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BANQUE D ’ALGERIE

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES

En vue de l’obtention du diplôme supérieur des études bancaires

THEME

Les enjeux de la bancassurance et les


perspectives
de son développement en Algérie

Présenté par :
Mr. BENNADJI Tahar.
Encadré par :
Mme. MAZOUZ Nadia.

Décembre 2003
5ème promotion
Dédicaces

A ma mère et à mon père qui m'ont légué la verve de la


connaissance et à qui je dois toute la reconnaissance ;

A ma grand-mère pour son soutien et ses prières ;

A mes frères et sœurs avec qui j’ai passé les meilleurs moments
de mon existence ;

A tous ceux qui sont épris du savoir et de la connaissance et


qui n’ont pas eu la chance d’emprunter les chemins de l’école.

A la mémoire d'Arezki El Bachir.


Remerciements

Mes plus vifs remerciements s’adressent à Mme Nadia


MAZOUZ, mon promoteur, pour sa disponibilité, son aide et
ses enseignements si précieux.

Ma profonde gratitude ira tout particulièrement à Mme Cécile


LEONARD, à Mr Andrew FIGHT, à Mr Jean BEGEREM
et à Mr Rostane HAMDI pour leurs orientations et précieux
conseils.

Je remercie également :
Les responsables de la CNEP - Banque notamment
Mr BOUNOUA et Mme FRICHE de la Direction
Marketing, Mr CHAIB de la Cellule Monétique et Mr
LATEB Directeur de l'Agence CNEP-Banque D'Azazga.
Les responsables de la STB-Bank notamment Mme Afaf
BENZINA et Mr Zouheir BEN AHMED.

Une grande pensée à toutes les personnes qui ont contribué de


près ou de loin à la réalisation de ce travail.
Sommaire
Liste des abréviations
Lexique

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LES REALITES ET LES ENJEUX DE LA
BANCASSURANCE
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance
PREMIERE SECTION : Introduction a la bancassurance
I. Origine et définitions de la bancassurance
II. Les raisons d’être de la bancassurance
III. Les formes et stratégies de rapprochement dans la bancassurance
DEUXIEME SECTION : les produits distribues par Les bancassureurs.
I. Les produits constituant le prolongement naturel des opérations bancaires
II. Les produits d’épargne à forte dominante financière.
III. Les produits de prévoyance.
IV. Les produits d'assurance de dommages
V. Les produits packagés
TROISIEME SECTION : La bancassurance, évolution et pratique
I. Les trois âges de la bancassurance en Europe
II. Les expériences de bancassurance vécues dans certains pays
III. Les facteurs clés de succès de la bancassurance

DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance


PREMIERE SECTION : Les enjeux de la bancassurance pour les banques.
I. Les apports de la bancassurance pour les banques
II. Les limites et les effets pervers de la bancassurance pour les banques.
DEUXIEME SECTION : Les enjeux de la bancassurance pour les compagnies.
d'assurance.
I. L’apport de la bancassurance pour les compagnies d’assurance
II. Les limites et les inconvénients de la bancassurance pour les compagnies
d'assurance
TROISIEME SECTION : Les enjeux de la bancassurance pour les clients.
I. L’amélioration de la qualité des prestations.
II. Une meilleure rentabilité des placements
QUATRIEME SECTION : Les enjeux macroéconomiques de la bancassurance
I. Les apports macroéconomiques de la bancassurance.
II. Les inconvénients
CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE : LA BANCASSURANCE EN ALGERIE :
REALITES ET PERSPECTIVES
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en
Algérie
PREMIERE SECTION : l’activité bancaire et assurantielle en Algérie
I. Le cadre réglementaire et la règle de cloisonnement strict des activités
II. Aperçu sur le cadre réglementaire des assurances de personne en Algérie
III. Réalités et état des marchés de la banque et de l'assurance
DEUXIEME SECTION : les arguments qui militent pour la bancassurance en.
Algérie
I. Au niveau bancaire
II. Au niveau assurance
III. Au niveau macroéconomique
TROISIEME SECTION : le cheminement vers la bancassurance
I. Le cadre réglementaire et la bancassurance en Algérie
II. Etat des lieux du marché de la bancassurance en Algérie
III. Les obstacles entravant le développement de la bancassurance en Algérie
IV. La proposition de quelques solutions et réformes
QUATRIEME SECTION : un modèle de bancassurance pour l’Algérie
I. La stratégie de rapprochement
II. Les produits à lancer et la stratégie de lancement

DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la


CNEP-Banque et ses perspectives de développement
PREMIERE SECTION : étude comparative de la bancassurance a la CNEP-Banque
et a la STB-bank
I. La bancassurance et la CNEP-Banque : une expérience ancienne dans un état
primitif
II. La bancassurance à la STB-Bank : un programme ambitieux, un succès mitigé
III. Les enseignements à tirer des deux expériences
DEUXIEME SECTION : proposition et voies d’ouverture vers la bancassurance
pour la CNEP-Banque
I. Un existant qui peut être amélioré : avis et suggestions
II. D'autres voies d'ouverture vers la bancassurance
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
La bibliographie
La liste des tableaux et graphiques.
La liste des annexes
Annexes
Tables des matières.
LISTE DES ABREVIATIONS

- 2A : Algérienne des Assurances.


- BA : Banque d'Algérie.
- BCIA : Banque Commerciale et Industrielle d'Algérie.
- BEA : Banque Extérieure d'Algérie.
- BNA : Banque Nationale d'Algérie.
- BNP : Banque Nationale de Paris.
- BTPH : Bâtiment Travaux Publics et Habitation.
- CAD : Caisse Algérienne de Développement.
- CAGEX : Compagnie Algérienne de Garantie des Exportations.
- CCR : Compagnie Centrale de Réassurance.
- CF : Conféré.
- CIC : Crédit Industriel et Commercial.
- CMC : Conseil de la Monnaie et du Crédit.
- CNA : Conseil National des Assurances.
- CNEP : Caisse Nationale d'Epargne et de Prévoyance.
- CNIL : Conseil National de l'Information et des Libertés.
- CNMA : Caisse Nationale de Mutualité Agricole.
- CNR : Caisse Nationale de Retraite.
- CPA : Crédit Populaire d'Algérie.
- DA : Dinar Algérien.
- DAB : Distributeur Automatique de Billet.
- DT : Dinar Tunisien.
- GAN : Groupes des Assurances Nationales.
- IARD : Incendies Accidents Risques Divers.
- OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique.
- SAA : Société Algérienne d'Assurance.
- SICAV : Société d'Investissement à Capital Variable.
- STAR : Société Tunisienne d'Assurance et de Réassurance.
- STB : Société Tunisienne de Banque.
- TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée.
- UBCI : Union des Banques pour le Commerce et l'Industrie.
- USA : Etats Unies d'Amérique.
- USD : Dollar des Etats Unies.
LEXIQUE
Assurance en cas de décès
Assurance par laquelle l'entreprise d'assurance s'engage à verser un capital ou une rente en cas
de décès d'un assuré.

Assurance en cas de vie


Assurance par laquelle l'entreprise d'assurance s'engage à verser un capital ou une rente à une
ou plusieurs dates convenues si un assuré est alors vivant.

Assurance complémentaire
Assurance accessoire d'une autre assurance, d'un contrat de capitalisation ou d'un régime de
prévoyance ou de retraite apportant des garanties supplémentaires.

Assurance de groupe décès


Assurance en cas de décès intéressant un ensemble de personnes présentant des
caractéristiques communes.

Assurance mixte
Assurance sur la vie par laquelle l'entreprise d'assurance s'engage à verser un capital
déterminé, soit au décès d'un assuré s'il survient avant l'échéance du contrat, soit à cette
échéance dans le cas contraire.

Assurance temporaire
Assurance en cas de décès par laquelle l'entreprise d'assurance s'engage à verser un capital à
l'échéance du contrat ; les primes cessent d'être dues lors du décès d'un assuré ou, au plus tard,
à l'échéance du contrat.

Assuré
Personne dont la vie, les actes ou les biens sont assurés. Le souscripteur et l'assuré sont
généralement la même personne. Mais lorsque ce n'est pas le cas, l'assuré doit intervenir pour
donner son consentement à l'assurance prise sur sa tête.

Assurfinance
Néologisme qui désigne la distribution des produits bancaires par une compagnie d'assurance
et ses intermédiaires.

Avance sur contrat


Prêt au souscripteur par l'entreprise auprès de laquelle il a souscrit un contrat de capitalisation
ou d'assurance sur la vie après une période minimale convenue, d'une partie de la créance qu'il
possède au titre de ce contrat.

Bancassurance
Néologisme qui désigne la distribution de contrats d'assurance par les guichets de la banques
ou d'établissements financiers.
Bancassureur
Néologisme. Banque qui distribue par ses guichets des contrats d'assurance. Dirigeant de l'une
de ces banques.

Bénéficiaire
C'est la personne, définie dans le contrat, qui reçoit la prestation.

Capitalisation (contrat de capitalisation)


Contrat par lequel une entreprise spécialisée s'engage, moyennant un versement unique ou des
versements périodique, à payer un capital déterminé, soit à l'échéance du contrat, soit par
anticipation à la suite de tirage au sort périodiques.

Chargement
Somme à ajouter à la prime pure d'une assurance et destinée à couvrir un certain nombre de
frais tels que : frais d'acquisition, frais d'entrée, frais d'encaissement, frais de gestion et de
règlement.

Commission
Rémunération pour l'apport ou la gestion d'un contrat d'assurance, de réassurance ou de
rétrocession.

Conditions générales
Ensemble de clauses imprimées d'une police d'assurance communes aux contrats de même
type d'une société d'assurance.

Conditions particulières
Mentions qui sont ajoutées aux conditions générales d'un contrat pour l'adapter au cas
particulier qu'il concerne, en précisant notamment le risque couvert, la durée et la prise d'effet
du contrat, la somme assurée, la prime, le souscripteur, l'assuré, le bénéficiaire et,
éventuellement, pour compléter ou modifier les conditions générales.

Date d'échéance (échéance de prime)


Date à laquelle la prime ou cotisation d'assurance est exigible.

Densité de l’assurance
Est égale au rapport entre le chiffre d’affaires de l’assurance et la population globale.

Frais généraux
Sont formés des salaires du personnel salarié, y compris les charges sociales, mais également
des rémunérations des collaborateurs en matière d'expertise et de prévention, les loyers et
autres frais généraux d'entreprises et enfin les impôts qui sont propres à l'entreprise
Garantie
Engagement de couvrir un risque pris par une entreprise d'assurance.

Indexation
Réajustement automatique des garanties et des primes.

Invalidité
Diminution du potentiel physique ou psychique d'une personne dont l'état est définitivement
stabilisé.

Invalidité absolue définitive


Incapacité définitive de fournir le moindre travail dans quelque profession que ce soit, à la
suite d'une maladie ou d'un accident.

Police
Document signé des parties qui constat l'existence et les conditions du contrat d'assurance.

Prime
Somme payée à une entreprise d'assurance pour la garantie d'un risque.

Prime commerciale
Est égale à la prime pure augmentée des chargements des primes et des impôts et taxes y
afférents.

Prime pure
Part de la prime correspondant techniquement au coût probable du risque. C'est la somme que
doit verser le souscripteur pour permettre à l'assureur de garantir le risque selon les lois de
calcul des probabilités et compte tenu du taux d'intérêt retenu.

Provisions mathématiques
Provisions techniques correspondant à la valeur des engagements de l'entreprise d'assurance
en ce qui concerne les rentes et accessoires de rentes mis à sa charge.

Provisions techniques
Somme obligatoirement inscrites au passif du bilan d'une entreprise d'assurance, de
réassurance ou de capitalisation, en vue de permettre le règlement intégral des engagements
pris par l'entreprise à l'égard des souscripteurs et des bénéficiaires des contrats.

Rachat
Paiement par anticipation au souscripteur, sur sa demande, de la créance acquise sur un
contrat par capitalisation.
Réassurance
Opération par laquelle une entreprise d'assurance se fait assurer à son tour pour tout ou partie
des risques qu'elle garantit.

Revalorisation
Augmentation des sommes assurées ou de la prime ou de ces éléments.

Souscripteur
Personne physique ou morale qui, pour son compte ou celui d'une ou plusieurs autres
personnes, souscrit un contrat d'assurance auprès d'une entreprise d'assurance ou qui est, en
vertu de la loi ou d'une clause contractuelle, substitue à la personne qui a souscrit à l'origine.

Suspension de garantie
Cessation provisoire des obligations d'une entreprise d'assurance ou de capitalisation relatives
à une ou plusieurs garanties.

Table de mortalité
Elle est le résultat de statistique qui indiquent le nombre de vivants à un âge donné et le
nombre de décès pour cet âge dans l'année considérée.

Taux de pénétration de l’assurance


Est égal au rapport du chiffre d’affaires global de l'activité Assurances sur le PIB (Produit
Intérieur Brut).

Taux de pénétration des assurances des ménages


Est égal au rapport entre les dépenses des ménages en assurances sur leur revenu brut.

Taux de sinistralité
Est égal au rapport des sinistres de l’exercice sur les primes acquises.

Unités de compte
Valeurs retenues dans le contrat comme référence pour évaluer les garanties et généralement
les primes. Celles-ci ne sont plus exprimées en francs mais en valeurs mobilières : obligation
garanties ou actions cotées dans un Etat membre de l'OCDE, parts ou actions de sociétés
d'investissement, de fonds communs de placement ou de sociétés immobilières.
INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION GENERALE

Les systèmes financiers à travers le monde ont connu, ces dernières décennies, des mutations
profondes à travers un processus de décloisonnement des activités, de déréglementation, de
désintermédiation et d’innovation financière ayant pour impact direct l’intensification de la
compétition entre les différents types d’acteurs de la branche financière, rendant ainsi le marché de
plus en plus concurrentiel. Ceci a encouragé le rapprochement entre les métiers de la finance et la
constitution de conglomérats financiers.

Les banques, fortement touchées au plus profond de leurs activités traditionnelles par la progression
accrue de la pression concurrentielle et la prolifération de la finance directe , commencèrent à
songer à mettre en œuvre de nouvelles stratégies de développement afin de s’adapter aux
modifications du contexte financier global.

Décidément, elles vont devoir faire face à une situation de plus en plus critique ; caractérisée par
une concurrence avivée, une surbancarisation de la population et surtout une détérioration des
marges de rentabilité bancaires causée principalement par les coûts très élevés liés aux réseaux de
distribution et à l'importance des coûts fixes. Pour éviter que la banque devienne la sidérurgie de
demain, les banquiers ont vu en l’assurance un moyen de diversification et une source de nouvelles
activités, notamment, avec les avantages fiscaux que confère l’assurance sur la vie.

C’est ainsi que, durant les années 80-90, la distribution des produits d’assurance par l’entremise des
guichets bancaire a commencé à se généraliser en Europe, et notamment en France, donnant
naissance à un nouveau concept qui définit les divers rapprochements entre les banquiers et les
assureurs, connu sous le nom de Bancassurance. Désormais, l’apparition et le développement de la
bancassurance, durant ces dernières années, constituent l’un des plus significatifs changements dans
le secteur des services financiers.

En 2002, les réseaux bancaires détenaient 62% des parts de marché de l’assurance vie en France,
63% en Italie contre 73% en Espagne. En plus, la généralisation et la prolifération du phénomène ne
se sont pas faites attendre. En effet, alors que son berceau est en Europe, elle a atteint maintenant
(1)
l’Asie, l’Amérique, voire même les USA qui ont aboli le Glass Steagall Act en 2000, et les
pays du Maghreb, qui ne sont pas d’ailleurs loin de l’Europe. Le succès de la bancassurance comme
mode de distribution et son élargissement étaient tels, que nul aujourd’hui ne discute la pertinence
de ce choix. Ceci nous amène à nous interroger sur les enjeux réels d’un tel choix.

L’Algérie, après l’ouverture économique en 1990, est tenue de s’intégrer dans l’économie
mondiale. Son système financier domestique et plus particulièrement ses banques et ses compagnies

(1)
Il interdisait aux banques de dépôts de faire des spéculations sur les valeurs mobilières.

Les enjeux de la bancassurance et les perspectives de son développement en Algérie 1


INTRODUCTION GENERALE

d’assurance sont appelées à suivre l’évolution qui s’opère dans la sphère des services financiers et
notamment en matière de bancassurance.
Force est de constater que l’environnement national et les réalités de l’économie algérienne sont
différents de ceux des pays où la bancassurance est à son apogée. Le cloisonnement des activités
demeure toujours de rigueur et a priori toutes les données nous amène à dire que la bancassurance
en Algérie est peu ou pas développée. Cependant, les spécialistes s’accordent à dire qu’il y a autant
de modèles de bancassurance que de pays, et il peut même y exister plusieurs modèles dans le
même pays. A cet effet, quel serait donc, le modèle de bancassurance le plus adéquat à l’Algérie
compte tenu du contexte national actuel ? En d’autres termes comment la bancassurance peut-elle se
présenter en Algérie en tenant compte des spécificités de la sphère financière et économique
nationale ?

Le but de notre travail de recherche est d’étudier les perspectives de développement de la


bancassurance en Algérie, et plus particulièrement à la CNEP-Banque, tout en démontrant son
utilité sur les divers plans. Pour ce faire nous prendrons le soin de répondre aux questions
suivantes :

Quels sont les enjeux réels qui ont fait de la bancassurance, en Europe, l’une des
préoccupations majeures des différents acteurs économiques ?
Quelles sont les perspectives de développement de la bancassurance en Algérie ?

De ces deux questions découlent les interrogations intermédiaires suivantes :


Qu'est-ce que la bancassurance ? Et quels sont ses fondements théoriques et historiques ?
La bancassurance est-elle développée en Algérie ? Si non, quels sont les obstacles entravant
son essor ? Et quelles seraient les dispositions et les réformes nécessaires pour y remédier ?
Quel est le modèle de bancassurance le plus adéquat pour les banques algériennes et
comment peut-on transposer cela à la CNEP-Banque ?

Ainsi, nous paraît-il nécessaire de présenter dans un premier temps les soubassements historiques et
théoriques de la bancassurance comme elle a été vécue en Europe et en France, le berceau même de
la bancassurance, afin d'étudier, dans un deuxième temps, le cas algérien. La justification de cette
méthodologie déductive visant à aller du général au particulier nous semble liée au fait que les
expériences vécues de par le monde peuvent s’avérer un référentiel à l’Algérie dans son approche
de la bancassurance.

Pour la réalisation de ce présent mémoire, nous avons effectué un stage de cinq semaines à la
STB-Bank (Société Tunisienne de Banque) en Tunisie et un stage de trois semaines à la
CNEP-Banque. L’état primitif dans lequel se trouve la bancassurance aussi bien à la CNEP-Banque
qu’à la STB-Bank a réduit considérablement l’étendu de notre cas pratique. En effet, il nous aurait

Les enjeux de la bancassurance et les perspectives de son développement en Algérie 2


INTRODUCTION GENERALE

été plus profitable d’effectuer ces stages auprès d’une banque qui fait réellement de la
bancassurance.
Dans nos recherches, nous nous sommes basés sur la production théorique en la matière et nous
avons pu avoir l’avis de plusieurs spécialistes algériens et étrangers, cependant il y a lieu de signaler
que l’accès à l’information est très difficile voire impossible, dans certains cas.

Notre travail sera, donc, articulé autour de deux parties :

• La première partie, intitulée « Les réalités et les enjeux de la bancassurance », sera


subdivisée en deux chapitres :
- Dans le chapitre premier, «Genèse et fondements de la bancassurance », nous ferons :
une introduction à la bancassurance, une présentation des divers produits distribués par
les bancassureurs et une rétrospective de quelques expériences vécues de par le monde.
- Dans le deuxième chapitre « Les enjeux de la bancassurance », seront abordés : les
apports et les limites de la bancassurance sur les divers plans.

