propres au programme de Seconde.
circonstance qui idéalise le souverain aux écrits polé- – Style : reprise de la figure épique d’Hercule, récur-
miques les plus virulents. rente dans le poème (texte 3), et du terme vertu,
– Ouverture : si l’objectif premier de la littérature n’est constamment répété (v. 4, 9, 13, 14).
pas forcément de refléter son temps, toute œuvre de Proposition de corrigé (début du monologue)
création artistique garde l’empreinte des conditions Le Roi est vêtu du manteau royal pour ouvrir le
dans lesquelles elle a été produite. Les mots ont une conseil royal. Il marche de long en large, s’arrêtant
force qui leur est propre et qui peut parfois faire l’éloge régulièrement devant la porte, il fait mine d’ouvrir
et flatter un puissant, mais aussi s’avérer plus efficace la porte puis se détourne et reprend sa marche.
que les armes (cf. Sartre dans Les Mots qui comparait François II. – Que faire ? Les oncles de ma
sa plume à une épée). femme, les Guise veulent que je défende la Vraie
Foi et que je poursuive la guerre contre ces pro-
3. Écriture d’invention testants… Mais, ma mère, la reine Catherine,
m’enjoint de rassembler mon peuple. Elle me parle
Analyse du sujet
d’une idée nouvelle, la tolérance ! Oh Je ne sais pas
– Forme : monologue délibératif genre théâtral
si je dois obéir à ma mère ou à ma chère Marie…
+ registre qui implique de peser le pour et le contre.

199
CHAPITRE
6 Les réécritures
➜ Livre de l’élève, p. 322

SÉQUENCE 15
Le mythe d’Œdipe
➜ Livre de l’élève, p. 323

Analyse
Texte 1
T Eschyle, Les Sept
4. Malheurs de Thèbes :
contre Thèbes ➜  p. 324
– le roi Laïos engendre sa propre mort (l. 7) ;
Objectif : Découvrir l’une des premières versions – le Sphinx, monstre qui lui ravissait ses hommes
connues du mythe d’Œdipe transposé dans le genre (l. 22-23), terrorise la ville de Thèbes ;
de la tragédie. – un malheureux hymen (l. 24-25) conduit Œdipe à
épouser sa mère et fonder avec elle une famille : souche
LECTURE ANALYTIQUE sanglante (l. 9) délire (l. 9), folie (l. 10) ;
– une guerre déchire les fils d’Œdipe et Jocaste, Étéocle
Première lecture et Polynice : C’est le fer au poing qu’ils se partageraient
1. Œdipe = criminel : Œdipe le parricide, qui a osé ses biens ! (l. 30). Toute la famille + la cité de Thèbes
ensemencer / le sillon sacré où il s’était formé et y planter subissent le châtiment d’Apollon (l. 4) contre Laïos : il
une souche sanglante : un délire unissait les époux en devait mourir sans enfant, s’il voulait le salut de Thèbes
folie ! (l. 7-10). Œdipe tue son père (parricide, l. 26) et (l. 6)  Mais (l. 7), valeur d’opposition oracle non
s’unit à sa mère, Jocaste, avec qui il a quatre enfants respecté = faute ancienne, vite châtiée, et qui pourtant
double sacrilège. dure encore à la troisième génération, la faute de Laïos,
+ faute de Laïos, rebelle à Apollon (l. 4) ; il devait mourir rebelle à Apollon (l. 3-4).
sans enfant, s’il voulait le salut de Thèbes (l. 6) : Laïos 5. a. Métaphores filées :
a fait preuve d’hybris en s’opposant au dieu, qui l’a – ensemencer / le sillon sacré où il s’était formé et y
châtié. planter une souche sanglante (l. 8-9) : métaphore de
2. Voix collective (je = communauté des citoyens de la terre labourée ;
Thèbes) qui commente les événements, cherche à les – Et maintenant une mer de maux vers nous pousse ses
expliquer, voire à les minimiser : Mais Laïos succombe lames (l. 11), jeter force lest du haut de leur poupe (l. 18),
à un doux égarement (l. 7). le choc innombrable des vagues (l. 35-36) : méta-
phore maritime Grèce = peuple marin, dimension
Mise au point épique (cf. Ulysse).
3. Ton pathétique = exclamatives plaintives + champ b. Significations :
lexical de la peur (cf. terreur et pitié définies par – image sacrilège de la mère fécondée par son propre
Aristote) : Ah ! souffrances neuves qui viennent se fils inversion des valeurs : fécondité  mort ;
mêler aux douleurs d’autrefois ! (l. 1-2), j’ai peur (l. 15), – malheurs qui s’abattent par vagues successives sur
je tremble maintenant (l. 30). Thèbes.
Ton tragique = champs lexicaux du malheur et de la
6. Apollon […] Pythô, son sanctuaire prophétique, centre
fatalité : une mer de maux (l. 11), douloureux (l. 16),
du monde (l. 4-5) : allusion au temple de Delphes et
désastres (l. 17), infortuné (l. 24), malheureux (l. 24),
à l’oracle ; l’Érinys au jarret souple (l. 31) : déesse de
double malheur (l. 26).
la vengeance + répétition du mot imprécations (l. 16,

200
28-29) : menaces accompagnées d’appels aux dieux, av. J.-C.).
qui entraînent de nouveaux malheurs dieux vengeurs Statue : Sphinx funéraire archaïque (vers 570 av. J.-C.).
qui rappellent aux hommes leur puissance. Tableaux : J. A. D. Ingres, Œdipe devinant l’énigme du
honoré […] des dieux assis au foyer de Thèbes (l. 20) Sphinx (1808) ➜ p. 338 ; G. Moreau, Œdipe et le Sphinx
image ambiguë d’Œdipe : héros glorieux et protégé (1864), Le Sphinx deviné (1878), Œdipe voyageur (1888)
des dieux, victime du destin, mais aussi coupable, ➜ DVD-Rom ; F. Bacon, Œdipe et le Sphinx d’après
puisqu’il a tué son père par orgueil. Ingres (1983) ➜ p. 339.
7. Malgré l’ouverture de la tirade : Rassurez-vous Film : P. P. Pasolini, Œdipe roi (1967) ➜ DVD-Rom.
(l. 33) et les bonnes nouvelles annoncées : la ville a 10. Travail d’écriture
échappé au joug de l’esclavage ; […] Thèbes jouit de Voir question de synthèse n° 8 pour le plan du § :
l’embellie (l. 33-35), le messager annonce finalement – argument : terreur et pitié (Aristote) ;
une catastrophe : mais la septième, c’est l’auguste – exemples : champs lexicaux se rapportant aux
dieu Septime, sire Apollon, qui se l’est réservée, pour registres tragique et pathétique, phrases exclamatives
achever sur la race d’Œdipe le châtiment de Laïos et et interrogatives traduisant l’émotion ;
de ses erreurs anciennes (l. 37-39) dans la tragé- – explication : réflexion sur les revers de fortune des
die, hommes impuissants face aux dieux. puissants passant du sommet de la gloire à la situation
la plus humiliante (l. 16-27).
Question de synthèse
8. La race d’Œdipe (l. 39) inspire la terreur à cause de Prolongement : recherche sur le rôle des dieux dans
son hybris faute (l. 3, 4), erreurs (l. 39), égarement la famille des Atrides.
(l. 7), délire (l. 9, 26), folie (l. 10), a osé (l. 8), et la pitié
à cause des malheurs et des revers de fortune qu’elle
Texte 1 J. Cocteau, La Machine
D’UN
subit souffrances (l. 1), douleur[s] (l. 1, 25), maux À L’AUTRE
infernale ➜  p. 327
(l. 11), désastres (l. 17), malheur (l. 26) Œdipe = homme
admiré, lucide et courageux : prospérité (l. 19), honoré Objectif : Étudier la réécriture de la tragédie d’Œdipe
(l. 20), révéré (l. 22), pris soudain conscience (l. 24), ses dans une pièce du XXe siècle.
yeux plus chers que ses fils ! (l. 27), mais victime de son
destin (infortuné, l. 24). QUESTIONS

Pour aller plus loin 1. a. Tu es le fils de Jocaste, ta femme, et de Laïus tué par
toi au carrefour des trois routes. Inceste et parricide, les
9. Recherche
dieux te pardonnent (l. 11-12) Œdipe découvre qu’il
a. Sphinx ou Sphinge : monstre à tête de femme + poi-
est doublement criminel.
trine, pattes et queue d’un lion + ailes d’un oiseau de
b. Frappe, frappe vite (l. 6), Je suis près d’une chose
proie ; sévit dans une montagne située à l’ouest de
impossible à entendre (l. 8) Œdipe, longtemps
la cité. Envoyé par Héra contre Thèbes, il doit punir
dépourvu de clairvoyance, pressent la révélation.
Thèbes à cause d’une faute de Laïos qui avait aimé
Chrysippe, fils de Pélops : il tue les passants ne sachant 2. Motivations de Créon explicites dans les dernières
pas résoudre ses énigmes. Lorsque Œdipe y parvient, le répliques. Il s’apprête visiblement à porter un mauvais
Sphinx se jette du haut des rochers et se tue, le héros coup à Œdipe, coup qu’il ne peut plus retenir : personne
victorieux est récompensé : trône, mariage avec la reine. ne m’empêchera (l. 28). La réplique de Tirésias confirme
b. Œuvres littéraires : Hésiode, Théogonie (VIIIe s. cette interprétation : Pas un mot, pas un geste, il serait
av. J.-C.) ; Sophocle, Œdipe roi (430 av. J.-C.) ➜  p. 329 ; malhonnête […] (l. 30). Et la satisfaction d’avoir enfin le
Le Roman de Thèbes (1150) ; J. Cocteau, La Machine pouvoir éclate au moment où il apprend que son beau-
infernale (1934) ➜ p. 327 ; D. Lamaison, Œdipe roi (1994) frère (également son neveu) est en mauvaise posture :
➜ p. 331. le pouvoir retombe entre mes mains (l. 34).
Vases grecs : Œdipe et le Sphinx, kylix attique à figures 3. a. Œdipe ne cherche pas à nier la vérité, il répète la
rouges (vers 480-470 av. J.-C.) ➜ p. 341  ; Œdipe et révélation anaphore : J’ai (l. 13) ; triple parallélisme
le Sphinx, stamnos attique à figures rouges du peintre mettant en relation ses trois crimes : celui qu’il ne fal-
de Ménélas (vers 440 av. J.-C.) ; Sphinx enlevant un lait pas // celle qu’il ne fallait pas // ce qu’il ne fallait
jeune homme, lécythe attique à figures rouges (vers 420 pas ; métaphore de la prise de conscience : Lumière est
201
faite… (l. 14) en relation avec son aveuglement passé conscience de son malheureux hymen (p. 325, l. 24-25),
(métaphorique) et futur (réel). J’ai tué celui qu’il ne fallait pas. J’ai épousé celle qu’il ne
b. il se donne des coups dans les yeux avec sa grosse fallait pas. J’ai perpétué ce qu’il ne fallait pas. Lumière
broche en or (l. 24-25) geste symbolique qui punit est faite… (p. 328, l. 13-14) ;
son aveuglement et son hybris : il a manqué de luci- – châtiment des coupables : il se sépara de ses yeux
dité, n’a pas écouté le devin Tirésias + vérité qu’il vient – ses yeux plus chers que ses fils ! (p. 325, l. 26-27),
de découvrir trop difficile à affronter ➜ DVD-Rom : petite mère ne bouge plus, elle est tombée tout de son
Pasolini, Œdipe roi. long et petit père se roule sur elle et il se donne des
4. Tirésias, le devin aveugle. coups dans les yeux avec sa grosse broche en or (p. 328,
l. 23-25) ;
5. Réaction d’Antigone :
– règne de Créon et destin des descendants de Laïos :
– désarroi et affolement par exclamatives et impératifs
Du reste, le pouvoir retombe entre mes mains (p. 328,
répétés : Montez vite, vite (l. 22), J’ai peur ! J’ai trop peur,
l. 34), C’est le fer au poing qu’ils se partageraient ses
montez… montez vite… (l. 25-26) ;
biens ! (p. 325, l. 30).
– terreur et pitié : c’est épouvantable ! (l. 22), petite
mère ne bouge plus (l. 23) simplicité touchante, effet 8. Chœur d’Eschyle : témoin impuissant face à l’achar-
renforcé par la didascalie (l. 21). nement des dieux, insistance très forte sur les malheurs
de Thèbes, mais tragique sublimé par la poésie.
6. a. Opposition entre les deux personnages :
Dialogue de Cocteau : brutalité et simplicité de la révé-
– lignes 28-29 = personne ne m’empêchera / je vous
lation et de l’enchaînement des actions, mais ce sont
empêcherai : antithèse (négation  affirmation) ;
les protagonistes eux-mêmes qui clament leur douleur,
– lignes 32-33 = parallélisme, anaphore (C’est) + anti-
ce qui renforce le tragique.
thèse folie  sagesse.
Créon veut tuer Œdipe  Tirésias considère qu’un Prolongement : réfléchir à la mise en scène du
chef-d’œuvre d’horreur s’achève (l. 29-30). dialogue de Cocteau.
b. Sagesse et modération du devin  hybris des autres
personnages + lien entre hommes et dieux, puisqu’il
empêche Créon de faire justice lui-même. Texte 2
T Sophocle, Œdipe roi ➜ p. 329

Vis-à-vis : Eschyle et Cocteau


Objectif : Analyser l’hybris, trait de caractère
7. Chronologie : récurrent chez les héros tragiques.
– oracle d’Apollon et désobéissance de Laïos : il devait
mourir sans enfant (p. 324, l. 6), Mais Laïos succombe à
un doux égarement (p. 325, l. 7) ; LECTURE ANALYTIQUE
– naissance d’Œdipe : il engendre sa propre mort
Première lecture
(p. 325, l. 7), fils de Jocaste […] et de Laïus (p. 328, l. 11) ;
– abandon de l’enfant au mont Cithéron : L’homme qui 1. Porte-parole de la cité (nous, l. 1, 3), arbitre, modé-
t’a porté blessé et lié sur la montagne d’après les ordres rateur : Ses paroles et les tiennes, Œdipe, nous semblent
de ta mère (p. 327, l. 2-3) ; dictées par la colère. De tels débats sont inutiles (l. 1-3)
– Œdipe parricide (p. 325, l. 8, 26), Laïus tué par toi au + garant de l’autorité des dieux : nous devons seulement
carrefour des trois routes (p. 328, l. 11-12) ; songer à comprendre l’oracle du dieu (l. 3-4).
– épisode du Sphinx : il avait délivré cette terre du 2. Œdipe refuse les vérités qu’annonce Tirésias : tes
monstre qui lui ravissait ses hommes (p. 325, l. 22-23) ; discours insensés (l. 21).
– gloire d’Œdipe, roi de Thèbes : honoré à la fois des
dieux assis au foyer de Thèbes et de l’agora populeuse /
Mise au point
3. Tu / Tu (l. 5, 7), toi / toi (l. 8) : anaphores ; abîme de
comme était révéré Œdipe (p. 325, l. 20-22) ;
maux (l. 9), orage de maux (l. 15-16) : métaphores et
– inceste (Œdipe et sa mère) : a osé ensemencer / le
hyperboles ; la malédiction, déesse aux pieds terribles,
sillon sacré où il s’était formé et y planter une souche
te repoussera de cette terre (l. 12-13) : allégorie ; Je suis
sanglante (p. 325, l. 8-10) ;
l’esclave de Loxias, non le tien (l. 6-7) : antithèse.
– enquête de Créon et révélation des fautes : Qu’il
Colère de Tirésias, représentant des dieux, face à l’ou-
avoue (p. 327, l. 3), quand il eut, l’infortuné, pris soudain
trecuidance d’Œdipe, simple mortel.
202
Analyse guidé par le coryphée commente l’action, danse,
4. Faut-il entendre de pareils outrages ? (l. 18) ; tes dis- chante et dialogue parfois avec les personnages situés
cours insensés (l. 21) ; Tes paroles ne sont qu’énigmes sur une scène surélevée : essentiel chez Sophocle,
obscures (l. 25) Œdipe se sent blessé et ne peut – parties dialoguées : prologue, 4 épisodes, exo-
comprendre une vérité trop difficile à admettre sur lui- dos (sortie du chœur) + interventions lyriques du
même ; il croit Tirésias fou et malveillant alors que le chœur parodos (entrée), stasima (chants servant
sage veut l’aider. d’intermèdes),
5. L’orgueil, l’hybris (= démesure) qui conduit à l’aveu- – Sophocle, contrairement à Eschyle, multiplie péri-
glement : Tu me reproches ce qui fait ma gloire (l. 28) ; péties et rebondissements pour inspirer la terreur et
Dis ce que tu voudras : c’est moi qui ai sauvé la ville. la pitié aux spectateurs ironie tragique : Œdipe se
(l. 30). Tirésias le traite d’Enfant (l. 31) pour lui rappeler rend compte trop tard que ses actes le conduisent au
sa condition d’homme, mais Œdipe refuse d’écouter et malheur, alors que le spectateur le sait.
s’entête. 9. Écriture d’invention
6. ce meurtrier que tu maudis, il est ici. […] il appren- Monologue délibératif : pour rester dans la cohé-
dra que Thèbes est sa patrie (l. 34-35) ; il perdra la vue rence du dialogue, la colère doit l’emporter (phrases
(l. 36-37) ; il tombera dans la pauvreté (l. 37) ; il errera exclamatives et interrogatives, termes assez violents)
sur une terre étrangère, appuyant sur un bâton ses pas Œdipe regrette d’avoir appelé le devin qui a semé le
chancelants (l. 37-38) = sujet d’Œdipe à Colone, dernière trouble dans son esprit et cherche à comprendre pour-
pièce de Sophocle futur de l’indicatif, avenir certain. quoi Tirésias l’accuse ainsi (thèse du complot, alliance
avec Créon), l’accuse de perdre l’esprit (à cause de
Question de synthèse l’âge, de la folie, de sa cécité…), commence à douter
7. Œdipe n’est pas un héros parfait, mais un homme de lui-même, puis se ressaisit en balayant toutes les
complexe, victime de ses propres défauts, autant que prophéties de Tirésias, et décide enfin de chasser défi-
des dieux ambitieux, il défend son honneur jusqu’au nitivement le devin de Thèbes en concluant : Tirésias
bout avec énergie, mais aveuglément, croyant à tort à n’est point un prophète (cf. l. 41-42).
une calomnie : C’est cela, va-t’en : depuis trop long-
Prolongement : recherche sur le drame surréaliste de
temps ta présence m’importune (l. 32) chasser celui
G. Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias (1917).
qui dit vrai = seul moyen de retarder le moment de la
révélation de sa véritable identité (déni).

Pour aller plus loin Texte 2 D. Lamaison,


D’UN
À L’AUTRE
Œdipe roi ➜  p. 331
8. Recherche
La tragédie au temps de Périclès (495-429 av. J.-C.) Objectif : Étudier une réécriture romanesque
époque de Sophocle et Euripide : contemporaine de la tragédie d’Œdipe.
● contexte politique : apogée de la démocratie athé-

nienne, époque dite « classique », de la fin des guerres QUESTIONS


médiques à la guerre du Péloponnèse ;
1. Impression de monologue théâtral indices de
● fonctions du théâtre dans la société : cérémonies
l’énonciation : je (l. 8, 9, 10, 15…) + 2e personne (l. 12,
religieuses (culte de Dionysos) et civiques auxquelles
16, 18…) ; apostrophes adressées à Tirésias (l. 12, 16,
les citoyens assistaient gratuitement ; théâtre = lieu de
23) ; accumulation d’exclamatives et d’interrogatives :
célébration de la gloire athénienne ; organisation de
Holà !… ça glisse !… (l. 15), Pourquoi ne l’ai-je pas
concours jurys désignant le vainqueur parmi trois
tué ?... (l. 23).
dramaturges, auteurs de trilogies ;
● carrière et succès de Sophocle (496-406 av. J.-C.) :
2. Beaucoup de phrases non verbales, parfois très
famille aisée, fonctions politiques et artistiques, récom- courtes : Chien ! Vipère !… Impénitent phraseur !…
penses nombreuses, à partir de l’âge de 30 ans ; De l’air ! De l’air ! (l. 6) + omniprésence des points
● déroulement d’une tragédie, Œdipe roi (cf. Aristote,
de suspension, en plus des points d’exclamation et
Poétique, 344 av. J.-C. : la plus parfaite des tragédies) : d’interrogation personnage violent, agité, incapable
– deux entités et deux lieux = chœur, sur l’orchestra, de maîtriser ses émotions.

203
3. Poubelle (l. 14), caniveau (l. 15) le lecteur voit pourtant qu’il a tué un homme de l’âge de son père.
en Œdipe un homme contemporain, voire ordinaire :
dimension universelle du mythe réactualisé par Vis-à-vis : Sophocle et Didier Lamaison
D. Lamaison. 7. Tirésias, dans les deux cas = objet de haine, car il
incarne une vérité que le héros rejette avec violence :
4. a. Créon, complice de Tirésias ; ils ne sont pas nom-
Œdipe refuse de croire le prophète même atti-
més, mais désignés par les pronoms les et lui : Il faut les
tude transgressive, lourde de conséquences. Insultes
empêcher de nuire ! Le meurtre de Laïos c’est lui, bien
plus marquées chez D. Lamaison : Chien ! Vipère !…
entendu !… Lui et ses complices !… (l. 21-22).
 Sophocle : ta présence m’importune (l. 32).
b. Créon et Tirésias veulent faire éclater la vérité pour
délivrer Thèbes de la peste, mais Œdipe croit à un 8. Tragédie dans un roman policier (enquête sur un
complot contre lui, l’étranger devenu roi persécuté par meurtre non élucidé). L’auteur introduit dans cette
l’ambitieux Créon, frère de Jocaste. péripétie le vin et l’ivresse, éléments qui peuvent dis-
créditer les propos de Tirésias tout en renforçant l’hybris
5. Si je t’ai bien suivi, je me cherche moi-même ? Œdipe
d’Œdipe ; personnage proche du lecteur par son lan-
enquête sur Œdipe ?… Trouvaille !… (l. 18-19) : Œdipe
gage simple, voire familier : Un roi dans le caniveau
dit vrai en croyant ironiser ; Non, Tirésias, Œdipe ne
(l. 15), par les anachronismes : Poubelle (l. 14), et les
tue pas… Œdipe cherche la vérité. Œdipe rend la jus-
références littéraires : La très-chère était nue (l. 21), cita-
tice ! (l. 23-24) : Œdipe est de bonne foi, mais aveugle
tion de Baudelaire.
ironie tragique, déni.
6. Anaphore et antithèse : Œdipe ne tue pas  Œdipe Prolongement : exercice de diction sur ce texte par-
rend la justice (l. 23-24) Œdipe nie la vérité, il sait ticulièrement expressif.

ÉTUDE D’ŒUVRES INTÉGRALES


Sophocle, Œdipe roi et J. Cocteau, La Machine infernale ➜  p. 333
Objectif : Étudier de quelle manière J. Cocteau a modernisé le mythe d’Œdipe.

PISTES D’ANALYSE

1. Les structures dramatiques


Sophocle, Œdipe roi Cocteau, La Machine infernale
Épisodes du mythe retenus
Œdipe et le Sphinx Parodos et exodos : allusions dans le récit Épisode longuement développé :
du grand-prêtre et la conclusion du coryphée. – acte I : récit de la Voix ;
+ rappel par Œdipe lui-même dans l’épisode I – acte II : personnage de la jeune fille qui souffle
(j’ai fermé la bouche à la Sphinge par ma seule la réponse à Œdipe incapable de donner la
intelligence). réponse.
Acte III : Cocteau imagine la nuit de noces des
époux.
La révélation Épisode I : Tirésias expose les faits, mais Œdipe Tirésias ne révèle toute la vérité que dans
l’accuse de mentir et de comploter avec Créon. l’acte IV.
Le suicide de Jocaste et Exodos, chez Sophocle : Acte IV : Jocaste revient sous la forme d’un
l’automutilation d’Œdipe Œdipe ne quitte pas encore Thèbes à la fin, fantôme ; Œdipe part avec Jocaste et Antigone.
dans les deux pièces même si l’exil est annoncé ; Œdipe reste seul.

204
Étapes des deux pièces
La menace sur Thèbes – Prologue : le roi Œdipe promet à la cité Acte I : Le Fantôme
d’éclaircir le mystère du meurtre de Laïos pour – La Voix résume l’histoire d’Œdipe, depuis
éloigner la peste. l’oracle jusqu’au moment où il se crève les yeux.
– Parodos : les notables de Thèbes évoquent les – Le fantôme de Laïos se promène sur les rem-
malheurs de la ville et l’espoir de la population. parts menace qui pèse sur Jocaste. Œdipe ne
– Épisode I : Œdipe fait le point sur son figure pas dans cet acte, sauf dans une allusion
enquête ; Tirésias lui annonce qu’il est le meur- de sa mère (Si j’avais un fils…).
trier qu’il recherche colère du roi (➜ p. 329)
qui accuse Tirésias et Créon de complot.
Œdipe : un héros – Stasimon I : troubles et interrogations Acte II : La Rencontre d’Œdipe et du Sphinx
orgueilleux du chœur qui garde toutefois confiance. – La Voix fait la transition entre les deux épisodes
– Épisode II : Créon défend sa cause, mais simultanés.
Œdipe libère sa rancœur ; Jocaste tente de les – Dans la campagne, une jeune fille se laisse
calmer ; Œdipe et le chœur gardent espoir tant séduire par Œdipe et lui fournit la réponse à
que la preuve de la culpabilité du roi n’est pas l’énigme, puis meurt ; Œdipe devient roi de
établie (attente). Thèbes et épouse Jocaste.
– Stasimon II : réflexion sur l’hybris et sur la
religion qui s’en va.
Les présages – Épisode III : Œdipe apprend qu’il n’est pas Acte III : La Nuit de noces
le fils de Polybe et veut en savoir plus ; Jocaste – La Voix explique que l’on passe des fêtes thé-
redoute la vérité. baines à une scène plus intime.
– Stasimon III : interrogations sur les origines – Dans la chambre nuptiale, les époux dia-
du roi. loguent ; Œdipe évoque des cauchemars ;
Tirésias annonce de mauvais présages ; la vérité
approche.
La révélation – Épisode IV : un ancien serviteur de Laïos Acte IV : Œdipe roi (« Dix-sept ans après »)
révèle à Œdipe qui sont ses vrais parents. – La Voix explique le rôle des dieux dans la trans-
– Stasimon IV : plaintes sur la déchéance du roi. formation du bonheur en malheur.
– Exodos : un messager annonce le dénouement – La peste s’abat sur Thèbes, et Œdipe découvre
et Œdipe paraît devant son peuple en clamant la vérité sur lui-même ; Antigone annonce le
sa souffrance et sa volonté de mourir, puis se dénouement (➜ p. 328) ; le fantôme de Jocaste
prépare à l’exil. revient pour accompagner Œdipe et Antigone
dans leur exil.

2. Les représentations du héros – lors de la nuit de noces (acte III), homme très amou-
a. Chez Sophocle : reux et enfant rêveur ; Jocaste est maternelle, Œdipe
– Œdipe = roi dévoué et admiré, conscient de sa mission l’appelle petite mère (inceste) ;
dans la cité et de sa gloire ; – face à Tirésias, il se montre sûr de lui le devin le
– la révélation de Tirésias (épisode I) déchaîne sa fureur traite d’orgueilleux qui s’obstine contre les astres ;
contre le devin et Créon ; – lors de la révélation, Œdipe nie encore l’évidence et
– relations avec Jocaste tendres et respectueuses, mais croit au complot, mais la parole du berger le réduit
Œdipe refuse d’écouter sa femme et de renoncer à son presque au silence et il refuse désormais que ses
enquête lorsqu’elle commence à en redouter l’issue (fin proches le touchent (honte et humilité).
de l’épisode II) ; b. Anachronismes chez Cocteau : dialogue des soldats
– après la révélation, ton d’Œdipe pathétique horreur dans l’acte I + présence du registre comique (conver-
de ses crimes et souffrance de toute sa famille. sation des soldats et Œdipe face au Sphinx).
Chez Cocteau : c. Nouveaux personnages chez Cocteau : Anubis et
– Œdipe, âgé de 19 ans dans l’acte II, n’a rien d’un Némésis dans l’acte II + fantômes de Laïos, au début
héros tragique (langage simple et attitude maladroite) de la pièce, et de Jocaste, à la fin + la Voix (chœur
face au Sphinx, il raconte naïvement à la jeune fille antique) + soldats du premier acte + matrone qui a
sa vie et le meurtre qu’il a commis, puis se montre ter- perdu son fils dévoré par le Sphinx volonté de se
rorisé quand il apprend à qui il a affaire ; se sentant démarquer du modèle antique, de mêler des sources
en danger, il appelle : Mérope !... Maman !, appelle le culturelles variées (Hamlet fantôme du père ; figure
Sphinx Madame ; égyptienne d’Anubis…), d’humaniser les personnages
205
tout en valorisant la dimension poétique du théâtre de la plainte, registre pathétique : Ah ! mortelles dou-
(chant envoûtant du Sphinx, double du poète…). leurs ! (v. 1).

Analyse
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
3. a. Témoin de la guerre et narratrice qui rapporte les
1. Sujet d’invention faits à Jocaste : vous avertir (v. 10) ; Je les ai vus (v. 8) /
Argumentation de type délibératif un metteur en J’ai vu (v. 9, 11) = anaphore ; texte descriptif : Du haut
scène se demande s’il choisira la pièce antique de de la muraille […] déjà tous rangés en bataille […] le fer
Sophocle ou sa réécriture par Cocteau au XXe siècle : briller de toutes parts (v. 8-9) et narratif : j’ai quitté les
repérer les avantages et les inconvénients des deux remparts (v. 10), Il marche (v. 12).
options, à partir du tableau de la piste d’analyse 1, puis Vision épique : elle glorifie l’héroïsme des fils auprès de
justifier le choix définitif. leur mère le fer briller de toutes parts (v. 9), Il marche
des premiers ; et, d’une ardeur extrême (v. 12), braver le
2. Recherche danger (v. 13).
– Famille des Atrides : fille d’Agamemnon et b. Règles du théâtre classique : bienséance pas de
de Clytemnestre, sœur d’Oreste, d’Iphigénie et violence, de sang sur la scène + unité de lieu pas
de Chrysothémis. d’action extérieure au cadre général de la tragédie, ici
– Tragédies : Sophocle (430 ou 420 av. J.-C.) ; Euripide une salle du palais royal de Thèbes.
(vers 415 av. J.-C.) ; baron Hilaire de Longuepierre
(1702) ; Prosper Jolyot de Crébillon (1709) ; Eugene 4. Olympe, dévouée à la reine, se rend sur place pour
O’Neill, Le deuil sied à Électre (1931) ; Jean Giraudoux observer la situation : Du haut de la muraille (v. 8), j’ai
(1937) ; Jean-Paul Sartre, Les Mouches (1943) ; quitté les remparts (v. 10) ; elle essaie de la rassurer
Marguerite Yourcenar, Électre ou la Chute des masques en soulignant les qualités d’Étéocle connotations
(1943) ; Jean Anouilh, Tu étais si gentil quand tu étais mélioratives : ardeur extrême (v. 12), Il montre aux plus
petit (1972). hardis à braver le danger (v. 13) ; elle semble minimiser
– Opéra : Richard Strauss, Elektra (1909). les risques.
– Films : Dudley Nichols, Le deuil sied à Électre (1947) ; 5. Jocaste, consciente du tragique de la situation, est
Michael Cacoyannis, Électre (1962), d’après Euripide. insensible à ces propos rassurants :
– N’en doutons plus, Olympe, ils se vont égorger (v. 14)
impératif et indicatif (futur immédiat) = ton de la
Texte 3
T J. Racine, La Thébaïde ou certitude ;
les Frères ennemis ➜  p. 334 – champ lexical de la souffrance : 4 rimes successives
Objectif : Étudier la réécriture classique du mythe = mortelles douleurs (v. 1), pleurs (v. 2), larmes (v. 3),
thébain. alarmes (v. 4) ;
– désespoir tragique : Nous voici donc, hélas ! à ce jour
détestable / Dont la seule frayeur me rendait misérable !
LECTURE ANALYTIQUE
(v. 19-20), horreur (v. 26).
Première lecture Terreur, pitié, sentiment d’impuissance : Ni prière ni
1. Vers 28 à 34 : allusion à la race de Laïus (v. 28), lignée pleurs ne m’ont de rien servi : / Et le courroux du sort
maudite par Apollon + vers 30 : ceux que le père et la voulait être assouvi (v. 21-22) = fatalité tragique.
mère ont commis = crimes de Jocaste et Œdipe, parents 6. Lumière et obscurité :
d’Étéocle et Polynice termes parricides et incestueux – jour (v. 23), soleil (v. 23), rayons (v. 25) ;
employés aux vers 32 et 33 Jocaste comprend cette – nuit profonde (v. 24), noirs forfaits (v. 25).
logique criminelle, liée à l’hérédité de ses fils (race, Rappel métaphorique de la mort qui a frappé Laïos
v. 28 ; sang, v. 33). et des malheurs de la famille d’Œdipe qui s’est crevé
les yeux en découvrant sa propre noirceur.
Mise au point
2. 4 phrases exclamatives + 2 interrogatives, l’une Question de synthèse
ouvrant la réplique, l’autre la refermant angoisse 7. Registres pathétique et tragique dominants :
maternelle de Jocaste qui craint une catastrophe, ton – lucidité et souffrance d’une mère consciente de la
206
mort imminente de ses deux fils et de son impuissance Prolongement : conclure la scène 1 de La Thébaïde en
elle voudrait disparaître plutôt que d’assister à cette ajoutant une tirade d’Olympe cherchant à rassurer sa
nouvelle catastrophe : Puisse plutôt la mort les fermer maîtresse (prose acceptée, mais argumentation pré-
pour jamais, / Et m’empêcher de voir le plus noir des cise en réponse aux inquiétudes de Jocaste).
forfaits ! (v. 5-6) ;
– profond sentiment de culpabilité exprimé dans les
derniers vers adressés au soleil : Tu peux voir sans Texte 3 H. Bauchau,
D’UN
À L’AUTRE

frayeur les crimes de mes fils, / Après ceux que le père et


Œdipe sur la route ➜  p. 336
la mère ont commis […] s’ils étaient vertueux (v. 29-34). Objectif : Analyser l’incipit d’un roman
contemporain qui renouvelle le mythe d’Œdipe.
Pour aller plus loin
8. Recherche QUESTIONS
a. Toutes les pièces de la séquence 15 + Euripide, Les
Phéniciennes (410 ou 409 av. J.-C.), Sénèque, Œdipe
1. a. Les conséquences de la révélation : Jocaste s’est
pendue la mort de Jocaste (l. 4), Œdipe s’est crevé les
(Ier siècle) ; Robert Garnier, Antigone ou la Piété (1580) ;
yeux Les blessures des yeux d’Œdipe, qui ont saigné
Pierre Corneille, Œdipe (1659) ; Voltaire, Œdipe (1718) ;
si longtemps, se cicatrisent (l. 1) et s’est exilé, laissant
Vittorio Alfieri, Polynice (1783) ; Hugo von Hofmannsthal,
le trône de Thèbes à Créon Créon a rétabli les usages
Œdipe et le Sphinx (1905) ; André Gide, Œdipe (1930).
et le cérémonial (l. 4-5).
b. Généralement, Jocaste se pend au moment de la
Situation qui inspire la terreur et la pitié : larmes noires,
révélation de l’inceste et du parricide, mais J. Racine,
effroi (l. 2) ; chacun à Thèbes sent persister une dange-
dans La Thébaïde, la rend témoin de la mort de ses fils,
reuse et secrète fêlure (l. 5) ; rumeur de détresse (l. 7)
bien longtemps après cette révélation, et J. Cocteau en
engrenage fatal.
fait un fantôme à la fin de La Machine infernale.
b. Le mot drame (l. 19) = épisode douloureux qui reste
Cette tradition remonte à Euripide qui met en scène
profondément gravé dans la mémoire connotation
Jocaste âgée, dans Les Phéniciennes : elle meurt en
tragique associée à la violence.
s’étranglant auprès des corps de ses deux fils agonisant
sur le champ de bataille. 2. les deux frères qui, à cette heure, se surveillent sauva-
gement dans la grande salle (l. 27-28) future guerre
9. Entraînement à la dissertation
fratricide entre Étéocle et Polynice qui se déchireront
Problématique : Quel intérêt la réécriture d’un
pour le trône de Thèbes, autrefois occupé par Laïos et
sujet maintes fois repris dans l’histoire littéraire
Œdipe (sujet déjà évoqué lignes 6-7 : Si ses fils s’agitent
présente-t-elle ?
et se querellent).
Plan concessif : Répétition de l’adverbe longtemps (l. 1, 6), champ lexi-
Partie I. À quoi bon reprendre des mythes déjà cal de l’attente : près d’un an (l. 6), patient (bis, l. 8),
connus ? (= risques, limites de ce choix littéraire)
interminable écoulement des heures (l. 11-12), attendre
1er §. On peut déplorer un manque d’originalité et
(bis, l. 9) temps du mythe et de la tragédie, indéter-
un effet de répétition.
2e §. Il est difficile de créer une vraie tension dra-
miné, angoissant.
matique puisque le dénouement est déjà connu. 3. Point de vue omniscient, mais narrateur proche
3e §. Succès inégal : certaines versions des grands d’Œdipe, qui se présente indirectement comme témoin
mythes sont tombées dans l’oubli alors que de la scène : On ne voit plus couler sur ses joues ces
d’autres connaissent un succès toujours renouvelé. larmes noires (l. 2), on peut voir (l. 29) + emploi du
Partie II. Intérêts de la réécriture des mythes déterminant possessif votre (l. 3) lecteur impliqué,
1er §. L’art de l’imitation et de la variation a tou- registre pathétique.
jours été pratiqué et l’originalité n’est pas une fin
en soi.
4. Évocation onirique des oiseaux : la grande mouette
2e §. Il est bon de revivifier un patrimoine littéraire blanche (l. 10-11) et Un aigle (l. 12) image antithé-
dont la richesse est inépuisable. tique : la mouette blanche rassure Œdipe (lui a per-
3e §. Il faut actualiser les problématiques philoso- mis […] de supporter, l. 11)  l’aigle qui provoque son
phiques présentes dans ces mythes et moderniser angoisse (terroriser sa proie, l. 14 ; en alerte, l. 15 ; com-
les personnages en les rendant plus contemporains. bat, l. 16) ; image ambivalente : l’oiseau de proie est

207
associé à la beauté : D’un mouvement superbe (l. 13). Roman : distance introduite par le regard surplombant
Œdipe aveugle se crée un monde intérieur (son ciel, du narrateur témoin, mais présence dramatique du
l. 12) à l’image de son destin, lumineux et sombre, et discours direct.
la métaphore de l’aigle prouve qu’il n’a pas abdiqué
Prolongement : analyser le tableau de Savinio, Œdipe
puisqu’il est encore prêt à lutter.
et Antigone (1928) ➜ p. 337, en interprétant l’impor-
5. Antigone entend deux fois de suite, à quelques tance des figures géométriques dans la composition.
heures (l. 22) d’intervalle, les appels de son père (verbe
appeler répété 4 fois) qui n’a pourtant rien dit liens
du sang, lien affectif : Tu m’appelles sans cesse dans Analyse J. A. D. Ingres, Œdipe
d’images devinant l’énigme du
ton cœur (l. 22-23).
On devine qu’Antigone accompagnera son père en exil, Sphinx et F. Bacon, Œdipe
qu’elle succédera à Jocaste, telle une seconde mère ; et le Sphinx d’après Ingres
comme Œdipe, elle transgresse sans crainte les inter- ➜ p. 338
dits : Antigone entre dans la salle, malgré la défense de
Objectif : Étudier deux versions de l’épisode
ses frères et l’opposition du garde. Elle dit : « Père, tu
de la rencontre d’Œdipe et du Sphinx, de la peinture
m’appelles, tu n’en as pas le droit. » (l. 17-18). néoclassique à l’art contemporain.
6. Homme blessé, mais combatif Les blessures des
yeux d’Œdipe, qui ont saigné si longtemps, se cicatrisent QUESTIONS
= 1re phrase de l’incipit : attente d’une renaissance
Œdipe n’en pourra plus d’attendre. D’attendre quoi ? Première approche
(l. 8-9) ; Toutes ses forces sont en alerte, il s’éveille, prêt 1. Rencontre d’Œdipe avec le Sphinx Œdipe répond
au combat (l. 15-16) ; homme impressionnant par ses à l’énigme du monstre, sauvant ainsi la cité de Thèbes.
colères et sa détermination : « Je partirai demain à Le monstre apparaît dans les deux toiles, à gauche de
l’aube. […] Il hurle d’une voix terrible : « Nulle part ! la composition.
N’importe où, hors de Thèbes ! » (l. 23-26). Le côté 2. F. Bacon rappelle l’enfance d’Œdipe et son nom :
pathétique du personnage souffrant (blessures, l. 1 ; lorsqu’il a été abandonné au mont Cithéron, ses pieds
larmes noires, l. 2 ; Depuis le drame il ne parle plus, ont été attachés et blessés, ce que rappelle le bandage
l. 18-19) est atténué par cette force qui se dégage de lui. sanguinolent. Le cercle violet qui entoure le pied blessé
insiste sur ce détail violent.
Vis-à-vis : Racine et Henry Bauchau
7. Fils d’Œdipe constamment associés aux idées de Analyse
conflit et de violence : chez Racine en sont-ils aux 3. Œdipe, à droite du cadre, est de profil, face au Sphinx,
mains ? (v. 7), le fer en main (v. 11), ils se vont égorger placé à gauche sur un piédestal, également de profil
(v. 14)… ; chez H. Bauchau ses fils s’agitent et se position dominante par rapport à l’homme ; pied
querellent (l. 6-7), les deux frères qui […] se surveillent gauche d’Œdipe surélevé, en appui sur un rocher
sauvagement (l. 27-28). (Ingres) ou un tabouret (Bacon) pause dans l’action,
Les deux sœurs n’ont pas la même importance : Ismène dans l’errance du héros ; poitrine du Sphinx, proémi-
est au second plan chez H. Bauchau, car elle n’est pas nente symbole de féminité.
présente dans la scène, contrairement à Antigone : Tu me Chez Ingres, héros nu qui ne porte qu’un tissu drapé
conduiras, avec Ismène, à la porte du Nord (l. 24) ; chez sur l’épaule (cf. statues antiques) jeune homme beau
Racine, Jocaste s’exprime comme si elle n’avait qu’une et musclé, éphèbe  chez Bacon : maillot blanc et short
fille : Que l’on coure avertir et hâter la princesse (v. 15) ; sombre allure contemporaine, homme ordinaire
Antigone a un lien privilégié avec son père : Tu m’ap- d’âge indéterminé, sportif musclé, mais victime d’une
pelles sans cesse dans ton cœur (H. Bauchau, l. 22-23). blessure au pied.
8. Théâtre : expression directe des sentiments les Le tableau de Bacon gomme les connotations
acteurs incarnent les personnages, donnent vie au héroïques.
texte, le tragique et le pathétique ressortent avec plus 4. Visage du Sphinx de Bacon représenté de face et
de violence, mais les vers de Racine, en sublimant la aussi éclairé que le buste, mais flou  celui d’Ingres :
douleur, introduisent toutefois une distance. dans l’ombre, il fixe le héros l’observateur du tableau
208
est plus sollicité dans l’interprétation du mythe propo- Histoire des arts ➜ p.341
sée par Bacon (relation triangulaire). Œdipe, des vases grecs au cinéma
5. Ouvertures en arrière-plan : chez Ingres, brèche dans
les rochers, à droite du cadre, échappée vers le paysage
QUESTIONS
urbain de Thèbes  chez Bacon, porte au fond et au
centre de la pièce, note sombre tableau de Bacon 1. Format vertical privilégiant la représentation des per-
plus pessimiste, s’ouvrant sur le néant  avenir royal sonnages, de profil, plutôt que le décor :
d’Œdipe symbolisé par la ville aperçue dans la lumière. – Œdipe debout, nu, corps très légèrement décalé vers
la droite, sauf pied droit, au centre ; tête inclinée vers
6. Jeu de couleurs inversé :
le Sphinx position dominante ;
– chez Ingres, le corps du héros ressort sur un fond très
– Sphinx agrippé à lui, au centre de l’image, pattes de
sombre  chez Bacon, le haut du corps se détache sur
félin appuyées sur l’aine de l’homme corps à corps
fond rose vif, le bas sur un fond gris ;
amoureux (connotations charnelles) + aile grise impo-
– la diagonale, chez Ingres, répartit à gauche les tons
sante, dressée vers le ciel (connotations spirituelles, à
plus clairs et chauds corps, drapé orange, rochers et
associer à la colonne située à droite du couple) ;
sol, à droite, les couleurs sombres ou froides hauts
– Les diagonales font ressortir les visages et les bustes
rochers et ciel ; chez Bacon, le rose apporte une note
chairs / tons clairs  pied d’un cadavre sombre en
contemporaine et rappelle le sang du premier plan.
bas, au premier plan + les regards très proches. Œdipe
7. a. Le danger et la mort : un personnage effrayé et semble sûr de lui et le Sphinx soumis, bien que ses
en mouvement, en arrière-plan, semble vouloir avertir pattes griffues puissent apparaître comme une menace
Œdipe du risque qu’il court le héros reste impas- image de la femme fatale (cf. Baudelaire et les sym-
sible et confiant + ossements au premier plan, pied d’un bolistes, image féline sensualité et danger).
cadavre anciennes victimes du Sphinx, opposées au
2. Voix de ténor, relativement aiguë héros jeune.
héros qui vaincra le monstre.
b. Le pansement sanguinolent d’Œdipe rappelle ses
malheurs passés, et les menaces qui pèsent encore sur Exercices d’approfondissement ➜ p. 343
lui, à cause de la présence du Sphinx qui paraît défier
également l’observateur du tableau ; une autre créa-
REVOIR
ture fantastique, qui ressemble à un morceau de viande
crue, se détache sur le fond noir, et semble ensanglan-
tée : image angoissante, cauchemardesque. 1 Le mythe de Prométhée
Texte A : Eschyle, Prométhée enchaîné, prologue
Question de synthèse Texte B : M. Shelley, Frankenstein ou le Prométhée
moderne
8. Celle de Bacon est la plus tragique : ouverture sur le
fond noir, observateur menacé par le regard du Sphinx, 1. Pouvoir inflexible il traite Prométhée de bandit
et présence forte du sang et de la mort placés au centre (l. 3) et de sacrilège : de ton apanage, du feu brillant
de l’image  Ingres qui laisse l’observateur en dehors […] il a fait larcin pour l’offrir aux mortels (l. 4-6) ; il lui
du face à face, et chez qui la beauté sereine du héros reproche de ne pas se soumettre aux lois de Zeus : Qu’il
l’emporte sur les symboles du danger. Deux images apprenne donc à se résigner au règne de Zeus et à cesser
opposées : chez Ingres, maîtrise, harmonie et équilibre ce rôle de bienfaiteur des hommes (l. 7-8).
 Bacon : déconstruction, étrangeté, angoisse. Bacon Héphaïstos fait preuve d’indulgence et regrette d’être
affirme la filiation artistique dans le titre du tableau contraint à punir Prométhée : il emploie la conjonction
en citant Ingres, mais comme Œdipe, il tue le père en d’opposition Mais (l. 10) le cœur me manque pour
affirmant son style et sa vision philosophique du mythe. enchaîner de force un dieu, mon frère, à ce pic battu des
tempêtes (l. 11-12), c’est malgré moi (l. 15) ; démarche
Prolongement : demander aux élèves de proposer concessive, car il admet la faute de Prométhée : négliger
leur propre représentation de cet épisode du Sphinx l’ordre d’un père est faute lourdement punie (l. 13-14).
sous forme d’un dessin ou d’un collage. 2. Frankenstein // Prométhée = désir de l’homme de
rivaliser avec les dieux puni à cause de cette trans-
gression : avide de toute-puissance, je suis désormais

209
enchaîné dans un enfer éternel (l. 2-4), exultant à l’idée 3. Langage simple et direct, très différent du langage
de ma puissance (l. 11), nobles ambitions (l. 13), haute soutenu de la tragédie absence d’allusions au
destinée (l. 17)  néant (l. 2), où j’ai sombré ! (l. 14), destin, Pâris homme moderne, individualiste  héros
déchéance (l. 16), je suis tombé (l. 18). mythique ; langage lyrique, imagé, mais ancré dans le
3. Intelligence supérieure et volonté de devenir le bien- quotidien (ex : lignes 19 à 26, énumération d’images
faiteur des hommes (texte A, l. 8, 25) ou de concevoir un de séparations et de rencontres féminines : couturière,
homme (texte B, l. 7) espoirs, rêves, nobles ambitions l. 21 ; de blanchisseuse ou de fruitière, l. 23-24…).
(texte B, l. 1, 9, 13) ; mais aussi orgueil et transgression
des lois divines et humaines châtiment. ÉCRIRE
4. Oui : destin tragique, punition définitive : nul libé-
rateur n’est encore né pour toi (texte A, l. 23-24) // ne 3 Le commentaire comparé
jamais me relever (texte B, l. 18-19). Analyse : cf. réponses de l’exercice 2.
Plan du commentaire :
APPROFONDIR Partie I. Le conflit entre deux frères aux caractères
opposés : loi et transgression
1er §. Le ravisseur d’Hélène Pâris, honte de la
2 La guerre de Troie cité, à l’origine de la guerre de Troie.
Texte A : Homère, Iliade, chant III 2e §. Hector, représentant de l’ordre la sépara-
Texte B : J. Giraudoux, La guerre de Troie tion ou la mort.
n’aura pas lieu, acte I, scène 4
3e §. Pâris, héros individualiste guidé par le plaisir
1. Valorisation épique du héros par des termes mélio- le séducteur invétéré.
ratifs image de l’aventurier intrépide : un champion Partie II. De l’épopée à la tragédie moderne
hors pair, à en juger / Par sa beauté (v. 7-8), C’est donc 1er §. Narration et discours direct (texte A)  dia-
toi, ainsi fait, qui, chargeant sur tes nefs marines / De logue argumentatif (texte B).
braves compagnons, courus le large (v. 9-10), éléments 2e §. Hector vindicatif chez Homère (texte A)
immédiatement précédés de termes dévalorisant Pâris,  diplomate chez Giraudoux (texte B).
accusé de bafouer toutes les valeurs de la cité : bellâtre, 3e §. Langage épique accordant une place préé-
suborneur, coureur de filles (v. 2), objet de honte et de minente aux dieux et à la cité (texte A)  langage
mépris (v. 5), ni force ni bravoure (v. 8). dramatique et lyrique, d’ordre privé (texte B).

2. Dans le texte B, Pâris se justifie dans une longue Plan du II, 3 :


– Argument : dans l’épopée, Hector ne s’exprime
réplique, alors que seul Hector s’exprime, longuement,
pas en son nom propre, en tant que frère de Pâris,
dans le texte A, pour l’accabler d’injures (v. 1) : ses références sont collectives  tragédie moderne :
– Hector rend son frère responsable des maux de Troie Pâris et Hector emploient un langage simple, le sen-
à cause de son tempérament de séducteur invétéré, timent amoureux est évoqué de manière poétique,
annonce même sa mort à la fin de sa tirade : quand sans références épiques.
tu seras dans la poussière (v. 18) Pâris = fauteur de – Ex. : dans le texte A, pronom « nous » (v. 5),
troubles, responsable de la guerre de Troie qui doit être « Achéens » (v. 6), « ta ville », « ton peuple »
châtié sans pitié ; (v. 13), « Les Troyens » (v. 19) la faute de Pâris
– Dans le texte B, Hector demande fermement la restitu- (enlèvement + adultère) rejaillit sur l’ensemble de
tion d’Hélène, mais n’insulte pas son frère, qui répond la communauté ; il cite les dieux, suggérant leur
ironiquement, mais poliment : Mon cher Hector (l. 15). protection : « Ménélas chéri d’Arès » (v. 15), Arès
étant le dieu de la guerre  « présents d’Aphrodite »
Pâris s’exprime en hédoniste (verbe goûter, l. 18 ; jouis-
(v. 17), déesse de l’amour du côté troyen.
sance, l. 25) éloge paradoxal et lyrique des sépara- – Ex. : dans le texte B, sous-entendus blessants
tions : Un seul être vous manque, et tout est repeuplé d’Hector (« Ce n’est pas la première séparation
(l. 26-27), avant d’exprimer son attachement particulier que tu acceptes », l. 13-14), apostrophe ironique de
pour Hélène : avec elle j’ai l’impression d’avoir rompu Pâris (« Mon cher Hector », l. 15) et anachronisme
avec toutes les autres femmes, et j’ai mille libertés et de la mention de professions qui sonnent bizar-
mille noblesses au lieu d’une (l. 32-34) groupe rement dans un contexte antique : « couturière »
binaire et hyperboles, soulignant indirectement son (l. 21), « blanchisseuse », « fruitière » (l. 23-24).
refus d’obéir à Hector.
210
Prolongements

Lectures : essais et études Dans le DVD-Rom


● R. Caillois, Le Mythe et l’Homme, © Gallimard Vidéos
(1938) ● P. Chéreau, Phèdre (2003)
● C. Carlier et P. Grandjean, Les Mythes antiques ● P. P. Pasolini, Œdipe roi (1967)
dans le théâtre français, © Hatier, coll. Profil (1998) ● J. Losey, Don Giovanni (1979)
● P. Citati, La Lumière de la nuit, les Grands Mythes
Documents iconographiques
dans l’histoire du monde, © Gallimard, coll. Folio
(1999) ● B. Cellini, Persée tenant la tête de Méduse (1554)
● M. Eliade, Mythes, rêves et mystères, © Gallimard ● A. Cabanel, Phèdre (1880)
(1957) ● G. Moreau, Œdipe voyageur (1888)
● J. de Romilly, La Tragédie grecque, © PUF,
Activités
coll. Quadrige (1970)
Travaux d’écriture
●J.-P. Vernant, L’Univers, les Dieux, les Hommes,
© Seuil (1999)
● Commentaire comparé
Textes de Sophocle ➜ p. 329 et de D. Lamaison
Réécritures de mythes antiques : ➜ p. 331 : le conflit entre Œdipe et Tirésias.
arts et littérature ● Dissertation
● Antigone : Sophocle, Euripide, Stace, Garnier, Objets d’étude croisés : Les réécritures + Le théâtre,
Racine, Alfieri, Anouilh, Brecht ➜ p. 254 texte et représentation
● Iphigénie : Homère, Euripide ➜ p. 253, Racine, Dans quelle mesure une mise en scène théâtrale
Gluck (opéra), Goethe est-elle une forme de réécriture ? Pour répondre
à cette question, appuyez-vous sur les exemples
●Phèdre et Hippolyte : Euripide, Sénèque, Garnier,
de la séquence et sur vos lectures ou expériences
Racine ➜ p. 239, Rameau (opéra), Swinburne,
théâtrales personnelles.
Massenet (opéra)
● Invention ➜ p. 343
● Orphée : Virgile, Ovide, Ronsard, Calderón,
Dans une tragédie contemporaine, un avocat est
Corneille, Poussin, L’Inspiration du poète ➜ p. 32,
chargé de prononcer une plaidoirie pour défendre
Rameau (opéra), Gluck (opéra), Shelley, Rilke,
un Prométhée moderne qui a voulu défier les lois
Cocteau (tragédies, dessins et films), Anouilh,
de la nature. Rédigez cette argumentation.
Marcel Camus, Orfeu Negro (film)
● Faust : Marlowe, Goethe, Chamisso, Valéry, Mac
Orlan, Gounod (opéra), René Clair, La Beauté du
diable (film)

211
SÉQUENCE 16
Figures de monstres en littérature
➜ Livre de l’élève, p. 345

T 1
Texte La Bible, Ancien Testament, 6. Persuasion : Dieu cherche à faire peur, à toucher par
le caractère fantastique du monstre, en accumulant des
« Livre de Job » ➜  p. 346
éléments descriptifs qui rendent la bête terrifiante, bien
Objectif : Étudier un texte biblique, source supérieure à n’importe quelle arme humaine : Pour lui,
de nombreuses réécritures. le fer n’est que paille (v. 31).
7. Monstre hors du commun, orgueilleux ; rival de Dieu :
LECTURE ANALYTIQUE Il regarde en face les plus hautains, / il est roi sur tous
les fils de l’orgueil (v. 45-46). Il évoque le mal absolu,
Première lecture
la figure de Satan (« opposant » en hébreu).
1. Champ lexical du feu : la lumière (v. 13), des torches
(v. 15), des étincelles de feu (v. 16), une fumée, / comme Question de synthèse
un chaudron qui bout sur le feu (v. 17-18), Son souffle 8. Peur, effroi, venant à bout de toute résistance. À la
allumerait des charbons, une flamme sort de sa gueule fin des persécutions subies par Job, la description de ce
(v. 19-20), Il fait bouillonner le gouffre comme une chau- monstre doit être le coup de grâce.
dière (v. 39) => force, danger, animal venu de l’Enfer.
2. exploits, beauté (v. 2), force (v. 21), point son pareil Pour aller plus loin
(v. 43), roi (v. 46) => termes laudatifs évoquant le carac- 9. Recherche
tère extraordinaire et merveilleux de la bête. Mais c’est Plusieurs ouvrages portent le titre de Léviathan
justement ce caractère d’exception qui en fait aussi un (métaphore) :
monstre. – dans le traité de philosophie politique de Hobbes paru
en 1651, le monstre, inspiré de celui de la Bible, désigne
Mise au point le pouvoir de l’État ;
3. Dragon (présence de feu, de dents effrayantes…) sor- – la nouvelle d’Arno Schmidt fait du Léviathan une
tant des flots, tel qu’on l’imagine aujourd’hui encore image terrifiante de l’État nazi en 1943 ;
dans des récits orientaux (chinois) ou dans des dessins – le titre du roman de Paul Auster paru en 1993 désigne
animés. le roman sur lequel travaille l’ami du narrateur, qui
meurt au début du récit : on n’apprendra rien sur ce
Analyse monstre au cours de l’intrigue.
4. Registre fantastique : Léviathan = monstre surnaturel. Des chapitres de romans utilisent cette figure
Abondance de figures mêlant l’analogie et l’hyperbole : monstrueuse :
– métaphore : dos = rangées de boucliers (v. 7) ; – dans Les Misérables (1862) de Victor Hugo, le Léviathan
– hyperbole : de si près / qu’un souffle ne peut s’y infil- permet d’évoquer les mystères des égouts de Paris ;
trer (v. 9-10) ; – dans Moby Dick (1851), roman épique d’Herman
– comparaison : ses yeux ressemblent aux paupières de Melville, la baleine que chasse le capitaine Achab est
l’aurore (v. 14) ; associée à ce monstre du Livre de Job.
– comparaison hyperbolique : une fumée, / comme un 10. Écriture d’invention
chaudron qui bout sur le feu (v. 17-18), etc. Contrainte du sujet : transformer le Léviathan en créa-
5. Questions rhétoriques des vers 3 à 5 : Qui a ouvert ture inoffensive (transposition en antithèse du texte).
les battants de sa gueule ? (v. 5) impossibilité de Proposition de début :
pêcher cet animal. Défi insurmontable offert par Dieu Je ne pourrais que passer sous silence la mai-
Tout-Puissant qui s’adresse à un homme faible qui ne greur de ses membres, l’insignifiance de la moindre
pourra jamais s’approcher du monstre, donc encore de ses actions. Qui a entrouvert ses haillons, regardé
moins pénétrer dans son corps. sa carcasse chétive et famélique ? Qui a entrouvert
212
ses deux mâchoires molles et édentées ? On a envie 6. Questions sur la réalité ou le surnaturel propres au
de rire de ses pauvres chicots… texte fantastique : comment attaquer l’inconnu, com-
Prolongement : comparer cette description avec l’il- ment s’en défendre ? (l. 47), Vous n’avez plus de doute,
lustration ➜ p. 346. Quelle est la technique utilisée ? commandant, sur la nature de l’animal ? (l. 49)… La
Comment représente-t-elle le monstre ? Quelle place sournoiserie supposée de cette présence étrange
lui attribue-t-elle dans le règne animal ? engendre de l’angoisse : le narval, imitant la frégate
(l. 59), après une attaque mouvementée qui relève du
registre épique (l. 9-40).
Texte 1 J. Verne, Vingt mille lieues
D’UN
À L’AUTRE
7. Comme les personnages évoquent un animal (l. 49),
sous les mers ➜ p. 348 il s’agirait d’un monstre sous-marin même si certaines
Objectif : Étudier un récit d’anticipation qui revisite caractéristiques étonnent. L’extrait s’achève sur la com-
le thème du Léviathan. paraison avec un gros ver luisant (l. 63).
8. Iconographie
QUESTIONS Dessins naïfs et peu réalistes indiquant un roman des-
tiné à la jeunesse. Présence ramassée de nombreux
1. Focalisation interne : narrateur = personnage de
animaux au même endroit (baleines, anguille géante,
l’histoire : Je me trompe (l. 7) ou Cependant, je m’éton-
narval, pieuvres…) et de deux plongeurs dans une
nais des manœuvres de ma frégate (l. 41) le lecteur
grotte sous-marine qui n’ont pas besoin de nager (défi
connaît les pensées et les hypothèses du personnage
aux lois de mécanique des fluides) = impression d’aven-
qui suit les apparitions du monstre, mais reste dans la
tures extraordinaires.
même ignorance que les autres membres de l’équi-
page, auxquels il s’identifie. Vis-à-vis : La Bible et Jules Verne
2. Une apparition surnaturelle le surnaturel animal 9. Texte biblique (texte 1) uniquement descriptif. Dieu
(l. 7) ; vitesse / luminosité / intelligence de cette pré- monopolise la parole pour évoquer le Léviathan  des-
sence supposée animale. cription prise dans l’action : monstre évoqué dans sa
3. immédiatement (l. 2), rapidement (l. 5), Puis (l. 19), puissance au fur et à mesure du danger qu’il représente
Tout d’un coup (l. 26), subitement (l. 29, 38), avec une pour le bateau ; le récit n’est pas suspendu par une
effrayante rapidité (l. 30-31), brusquement (l. 32), sou- pause descriptive.
dainement (l. 37), À chaque instant (l. 39)… beaucoup 10. Texte 1 : homme luttant contre un monstre sym-
d’adverbes et de groupes nominaux compléments cir- bolisant le Mal  personnages de J. Verne en lutte
constanciels de temps ou de manière qui expriment la contre un animal inconnu, redouté mais pas connoté
rapidité danger imminent, suspense. diaboliquement (du moins dans cet extrait).
4. Deux champs lexicaux en rapport avec la marine :
– vocabulaire précis pour les différents rôles des Prolongement : commentaire littéraire des lignes 9 à
hommes de l’équipage (l. 57) sur le bateau : matelots 40 du texte de J. Verne en insistant sur la dimension
(l. 1), ingénieurs (l. 1), commandant (l. 4, 43, 54) ; épique de cet extrait.
– termes techniques pour le bateau : machine (l. 1),
vapeur (l. 2), bâbord (l. 2), barre (l. 4), frégate (l. 5, 15, 41,
46, 59), quatorze nœuds (l. 16), préceintes (l. 33), navire Texte 2
T T. Gautier,
La Morte amoureuse ➜  p. 350
(l. 38), coque (l. 39)…
Vocabulaire précis renforçant l’effet de réel : le fan- Objectif : Étudier un récit fantastique de vampirisme.
tastique ressort davantage.
5. Dialogue pour tenter de comprendre ce qui se passe LECTURE ANALYTIQUE
et la nature de l’animal : pour le commandant, présence
d’abord ressentie comme une manifestation inconnue Première lecture
(l. 47), puis sous-entendu de révélation ultérieure sur la 1. Jeune femme mourante dans le 1er § : son teint
nature du monstre : un narval gigantesque (l. 50), mais s’amortissait (l. 2), elle pâlissait à vue d’œil (l. 5-6),
[…] électrique (l. 50-51). Pour le narrateur-personnage, aussi blanche (l. 7)…  couleurs de la vie évoquées dans
la part animale domine : gymnote ou torpille (l. 52-53). le 2e § : plus rose qu’une aurore de mai, la figure pleine
213
[…] dans un état parfait de santé (l. 26-27). Pour aller plus loin
=> Antithèse résumée dans l’oxymore joie féroce et sau- 8. Recherche
vage (l. 17) qui ouvre sur une représentation animale de a. Auteurs principaux : J. W. Polidori, Le Vampire (1819) ;
Clarimonde : agilité de singe ou de chat (l. 18). E. T. A. Hoffmann, La Vampire (1828) ; J. S. Le Fanu,
2. Registre fantastique dû à l’état étrange et incom- Carmilla (1871).
préhensible de Clarimonde et de l’impuissance de la b. Roman d’Anne Rice, Entretien avec un vampire, 1976
médecine : Les médecins qu’on fit venir n’entendaient (adapté au cinéma en 1994) et la suite ; puis la série
rien à sa maladie, et ils ne savaient qu’y faire (l. 2-4). Twilight de Stephenie Meyer, publiée dès 2005 et adap-
tée au cinéma dès 2008.
Mise au point Dans les années 1980-1990, le personnage du vampire
3. Ma vie est dans la tienne, et tout ce qui est moi vient a été lu comme une métaphore du sida. Aujourd’hui,
de toi (l. 29-30) : parallélisme moi / toi + insiste sur le version aseptisée où le sexe et la mort sont mis à dis-
fait que le sang de son compagnon l’a nourrie => défi- tance pour des récits à destination des adolescents, dits
nition même du vampirisme. gothiques, fascinés par les pouvoirs des vampires et
leur immortalité.
Analyse
9. Écriture d’invention
4. Narrateur-personnage : focalisation interne, récit Contraintes du sujet :
après coup = il connaît l’ensemble de l’histoire, son – reprendre en partie les éléments donnés par le texte
issue : Cette scène me préoccupa longtemps et m’inspira de T. Gautier ;
d’étranges doutes à l’endroit de Clarimonde (l. 33-34) – rédiger un portrait de vampire aujourd’hui (compor-
+ cette impression fut bientôt dissipée, et mille autres tement + modes d’apparition).
soins l’effacèrent de mon esprit (l. 39). Mais l’étrangeté
du comportement de Clarimonde qu’il ne perçoit que Proposition de début :
Il semblait être venu de nulle part. Il était tout
par ce qu’elle dit et ce qu’elle fait sous ses yeux donne
près de moi, dans le silence de cette ruelle sombre.
l’impression d’une focalisation externe : Cette scène […] Si je n’avais pas pressenti sa vraie nature, j’aurais
m’inspira d’étranges doutes à l’endroit de Clarimonde sans doute été plus qu’effrayée. Il me murmura à
(l. 33-34). l’oreille : « Je t’ai manqué ? » Sa voix était comme
5. Champs lexicaux : un souffle rauque, mais terriblement sensuel. Sa
– du sang : sang (l. 15, 19, 25, 31), filets pourpres (l. 15), respiration dans ma nuque me fit frissonner. Je
quelques gouttes (l. 15, 24, 30), rouges (l. 24) => thème savais qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder à
du vampire ; cet endroit mes veines qui palpitaient…
– de l’animalité : joie féroce et sauvage (l. 17), agilité Prolongement : rechercher dans un roman contem-
animale, une agilité de singe ou de chat (l. 18) => mons- porain une apparition de vampire et comparer les
truosité (vampire = humain + animal) ; deux visions. Quels sont les points communs et les
– du plaisir : indicible volupté (l. 19), gourmet qui différences aussi bien dans le déroulement événe-
savoure (l. 20), presser de ses lèvres (l. 23-24) => méta- mentiel que dans les images utilisées ? En déduire
phore sexuelle du vampirisme. l’évolution du mythe du vampire.
6. Le lecteur comprend rapidement la double nature
de Clarimonde (fantastique), alors que le narrateur-
personnage joue à la naïveté, rappelant le personnage Texte 2 B. Stoker,
D’UN
À L’AUTRE

qu’il a été, en proie au doute (l. 33-34), aveuglé par Dracula ➜  p. 351
l’amour => supériorité du lecteur sur le narrateur-per- Objectif : Étudier un extrait du roman-phare
sonnage : il en sait plus que lui. présentant l’un des premiers personnages
de vampire.
Question de synthèse
7. Sensualité du vampire féminin repoussant la mort QUESTIONS
par le sang (traditionnel), mais aussi par l’amour (plus
original : amour explicite). 1. à côté de la cheminée (l. 25) : lieu confiné et froid
(intérieur du château) ; la fenêtre […] l’aube poin-
tait (l. 27) : fin de la nuit et début de la journée ; Un
214
étrange silence semblait s’être abattu sur toute la région pencha vers moi et ses mains me frôlèrent. Je ne pus
[…] le hurlement des loups, très lointain, dans la vallée retenir un frisson (l. 20-21), Les yeux du comte se mirent
(l. 28-29) : environnement naturel angoissant, hostile. à briller (l. 29-30), les sentiments du chasseur (l. 35).
Climat morbide, propice aux événements surnaturels. 6. Point de vue interne : narrateurs-personnages qui
2. a. Insistance sur la bouche (l. 9-13) = quelque chose de ont vécu la rencontre avec le vampire, commentée a
cruel (l. 10), dents éclatantes et particulièrement pointues posteriori le lecteur s’identifie au personnage (effet
(l. 10-11), lèvres […] rouge vif (l. 11-12), dents proémi- de réel).
nentes (l. 24-25) + étrangeté des mains : des poils au
Prolongement : faire une recherche iconographique
milieu des paumes (l. 19) + Les ongles étaient longs et
sur la représentation du vampire dans les tableaux,
fins, presque trop pointus (l. 19-20).
les films et la photographie. Quels sont les invariants
=> Deux indices du vampire : bouche visiblement avide
et les éléments originaux ?
de sang + mains griffues potentiellement agressives.
b. Jeux d’antithèses révélant la difficulté à cerner le
personnage :
nez fin  narines […] larges (l. 5, 6), cheveux qui se
Texte 3
T F. Kafka,
La Métamorphose ➜ p. 353
clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abon-
dants (l. 6-7), vitalité étonnante chez un homme de cet Objectif : Étudier une nouvelle fantastique moderne
présentant une figure de monstre originale.
âge (l. 12), joues, malgré leur maigreur […] impression
d’énergie (l. 13-14).
LECTURE ANALYTIQUE
3. Pas de mention précise des yeux, aucune précision
sur la taille, le poids + caractéristiques morales incon- Première lecture
nues : qui est-il ? bon ou mauvais ?
1. a. Focalisation interne : il découvrait un ventre brun
Tous les détails physiques sont surprenants, mais le
(l. 3-4), pensa-t-il (l. 8), Le regard de Gregor se dirigea
seul élément physique à ne pas être décrit, le regard,
(l. 17), etc.
est révélé à l’aube : Les yeux du comte se mirent à bril-
b. Entrée dans les pensées du personnage qui se
ler (l. 29-30) indice d’un événement dramatique,
rend compte de sa métamorphose => effet de réel en
suspense.
contraste avec la situation extraordinaire dans laquelle
4. Début du texte à l’imparfait : C’était la première fois il se retrouve.
(l. 1) comparaison a posteriori entre les différentes
apparitions de Dracula ; J’avais déjà remarqué (l. 16) Mise au point
insistance sur un trait descriptif essentiel dans 2. couché sur son dos, dur comme une carapace (l. 2-3),
l’intrigue ; je suppose (l. 32) : au présent d’énoncia- un ventre brun, bombé, partagé par des indurations en
tion interrogation qui montre que le narrateur ne forme d’arc (l. 3-4), nombreuses pattes pitoyablement
sait toujours pas dans le présent interpréter le regard minces (l. 6-7), ses petites pattes (l. 24), ses pattes (l. 36)
étrange de Dracula. on insiste sur ce qui différencie l’homme de l’insecte
(ventre / pattes) ; connotation inquiétante et mons-
Vis-à-vis : Théophile Gautier trueuse des adjectifs qualificatifs brun, minces, petites
et Bram Stoker et des mentions de la carapace et des indurations.
5. Portrait antithétique de Clarimonde, pâle (1er §) et rose
(2e §) // antithèses révélant la difficulté à décrire préci- Analyse
sément Dracula (l. 5-15), avec notamment comme carac- 3. Question (l. 8) = question sans réponse. Essaie
téristique commune aux deux la pâleur (Stoker, l. 15). ensuite de comprendre ce qu’il est devenu.
+ Fonction symbolique du regard (retour à la vie) : elle 4. Présence des pattes à trois reprises, de façon à dif-
se releva l’œil humide et brillant (l. 25) // Les yeux du férencier l’être humain (membres) de l’insecte (pattes)
comte se mirent à briller (l. 29-30). + changement de sa motricité, de sa façon de percevoir
+ Évocation ambiguë : presque ouvertement sexuelle son environnement : Ses nombreuses pattes […] papillo-
avec la scène de succion dans le texte de T. Gautier ; taient maladroitement (l. 5-7), il lui était impossible,
plus ambigu, mais implicitement homosexuel, dans les dans son état actuel, de se mettre dans cette position
phrases évoquant la stratégie de Dracula : le comte se (l. 21-22).
215
5. mélancolique (l. 19) à cause du temps ; il cherche forts difficilement envisageables dans la réalité de
à oubli[er] (l. 19) son état ; pensées par rapport à son tout un chacun
métier (l. 27-32). Il ne semble ni surpris ni catastro- Ex. : série de films sanglants (Scream, Vendredi 13,
phé par sa métamorphose qu’il semble attribuer à son Saw…).
3e §. … pour comprendre la réalité autrement
métier exténuant (l. 27), réduit aux sensations qui ne
(métaphore de l’absurdité du monde)
laissent plus de place aux sentiments.
Ex. : l’image du vampire dans des films adaptés de
6. Registre pathétique au sens propre du terme avec romans fantastiques (Dracula, Twilight…).
les douleurs induites par la métamorphose (cf. ques-
tion 4) : une vague douleur sourde (l. 25) qui a des Prolongement : rédiger le dialogue entre deux lec-
conséquences psychologiques : « Ah, mon Dieu » (l. 27) teurs de romans. Pour l’un, le roman est une source
+ registre fantastique avec l’irruption étrange de ce d’évasion, il a besoin de rêver, de lire de belles
phénomène de la métamorphose dans un contexte quo- choses ; pour l’autre, la lecture d’un roman doit le
tidien décalage déroutant entre possibilité d’identi- transformer en tant qu’individu.
fication et effet d’étrangeté.