• La deuxième partie, intitulée « La bancassurance en Algérie : réalités et perspectives », sera


composée de deux chapitres.
- Dans le chapitre premier, « Les voies de développement de la bancassurance en
Algérie», nous présenterons : un aperçu sur l'activité bancaire et assurantielle en
Algérie, les arguments qui militent pour la bancassurance, l'expérience algérienne en la
matière, suivie d'une approche visant à identifier le modèle de bancassurance qui
convient le mieux aux réalités nationales.
- Le deuxième chapitre, « La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses
perspectives de développement », sera consacré à une étude de Cas. Pour se faire, nous
allons suivre une méthodologie visant à faire une étude comparative entre l’expérience
de la CNEP-Banque et celle de la STB-Bank dans le but de tirer des conclusions
susceptibles d’améliorer la procédure suivie. Nous terminerons par la proposition
d’autres voies d’ouverture vers la bancassurance pour la CNEP-Banque.

Les enjeux de la bancassurance et les perspectives de son développement en Algérie 3


PREMIERE PARTIE INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE :
REALITES ET ENJEUX DE LA BANCASSURANCE.

«On n'agit pas n'importe comment, sous peine de rendre une tâche impossible.
On n'agit pas sans raison, sous peine d'entreprendre une tâche absurde.» Anonyme.

INTRODUCTION

La bancassurance est un phénomène relativement récent, sans qu’il soit une


nouveauté en soi, car le rapprochement entre banquiers et assureurs est bien antérieur à
notre époque. La fourniture de services financiers combinant les diverses fonctions n’a
donc rien de révolutionnaire.
A priori, ces concepts restent vagues et nécessitent d’être explicités. Ainsi, le
chapitre premier, « Genèse et fondements de la bancassurance », de la présente partie, sera
consacré à la présentation de la bancassurance, à ses fondements théoriques et ses aspects
pratiques.

La prolifération et la dominance de la bancassurance comme mode de distribution


des produits bancaires et des produits d’assurance vie, dans la plupart des pays européens,
démontre l’importance stratégique de cette dernière. Ceci, nous amène à songer aux enjeux
réels d’un tel choix. Le deuxième chapitre, « Les enjeux de la bancassurance », nous
permettra d’étayer aussi bien les apports que les effets pervers et les limites de la
bancassurance.

4
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

CHAPITRE PREMIER :

Genèse et fondements de la bancassurance.

La bancassurance est un phénomène relativement récent et nécessite d’être explicité pour une
meilleure compréhension. A cet effet, nous exposerons dans une première section les définitions et tous les
aspects techniques de la bancassurance, une présentation succincte des produits d’assurance distribués par
les bancassureurs fera l’objet de la deuxième section quant à la troisième section elle sera consacrée aux
expériences de bancassurance vécues de par le monde et les enseignements à tirer.

PREMIERE SECTION : INTRODUCTION A LA BANCASSURANCE.


Cette section sera consacrée à la présentation des soubassements historiques de la bancassurance,
à ses raisons d’être et aux diverses stratégies de rapprochement adoptées par les banques et les compagnies
d’assurance.

I. Origine et définitions de la bancassurance


I.1. Les soubassements historiques de la bancassurance
A l’origine, en Europe, la banque et l’assurance étaient deux professions confondues entre
les mains d’une seule personne. L’époque médiévale ne connaissait pas les intermédiaires, les
"marchants adventurers" voyageaient avec leurs marchandises en partageant les risques avec
l’armateur et l’équipage.
Quand les négociants se sont sédentarisés, ils sont devenus des hommes d’affaires qui
touchaient à tout ; ils sont à la fois banquiers, assureurs, commissionnaires …, la polyvalence leur
permettait ainsi de diversifier les risques.
Les deux métiers ont commencé à évoluer séparément après leur institutionnalisation par le
législateur qui a pris conscience de la nécessité de leur encadrement pour en faire un instrument de
sa politique et un symbole de souveraineté, et surtout pour éviter que la sécurité des fonds déposés
auprès des banques et que les attentes des preneurs d'assurance ne soient mises en danger par les
risques pris par les institutions financières.
C’est ainsi que l’Etat a pris en charge la surveillance des institutions financières. Puis, avec
la grande dépression de 1929, les Etats ont clairement établi des mesures allant d’une division du
travail entre les banques et les compagnies d’assurance jusqu’à imposer un système de
cloisonnement des différents types d’activités bancaires au sein de la branche. L’évolution de
l’activité bancaire est plutôt liée à l’apparition des grandes richesses après la première révolution
industrielle, tandis que l’évolution de l’assurance est plutôt liée au développement du système
juridique et surtout à la reconnaissance du statut de société anonyme.

PREMIERE PARTIE 5
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Après plus de deux siècles que les pouvoirs publics aient réglementé la séparation des deux
métiers, il y a eu, durant les années 1970, une nouvelle convergence des deux professions pour
donner naissance à la bancassurance.
I.2. La définition de la bancassurance
Ce nouveau néologisme d’origine française, couvre une large gamme d’accords entre les
banques et les compagnies d’assurance, qui, dans tous les cas, comprend la fourniture de produits
bancaires et assurantiels à la même source ou à la même clientèle. En général, le terme
bancassurance est utilisé pour désigner les efforts des banques pour pénétrer le marché de
l’assurance ; alors que le terme AssurFinance décrit la même approche mais suivie par les assureurs
comme stratégie de diversification vers l’activité bancaire.
Comme il y a une multiplicité de stratégies, il n' y a pas un modèle standard de
bancassurance, voire même dans le même pays. La littérature en la matière donne diverses
définitions pour décrire le phénomène.
C’est ainsi que Alan Leach définit la bancassurance comme étant « l’implication et la
participation des Banques, des Caisses d’Epargne et des Organismes de crédit immobilier dans la
fabrication, le marketing et la distribution des produits d'assurance » (1).
Le dictionnaire de l’assurance de LIMRA, The Life Insurance Marketing and Research
Association, définit la bancassurance comme étant « la fourniture des produits et services
d’assurance vie par les banques et les organismes de crédit immobilier» (2).
Pour des raisons de simplicité, nous proposons la définition ci-après : « La bancassurance
dans sa forme la plus simple est la distribution de produits de l'assurance à travers les canaux de
distribution d'une banque ». Elle décrit un bouquet de services financiers qui couvrent les besoins
en produits bancaires et en produits d’assurance.
Sa forme diffère d’un pays à un autre, voire même dans le même pays. Elle dépend de la
démographie, du climat économique et législatif national. Le profil démographique du pays décide
en général du genre de produits à distribuer, la situation économique déterminera la tendance du
chiffre d’affaires et des résultats, alors que le climat législatif décidera de la périphérie dans laquelle
la bancassurance doit opérer.
Pour atteindre cet objectif, la banque doit s’associer avec une compagnie d’assurance
existante quelle soit une filiale ou une entité étrangère. Cependant, il convient de noter que, dans
tous les cas, la banque se limite à la distribution du produit ; la fabrication et le service après vente
sont, en général, à la charge de l’assureur même si le banquier ou le bancassureur intervient pour la
conception des produits car c’est lui qui connaît le mieux les besoins de ses clients.
Vu de l’extérieur, il n’est pas toujours facile de discerner à quel secteur, celui de la banque
ou celui de l’assurance, attribuer les mérites du rapprochement. Le développement est tel que les
(1)
LEACH Alan, cité dans Bancassurance in Practice, Munich Re Group, Munich, 2001, p2.
Traduite par nous-même. Version originale : “the involvement of banks, savings banks and building societies in the
manufacturing, marketing or distribution of insurance products”.
(2)
Citée dans Bancassurance in Practice, Munich Re Group, Munich, 2001, p2.
Traduite par nous-même. Version originale : “the provision of life insurance services by banks and building societies”.

PREMIERE PARTIE 6
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

barrières traditionnelles entre les différents métiers de la finance et des services disparaissent
graduellement.
Il apparaît que le mariage entre la banque et l’assurance uniquement est un stade dépassé de
bancassurance car le concept s’est élargi pour englober divers rapprochements de diverses
professions. Ainsi des banques, des compagnies d’assurance, des institutions de prévoyance, des
gérants de fortune, des grands magasins, des fournisseurs de biens de consommation durable, des
organisations de cartes de crédit, des voyagistes, des conseillers en matière financière, fiscale et
successorale cherchent à élargir leur palette de prestations, par la croissance, les coopérations ou les
fusions.
La bancassurance n’est, au fond, rien d’autre, qu’une vaste gamme de services financiers
offerts par une institution financière ou par une alliance de prestataires de services financiers. La
bancassurance, telle qu’elle est comprise aujourd’hui, décrit en général un bouquet étendu de
services financiers dont chacune des fonctions était autrefois assumée par des branches différentes
et clairement délimitées(1).

II. Les raisons d’être de la bancassurance


Les années 1980 ont connu de forts mouvements de désintermédiation caractérisés par la
prolifération de la finance directe qui, conjuguée avec des niveaux de taux d’intérêt très élevés,
amenaient les entreprises à se financer directement sur le Marché Financier délaissant ainsi le crédit
bancaire, l’essence même du métier de banquier.
Les banques ne pouvaient rester sans rien faire face aux lourdes charges de leur dense réseau
de distribution qui pesaient lourd sur le bilan, à la hausse de leur frais de gestion et de marketing
suivie d’une détérioration de leur marge de rentabilité due essentiellement à une concurrence avivée
et au resserrement des marges sur les taux d’intérêts.
Ainsi, elles vont dans une première étape investir massivement dans la gestion collective et
les activités de marché. Les résultats étaient globalement probants mais les opportunités qu’offre le
marché de l’assurance ne peuvent laisser les banques indifférentes.
Les principales raisons qui ont poussé les banques à investir le marché de l’assurance
peuvent être résumées en les points suivants :
• un cadre réglementaire encourageant les rapprochements entre banques et sociétés d'assurance
et le développement du concept de la Banque Universelle dans la plupart des pays européens
et surtout avec les directives européennes en matière de services financiers ;
• l’introduction de nouveaux produits et l’élargissement de la gamme de produits offerts ne
peuvent que contribuer à l’amélioration de la rentabilité globale de la banque et à la réduction
de l’impact des charges fixes ;
• les banques sont conscientes de leurs avantages comparatifs en matière de bases de données
Client et leur suprématie dans la gestion de patrimoine et dans les métiers de l’argent en
général. Elles veulent utiliser leur image de marque pour conquérir le marché de l’assurance
(1)
Cf. RAVARA Cesare, « La bancassurance : un concept promoteur, sans être nouveau », Economic Briefings,
Octobre 1999 n°12, Ed Crédit Suisse Economic Research, Munich, p. 4.

PREMIERE PARTIE 7
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

vie dont les produits ne sont pas loin des produits bancaires. Les équipements informatiques
et la technologie utilisés par les banques sont nettement meilleurs que ceux utilisés par les
assureurs. Ceci, laissait penser que les banques sont plus aptes à fournir un service de qualité ;
• des changements dans le comportement des clients en matière d’investissement à moyen et
long terme et leur préférence pour les produits de fonds de placement jumelés à des produits
d’assurance vie, notamment avec la période de croissance boursière et la baisse des taux
d’inflation ;
• le désir des banques à augmenter la fidélité et la loyauté de leur client qui est fonction du
nombre de produits acquis chez un même distributeur, toutes choses égales par ailleurs. Sans
perdre de vue le fait que les produits d’assurance vie sont en général des produits de long
terme qui confèrent une stabilité des ressources et une fidélité meilleure de la clientèle.
Cette volonté de fidéliser la clientèle passe, parfois, avant même la rentabilité de la banque.
L’engagement des banques dans l’assurance automobile et dans les assurances de dommage
en général en est la preuve. En effet, avec une rentabilité hypothétique et une saturation du
marché ; la volonté d’offrir à la clientèle un service global pour l’équiper avec le maximum de
produits d’un même réseau de distribution n’a pour but que la fidélisation d’une clientèle trop
volatile ;
• le soutien des équipes de marketing à la stratégie de rapprochement de leur banque. Ces
dernières n’ont pas lésiné leurs efforts pour renforcer la position de leur banque en usant de
tous les outils ; études de marché, typologie et segmentation de la clientèle et surtout les
enquêtes qui révèlent les attentes des clients en matière de sécurité et de placement et leur
confiance dans les guichetiers pour les aider à gérer leur patrimoine.
Les changements et les transformations qui s’opèrent en Europe, surtout avec l’avènement
de l’Euro et l’Europe élargie, n’étaient pas sans effets sur le marché des services financiers. C’est
ainsi que des mouvements de fusions et d'acquisitions dans le secteur bancaire et le secteur des
assurances - dont certains obéissaient à des stratégies de bancassurance - commencèrent à voir le
jour dans le but de constituer des groupes et des entités de tailles importantes susceptibles de
prendre une place dans l’Europe d’aujourd’hui et de demain.

La bancassurance n’est pas sans intérêts pour les compagnies d’assurance et les raisons qui
poussent les assureurs vers la bancassurance ne manquent pas.
Les assureurs ont vu en la bancassurance un moyen d’accéder à une large clientèle,
inaccessible à leur réseau traditionnel, et une source de nouvelles affaires. En effet, les réseaux
bancaires, de loin plus denses que ceux des compagnies d’assurance, ouvrent la voie aux assureurs
pour réaliser des rendements d’échelle conséquents et passer à une étape d’industrialisation de la
production, nécessaire pour réaliser des économies de coûts.
Les compagnies d’assurance sont conscientes des économies de coûts que peut générer une
distribution des produits d’assurance via le réseau bancaire et des pertes liées à la saturation du
marché des assurances accidents et des assurances de choses.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

L’étape des pionniers est vite dépassée, les banques et les assureurs retardataires ont
rapidement adhéré au mouvement de rapprochement et ont contribué fortement aux changements
dans la sphère des services financiers soit par conviction soit par mimétisme. Ainsi la
bancassurance commence à devenir l’une des préoccupations majeure dans le secteur des services
financiers et la course pour se tailler les plus grandes parts de marché, aussi bien en assurance vie
qu’en assurance de dommages, a bel et bien commencé.
III. Les formes et stratégies de rapprochement dans la bancassurance
Il n’y a pas un unique moyen d’entrer à la bancassurance qui est le mieux pour toutes les
banques et toutes les sociétés d’assurance. Comme dans tous les domaines des affaires, le choix
dépendra de la stratégie envisagée par les deux partenaires. Celle-ci est généralement fonction de
l’environnement interne et externe des deux entités et surtout fonction des objectifs arrêtés qui
peuvent aller d’une simple distribution des produits du partenaire à la volonté de contrôler un
établissement du secteur complémentaire.
Plusieurs scénarios peuvent se présenter. Néanmoins, nous proposons d’étudier les stratégies
et les formes les plus utilisées en Europe (1) :

III.1. Les accords de distribution, souvent avec participations croisées


C’est une stratégie purement commerciale dont la finalité est la rentabilisation du réseau de
distribution de l’un des partenaires suivie d’un accès à une clientèle large pour le second. Elle
constitue la forme la plus simple de la bancassurance, utilisée surtout pendant les premières années
qui ont suivi la naissance de l’activité. Généralement, ce sont les banques qui utilisent la force de
vente de leur réseau pour commercialiser certains produits du partenaire assureur qui prend en
charge la gestion et le suivi des contrats vendus dès lors qu’un accord de distribution fut signé par
les deux parties.
Ces accords peuvent être suivis par des prises de participations croisées - mais minoritaires -
afin de donner à la relation une certaine crédibilité et plus de notoriété. La banque peut aussi
distribuer des produits de différents fournisseurs et avoir ainsi une distribution multi labels.
Les accords de distribution existent aussi bien dans la branche vie que dommage, mais ils
sont plus fréquents dans cette dernière, dans la mesure où la création d’une société d’assurance de
dommages est trop consommatrice de fonds propres. Les Banques populaires, en France, ont
distribué les contrats d’assurance dommages de la MAAF ; en assurance vie, la banque Hervet
diffuse les produits de la compagnie Cardif.
Ce genre d’accords permet de drainer des ressources régulières sous forme de commissions
contre des investissements très réduits consacrés en général à la formation du personnel qui peut
être assurée par les cadres de la société d’assurance eux-mêmes. Il permet aussi aux bancassureurs
de profiter de l’expérience de son partenaire pour apprendre les tenants et les aboutissants de ce
nouveau métier et surtout acquérir un savoir-faire en la matière.

(1)
Cf. annexe n° 1 : Les accords de bancassurance en Europe.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Cependant, ce type d’accord cache certaines faiblesses. D’une part, les contrats et leur
élaboration sont du ressort de l’assureur qui fixe, entre autre, leur chargement. En général, le
bancassureur sera contraint de distribuer les produits existant dans la gamme des produits de
l’assureur ; il n’y aura donc pas une amélioration nette dans la qualité des produits offerts. D’autre
part, il peut y avoir des divergences entre les staffs dirigeants des deux entités notamment en terme
de culture d’entreprise ; ce qui peut constituer un obstacle majeur pour que le rapprochement
produise ses fruits.
En général, ces accords de distribution sont un premier pas vers la bancassurance en
attendant de se lancer dans des stratégies plus développées à l’instar de la banque NSM qui a
commencé par la vente des produits de AXA et a fini par la création de sa propre filiale NSM Vie.
III.2. La création d’une nouvelle filiale
C’est le modèle de bancassurance le plus connu et le plus usité en France, en Italie et en
Espagne. Il consiste en la création par la banque d’une filiale Assurance, exprimant ainsi sa volonté
de contrôler totalement cette nouvelle activité. Les cas les plus connus en France sont ; les
Assurances du Crédit Mutuel, l’Union des Assurances Fédérales (Crédit Lyonnais) et le Crédit
Agricole par ses deux filiales Pacifica et Prédica.
La création d’une filiale bancaire par une compagnie d’assurance, à l’instar de AXA banque
en France, est par contre peu fréquent. En effet, les barrières à l’entrée sont plus importantes dans le
domaine bancaire que celui des assurances et la taille optimale minimale nécessaire dans le marché
bancaire est, de loin, supérieure à celle prévalant dans le marché de l’assurance.
Ces stratégies de croissance interne permettent à la banque d’avoir des rémunérations, à la
fois, en commissions et en dividendes et ne laissent aucune fuite vers d’autres entités. Cependant,
elles nécessitent des investissements lourds en capitaux propres et dans la formation du personnel
qui , a priori, n’a pas acquis le savoir-faire nécessaire pour bien mener les opérations ; à moins qu'il
n' ait déjà distribué des produits similaires dans le cadre d’un accord de distribution avec une
société d’assurance.
Leur principal avantage réside dans le fait que la banque va distribuer des produits dont
l’élaboration est faite conjointement avec la filiale afin de répondre aux attentes et aux besoins de la
clientèle et offrir ainsi un produit de sur-mesure.
Cette distribution mono label peut cacher une stratégie de différentiation qui cherche la
valorisation du marché.

III.3. Les stratégies de croissance externe


Ce sont des stratégies qui peuvent s’exprimer par des prises de participations minoritaires,
mais suffisantes pour exercer un contrôle sur la cible, ou majoritaires.
Elles sont adoptées par des banques ou des compagnies d’assurance qui veulent pénétrer le
marché à partir d’un seuil d’activité élevé. La prise de contrôle d’une firme déjà existante est
indispensable, mais son absorption et son intégration totale ne sont pas nécessaires, elle peut donc
conserver son statut juridique.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Cette voie semble avoir la préférence des sociétés d'assurance pour plus d’un titre. D’une
part, elles disposent de capitaux à long terme qui leur permettent de faire ce genre d’investissements
stratégiques. D’autre part, cette stratégie peut être le meilleur moyen de contourner les barrières à
l’entrée au marché bancaire, d’autant plus que les assureurs, en tant qu’investisseurs institutionnels,
disposent d’un savoir-faire dans la gestion de portefeuille et le marché des actions.