Question de synthèse Texte 3 E. Ionesco, Rhinocéros,


D’UN
À L’AUTRE
nouvelle ➜  p. 355
7. Surréaliste = relatif au mouvement surréaliste, fondé
sur la libération créatrice de l’inconscient, du rêve, de Objectif : Analyser la figure d’un monstre
l’imagination débridée, en dehors des codes moraux et symbolique dans une nouvelle contemporaine.
des références habituelles.
Situation surréaliste car le personnage se transforme en QUESTIONS
cancrelat et ceci n’est ni expliqué, ni justifié, à tel point
1. Je résisterai (l. 2), verbe au futur : aller contre ce qui
qu’il croit rêver à un moment donné (l. 8). Le lecteur
se fait, les idées reçues… Mais, dès la ligne suivante,
est surpris, car la métamorphose, cauchemardesque,
Elle ne put tenir parole = promesse impossible à tenir.
est finalement considérée comme un événement parmi
d’autres dans sa vie de voyageur de commerce (l. 11-12). 2. a. Ne plus être différent, car il est le seul humain :
sans barrissements (l. 10, 25, 40, 44), il lui est impossible
Pour aller plus loin de communiquer => Il veut ressembler aux autres.
8. Recherche b. Interrogations et exclamations nombreuses : Mais de
– Le Procès (1925) : un beau matin, le personnage quoi ? Les mutations étaient-elles réversibles ? (l. 15-17),
Joseph K doit comparaître au tribunal, mais ne sait pas comme cela manquait de vigueur ! (l. 42) délibération
pourquoi. Il accepte son procès et tente d’être acquitté en plusieurs étapes : révolte (l. 1-9), remise en question
d’une faute qu’il ignore. (l. 10-39), volonté de se métamorphoser (l. 40-56), puis
– Le Château (1926) : le héros, un géomètre désigné refus (l. 57-58).
par la lettre K., doit retirer une autorisation auprès de 3. laid avec ma longue figure (l. 30-31), mes traits tom-
l’autorité comtale qui l’emploie, mais tout se met en bants (l. 33-34), Je ne ressemblais plus à personne ni à
travers de son chemin, l’empêchant de travailler. rien (l. 47-48), La peau demeurait flasque (l. 51), mon
– L’Amérique (1927) : le personnage, Karl Rossmann, est corps trop blanc, mes jambes poilues (l. 51-52), Je me
exilé aux États-Unis, un monde nouveau dans lequel sentais un monstre (l. 54-55) = le dernier humain se
il régresse, allant de catastrophe en catastrophe, au considère comme un monstre parce qu’il est différent
contraire d’un roman d’apprentissage traditionnel. originalité : la normalité est d’être un rhinocéros,
=> Incompréhension et absurdité // situation étrange et une créature monstrueuse : leurs barrissements avaient
surréaliste de la métamorphose pour Gregor. tout de même un certain charme (l. 40).
9. Entraînement à la dissertation 4. a. honte (l. 57) d’être un humain au milieu des
Proposition de plan détaillé : rhinocéros.
Regarder un film terrifiant : Logique interne dans ce récit de la différence, mais
1er §. … pour s’évader de la réalité paradoxe pour le lecteur : affirmation réitérée je ne
Ex. : adaptation d’Alice au pays des merveilles de pouvais pas, non, je ne pouvais pas (l. 57-58) logique-
Lewis Carroll par Tim Burton. ment applicable au fait de ne pouvoir se résoudre à un
2e §. … pour se faire peur, éprouver des sentiments sort peu enviable, mais c’est le fait de ne pas pouvoir
216
devenir une bête qui tourmente le personnage. b. La pièce ne donne pas un point de vue, elle montre
b. Choix du narrateur ambigu = ambiguïté du verbe une réalité pour donner plus de force à la rhinocérite.
pouvoir : il hurle de ne pouvoir devenir rhinocéros, ou La rapidité de l’action accentue la tension dramatique.
il résiste, car il lui est impossible d’accepter de devenir Le développement de personnages permet de mieux
rhinocéros. marquer l’opposition entre ceux qui suivent le troupeau
et Bérenger, finalement résistant.
Vis-à-vis : Kafka et Ionesco La mise en scène peut donner des lectures différentes
5. Chez Kafka, homme devenu un insecte  chez de la pièce. Suivant que l’on fasse voir ou pas les rhi-
Ionesco, tous les hommes, sauf la narrateur, sont deve- nocéros, le registre évolue : il est difficile de ne pas
nus des rhinocéros. Dans les deux cas, même définition laisser place à une certaine forme de comique quand
de la monstruosité = altérité radicale, seul contre tous. on montre le mari de Mme Bœuf métamorphosé dans
6. Dans les deux textes, les personnages agissent et l’acte II, alors que la lecture du récit maintient un climat
pensent comme des humains, sont plongés dans un d’angoisse.
univers réaliste et quotidien. Message = chacun peut
2. Les personnages
un beau jour devenir un monstre ou se retrouver devant
Dans le récit, Daisy apparaît peu : au travail d’abord,
l’un d’eux (interprétation métaphorique).
puis chez Bérenger et enfin elle disparaît. Dans la pièce,
Prolongement : étudier la transposition de cette nou- elle est présente dès l’exposition : Jean et Bérenger
velle au théâtre en 1959, en comparant le dénouement l’aperçoivent sur la place et elle est un sujet de dis-
de la pièce avec la fin du récit. Quel changement radi- cussion entre les deux amis. Enfin, elle se rapproche
cal E. Ionesco a-t-il opéré ? Dénouement disponible de la façon de penser des rhinocéros avant de dépérir.
dans l’exercice 3 ➜ p. 444. Dans les deux textes, elle demande Que veux-tu qu’on
y fasse ? mais elle argumente avec Bérenger sur les
avantages de la métamorphose en rhinocéros de façon
ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE plus développée dans la pièce que dans le récit.
Bérenger est à peu près le même dans les deux textes :
E. Ionesco, Rhinocéros : de la nouvelle même situation de départ, même ami, même travail,
à la pièce ➜  p. 357 mêmes sentiments pour Daisy… Les dernières lignes
de la pièce donnent son caractère héroïque au person-
Objectif : Analyser l’adaptation d’une nouvelle en nage : Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au
pièce de théâtre.
bout ! Je ne capitule pas !  Fin ambiguë de la nou-
velle : renoncement ou résistance, évoquant même, par
PISTES D’ANALYSE l’interjection Hélas ! (l. 55), un regret de ne pas s’être
métamorphosé ➜ p. 356.
1. Une réécriture
a. Le récit au passé est pris en charge par un narrateur- 3. Le thème du monstre
personnage, Bérenger  la pièce qui montre tous les Rhinocéros = animal éloigné de nous, massif et cuirassé
personnages sur le même plan. (pachyderme). La nouvelle, plus que la pièce, développe
Le récit se déroule sur plusieurs semaines : une des discussions sur l’origine des rhinocéros unicornes
semaine entre les deux premiers rhinocéros, long dépé- et bicornes.
rissement de Daisy  déroulement plus rapide dans la Un animal imposant et dangereux de plus en plus asso-
pièce, même si elle ne respecte pas la règle classique cié à l’image d’un troupeau agressif force, puissance
des trois unités (des journées entières sont censées et risques de piétinements symbolisant la force d’une
s’écouler entre les actes) : les premiers rhinocéros se armée en marche.
succèdent rapidement, Daisy se métamorphose en cinq À la fin des deux textes, Daisy évoque l’énergie qui
minutes (acte III). émane des rhinocéros et, dans la pièce, elle dit Ce sont
Le récit évoque des personnages sur lesquels on a peu des dieux connotations mélioratives.
d’informations, Jean, Botard et Dudard  la pièce donne Un animal apparemment éloigné de l’être humain,
plus d’importance à ces personnages, en particulier mais dont l’aspect physique et le comportement
Dudard (acte III). évoquent des images terrifiantes de dictature militaire.

217
4. Deux textes allégoriques 2. Entraînement à la dissertation
À l’origine, une expérience vécue : un mouvement fas- Partie I. Le monstre est inhumain
ciste s’est développé en Roumanie à partir de 1933. Pour 1er §. Par ses caractères physiques, sa démesure
Ionesco, au fil des semaines, tout son entourage sem- foncièrement animale
blait contaminé et adhérait à l’organisation proche de Ex. : le Léviathan, les rhinocéros chez Ionesco…
2e §. Par son étrangeté de comportement qui le
Hitler qui s’appelait la Garde de fer. Après avoir résisté
rend différent de l’humanité
de l’intérieur, puis renoncé devant la nazification de
Ex. : les vampires de Gautier et Stoker.
son pays, il l’a quitté pour Paris métamorphose en 3e §. Par sa façon de penser
rhinocéros = métaphore de la nazification. Ex. : femme vampire de Gautier ; couple de voisins
La nouvelle et la pièce ont été écrites vingt ans après dans Les Catilinaires d’A. Nothomb.
les faits. L’autre grand régime totalitaire du XXe siècle, le Partie II. Mais le monstre est souvent proche de
stalinisme en URSS, est également implicitement évo- l’humain
qué : la transformation en rhinocéros peut être celle 1er §. Par sa proximité avec l’homme, il entre en
des adhérents du Parti communiste en hommes dog- relation avec lui
matiques froids et dangereux. Ex. : la baleine de Moby Dick entre en compétition
C’est de façon générale le système totalitaire que morbide avec le capitaine Achab.
2e §. Parce qu’il a besoin de l’homme et s’en nourrit
montre Ionesco.
Ex. : les vampires.
3e §. Parce qu’il a été un homme (thème de la
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES métamorphose)
Ex. : le narrateur-personnage de La Métamorphose
1. Entraînement à l’oral de Kafka, les rhinocéros chez Ionesco.
Question : Qui est le véritable monstre dans cet extrait ? Conclusion : la thématique du monstre permet
pourquoi ? de révéler les limites toujours possibles de la soi-
Axe 1. Le sentiment d’être différent disant humanité, d’interroger la complexité de
– Culpabilité : « C’était ma faute si Daisy était par- l’être humain.
tie » (l. 6-7) focalisation interne sur un narra-
teur-personnage explicite. Analyse T. Burton, Edward
– C’est lui qui se sent différent des autres : « il d’image aux mains d’argent ➜  p. 358
m’eût fallu une corne, sinon deux, pour rehaus-
ser mes traits tombants » (l. 31-34) paradoxe : Objectif : Étudier l’affiche d’un film qui raconte
humanité monstrueuse. l’histoire d’un personnage monstrueux.
– Bérenger tellement différent qu’il n’appartient
plus à la communauté (l. 45-49) : « Je me sentais
QUESTIONS
un monstre » (l. 54-55) => dévoilement du phéno-
mène du grégarisme. Première approche
Axe 2. Une fonction argumentative
– Mise en évidence de la solitude du résistant : 1. Photographie avec des phrases en surimpression qui
« de partout leurs barrissements, leurs courses résument l’intrigue du film.
éperdues, les nuages de poussière […] » (l. 10-12) Titre du film en gros caractères, précédé d’une légende
structure ternaire + vision cauchemardesque qui évoque la morale du film.
obsessionnelle. Précisions sur l’équipe du film (distribution, production,
– Délibération sur la métamorphose (l. 13-27) : réalisation…) et logos divers.
convaincre les rhinocéros ou se fondre dans le
2. Deux éléments mis en lumière : l’aspect hors du
groupe : « Et si […] c’était eux qui avaient rai-
commun du personnage (garçon peu ordinaire) et
son ? » (l. 35-37) => monologue délibératif comme
dans la tragédie.
l’histoire d’amour (Il // Elle).
– Évocation de la difficulté d’être un résistant, Phrases fondées sur des antithèses accentuées par la
un homme libre : « jamais je ne deviendrais rhi- formulation restrictive ne que (parallélisme) : extraordi-
nocéros : je ne pouvais plus changer » (l. 55-56) naire  ordinaire + opposition Il  Elle doublée de l’anti-
=> emploi du conditionnel : expression d’un regret thèse supposée entre innocence et beauté (la beauté
mais affirmation de son humanité. serait par définition maléfique).

218
Analyse espace le regardent : il devient le spectacle à la place
3. Personnage inquiétant au visage couturé de cica- de ce qui est représenté sur la scène.
trices, à la chevelure ébouriffée, aux bras qui se pro- 2. Füssli a peint de nombreux tableaux avec des
longent par des ciseaux, dont les lames sont mena- monstres : Le Cauchemar (1781), Entre Scylla et
çantes, constituant des lignes de force qui structurent Charybde (1795), Silence (1799-1801), Le Rêve du berger
une grande partie de l’image. (1793) et d’autres inspirés du Songe d’une nuit d’été
Mais le regard triste et songeur, il enlace la jeune fille (Shakespeare) dont Titania caressant la tête d’âne de
et le texte sous l’image indique qu’il n’est pas dange- Bottom (1790).
reux : innocence. Böcklin est inspiré par la mythologie : Bouclier avec le
4. Personnages dans la moitié gauche de l’image au visage Méduse (1897) ou Dans la mer (1883), qui montre
premier plan, en contre-plongée et cadrés en plan rap- des sirènes et des monstres marins. Mais on trouve
proché. Ils se détachent sur un ciel bleu et nuageux. aussi un squelette avec un violon dans Autoportrait à
Garçon tout en noir  ciel bleu, vêtement blanc de la la Mort violoniste (1872), ou l’allégorie de la peste che-
jeune fille. vauchant un monstre ailé : La Peste (1898).
Fille en blanc  chevelure rousse. Monstres apparaissant toujours comme des êtres
difformes ou inquiétants, en opposition avec les autres
5. Edward regarde vers l’extérieur, vers le bas : on ne
personnages.
croise pas son regard. La jeune fille, elle, regarde par-
dessus l’épaule du garçon, vers la gauche, hors champ.
=> Aucun personnage ne regarde le spectateur. Leur Exercices d’approfondissement ➜ p. 362
univers, clos et romantique, n’est qu’à eux : personne
ne peut y pénétrer.
REVOIR
6. Elle évoque la différence d’Edward : mains en forme
de ciseaux. Regard soucieux, étreinte : signes d’une
histoire d’amour, mais qui semble difficile à vivre. 1 Une créature presque humaine
A. Nothomb, Les Catilinaires
Question de synthèse 1. Point de vue interne : le personnage explique tout
7. Points communs : difformité physique (éléphantia- ce qu’il voit et entend, mais ce sont surtout ses com-
sis // mains-ciseaux) et vêtement noir + même regard mentaires qui permettent au lecteur de comprendre la
perdu dans le vague (vers le bas). situation : J’eus envie d’applaudir (l. 7) ou J’eus beau
Différences : Merrick est regardé par les autres person- être odieux, harassant, confus et aride, mes hôtes ne
nages mais son vêtement montre une volonté de s’inté- donnèrent aucun signe d’exaspération (l. 16-18).
grer à la bonne société malgré sa difformité  Edward 2. a. La femme du couple reçu par le narrateur est
au visage humain rassurant, mais dont les bras sont considérée comme un monstre ; elle est évoquée par
affublés d’une étrange protubérance, et dont le costume des métaphores médicales : Le kyste (l. 10), Madame
et la coiffure décalés le rendent différent. Bernardin n’était autre qu’un énorme organe digestif
(l. 21-22) et des réifications péjoratives : la chose (l. 4),
Prolongement : effectuer une recherche sur les autres
son poids mort matrimonial (l. 34-35), comparaison
films de Tim Burton en énumérant les personnages
avec la péniche (l. 36). Seul le groupe nominal La voi-
monstrueux et les raisons pour lesquelles ils le sont.
sine (l. 24) reste neutre.
Histoire des arts ➜ p. 360 b. Mots à connotation négative : elle ne ressemble pas à
un être humain, mais est considérée comme une chose
La monstruosité dans les arts visuels en raison de son obésité.
3. Les époux qui reçoivent semblent éprouver du plaisir
QUESTIONS à mettre en difficulté Palamède Bernardin : Palamède
1. Le photogramme montre une loge de théâtre en eut l’air plus mécontent que jamais […]. J’eus envie
contre-plongée. Le personnage éponyme du film se d’applaudir (l. 6-7) ; La colère rentrée de son mari nous
tient à l’extrême gauche de la loge, en buste. Il regarde rendait encore plus heureux (l. 12-13). La monstruosité
devant lui, vraisemblablement en direction de la scène, émane du caractère d’êtres humains ordinaires.
alors que presque tous ceux qui partagent le même
219
4. D’un côté, ils sont heureux de faire souffrir cet 6. Texte A : verbes d’action (marchèrent, traversèrent,
homme, et de l’autre, ils sont heureux de les voir partir. l. 1-2…), volonté de fuir (l. 5, 12), passage périlleux par
Phrase paradoxale : La voisine passait une soirée la gorge (l. 3, 9, 17), description quasiment au ralenti
exquise (l. 24-25), alors qu’Émile et Juliette ont tout fait des derniers moments avant la libération rêvée (l. 17-23)
pour être odieux. = registre épique, mais pour sortir de l’estomac d’un
5. Ton humoristique : situation absurde du début, vieux requin qui n’a rien d’inquiétant.
elle revint avec trois cafés et une grande tasse de cho- Texte B : description de l’allure de la Baleine Blanche
colat fondu. – De la soupe, dit-elle (l. 2-4) + images (l. 1-6), mention des requins (l. 8-12), discours d’Achab
de Madame Bernardin comiques + plaisir malsain du obnubilé par son désir de tuer Moby Dick (l. 13-16 et
couple à tenter de mettre Palamède hors de lui. 19-24) = registre épique, mais il rend le chasseur plus
monstrueux que la baleine chassée.
APPROFONDIR
ÉCRIRE
2 Deux monstres marins
Texte A : C. Collodi, Les Aventures de Pinocchio 3 Une existence hors norme
Texte B : H. Melville, Moby Dick Sapphire, Precious (Push), chap. II
1. Passé simple : Ils marchèrent ainsi (l. 1), jugèrent 1. Langage familier avec des termes comme chialer pour
bon (l. 4), et présent de vérité générale utilisé par le pleurer (l. 3, 4), la tronche pour la tête (l. 4, 15), mais
narrateur pour trouver une raison à la situation mer- aussi des constructions grammaticales fautives comme
veilleuse : Il faut savoir […] (l. 6) + rebondissement à la L’été c’est plein de gens qu’éclaboussent (l. 5-6), C’est
fin du passage + naïveté de certains éléments textuels comme ça tout le temps que les années a nagent dans
(vieillesse du Requin) = éléments évoquant un conte. ma tête (l. 7-8), C’est çui qui l’dit qu’y est (l. 10)…
2. Précisions anatomiques : le corps et l’estomac du 2. Claireece semble ne pas être à sa place dans cet
Requin (l. 2), l’immense gorge du monstre (l. 3-4), son univers : indifférente à tout et ne ressentant rien,
immense gueule (l. 18), très vieux et souffrant d’asthme comme si des trains me traversaient pas la tronche des
et de palpitations du cœur, était obligé de dormir la fois (l. 14-15), solitude de quelqu’un qui se coupe du
bouche ouverte (l. 6-8), Le Requin dort comme un loir monde : y a moi assise sur ma chaise devant mon pupite
(l. 13-14) = un monstre (terme utilisé à plusieurs reprises, […] y a pus que du bruit (l. 22-24).
l. 18, 26), mais il n’a rien d’effrayant. Les personnages 3. Difficulté avec la chronologie (l. 7-8).
semblent pouvoir s’en échapper facilement. Grandes difficultés de concentration : elle entend les
3. Rapidité du bateau supérieure à celle de la baleine voix qui sortent du tableau (l. 17-18), la voix du prof que
(l. 1-6) ; il n’a pas peur des requins (l. 13-16) ; qui sait, des parasites (l. 24).
murmura-t-il, si c’est pour se régaler de la Baleine Son physique hors norme : obésité (je suis grosse, l. 11),
Blanche ou d’Achab que ces requins suivent ? (l. 20-21) : qui l’assimile à un animal pour ses camarades (tu vas
esprit de vengeance faisant d’Achab un homme impla- te prendre les pieds dans les babines, l. 9-10), les bruits
cable et dangereux. de pet et de grognements de cochon (l. 11-12).
4. Jeu de mots aux lignes 13 à 16 : Ces dents ne font que 4. Écriture d’argumentation
donner plus de mordant à vos rames (l. 13-14) + réponse Proposition de début de paragraphe rédigé :
d’Achab (l. 19). Aveuglé par la vengeance, Achab s’obs- Claireece est une jeune fille à la vie difficile : on
tine et encourage ses hommes à ne pas faiblir, ce qui apprend dans la suite du roman qu’elle est battue
donne lieu à une collusion des registres comique et par sa mère et violée par son père. Dans ce passage,
épique. elle montre des signes évidents de perturbations
psychologiques qui l’éloignent, voire la coupent, de
5. La monstruosité n’est pas toujours là où on l’attend : ses camarades. Si elle avoue d’elle-même : « je suis
le requin est un monstre a priori dangereux mais qui grosse » (l. 11), cela ne fait pas d’elle un monstre
ne fait pas peur chez Collodi, et le soi-disant monstre pour autant. Ce qui semble plus inquiétant, c’est
Moby Dick devient une victime de la folie destructrice le fait que « les années a nagent dans [s]a tête »
du capitaine Achab dans le texte de Melville. (l. 7-8) et qu’elle entend des « voix qui sortent du
tableau comme d’une télé » (l. 17-18). Mais les

220
êtres plus monstrueux dans ce passage sont ses Prolongement : à partir des quatre textes de ce
camarades de classe qui se moquent ouvertement corpus, quelle définition donneriez-vous du monstre
de son poids et la considèrent comme un animal, en littérature ? Est-il forcément lié au registre
et non plus comme un être humain… fantastique ?

Prolongements

Textes : ● J. Ray, Malpertuis (1943)


Essais et études : Le monstre dans la littérature,
Texte du DVD-Rom
du XVIIIe au XXIe siècle
E. Ionesco, Rhinocéros (1959)
● B. Sadoul, Fées, sorcières et diablesses,
anthologie, Librio (2004) Images
● U. Eco, Histoire de la laideur, Flammarion (2007) Images fixes du manuel
● J. Marigny, Sang pour sang, Découvertes / ● J. Bosch, Le Jugement dernier (vers 1510), détail
Gallimard (1993) ➜ p. 360
● R. Bozzetto et J. Marigny, Vampires : Dracula et ● F. de Goya, Saturne dévorant l’un de ses fils (1823)
les siens, anthologie, Omnibus (1997) ➜ p. 361
Romans sur les monstres humains ● G. Moreau, Œdipe et le Sphinx (1864) ➜ p. 342
● H. Bazin, Vipère au poing (1948) : Folcoche = mère ● E. Munch, Vampire (1893-1894) ➜ p. 350
cruelle ● P. Picasso, Minotaure blessé, cheval et
● T. Harris, Dragon rouge (1981) : naissance du personnages (1936) ➜ p. 322
personnage d’Hannibal Lecter, le tueur en série
Tableaux du DVD-Rom
anthropophage
● B. Cellini, Persée tenant la tête de Méduse (1554)
● V. Hugo, Notre-Dame de Paris (1831) : Quasimodo
● G. Arcimboldo, Le Juriste (1566)
● S. King, Misery (1987) : un personnage de
bourreau féminin Films du DVD-Rom
● M. G. Lewis, Le Moine (1795) : le moine Ambrosio ● G. Méliès, La Sirène (1904)
qui pactise avec le diable ● P. P. Pasolini, Œdipe roi (1967)
● A. Nothomb, Hygiène de l’assassin (1992) :
Prétextat Tach, intellectuel monstrueux Activité
Romans sur les créatures fantastiques Dissertation :
● J. Cazotte, Le Diable amoureux (1772) Un monstre est-il toujours une créature infernale et
maléfique ? Ne peut-il revêtir d’autres apparences ?
● H. P. Lovecraft, L’Affaire Charles Dexter Ward
Répondez à cette question en faisant précisément
(1928)
référence aux textes de cette séquence et à des
● E. A. Poe, Histoires extraordinaires et Nouvelles œuvres sélectionnées personnellement.
Histoires extraordinaires (1856, 1857)

221
VERS LE BAC
Phèdre, d’Euripide à Émile Zola
➜ Livre de l’élève, p. 364

OBJECTIFS – texte 2 plus spectaculaire : adresse directe à l’épée


– S’entraîner à l’épreuve écrite du bac en travaillant = Plonge-toi, trempe-toi jusques à la pommelle (v. 26).
● Phèdre plus inquiétante dans le texte 3 :
sur un corpus traitant le même thème dans des genres
littéraires différents. – vocabulaire explicite, plus choquant, même si la pièce
– Étudier un personnage mythique de la tragédie à tra- est classique : un œil profane, incestueux (v. 3), une
vers ses réécritures, de l’Antiquité au XIXe siècle. flamme funeste (v. 4), horreur (v. 7), courroux (v. 10),
supplice (v. 11), tranché (v. 12), descendre chez les morts
(v. 15), souillaient (v. 23) ;
OBJET D’ÉTUDE
– agonie et mort sur scène : champ lexical du poison,
Les réécritures, du XVIIe siècle à nos jours avec GN brûlantes veines (v. 16), poison (v. 17), venin
(v. 18) + signes physiques de sa mort, avec ce cœur
CORPUS expirant (v. 19), un froid inconnu (v. 19), je ne vois plus
Texte 1 Euripide, Hippolyte qu’à travers un nuage (v. 20) + réplique de Panope qui
Texte 2 R. Garnier, Hippolyte confirme la mort de Phèdre agonie de Phèdre frap-
Texte 3 J. Racine, Phèdre pante car sous nos yeux.
Texte 4 É. Zola, La Curée Conclusion
Phèdre est plus inquiétante dans le texte 3 car elle
SUJET POUR LA SÉRIE LITTÉRAIRE agonise et meurt sur scène. Racine va plus loin que
les autres dramaturges en transgressant quasiment la
Questions règle classique de bienséance (même si la représenta-
1. Introduction tion du suicide par poison était tolérée dans la doctrine
– Auteurs : dramaturges, auteurs de tragédies d’épo- classique).
ques différentes = Antiquité grecque, XVIe siècle, période
de la Renaissance, XVIIe siècle, période classique. 2. Introduction
– Forme : extraits de trois tragédies. – Auteur : Émile Zola, romancier naturaliste qui rend
– Thèmes : désespoir et mort de Phèdre, figure mythique compte de la vie d’une famille sous le Second Empire
et tragique en proie à un amour incestueux pour son dans sa fresque intitulée Les Rougon-Macquart.
beau-fils Hippolyte. Références littéraires et mythiques qui créent une com-
– Question : étude des procédés et des éléments qui plicité avec le lecteur.
rendent Phèdre inquiétante afin de justifier celui qui la – Forme : personnage théâtral de Phèdre transposé
rend le plus redoutable. Question en partie subjective, dans un roman + présence du spectacle théâtral dans
mais argumentée. l’intrigue à travers la représentation de Phèdre, à
Développement laquelle assistent les personnages.
● Phèdre déjà inquiétante dans les textes 1 et 2 : – Thème : écho entre la représentation de la pièce et la
– vocabulaire de la mort : texte 1, une seule issue (l. 2), situation personnelle de Renée.
la mort (l. 9), qui me perd (l. 12), je quitterai la vie (l. 12), Développement
vaincue (l. 13), funeste (l. 14), ma mort (l. 15) la mort ● Sentiments passionnés et tragiques de Phèdre sur

est envisagée, annoncée (l. 9) ; scène :


texte 2, à la mort courir (v. 1), perdu ma vie (v. 2), mon – champ lexical de la douleur : sanglots (l. 11), brûlante
sang (v. 9), mourir (v. 13) la menace de mort prend (l. 17), accable (l. 18), se maudit (l. 18), crise de fureur
forme et semble être inéluctable à la fin de l’extrait, sombre (l. 18), cri de passion fauve (l. 19) fortes émo-
peut-être même se suicide-t-elle sur scène ; tions qui impressionnent Renée ;
222
– champ lexical du crime : le crime antique (l. 15), ten- Elle ne suit plus le spectacle = « ne regarda plus,
dresse criminelle (l. 16) dimension tragique de l’in- n’écouta plus » (l. 27) et se sent menacée par
ceste présenté comme un acte funeste et destructeur. tout ce qui l’entoure = « Le lustre l’aveuglait »
● Reflet de la situation personnelle de Renée ; spectacle
(l. 27-28), « des chaleurs étouffantes » (l. 28)
Phèdre = mise en abyme : lumière aveuglante symbolique de la vérité
+ atmosphère suffocante.
– comme Phèdre est amoureuse d’Hippolyte, son beau-
Partie II. Enjeux narratifs de la représentation,
fils, Renée aime Maxime, le fils de son mari : compa-
entre critique et dérision
raison et empathie de Renée qui se demandait de quel 1er §. Le contraste
sang elle pouvait être, elle (l. 13), sentait passer sur sa À la différence de Renée, Maxime fait des réflexions
chair chaque frisson de son désir et de ses remords légères = « Quel godiche ! » (l. 10) + « Il a une
(l. 20-21) l’image de Phèdre révèle Renée à elle- bonne tête le vieux ! » (l. 23) dérision au sujet
même, physiquement et psychologiquement ; de la médiocrité du spectacle.
– Renée est désignée par une périphrase, l’incestueuse 2e §. L’ironie
des temps nouveaux (l. 13-14) le mythe de Phèdre et Le narrateur confirme l’avis de Maxime = médio-
la réalité de Renée sont associés la contrainte mon- crité du jeu des acteurs : « très médiocre » (l. 8)
daine du spectacle, auquel la mode leur commandait de + « d’une voix creuse » (l. 24) + physique de Phèdre
s’intéresser (l. 3-4), devient une révélation essentielle en décalage comique avec le personnage : « ses
sur soi. fortes épaules » (l. 11), « ses gros bras » (l. 12)
représentation burlesquement rabaissée.
Conclusion 3e §. La critique sociale
Trouble de Renée dû à la dimension tragique et spec- Le narrateur présente les personnages comme des
taculaire de la représentation et à la révélation qu’elle ignorants, soumis à la mode = « Ils n’avaient seu-
provoque. lement pas regardé l’affiche » (l. 1-2), « à laquelle
la mode leur commandait de s’intéresser » (l. 3-4).
SUJETS AU CHOIX Conclusion
– Bilan : décalage entre la réalité d’un spectacle
1. Commentaire médiocre, souligné par le jugement du narrateur, et la
Introduction réaction excessive de Renée qui est très émue par l’his-
– Auteur : chef de file du naturalisme (fin du XIXe siècle) toire tragique, en écho à sa propre vie. Le procédé de la
+ écriture romanesque fondée sur l’exploration des mise en abyme permet de mettre en scène la relation
principes de l’hérédité et de l’influence du milieu sur entre Renée et Maxime.
les individus + fresque sociale des Rougon-Macquart. – Ouverture : le destin romanesque de Renée, comparé
– Œuvre : paru en 1871, La Curée est le deuxième volume à celui de l’héroïne de tragédie.
des Rougon-Macquart. Histoire de Renée Saccard,
épouse d’un riche spéculateur immobilier, qui entre- 2. Dissertation
tient une relation incestueuse avec son beau-fils, Introduction
Maxime. – Contextualisation : évocation des différents types de
– Texte : Renée se rend avec Maxime au théâtre pour réécritures, à partir d’un mythe ou à partir d’un thème
voir la représentation de Phèdre. Si Maxime semble ou d’une figure, comme celle du monstre par exemple.
rester insensible, Renée est au contraire bouleversée. – Sujet : s’interroger sur les enjeux de l’inspiration et
– Projet de lecture : Quels sont les enjeux de la repré- de la réécriture dans le cadre d’une œuvre littéraire,
sentation de Phèdre dans le récit ? musicale, plastique…
Plan proposé – Problématique : La réécriture n’est-elle affaire que
Partie I. Représentation tragique et mise en abyme d’originalité ? L’artiste ne recherche-t-il pas autre chose
1er §. Phèdre tragique en s’inspirant d’une œuvre plus ancienne ?
Champ lexical de la douleur tragique + champ lexi- Plan proposé
cal du crime (question 2). Partie I. S’inspirer d’une œuvre plus ancienne, c’est
2e §. Renée, une Phèdre moderne d’abord lui rendre hommage et lui donner un sens.
« L’incestueuse des temps nouveaux » (l. 13-14) 1er §. S’inspirer pour imiter : les auteurs classiques
+ écho avec sa propre situation (question 2). imitent les Anciens, modèles et gages de qualité.
3e §. La révélation Ex. : La Fontaine s’inspire d’Ésope, de Phèdre et
223
d’autres fabulistes pour écrire ses Fables. 3. Écriture d’invention
2e §. S’inspirer pour rendre hommage à un artiste
Contraintes du sujet :
ou à une œuvre de manière sérieuse ou parodique.
– forme : une scène de théâtre, dialogue entre Phèdre et
Ex. : F. Bacon rend hommage à la toile d’Ingres,
Œdipe devinant l’énigme du Sphinx (1808), dans
d’autres personnages au choix, scène de dénouement ;
son œuvre, Œdipe et le Sphinx d’après Ingres – contenu : réplique de Phèdre = aveu d’inceste et
(1983) ➜ p. 338. demande de pardon, ou aveu et mort du personnage
3e §. S’inspirer pour interpréter une œuvre. + répliques d’autres personnages = pardon ou blâme.
Ex. : Ulysse (1922) de J. Joyce est un hommage à La scène doit dans tous les cas présenter une réso-
l’Odyssée (VIIIe siècle av. J.-C.) d’Homère, transpo- lution de la situation de Phèdre (logique du dénoue-
sée à Dublin, au xxe siècle. ment), développer des répliques expressives, mettant
Partie II. S’inspirer d’une œuvre plus ancienne, en jeu des émotions fortes (phrases exclamatives et
c’est aussi chercher l’originalité et la liberté. interrogatives).
1er §. S’inspirer d’une œuvre ancienne pour s’im- Rappel de méthode : présentation matérielle du dia-
prégner d’un style vénéré.
logue de théâtre + didascalies + cohérence du texte
Ex. : mélange des références grâce à l’intertextuali-
avec le corpus.
té dans le début de La Machine infernale (1934) de
J. Cocteau ➜ p. 327. L’auteur se sert des références Proposition de corrigé (début du dialogue)
anciennes pour forger une écriture personnelle, en PHÈDRE, droite devant Thésée
complicité avec le spectateur. Je ne viens pas implorer ton pardon, ni te deman-
2e §. Réécrire pour amplifier une œuvre ancienne der une grâce quelconque. Après tout, devrais-je
en l’étoffant. m’excuser pour des sentiments que j’éprouve ? Mon
Ex. : dans l’opéra de Mozart et Lorenzo Da Ponte, cœur s’agite, s’emballe, fait ployer mon âme et ma
Don Giovanni (1787), le librettiste reprend la figure raison. Pouvez-vous maîtriser votre cœur, vous ? Si
mythique du Dom Juan de Molière en lui ajoutant oui, c’est que vous ne connaissez pas l’amour…
des épisodes comme l’assassinat du commandeur THÉSÉE, agacé
par Don Giovanni. Il n’est pas seulement question de sentiment. C’est
3e §. Réécrire pour actualiser une œuvre ou un avant tout une odieuse affaire de trahison et de
thème. mensonge pour laquelle tu comparais aujourd’hui,
Ex. : la figure biblique de Judith est une élue de là, devant moi. Tu dois rendre des comptes !
Dieu dans la Bible mais dans sa pièce, Judith PHÈDRE
(1931), J. Giraudoux en fait une femme de son J’ai aimé, j’aime et j’aimerai toujours celui pour
époque qui tue Holopherne par passion. qui mon cœur a tremblé. Je l’ai faussement accusé,
Conclusion oui, je l’avoue. La haine est toujours si proche
– Bilan : La réécriture permet à un artiste de rendre de l’amour qu’elle nous rend insensé. J’ai perdu
hommage à une œuvre ancienne que l’on explore, l’esprit et les sens, je serais bien incapable de te
éclaire, revisite…, mais loin d’être une simple refonte, dire ce qui s’est passé à cet instant car au moment
elle est une création nouvelle et originale. même où je l’ai prononcé, je n’étais plus moi-
même. Étrangère dans ce corps et ennemie dans
– Ouverture : La réécriture ne trahit-elle pas forcément
cet esprit, comprends et accepte le désespoir d’une
l’œuvre en référence ?
femme amoureuse. Mais peu importe qui je suis
ou ne suis pas, il est mort aujourd’hui et la seule
chose qui importe, c’est sa mémoire et son hon-
neur. Alors condamne-moi, emprisonne-moi, tue-
moi, peu importe la sentence : je suis déjà morte
pour lui, avec lui…

224
PARTIE II
Outils d’analyse
228
CHAPITRE
1 Les outils de l’analyse
stylistique
➜ Livre de l’élève, p. 370

Fichee 1 Communication, énonciation


et modalisation
➜ Livre de l’élève, p. 371

QUESTIONS Texte C : pronoms personnels de la 1re et de la 2e per-


M. de Montaigne, Essais sonne (aide-moi, Crie, je n’entends) dialogue entre
1. J’ = énonciateur, Montaigne ; nos (compatriotes) deux personnages.
= énonciateur + lecteurs ; leurs = les manières de nos
compatriotes ; leur = à nos compatriotes ; ils = nos APPLIQUER
compatriotes.
2. J’ai honte marque la subjectivité de l’énonciateur 2 L’expression de la subjectivité
visée polémique. P. Corneille, L’Illusion comique, acte V, scène 6,
vers 1781-1792
1. Fonction référentielle : informations sur l’évolution
Exercices d’application ➜ p. 373 du théâtre sous Louis XIII, dès le vers 1 : À présent le
théâtre…
METTRE AU POINT Fonction poétique : figures de style hyperbole : ido-
lâtre (v. 2) ; antithèse : mépris (v. 3) / amour (v. 4) ;
énumération (v. 4-7)…
1 Fonctions du langage et énonciation
Texte A : C. Baudelaire, Le Spleen de Paris, « Le port »
Fonction expressive : marques de l’éloge adverbe
Texte B : Le Dictionnaire de notre temps d’intensité si (v. 2, 11) ; superlatif : le plus doux (v. 6) ;
vocabulaire mélioratif : bons (v. 4), doux (v. 6), délices
1. Texte A : fonctions référentielle, expressive et poé-
(v. 7), sagesse profonde (v. 9)…
tique définition du port, mais vocabulaire mélioratif
Fonction conative : Cessez de vous en plaindre (v. 1)
(charmant, merveilleusement…) ; effets de rythme avec
impératif.
l’énumération, les allitérations en [l] et en [y] propres
à l’écriture poétique. 2. Alcandre valorise le genre théâtral qui avait été
Texte B : fonction référentielle article de dictionnaire, décrié par l’ancienne génération, représentée par
présentation objective du port de Rotterdam. Pridamant : À présent (v. 1), aujourd’hui (v. 4), nos
Texte C : fonctions conative et phatique aide-moi, princes (v. 6) soulignent l’amour du théâtre dans
Crie plus fort = injonctions à l’impératif + tentative pour l’ensemble de la société à l’époque de Louis XIII.
rétablir la communication. Idée de progrès.
Texte D : fonction métalinguistique définition de 3. Éloge du théâtre par le vocabulaire mélioratif : divertis-
l’hapax, information sur la langue française. sement le plus doux (v. 6), délices du peuple (v. 7), plaisir
2. Texte A, extrait d’un poème lyrique en prose, avec des grands (v. 7), douceurs d’un spectacle si beau (v. 11).
trois fonctions. Le théâtre rassemble toutes les classes sociales car
il allie distraction et raffinement.
3. Texte A : connotations mélioratives (charmant, mer-
veilleusement) éloge du port.

229
3 Communiquer par lettre leversé dans sa vie témoignage intime à dimension
Mme de Sévigné, Correspondance historique.
1. Énonciateur = M me de Sévigné ; destinataire 2. Subjectivité :
= Pomponne ; référent = [À Paris,] lundi 1er décembre Termes à connotations péjoratives : désespoir (l. 4),
[1664]. dérision (l. 9), rage de mal qui sévit (l. 12) : profonde
2. Louis XIV (énonciateur) demande au maréchal de tristesse et indignation nées du constat que l’huma-
Gramont (destinataire) son avis sur un madrigal qu’il a nisme est mort, que la culture plie sous la barbarie
écrit (référent), mais son interlocuteur ignore qu’il en horreur, valeurs positives piétinées  termes à
est l’auteur et le critique sans se méfier. connotations mélioratives : magnifiques résultats de
polissure, d’humanisation, toute cette intelligence et
3. Passages de récit au présent de narration ou au
cette largeur de vues (l. 5-7) éloge de la culture qui
passé simple : Le Roi se mêle […] lui apprennent […]
nourrit le quotidien et la dignité humaine.
Il fit l’autre jour […] ne trouva […] il dit (l. 4-9) coupés
de la situation d’énonciation. 3. On me traiterait de rêveuse et d’inutile (l. 10-11) : On,
Passages avec les pronoms personnels de l’énoncia- pronom personnel indéfini soulignant l’incompréhen-
tion : Il faut que je vous conte (l. 3) implication de sion face à son comportement d’intellectuelle recher-
l’épistolière ; je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez chant dans les œuvres du passé des réponses au pré-
(l. 10-11) discours rapporté ancré dans la situation sent. Vie menacée, faim penser aux livres = luxe,
d’énonciation. perte de temps.
4. Lettre à visée comique qui souligne la naïveté d’un 4. Interrogations oratoires adressées à elle-même.
courtisan oubliant de flatter son Roi, malgré lui. Visage H. Berr, face à un dilemme, argumente sur son besoin
sympathique du Roi qui n’est pas vexé par la critique de se réfugier dans la culture, et de la défendre : Mais
sévère de son interlocuteur mais semble apprécier au n’est-ce pas les autres, n’est-ce pas la rage de mal qui
contraire sa sincérité. sévit actuellement qui est la chose fausse et inutile ?
(l. 11-13). Après un Mais adversatif, elle revendique avec
4 L’énonciation dans l’autobiographie force son choix en utilisant une fausse question.
J.-J. Rousseau, Les Confessions, livre VII
1. Omniprésence de la 1re personne (déterminant pos- 6 Le narrateur et son lecteur
sessif ma, l. 1 ; pronom personnel je, l. 2…) l’auteur P. Sollers, Le Cavalier du Louvre. Vivant Denon
confesse, à chaud, ce qui le tourmente : Aujourd’hui 1. Vous initial (l. 1) = narrateur s’imaginant devant ses
(l. 1), en avouant ses défauts. interlocuteurs (l. 2) qui ignoreraient tout du sujet de
2. Subjectivité : sa biographie. Il reproduit leurs questions supposées :
– vocabulaire péjoratif épuisement moral lié à un Denon ? Vivant Denon ? […] (l. 3-4), met en scène un
sentiment de persécution : affaiblies (l. 1), incapable dialogue fictif (ex. : Oui, c’est lui, l. 8) afin de sortir
(l. 2), détresse, malheurs, trahisons (l. 4), perfidies, plaisamment de l’image ennuyeuse de certaines
attristants, déchirants (l. 5), m’avilir (l. 10), malveillants biographies.
(l. 13) ; 2. Fonction métalinguistique : volonté de définir un nom
– écriture vue comme une nécessité qui ne le libère pas (Vivant est un prénom ? Et Denon un nom ?, l. 3-4).
de ses souffrances, mais accentue sa détresse. Il tient à Fonction référentielle : informations sur Vivant Denon,
exprimer sa vérité (l. 19) ; auteur de Point de lendemain (l. 6), fondateur du musée
– hyperboles : négation exceptive (ne… que,l. 3, 4, 5), du Louvre actuel (l. 13-14).
environné d’espions (l. 12-13) ; Fonctions expressive et poétique : joyau de la prose
– conditionnel à valeur de souhait : Je voudrais (l. 6). française (l. 7-8) métaphore et hyperbole, éloge.
3. Vocabulaire mélioratif : joyau (l. 7), adverbes bien
5 L’énonciation dans le journal intime (l. 6), quand même (l. 10), plusieurs phrases interro-
H. Berr, Journal, 1942-1944 gatives le narrateur s’adresse à un public varié.
1. Ce matin (l. 2), hier soir (l. 3), aujourd’hui (l. 7), actuel- Certains ignorent tout de Vivant Denon, d’autres en
lement (l. 12) : Hélène Berr réfléchit sur le présent, sur font l’éloge, d’autres connaissent son rôle historique
ce que l’Occupation et la persécution des Juifs ont bou- difficulté d’écrire pour un lectorat aussi hétérogène.
230
ÉCRIRE métaphores et hyperboles) Et j’ajoutais : lira bien
qui lira le dernier ! S’il n’en reste qu’un, je serai
celui-là, et j’en suis fier ! (fonction expressive)
7 Communiquer sur la lecture – Te prendrais-tu pour Bérenger à la fin de
Contraintes du sujet : Rhinocéros ? Tu dois bien connaître cette pièce du
– produire un dialogue argumenté ; dramaturge roumain Ionesco… (fonction référen-
– maîtriser toutes les fonctions du langage. tielle) Mais se retrouver tout seul, ce n’est pas très
Proposition de début de rédaction : drôle, non ? Lire c’est aussi partager.
– […] Eh bien, lira bien qui lira le dernier ! – Certes, cela demande réflexion… À propos de
– Comment ? Excuse-moi, j’étais plongé dans mon Ionesco, comment écris-tu le mot syllogisme ?
roman, je n’ai rien entendu. (fonction phatique) (fonction métalinguistique), parce que j’en ai un
Répète ce que tu viens de dire, s’il te plaît. (fonction à te soumettre à propos de l’avenir de la lecture…
conative)
– Tu le sais, j’ai horreur de me répéter. Bon, je
Prolongement : à l’aide du sommaire du manuel,
reformule : ne crois-tu pas que nous sommes des repérer les pages illustrant le mieux chaque fonction
dinosaures, nous qui passons le plus clair de notre du langage.
temps à dévorer des livres. (fonction poétique :

Fiche 2 La syntaxe et la valeur des temps


➜ Livre de l’élève, p. 375

QUESTIONS Phrase 4 : 3 verbes (sont, as partagé, es venu)


G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet 3 propositions : 2 juxtaposées + 1 coordonnée.
1. traversa, entamèrent, étaient, fût : 4 verbes 4 pro- 3. Conjonction et : fonction d’addition, plaçant sur le
positions, 2 dans chaque phrase. même plan les propositions qu’elle coordonne.
2. Passé simple, imparfait (deux temps de l’indicatif) ;
subjonctif imparfait. APPLIQUER

2 Jeux avec la syntaxe


Exercices d’application ➜ p. 377 A. Camus, L’Étranger
1. 9 propositions, parmi lesquelles 4 sont non verbales
METTRE AU POINT (Ou peut-être hier, Mère décédée. Enterrement demain.
Sentiments distingués).
1 Phrases et propositions 2. Phrases nominales, elliptiques économie de mots
D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville,
propre au télégramme, mais effet brutal car annonce
chap. II
de décès.
1. 4 phrases terminées par un point.
3. Propositions plus longues dont deux sont coordon-
2. Toutes les propositions juxtaposées sont reliées par nées par et ton moins sec. Le narrateur indique,
des virgules, toutes les propositions coordonnées sont au futur, les actions qu’il devra faire pour se rendre à
reliées par la conjonction et. l’enterrement de sa mère.
Phrase 1 : 3 verbes (sommes x 2 et peux)
3 propositions : 2 juxtaposées + 1 coordonnée.
Phrase 2 : 2 verbes (suivons et as tenté) 3 Les valeurs du présent
Montesquieu, Lettres persanes, lettre 99
2 coordonnées.
Phrase 3 : 3 verbes (est, as prêché, sais) 2 coordon- 1. Énoncé ancré dans la situation d’énonciation :
nées. N.B. : l’expression je ne sais est figée, équivalant adverbe aujourd’hui (l. 9).
à une locution pronominale indéfinie  proposition. 2. On voit quelquefois […] et elles disparaissent (l. 5-7),
231
se trouvent (l. 11) : présent d’habitude + il n’en est pas lointaine comme s’il en était originaire ; il dis-
question (l. 9) : présent de l’énonciation. courut des mœurs de cette cour, des femmes du
pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récita des
3. Texte descriptif et satirique : le narrateur se moque
historiettes qui y étaient arrivées ; il les trouva
des coutumes françaises comme dans la modalité inter- plaisantes et il en rit le premier jusqu’à écla-
rogative : Qui pourrait le croire ? (l. 1). ter. Quelqu’un se hasarda de le contredire et lui
prouva nettement qu’il disait des choses qui
ÉCRIRE n’étaient pas vraies. Arrias ne se troubla point,
prit feu au contraire contre l’interrupteur : « … »
Il reprit le fil de sa narration avec plus de confiance
4 Temps du discours et temps du récit qu’il ne l’avait commencée, lorsqu’un des conviés
J. de La Bruyère, Caractères, chap. V lui dit : « … »
Arrias était un homme universel, qui se don-
nait pour tel ; il aimait mieux mentir que de se Prolongement : étudier la structure syntaxique
taire ou de paraître ignorer quelque chose. On et la valeur des temps dans le récit de La Bruyère
parla à la table d’un grand d’une cour du Nord ; (Arrias). Quels passages sont ancrés dans la situation
il prit la parole et l’ôta à ceux qui allaient dire ce d’énonciation ?
qu’ils en savaient ; il s’orienta dans cette région

Fiche 3 L’enrichissement du vocabulaire


et l’étymologie
➜ Livre de l’élève, p. 378

QUESTIONS 1. Latin candidus : blanc innocence et inexpérience,


Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves cf. candidat (vêtu de blanc dans la Rome antique).
1. étonnement : dérivé du mot tonnerre choc ayant la 2. Texte A : naïf inexpérimenté. L’esprit de Candide
violence d’un coup de tonnerre. est comme un livre blanc, pas encore écrit.
Dans la langue classique, étonnement = commotion, Texte B : vertueux sans tache, sans défaut, comme
violente secousse physique et morale. le lin blanc (v. 2).
Aujourd’hui, seule l’expression frappé d’étonnement 3. Texte A : esprit le plus simple (l. 5-6) lien avec le
conserve la force de cette expression ; sens courant nom du personnage.
allégé surprise. Texte B : pur (v. 1), probité + lin blanc (v. 2) lien entre
2. prodige : phénomène surnaturel, miraculeux. la couleur de l’habit et le caractère du personnage.
prodigieuse : incroyable, surprenante.
APPLIQUER

Exercices d’application ➜ p. 380


2 Préfixes et suffixes
1. agrég- : séparer des éléments ; port- : déplacer d’un
METTRE AU POINT
point à un autre ; jaun- : qui se rapproche du jaune ;
ré(s)pons- : qui ne peut répondre de ses actes ; cycl- :
1 Origine et sens des mots ouvrage qui englobe l’ensemble des connaissances ;
Texte A : Voltaire, Candide chambre : pièce d’attente ; pluie : instrument servant
Texte B : V. Hugo, La Légende des siècles,
à se protéger de la pluie ; constitution : d’une manière
« Booz endormi »
non conforme à la constitution.

232
2. dés- = séparation ; trans- = au-delà ; -âtre = valeur 3. Junie = Triste (v. 1), timides douceurs (v. 8) ; Néron
péjorative ; ir- (déformation de in- devant la lettre r) = ravi d’une si belle vue (v. 9), ma voix s’est perdue
= négation + -able = possible ; en- = intérieur + -pédie (v. 10). Le désarroi embellit Junie (yeux mouillés de
= enseignement ; anti- = avant ; para- = protection ; larmes / Qui brillaient, v. 1-2) ; l’empereur est comme
anti- = contre + -el = transforme le nom en adjectif pétrifié par l’émotion.
+ -ment = adverbe de manière.
ÉCRIRE
3 Langage et cosmopolitisme
L. Aragon, Les Voyageurs de l’impériale 5 Évolution des mots et communication
1. fellah : paysan, laboureur (arabe) Écriture d’invention
chéchia : coiffure cylindrique (arabe) Contrainte du sujet : rédiger un dialogue qui prenne en
spahi : soldat de cavalerie (turc) compte l’évolution sémantique de certains mots.
redingote : manteau (anglais riding coat)
Proposition de corrigé :
2. flâne : nom commun flânerie. LA PRINCESSE. – Cet homme a ravi mon âme ; depuis
3. chassé-croisé : 2 participes passés associés pour évo- que je l’ai rencontré, je suis dans un ennui profond.
quer l’idée de mouvements en sens inverse : chassé L’ÉLÈVE. – Et moi je suis ravi de vous rencontrer.
vocabulaire de la danse, métaphore. Mais comment pouvez-vous vous ennuyer ? Votre
vie est si riche et si formidable.
LA PRINCESSE. – Formidable, en effet ! Et c’est bien la
4 L’évolution du sens cause de mon ennui. La passion qui me dévore est
J. Racine, Britannicus, acte II, scène II, vers 387-396 cause de cet effroi.
1. farouche : du bas latin forasticus (étranger) < foras L’ÉLÈVE. – Mais je ne comprends pas ! Vous devriez
(dehors). être contente, pourtant, et je ne vois pas pourquoi
fier : du latin classique ferus (sauvage, farouche, cruel, la passion vous terrifie à ce point. Ce qui me pas-
en parlant des animaux). sionne ne m’apporte que joies et satisfactions.
farouche s’emploie en français au sens de l’étymologie LA PRINCESSE. – Comment ? C’est tout le contraire !
La passion est un supplice, une gêne.
de fier ; ces mots se sont en quelque sorte contaminés
L’ÉLÈVE. – Il faudrait savoir : un supplice ou une
l’un l’autre et ont fini par se ressembler.
gêne ?
2. Triste (v. 1) : très affligé, abattu par le chagrin. LA PRINCESSE. – Mais n’est-ce pas une seule et même
ravi (v. 9) : transporté, en extase. chose ?
Ces mots avaient plus d’intensité dans la langue clas-
sique qu’aujourd’hui (triste = mélancolique ; ravi = très
Prolongement : réécrire le texte de l’exercice 3
(Aragon) en remplaçant la plupart des mots par
content).
des synonymes. Lesquels se prêtent mal à cette
substitution ?

233
Fichee 4 Dénotation et connotation
➜ Livre de l’élève, p. 381

QUESTIONS solitude ; épée = noblesse, danger ; pain = partage,


P. Eluard, Capitale de la douleur vie, eucharistie ; soleil = exotisme, puissance ; marbre
1. tes yeux, mon cœur sentiment amoureux qui passe = luxe, froideur (propre ou figurée), mort ; marteau
par le regard. = forgeron, communisme ; forteresse = prison, puis-
sance, protection ; chaîne = luxe, prison, esclavage ;
2. courbe, fait le tour, rond de danse et de douceur,
faux = travail agricole, mort ; serpent = venin mor-
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr mots qui
tel, mal, souplesse ; arbre = vie, connaissance ; puits
suggèrent la circularité, la féminité, la tendresse mater-
nelle, la protection… = vérité, mort, secret ; pomme = poison (Blanche Neige),
jardin d’Éden, fête foraine ; lac = mystère, sortilèges,
mort ; tarot = voyantes, mort.
Exercices d’application ➜ p. 382 2. Mort : marbre, faux, serpent, lac, pomme, puits, tarot.
Vie : vin, pomme, pain, arbre.
Puissance : soleil, or, épée, forteresse.
METTRE AU POINT
Religion : vin, pain, pomme (Ève en Éden).

1 Décrire ou suggérer
Textes A et B : Bernardin de Saint-Pierre, 3 Connotations et publicité
Paul et Virginie 1. 1. Couleur orange + carré : couleur chaude + idée de
1. a. Texte A : champs lexicaux de l’espace géogra- stabilité, d’organisation solide.
phique avec côté oriental de la montagne (l. 1), terrain Image rassurante et chaleureuse.
(l. 3), bassin, rochers (l. 5), Nord (l. 6), plaine, forêt (l. 14), 2. Vagues + étoile + caractères italiques.
île (l. 15), et de l’habitat, avec ruines (l. 3), cabanes (l. 4), Mouvement, rapidité et sûreté (étoile = guide).
ville (l. 10), chemin, quartier (l. 11), église (l. 12). 3. Félin bondissant + majuscules + contraste du noir
b. Incipit : présentation du cadre exotique de l’histoire, et blanc.
l’île Maurice. Puissance, rapidité, légèreté.
2. Pour un Européen, connotation exotique du vocabu- 4. Bibendum levant la main + marque soulignée, en
laire relatif aux tropiques morne (l. 7), bambous (l. 13). italiques.
Convivialité + dynamisme.
3. Connotations mélioratives : affection (l. 1), amitié (l. 11) 5. Enfant assis, vêtu de rouge et de jaune, souriant
associées aux personnages du roman, dont le narrateur
+ pancarte avec le nom de la marque.
vante les qualités connotations péjoratives des mots Joie de vivre propre à l’enfance.
précédés d’une négation : inutiles (l. 3), larmes (l. 4), 6. Fleur de lys couleur or + nom de la chaîne placé
triste (l. 4), ennui (l. 5), intempérant (l. 7), menteur (l. 8), au-dessous.
effrayés (l. 9), punitions terribles (l. 10). Prestige digne des rois, tradition.
Image idyllique de l’île, exempte de corruption et
d’immoralité. 2. 1. Avec l’ami Orange, votre vie reprend ses couleurs.
2. Eurostar : en route vers l’avenir.
4. Bernardin de Saint-Pierre illustre le mythe du bon 3. Puma fera bondir le félin qui est en vous.
sauvage de Rousseau : homme vivant au plus près de 4. Bienvenue dans un monde plus sûr.
la nature, bon et heureux. 5. Fais la fête et régale-toi avec Haribo !
6. Le bonheur à la portée de tous les princes charmants.
APPLIQUER 3. Pour une marque de vêtements, un caméléon
diversité des couleurs, métamorphose, fantaisie.
2 Des mots aux images Pour un parti politique, un gouvernail
1. vin = ivresse, eucharistie, terroirs ; miroir = narcis- orientation, cap à atteindre contre vents et marées.
sisme, vérité ; or = richesse, bonheur ; île = utopie,
234
4 Connotations dans le récit ÉCRIRE
A. de Chamisso, L’Étrange Histoire de Peter Schlemihl,
chap. V
6 De l’ironie à l’utopie
1. Lieu sombre, hostile, absence de vie champs M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, IIe partie
lexicaux de la mort : antique (l. 4), stériles, aride (l. 7), 1. Connotations mélioratives : haut (l. 1, 4), fortune
glace[s] (l. 9, 13), froid (l. 10, 16), sanglant (l. 15), gelait (l. 2), surhumaine (l. 3), immense[s] (l. 4, 15), puissants
(l. 17), et de l’immensité : forêt (l. 4), champ (l. 13), épais (l. 6), large (l. 9), rares (l. 10, 16), rutilantes (l. 12), fleuries
(l. 14), horizon (l. 15). (l. 13-14), vrai sanctuaire (l. 17) ville coloniale = espace
Sensation d’égarement : cherchai (l. 3). protégé et luxueux.
2. Angoisse, effroi. 2. Hyperboles + ironie regard critique sur le sys-
3. Conte fantastique, confirmé par le titre : L’Étrange tème colonial, reposant sur l’exploitation des indigènes
Histoire… par des blancs riches et imbus d’eux-mêmes. Adjectif
surhumaine (l. 3) = 1er indice de la satire.
5 Connotations et subjectivité 3. Écriture d’invention
G. de Maupassant, Boule de suif Dans les beaux quartiers du centre-ville, tous
1. Connotations historiques et géographiques : la les habitants, quelle que fût leur catégorie sociale,
déroute de l’armée française, lors de la guerre avec la vivaient en bonne intelligence. Aucune ethnie ne se
sentait indésirable ou lésée, car toutes étaient libres
Prusse (1870) + noms de lieux, Pont-Audemer, Saint-
d’arpenter les immenses avenues et les trottoirs
Sever et Bourg-Achard (l. 2, 3), évoquant la Normandie,
magnifiquement entretenus. Chaque citoyen, quel
région d’origine de Maupassant. que fût son statut, fréquentait les jardins publics
2. Vision pathétique et satirique : horreur de la guerre merveilleusement aménagés, entrait gratuitement
=> connotations péjoratives, à l’opposé du registre dans les musées et les espaces culturels qui étaient
épique : général désespéré (l. 4), loques disparates ouverts et remplis du matin au soir. Les librairies
(l. 5), grande débâcle (l. 6), désastreusement battu les mieux fournies le disputaient aux boutiques de
(l. 7), épouvantée et silencieuse (l. 10), tremblant (l. 13) décoration les plus originales.
honte face au désastre d’un peuple habitué à vaincre Prolongement : réécrire le texte de Maupassant
(l. 6). étudié dans l’exercice 5 en utilisant les connotations
propres au registre épique : une armée s’avance,
confiante et héroïque.