Cette forme est utilisée par les sociétés d’assurance comme un moyen de réponse et de
résistance aux percées des banques dans le marché des assurances. Les sociétés d'assurance
cherchent ainsi à sauvegarder leur part de marché face aux bancassureurs. Nous pouvons citer
l’exemple du GAN en France qui a pris en 1985 une importante participation minoritaire au CIC
(Crédit Industriel et Commercial) qui a augmenté progressivement jusqu’à lui conférer 90% des
droits de vote.

La stratégie de croissance externe peut aussi prendre la forme d’une fusion-absorption,


décidée d’un commun accord par les deux entités. Cette stratégie donnera naissance à une nouvelle
entité et à la constitution d’une firme de bancassurance qui fera de la recherche d’une synergie
opérationnelle l’une de ses préoccupations majeures.

Ces stratégies, qui sont généralement plus profitables pour l’assureur que pour le banquier,
permettent de bénéficier davantage du savoir faire de l’autre partie dans la création et la distribution
de nouveaux produits et surtout, permet un accès direct et immédiat à un portefeuille de clients
préétabli. Ce dernier avantage semble ne pas profiter aux banques qui disposent déjà d’un gisement
de clientèle pour lui offrir les nouveaux produits qui naîtront de leur mariage avec les compagnies
d'assurance.

III.4. Les joint-ventures


Ils consistent en la création d’une nouvelle société d’assurance dans laquelle une banque et
une compagnie d’assurance, qui existent déjà, se partagent les parts sociales. Ces stratégies peuvent
s’avérer très efficaces pour dégager des synergies opérationnelles et éviter certains conflits liés à la
culture et à la stratégie d’entreprise.

La meilleure stratégie bancassurance dépend des forces et faiblesses de l’organisation existante et du


choix du partenaire éventuel. La stratégie de création de filiale s’avère plus réussie que les autres, elle permet
de consolider le développement de la bancassurance d’une manière plus efficiente.
Néanmoins, le choix d’une bonne stratégie bancassurance reste insuffisant afin de réaliser de bons
résultats. Un cadre réglementaire propice et un environnement fiscal favorable s’avèrent indispensables. Ces
derniers décident de la périphérie dans laquelle s'opérera la transition vers la bancassurance et de
l'orientation Produit de la banque. Ainsi, la section suivante sera consacrée à la présentation des produits
distribués par les bancassureurs

PREMIERE PARTIE 11
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

DEUXIEME SECTION : LES PRODUITS DISTRIBUES PAR LES


BANCASSUREURS.
Dans la plupart des pays, le législateur subdivise les contrats d'assurance en deux grandes familles
distinctes, avec des régimes juridiques tout à fait distincts, qui sont les assurances de personnes et les
assurances de dommages.
Les assurances de dommages ont pour objet l’indemnisation d’un préjudice subi par
l’assuré. Elles reposent sur le principe indemnitaire par lequel l’assuré ne peut se retourner contre le
tiers qui lui a causé le sinistre pour exiger de lui une indemnisation que dans le cas où
l’indemnisation de l’assureur n’est pas à 100%. L’assureur reste dans tous les cas subrogé dans les
droits et actions contre le tiers responsable. Le principe indemnitaire interdit à l’assuré toute
éventualité de s’enrichir d’un sinistre.
Les assurances de personnes ont pour objet le versement d’une somme forfaitaire prévue
dans le contrat. Elles reposent sur le principe forfaitaire, par lequel l’assureur ne peut pas se
retourner contre le tiers responsable du sinistre pour exiger de lui le remboursement de l’indemnité
versée à l’assuré. Cependant le régime indemnitaire peut s’appliquer à certains contrats d'assurance
de personnes à l’exemple des contrats d'assurance couvrant le dommage corporel sur la personne de
l’assuré.

L’offre des bancassureurs en matière de produits d’assurance était fortement corrélée avec
l’évolution historique de la bancassurance et les stratégies y afférentes. Chaque phase dans l'histoire
de la bancassurance est caractérisée par certains produits spécifiques. Mais il est tout à fait clair que
les produits issus de chaque phase restent présents sur le marché avec l’élargissement continu de la
gamme de produits. Les bancassureurs offrent aujourd’hui des produits de tous genres, allant des
produits les plus basics jusqu’aux produits les plus sophistiqués et aux produits d’assurance de
dommages.
Le choix des produits, abstraction faite des attentes de la clientèle, est intimement lié à la
qualité du réseau de distribution dont le niveau de connaissances exigé devient de plus en plus élevé
avec la hausse de la sophistication des produits. C’est ainsi que les bancassureurs ont commencé à
distribuer des produits très simples pour faire habituer le personnel à ce nouveau métier qui est
l’assurance.

Nous proposons de classer ces produits, d’une part, selon l’ordre chronologique de leur
bancarisation qui est un élément essentiel pour la compréhension des étapes de développement de la
bancassurance et, d’autre part, selon leur nature. Ainsi, nous pouvons distinguer cinq grandes
catégories de produits :
- les produits constituant le prolongement naturel des opérations bancaires.
- les produits d’épargne à forte dominante financière.
- les produits de prévoyance.
- les produits d'assurance de dommages.
- les produits packagés.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

I. Les produits constituant le prolongement naturel des opérations bancaires


Cette catégorie regroupe une large gamme de produits, combien même ils sont des produits
d'assurance, certains n'y voient pas des produits de rapprochement entre banques et compagnies
d'assurance. Ces produits peuvent être classés en trois sous groupes :

- les produits d'assurance liés aux crédits,


- les produits d'assurance liés aux dépôts,
- les produits d'assurance liés aux instruments de paiement.

I.1. les produits d'assurance liés aux crédits


Le fondement de ces produits est simple : la banque en octroyant des crédits à des
particuliers veut garantir le remboursement du montant restant dû en cas de décès prématuré de
l’emprunteur tout en évitant de créer une situation conflictuelle avec la famille du défunt qu'elle
veut toujours garder comme client. L’emprunteur de son côté, ne veut pas laisser des dettes à sa
famille en cas de son décès.
C’est en répondant à ces soucis que les banques ont commencé, à partir des années 1960, à
distribuer, l'Assurance crédit, l’un des premiers produits d’assurance les plus proches de l'activité
bancaire. D’autres produits répondant aux mêmes soucis ont été créés. Les plus connus sont les
suivants :
I.1.1 La temporaire décès
C’est un contrat d’assurance qui garantit, en cas de décès de l’assuré, le solde restant dû de
l’emprunt contracté par ce dernier. C’est une temporaire décès décroissante par laquelle le
souscripteur d’un prêt (l’assuré) désigne la banque créancière comme bénéficiaire d’un capital égal
à ce qu'elle lui doit.
En d’autres termes, moyennant le paiement d’une prime, l’assureur, qui peut être une filiale
de la banque ou autre, s’engage à devenir le débiteur principal de la banque et à payer à la place du
souscripteur du contrat d’assurance le montant du crédit qui reste à payer en cas de décès de ce
dernier.
Le contrat d’assurance « temporaire décès » convient à tous les types de prêts ; crédits
immobiliers, crédits à la consommation,…etc.
Le montant de la prime à payer dépend de l’âge de l’assuré, du montant du crédit et de
l’échéancier de remboursement. Son paiement peut être effectué soit en une seule fois (prime
unique) soit par plusieurs versements. Il peut être aussi consolidé avec le montant total du crédit.
La temporaire décès vendue par les bancassureurs se distingue des produits similaires des
assureurs traditionnels par ses chargements réduits et ses questionnaires médicaux simples qui
tendent à disparaître. Ils sont appelés par certains «déclaration de santé».
Aujourd’hui, ces produits ont beaucoup évolué et offrent plus de garanties. Désormais, la
temporaire décès couvre aussi bien contre le décès que contre l’invalidité totale et s’étend même au
cas de chômage et d'incapacité temporaire de travail de l’assuré.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Certains bancassureurs l’offrent gratuitement, à l’occasion de souscription d’un prêt, et


paient ainsi la prime d’assurance à la place de l’emprunteur. Cette pratique entre dans le cadre des
outils de marketing dans le but d’attirer et d’intéresser une nouvelle clientèle. Néanmoins, le
bancassureur va inclure les coûts des garanties offertes, qui ne sont pas vraiment élevés, dans le
taux d’intérêt applicable à l’emprunteur.

I.1.2. La garantie liée à un découvert (ouverdraft insurance)

Les banques offrent des facilités et des découverts bancaires à des particuliers, et
généralement à des salariés dont le montant peut atteindre deux ou trois fois le montant du salaire
mensuel. Ce crédit n’a pas de date de remboursement fixe, il est amortissable par les sommes qui
passent régulièrement au crédit du compte.
Pour garantir, en cas de décès, le solde débiteur d’un client ayant un découvert, les
bancassureurs ont institué le contrat de garantie de découvert. Il obéit aux mêmes principes que
ceux de la temporaire décès à des exceptions près.
Généralement, la garantie couvre le montant maximum du découvert autorisé. En cas de
décès de l’assuré, le solde débiteur sera remboursé par l’assureur à la banque et la différence entre
le plafond du découvert et le solde débiteur sera payé aux héritiers du défunt. Ceci est logique, dès
lors que le contrat garantit le montant plafond du découvert.
La prime est payable annuellement et son montant est ajusté à chaque échéance en tenant
compte de l’age du client. Nombreuses sont les banques qui offrent cette garantie gratuitement à la
clientèle afin de la fidéliser.
I.2. Les produits d'assurance liés aux dépôts
Dès les années 1970, les banques ont commencé à distribuer des produits d'assurance liés
directement aux dépôts et aux comptes courants de la clientèle. Ces contrats garantissaient
généralement le paiement d’une certaine somme - qui est en corrélation directe avec le solde moyen
du compte auquel le contrat est rattaché - aux héritiers de l’assuré en cas de son décès ou en cas de
son invalidité totale.
A titre d’illustration nous pouvons citer les exemples suivants :
- Le «Compte Vie » de la Banque Régionale d’Escompte (France) qui prévoyait le paiement
en cas de décès accidentel du titulaire du compte d’un montant égal au double du solde du compte.
- Dans le cadre d’un plan d’épargne bancaire par lequel le déposant s’engage à effectuer des
versements réguliers afin de constituer une épargne dont le montant est arrêté au préalable, certaines
banques proposaient des garanties qui garantissaient le montant de l’épargne convenu à l’échéance,
en cas de décès ou d’invalidité totale du déposant.
- L’assurbudget de la BNP qui garantissait le paiement d’un montant égal à un an de salaire
en cas de décès du titulaire. Les sommes seront versées mensuellement aux ayants droit. Ainsi ces
derniers sont incités à rester des clients de la banque du défunt. Ce type de produit, bien conçu par
les équipes marketing, a su répondre aux attentes de la clientèle qui a adhéré massivement.

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Décidément, les banques comprirent l’opportunité de ces produits et plusieurs autres


produits ont vu le jour. En Italie les banques proposaient gratuitement des garanties à la clientèle
garantissant le paiement de petits capitaux en cas de décès accidentel du titulaire du compte.
La concurrence sur ces produits était telle, que les banquiers ont eu recours à des pratiques
commerciales douteuses en adoptant des systèmes d’inclusion d’office. Le client devait
expressément refuser ce qu’on lui proposait sinon il était garanti. Ces pratiques ont été vivement
critiquées par les organisations de défense de consommateurs.
De nos jours, ces pratiques ont disparu. Les banques proposent ces garanties à l’occasion
d’ouverture de compte ou lors de l’acquisition d’un nouveau produit après l’accord exprès du client.
Exprès
I.3. Les produits d'assurance liés aux instruments de paiement
Ce type de produits s’est développé à partir des années 1980 avec la prolifération des cartes
de paiement et des cartes de crédit. Les banques ont beaucoup innové afin d’attirer la clientèle vers
ces nouveaux instruments de paiement qui rapportent beaucoup de ressources en commissions.
Elles ont trouvé dans les produits d'assurance un moyen de les rendre plus attractifs. Ainsi,
plusieurs types de garanties commencèrent à être proposées lors de l’acquisition de ces instruments
de paiement et certaines banques les offraient gratuitement à leurs clients.
Ces contrats garantissaient le client contre le vol et toute soustraction ou utilisation
frauduleuse de la carte de paiement. Certaines banques ont élargi leur garantie et garantissaient les
clients contre les vols lors de l’utilisation des Distributeurs Automatiques de Billets (DAB) et
d’autres, allant encore plus loin, offraient avec les cartes de paiement internationales des garanties
Assistance à l’Etranger en cas de maladie à l’occasion d’un voyage à l’étranger.
Nous nous attendons à un développement plus spectaculaire de ces produits notamment avec
le développement actuel des moyens de télécommunication - qui ne sera pas sans effet sur les
instruments de paiement - ce qui donneraient un avenir prometteur aux produits d'assurance liés à
des instruments de paiement.
II. Les produits d’épargne à forte dominante financière
Ces produits ont marqué la fin de la période d’apprentissage et annoncèrent l’entrée dans
une nouvelle ère de bancassurance. Le commencement c’est fait avec des produits d’assurance vie
très simples, puis avec le temps et afin de répondre aux besoins complexes de la clientèle, les
banques intégraient dans leur gamme des produits de plus en plus complexes.
II.1 Les produits simples
Il s’agissait de capitaux différés avec une contre assurance, placés dans le cadre d’un contrat
d’assurance vie. Le mécanisme est simple, le client verse un capital initial et le banquier le lui
garantit avec les intérêts capitalisés au terme du contrat. Si par malheur le client décède avant
l’échéance, ces héritiers ou les bénéficiaires désignés recevront le montant initial augmenté d’une
part des intérêts. Sans la contre-assurance le produit n’est plus vendable. En effet, nul n’acceptera

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CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

de placer ses capitaux pour qu’ils soient, en cas de son décès, acquis à l’assureur qui va les répartir,
selon la logique de la mutualisation, sur les souscripteurs vivants.
La contre-assurance - qui est indispensable pour que le produit soit attrayant - passe
inaperçue aux yeux des épargnants, au point, de considérer que ces produits de capitalisation sont
de simples produits bancaires, et non pas des produits d'assurance vie. C’est ce qui a fait tout leur
succès.
La période de placement varie d’un pays à un autre, selon les délais que la fiscalité impose
pour que les intérêts cumulés soient exonérés d’impôts. Elle est de 8 ans minimum maintenant en
France.
Actuellement, les contrats d’assurance vie proposés couvrent divers besoins (préparation de
retraite, épargne long terme, succession, création d’un capital pour les enfants,…) et offrent la
possibilité d’avoir différents modes de versement (fixes ou variables).

II.2. Les produits complexes


La spécification et la diversification des besoins de la clientèle ont amené les banques à
développer des produits plus complexes qui nécessitent des techniques plus sophistiquées, mais
évidemment moins maîtrisées par le personnel de base.
C’est durant les années 1990 que ces produits ont commencé à proliférer et à se vulgariser.
Il s’agit surtout des produits à taux garanti et des produits à fenêtre qui répondaient dans
certains cas à des besoins très simples de la clientèle mais dont l'élaboration nécessite une très
grande technicité.
Dans cette optique, les banques - en répondant aux besoins de leur client - ont offert des
contrats de capitaux différés avec une contre-assurance et un taux garanti de rémunération, qui est
généralement très proche de ceux pratiqués sur les SICAV monétaires, pour toute la période du
placement.
Les banques proposaient aussi des contrats de capitaux différés et garantissaient que
l’évolution de l’épargne constituée suivra un certain bunchmark qui est généralement l’indice
boursier de la place financière. A l’image des banques françaises qui ont distribué des contrats de
capitaux différés qui garantissaient que l’épargne constituée suivra l’évolution du CAC 40 tout en
garantissant le capital initial quelle que soit l’évolution de cet indice.
A priori, le produit est simple. Néanmoins, pour pouvoir honorer ses promesses, la banque
doit acheter des titres qui lui permettront soit d’assurer le taux garanti soit de suivre le bunchmark
choisi, selon le cas. Ainsi, le marché des actions, des obligations et des produits dérivés devint un
passage obligé pour l’élaboration de ces produits.
Mais la grande innovation est venue avec ce qu’on appelle les contrats dédiés qui sont des
contrats en unités de compte qui consistent à mettre un portefeuille de valeurs mobilières ou un
ensemble d’actifs financiers (actions, obligations,…) dans un contrat d’assurance vie ad hoc. Le
contrat dédié permet au client de bénéficier des avantages fiscaux de l’assurance vie - non taxation
des plus-values et exonération des droits de succession (cas de la France) - sous réserve de satisfaire
à certaines conditions liées notamment à la durée du contrat.

PREMIERE PARTIE 16
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Du point de vue de l’assureur, la souscription d’un tel contrat nécessite la création d’un
support spécifique à capital variable, réservé à chaque souscripteur. La prime versée sur le contrat
est alors isolée dans les comptes de l’assureur afin d’être gérée conformément à un descriptif signé
conjointement avec le souscripteur. Ce dernier ne peut absolument pas intervenir dans la gestion
(choix des titres, répartition, ...) à l’exception du type de gestion qui peut être dynamique (au moins
75% en actions dont la moitié sur la zone euro) ou non.
Les bancassureurs ont associé d’autres garanties aux contrats en unité de compte eu égard
aux risques qui les entourent. Les plus connues sont : la garantie plancher qui garantissait au client,
moyennant le paiement d’une prime, une certaine valeur du portefeuille quelle que soit l’évolution
du marché et la garantie de type vie universelle assurant le versement aux bénéficiaires d’un capital
au moins égal aux primes versées, revalorisées selon un taux d’indexation prédéfini.
Ces contrats confèrent plusieurs commodités : le souscripteur peut effectuer des versements
libres, exercer sa faculté de rachat, désigner un bénéficiaire en cas de décès, remettre son contrat en
garantie,…Cependant, ce type de contrat, eu égard à la complexité de ses mécanismes, est réservé à
une clientèle haute gamme avec des tickets d’entrée de 2.5 voire 10 millions de francs(1).
Les banques ont usé de tous les moyens pour vendre ces produits en un laps de temps très
réduit. Les campagnes de vente promotionnelles, les campagnes radio et les tracs publicitaires
étaient les clés de succès des produits, à côté de la mobilisation totale du personnel.

III. Les produits de prévoyance


Ce sont des produits d’assurance qui garantissent le paiement d’un certain capital aux
bénéficiaires désignés ou aux héritiers du défunt en cas de décès. Ces produits dont le volet épargne
est quasi-inexistant posaient certains problèmes au moment de leur vente dans la mesure où le
banquier va évoquer à son client un événement peu désirable qui est la mort.
Le banquier a choisi une communication très objective, en dédramatisant le décès et en ne
traitant que les conséquences économiques et pécuniaires du décès d'un membre de la famille,
notamment en termes de perte de revenu, qui ne peut laisser le bon père de famille indifférent.
La particularité de ces produits par rapport à ceux des assureurs traditionnels réside dans la
simplicité des questionnaires médicaux et la suppression des formalités médicales, pratiques
largement répandues chez les assureurs traditionnels.
A titre d’illustration, nous pouvons citer le contrat d’assurance décès « Initial Valeur
Prévoyance » distribué en 1990 par Prédicat, filiale du Crédit Agricole, qui garantissait le paiement
d’un capital décès, plafonné à 200 000 francs, aux héritiers ou aux bénéficiaires désignés.
En 2000, les banques françaises ont distribué des contrats d'assurance couvrant les accidents
de la vie, et la GAV « Garantie contre les Accidents de la Vie » est l’exemple le plus réussi et qui a
permis de donner un nouveau souffle à un marché d’assurance de personnes en maturation.

(1)
REBOT Patrick, La problématique des contrats dédiés, Banque Stratégie, mai 2001 n°182, pp.18 et 19.

PREMIERE PARTIE 17
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

L’expérience a démontré que les banquiers sont plus aptes que les assureurs traditionnels à
vendre des produits d'assurance qui touchent à la vie humaine et aux assurances de personnes en
général.

IV. Les produits d'assurance de dommages


Dès les années 1990, le marché de l’assurance de dommages a commencé à être envahi par
les bancassureurs malgré sa rentabilité hypothétique et malgré les risques sur les relations
commerciales avec les clients, car un retard ou un mauvais règlement d’un sinistre peut s’avérer
fatal pour la relation banque/client.
Néanmoins, il est tout à fait logique d’assurer les immeubles et les meubles chez le banquier
qui les a financé. Désormais, les contrats d’assurance Habitation et Automobile sont distribués au
niveau des guichets bancaires.
Pour pallier aux problèmes liés aux règlements des sinistres, la plupart des bancassureurs ont
adopté des stratégies visant à séparer la distribution des produits de la gestion des sinistres laquelle
reste du ressort de la société d’assurance. Le but étant de mettre la relation bancaire à l’abri en usant
de tous les moyens. C’est ainsi que des Call Centers (centrales téléphoniques) ont été mis en place
pour régler, par téléphone, les sinistres Automobiles et d’autres sinistres liés à d’autres produits de
dommages.
Dans les contrats d’assurance automobile distribués, l’accent est mis sur deux types de
prestations complémentaires :
- l’aide au client afin d’être le moins longtemps possible sans voiture en cas de sinistre
par la mise en place de moyen de dépannage à domicile ou le prêt d’une voiture…etc.
- un volet financier lors des différents sinistres (indemnisation du conducteur ayant subi
un préjudice même s’il est en tort, le paiement de certaines mensualités si la voiture a
été achetée par un crédit qui court encore…).
L’assurance habitation est axée sur trois prestations complémentaires :
- des prestations spécifiques concernant l’habitation (déménagement, relogement et
gardiennage des meubles en cas de sinistre…)
- un volet financier lors des différents sinistres (prise en charge de certaines mensualités
de remboursement de l’habitation, indemnisation du client lors d’un vol même si
toutes les mesures de sécurité n’ont pas été suivies…)
- un élargissement du périmètre couvert par l’habitation (location de salles, logements
de vacances…).
V. Les produits packagés
Ce sont des produits combinant diverses prestations bancaires et assurantielles groupées en
un seul produit. Le produit packagé coûtera moins cher au client que s’il acquière chaque produit du
package individuellement. Les exemples de packages ne manquent pas. Nous pouvons citer :
- Package Logement : alliant un crédit pour des travaux et assurances habitation.

PREMIERE PARTIE 18
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

- Package pour étudiants : alliant un crédit Etudiant, une assurance Habitation, la mise à
disposition de moyens de paiement et une complémentaire Santé.
- Le package Automobile : alliant un crédit pour l’achat d’une voiture et une assurance
automobile.
Les banques recherchent toujours à personnaliser leurs produits selon la nature de la
clientèle qu’elles détiennent afin d’offrir un produit de sur-mesure.

Il apparaît clairement que les bancassureurs ont largement contribué à l’amélioration de l’offre en
produits d’assurance, la qualité de la prestation et surtout du service après vente. Cependant, ce constat n’est
pas valable pour tous les pays qui ont connu la bancassurance. De ce fait, nous proposons, ci-après, de
présenter brièvement quelques expériences vécues de part le monde avec un historique succinct de
l’évolution de la bancassurance en Europe.

TROISIEME SECTION : LA BANCASSURANCE, EVOLUTION ET PRATIQUE.


La fourniture des services financiers qui combinent diverses fonctions en matière de placement, de
financement et d’assurance par une même entité nous paraît aujourd’hui révolutionnaire ; or leur
rapprochement a commencé très tôt dans l’histoire de l’économie avec les prêts maritimes grandes aventures.
Ces dernières décennies, les limites entre la banque et l’assurance ont commencé à s’effacer
graduellement. En Europe, c’est durant les années 1980 que les relations entre les banques et les
assurances ont commencé à évoluer. L’apparition de la bancassurance est venue couronner une
évolution qui a conduit de la simple commercialisation de produits d’assurance complémentaires à
l’activité bancaire à l’intégration complète de l’assurance dans le marketing et l’organisation de la
banque.
Une concurrence d’éviction s’est déclenchée entre les branches, ce furent surtout les
assurances qui empiétaient sur le domaine bancaire avec des produits combinant l’assurance vie
avec des fonds de placement destinés à constituer une fortune ou l’octroi d’un crédit hypothécaire.
Les banques ont préféré réagir offensivement à l’attaque des assurances tout en profitant des
avantages fiscaux de l’assurance vie.

C’est ainsi que les banques, en Europe, commencèrent à se lancer dans des stratégies de
diversification vers l’assurance. Elles ont commencé à distribuer des produits d’assurance proches
de l’activité bancaire et constituant le prolongement naturel de leur profession comme l’assurance
garantissant le paiement du solde restant dû dans le cadre d’un crédit et les assurances liées aux
instruments de paiement. Puis elles ont intégré les produits d’assurance vie dans leur gamme de
produits. Déjà en 1996, les banques en France détenaient plus de 60% des parts du marché de
l’assurance vie. Le succès était tel, que les banques n'ont pas hésité à s’aventurer dans l’assurance
de dommages, un domaine tout à fait étrange à la banque avec un profil de risque différent de celui
déjà connu.

PREMIERE PARTIE 19
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Nous pouvons distinguer deux tendances principales en Europe. La première, et la plus


réussie, est le modèle classique de bancassurance à la française qui vise à dégager des synergies au
niveau de l’exploitation par des coopérations, des fusions et/ou créations d’entreprises propres. La
seconde tendance se base sur la fourniture d’un bouquet de prestations destinées à satisfaire les
besoins financiers de la clientèle.

I. Les trois âges de la bancassurance en Europe


La bancassurance, en Europe, a passé par plusieurs étapes, qui peuvent être résumées par le
graphique ci-après.

Tableau 1 : Les trois âges de la bancassurance en Europe

Les pionniers La maturité Les nouveaux enjeux


1975-1985 1985-2000 de 2000 à aujourd’hui

Structure juridique coopération externe ou Prises de contrôle Alliances et partenariats


filialisation interne majoritaires et transnationaux
croissance interne
Produits Complémentarité ou coût Intégration de services Conseils personnalisés
marginal sur profils de clientèle
Distribution Guichets de banques Marketing mix proactif Multicanal, et extranet
Organisation Applications spécifiques Services connectés Plate-forme de
production et temps réel
(1)
Source : Banque Stratégie.
• Les pionniers ont basé leur offre sur des considérations de coûts de distribution par
l’affectation de coûts de distribution marginaux combinés à une rémunération variable et faible et
de loin inférieure à celle perçue par les autres intermédiaires, mais elle reste tout de même incitative
pour le personnel concerné.
Cette période est caractérisée par la multiplicité des compagnes de vente promotionnelles
des contrats d'assurance vie ce qui a étoffé l’offre et a contribué à la vulgarisation des produits. Ceci
a permis à la clientèle d’avoir une épargne plus attrayante transmissible dans des conditions fiscales
plus favorables.
• La réaction des assureurs ne s’est pas faite attendre. Dès les années 1985, les stratégies
d’AssurFinance devinrent monnaie courante. Parallèlement, le concept du client global commençait
à s’imposer progressivement à la plupart des opérateurs du secteur financier qui ne peuvent laisser
échapper l’occasion de fidéliser une clientèle volatile.
(1)
Fortement inspiré de : VALIN Gérard, « Les trois âges de la bancassurance », Banque Stratégie, mai 2001 n°182,
Banque Editeurs, Paris, p7

PREMIERE PARTIE 20
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

• Depuis l'an 2000, la bancassurance est passée à une nouvelle étape, une étape de
transnationalisation de la bancassurance où le conseil personnalisé constituera le principal enjeu
d’avenir. L’avènement de l’Euro en janvier 2002 et l’Europe élargie prochainement ne font
qu’accélérer le processus qui a déjà atteint sa vitesse de croisière.

A l’exception de l’Allemagne et du Royaume Uni où la bancassurance ne s’est pas vraiment


imposée, les autres pays Européens ont connu la dominance de la bancassurance comme modèle de
distribution des produits d'assurance vie, comme le montre le graphique ci-après. En assurance
dommages les résultats ne sont pas aussi probants.
Graphique 1 : Les parts de marché en Assurance vie par réseau de distribution
en Europe (en pourcentage).

6 2 6
7 9
14

21
32 28
30

86 77

72
62 63
56

17
12

France Espagne Italie Belgique Royaum Uni Allemagne

Réseaux bancaires Réseaux traditionnels Réseaux de vente directe

Source : SCOR.
Le graphique montre qu’à l’exception de l’Allemagne et du Royaume Uni où les réseaux
traditionnels détiennent plus de 80 % des parts de marché en assurance vie, les réseaux bancaires
dominent, avec des parts de marché oscillant entre 50% et 70%.

II. Les expériences de bancassurance vécues dans certains pays


Nous allons nous focaliser sur l’expérience de quelques pays de l’Union Européenne pour
lesquels la bancassurance était un exemple de succès à l’instar de la France et de l’Italie, tout en
précisant les causes du retard des autres (Allemagne, Grande Bretagne). L’expérience tunisienne,
même récente, nous paraît aussi très utile.

II.1. La bancassurance en France


Face à un marché mur et très concurrentiel, les banques françaises, durant les années 1970,
ont trouvé en la bancassurance une nouvelle source de profit. Le Crédit Mutuel est la première

PREMIERE PARTIE 21
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

banque à avoir instauré la bancassurance. Il a créé ses propres sociétés d’assurance afin de couvrir
les encours de crédits qu’il accorde aux entreprises, et que les assureurs traditionnels facturaient à
des prix très onéreux. Désormais, la vente de polices d’assurance se fait auprès des guichets
bancaires.
Le Crédit Agricole - l’un des leaders sur le marché - a vite créé ses deux filiales assurance,
Prédica pour l’assurance vie et Pacifica spécialisée dans l’assurance de dommages.
Avec des produits simples, lisibles transparents et des chargements réduits ; les
bancassureurs ont taillé des parts de marché considérables. En 2000, la bancassurance représentait
35% des primes d’assurance, 60% des primes d’épargne, 7% pour l’Assurance Dommages et 69%
du chiffre d’affaires nouvelle épargne individuelle(1). Néanmoins, ces résultats sont à relativiser car
ils restent l’apanage du Crédit Agricole et du Crédit Mutuel qui détiennent 85% du marché de
l’IARD et 26% du marché de l'assurance vie.
Ce succès a fait de la France le plus grand marché de l’épargne individuelle en Europe et le
premier marché de la bancassurance en termes de volume. Les banques françaises continuent
d’innover et de conquérir de plus en plus de parts de marché.
Plusieurs facteurs ont favorisé le développement de la bancassurance en France. Une
fiscalité attractive mais qui connaît ces dernières années une réduction des privilèges ; un réseau
bancaire très dense, très proche de la clientèle auprès de laquelle il jouit d’une bonne image de
marque et qui a de l’expérience dans la vente de fonds du marché monétaire. Ajoute à cela la
faiblesse des agents autonomes pour la vente des produits d’assurance et surtout le scepticisme
croissant des Français à l’égard de leur système de prévoyance sociale et la non soutenabilité à long
terme du système de retraite que d’ailleurs le Gouvernement actuel veut changer à tout prix. Tous
ces facteurs ont milité et militeront pour plus de développement de la bancassurance en France.
II.2. La bancassurance en Allemagne
Les Allemands emploient le terme « AllFinanz » ou "Tout finance" pour définir la
bancassurance. La part de marché des banques est passée de 1% à 18% entre 1992 et 1999 mais le
marché reste toujours dominé par les agents généraux, et pourtant la bancassurance existait en
Allemagne depuis 1922 avec la création par les banques coopératives Raiffeisen des sociétés
d'assurance qui s’appellent aujourd’hui R+V.
Le faible succès de la bancassurance semble s’expliquer par le conservatisme de la clientèle
en matière de services financiers et son attachement aux réseaux de distribution traditionnels. En
effet, en assurance automobile et les garanties multirisque habitation, la durée des contrats
d'assurance proposés par les assureurs allemands oscille entre 5 et 10 ans (2). Aussi, le fait que les
produits d’assurance vie qui mixent les produits d’assurance ne soient pas défiscalisés ne facilite
pas leur souscription.

(1)
Source : CHEVALIER M, FENELON S et GOUALOU O, «La bancassurance dans le monde : une réalité contrastée
», Newsletters techniques SCOR, Février 2003 n°10, P. 2.
(2)
Cf. ALBERT Michel, cité par, LAMBERT Denis-Clair, Economie des assurances, Ed Armand Clin, Paris, 1996,
P.38.

PREMIERE PARTIE 22
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

La réglementation quant à elle n’est pas particulièrement répressive même si le principe de


spécialisation est de rigueur. Les banques sont autorisées à distribuer des produits d'assurance et
même à créer leurs filiales alors que les sociétés d’assurance ne peuvent pas distribuer des produits
bancaires.

II.3. La bancassurance en Grande Bretagne


Les parts de marché des bancassureurs en Grande Bretagne ne font que décroître passant de
15% au début des années 1990 à 9% environ aujourd’hui et cela en faveur des courtiers dont les
parts de marché progressent de plus en plus.
Le modèle de bancassurance anglo-saxon ne facilite pas la prolifération de l’activité
assurance au sein de la banque. En effet, les accords se font dans la plupart des cas entre Deux
Egaux ce qui ne facilite pas la mariage entre les deux entités et pose énormément de problèmes en
matière de culture et de stratégie d’entreprise.
La faible présence des bancassureurs sur le marché de l’assurance vie est due principalement
aux fortes tensions concurrentielles qui règnent à l’intérieur du marché, à une clientèle
traditionnellement peu fidèle, ou moins fidèle, et au fait que les produits offerts par les
bancassureurs n’ont pas une spécificité qui les différencient des autres produits traditionnels et
globalement ne sont pas meilleurs que ceux des assureurs.
II.4. La bancassurance en Italie
Même si la Loi Amato autorisant les banques à détenir des participations dans des
compagnies d’assurance ne date que de 1990, les accords commerciaux entre les deux industries ont
existé depuis la deuxième moitié des années 1980. Un contexte fiscal favorable aux produits
d’assurance vie, adopté entre 1995 et 1998, combiné avec un important réseau bancaire jouissant
d’une bonne image de marque a fait passer la part de marché des bancassureurs en assurance vie de
8% en 1992 à 63% en 2002.
II.5. Les USA et la bancassurance
Aux Etats-Unis, la bancassurance est peu, voire pas développée. A l’exception de
l’assurance des emprunteurs, il existe très peu de partenariats entre banquiers et assureurs. Ceci, est
dû essentiellement, d’une part, à l’absence d'un système d’information commun et, d’autre part, au
système de cloisonnement strict des activités adopté par les USA juste après la grande dépression.
Cependant ces barrières traditionnelles commencent à disparaître. En effet, le Mac Fadden Act(1),
mis en place en 1927, a été supprimé au milieu des années 90 et le Glass Steagall Act(2), introduit en
1933 par Roosevelt après la crise de 1929 a été aussi aboli officiellement en 2000 ouvrant ainsi les
portes aux banques américaines pour se diversifier.

(1)
Son objectif était d’éviter la concentration de grandes banques à l’échelle fédérale en empêchant une banque installée
dans un Etat de s’installer également dans un autre Etat.
(2)
Il interdisait aux banques de dépôts de faire de la spéculation sur les valeurs mobilières.

PREMIERE PARTIE 23
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Aujourd’hui, les seuls produits distribués par les banquiers sont des produits d’épargne
(fixed and variable annuities). La commercialisation de quelques produits de prévoyance, comme la
dépendance ou les temporaires décès, ne fait qu’émerger.

II.6. La bancassurance en Tunisie (1)


Les autorités tunisiennes conscientes des enjeux de la bancassurance ont doté la Tunisie
d’un nouveau cadre réglementaire favorable à un rapprochement entre banques et compagnies
d’assurance. La loi n°2002-37 du premier avril 2002, dans son article 69 paragraphe 4 autorise
expressément les banques à distribuer pour le compte d’une compagnie d’assurance des produits
d'assurance dont la liste fût arrêtée par arrêté du Ministre chargé des Finances.
Avec des taux de pénétration de l’assurance ne dépassant guère 1.65%, une densité moyenne
par habitant qui stagne autour de 35 DT, la Tunisie a vu en la bancassurance un instrument de
développement et de promotion de l’assurance notamment dans les branches où les assureurs
traditionnels n’ont pas réussi.
Mais l’expérience des banques tunisiennes en matière de bancassurance est bien antérieure
au premier avril 2002, date de la promulgation de la loi n°2002-37 portant modification du Code
des Assurances,. En effet, les compagnies d'assurance ont toujours sollicité les banques pour
développer une certaine catégorie d’affaires. Cela nous laisse penser que ce sont les compagnies
d’assurance qui sont à l’origine du rapprochement dans le cadre de la bancassurance en Tunisie.

L’historique de la coopération entre ces deux entités peut être résumé en ce qui suit :
♦ En 1979, déjà, la COMAR avait créé pour Amen Bank (ex CFCT) un produit qui
garantissait le paiement d’un capital décès égal au solde moyen du compte livret épargne
« Kangourou ». Le capital serait doublé en cas d’accident et triplé en cas d’accident de la circulation
mais avec un maximum de 15 000 DT.
♦ En 1992, la Amen Bank et la compagnie d’assurance Hayett avaient lancé le produit
«CFCT Junior » qui est un plan d’épargne avec une contre-assurance permettant la constitution
d’une bourse d’études et d’un capital pour l’insertion dans la vie active des enfants.
♦ En 1999, bien avant l’institution du principe de la bancassurance, les autorités de tutelle
ont autorisé le lancement par la CARTE et UBCI (Union des Banques pour le Commerce et
l’Industrie) de divers produits d’assurance vie, à savoir des temporaires décès capital constant, rente
éducation et des individuelles accidents.
♦ L’année 2000 a connu le lancement de plusieurs produits :
- Assurenfant (Rente éducation) et assurfamille (Temporaire décès) par le GAT et la BIAT.
- Individuelles accidents par la CTAMA et la BNA (Banque Nationale Agricole).

(1)
L’expérience tunisienne en matière de bancassurance peut s’avérer très utile à l’Algérie vu l’existence de plusieurs
facteurs communs entre les deux pays.

PREMIERE PARTIE 24
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

- Retraité plus par Amen Bank et Hayett.


De même, d’autres banques ont conclu des conventions, à l’instar de la STB et la STAR,
pour garantir les prêts bancaires en cas de décès de l’emprunteur.
« Nous ne disposons pas de statistiques relatives au volume des affaires réalisées dans
ce cadre. Mais, tout nous fait croire que le succès n’est pas retentissant sauf, bien
entendu quand l’octroi du prêt est conditionné par la souscription de l’assurance(1) ».

Quant à la liste arrêtée par le Ministre chargé des Finances, elle concerne les catégories
d'assurance suivantes :
- l’assurance crédit et l’assurance caution,
- les assurances agricoles : assurance contre le grêle, la mortalité du bétail, l’incendie
des récoltes, la responsabilité civile des agriculteurs et des corps de pêche et les
assurances des cultures sous serres,
- l’assistance (adossée généralement aux cartes monétiques),
- l’assurance sur la vie et la capitalisation.
A l’exception des risques agricoles, la branche dommages est interdite aux banques qui
doivent, a priori, se limiter aux contrats d’assurance liés à des produits bancaires et l’assurance sur
la vie qui reste un grand gisement à exploiter.