235
Fiche 5 Les figures de rhétorique
➜ Livre de l’élève, p. 384

QUESTIONS Ex. : Les jours sont courts, la nuit tombe vite, le comique
J. Du Bellay, L’Olive perd ses droits (l. 8-9) gradation + allitérations en [t]
1. Oppositions lexicales : Désir / crainte ; m’enflamme et [r] + rime interne jours / courts + litote qui évoque
/ me rend glace ; courir / ne déplace ; obscur / clair pudiquement le côté tragique de l’hiver.
antithèses.
Constructions symétriques : Je vois mon bien, et mon APPLIQUER
mal je procure ; L’obscur m’est clair, et la lumière obs-
cure chiasmes. 2 Figures et dramatisation
2. m’enflamme et me rend glace définissent métaphori- J. Giono, Colline
quement la passion amoureuse sentiments exacer- 1. a. La bête souple du feu (l. 1) nom péjoratif bête
bés, intensité des manifestations physiques. + adjectif mélioratif souple = image d’un être vivant et
agile, finalement redoutable.
b. Métaphore : bête être animé pour désigner le feu.
Exercices d’application ➜ p. 386
2. bête monstruosité : faire le diable à quatre (l. 4),
tordait […] son large corps (l. 10), tête rouge (l. 12), ventre
METTRE AU POINT (l. 13), queue (14), coup de griffe (15-16), gueule (l. 18),
dard de sa langue (l. 19).
1 Figures et description souple puissance fantastique et insidieuse : bondi
F. Ponge, Le Parti pris des choses, (l. 1), a rué si dru (l. 6), plus robuste et plus joyeuse que
« La fin de l’automne » jamais (l. 9), rampe, saute, avance (l. 15), éventre (l. 16),
1. déchire, démolit, gaule (l. 1, 2), se lève (l. 4), a (l. 6), dévore (l. 17), sait (l. 20).
aspire (l. 7). 3. Comparaison : pareil à un torrent (l. 10-11) eau
Personnification : stature, Décoiffée (l. 5), tête (l. 6), bras paradoxalement associée au feu ; idée de puissance
ballants (l. 6) Nature mise en scène telle une comé- impossible à maîtriser (l. 5).
dienne désemparée (le comique perd ses droits, l. 9).
4. Incendie à la dimension du mythe (registre épique)
2. Métaphore + comparaison figure du saltimbanque = dragon, Léviathan ➜ p. 346, force maléfique qui se
ou du poète errant : Ses chaussures, comme celles d’un moque des tentatives humaines pour lui résister.
vagabond, s’imprègnent d’eau et font de la musique
(l. 12-14) = référence à « Ma bohème » d’A. Rimbaud.
3 Figures et héroïsme
3. Métaphores : manuscrits, bibliothèque (l. 2) + table de P. Corneille, Horace, acte I, scène 1, vers 45-60
travail (l. 4-5) décor familier de l’écrivain en panne
d’inspiration, qui gaule rageusement ses derniers fruits
1. Personnification de Rome, emploi du tutoiement : ta
(l. 2-3) et aspire avec délices le vent glacé qui lui rafraî- grandeur (v. 2), tes troupes couronnées (v. 3), tu dois
chit les idées (l. 7-8) = référence à « L’ennemi » de (v. 8), Tu tiens (v. 10)… déterminants possessifs et
C. Baudelaire. pronom personnel de la 2e personne.

4. Transition tumultueuse entre l’automne et l’hiver, 2. a. Anaphore : Va, Va impératifs adressés à Rome,
passage du comique (l. 9) au sérieux (l. 11), à la brume effets oratoires.
(l. 6), à l’ombre (l. 12) ; épreuve nécessaire pour accé- b. Argumentation fondée sur l’opposition Va (thèse 1)
der au printemps après ce repos hivernal forcé, dans Mais respecte (thèse 2), et s’appuyant sur d’autres effets
l’obscurité. rhétoriques :
– thèse 1 : champ lexical de la conquête avec noble
5. Éléments poétiques : effets de rythme, jeux de sono-
ardeur (v. 1), grandeur (v. 2), troupes couronnées (v. 3),
rités, images (questions 1 et 2).
pas victorieux (v. 4), bataillons (v. 5), Fais trembler (v. 7)
valorisation de la puissance romaine ;
236
– thèse 2 : série d’impératifs implorant Rome d’épargner ÉCRIRE
Albe : respecte (v. 8), souviens-toi (v. 9), arrête (v. 11),
considère (v. 11), Tourne ailleurs (v. 13)… ; apostrophe en
5 Figures du lyrisme
début de vers : Ingrate (v. 9) ; champ lexical de la famille H. de Balzac, Le Lys dans la vallée
avec sang (v. 9), mère (v. 12), enfants (v. 14), maternelle
1. Métaphore filée qui associe la femme et la fleur : Elle
(v. 15) appel à l’amour maternel.
était […] LE LYS DE CETTE VALLÉE (l. 5-7), point blanc (l. 4, 9),
3. ton nom, tes murs, et tes premières lois (v. 10) croissait (l. 7), parfum (l. 8), vaste jardin (l. 10).
= renommée, force et puissance idée selon laquelle Comparaison : comme au milieu des buissons verts écla-
sans Albe, Rome ne serait rien. tait la clochette d’un convolvulus, flétrie si l’on y touche
4. Synecdoque : la matière désigne l’objet, une arme (l. 10-12).
en fer violence du matricide. 2. Lettres capitales = métaphore servant de titre au
5. Ses vœux seront pour toi, si tu n’es plus contre elle roman beauté et pureté de l’héroïne mises en valeur
(v. 16) échos de pronoms personnels = appel à la par cet écrin de verdure.
réconciliation entre Rome et sa mère, Albe ; retour à 3. Champ lexical de la luminosité : soleil de midi (l. 1-2),
l’harmonie. pétiller (l. 2), point blanc (l. 4, 9), brillait (l. 9), éclatait
(l. 11) apparition miraculeuse, coup de foudre.
4 Figures et argumentation 4. Écriture d’invention
Voltaire, Candide, chap. VI Contrainte du sujet :
1. a. Hommes érudits et guidés par la raison, ayant poursuivre une description analogique fondée sur la
le sens de la justice, à l’image des philosophes des lecture précise du texte initial.
Lumières. Construction du récit :
b. Éléments confirmant cette définition : n’avaient – l’arrivée au château : brève introduction narrative au
pas trouvé un moyen plus efficace (l. 3), l’université de passé simple ; éblouissement du jeune homme décou-
Coïmbre (l. 5-6), secret infaillible (l. 7-8) termes mélio- vrant cet univers inconnu, idéalisé ;
ratifs : savoir et compétences. – la présentation du narrateur à Mme de Mortsauf :
Éléments qui la contredisent : auto-da-fé (l. 5), per- court dialogue, émotions du narrateur (fébrilité et
sonnes brûlées à petit feu (l. 6-7), fessé (l. 17), pendu admiration) ;
(l. 18) champ lexical de la barbarie. – portrait de la femme aimée + expression des senti-
2. Euphémisme + litote prison paradoxalement pré- ments : long développement structuré ; registre lyrique ;
sentée comme un lieu idyllique : atténuation d’une analogie femme / fleur ; liens entre le cadre et les vertus
réalité douloureuse pour renforcer l’effet d’injustice. de la jeune femme ; champs lexicaux de la blancheur et
3. bel (l. 5), petit (l. 7), grande (l. 7), infaillible (l. 8), de la lumière ; naissance de la passion ;
extrême (l. 10), incommodé (l. 11), très pathétique (l. 15), – conclusion : espoir ou désespoir du jeune homme /
belle (l. 16) : adjectifs qualificatifs mélioratifs désignant possibilité de concrétiser ou pas un amour qui paraît
une réalité atroce antiphrases. impossible.
4. Ironie + satire du fanatisme absurdité de l’Inqui-
Prolongement : choisir l’un des textes de théâtre de
sition.
la séquence 11 ➜ p. 235, et analyser ses figures de
auto-da-fé (l. 5) = décision absurde de fous, non de
rhétorique : repérage et classement (typologie du
sages (l. 2) : fracas épouvantable (l. 20) s’oppose à secret
cours), puis commentaire des effets produits.
infaillible (l. 7-8). Le tremblement de terre reprend mal-
gré le remède.

237
CHAPITRE
2 Les types de texte
➜ Livre de l’élève, p. 388

Fichee 1 Le texte narratif


➜ Livre de l’élève, p. 389

QUESTIONS ne m’a guère accordé (l. 8) = temps du discours, au lieu


G. de Maupassant, Bel-Ami du passé simple, pour créer un effet de réel et faciliter
l’identification du lecteur au personnage.
1. Imparfait à valeur durative (cf. adverbe lentement)
et passé simple exprimant un événement important et
ponctuel : il aperçut. APPLIQUER
2. Adverbe soudain : passage de l’imparfait au passé
simple. 3 L’utilisation des différents temps
P. Corneille, Le Cid, acte IV, scène 3, vers 1267-1278
1. Passé simple : partîmes (v. 3), vîmes (v. 4), furent
Exercices d’application ➜ p. 391 trouvés (forme passive, v. 8) événements de premier
plan et ponctuels.
METTRE AU POINT Imparfait : reprenaient (v. 6), augmentait (v. 9)
événements de second plan, quasiment assimilables
à de la description.
1 Valeurs des temps
et repères temporels 2. a. Présent de l’indicatif : s’avance (v. 1), porte (v. 2),
G. de Maupassant, Le Horla cache (v. 7), demeure (v. 10), Se couche (v. 11), Passe
(v. 12).
1. a. Imparfait à valeur durative : Je me promenais (l. 1).
b. Présent de narration qui actualise les faits et les rend
b. Passé simple dans le 2e § = événement qui interrompt plus vivants pour les auditeurs du récit de Rodrigue, et
la promenade : je vis, je vis distinctement (l. 5-6), puis les spectateurs.
succession d’actions relatives à la fleur : s’éleva (l. 9),
resta suspendue (l. 11).
4 La succession des événements
2. Puis, conjonction de coordination répétée (l. 8, 9) : F. Brown, Fantômes et farfafouilles,
enchaînement d’événements rapides. « Cauchemar en jaune »
1. Imparfait duratif faits passés banals et répétés,
2 Narration et temps du passé quotidien du personnage : travaillait (l. 1), voyait (l. 3)…
L. Miano, Contours du jour qui vient 2. Passé simple : perdit (l. 7), « emprunta » (l. 8).
1. Je (l. 1, 4, 5, 7…) = jeune Musango, narratrice-per- Événements de premier plan expliquant son projet
sonnage de l’histoire. d’assassinat.
2. a. Imparfait (début du texte) = récit d’événements Plus-que-parfait : avait « emprunté » (l. 5), avait donc
passés qui servent de cadre à l’événement principal résolu (l. 13-14).
(la fuite de Musango) : Ils me regardaient tous (l. 2), Ils Événements passés, antérieurs à ceux relatés à l’impar-
m’insultaient (l. 3) + imparfait itératif : Les gens avaient fait, introduits par le repère temporel Un an auparavant
l’habitude (l. 9), Rien ne les étonnait plus (l. 13). (l. 4-5) = analepse.
b. Utilisation du passé composé : Je me suis levée (l. 1), 3. Dans l’après-midi (l. 16) introduit un événement à
J’ai couru comme j’ai pu (l. 4-5), je suis sortie (l. 7-8), on venir, relaté au futur dans le passé : il disposerait (l. 16).
238
5 Une étrange progression narrative tion de fable, le passage entre guillemets étant son
R. Queneau, Les Fleurs bleues témoignage (v. 1-6), et les deux derniers vers consti-
tuant la morale.
1. Connecteurs logiques : puis (l. 3), parce que (l. 7, 16),
b. Récit permettant d’éclairer le sens de la morale
mais (l. 8).
par une anecdote explicite, la mésaventure de l’âne :
Repères temporels : pendant quelques heures (l. 1), Tout
un misérable (v. 15) que les jugements de cour (v. 16)
de suite après (l. 11).
rendent noir (v. 16), c’est-à-dire coupable.
Succession d’actions désordonnées et variées :
Le récit concrétise avec l’opposition du Loup (v. 8) et du
descente de la tour de guet, toutes les variantes du
Baudet (v. 7) l’antithèse de la morale entre puissant et
verbe battre, et départ pour la ville capitale (l. 13).
misérable (v. 15).
2. Passé simple : cessa (l. 1), quitta (l. 3), battit (l. 7, 8),
2. Écriture d’invention
décida (l. 12), choisit (l. 15) succession d’actions de
Contraintes du sujet :
premier plan révélant l’enchaînement de décisions du
– transposer une fable avec animaux dans un cadre
personnage, sans cesse en quête d’autre chose.
contemporain ;
3. Impression d’étrangeté : succession de différentes – conserver telle quelle la morale de La Fontaine ;
actions a priori peu importantes pour l’intrigue, mais – utiliser des passages de narration.
qui s’enchaînent grâce aux jeux de mots fondés sur la
Proposition de début :
polysémie du verbe battre (l. 7-11).
Le tribunal était plein du règne animal :
Moineaux, cigognes, louves, chiens, chats et chacals
ÉCRIRE Étaient venus en masse assister au procès
Du pauvre hère que tout le monde désignait
Comme le coupable parfait : le rat musqué,
6 La narration dans une fable Coupable, disait-on, de terribles forfaits.
J. de La Fontaine, Fables,
« Les animaux malades de la peste » Prolongement : imaginer la suite du texte de
1. a. Vers 1 + vers 7 à 14 : utilisation du passé simple F. Brown (exercice 4) sous la forme d’un texte narratif
pour relater des faits de premier plan : vint et dit (v. 1), qui respectera les caractéristiques du texte initial et
cria (v. 7), fit (v. 14)… Sort de l’âne scellé par cette por- racontera comment le voleur se fait prendre.

Fiche 2 Le texte descriptif


➜ Livre de l’élève, p. 393

QUESTIONS 1. Champs lexicaux de l’habitat : maisons (l. 1), fermes


V. Hugo, Les Misérables (l. 2), cheminées (l. 3), cloison (l. 4), fenêtres (l. 6), vil-
lages (l. 9), et de la nature : lande (l. 2), floraison (l. 3-4),
1. Repoussant.
animaux (l. 4), le froid, la pluie et le vent (l. 7-8), pom-
2. Cosette est irritée par la présence du lieutenant miers (l. 10).
Théodule qui ne trouve pas du tout grâce à ses yeux. Présence de l’homme qui a dû s’adapter et cohabiter
avec les éléments naturels.
2. Maisons dont l’ambiance, douillette, réchauffée par
Exercices d’application ➜ p. 394
les feux de cheminée et les animaux, permet de garder
de l’humanité malgré le climat rigoureux : l’air et le
METTRE AU POINT froid, la pluie et le vent (l. 7-8).
Atmosphère renforcée par la personnification maisons
1 Un paysage de roman humaines (l. 1), figure également présente à la ligne 2 :
H. Queffélec, Un recteur de l’île de Sein fermes qui se disent pauvres.
239
3. Atmosphère humaine et rassurante : opposition entre ÉCRIRE
un climat hostile et la façon dont la vie rassurante se
calfeutre dans les intérieurs, ce que révèle l’antithèse
4 Une description urbaine
finale : monotonie heureuse et rabougrie (l. 10-11). É. Zola, Le Ventre de Paris
1. Domaine de la peinture : aquarelle (l. 2-3), gamme de
APPLIQUER couleurs avec leurs nuances : gris très doux (l. 1), teinte
claire (l. 2), violets attendris (l. 7)…
2 Description et conte philosophique 2. Fonction esthétique : révéler la beauté du quartier
Voltaire, Candide, chap. III
des Halles à Paris. Le capharnaüm du marché (toutes
1. Champ lexical du massacre : tas de morts et de mou- choses, l. 2 ; tas moutonnants, l. 3 ; débâcle, l. 5) est
rants (l. 1-2), brûlé (l. 4), criblés de coups, mourir (l. 5), métamorphosé en aquarelle subtile.
égorgées (l. 6), sanglantes (l. 7), éventrées (l. 7-8), der- 3. Écriture d’invention
niers soupirs (l. 9), donner la mort (l. 10-11) accumula- Contraintes du sujet :
tion de détails atroces qui rendent la guerre effroyable, – adopter l’écriture impressionniste de Zola, en parti-
avec ses victimes civiles. culier son vocabulaire pictural ;
2. Ironie : éventrées après avoir assouvi les besoins – décrire un paysage spécifique : un coucher de soleil
naturels de quelques héros (l. 7-9), car il n’y a rien sur la campagne.
d’héroïque à violer et éventrer des jeunes filles, ni de = Caractéristiques du pastiche ➜ p. 457.
naturel dans cette barbarie orchestrée. Proposition de début :
3. Description polémique choquer le lecteur, dénon- L’horizon semblait s’enflammer. Le ciel tout
cer le mécanisme fou et incontrôlé de la guerre. entier prenait des teintes chaudes, comme sur la
palette qu’un peintre aurait saisie pour transcen-
der la réalité : la gamme chromatique du jaune au
3 Un poème descriptif
rouge s’étirait en aplats de couleurs. La teinte scin-
C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Le chat »
tillante et dorée du soleil se mêlait à de grandes
1. Adjectifs mélioratifs : beau et amoureux (v. 1), beaux nappes orangées qui s’étiraient dans les nues ; puis
(v. 3), élastique (v. 6), électrique (v. 8) image envoû- celles-ci s’ensanglantaient de vermillon au-delà de
tante d’un animal souple et séduisant. la cime des arbres…
2. Image de la personne aimée née de l’évocation du Prolongement : s’entraîner à l’oral avec pour support
chat métaphore troublante : animal = femme aimée. le texte de Voltaire étudié dans l’exercice 2.
3. Fonctions esthétique et symbolique : poème = méta- Question : De quelle façon ce texte dénonce-t-il la
phore filée associant la personne aimée et le chat. La guerre ?
relecture du poème permet de déceler les relations
équivoques entre le corps de l’animal et celui de la
femme.

240
Fiche 3 Le texte argumentatif
➜ Livre de l’élève, p. 395

QUESTIONS – 4e § : différence de couleur de peau excusant l’escla-


J.-J. Rousseau, Discours sur les sciences et les arts vage (religieux).
1. Comparés : nature, science et humanité (Peuples, Thèse = l’esclavage des Noirs se justifie pleinement,
vous) // Comparants : mère, arme et enfant la science au nom de l’économie, de la morale et de la religion.
serait néfaste. 4. Montesquieu exprime l’inverse de ce qu’il faut
2. Peuples, sachez : adresse directe aux destinataires entendre, comme l’indique le ton d’emblée ironique
pour l’impliquer + ton moralisateur. (l. 1-2), et le caractère grossier des arguments avancés.

3 Une étrange prière


Exercices d’application ➜ p. 396 Voltaire, Traité sur la tolérance, chap. XXIII :
« Prière à Dieu »
METTRE AU POINT 1. Tu = Dieu (l. 1, 27). Choix original car le respect aurait
imposé le vouvoiement Voltaire crée un rapport
1 Une chanson polémique intime avec Dieu + emploi de l’impératif pour le sup-
P. Vaillant-Couturier, La Chanson de Craonne plier de s’intéresser à l’humanité : fais que nous nous
aidions […] (l. 2-3).
1. on prend la pile (v. 4), civelots (v. 8), laisser sa peau
(v. 13) : termes à connotation péjorative qui montrent 2. Périphrases qui évitent de nommer les religions,
les conditions difficiles vécues par les soldats de la mais suffisamment précises pour permettre au lecteur
Première Guerre mondiale (effet de réel). de deviner : ceux qui allument des cierges en plein midi
(l. 13-14) = catholiques, etc. + notes sous le texte pour
2. Anaphore ternaire du mot adieu renoncement à
déceler les références religieuses.
tout pour faire la guerre. Seul avenir = le sacrifice (v. 15)
N.B. : ces périphrases reposent souvent sur la synec-
dans quelques heures.
doque de la couleur : le noir pour désigner les pasteurs,
3. Les soldats dénoncent une guerre inutile, où seule le violet pour désigner les évêques, etc.
leur mort est assurée.
3. Thèse implicite : toutes les religions honorent en fait
le même Dieu, indifférent à tous les cultes que s’im-
APPLIQUER posent les hommes message de tolérance, œcumé-
nique avant la lettre.
2 Un traité original
Montesquieu, De l’esprit des lois, livre XV, chap. 5
4 Une critique sociale
1. Système hypothétique : Si (l. 1) + imparfait dans la G. Kelman, Je suis noir et je n’aime pas le manioc,
subordonnée + conditionnel dans la principale = feindre chap. I
de défendre la thèse des esclavagistes (ironie) lire en 1. Paroles rapportées au discours direct, entre guille-
filigrane le contraire de ce qu’affirme le texte. mets (l. 1-3, 7-9). Paradoxe = opposition radicale entre
2. je (l. 1, 2) : implication personnelle de Montesquieu votre fils est le plus intelligent de la classe (l. 1-2) et il
dans son argumentation. est loin de son milieu naturel (l. 9) l’institutrice, sous
3. Un argument par paragraphe après la phrase d’ouver- couvert de bienveillance, exprime un préjugé raciste.
ture : 2. Clichés racistes donnant de l’enfant, pourtant né en
– 1er § : main-d’œuvre à trouver pour les travaux agri- France, l’image d’un étranger condamné à être raccro-
coles (aspect démographique) ; ché à ses origines raciales (l. 12-13) : reprise ironique
– 2e § : production à moindre coût (économique) ; des propos de l’institutrice mis à distance par les guil-
– 3e § : différence physique justifiant le recours à l’escla- lemets (« milieu naturel », l. 14)+ fausse autodérision
vage (physionomique) ; qui parodie les préjugés datant de l’époque coloniale :
241
rechercher de toute éternité les branches des arbres 3. Analyse d’un corpus
(l. 13-14), ses ancêtres évoluaient et s’épouillaient comme a. Thème commun : liens entre colonisation et escla-
des singes (l. 15-16), trace originelle indélébile qui le relie vage.
à jamais à la brousse de l’Afrique-Équatoriale française Montesquieu : origines du système (commerce trian-
(l. 18-19). gulaire avec exploitation des Africains en Amérique).
3. Thèse : l’intégration de la population française Céline : perfectionnement du système en AEF et AOF
d’origine africaine souffre de préjugés tenaces qui la au XXe siècle.
retardent et la perturbent. Kelman : conséquences durables de la colonisation,
avec la décolonisation de fait, mais pas dans les
mentalités.
ÉCRIRE
b. Image douloureuse et pathétique de l’histoire des
peuples noirs : victimes de l’esclavage injuste et impla-
5 L’argumentation dans le roman cable (exercice 2), de préjugés racistes et réducteurs
L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit (exercice 4) et d’une colonisation qui a pillé les pays
1. a. Blancs = colons conquérants et fiers, sûrs d’eux et conquis (exercice 5) histoire tourmentée et com-
de leur bon droit ; civilisés, citadins (vers les Blancs en pliquée : chaque auteur lutte à sa manière contre le
ville, l. 10-11) ; transaction injuste, mépris du gratteur colonialisme (vision du monde à l’origine du système
(l. 18) à l’égard du père de famille noir (l. 18-23). concret de la colonisation).
b. Elle vit dans la forêt (l. 10), ses membres sont des c. Réponse subjective, mais on peut proposer les argu-
nègres (l. 5), des sauvage[s] (l. 3). Ils ne comprennent ments suivants :
pas le fonctionnement du commerce, intimidés par la – pour le traité : argumentation ici implicite (ironie),
balance (l. 2), escroqués par le colon blanc : Le sauvage claire et structurée ;
ne comprenait pas plus le truc de la balance que le reste – pour le témoignage : véracité de faits réels rapportés
(l. 3-4) + La femme n’osait toujours pas relever la tête par un témoin auquel s’identifie le lecteur ;
(l. 4-5) + yeux bien écarquillés (l. 6). – pour le roman : critique virulente qui prend le masque
2. Critique implicite de Céline : les Blancs sont injustes de la fiction pour mieux s’affirmer.
et profitent du peuple noir qu’ils escroquent coloni- Prolongement : commenter le texte de Voltaire
sation dénoncée dans l’écart entre les quelques pièces (exercice 3) en montrant comment l’auteur construit
en argent obtenues (l. 21) et le commentaire apitoyé sur efficacement son argumentation.
la récolte exigeante du caoutchouc : C’est long à suinter
[…] en deux mois (l. 14-17).

242
Fichee 4 Le texte explicatif
➜ Livre de l’élève, p. 398

QUESTIONS 2. Présent de l’indicatif dans la 1re moitié : fait (l. 2), doit
B. Pascal, Pensées (l. 6) présent de vérité générale.
1. GN = réalités vastes (Tout le monde visible, ample Futur de l’indicatif pour la 2e moitié : tardera (l. 10), sus-
sein de la nature) ou infiniment petites (un trait imper- citera (l. 11), iront (l. 14) postériorité par rapport aux
ceptible) effet de paradoxe entre l’affirmation de la premiers faits évoqués (naissance du roman policier).
globalité du monde et son apparente insignifiance. 3. a. Agatha Christie, Gilbert Keith Chesterton et Dorothy
2. Présent de vérité générale propre à la définition : est, Sayers (l. 13-14) : trois auteurs célèbres de romans poli-
approche propos qui met le lecteur en confiance. ciers = exemples littéraires précis.
+ Mention générale de personnages non individualisés
dans la 1re moitié de l’extrait (l. 3).
Exercices d’application ➜ p. 399 b. Mention explicite du roman policier (l. 2), vu dans ses
sous-genres : « detective story » et « murder party ».
METTRE AU POINT
ÉCRIRE
1 Un guide touristique
Le Guide vert : Châteaux de la Loire, 3 Une analyse sociologique
« Château d’Azay-le-Rideau » R. Barthes, Mythologies, « Le bifteck et les frites »
1. Champ lexical général du château : château (l. 1), 1. nous inclusif = auteur + lecteurs + population fran-
corps de logis et aile (l. 2) + mentions de lieux célèbres çaise (notre symbolique nationale, l. 15-16).
pour leurs édifices : Blois (l. 7), Azay (l. 8). 2. Match = exemple historique appuyant les faits rap-
+ Champ lexical précis de l’architecture : escalier d’hon- portés (l. 3-6) ; Paris Match, magazine de la presse à
neur (l. 4-5), baies jumelées, loggias, fronton (l. 6), esca- sensations + caractère familier de l’abréviation signe
lier (l. 7), à vis, saillie, façade (l. 7-8), rampe droite (l. 9). de reconnaissance entre Français.
2. Thème du paragraphe, pièce maîtresse du château. 3. Écriture d’invention
3. Indicatif présent : se compose (l. 1-2), est (l. 7), Contraintes du sujet :
imprègnent (l. 10) présent de vérité générale d’un – rédiger un article présentant une spécificité française ;
monument d’exception qui a traversé les âges. – pasticher le texte de R. Barthes ➜ p. 457.
+ Passé composé : est devenu (l. 8) nouvelle concep- Proposition de début :
tion architecturale avec ses conséquences encore « Escargots et cuisses de grenouilles »
visibles dans le présent. « Froggies » : c’est ainsi que nos amis d’outre-
4. Vocabulaire architectural spécifique + présent Manche (que nous appelons poétiquement « ros-
de vérité générale + comparaison de deux châteaux bifs ») nous qualifient, nous, les Français. Oui, si
nous laissons le bon vieux cliché du béret, de la
texte clair et didactique.
baguette de pain sous le bras et du verre de rouge,
un autre stéréotype colle à la peau du Français :
APPLIQUER il ose manger des escargots, animaux rampants et
visqueux, et des cuisses de grenouilles, bêtes coas-
santes et bondissantes.
2 Une explication historique
S. Dulout, Le Roman policier Prolongement : lire un article de l’Encyclopédie dans
1. Deux notions : « detective story » (l. 1-6) et « murder un manuel de littérature. Peut-on parler d’un simple
party » (l. 9-15). texte explicatif ? Pourquoi ?

243
CHAPITRE
3 Les notions propres
à la poésie
➜ Livre de l’élève, p. 400

Fichee 1 Versification et formes fixes


➜ Livre de l’élève, p. 401

QUESTIONS b. A / yant / l’ex / pan / si / on / des / cho / se / s in / fi


M. Desbordes-Valmore, Poésies inédites / nies : alexandrin respecté à la condition de respecter
1. Quatrain de rimes croisées : éteindre / flambeau / la diérèse sur expansi-on et la liaison entre choses et
atteindre / tombeau. infinies avec prononciation du e final du nom choses.
+ Vers isolé beaucoup plus court.
2. Vers de 12 syllabes = alexandrin. APPLIQUER

2 La versification au XVIIe siècle
Exercices d’application ➜ p. 403 T. de Viau, Œuvres poétiques, « La solitude »
1. Deux strophes en rimes embrassées.
METTRE AU POINT Ex. : strophe 1 : sombre / eau / ruisseau / ombre.
2. Rime pauvre : eau /ruisseau.
1 Les rimes et le rythme Rapport d’inclusion entre les deux mots : le ruisseau
C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Correspondances » contient l’eau, sémantiquement et phonétiquement.
1. piliers / familiers : rime riche (4 sons en commun) 3. a. Répétition du son [s], souvent plus de deux fois par
paroles / symboles : rime suffisante vers : ce, solitaire, sombre (v. 1), cerf (v. 2), ses, ruisseaux
confondent / répondent : rime suffisante (v. 3), s’amuse, son (v. 4), etc.
unité / clarté : rime suffisante b. Allitération douce qui susurre le bruit de l’eau (v. 2)
enfants / triomphants : rime suffisante tout au long des vers.
prairies / infinies : rime pauvre 4. Dans / ce / val / so / li / tai / re et / sombre : 8 syllabes
encens / sens : rime suffisante si l’on ne prononce pas = octosyllabe.
le s final, riche si on en tient compte.
5. De cette source une Naïade (v. 5) : le e final du déter-
=> Majoritairement des rimes suffisantes.
minant cette se prononce car le mot suivant commence
2. a. Disposition des rimes : par une consonne.
– 1er et 2e quatrains : rimes embrassées ; De sa demeure de cristal (v. 7) : le e final de demeure
– 1er et 2e tercets : réparties sur les deux strophes, un se prononce car le nom est suivi d’une préposition
« quatrain » de rimes croisées et une rime suivie. commençant par la lettre d.
b. 4 rimes au total dans les quatrains  2 dans un son-
net traditionnel.
Rime suivie après le « quatrain » dans les tercets  rime 3 Rimes et forme fixe
F. Villon, Poésies diverses, « L’épitaphe Villon »
suivie avant, dans le sonnet traditionnel.
1. Dix vers dizain.
3. a. La / na / tu / re es /t un / tem / ple où / de / vi / vants
/ pi / liers : 12 syllabes. 2. Schéma de rimes : ABABBCCDCD.
Lais / sent / par / fois / sor / tir / de / con / fu / ses / pa 3. vivez / avez : rime suffisante
/ roles : 12 syllabes. endurcis / mercis / six : rime riche puis suffisante
Sonnet en alexandrins. nourrie / pourrie / rie : rime riche puis suffisante
244
poudre / absoudre : rime riche (3 sons en commun) Le e final de tous les déterminants (le, ce…) et des pré-
Majoritairement des rimes riches. positions (de…) se prononce comme dans le langage
4. 3 strophes avec les mêmes rimes + petite strophe courant car il est toujours suivi d’une consonne.
plus courte = ballade. b. Leurs habitants (v. 7), l’autre hémisphère (v. 11)
=> liaison sonore sans aspiration du h.
4 Mètres et disposition des rimes 3. a. très immonde (v. 1), voir ici (v. 2), des heureux (v. 3),
J. de La Fontaine, Fables, livre VI, fable 21 Nous apporter (v. 4), des besoins et (v. 5), Leurs habi-
tants (v. 7), sert au luxe (v. 8) = liaisons.
1. Deux mètres différents :
b. Relecture.
– alexandrins (v. 1-3, 7, 9-11) ;
– octosyllabes partout ailleurs.
6 Diérèses et langage poétique
2. Pas de rime dépendant du mètre ; par exemple, les
A. de Vigny, Les Destinées, « La maison du berger », II
vers 1 à 4 constituent un « quatrain » de rimes embras-
sées, alors que le vers 4 est un octosyllabe après trois 1. ABABCCB : croisées + embrassées.
alexandrins. 2. Sans / ras / sem / bler / leurs / feux / dans / ton / di /
3. Le dernier vers annonce la morale à venir : la vérité. a / mant pur (v. 2) : douze syllabes = alexandrin.
Le mot vérité, orphelin à la fin du vers 15, attend qu’un 3. Métaphore du diamant avec la diérèse di-a-mant.
autre vers rime avec lui, comme dans tous les vers qui 4. Res / te / des / na / ti / ons / mor / tes, / du / ra / ble
précèdent texte = extrait. / pierre (v. 5).

5 Prononciation et lecture expressive ÉCRIRE


Voltaire, « Le mondain », vers 13-23
1. Il / est / bien / doux / pour / mon / cœur / trè / s im / 7 Poésie et chanson
monde : 10 syllabes = décasyllabe. V. Hugo, Les Contemplations, « Chanson »
2. a. mon cœur très immonde (v. 1) : ne se prononce pas 1. Dans chaque sizain, rimes en ABABAB, c’est-à-dire
car il est à la rime. doublement croisées en raison de la répétition à l’iden-
l’abondance à la ronde (v. 2) : ne se prononcent pas (e tique des vers 1 et 2 dans les deux derniers vers de
suivi de a + e à la rime). chaque strophe (refrain).
Mère des arts (v. 3) : se prononce car mot suivant com- 2. Si / vous / n’a / vez / rie / n à / me / dire : 8 syllabes
mence par une consonne, d. = octosyllabe.
sa source féconde (v. 4) : le e de source se prononce car
3. e finals à prononcer :
le mot suivant commence par f, et le e de l’adjectif final
– me dire (v. 1, 5) ;
ne se prononce pas car mot à la rime.
– de moi (v. 2, 6) ;
la terre et les trésors (v. 6) : ne se prononce pas car suivi – me faire ce sourire (v. 3) ;
d’un mot commençant par une voyelle, e. – me pressez-vous (v. 8, 12) ;
l’onde (v. 6) : à ne pas prononcer car mot à la rime. – le rêve angélique (v. 9) ;
peuples de l’air (v. 7) : le premier e se prononce pour – que je m’en aille (v. 13, 17) ;
arriver au décompte de 10 syllabes + déterminant. – Lorsque je vous vois, je tressaille (v. 15).
au luxe, aux plaisirs (v. 8) : ne se prononce pas car le Un seul e se prononce en plus, par rapport au lan-
mot suivant commence par au. gage courant : faire, car devant le déterminant ce.
ce siècle de fer (v. 9) : le premier e se prononce car le mot + Liaisons :
suivant commence par la consonne d + déterminant. – rien à (v. 1, 5, 7, 11) ;
chose très nécessaire (v. 10) : le e final de chose se pro- – venir auprès (v. 2, 6) ;
nonce car le mot suivant commence par t, et le e final de – songez en chemin (v. 10) ;
l’adjectif ne se prononce pas car il est à la rime. – par ici (v. 14, 18).
l’autre hémisphère (v. 11) : le e final du déterminant ne Pas de liaison particulièrement artificielle par rapport
se prononce par car suivi d’un mot commençant par au langage courant, à part celle du vers 10.
un h muet ; le e d’hémisphère est à la rime, donc ne
s’entend pas.
245
À ce temps que tu as trahi ?
4. Écriture d’invention
Si tu redoutes tant l’horloge,
Contraintes du sujet :
Pourquoi te disperser ainsi ?
– adopter le modèle de rimes et les octosyllabes du
poème de V. Hugo ; Prolongement : étudier le lexique de ce poème de
– thème traditionnel de la fuite du temps. V. Hugo : est-il très développé, riche en images sub-
=> Réécriture cadrée. tiles ? Quel lien établir entre cette caractéristique et
Proposition de 1re strophe : le genre de la chanson ?
Si tu redoutes tant l’horloge,
Pourquoi te disperser ainsi ?
Pourquoi célébrer tant d’éloges

Fiche 2 La modernité en poésie


➜ Livre de l’élève, p. 405

QUESTIONS Répétition du mot goût (l. 7-8) avec la mention de la soif


R. Queneau, Battre la campagne, « La main à la plume » (l. 6), de la langue (l. 10) et des lèvres (l. 16) dans le but
1. métonymies et métaphores appliquées aux porcs, de d’une évocation sensuelle.
surcroît concernés par l’abattoir = vision originale et 4. Poème moderne en raison de sa forme déconcertante
iconoclaste. et de sa façon d’évoquer en images telluriques (cyclone,
2. Deux mots étranges dans un poème : prosaïsme des sang, mourir de soif…) une relation sexuelle.
porcs et mot charrue, même si l’agriculture est un thème
de la poésie bucolique depuis Virgile. 2 Poème en vers, poème en prose
Texte A : C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,
« La chevelure »
Exercices d’application ➜ p. 407 Texte B : C. Baudelaire, Le Spleen de Paris,
« Un hémisphère dans une chevelure »
1. Champs lexicaux :
METTRE AU POINT
– texte A : mer (houle, v. 3 ; mer, v. 4 ; voiles, rameurs,
mâts, v. 5 ; port, v. 6 ; flots, v. 7 ; vaisseaux, v. 8) ;
1 Une forme particulière sensualité, avec la prédominance du sens du toucher
A. Césaire, Les Armes miraculeuses (Se pâment, v. 2 ; m’enlève, v. 3 ; boire, v. 6 ; parfum,
1. D’abord un paragraphe énumératif massif et sans son, couleur, v. 7 ; bras, embrasser, v. 9 ; frémit, chaleur,
ponctuation (l. 1-10), puis des vers alignés les uns en v. 10) ;
dessous des autres (l. 11-14), et enfin un retour à une – texte B : mer (voilures, mâtures, l. 2 ; grandes mers,
syntaxe enchevêtrée (l. 15-17). l. 3 ; bleu, profond, l. 5 ; océan, l. 8 ; port, l. 9 ; navires,
2. Anaphore d’un GN et du début d’une subordonnée l. 11) ; sensualité avec essentiellement le toucher (par-
relative : la plus belle arche et qui (l. 11-13), puis du GN et fumée, l. 5-6 ; peau humaine, l. 6-7 ; fourmillant, l. 9 ;
la beauté (l. 14-15) effet de structuration traditionnelle chants, l. 9 ; vigoureux, l. 10 ; se prélasse, chaleur, l. 13).
+ insistance sur le thème de la beauté dans ce texte qui Figures de rhétorique essentielles :
semble célébrer une relation physique avec une femme. – texte A : métaphores de la houle (v. 3) et du rêve
3. Élément commun : couleur rouge avec la répétition (v. 4) pour les tresses, de la mer d’ébène (v. 4) et du
de l’adjectif rouge (l. 1, 5), du nom sang (l. 2, 5, 11), port retentissant (v. 6) pour l’ensemble de la chevelure ;
d’éléments associés à la couleur rouge sang : l’arbre énumérations (v. 5, 7) pour montrer la luxuriance des
appelé flamboyant (l. 2-3) et les massacres guerriers cheveux ;
des villes mises à sac (l. 4).
246
– texte B : métaphores du rêve (l. 1), de grandes mers 4 Un calligramme
(l. 3), d’océan (l. 8) et de port (l. 9) pour les cheveux ; G. Apollinaire, Calligrammes, « Paysage »
énumérations des parfums (l. 6-7) et des éléments qui 1. Dessin de gauche : une maison avec son toit à gauche,
animent le port (l. 9-12). sa cheminée fumante en forme de point d’interrogation,
À quelques nuances près, reprise dans le même et sa fenêtre dans le blanc central.
ordre des sens et des images. Arbre à droite avec les mots les plus longs en haut pour
2. Traces de versification : évoquer les branches et le feuillage, et le resserrement
– répétition du même radical au début des deux § (che- des mots et des syllabes ensuite pour rappeler la forme
veux, l. 1 ; chevelure, l. 8) ; du tronc.
– rimes internes (mâtures, début du 1er §, l. 2 / chevelure, 2. Différence dans le corps des caractères : gros et gras
début du 2e §, l. 8) ; pour le toit de la maison, moins épais mais tout de
– allitérations et assonances marquées avec paronymie même imposants pour les murs, peut-être en pierre
(de charmants climats, l. 4 / de chants mélancoliques, de taille.
l. 9). Pour l’arbre, petit et frêle, un corps nettement moins
Etc. important, mais constitué de lettres capitales.
3. A priori, l’ensorcellement poétique sera plus actif 3. Effet d’antithèse relative : « Paysage » = maison mas-
avec les rimes qui résonnent et se mémorisent davan- sive à gauche + petit arbre à droite ; mais le texte de
tage avec le poème en vers, mais les effets sonores étu- l’arbre, constitué de lettres capitales moins grandes,
diés dans la question 2 montrent que le poème en prose est la promesse d’un futur plus noble : qui se prépare à
a le même pouvoir incantatoire et séducteur. fructifier, pour aboutir au registre épique de la maison
où naissent les étoiles et les divinités.
APPLIQUER
5 Des vers libres et rythmés
3 La poésie hermétique H. Michaux, Plume, « Télégramme de Dakar »
S. Mallarmé, Poésies, « Le tombeau d’Edgar Poe » 1. Pas de métrique traditionnelle : poème hétéromé-
1. Forme du sonnet : deux quatrains aux deux mêmes trique avec des mètres variés, pairs et impairs, sans
rimes embrassées, et deux tercets organisés traditionnel- aucune régularité, de trois (v. 2) à douze syllabes (v. 11).
lement (rime suivie, puis « quatrain » de rimes croisées). 2. 1re strophe incomplète mais significative : phrases
2. Poème essentiellement descriptif montrant la pierre courtes, nominales, imitant le parler petit-nègre ima-
tombale d’E. Poe : giné par le racisme colonialiste.
– 1er quatrain : œuvre incisive assimilée à un glaive 2e strophe : syntaxe correcte mais avec de multiples
mortifère (v. 2) ; contorsions et inversions, après un très long complé-
– 2e quatrain : peuple ne comprenant pas la poésie ment circonstanciel de lieu (v. 5-10) qui renvoie le sujet
d’E. Poe, métaphorisé en une hydre menaçant l’ange en toute fin, au vers 10 : sont les baobabs.
poète, autre métaphore (v. 5) ; 3. Rythme heurté et déroutant, à l’image du caractère
– 1er tercet : image explicite du bas-relief décorant le concis et parfois étrange du télégramme, ancêtre du
tombeau (v. 10) ; SMS.
– 2e tercet : bloc titanesque tombé du ciel = métaphore
évoquant à la fois la tombe et l’œuvre du poète (v. 12). ÉCRIRE
3. Champs lexicaux :
– du cimetière : éternité (v. 1), mort (v. 4), noir (v. 8), 6 Les jeux sur le langage
tombe (v. 11), obscur (v. 12), granit (v. 13) ; R. de Obaldia, Innocentines,
– de la littérature : Poète (v. 2), voix (v. 4), sens, mots « Le plus beau vers de la langue française »
(v. 6), idée (v. 10), s’orne (v. 11). 1. Pas de vers réguliers, car le sens du poème consiste
4. Tradition : sonnet et poème en forme d’hommage. à accumuler des vers hétérométriques, dont un alexan-
Modernité : complexité des images entremêlées et de la drin (v. 3), mimant les efforts enfantins du poète avant
syntaxe qui crée un réseau polysémique difficile mais d’aboutir à l’écriture de deux alexandrins académiques
passionnant. (v. 9-10).
247
2. Originalité du jeu métapoétique aboutissant à deux 3e §. De nouveaux sujets pour un nouveau monde
alexandrins canoniques qui riment et proposent de Ex. : l’image tourmentée de la grande ville (Londres
nombreuses allitérations et assonances. chez Verlaine, Paris chez Apollinaire, etc.).
Partie II. La persistance de la tradition
3. Le titre ironique et la mention répétée du poite qui 1er §. L’amour, thème éternel, malgré la subversion
a du génie (v. 1, 5) ridiculisent la poésie traditionnelle poétique
qui finit par sonner creux : l’harmonie sonore apparente Ex. : l’obsession de l’amour dans l’écriture surréa-
du dernier vers sur le geai devient une cacophonie qui liste, avec P. Eluard ➜ p. 59.
confine au délire évoqué plus haut (v. 6), donnant envie 2e §. Le maintien des jeux sonores malgré les écarts
de faire poite-poite. rimiques et rythmiques
N.B. : cette image du geai détourne celle du lion dans Ex. : refrain et allitérations dans les poèmes les
le poème « Booz endormi » de V. Hugo (La Légende des plus radicaux, comme ceux de H. Michaux ➜ p. 408.
siècles) : C’était l’heure tranquille où les lions vont boire. 3e §. La volonté diachronique de jouer avec le
langage
4. Rédaction d’une dissertation Ex. : des diminutifs en ette de Ronsard à la poésie
Analyse du sujet : réflexion sur les tenants et aboutis- lettriste d’Isidore Isou + Serge Gainsbourg / Jane
sants de la poésie moderne souvent taxée de forma- Birkin, « Exercice en forme de Z » ➜ DVD-Rom.
lisme et de complexité. Conclusion
Problématique : Quelle est la visée de la poésie Modernité table rase. S’appuyer finalement sur la
moderne ? tradition pour paradoxalement mieux la contester.
Plan proposé :
Prolongement : commenter le titre du recueil de R. de
Partie I. Les caractéristiques formelles et théma-
Obaldia, Innocentines. Construction lexicale, figure de
tiques de la poésie moderne
1er §. L’éclatement des formes traditionnelles rhétorique, connotation ?
Ex. : sonnets hétérodoxes de T. Corbière ➜ p. 42.
2e §. L’invention de nouvelles formes poétiques
Ex. : le poème en prose d’A. Bertrand et de C. Bau-
delaire ➜ p. 407 ; le calligramme d’Apollinaire
➜ p. 408.

248
Fiche 3 Les registres lyrique et élégiaque
➜ Livre de l’élève, p. 409

QUESTIONS morts + hyperbole des nuits noires (v. 1) déploration


J. Du Bellay, L’Olive accentuée ;
– texte C : antithèses dans chaque vers (courage  déses-
1. Parallélisme + antithèse : nuit  jour ; m’est courte
poir, v. 1 ; me réjouis  aucun plaisir, v. 2 ; puissant
 trop me dure souffrance d’amour qui ôte tout repos.
 sans force, v. 3 ; bien accueilli  repoussé, v. 4)
2. Amour qui conduit à des attitudes contradictoires : tourments d’une âme sans repère + hyperboles aucun
avoir conscience de souffrir tout en ne se séparant pas plaisir (v. 2), sans force et sans pouvoir (v. 3), repoussé
de la cause de cette douleur (fuis  suis à la trace). par chacun (v. 4) désarroi insistant faisant pencher
les antithèses vers le côté sombre.

Exercices d’application ➜ p. 410 APPLIQUER

METTRE AU POINT
2 Les thèmes lyriques
P. Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve familier »
1 Lyrique ou élégiaque ? 1. Champ lexical du réconfort, de la consolation : répéti-
Texte A : F. de Malherbe, Stances tion du verbe aimer (v. 2, 4), comprendre (v. 4, 5), cœur
Texte B : V. Hugo, Les Rayons et les Ombres,
« Oceano nox »
(v. 5), rafraîchir (v. 8), voix chères (v. 14).
Texte C : F. Villon, Œuvres, 2. Sonnet : quatrains aux mêmes rimes embrassées,
« Ballade du concours de Blois » tercets avec une rime suivie et un « quatrain » de rimes
1. Texte A : poème lyrique. croisées.
Souffrance d’amour due aux Beaux yeux (v. 1) qui La plupart des mots à la rime résument les émotions
emprisonnent le poète (empire suprême, v. 3), exprimée du poète : aime (v. 2), comprend (v. 4), problème (v. 6),
à la 1re personne en prenant le lecteur comme témoin : pleurant (v. 8), ignore (v. 9).
Que ce coup m’est sensible (v. 4). 3. Énonciation :
Texte B : poème élégiaque. – 1re personne omniprésente évoquant la femme aimée
Adresse aux Flots profonds (v. 3 ; Ô flots !, v. 2) qui ont à la 3e personne, en anaphore : Pour elle seule (v. 6, 7),
emporté les marins (v. 1). Elle seule (v. 8) ;
Expression du deuil collectif (vers nous, v. 6) par le mou- – lecteur = confident de l’intimité souffrante du poète.
vement des vagues à l’unisson des cris poussés par les Thème du rêve récurrent (v. 1), extrême solitude d’un
hommes morts en mer : voix désespérées (v. 5). poète qui aime un spectre (v. 10-11).
Texte C : poème lyrique.
Douleur présente d’un poète soumis à des sentiments 3 L’expression du lyrisme
contradictoires confiés à la 1re personne scandée dans A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le lac »
chaque vers. 1. Le poète n’a qu’un interlocuteur :
2. Figures de rhétorique : – impression d’une adresse à l’absente, Julie Charles,
– texte A : synecdoque des Beaux yeux (v. 1) pour dési- au vers 1 : t’en souvient-il ? ;
gner la femme aimée + hyperbole à la rime empire – en fait, le poète s’adresse au lac : Tes flots harmonieux
suprême / déplaisir extrême (v. 3, 5) sujétion à (v. 4) ;
l’amour + chiasme avec antithèse : déplaisir extrême / – dans la 3e strophe, c’est Julie qui parle : souvenir de
extrême plaisir (v. 5, 6) tourments contradictoires de la femme aimée s’adressant au temps qui passe (v. 9).
la passion amoureuse ; 2. Dernier quatrain : 4 phrases exclamatives pour 4 vers
– texte B : personnification des flots interpellés par au discours direct thème lyrique de la fuite du temps
le poète (v. 2, 3) croyance dans l’âme des marins qui empêche de profiter pleinement de l’amour.
249
3. Personnification du temps à qui Julie s’adresse : – antithèse entre jeunesse apparente (Encor moindre,
Ô temps ! […] et vous, heures propices (v. 9), renforcée v. 13) et vieillesse de l’expérience (Et déjà je suis vieux,
par une esquisse d’anaphore : suspens ton vol ! (v. 9) / v. 14).
Suspendez votre cours ! (v. 10). 4. Répétitions :
Lyrisme : émotions qui prennent le dessus et qui font du – interjection Hélas ! (v. 1) style de la déploration ;
cadre de l’amour le témoin de la passion. – vingtième jour (v. 3) / vingt jours (v. 4) => fatalité du
N.B. : l’évocation du temps qui passe et le fait de savoir temps qui passe et qui pèse ;
que Julie Charles est morte avant la rédaction du poème – adverbe mal (v. 5, 7) thème du malheur ;
en font avant tout un grand poème élégiaque. – anaphore J’ai honte (v. 9, 11) retour dégradant sur
une expérience destructrice ;
4 La plainte amoureuse – parallélisme au compte de mes (v. 13, 14) addition
C. Cros, Le Coffret de santal, « Plainte » des ans (v. 13), donc des peines (v. 14).
1. Adresse à la femme aimée, interpellée au vers 4 (pari- Poème élégiaque : plainte hyperbolique sur la sépa-
sienne fière). ration qui détruit ceux qui s’aiment.
2. a. Antithèses entre la grande ville, Paris, représentée
par la femme, et la nature que chérit le poète : je végète ÉCRIRE
et je meurs (v. 2)  vous vous y plaisez (v. 3) + répétition
de la conjonction adversative mais qui amplifie l’oppo- 6 Une vision moderne de l’amour
sition en anaphore : Mais vous (v. 3, 9). P. Eluard, Le Phénix, « Je t’aime »
b. Champs lexicaux : 1. a. Anaphore avec parallélisme Je t’aime pour, parfois
– ville : ville (v. 1), gaz (v. 2), parisienne (v. 4), journaux, développée en Je t’aime pour tous (toutes).
cohue (v. 8), etc. ; b. Répétition du nom odeur qui associe ici la vision
– nature : sauvage (v. 1), bois verts, monts aromatiques grandiose de la Nature avec le grand large et l’humi-
(v. 6), rochers, bois (v. 11), etc. lité de la vie quotidienne, avec le pain chaud vision
Renforcent l’antithèse je / vous. Incompatibilité de cosmique et universelle de la puissance de l’amour.
deux êtres.
2. Images de la femme :
3. Registre lyrique (1re personne, apostrophes à l’être – femme définie comme l’unique, l’indépassable par
aimé, thème de l’amour), mais ni deuil, ni regret, ni le jeu d’hyperboles qui opposent celle qui est aimée à
déploration pour pouvoir parler d’élégie. toutes les femmes que je n’ai pas connues (v. 1) et toutes
Éventuel registre élégiaque projeté dans le futur : Je les femmes que je n’aime pas (v. 7) ;
mourrai, papillon brûlé, si cela dure… (v. 14). – femme révélatrice de soi, métaphore du miroir de
l’âme humaine : Qui me reflète sinon toi-même (v. 8) ;
5 Le style élégiaque – femme divinisée qui condense toutes les connota-
É. de La Boétie, Sonnets, sonnet XVI tions mélioratives : sagesse (v. 15), santé (v. 16), cœur
1. Vers 1 et 2 : immortel (v. 18), raison (v. 19), et métaphorisée en grand
– déploration marquée par le parallélisme Hélas ! com- soleil (v. 20).
bien de qui crée une antithèse entre jours et nuits (v. 1) ; Femme = être d’exception qui justifie la vie et l’œuvre
– thème de l’amour à la 1re personne, souffrante (J’, du poète.
mon cœur, v. 2), avec l’antithèse qui traduit l’absence 3. Rédaction d’un commentaire
de l’être aimé : loin  demeure (v. 2).
Partie I. L’éloge d’une femme d’exception
2. ennuis (v. 4, 10), mal’heure (v. 7), rime décolorée / 1er §. Une femme aimée et célébrée
labourée (v. 9, 10), inhumaines (v. 11) destruction due Ex. : incantation de l’anaphore « Je t’aime ».
au temps qui passe et qui sépare les amants. 2e §. Une femme superlative
3. Vieillir avant l’âge = sujet de plainte : Ex. : hyperboles (« toutes les femmes que je n’ai
– images hyperboliques de peau décolorée (v. 9), de pas connues », v. 1).
visage ridé (v. 10), de cheveux et de poils blancs (v. 12) ; 3e §. Une femme repère
Ex. : métaphore du miroir (femme donnant un sens
à l’existence du poète).

250
Partie II. Une explosion de lyrisme pour la femme Conclusion : lyrisme moderne mais dans la tra-
1er §. Une femme à l’échelle du monde dition de l’apothéose de la muse, raison de vivre
Ex. : mélange des images cosmiques et intimes. du poète.
2e §. Une femme divinisée
Ex. : vocabulaire mélioratif de la sagesse. Prolongement : commenter le titre du recueil
3e §. Une femme qui n’est qu’amour d’Eluard, Le Phénix. Prédispose-t-il à une lecture
Ex. : tautologie du vers court « Je t’aime pour lyrique ? Expliquer.
aimer » (v. 6) vision absolue de l’Amour.

251
CHAPITRE
4 Les notions propres
à l’argumentation
➜ Livre de l’élève, p. 412

Fichee 1 Les genres de l’argumentation


➜ Livre de l’élève, p. 413

QUESTIONS 2 Deux genres liés à l’argumentation


N. Huston, Nord perdu Texte A : J. de La Fontaine, Fables,
« Le chien qui lâche sa proie pour l’ombre »
1. Idée : aller dans un pays étranger, c’est […] déstabili-
Texte B : Voltaire, Dictionnaire philosophique, article
sant. Angoissant. Déboussolant (l. 1-2). « Égalité »
2. 1re personne du singulier : je (l. 2, 3) + emploi du on 1. Texte A = fable : histoire d’un chien (v. 5-10) utilisée
(l. 2) inclusif de l’auteur + concession D’accord […] Mais pour illustrer une morale exprimée au début (v. 1-4)
(l. 1) + accumulation qui souligne l’idée : déstabilisant. argumentation indirecte.
Angoissant. Déboussolant (l. 2) + discours direct = Ah Texte B : article de dictionnaire : idée développée dans
oui (l. 3). un raisonnement logique souligné par l’utilisation du
connecteur logique par conséquent (l. 3-4) argumen-
tation directe.
Exercices d’application ➜ p. 414
2. Utilisation du présent de vérité générale après un
sujet globalisant (pronom indéfini Chacun, texte A ; GN
METTRE AU POINT exprimant la généralité Tout homme, texte B) textes
ayant une valeur générale, qui s’adressent à tout le
1 L’essai monde.
J.-P. Sartre, Situations, II
1. L’écrivain doit être engagé dans son époque et APPLIQUER
prendre conscience de sa responsabilité en mettant sa
plume au service de la dénonciation = nous agissons sur
3 Argumentation directe et indirecte
notre temps par notre existence même, nous décidons
Texte A : Voltaire, Candide, chap. III
que cette action sera volontaire (l. 13-15). Texte B : L. de Jaucourt, Encyclopédie, article « Guerre »
2. Exemples d’écrivains qui n’ont pas utilisé leur talent 1. La guerre.
d’écrivain comme une arme = Flaubert et les Goncourt Texte A : récit d’un assaut meurtrier champ lexical
 écrivains qui se sont battus contre des injustices des armes : canons (l. 1), mousqueterie (l. 2-3), baïon-
= Voltaire, Zola et Gide exemples édifiants et irréfu- nette (l. 5) + accumulation de données chiffrées : six
tables connus de tous, utilisés dans le but de faire réagir mille hommes (l. 1-2), neuf à dix mille coquins (l. 4),
le lecteur, et notamment le lecteur lui-même écrivain. quelques milliers d’hommes (l. 6), une trentaine de mille
3. Phrases interrogatives (l. 7-10) : questions rhétoriques âmes (l. 7-8).
qui énumèrent des figures de l’engagement argu- Texte B : dénonciation de l’inhumanité de la guerre qui
ments d’autorité. fait perdre aux hommes leurs valeurs morales, et qui
4. 1re personne du singulier : Je (l. 3) + 1re personne du détruit tout champ lexical de la destruction : étouffe
pluriel : nous (l. 12, 13, 14) + énonciation directe et claire (l. 8), désolation (l. 11), déchire (l. 11), ravage (l. 13),
des arguments au présent de vérité générale dans des dépeuple (l. 13), réduit les villes en poudre (l. 14).
phrases déclaratives : L’écrivain est en situation dans 2. Texte A = argumentation indirecte : emploi du passé
son époque : chaque parole a des retentissements (l. 1-2). simple, temps du récit (renversèrent, l. 1 ; ôta, l. 3…)
252
+ personnage fictif Candide, spectateur de l’assaut b. Pronom on (l. 7, 11, 14, 15) : généralisation de la situa-
=> narration dénonciatrice. tion tous les hommes sont touchés, soumission de
Texte B = argumentation directe : emploi du présent de l’individu au groupe, voire au troupeau : On devait vivre,
vérité générale (viennent, l. 4 ; étouffe, l. 8…) + verbes on vivait, car l’habitude devient instinct (l. 14-15).
évaluatifs (doivent, l. 1 ; il faut, l. 2) à valeur explicative 4. Narration et description du fonctionnement d’une
et argumentative + 1re personne du singulier je (l. 2) dictature + implication du narrateur par des modalisa-
+ raisonnement logique : argument (les lois éternelles teurs : Naturellement (l. 6), de toute façon (l. 12-13)
et humaines sont éteintes par la guerre, ce qui a pour texte argumentatif.
conséquence l’avènement de la barbarie) illustré par
des exemples frappants en accumulation (l. 9-14).
ÉCRIRE
3. Antiphrase du meilleur des mondes (l. 3).
+ Litotes : coquins (l. 4), infectaient (l. 4), à peu près six
5 La poésie engagée
mille hommes (l. 1-2), ôta (l. 3), la raison suffisante de B. Vian, « Le déserteur »
la mort (l. 5-6).
+ Oxymore : boucherie héroïque (l. 10). 1. Affirmation ouverte de la désertion, généralement
L’ironie dénonce les horreurs de la guerre en tabou, en contraste avec les incertitudes liées à la lec-
s’adressant davantage à l’imagination et à la sensibi- ture de la lettre : peut-être (v. 3), si vous avez le temps
(v. 4).
lité du lecteur.
4. Question subjective à laquelle chacun doit répondre 2. Lettre adressée au Président (v. 1) de la République,
puis aux gens (v. 20) engagés à ne pas aller se battre :
en justifiant son avis.
impératif Refusez (v. 21, 22, 24), N’allez pas (v. 23)
– Texte A : données chiffrées impressionnantes + peur
chanson engagée contre la guerre adressée à chacun.
de Candide qui fait rire : tremblait comme un philosophe
(l. 8-9) le lecteur est plus réceptif, mais l’ironie peut 3. Je ne suis pas sur terre / Pour tuer des pauvres gens
le rebuter, vu le thème développé. (v. 11-12) : la guerre est injuste.
– Texte B : raisonnement clair et logique + accumula- Je mendierai ma vie […] / Et je dirai aux gens (v. 17-20) :
tions frappantes + implication directe et personnelle le poète préfère proférer la paix.
de l’auteur lecteur mis en confiance, mais texte plus S’il faut donner son sang / Allez donner le vôtre
froid que celui de Voltaire. (v. 25-26) : image d’une guerre qui fait couler inuti-
lement le sang du peuple tandis que les gouvernants
restent à l’abri, n’engagent pas leur vie (pronom pos-
4 Le roman à thèse
sessif : le vôtre accusation implicite).
G. Orwell, 1984, partie I, chap. I
Arguments concentrés dans la 2e strophe car la
1. Récit : imparfait itératif : recevait (l. 1), transmettait 1re est celle de la prise de contact et de la présentation
(l. 1), captait (l. 2), etc. + personnages fictifs : Winston, de la thèse.
la Police de la Pensée (l. 9) + description d’une ville
4. Analyse de corpus
fictive avec le système du télécran (l. 1).
Différents moyens sont utilisés pour dénoncer la guerre
Thème de la privation de liberté par un pouvoir auto-
et renforcer le registre polémique.
ritaire.
● Procédés lexicaux : champs lexicaux de la destruction,
2. 1948 : contexte des conséquences de la Seconde des armes, de la mort (textes A et B + B. Vian).
Guerre mondiale et du début de la Guerre froide ● Procédés grammaticaux :
hommes confrontés à l’horreur de la guerre et aux – négations accumulées : texte de B. Vian (Je ne veux
pouvoirs totalitaires. pas, v. 10 ; Je ne suis pas, v. 11 ; je n’aurai pas, v. 31…)
3. a. Orwell dénonce les régimes dictatoriaux qui anni- à la négation de l’homme dénoncée par Voltaire
hilent la liberté. répond la négation de la guerre comme acte de courage
Télécran = métaphore du pouvoir dictatorial : Il captait et de paix chez B. Vian ;
tous les sons émis (l. 2), la Police de la Pensée (l. 9), sur- – injonctions à l’impératif : Refusez (v. 21, 22, 24), N’allez
veillait tout le monde, constamment (l. 12), tout son émis pas (v. 23)… ;
était entendu (l. 16), tout mouvement était perçu (l. 17) – armes sujets des verbes d’action (texte A) hommes
homme étroitement surveillé, sans liberté. soumis à l’autorité qui les force à faire la guerre.
253
● Procédés stylistiques : ironie (texte A) + accumulation Prolongement : commenter le texte de B. Vian en
(texte B) + anaphores de B. Vian rendre la insistant dans l’introduction sur le contexte de la
dénonciation plus frappante, toucher le lecteur pour lui chanson (fin de la guerre d’Indochine ; début de la
faire comprendre l’injustice de la guerre (= persuasion). guerre d’Algérie).