A priori, dans les pays où la bancassurance s’est peu imposée, souvent les clients n’ont pas
la démarche régulière et naturelle de visiter leur banquier. Cependant, ce constat ne peut être
généralisé à tous les cas, de ce fait nous paraît-il plus logique de suivre la démarche inverse et
dégager les clés de réussite de la bancassurance.

III. Les facteurs clés de succès de la bancassurance (2)

Le succès d'une opération de bancassurance dépend de facteurs exogènes liés à


l'environnement interne du pays et de facteurs endogènes liés au modèle de bancassurance lui-
même.

III.1. L’environnement du pays concerné


Le cadre réglementaire(3) du pays, en premier lieu, joue un rôle primordial pour la promotion
de la bancassurance, comme ce fut le cas en Italie avec la loi Amato autorisant les banques à
investir dans les compagnies d’assurance. A contrario, le phénomène s’est beaucoup ralenti aux
Etats-Unis à cause du Glass Steagall Act. En second lieu viennent les avantages fiscaux favorisant
les produits d’assurance vie à l’instar de ce qui se fait en France. Enfin, viennent les facteurs
culturels et comportementaux. En effet, le succès de la bancassurance en France, en Espagne et en
(1)
FELLI Moncef, Bancassurance ! Sommes-nous sur le bon chemin ?, Document Séminaire sur la bancassurance,
Ecole Supérieure de Banque, Alger le 15 et 16 avril 2003.
(2)
Mme LEONARD Cécile ; Distribution Manager Assurances Entreprises, ING Belgique ; nous a été d'une aide
précieuse pour la réalisation de ce point.
(3)
Cf. Annexe n°2 : Conditions réglementaires d'accès au marché de l'assurance et de la banque.

PREMIERE PARTIE 25
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

Italie est dû essentiellement à la bonne image des banques, aux relations privilégiées qu’elles
entretiennent avec les clients et à la proximité de leur dense réseau. La fréquence de visite des
clients à leur banquier est aussi un facteur déterminant car elle constitue une occasion pour proposer
à ces derniers les produits d’assurance.
III.2. Les facteurs endogènes liés au modèle de bancassurance
Ils peuvent être résumés en les points suivants :

III.2.1. La définition des produits et le mode de distribution


Les produits doivent être définis par la banque qui connaît le mieux les besoins de ses
clients. Ils doivent être simples et mono objectifs pour qu’ils soient compris par un réseau de non
spécialistes et lisibles afin que les clients adhèrent facilement
L’intégration du système d’information de l’assureur dans celui de la banque est nécessaire
pour assurer une décentralisation totale de la souscription au niveau des agences bancaires et une
centralisation de la gestion des contrats et des règlements des sinistres chez l’assureur. Cela doit
obéir à une stratégie visant à réaliser une intégration opérationnelle de la bancassurance qui d’une
part, rendra la vente des produits d’assurance totalement automatisée (vente au guichet et émission
directe des polices d’assurance, idem pour les modifications.) Et d’autre part, impliquera tous les
collaborateurs banquiers dans la vente. En d’autres termes, la vente d’un produit d’assurance doit
devenir aussi naturelle que la vente d’un produit bancaire.
Le facteur prix est aussi très important. Les bancassureurs ont veillé à ce que les
chargements de leurs produits soient faibles pour qu'ils soient compétitifs.

III.2.2. La formation et la motivation du réseau


La formation doit être effectuée par les collaborateurs de la banque qui connaissent leurs
collègues et leur psychologie et auprès desquels ils ont une légitimité naturelle.
Une motivation, notamment financière, du réseau bancaire à la vente des produits
d’assurance est nécessaire à la réussite commerciale. Cependant, selon Mr DANIEL Jean Pierre (1),
favoriser les produits d’assurance revient à encourager la cannibalisation des produits bancaires et
les conflits avec la hiérarchie de la banque, d’où la nécessité d’utiliser le même système de
rémunération aussi bien pour les produits d’assurance que pour les produits bancaires.
Aussi, il est nécessaire de prévoir des clauses de participation aux bénéfices en faveur du
réseau bancaire soit par un simple partage des résultats techniques soit par un commissionnement
variable en fonction des résultats techniques. Ce dernier mode a l’avantage d’inciter les guichetiers
à sélectionner leurs risques.

III.2.3. Le pilotage technique

(1)
DANIEL Jean Pierre, Document Séminaire Bancassurance, Ecole Supérieure de Banque, Alger, 15 et 16 avril 2003.

PREMIERE PARTIE 26
CHAPITRE PREMIER : Genèse et fondements de la bancassurance.

L’activité Assurance d’une banque débute assez souvent avec les produits proches de
l’activité bancaire et qui constituent le prolongement naturel de celle-ci, à l’exemple des assurances
de crédits et des opérations bancaires (crédits hypothécaires, crédits à la consommation, couverture
des cartes de crédit). La distribution des produits d’assurance vie et puis les produits d’assurance de
dommages n’interviendra que si la première opération est couronnée de succès.
Pour les produits complexes, il est nécessaire d’intégrer, aussi bien au niveau de la structure
commerciale que de la hiérarchie, une équipe de spécialistes pour soutenir les banquiers dans leurs
démarches.

Décidément, les banques en Europe sont, plus que jamais, déterminées à s’engager dans la
bancassurance même si la plupart des marchés de l’assurance européens sont matures et en phase de
saturation. Cependant, le concept de bancassurance est sujet à controverses, quoique adopté même par les
anglais, et ne fait pas unanimité entre les spécialistes en la matière. Ledit concept reste une notion qui trouble
par la multiplicité de ses interprétations et par l’essor rapide de son contour qui est appelé à changer de
configuration avec les mutations rapides et les synergies qui continuent de bouleverser la sphère des services
financiers.

Néanmoins, la grande majorité des spécialistes en la matière s’accordent à dire que toute coopération
entre des prestataires de services financiers et de conseillers, n’appartenant pas à la même branche, qui
s’échangent leur canaux de distribution réciproques, constitue une forme de bancassurance, lui donnant une
conception plus large qui dépasse le stade restreint de la coopération entre banquiers et assureurs
uniquement.

Il apparaît que la bancassurance ne s’est pas imposée partout dans le monde, mais elle reste tout de
même un exemple de succès dans plusieurs pays à l’instar de la France et de l’Italie où elle occupe le premier
rang dans la distribution des produits d’assurance vie. Les bancassureurs commencent aussi à gagner du
terrain sur le marché de l’assurance de dommages.

Ceci nous amène, à juste titre d’ailleurs, à songer aux enjeux réels de ces fusions de métiers
notamment les enjeux réels de la bancassurance. Ces derniers feront l’objet du deuxième chapitre.

PREMIERE PARTIE 27
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

DEUXIEME CHAPITRE :

Les enjeux de la bancassurance.

Il est tout à fait légitime de s’interroger sur l’utilité économique de la bancassurance et sur ce
qu’elle apporte tant au niveau macroéconomique qu’au niveau microéconomique. Le succès de la
bancassurance en Europe nous laisse penser qu’elle a, quelque part, servi le consommateur, le banquier
et l’assureur et voire même l'Etat, sinon le législateur l’aurait interdite. A cet effet, nous tenterons de
présenter dans le présent chapitre les divers enjeux de la bancassurance

PREMIERE SECTION : LES ENJEUX DE LA BANCASSURANCE


POUR LES BANQUES.
Cette section sera consacrée, d’une part, à l’analyse des divers apports de la bancassurance pour
les banques qui ont adhéré à ce nouveau phénomène et, d’autre part, à ses limites et effets pervers.
I. Les apports de la bancassurance pour les banques

I.1. La rentabilisation des ressources


Sous l’angle de la rentabilisation des ressources nous pouvons regrouper plusieurs points.
I.1.1. L’économie de coûts et l’amortissement des charges fixes
Les banques disposent d’un réseau d’agences très dense qui pèse lourd, en terme de frais
généraux, sur le bilan. L’élargissement de la gamme de produits par la vente des produits
d’assurance en utilisant le même effectif de personnel permettra d’amortir les charges fixes et
pourra améliorer sensiblement la productivité et la rentabilité globale de la banque.
En effet, puisque le réseau existe déjà, et contrairement aux assureurs traditionnels la
banque n’individualise pas les charges ; les frais généraux sont consolidés dans les charges de
fonctionnement annuelles de la banque. Ainsi, le coût d’intégration d’une activité supplémentaire
est marginal si nous considérons que l’assurance n’est pas consommatrice de coûts variables, ce
qui est vrai pour les simples produits vie ne nécessitant pas d’investissements en formation. Ceci
permet aux banques de réduire le coût moyen qu’est fonction inverse du volume d’activité et
d’amortir des frais fixes très élevés.
I.1.2. Les commissions
La banque reçoit de son partenaire assureur, à titre de rémunération pour son rôle de
distributeur, des commissions qui peuvent être un pourcentage de la prime qu’il a touchée ou une
part des résultats techniques réalisés ou, dans certains cas, un dosage des deux. De plus, si la
compagnie d’assurance est filiale de la banque, cette dernière recevra d'elle une partie des
bénéfices réalisés, comme dividende. Ces volumes de capitaux non négligeables contribuent à
améliorer les résultats de la banque.

PREMIERE PARTIE 28
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

C’est ainsi que Natio-Vie la filiale de la BNP a distribué, en 1993, 375 millions de
francs de commissions, à titre de rémunération de son réseau de distribution, sur un chiffre
d’affaires de 11 milliards de francs, soit 3.41% des primes encaissées. La Sogécap a versé à sa
maison mère (Société Générale) 250 millions de francs sur un chiffre d’affaires de 9.2 milliards
de francs soit 2.72% des primes encaissées (1).
I.1.3. Les effets de taille et de gamme
La bancassurance peut donner naissance à un groupe ou un conglomérat financier avec
une taille considérable ; lui conférant un pouvoir de négociation sur le marché, avec les
partenaires sociaux et même avec l’Etat qui n’hésiterait pas à intervenir en sa faveur en cas de
difficultés.
De même, l’effet de taille produit aussi des économies d’échelle qui représentent la baisse
des coûts moyens avec le volume d’activité, elles sont de l’ordre de 2%, contre 10% à 15%
lorsque deux banques ou deux sociétés d'assurance se rapprochent(2). Mais le sujet reste toujours
l’objet de controverses du fait que la production porte sur des actifs contingents.
Le fait de fournir plusieurs prestations à la fois permet à la banque de réaliser des
économies de gamme. En effet, le prix global de l’ensemble des prestations réalisées auprès d’un
seul prestataire de service devrait être inférieur à celui en provenance de plusieurs offreurs
spécialisés qui ne proposent qu’une prestation déterminée. Ceci confère au prestataire unique un
avantage concurrentiel et un moyen d’améliorer sa marge bénéficiaire.
I.1.4. La rentabilisation des ressources humaines
Sur le plan des ressources humaines, la diversification vers l’assurance permettra à la
banque de mieux occuper son personnel et d’augmenter sa productivité même si la distribution
de produits d’assurance n’est pas très consommatrice de main d’œuvre.
La bancassurance offre au personnel dont le degré d’appréciation de cette nouvelle
activité est considéré globalement probant, une nouvelle possibilité d’évolution de carrière et un
moyen de sortir de la routine quotidienne.

I.2. La fidélisation de la clientèle


Il est communément admis que la fidélité d’un client à son prestataire de services
augmente avec l’accroissement des contrats souscrits. L’activité Assurance permet à la banque
d’augmenter le nombre de produits acquis par le même client, ce qui lui permet de renforcer sa
marge bénéficiaire et d'augmenter l’attachement de sa clientèle à son réseau de distribution.
La recherche de la fidélisation de la clientèle n’est pas fortuite. En effet, diverses études
ont montré que les dépenses marketing nécessaires pour maintenir un client sont, de loin,
inférieures aux coûts d’acquisition d’un nouveau client qui oscillent entre 250 et 1000 euros en

(1)
DANIEL Jean-Pierre, Les enjeux de la bancassurance, Ed De Verneuil, Paris, 1995, pp.136 et 137.
(2)
DUCHESNE Yann, Cité par KEREN Vered, La bancassurance, Ed Que Sais-je ?,Paris, 1997, p.28

PREMIERE PARTIE 29
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

France (estimation Natexis Banques Populaires) et sont, aux USA, de l’ordre de 2500 dollars -
pour un client rapportant 150 dollars par an - soit deux fois plus qu'il y'a cinq ans (1).
Les produits d’assurance vie dont la durée est généralement très longue sont connus pour
leurs effets fidélisants.
« Selon différents experts, à partir du troisième(2) contrat la fidélité du client peut être
jusqu’à sept (2) fois plus importante qu’avec un seul produit »(3).
Mr PEZZULO de l’ABA (The American Banker’s Association) a côté le risque de perdre
un client en fonction du nombre de produits acquis de la même source, comme suit :

Tableau 2 : Le risque de perte de client en fonction du nombre de produit acquis.

Les produits acquis de la même source Le risque de perdre le client


Compte courant seulement. 1-1 (100%)
Compte épargne seulement. 1-2 (50%)
Compte courant et compte épargne. 1-10 (10%)
Compte courant, compte épargne et crédit. 1-18 (5.55%)
Compte courant, épargne et autres services 1-100 (1%)
financiers.
Source : Munich Re Group(4).
Le tableau montre que les clients deviennent de moins en moins infidèles à leur
prestataire de services avec l’augmentation du nombre de produits acquis de la même source. Ce
qui nous amène à dire que la distribution de produits d’assurance par les banques, qui va se
traduire par l’augmentation du nombre de ses produits chez un même client, aura un effet positif
sur la fidélité de la clientèle.
Ces affirmations restent à notre sens vraisemblables, même si certaines enquêtes ne
soutiennent pas leur thèse. En effet, dans une enquête récente réalisée par Euro Group portant sur
un échantillon de 500 personnes représentatif de la population française, 70% des personnes
interrogées pensent que le fait de regrouper tous ses produits d’assurance ou de banque auprès
d’un même acteur n’empêche pas de changer de fournisseur(1).

Néanmoins, la fidélité dépend largement des éléments socioculturels et comportementaux


qui diffèrent d’un pays à un autre. Dès lors, nous pensons que la confrontation des résultats des
deux enquêtes n’est pas tout à fait significative.

(1)
Source :Industrie de la banque et de l'assurance : une approche client similaire?, Euro Group, Paris, 2002.
(2)
Souligné par nous-même.
(3)
KEREN Vered, La bancassurance, Ed Que Sais-je ?. Paris, 1997, p.87
(4)
Bancassurance in practice, Munich Re Group, Munich, 2001.

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DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Aussi, l’approche globale du bancassureur qui permet de mieux couvrir les besoins de la
clientèle avec une qualité de service de plus en plus meilleure, augmente sensiblement la
satisfaction du client et renforce sa confiance et son attachement à son banquier assureur.
I.3. Un moyen de diversification
La bancassurance constitue un moyen de diversification qui dote les banques de revenus
de moins en moins volatils(1). Même si les fondements communs de l’activité bancaire et
l’activité d’assurance sont les mêmes, les banquiers et les assureurs ont une appréhension
différente du temps et une sensibilité complémentaire au taux d’intérêt, ce qui peut constituer
une source de diversification pour les deux métiers.
I.3.1. Une appréhension complémentaire du temps
Les périodes de charges lourdes et de bénéfices des banques et des sociétés d'assurance
sont complémentaires. En effet, les périodes de souscription et de fortes croissances, notamment
dans la branche vie, pèsent lourd sur le bilan des assureurs qui sont appelés à verser des
commissions très élevées, à titre de rémunération de leur réseau de distribution, ce qui cause une
dégradation de leurs comptes d’exploitation. Les résultats commenceront à s’améliorer avec
l’entrée des produits financiers des placements. Par contre, les périodes de charges et de produits
sont opposées chez les banquiers avec un risque de défaillance de plus en plus grand à terme du
fait des aléas et des impondérables liés à la conjoncture économique future.
Parallèlement, durant les phases de conjoncture économique favorable où les institutions
accroissent leur chiffre d’affaires, les résultats de la banque vont s’accroître immédiatement,
alors que ceux de l’assurance vont se dégrader. L’inverse se produira plus tard puisque, le profit
de la banque ira en diminuant alors que celui de l’assurance augmentera. Ce mécanisme nous
démontre la complémentarité entre les deux institutions.
Ainsi les charges en phase initiale de l’assurance vie peuvent être allégées par les
résultats meilleurs de l’activité bancaire et les impondérables futurs pourront être soutenus par
les produits financiers de l’assurance d’où la complémentarité du cycle.
I.3.2. Une sensibilité complémentaire au taux d’intérêt
Selon Mr KEREN Vered (2), les périodes d’inflation et de désinflation produisent des
effets opposés pour les banques et les compagnies d’assurance, ainsi peuvent-elles s’épauler
l’une à l’autre.
D’un côté, la période d’inflation est plutôt favorable aux banques notamment dans le
domaine de l’octroi du crédit. En effet, le poids relatif des annuités dues par les clients devient
moins lourd du fait des revalorisations des revenus ce qui encourage les clients à demander de
plus en plus de prêts longs pour financer surtout des acquisitions immobilières et pour maintenir
leur niveau de vie. Ainsi, les périodes de reprise d’inflation sont propices à l’activité bancaire,

(1)
Contrairement à ce que certains pensent, la diversification n’améliore pas la rentabilité globale mais procure des
revenus plus stables et moins volatils.
(2)
Cf. KEREN Vered, La bancassurance, Ed Que Sais-je ?, Paris, 1997, pp.21 à 26.

PREMIERE PARTIE 31
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

elles permettent un accroissement du chiffre d’affaires qui va venir faire partiellement face à
l’alourdissement des charges des banques.
Cependant, si la période d’inflation n’est pas suivie d’une revalorisation adéquate des
salaires, ce qu’est généralement le cas, l’effet inverse pourrait se réaliser car la hausse des prix
entraîne automatiquement la hausse de la part du revenu des ménages consacrée à la
consommation, ce qui diminuera leur capacité d’endettement voire même leur capacité à
rembourser les emprunts antérieurs. Cela nous laisse penser que les périodes d’inflation ne sont
pas toujours favorables aux banques.(1)
Mais d’un autre côté, les périodes de désinflation causent un fort ralentissement et une
stagnation de l’activité de distribution de crédit et une partie de la clientèle sera tentée de
rembourser par anticipation leurs prêts ou demander de renégocier les taux.

Par contre, les périodes de désinflation sont très favorables à l’activité assurance. En
effet, étant un investisseur institutionnel obéissant à des impératifs de prudence, l’assureur
investit la majeure partie de son portefeuille en obligations à taux fixes (représentant environ
70% des encours). Et en période de désinflation, les taux des nouvelles émissions obligataires
baisseront produisant stricto facto la hausse des cours des anciennes obligations. Ainsi l’assureur
verra son portefeuille obligataire revalorisé à la hausse dans la mesure où il se trouve avec un
important portefeuille d’obligations anciennes qui obtiennent un fort rendement.
En assurance de dommages, d’une part, le rapport entre les indemnités à payer aux
bénéficiaires et les primes déjà encaissées devient favorable à l’assureur et la valeur absolue des
indemnités à payer au moment du règlement d’un sinistre baissera d’autre part. ce qui augmente
les résultats de assureurs.
Alors que les périodes d’inflation produisent un effet négatif sur les deux branches de
l’assurance, vie et dommage. En effet, la branche vie connaîtra un ralentissement des
souscriptions dû au fait que les contrats à taux garanti offrent un taux de rendement inférieur aux
taux d’intérêts applicables sur le marché et ceux n’offrant pas de garantie minimale paraissent
dérisoires. Les effets de l’inflation ne se limitent pas à un ralentissement des nouvelles
souscriptions mais touchent aussi les anciens contrats car les souscripteurs tenteront d’exiger le
rachat de leurs contrats, ce qui est totalement leur droit, malgré les pénalités éventuelles et les
pertes en matière fiscales.
Dans la branche dommages et à cause de l’inversion du cycle d’exploitation (2), la valeur
relative des provisions constituées pour faire face aux sinistres éventuels va en diminution et les
primes encaissées peuvent s’avérer insuffisantes pour mutualiser les risques. Ce qui peut causer
un déficit de la branche.

(1)
L’étude des effets de l’inflation sur l’activité bancaire nécessite un développement tant sur le plan
macroéconomique que sur le plan microéconomique qui n’est pas l’objet de ce présent mémoire.
(2)
En assurance, le cycle d’exploitation est inversé. En effet la rémunération précède la prestation. Le coût exact de
la prestation ne sera connu qu’à terme.

PREMIERE PARTIE 32
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Nous proposons de résumer, dans le tableau suivant les effets des périodes d’inflation et
de désinflation sur l’activité bancaire et assurantielle, qui ne représentent en fait que leur
sensibilité complémentaire au taux d’intérêt.
Tableau 3 : Impact des périodes d'inflation et de désinflation sur la banque et la
société d'assurance.

Périodes d’inflation Périodes de désinflation


FAVORABLE DEFAVORABLE
Effets sur la banque • Diminution de la valeur • Hausse de la valeur relative
relative des annuités de des annuités de
remboursement. remboursement.
• Croissance de l’activité • Stagnation de l’activité
Crédit. crédit.

DEFAVORABLE FAVORABLE
Effets sur la compagnie • Diminution du chiffre • La hausse de la valeur du
d’assurance d’affaires de l’assurance portefeuille obligataire due
vie. à la baisse des taux
• Le rachat des contrats d’intérêts.
d’assurance vie. • La valeur relative des
• La hausse de la valeur indemnisations de la
nominale des branche dommage diminue.
indemnisations de la
branche dommage.

Aussi, la collaboration entre la banque et la compagnie d’assurance dans le financement


des investissements importants et risqués permet de diversifier les risques entre plusieurs
assureurs, en faisant appel aux techniques de réassurance qui sont dûment maîtrisées par la
compagnie d’assurance.

Décidément, l’activité bancaire et assurantielle dissimulent plusieurs éléments


complémentaires et le rapprochement des deux métiers permettra une réelle diversification pour
les deux entités. C’est ainsi que Jean Pierre Daniel, considère la bancassurance comme étant la
première expérience réussie de diversification des banques (1).
La proximité des deux métiers a assuré la réussite de plusieurs stratégies de
diversification de type bancassurance ce qui a démontré qu’une institution aussi traditionnelle
que la banque peut, en quelques années, s’ouvrir suffisamment pour développer un autre métier.

(1)
DANIEL Jean-Pierre, Les enjeux de la bancassurance, Ed De Verneuil, Paris, 1995, p.128.

PREMIERE PARTIE 33
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

I.4. Le renforcement des fonds propres


La plupart des stratégies de bancassurance passent, si ce n’est pas par une création d’une
filiale ou une acquisition d’une compagnie d’assurance existante, par des prises de participations
croisées entre une banque et une société d’assurance(1). Ces investissements en capital produisent
des effets de levier très importants qui confèrent aux deux entités une plus grande capacité
d’élargir leurs activités.
Supposons que dans le cadre d’une stratégie bancassurance, une banque et une
compagnie d’assurance procèdent à des participations croisées de 800 millions d’euros. Cette
opération permet à la banque d’augmenter ses engagements de 10 milliards d’euros et à la
compagnie d’assurance de faire souscrire de nouveaux contrats d’assurance vie pour un montant
total de 20 milliards d’euros alors que l’apport réel en capitaux des deux institutions est nul, car
les entrées et les sorties de fonds pour chacune sont égales.
L’exemple montre clairement que, sans aucun apport de nouveaux capitaux, les deux
institutions peuvent réaliser des effets de levier très importants et accroître ainsi leur niveau
d’activité, même si, l’exemple est simplificateur et n’entre pas dans le détail des exigences de
solvabilités respectives aux deux institutions. La banque est tenue, en effet, de respecter
plusieurs règles prudentielles et plusieurs ratios dont le ratio Cook qui l’oblige à détenir des
fonds propres égales au moins à 8% de ses engagements pondérés selon les risques.
Cependant, cette double utilisation des fonds propres pour garantir avec les mêmes
capitaux une partie de l’activité bancaire et une autre de l’activité d’assurance n’est pas sans
risques pour le niveau de solvabilité global et peut même être un canal de transmission de risques
systémiques en cas de défaillance de l’une des parties. D’où la nécessité de prévoir de nouvelles
règles de surveillance des groupes de bancassurance(2).
II. Les limites et les effets pervers de la bancassurance pour les banques
Malgré ce qu’a été développé dans le point précédent en termes d’apports de la
bancassurance aux banques, certains inconvénients et limites existent.
II.1. La cannibalisation des produits bancaires
Certains produits d’assurance peuvent se développer au détriment des produits bancaires
de base. Décidément, il peut y avoir un transfert des fonds déposés chez la banque dans les
diverses catégories de comptes vers la compagnie d’assurance partenaire pour l’acquisition
surtout des produits d’assurance vie.
Ainsi les contrats d’assurance vie peuvent être achetés en utilisant les fonds détenus dans
un compte à vue auprès de la banque. Certes, l’épargne serait moins volatile puisque les produits
d’assurance vie sont généralement à long terme, mais elle ne figurera plus dans la comptabilité
de la banque; ce qui provoquera, stricto facto, la diminution des capitaux gérés par cette dernière.

(1)
Voir Supra, Les formes et stratégies de rapprochement dans la bancassurance, p. 9.
(2)
Le ratio Cook prend, en partie, en considération ces aspects.

PREMIERE PARTIE 34
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

«De nombreux dirigeants considèrent que si 70% des sommes investies en assurance vie
dans une filiale proviennent d’avoirs antérieurs détenus par la banque-mère, 30% proviennent
d’autres sources(1)».
La situation serait plus délicate si une partie des intéressements des responsables et du
personnel des agences est liée aux capitaux gérés. En effet, ce transfert leur causera un manque à
gagner considérable qu’ils seront tentés de récupérer en délaissant l’activité assurance de la
banque. Cette non-adhésion du personnel à la politique commerciale de la banque en matière de
bancassurance peut être fatale aussi bien pour la banque que pour la filiale assurance.
La cannibalisation est bien réelle. Mais la bancassurance est tellement entrée dans les
mœurs qu’il serait suicidaire pour une banque de délaisser la distribution des produits
d’assurance, aux risques de perdre une grande partie de la clientèle qui se retournera vers
d’autres bancassureurs pour satisfaire leurs besoins.

II.2. Les risques sur l’image de la banque


Les banques jouissent d’une bonne image de marque auprès de la clientèle, acquise grâce
à la relation de proximité entretenue par les chargés de clientèle qui fournissent quotidiennement
divers services aux clients à leur charge, allant du simple retrait jusqu’aux crédits immobiliers
les plus importants.
Les banques, soucieuses de la nécessité de sauvegarder leur image et conscientes des
coûts très élevés en matière de dépenses marketing, nécessaires pour acquérir une nouvelle
clientèle déjà bancarisée ; encourent le risque de dégradation de leur réputation, notamment à
cause des mauvais règlements des sinistres liés aux contrats d’assurance automobile et IARD.
Car il est communément admis, à tort ou à juste titre, que les assureurs font tout pour éviter ou
éloigner le règlement d’un sinistre dont les effets sont préjudiciables pour la banque. En effet, le
client considère que le contrat a été acheté chez son banquier, et en cas de problèmes, il se
retourne directement contre ce dernier pour exiger de lui le règlement. Et comme le règlement
des sinistres est généralement le ressort de la compagnie d’assurance ; le banquier, habitué à
prendre part à côté du client, ne pourra rien faire pour sauver la mise. Il court ainsi un risque réel
de perdre un bon client pour peut être une légère négligence de sa part dans le maintien des
mesures antivols de l’habitation objet d’un contrat d’assurance multirisques habitation.
Les risques sont réels et les banques sont conscientes des enjeux. Elles ont agi, à juste
titre d’ailleurs, en mettant en place divers moyens de règlement des sinistres (call centers,...)
pour remédier aux carences existantes.
II.3. La formation du personnel
Le niveau de connaissances nécessaire pour le personnel banquier pour vendre les
produits d’assurance devient de plus en plus élevé avec la complexité et la sophistication des
produits. Les produits d'assurance vie à dominante financière sont très proches du domaine
bancaire et leur appropriation par les banquiers était très rapide.
(1)
DANIEL Jean-Pierre, Les enjeux de la bancassurance, Ed De Verneuil, Paris, 1995, p.133.

PREMIERE PARTIE 35
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Mais les autres produits et surtout les contrats IARD nécessitent une très bonne
connaissance du métier de l’assurance et une compétence technique de pointe afin de donner des
conseils personnalisés sur des produits complexes. Par voie de conséquence, ils nécessitent des
investissements importants en formation dont l’amortissement peut s’étaler sur plusieurs années
ce qui pourrait alourdir, dans un premier temps, les charges et affecter la rentabilité de la banque.
Les autorités de contrôle et de surveillance de l’activité assurantielle subordonnent
l’autorisation de distribuer des produits d’assurance à l’obtention d’une carte professionnelle
attestant du niveau de connaissances de son détenteur en matière d’assurance. Ainsi le personnel
est astreint à suivre un stage de formation approprié dont la durée varie d’un pays à un autre (pas
moins de 150 heures en France), durant laquelle il est formellement interdit au stagiaire de
présenter seul ou en son nom propre des contrats d’assurance. Un contrôle de connaissances est
prévu à la fin de la période de formation pour obtenir enfin l’habilitation de présenter des
produits d'assurance.
De même, des investissements sur le plan logistique sont indispensables. La connexion
des deux systèmes d’information est indispensable pour permettra une saisie parallèle des
opérations chez les deux partenaires. Cependant, cette opération peut s'avérer très coûteuse si le
système d’information de la compagnie d’assurance n'est pas performant
L’intérêt des banques à bien former leur personnel dépasse le simple respect de la
réglementation. En effet, d’une part, la qualité de leurs prestations dépend largement de la qualité
de leur réseau de distribution et, d’autre part, un personnel bien formé commet moins d’erreurs
qu’un personnel mal formé et peut éviter de tomber dans certains pièges.
Les charges et les exigences de formation constituent, incontestablement, l’un des
obstacles majeurs au développement de la bancassurance et notamment dans le domaine des
produits IARD.
II.4. La divergence de cultures commerciales
Les banquiers et les assureurs travaillent différemment et leur approche Client n’est pas
toujours identique.
En terme d’approche marketing, les compagnies d’assurance adoptent une approche
Produit alors que les banques adoptent une approche Client. Ce qui confirme la formule
consacrée, l’assurance vie se vend, alors que les produits bancaires ainsi que ceux de l’IARD
s’achètent.
Les banques ont une préférence pour la clientèle de jeunes, pariant ainsi sur sa fidélité.
Mais, cette dernière n’est pas attirée par les produits d’assurance vie et souffre surtout d’un taux
de sinistralité très élevé en assurance automobile pour constituer une cible des assureurs.
Aussi, la préférence des banques pour la clientèle haute gamme très fortunée n’est pas
toujours la bienvenue chez les assureurs car généralement l’importance du patrimoine peut
constituer une source d’aggravation du risque pour l’assureur. Assez souvent, les bons clients et
le segment de la clientèle privilégié de la banque peuvent être de mauvais assurés, ce qui peut
causer des problèmes de sélection de clientèle.

PREMIERE PARTIE 36
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Cette divergence de culture apparaît aussi dans le mode de rémunérations. En effet, les
assureurs ont tendance à rémunérer le réseau de distribution par un système de
commissionnement et d’intéressement sur les affaires réalisées ce qui stimule le personnel.
A l’opposé, les commerciaux bancaires perçoivent des intéressements modestes par des
Primes Objectif. Le changement du système de rémunération de la banque s’avère une tâche
difficile, voire risquée car elle fera perdre à la banque son avantage comparatif procuré par ses
coûts de distribution réduits.
Malgré ces inconvénients les banques n'ont pas hésité à investir le marché de l'assurance, ce qui
nous laisse penser que les avantages dépassent de loin lesdits inconvénients.

DEUXIEME SECTION : LES ENJEUX DE LA BANCASSURANCE


POUR LES COMPAGNIES D'ASSURANCE.
La bancassurance endigue plusieurs avantages pour les compagnies d’assurance sans qu’elle en
soit démunie de certains inconvénients. Nous tenterons, ci-après, de dresser les apports de la
bancassurance et ses limites pour les compagnies d’assurance.
I. L’apport de la bancassurance pour les compagnies d’assurance
Les apports de la bancassurance peuvent être résumés en ce qui suit :
I.1. L’accès à une large clientèle
La bancassurance procure à la compagnie d’assurance, filiale ou partenaire de la banque,
un accès direct à une clientèle plus large dont la fréquence des visites aux guichets bancaires
dépasse de loin celle des agences d’assurance, ce qui augmente les chances de souscription de
nouveaux contrats d’assurance.
Les produits d'assurance disponibles aux guichets de la banque bénéficient du label de la
banque et de son image de marque ce qui pourrait faciliter leur vente ; car les clients ont
tendance à penser que le produit d’assurance acquis est aussi un produit de sa banque dans la
mesure où il a été acquis auprès de son guichetier, à qui il fait totalement confiance.
L’assureur pourra aussi prendre connaissance des bases de données clientèle des banques.
Ainsi, les coûts de l’information seront réduits et l’appréciation du risque sera meilleure.
Le banquier qui connaît le mieux ses clients est plus apte à leur proposer les produits
d’assurance qui leur conviennent le mieux au moment voulu. Dès lors, la compagnie d’assurance
verra son chiffre d’affaires augmenter et sa rentabilité améliorer.
I.2. Une meilleure appréciation des risques
Les bases de données clientèle des banques sont d’une très grande importance pour la
compagnie d’assurance, car elles lui permettront une meilleure connaissance des clients et en
l'occurrence une meilleure appréciation du risque assuré.
La bonne connaissance de la situation tant financière que personnelle de la clientèle
permet la prévention de certains risques. En effet, les entreprises en mauvaise situation financière
sont généralement plus sujettes à certains sinistres, notamment aux incendies. Car les difficultés

PREMIERE PARTIE 37
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

financières obligent ces entreprises à réduire, voire à sacrifier, les dépenses relatives à la
prévention et à la maintenance ce qui constitue une source d’aggravation des risques. Ces
entreprises sont parfois tentées de frauder l’assureur en lui faisant payer des indemnités sur des
risques non assurés (et non assurables), notamment les incendies volontaires par lesquels
l’entreprise tente de récupérer l’indemnité de l’assurance faute de pouvoir dégager des résultats
positifs.
Nous pouvons aussi prendre l’exemple d’un client dont les ressources sont très modestes
qui demande de souscrire une garantie décès très importante. Ce comportement suspect du client
ne pourra être détecté sans la bonne connaissance de la surface financière du client.
Ces cas peuvent être réduits considérablement grâce aux informations fournies par la
banque.
I.3. Le renforcement des fonds propres
Les investissements en capital de la banque dans la compagnie d’assurance filiale ou
partenaire produisent un effet de levier très important qui procure à la compagnie d’assurance
une capacité de développement énorme de ses activités.
En dehors de l’effet de levier que procure la prise de participation croisée, la banque peut
aider sensiblement la compagnie d’assurance durant les périodes de forte croissance par divers
moyens et notamment par la souscription des Titres Subordonnés à Durée Indéterminée qui sont
des quasi-fonds propres fonctionnant comme des obligations, à l’instar de Ecureuil-Vie qui a
procédé à ce genre de souscription en 1993 pour un montant dépassant les 800 millions de francs
français.
De son côté, le Crédit Lyonnais a fait augmenter les fonds propres de sa filiale de 250
millions de francs français en l’introduisant au Second Marché.

I.4. L’amélioration de la rentabilité


La compagnie d’assurance impliquée dans la bancassurance verra sa rentabilité
s'améliorer ; grâce à l’augmentation de son volume d’activité et la baisse des coûts de
distribution, comme conséquence directe de l’utilisation du réseau de distribution bancaire.
La bonne sélection des risques, examinée en haut, contribue aussi à l’amélioration de la
rentabilité.
II. Les limites et les inconvénients de la bancassurance pour les
compagnies d'assurance

II.1. Le transfert du centre de décision


Toutes les compagnies d’assurance qui travaillent avec le réseau de distribution bancaire
dans le cadre de la bancassurance se plient aux exigences des banques. Ainsi, il y a une forte
dominance du mode de distribution sur le fabricant. La compagnie d’assurance est tenue de
fabriquer des produits selon les exigences et selon les critères arrêtés par son banquier
distributeur.

PREMIERE PARTIE 38
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

La suprématie de la banque est beaucoup plus grande si la compagnie d’assurance est sa


filiale. Décidément, la filiale est tenue d’intégrer complètement la culture de sa maison mère et
d’adopter la stratégie de cette dernière. La filiale se dessoude petit à petit dans le groupe et perd
tout pouvoir décisionnel. C’est ainsi que Prédica a vu son chiffre d’affaires passer de 21,6 à 13,2
milliards de francs à cause d’un choix stratégique de sa maison mère (le Crédit Agricole) qui a
décidé de ne pas promouvoir le PEP Assurance suite au lancement du PEP (Plan Epargne
Populaire ) en 1990. Cette décision a été un coup dur pour Prédicat qui a plongé dans une
période de crise.
Indubitablement, l’activité de la compagnie d’assurance dépend largement de la politique
de la maison mère, sa dépendance serait totale si le réseau bancaire était son seul canal de
distribution et en cas de rupture avec celui-ci, la compagnie d’assurance perdrait son seul accès
au marché car elle n’a pas de clients mais des assurés!.
II.2. Le traitement des sinistres et la sélection des risques
La différence de cultures commerciales dans la banque et la société d’assurance déjà
développée précédemment peut conduire, d’un côté à une mauvaise sélection des risques
notamment en IARD. En effet, le meilleur des clients de la banque, étant en possession d’une
puissante voiture de sport et étant un adepte de la vitesse présente un très mauvais risque en
Assurance Automobile et le banquier ne pourra pas refuser de l’assurer ; de plus, il va même
chercher à lui offrir le meilleur des tarifs.
D’un autre côté, lors de la survenance de sinistres, le banquier a tendance à défendre son
client et essaie toujours de faire payer l’assureur pour éviter des conflits avec son client. Et si le
problème persiste, le banquier déclinera toute responsabilité à l’égard de la tournure qu’ont pris
les choses et n’hésitera pas à mettre tout sur le dos de l’assureur.
II.3. Le secret bancaire
Dans le cadre de la bancassurance, la communication des informations sur la clientèle des
banques à la compagnie d’assurance, qu'elle soit filiale ou partenaire de la banque, n’est pas
compatible avec les exigences de secret bancaire. En effet, la banque doit avoir l’accord et le
consentement de son client pour pouvoir communiquer des informations le concernant à des
tiers.
De même, les fichiers informatiques contenant des informations nominatives ne peuvent
être cédés à des tiers, quelque soit leur nature, sans avoir eu, d’une part, l’accord de l’organisme
de contrôle compétant à l’exemple du CNIL (le Conseil National de l’Information et des
Libertés) en France et celui des personnes concernées. D’autre part, ces dernières, ont un pouvoir
de contrôle et de refus de transmission.
Le non respect de ces dispositions est susceptible de sanctions pénales.
Néanmoins, certaines législations, à l’instar de la législation française, autorisent les
banques à communiquer des informations d’ordre général sur la situation financière de leurs
clients.