Fiche 2 Convaincre, délibérer ou persuader


➜ Livre de l’élève, p. 416

QUESTIONS 4. Texte A :
Fénelon, Traité de l’éducation des filles – raisonnement clair (thèse dans la 1re phrase) ;
– deux arguments enchaînés par le connecteur logique
1. Les hommes ont besoin de femmes éduquées pour
Ensuite (l. 4) : féminisme agressif et conformiste ;
avoir une vie sociale et familiale équilibrée.
– appel à la réflexion du lecteur : ceci vous paraîtra sans
2. mauvaise éducation des femmes (l. 1) = désordres doute paradoxal (l. 5) lecteur amené à appréhender
des hommes (l. 2) par l’intermédiaire de la conjonction une idée à laquelle il n’est pas habitué.
causale puisque = lien de cause à effet => encourager
l’éducation des filles.
APPLIQUER

Exercices d’application ➜ p. 417 2 Le monologue délibératif


J. Racine, Bérénice, acte IV, scène 4, vers 987-992

METTRE AU POINT 1. Pronom de 2e personne du singulier : tu (v. 1, 2, 3),


toi (v. 5) trouble et désarroi de Titus en plein cas de
conscience : choisir l’amour ou la raison d’État.
1 Convaincre ou persuader
Texte A : M. Yourcenar, Les Yeux ouverts : 2. Phrases interrogatives (v. 1, 2, 3, 4), signe de déli-
entretiens avec Mathieu Galey bération Titus interroge son âme pour prendre une
Texte B : V. Hugo, L’Année terrible, « À qui la faute ? » décision.
1. Texte A : thèse affirmée à la 1re personne du singulier 3. T’es-tu bien consulté ? (v. 3) : verbe se consulter
=> le féminisme manque de pertinence et d’efficacité = mise en débat intérieure, prise de conscience de sa
car il est agressif (l. 3) et conformiste (l. 6). responsabilité.
2. Destinataires :
– texte A : Mathieu Galey qui interroge M. Yourcenar 3 L’art du discours
+ les féministes contemporaines ; V. Hugo, Actes et paroles I,
– texte B : un révolutionnaire, un communard, qui a Assemblée législative – 1849-1851
incendié la bibliothèque du Louvre + tous les hommes 1. La misère du peuple au XIXe siècle.
lettrés et le gouvernement qui n’ont pas favorisé l’ins- 2. Syntaxe de discours : 1re personne du singulier :
truction, seule capable de lutter contre ce genre d’acte. je (l. 6) + dimension explicative avec anaphore : il y a
Interpellation plus forte dans le texte B : multiplication (l. 1, 3) + reformulation j’ai presque dit (l. 6-7).
de la 2e personne du singulier : toi (v. 2, 8), toi-même 3. Persuader :
(v. 2), ton (v. 3, 4, 6, 7), ta (v. 5, 6), tu (v. 3, 4) + modalité – champ lexical de l’insalubrité : cloaques (l. 3), infects
exclamative + emphase : c’est (v. 1, 4, 6) + énumération (l. 7), en fermentation (l. 8), fange, fumier (l. 9) ;
(v. 6). – énumérations : des rues, des maisons, des cloaques
3. Texte B : métaphore de la lumière pour désigner le (l. 3) avec gradation ascendante, hommes, femmes,
livre et le savoir : rayon (v. 3), flambeau (v. 4) + image jeunes filles, enfants (l. 5) ;
de la destruction : crime (v. 1, 2), tuer (v. 3), souffler – procédés d’insistance : des familles, des familles
(v. 4), brûler (v. 5) + personnification du livre : Le livre a entières (l. 3-4), n’ayant pour lits, n’ayant pour couver-
toujours pris fait et cause pour toi (v. 8). tures (l. 5-6) ;
254
– périphrase qui souligne la perte d’humanité à cause dans le monde qui l’entoure. Par conséquent, le
de la misère : des créatures humaines (l. 10). rôle de l’écrivain est de s’engager comme l’ont
Provoquer l’indignation de l’auditoire. fait de nombreux poètes pour la Résistance.
Relisons le célèbre poème de Paul Eluard intitulé
« Liberté » largué par avion en 1942 sur la zone
ÉCRIRE française occupée, véritable arme pour donner aux
maquisards l’envie de combattre implacablement
4 Le rôle de la littérature l’ennemi…
Exemple de début de paragraphe pour persuader :
Contrainte du sujet = développer la même idée avec des
Faisons sortir la littérature des bibliothèques !
stratégies argumentatives distinctes :
Voyez ces écrivains engagés pour leur patrie, enga-
– convaincre : raisonnement logique (thèse et argu- gés pour les droits de l’homme, engagés pour le
ments clairement exprimés et illustrés par des respect de l’individu, engagés pour la paix, tous
exemples) + connecteurs logiques + figures de rhéto- connaissent le poids de leurs mots, cette arme
rique (anaphores, hyperboles, énumérations…) ; qu’ils tiennent entre leurs mains. Frères d’Orphée
– persuader : implication personnelle du locuteur et frères de Mars, ils n’hésitent pas à aller au com-
+ modalisateurs (verbes évaluatifs, lexique péjoratif bat avec pour seule arme : la plume. Paul Eluard
ou mélioratif) + apostrophe du destinataire + figures chante « Liberté » et fait comprendre à l’homme
de rhétorique pour toucher le lecteur (métaphores, qu’il doit se battre pour se libérer du joug de
comparaisons, antiphrases…). l’ennemi…
Aide : texte de Sartre ➜ p. 414. Prolongement : en partant de la tirade de Titus
Exemple de début de paragraphe pour convaincre : (exercice 2), rédiger un monologue délibératif dans
La littérature peut être utilisée comme une lequel le personnage sera pris dans un dilemme entre
arme pour dénoncer des injustices. En effet, l’au- son amour pour quelqu’un, et les contraintes sociales
teur doit faire preuve de responsabilité et se servir ou morales de la société contemporaine.
de son talent et de sa plume pour prendre parti

Fiche 3 Le circuit argumentatif


➜ Livre de l’élève, p. 418

QUESTIONS contre le racisme doit être un réflexe quotidien (l. 1-2)


S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe + faire attention aux mots qu’on utilise (l. 3-4).
1. Image valorisante d’une femme fière d’être indépen- Argument : le langage peut nuire en véhiculant des pré-
jugés racistes (idées toutes faites, l. 10) et en instaurant
dante : comparaison honorifique avec Rockefeller.
des rapports de domination (humilier, l. 6).
2. Rôle d’argument : la parole d’une femme qui s’est bat- b. Argument logique : cause = langage mal utilisé
tue seule fait autorité dans le discours d’une féministe. conséquence = racisme.
2. Exemples des différentes catégories de mots dan-
gereux (l. 5): les mots pour blesser et humilier, pour
Exercices d’application ➜ p. 420
nourrir la méfiance et même la haine (l. 5-7) + les mots
détournés de leur sens profond (l. 7-8) + certains dictons
METTRE AU POINT et proverbes qui vont dans le sens de la généralisation
et par conséquent du racisme (l. 11-12) mots beaux et
1 Thèse, argument et exemple heureux (l. 9-10), signe de tolérance et de respect.
T. Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille Éloge implicite du rôle de l’écrivain qui célèbre les
1. a. Thèse : il faut lutter contre le racisme à chaque mots et combat les injustices.
instant en étant attentif au langage utilisé = La lutte
255
APPLIQUER dans la vie réelle, provoque abus et malversations : des
habitudes qui, ne pouvant être innocentes qu’au théâtre,
ne servent partout ailleurs qu’à mal faire (l. 9-11).
2 Argumenter dans un essai
M. de Montaigne, Essais, livre I, « Sur les cannibales » 2. Raisonnement concessif : Je sais que le jeu d’un
1. Thèse : la Nature est dégradée par l’œuvre et l’inter- comédien n’est pas celui d’un fourbe (l. 1-2), aussi ne
vention des hommes = Nous avons tellement surchargé l’accusé-je pas d’être précisément un trompeur mais de
la beauté et la richesse de ses ouvrages par nos inven- cultiver pour tout métier le talent de tromper les hommes
tions que nous l’avons complètement étouffée (l. 3-5). (l. 5-9) Rousseau prend la précaution de formuler
ce que ses adversaires pourraient lui opposer, avant
2. a. le lierre + l’arbousier + les oiseaux sont plus favori-
d’avancer sa thèse.
sés et plus beaux par l’œuvre de la Nature elle-même :
vient mieux + croît plus beau + chant plus doux. 3. Entraînement à l’écriture argumentative
Éloge de la Nature, grâce aux comparatifs de supé- Contrainte du sujet :
riorité. s’habituer à la démarche concessive (thèse / antithèse).
b. Argument d’autorité : la citation souligne de manière Exemple :
imagée et irréfutable la thèse de Montaigne. Certes, lire une pièce de théâtre accorde au
lecteur une liberté plus grande d’imagination et
d’interprétation car il peut inventer le physique
3 Progression d’un raisonnement d’un personnage, sa gestuelle, mais il n’en reste
Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Égalité » pas moins que le théâtre est avant tout un spec-
1. Raisonnement déductif = idée générale : Tous les tacle qui demande à être représenté pour prendre
hommes seraient donc nécessairement égaux, s’ils toute sa valeur et tout son sens : les didascalies,
étaient sans besoins (l. 1-2), puis cas particulier : Une par exemple, coupent la lecture, alors qu’elles sont
famille nombreuse a cultivé un bon terroir (l. 8). l’essence même du jeu du comédien guidé par ces
indications scéniques.
2. Situation concrète (l. 8-14) : exemple imagé et précis
qui illustre la thèse de l’auteur, ainsi moins abstraite. Prolongement : à partir d’une thèse personnellement
choisie, proposer deux courts développements, l’un
ÉCRIRE ayant recours à un raisonnement inductif, l’autre
déductif.
4 Le raisonnement
J.-J. Rousseau, Lettre à d’Alembert sur les spectacles
1. Thèse = les comédiens ne sont pas trompeurs par
nature mais par leur art qui, imité par certains hommes

Fichee 4 Les registres didactique et polémique


➜ Livre de l’élève, p. 421

QUESTIONS Exercices d’application ➜ p. 422


J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation
1. Il y a bien (adverbe qui renforce le présentatif : tour- METTRE AU POINT
nure emphatique) + toujours (adverbe à valeur absolue)
+ ne… que (tournure exceptive). 1 Didactique ou polémique ?
Volonté de rendre l’idée irréfutable. Texte A : C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale II
2. Pronom impersonnel dans le présentatif Il y a Texte B : A. Césaire, Discours sur le colonialisme
+ groupes nominaux généraux : Le premier objet, 1. a. Thèmes :
l’autre. – texte A : l’opposition entre la civilisation et la vie
Volonté de généralisation, sans implication subjective. sauvage ;
256
– texte B : la colonisation. 4. Recherche
Thèses : Années 1950 :
– texte A : l’impossibilité d’admettre la diversité cultu- – accords de Genève : fin de la guerre d’Indo-
relle pousse l’homme à prendre pour sauvage ce qui ne chine en mai 1954 après le désastre de la bataille de
lui ressemble pas : on préfère rejeter hors de la culture, Diên-Biên-Phu ;
dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme – début de la décolonisation en Afrique => mouvement
sous laquelle on vit (l. 14-16) ; d’indépendance des pays colonisés qui s’est souvent fait
– texte B : la colonisation est le fait de la dénaturation dans la violence jusqu’en 1960 ;
de l’homme, devenu sauvage et capable des pires actes – début de la guerre d’Algérie en 1954 (pour huit ans).
sur d’autres hommes : la colonisation travaille à décivi-
liser le colonisateur (l. 1-2), il y a le poison instillé dans APPLIQUER
les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de
l’ensauvagement du continent (l. 16-18).
2 Le ton d’une fable
b. Réflexion sur l’écart entre l’affirmation de civilisation
J. de La Fontaine, Fables,
et la possible barbarie de l’homme. « Le lion abattu par l’homme »
2. Texte A de registre didactique : 1. a. Message du lion : l’homme est orgueilleux et se
– présent à valeur de vérité générale : se dissimule, est croit supérieur à l’animal, car doué de raison.
(l. 6), se réfère (l. 7), veut dire (l. 10), évoque (l. 11)… ; b. Connecteurs logiques : en effet (v. 7), Mais (v. 9)
– raisonnement clair et logique : connecteurs + formule hypothétique : nous aurions le dessus, / Si
logiques Ainsi (l. 1), ensuite (l. 4), Or (l. 5), Dans les (v. 11-12) discours logique et convaincant, thèse vali-
deux cas (l. 12-13) ; dée par des propos qui se veulent irréfutables.
– recours à l’étymologie des termes barbare et sauvage.
2. l’Artisan (v. 2), Les regardants (v. 5), l’Ouvrier (v. 9) :
Faire réfléchir de façon convaincante.
tous les hommes sont obnubilés par l’art qui les
Texte B de registre polémique :
détourne de la réalité : On vous donne ici la victoire
– mise en valeur des mots clés par l’italique : déciviliser
(v. 8).
(l. 2), abrutir (l. 3), ensauvagement (l. 18) ;
– modalisation du propos par le champ lexical de 3. l’Artisan (v. 2), Un Lion (v. 3, 6), l’Ouvrier (v. 9), mes
l’exaction : dégrader (l. 3), violence (l. 5), haine raciale Confrères (v. 12) faire ressortir les protagonistes de
(l. 5), tête coupée, œil crevé (l. 7), violés (l. 11), expédi- la fable en soulignant leur égale importance : l’animal
tions punitives (l. 12-13), torturés (l. 14) ; est ainsi au même niveau que l’homme.
– métaphore dévalorisante de l’épidémie : gangrène 4. Registre didactique : récit et discours clairs et édi-
(l. 9), foyer d’infection (l. 10), propagés (l. 12), poison fiants, connecteurs logiques, discours explicatif
instillé (l. 16) ; enseigner au lecteur les méfaits de l’orgueil humain.
– accumulation sans déroulé d’arguments hiérarchisés :
une tête coupée et un œil crevé (l. 7), un acquis de la 3 La portée d’un dessin de presse
civilisation (l. 7-8), une régression (l. 9), une gangrène Dessin de Plantu
(l. 9), un foyer d’infection (l. 10), tous ces traités violés
1. L’opposition entre les pays du Nord, riches, et les
(l. 11), tous ces mensonges (l. 11-12), toutes ces expédi-
pays du Sud, pauvres les pays du Nord dérangent les
tions (l. 12), tous ces patriotes torturés (l. 14).
pays du Sud (implicitement, leurs anciennes colonies)
Frapper avant tout la sensibilité du lecteur, de
en exhibant de manière indécente leur train de vie.
l’auditeur.
2. Stratification antithétique du monde par le globe :
3. Texte A : instruire le lecteur en lui proposant l’étymo-
– hémisphère supérieur : deux hommes chantent,
logie significative de mots qui font prendre conscience
mangent et boivent à l’excès (une assiette débordante),
du comportement intolérable des soi-disant civilisés
le visage hilare, le costume débraillé, la chaise inclinée,
vis-à-vis de celui qui est différent.
le nez grisé du personnage de gauche (ivresse). Ce sont
Texte B : susciter le haut-le-corps, voire le haut-le-
des hommes du Nord gavés, avec une vie aisée et facile
cœur, faire réagir violemment le lecteur en provoquant
où dominent les plaisirs ;
son indignation devant les crimes de la colonisation.
– hémisphère inférieur : un homme africain tape au pla-
fond avec un balai, dérangé par le bruit excessif des voi-
257
sins du dessus. Couleur de peau plus foncée, vêtement situation révélant le caractère expéditif des tribunaux
simple, chemise ouverte, balai pour se faire entendre de l’Inquisition : Il serait en cendres avant que l’on eût
des riches, bouche ouverte sur un cri de colère : seulement pensé à l’écouter (l. 16-17) ;
personnage seul et démuni sous les deux autres qui – adoption artificielle du style des Béatitudes : heureux
n’entendent rien. celui qui a toujours prié Dieu (l. 6-7) ;
Impuissance des pays pauvres face à l’indifférence – utilisation d’une expression connotée : un pauvre
des pays riches qui les ont asservis. diable (l. 11) ;
3. Registre polémique : dessin provocateur qui critique – phrases exclamatives (l. 5-10, 14-15).
l’attitude indécente des hommes des pays riches, irres- Ton moqueur vis-à-vis de l’Inquisition.
pectueux de leurs voisins miséreux. 2. Champs lexicaux du feu : brûler (l. 4, 14), cendres
(l. 16), et de la religion : dervis (l. 3), païen (l. 12), ortho-
4 Un écrit théorique doxe (l. 12), hérétique (l. 14).
D. Diderot, Discours sur la poésie dramatique Comparaison : font brûler un homme comme de la paille
(l. 4-5).
1. a. Le théâtre, et plus particulièrement le drame bour-
Périphrases : petits grains de bois (l. 7), deux morceaux
geois, nouveau genre créé par Diderot, qu’il présente
de drap attachés à deux rubans (l. 8-9) insistance sur
et défend pour le légitimer face à la comédie et à la
la matérialité des objets de dévotion religieuse pour
tragédie classiques.
mieux faire ressortir la démesure de la réaction des
b. Le sujet : pas moins important que dans la comédie
Inquisiteurs.
gaie (l. 3-4).
+ Les caractères : aussi divers et aussi originaux (l. 6-7). 3. But : critiquer le système religieux européen auto-
+ Les passions : plus énergiques (l. 9). ritaire et injuste en utilisant à la fois un ton ironique
+ Le style : plus nerveux, plus grave, plus élevé, plus et un regard étranger afin d’éviter la censure et les
violent, plus susceptible de ce que nous appelons le sen- représailles.
timent (l. 11-13). 4. Écriture d’invention
= Qualités du drame propres à séduire le spectateur. Contraintes du sujet :
2. a. Questions attribuées à ses adversaires qui cherche- – forme du texte : lettre polémique + ironie ;
raient à remettre en question les qualités de ce nouveau – style attendu : modalisateurs, phrases exclamatives
genre ou à toute personne qui souhaiterait s’informer et interrogatives pour une argumentation vive, lexique
sur cette innovation littéraire. péjoratif pour la critique des méfaits de la censure,
b. Discours (genre oratoire) : impératif à la 2e personne figures de rhétorique frappantes (hyperboles, compa-
du pluriel (Parcourons, l. 1 ; voyons, l. 1) + 2e personne raisons…), antiphrases pour souligner l’ironie.
du pluriel inclusive de l’auteur (nous appelons, l. 12) Proposition de début de rédaction :
+ questions directes : Est-ce par le sujet qu’il faut en Aujourd’hui, on peut tout dire et rire de tout,
juger ? (l. 2) propos plus vivant afin d’éviter l’effet à condition de penser comme tout le monde et de
rebutant de l’exposé théorique. rire avec tout le monde. Les médias, symbole de
la liberté d’expression, ne sont absolument pas
3. Registre didactique : exposé efficace et complet des assujettis à la puissance politique. Jamais nous
principes et des caractéristiques du drame. n’avons vu de reportages interdits parce qu’ils
dévoilaient un aspect sombre des puissants ou de
ÉCRIRE journalistes évincés de leur poste pour avoir criti-
qué un dirigeant ; oh non ! Surtout pas en Europe !
Im-pos-sible ! L’indépendance des médias est aussi
5 Argumentation et ironie respectée que les limitations de vitesse.
Montesquieu, Lettres persanes, lettre 29
1. a. En Europe, l’Inquisition juge arbitrairement et Prolongement : à l’aide du sommaire et des pages
injustement ceux qui ne montrent pas des signes visi- d’entrée de séquence, repérer dans le manuel deux
bles de dévotion à la religion catholique. textes relevant du registre didactique et deux autres
b. Ton ironique : de registre polémique, en indiquant pour chacun : le
– comparaison aussi comique qu’effrayante : font brûler thème, la thèse et les procédés utilisés.
un homme comme de la paille (l. 4-5), et comique de
258
CHAPITRE
5 Les notions propres au récit
➜ Livre de l’élève, p. 424

Fichee 1 Le temps et l’espace dans un récit


➜ Livre de l’élève, p. 425

QUESTIONS de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III […] avec Jeanne
G. Flaubert, L’Éducation sentimentale de Cossé-Brissac (l. 10-13) scène de roman historique
1. Indices spatiaux : la Ville-de-Montereau ; devant le sous le règne d’Henri III (1574-1589).
quai Saint-Bernard. 2. Imparfait qui cadre l’action en donnant son décor :
Indices temporels : Le 15 septembre 1840, vers six heures commençait une fête splendide (l. 3-4), Cette fête […]
du matin. avait pour but de célébrer les noces (l. 8-10).
Ils font entrer le lecteur dans un bateau, un matin
d’automne. APPLIQUER
2. Informations : fumait à gros tourbillons devant le quai
Saint-Bernard bateau. 3 Jeux avec la chronologie
M. NDiaye, Trois femmes puissantes, I
1. Deux époques :
Exercices d’application ➜ p. 427
– époque où Norah fait tout pour son frère Sony : vie
quotidienne, avec les mêmes habitudes chaque jour
METTRE AU POINT (l. 1-15) ;
– dix ans plus tôt, Norah aurait habité au même endroit
1 Le cadre spatio-temporel (l. 16-fin) : des voisins prétendaient l’avoir connue
R. Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (l. 19-20).
1. Indices spatio-temporels : Le samedi 7 février 1920 2. Lignes 1 et 2 : un événement singulier isole une jour-
(l. 1), au cirque Médrano (l. 2), entrées des clowns […] née dans les habitudes de Norah passé simple : s’en
[et] des spectateurs (l. 5-6) soirée de spectacle, alla (l. 2). Ce jour-là sera décisif.
monde urbain. Lignes 3-5 : quotidien avec le même emploi du temps
2. Spectacle sur la piste, des clowns (l. 5), des gradins chaque jour imparfait itératif : sortait (l. 3).
avec des spectateurs (l. 5-6) disposition du cirque Lignes 6-21 : pensées qui assaillent Sony lors de son
permet des échanges, des rencontres : En face d’eux trajet vers la maison de son frère imparfait duratif :
entrait un couple (l. 8). préparait (l. 6), marchait (l. 12), etc.

2 Temps verbal et indices temporels 4 Analepse et prolepse


A. Dumas, La Dame de Monsoreau G. de Maupassant, « Première neige », in Le Gaulois
1. a. Le dimanche gras de l’année 1578 (l. 1), mention de 1. Analepse (l. 20-28) introduite par la phrase au pré-
la royauté de France (l. 7). sent Elle se souvient.
=> Indices temporels très précis = roman historique. Avant, temps utilisé = futur (verra, l. 4 ; sera, l. 11 ; conti-
b. Répétition du mot fête : fête du populaire (l. 1-2), une nueront, l. 15…).
fête splendide (l. 4), Cette fête particulière […] succédait Après, pour les événements = passé composé : On l’a
à la fête publique (l. 8-9) + références au Louvre (l. 6) et mariée (l. 20) + passé simple : On les accoupla (l. 24),
à des personnes réelles, les noces de François d’Épinay Elle fit « oui » (l. 26) + imparfait descriptif pour les
259
portraits : C’était un fort garçon… (l. 21-23), Elle était ÉCRIRE
Parisienne… (l. 27-28).
2. Prolepse introduite par le complément circonstanciel 6 Commenter le cadre spatio-temporel
de temps dans un an (l. 4) + futur de l’indicatif pour H. de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu
évoquer une réalité dont elle sera absente. 1. Cadre spatio-temporel : Vers la fin de l’année 1612,
3. Passage tragique : évocation au futur du printemps par une froide matinée de décembre (l. 1-2), devant la
(l. 4) qu’elle ne verra point (l. 3-4) parce qu’Elle ne sera porte d’une maison située rue des Grands-Augustins, à
plus (l. 14)  son sort : au fond d’un cercueil de chêne Paris (l. 4-5), le seuil de cette porte (l. 9), logis (l. 10), une
(l. 9-10). salle basse (l. 12), degrés (l. 13), en haut de la vis (l. 16),
Effet de surprise : éléments tragiques accompagnés de sur le palier (l. 17), porte de l’atelier (l. 18-19) => entrée
termes montrant le bonheur de la jeune femme : Elle progressive dans une demeure, effet de resserrement :
sourit […] je suis heureuse (l. 1-2), Elle sourit, et respire le narrateur suit le personnage.
[…] les souffles parfumés des jardins (l. 16-18) + effet de 2. Date, 1612 (l. 1) + expressions archaïques comme
télescopage temporel propre à la nouvelle. en son logis (l. 10), les degrés (l. 13) + comparaison
comme quelque courtisan de fraîche date, inquiet de
5 Durée et vitesse du récit l’accueil que le roi va lui faire (l. 14-15) + mentions de
J. Gracq, Un balcon en forêt figures historiques, tel le peintre de Henri IV délaissé
1. Indications temporelles : ensuite (l. 1), très vite (l. 2), pour Rubens par Marie de Médicis (l. 19-20) = réalités
brusquement (l. 6), un moment (l. 8), Dès qu’ (l. 16), contemporaines du règne du fils de Henri IV et de Marie
longues accalmies (l. 20) informations nombreuses de Médicis, Louis XIII (1610-1643), ingrédients de roman
mais imprécises : succession d’actions et de pauses historique.
sans durée clairement exprimée. 3. Entraînement au commentaire
Il lui sembla (l. 1) : ce que ressent le personnage au Proposition de début de paragraphe :
1er plan = essentiel véritable durée des événements La première page de cet extrait plonge le
sans importance. lecteur dans une période très précise, à la « fin
2. à mi-chemin du fortin (l. 2), la forêt (l. 4), le Toit (l. 6), de l’année 1612, par une froide matinée de
dans un layon (l. 14) + verbes d’action avec peu de décembre » (l. 1-2), à la manière d’un « incipit »
de roman historique. Cette impression est accen-
changements de lieux : entra en transe (l. 7), se jeta
tuée par les noms propres qui désignent d’emblée
(l. 13) attaque par des chars dans un milieu où la
des personnes réelles de cette époque : « Henri IV »,
visibilité est quasi inexistante, supposée rapide. « Rubens » et « Marie de Médicis » (l. 20-21). Le
3. Passé simple : événement perçu par le personnage cadre spatial est également précis et identifiable :
(Il lui sembla, l. 1 ; se mit, l. 3 ; entra en transe, l. 7 ; « rue des Grands-Augustins, à Paris » (l. 4-5). Il
demeura, l. 8). s’agit donc pour Balzac d’installer son personnage
Imparfait descriptif (l. 9-16) : sensations de Grange dans un temps et un lieu connus du lecteur : c’est
au moment de l’attaque + événement isolé, action de un effet de réel propre au roman réaliste qui n’a
pas seulement évoqué le monde contemporain des
Grange, au passé simple : se jeta, l. 13.
auteurs du XIXe siècle.
Imparfait itératif (l. 16-20) : arrêt sur l’analyse sensi-
tive de la situation par Grange. Perception sensorielle Prolongement : rédiger la rencontre entre le jeune
des chars : à base de moteurs beaucoup plus que homme et le peintre à qui il rend visite. Tenir compte
d’explosions (l. 18-19). des informations données par l’incipit.

260
Fiche 2 La structure du récit
➜ Livre de l’élève, p. 429

QUESTIONS 2 Le récit linéaire


I. Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur Texte A : J. Vallès, L’Enfant, 1 : « Ma mère »
Texte B : J. Vallès, L’Enfant, « La délivrance »
1. débuts de romans, le début incipit = moment
intéressant où se noue la relation entre l’auteur et le 1. Texte A : l. 1-2 = série de questions rhétoriques
lecteur. + réponse lapidaire, Je n’en sais rien + entrée brutale et
ironique dans la vie d’un enfant martyr, avec l’antithèse
2. toi, Lecteur… en n’abandonnant pas le vocabulaire
entre les participes passés dorloté, tapoté, baisoté (l. 5)
de l’écriture romanesque mise en abyme : roman
et fouetté (l. 6) le narrateur-personnage s’exprime à
sur le roman.
la 1re personne du singulier.
2. Le récit commence par Ma mère dit que (l. 7) au pré-
Exercices d’application ➜ p. 430 sent de narration récit de son enfance.
Mais véritable événement raconté au passé composé,
seulement à partir de la ligne 18 : Mais un jour…
METTRE AU POINT
3. Deux thèmes communs réunis au début et à la fin
du roman :
1 Le schéma narratif
– mère : Ma mère (texte A, l. 7 // texte B, l. 1, 12) dans
J. Sternberg, 188 contes à régler, « L’affolement »
toute sa sévérité des premiers souvenirs d’enfance
1. Pas de situation initiale. à la sortie de l’adolescence, mère = élément central ;
Élément perturbateur in medias res (l. 1-2) : début de – motif du pantalon : baissé pour aérer le postérieur
la guerre. fouetté (parce que ça me cuisait trop, texte A, l. 18-19)
Péripétie (l. 3-13) : emballement des ordinateurs qui // dernière phrase du texte B : Une autre fois, Jacques,
envoient rapidement les feuilles d’appel à la guerre. mets au moins ton vieux pantalon ! (l. 20-21) la mère
Élément de résolution (l. 13, à partir d’Et, à 16) : appel évoque la blessure du duel, pensant uniquement au
des femmes et des enfants suite à une erreur des pantalon neuf abîmé.
ordinateurs. Écho thématique et poétique entre incipit et explicit.
Pas de situation finale.
Entrée de plain-pied dans une histoire sans son
APPLIQUER
contexte précis, et au lecteur d’imaginer la fin de cet
événement étrange.
2. Élément perturbateur introduit par la date, 1999 (l. 1), 3 Le récit dans le récit
G de Maupassant, Le Horla
et l’adverbe si brutalement (l. 1) événement inattendu
qui transforme les réalités antérieures. 1. Récit cadre (l. 1-7) pris en charge par un narrateur
Péripétie introduite par un adverbe, Heureusement témoin qui montre le docteur Marrande (l. 1) informant
(l. 3) modalisateur qui monte la capacité apparente ses confrères d’un événement étrange : il leur dit (l. 7).
à s’organiser malgré l’urgence de la guerre. 2. Récit encadré = début de la 2e portion de discours
Élément de résolution introduit par Et (l. 13) ouverture direct (l. 17).
étrange sur un événement apparemment anodin (légère Effet de retard provoqué par l’emboîtement des narra-
erreur de numéro de code, l. 13-14) mais considérable teurs : le Dr Marrande introduit un patient qui parlera
(femmes et enfants enrôlés, l. 15-16). lui-même (l. 10-11).
3. Ton ironique : Heureusement (l. 3), le règne tout-puis- Début du récit encadré = Messieurs, je sais pourquoi
sant de l’ordinateur (l. 4-5), facile à régler (l. 6), avec un (l. 17-18), et de manière absolue, à la ligne qui suivra
maximum d’efficacité (l. 6-7), une légère erreur (l. 13-14). celle de cet extrait, après Les voici (l. 27), tout ce qui
Opposition entre l’éloge de la technique et l’affolement précède n’étant que la préparation du récit enchâssé.
effectif (l. 13) des machines.
261
3. Les événements fantastiques seront racontés par celui 3. Deux personnages prêts à affronter l’ouragan, mais
qui les a vécus effet de réel + doute grâce au récit de façon différente :
encadré : ce patient n’est-il pas fou ? – personnage féminin lié à la nature, qui a du pouvoir
sur elle : je parlerai à l’ouragan et il fera comme les
4 Le récit à tiroirs grenouilles du bayou (l. 2-3) ;
M. Vargas Llosa, La Tante Julia et le scribouillard, – 2e personnage, masculin, marche vers l’ouragan :
chap. XI L’air est lourd. L’humidité lui colle la chemise à la peau
1. Lignes 1 à 14 prises en charge par un narrateur-per- (l. 9-10) et il est sur l’autoroute, en sens inverse des
sonnage qui raconte un épisode avec les temps du habitants qui quittent la ville (l. 10-12).
passé (imparfait et passé simple). 4. Écriture d’invention
À partir de la ligne 15, tiret et récit au présent : au dis- Contraintes du sujet :
cours direct, l’écrivain résume à son visiteur l’épisode – réécriture avec changement de personne gramma-
qu’il est en train d’écrire, comme s’il était le personnage ticale ;
concerné. – développement du récit avec ajout d’éléments
2. Description (l. 6-9) : déguisement composé de la subjectifs.
blouse blanche, […] barbe noire et rabbinique // Le gyné- Proposition de rédaction :
cologue Alberto de Quinteros (l. 15). L’écrivain devient Ras-le-bol de cette humidité qui colle ! Quelle
son personnage, ce que confirment ses propos : Je fais idée d’habiter dans cette ville infernale. Et les
une césarienne à la petite et nous allons prendre ma autres en face, bien contents de prendre la poudre
d’escampette. Chacun avec sa maison sur le toit,
verveine-menthe (l. 18-20).
pour sauver quoi ? Leur vie minable dans cette ville
3. a. Alberto de Quinteros : personnage créé par l’écri- de mort, ce cloaque que je suis bien content d’avoir
vain que visite le narrateur-personnage. quitté ! Qu’est-ce qu’il raconte, l’autre à la radio ?
b. L’écrivain utilise je pour indiquer les péripéties de Écoute, écoute, Joe. Il ne faut pas t’endormir !
son personnage. L’ouragan, l’ouragan… Tout le monde doit éva-
cuer. Et de quoi je me mêle ? Qui va s’occuper de
mon fils, sa folle de voisine peut-être, ou sa mère,
ÉCRIRE
encore moins… « Nice to meet you », Monsieur le
maire, mais moi, j’ai un fils, mon fils, et ouragan ou
5 Le récit polyphonique pas, je dois aller l’embrasser et m’occuper de lui.
L. Gaudé, L’Ouragan, II : « À son approche »
Prolongement : lecture cursive du roman de L. Gaudé.
1. et 2. 1er § (l. 1-8) : narrateur-personnage à la 1re Rédiger un paragraphe présentant chaque person-
personne. nage de ce récit polyphonique.
2e § (l. 9-19) : narrateur témoin évoquant un personnage
à la 3e personne.

262
Fiche 3 Le narrateur et la focalisation
➜ Livre de l’élève, p. 432

QUESTIONS APPLIQUER
J. Conrad, Au cœur des ténèbres
1. Le narrateur fait partie de l’histoire dont il est l’un 2 Description et focalisation
des protagonistes = narrateur-personnage (J’écoutais) ; V. Hugo, Notre-Dame de Paris
proche de Kurtz, il joue le rôle de témoin et se met au 1. Focalisation omnisciente (ou zéro) :
second plan pour percer le mystère du héros, qu’il vient – Nous avons indiqué sommairement la plupart des
de rencontrer (Répétait-il […] article de journal ?). beautés qu’elle avait au quinzième siècle et qui lui
2. Point de vue interne puisque le narrateur s’exprime manquent aujourd’hui (l. 3-5) passé connu du
à la première personne, fait part de ses interrogations narrateur ;
au sujet de Kurtz et commente de manière subjective les – c’était un beau tableau que celui qui se déroulait à
actions dont il est témoin ; la narration privilégie donc la fois de toutes parts sous vos yeux (l. 13-14) vision
ses pensées intimes. générale, surplombant Paris.
2. Nous de majesté, non inclusif = narrateur qui envi-
sage le travail de description réalisé pour le lecteur (l. 1)
Exercices d’application ➜ p. 433  on inclusif (l. 10) qui fait partager une expérience au
lecteur, confirmée par l’emploi du déterminant posses-
METTRE AU POINT sif vos yeux (l. 14).
3. cette admirable église (l. 2), la ténébreuse spirale (l. 9),
1 Le statut du narrateur un beau tableau (l. 13) rendre l’admiration du narra-
Dai Sijie, Balzac et la Petite Tailleuse chinoise teur, double de l’auteur, pour le monument qui donne
1. Narrateur-personnage : Je restai au lit (l. 1) qui pense son titre au roman.
au jeune garçon qu’il a été : Imaginez un jeune puceau
(l. 4). 3 Le mélange des focalisations
2. Lecture = révélation dans la formation du jeune F. Brown, Fantômes et farfafouilles,
puceau de dix-neuf ans (l. 4) : « Cauchemar en jaune »
– rester plongé dans cette histoire française d’amour et 1. Narrateur témoin : Il gardait l’œil sur sa montre
de miracles (l. 2-3) récit = univers clos ; (l. 4-5).
– ce petit livre me parlait de l’éveil du désir, des élans, 2. Deux 1ers § (l. 1-15) en focalisation interne : il le savait
des pulsions, de l’amour […] (l. 9-12) récit = source bien (l. 1), il n’y avait aucun danger (l. 8-9) pensées
de connaissances jusque-là interdites ; du personnage assuré de la réussite de son coup.
– l’histoire d’Ursule me parut aussi vraie que celle de 3e § (l. 16-21) en focalisation externe : Il posa alors le
mes voisins (l. 16-17) récit = ouverture sur une autre doigt sur l’interrupteur (l. 16) réalité perçue de l’exté-
réalité à part entière. rieur. Impression de focalisation interne de groupe sur
3. Univers sensuel du roman de Balzac (désir, élans…, les amis : effet cinématographique de contre-champ
l. 9-12) = intrus (l. 9) dans la vie du jeune homme sou- (Avant qu’ils aient pu voir que sa femme était morte,
mis à la Révolution culturelle chinoise qui ne le fait pas l. 17-18).
progresser humainement : Imaginez un jeune puceau 3. Les deux 1ers § décrivent le meurtre de sa femme par
(l. 4), les blabla révolutionnaires (l. 6-7). le personnage, mais le dernier fait surgir des témoins,
Modalisation admirative pour Balzac  ironie vis- les invités de l’anniversaire surprise vraisemblablement
à-vis de Mao. organisé par sa femme : Surprise ! (l. 21) = exclamation
traduisant cette chute.

263
ÉCRIRE un enfant, aussitôt nommé « Simon » ; tout va
dans le sens de la vie : une succession de propo-
sitions juxtaposées au présent évoque la force de
4 Focalisation et dramatisation ce garçon : « Simon se développe parfaitement, il
P. Grimbert, Un secret dort bien, fait preuve d’un appétit féroce, sourit
1. Focalisation omnisciente : la dernière phrase, Il lui à tous. » Les adverbes modalisateurs « parfaite-
reste huit ans à vivre, évoque le futur tragique et précis ment » et « bien » valorisent cette impression de
forcément ignoré par les personnages. cocon familial, mais la dernière phrase annonce
un fait surprenant : « Il lui reste huit ans à vivre. »
2. Commentaire La narration omnisciente permet, dans une rapide
Ce court paragraphe dramatise le récit. prolepse, de donner une portée tragique à la vie de
D’abord, l’adjectif qualificatif « nouvelle » semble ces personnages.
connoter une « existence » heureuse. Le verbe au
présent, « commence », accentue cette idée de nou- Prolongement : commenter le texte de V. Hugo étudié
veau départ, ouvert et idyllique. Le complément dans l’exercice 2, en insistant sur la présence exacer-
« pour eux trois » révèle qu’un couple vient d’avoir bée du narrateur omniscient.

Fichee 4 Le personnage
➜ Livre de l’élève, p. 434

QUESTIONS peut s’empêcher d’être subjugué par son épouse, ce qui


Stendhal, Le Rouge et le Noir est répété : Charles Tansley éprouva une extraordinaire
fierté (l. 11-13, 15-16).
1. un petit homme maigre, à l’œil vif et en perruque
Le mari est le seul à voir un autre homme convoiter
blonde description ironique, entre la valorisation (vif)
sa femme (l. 13-14), et on ne fait que des hypothèses
et la mise en évidence de l’apparence ridicule (petit,
sur les pensées de Mrs Ramsay : comme si elle se fût
maigre, perruque).
attendue (l. 10).
2. Verbe reconnaître dans un tour relativisant le mot
(beaucoup de peine) : écart entre ce qu’on lui a dit
2. a. Description traditionnelle : évocation des yeux et
des cheveux (l. 1, 7).
du marquis et la réalité du portrait. L’air poli trouvé
au marquis cadre mal avec le caractère hautain de Portrait en action : nombreux verbes de mouvement
l’aristocrate. concernant les deux membres du couple, traversait
(l. 4), prit (l. 7), remontèrent (l. 8)…
b. Personnage extraordinaire, en dehors du temps.
Exercices d’application ➜ p. 436 Miracle de jeunesse malgré l’âge et les enfants.

METTRE AU POINT APPLIQUER

1 Un portrait de femme 2 Les paroles rapportées


V. Woolf, La Promenade au phare, partie I, chap. I A. Gide, Les Faux-monnayeurs, partie I, chap. XII

1. Focalisation interne : nous sommes dans le rêve du 1. a. Focalisation interne : pensées du narrateur-per-
personnage masculin, le mari de cette femme admirée sonnage à la 1re personne (tout ce que je soupçonnais
qui l’imagine jeune, traversa[nt] des champs de fleurs là d’hypocrisie, l. 20-21).
(l. 4-5). b. tout en me reprochant de lui parler (l. 5-6), ne voulant
Jugeant ses pensées insensées, quel rêve absurde ! pas laisser paraître (l. 20) réflexion du personnage
(l. 2-3), il l’aide à avancer (Il prit son sac, l. 7), mais ne par rapport à son interlocutrice, à laquelle il ne veut
pas se révéler.
264
2. Discours direct : réaction de Sarah à la lecture du Puis 2e § (l. 3-11) : femme décrite au présent. Révélation
journal de son père (l. 1). en deux temps :
Paroles du narrateur à Sarah (l. 4-21). Discours direct – 1re interprétation : une robe d’été légère en coton
dialogue vivant : C’est beaucoup plus curieux que (l. 5-6) = erreur ;
vous ne pensez (l. 4), Figurez-vous qu’il n’y a pas dix – réalité bien plus triste : une chemise d’hôpital bleu
jours (l. 6-7), Bref, savez-vous ce qu’il m’a répondu ? clair […] agrafes dans le dos […] remplacées par des
(l. 10). boutons […] (l. 7-10).
Insérée dans les propos du narrateur, conversation 2. Modalisation :
entre le narrateur-personnage et le père de Sarah : – antithèse qu’une seule fois / jamais (l. 2) : puissance
j’ai demandé à votre père s’il avait jamais essayé de de cette unique rencontre ;
ne plus fumer […] (l. 6-13). Discours indirect => mise – propositions ce qui me parut être (l. 5), jusqu’au
en évidence de la question et de la réponse des deux moment où je me rendis compte (l. 6-7) : autocorrection
personnages. du narrateur-personnage, d’une interprétation erronée
Une partie de cette conversation rapportée au discours à une description correcte renforcée par c’était en fait
narrativisé : propos du narrateur résumés et interrom- (l. 7).
pus par les points de suspension ; le narrateur passe
3. Écriture d’invention
explicitement à autre chose en utilisant l’adverbe Bref
Contrainte du sujet :
(l. 10) : Je trouvais que je me laissais aller à beaucoup
imaginer ce que laisse entendre un rêve de jeunesse
trop fumer moi-même et… (l. 8-9).
résumé par le narrateur.
Dernière partie de cette conversation au discours direct
mise en avant de la réponse surprenante du père Proposition de début de la description :
Amy Bellette était une jeune femme fabuleuse !
(l. 14-18).
En ce mois de juillet, elle portait une robe de fin
3. Le père de Sarah (sujet) veut arrêter de fumer (objet). coton blanc, sur laquelle dansaient des coquelicots
Poussé par une décision immotivée (puisque je l’avais rouges qui mettaient en valeur ses cheveux d’un
décidé : destinateur, l. 18), il agit donc pour flatter son noir profond. Elle marchait, la tête haute, l’allure
ego (destinataire), car il ne croit pas aux effets per- souple et altière. Elle semblait voler au-dessus du
nicieux du tabac (l. 12). Il est aidé par son orgueil et sol, comme si elle n’avait pas conscience de mar-
sa détermination (adjuvant) et, selon lui, n’a pas eu cher sur la même planète que toutes ces étudiantes
d’opposant. insignifiantes qui l’entouraient sur le campus…

Prolongement : rédiger la suite de cet épisode du


ÉCRIRE roman de P. Roth ; le narrateur raconte qu’il engage
la conversation avec Amy en entremêlant discours
3 D’un portrait l’autre direct et indirect, sur le modèle du texte d’A. Gide
P. Roth, Exit le fantôme, 1 : « Le moment présent » (exercice 2).
1. Deux 1res lignes : image du passé où domine l’impli-
cite : rencontrée qu’une seule fois […] jamais oubliée
(l. 1-2), donc une très belle femme.

265
Fiche 5 Les registres épique et fantastique
➜ Livre de l’élève, p. 437

QUESTIONS 2 Le registre fantastique


T. Gautier, La Morte amoureuse T. Gautier, « Arria Marcella »
1. Transformation effrayante du personnage rendue par 1. Événements surprenants : le lever du soleil à minuit
la 1re proposition, Ses yeux s’éclairèrent : le passé simple (l. 10-12), et apparition d’une ville de Pompéi antérieure
évoque un événement brutal. à l’éruption du Vésuve (l. 21-23).
2. Adjectifs féroce et sauvage inquiétude, voire 2. Cadre spatio-temporel = nuit à Pompéi au XIXe siècle :
angoisse. Octavien tira sa montre ; elle marquait minuit (l. 11-12),
il était bien minuit (l. 14), il se promenait […] dans une
Pompéi morte, froid cadavre de ville (l. 19-20). Or, cette
Exercices d’application ➜ p. 438 description est précédée de l’adverbe non (l. 20)
vision fantasmée : le ciel s’éclaircissait sur les bords
METTRE AU POINT (l. 10), on eût dit que le jour allait paraître (l. 10-11),
le soleil se levait (l. 17), une Pompéi vivante, jeune,
1 Le registre épique intacte (l. 21-22) faits incompréhensibles = registre
V. Hugo, Quatre-vingt-treize, livre I, chap. VII : fantastique.
« La Vendée a fini la Bretagne » 3. Octavien […] se demanda (l. 1), s’interrogea (l. 3), on
Attention : lire dévaloriser dans la question 1. b. eût dit (l. 10-11), Octavien […] put se convaincre (l. 18-19)
1. a. Oxymores : Échauffourée colossale, chicane de commentaires du narrateur + entrée dans les pen-
titans, rébellion démesurée (l. 3-4) = noms communs sées du personnage = interrogation : hésitation entre
indiquant de petits combats + adjectifs et complément acceptation passive de ces faits étranges ou explication
du nom hyperboliques petites causes aux consé- rationnelle.
quences graves. 4. Explication surnaturelle marquée par le doute (ques-
b. Après avoir nié la noblesse d’une vraie guerre par tion 3) : changement singulier (l. 7).
l’anaphore de la préposition sans devant calcul, stra- Explication rationnelle au début du passage : s’il dor-
tégie, tactique, plan, but, chef, responsabilité (l. 8-10), mait tout debout et marchait dans un rêve (l. 2), la folie
développement du champ lexical du massacre : (l. 3), ses hallucinations (l. 4). Malgré les vérifications
épouvante, ravage (l. 16), dévastation (l. 17), écrasement, sur la montre (l. 11-14), l’événement n’a pas d’explica-
incendie (l. 18), ruine, pillage (l. 19), massacre (l. 19-20), tion rationnelle.
épée (l. 21), guerre, parricide (l. 23) tableau de guerre
civile épouvantable.
APPLIQUER
2. Adjectifs modalisateurs : lugubre (l. 1), illustre et
noir (l. 5-6), chevaleresque et sauvage (l. 11-12), bête
et superbe (l. 15-16) connotations absurdes et
3 Le souffle épique
J.-H. Rosny aîné, La Guerre du feu, partie II, V :
effrayantes de ces couples d’adjectifs antonymes. « Pour le feu »
3. Oxymores et hyperboles (question 1. a), en particulier 1. Façons de désigner les deux combattants :
la mention des titans rappelant le rôle des puissances – le Kzamm (l. 3, 6, 12, 23), Dévoreur d’Hommes (l. 15).
supérieures dans l’épopée (dieux, géants, héros…) Force mise en évidence : coup […] plus fort (l. 2-3), coup
+ champ lexical de la guerre (question 1. b) + grada- frénétique (l. 13) ;
tion finale, l’épouvante de huit années, le ravage […] – Naoh (l. 3, 7, 14), le fils du léopard (4-5), L’Oulhamr
M. Pitt (l. 16-22) = style du registre épique. Mais pas de (l. 16), qui ne pouvait user de sa main gauche (l. 3-4).
valorisation de la guerre civile, montrée ici sous son vrai Celui qui se défend : avait paré (l. 5), s’était dérobé (l. 7),
jour, sans idéalisation : absurdité en rut (l. 12). put amortir (l. 16) ; énergie suprême (l. 20) au bout du
combat.
266
Au début, armes, presque égales de poids, taillées ÉCRIRE
dans le chêne dur (l. 1-2) = annonce de la fin : les deux
combattants s’entretuent, seconde mortelle (l. 19) pour 5 Registres et récit de guerre
l’un et le Kzamm croula : son cri se perdit dans la mort H. P. Lovecraft, Les Autres Dieux et autres nouvelles,
(l. 23-24) pour l’autre. « Herbert West, réanimateur », V :
« L’horreur venue des ombres »
2. Comparaison : massue comme un roc (l. 9).
Personnification : les nœuds de chêne se rencontrèrent 1. Le narrateur-personnage annonce qu’il va raconter le
(l. 11-12). récit de guerre le plus épouvantable qu’il ait été donné
Périphrases pour désigner les combattants : le fils du d’entendre.
Léopard (l. 4-5), Dévoreur d’Hommes (l. 15). 2. la plus surnaturelle et la plus incroyable (l. 8-9)
Hyperboles : fendu la tête de l’adversaire (l. 9-10), coup annonce d’un récit extraordinaire fondé sur un événe-
frénétique (l. 13), tourbillonner la terre, les arbres et le ment paranormal.
Feu (l. 18-19), énergie suprême (l. 20) image cosmique 3. a. champs de bataille de la Grande Guerre (l. 2-3),
et violente du combat.
lieutenant d’un régiment canadien des Flandres (l. 10-11),
Images associant forces de la nature et énergie
bataille gigantesque (l. 13) récit épique dans le
surhumaine = registre épique.
contexte de la Première Guerre mondiale.
3. Beaucoup de propositions juxtaposées (point-vir- b. épouvantables (l. 2), épouvantable (l. 5), la plus hor-
gule) ou coordonnées succession d’actions brèves rible de toutes les horreurs, la plus bouleversante, la
qui conduit à la mort des deux protagonistes. plus surnaturelle et la plus incroyable (l. 7-9), gigan-
tesque (l. 13) répétition d’un adjectif fort, intensité
4 Les effets du fantastique des superlatifs = hyperboles.
G. de Maupassant, 4. Écriture d’invention
« Apparition », in Le Gaulois
Contrainte du sujet :
1. Narrateur-personnage : Je m’écarquillais les yeux imaginer une suite entremêlant deux registres.
(l. 1) effet de réel + identification au personnage avec
lequel on vit l’expérience relatée (je crus entendre, l. 2). Proposition de rédaction du début de la suite :
J’étais jeune encore et sans doute impression-
2. je crus entendre ou plutôt sentir (l. 2), pensant (l. 4) nable, mais je jure que ce que je vais raconter est
=> sensations, incertitudes sur ce qui se produit + ten- la plus stricte vérité en même temps que la plus
tatives d’interprétations rationnelles. terrible des histoires. Ce jour-là, à quelques mètres
3. Explication surnaturelle : sensations éprouvées par du camp, une formidable explosion nous plongea
le personnage, un frôlement derrière moi (l. 3), un dans la nuit et la crainte. Je crois que je perdis
autre mouvement presque indistinct (l. 5-6), un grand conscience pendant quelque temps, je ne sais tou-
et pénible soupir (l. 12-13), Une grande femme vêtue de jours pas pendant combien de temps. J’appris plus
tard qu’un avion ennemi s’était écrasé, et ce qu’en
blanc (l. 18) progression dans le surnaturel.
rapportaient les témoins me glace encore le sang,
Explication rationnelle : tentative d’explication, pen-
quand j’y songe…
sant qu’un courant d’air avait fait remuer quelque étoffe
(l. 4-5) + nervosité du personnage : un petit frisson (l. 7), Prolongement : commenter l’extrait de Maupassant
ému (l. 8), un bond de fou (l. 13-14) il veut se rassurer (exercice 4) en mettant l’accent sur le pouvoir de
et nier le phénomène inquiétant. suggestion des interventions du narrateur.

267
CHAPITRE
6 Les notions propres
au théâtre
➜ Livre de l’élève, p. 440

Fichee 1 La parole théâtrale


➜ Livre de l’élève, p. 441

QUESTIONS APPLIQUER
N. Sarraute, Isma
1. Interjection : hein + expression familière dans le 2 L’évolution d’un dialogue
genre de. J. Racine, Phèdre, acte I, scène 3, vers 259-276
2. Phrase impérative prenant l’interlocuteur à témoin : 1. Vers 1 à 6 : stichomythies entre Œnone et Phèdre.
Il n’y a qu’à en prendre un […] susciter sa réac- Vers 7 à 10 : réplique d’Œnone.
tion, développer le dialogue également réactivé par Vers 11 à 18 : tirade de Phèdre.
les phrases dynamiques que le personnage prend en Phèdre domine le dialogue mais c’est Œnone qui
exemple (une interrogation et une exclamation). l’amène à l’aveu par ses questions précises et directes :
Qui ? (v. 4).
2. Rythme vif, tension perceptible par les stichomythies
Exercices d’application ➜ p. 443 (v. 1-6).
Révélation difficile : Œnone emprunte sa maïeutique à
METTRE AU POINT Socrate en posant des questions de plus en plus pré-
cises, Aimez-vous ? (v. 1) Pour qui ? (v. 2) Qui ?
1 Dialogue et double énonciation (v. 4) Hippolyte ? (v. 6). Phrases exclamatives (v. 6-10)
J. Anouilh, Antigone et apostrophes (v. 8) montrent le choc d’Œnone après
1. a. Créon : 3 répliques de 5 à 9 lignes. l’aveu.
b. Pas réellement : crainte de Créon (nombreuses
interrogations, l. 8, 14-15, 19-20…), argumentation de 3 Le monologue final
Créon pour qu’Antigone change d’avis (propositions E. Ionesco, Rhinocéros, acte III
conditionnelles, l. 6) obligé de réitérer son argu- 1. État de panique : hurlements (Ahh, ahh, brr !, l. 3, 5,
mentation, preuve qu’elle n’est pas efficace  assurance 7), nombreuses exclamations.
d’Antigone (il faut faire ce que l’on peut, l. 17-18 verbe Dilemme : intégrer le groupe des rhinocéros mais il
d’obligation). ne leur ressemble pas (Je n’arrive pas à barrir, l. 6-7 ;
2. Conflit à propos de la volonté d’Antigone d’enterrer jamais je ne deviendrai rhinocéros, l. 11-12), ou rester
[s]on frère (l. 9)  volonté de Créon de faire renoncer un homme et résister seul (Je suis le dernier homme, je
Antigone à sa résolution : connotation péjorative des le resterai jusqu’au bout, l. 21-22) dilemme tragique
termes évoquant son geste, folie (l. 6), geste absurde puisque les deux propositions sont funestes.
(l. 11). 2. Monologue :
3. Créon s’adresse à Antigone, mais en murmurant, – preuve de la solitude de Bérenger face aux rhinocéros
comme pour lui confidentialité de paroles dange- (Je me défendrai contre tout le monde !, l. 17-18) ;
reuses : Créon ne joue plus son rôle d’homme d’État, – monologue délibératif : progression dans les sen-
garant de la sûreté de la cité, mais celui de tuteur d’An- timents de Bérenger (envie d’intégrer le groupe des
tigone qu’il considère comme une enfant. rhinocéros, l. 1-7 ; prise de conscience de son origina-
N.B. : paronomase Quel jeu joues-tu ? lité, l. 8-16) ;
268
– décision finalement prise après un brusque sursaut toucher, persuader Priam : impératif (Laissez-nous nos
(l. 16-17), résolution du dilemme à la fin : Je ne capitule maris comme ils sont, l. 4), comparaison avec les ani-
pas ! (l. 22). maux (l. 9), personnification des animaux (l. 15-16).
3. Registre tragique : 2. Dissertation
– échec de la tentative de métamorphose en rhinocéros Mots clés : dialogue = échange entre des personnages ;
(l. 3-7) ; théâtre = genre dramatique destiné à être représenté ;
– identification du héros comme un monstre (l. 10, 11) rapport de force = tension, conflit.
= inversion des valeurs ; Problématique : Au théâtre, le dialogue se réduit-il à
– monologue délibératif. une confrontation ?
Mais sursaut final avec volonté de se battre : fin ouverte Plan concessif.
de registre épique. Plan proposé :
Partie I. Certes, le dialogue traduit bien un enjeu
4 Prise de parole et pouvoir de pouvoir
P. Corneille, Le Cid, acte IV, scène 3, vers 1267-1282 1er §. Conflit hiérarchique entre les personnages
1. a. Tirade : = tradition théâtrale
Ex. : rapports maître-valet
– Rodrigue a des interlocuteurs (vous = le roi, v. 15)
(Beaumarchais, Le Barbier de Séville ➜ p. 226 ;
pas un monologue ;
Aristophane, Les Guêpes ➜ p. 233).
– il raconte un événement au passé simple (v. 3-4), 2e §. Oppositions liées à un enjeu argumentatif
moment clé de l’intrigue : Rodrigue devient le Cid (le Ex. : Andromaque veut persuader Priam (texte de
Seigneur) en raison de son héroïsme face aux Maures. l’exercice).
b. Règle de bienséance + impossible de faire jouer cet 3e §. Domination de la figure du héros tension
événement sur scène en raison du nombre de soldats dramatique (épreuves, fatalité)
(cinq cents, v. 3 ; trois mille, v. 4) et de l’ampleur de l’ac- Ex. : Rodrigue dans Le Cid de Corneille (exercice 4).
tion (temps : une bonne part d’une si belle nuit, v. 12). Partie II. Cependant, les rapports peuvent être
2. Thèmes : ruse et commandement champ lexical du synonymes de complicité, voire de fusion
commandement : Sous moi (v. 1), mon commandement 1er §. Couples de personnages complémentaires
Ex. : Estragon et Vladimir, deux clowns vagabonds
(v. 13), mon stratagème (v. 14), ordre (v. 16) ; pronom
(S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 263).
nous (v. 3, 4, 5) = union entre le chef et ses soldats
2e §. Objectif commun des personnages
je (v. 7, 15, 16) = prise de décision au nom du roi, avant
Ex. : alliance de Cyrano et Christian pour obte-
l’attaque. nir l’amour de Roxane (E. Rostand, Cyrano de
Bergerac ➜ p. 246).
ÉCRIRE 3e §. Relation de respect et de confiance entre les
personnages, malgré les épreuves
Ex. : Iphigénie obéit à son père Agamemnon malgré
5 Dialogue et confrontation
sa décision de la sacrifier contre son gré (J. Racine,
J. Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu,
Iphigénie ➜ p. 452).
acte I, scène 6
1. Valeurs de l’amitié pour les femmes (l. 2), du respect Prolongement : imaginer les échanges entre les
de l’ordre naturel du monde (l. 4), de l’humanité (ques- personnages du tableau de W. Hogarth, Le Contrat de
tion rhétorique, l. 18-19). mariage ➜ p. 225 en rédigeant un dialogue théâtral
Tirade = développement argumenté dans le but de utilisant plusieurs formes de prise de parole.

269
Fiche 2 Le spectacle théâtral
➜ Livre de l’élève, p. 445

QUESTIONS – choix logiques / représentation : image d’une classe


V. Hugo, Hernani ou classe entière ? nombre de bancs inférieur à la
réalité…
1. Le comédien qui doit les respecter : en se tournant
vers son interlocuteur (à don Ruy) et en agissant (Il boit
et jette la fiole) + le metteur en scène qui doit diriger APPLIQUER
l’acteur.
2. Rôle actif : il provoque la mort du personnage 2 Des répliques à valeur de didascalies
principal + rôle symbolique : il scelle l’amour de Molière, Dom Juan, acte IV, scène 3
Hernani pour doña Sol qui vient de boire la moitié de 1. Allons, vite, un siège (l. 1), Ôtez ce pliant, et apportez
la fiole de poison. un fauteuil (l. 6) : indications gestuelles.
Stratégie d’évitement pour que M. Dimanche ne
puisse pas lui réclamer ses dettes : Dom Juan ne parle
Exercices d’application ➜ p. 447 que du siège, feignant de s’inquiéter du bien-être de
son débiteur.
METTRE AU POINT 2. Monsieur, vous vous moquez, et… (l. 7), Monsieur…
(l. 11), J’étais… (l. 14) : les points de suspension.
1 Dialogue et didascalies Dom Juan ne laisse pas le temps ni l’occasion
M. Pagnol, Topaze, acte I, scène 12 à M. Dimanche d’expliquer l’objet de sa visite
+ M. Dimanche est mal à l’aise devant cet assaut de
1. Décor = salle de classe champ lexical dans les
politesse, Il n’est pas besoin (l. 13).
didascalies : banc (l. 2), estrade (l. 2-3), serviettes (l. 5),
cahiers (l. 5), livres (l. 6).
Topaze = instituteur, attitude caractéristique : il frappe ÉCRIRE
dans ses mains (l. 4), il surveille (l. 7), voix autoritaire
(l. 8), sévèrement (l. 15) ; les enfants = élèves, dont 3 Consignes de mise en scène
Monsieur Cordier (l. 8), Monsieur Jusserand (l. 10-11) et J. Genet, Les Bonnes, préface :
Monsieur Blondet (l. 16) appellation Monsieur = dis- « Comment jouer Les Bonnes »
tance entre le maître et ses élèves. 1. Décor (l. 1-7) : idée de l’adapter au pays où la pièce
2. Didascalies initiales = décor (l. 2) + position des sera représentée le public se sentira plus concerné.
personnages : Topaze, debout (l. 2), Tous les enfants Costumes (l. 7-11) intemporels (d’aucune mode, d’au-
s’assoient (l. 4) ambiance de classe. cune époque) valeur universelle.
Didascalies expressives : voix autoritaire (l. 8), écœuré Jeu des comédiennes (l. 17) : approche de la folie, le
(l. 14), sévèrement (l. 15), bienveillance épanouie (l. 16) déséquilibre physique (un peu titubant) métaphorisant
=> réactions des personnages perceptibles dans la le déséquilibre mental.
tonalité de leur voix. 2. Le metteur en scène doit comprendre, car je ne peux
Didascalie fonctionnelle : baisse le nez vers son cahier tout de même pas tout expliquer (l. 12-14) fidélité à
(l. 10) geste de l’élève honteux. l’auteur + subtilité de lecture = devoirs du metteur en
3. Croquis : scène.
– décor : pupitres et bancs, estrade, bureau du maître, 3. Écriture d’invention
tableau, calendrier ; Contraintes du sujet :
– mobilier à placer en ayant à l’esprit la représentation – s’initier théoriquement à la mise en scène ;
théâtrale : par exemple, aucun comédien ne doit jouer, – tenir compte de l’enjeu de la pièce ;
dos au public ; – respecter la longueur imposée (une demi-page).

270
Proposition de début : Les costumes d’époque souligneront l’ancrage
Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 7 ➜ p. 246 dans le XVIIe siècle, mettant ainsi en relief le langage
Le balcon sera l’élément central et indispen- précieux…
sable de cette scène. Que le metteur en scène
adepte du décor dépouillé y renonce, et c’est tout Prolongement : analyser l’un des extraits de capta-
l’esprit de la pièce qui disparaît. Ma préférence tion du DVD-Rom, puis énumérer et commenter les
ira au balcon en imitation de fer forgé pour son différents éléments de mise en scène : décor, acces-
cachet, mais si des contraintes de coût, voire de soires, costumes, effets sonores, lumières, mouve-
mobilité, s’imposent, le bois léger pourra constituer ments des comédiens.
un accommodement acceptable.

Fiche 3 Le jeu du comédien


➜ Livre de l’élève, p. 448

QUESTIONS 2. Coup de théâtre : Je veux vous donner… (l. 11) Un


E. Rostand, Cyrano de Bergerac conseil (l. 13) ; surprise de Daniel (didascalie étonné,
1. Didascalie : d’une voix troublée + points de suspen- l. 15). Habituel à la fin d’une comédie (ici, acte IV,
sion => incapable de clore sa phrase. scène 9).
2. Aveu de la passion : constat au présent, adverbe vrai-
ment, rythme binaire pour qualifier l’amour terrible et APPLIQUER
jaloux et rejet des derniers mots, De l’amour (mise en
évidence du trouble de Cyrano). 2 La critique du comédien
J.-J. Rousseau, Lettre à M. d’Alembert sur les spectacles
1. Mensonge : art de se contrefaire (l. 1-2), de dire autre
Exercices d’application ➜ p. 449 chose que ce qu’on pense […] réellement (l. 4).
Immoralité : il se donne en représentation pour de l’ar-
METTRE AU POINT gent (l. 8-9), met […] sa personne en vente (l. 10-11), trafic
de soi-même (l. 13).
1 La présence scénique des comédiens 2. Esclavage : ignominie (l. 9), affronts (l. 10), on achète
E. Labiche, Le Voyage de M. Perrichon, acte IV, scène 9 le droit (l. 10), personne en vente (l. 11), trafic de soi-
1. Le timbre (très grave, l. 2) et la puissance de la voix même (l. 13), servile (l. 14) théâtre = commerce faisant
(à part, l. 6, 9 ; Bas, l. 13 ; Haut, l. 17). du comédien un individu exploité par le public.
– 1re réplique : très grave (l. 2) intonation sévère, 3. Connotations péjoratives : servile et bas (l. 14) anto-
sérieuse. nymes des mots noble, digne => immoralité du théâtre.
– 2e réplique : impatience mais discrétion.
– 3e et 6e répliques : souriant (l. 7), remerciant (l. 12)
ÉCRIRE
joie.
– 4e réplique : désespoir formulé de façon niaise,
ridicule. 3 Les réactions du public
– 5e et 7e répliques : sérieux (froidement, l. 13) mais M. Boulgakov, Le Roman de monsieur de Molière,
chap. XI
ironie perceptible.
– 8e réplique : étonné (l. 15) intonation interrogative 1. Réaction positive répétition du mot rire : rires
mais désabusée. (l. 1, 2), glapir de rire (l. 6-7), vagues de rires (l. 12) ;
– 9e réplique : ton solennel. périphrase : bruit intraduisible, bien connu et toujours
Accentuer les passages en points de suspension des annonciateur du succès (l. 13-14) ; métaphore vagues
répliques de M. Perrichon. de rires (l. 12) = grand nombre et déferlement, signes
d’enthousiasme du public.
271
2. Le regard […] s’illumina (l. 8) : joie à la perception des Proposition de début :
rires des spectateurs (l. 8). La salle des gardes est remplie : j’aperçois au
il ménageait entre les répliques les pauses nécessaires à premier rang Sa Majesté le roi, Louis XIV, et son
l’écoulement de vagues de rires (l. 10-12) : le comédien frère, Philippe d’Orléans, deux jeunes gens entou-
s’adapte aux réactions du public. rés de leurs courtisans. Le rideau de la scène à
l’italienne se lève sur la seconde pièce, juste après
Un frisson délicieux courut sur la nuque du grand acteur
Nicomède de Corneille. La troupe de Molière nous
comique (l. 15-16) : plaisir du succès.
joue aujourd’hui une farce.
3. Écriture d’invention Géronte entre tout juste sur scène dans un
Contraintes du sujet : décor de place publique, il amorce son monologue :
– changement de point de vue : comédien spectateur ; « Le retard de mon prétendu gendre m’étonne »,
– scène identique dans son contenu : 1. Rires et déjà le public commence à pouffer ; difficile de
immédiats ; 2. Les rires s’étendent ; 3. Le comédien bien voir car juste devant moi, les épaules des spec-
s’adapte et se voue à son public ; tateurs se secouent. Je suis moi-même pris d’un
fou rire lorsque le médecin évoque ses créanciers…
– lexique du théâtre ;
– pièce représentée : Le Docteur amoureux (1658) Prolongement : distribuer les rôles d’une pièce étu-
(médecin amoureux, l. 8) première pièce représentée diée en classe à de grands acteurs contemporains,
par la troupe de Molière devant le roi, Louis XIV (note 1). puis justifier ces choix, en n’oubliant pas la possibilité
du contre-emploi.