PREMIERE PARTIE 39
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Jusqu’à ce jour, aucune banque n’est mise en accusation pour non respect du secret
professionnel lié aux opérations de bancassurance.
Décidément, les compagnies d'assurance ont vite adhéré à la bancassurance par conviction ou par
obligation, faute de quoi leur pérennité est fortement menacée.

TROISIEME SECTION : LES ENJEUX DE LA BANCASSURANCE


POUR LES CLIENTS.
La bancassurance n’aurait pas eu autant de succès si elle n’avait pas augmenté le niveau d’utilité
des consommateurs qui, en tant qu’agents économiques rationnels, cherchent à maximiser leur utilité.
Ainsi, les produits d’assurance vendus par les bancassureurs devraient être meilleurs que ceux vendus par
les assureurs traditionnels.
Les apports de la bancassurance peuvent être résumés en deux principaux points :
- une amélioration de la qualité des prestations.
- une meilleure rentabilité des placements.
I. L’amélioration de la qualité des prestations
Sous l’angle de l’amélioration de la qualité des prestations envers les clients, nous
pouvons citer :
I.1. La commodité d’accès
Le fait de pouvoir acquérir les divers produits d'assurance auprès de son guichetier
d’habitude constitue un avantage en terme de facilité d’accès, et une économie de temps et
d’énergie, même si l'on n'est pas dans le domaine des achats répétitifs des produits de
consommation courants. La multiplication des risques de la vie courante poussera les agents
économiques, entreprises et ménages, à se rendre davantage chez leur banquier assureur et les
gains de temps et d’énergie seront de plus en plus importants surtout dans les régions lointaines
où la chance de trouver une banque ou un bureau de poste est plus forte que celle de trouver un
assureur.
En plus, le client n’aura à parler de ses problèmes de placement ou de santé qu’avec son
guichetier habituel qui, d’ailleurs, connaît très bien sa situation et saura évoquer, au moment
voulu, tous ces problèmes pour le conseiller au mieux.
I.2. La simplicité et la lisibilité des produits
Avant l’ère de la bancassurance, les assureurs traditionnels distribuaient les fameuses
Mixtes où le client reçoit au terme du contrat un capital s’il est vivant, et s'il décède avant le
terme, ses héritiers ou les bénéficiaires désignés recevront un capital en principe équivalent.
L’assuré ne pouvait savoir ni la part de la prime versée affectée pour couvrir l’un ou l’autre
risque ni le montant réellement investi de son épargne.
Ce type de contrat, dont domine la composante assurance, était écrit avec des caractères
très petits, à peine lisibles, et était d’une opacité et d’une confusion dans les esprits des clients et

PREMIERE PARTIE 40
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

même du personnel banquier que les équipes marketing des banques ont vite compris que les
mixtes sont à rayer de la liste de leurs produits.
Les bancassureurs ont préféré séparer entre le volet épargne et le volet prévoyance pour
avoir plus de clarté. Ils ont ainsi distribué des capitaux différés dont la composante assurance
passe presque inaperçue et se réduit à la contre-assurance associée.
La simplicité et la clarté étaient de rigueur : les contrats d'assurance étaient très lisibles
voire plus lisibles que les contrats sur les produits bancaires traditionnels, aussi paradoxal que
soit-il ; les chargements appliqués sont mis à la disposition de la clientèle qui peut à tout moment
identifier la part de son épargne réellement investie.
I.3. L’amélioration de l’offre
La bancassurance a permis d’améliorer la qualité de l’offre tant sur le plan qualitatif que
sur le plan quantitatif.
Sur le plan quantitatif, les bancassureurs ont contribué à étoffer la gamme des produits
offerts notamment en produits d’assurance vie à dominante financière. Ainsi, le client pouvait
trouver des produits de sur-mesure qui conviennent parfaitement à sa situation et à ses attentes
personnelles.
Sur le plan qualitatif, comme il a été déjà souligné dans le point précédent, la qualité des
produits s’est substantiellement améliorée avec des produits plus simples et plus lisibles. De
même, l’innovation des bancassureurs a donné aux clients la possibilité d’avoir une meilleure
offre avec des contrats d’assurance vie à versement libre permettant à l’assuré d’avoir une
certaine souplesse face à ses difficultés financières. De plus, certains contrats prévoyaient des
participations substantielles aux bénéfices et des possibilités de rachat, à tout moment, sans pour
autant subir des pertes substantielles sur l’épargne investie, à l’exception de celle liée à la
fiscalité.
Les bancassureurs ont associé à leurs nouveaux produits IARD plusieurs prestations
complémentaires, allant de la prise en charge de certaines annuités de remboursement du crédit
octroyé pour l’acquisition du bien objet du contrat d’assurance (voiture, habitation,...) jusqu’à
des garanties concernant le déménagement et le prêt d’une voiture pendant la période de
réparation du véhicule objet du contrat, suite à la survenance d’un événement couvert par le
contrat d’assurance.
I.4. L’amélioration du service après vente
Les équipes marketing ont voulu que les produits d’assurance de leur banque soient
meilleurs et plus appréciés par la clientèle que ceux des assureurs traditionnels, or cela nécessite
d’être proche des préoccupations du client et de mieux savoir répondre à ses attentes. Le service
après vente des assureurs traditionnels notamment dans la branche IARD ne répondait pas
vraiment aux attentes des assurés qui attendent de leur assureur une indemnisation rapide
permettant de retrouver la situation avant sinistre.

PREMIERE PARTIE 41
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

C'est ainsi que les bancassureurs, en répondant aux attentes de leur client, ont mis en
place des plates-formes pour le règlement des sinistres à l’exemple des plates-formes
téléphoniques (Call Centers) mises en place pour le règlement des sinistres automobiles.
Le mécanisme est simple, lors de la souscription d’un contrat d’assurance automobile, un
numéro vert est remis au client, auquel il devrait appeler en cas de sinistre, pour demander le
règlement. Selon Mr Jean Pierre Daniel(1) :
« 90% des sinistres Automobile sont réglés par les Call Centers et les
indemnisations sont versées au client avant même le règlement de la facture de réparation du
garagiste. Les clients aussi bien que les banquiers sont satisfaits de la qualité du service rendu et
les cas de fraudes sont très rares ».
Les banques qui ont mis en place un Call Center arrivent ainsi à régler 90% des sinistres
sans avoir un contact physique avec le client, les 10% qui restent sont généralement des cas très
complexes que la voie téléphonique ne peut pas prendre en charge, dès lors ils sont pris en
charges par des spécialistes.
Les assureurs traditionnels n’ont pas hésité à imiter les bancassureurs dans leurs attitudes
face aux sinistres ce qui a conduit, globalement, à une amélioration nette de la qualité des
prestations.
II. Une meilleure rentabilité des placements
Si les banques n’ont pas hésité à afficher les tarifs et les chargements de leurs produits
d’assurance, c’est qu’elles ont, quelque part, des tarifs concurrentiels voire inférieurs à ceux des
assureurs traditionnels.
Les banques ont appliqué aux produits d’assurance un coût de distribution marginal car
leur réseau de distribution était déjà rémunéré pour les opérations traditionnelles qu’il effectue.
Cette facturation au coût marginal était vivement critiquée par les assureurs traditionnels
qui la considéraient comme une sorte de concurrence déloyale dans la mesure où ils ont un
réseau de distribution dédié à la distribution des seuls produits d’assurance pour lesquels
l’application d'une rémunération au coût marginal serait impossible. De leur côté, les banquiers
déclarent qu’ils répercutent l’intégralité des coûts sur les produits y compris le coût des
infrastructures. Néanmoins, macro-économiquement parlant, la vente au coût marginal constitue
l’essence même de la diversification de l’offre sans laquelle la bancassurance n’aura pas de
raison d’existence.
La vente au coût marginal ne constitue pas seule la cause de cette différence de tarifs. En
effet, les banques, du moins en France, ont aboli la pratique des commissions escomptées(2) ;
pratique largement répondue chez les assureurs traditionnels et qui gravait lourdement la
rentabilité de leurs produits notamment les mixtes.

(1)
DANIEL Jean-Pierre, Séminaire sur La Bancassurance, Ecole Supérieure de Banque, Alger, 15 et 16 Avril 2003.
(2)
Les commissions escomptées est un mode de rémunération du vendeur qui consiste à faire payer par anticipation
à l’assuré un certain nombre de commissions qu’il est censé payer annuellement durant toute la durée du contrat.
Pratiquement, elles se traduisent par l’affectation d’une grande proportion des primes initiales à la rémunération du
commercial qui a vendu le contrat ; ce qui réduit sensiblement la valeur de l’épargne investie.

PREMIERE PARTIE 42
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

Ce mécanisme est très pénalisant pour l’assuré si, au bout de quelques années, il souhaite
interrompre le contrat. Les commissions anticipées, payées sur la durée de vie théorique du
contrat resteront acquises à la compagnie d’assurance. Ainsi, l’assuré ne pourra même pas
récupérer sa mise initiale et aura l’impression que son épargne a été injustement amputée.
Les banques ont bien tiré la leçon, elles ont adopté un système de rémunération
transparent qui consiste à prélever régulièrement une multiplicité de petites commissions à titre
de rémunération.
L’une des clés de succès des bancassureurs réside peut-être dans ce mode de
rémunération simple, transparent et compréhensible par le client. Car, il est plus facile
d’expliquer à un assuré que 5% de ses versements seront prélevés à titre de rémunération du
réseau de distribution, que de lui dire que la moitié de sa première prime était absorbée par les
commissions des intermédiaires. Même si ex-post, et dans un contexte favorable, les deux
mécanismes pourraient s’avérer équivalents.

Manifestement, l’amélioration de la rentabilité des placements en produits d'assurance est


bien réelle et déjà en 1993, les chargements de toutes les sociétés vie confondues étaient de
l’ordre de 11% des primes alors qu’ils étaient de 30% en 1980. Cette amélioration nette de la
rentabilité, vécue en France, va encore continuer pendant toute la période de montée en cadence
de la bancassurance.

La branche IARD a aussi connu divers bouleversements, et des améliorations tant sur le
plan qualitatif que quantitatif. La pression sur les prix était telle, que la rentabilité de la
compagnie d’assurance se trouve sérieusement menacée notamment en assurance automobile.
Cependant, les commissions escomptées sont restées pratique courante dans le marché
britannique, pratiquée surtout par les Building Societies dans les contrats « Endowment
mortgage » sur les crédits hypothécaires qui ne sont rien d’autre qu’une mixte garantissant le
remboursement in fine du crédit objet du contrat. Cet escompte de commissions peut s’avérer
très pénalisante pour l’emprunteur s'il décide d’interrompre son contrat.
Les Building Societies subordonnent encore l’obtention du crédit à la souscription de
cette mixte malgré les vives critiques des organisations de défense de consommateurs qui
considèrent cette pratique comme étant abusive.
Les inclusions d’office et les ventes subordonnées constituent les seuls points sur lesquels
les clients pourraient émettre des réserves.

La prestation des bancassureurs est globalement bonne, voire meilleure que celle des assureurs
traditionnels ; et la présence des collaborateurs assureurs au niveau des guichets bancaires comble
largement les éventuelles lacunes des guichetiers en matière d’assurance. Ainsi, nous pouvons affirmer
que le consommateur est le principal gagnant dans l'opération.

PREMIERE PARTIE 43
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

QUATRIEME SECTION : LES ENJEUX MACROECONOMIQUES DE LA


BANCASSURANCE.
L’utilité économique de la bancassurance doit être dûment prouvée pour qu’elle soit autorisée
partout dans le monde, même si certains inconvénients subsistent encore.
I. Les apports macroéconomiques de la bancassurance
Ces apports peuvent être explicités en les points suivants :
I.1. Le développement du marché de l’assurance vie
Les produits d’assurance vie existaient bien avant l’avènement de la bancassurance mais
les assureurs traditionnels n’ont pas pu réaliser de bons résultats et les taux de pénétration
étaient très faibles dans la plupart des pays européens, à l’exception du Royaume Uni grâce au
système de retraite en vigueur(1).
L’implication des banques dans la distribution des produits d’assurance vie a permis de
les vulgariser et de les banaliser auprès de la clientèle qui, auparavant, voyait en l’assurance vie
un sujet tabou voire contraire aux bonnes mœurs.
Décidément, la théorie classique qui stipule : « l’offre crée sa propre demande » est bel et
bien vérifiée pour les produits d’assurance vie. En effet, les bancassureurs ont créé des produits
d’assurance vie pour lesquels la demande était quasi inexistante. Celle-ci, a pu être créée grâce,
d’une part, à la valeur intrinsèque des produits eux-mêmes et à la qualité du réseau de
distribution bancaire d’autre part.
Les banques ont créé un vrai marché de l’assurance vie, inexistant avant, de moins en
France, dans lequel elles ont pris les plus grandes parts.
Contrairement à ce que certains pensent, les banques n’ont pas pris des parts de marché
aux assureurs traditionnels mais, au contraire, elles ont créé une réelle demande pour leurs
produits, et donc un vrai marché d'assurance vie. En effet, pendant la période de forte
progression de la bancassurance, les assureurs traditionnels voyaient leur chiffre d’affaires
augmenter, ce qui exclue l’hypothèse de démarchage des clients par les bancassureurs, mais avec
une stagnation voire une baisse de leur part de marché car l’augmentation de leur chiffre
d’affaires était beaucoup moins proportionnelle à celle des bancassureurs, qui ont multiplié leur
chiffre d’affaires par 10 en 10 ans.
Ainsi, le développement actuel de l’assurance vie dans la plupart des pays européens est
le mérite des bancassureurs seuls.
Sur le plan macroéconomique, les produits d’assurance vie sont des produits d’épargne à
long terme qui constituent une source de financement très stable pour les agents économiques
ayant un besoin en ressources longues, ils peuvent constituer un moyen de financer les déficits
de l’Etat.

(1)
Au Royaume Uni, à l’instar des pays anglo-saxons, la retraite se fait par un système de capitalisation où chacun
cotise pour soi-même.

PREMIERE PARTIE 44
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

I.2. Remédier aux défaillances du système de retraite


La plupart des sociétés européennes subissent le phénomène de vieillissement de la
population caractérisé par une baisse des taux de natalité, une baisse de la population active et
une hausse de l’espérance de vie. Cette situation constitue un danger grave pour le système de
retraite par répartition(1). En effet, vu la hausse du niveau des départs en retraite, les cotisations
de la population active ne peuvent plus permettre le paiement de la totalité des retraites.
Les Etats interviennent régulièrement pour financer les déficits permanents des caisses de
retraite, mais la part du PIB consacrée aux dépenses publiques de retraite va fortement
augmenter pour devenir insoutenable en 2050 dans la plupart des pays de l’OCDE, comme le
montre le graphique ci-après :

Graphique 2 : La part du PIB consacrée aux dépenses publiques de retraite

30%

25%

20%

15%
1995
10% 2050

5%

0%
France Allemagne Italie Japon USA Canada Royaume
Uni

Source : Sigma, Swiss Re.

Les déséquilibres structurels et continus des Caisses de Retraite et l’insoutenabilité du


niveau des dépenses publiques pour le financement des retraites (Cf. graphique ci-dessus ) ont
poussé les Gouvernements de certains pays, comme la France, à faire des réformes structurelles
pour sauver le système de retraite par répartition.
La bancassurance peut apporter une solution à ces problèmes. D’ailleurs, elle a déjà
commencé à le faire en développant les divers produits d’assurance vie pour avoir un
complément retraite, à l’image des contrats de capitaux différés qui permettent à l’assuré de
préparer sa retraite.
Ainsi, les bancassureurs peuvent contribuer substantiellement au développement d’un
système de retraite par capitalisation en parallèle avec le système par répartition afin de
maintenir un niveau de retraite constant.

(1)
Dans le système de retraite par répartition, les retraites sont payées par les cotisations des personnes actives.

PREMIERE PARTIE 45
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

I.3. Le maintien de l’emploi


La bancassurance a permis de mieux rentabiliser l’utilisation des ressources humaines de
la banque en les faisant vendre les produits d’assurance et même en transférant le surplus de
personnel vers la filiale ou le partenaire assurance, ce qui a permis de limiter sensiblement les
licenciements dans un secteur bancaire où le besoin en personnel devenait de moins en moins
important avec l’informatisation et l’automatisation des procédures (DAB,…).
De même, le développent d’un service financier global peut s’avérer le seul moyen de
maintenir un réseau de proximité dans le milieu rural ; et les banques, avec leur expérience dans
la distribution des produits d’assurance, peuvent paraître les mieux placées pour bien assumer ce
rôle. A défaut, les guichets non rentables des zones rurales risquent d’être fermés, causant ainsi
et des pertes d’emplois, et des pertes d’un service de proximité pour la population locale ;
composée, généralement, de personnes âgées nécessitant plus que les autres ce service de
proximité.

I.4. Une meilleure efficience


L’implication des banques dans le marché de l’assurance a permis d’aviver la
concurrence, ce qui a amené les divers intervenants à rechercher une meilleure maîtrise des coûts
et une exploitation des avantages comparatifs de tout un chacun. Ce qui se traduit sur le plan
macroéconomique par l’augmentation du niveau d’utilité global due à une meilleure allocation
des ressources.

Ainsi, les banques et les sociétés d'assurance pourront bien jouer leur rôle et assurer la
répartition dans le temps de l’utilité de l’argent des assurés.
II. Les inconvénients
II.1.Les effets sur le niveau de solvabilité
La constitution de groupes et de conglomérats financiers dans le cadre d’une stratégie
bancassurance conduit à un renforcement fictif des fonds propres des entités appartenant au
groupe ou au conglomérat financier.
Les fonds propres constituent un gage de solvabilité pour les créanciers. Les prises de
participations croisées entre banques et compagnies d’assurance leur permettent d’effectuer une
double utilisation des fonds propres dans le sens où le même capital va servir de garantie, pour
les opérations bancaires et les opérations d’assurance à la fois. Ceci, diminue sensiblement la
surface financière réelle des parties et en l’occurrence leur solvabilité.
Cette situation est très préjudiciable, notamment dans un environnement économique
instable. Une aggravation des risques assurés conjuguée avec une dégradation du portefeuille
crédit de la banque peut mettre les deux entités dans l’impossibilité de faire face à leurs
engagements et même aller jusqu’à la faillite du groupe.

PREMIERE PARTIE 46
DEUXIEME CHAPITRE : Les enjeux de la bancassurance.

II.2. L’aléa moral


Les liens capitalistiques et les relations d’affaires entre la banque et sa filiale assurance
peuvent conduire à des comportements psychologiques loin de la déontologique et l’orthodoxie
bancaire et assurantielle. La banque sera tentée de prendre plus d’engagements et plus de risques
qu’il n'en faut, en comptant sur l’aide et le soutien de sa filiale. Plus grave encore, la filiale
assurance fera autant ; elle essayera de développer ses activités en négligeant les normes et ratios
de solvabilité et en comptant sur l’aide de la maison mère. Il apparaît clairement que cette
situation est très risquée et peut enfoncer les deux entités dans une situation de crise
interminable.
L’aléa moral peut même atteindre les hauts dirigeants du groupe. Ainsi les hauts
responsables vont se dire que leur groupe est très important sur le marché et en cas de problème
l’Etat ne va pas les laisser tomber, il va intervenir pour les aider à sortir de leur difficulté
advienne que pourra. Cet état d’esprit va les pousser à négliger les règles prudentielles et les
ratios de solvabilité propres à chaque métier.
Les autorités de contrôle respectives doivent suivre de près les groupes bancassurance
afin d’éviter toute dégradation de leur niveau de solvabilité.