Fichee 4 Les registres comique et tragique


➜ Livre de l’élève, p. 450

QUESTIONS – grossier : langage familier : le chien de temps (l. 1),


Beaumarchais, Le Barbier de Séville binette (l. 26) ;
– lâche : votre terreur et votre fuite (l. 5), sans m’exposer
1. Figaro prend le comte pour un abbé (l. 2)  le comte
(l. 17) ;
considère Figaro comme un bouffon (tournure gro-
– insensible : c’est bien fait (l. 15) = réaction à la blessure
tesque, l. 3).
de Cotice ; le petit Rensky a fait le coquelicot (l. 26-27)
2. Reconnaissance des personnages c’est le comte = métaphore méprisant la mort de son conseiller.
Almaviva : présentatif révélant l’évidence de l’identité Roi sans noblesse, grotesque : Ubu n’est pas un
d’un personnage altier et noble (l. 2) le spectateur héros de tragédie, mais un personnage de farce.
apprend ainsi le nom d’un des personnages principaux
2. Comique de mots erreurs d’expression : il gèle à
et comprend que ces personnages se connaissent sans
pierre à fendre (l. 1-2) = il gèle à pierre fendre ; défor-
s’estimer.
mation des mots : oneille (l. 9), Monsieuye (l. 4, 11, 29),
conséiquent (l. 12) ; interjections : Ah ! (l. 1), Hon ! (l. 4),
Eh ! (l. 9)…
Exercices d’application ➜ p. 452
3. Trois personnages, cachés dans une grotte (froid :
il gèle à pierre à fendre, l. 1-2), se mettent au courant
METTRE AU POINT
des pertes (Savez-vous, Pile, ce qu’est devenu le petit
Rensky ?, l. 20-21) et se sentent menacés (Qu’est-ce ?,
1 Le comique théâtral l. 31).
A. Jarry, Ubu roi, acte IV, scène 5 Comique de l’absurde : Aussi bien […] qu’elle peut
1. Portrait du Père Ubu : aller tout en allant très mal (l. 11-12), mêlant comique
– vulgaire : j’ai encore la fuite (l. 6-7) = polysémie du farcesque et obsession inquiétante de la mort (cf. paro-
nom fuite qualifié de pourceau (l. 8) par Cotice ; nomase : fauchés, faux, faucheur, fauche, l. 24-25).
272
2 Le dilemme 3. Niveau de langue familier : argot (bath, l. 10 ; Ça te
J. Racine, Iphigénie, acte I, scène 1, vers 74-90 la coupe hein, l. 12) ; vulgarité du bordel (l. 13) ; élision
du pronom tu + omission du 1er élément de la négation :
1. Dilemme tragique : sacrifier sa fille et défendre l’hon-
T’en verras pas souvent (l. 15).
neur des Grecs face aux Troyens (v. 1) ou sauver sa fille
=> Univers d’intellectuel bohème (artiste, l. 4 ; poète,
et abandonner l’État (v. 4-5).
l. 16) en décalage avec le langage et les attitudes des
2. a. Personnage influencé par trois éléments : son personnages, d’où effet burlesque : on croqua du biscuit
orgueilleuse faiblesse (v. 9), les cauchemars envoyés on but (l. 25).
par les Dieux (v. 10-13), l’éloquence d’Ulysse (v. 16).
Champ lexical de la défaite : Roi sans gloire (v. 5),
comble de malheur (v. 10), ennuis (v. 11), Vengeant (v. 12), 4 Une fin de récit tragique
H. de Balzac, Le Père Goriot
Je me rendis (v. 16), vaincu (v. 16), en pleurant (v. 17).
b. Fierté passée flattant son orgueil (v. 1-9) : Charmé de 1. Champ lexical de la mort : convulsion (l. 2), horrible
mon pouvoir et plein de ma grandeur = rythme binaire (l. 3), mourant (l. 4), mortorama (l. 11), lugubre (l. 13),
(v. 7). mort (l. 17, 19), terrible (l. 20) gradation : de l’agonie
Peur des dieux, du sacrilège (v. 10-15) : menaçaient à la mort.
(v. 15). 2. Impuissance tragique de la comtesse : espoir = Le
Amour filial pour sa fille sacrifiée (v. 16-17) : en pleurant geste qui révélait l’espoir de la comtesse (l. 2-3) opposé
(v. 17). à l’œil du mourant (l. 4) par le narrateur compas-
3. a. Vers 1-9 : il se laisse persuader par Ulysse qui met sion du lecteur ; résignation : M’entendrait-il ? […] Non
en avant la raison d’État. (l. 5) ; affliction dans son exclamation (l. 19) : cri terrible
Vers 10-15 : Pour comble de malheur (v. 10) = accable- (l. 20).
ment de cauchemars dus aux Dieux. 3. Ton de la plaisanterie, de l’humour noir : néolo-
Vers 16-17 : décision après la délibération du dilemme gisme un petit mortorama (l. 11) ; il sera mort comme il
= j’ordonnai le supplice (v. 17). a vécu (l. 17-18) = jeu de mots sur la polysémie de sans
b. Décision mal assurée car dépend d’éléments exté- connaissance (Père Goriot meurt seul, à la suite d’une
rieurs : entremise d’Ulysse (Il me représenta, v. 1), syncope).
défaite morale d’Agamemnon (Je me rendis, v. 16), Fonction satirique du roman réaliste : pessimisme
sensation de supplice (v. 17) : difficulté à sacrifier sa fille. d’H. de Balzac au sujet des relations humaines, de
l’indifférence des gens devant la mort de leur voisin.
APPLIQUER
ÉCRIRE
3 Le récit comique
R. Queneau, Loin de Rueil 5 Le mélange des registres
1. Appartement kitsch, éclectique énumération des V. Hugo, préface de Ruy Blas
objets de décoration à travers des termes péjoratifs : 1. a. Drame = pièce dont l’intrigue tragique est ponctuée
chinoiseries (l. 5), hallebardes moyenâgeuses (l. 6), de scènes comiques.
trucmuches (l. 8). Tragédie = pièce au dénouement malheureux survenu à
Satire des artistes (un intérieur d’artiste, l. 4) par l’amas cause de la fatalité (personnages de haut rang).
d’objets hétéroclites. Comédie = pièce au dénouement heureux qui emploie
2. Comique de mots : tous les ressorts du comique (personnages familiers).
– antithèses : tapis mous, coussins durs (l. 5) ; consis- b. Tragique : peinture des passions (l. 1-2) ; comique :
tance (l. 13)  mince (répété l. 14) ; peinture des caractères (l. 2-3) deux électricités oppo-
– langage oralisé : crucifikses (l. 6), trucmuches de la sées de la comédie et de la tragédie (l. 8-9), deux genres
même farine (l. 8-9) ; antagonistes.
– confusions lexicales : faux que loriques (l. 7-8) 2. le drame tient de la tragédie [...] et de la comédie […]
= folkloriques ; (l. 1-3), Le drame est la troisième grande forme de l’art
– liaison mal à propos : une anfractuosité z-où gisaient (l. 3-4), les deux électricités opposées de la comédie et
(l. 23) = langage oralisé. de la tragédie se rencontrent […] c’est le drame (l. 8-10)
273
=> drame = fruit de l’union de la tragédie et de la comé- tragique lié à la tragédie, genre noble  comique à
die (fécondant, l. 4 ; étincelle qui en jaillit, l. 10). la comédie, genre vulgaire (Aristote, La Poétique).
Ex. : personnages de sang royal punis par les dieux
3. Rôle charnière entre la comédie (à Molière la main
chez Racine (Phèdre ➜ p. 239)  bourgeois englués
droite, l. 7-8) et la tragédie (donnant à Corneille la
dans leur quotidien chez Molière (Le Bourgeois
main gauche, l. 7). Shakespeare, antérieur à ces deux gentilhomme ➜ p. 216).
auteurs, avait déjà mêlé le comique voire le burlesque Partie II. Mais ces deux registres se rejoignent sur
et le tragique dans ses pièces. un certain nombre de points.
4. Entraînement à la dissertation 1er §. Complémentaires dans le drame ou la tragi-
Mots clés : registres = tons, effets à produire sur le spec- comédie (Hugo, préface de Ruy Blas, exercice 5).
tateur ; comique = qui suscite le rire ; tragique = qui Ex. : E. Rostand, Cyrano de Bergerac ➜ p. 246,
suscite la pitié et la terreur ; opposés = antithétiques. comédie héroïque au dénouement malheureux.
2e §. Une même fonction critique.
Problématique : Les tonalités tragique et comique sont-
Ex. : critique sociale comique chez Beaumarchais,
elles incompatibles ?
Le Barbier de Séville ➜ p. 226, ou satire tragique
Plan concessif. chez Balzac dans Le Père Goriot (exercice 4).
Proposition de plan détaillé : 3e §. Un même enjeu de compréhension de la
Partie I. Certes, le tragique semble l’opposé du complexité du monde.
comique. Ex. : les conséquences de l’orgueil lié au pouvoir
1er §. Ils suscitent des émotions contraires : le rire avec Agamemnon (Racine, Iphigénie, exercice 2)
 la terreur et la pitié. et Père Ubu (Jarry, Ubu roi, exercice 1) associés
Ex. : R. Queneau, Loin de Rueil (exercice 3)  B. Brecht, dans le théâtre de l’absurde (Ionesco, Rhinocéros
Antigone ➜ p. 254. ➜ p. 444).
2e §. Ils semblent inconciliables.
Ex. : monologue farcesque d’Harpagon dans Prolongement : transposer le texte de l’un des
L’Avare  accents tragiques de Don Diègue dans exercices dans son registre opposé, en conservant
Le Cid ➜ p. 458. la progression de l’action. Modifier logiquement les
3e §. Ils se défient même dans l’histoire du théâtre : procédés littéraires mis en œuvre.

274
CHAPITRE
7 Les réécritures
➜ Livre de l’élève, p. 454

Fichee 1 Emprunts et réécritures


➜ Livre de l’élève, p. 455

QUESTIONS Montaigne sur le mariage l’esprit curieux et l’amour


D. Lamaison, Œdipe roi de la liberté ne sont guère compatibles avec le mariage,
1. Le mot Poubelle, employé pour la première fois et les âmes simples sont plus aptes à s’épanouir dans
comme nom commun en 1890, et même caniveau la vie conjugale.
(XVIIe siècle).
2. Roman policier ➜ p. 331 tragédie. Œdipe mène APPLIQUER
l’enquête sur le meurtre de Laïos, des témoins sont
convoqués. 2 La réécriture d’une fable
J. de La Fontaine, Fables, « Le héron » (texte A),
« La fille » (texte B)
Exercices d’application ➜ p. 456 1. Points communs :
– mise en parallèle de deux quêtes nourriture (pois-
METTRE AU POINT sons), pour le héron // mari, pour la fille ;
– deux attitudes similaires, rejets successifs de ce qui
1 L’usage des citations s’offre aux personnages : pour le héron, Le mets ne
M. de Montaigne, Essais, livre III, chap. 5 : lui plut pas (v. 4) ; pour la fille, La belle les trouva trop
« Sur quelques vers de Virgile » chétifs de moitié (v. 3) ;
1. a. Des auteurs antiques, mais seul le philosophe – discours direct (texte A, v. 7-8, 10-11 ; texte B, v. 4-6) ;
Socrate (l. 7, note 1) est ici nommé + adages latins – phrases exclamatives et interrogatives marquant
(l. 12-13, 21) dont l’origine est incertaine, repris par l’indignation et l’égocentrisme des personnages : moi !
plusieurs auteurs romains, non indiqués. (texte A, v. 7 ; texte B, v. 4-5) ;
b. 1re citation : réponse de Socrate à un interlocuteur, – présence des Dieux (texte A, v. 11) et du Destin (texte
entre guillemets, traduite en français par Montaigne B, v. 1).
(l. 9-10). Différences : texte A = animaux, référence à Horace 
Au milieu de l’extrait : combinaison de deux citations texte B = personnage de jeune fille, présence plus mar-
de poètes comiques latins, Cecilius et Plaute, en trois quée du narrateur.
éléments insérés dans le texte en français, comme s’il 2. Vanité, dédain :
s’agissait d’un proverbe (l’on dit, l. 12). – texte A, vers 5 (goût dédaigneux) // texte B, vers 11
À la fin du texte : un vers du poète latin Maximianus, en (les dédaigneuses) ;
italiques (l. 21), mis en évidence par l’alinéa (traduction – le texte B vise plus précisément les précieuses (v. 10,
ajoutée par l’éditeur). note 4).
N.B. : seule une recherche dans une édition savante 3. Narrateur plus présent dans le texte B : conjonction
des Essais permet de définir l’origine exacte de chaque de coordination car (v. 10) introduisant une explication
citation. et la visée critique de la fable + discours indirect libre
2. 1re citation : argument d’autorité (Socrate est nommé) ; (v. 7-10) texte A où l’adjectif dédaigneux (v. 5) est le
les autres citations illustrent et complètent la thèse de seul vrai modalisateur.

275
ÉCRIRE – humain : un comédien qui dénigre tous les rôles
qu’on lui propose et doit se résoudre, pour gagner sa
vie, à tourner une promotion pour un camembert.
3 La transposition
Exemples de personnages dédaigneux aujourd’hui : Prolongement : réécrire le sonnet de Saint-Amant,
– animal : un chat qui refuse tous les mets raffinés « Le paresseux » ➜ p. 33 en l’adaptant à l’époque
amoureusement mitonnés par son maître et finit, pous- actuelle, notamment en changeant les références
sé par la faim, par se contenter d’une boîte de conserve culturelles.
de premier prix achetée dans un magasin de gros ;

Fiche 2 Pastiche et parodie


➜ Livre de l’élève, p. 457

QUESTIONS – g ajouté à la voyelle nasalisée un : ung (l. 10, 15).


T. Corbière, Les Amours jaunes, Orthographe propre aux textes antérieurs
« Sonnet (avec la manière de s’en servir) » au XVIIe siècle, avant que les règles orthographiques
1. Sur l’écriture poétique, la versification : Vers, pied soient fixées par les successeurs du grammairien
(v. 1), césure (v. 3). Claude Favre de Vaugelas (1585-1650).
2. Comparé : Ça (= vers), comparant : soldats de plomb, 2. Allusions à Paul-Louis Courier (note 8), à Béroalde
outil de comparaison : comme Corbière ironise sur de Verville (note 9), à René Descartes (note 10)
la monotonie qui menace des vers trop cadencés, man- chronologie fantaisiste puisque Verville (XVIe siècle)
quant d’originalité. Ton humoristique de comptines et Descartes (XVIIe siècle) ont vécu bien avant Courier
pour enfants : fantaisie, légèreté, rapprochements (XIXe siècle), et surtout après Rabelais, à qui Balzac
insolites. emprunte le style.
3. a. Ton imité de la verve rabelaisienne, drolatique (titre
du recueil), comique :
Exercices d’application ➜ p. 458 – allusions grivoises : cocquz, cocquardz et raillards
(l. 9-10) ;
METTRE AU POINT – champ lexical de la nourriture : digestion (l. 1), goust,
espicez (l. 2), beuveurs (l. 3), amples lippées (l. 8), vin,
friandise (l. 17), pastissiers, rostisseurs (l. 18) ;
1 Imitation et fantaisie
– métaphore du livre-nourriture, comme chez Rabelais :
H. de Balzac, Contes drolatiques, prologue
Cecy est un livre de haulte digestion (l. 1).
1. Indices orthographiques : b. Le narrateur se moque de Descartes, originaire de
– y à la place de i : Cecy (l. 1), Rabelays (l. 5), aussy la même région, mais opposé à Rabelais, et présenté
(l. 9)… ; comme un homme trop austère pour les Tourangeaux
– u suivi de l dans haulte (l. 1), oultrecuydance (l. 6)… ; vocabulaire péjoratif : génie mélancholicque, qui ha
– accents circonflexes remplacés par s : goust, espicez plus célébré les songeries creuzes que le vin et la frian-
(l. 2), estre (l. 6) ; dise (l. 15-17), saige horreur, le mescognoissent, n’en
– s remplacé par z : espicez (l. 2), trez (l. 3), cocquz, veulent point entendre parler (l. 18-20).
cocquardz (l. 10), cogneuz (l. 14), creuzes (l. 16)… ;
4. Balzac rend hommage au style de Rabelais en l’imi-
– u remplacé par eu : beuveurs (l. 3), cogneuz (l. 14),
tant pastiche.
feut (l. 15)… ;

276
APPLIQUER 4. Même ponctuation, mais avec une valeur différente :
nombreuses phrases exclamatives souffrance et
2 Imitation et parodie ton solennel, pour Don Diègue  connotations héroï-
Texte A : P. Corneille, Le Cid, acte I, scène 4, comiques chez Chapelain qui emploie le langage de la
vers 237-260 tragédie pour un sujet sans noblesse.
Texte B : N. Boileau, Chapelain décoiffé, scène II 5. Boileau ridiculise Jean Chapelain, protégé par le roi
1. Deux personnages indignés et désespérés, victimes et par Richelieu ; la satire vise le monde des courtisans
d’une infamie (v. 1 et 2, textes A et B), mais registres où règnent influences et jalousies : Chapelain refuse
radicalement différents : une pension (v. 5) à La Serre qui se venge en arrachant
– Corneille : registres tragique et pathétique (vieillard sa perruque, mais il est prêt à tout accepter pour la
incapable de venger son honneur, grand seigneur récupérer :
réduit à un sentiment d’impuissance) ; La Serre, sois d’un roi maintenant régalé :
– Boileau : registre comique (courtisan à qui on a volé Ce haut rang n’admet pas un poète pelé (v. 11-12)
sa perruque poète pelé, v. 12 ; querelle d’écrivains chantage et hypocrisie dénoncés.
jaloux, v. 13). Boileau se moque aussi de l’écrivain Chapelain : auteur
Ex. 1 : ô vieillesse ennemie (texte A, v. 1)  ô perruque ma à l’esprit de glace (v. 16), Plume jadis vantée (v. 17) inca-
mie (texte B, v. 1) deux personnifications, mais l’une pable de le défendre pouvoir inversement propor-
grandit Don Diègue, en le rendant pathétique, alors que tionnel à son talent d’auteur.
l’autre ridiculise Chapelain, réduit à sa calvitie.
Ex. 2 : Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire, ÉCRIRE
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi (texte A, v. 5-7)
image héroïque, registre épique. 3 Exercices de style
R. Queneau, Exercices de style, « Récit » (texte A),
 Nouvelle pension fatale à ma calotte !
« Alexandrins » (texte B), « Antonymique » (texte C)
Précipice élevé qui te jette en la crotte ! (texte B, v. 5-6),
vieux poil (v. 9), crottée (v. 10) 1. Même histoire, mais l’un est en prose et l’autre en
image ridicule renforcée par le niveau de langue alexandrins.
familier (décalage burlesque). 2. L’auteur s’impose des contraintes stylistiques en écri-
2. Citations littérales du texte A : double exclama- vant 99 versions du même court récit.
tion initiale Ô rage ! ô désespoir ! + vers 4, 17, 22, 23, 3. a. Hyperboles : foutriquet (v. 2), col démesuré (v. 6),
24 repris textuellement ; expressions répétées, comme haleine putride (v. 6).
Précipice élevé (v. 12). Oxymore : imbécile dandy (v. 15).
Vers légèrement modifiés : N’ai-je donc tant vécu que Métaphore : zèbre (v. 15).
pour cette infamie ? (texte A, v. 2)  N’as-tu donc tant Personnification : chaste demeure (v. 10).
vécu que pour cette infamie ? (texte B, v. 2) ; Ô cruel Périphrases euphémistiques : ce jeune homme à l’allure
souvenir de ma gloire passée ! (texte A, v. 9)  Cruel insipide (v. 5), triste quidam (v. 11).
ressouvenir de tes honneurs passés (texte B, v. 7) ; b. Ton du texte A assez neutre et objectif  texte B :
Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! (texte A, v. 10) narrateur méprisant qui amplifie les défauts des per-
 Services de vingt ans en un jour effacés ! (texte B, v. 8). sonnages, ou leur en ajoute hyperboles (col déme-
Vers transposés du lexique de la chevalerie à celui de suré, haleine putride, v. 6) et connotations péjoratives
la littérature : Fer, jadis tant à craindre et qui, dans cette (personnage moche, v. 14)
offense (texte A, v. 21)  Plume jadis vantée, et qui dans 4. midi / Minuit ; sur la plate-forme arrière / Sur le
cette offense (texte B, v. 17). capot ; complet / vides ; cou fort long / tête rentrée dans
3. Termes perruque (v. 1), perruquiers (v. 3), crotte (v. 6), les épaules ; portait un feutre / ne porte pas de chapeau ;
poil (v. 9), crottée (v. 10), pelé (v. 12), impensables dans interpella tout à coup son voisin / remercie une dame
une tragédie ou une tragi-comédie réalités ordi- placée très loin de lui ; marcher sur les pieds / caresse les
naires, jugées vulgaires, en contradiction avec la règle mains ; se jeter sur une place devenue libre / se mettre
de bienséance  valeurs et sentiments élevés de la debout sur les genoux d’un monsieur qui occupe tou-
tragédie. jours sa place ; plus tard / plus tôt ; devant / derrière ;
277
gare Saint-Lazare / gare de Lyon ; en grande conversa- 6. Écriture d’invention
tion / se bouchait les oreilles ; un ami (supposé élégant) À la mi-journée, près du jardin des Tuileries,
/ un clochard ; conseillait / refusait à dire ; remonter / sur l’espace ouvert d’un omnibus presque rempli
descendre ; supérieur / inférieur ; pardessus / caleçon. conduisant ses voyageurs au Panthéon, je distin-
N.B. : l’auteur a même inversé les lignes de bus S / AI guai un gars à la tête haut perchée et surmontée
d’un borsalino cerclé de cordons nattés en guise
et choisi deux lieux parisiens diamétralement opposés :
de passement. Ce type apostropha soudain un
parc Monceau (nord-ouest) / Bastille (est).
homme situé à côté de lui sous prétexte que celui-
5. Dimension parodique présente dans certaines ver- ci s’évertuait à lui labourer les arpions dès qu’un
sions du récit, même si l’exercice de style, à la base, passager se déplaçait dans le véhicule. Du reste,
est un pastiche. il se tut aussitôt qu’un siège devint vacant et s’y
Ex. 1 : le texte B malmène l’alexandrin (mot espèce vautra.
coupé pour la rime, v. 2-3) décalage entre le choix Vers quatorze heures, je le rencontrai à nou-
d’un vers représentatif de la poésie classique et la situa- veau près de la place de l’Europe, plongé dans une
tion quotidienne évoquée avec du vocabulaire familier discussion avec un camarade. Ce dernier l’invitait
à faire modifier l’ouverture du col de son manteau
(foutriquet, râlait, moche…).
par un couturier expérimenté.
Ex. 2 : le texte C est loufoque (Puis il va se mettre debout
sur les genoux d’un monsieur qui occupe toujours sa Prolongement : en prenant pour exemple
place, l. 6-7). « Le cageot », de F. Ponge ➜ p. 71, choisir un objet
banal et rédiger un pastiche du style de ce poète.

278
CHAPITRE
8 L’analyse de l’image
➜ Livre de l’élève, p. 460

Fichee 1 L’image fixe


➜ Livre de l’élève, p. 461

QUESTIONS L’Express : blanc (lettres // socquettes) + couleur rouge


F. Léger, La Couseuse (bandeau // habit).
1. Personnage assis : portrait en buste => mise en valeur 4. Visée argumentative : persuader le lecteur d’acheter
du visage et des mains en train de coudre, conformé- l’hebdomadaire à travers une référence connue mais
ment au titre du tableau. décalée (humour).
2. Personnage austère (chignon, robe sombre) dans 5. Texte du slogan = légende permettant de comprendre
une activité quotidienne et intime, en décalage avec la l’image en lisant L’Express, on est plus fort : le lec-
modernité de la représentation géométrique person- teur (= enfant) prévenu des dangers (= femme-loup) est
nage familier transformé en robot. capable de les affronter arme (batte de base-ball)
= métaphore de la détention de l’information.
6. Publicité efficace :
Exercices d’application ➜ p. 464 – référents communs : conte connu de tous + image de
la femme fatale ;
METTRE AU POINT – réécriture comique d’un conte célèbre transposé dans
l’Amérique des années cinquante (habits de la femme,
1 Une image publicitaire batte de base-ball).
Publicité pour L’Express
1. Référence au conte du Petit Chaperon rouge de APPLIQUER
Charles Perrault : enfant dans un manteau à capuche
rouge, avec un panier garni, confronté à un personnage 2 La photographie
à tête de loup. R. Frank, Trolley à La Nouvelle-Orléans,
de la série Les Américains
2. Lignes verticales des chambranles de la porte : per-
sonnage du loup encadré. 1. À l’avant du trolley, un homme blanc, puis une femme
Diagonale (angle bas gauche / angle haut droit) qui et des enfants blancs, à l’arrière un homme noir, puis
sépare l’image en deux moitiés, en soulignant l’oppo- une femme noire hiérarchie raciale.
sition des deux personnages, croisée avec l’autre dia- 2. a. Angle de vue = contre-plongée sur le côté du trolley
gonale (ligne de regard entre les deux personnages). => visualisation d’une bonne partie des passagers et de
Personnages à distance, au second plan, avec un pre- leur répartition dans le véhicule + effet d’enfermement
mier plan occupé par le slogan, mais le chaperon rouge avec la structure métallique du trolley et les montants
occupe une place plus centrale, dans le prolongement des fenêtres.
du chambranle droit de la porte. b. Portrait de groupe : six hommes, femmes et enfants
3. a. Rouge = force, couleur chaude en contraste avec de la société américaine s’inscrivant dans les cadres for-
le reste de la gamme chromatique, moins vive (marron, més par les montants blancs des fenêtres avec l’échelle
ocre des feuilles d’automne, motifs fleuris de la robe en propre au portrait (plan buste).
contraste avec la tête grise du loup). 3. Personnages regardant à l’extérieur du bus, en direc-
b. Lien visuel entre l’enfant et le bandeau du titre tion du photographe effet d’intensité, événement de
279
la prise de vue dans l’Amérique des années 1950. 4. Effet de profondeur avec les lignes qui convergent
4. Photographie non mise en scène, cliché pris sur le vers le fond du tableau : lignes de fuite du mur végé-
vif, mais approche artistique du réel (codes classiques tal encadré par les vieillards + jambes et genoux de
du portrait pictural). Suzanne dont la jonction projette notre œil dans le
Projet artistique et symbolique : portrait de la société lointain perspective vers la pergola, au fond.
américaine des années cinquante (cf. titre de la série = Fuite possible alors que les deux vieillards encerclent
Les Américains) + qualité du tirage à la gélatine d’ar- la jeune femme et lui bloquent l’accès.
gent = photographie d’art. Suspense, dramatisation.
5. Recherche 5. Recherche
a. Ségrégation raciale dans les États du Sud depuis a. Motif iconographique biblique : Suzanne = jeune
1896. femme qui prend son bain, convoitée par deux vieillards
Égaux, mais différents séparation des Blancs et des qui tentent d’abuser d’elle ; se sauve, mais accusée
Noirs en deux communautés distinctes : pas de mariage d’adultère condamnée à mort, mais le prophète
mixte, écoles séparées, lieux de vie pour les Noirs, Daniel prouve son innocence.
d’autres pour les Blancs, compartiments pour les Blancs Allégorie de l’innocence accusée à tort + condam-
et d’autres pour les Noirs dans les transports, etc. nation de la concupiscence.
Après la Seconde Guerre mondiale, contestation : b. Début de l’histoire : les vieillards espionnent la
– 17 mai 1954 : condamnation de la ségrégation à femme = mise en scène du désir de vieillards libidineux.
l’école ; c. Parties les plus intimes cachées ; bras cachant les
– novembre et décembre 1955 : affaire Rosa Parks, une seins.
Noire qui refuse de céder sa place à un Blanc dans un d. Autres représentations :
bus de Montgomery (Alabama) boycott des bus qui – A. Altdorfer, Suzanne au bain (1526), Alte Pinakothek,
oblige la Cour suprême à interdire la ségrégation dans Munich : vaste composition qui montre les différentes
les bus ; étapes du récit : Suzanne à sa toilette avec ses servantes
– septembre 1957 : armée sollicitée pour protéger neuf (habillée), en arrière-plan un palais et ses cours où
lycéens noirs faisant leur entrée dans un établissement l’on peut voir dans un détail la lapidation des vieillards
scolaire non mixte jusqu’alors, à Little Rock. punis ;
b. Représentation symbolique de la société américaine : – P. P. Rubens, La Chaste Suzanne (1608), Alte
cloisonnée et hiérarchisée, sans mélange, avec le bus Pinakothek, Munich : Suzanne au corps voluptueux,
comme terrain de combat symbolique du Mouvement mais ayant aperçu les vieillards qui l’épient, elle
des droits civiques. cherche à dissimuler sa nudité ;
– T. Chassériau, Suzanne au bain (vers 1840), musée du
Louvre : Suzanne s’expose pendant son bain (portrait
3 La peinture d’histoire
Le Tintoret, Suzanne et les deux vieillards en pied), et les vieillards ne sont pas représentés.
1. Trois personnages : deux vieillards, l’un au premier
plan à gauche, l’autre à l’arrière-plan au centre de la 4 Un dessin humoristique
composition, et une jeune femme nue ils espionnent Dessin de Plantu paru dans L’Express du 11 mars 1999
la femme dénudée qui prend son bain. 1. Vue d’ensemble en plongée permet de voir tous
2. a. La femme qui occupe la moitié droite du tableau les protagonistes, de façon distante, critique.
est mise en valeur par la blancheur de son corps bai- 2. a. À l’arrière-plan, seule au fond = fonction subal-
gné d’une source de lumière émanant du miroir, en terne, faisant partie du décor.
contraste avec la végétation sombre. Seules notes de couleurs du dessin = cheveux de la
b. Drap de bain, miroir, bijoux, peigne, récipient femme + dossier et assise des fauteuils femme-objet.
contenant huile ou parfum = accessoires d’une femme b. Situation en contradiction avec le discours qui
coquette qui fait sa toilette, évoquant la vanité ➜ p. 142. célèbre le rôle déterminant de la femme.
3. Blancheur de la femme + serviette blanche (pureté Paradoxe créé par la citation pompeuse et l’impératif
virginale, innocence)  vêtements rouges des vieillards Notez, Brigitte ! qui asservit la femme
(désir, concupiscence). 3. a. Costumes trois pièces noirs, lunettes, bedaine, tous
assis, bras posés sur la table ou croisés, l’air satisfait.
280
b. Décor traditionnel : plancher + portraits d’hommes Messages en noir et rouge qui ressortent très bien
en costumes du XIXe siècle (chapeau haut de forme) sur le fond jaune-vert et rappellent les composantes
+ horloge conservatisme, temps figé  discours pro- de l’image : rouge = chemisier de la danseuse ; noir
gressiste, jeunesse de la femme. = ombres du public en arrière-plan + signature de
4. Visée satirique : se moquer d’une société conser- Toulouse-Lautrec en bas à gauche.
vatrice et hypocrite, dominée par les hommes, qui ne b. Visée commerciale et argumentative : inciter les
parvient pas à donner une véritable place à la femme gens à aller au Moulin Rouge en mettant l’accent sur
malgré des déclarations de principe. l’ambiance du lieu et l’attraction principale, la Goulue.
5. Recherche 6. Recherche
Poème d’Aragon : « L’avenir de l’homme, c’est la femme », Moulin Rouge = cabaret parisien créé en 1889 au pied
in Le Fou d’Elsa (1963), reprise par le chanteur Jean de Montmartre, très populaire pour ses spectacles et
Ferrat qui rend hommage à Aragon en intitulant un de ses bals, fréquenté par les artistes.
ses albums La femme est l’avenir de l’homme (1975). La Goulue = pseudonyme d’une danseuse de french
cancan très célèbre, souvent portraiturée par
Toulouse-Lautrec.
5 Une affiche
H. de Toulouse-Lautrec, Moulin Rouge : La Goulue
ÉCRIRE
1. a. Trois plans :
– 1er plan : silhouette grise de profil coupée à la taille ;
– 2e plan : danseuse ; 6 Photographie et peinture
H. Kühn, Mary Warner et Edeltrude sur la crête
– 3e plan : assistance, en ombres chinoises, sur fond
de la colline
jaune-vert.
b. Mise en valeur de la danseuse car la silhouette grise 1. Place peu importante, à peine un tiers de l’espace ;
du premier plan est décalée sur la droite, laissant le un des personnages est même dissimulé partiellement
champ ouvert sur la danseuse, représentée en pied. par la colline.

2. Silhouettes des ombres chinoises, traits partiels pour 2. Ciel et nuages = majeure partie de la composition
=> sujet de cette image.
le corps et l’habit de la danseuse (jupons et robe se
confondent), silhouette de l’homme au haut-de-forme 3. Contre-plongée comme si le photographe était en
= esquisses. train de gravir la colline sur laquelle se trouvent les
Traits précis pour le visage de profil et les mains du per- deux personnages représentés accentue la part du
sonnage au 1er plan (Valentin le désossé) + visage très ciel dans la composition.
précis pour la danseuse en qui on reconnaît la Goulue. 4. Cliché peu net peut-être dû à un tremblé de l’appa-
3. Contraste fort entre le noir (public), les lampes reil, mise au point volontairement floue suggérant le
jaunes, le fond vert (murs et parquet), et la chevelure mouvement des nuages + personnage saisi en mou-
de la Goulue. vement, légèrement penché, comme pour avancer ou
Contraste entre le blanc et les couleurs primaires de monter avec effort.
la danseuse (rouge, jaune) et les autres personnages, 5. Recherche
gris ou noirs. a. Peinture impressionniste : souvent en extérieur, pri-
=> Valorisation de l’attraction. mat de la couleur sur le dessin, travail sur les effets
4. Lignes du parquet = lignes de fuite effet de pro- de lumière et les phénomènes mouvants (eau, brume,
fondeur, impression de mouvement qui fait danser la nuages) l’impression l’emporte sur la restitution
Goulue sous nos yeux. rationnelle du réel, d’où l’importance du flou et des
couleurs.
5. a. Matraquage publicitaire : nombreuses répétitions,
Véritable sujet de l’image : ciel nuageux, flou, person-
par exemple Moulin Rouge écrit quatre fois, dont trois
nages peu distincts = équivalents photographiques des
fois en rafale, en haut à gauche.
thèmes et de la touche impressionnistes.
Typographie hétéroclite : polices différentes, corps dif-
b. Claude Monet, La Promenade, la femme à l’ombrelle
férents, message en arabesque, conformément au goût (1875), Essai de figure en plein air (vers la gauche)(1886).
de l’époque pour le Modern Style (Moulin Rouge tout
en courbes, à l’image de la danse).
281
6. Rédaction argumentée – Composition et angle de vue identiques : contre-
Introduction : plongée, prédominance du ciel, omniprésence de
Claude Monet, principal représentant du mou- l’herbe.
vement impressionniste, a souvent peint le motif de – Utilisation commune du flou pour rendre le mou-
la femme à l’ombrelle dans la nature, par exemple vement : touche grasse et lavis chez Monet, tremblé
dans La promenade, la femme à l’ombrelle, toile de chez H. Kühn.
1875 qui représente sa femme et son fils lors d’une Conclusion :
promenade. Heinrich Kühn, photographe pictoria- Hommage d’un photographe pictorialiste à un
liste autrichien du début du XXe siècle, entend riva- peintre impressionniste frontière qui s’estompe
liser avec la peinture. Très inspiré par le travail des entre photographie et peinture. Photographie éri-
impressionnistes, il photographie ici la gouvernante gée au rang d’œuvre d’art par son imitation de la
de ses enfants, accompagnée de sa fille Edeltrude, peinture.
lors d’une promenade sur une colline…
Plan du développement : Prolongement : comparer la photographie de
– Sujet similaire : deux personnages sur une colline, l’exercice 2 et le texte de S. de Beauvoir extrait de
le ciel occupant la majeure partie du tableau. L’Amérique au jour le jour (1947) sur le thème de la
ségrégation aux États-Unis ➜ p. 316.

Fiche 2 L’image mobile


➜ Livre de l’élève, p. 467

QUESTIONS 3. a. Expression sombre, corps de trois quarts, partagé


Photogramme de Playtime, film de J. Tati (1967) entre ce qu’il regarde et l’espace inconnu et inquiétant
1. Plongée. Identification avec le personnage : angle de derrière lui.
vue du spectateur = angle de vue du personnage vue b. Regard tourné vers quelqu’un ou quelque chose
surplombante sur la salle. = présence d’un hors-champ menaçant, étant donné
la mine du personnage. Est-il angoissé à l’idée d’aller
2. Playtime = mot anglais signifiant « temps du jeu, de
au fond de cet espace ?
l’amusement » + personnage insolite avec son imper-
méable, son chapeau, son parapluie et son pantalon 4. Le personnage reçoit l’ordre de courir ; après un
trop court, donc tenue décalée dans ce bureau ultra- temps de réflexion (photogramme du manuel), il est vu
moderne (1967) décalage comique. en plan moyen, se mettant à courir, avançant vers ce
fond qui semble l’avaler en plan d’ensemble.
5. Recherche
Exercices d’application ➜ p. 470 Scénario : histoire d’un réseau de résistants traqué
par la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale :
METTRE AU POINT hommes et femmes confrontés à des dilemmes tra-
giques (traîtrise, amour). Mathilde, un des membres
du réseau, est arrêtée. Sa fille sera envoyée dans une
1 La notion de champ maison close polonaise si elle ne livre pas le nom de
Photogramme de L’Armée des ombres,
film de J.-P. Melville (1969) ses amis résistants.
Sur le photogramme : Gerbier, un résistant arrêté par
1. Personnage décalé sur le côté pour permettre de
la Gestapo. Il se trouve dans le long couloir d’un champ
découvrir la profondeur de champ : un arrière-plan
de tir, il regarde la mitrailleuse et le SS qui lui ordonne
significatif qui va jouer un rôle dans l’action.
de courir. Dans le film, il prend la décision de courir
2. Effet inquiétant = inconnu + longueur quasi infinie une première fois, et il est sauvé par Mathilde et les
de la pièce. membres du réseau qui lui tendent une corde d’en
haut. À la fin du film, l’écran indique qu’à sa seconde
282
arrestation, il n’a pas couru personnage confronté 2. a. Fondu enchaîné = équivalence entre les moutons
à une décision dont dépend sa vie, éclairage sombre et les hommes qui se superposent le temps de la tran-
= dimension tragique. sition entre les deux plans, puis mise en place d’un lien
entre les hommes et l’usine. Sortis du métro (Subway,
2 Les mouvements de caméra plan 3), ils vont entrer à l’usine (plan 5).
Photogramme de La Mort aux trousses, b. Hommes travaillant dans cette usine = ouvriers.
film d’A. Hitchcock (1959) 3. Moutons passifs et grégaires : métaphore des ouvriers
1. a. Plan d’ensemble qui s’est transformé en plan soumis et nombreux visée polémique : le réalisateur
moyen par le rapprochement du personnage. dénonce la manière dont on traite les ouvriers, aliénés,
b. 1er plan : personnage en train de courir. assimilés à du bétail.
2e plan : paysage avec un avion quasiment au ras du 4. Plan d’ensemble sur une immense usine (che-
sol qui poursuit l’homme. minées fumantes et poteaux électriques) = symbole
2. a. Contre-plongée voir la course et le visage du de la modernité et de la production de masse qui se
personnage poursuivi, s’identifier à lui tout en gardant développe dans les années 1930 + voiture devant,
un œil sur l’avion derrière : suspense. symbole de modernité mais aussi allusion aux usines
b. En plongée, au-dessus de l’avion avoir une vue Ford, symbole de la taylorisation (travail à la chaîne,
d’ensemble de l’action, mais on s’éloigne du protago- mécanisation).
niste et on ne voit plus son visage : pas d’identification. 5. Recherche
En caméra subjective, soit du point de vue de l’aviateur, Synopsis : un ouvrier, joué par Charlie Chaplin, devient
soit du point de vue du coureur, mais dans les deux cas quasiment fou à force de répéter les mêmes gestes sur
on renonce à voir l’assaillant ou le poursuivi. sa chaîne de montage. La misère et le chômage évo-
3. a. Travelling : caméra probablement installée sur un qués dans le film obligent les ouvriers à se soumettre à
rail qui conserve la même distance avec l’acteur pour ces conditions de travail les premiers plans du film
conserver le même cadrage être au plus près du annoncent le regard critique de Chaplin sur une société
personnage dans son effort physique. qui aliène les hommes.
b. Pas de mouvement du tout : c’est le personnage qui
s’approche de la caméra fixe, et un autre plan montrera 4 Les échelles de plans
la scène sous un autre angle coureur et avion sont et les points de vue
cadrés au loin et se rapprochent de plus en plus de Photogrammes de La Prisonnière du désert,
l’objectif. film de J. Ford (1956)
4. Avion derrière le personnage : instrument, allégorie 1. Plan 1 : plan rapproché (plan américain = personnage
de la Mort + personnage poursuivi, aux trousses. cadré en dessous de la taille).
Plan 2 : plan encore plus rapproché.
APPLIQUER Plan 3 : plan d’ensemble.
=> Variation des échelles.
3 L’enchaînement des plans 2. Contraste entre la femme et le paysage qui apparaît
Photogrammes des Temps modernes, dans toute son immensité.
film de C. Chaplin (1936) Contraste entre enfermement et ouverture.
1. Plans 1 à 4 : plongée sur des moutons (1 et 2) et sur 3. Plan 1 : point de vue distant par rapport au person-
des hommes sortant du métro (3 et 4) effet d’infério- nage, en retrait, derrière elle, mais qui invite à partager
rité du fait de cet angle surplombant + parallèle entre sa vision.
les moutons et les hommes présentés de la même Plan 2 : angle de vue frontal, découvrant le visage de
manière. la femme en train d’observer quelque chose identi-
Plan 5 : angle frontal sur une avenue fréquentée et fication possible.
un grand bâtiment industriel avec cheminées, qui sug- Plan 3 : caméra subjective, on voit ce que voit la femme,
gère l’idée de la supériorité de cette construction sur les c’est-à-dire un cavalier dont la silhouette se dessine
hommes et les moutons vus dans les plans précédents. entre les arbres chétifs.
Les plans nous rapprochent de plus en plus de la
femme dans une identification progressive.
283
4. Plan d’ensemble sur un paysage désertique : arri- ¯ Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin (2004) ;
vée d’un cavalier solitaire, au milieu du plan. Une bar- ¯ Nikolaus Geyrhalter, Notre pain quotidien (2005).
rière, au premier plan, sert de frontière fragile entre la
civilisation (construction humaine, tapis), et la nature ÉCRIRE
immense et hostile. Barrière = objet qui rappelle que
l’on suit le regard de la femme de son intérieur vers ce
6 L’adaptation cinématographique
qui s’en éloigne le plus.
Photogramme de La Belle Personne,
5. Plan 1 : plan d’ensemble sur la maison, angle de vue film de C. Honoré (2008)
frontal adoptant le point de vue subjectif du cavalier. 1. Plan rapproché qui permet de saisir les émotions
La femme s’avance vers la barrière pour contempler du personnage et de s’identifier plus facilement à lui.
l’homme, et une musique mélancolique accompagne
2. a. Surimpression d’une lettre que le personnage est
la scène.
probablement en train de lire, le visage penché.
Plan 2 : plan moyen frontal. Le cavalier se rapproche de
b. Intrigue psychologique et amoureuse champ lexi-
la barrière, il s’arrête, descend de cheval. La musique
cal de la lettre : je suis amoureux + éloge du corps de
cesse quand le personnage s’arrête.
la femme aimée (blason).
Plan 3 : plan moyen frontal cadrant les deux person-
nages réunis, la femme se précipite dans les bras de 3. Lecture de la lettre par la voix off de la jeune femme :
l’homme. Début d’un dialogue de scène de retrouvailles. ses lèvres ne bougent pas ; il s’agit de la transcription
d’une lecture silencieuse + musique un peu triste, étant
6. Recherche
donné le visage triste du personnage.
Genre du western :
4. Recherche
¯ Le Massacre de Fort Apache (1948) ;
a. Épisode de la lettre (fin de la 2e partie) : la princesse
¯ La Charge héroïque (1949) ; de Clèves découvre une lettre d’amour écrite par une
¯ Rio Grande (1950) ; femme dans la poche de celui qu’elle aime, le duc de
¯ L’homme qui tua Liberty Valance (1962). Nemours. La lecture de cette lettre la plonge dans les
affres de la jalousie.
5 Le documentaire Dans le photogramme, la lettre est signée d’un homme,
Photogramme de We feed the world – Le Marché
de la faim, documentaire d’E. Wagenhofer (2007)
à l’inverse du roman travailler sur l’adaptation ori-
ginale de C. Honoré qui a modifié des éléments de
1. Poussins qui ont l’apparence de balles jaunes ou de l’intrigue.
grosses pommes de terre. b. Décor : bâtiment en briques avec de grandes fenêtres
2. Caméra située à l’entrée de la couveuse géante : plan évoquant l’architecture des bâtiments scolaires de la
d’ensemble en plongée qui accentue la profondeur de IIIe République.
champ. Habits : pull, manteau avec une capuche bordée de
3. Effet de flou provoqué par la lumière provenant des fourrure.
fenêtres et de néons accrochés au plafond => confusion Changement d’époque, transposition du XVIe siècle
visuelle, sans possibilité de distinguer les poussins les (roman écrit au XVIIe siècle, mais dont l’action se déroule
uns des autres. au XVIe siècle) au XXIe siècle atemporalité et universa-
4. Atmosphère étrange et inquiétante => profondeur de lité d’un grand classique de la littérature.
champ, nombre infini de poussins, piliers symétriques, 5. Écriture d’invention
structure métallique en croisillons = monde froid, Contraintes :
rationnel où le vivant perd toute identité. – difficulté de transposer au cinéma un monologue
We feed the world : film qui dénonce la production ali- intérieur : le scénario et la note d’intention doivent
mentaire de masse, l’agriculture intensive et par consé- résoudre ce problème en faisant par exemple appa-
quent les effets de la mondialisation. raître un personnage qui pourrait servir de confidente
5. Recherche ou une voix off ;
Documentaires dénonçant les méfaits de la mondialisa-
tion sur l’environnement et l’alimentation :

284
– choisir entre un film d’époque en costumes comme – sélectionner une musique adaptée qui souligne l'in-
dans le film de J. Delannoy (1961), ou une adaptation tensité dramatique et met en évidence les tourments
moderne comme dans le film de C. Honoré (à justifier) ; intérieurs.
– décrire le lieu et les déplacements du personnage
Prolongement : rechercher d’autres exemples
principal dans le décor, avec la manifestation visuelle
d’adaptations cinématographiques de grands romans
de son instabilité psychologique ;
et donner quelques exemples des choix impliqués par
– privilégier les gros plans pour signaler que l’on entre
la transposition d’un roman au cinéma.
au cœur de l’intimité d’une femme ;

285
PARTIE III
Méthodes
CHAPITRE
1 S’organiser dans l’année
➜ Livre de l’élève, p. 476

Fiche
méthodee 1 Faire des recherches et lire efficacement
➜ Livre de l’élève, p. 478

Objectif : Consulter méthodiquement des documents N.B. : Charles Baudelaire est le 1er écrivain à avoir
complémentaires. revendiqué l’appellation moderne, en l’appliquant à la
poésie ayant pour thème le mouvement de la grande
ville (Paris).
Exercices d’entraînement ➜ p. 479 2. Dans la séquence 2, il faut exclure :
– J. Du Bellay (1550) ;
1 Sélectionner des lectures d’extraits – L. Labé (1555).
Support : Séquence 2, La poésie amoureuse ➜ p. 49 3. Dans les exercices d’approfondissement ➜ p. 63-64,
1. a. Adjectif qualificatif moderne. Différents sens il faut retenir :
(sources croisées : Le Nouveau Petit Robert pour les – L. Sédar Senghor (1973) ;
significations, Larousse Lexis pour les dates) : – A. de Musset (1850).
– depuis le XIVe siècle : opposé à antique, du point de 4. a. et b. Nombreuses possibilités offertes au CDI.
vue historique. Ex. : la querelle des Anciens et des Histoires littéraires conseillées :
Modernes ; – Henri Mitterand, Littérature − Textes et documents
– depuis le milieu du XVe siècle : actuel, contempo- (Nathan) ;
rain (dans le présent de celui qui utilise cet adjectif). – Hélène Sabbah, Georges Décote, Itinéraires littéraires
Ex. : une attitude moderne ; (Hatier).
– depuis le milieu du XVIIIe siècle : qui correspond au
5. La notion de modernité passe forcément par le rappel
goût et à la sensibilité les plus en vogue (art, littéra-
de figures essentielles de la poésie française, entre 1850
ture…). Ex. : l’art moderne. Attention, on distingue
et 1914. Quatre poèmes pourront constituer un corpus
aujourd’hui l’art moderne (de la fin du XIXe siècle aux
de référence :
années 1960), à l’art contemporain (depuis le Pop Art,
– C. Baudelaire, « À une passante », (Les Fleurs du mal,
Andy Warhol) ;
1857) ;
– depuis le milieu du XVIIIe siècle : récent du point de
– A. Rimbaud, « Ma bohème » (Poésies, 1870-1871) ;
vue technique et scientifique. Ex. : une automobile
– J. Laforgue, « Complainte d’un autre dimanche »
moderne ;
(Complaintes, 1884) ;
– au XXe siècle : se dit d’une personne en phase avec son
– G. Apollinaire, « La chanson du mal-aimé » (Alcools,
époque. Ex. : une grand-mère moderne ;
1913).
– au XXe siècle : caractérise l’histoire depuis la fin du
Mis à part G. Apollinaire rattaché à l’Esprit Nouveau, les
Moyen Âge, l’histoire contemporaine commençant à
autres poètes ne sont pas liés à un mouvement défini,
la Révolution française. Ex. : les régimes politiques
en particulier Baudelaire (dernier des romantiques,
modernes.
mais premier des symbolistes ; défenseur des peintres
b. Le mot s’emploie depuis la fin du Moyen Âge. Dans
réalistes…).
la recherche à effectuer, le sens à retenir est le 3e, avec
une conception de la littérature qui remonte au maxi-
mum à 1750.

289
2 Choisir une œuvre contemporaine – manuels de français récents, aux pages liées à l’objet
Support : Séquence 12, d’étude « Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos
L’absurdité de la condition humaine ➜ p. 255 jours », en privilégiant les XIXe et XXe siècles, époques
1. Notions tragiques induites par le questionnaire représentées par le corpus des cinq auteurs indiqués.
➜ p. 257 : 2. Époque romantique : M. Shelley.
– face à face de deux personnages (question 5) ; Deuxième moitié du XIXe siècle : J. Verne.
– malentendu et réflexion philosophique sur l’existence Époque moderne : R. Barjavel.
humaine (question 6) ; 3. et 4. Étant donné le thème des articles scientifiques
– vision de la condition humaine représentée par indiqués en compléments (réflexions ou polémiques
Martha (question 7. b) ; sur les progrès scientifiques), on pourrait choisir ces
– rappels de la tragédie antique (question 9). trois extraits :
2. Informations de la synthèse ➜ p. 269 : – M. Shelley, Frankenstein (1817) : ne pas se contenter
– théâtre existentialiste : absurdité oppressante du de l’extrait du manuel ➜ p. 169, plutôt choisir le pas-
monde (A. Camus + J.- P. Sartre) ; sage où le Dr Frankenstein, dans le chapitre 4, expose
– choix de l’homme condamné à être libre + résumé de sa passion morbide consistant à fréquenter les cime-
l’intrigue de la pièce Le Malentendu (1944). tières et les charniers, ce qui lui donnera l’idée de créer
3. a. et b. Mots clés : d’abord absurde croisé avec théâtre un homme à partir de restes humains ;
car l’adjectif tragique noierait la recherche dans une – J. Verne, Voyage au centre de la terre (1864) : le cha-
multitude de références. pitre XXX fait se rencontrer l’inspiration du conte et
l’investigation scientifique en imaginant une forêt de
4. Sélection de la pièce en fonction des documents
champignons géants au bord d’une mer intérieure, au
effectivement présents au CDI, mais aussi suivant
fin fond des entrailles de la terre ;
ses centres d’intérêt. Par exemple : Wajdi Mouawad,
– R. Barjavel, Ravage (1943) : début de la 2e partie « La
Incendies (2003) tragédie familiale qui fait se croiser
chute des villes », avec la vision d’un Paris embou-
enquête politique et secrets de famille liés aux origines.
teillé où l’on circule dans des puces : nouveaux taxis
5. Autre pièce qui, sans être une tragédie, reste un électriques, hémisphériques, à trois roues, à carrosserie
drame familial de retour du fils prodigue, sur fond transparente.
de maladie, de mort imminente et de règlements de
5. Articles scientifiques disponibles dans les pério-
compte familiaux : Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du
diques du CDI.
monde (1990).
Entrée de mots clés sur la base, en fonction des extraits
sélectionnés : Mary Shelley peut évoquer les problèmes
3 Savoir choisir ses lectures de bioéthique, Jules Verne les débats sur la tectonique
Support : Séquence 6,
des plaques, et Barjavel une réflexion sur le dévelop-
Le savoir, la science et l’homme ➜ p. 128
Liste d’auteurs : M. Shelley, H. de Balzac, J. Verne, pement durable.
H. G. Wells, R. Barjavel 6. Source exacte d’un article : titre du périodique,
1. Deux genres d’ouvrages consultables au CDI : numéro, date exacte, nom de l’auteur et titre de l’ar-
– histoires littéraires, en axant la recherche sur le ticle, indication des pages.
roman aux XIXe et XXe siècles, dans des rubriques consa- Prolongement : lire intégralement l’un des trois
crées au réalisme et à l’engagement ; romans cités dans la recherche sur la science, et
en faire le bilan suivant les indications de l’étape 3
➜ p. 478.

290
Fiche
méthodee 2 Se cultiver en histoire des arts
➜ Livre de l’élève, p. 480

Objectif : Découvrir des formes d’expression artistique lement une image d’incommunicabilité) ;
en complément des textes. – composition géométrique avec la ligne de force de
l’arête du mur au porte-manteau : la veste suspendue
isole encore plus l’espace intérieur du restaurant de la
Exercices d’entraînement ➜ p. 481 rue vue à travers la fenêtre. Succession des tables blanc
et bleu, comme en suspension, rappelant L’Absinthe du
1 Enrichir une séquence peintre Edgar Degas (1876).
Support : Séquence 9, => Image paradoxale propre à l’univers d’E. Hopper :
Nouveaux narrateurs, nouveaux personnages ➜ p. 191 désarroi de l’individu dans le vaste monde urbain, aussi
1. Entre un extrait du Chiendent de R. Queneau trai- désolé qu’une dune avec son phare ou une maison au
tant du sentiment de solitude dans la grande ville alié- bord de la forêt (autres motifs de sa peinture).
nante, et un passage de L’Étranger d’A. Camus où le
narrateur-personnage Meursault ne comprend pas les 2 Élaborer sa propre séquence (série L)
enjeux de son procès, le tableau d’E. Hopper est l’image Support : Séquence 13,
de l’extrême isolement de l’individu dans le monde Découvrir et former l’homme ➜ p. 279
moderne : une femme seule, à sa fenêtre, devant un 1. a. Discours de Condorcet à l’Assemblée nationale
paysage urbain froid et vide. (1792) ➜ p. 290 = ouverture sur le XVIIIe siècle.
2. Nombreuses publications de l’œuvre d’E. Hopper ces b. Exercices 2 et 3 ➜ p. 296-297 = autres ouvertures,
dix dernières années (rétrospectives, expositions thé- avec la description de l’Eldorado dans Candide de
matiques aux États-Unis et en Europe). Parmi elles, le Voltaire (1759) et un extrait de l’article « Homme » de
catalogue chez Skira de l’exposition de Milan, Rome et C.-G. Le Roi dans l'Encyclopédie (1751-1772).
Lausanne entre octobre 2009 et octobre 2010, avec par 2. Quatre textes du XVIIIe siècle extraits de quatre
exemple les deux femmes attablées dans un restaurant, histoires littéraires distinctes :
et ne semblant pas converser, perdues dans leurs pen- – Voltaire, Discours sur l’homme (1738), VI, extrait :
sées, dans la toile Chop Suey (1929, huile sur toile, 81,3 « Contentons-nous des biens qui nous sont destinés »,
x 96,5 cm, Seattle Art Museum ; reproduction, p. 48). in Henri Mitterand, Littérature – Textes et documents,
3. Un film représentatif de la solitude de l’homme dans XVIIIe siècle, Nathan, p. 120 ;
le monde opaque de la modernité : Jean-Luc Godard, – César Dumarsais, Le Philosophe (1740), extrait, in
Vivre sa vie (1962), film sur l’itinéraire fatal d’une jeune Manuel de littérature française, Bréal / Gallimard, par-
Parisienne qui sombre peu à peu dans la prostitution. tie « XVIIIe siècle – Les chemins de la liberté », chapitre
Une bande dessinée : André Franquin, Idées noires « Figures », p. 302-303 ;
(1984, intégrale, Fluide Glacial), sur l’humour noir du – Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social, livre I, cha-
dessinateur au moment de sa dépression. pitre 6 (1762), extrait : « Du pacte social », in Lagarde et
4. Bilan personnel du tableau Chop Suey d’E. Hopper Michard, XVIIIe siècle, Bordas, p. 314-15 ;
(1929) : – Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville
– impression générale : ville moderne avec ses couleurs (1796 ; posthume), « Les adieux du vieillard », cha-
acidulées (enseigne Chop Suey, tenues à la dernière pitre II, extrait, in Michel Butor, Petite histoire de la
mode des deux femmes dans le restaurant), mais avec littérature française, Carnets Nord (livre et CD), p. 73-77.
de grands aplats de bleu et de gris, et des ombres ; 3. 4. et 5.
– analyse plan par plan : 1er plan avec femme de dos – Un tableau des Repères historiques du XVIIIe siècle
dont on ne voit pas les yeux, alors que devant elle, la ➜ p. 23 : François Boucher, Portrait de la marquise
bouche fermée et les yeux dans le vague, sa compagne de Pompadour (1756, huile sur toile, 201 x 157 cm, Alte
suggère l’absence d’échange ; au 2e plan, couple atta- Pinakothek, Munich).
blé (la tête penchée de l’homme à la cigarette est éga- – Une sculpture extraite d’un catalogue de musée :
291
Jean-Antoine Houdon, Louis XV à l’âge de six ans (1716, du XVIIIe siècle (bustes de Houdon, toiles de Chardin,
marbre, Frick Collection, New York). textes de Rousseau).
Liens avec les textes du corpus :
Prolongement : dans le cadre d’une activité TICE,
– F. Boucher : représentation idéalisée d’une femme
élaborer un diaporama sur le contenu de l’exercice 1
d’esprit du siècle des Lumières, l’incarnation idéale
ou de l’exercice 2 en sélectionnant de petits extraits de
d’une personne formée à l’école de l’Encyclopédie ;
textes significatifs qui accompagneront les documents
– J.-A. Houdon : buste d’enfant aux yeux rieurs et pleins
visuels à projeter.
de vie, le regard confiant en l’avenir. Attention nouvelle
portée à l’enfant, considéré comme un individu à partir

292
CHAPITRE
2 Analyser un corpus et rédiger
une réponse organisée
➜ Livre de l’élève, p. 484

Fiche
méthodee 1 Lire un corpus et comprendre
la question posée
➜ Livre de l’élève, p. 486

Objectif : Déterminer la cohérence d’un corpus et ana- tionnelle, ce qui nous interroge sur l’intérêt de la forme
lyser la question pour y répondre avec pertinence. versifiée en poésie.
c. Les formes de la poésie.

Exercices d’entraînement ➜ p. 490 2 Lire des questions d’analyse de corpus


1. Question a : le réalisme dans le portrait.
OBSERVER Question b : la forme poétique.
Question c : l’écriture romanesque et le personnage
1 Percevoir la logique d’un corpus de roman.
1. Liste 1 tirée de la séquence 4 : B. Pascal, Pensées, 2. Question a : Ces portraits sont-ils tous réalistes ?
fragment 230 (1670), p. 90 ; Fénelon, Traité de l’éduca- Question b : Quelles sont les formes et les
tion des filles (1687), p. 94 ; D. Diderot, Supplément au caractéristiques propres à chacun des poèmes ?
voyage de Bougainville, chapitre IV (1796), p. 99. Question c : Quels procédés romanesques permettent
Liste 2 tirée de la séquence 10 : Molière, Le Bourgeois de révéler les pensées des personnages ?
gentilhomme (1670), p. 216 ; Marivaux, Le Jeu de l’amour 3. Question a. Séquence 7 : G. de Maupassant, Bel-
et du hasard (1730), p. 220 ; Beaumarchais, Le Barbier Ami (1885), p. 154 + Séquence 8 : J. Giono, Le Moulin
de Séville (1775), p. 226. de Pologne (1952), p. 182 + J.-M. G. Le Clézio, Désert
2. Séquence 4 : Réflexions sur la nature humaine. (1980), p. 184.
Les auteurs s’interrogent sur l’homme depuis toujours,
sur sa nature, sa place dans l’univers. ANALYSER
Séquence 10 : La comédie, jeu d’amour et de pouvoir.
Dans la comédie, la relation entre les personnages est
3 Étudier le paratexte
le moteur du rire et de la réflexion du spectateur. Corpus :
3. Liste 1 : trois textes qui réfléchissent sur la place de Texte A : P. Choderlos de Laclos,
l’homme dans l’univers et dans la société. Les Liaisons dangereuses ➜ p. 177
Liste 2 : trois textes qui mettent en scène des couples Texte B : G. de Maupassant, Bel-Ami ➜ p. 154
Texte C : E. Carrère, L’Adversaire ➜ p. 202
antagonistes de personnages.
4. a. Séquence 1 : T. Corbière, Les Amours jaunes, 1. Genre romanesque. Thème de la manipulation.
« Sonnet (avec la manière de s’en servir) » (1873), p. 42 2. Expression clé : maître de son destin.
+ Séquence 2 : R. Desnos, Corps et biens, section « À la Reformulation : Le personnage de roman maîtrise-t-il
mystérieuse », 5 : « Non l’amour n’est pas mort » (1930), toutes les données de l’intrigue qui le concernent ?
p. 57 + Séquence 3 : G. Apollinaire, Calligrammes, « La 3. Texte A : la marquise, piquée au vif par le vicomte
cravate et la montre » (1918), p. 73. qui prétend lui apprendre comment se comporter avec
b. Trois textes dont la forme poétique n’est pas tradi- un homme manipulateur qu’elle convoite, lui explique
293
comment elle a appris à tromper son entourage. ÉCRIRE
Texte B : Il rencontre par hasard Charles Forestier, un
camarade de régiment devenu journaliste. Grâce à cet
5 Identifier et formuler
ami qui l’initiera aux codes de la vie parisienne, le héros
une problématique
quittera son médiocre emploi aux bureaux du chemin de
Corpus :
fer du Nord, et sera introduit dans le milieu de la presse. Texte A : M. de Montaigne,
Texte C : Son imposture étant sur le point d’être dévoilée, Essais ➜ p. 289
il tue toute sa famille avant d’essayer de se suicider. Texte B : Fénelon,
Traité de l’éducation des filles ➜ p. 94
4. Points communs : personnages manipulateurs et
Texte C : J.-J. Rousseau,
menteurs, dédoublement de personnalité (textes B Émile ou De l’éducation ➜ p. 112
et C), personnages maîtres de leur destin (textes A et
1. Genre : essai.
B). Personnage du texte C : à part, en proie à la folie,
mais qui lui fait cliniquement manipuler jusqu’à ses 2. a. Thème : éducation.
psychiatres. b. Intérêt : évolution entre les différentes époques, dif-
férentes formes et visions de l’éducation.
4 Mettre en relation les textes 3. Texte A : Très en avance sur son temps, Montaigne
et les questions prône le respect de l’enfant, un être à qui il faut accorder
Corpus : respect, confiance et liberté.
Texte A : Molière, Le Bourgeois gentilhomme ➜ p. 216 Texte B : Il combat dans son ouvrage les idées du
Texte B : C. Goldoni, Les Rustres ➜ p. 218 XVIIe siècle selon lesquelles les filles ne doivent pas être
Texte C : G. Feydeau, On purge bébé ➜ p. 222 éduquées et explique les raisons pour lesquelles leur
1. Question a : thème commun et traits de caractère éducation est nécessaire à ses yeux.
des figures paternelles. Plusieurs réponses attendues. Texte C : Après deux siècles de réflexion sur la meil-
Question b : comédie. Une seule réponse attendue. leure façon d’éduquer un futur prince, cette question
fait encore débat au XVIIIe siècle + Rousseau élargit la
2. Unité dans le genre de la comédie et dans le thème
question à l’ensemble des enfants.
de l’autorité.
Différences dans l’époque d’écriture et dans les couples 4. a. Problématique dominante : les positions des diffé-
de personnages qui s’affrontent. rents auteurs sur la question de l’éducation.
b. Les différents auteurs ont-ils la même vision de
3. Lien autour de l’autorité. Réponse en deux temps : la
l’éducation ?
question du mariage de la fille et l’autorité paternelle à
travers l’affrontement des personnages, en notant que Prolongement : compléter le corpus de chaque
le texte C ne propose pas explicitement de personnage exercice en recherchant un texte adapté dans le
de père. manuel.
4. Caractéristiques de la comédie : types comiques,
caractère des personnages, situations comiques, jeux
de mots…

294
Fiche
méthodee 2 Organiser son plan de réponse et rédiger
➜ Livre de l’élève, p. 491

Objectif : Répondre à une question d’analyse de corpus Texte B : grandes figures de l’histoire et de la mythologie
de manière organisée. gréco-romaines + pulsions incestueuses de Phèdre pour
son beau-fils + elle a mensongèrement accusé Hippolyte
d’avoir voulu abuser d’elle personnage de haut rang
Exercices d’entraînement ➜ p. 494 + inceste = crime tragique + lutte contre une situation
qui la dépasse.
1 Prévoir le plan à adopter Texte C : Lorenzo de Médicis + Il tue Alexandre, mais
doit fuir à Venise personnage de haut rang + meurtre
1. Question a : La visée argumentative a-t-elle autant
tragique qui lui vaut des représailles.
d’importance dans ces dialogues ?
Texte D : période encore marquée par les traumatismes
Question b : Quelle description correspond exactement
de la guerre + climat pesant de l’intrigue + des vaga-
au personnage ?
bonds qui errent + Godot, un personnage mystérieux
Question c : La comédie a-t-elle seulement recours au qui ne se montrera jamais => personnages humbles qui
registre comique ? attendent un secours qui ne vient pas.
2. Question a : plan synthétique étude des procédés 4. Bien qu’impuissants face au destin, comment ces
de l’argumentation et comparaison des textes. personnages essaient-ils de lutter contre la fatalité ?
Question b : plan analytique choix et analyse du texte
5. a. Énonciation :
qui permet de répondre directement à la question.
Texte A : les phrases interrogatives de Tirésias visent à
Question c : plan synthétique analyser les différents
éveiller la conscience d’Œdipe : Sais-tu qui t’a donné le
tons d’une comédie en comparant pour chaque idée
jour ? (l. 10-11), etc. + emploi du futur pour désigner le
les textes du corpus.
poids du destin : repoussera (l. 13), verront (l. 13), etc.
3. Question a : thèses défendues + stratégies et pro- Texte B : Phèdre s’adresse à son mari, Thésée, et parle
cédés argumentatifs + progression des arguments de l’aide funeste de sa confidente Œnone.
+ argumentation implicite. Texte C : Lorenzo discute avec son ami Philippe Strozzi
Question b : justesse et qualité de la description + com- qui lui rappelle qu’il doit être vigilant.
paraison avec les faiblesses des autres textes. Texte D : Vladimir et Estragon parlent de Godot et de
Question c : registre comique formes et types légumes (questions triviales d’Estragon, Vladimir mène
+ registres associés (pathétique, polémique…). le dialogue).
Vocabulaire :
2 Comparer les textes au brouillon Texte A : champ lexical du malheur et de la malédiction :
Corpus : malheureux (l. 8), abîme de maux (l. 9), crime (l. 11),
Texte A : Sophocle, Œdipe roi ➜ p. 329 haine (l. 12)… mort programmée.
Texte B : J. Racine, Phèdre ➜ p. 239
Texte B : antithèses : chaste (v. 2)  profane (v. 3),
Texte C : A. de Musset, Lorenzaccio ➜ p. 241
respectueux (v. 2)  incestueux (v. 3), brûlantes (v. 16)
Texte D : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 263
 froid (v. 19)… remords de Phèdre.
1. Genre théâtral, tragédie ; texte de Beckett (D) Texte C : champ lexical du meurtre : tuer (l. 7, 36), tué
proche de la comédie (personnages qui ne sont pas (l. 8), massacrer (l. 24), meurtre (bis l. 29, l. 30), m’as-
nobles, préoccupations banales, langage courant voire sommer (v. 39)… Lorenzo assume son crime.
familier…). Texte D : langage trivial : radis (l. 8, 10, 13, 14, 16), navets
2. Destin funeste du personnage tragique. (l. 10, 14), carotte[s] (l. 11, 12, 22).
3. Texte A : dimension humaine du héros + jouet des Registre :
Dieux + volonté de rechercher le criminel qui a attiré Texte A : tragique avec l’adjectif fatal (l. 15) et l’utilisa-
le fléau sur la ville de Thèbes héros humain luttant tion du futur (destin).
contre des forces divines qu’il tente de déjouer. Texte B : tragique de la passion = un œil profane
295
(v. 3), flamme (v. 4), fureur (v. 6), feu (v. 7), brûlantes grand criminel, le grand maudit, − et le suprême Savant !
veines (v. 16) sentiment incontrôlable et doulou- (l. 9-10).
reux + empoisonnement = poison (v. 17), venin (v. 18) Texte C : cageot : simple caissette à claire-voie (l. 3-4),
+ agonie = ce cœur expirant (v. 19), la mort, à mes yeux bois blanc (l. 18), pose maladroite (l. 20-21), cet objet
dérobant la clarté (v. 22), Elle expire (v. 24) passion (l. 22).
et suicide, remords mais poids du destin. Champs lexicaux :
Texte C : tragique ; crime : cette proclamation de mort Texte A : sens, ouïe = paroles (v. 2), échos (v. 5), sons
(l. 6), à ma mort (l. 10), mourir (l. 31)… ; destin : destinée (v. 8)… + vue = observent (v. 4), regards (v. 4), couleurs
(l. 5), ma condamnation éternelle (l. 10-11) Lorenzo (v. 8), verts (v. 10) + odorat = parfums (v. 8, 9), ambre
assume son destin funeste. (v. 13), musc (v. 13)… + toucher = chairs (v. 9).
Texte D : tragique ; attente vaine : On attend Godot Texte B : vue, voyant (3 fois l. 1, 2), visions (l. 14), vues
(l. 4), rien à faire (l. 6), insignifiant (l. 24), Silence (l. 26) (l. 14).
+ comique : conversation sur les légumes attente Texte C : éphémère : terme de son usage (l. 9), il ne sert
et ennui. pas deux fois (l. 10-11)… + trivialité : être brisé sans effort
b. Texte D : humbles vagabonds au vocabulaire trivial (l. 10), ne s’appesantir longuement (l. 25-26).
qui mêle les registres tragique et comique.
Types de texte :
Texte A : descriptif et explicatif = La Nature est.
3 Définir un plan de réponse Texte B : argumentatif ; texte théorique et réflexion
Corpus : personnelle sur la conception de la poésie.
Texte A : C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,
Texte C : descriptif.
« Correspondances » ➜ p. 36
Texte B : A. Rimbaud, Lettre à Paul Demeny ➜ p. 78 6. Plan synthétique qui étudiera chaque procédé relevé
Texte C : F. Ponge, Le Parti pris des choses, dans la question 5 pour comparer les différents textes
« Le cageot » ➜ p. 71 (ex. : images qui métamorphosent le réel, dimension
1. Genre poétique. Sensibilité dans la création poétique. symbolique, poète voyant ou décrypteur du monde).
2. En quoi l’écriture poétique est-elle un regard sub-
jectif sur le monde ? 4 Répondre à une question
Texte A : Les parfums, les couleurs et les sons se sur un texte long
répondent (v. 8), transports de l’esprit et des sens (v. 14) Support : J. de Léry, Histoire d’un voyage fait
=> sens éveillés par le monde environnant. en la terre du Brésil ➜ p. 304
Texte B : voyant par un long, immense et raisonné dérè- 1. L’altérité.
glement de tous les sens (l. 2-3), tous les poisons, pour 2. Jean de Léry est contraint de vivre un temps avec les
n’en garder que les quintessences (l. 5-6) création et Indiens tupinambas, tribu cannibale + rencontre avec ce
sensibilité du poète. peuple + mode de vie de celui-ci + détails anecdotiques
Texte C : l’éclat sans vanité du bois blanc (l. 17-18), des du quotidien observation des modes de vie différents
plus sympathiques (l. 23-24) considérations affectives de ceux de l’auteur, désir de connaître ces nouvelles
du poète sur un objet banal. mœurs (dimension ethnographique).
3. Texte A : une lecture poétique de l’univers où tous les 3. S’interroger sur l’enrichissement dans le rapport à
éléments sensitifs et spirituels se font écho. L’inspiration l’autre.
est fondée sur la capacité à saisir ces liens.
4. Citations et idées en lien :
Texte B : il expose sa façon de concevoir la poésie.
– c’est une chose presque incroyable, et qui ne peut se
Texte C : mêlant caractérisation objective et considéra-
dire sans faire honte à ceux qui ont les lois divines et
tions affectives.
humaines […] [les Indiens] s’entretiennent et vivent si
4. S’interroger sur les moyens qu’utilise le poète pour bien en paix les uns avec les autres (l. 1-4) = critique
transmettre une autre image du réel. des Européens qui se font la guerre  ces peuples qui
5. Images poétiques : vivent dans la paix ;
Texte A : Nature (v. 1) avec forêts (v. 3), parfums (v. 8, 9), – c’est vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, etc.
couleurs (v. 8), sons (v. 8), prairies (v. 10), ambre (v. 13)… mais comme j’ai dit, cela se voit fort rarement entre eux
Texte B : poète voyant et maudit : le grand malade, le (l. 15-17) = loi du Talion affrontement justifié par une
296
injustice personnelle + cadre familial peuple juste b. Texte A : argumentation indirecte plus libre car non
et pacifiste  peuple européen guerrier et inhumain ; menacée par la censure, mais risque d’être pris pour
– ils changent ainsi souvent de place en place leurs vil- un pur divertissement.
lages (l. 28) = peuple nomade ; Texte B : argumentation directe (type dissertation), forte
– leurs tabernacles sont si aisés à transporter, que implication du locuteur.
non seulement ils n’ont point de grands palais élevés Texte C : argumentation directe qui vise à expliquer et
(l. 31-33) = critique des goûts extravagants des peuples justifier l’opinion personnelle de l’auteur.
européens ; Implication plus forte de l’auteur dans les textes B
– mais aussi que nul de cette nation des et C, mais thèse plus frappante dans le texte A, plus
Toüoupinambaoults dont je parle, ne commence logis imagé.
ni bâtiment qu’il ne puisse voir achever (l. 35-37) = valo- 2. Considérer la question du progrès ne peut s’envisa-
risation d’un peuple humble et raisonnable peuple ger que de manière diachronique.
humble  Européens vaniteux et déraisonnables.
3. Axes de confrontation :
5. 1er argument : l’observation du peuple par J. de Léry. − l’espoir dans le progrès de l’homme par un savoir
2e argument : la valorisation de ce peuple étranger. humaniste et encyclopédique : texte A, que rien ne te
3e argument : la critique du peuple européen. soit inconnu (l. 5), que je voie un abîme de science (l. 11)
6. Plan détaillé : mais nuance du propos : science sans conscience n’est
1er §. Jean de Léry observe un peuple étranger que ruine de l’âme (l. 19)  trop de savoir tue le savoir :
et témoigne : 1re personne : « j’ai été avec eux » texte C, Les cerveaux mal préparés ploient sous la diver-
(l. 8), « je ne les ai jamais vu débattre » (l. 8) sité des connaissances ; les cadres de la culture, à force
=> expérience vécue + « comme j’ai dit » (l. 16, de s’élargir, se sont brisés (l. 1-3), le cerveau européen,
18-19), « dont je parle » (l. 36) => dimension
au XXe siècle, s’embouteille comme les carrefours (l. 20),
argumentative.
Jamais l’intellect n’a montré, devant la brutalité des faits,
2e §. L’auteur valorise le peuple indien : « une chose
presque incroyable » (l. 1), « fort rarement entre
tant de passivité lassée (l. 23-24) ;
eux » (l. 16-17) => peuple indien pacifiste et juste – la culture et les savoirs sont nuisibles car ils entravent
+ « changent ainsi souvent de place en place leurs et pervertissent les progrès de l’homme : texte B, l’heu-
villages » (l. 28), « point de grands palais élevés » reuse ignorance (l. 2-3), la nature a voulu vous préserver
(l. 32-33), « ne commence logis ni bâtiment qu’il ne de la science […] le malheur de naître savants (l. 8-15) ;
puisse voir achever » (l. 36-37) => peuple nomade texte C, Oubliant […] formules (l. 11-14), la raison meurt
et humble. (l. 30).
3e §. L’auteur critique indirectement les Européens
4. Plan synthétique : comparer les textes sur des
et les engage à réfléchir à leur manière de vivre
points qu’ils envisagent de manière divergente ou
en considérant les autres peuples : « une chose
presque incroyable, et qui ne peut se dire sans faire complémentaire.
honte à ceux qui ont les lois divines et humaines » 5. Proposition de réponse rédigée :
(l. 1-2), « Ce qui peut faire juger à chacun, puisque L’argumentation ne dépend pas d’un genre
leurs tabernacles sont si aisés à transporter, que exclusif, comme le montre ce corpus de textes de
non seulement ils n’ont point de grands palais éle- différentes époques sur le thème du progrès scien-
vés » (l. 31-33) => comparaison édifiante. tifique : la période humaniste est représentée par
le roman Pantagruel de F. Rabelais (texte A), les
Lumières, où triomphe la raison, dans le Discours
5 Analyser un corpus puis rédiger
sur les sciences et les arts de J.-J. Rousseau
Corpus :
(texte B), et la période moderne d’instabi-
Texte A : F. Rabelais,
Pantagruel ➜ p. 129 lité économique dans l’article de M. Yourcenar,
Texte B : J.-J. Rousseau, « Diagnostic de l’Europe » (texte C). Ces textes
Discours sur les sciences et les arts ➜ p. 134 posent la question du lien entre savoirs humains
Texte C : M. Yourcenar, et progrès de l’homme.
« Diagnostic de l’Europe » ➜ p. 137 S’interroger sur la nécessité de la culture et
du développement des savoirs humains, c’est
1. a. Texte A : roman.
d’abord se demander si l’homme a besoin d’être
Texte B : discours.
cultivé pour progresser. F. Rabelais et M. Yourcenar
Texte C : essai.
297
apportent deux réponses divergentes. Dans le suivant : « la nature a voulu vous préserver de
texte A, Gargantua encourage son fils à possé- la science […] le malheur de naître savants »
der un savoir encyclopédique, correspondant à (l. 8-15). Les sciences et les savoirs contreviennent
la vision humaniste de l’éducation qui privilégie à l’œuvre de la nature et nuisent au progrès de
l’abondance des savoirs visant à connaître parfai- l’homme en lequel Rousseau n’a que peu de foi.
tement l’homme, comme le soulignent les expres- Il faut donc prendre le temps d’observer l’évolu-
sions : « que rien ne te soit inconnu » (l. 5), « que tion des sciences et des savoirs et se tourner vers
je voie un abîme de science » (l. 11). Mais Rabelais l’avenir : « Considérons donc les sciences et les
nuance le propos en affirmant que « science sans arts en eux-mêmes […] avec les inductions his-
conscience n’est que ruine de l’âme » (l. 19) : le toriques » (l. 24-28). M. Yourcenar confirme cet
savoir ne peut se passer ni de la compréhension aspect néfaste d’une culture irraisonnée, aveugle
ni de la morale. M. Yourcenar affirme à ce propos et trop rapide, en brossant un portrait édifiant
que l’excès de savoir nuit au progrès de l’homme, du recul des savoirs au XXe siècle : « Oubliant […]
que trop de savoir tue le savoir en somme : « Les formules » (l. 11-14), « la raison meurt » (l. 30),
cerveaux mal préparés ploient sous la diversité constat alarmant qui tend à prouver que malgré
des connaissances » (l. 1-2), « le cerveau euro- le progrès, l’homme n’évolue pas.
péen, au XXe siècle, s’embouteille comme les car- Ainsi, malgré les espoirs enthousiastes de l’hu-
refours » (l. 20). Ainsi le savoir et la culture sont maniste Rabelais, qui croit dans le progrès humain,
certes importants mais doivent être raisonnables les constats de Rousseau et de M. Yourcenar
et cohérents. prouvent que le savoir, la culture et les sciences
J.-J. Rousseau affirme quant à lui non seu- n’apportent rien à l’homme s’ils ne sont le fruit
lement l’inutilité de la culture mais surtout son d’une élaboration raisonnée.
rôle néfaste pour l’âme et le progrès de l’homme.
Selon lui, l’homme doit rester ignorant et s’en Prolongement : à partir du manuel, rassembler un
tenir aux lois de la nature qui le préservent des corpus de textes sur le thème de la vie urbaine dans
perversions de la société, ce que révèle le passage le récit moderne, en justifiant les choix opérés.

298
Fiche
méthode 3 Rédiger des paragraphes de synthèse
➜ Livre de l’élève, p. 495

Objectif : Apprendre à transmettre des informations 5. Dernier paragraphe : Poésie et enchantement


dans un cadre restreint. moderne.

ANALYSER
Exercices d’entraînement ➜ p. 497
2 Résumer des documents en vue
OBSERVER
d’une introduction
Référence = Dictionnaire encyclopédique de la littérature
1 Repérer les liens entre différents française (Robert Laffont).
documents 1. Marivaux (1688-1763) : études de droit à Paris.
Corpus : Romans : La Voiture embourbée (1714), La Vie de
Document A : P. Eluard, Capitale de la douleur, Marianne (1731-1742). En 1720, au Théâtre-Italien avec
« La courbe de tes yeux » ➜ p. 59
Document B : R. Magritte,
une comédie, L’Amour et la Vérité (1720) et au Théâtre-
La Tentative de l’impossible ➜ p. 70 Français avec une tragédie, Annibal (1720). Échec de la
Document C : R. Queneau, Battre la campagne, tragédie, mais succès de sa seconde comédie, Arlequin
« La main à la plume » ➜ p. 41 poli par l’amour (1720).
Document D : séquence 3, synthèse ➜ p. 79 Pièces reconnues : La Surprise de l’amour (1722), La
1. Doc. A : poème. Double Inconstance (1723), Le Jeu de l’amour et du
Doc. B : tableau. hasard (1730), Les Fausses Confidences (1737). Ton et lan-
Doc. C : poème. gage singuliers, couples amoureux au 1er plan => mari-
Doc. D : synthèse littéraire, texte théorique. vaudage : mouvements du cœur et vérité de l’être sous
2. Trois dates du XXe siècle : 1926 + 1928 = Entre-deux- les masques comiques.
guerres, instabilité économique (crise en 1929) et poli- Valets directifs dans des situations où les amoureux
tique (chute des présidents du Conseil Aristide Briand renversent les obstacles intérieurs dénouements
en 1926, et Raymond Poincaré en 1928) ; 1968 = révolte = triomphe de l’amour.
des étudiants et des ouvriers en mai. 2. Les Fausses Confidences (1737) : comédie en trois actes
3. Liens : réflexion sur la création artistique et poétique représentée pour la 1re fois à Paris par les Comédiens
et sur le rôle de l’artiste et du poète + femme représen- italiens.
tée dans les documents A et B. Dorante, jeune bourgeois sans fortune, amoureux fou
Oppositions : nature des documents + époque de d’Araminte, riche veuve. Entré à son service comme
création + P. Eluard et R. Magritte sont surréalistes intendant sur recommandation de son oncle et appuyé
 R. Queneau, membre de l’OuLiPo. de la servante Marton, avec laquelle il se marie sur un
4. Création artistique et fonction de l’artiste = les artistes quiproquo, il retrouve un de ses anciens valets, Dubois,
renouvellent notre vision du monde en proposant de qui mène l’intrigue en sa faveur. Informe Araminte de
nouveaux modes de création : ses sentiments et répand l’information sous forme de
– Doc. A : P. Eluard crée un blason surréaliste sur la confidences refus car elle est encouragée par sa
beauté féminine ; mère à épouser un comte auquel elle envoie une lettre
– Doc. B : R. Magritte représente l’art de peindre comme rédigée par Dorante.
un impossible saisissement de la réalité ; Elle choisit finalement l’amour de Dorante qui lui révèle
– Doc. C : R. Queneau confère de la poésie à des images les fausses confidences et la vérité de ses sentiments.
quotidiennes ; 3. Exemple de présentation :
– Doc. D : le travail poétique réenchante le monde Romancier et dramaturge, Marivaux s’illustre
en transformant des objets quotidiens en créations dans la comédie sentimentale privilégiant les
poétiques. couples amoureux et les méandres de leurs senti-
299
ments. Il fait du personnage du valet un confident scène dans un élan d’amour éternel et serein : héros
et un moteur de l’action, comme l’illustre l’action tragiques romantiques qui s’aiment au-delà de la mort.
de sa comédie Les Fausses Confidences (1737) Doc. B : Cyrano, caché, parle à la place de Christian, et
dans laquelle Dubois permet à Dorante, son ancien déclare indirectement son amour fou à Roxane = héros
maître, de conquérir la femme qu’il aime. Dans son
qui aime follement une femme qu’il ne peut conqué-
écriture, Marivaux recherche la peinture des mou-
rir. Amour impossible et grandeur d’âme d’un homme
vements du cœur et la vérité de l’être sous tous ses
masques, notamment à travers le procédé récur-
œuvrant pour son rival.
rent du travestissement qui permet aux person- Doc. C : XIXe siècle (Hatier, coll. Itinéraires littéraires).
nages de parler à cœur ouvert tout en faisant rire Théâtre au XIXe siècle incapable de se renouveler, tra-
le spectateur. C’est ce dont témoignent les scènes 8 gédie et comédie enfermées dans les règles classiques
et 9 de l’acte I du Jeu de l’amour et du hasard,  naissance du théâtre romantique affirmant la liberté :
dans lesquelles les personnages se déguisent pour – nouveau genre représentatif de la double nature de
mieux sonder leurs cœurs. l’être humain ;
– refus des règles classiques : changements de lieux,
3 Synthétiser plusieurs documents transgression de la bienséance, mélange des genres et
Corpus : des tons (personnage grotesque par ses petitesses et
Document A : V. Hugo, Hernani ➜ p. 237 sublime par son courage ou par son esprit de sacrifice) ;
Document B : E. Rostand, Cyrano de Bergerac ➜ p. 246 – rôle didactique : inscription de l’intrigue dans un
Document C : un chapitre consacré au théâtre dans une contexte historique.
histoire littéraire du XIXe siècle (CDI)
Document D : un article d’encyclopédie sur l’art roman-
4. Référence = Encyclopedia Universalis : angle littéraire
tique (CDI ou Internet) et artistique.
Lecture des parties consacrées directement aux com-
1. Genre théâtral : drame.
posantes de l’art romantique : « Thèmes et positions »,
2. Lien : mélange des registres, amours malheureuses. « La révolution des sujets et des genres »  historique,
3. Doc. A : doña Sol vient de boire la moitié de la fiole diffusion, problème qui ne concernent pas le contenu
de poison que don Ruy réservait à son rival, Hernani, des textes A et B.
qui en boit l’autre moitié. Les deux amants expirent sur

5.
Idée n° 1 Idée n° 2 Idée n° 3
La grandeur d’âme Le destin tragique La marginalité
du héros romantique du héros romantique du héros romantique
Hernani boit la fiole de poison pour Amour impossible Hernani = noble banni
Doc. A
rejoindre son amante dans la mort en dehors de la mort
Cyrano clame son amour pour Roxane Amour impossible Cyrano = être intelligent, mais laid
Doc. B
au nom de Christian à cause de l’apparence
Héros sublime par son courage ou par Transgression Drame = genre représentatif
Doc. C
son esprit de sacrifice de la bienséance classique de la double nature de l’être humain
Esprit de révolte dans le romantisme Romantiques, Recherche de l’anormal
Doc. D
êtres insatisfaits et déchirés

4 Élaborer un plan de synthèse 1. Roman.


Corpus : 2. Georges Duroy et Charlie Marlow.
Document A : G. de Maupassant, Bel-Ami ➜ p. 154 Points communs : manque de confiance en eux ;
Document B : J. Conrad, Au cœur des ténèbres ➜ p. 162 expérience formatrice et bouleversante.
Document C : séquence 7, synthèse ➜ p.166
Différences : Duroy est hypocrite  Marlow, sincère ;
Document D : un portrait masculin datant
de la Belle Époque (1870-1914) dans un livre d’art expérience narcissique chez Duroy  expérience liée à
disponible au CDI la confrontation avec l’autre pour Marlow.

300
3. Doc. A : Duroy doit faire bonne impression en dis- Proposition d’un plan de synthèse :
simulant sa misère chez les aristocrates. Face à un Partie I. Des personnages réalistes
miroir, il se prend d’abord pour un autre mais se trouve 1er §. Réalisme de la représentation :
élégant, ce qui lui donne confiance. Si son apparence documents A, B et D.
2e §. Des personnages opportunistes prêts à tout
noble le rassure, l’annonce de son nom le fige à nou-
pour la conquête sociale : documents A et C.
veau, lui rappelant qu’on ne cache pas ses origines et
Partie II. Des personnages ambivalents et complexes
son identité par des masques. 1er §. Double personnalité des héros :
Doc. B : Marlow confronté à un personnage fascinant documents A et B.
et obscur, un chef d’exploitation d’ivoire qui agonise 2e §. Des héros à la personnalité trouble :
sur son bateau dans une sorte de rêve hallucinatoire, documents A, B et D.
Kurtz. Découvre un homme ambivalent, un tyran qui se Partie III. Des personnages en mutation
repent de son passé. 1er §. Apprentissage du héros, confrontation avec
Doc. C : héros épique = défenseur des valeurs du l’autre => roman de formation :
peuple, mais destin parfois tragique lié au divin. documents A, B et C.
Héros du roman médiéval = exploits chevaleresques 2e §. La découverte d’une nouvelle identité :
+ conquêtes amoureuses. documents A et B.
Don Quichotte : un des premiers héros moderne au
destin individuel. ÉCRIRE
Héros des romans baroques et classiques = vertus chré-
tiennes + passions tumultueuses. 5 Rédiger un paragraphe de synthèse
Héros romantique = introspection + inadaptation à la
société + amours tourmentées. Ex. : récit fantastique Idée principale reliant les documents de l’exercice 1 :
(monstre au sort extrême). création = réenchantement du monde.
Héros réaliste = opportuniste, défenseur de la liberté Paragraphe rédigé :
individuelle + conquête sociale à tout prix. Ex. : roman La création artistique et poétique est assimilée
de formation. par nombres d’artistes modernes, notamment par
Anti-héros = négatif, enfermé dans sa condition, dépas- les surréalistes Paul Eluard ou René Magritte, à une
invention et une recréation du monde. Le poète,
sé par son destin ; ou relativement valorisé : banal,
ou le peintre, ne reproduit pas la réalité mais il la
révolté contre les injustices, mais souvent inactif.
réenchante en lui conférant une dimension esthé-
Héros depuis 1945 = dégradation du personnage qui tique, voire métaphysique. Ainsi reconstruit-il et
perd son essence et sa consistance + symbole des illu- réinvente-t-il la réalité comme P. Eluard qui crée
sions de la société de consommation. un blason surréaliste pour célébrer les beautés
Convergences = évolution des personnages en quête de sa femme, en associant le concret et l’abstrait
d’identité + contexte réaliste. dans une même image : « berceau nocturne » (v. 3)
Divergences = Duroy, égoïste, veut réussir à tout ou « Feuilles de jour » (v. 6). Le peintre Magritte,
prix  Marlow qui pense plus à Kurtz qu’à lui-même dans sa toile intitulée La Tentation de l’impossible,
+ Duroy, personnage réaliste  Marlow fasciné par représente l’art de peindre comme un impossible
Kurtz, être diabolique, quasi fantastique + Duroy, héros saisissement de la réalité au travers d’un corps de
femme inachevé. Au-delà du surréalisme, le poète
identifiable  Marlow, simple témoin.
oulipien Raymond Queneau réinvente la réalité
4. Dans l’histoire du roman, héros  figure fixe et quotidienne comme en témoignent les jeux de
unique complexe, en évolution, de plus en plus rimes et les choix thématiques surprenants de son
ambigu, voire insaisissable. poème « La main à la plume » : « J’écrirai des
5. Plan thématique au vu des grands écarts entre les poèmes / sur le lait le beurre la crème » (v. 1-2). Les
documents. artistes modernes sont donc bel et bien les magi-
ciens de leur époque.
6. Choix du document D : Paul Cézanne, L’Homme à la
pipe (1890). Prolongement : élaborer un plan de synthèse à par-
tir des documents de l’exercice 1 et la présenter de
manière claire en vue d’un exposé.

301
CHAPITRE
3 Rédiger un commentaire
littéraire
➜ Livre de l’élève, p. 498

Fiche
méthodee 1 Examiner le texte à commenter
➜ Livre de l’élève, p. 500

Objectif : Identifier les caractéristiques principales 2 Dégager les aspects et la structure


d’un texte. du texte
R. Desnos, « État de veille » in Destinée arbitraire,
« Demain »
Exercices d’entraînement ➜ p. 503 1. Poème descriptif et argumentatif, thèmes du temps
et de l’espoir.
1 Lire le texte et en définir les aspects 2. a. Aucune référence à des événements historiques
essentiels ou à un lieu dans le poème valeur universelle et
D. Diderot, Entretien d’un père avec ses enfants intemporelle (ô demain pressenti par l’espoir, v. 2), donc
1. Discours direct (l. 1-3, 14-31) théâtre. indispensable d’avoir des informations sur le contexte
Discours indirect pris en charge par le narrateur (l. 4-13) historique (date fournie à la fin du texte) pour dégager
roman. le sens véritable du poème : clandestinité + attente des
2. Genre et type de texte = dialogue philosophique. Résistants dans la France occupée par les Allemands
Auteur et narrateur (désigné par Moi dans le texte) en 1942.
= Diderot. b. Allusions imagées :
Personnages présents = moi + le père + le docteur – Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, /
Bissei, médecin de la famille. Peut gémir (v. 3-4) = France occupée atteinte de nom-
Date de publication = 1771. breuses blessures (mais susceptibles d’être soulagées :
3. Les Lumières argumentation ouverte (dialogue) entorses, et non fractures) ;
+ valeurs et attitude philosophiques = le refus d’être – nous vivons à la veille (v. 5), Nous veillons (v. 6),
à la merci de l’ignorance, des passions, du préjugé nous ne dormons pas (v. 11) + champ lexical du secret
(l. 11-12). = attente clandestine des Résistants antithèses : nuit
(v. 9) // Occupation  aurore (v. 11) // Libération.
4. Moi : on peut se repentir de sauver la vie d’un
criminel. 3. Énonciation :
Docteur Bissei : soigner, voire guérir, est un impératif – 1re strophe : 1re personne du singulier (j’aurais encor la
éthique qui ne doit pas s’embarrasser de jugements force, v. 1) ; apostrophe lyrique ô demain (v. 2) ;
moraux. cadre intemporel : Âgé de cent-mille ans (v. 1) ;
– 2e et 3e strophes : passage à la 1re personne du pluriel
5. Texte argumentatif invitant à réfléchir à un dilemme
au nom du groupe, l’ensemble de ceux qui attendent
auquel tout homme peut être confronté.
la libération.
6. Bilan : Cadre plus resserré : depuis trop de mois (v. 5).
– idées principales : dialogue opposant déontologie – Modes et temps verbaux : conditionnel (v. 1), puis
médicale et justice ; présent de l’indicatif (v. 4), enfin futur de l’indicatif dans
– argumentation ouverte, sens polémique ; le dernier vers de l’incertitude à l’assurance.
– notions : argumentation + communication, énon-
4. Projection dans un futur imminent = « Demain » :
ciation et modalisation + personnage.
la libération du pays est proche espoir et courage.
1re strophe = hypothèse d’une force d’attente toujours
302
égale malgré le temps qui passe. + réflexion sur le rôle du poète.
2e strophe = Mais => objection d’une attente trop longue Notions : poésie + argumentation + communication,
(depuis trop de mois, v. 5). énonciation et modalisation + figures de rhétorique.
3e strophe = Or (v. 9) => opposition à la strophe pré-
Prolongement : s’entraîner aux trois premières
cédente, application du message d’espoir des 1ers vers
étapes du commentaire sur un extrait de pièce de
(nous témoignons encore, v. 9).
théâtre (E. Rostand, Cyrano de Bergerac ➜ p. 246).
5. Poème engagé : thèse d’une libération prochaine
de la France + nécessité de ne pas perdre espoir

Fiche
méthodee 2 Définir un projet de lecture
➜ Livre de l’élève, p. 504

Objectif : Analyser le texte avant de définir un projet de lecture.

Exercices d’entraînement ➜ p. 506


1 Analyser l’écriture
Support : D. Diderot,
Entretien d’un père avec ses enfants ➜ p. 503
1.
Relevés Analyses Interprétations
Lecture
Lecture linéaire
transversale
– Moi (l. 1) – Désignation du locuteur + discours direct – Dialogue proche du genre théâtral

– Guérirez-vous – Discours – Noms propres (criminels réels) + thème – Enjeu du dialogue posé
Cartouche ou direct (l. 14-31) de la médecine + modalité interrogative – Approche romanesque ≠ dialogue
Nivet ? (l. 3) + champ lexical – Nom propre de l’interlocuteur, discours de théâtre, registre didactique
– Le docteur Bissei de la médecine indirect, accumulation de complétives – Valorisation de l’interlocuteur :
[…] répondit ferme – Adverbe caractérisant les propos du réponse claire
qu’ (l. 4-13) personnage – Principal argument = valeur clé
– ferme (l. 5) – Énumération des défauts humains des Lumières

– à la merci de – Champ lexical – Discours direct + champ lexical religieux – Retour au discours direct : mise
l’ignorance, des de la religion en évidence de l’analogie avec les
passions, du (l. 14-17) querelles religieuses
préjugé (l. 11-12) => tolérance
– un janséniste me
le dira (l. 14-15)

– Mais, docteur – 2 questions + – Connecteur logique d’opposition – Antithèse


(l. 21) 2 exclamations
– votre belle cure – Antiphrase
(l. 21-22)
– que direz-vous ? – Questions rhétoriques et exclamations – Ironie, registre polémique
(l. 23-24)
– Mettez la main – Allégorie de la conscience + impératif – Ex. de l'assassinat d'un ami,
sur la conscience énonciation expressive :
(l. 24) procédés pour persuader,
argument du remords
303
Relevés Analyses Interprétations
Lecture linéaire Lecture transversale
– Pourquoi l’ai-je – Paroles attribuées au docteur – Théâtralisation
secouru ! (l. 26-27)
– empoisonner le – Hyperbole – Appel à l’émotion
reste de votre vie
(l. 28-29)
– Dernière réplique – Phrase courte : lexique de la douleur, – Sobriété de la phrase
du docteur réaffirmation de sa thèse en opposition. ≠ syntaxe longue et expressive
du Moi : pas d’emportement
émotionnel

2. Progression du dialogue entre récit et théâtre. la forme littéraire les met en évidence étude de
Opposition entre deux manières d’argumenter (didac- l’argumentation.
tique et polémique). 2. Proposition 1 : pas de lien entre les thèmes, pas d’en-
Valeurs des Lumières. jeu argumentatif récit sans analyse.
Proposition 3 : projet de lecture portant uniquement
2 Choisir un projet de lecture sur des procédés stylistiques sans les relier au sens du
Support : D. Diderot, texte.
Entretien d’un père avec ses enfants ➜ p. 503 Proposition 5 : appel à un jugement de valeur, mais pas
1. Propositions 2 et 4 : projets de lecture dégageant à une analyse littéraire.
bien les thèmes du dialogue et montrant comment

3 Formuler un projet de lecture


Support : R. Desnos, « Demain » ➜ p. 503
1.
Relevés Analyses Interprétations
– « Demain » + champ lexical – Adverbe temporel – Titre du poème futur proche
du temps :
– Âgé de cent-mille ans (v. 1) – Hyperbole – Dilatation du temps
– j’aurais (v.1) – Conditionnel – Irréel
– De t’attendre (v. 2) – Verbe en rejet – Thème de l’attente
– ô demain (v. 2) – Apostrophe juste avant la césure – Registre lyrique

– l’espoir (v. 2) – Nom placé à la rime – Mot clé


– Le temps, vieillard souffrant – Allégorie du temps – France occupée
(v. 3-4) + champ lexical de la – Présent de l’indicatif – Mode du réel
souffrance : gémir (v. 4)
– neuf (2 fois, v. 4) – Adjectif qualificatif en anaphore – Antithèse avec Le temps, vieillard

– Mais (v. 5) – Connecteur logique – Opposition à ce qui précède


– nous vivons à la veille (v. 5) – 1re personne du pluriel répétée + présent – Attente clandestine trop longue
+ Nous veillons, nous gardons + champ lexical de la veille + allitération en du groupe de Résistants + lyrisme
(v. 6), parlons à voix basse, [v] + activités discrètes
tendons l’oreille (v. 7)

– la lumière et le feu (v. 6) – Métaphores – Espoir éphémère de changement


– maint bruit vite éteint
et perdu (v. 8)

– Or (v. 9) – Connecteur logique – Rôle du poète face à l’espoir fragile

304
Relevés Analyses Interprétations
– du fond de la nuit (v. 9) – Métaphore – France occupée
– nous témoignons encore – Présent + adverbe de temps – Rôle du poète
(v. 9)
– la splendeur du jour, – Termes mélioratifs, métaphore – Opposition à la clandestinité,
présents (v. 10) + aurore (v. 11) + assonance en [ã] antithèse avec nuit (v. 9)
=> espoir de libération

– prouvera (v. 12) – Futur de l’indicatif – Espoir = certitude

– enfin (v. 12) – Adverbe de temps à la césure – Fin d’une longue attente
– nous vivons au présent (v. 12) – Phrase déclarative, valeur métaphorique, ≠ vie clandestine de la 2e strophe
parallélisme (antithèse de nous vivons à la veille, v. 5)

2. Construction du poème visée argumentative Étape 2 :


+ poème métaphorique sur l’occupation + lyrisme. – genre : essai ; type de texte : argumentatif ; qui ?
Projet de lecture : Comment le poète exprime-t-il son un poète incarnant une approche nouvelle de l’esthé-
engagement de manière métaphorique ? tique ; quoi ? éloge de l’artifice ; comment ? registre
polémique ;
4 De la découverte du texte – structure : affirmation d’une thèse générale (l. 1-15)
au projet de lecture + développement avec un argument principal sur le
C. Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne, IX : rôle du maquillage (l. 15-fin) avec deux exemples :
« Éloge du maquillage » poudre de riz (l. 15-26) et utilisation du rouge et du
1. La question de l’homme dans les genres de l’ar- noir (l. 26-38) => progression déductive.
gumentation, du XVIe siècle à nos jours essai du Étape 3 :
XIXe siècle invitant à réfléchir sur le rapport nature / – 1er bilan : poète moderne faisant l’éloge paradoxal
culture chez l’homme. de l’artifice et du maquillage pour élever la femme au-
2. Étape 1 : dessus de la nature ;
– contexte : Baudelaire, poète du XIXe siècle + modernité – notions : argumentation + figures de rhétorique
poétique + critique d’art + définition de la beauté ; + syntaxe et valeur des temps.
– paratexte : essai critique + thèse défendue (éloge de
la culture)  Lumières (éloge de la nature) + 1863 + titre
Le Peintre de la vie moderne.

Étape 4 :
Relevés Analyses Interprétations
– La femme (l. 1) – Article défini générique – Réflexion générale
– est (l. 1) – Indicatif présent, discours – Argumentation paradoxale :
séduction ≠ vice
– devoir (l. 2) + il faut (l. 3) – Dimension morale – Séduction = impératif moral
+ elle doit (l. 4, 5)

– magique et surnaturelle (l. 3) – Adjectifs mélioratifs – Beauté extraordinaire ≠ nature


+ champ lexical du divin : idole – Hyperboles – Éloge
(l. 4), dorer (l. 4), adorée (l. 5) – Champ lexical de l’or – Référence à l’épisode biblique
du veau d’or

– charme (l. 4) – Champ lexical de la séduction féminine – Femme séductrice valorisée

– arts (l. 6) + ruse, artifice (l. 8) – Champ lexical de l’art (radical répété) – Thèse affirmée par répétition
+ artificiel (l. 26)

305
Relevés Analyses Interprétations
– artiste philosophe (l. 11)
≠ niaisement anathématisé – Antithèse + vocabulaire péjoratif – Registre polémique contre la thèse
par les philosophes candides adverse (références aux Lumières)
(l. 18-19)
– toutes les pratiques (l. 12), – Hyperboles – Thèse amplifiée
tous les temps (l. 13)

– fragile beauté (l. 14-15) – Groupe nominal COD en fin de phrase – Beauté naturelle dévalorisée

– maquillage (l. 17) – Champ lexical – Exemple principal de l’art = début


de l’éloge

– la nature y a outrageusement – Personnification + adverbe péjoratif – Critique de la nature


semées (l. 21)

– de la statue (l. 25) – Champ lexical de l’art – Beauté artistique + solide

– être divin et supérieur ? – Question rhétorique + vocabulaire


(l. 25-26) mélioratif

– vie surnaturelle et excessive – Hyperboles


(l. 32) – Éloge de la femme qui cultive sa beauté
– plus (l. 33, 34), augmente – Champ lexical de l’enrichissement
encore, ajoute (l. 35-36)

– fenêtre ouverte sur l’infini – Métaphore


(l. 34-35)
– prêtresse (l. 38) – Champ lexical religieux

3. Projet de lecture : Comment l’éloge du maquillage Prolongement : appliquer les étapes 1 à 4 sur un texte
devient-il une réflexion sur les rapports entre nature romanesque (L.-F. Céline Voyage au bout de la nuit
et culture ? ➜ p. 164).

Fiche
méthode 3 Construire un plan détaillé
de commentaire
➜ Livre de l’élève, p. 507

Objectif : Organiser et enchaîner les parties et les QUESTIONS


paragraphes du développement. 1. 1er § : en effet / Tout d’abord introduisent l’idée de
la partie et un 1er argument, avec mise en évidence de
l’aspect explicatif dans la 1re partie (en effet).
APPLICATION A. Camus, La Peste 2e § : aussi / ainsi additionne un nouvel argument
➜ p. 501 sous la forme d’une explication.
3e § : finalement / car introduit un 3e et dernier argu-
Étape 6 Élaborer un plan détaillé structuré ➜ p. 508
ment avec une nuance explicative forte pour la 2e partie.
2. A priori : possible d’inverser les parties, car plan
thématique. Mais les thèmes sont classés du plus évi-
306
dent (le thème de l’amitié combative) au moins évi- 3e §. Enfin, la rhétorique de l’éloge développe le
dent (le lyrisme du cadre marin) => ne pas inverser est pouvoir de l’artifice.
préférable. Partie II. Mais cet essai est surtout une attaque
contre les détracteurs de l’art
1er §. Dans un premier temps, ce texte joue sur
l’opposition entre nature et culture.
Exercices d’entraînement ➜ p. 508
2e §. Ensuite, il développe la thèse de manière
polémique.
1 Reconstituer la logique 3e §. Finalement, l’auteur propose une nouvelle
d’un plan détaillé conception de la beauté.
Support : Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 152 4. L’éloge du maquillage repose sur une valorisation
1. et 2. Plan : provocatrice du thème de l’artifice, thème qui sert fina-
Partie I. Le portrait d’un ambitieux lement à attaquer frontalement ceux qui s’opposent à
1er §. D’abord, Julien porte son propre regard sur l’art.
cet univers inconnu.
2e §. Puis il apparaît comme un héros à la fois naïf
et audacieux. 3 Construire un plan détaillé
3e §. Enfin, le texte met en évidence les étapes qu’il A. Velter, Zingaro, suite équestre
a à franchir. 1. Étape 1 :
Partie II. La découverte d’un monde étranger – contexte contemporain (1998) ;
1er §. Pour commencer, l’extrait révèle l’importance – paratexte : hommage à un cheval, Zingaro, élément
du décor dans ce monde d’apparences. principal d’un spectacle équestre + sens du nom + iden-
2e §. De plus, il s’agit d’un univers codifié sur lequel tité du dresseur, Bartabas + objet d’étude : écriture
ironise le narrateur.
poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours.
3e §. Finalement, c’est une « nouvelle Babylone »,
fascinante, mais dangereuse pour Julien. Étape 2 :
– genre : poème moderne ; types de texte : descriptif et
3. Cet extrait de roman brosse le portrait d’un jeune
argumentatif (description et éloge d’un cheval) ; qui ?
homme apparemment naïf, mais finalement ambi-
un poète ; quoi ? description méliorative d’un cheval
tieux, plongé dans un monde inconnu qu’il va trouver
personnifié ; comment ? registres lyrique et épique ;
fascinant.
– structure : 4 strophes de 7 vers ; 1re strophe : dési-
gnation du cheval ; 2e strophe : histoire du cheval ;
2 Compléter et développer 3e strophe : rêve du cheval ; 4e strophe : prouesses du
un plan détaillé cheval.
Support : C. Baudelaire, « Éloge du maquillage »
➜ p. 506 Étape 3 :
– bilan : poème d’éloge qui rend hommage à la vie d’un
1. Partie II. Mais cet essai est surtout une attaque contre
cheval de manière lyrique et épique ;
les détracteurs de l’art.
– notions : versification et formes fixes + modernité en
2. et 3. Plan : poésie + communication, énonciation et modalisation
Partie I. Un éloge de l’artifice assez provocateur
+ figures de rhétorique + registres lyrique et épique.
1er §. D’abord, l’art y est figuré sous le thème de
l’artifice.
2e §. Puis, les valeurs traditionnelles y sont para-
doxalement renversées.

307
Étape 4 :
Relevés Analyses Interprétations
– Monsieur Zingaro (titre) – Personnification – Respect

– Je te nomme (v. 1) – Situation de communication – Intronisation


– maître de l’éphémère (v. 1) – Vocabulaire mélioratif, série – Éloge du mouvement
de périphrases
– toi (v. 2, 3, 4, 15, 22) – Apostrophes et anaphores – Registre lyrique admiration
– gardien du nom (v. 2) – Titre honorifique – Tradition et lignée ancestrale
– emblème des insolences (v. 3) – Qualification méliorative = champ – Dynamisme et légèreté
lexical de la fantaisie + hétérométrie (// éphémère) alliance des
de vers contraires : lourdeur et légèreté
– mastodonte farceur qui joue (v. 4) – Oxymore (monstre enfant) – Lourdeur et idée de jeu
et de fantaisie spectacle
– la bête mythologique (v. 5) – Image antique – Registre épique
– plaisir (v. 6) – Connotation de jeu – Spectacle
– étirer le temps (v. 6) – Hyperbole – Puissance du cheval
– quand on te fête comme une idole – Métaphore et comparaison – Référence aux spectateurs
(v. 7) mélioratives qui admirent le cheval

– Bartabas (v. 8) – Nom propre – Maître du cheval


– t’a sevré et pris comme confident (v. 8) – Personnification + naissance – Lien très fort : maître et cheval
+ assonance en [ã] = nourrice et ami
– les histoires qui te hantent le sang – Métonymie – Race ancienne avec son passé
(v. 9)
– cette violence faite à l’infini (v. 11), – Antithèse entre enfermement – Sorts opposés du cheval
des enclos des frontières (v. 12) et ouverture (liberté ou enclos)
– migrations (v. 14), exodes (v. 14) – Champ lexical du déplacement – Référence aux tsiganes,
peuple nomade
– toi tu rêves (v. 15), tu pleures (v. 16), – Personnifications du cheval – Cheval = homme
tu ris (v. 18) + anaphore du pronom tu
– Achille (v. 16), Patrocle (v. 17), – Références mythologiques, – Éloge épique
Tamerlan (v. 18), licornes (v. 21) historiques ou merveilleuses

– toi tu galopes en assommant – Mouvement + hyperbole


les pierres (v. 22)
– ta force impressionne (v. 23) – Caractéristique du cheval – Cheval = héros
– ses reflets d’argent (v. 24) – Métaphore méliorative
– mais (v. 25) – Connecteur d’opposition – Relativisation : douceur ≠ force
– l’œil câlin (v. 25) – Lexique de la douceur
– confiance dans les matins du monde – Métaphore – Vision positive de l’existence
(v. 26)
– tu n’es pas sérieux (v. 27) – Négation évocatrice – Fantaisie et liberté
– et tu as dix-sept ans (v. 28) – Âge du cheval – Double sens : écho d’un vers
de Rimbaud (jeunesse, liberté,
d’errance), âge avancé pour un
cheval.

2. Projet de lecture : Comment le poète développe-t-il Partie II. Le vibrant éloge d’un animal héroïsé
lyriquement l’hommage à un cheval ? 1er §. Dans un premier temps, la personnification
du cheval
3. 4. et 5. Plan :
2e §. Ensuite, l’amplification épique qui héroïse
Partie I. Le portrait d’un cheval d’exception
l’animal
1er §. D’abord, les étapes de l’existence d’un cheval
3e §. Finalement, un animal magnifié par le registre
2e §. Puis, l’évocation de son mouvement et de sa
lyrique
fantaisie
3e §. Enfin, la mise en évidence de sa puissance

308
4 Compléter un plan de commentaire au cours d’une promenade ; où et quand ? Paris au
XIXe siècle
; comment ? ironie du narrateur ;
guidé (séries technologiques)
Support : G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet ➜ p. 195 – structure : apparence des personnages (l. 1-11) + pro-
menade : conversation sur le lieu de vie (l. 12-23), le
1. Étape 1 :
temps (l. 24-27), la politique (l. 28-30), les femmes et
– contexte : auteur réaliste du XIXe siècle + Bouvard et
la solitude (l. 31-41).
Pécuchet (1881) => dernier roman inachevé ;
– paratexte : début du roman + scène de rencontre Étape 3 :
+ conversation + objet d’étude : le personnage de – bilan : conversation réaliste de deux personnages
roman, du XVIIe siècle à nos jours. médiocres au cours d’une promenade perçue ironi-
quement par le narrateur ;
Étape 2 :
– notions : notions propres au récit + ironie + mouve-
– genre : roman ; type : narratif ; qui ? deux petits
ment réaliste.
bourgeois, Bouvard et Pécuchet ; quoi ? conversation

Étape 4 :
Relevés Analyses Interprétations
– L’air sérieux (l. 1) – Apparence – Information sur son caractère
– Pécuchet (l. 1), Bouvard (l. 2) – Noms propres – Onomastique ridicule
– On aurait dit qu’il portait (l. 3) – Imparfait + modalisateur – Pause descriptive
– perruque (l. 4), nez qui descendait très – Champ lexical du corps – Personnage au physique peu
bas (l. 7), Ses jambes […] manquaient gracieux, ridicule
de proportion avec la longueur du buste
(l. 8-10)

– lui échappa (l. 12) – Passé simple – Retour au récit


– « Comme on serait bien à la campagne ! » – Discours direct + phrase – Banalité du propos, effet comique
(l. 13-14) exclamative + thème de la campagne

– Mais la banlieue, selon Bouvard, – Discours indirect libre + jugement – Cliché sur les lieux de vie
était assommante (l. 15-16) négatif
– Pécuchet pensait de même (l. 17), – Focalisation omnisciente
Bouvard aussi (l. 19) – Communauté de pensée des deux
– Leurs yeux erraient (l. 20) – Focalisation omnisciente personnages
+ imparfait
– des tas de pierres, l’eau hideuse (l. 20), – Termes péjoratifs – Paysage urbain réaliste, sale et
cheminée d’une usine (l. 21), miasmes sordide
d’égout (l. 22)
– Ils se tournèrent (l. 22) – Passé simple + 3e personne du – Retour au récit qui souligne
pluriel + verbe de mouvement l’affinité des personnages

– du Grenier d’abondance (l. 23) – Lieu parisien – Ancrage réaliste

– Décidément (l. 24) – Discours indirect libre – Reprise de la conversation


– plus chaud dans les rues que chez soi ! – Phrase exclamative – Ironie : banalité émise comme une
(l. 24-25) affirmation originale
– Lui, il se moquait du qu’en dira-t-on ! – Indirect libre + trait de caractère – Décalage entre le geste et la
(l. 26-27) conclusion : personnage ridicule ≠
Pécuchet, + réservé

– Tout à coup un ivrogne (l. 28) – Connecteur temporel annonçant – Réalisme de la promenade
un événement
– et, à propos des ouvriers (l. 28) – Thème de conversation – Ivrogne = ouvrier : préjugé
– Leurs opinions étaient les mêmes (l. 29) – Discours narrativisé – Résumé de conversation banale :
personnages réactionnaires
– Bouvard fût peut-être plus libéral (l. 30) – Lexique politique + modalisateur – Ironie : Bouvard pas vraiment
d’incertitude libéral

309
Relevés Analyses Interprétations
– Un bruit de ferrailles sonna (l. 31) – Événement – Dynamisme du récit
– c’étaient trois calèches de remise (l. 32), – Imparfait + verbe d’état – Description ironique :
des bourgeois en cravate blanche (l. 33), des + énumération noce bourgeoise, caricature
dames enfouies jusqu’aux aisselles dans
leur jupon (l. 33-34)

– La vue de cette noce amena Bouvard – Verbe de conversation – Conversation motivée


et Pécuchet à parler (l. 34-35) par ce qu’ils rencontrent
– des femmes, qu’ils déclarèrent frivoles, – Discours indirect + vocabulaire – Ensemble de clichés :
acariâtres, têtues (l. 35-36) péjoratif misogynie, etc.
– meilleures (l. 36), pires (l. 37) – Antithèse
– Bref, il valait mieux vivre sans elles (l. 37), – Discours indirect libre + thème – Personnages ridicules
célibataire (l. 38), –– Moi, je suis veuf [… ] de la famille sans véritable opinion
sans enfants ! (l. 39) – Discours direct – Personnages solitaires
– Mais la solitude à la longue était bien
triste (l. 40-41) – Discours indirect libre – Ambiguïté : pensée d’un ou des
deux personnages, ou jugement du
narrateur + cliché

2. Comment Flaubert exprime-t-il un regard ironique 5 Construire le plan d’un commentaire


sur la société de son temps ? comparé (série L)
3. Plan détaillé : Supports :
Partie I. Un extrait représentatif du roman réaliste Texte A : G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet ➜ p. 195
1er §. Un cadre spatio-temporel réaliste (prome- Texte B : R. Queneau, Le Chiendent ➜ p. 197
nade, Paris, classes sociales…). 1. Pour Flaubert, voir l’exercice 4 ci-dessus. Analyse
2e §. Des personnages que l’on peut précisément du texte B :
se représenter (portrait physique, propos et carac-
térisation sociale et psychologique…). Étape 1 :
3e §. Une action banale (événements relatifs, Contexte et paratexte : R. Queneau proche des surréa-
enjeux narratifs réduits). listes, futur fondateur de L’OuLiPo => esprit de fan-
Partie II. Une critique de la médiocrité des petits taisie ; incipit de son 1er roman, personnages banals
bourgeois + approche philosophique + années 1930 => la Montée
1er §. Un duo comique (deux personnages ridiculi- des périls.
sés par leur manque d’individualisation).
Étape 2 :
2e §. Un dialogue poussif (banalité du quotidien,
– genre : roman ; type : narratif ; qui ? une silhouette et
clichés…).
3e §. Un regard ironique du narrateur (ironie anti- sa famille (femme et enfant), un observateur indétermi-
bourgeoise, focalisation omnisciente, ambiguïté des né ; quoi ? récit du retour à la maison après le travail ;
discours rapportés). quand et où ? probablement Paris (métro) ; comment ?
approche mi-poétique, mi-ironique, déroutante ;
– structure : sortie du travail (l. 1-14), rôle de l’observa-
teur (l. 15-19), retour à la maison (l. 20-32).
Étape 3 :
– bilan = vision sombre et banale d’une existence syno-
nyme d’ennui et de routine, paradoxalement racon-
tée de façon originale ;
– notions : notions propres au récit + syntaxe et valeur
des temps + figures de rhétorique.

310
Étape 4 :
Relevés Analyses Interprétations
– silhouette d’un homme (l. 1) – GN sujet vague – Indétermination
– se profila (l. 1) – Passé simple – Temps du récit
– simultanément, des milliers (l. 1) – Juxtaposition, phrase nominale – Silhouette noyée dans la masse
– bien des milliers (l. 2) – Répétition + hyperbole – Effet d’insistance
– Il venait d’ouvrir les yeux (l. 2) – Pronom personnel sujet d’un verbe de – Il sans antécédent importance
vision du narrateur
– les rues accablées s’agitaient (l. 2) – Personnification – Vision négative
– s’agitaient les hommes (l. 3) – Effet de chiasme + pluriel – Agitation urbaine
– travaillèrent (l. 3) – Rupture : passé simple – Focalisation omnisciente
– bâtisse immense et insupportable – Images péjoratives – Univers violent
(l. 4), un édifice qui paraissait
un étouffement (l. 4-5)
– la silhouette oscilla bousculée – Champ lexical de l’instabilité – Fragilité
(l. 5-6)
– d’autres formes, – GN vagues – Déshumanisation
sans comportement individuel […] – Opposition pluriel / singulier (cf. contexte historique => montée
l’ensemble des inquiétudes de ses des totalitarismes)
milliers de voisins (l. 6-8)
– labeur, sommeil, plaie, ennui, – Champ lexical de l’existence – Résumé pessimiste : existence
souffrance, mort (l. 9-10) programmée

– L’autre referma les yeux (l. 11) – Verbe de vision – Observateur indéterminé
– empochée par le métro (l. 12) – Métaphore – Style épique = violence
– L’Intran et ses confrères du soir – Indication temporelle – Sortie des bureaux + journaux du soir
(l. 13) = scène urbaine
– à gueuler (l. 13-14) – Niveau de langue familier – Effet de surprise

– Depuis des années (l. 15) – Dimension itérative – Existence monotone


– Lui n’avait rien à voir avec tout ça – Tournure négative + antithèse – Affirmation de singularité
(l. 16), Il ne travaillait pas (l. 16-17)
– entre 5 et 8 heures (l. 17) – Indication temporelle – Fin de journée
– il étendait la main (l. 18) – Métaphore – Observation du personnage

– La silhouette, elle, arrivait – Imparfait itératif + lieu – Scène banale de retour à la maison
à Obonne (l. 20)
– La femme avait préparé le bouffer – Article générique + activité – Cliché : femme aux fourneaux
(l. 20) domestique + néologisme péjoratif – Distance
– Le sous-chef la bloquait (l. 21), – Lexique : autorité et abus – Image terrifiante de la condition
le chef faisait de même (l. 22), elle des femmes
passait à celles du métro (l. 22-23) – Personnification (mains baladeuses
des hommes)
– À peine le travail fini là-bas, – Chiasme – Travail permanent, personnage enfermé
ici elle recommençait (l. 23) dans sa condition
– L’enfant somnolait (l. 23-24), – Absence de vie – Famille type : père, fils
attendant le bouffer (l. 24), attendait
le bouffer (l. 24-25)
– un bras pendant (l. 25), Il fixait – Champ lexical de l’hébétude – Ironie : abrutissement des personnages
la lettre (l. 27), fixerait (l. 28),
il hypnotiserait (l. 29), parfaitement
abruti (l. 30)
– pollutions nombreuses (l. 30) – Métaphore ambiguë – Rêves et activités érotiques ?
– dodo enfantin (l. 30-31) – Vocabulaire familier – Effet déroutant
– La femme lava la vaisselle (l. 31) – Champ lexical des activités – Cliché de la femme au foyer
– lorsque 10 heures vinrent, le trio domestiques
pionçait (l. 32) – Proposition circonstancielle – Effet de chute + contraste des niveaux
+ principale brève + vocabulaire familier de langue + distance ironique

311
2. Projet de lecture : Dans quelle mesure ces textes pro- 2e §. Une ironie distincte (discours indirect libre
posent-ils une vision commune de l’existence ? acide, texte A  fantaisie propre à l’humour noir,
texte B).
3. Plan détaillé : 3e §. Une vision du monde bien différenciée (réa-
Partie I. Une même vision de l’existence lisme satirique et plaisant, texte A  vision plus
1er §. Des cadres urbains peu épanouissants (bana- sombre d’un monde mécanique et inquiétant,
lité de la promenade, texte A ; monotonie du par- texte B).
cours travail-domicile, texte B). Conclusion : deux visions voisines de l’existence
2e §. Des personnages médiocres, de moins en mais à des époques différentes (contextes et mou-
moins caractérisés (superposition de Bouvard et vements littéraires distincts).
Pécuchet, texte A ; anonymat inquiétant, texte B).
3e §. Des existences monotones et routinières (dia- Prolongement : choisir un vis-à-vis (texte + d’un texte
logue nourri de clichés, texte A ; existence sans à l’autre) d’une séquence de la partie I du manuel, et
consistance, texte B). proposer un plan général de commentaire comparé
Partie II. Mais des stratégies littéraires différentes (titres de parties et de sous-parties).
pour mettre en scène cette vision
1er §. Des points de vue différents (focalisation
omnisciente surplombante, texte A  présence fan-
tomatique et déroutante, texte B).

Fiche
méthodee 4 Rédiger l’introduction et la conclusion
du commentaire
➜ Livre de l’élève, p. 510

Objectif : Élaborer et mettre en forme l’introduction et Lumières grâce à cet exemple de médecin confronté à
la conclusion d’un commentaire. sa conscience.
4. Rédaction de l’introduction :
Le dialogue philosophique est un genre qui
Exercices d’entraînement ➜ p. 512 a inspiré le Grec Platon, et Diderot au siècle des
Lumières. La justice et la raison sont des thèmes
1 Structurer une introduction que le philosophe du XVIII e siècle aborde dans
Support : D. Diderot, son Entretien d’un père avec ses enfants, publié
Entretien d’un père avec ses enfants ➜ p. 503 en 1771. Dans cet extrait de dialogue argumenta-
tif, nous retrouvons le talent de ce brillant roman-
1. Les propositions A2 et A3 n’éclairent pas le sens du
cier et dramaturge qui propose ici l’affrontement
texte : A2 anecdotique, A3 sans rapport avec le texte. de deux thèses au sujet des soins à apporter à un
La B4 aurait besoin d’être étoffée pour être intéressante criminel : l’une est défendue par l’auteur lui-même
par rapport à l’extrait. qui se met en scène, et l’autre par le docteur Bissei.
La B6 est un jugement de valeur. Comment Diderot développe-t-il une argumenta-
2. Projet de lecture : Comment ce dialogue du siècle des tion ouverte invitant le lecteur à s’interroger sur les
Lumières invite-t-il le lecteur à s’interroger sur les liens liens entre la médecine et la justice ? Nous étudie-
entre la médecine et la justice ?, cf. exercice 2, p. 506. rons tout d’abord de quelle manière Diderot met en
place un dialogue vivant entre codes théâtraux et
3. Nous étudierons tout d’abord de quelle manière écriture romanesque ; puis nous nous intéresserons
Diderot met en place un dialogue vivant entre codes aux deux thèses qui s’opposent, afin de montrer
théâtraux et écriture romanesque ; puis nous nous que ce dialogue exprime les valeurs des Lumières
intéresserons aux deux thèses qui s’opposent, afin grâce à cet exemple de médecin confronté à sa
de montrer que ce dialogue exprime les valeurs des conscience.
312
2 Structurer une conclusion – royaume de Corinthe au lieu de royaume de Thèbes ;
Support : R. Desnos, « Demain » ➜  p. 503 – vers erroné : GN la race de Laïus, au vers 28 et non
au vers 29.
1. Proposition A1 : remarques formelles précises qui ont
Précisions inutiles :
leur place dans le développement, inutiles si elles ne
– le jour exact de la naissance de Racine ;
sont pas accompagnées d’interprétations.
– le récit quasi complet du mythe d’Œdipe ;
A3 : analyses à proposer dans le développement, il ne
– la mention injustifiée pour le moment des alexandrins
faut plus faire de citations du texte dans la conclusion.
et des rimes suivies ;
A4 : Ce n’est pas un bilan de l’analyse du texte mais une
– le peu de pertinence ici de la définition du tragique
information supplémentaire.
selon Aristote.
B2 : ouverture trop générale, le lien avec le texte est
juste lié à l’année. 2. Rédaction de l’introduction corrigée :
B3 : rapprochement intéressant, mais précis, à établir Jean Racine, né en 1639, est l’un des grands
dans un paragraphe du développement. représentants du classicisme français. Dans la pre-
mière de ses tragédies, écrite en 1664, La Thébaïde,
2. A4 à reformuler (cf. ci-dessous). il s’inspire de la dynastie maudite des Labdacides.
3. Rédaction de la conclusion : En effet il raconte la lutte des deux fils d’Œdipe,
Ce poème lyrique est touchant, car il témoigne Étéocle et Polynice, qui se battent pour le trône
de la situation du poète pris dans la tourmente de la ville de Thèbes. La scène d’exposition, dans
de la guerre, mais encore capable de croire en sa laquelle Jocaste exprime ses sentiments à la pensée
mission et d’espérer. Malgré cette vibrante espé- de la haine fratricide qui oppose ses deux fils, nous
rance, Robert Desnos ne verra pas cette aurore fait entrer de plain pied dans l’intrigue. Nous ver-
nouvelle, puisqu’il mourra du typhus en 1942 au rons en quoi ce début de pièce installe d’emblée le
moment de la libération du camp de Terezin, en spectateur dans un climat tragique. Pour ce faire,
Tchécoslovaquie, où il était prisonnier. nous étudierons d’abord les caractéristiques de
cette scène d’exposition, avant d’analyser la façon
dont ce dialogue fait ressortir la fatalité qui pèse
3 Améliorer une introduction sur les personnages.
Support : J. Racine,
La Thébaïde ou les Frères ennemis ➜ p. 334
1. Problèmes de méthode : 4 Terminer une conclusion
– l’introduction commence abruptement par le titre de Support A : J. Racine,
La Thébaïde ou les Frères ennemis ➜ p. 334
l’œuvre et par le déterminant démonstratif Ce, comme
– Cette tragédie a une résonance universelle et
si l’on connaissait déjà le texte ;
devient le symbole des nombreuses luttes fratri-
– le titre de l’œuvre n’est pas souligné ;
cides ou guerres civiles qui continuent de ravager
– le pronom personnel je apparaît dans le projet de ethnies, tribus ou communautés de différentes
lecture et l’annonce du plan ; nations, de nos jours.
– présence de citations (v. 29), de surcroît sans – Il est possible de comparer cette scène à l’une
guillemets. de ses réécritures modernes, par exemple la pièce
Maladresses : Antigone écrite par Jean Anouilh en 1944, dans
– excellentissime : vocabulaire hyperbolique un peu une France tourmentée et divisée.
familier qui donne un avis personnel ; Support B : Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 152
– formulations maladroites : une famille maudite qui – Julien Sorel préfigure un autre personnage
n’a que des malheurs, Racine utilise des alexandrins ; représentatif de la déconstruction du personnage
– syntaxe incorrecte de l’interrogation indirecte (fait-il héroïque opérée par Stendhal. En effet, neuf ans
ressortir => fait ressortir) ; plus tard, ce dernier écrit La Chartreuse de Parme
– pas de transition entre la date de naissance de Racine où Fabrice Del Dongo échoue à prendre la mesure
et le récit du destin d’Œdipe. de la bataille de Waterloo dont il est pourtant le
Oublis : témoin.
– il s’agit de la 1re tragédie de Racine ; – Nous pouvons nous demander si ce roman
– la place du passage étudié dans la pièce. ne sonne pas le glas du héros romantique pour
Erreurs : laisser place à un nouveau type de personnages
romanesques.
313
Prolongement : rédiger la conclusion du commentaire sur le texte de Baudelaire, « Éloge du maquillage »
➜ p. 506, en s’aidant des réponses des exercices 4 p. 506 et 2 p. 509. Proposer deux ouvertures différentes à
l’aide des textes suivants : Charles Baudelaire, « La beauté » (Les Fleurs du mal, 1857) et Jean-Jacques Rousseau,
Discours sur les sciences et les arts (1750) ➜ p. 134.

Fiche
méthode 5 Enchaîner des paragraphes
de commentaire
➜ Livre de l’élève, p. 513

Objectif : Rédiger et relier entre eux des paragraphes N.B. : dans le livre de l’élève réimprimé en août 2011,
de développement de commentaire. la bonne rédaction de partie de commentaire a été
rétablie.

APPLICATION A. Camus, La Peste QUESTIONS


➜ p. 501 1. Présenter l’enjeu de la partie.
Étape 10 Relire l’ensemble du devoir ➜  p. 515
2. 2e § : En effet ; 3e § : Afin de ; 4e § : Grâce à ;
5e § : Ainsi.

3. 3e § :
Citations Vocabulaire de l’analyse Interprétations
– le docteur Rieux (mention du – Point de vue du personnage principal
nom dans le paratexte)
– les eaux lui parurent tièdes – Modalisateurs (lourd) ou verbes de – Début du texte = point de vue
(l. 1-2), Un lourd clapotement lui perception (parurent) de Rieux
apprit (l. 6-7), il perçut (l. 8)
– il savait (l. 2), Rieux savait (l. 20) – Verbe de pensée – Narrateur de la chronique = Rieux
– on (l. 10) – Pronom personnel, sujet d’un verbe – Intériorité des deux amis :
de perception même communauté de pensée
– solitaires (l. 14), libérés (l. 14), – Focalisation omnisciente
avaient le même cœur (l. 19)

4. Valeur conclusive de ce dernier § :


bilan de l’argumentation.

314
Exercices d’entraînement ➜ p. 516 sur l’échange des rôles ; où et quand ? un château au
XVIIIe siècle ; comment ? registre comique ;

1 Rédiger un paragraphe – structure : arrivée de Frontin (l. 1-14), Lucidor expose


Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Égalité » ce qu’il attend de son valet (l. 15-32).
Voltaire défend une idée audacieuse en remet- 2. Une scène d’exposition rythmée : dialogue vif en
tant en question la notion d’égalité. Cette thèse deux étapes. Phrases brèves, interrogatives ou excla-
apparaît explicitement à la fin de l’extrait lorsqu’il matives, répliques généralement courtes, mises à part
utilise le présent de vérité générale pour affirmer deux répliques explicatives, l’une de Frontin sur son
que « L’égalité est donc à la fois la chose la plus
arrivée (l. 3-9), l’autre de Lucidor sur son passé récent
naturelle et en même temps la plus chimérique »
(l. 22-28).
(l. 19-20). Pour étayer ce point de vue, il déve-
loppe deux arguments surprenants. Il fait d’abord Un jeu de déguisement qui relève de la comédie : la
un portrait dévalorisant du genre humain avec thématique de l’échange des rôles maître / valet propre
l’accumulation des défauts de l’homme exposée à la comédie (didascalies + champ lexical de l’appa-
dans le premier paragraphe. Le philosophe évoque rence), mais le maître conserve sa supériorité (prise de
ainsi le penchant pour « la domination » (l. 2), parole et remise en place du valet) dans une scène qui
« la richesse et les plaisirs » (l. 2), « la paresse » joue sur les comiques de situation et de mots.
(l. 3), et la jalousie (l. 11). Il développe ensuite un
3. Rédaction de deux paragraphes d’une même partie :
deuxième argument dans l’autre paragraphe, où il
Marivaux nous présente tout d’abord une scène
explique que la condition nécessaire à l’égalité est
d’exposition rythmée. Elle comporte deux parties :
impossible à réaliser : il faudrait que les hommes
l’entrée en scène du valet dans les deux premiers
renoncent à la propriété privée et qu’ils soient tous
échanges (l. 1-14), puis un deuxième temps où le
« utiles » (l. 14), c’est-à-dire capables d’être des
maître dévoile son projet (l. 15-32). L’entrée du
artisans, des producteurs. Le regard critique de
valet est soulignée de manière efficace et dyna-
Voltaire s’exprime dans des termes péjoratifs tels
mique par des didascalies internes ou externes
que « caprices » (l. 6) ou encore l’adjectif « chimé-
qui signalent les mouvements et les gestes des
rique » (l. 20) qui souligne l’absurdité de ce rêve
personnages, contribuant ainsi à l’animation de
égalitaire également perceptible dans l’antiphrase
ironique « ces belles dispositions » (l. 8). En outre, la scène : « Entrons dans » (l. 1), « Il se retourne »
sa thèse est marquée par des modalisateurs tels (l. 7), « riant » (l. 29). De plus, le rythme de la
que « certainement » (l. 15) ou « bien » (l. 8) et par scène est lié à la brièveté des échanges, les seules
l’utilisation de la deuxième personne du pluriel qui exceptions étant le petit récit de l’arrivée de Frontin
implique le lecteur : « Vous voyez bien » (l. 8) et « si (l. 3-9) et l’explication à visée informative proposée
vous avez besoin » (l. 17). Enfin, les connecteurs par Lucidor (l. 22-28). La vivacité de l’échange
logiques « par conséquent » (l. 3-4), « car » (l. 15) est surtout mise en évidence par la multiplication
ou encore « donc » (l. 19), confèrent une efficacité des phrases interrogatives et exclamatives qui per-
argumentative en soulignant la logique supposée mettent d’avoir une scène enjouée, telle la dernière
infaillible de ce raisonnement provocateur. réplique de Frontin : « Pour cette fille que vous
aimez ? la confidence est gaillarde ! » (l. 29-30).
En outre, ce rythme alerte s’accorde au thème
2 Rédiger et enchaîner du déguisement et de l’échange des rôles entre un
des paragraphes maître et son valet. Ce lieu commun de la comédie
Marivaux, L’Épreuve, scène 1 apparaît dès la première didascalie qui révèle le
1. Étape 1 : nom, donc le statut, des personnages : l’onomas-
Contexte : dramaturge du XVIIIIe siècle ; thème : échange tique et l’étymologie du nom propre « Lucidor » le
des rôles maître / valet dans une perspective amou- rattachent à la lumière (« lux » en latin) et à l’or ;
reuse ; objet d’étude : le texte théâtral et sa représen- ce personnage au nom scintillant ne peut être que
le maître ; en revanche, le valet porte un nom plus
tation, du XVIIe siècle à nos jours.
populaire conforme à la psychologie frondeuse des
Étape 2 : serviteurs : Frontin, et il affirme cette qualité dans
– genre : comédie ; type : informatif (dialogue d’une une réplique significative : « Y reconnaissez-vous
scène d’exposition qui donne les principales infor- votre valet de chambre ? » (l. 7-8). Il est également
mations au spectateur) ; qui ? Lucidor et son valet soumis à son maître comme le montrent deux pré-
Frontin ; quoi ? mise en place d’une intrigue fondée cisions : « l’ordre de votre lettre » (l. 5) et « dans
315
l’équipage que vous m’avez prescrit » (l. 6.) Le qui fait écho aux problèmes de santé mais aussi
spectateur comprend donc que Frontin arrive « en aux souffrances sentimentales éprouvées par Paul
bottes et en habit de maître » à la demande de Eluard dans les années 1920. Le lyrisme est aussi
Lucidor, et leur échange porte sur ce déguisement perceptible dans le travail sur le rythme ; ainsi les
évoqué dans le champ lexical de l’apparence : « ma séquences binaires parcourent-elles l’ensemble du
figure » (l. 6-7), « l’air un peu trop seigneur ? » poème, connotant l’idée du couple uni, du mouve-
(l. 8-9), « bonne mine » (l. 14). La suite du dia- ment du berceau, métaphore du battement et de
logue révèle que Lucidor souhaite installer un rival la forme des yeux. Nous pouvons également noter
auprès de celle qu’il aime et orchestrer lui-même les couples de groupes nominaux de la deuxième
une épreuve, ce qui permet de comprendre le titre strophe : « Feuilles de jour et mousse de rosée, /
de cette comédie. Roseaux du vent, sourires parfumés » (v. 6-7). Les
sonorités valorisent également l’amour du poète,
scandé par des assonances et des allitérations qui
3 Améliorer la rédaction
évoquent la douceur et la courbe des yeux de la
d’un paragraphe femme aimée, comme dans les deux premiers vers,
Support : P. Eluard, Capitale de la douleur,
avec l’allitération en [r] et l’assonance en [u] :
« La courbe de tes yeux » ➜ p. 59
« courbe », « tour », « cœur », « rond », « dou-
1. Un texte lyrique. ceur ». Cet éloge de la femme aimée est donc bel
Remarques sur l’hommage à la femme, à placer dans et bien une œuvre lyrique.
un autre § : Ici il rend hommage à la femme aimée et fait
son éloge par des énumérations qui donnent du rythme 4 Rédiger un commentaire intégral
+ qui font penser aux yeux de la femme et aux formes Séries générales
féminines + La description du corps féminin rappelle les M. NDyaye, Trois femmes puissantes, III
blasons, des poèmes de la Renaissance. Introduction :
2. Lourdeurs : définition du lyrisme (emploi fautif du Marie NDyaye, romancière et dramaturge fran-
relatif ce qui + expression peu élégante : L’auteur met çaise, métisse d’origine sénégalaise, est l’auteur de
ses sentiments dans son texte) + emploi des parenthèses récits où domine une vision presque fantastique,
mais aussi très sombre, de la société et de la place
proscrites dans un § : (cf. Orphée, Apollon) + emploi
que la femme y occupe. Trois femmes puissantes,
vague de l’adverbe Ici.
œuvre de 2009, rassemble trois récits d’Africaines
Répétitions : À cette époque redondant avec la mention confrontées à des situations où elles vont affirmer
des années, Il y a (2 fois), on parle du rythme au milieu une puissance paradoxale, jusque dans la mort ;
et à la fin du §. parmi elles, Khady Demba, une jeune femme à
Insertion des citations : par des énumérations + des l’existence sordide, décède en tentant d’échapper
métaphores avec des formes circulaires + des rythmes à son sort, dans le dénouement du récit qui lui est
binaires et un chiasme => pas de citations pour illustrer ; consacré.
à la place, des indications hétéroclites entre paren- + Projet de lecture : Comment le récit d’une mort
thèses ; nécessité d’un relevé précis des assonances sordide se transforme-t-il en apothéose ?
et des allitérations. + Annonce du plan.
Vocabulaire approximatif ou inadéquat : mention des Proposition de plan détaillé :
peines de cœur de P. Eluard, ce qui minimise le tra- Partie I. Le récit d’une mort sordide
vail d’écriture poétique ; emploi imprécis de l’adjectif 1er §. Un cadre spatio-temporel hostile (vision d’ef-
différent (qu’est-ce qui différencie le surréalisme de la froi des réalités hostiles de la frontière).
2e §. Un théâtre d’événements tragiques (dif-
poésie de la Renaissance ?).
férentes étapes et temps verbaux d’une fuite
3. Proposition de rédaction améliorée : haletante).
Ce texte est lyrique car le poète exprime ses sen- 3e §. Une vision noire et tragique du monde (un
timents personnels de façon musicale et rythmée. défi surhumain, indépassable).
Remarquons d’emblée la présence affirmée de la Partie II. Une mort en apothéose
première personne qui met en scène le poète amou- 1er §. Un récit centré sur le point de vue de Khady
reux : « mon cœur » (v. 1), « je ne sais plus tout Demba (focalisation interne, discours rapportés).
ce que j’ai vécu » (v. 4), « ne m’ont pas toujours 2e §. Un récit finalement poétique (phrases longues
vu » (v. 5), « mon sang » (v. 15). Ces relevés sont à révélant l’obstination et l’envol du personnage).
relier au titre du recueil Capitale de la douleur, titre
316
3e §. Une métamorphose inattendue du person- 2e §. Scène = prétexte à un jeu de séduction (rap-
nage (champ lexical de l’ascension, fusion animiste prochement physique, jeu avec le reflet + chute
avec les éléments, la métamorphose mystique en avec la déclaration).
oiseau). 3e §. Métaphore de la pêche : cueillette des sali-
Conclusion : coques = conquête de la femme.
Le dénouement de Trois Femmes puissantes Partie II. Des personnages qui ne sont pas tout à
est un texte aux frontières du fantastique qui fait en phase
met en scène un motif récurrent des romans de 1er §. Deux personnages différenciés (antithèses
Marie NDyaye : la présence de l’oiseau, souvent + focalisation omnisciente qui saisit le décalage de
avec une fonction de présage comme dans l’Anti- gestes et de pensées entre les deux personnages).
quité ou un parallèle christique qui compensent le 2 e §. Sérieux et maîtrise de M me de Rosémilly
sort atroce du personnage qui désirait migrer. (champ lexical de l’adresse en opposition avec la
naïveté des sentiments).
Séries technologiques 3e §. Fantaisie et marivaudage de Jean (maladresse
G. de Maupassant, Pierre et Jean compensée par une stratégie efficace du geste et
Éléments pour l’introduction : du langage).
Guy de Maupassant : représentant du réalisme Éléments pour la conclusion :
au XIXe siècle ; Pierre et Jean : court roman sur le Une scène de déclaration assez légère, contre-
thème de la famille et des rivalités entre frères ; point léger : marivaudage presque comique dans
scène de déclaration d’amour de Jean à Mme de un roman dont l’intrigue s’apparente davantage
Rosémilly lors d’une partie de pêche. à une tragédie.
Projet de lecture : Comment la scène de déclaration
est-elle mise en scène dans cet extrait ? Prolongement : rédiger l’une des deux parties au
choix du commentaire du texte de Flaubert Bouvard
Proposition de plan détaillé :
Partie I. Une scène de pêche entremêlée à une scène et Pécuchet ➜ p. 195, en s’aidant de l’exercice 4 de
de séduction la fiche 3.
1er §. Scène de pêche = lien entre les deux per-
sonnages (champ lexical de la pêche, sujet de la
conversation).

317
CHAPITRE
4 Rédiger une dissertation
➜ Livre de l’élève, p. 518

Fiche
méthodee 1 Dégager la problématique d’un sujet
➜ Livre de l’élève, p. 520

Objectif : Comprendre et analyser le sujet afin d’en 2 Analyser la citation


dégager la problématique. Corpus :
Texte A : Voltaire, Micromégas ➜ p. 92
Texte B : D. Diderot, Supplément au voyage
Exercices d’entraînement ➜ p. 522 de Bougainville ➜ p. 99
Texte C : J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid
➜ p. 101
1 Comprendre le sujet
1. La question de l’homme dans les genres de l’argu-
1. Sujet a : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen
mentation, du XVIe siècle à nos jours : corpus composé
Âge à nos jours.
de différentes sortes de récit (conte philosophique, dia-
Sujet b : Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe
logue fictif, roman) + citation portant sur le roman, et
siècle à nos jours.
par extension sur tout récit fictif narration = moyen
Sujet c : Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos
de transmettre une argumentation.
jours.
2. a et b. mots clés : roman = long récit de fiction ;
2. Sujet a : poésie = genre littéraire qui met l’accent
subjectif  objectif, neutre personnel, voire engagé ;
sur les images et la musicalité de la langue ; travail
imaginaire, irréel = fictif, voire merveilleux, fantastique ;
technique = écriture fondée sur les contraintes de la
dépourvu de sens = insignifiant, sans portée philoso-
versification.
phique ; réalités = référent, monde qui nous entoure ;
Sujet b : lecteur  spectateur : opposition qui rappelle
autre langage = autre genre littéraire ; certaines vérités
que le théâtre est un spectacle ; liberté = autonomie par
rapport à l’œuvre, possibilité de réflexions personnelles. = thèses, réflexions sur le monde ; histoires, romans,
contes = toutes les formes de récit.
Sujet c : description = représentation, aperçu ; por-
trait = description d’un personnage ; roman = fiction, 3. Seul l’apologue parvient à transmettre certaines
long récit ; cadre de l’intrigue = milieu et époque où se vérités.
déroule l’histoire ; personnages = héros.
3. a. Sujet a : ne… que = restriction. 3 Identifier la démarche
Sujet b : plus… que = comparaison. 1. Les trois sujets portent sur le même objet d’étude :
Sujet c : et = addition ; ne… que = restriction. La question de l’homme dans les genres de l’argumen-
b. Sujet a : poésie = travail technique, mais aussi liberté, tation, du XVIe siècle à nos jours + Le personnage de
expression de soi ou fruit du génie… roman, du XVIIe siècle à nos jours, pour le sujet b.
Sujet b : lecture d’une pièce = liberté d’interpréter à son
2. Sujet a : traité = essai, genre de l’argumentation
rythme le sens du texte, d’imaginer les personnages et
directe ; accessible = abordable.
le décor…
Sujet b : personnage = héros fictif ; conte = apologue,
Sujet c : autres fonctions du texte descriptif = symbo-
récit à visée morale fondé sur le merveilleux ; roman
lique, interaction entre le cadre spatio-temporel et les
= long récit de fiction ; se différencie = se distingue.
personnages…
Sujet c : dit plus qu’il ne semble dire = profond, malgré
sa légèreté apparente ; conte philosophique et argu-
318
mentation indirecte = apologue, récit qui défend une 5 Problématiser
thèse par des moyens détournés.
1. La question de l’homme dans les genres de l’argu-
3. Sujet a : question ouverte plan thématique. mentation, du XVIe siècle à nos jours image de l’épée
Sujet b : question déterminée plan concessif.
= registre polémique, littérature d’idées ; mais tous les
Sujet c : citation plan dialectique. genres littéraires sont concernés.
2. habitude + métier = profession d’écrivain ; plume
4 Choisir la bonne problématique = métonymie pour désigner les mots ; épée = littéra-
1. préfaces, postfaces, notes, commentaires = para- ture engagée ; impuissance = faiblesse de l’écrivain,
texte ; parler de soi = se confier aspect autobiogra- absence d’impact de son travail  sert = est utile ; pou-
phique ; expérience = vie  romancier = auteur de récits voirs = moyen d’agir dans la société, de changer les
de fiction ; roman = long récit imaginaire ; évacuerait choses.
= éliminerait ; moi = part de la vie intime de l’auteur. 3. La littérature a-t-elle ou non le pouvoir d’influencer
2. Citation + énoncé = question déterminée. la société ?
Syntaxe : modalisateurs de doute : vraiment et semble
+ conditionnel qui conduit à douter de cette affirmation
Prolongement : préparer au brouillon l’ensemble des
pistes et des exemples suggérés par la problématique
plan concessif ou dialectique.
du sujet de l’exercice 5.
3. Problématique c : l’adverbe vraiment suscite le doute
formulation négative de la problématique.

Fiche
méthodee 2 Exploiter le corpus
et ses lectures personnelles
➜ Livre de l’élève, p. 523

Objectif : Rechercher des idées et des exemples en 2. a et b. Questions à se poser :


relation avec la problématique. – Aspects de l’homme et de la société touchant les
lecteurs, quelle que soit l’époque ?
Texte A : obsèques d’un vieillard abandonné de tous.
Exercices d’entraînement ➜ p. 525 Texte B : description des colonies africaines (paysage
et conditions de vie).
1 Exploiter le corpus Texte C : déroulement d’un procès.
Corpus : – Éléments symboliques ?
Texte A : H. de Balzac, Le Père Goriot ➜ p. 157 Texte A : défi lancé à la société parisienne par Rastignac
Texte B : L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit ➜ p. 164 (roman d’apprentissage).
Texte C : A. Camus, L’Étranger ➜ p. 200 Texte B : comparaison vie coloniale // guerre (intérêt
1. Objet d’étude : Le personnage de roman, du XVIIe siècle historique).
à nos jours. Texte C : dépossession de l’individu par le groupe qui
Mots clés : romans = longs récits imaginaires ; passent le juge (intérêt philosophique).
à la postérité = font partie du patrimoine littéraire, sur- – En quoi les personnages sont-ils emblématiques ?
vivent à la mémoire. Texte A : Christophe = domestique fidèle ; Rastignac
Énoncé : Comment expliquez-vous = question ouverte ; = jeune homme partagé entre ambition et compassion.
recherche des causes plan thématique. Texte B : Narrateur = tout être humain traumatisé par
Problématique a qui va à la source de la question  b, la guerre ; Robinson = figure de l’aventurier.
qui ne s’intéresse qu’à la manière (Comment ?) ;  c, Texte C : Meursault = étranger à la société, inconscient.
trop restrictive (valeurs communes). – Réflexions suscitées par ces romans ?
319
Texte A : solitude de l’homme dans la mort, importance Mots clés : expérience personnelle = vie, actions (voyages,
de l’argent. découvertes, métier…) ; échos universels = portée très
Texte B : description réaliste, sans exotisme. large, qui ne se limite pas à un contexte spatio-tempo-
Texte C : absurdité et déshumanisation du système judi- rel précis ; texte argumentatif = genre de la littérature
ciaire. d’idées.
3. Peinture réaliste de la société ; volonté de dénoncer Énoncé : Dans quelle mesure = question déterminée
les failles et abus du système ; questions universelles : plan concessif.
relations humaines et rapports de force, conventions Problématique : En quoi un récit autobiographique
sociales, déterminisme et liberté, influence de l’envi- peut-il constituer une leçon pour tous ?
ronnement socioculturel… 3. Question a utilité pour chacun transposable à tous.
4. Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 152 : début de Cf. préface des Contemplations, de V. Hugo : Quand je
l’ascension sociale de Julien Sorel sous la protection vous parle de moi, je vous parle de vous.
de l’abbé Pirard. 4. Utilité du voyage pour les auteurs échos uni-
É. Zola, L’Œuvre ➜ p. 159 : réflexions à propos du suicide versels :
de Claude Lantier lors de ses obsèques (bilan d’une vie). – expérience tirée de la découverte des lieux, des
J. Conrad, Au cœur des ténèbres ➜  p. 162 : vision pes- coutumes et des gens + plaisir de la rencontre et du
simiste du système colonial. mélange des cultures (texte A) ouverture sur le
monde (humanisme) ;
2 Utiliser la question sur le corpus – moyen de forger sa personnalité (texte B) instru-
Corpus : ment de formation ;
Texte A : M. de Montaigne, Essais ➜  p. 110 – plaisir de la promenade : liberté et inspiration (texte C)
Texte B : J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation stimulation pour l’écriture partagée avec le lecteur.
➜  p. 112
Texte C : V. Hugo, Le Rhin ➜  p. 126
3 Synthétiser ses connaissances
1. Lecture des textes. Support : les six textes de la séquence 2 ➜ p. 49
2. Objet d’étude : La question de l’homme dans les genres 1. Lecture des textes.
de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours libellé :
2.
texte argumentatif.

Titre Titre Auteur Époque / Contenu Fonction Citation


du poème du recueil Mouvement du texte du poète
littéraire
et culturel
« Je vis, je Sonnets Louise XVIe siècle Les Exprimer ses Je vis, je meurs :
meurs » Labé École de Lyon vicissitudes sentiments intimes je me brûle et me
de l’amour noie (v. 1)
« La nuit m’est L’Olive Joachim XVIe siècle Les désirs du Idem L’obscur m’est
courte… » Du Bellay la Pléiade poète pour la clair, et la lumière
femme aimée obscure (v. 8)
« Ô triste, Romances Paul XIXe siècle Contradiction Idem Je ne me suis pas
triste était sans Verlaine symbolisme entre amour consolé,
mon âme » paroles et raison ; Bien que mon
séparation cœur s’en soit allé
avec sa femme (v. 7-8)
« Les Poésies Marceline XIXe siècle La poétesse Idem Ne montre pas
séparés » inédites Desbordes- romantisme refuse l’eau vive
Valmore la lettre de à qui ne peut
son amoureux, la boire (v. 13)
loin d’elle

320
Titre Titre Auteur Époque / Contenu Fonction Citation
du poème du recueil Mouvement du texte du poète
littéraire et
culturel
« Non l’amour Corps Robert XXe siècle Éloge de la Idem mais à valeur Mon amour n’a
n’est pas et biens Desnos surréalisme femme aimée universelle qu’un nom, qu’une
mort » jusque dans forme (v. 6)
la mort
« La courbe Capitale Paul Eluard XXe siècle Éloge des Idem Le monde entier
de tes yeux » de la surréalisme yeux de la dépend de tes yeux
douleur femme aimée purs (v. 14)

3. Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du Question déterminée plan concessif.
Moyen Âge à nos jours. Problématique : Une réécriture est-elle uniquement
Mots clés : Parnasse, théorie de l’art pour l’art = culte fondée sur la volonté d’étonner le lecteur ?
de la beauté formelle ; revendique = défend (choix affir- 2. a et b. Sujet A. Le personnage (portrait, action et
mé) ; inutilité = aucune fonction pratique, seulement le discours ; rôle symbolique, porte-parole de l’auteur)
plaisir esthétique ; poésie = genre littéraire fondé sur le ➜   p. 434 ; le narrateur (fonction dans le roman) ➜ p. 432.
travail sur le langage pas d’engagement ni de visée Sujet B. Versification et formes fixes (contraintes impo-
morale ; poète isolé de la société… sées par la tradition) ➜ p. 401 ; formes modernes (liber-
Thèse de Théophile Gautier à discuter plan dialec- té, affranchissement des règles classiques) ➜ p. 405.
tique. Sujet C. Les réécritures (variantes, mythes, pastiche et
Problématique : La poésie n’est-elle qu’un ornement parodie) ➜  p. 454.
purement esthétique ?
4. Essentiellement la 6e colonne : fonction du poète. 5 Élargir le champ des exemples
1. Objets d’étude : La question de l’homme dans les
4 Cerner les notions utiles genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours
1. Sujet A. Objet d’étude : Le personnage de roman, du + Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours.
XVIIe siècleà nos jours. Mots clés : personnage = être fictif ; conte = apologue,
Mots clés : personnages = êtres fictifs ; romancier = auteur ; récit à visée morale utilisant le merveilleux ; se différen-
moyens = ressources ; se poser les grandes questions cie = se distingue ; roman = long récit de fiction.
= proposer une réflexion philosophique ; l’avenir de Question déterminée plan concessif.
notre société = le futur, l’évolution. 2. Problématique : Les personnages de conte et de roman
Question déterminée plan concessif. sont-ils foncièrement distincts ?
Problématique : Les personnages de fiction s’inscrivent- 3. a. Pour les personnages de conte : Voltaire, Micro-
ils uniquement dans le temps de la fiction et dans le mégas ➜  p. 92 (héros = extraterrestre géant qui rencon-
présent de l’auteur ? tre un autre extraterrestre, un « nain géant ») ; Voltaire,
Sujet B. Objet d’étude : Écriture poétique et quête du L’Ingénu ➜   p. 114 (héros = Indien d’Amérique qui ren-
sens, du Moyen Âge à nos jours. contre des protestants à Saumur) surnaturel, naïveté,
Mots clés : plaisir = satisfaction ; contraintes = règles ; qualités extraordinaires…
s’est fixées = s’est imposées. Personnages stylisés, symboliques, manichéens.
Question déterminée plan concessif. Pour les personnages de roman : Stendhal, Le Rouge
Problématique : Les prouesses techniques du poète et le Noir ➜  p. 152 (Julien Sorel entre dans le monde) ;
sont-elles le seul critère de plaisir du lecteur ? Maupassant, Bel-Ami ➜  p. 154 (orgueil de Georges
Sujet C. Objet d’étude : Les réécritures, du XVIIe siècle à Duroy) ; Balzac, Le Père Goriot ➜   p. 157 (le défi de Rasti-
nos jours. gnac) humanité, qualités et défauts mêlés, portraits
Mots clés : réécriture = reprise, transposition, intertex- détaillés, en action…
tualité ; impressionner = susciter l’admiration ; susciter Aspects réalistes et psychologiques mis en évidence.
son intérêt = attirer son attention. b. Lectures de romans ou de contes dans leur intégralité
321
car cela permet d’avoir une vision globale des person- proche du roman (cf. Voltaire, L’Ingénu) chercher des
nages, de mieux cerner leur évolution ; lecture d’articles exemples dans le manuel de Seconde, par exemple la
d’encyclopédies ou d’essais sur le personnage, et sur séquence 6.
les genres à analyser.
Prolongement : proposer des pistes d’analyse au
Attention ! Le manuel propose des extraits de contes
sujet de l’exercice 5 en classant les exemples trouvés
philosophiques, genre distinct du conte de fées, souvent
et en les rattachant à de premiers arguments.

Fiche
méthode 3 Construire un plan détaillé de dissertation
➜ Livre de l’élève, p. 526

Objectif : Organiser avec logique le plan détaillé Exercices d’entraînement ➜ p. 528


d’un développement de dissertation.
1 Du plan détaillé au sujet
1. Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du
APPLICATION Moyen Âge à nos jours.
Corpus :
Sujet : De la musique avant toute chose affirme Verlaine
Texte A : Molière, Le Bourgeois gentilhomme ➜ p. 216
Texte B : A. de Musset, Lorenzaccio ➜ p. 241 dans son Art poétique (1874). La poésie n’a-t-elle qu’une
Texte C : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 263 fonction esthétique ?
Objet d’étude + Sujet de dissertation : 2. Ex. 3 : Je ne me suis pas consolé, / Bien que mon cœur
Fiche méthode 1 ➜ p. 521 s’en soit allé (v. 7-8) de « Ô triste, triste était mon âme »
Étape 7 Élaborer le plan détaillé ➜ p. 527 de P. Verlaine ➜ p. 53.
Ex. 5 : « Les animaux malades de la peste » de J. de
QUESTIONS La Fontaine ➜ p. 392.
Ex. 6 : « Fonction du poète » de V. Hugo ➜ p.  66
1. § 2 : Mais l’impuissance du héros tragique n’est-elle
pas déjà une réflexion sur l’absurdité de la condition + carrière politique d’Hugo, cf. biographie ➜ p. 564.
humaine ? 3. Ainsi, bien que le lyrisme et la musicalité constituent
§ 5 : D’autre part, la mise en scène est l’aboutisse- des composantes essentielles de l’art poétique, la poé-
ment d’un projet défini, d’une lecture de l’œuvre, qui sie peut aussi engager l’artiste au sein de la société.
lui donne sens.
2. Ex. 3 : Le dénouement des Caprices de Marianne, chez 2 Du sujet au plan détaillé
Musset, contraste avec la légèreté de la comédie, et la 1. Analyse du sujet (cf. corrigé de l’exercice 1, p. 522
mort de Cœlio semble absurde. ➜ Livre du professeur, p. 318).
Ex. 4 : L’intrigue cyclique de La Leçon d’E. Ionesco sym- Problématique : La description a-t-elle pour seul rôle
bolise la spirale de la violence ; tout sert à exprimer, à de présenter le cadre et les protagonistes du roman ?
signifier (E. Ionesco, Notes et contre-notes, 1966). 2. Plan concessif : thèse (elle révèle le cadre et les per-
Ex. 6 : La mort apparemment absurde des héros de sonnages) + antithèse (elle a d’autres fonctions).
Musset (Lorenzaccio, Cœlio, Rosette…) amène le spec-
3 et 4. Plan détaillé :
tateur à réfléchir sur la portée des propos et des actes
Partie I. Certes, la description a une fonction
de ces personnages (l’engagement, l’orgueil…). informative
1er §. Présentation du cadre spatio-temporel
Ex. : H. de Balzac, « incipit » du Chef-d’œuvre
inconnu p. 428.
2e §. Présentation des personnages
322
Ex. : P. Roth, Exit le fantôme ➜ p. 436. Partie II. Toutefois, ce pouvoir est souvent menacé
3e §. Mise en scène des personnages dans un décor ou mis en doute.
(dramatisation) + action sur le rythme du récit 1er §. Le grand public recherche plutôt les diver-
(pause) tissements faciles véhiculés par la télévision ou
Ex. : portrait de la Thénardier dans Les Misérables Internet ; les livres ont moins d’impact.
de V. Hugo (2e partie, livre III, ch. 2). Ex. : Les séries américaines sont plus connues du
Partie II. Cependant, elle a d’autres fonctions tout public adolescent que Montaigne et Rabelais.
aussi essentielles 2e §. La censure et les persécutions s’attaquent sou-
1er §. Fonction esthétique talent poétique de vent aux écrivains dont les œuvres sont perçues
l’auteur comme des menaces contre l’ordre établi.
Ex. : G. Flaubert, « incipit » de Salammbô, descrip- Ex. : Roberto Saviano est un écrivain sous protec-
tion du palais d’Hamilcar (festin). tion policière depuis la publication de son récit sur
2e §. Fonction explicative dimension sociologique la mafia napolitaine, Gomorra.
Ex. : H. de Balzac, Le Père Goriot : description de la 3e §. Les pouvoirs de la littérature ne sont pas for-
pension Vauquer avec son fonctionnement. cément liés à l’idée de combat : elle stimule l’ima-
3e §. Fonction symbolique valeur métaphorique ginaire, apporte un enrichissement culturel…
de la description Ex. : Le Japonais Haruki Murakami, l’Islandais
Ex. : É. Zola, Le Ventre de Paris ➜ p. 394. Arnaldur Indridason, l’Américain Jim Harrison…
Partie III. Mais, envers et contre tout, la littérature
reste essentielle car elle permet de mieux com-
3 Améliorer un plan détaillé
prendre le monde.
1. Les arguments sont désordonnés et pas clairement 1 er §. Les grandes œuvres ont une dimension
reliés aux mots clés des pistes présentées dans les parties : universelle et les livres du passé nous intéressent
Ex. : La littérature est une arme de combat… (I. § 2) cor- encore aujourd’hui, preuve que leur pouvoir
respond à la piste de réflexion de la partie II (plume dépasse les frontières de l’espace et du temps.
= épée) ; l’argument : Les livres nous font réfléchir… Ex. : Les Essais de Montaigne, auteur de la Renais-
(I. § 3) ne convient pas pour la partie I : impuissance sance, abordent des préoccupations humaines
des écrivains. encore actuelles.
2e §. Les livres ont la capacité de nous faire réflé-
Certains arguments sont hors sujet :
chir sur la condition humaine, posent des questions
Ex. : II. § 3 : Les livres sont utiles car ils nous font voyager
essentielles.
dans le temps et dans l’espace ; I. § 4 : Certains écrivains Ex. : Albert Camus, dans La Peste, pose la question
apportent des témoignages… rapport avec l’idée de de la résistance contre la maladie, contre le mal
pouvoir (impuissance = mot clé du sujet) mal établi. en général.
2. 3 et 4. L’ordre des parties est à rétablir logiquement, 3e §. Le talent d’un véritable écrivain donne plus
et les titres sont à reformuler de façon plus générale, de puissance aux mots, lorsqu’il s’agit de témoi-
en ne se cantonnant pas à la citation de J.-P. Sartre. gnages vécus.
Ex. : Primo Lévi, Si c’est un homme, est une œuvre
Plan détaillé : de mémoire sur les camps nazis.
Partie I. Certes, l’on peut croire aux pouvoirs de
l’engagement.
1er §. La littérature est un outil de liberté qui refuse 4 De l’analyse du sujet au plan détaillé
les fanatismes et l’obscurantisme. 1 et 2. Analyse et classement des notes :
Ex. : Émile Zola publie une lettre ouverte « J’accuse »
dans le journal L’Aurore à l’occasion de l’affaire Sujet 1
Dreyfus. Corpus :
2 e §. La littérature est une arme de combat, Texte A : J. Racine, Phèdre ➜ p. 239
lorsqu’elle est satirique ou polémique. Texte B : Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard
Ex. : Voltaire, Diderot, Beaumarchais, qui ont ➜ p. 220
connu la prison, mais n’ont jamais renoncé à Texte C : V. Hugo, Hernani ➜ p. 237
défendre leurs idées. Texte D : A. Camus, Le Malentendu ➜ p. 256
3e §. Les livres ont un impact à long terme, ils font – Mots clés : catégories de spectateurs = attentes et com-
évoluer les mentalités. portements différents du public ; plaisir = satisfaction ;
Ex. : La littérature des Lumières a inspiré la yeux = beauté visuelle ; cœur = émotions ; esprit = plai-
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. sir intellectuel ; théâtre = genre littéraire dramatique.
323
– Question ouverte plan thématique. tieux : Julien Sorel ➜ p. 152, Georges Duroy ➜ p. 154
– Problématique : Selon vous, le plaisir que procure et Eugène de Rastignac ➜ p. 157, les amis de Claude
le théâtre est-il d’abord esthétique, émotionnel ou Lantier ➜ p. 159, Marlow ➜ p. 162, Bardamu ➜ p. 164
intellectuel ?  aventure, actions : gravir un escalier (G. Duroy),
– Apports du corpus : plaisir du cœur expression de assister à des obsèques (Rastignac, amis de C. Lantier),
la passion mortelle : Hernani (C) et Phèdre (A) ; plaisir remonter un fleuve (Marlow, Bardamu)… : intérêt anec-
des yeux décors du drame romantique (C), dégui- dotique, mais pas négligeable aspect documentaire,
sement de Silvia en servante (B) ; plaisir de l’esprit tension dramatique, effets de réel…
mise en abyme de la comédie (B), opposition de deux – Connaissances : personnage de roman ➜ p. 434 ;
conceptions de la vie (D). structure du récit ➜ p. 429.
– Connaissances : le spectacle théâtral (lumière, sons,
Sujet 4
décors, costumes, accessoires) ➜ p. 445 ; Corpus :
le comédien ➜ p. 448. Texte A : F. Rabelais, Pantagruel ➜  p. 129
Sujet 2 Texte B : B. Pascal, Pensées ➜  p. 90
Corpus : Texte C : Voltaire, Micromégas ➜  p. 92
Texte A : L. Labé, Sonnets ➜ p. 50 Texte D : A. de Vigny, Les Destinées ➜  p. 108
Texte B : A. d’Aubigné, Les Tragiques ➜ p. 83 – Le mot poète figure dans la citation, mais le libellé
Texte C : Saint-Amand, Œuvres poétiques ➜ p. 33 porte sur la littérature en général.
Texte D : P. Verlaine, Romances sans paroles ➜ p. 53 – Mots clés : espérance = aspiration à un monde meil-
– Mots clés : chants désespérés = poèmes tristes re- leur  désespoir = pessimisme profond ; professeurs
gistres élégiaque et lyrique ; les plus beaux = superlatif = enseignants valeur didactique de la littérature
sublimation des sentiments, lien entre expérience + conception thèse ; conforme = appropriée.
intime et dimension esthétique. – Confrontation de deux thèses plan concessif.
– Question fermée plan concessif : nuancer un juge- – Problématique : La littérature est-elle avant tout por-
ment catégorique. teuse d’espoir ou essentiellement pessimiste ?
– Problématique : Un beau poème est-il uniquement – Apports du corpus : visions optimistes réflexions
de tonalité élégiaque ? des humanistes et des Lumières sur le bonheur et la
– Apports du corpus : souffrance sublimée par la poé- sagesse apportés par le savoir (A) ; éloge de la gran-
sie tristesse amoureuse : passion et séparation deur de l’homme pensée, savoir et art (A et C) ; foi
(A et D), forme du sonnet (A et C), mélancolie (C), souf- religieuse (B et D)  visions pessimistes : lucidité face
frances engendrées par la guerre + expérience vécue à la fragilité humaine, aux limites de nos cinq sens (B
et transposée en poésie tragique (B), jeu des rythmes et et C), à notre condition de mortels (B).
images évocatrices (tous les textes) ; poésie engagée : – Connaissances : séquences 4, 5 et 6 (nature humaine,
tolérance religieuse (B), éloge paradoxal et comique voyages et formation, science et savoir humains), 11 (le
de la paresse (C). tragique), 12 (l’absurde) ; notions propres à l’argumen-
– Connaissances : notions propres à la poésie tation ➜ p. 412-423.
➜ p. 400-411. Sujet 5 (série L)
Sujet 3 Corpus : séquence 14 ➜ p. 298
Corpus : chapitre 3 ➜ p. 150 – Mots clés : récits de voyage = écrits tirés de l’expé-
– Mots clés : roman = long récit de fiction ; aventure rience vécue, découverte de l’altérité ; combattre + pré-
= intrigue, schéma narratif actions  caractères, per- jugés = dénoncer les idées reçues, au nom de la raison.
sonnages = héros, êtres de fiction, paroles, pensées – Question fermée plan concessif, car Dans quelle
psychologie, évolution… mesure invite à relativiser tout jugement : dimension
– Question fermée plan concessif qui comparera subjective des témoignages = fiabilité discutable, mais
l’importance respective, pour le lecteur de roman, des malgré tout, moyen utile de découvrir le monde et de
actions, de l’intrigue et des personnages. combattre les préjugés xénophobes.
– Problématique : Le roman doit-il privilégier les per- – Problématique : De quelle manière les récits de voyage
sonnages par rapport à l’histoire ? remettent-ils en question notre regard sur les autres ?
– Apports du corpus : caractères (pensées, comportement – Apports du corpus de la séquence 14 : comparai-
et propos des héros privilégiés) trois héros ambi- son des mœurs / moyen de relativiser nos coutumes
324
(C. Colomb ➜ p. 299 ; J. de Léry ➜ p. 304 ; J. Cartier Marivaux, texte B).
3e §. Les meilleurs spectacles sont ceux qui allient
➜ p. 311) ; étonnement, voire émerveillement / absence
tous ces aspects (divertissement, réflexion et sen-
de préjugés (M. Polo ➜ p. 306 ; Montaigne ➜ p. 309)
timents) (A. de Musset, Lorenzaccio, photographie
 vision déformée de l’autre (préoccupations maté-
de la mise en scène de S. Gildas ➜ p. 242).
rielles et commerciales de C. Colomb ➜ p. 299, vision
idéalisée de Carthage par Virgile ➜ p. 301, idéalisation Sujet 2
Partie I. La beauté d’un poème tient à son lyrisme
des Indiens par Montaigne afin de mieux critiquer la
souvent teinté de mélancolie.
cruauté des Européens ➜ p. 309) éloge ou blâme 1er §. La poésie lyrique et élégiaque sublime la souf-
 objectivité, neutralité. france amoureuse (L. Labé, texte A).
– Connaissances : Renaissance et humanisme, cha- 2e §. La tristesse, sentiment universel du tragique
pitre 5 ➜ p. 278 ; Voyage et formation, séquence 5 de l’existence : maladie, mort, guerre… (A. d’Aubi-
➜ p. 109-127. gné, texte B).
Sujet 6 (série L) 3e §. La musicalité et les images poétiques, qui
apaisent la douleur (A. de Lamartine, Méditations
Corpus : séquence 15 ➜ p. 323
poétiques ➜ p. 410).
– Mots clés : réécriture = reprise d’un texte initial avec
Partie II. Mais il existe bien d’autres sources d’ins-
transposition ou variante ; exprimer une singularité piration tout aussi fructueuses.
= faire ressortir une originalité, comme une œuvre per- 1er §. La poésie épique : idéalisation de héros his-
sonnelle paradoxe. toriques ou légendaires (V. Hugo, La Légende des
– Question fermée plan concessif (vraiment mise siècles ➜ p. 380).
en doute). 2e §. La poésie engagée, politique et résistante
– Problématique : Une réécriture peut-elle constituer (L. Aragon, Le Roman inachevé ➜ p. 83).
une œuvre originale ? 3e §. Certains poètes refusent les épanchements
– Apports du corpus de la séquence 15 : invariants dans lyriques, mais laissent parfois transparaître leurs
sentiments personnels (F. Ponge, Le Parti pris des
tous les textes noms des personnages, relations fami-
choses ➜ p. 71).
liales, péripéties, destin, dénouement tragique, carac-
tère d’Œdipe (orgueil, amour pour Jocaste et pour ses Sujet 3
Partie I. Le lecteur de roman se laisse en principe
enfants, aveuglement)  originalité : changement de
d’abord captiver par les aventures des héros.
genre (roman initiatique : H. Bauchau ; roman policier :
1er §. Certains lecteurs s’ennuient en lisant les des-
D. Lamaison) ; introduction de nouveaux personnages criptions ou les pensées intérieures des personnages
(Anubis, Némésis, matrone : J. Cocteau) ; modernisation (H. de Balzac, Le Lys dans la vallée ➜ p. 387).
de l’intrigue (J. Cocteau : Sphinx = jeune fille amoureuse 2e §. Ils se laissent au contraire emporter par les
d’Œdipe) et du langage (J. Cocteau ; D. Lamaison). péripéties (V. Hugo, Quatre-vingt-treize ➜ p. 438).
3. Plans détaillés : 3e §. La longueur du roman permet des rebondis-
sements, la multiplication des personnages, des
Sujet 1 actions, des lieux (L.-F. Céline, Voyage au bout de
Partie I. Certes, le théâtre procure un plaisir intel- la nuit ➜ p. 164).
lectuel, stimulant pour l’esprit. Partie II. Toutefois, il s’attache aux personnages
1er §. Le théâtre engagé défend des idées (A. Camus, qui laissent une empreinte durable dans son esprit.
texte D). 1er §. Pas d’intrigue sans personnages auxquels
2e §. La comédie fait réfléchir sur les défauts s’identifier (P. Grimbert, Un secret ➜ p. 433).
humains (Molière, Le Bourgeois gentilhomme 2e §. Le personnage représente la condition humaine :
➜ p. 216). bien, mal, contradictions humaines… (Stendhal,
3e §. La tragédie traduit nos angoisses face au mal- Le Rouge et le Noir ➜ p. 152).
heur, au destin (J. Racine, texte A). 3e §. Le personnage peut devenir un mythe (person-
Partie II. Mais le spectacle théâtral est surtout une nage de Don Quichotte ➜ p. 169).
expérience esthétique et émotionnelle. Sujet 4
1er §. L’importance des décors et des costumes, de Partie I. La littérature fait souvent preuve d’un
la mise en scène (drames romantiques de V. Hugo, certain pessimisme.
texte C). 1er §. La tragédie et la poésie lyrique se nourris-
2e §. L’importance des sentiments et des émotions, sent de la tristesse humaine (J. Racine, Iphigénie
du lyrisme (marivaudage et travestissements chez ➜ p. 452).
325
2e §. Les grands romans se terminent souvent mal : 2e §. La beauté d’arts et de coutumes différents des
tension dramatique, triomphe du mal, de la mort nôtres tendance à l’idéalisation (Virgile, Énéide
(H. de Balzac, Le Père Goriot ➜ p. 157). ➜ p. 301).
3e §. Les grands auteurs sont lucides quant à la 3e §. Une sévère critique de notre ethnocentrisme
fragilité de l’homme (B. Pascal, texte B). (C. Colomb, La Découverte de l’Amérique ➜ p. 299).
Partie II. Cependant, les grands auteurs sont aussi
des professeurs d’espérance.
Sujet 6
Partie I. Une réécriture, par définition, ne peut être
1er §. La littérature met en avant la grandeur de
vraiment originale.
l’homme : courage, honneur, volonté (A. de Vigny,
1er §. Les mythes, des histoires déjà connues (Eschyle,
texte D).
Les Sept contre Thèbes ➜ p. 324).
2e §. Elle sait aussi exprimer le bonheur : amour,
2e §. Des personnages récurrents (Sophocle, Œdipe
amitié, plaisirs… (F. Rabelais, texte A).
roi ➜ p. 329 et J. Cocteau, La Machine infernale
3e §. Des écrivains croient en l’homme (poètes de
la Résistance dont L. Aragon, Le Roman inachevé, ➜ p. 327).
3e §. Actualiser ne signifie pas moderniser (J. Racine,
➜ p. 83).
La Thébaïde ➜ p. 334).
Sujet 5 Partie II. Cependant, certains auteurs parviennent
Partie I. Les récits de voyage sont une source à créer une œuvre singulière en s’appropriant des
d’étonnement et d’émerveillement. histoires connues.
1er §. La découverte => étonnement  xénophobie 1e §. Un éclairage nouveau : variantes, interpréta-
(M. Polo, La Description du monde ➜ p. 306). tions originales (H. Bauchau, Œdipe sur la route
2e §. Les comparaisons leçon de relativisme ➜ p. 336).
(J. de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre du 2e §. Transposer une œuvre dans un genre diffé-
Brésil ➜ p. 304). rent pour enrichir certains aspects d’une autre
3e §. L’éloge de la vie naturelle leçon d’authenti- manière (roman policier de D. Lamaison, Œdipe
cité (J. Cartier, Voyages au Canada ➜ p. 311). roi ➜ p. 331).
Partie II. Ils remettent en question notre regard sur 3e §. Toute œuvre littéraire n’est-elle pas une réécri-
l’autre et sur nous-mêmes. ture ? (les réécritures de Marguerite Duras. Ex :
1er §. Les vertus humaines ne sont pas propres aux L’Amant).
Européens leçon de modestie (Montaigne, Essais
➜ p. 309).
Prolongement : rédiger l’un des paragraphes du
devoir de l’exercice 1.

Fiche
méthodee 4 Rédiger l’introduction et la conclusion
➜ Livre de l’élève, p. 530

Objectif : Rédiger avec rigueur l’ouverture et la clôture fixes ; primordiale = essentielle.


de la dissertation. Question fermée plan concessif.
Problématique : La poésie peut-elle s’émanciper des
contraintes liées à la langue et à la versification ?
Exercices d’entraînement ➜ p. 531 2. Citation d’un poète symboliste (« Art poétique »
= ensemble de préceptes) : proposition d’une technique
1 Choisir son entrée en matière pour améliorer la musicalité d’un poème, le vers impair.
1. Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du 3. Suite de l’introduction :
Moyen Âge à nos jours. Cette conception d’une poésie synonyme de règles
Mots clés : impeccable = parfait ; la maîtrise de la langue est partagée par Baudelaire qui, dans sa dédicace
française = manière rigoureuse de s’exprimer, style ; la des Fleurs du mal, qualifie Théophile Gautier de
technique de la versification = règles poétiques et formes « poète impeccable ». La poésie doit-elle nécessai-
326
rement se fonder sur le respect des contraintes liées Ouverture b : dépassement de la partie II, avec la ques-
à la langue et à la versification ? Certes la poésie tion de l’engagement en dehors de l’écriture poétique.
a été longtemps associée à un idéal de perfection,
4. Ouverture a : l’adverbe Finalement assure la tran-
mais depuis le XIXe siècle, les poètes libèrent le lan-
gage et considèrent la poésie comme un art com-
sition.
plexe qui ne se réduit pas au respect des règles de Ouverture b : il faut ajouter le connecteur logique d’op-
versification. position Mais.

2 Présenter le sujet 4 Rédiger la conclusion


1. Objet d’étude : La question de l’homme dans les 1. Objets d’étude : La question de l’homme dans les
genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours
Mots clés : argumentation directe = traité, essai ; + Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours.
impact = influence ; fiction = histoire inventée ; prises Analyse du sujet : voir corrigé de la fiche méthode 1,
de conscience = compréhension, regard nouveau sur le exercice 3, sujet b.
monde ; évoluer = améliorer. Problématique : Les personnages de conte et de roman
Syntaxe = comparaison : plus… que. sont-ils foncièrement distincts ?
Question fermée plan concessif. 2. Rédaction de la conclusion :
Problématique : L’argumentation directe est-elle plus Les personnages de romans et ceux des contes
efficace que la fiction ? diffèrent donc clairement. En effet, les roman-
ciers accordent davantage de profondeur à leurs
2. Introduction complétée :
créatures grâce à leur portrait, mais aussi à leurs
Dans ces deux textes, le célèbre écrivain dénonce
actions et à l’évolution de leur caractère. A contra-
un même fléau, la pauvreté. On peut alors se
rio, les auteurs de contes valorisent leurs person-
demander lequel a davantage touché le public. En
nages par leur simplicité et leur valeur emblé-
effet, un essai, un discours ou un traité est-il plus
matique. Finalement, le personnage de bande
efficace qu’un récit, quand il s’agit de défendre des
dessinée, si populaire, ne représente-t-il pas l’in-
idées ?
carnation de ces deux formes par l’intermédiaire
de l’image, porteuse de symboles, et des bulles,
3 Préparer la conclusion support de messages souvent complexes ?
1. Consultation du plan de l’exercice 1 de la fiche Prolongement : à l’aide des frises chronologiques
méthode 3 ➜ p. 528.
➜ p. 18-27, rédiger une présentation succincte des
2. Bilan : principaux mouvements littéraires (humanisme,
Ainsi la poésie n’assume-t-elle pas qu’une fonc- baroque, classicisme, Lumières, romantisme, réa-
tion esthétique. Certes, depuis son origine, elle se lisme, naturalisme, symbolisme, Nouveau Roman) qui
fonde sur la musicalité et accorde une grande place pourrait servir d’entrée en matière à une dissertation
au lyrisme, mais elle joue également un rôle essen-
fondée sur la citation d’un membre de l’un de ces
tiel dans la société par l’engagement des poètes
mouvements.
dans des textes didactiques ou satiriques.
3. Ouverture a : prise de position du Parnasse face à
cette question.

327
Fiche
méthode 5 Rédiger l’ensemble d’une dissertation
➜ Livre de l’élève, p. 532

Objectif : Apprendre à enchaîner un argument et ses argument d’autorité + donc = connecteur de conclusion
exemples dans un paragraphe, et à relier entre eux les + d’ailleurs = transition avec le paragraphe suivant ;
arguments d’une même partie. 2e §. Cette, démonstratif pour le bilan + Et = connecteur
d’addition pour la transition. 3e §. toujours = valeur
actuelle de l’exemple.
APPLICATION 3. En moyenne deux exemples par paragraphe. 1er §.
Corpus : Trois exemples : La Machine infernale de J. Cocteau,
Texte A : Molière, Le Bourgeois gentilhomme ➜ p. 216 La Leçon et Notes et contre-notes d’E. Ionesco ; 2e §.
Texte B : A. de Musset, Lorenzaccio ➜ p. 241 Deux exemples : le théâtre grec et Dom Juan de Molière
Texte C : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 263
mis en scène par Mesguich ; 3e §. Un seul exemple :
Lorenzaccio de Musset.
Objet d’étude + Sujet de dissertation :
Fiche méthode 1 ➜ p. 521 4. Pronom on = indéfini, pour englober l’auteur du
devoir et son lecteur invité à partager ses idées.
Étape 10 Rédiger les paragraphes du développement
➜ p. 533
Exercices d’entraînement ➜ p. 535
QUESTIONS
1. Mais opposition (par rapport au § précédent) ; et
1 Compléter un paragraphe
Support : Fiche méthode 3, exercice 1 ➜ p. 528
même addition renforcée ; Malgré concession ;
d’ailleurs ajout ; donc conséquence ; Quant au 1. Certes ; mais ; aussi ; En effet ; notamment ; donc ;
addition, avec nuance d’opposition, annonçant le Ainsi.
contenu du § suivant. Exemple développé :
Il en va de même pour La Fontaine qui, à travers
2. C’est ce que prouve… formulation imperson-
ses Fables, « se ser[t] d’animaux pour instruire les
nelle qui introduit un exemple jugé important ; tel…
hommes » comme il l’affirme dans sa dédicace à
exemple précis de héros mort dans sa jeunesse ; Monseigneur le dauphin. Il personnifie par exemple
Qu’il s’agisse de… récapitulatif des exemples. la cigale et la fourmi pour mieux sensibiliser ses
3. Question rhétorique avec changement de genre dra- lecteurs à la cause des artistes, et montrer l’impor-
matique : Quant au genre de la comédie… Lien = inter- tance du mécénat à cette l’époque.
rogations sur la réalité. 2. Alors que la poésie didactique transmet une
leçon, la poésie satirique condamne en se moquant.
Étape 11 Relire l’ensemble du devoir ➜ p. 534
2 Rédiger un paragraphe préparé
QUESTIONS au brouillon
Support : corrigé de l’exercice 3, p. 528
1. Phrase d’ouverture = transition avec la partie précé-
➜ Livre du professeur, p. 323
dente : concession avec le connecteur cependant. Ensuite, la littérature peut devenir une arme
Phrase finale = bilan de la partie : conclusion avec le de combat. Sartre utilise d’ailleurs la métaphore
connecteur ainsi et la nuance introduite par mais plutôt. de l’épée pour expliquer qu’il a longtemps consi-
2. Ouvertures : 1er §. Tout d’abord (logique du texte théâ- déré la littérature comme un moyen d’attaque
tral) ; 2e §. en effet (travail du metteur en scène) ; 3e §. ou de défense, suivant ainsi l’étymologie de
Enfin (sensibilité du spectateur) = connecteurs logiques l’adjectif « polémique » : le mot grec qui signifie
« guerre ». En effet, les écrits satiriques et polé-
qui introduisent les trois arguments.
miques attaquent les hommes et les institutions.
Fins de § : 1er §. D’ailleurs = connecteur introduisant un
328
Par exemple, la forme du pamphlet, court écrit rapproche du lecteur. L’utilisation de la focalisa-
satirique, recourt à la caricature et à l’hyperbole tion interne est alors primordiale. Par exemple,
pour critiquer une personne ou défendre une cause, Philippe Grimbert raconte dans son roman auto-
marquant ainsi les esprits. Le conte philosophique biographique, Un secret, le secret de famille dont
Zadig de Voltaire illustre le registre satirique en François, le narrateur, est la victime, en adoptant
raillant notamment une justice arbitraire et cor- ce point de vue. Il permet de partager ses craintes
rompue, lorsque le personnage éponyme, pourtant et de mieux comprendre ses angoisses quant à
innocent, est condamné pour le vol de la chienne ses batailles nocturnes contre ce fantôme qui
de la reine et du cheval du roi. À la même époque, n’est autre que Simon, son frère aîné, mort avant
Montesquieu suscite la polémique à propos de l’es- sa naissance et dont l’existence sera révélée par
clavage dans le chapitre 5 de son essai De l’esprit Louise, le jour de ses quinze ans. Du côté des per-
des lois où l’ironie éveille la réflexion des lecteurs : sonnages féminins, le lecteur se sentira proche de
l’argument économique de la cherté du sucre laisse Denise Baudu, vendeuse de grand magasin dans
à croire que ce produit de luxe à l’époque avait Au Bonheur des dames, roman de Zola. Son des-
plus d’importance que la vie d’un homme. Tous tin, digne d’un conte de fées, parsemé d’embûches,
ces exemples mettent bien en évidence la vigueur avec la promesse finale du mariage avec Octave
combative de nombre d’œuvres littéraires. Mouret, réconcilie chacun avec l’espoir d’un monde
meilleur. Le personnage dépasse alors l’individu, il
devient emblématique.
3 Développer et illustrer un argument
En effet, le personnage représente la condition
Support : corrigé de l’exercice 1, p 528
humaine. Il peut incarner le bien, le mal, ou les
➜ Livre du professeur, p. 322
contradictions humaines. Il excède sa simple condi-
1. Séquence 2, La poésie amoureuse ➜ p. 49. tion de protagoniste pour incarner des traits de
2. Rédaction de paragraphe : caractère. Le lecteur perçoit ainsi les valeurs d’une
Le lyrisme, en outre, est l’un des registres pri- époque et comprend mieux la société que l’écrivain
vilégiés du langage poétique. Il met en valeur les décrit dans son roman. C’est le cas dans Le Rouge
sentiments du poète qui considère alors le lecteur et le Noir de Stendhal, où l’ambition de Julien Sorel
comme son confident et le poème comme le lieu de revêt une telle importance qu’elle va au-delà du
l’intimité. Pour exprimer son moi, l’écrivain utilise personnage pour s’attacher aux lieux qu’il perçoit
souvent l’apostrophe et les interjections. Ainsi, Paul comme « magnifiques » ou « splendide[s] » alors
Verlaine, tiraillé entre son mariage avec Mathilde que le narrateur montre leur tristesse. Les auteurs
et sa passion pour Rimbaud, avoue-t-il son cha- du XIXe siècle se font donc l’écho des aspirations
grin tout en reconnaissant sa distance avec cette des jeunes gens de leur époque ; ainsi chez Balzac,
femme qu’il ne nomme jamais : « Je ne me suis Eugène de Rastignac conserve son amitié pour le
pas consolé, / Bien que mon cœur s’en soit allé », père Goriot, son voisin à la pension Vauquer, en
écrit-il dans « Ô triste, triste était mon âme ». De s’introduisant dans la haute société parisienne
même, la poétesse Marceline Desbordes-Valmore grâce à une aventure avec Delphine de Nucingen,
exprime son amour par l’anaphore « N’écris pas ! » l’une des filles de Goriot. Son défi lancé après l’en-
dans « Les séparés », manière surprenante de dire à terrement de son ami est le symbole de la jeunesse
l’homme qu’elle aime combien il lui manque et de de l’époque : « À nous deux maintenant ! » C’est
faire également partager ses sentiments au lecteur. de cette manière qu’un personnage peut se trans-
former en mythe.
4 Rédiger un paragraphe sur le roman
Support : corrigé de l’exercice 4, p. 529, 5 Rédiger un paragraphe
➜ Livre du professeur, p. 323-326 sur l’argumentation
Corpus : chapitre 3 ➜ p. 150 Support : corrigé de l’exercice 4, p. 529,
Proposition de rédaction de deux paragraphes ➜ Livre du professeur, p. 323-326
enchaînés (partie II, 1er et 2e §) : Proposition de rédaction de la partie II :
Tout d’abord, il n’existe pas d’intrigue sans per- D’abord, la littérature met en avant la grandeur
sonnages auxquels on puisse s’identifier. Ce phé- de l’homme, c’est-à-dire sa bravoure, son sens de
nomène est facilité par l’humanité du héros : en l’honneur, sa volonté… Pour ce faire, elle utilise le
faisant son portrait, en précisant son statut social, registre épique et met en scène des héros franchis-
en lui faisant traverser des épreuves, l’auteur le sant les obstacles avec courage et volonté, tels les

329
insurgés des Misérables de V. Hugo qui résistent l’humaniste, le bonheur est dans la foi : « il te faut
sur leur barricade malgré l’attaque des gardes servir, aimer et craindre Dieu ». Au XXe siècle, on
nationaux et sont alors comparés à un lion face parlera plutôt de la foi en l’homme.
à des chiens ou à la falaise d’écume. Elle valorise Effectivement, il est des écrivains qui croient
également ses personnages à travers des portraits en l’être humain. Cette foi en l’humanité se trans-
élogieux. Le poète montre aussi sa confiance en forme en cri dans les périodes les plus sombres
l’homme comme le fait Alfred de Vigny dans « La de l’histoire. On pense notamment aux poètes de
bouteille à la mer » où il s’associe au lecteur dans la Résistance dont L. Aragon a fait partie. Dans
le pronom « nous » plein d’ardeur et de confiance « Strophes pour se souvenir », il rend hommage
en l’humanité : « Répandons le savoir en fécondes au groupe de Manouchian fusillé en février 1944 ;
ondées ». Il affirme ainsi le triomphe des « Penseurs le patriotisme est alors remplacé par une solida-
laborieux ». Sous la forme du roman ou de la poé- rité entre tous les hommes quelles que soient leurs
sie, la littérature grandit donc l’humanité. Elle origines. C’est une véritable leçon d’humanité
apporte de surcroît un sentiment de plénitude. qu’A. Camus a su donner lui aussi dans La Peste,
Elle sait en effet exprimer le bonheur dans la roman allégorique dans lequel les personnages
peinture de sentiments comme l’amour ou l’ami- du docteur Rieux et de Tarrou, son ami et assis-
tié, le récit des plaisirs de l’existence ou la descrip- tant, luttent contre le fléau et se révoltent contre
tion de la beauté de la nature. Ainsi la focalisation la fatalité jusqu’à vaincre l’épidémie au prix de
interne permet-elle au romancier d’introduire le lec- nombreuses morts, laissant la ville d’Oran à son
teur dans la subjectivité du personnage. Le lecteur bonheur tapageur, à l’image d’une humanité enfin
de Virginia Woolf partage par exemple l’admiration libérée.
de Charles Tansley pour Mrs Ramsay lorsqu’il lit La littérature mise donc sur l’optimisme lorsque
son portrait en action dans le récit La Promenade la société en a le plus besoin.
au phare, comprenant l’« extraordinaire fierté » de
cet homme. D’ailleurs, nombre d’auteurs se sentent Prolongement : en s’appuyant sur cette fiche
responsables du bonheur des hommes, par consé- méthode et sur les remarques de la dernière copie
quent ils leur adressent des conseils comme le phi- corrigée, élaborer une fiche de dix conseils pour bien
losophe Alain dans Propos sur le bonheur, mais rédiger sa dissertation. Penser aux règles liées à la
aussi Rabelais par l’intermédiaire de Gargantua qui maîtrise des codes de rédaction (majuscules, présen-
donne des recommandations à son fils Pantagruel, tation des titres d’œuvres, noms des auteurs…).
pour qu’il devienne un homme à part entière. Pour

330
CHAPITRE
5 Rédiger un écrit d’invention
➜ Livre de l’élève, p. 536

Fiche
méthodee 1 Inventer et transposer
➜ Livre de l’élève, p. 538

Objectif : Repérer la caractéristique principale d’un 3. Proposition de début de rédaction :


texte et la modifier. Mais comment ? Pour qui se prend-il, ce procu-
reur ? D’accord, j’ai peut-être eu une grande affec-
tion pour lui au début de son réquisitoire, mais là
Exercices d’entraînement ➜ p. 540 c’en est trop ! M’a-t-on laissé une occasion d’expri-
mer mes regrets pour la mort de ce jeune Arabe ?
M’a-t-on demandé ce que j’ai ressenti à la mort
1 Changer le point de vue d’un texte de maman ? S’est-on vraiment intéressé à moi ?
Support : J. Conrad, Au cœur des ténèbres ➜ p. 162 Non ! La Justice est bien aveugle, les yeux bandés,
1. Réécrivez transposer sans modifier la forme ; du la balance à la main… Moi, j’aimerais qu’elle ouvre
point de vue de Kurtz focalisation précise indiquée ; enfin les yeux et qu’elle cesse d’être partiale ! On
informations données dans l’introduction indications ne me juge pas pour ne pas avoir pleuré la mort de
sur le contenu. maman ; cela n’a rien à voir avec tout ce qui s’est
passé. Punissez-moi pour ce moment d’égarement,
2. Deux contraintes essentielles : conserver le genre, la c’est votre devoir ! Mais cessez de me considérer
progression et le sens du texte d’origine ; adopter un comme un être sans âme et sans cœur. C’était le
point de vue donné (celui de Kurtz). soleil, la chaleur… Je ne sais pas !…
3. Notions essentielles : point de vue (= focalisation)
➜ p. 432 + personnage dans un récit ➜ p. 434. 3 Actualiser un poème
C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,
« Remords posthume »
2 Changer de registre
Support : A. Camus, L’Étranger ➜ p. 200 1. En latin = « cueille le jour » : il faut profiter du moment
1. Vous imaginerez inventer des éléments absents du présent, de sa jeunesse, pour aimer et profiter de la vie
texte ; Meursault personnage principal à conserver ; avant que la mort ne survienne.
s’emportant colère ou révolte, au discours direct ou à 2. Nombreuses allusions à la mort de la femme aimée :
une autre forme de discours rapporté ; justice qu’il juge ma belle ténébreuse (v. 1) = euphémisme et métaphore
inéquitable registre polémique ; Rédigez le déroule- qui la renvoient déjà à la mort ; négation restrictive ne…
ment du procès => progression narrative ; enfermement, que indiquant ce que la mort laissera (v. 3-4) ; Qu’un
conscience muette et solitaire focalisation interne, caveau pluvieux et qu’une fosse creuse (v. 4) : parallé-
interventions plus expressives que dans le texte initial. lisme de construction et hyperbole etc.
2. Meursault n’écoute pas toujours, ne comprend pas + Personnification du tombeau qui parle à la femme
le procès. (v. 9-14) et l’accuse d’être une courtisane imparfaite
Il s’intéresse parfois à ce que dit le procureur : Meursault (v. 12), de n’avoir pas su aimer.
n’a aucun regret pour le crime commis. + Chute du sonnet sur la comparaison entre le ver [qui]
Selon le procureur, l’accusé n’a ni âme, ni cœur : un rongera ta peau et un remords (v. 14).
monstre inhumain danger pour la société. Divers moyens de persuader la femme aimée de
s’abandonner à l’amour, ce que pleurent les morts
(v. 13).
331
3. Contraintes : 3. a. Contraintes :
– rédiger un poème en prose (forme) et moderniser le – relater le même événement ;
carpe diem (thème) ; – transposer le poème en dialogue théâtral spec-
– créer des personnages et se référer à un contexte tateurs de la détresse de la grand-mère (v. 15-16) vont
spatio-temporel évoquant le monde d’aujourd’hui. dialoguer avec elle pour rendre compte de la situation.
4. Proposition de début de rédaction : Possibilités :
Toi qui crois que tu as toute la vie devant toi, – pronom nous (v. 15) idée d’un chœur antique dont
que tu es éternel, toi qui passes ton temps dans le coryphée dialoguerait avec la grand-mère ;
des divertissements inutiles et éphémères et qui – marques de l’élégie et du pathétique = indications
crois que l’existence, pleine et entière, repose sur à utiliser dans les didascalies (gestes de détresse et
ces longues périodes d’oisiveté, passées à dialo- d’imploration).
guer vainement, devant ces fenêtres virtuelles qui b. Interpellations : Monsieur (v. 4), vous autres (v. 11).
n’ouvrent sur aucun monde réel, écoute… Passages de récit (v. 8-9, 15-16) = informations sur les
Mais que vis-tu ? Que ressens-tu ? Quels sou-
réactions physiques des différents personnages.
venirs garderas-tu de tout cela ? Si tu ne peux
répondre, écoute… 4. Proposition de début de rédaction :
Profite de l’instant présent pour VIVRE avant La scène est éclairée, mais la lumière sur la
que la mort ne vienne te saisir, t’emporter dans des vieille femme est plus forte. Les autres personnages
profondeurs plus noires que tes pires cauchemars. restent immobiles afin que seule la grand-mère soit
Où seront tes amis intangibles quand tu traverse- le centre de l’attention du spectateur.
ras le voile des apparences ?… L’AÏEULE, effondrée sur sa chaise, regardant l’en-
fant. – Monsieur, il se tenait ce matin même devant
la fenêtre (elle désigne la fenêtre à droite). C’était
4 De la poésie au théâtre l’innocence personnifiée ! Qu’a-t-il fait de mal ?
V. Hugo, Les Châtiments, « Souvenir de la nuit du 4 » Dites-le-moi ! Il jouait à la toupie, celle que son père
1. Poème = tirade de la grand-mère d’un enfant tué par lui avait taillée avant qu’il ne parte à tout jamais.
accident lors de journées révolutionnaires : (Elle regarde le poète.) Monsieur, (il détourne ses
− Que vais-je devenir à présent toute seule ? (v. 10). yeux de l’enfant pour fixer l’aïeule) il n’a jamais
Attention, il ne s’agit pas d’un monologue : Nous nous rien fait de mal, ce pauvre enfant, c’est moi qu’on
taisions, debout et graves… (v. 15-16). aurait dû abattre comme un animal dans la rue…
(Elle s’arrête, étouffée par ses sanglots, les yeux
2. Registres : élégiaque (déploration de l’être aimé que hagards.) Moi, je suis vieille, et notre Empereur se
l’on a perdu, ici un enfant : Hélas ! je n’avais plus de sa moque bien de moi… Pourquoi a-t-il fallu que ce
mère que lui, v. 12) + pathétique (sanglots, v. 8 ; pleu- soit lui qui meure ?
raient, v. 9, etc.). (Silence troublé, assistance immobile, le regard
Syntaxe de l’émotion : interrogations et exclamations. baissé, chapeau à la main)…
Juxtaposition tragique : Il passait dans la rue, ils ont
Prolongement : préparer la question d’entretien en
tiré dessus (v. 3).
recherchant d’autres poèmes sur le thème du carpe
Périphrase désignant l’enfant : ce pauvre petit être (v. 2)
diem, de la Renaissance à nos jours. Comment le
+ chiasme : De me tuer au lieu de tuer mon enfant !
thème évolue-t-il ? Comparer ces poèmes avec celui
(v. 7).
de Baudelaire dans l’exercice 3.
Bonaparte = criminel de l’innocence, monstre sadique.

332
Fiche
méthodee 2 Inventer et imaginer
➜ Livre de l’élève, p. 541

Objectif : Identifier les caractéristiques d’un texte pour au passé simple, à l’imparfait et au présent + phrases
l’amplifier ou rédiger sa suite. longues (l. 8), puis plus courtes, saccadées, avec ponc-
tuation forte : interrogations et exclamations + destina-
taire : Figurez-vous (l. 5).
Exercices d’entraînement ➜ p. 543 2. Texte B : plus long, développement des émotions et
ponctuation expressive, phrases courtes juxtaposées ou
1 Analyser des sujets d’imagination coordonnées. S’explique par la forme du journal : pas
Support : Séquence 11 ➜ p. 235 de destinataire désigné, à part le personnage lui-même
1. Sujet a : Développez la tirade amplifier le texte ; en libération des propos et des émotions.
faisant du personnage opérer une transformation de 3. Sujet : Développez le texte A en imaginant que le nar-
Phèdre ; un être révolté expression de la colère ; qui rateur décrit cette scène dans son journal intime. Vous
ne comprend pas l’horreur de sa passion incompré- amplifierez ses sentiments par des procédés expressifs
hension propre au registre tragique terreur et pitié. (syntaxe, ponctuation, vocabulaire…).
Sujet b : Imaginez inventer ; récit des pensées
monologue de l’assassin ; Développez et expliquez 3 Rédiger un dialogue
les motivations de son acte terrible argumentation : J. Cocteau, La Machine infernale, acte IV
autojustification.
1. Dialogue vif (dispute) entre Œdipe et Jocaste, de
2. Objet d’étude commun : Le texte théâtral et sa repré- registre tragique, reprenant les principales indications
sentation, du XVIIe siècle à nos jours. fournies par la tirade d’Antigone et la séquence 15.
Objet d’étude complémentaire pour le sujet b : La ques-
2. Paratexte :
tion de l’homme dans les genres de l’argumentation,
– objet de la dispute : découverte par Œdipe de ses
du XVIe siècle à nos jours.
origines et de ses crimes ;
3. Sujet a : Phèdre parle à la 1re personne, s’adresse – intrigue : Œdipe = responsable de la peste qui sévit
successivement à elle-même, à sa confidente Œnone, à Thèbes.
à son époux Thésée. Séquence 15 :
Sujet b : soit un monologue intérieur de récit, soit un – arbre généalogique de la famille des Labdacides
monologue de théâtre, à la 1re personne, avec prise à ➜ p. 326 ;
témoin du spectateur ou enfermement du personnage – ce qui précède et suit l’extrait ➜ p. 327 ;
dans une sorte d’autisme. – véritable histoire d’Œdipe et son conflit avec Tirésias
4. Sujet a : tirade dramatique, texte descriptif et argu- qu’il a refusé d’entendre ➜ p. 329 ;
mentatif, registres pathétique et tragique. – origines du mal : le meurtre de Laïos, le combat contre
Sujet b : tirade dramatique ou monologue intérieur de le Sphinx et le mariage avec Jocaste, cf. analyse d'images
récit ; texte narratif et argumentatif ; registres lyrique ➜ p. 338-339 et histoire des arts ➜ p. 341.
et polémique. 3. Proposition de début de rédaction :
La scène se déroule dans la chambre du couple
2 Analyser une amplification royal.
Texte A : G. de Maupassant, Le Horla (1886) ŒDIPE, ouvrant brusquement la porte. – Jocaste,
Texte B : G de Maupassant, Le Horla, que viens-je d’entendre ? Quel est ce récit de folie
« Journal du narrateur daté du 5 juillet » (1887) que le berger vient de me narrer ? Ainsi, je n’ai été
1. Texte A : récit rétrospectif à la 1re personne + passé qu’un jouet entre les mains cruelles du Destin…
JOCASTE, bouleversée. – Co… Comment ? Qu’as-tu
simple + l’imparfait + phrases longues sans ponctuation
appris, mon époux ?
marquée + destinataire : je viens de vous parler (l. 6).
ŒDIPE, à la voix de plus en plus stridente. – Je
Texte B : récit sous la forme d’un journal intime (date) suis le fils du couple royal de Thèbes, et non de
333
celui de Corinthe, comme je l’ai toujours cru… JOCASTE, terrifiée. – Tais-toi ! Je ne veux plus rien
Mes parents ont voulu m’abandonner sur le mont entendre. Je ne peux plus rien entendre ! Ô Dieux,
Cithéron pour que j’y sois dévoré par les bêtes me voici donc punie d’une odieuse manière…
sauvages, après m’avoir percé les pieds… (Jocaste
s’éloigne de lui, horrifiée.) D’où ce nom qui m’a Prolongement : transposer le texte de l’exercice 3
toujours déplu… Je ne serai donc que l’homme en un récit qui amplifiera et analysera les sentiments
aux pieds enflés, après avoir été le roi enflé de sa des personnages, tout en respectant ceux du texte
démesure… Et maintenant, un roi accablé, déchu ! original.

Fiche
méthode 3 Inventer et argumenter
➜ Livre de l’élève, p. 544

Objectif : Rédiger un texte argumentatif sur la base de chapeaux et questionnaires des textes + notices biogra-
contraintes spécifiques. phiques + chapitres sur les notions propres à la poésie
➜ p. 400, et à l’argumentation ➜ p. 412 + fiche sur le
texte argumentatif ➜ p. 395.
Exercices d’entraînement ➜ p. 546 3. Sujet a : le poète s’adresse à lui-même dans un jour-
nal 1re personne.
1 Analyser des sujets Sujet b : lettre de lecteur adressée à C. Baudelaire
Support : Séquence 1 ➜ p. 31 je et vous. Apostrophes et phrases expressives.
1. Sujet a : pages du journal texte écrit à la 1re per- Sujet c : dialogue au discours direct entre deux person-
sonne, au fil des jours ; son poème est ironique nages vouvoiement ou tutoiement, avec des phrases
1re phase de l’explication ; la poésie est un vrai travail vives. Apostrophes + syntaxe faite d’exclamations, de
2e phase explicative, une des façons de concevoir la questions véritables ou rhétoriques.
poésie ( inspiration). Sujet d : emploi de la 1re personne, mais sans obliga-
Sujet b : théorie des correspondances conception tion. Modalisateurs mélioratifs défendant la sélection
poétique propre à C. Baudelaire ; rêverie façon dont des poèmes.
le lecteur a compris cette théorie ; rôle à jouer dans la 4. Sujet a : journal intime ; registres lyrique (journal),
société thèse à défendre : fonction sociale et civique didactique (explications) et polémique (sur l’ironie).
de la poésie. Sujet b : lettre ; registre polémique (opposition radicale
Sujet c : dialogue débat au discours direct ; originalité à la théorie du poète).
thèse de l’un des personnages ; ce n’est plus vraiment Sujet c : dialogue ; registre polémique (deux thèses qui
de la poésie => thèse de l’autre. s’affrontent).
Sujet d : préface texte qui donne des clés de com- Sujet d : préface ; registres didactique (explications) et
préhension à l’œuvre introduite ; anthologie poétique lyrique (choix personnels).
ensemble de poèmes ; raisons, défendrez l’intérêt 5. Proposition de plan pour le sujet b :
texte argumentatif sur les fonctions de la poésie. – Formule d’introduction épistolaire.
– 1er §. Reprise de la théorie baudelairienne des
2. Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du
correspondances, la façon dont le lecteur l’a com-
Moyen Âge à nos jours. prise à partir d’exemples + citations du poème
Tous les sujets ont une dimension argumentative « Correspondances ».
2e objet d’étude : La question de l’homme dans les – 2e §. Critique de cette théorie. Thèse = inutilité
genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. d’une poésie uniquement fondée sur le rêve et la
Utilisation de la séquence : données contextuelles des suggestion.
334
– 3e §. Défense de sa propre thèse à propos de 3 Chercher des idées
l’utilité, de la fonction sociale de la poésie, égale-
ment fondé sur des exemples issus de la séquence 1. un film ou un livre œuvre sur laquelle porte le
3 ➜ p. 65. sujet ; adoré ou détesté : avis très tranché ; adoré
Autre possibilité : face à face argumentatif avec = éloge, ou détesté = blâme ; journal du lycée article
dans chaque paragraphe, un argument du lecteur + désignation du type de lecteur.
en opposition à une citation expliquée du poème 2. Objet d’étude : La question de l’homme dans les
« Correspondances ». genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours.
Situation d’énonciation : implication du locuteur qui
2 Choisir une stratégie argumentative donne un avis clair et argumenté ; l’auteur, comme ses
J. de La Fontaine, Fables destinataires, sont des lycéens d’aujourd’hui.
1. Morale a : les puissants fautent et c’est le peuple Genre : article de critique littéraire ou cinématogra-
qui souffre. phique.
Morale b : le bonheur est précaire, le malheur est tou- 3. a. Livre ou film découvert personnellement pour en
jours proche. rendre compte précisément + lecture de critiques dans
Morale c : il faut se satisfaire de ce que l’on a ; à trop divers journaux ou revues + vocabulaire de la littérature
vouloir, on peut tout perdre. (narrateur, point de vue, description…) ou du cinéma
Morale d : il ne faut jamais se fier à la seule apparence. (séquence, plan, cadrage…).
Morale e : il est indispensable de venir en aide aux b. Comme le livre sera en toute vraisemblance un
autres. roman, synthèse Le roman moderne ➜ p. 205, chapitre
2. Proposition de début de conte défendant la morale b : Les notions propres au récit ➜ p. 424, etc.
Il était une fois, dans un magnifique palais, Pour un film, fiche sur L’image mobile ➜ p. 467.
bien loin d’ici, la plus belle des princesses. Tout Pour la forme à adopter : fiche sur Le texte argumentatif
semblait lui sourire, elle était belle et fière de tout ➜ p. 395, le chapitre sur l’argumentation ➜ p. 412.
ce qui l’entourait et qui appartenait à son père. À 4. Proposition de plan détaillé :
quelques lieues de là, dans une humble chaumière, Quel que soit le support de l’article, on imagine un
un tendre garçon soupirait d’amour pour la belle
enchaînement de paragraphes dithyrambiques ou
princesse, sans espoir, bien entendu…
dévalorisants nourris d’analyses d’extraits précis. On
3. Proposition de début d’argumentation défendant la s’attend logiquement à ce que les exemples frappants
morale e : concernent avant tout la caractérisation des person-
À l’heure où chacun, dans des sociétés essen-
nages, l’atmosphère de l’œuvre et le développement
tiellement urbaines, s’isole dans son emploi du
du scénario, avec la notion essentielle de dénouement.
temps et son appartement, il est temps de réaffir-
mer la nécessité de se regarder et de s’entraider. 5. Proposition de plan d’un article plus nuancé :
On vient de rappeler dans les médias les centaines Support : L’Armée des ombres,
de personnes mortes en Europe lors de la canicule film de J.-P. Melville ➜ p. 470
estivale de 2003 : des vieillards et des marginaux – 1er §. Présentation : L’Armée des ombres est un
sont morts dans l’indifférence générale, seuls dans film de Jean-Pierre Melville de 1969, inspiré à la
leur petit logis surchauffé, ou à l’extérieur, soumis fois d’un roman de Joseph Kessel paru en 1943 et
aux pires attaques de la chaleur… de ses propres souvenirs de guerre. Il raconte la vie
de plusieurs personnages appartenant à un réseau
4. Dans le cas du conte ou de la fable, il s’agit de
de résistants.
défendre une thèse de façon plaisante, agréable, à
– 2e §. Évidemment, on peut faire des reproches
travers un récit. Le lecteur se laisse prendre au jeu de à ce film : il est très sombre, sans doute trop lent
l’histoire, s’identifie aux personnages et comprend la pour les spectateurs d’aujourd’hui, les personnages
morale de l’intérieur, persuadé de sa justesse. ne font peut-être pas assez illusion, ils n’ont peut-
Dans le cas de l’argumentation directe (article, essai, être pas assez de chair, assez de vie…
traité…), le locuteur expose explicitement sa thèse et la – 3 e §. Mais il a les qualités de ses défauts.
défend à travers des arguments logiquement agencés et L’obscurité très présente est la métaphore de ces
justifiés par des exemples. Le lecteur comprend tout de temps de ténèbres. La lenteur permet d’installer le
suite où il est conduit et est ainsi convaincu de l’intérêt caractère tragique de la situation de chacun des
de cette thèse.
335
personnages. Ces résistants manquent de vie parce 5 Rédiger un poème engagé
que, nécessairement, ils vont mourir… R. Char, Feuillets d’Hypnos, feuillet 138
N.B. : l'emploi du raisonnement concessif (2e et 3e §)
1. poème en prose texte poétique qui n’obéit pas aux
pour sortir de l’éloge ou du blâme trop marqué.
règles de la poésie traditionnelle ; défendez […] une
attitude courageuse dimension héroïque à défendre ;
4 De l’analyse au plan détaillé affirmer votre engagement se placer dans la lignée
U. Eco, Comment voyager avec un saumon,
des poètes engagés ; jeunesse d’aujourd’hui aspect
« Comment se garder des veuves »
contemporain.
1. Répondez, lettre interlocuteur, destinataire et
2. Objets d’étude : La question de l’homme dans les
genre précisés ; s’opposerait à la thèse d’U. Eco lettre
genres de l’argumentation, du XVe siècle à nos jours +
argumentative, polémique ; affirmant par exemple…
Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à
propose un argument de la lettre.
nos jours.
2. Objet d’étude : La question de l’homme dans les Situation d’énonciation : adresse directe à la jeunesse.
genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. Apostrophes et syntaxe expressive (modalités interro-
Situation d’énonciation : adresse directe d’un pair gatives, exclamatives…), etc.
(écrivain) à U. Eco pour réfuter sa conception de l’écri- Genre : un poème en prose.
ture. Vouvoiement + formules respectueuses malgré le
3. a. Registre pathétique : récit de la mort d’un ami,
désaccord.
Horrible journée ! (l. 1), l’exécution de B (l. 2), Le soleil
Genre : une lettre.
de juin glissait un froid polaire dans mes os (l. 8-9).
3. Répondre aux éléments suivants : b. Autres caractéristiques :
− mais j’en doute (l. 3) opinion personnelle qu’il – opposition entre le groupe de résistants et les enne-
applique aux écrivains (l. 1) ; mis (l. 4-6) insistant sur l’égalité des forces et la possi-
– généralisation accentuée par le GN Toute personne bilité a priori de sauver le martyr ;
(l. 3) ; – sentiment de responsabilité (l. 6-9) avec l’hyperbole
– 2e argument qui s’attaque aux maisons d’édition (l. 8). métaphorique du froid polaire dans mes os (l. 9) ;
4. Proposition de plan : – l’image de la légèreté lors de l’épisode de la
– Introduction : présentation de la thèse d’U. Eco fusillade : mort de son ami, un héros, devenu ange ou
en annonçant ses limites. dieu (l. 10-12) ;
– 1er §. Vous faites comme si tout individu devait
– explication finale (l. 13-16) avec l’emploi de l’italique
obligatoirement agir ainsi, mais, on peut très bien
justificatif à tout prix, la répétition du mot village, et
écrire pour son seul plaisir, pour jouer avec les
mots, avec la langue…
des questions rhétoriques pour révéler l’enjeu de cette
– 2e §. De même, beaucoup de personnes écrivent décision.
et cachent leur journal intime. Il leur est utile 4. Proposition de plan détaillé :
pour de multiples raisons : se souvenir, crier leur – 1er § introductif. Situation du personnage (par
colère, exprimer leur amour ou tout autre senti- exemple, dans un wagon de train, plongé dans un
ment… Ils n’ont nulle envie d’être lus par d’autres roman ou écoutant de la musique).
qu’eux-mêmes… – 2e §. Il est alerté par des cris, des menaces, des
– 3e §. Enfin, les maisons d’édition que vous vouez pleurs…
aux gémonies travaillent sérieusement dans notre – 3e §. Opposition entre les autres membres du
pays ; les éditeurs ne laissent pas passer n’importe wagon qui plongent plus profondément dans leurs
quoi, et sans doute pas « Aujourd’hui je suis allé activités et le poète qui se lève et défend, au choix,
chez le dentiste. » Votre exemple relève du parti pris un enfant que l’on bat, une jeune fille que l’on
et souligne des limites dans votre raisonnement… insulte…
Conclusion : bilan et demande faite à l’auteur de – 4e § de conclusion. Leçon générale à partir du
réviser son avis sur la question. récit, en appelant à ne pas être sourd ni aveugle
aux souffrances qui nous entourent.

336
6 Rédiger un dialogue argumentatif 7 Rédiger une lettre argumentée
Marivaux, L’Île des esclaves, scène première Montesquieu, Lettres persanes, lettre CLIV
1. la suite de ce dialogue situation d’énonciation 1. lettre de protestation, furieuse expression person-
+ genre identiques ; Iphicrate  Arlequin deux atti- nelle de registre polémique ; femme du sérail [à] Usbeck
tudes différentes. locutrice et destinataire identifiés + cadre spatio-
2. Objets d’étude : Le texte théâtral et sa représentation, temporel ; défendra notamment l’honneur de la femme,
du XVIIe siècle à nos jours + La question de l’homme dans même prisonnière texte féministe.
les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. 2. Objets d’étude : Le personnage de roman, du
Situation d’énonciation : désaccord entre deux per- XVIIe siècle à nos jours + La question de l’homme dans
sonnages. Échange de propos vifs avec des phrases les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours.
expressives. Situation d’énonciation : codes épistolaires + syntaxe
Genre : le dialogue de théâtre. emportée et formules vindicatives à l’image du registre
3. a. Arlequin détaché : Eh ! chaque pays a sa coutume polémique.
(l. 14), Eh ! encore vit-on (l. 19). En position de supério- Genre : la lettre.
rité par rapport à son maître : mais on dit qu’ils ne font 3. Femmes soumises à la loi de l’enfermement dans
rien aux esclaves comme moi (l. 16-17) + ironie : je vous le sérail et sous le joug (l. 6) de Solim [le] premier
plains de tout mon cœur, cela est juste (l. 24). eunuque, non pas pour [les] garder, mais pour [les]
b. Il peut tout refuser pour poursuivre le plus longtemps punir (l. 2-4).
possible le jeu qui lui permet d’être le maître ou se Utilisation du vocabulaire de l’esclavage avec anti-
contenter de faire comprendre la situation à son maître thèse : sous un joug (l. 6), votre liberté (l. 7).
de façon à ce que tout rentre dans l’ordre. 4. Proposition de début de rédaction :
4. Séquence 10 ➜ p. 215. On y voit des valets adju- Roxane, d’Ispahan, à Usbek, à Paris.
vants de leur maître : Molière ➜ p. 216, Marivaux
➜ p. 220, des valets méprisés ou ridiculisés par leur Que se passe-t-il, mon époux et mon maître ?
maître : Feydeau ➜ p. 222, Beaumarchais ➜ p. 226, Quelle guêpe t’a piqué dans ces pays lointains où
et des valets qui ont le dessus sur leur maître : Brecht tu sembles oublier jusqu’à notre image ? As-tu
oublié que nous sommes tes femmes, des femmes,
➜ p. 228, Molière ➜ p. 233.
des êtres humains ? Te rappelles-tu nos visages
5. Proposition de plan détaillé : maquillés avec soin, nos corps parfumés et apprê-
– Réécriture de la dernière réplique de l’extrait de tés, les doux voiles transparents qui les couvrent
Marivaux, afin d’établir le lien. quand nous dansons autour de toi… ?
– Iphicrate s’énerve de plus en plus, évoque tous Que la tempête se lève sur ta lointaine contrée,
les bienfaits qu’il a apportés à Arlequin, faveurs qu’elle t’arrête afin de te faire songer à ce que tu
dont celui-ci devrait le remercier en l’aidant dans as décidé, à ce que tu nous as écrit. Le sérail n’est
ce mauvais pas. pas une prison, c’est le lieu où nous vivons. Nous
– Iphicrate propose diverses solutions : construire y parlons, de toi, beaucoup, nous y jouons, nous y
un radeau pour fuir, échanger leurs identités pour chantons… Si nous avons commis un crime, dis-le,
qu’il reste le maître sous le costume de l’esclave… juge-nous et nous obéirons. Mais si tu veux seu-
– Arlequin continue à boire, tranquille, faisant lement montrer ton autorité de maître, là, tu vas
la liste des raisons qui le poussent à rester sur trouver à qui parler. Je ne supporterai pas plus
cette île avec ce statut d’esclave. Il répond vague- longtemps tes lettres insultantes !…
ment et ironiquement, puis contre-argumente
systématiquement. Prolongement : à partir du texte de l’exercice 6, ima-
giner la scène suivante, dans laquelle Iphicrate se
plaint du comportement de son valet et de la règle
de l’île des esclaves. Utiliser le registre pathétique,
exprimant ses craintes pour l’avenir.

337
CHAPITRE
6 Préparer l’épreuve orale
du bac
➜ Livre de l’élève, p. 548

Fiche
méthodee 1 Organiser ses cours et ses fiches
pour l’oral
➜ Livre de l’élève, p. 550

Objectif : Préparer des fiches de révisions tout au long tique dans son drame Cyrano de Bergerac, inspiré
de l’année. de la figure du romancier philosophe du XVIIe siècle.
Il en fait un homme honteux de son apparence,
amoureux d’une belle jeune femme, sa cousine
Exercices d’entraînement ➜ p. 552 Roxane. Dans la scène 7 de l’acte III, il prend la
place de Christian, incapable de dire son amour
pour la belle jeune femme, mais, rapidement, il
1 Élaborer une fiche de révision oublie qu’il parle au nom d’un autre.
Support : E. Rostand, Cyrano de Bergerac ➜ p. 246
Ouvertures possibles en conclusion :
1. Peu de mots difficiles dans ce texte : en touffe (v. 3) – De qui Roxane tombe-t-elle alors amoureuse ? De
= en abondance ; vermeil (v. 14) = rouge ; suscite (v. 25) Christian ou des mots prononcés par Cyrano ?
= provoque ; rameaux (v. 34) = petites branches. – Comment cette scène de balcon va-t-elle influer sur
2. Nombreux procédés à commenter : le sort futur des trois personnages ?
– répétitions + rejet (v. 2-3) émotion de Cyrano qui
perd ses moyens ; 2 Améliorer une fiche de révision
– comparaisons (v. 6, 13-14) + phrases exclamatives Support : P. Choderlos de Laclos,
puissance des sentiments de Cyrano ; Les Liaisons dangereuses ➜ p. 177
– questions rhétoriques (v. 27-28) interpeller Roxane ; 1. siècle des Lumières ; roman épistolaire ; image de
– rejets en cascade (v. 32-33, 33-34, 36-37) difficultés personnage volontaire ; champ lexical lié au registre
de s’exprimer avec la rigueur habituelle (en contradic- didactique ; modalisateurs mélioratifs ; antithèse entre
tion avec la 1re scène de la pièce où Cyrano improvise peine et joie.
une balade lors d’un duel).
2. Autres éléments :
3. Connaissances liées à : – on = la société, les hommes image négative de la
– l’objet d’étude : paroles théâtrales, définitions du femme ;
drame romantique et de la comédie héroïque ; – forte présence du passé évolution du personnage ;
– l’auteur : E. Rostand (1868-1918), dramaturge inspiré – je suis mon ouvrage (l. 6) ; Je me suis travaillée (l. 18)…
par le romantisme français ; + champ lexical de la dissimulation : dissimuler (l. 11),
– l’œuvre : résumé de la pièce, acteurs qui l’ont inter- cacher (l. 12)… création d’un personnage de libertine.
prétée.
3. Rédaction de l’introduction :
4. Rédaction de l’introduction : Le roman épistolaire est très fréquent au
Le drame romantique naît dans les années siècle, donnant lieu à des récits polypho-
XVIII e
1830 : de jeunes écrivains, V. Hugo, A. Dumas, niques riches et complexes. Choderlos de Laclos
A. de Vigny et A. de Musset, veulent faire éclater est connu pour Les Liaisons dangereuses, roman
les règles théâtrales classiques qu’ils jugent sclé- de 1782 dans lequel il évoque la vie de deux liber-
rosantes, contraires à la vie. À la fin du XIXe siècle, tins, Valmont et la marquise de Merteuil. Dans la
Edmond Rostand retrouve cette révolution roman- lettre LXXXI, la marquise, éprise de liberté, écrit
338
à Valmont et lui explique comment elle est deve- retrouvons cela dans un recueil de 1874 intitulé
nue la femme libre qu’il connaît. Nous verrons par Romances sans paroles. L’ensemble des poèmes
quels moyens la marquise de Merteuil se décrit. se rattache à la musique, et nous verrons com-
D’abord, nous étudierons la description d’une ment Verlaine donne cet aspect musical à « Ariette
femme volontaire, ennemie de toute soumission, oubliées VII ».
avant d’analyser la façon dont elle s’est elle-même – Idées d’ouverture : rapprochement avec le tableau
forgée cette personnalité. de E. Munch, Mélancolie (1894-1895) ➜ p. 53 ; paral-
Rédaction de la conclusion : lèle avec la chanson, comme « Les séparés » de
Dans la lettre LXXXI des Liaisons dangereuses, M. Desbordes-Valmore ➜ p. 55.
la marquise de Merteuil se décrit d’abord comme Fiche sur le texte de R. Desnos ➜ p. 57.
une femme volontaire, capable de rester libre dans – Présentation : poème extrait du recueil Corps et biens
la société de son temps. L’évocation de son passé (1930) composé de vingt-cinq vers libres. Expression
prouve à Valmont qu’elle s’est construite comme d’un sentiment amoureux qui se heurte à la froideur
elle le désirait. Cette missive fait de la marquise de l’aimée.
l’essence même de la libertine qui nourrira toute – Principaux procédés : apostrophe, accumulations,
une génération de femmes fatales dans la littéra- références aux poètes passés, anaphores, expression
ture du XIXe siècle, puis au cinéma. lyrique.
– Problématiques : Par quels moyens R. Desnos évoque-
3 Corriger une fiche de révision t-il son amour ? Quelle image de l’amour est donnée
Support : Beaumarchais, Le Barbier de Séville ➜ p. 226 dans ce poème ?
1. L’information siècle des Lumières n’est pas pertinente – Introduction : Les poètes du XXe siècle ont révolu-
ici : Beaumarchais n’appartient pas au mouvement des tionné la façon d’appréhender la littérature, et la
Lumières. poésie en particulier. Les surréalistes par exemple
ont fait du rêve, de l’inconscient et de la folie leurs
2 et 3. Éléments biographiques : Beaumarchais, Le sources d’inspiration afin d’élever le lecteur à
Barbier de Séville ; auteur français, dramaturge + 1re d’autres réalités. Robert Desnos a fait partie de ce
pièce d’une trilogie au centre de laquelle se trouve le groupe et on trouve dans Corps et biens, recueil
personnage de Figaro. de 1930, la volonté de créer une nouvelle poésie
Contexte historique : siècle des Lumières + triomphe à lyrique. Nous verrons par quels moyens il évoque
l’époque du genre de la comédie + respect de l’essen- ainsi son amour pour la chanteuse Yvonne George.
tiel des règles classiques. – Idées d’ouverture : rapprochement avec d’autres
Procédés d’écriture : critique de la société de l’époque, poèmes sur l’amour désenchanté, comme le sonnet
exposition, déguisements + vocabulaire de la recon- de P. de Ronsard « Quand vous serez bien vieille… »
naissance, jeu des questions / réponses + types de ➜ p. 64 ou « Remords posthume » de C. Baudelaire
comique… ➜ p. 540.
2. Synthèse ➜ p. 60 : dernière partie = informations sur
4 Utiliser le manuel le symbolisme et la modernité poétique.
Support : Séquence 2, La poésie amoureuse ➜ p. 49 Synthèse en histoire des arts ➜ p. 61 : point 3. Mention
des amours maudites auxquelles le mariage de Verlaine
1. Fiche sur le texte de P. Verlaine ➜ p. 53.
et Mathilde peut se rattacher.
– Présentation : poème extrait du recueil Romances sans
paroles (1874) ; huit distiques d’octosyllabes en rimes 3. 1re fiche sur la versification = éléments pour analy-
suivies. Thème : souffrances amoureuses du poète. ser la forme des textes de P. Verlaine et de R. Desnos :
– Principaux procédés : répétitions, expression lyrique, rimes, assonance, allitération, strophe…
dialogue entre le cœur et l’âme. 2e fiche sur la modernité = éléments pour étudier le
– Problématiques : Comment Verlaine donne-t-il un texte de R. Desnos : vers libres, thème amoureux lié
aspect musical à ce poème ? Quel est l’effet produit par à la ville.
ce poème sur le lecteur ? 4. Documents complémentaires :
– Introduction : Paul Verlaine, poète de la deux- – P. de Ronsard, Les Amours ➜ p. 64 tradition de la
ième moitié du XIXe siècle, s’est inspiré à la fois poésie amoureuse ;
des thèmes lyriques traditionnels et du mouve- – F. Ponge, Le Parti pris des choses ➜ p. 71 poème
ment littéraire de l’époque, le symbolisme. Nous en prose ;
339
– A. Rimbaud, « Lettre à Paul Demeny » ➜ p.  78 – dénouement heureux.
modernité poétique. Comédie dans les trois pièces :
5. Titre de la séquence : La poésie amoureuse. – Molière : collusion noblesse / bourgeoisie dans sa
Problématique : Comment les poètes se servent-ils du pièce + invention de la comédie-ballet.
langage pour évoquer l’amour ? Complexité des rapports humains : couple en désaccord
Citations clés : sur le mariage de la fille, type comique du monomane
– L. Labé, Sonnets (1555), Ainsi Amour inconstamment pour monsieur Jourdain, bourgeois ambitieux obnubilé
me mène (v. 9) ; par la noblesse ;
– P. Verlaine, Romances sans paroles (1874), Et mon – Marivaux : intrigue sentimentale avec stratagèmes et
cœur, mon cœur trop sensible / Dit à mon âme : Est-il travestissements + réflexion sur l’amour, la lutte des
possible (v. 9-10) ; sexes ;
– R. Desnos, Corps et biens (1930), Moi qui suis Robert – Beaumarchais : opposition maître / valet ; noblesse
Desnos, pour t’aimer / Et qui ne veux pas attacher critiquée théâtre social et politique.
d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable 3. Molière : période classique.
(v. 24-25). Marivaux et Beaumarchais : siècle suivant, mais respect
Notions liées à l’objet d’étude : rimes et jeux sonores des règles classiques (bienséance, vraisemblance, uni-
+ scansion + évolution des thèmes et des formes poé- tés de lieu, d’action et d’intrigue).
tiques + registres lyrique et élégiaque. 4. Liens avec la séquence :
Liens entre textes étudiés et documents complémen- − mariage : I, 1 = conversation entre Silvia (jeune maî-
taires : tresse) et Lisette (servante) sur le mariage ; III, 8 et 9
– thème de l’amour ; = mariage des deux couples ;
– L. Labé, Sonnets (1555) // J. Du Bellay, L’Olive (1550) – déguisement : I, 2 = la maîtresse Silvia prend la place
poésie de la Renaissance, sonnet ; de Lisette, et vice versa ; I, 3 = le prétendant de Silvia
– P. Verlaine, Romances sans paroles (1874) // M. use du même stratagème ; I, 5 et 6 = Silvia et Dorante
Desbordes-Valmore, Poésies inédites (1860) évoca- se rencontrent, travestis en valets ; I, 7 = apparition du
tion élégiaque de l’amour perdu ; répétitions ; valet Arlequin, déguisé en maître ; II, 5 = scène de ren-
– R. Desnos, Corps et biens (1930) // P. Eluard, Capitale contre entre les deux valets déguisés en maîtres ; II, 12
de la douleur (1926) poètes surréalistes ; formes poé- = Dorante avoue son identité réelle à Silvia qui continue
tiques modernes ; lyrisme traditionnel. de se cacher pour tester l’amour du jeune homme ;
III, 8 = Silvia avoue son identité ;
5 Acquérir des connaissances – critique sociale : II, 1 = Lisette croit avoir séduit le
Support : Séquence 10, La comédie, jeu d’amour maître ; II, 8 = monologue de Silvia qui met en évi-
et de pouvoir ➜ p. 215 dence les différences sociales ; III, 6 = les deux valets se
1. Molière (1622-1673) : auteur, comédien et metteur en découvrent et voient leurs rêves de noblesse s’envoler ;
scène depuis 1643 ; 13 ans de tournée en province avant III, 8 = Dorante accepte d’épouser Silvia (Lisette) même
retour à Paris en 1659 ; Le Bourgeois gentilhomme (1670) si elle est servante ; III, 9 = deux couples réunis tout
= comédie-ballet, genre lié à Versailles. est rentré dans l’ordre.
Marivaux (1688-1763) : romancier, journaliste, drama-
turge ; nombreuses comédies avec travestissements 6 Améliorer sa culture générale
maîtres / valets ; Le Jeu de l’amour et du hasard (1730). 1. P. de Ronsard (1524-1585) : écrivain humaniste de la
Beaumarchais (1732-1799) : espion, éditeur, écrivain… ; Renaissance ; groupe des poètes de la Pléiade = ins-
connu pour la trilogie espagnole : histoire de Figaro, piration de l’Antiquité + enrichissement de la langue
1re partie = Le Barbier de Séville (1775). française + sonnet en alexandrins ; poète officiel des
Informations biographiques + contexte des œuvres. rois Henri II et Charles IX.
2. Comédie : M. de Montaigne (1533-1592) : philosophe humaniste ;
– personnages issus de la bourgeoisie et du petit peuple initiateur du genre de l’essai ; époque des guerres de
(valets) ; Religion.
– langage courant, voire familier ; Mme de La Fayette (1634-1693) : femme noble, roman-
– problèmes d’ordres financier, sentimental et familial ; cière ; publie ses romans anonymement ; invente le
340
récit psychologique ; siècle de Louis XIV ; classicisme. – A. Rimbaud : Lettre à Paul Demeny ➜ p. 78 travail
J.-J. Rousseau (1712-1778) : romancier, philosophe ; sur l’écriture poétique ; Lettre d’Aden ➜ p. 316 vie
siècle des Lumières ; textes philosophiques ; collabo- aventurière de Rimbaud ; « Voyelles », p. 47 poème
rateur de l’Encyclopédie ; La Nouvelle Héloïse, roman métalittéraire de Rimbaud.
épistolaire à l’origine du romantisme. 4. Raphaël, Balthazar Castiglione, début XVIe siècle
A. Rimbaud (1854-1891) : jeune poète qui écrit jusqu’à ➜ p. 278 // Ronsard et Montaigne.
l’âge de 20 ans ; poésie moderne : innovations dans le Bronzino, Portrait de Pierre de Médicis, milieu XVIe siècle
sonnet, poèmes en prose. ➜ p. 281 // Ronsard et Montaigne.
2 et 3. P. de Ronsard : Les Amours ➜ p. 64 : poésie J. Juncker, Savant dans son cabinet de travail, 1751
lyrique, carpe diem. ➜ p. 134 // Montaigne et Rousseau.
M. de Montaigne : Essais ➜ p. 110, 144, 289, 292, 309 J. Sustermans, Portrait de Marguerite de Médicis,
texte biographique, subjectif et philosophique. XVIIe siècle ➜ p. 172 // Mme de La Fayette.
Mme de La Fayette : La Princesse de Clèves ➜ p. 172, 176 M. Quentin de La Tour, Portrait de Jean-Jacques Rousseau
roman psychologique qui se déroule à la cour de ➜ p. 105 // Rousseau.
Henri II (miroir de celle de Louis XIV). G. M. Kraus, La Leçon des garçons, XVIIIe siècle ➜ p. 291
J.-J. Rousseau, Les Confessions ➜ p. 374 1re auto- // Rousseau.
biographie en français ; Discours sur les sciences et les E. Munch, Mélancolie (1894-1895) ➜ p. 53 // Rimbaud.
arts ➜ p. 134 réflexion philosophique sur les grands H. Fantin-Latour, Un coin de table (1872) // Rimbaud.
thèmes des Lumières ; Émile ou De l’éducation ➜ p. 112
Prolongement : préparer une fiche de révision d’une
=> traité d’éducation ; Lettre à d’Alembert sur les spec-
séquence de l’année. Préparer des questions pour
tacles ➜ p. 420, 449 désaccords entre les fondateurs
s’entraîner à l’entretien.
de l’Encyclopédie et Rousseau.

341
Fiche
méthodee 2 Préparer l’exposé oral
➜ Livre de l’élève, p. 553

Objectif : Analyser un texte étudié en cours à partir 2 Préparer une lecture analytique
d’une question. Support : V. Hugo, Les Rayons et les Ombres,
« Fonction du poète » ➜ p. 66
1. Quelle image ce texte nous donne-t-il de la création
Exercices d’entraînement ➜ p. 555 poétique ? définition de l’écriture poétique selon le
poète romantique V. Hugo.
1 Comprendre les questions 2. a et b. Citations :
Support : F. Kafka, La Métamorphose ➜ p. 353 – Ne te mêle pas à ces hommes / Qui vivent dans une
1. 2e question non pertinente : nous ne connaissons pas rumeur ! (v. 19-20) poète à l’écart des haines popu-
les intentions de l’auteur, surtout pour un texte aussi laires, de l’agitation politique ;
polysémique. À reformuler quel est l’intérêt du choix – Ô rêveur, cherche les retraites, / Les abris, les grottes
de la métamorphose du personnage en cancrelat ? discrètes, / Et l’oubli pour trouver l’amour (v. 25-27)
4e question trop restrictive comment le narrateur poète isolé du chaos du monde ;
nous donne-t-il accès aux pensées du personnage ? – entendre / La voix d’en haut (v. 28-29) écrire
2. En quoi ce texte est-il caractéristique d’un incipit ? = transcrire la parole divine, la donner aux hommes ;
question des attentes du lecteur et du caractère pro- – Compose tes chants inspirés / Avec la chanson des
grammatique d’un début de récit. feuillages / Et l’hymne des flots azurés ! (v. 32-34)
Quel est l’intérêt du choix de la métamorphose du per- écrire = travailler à partir de la nature. Dans le même
sonnage en cancrelat ? choix narratif ; travail sur les vers, Hugo évoque le travail, Compose, et le mythe de
connotations du cancrelat par exemple. l’inspiration ;
Quelle image le narrateur donne-t-il du personnage ? – Le poète est l’archet divin ! (v. 40) écrire = jouer avec
caractéristiques d’un personnage de roman, façon la nature pour donner aux hommes la parole divine.
dont il apparaît au lecteur. Le poète s’écarte de l’agitation ambiante, non pas
Comment le narrateur nous donne-t-il accès aux pen- pour se réfugier dans sa tour d’ivoire, mais pour mieux
sées du personnage ? travail sur le point de vue entendre la voix des sphères supérieures, à transmettre
adopté, sur les différentes sortes de discours rapportés aux hommes.
et leur intérêt pour le récit.
3. Plan d’analyse :
Quel est le registre dominant de ce passage ? travail
Une écriture inspirée par Dieu
sur les effets principaux, en particulier les émotions, Une écriture inspirée par la nature
produits par le texte sur le lecteur. Une écriture donnée aux hommes pour les
3. En quoi ce texte est-il caractéristique d’un incipit ? guider
Plan d’exposé oral : 4. Rédaction de l’introduction :
Axe I. Une situation initiale claire Victor Hugo, chef de file du romantisme, s’est
– Un narrateur témoin illustré dans nombre de poèmes qui ont réfléchi
– Des indices spatio-temporels réalistes à la fonction sociale et humaine de l’écriture, de
– Un « incipit in medias res » la littérature. Le recueil intitulé Les Rayons et les
Axe II. Des informations originales et captivantes Ombres, paru en 1840, s’ouvre sur un long poème
– La description du personnage métamorphosé en au titre évocateur, « Fonction du poète », dont nous
cancrelat étudierons les cinquante premiers vers. Nous nous
– Le monologue intérieur du personnage demanderons quelle image ce texte donne de la
– Le registre fantastique création poétique. Nous envisagerons la triple mis-
sion que l’écrivain lui assigne : une poésie inspirée
par Dieu, et par la nature, et ce, dans le but de
guider les hommes.

342
Rédaction de la conclusion : voyage (images pittoresques : repas…)
Dans les premières strophes de « Fonction du – Une leçon à tirer de son expérience personnelle
poète », Victor Hugo donne une image complexe de (bilan du retour)
la création poétique. En effet, elle est à la fois un Axe II. Une image de philosophe
travail, une composition et le creuset d’une inspi- – La comparaison avec ses compatriotes (moi et
ration divine : le poète doit donc lire dans la nature les autres)
créée par Dieu pour transmettre des signes aux – La quête du philosophe en voyage (attention
hommes. Cette image de messager et de prophète portée aux mœurs différentes ; champ lexical de
se développera ensuite dans les autres strophes l’observation)
attentives aux diverses fonctions du poète. – Un enseignement moral : la définition de l’homme
5. Pour bien lire ce poème, on fera particulièrement mêlé (connotations morales de l’expérience)
attention à :
– la diérèse sur inquiète (v. 3) ; 4 Introduire un exposé
– la prononciation des -e muets selon qu’ils sont devant Support : D. Diderot, Supplément au voyage
une voyelle (v. 2, 3, 6…) ou devant une consonne (v. 5, de Bougainville ➜ p. 99
8, 11…) ; 1. Par quels moyens = par quels procédés d’écriture,
– la prononciation des h aspirés, sans liaison (v. 15), ou comment plan analytique.
muets avec liaison (v. 19). 2. Chapeau : réponse de Diderot au texte du navigateur
Bougainville ; dénonciation du colonialisme ; défense
3 Élaborer un plan détaillé de la société tahitienne ; fiction pour mieux mettre en
Support : M. de Montaigne, Essais ➜ p. 110 œuvre ces éléments.
1. Quel portrait Montaigne renvoie-t-il de lui-même Questionnaire de lecture analytique : deux personnages
dans cet extrait ? place des éléments autobiogra- opposés par les types de phrase ; stratégies argumen-
phiques dans un écrit argumentatif. tatives utilisées par Diderot.
Notice biographique : écrivain prolifique ; philosophe
2. Citations :
des Lumières ; cofondateur de l’Encyclopédie.
– omniprésence du pronom personnel je : Moi, qui le
plus souvent voyage pour mon plaisir, je ne me guide pas 3. Plan général :
Un dialogue pour montrer deux thèses
si mal. (l. 1) je = modèle de son étude sur le voyage ;
contraires
– Il est vrai que (l. 4) conclusions tirées de son expé-
La dénonciation des préjugés occidentaux
rience personnelle ; Vers le mythe du bon sauvage
– questions rhétoriques (l. 6, 8) questions auxquelles
il répond lui-même, pour rendre son argumentation
4. Rédaction de l’introduction :
Dès la Renaissance, la découverte de nouveaux
plus dynamique ;
pays et de nouveaux peuples a bouleversé la façon
– J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un de considérer l’humanité. Des débats ont agité les
goût qui accepte tout (l. 12) ouverture d’esprit, homme Européens : ces hommes sont-ils des créatures
universel ; créées par Dieu ? Ont-ils une âme ? Au XVIIIe siècle,
– J’ai honte de voir nos compatriotes (l. 23) jugement la réflexion a évolué, avec une question essen-
sur ceux qui l’entourent ; tielle : ces peuples ont-ils quelque chose à nous
– je voyage fatigué de nos façons de vivre (l. 43-44) + je apprendre ? Diderot, dans Supplément au voyage
cherche plutôt (l. 46) sagesse du philosophe qui pro- de Bougainville (1796), ouvrage en complément
pose un art de vivre. du récit du fameux navigateur, fait débattre un
Autoportrait en action de Montaigne = idéal de Tahitien, Orou, avec l’aumônier de l’équipage de
Bougainville, au sujet de la sexualité. Nous verrons
l’homme mêlé (l. 42).
par quels moyens Diderot évoque, grâce à ce thème
3. Progression de l’homme (aspect autobiographique
précis, sa vision plus large du colonialisme. Nous
du voyage) vers le philosophe (qui réfléchit et juge les étudierons d’abord le dialogue afin de montrer les
comportements). deux thèses qui s’opposent, avant de travailler sur
4. Plan détaillé : la dénonciation des préjugés occidentaux qui ouvre
Axe I. Une image intime sur la naissance du mythe du bon sauvage.
– Une présence personnelle (énonciation)
– Des anecdotes personnelles sur le thème du
343
5 Améliorer une introduction passage et dans la vie d’Eugène.
Support : F. Rabelais, Pantagruel ➜ p. 129 Évolution : de la focalisation externe (obsèques elles-
mêmes) à la focalisation interne (solitude de Rastignac)
1. Étapes de l’introduction :
=> place du personnage définie par le narrateur.
– présentation de l’auteur dans son époque (1re phrase) ;
Symbolisme des images finales de Paris.
– présentation de l’œuvre dont est extrait le texte étudié
(2e et 3e phrases) ; 4. Ouvertures possibles :
– identification de l’extrait rapidement résumé (4e et – Que symbolise finalement Rastignac en cette fin de
5e phrases) ; roman ?
– reprise de la question posée ; – Par quels moyens Rastignac va-t-il tenter de parvenir
– annonce du plan de réponse. à son but ?
– Cette fin de récit montre la cohésion du projet
2. a. Reprise de la question et annonce du plan, mais le
d’ensemble de La Comédie humaine, avec des récits
connecteur D’abord est mal placé, il devrait se trouver
interdépendants.
après le verbe… Emploi maladroit d’après qui est une
préposition, et non un adverbe. 5. Rédaction de la conclusion :
b. On peut améliorer la présentation de l’auteur, de Ainsi, le narrateur présente le jeune Eugène
l’œuvre et du passage, d’abord parce que les informa- de Rastignac comme un personnage ému, triste
et honteux de sa pauvreté. Cependant, le décès
tions sont elliptiques, ensuite parce qu’elles sont addi-
du père Goriot semble provoquer la mort d’une
tionnées, enchaînées de façon mécanique et maladroite.
partie d’Eugène, de cette partie jeune et naïve pour
3. Chapeau ➜ p. 129 : informations plus précises sur donner naissance à Rastignac, un homme avide de
le personnage et l’enjeu du récit : aventures plaisantes parvenir, un homme qui défie le monde. Par quels
et merveilleuses d’un jeune géant, éloge de la connais- moyens Rastignac va-t-il donc parvenir à son but ?
sance et du savoir.
Notice biographique ➜ p. 567 : idéaux humanistes ; une
7 Améliorer une conclusion
vision satirique de son époque. Support : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 263
Recherche complémentaire : Rabelais considéré comme
le 1er romancier français par des spécialistes ou auteurs
1. Deux 1res phrases = réponse à la question : l’absurde.
3e phrase = énumération des différentes caractéris-
actuels (M. Kundera).
tiques de l’absurde présentes dans l’extrait.
4. Réécriture de l’introduction : Dernière phrase = ouverture.
François Rabelais est le premier romancier en
langue française. C’est un humaniste qui écrit 2. Bilan satisfaisant.
l’histoire de géants dans Pantagruel (1532) et Ouverture mal reliée au bilan retenir un point du
Gargantua (1534) dans le but de proposer au bilan, par exemple l’attente vaine de Godot, certes
lecteur un modèle absolu de culture encyclopé- risible, mais évoquant aussi le sort tragique de l’homme
dique. Notre texte est extrait du premier roman, seul face à son destin.
et se compose d’une lettre de Gargantua à son
3. Rédaction de la conclusion :
fils Pantagruel, à qui il veut donner une éducation
Dans cet extrait de la pièce En attendant Godot,
complète. [+ reprise de la suite]
nous pouvons repérer plusieurs caractéristiques de
l’absurde tel que le conçoit Beckett : des questions
6 Conclure un exposé sans intérêt, des réponses qui paraissent insensées,
Support : H. de Balzac, Le Père Goriot ➜ p. 157 le rappel d’une situation répétitive qui n’a pas de
sens, et l’attente vaine d’un certain Godot. C’est ce
1. Caractéristiques de Rastignac :
dernier point qui révèle aussi une caractéristique
– fidélité à la mémoire du Père Goriot (l. 4-5) ;
du théâtre de Beckett : l’image de l’homme perdu,
– respect des convenances (l. 31-32) ; sans guide ni dieu, dans une intrigue qui mêle donc
– tristesse sincère (l. 33) ; les registres comique et tragique.
– ambition (l. 39-47).
2. Images, modalisateurs, fonction du personnage Prolongement : préparer l’introduction complète et
(gestes et propos) dans cet épisode. le plan détaillé de la lecture analytique de cet extrait
de la pièce de S. Beckett.
3. Adjectifs pour qualifier les obsèques.
Insistance sur le thème et le rôle de l’argent dans ce
344
F
Fiche
méthode 3 Organiser et utiliser ses connaissances
en vue de l’entretien
➜ Livre de l’élève, p. 557

Objectif : Mobiliser ses connaissances pour pouvoir toire maudite ;


répondre aux questions de l’examinateur. – D. Lamaison mêle les éléments antiques et modernes
pour traiter de la fatalité actualisation motivante du
mythe ;
Exercices d’entraînement ➜ p. 558 – H. Bauchau a choisi le genre romanesque pour évo-
quer cette histoire particulièrement complexe pos-
1 Mobiliser ses connaissances sibilités de description et d’analyse difficilement envi-
Support : Séquence 15, Le mythe d’Œdipe ➜ p. 323 sageables au théâtre.
Images :
1. Connaissances sur les auteurs (notices biographiques
– caractère illustratif des tableaux néoclassiques,
+ dictionnaire des auteurs), les œuvres (chapeaux
comme la toile de C. F. Jalabert, Œdipe et Antigone
+ dictionnaire des œuvres), le vocabulaire des textes,
(1843) ➜ p. 324, ou au contraire, leur réinterprétation
avec le sens des mots difficiles.
dans la peinture métaphysique d’A. Savinio (1928)
Par exemple, pour le texte 3 ➜ p. 334 :
– J. Racine (1639-1699) : dramaturge classique ; intérêt ➜  p. 337 ;
– interprétation moderne et dépouillée de l’itinéraire
pour les mythes antiques ; écriture poétique…
d’Œdipe, comme dans la mise en scène de J. Cocteau
– La Thébaïde ou les Frères ennemis : sens du terme
de sa pièce au théâtre des Bouffes-Parisiens (1954)
Thébaïde, histoire des deux fils d’Œdipe, Étéocle et
Polynice ; lutte fratricide pour le pouvoir ; importance ➜ p. 327, ou celle de Racine par Sandrine Lanno, au
CDN de Montreuil (2007) ➜ p. 334 ;
de la fatalité familiale…
– écho moderne et poétique à l’histoire d’Œdipe, avec la
– Problème de la modification de sens de certains mots,
photographie d’A. Kertész, Le « gondolier » ➜ p. 332 ;
de Racine à nos jours : certains mots déjà en notes,
– face à face Ingres / Bacon dans l’analyse d’images
comme alarmes (v. 4), d’autres non, comme ardeur
(v. 12), misérable (v. 20). ➜ p. 338.
3. J. Cocteau fait d’Œdipe le représentant de l’humanité :
2. Textes complémentaires = réécritures contempo- l’homme ne sait rien, il n’est pas maître de son destin.
raines des lectures analytiques : L’étude des œuvres intégrales de la page 333 résume
– J. Cocteau s’inspire surtout de Sophocle, mais il ajoute l’intérêt de la comparaison des deux pièces + se repor-
une vision ironique des personnages, ce qui les rend ter à la correction de la piste d’analyse 1. a dans le Livre
plus complexes couleur nouvelle donnée à cette his- du professeur ➜ p. 000.

345
Synthèse :
Sophocle, Œdipe roi Cocteau, La Machine infernale
Épisodes du mythe retenus
Œdipe Parodos et exodos : allusions dans le récit Épisode longuement développé :
et le Sphinx du grand-prêtre et la conclusion du coryphée. – acte I : récit de la Voix ;
+ rappel par Œdipe lui-même dans l’épisode I – acte II : personnage de la jeune fille qui souffle la
(j’ai fermé la bouche à la Sphinge réponse à Œdipe incapable de donner la réponse.
par ma seule intelligence).
La nuit de noces Cet épisode n'existe pas chez Sophocle. Acte III : Cocteau imagine la nuit de noces des époux.
La révélation Épisode I : Tirésias expose les faits, mais Tirésias ne révèle toute la vérité que dans l’acte IV.
Œdipe l’accuse de mentir et de comploter
avec Créon.
Le suicide Exodos, chez Sophocle : Acte IV : Jocaste revient sous la forme
de Jocaste et Œdipe ne quitte pas encore Thèbes à la fin, d’un fantôme ; Œdipe part avec Jocaste
l’automutilation même si l’exil est annoncé ; Œdipe reste seul. et Antigone.
d’Œdipe

4. Tableau néoclassique : rappel explicite du mythe – réponse argumentée : deux visions de la femme
= réponse d’Œdipe au Sphinx. (idéalement belle, mais sournoisement démoniaque) ;
Animal dans l’ombre, donc dangereux ; Œdipe armé, – exemple précis + explication.
donc vaillant, mais très attentif, donc rusé. 3. Réponses :
Dans le texte 1 ➜ p. 324, épisode évoqué rapidement : − Un poème est un texte, en vers ou en prose, souvent
Œdipe […] avait délivré cette terre du monstre qui lui lyrique, dans lequel un auteur a travaillé sur le sens
ravissait ses hommes (l. 22-23). et les sonorités à travers des images pour évoquer des
sentiments, un rêve…
2 Analyser des questions – L’inventeur du poème en prose est le modèle de
sur une œuvre intégrale Charles Baudelaire : Aloysius Bertrand, auteur du
Support : C. Baudelaire, Les Fleurs du mal ➜ p. 36 XIXe siècle qui publie en 1842 son recueil Gaspard de
1. Pour vous, qu’est-ce qu’un poème ? définition la nuit.
personnelle d’un genre littéraire. – Les poèmes de Baudelaire sont réunis sous plusieurs
Connaissez-vous l’inventeur du poème en prose ? titres au cours de la rédaction de C. Baudelaire : Les
culture littéraire générale. Limbes, Lesbiennes… Il est finalement publié sous ce
Quelle est l’histoire du recueil Les Fleurs du mal ? titre en 1857. Il fait scandale à cause de textes jugés
+ Qu’est-ce que le spleen ? + Quelle est l’importance de immoraux. Jugé et condamné, Baudelaire doit suppri-
la femme dans ce recueil ? connaissances spécifiques mer plusieurs de ses poèmes. Tenant compte de cette
sur un auteur + test de la lecture effective de l’œuvre. censure, il publie un nouveau recueil, avec trente-cinq
Quelles sont les règles de la lecture poétique ? + Donnez textes nouveaux, en 1861.
un exemple de métaphore dans ce recueil. Comment – Le spleen en anglais signifie la rate. Au XIXe siècle, on
l’interprétez-vous ? connaissances sur l’objet d’étude pensait encore que la rate pouvait être la cause d’une
consacré à la poésie (vocabulaire technique et figures mauvaise bile, une humeur triste et mélancolique, l’un
de rhétorique spécifiques). des thèmes essentiels du recueil.
2. Réponses attendues : – Voir la fiche p. 401.
– une définition ; – Dans ce recueil, Baudelaire évoque plusieurs femmes,
– le nom de l’auteur ; dont Jeanne Duval, auxquelles il rend hommage. Les
– la mention rapide du scandale et du procès fait au femmes ont cependant deux visages antithétiques :
recueil en 1857 ; elles sont soit belles, sereines, source de douceur et
– traduction et sens du mot anglais spleen pour de bonheur, soit démoniaques, liées au diable.
Baudelaire ; – Sonnet « Correspondances » (v. 1-2) : La Nature est un
– règles générales : syllabes, liaisons, -e caduc, temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de
diérèse… ; confuses paroles Nature = temple, lieu sacré.
346
3 Étudier des questions 4 Analyser des questions
sur un groupement sur les documents complémentaires
Support : M. de Montaigne, Essais ➜ p. 309 Support : Séquence 4, Réflexions sur la nature humaine
1. et 2. Qui était Montaigne ? À quelle période de l’his- ➜ p. 89
toire littéraire appartient-il ? connaissances sur un 1. Qui était Voltaire ? À quel siècle et à quel mouvement
auteur. appartient-il ? connaissances sur un auteur et une
L’image que Montaigne donne du Nouveau Monde est- époque.
elle objective ? + D’après les textes de cette séquence, Que signifie le titre Micromégas ? + Qu’est-ce qu’un conte
comment l’image de l’autre, de l’étranger a-t-elle évo- philosophique ? + Quelle est la particularité formelle
lué ? interprétation personnelle et connaissance du du texte de Simone de Beauvoir ? Justifiez + Qu’est-ce
groupement. qu’une controverse ? En quoi est-ce le cas ici ? Justifiez
Quel lien pouvez-vous établir entre ce texte et les autres définitions + interprétations personnelles.
documents de la séquence 14 ? + Quelle est la place Qu’est-ce qui permet de relier ces trois documents ?
de l’image dans cette séquence ? Qu’apporte-t-elle ? => liens entre les documents d’une séquence.
liens entre les documents d’une séquence. 2. Voltaire, Micromégas par la taille des personnages
3. Notice biographique et chapeau pour répondre à la et les lieux qu’ils visitent, voir les hommes d’un autre
question sur Montaigne. point de vue.
Chapeaux, questions et lecture personnelle des docu- S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe intérêt pour les
ments pour répondre aux questions d’interprétation et femmes, alors jugées secondaires, pour mettre en évi-
de liens entre les documents. dence l’autre moitié de l’humanité.
4. Réponses : J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid à partir
− Montaigne est un auteur humaniste du XVIe siècle. Il des Grandes Découvertes, réflexion sur l’humanité, ce
a écrit les Essais, série de textes dans lequel il fonde qui fait qu’un être est un homme.
sa réflexion sur ses expériences personnelles. C’est à 3. Le 1er est un conte philosophique, le 2e un essai, et
la fois un texte autobiographique et un essai philoso- le dernier un récit avec délibération Le personnage
phique d’une très grande érudition présentée de façon de roman, du XVIIe siècle à nos jours, pour les textes
vivante, plaisante. complémentaires 1 et 3.
– Sa vision est subjective : il donne son avis, sa vision de 4. Réponses :
la question à travers des exemples précis et des moda- − Voltaire est un auteur prolifique du XVIIIe siècle, très
lisateurs qui condamnent l’Europe et donnent du poids connu à l’époque pour ses tragédies, totalement
à sa réflexion. Ex. : les qualités morales des Indiens. oubliées aujourd’hui. Il est l’un des grands penseurs
– Visions subjectives et personnelles de découvreurs des Lumières ; il a écrit de nombreux textes philoso-
importants : C. Colomb, J. de Léry, M. Polo et J. Cartier phiques comme le Dictionnaire philosophique portatif,
+ vision littéraire de mondes différents : Virgile + images a développé la forme du conte philosophique et rédigé
subjectives et engagées de la part de Montaigne. des textes engagés et polémiques.
– Plusieurs visions de l’étranger : celui que l’on doit – Micromégas est composé de deux préfixes grecs :
christianiser (C. Colomb, J. de Léry, J. Cartier), celui que micro signifie « très petit » et méga veut dire « très
l’on vole sans état d’âme (C. Colomb, J. Cartier) ; l’étran- grand ». C’est donc un titre oxymorique qui évoque la
ger naïf (J. Cartier) ; l’étranger que l’on peut admirer relativité des choses.
(C. Colomb pour les embarcations ; Virgile avec la méta- – Un conte philosophique est un récit plaisant dont
phore filée de la ruche ; J. de Léry pour leur organisa- chaque étape narrative est l’occasion de proposer expli-
tion sociale). citement ou implicitement une réflexion.
– Deux images : la première montre un sacrifice aztèque – C’est un essai qui utilise le présent de vérité générale
apprendre à connaître des cultes très différents des pour affirmer ses idées.
nôtres  image des Indiens donnée par un européen – La controverse est un débat, une lutte entre deux idées
représenter l’autre de façon exotique, mais proche adverses. C’est le cas dans le texte de J.-C. Carrière qui
des Européens (scène de chasse, cohésion sociale…). oppose un homme qui croit à l’humanité des Indiens
Vision de l’altérité. à un autre qui leur refuse une âme, dans le but de
justifier l’esclavage.
347
– Ces trois documents sont reliés par leur volonté de de son amant, Auguste Rodin.
montrer la nature humaine sous un angle différent, de 3. Autres questions possibles :
façon à susciter débats et réflexions. – Quelle autre femme du XVIIe siècle est aujourd’hui
connue pour ses écrits ? Dans quel genre littéraire
5 Se préparer à des questions s’est-elle illustrée ?
de culture générale – Qu’est-ce que le libertinage ? Comment évolue-t-il
Support : Séquence 8, La femme dans le roman du XVIIe au XVIIIe siècle ?
➜ p. 171 – Quel prix littéraire international J.-M. G. Le Clézio a-t-
1. Préparation à partir des trois lectures analytiques il reçu ? À quelle date ? Que signifie-t-il ?
principales :
– Mme de La Fayette : femme de petite noblesse + roman- 6 Améliorer son expression orale
cière + romans publiés anonymement + entrée de la
1. Nous allons voir comment Diderot démontre-t-il sa
psychologie dans le roman ;
thèse ? pas d’inversion du sujet ni de point d’inter-
– P. Choderlos de Laclos : vie militaire dans sa jeunesse
rogation dans une interrogation indirecte.
+ intérêt pour l’éducation, en particulier celle des filles
D’abord, on verra le récit. J’étudierai le dialogue après
+ surtout connu pour son roman épistolaire évoquant la
confusion de deux personnes grammaticales et
vie de deux libertins, Les Liaisons dangereuses ;
emploi de la préposition après comme un adverbe.
– J. Giono : romancier + pacifiste après la Première
Voltaire il dit que Candide doit cultiver son jardin
Guerre mondiale + refus des horreurs de la Seconde
reprise pronominale inutile.
Guerre mondiale + nombreux romans évoquant sa
Par contre, la description est parfois moche Par
Provence natale + récits historiques et ironiques.
contre, addition de deux prépositions, n’est pas correct ;
2. Réponses : doit être remplacé par En revanche ; l’adjectif moche
− Le mot roman vient de la langue romane utilisée par appartient au langage familier laid.
les premiers écrivains de récits en prose. Ils écrivaient Malgré que Baudelaire a été condamné, son recueil a
en prose (et non en vers) et en français (non en latin) ; connu le succès conjonction incorrecte à remplacer
donc, par extension, tout récit en prose a été appelé par bien que + subjonctif.
roman. Oui, une métaphore il faut construire des phrases
– Le premier roman en prose écrit en français est le simples, mais complètes.
Gargantua de François Rabelais (1532). Des romans en Convaincre, c’est avec la raison incomplet, ellip-
vers existaient bien avant, par exemple les romans de tique : qu’est-ce qu’on fait avec la raison ? + syntaxe
Chrétien de Troyes au XIIe siècle. fautive avec une mise en emphase non maîtrisée :
– Avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, nous Convaincre, c’est…
avons le premier roman psychologique ; Les Liaisons
2. Reformulations :
dangereuses de Laclos est un roman épistolaire sur le
– Nous allons voir comment Diderot démontre sa thèse.
libertinage, et Le Moulin de Pologne de Giono est un
– D’abord, je verrai le récit ; ensuite, j’étudierai le
roman moderne qui modifie le statut du narrateur.
dialogue.
– La publication était anonyme, parce qu’elle était une
– Voltaire dit que Candide doit cultiver son jardin.
femme, et parce qu’elle appartenait à la noblesse, une
– En revanche, la description est parfois dévalorisante.
classe sociale qui se devait d’ignorer le travail.
– Bien qu’il ait été condamné, le recueil de Baudelaire
– Madame Bovary a été jugé pour immoralité mais n’a
a connu le succès.
pas été censuré.
– Cette figure est une métaphore.
– C’est un roman constitué de lettres fictives, genre
– Convaincre est une stratégie argumentative qui capte
très fréquent au XVIIIe siècle, avec Lettres persanes de
l’adhésion du lecteur en utilisant un raisonnement
Montesquieu, ou Les Liaisons dangereuses de Laclos.
logique.
– Les romans de M. Proust sont réunis sous le titre À
la Recherche du temps perdu, ce qui met en lumière le 3. Formulation de la problématique : interrogation indi-
thème central du récit : la mémoire. recte ou directe, sans mélanger.
– Camille Claudel était la sœur de l’écrivain diplomate Présentation des arguments : connecteurs logiques
Paul Claudel. Cette sculptrice a appris son art auprès d’abord, dans un premier temps / ensuite, dans un deux-
ième temps…
348
Règles d’expression : – vocabulaire précis, sans mots approximatifs : chose
– réponses construites : reprise des mots clés de la domaine, matière, idée… ; il y a on trouve, il s’agit
question + réponse avec exemple éventuel ; de… ; c’est cela constitue…
– reprise pronominale du sujet à proscrire ;
Prolongement : s’entraîner à deux pour la prépara-
– termes fautifs à ne pas utiliser : par contre au
tion d’une lecture analytique. S’écouter mutuellement
contraire ; malgré que bien que ;
en notant au brouillon les tics de langage, les pro-
– anglicismes interdits : stopper arrêter ; baser fon-
blèmes de vocabulaire et les erreurs de syntaxe à ne
der ; réaliser se rendre compte ; global général…
pas reproduire le jour du bac.

349
350
351
352

Vous aimerez peut-être aussi