II.3. Restreindre la concurrence


Les Pouvoirs Publics cherchent toujours à développer la concurrence et luttent contre la
constitution de monopoles qui fausseraient les jeux de la concurrence. Les synergies actuelles et
les mouvements de concentration dans la sphère des services financiers peuvent aboutir à long
terme à une situation quasi monopolistique avec quelques groupes géants qui vont se partager le
marché.

En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que la pratique de la bancassurance a prouvé son
utilité et que désormais, nul ne pourrait remettre en cause l’opportunité de ce choix. Néanmoins, la
bancassurance n’est pas un concept figé, il doit être adapté aux réalités et aux spécificités de chaque pays
pour que les résultats escomptés soient atteints. Décidément, les enjeux sont bien réels, mais il reste aux
intervenants sur le marché à les exploiter à bon escient dans le respect de la déontologie de chaque
métier.
Mais, a priori, l'environnement dans lequel baignent les bancassureurs occidentaux est différent de
l'environnement national dans lequel les banques et les compagnies d'assurance sont appelées à se
développer. A cet effet, les enjeux de la bancassurance peuvent s'avérer différents et les motivations
pourraient être opposées.

PREMIERE PARTIE 47
PREMIERE PARTIE CONCLUSION

CONCLUSION

Il apparaît que l’engagement des banques dans la voie de la bancassurance


est un processus irréversible, mais il est en perpétuelle mutation. Le phénomène connaît
une intégration verticale, prévisible par la transnationalisation de la bancassurance et
une intégration horizontale par l’élargissement de la coopération entre les divers
prestataires de services financiers, dépassant ainsi le stade du simple jumelage de la
banque et de l’assurance.

Ce développement sur les divers plans démontre l’intérêt et l’opportunité de


la bancassurance, qui a évité, peut être, à l’activité bancaire de devenir la sidérurgie de
demain.

Les spécialistes s’accordent à dire que la bonne stratégie Bancassurance


est celle qui s’adapte le mieux à l’environnement interne et externe et qui, en
l’occurrence, arrive à contourner les obstacles et les effets pervers préexistants.

L’Algérie, étant un pays économiquement ouvert, est appelée à suivre les


mutations qui s’opèrent dans la sphère financière sous peine de forclusion. C'est dans
cette optique que nous allons étudier dans la deuxième partie de notre travail les réalités
et les perspectives de développement de la bancassurance en Algérie.

Les réalités et les enjeux de la bancassurance. 48


DEUXIEME PARTIE

DEUXIEME PARTIE :
LA BANCASSURANCE EN ALGERIE, REALITES ET
PERSPECTIVES.

«Si vous souhaitez fortement obtenir une chose, vous l'obtiendrez».


William James.

INTRODUCTION

La dominance de la bancassurance comme mode de distribution des produits


financiers en Europe nous pousse à voir ce qui se passe dans l’autre rive de la
méditerranée et plus particulièrement en Algérie. Notre souci est, d’une part,
d’étudier l’existant en matière de bancassurance sur le marché algérien et, d’autre
part, d’émettre quelques propositions pour un essor meilleur de cette dernière.

Pour ce faire, nous allons dans une première étape étudier les réalités du marché
de la banque et de l’assurance en Algérie pour arriver à identifier l’environnement
dans lequel la bancassurance est appelée à se développer, nous ferons un constat
sur le niveau de développement de la bancassurance en Algérie tout en décelant
les insuffisances et obstacles pour en proposer quelques solutions. A la lumière de
tout ce qui précède, nous essayerons de proposer le modèle de bancassurance le
plus adéquat aux banques algériennes compte tenu de l’environnement actuel.

Et enfin, dans une deuxième étape, consacrée à une étude de cas, nous traiterons
la bancassurance à la CNEP-Banque et ses voies d’essors possibles.

49
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

CHAPITRE PREMIER :
Les voies de développement de la
bancassurance en Algérie.

Le but du présent chapitre est d’arriver, d'une part, à présenter une image reflétant l'état de la
bancassurance en Algérie, et d'autre part, à délimiter son étendue et la périphérie de son essor futur éventuel,
compte tenu du contexte économique et réglementaire actuel. Dès lors, une présentation de l'activité bancaire
et assurantielle s'avère indispensable, pour une meilleure appréciation de l'environnement dans lequel la
bancassurance serait appelée à se développer. D'autant plus que l’environnement politico-économique et les
réalités actuelles des secteurs de la banque et de l’assurance en Algérie sont, en toute évidence, différents de
ceux des pays où la bancassurance est à son apogée.
Pour ce faire, nous allons, tout d’abord, dans une première section, décrire l'activité bancaire et
assurantielle en Algérie puis, dans la deuxième section, nous essayerons de prouver l’utilité de la
bancassurance sur les divers plans, en exposant les arguments militant pour son développement en Algérie.
Ensuite, nous étudierons, dans la troisième section, les réalités nationales de la bancassurance et, enfin, dans
une dernière section, nous traiterons ses voies de développement possibles.

PREMIERE SECTION : L’ACTIVITE BANCAIRE ET ASSURANTIELLE EN


ALGERIE.

Dès son indépendance, l'Algérie avait opté pour le modèle de développement socialiste, basé
sur la gestion centralisée de l'économie nationale. Les banques et les compagnies d'assurance ont été
mises au service du Plan pour renforcer le système de planification physique par un système de
planification financière.
La Loi de Finances de 1971 a obligé les entreprises publiques à domicilier toutes leurs
opérations auprès d'une seule banque, désignée par le Ministère chargé des Finances, ce qui a
conduit à une spécialisation sectorielle des établissements bancaires dans la mesure où les
entreprises du même secteur sont affectées auprès de la même banque.
La spécialisation des compagnies d'assurance a été instaurée à partir de 1976 par la décision
n° 828 du 21 mai 1975 qui a redéfini l'objet des compagnies d'assurance
Les contraintes subies par les banques et les compagnies d'assurance, sous la tutelle du
Ministère des Finances, du fait d’une gestion administrative et centralisée de l’économie vont
influencer de façon négative leur mode de gestion et la qualité de leurs prestations. Ainsi, l’absence
de concurrence, comme conséquence directe de la spécialisation sectorielle, va les faire apparenter
beaucoup plus à des services publics qu’à des sociétés commerciales.
La décennie 1990 est marquée par la transition de l'économie nationale vers l'économie de
marché, délaissant progressivement les pratiques de la période de socialisation. La Loi 90 - 10
relative à la monnaie et au crédit et l'Ordonnance 95 - 07 relative aux assurances sont venues pour
parachever les réformes engagées, déjà, à partir de 1986. Elles ont ouvert le marché bancaire et

DEUXIEME PARTIE
49
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

assurantiel algérien aux capitaux privés, nationaux et étrangers, exprimant, ainsi, la volonté des
autorités à s’engager dans un contexte irréversible d’ouverture et de la libéralisation.

I. Le cadre réglementaire et la règle de cloisonnement strict des activités

Sur le plan réglementaire, l'encadrement de l'activité bancaire et assurantielle est assis sur
vision institutionnelle basée sur le principe de séparation stricte entre la Banque et l'Assurance
délaissant ainsi toute vision fonctionnelle qui aurait permis l'interaction entre les deux métiers.
Ainsi, le principe de cloisonnement des activités reste de rigueur. En effet, les domaines, bancaires
et assurantiel sont exclusivement réservés, respectivement, aux banques et aux compagnies
d'assurance. L'activité bancaire était régie par la loi 90 - 10 puis par l'Ordonnance 03 - 11 du 26 août
2003 relative à la monnaie et au crédit abrogeant la première. Quant aux activités d'assurance, elles
sont régies par l'Ordonnance 95 - 07.
L'existence d'autorités de contrôle propres à chaque métier renforce le principe de
cloisonnement. Cependant, certaines brèches et certains canaux de transmission entre les deux
activités pourraient permettre leur rapprochement et leur interaction (35).
L'étude du cadre réglementaire régissant l'activité bancaire et assurantielle pourrait nous
permettre de mieux cerner ces aspects.
I.1. Le cadre réglementaire de l'activité bancaire
L’Ordonnance 03 - 11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit constitue le cadre
réglementaire régissant le système bancaire national. Elle régit toute l'activité bancaire et définit, en
particulier, l'Autorité Monétaire et ses prérogatives, elle désigne les entités de contrôle et de
surveillance du marché et détermine rigoureusement les opérations de banque.
I.1.1 L’autorité monétaire
La loi bancaire dans son article 62, investit le Conseil de la Monnaie et du Crédit(36) de
pouvoirs étendus, en tant qu'Autorité Monétaire, qu’il exerce en édictant des règlements bancaires
et financiers. Il est seul habilité à se prononcer sur les demandes d'agrément adressées par les
fondateurs de banques et d'établissements financiers.
I.1.2. L’organe de surveillance
Le contrôle et la surveillance des banques et des établissements financiers sont assignés à la
Commission Bancaire(37) qui examine les conditions d’exploitation des banques et des
établissements financiers, veille à la qualité de leurs situations financières, contrôle le respect des
dispositions législatives et réglementaires qui leur sont applicables et sanctionne les manquements
constatés.

(35)
Voir Infra. Le cadre réglementaire et la bancassurance en Algérie. P.66.
(36)
Il est composé : du Gouverneur comme président, des trois vice- Gouverneurs, de trois hauts fonctionnaires nommés
par décret présidentiel et de deux personnalités nommées par Décret présidentiel.
(37)
Composée du Gouverneur comme président, de deux magistrats détachés de la cour suprême et proposés par le
premier président de cette cour et trois autres membres, tous nommés par le Président de la République

DEUXIEME PARTIE
50
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

I.1.3. La délimitation de l’activité bancaire


Au sens de l’Ordonnance 03 - 11, les banques sont des personnes morales constituées sous
forme de société par actions qui effectuent à titre de profession habituelle et principalement les
opérations de banque. Les opérations de banque comprennent ; la réception de fonds du public, les
opérations de crédit, ainsi que la mise à la disposition de la clientèle des moyens de paiement et leur
gestion. L’accès au domaine bancaire est conditionné par l’obtention d’un agrément du Conseil de
la Monnaie et du Crédit (CMC).
L’article 72 autorise, à titre accessoire, les Banques et les Etablissements Financiers (38) à
effectuer les opérations connexes suivantes :
• les opérations de change ;
• les opérations sur or, métaux précieux et pièces ;
• le placement, la souscription, l'achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs mobilières et de
tout produit financier ;
• le conseil et l'assistance en matière de gestion de patrimoine ;
• le conseil et la gestion financière, l'ingénierie financière et, d'une manière générale, tous les
services destinés à faciliter la création et le développement des entreprises en respectant les
dispositions légales en la matière.
La loi bancaire dans son article 76 interdit à toute autre personne physique ou morale, autre
qu’une Banque ou un Etablissement Financier, d’effectuer les opérations que ceux-ci exercent d'une
manière habituelle, renforçant ainsi le système de cloisonnement des activités.
Les banques sont tenues au secret professionnel et ne peuvent, ainsi, divulguer ou
communiquer des informations concernant leur client à des tiers. Cependant, le secret bancaire n’est
pas opposable à la Banque Centrale, à la Commission Bancaire et l’autorité judiciaire agissant dans
le cadre d’une procédure pénale.

I.2. Le cadre réglementaire de l'activité assurantielle


I.2.1. La délimitation de l'activité et les intervenants sur le marché
Actuellement l’activité Assurance, en Algérie, est régie par l’Ordonnance n° 95-07 du 25
janvier 1995 relative aux assurances qui constitue le cadre réglementaire de la profession.
« L’assurance est, au sens de l'article 619 du Code Civil, un contrat par lequel l’assureur
s’oblige, moyennant des primes ou autres versements pécuniaires, à fournir à l’assuré ou au
tiers bénéficiaire au profit duquel l’assurance est souscrite, une somme d’argent, une rente ou
une autre prestation pécuniaire, en cas de réalisation du risque prévu au contrat (39) ».
Cette loi a mis fin à la spécialisation des entreprises d’assurance et au monopole de l’Etat
sur le marché de l’assurance dans le sens où l’activité d’assurance peut être exercée par toute
société, sous forme de société par actions ou mutuelle, qui a obtenu l’agrément du Ministère chargé
des Finances après avis du Conseil National des Assurances(40).
(38)
Les établissements financiers ne peuvent ni recevoir de fonds du public, ni gérer les moyens de paiement ou les
mettre à la disposition de leur clientèle
(39)
Article 02 de l’Ordonnance 95-07 relative aux assurances.
(40)
Rôle et composition du CNA, Cf. Annexe n°3.

DEUXIEME PARTIE
51
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

I.2.1.1. Les intervenants sur le marché de l'assurance


Le marché de l'assurance est réservé exclusivement aux compagnies d'assurance, sous forme
mutuelle ou sous forme de société anonyme, dûment agrémentées par le Ministère chargé des
Finances. Les compagnies d’assurance sous formes de société par actions peuvent faire appel aux
services des intermédiaires d’assurance qui sont les agents généraux et les courtiers.
L’agent général d’assurance est une personne physique qui représente une ou plusieurs
sociétés d’assurance auxquelles il réserve l’exclusivité de sa production, en vertu d’un contrat de
nomination portant son agrément en sa qualité d’agent général.
Le courtier d’assurance est une personne physique ou morale, réputée commerçante, qui
travaille pour son propre compte et mandaté par l’assuré. Il place et gère des contrats d'assurance
pour plusieurs sociétés qui le rémunèrent à la commission.
L’exercice de la fonction d’intermédiaire en assurance est soumis à l’obtention d’un
agrément des Autorités de contrôle. Les préposés à cette fonction doivent justifier d’un niveau de
connaissances professionnelles suffisant.
I.2.1.2. La classification et la codification des opérations d’assurance
Les opérations d'assurance sont classées en catégories, branches et sous branches,
conformément à l’article 206 de l’ordonnance 95-07 et aux dispositions du Décret exécutif n°95-
338 relatif à l’établissement et à la codification des opérations d'assurance (Cf. Annexe n°4).
I.2.2. L’organisation et le contrôle de l’activité Assurance
Le contrôle de l’Etat sur l’activité Assurance est exercé par l’administration de contrôle
représentée par le Ministre chargé des Finances, agissant par les moyens de la structure chargée des
assurances.
Les conditions générales des polices d’assurance sont soumises au visa de l’administration
de contrôle à laquelle sont aussi soumis les documents commerciaux en destination du public.
La tarification des produits d’assurance est réglementée par un organe spécialisé sous
l’égide du Ministre chargé des Finances.

II. Aperçu sur le cadre réglementaire des assurances de personne en Algérie

Il nous semble nécessaire de présenter un aperçu sur le cadre réglementaire régissant les
assurances de personnes, dans la mesure où la bancassurance s'intéresse plus particulièrement à ces
dernières.
II.1. Définition et régime juridique des assurances de personnes
Au sens de l’article 60 de l’Ordonnance 95 - 07, l’assurance de personnes est une
convention de prévoyance contractée entre l’assuré et l’assureur, par laquelle l’assureur s’oblige à
verser au souscripteur ou au bénéficiaire désigné, une somme déterminée, capital ou rente, en cas de
réalisation de l’événement ou au terme prévu au contrat, contre paiement de primes.

DEUXIEME PARTIE
52
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

Le régime forfaitaire s'applique de plein droit aux assurances de personnes. De ce fait


l’assureur ne peut, en aucuns cas, faire un recours contre le tiers responsable du sinistre. Ainsi,
l’indemnité due par le tiers responsable du sinistre à l’assuré ou à ses ayants droit sera cumulée avec
les sommes dues par l’assureur au titre du contrat d’assurance de personnes souscrit.

II.2. Les formes des contrats d’assurance de personnes et les risques couverts
La loi distingue les contrats d’assurance individuelle des contrats d’assurance collective,
dite groupe, qui ne peuvent être souscrits que par une personne morale ou par un chef d’entreprise,
en vue de faire adhérer leurs personnels. Quelle que soit leurs formes, les contrats d’assurance de
personnes peuvent couvrir les risques suivants :
- les risques dépendant de la durée de vie humaine ;
- le décès accidentel ;
- l’incapacité permanente, partielle ou totale ;
- l’incapacité temporaire de travail ;
- le remboursement de frais médicaux, pharmaceutiques et chirurgicaux.
Les risques dépendant de la durée de vie humaine sont couverts par deux types de garanties :
le contrat d’assurance en cas de vie et le contrat d’assurance en cas de décès.
II.2.1. L’assurance en cas de vie
Dans le contrat d’assurance en cas de vie, l’assureur, contre paiement d’une prime, s’engage
à verser une somme déterminée, à une date déterminée si l’assuré est encore vivant. A cette garantie
peut être associée une contre-assurance qui permettra, moyennant paiement d’une prime
additionnelle, le remboursement du montant des primes versées au titre de l’assurance sur la vie,
aux ayants droit de l’assuré, si le décès de l’assuré intervient avant le terme convenu.
II.2.2. L’assurance en cas de décès
Elle garantit, moyennant paiement d’une prime unique ou périodique, le paiement d’une
somme déterminée aux bénéficiaires désignés au décès de l’assuré.
II.3. Dispositions diverses
• Le souscripteur d’un contrat d’assurance de personnes peut désigner nommément un ou
plusieurs bénéficiaires du capital ou de la rente de l’assuré. Il devient irrévocable dès acceptation
expresse ou tacite du bénéficiaire.
Le montant des sommes stipulées ne doit dépasser le tiers du patrimoine successoral de
l’assuré (41). L’excédent du tiers dudit patrimoine ne s’exécute que si les héritiers y consentent.
A défaut, l'excédent sera versé au patrimoine successoral de l’assuré et réparti selon les dispositions
du Code de la Famille.
Ces dispositions facilitent énormément le transfert de patrimoine et rendent l’assurance vie
un produit permettant de préparer sa succession.

(41)
Cf. Article 185 du Code de la Famille.

DEUXIEME PARTIE
53
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

• L’assuré peut à tout moment exiger de l’assureur le rachat de son contrat ou demander des
avances sur ce dernier, à l’exception des contrats d’assurance temporaire en cas de décès.
Cependant, ces demandes de rachat ou d’avance sont irrecevables si les deux premières primes
annuelles ne sont pas payées.
• L’assureur pratiquant les opérations d’assurance sur la vie est tenu de faire participer les
assurés aux bénéfices techniques et financiers qu’il réalise.
II.4. Le régime fiscal applicable aux assurances de personnes
Le code des impôts reste maigre en terme de mesure visant à encourager la souscription de
contrats d'assurance de personnes à l'instar des réductions d’impôts et des taxations partielles des
plus values. Néanmoins, certaines dispositions nécessitent d’être soulignées :
- les cotisations d’assurance vieillesse et d'assurance sociale versées par le contribuable (42) sont
déduites du revenu net imposable(43) ;
- la valeur de capitalisation des rentes viagères constituées dans le cadre d’une activité
professionnelle auprès d’un organisme institutionnel moyennant le versement de primes
périodiques pendant une durée d’au moins 15 ans et dont l’entrée en jouissance est
subordonnée à la cessation de cette activité professionnelle n’est pas comprise dans l’assiette
de l’impôt (44) ;
- Sont exclues du patrimoine des personnes bénéficiaires, les rentes ou indemnités perçues en
réparation des dommages corporels (3).
- La Loi de Finances pour l'année 2001 dans son article 9 alinéa 15 exonère les contrats
d'assurance de personnes de la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée).
Ainsi, les sommes versées au titre d’un contrat d’assurance sur la vie pour la constitution
d'une retraite supplémentaire ou pour la couverture de certains risques liés à la vie humaine sont
déductibles du revenu net imposable du contribuable et les rentes constituées au sens des articles
278 et 279 du Code des Impôts Directs et des Taxes Assimilées ne sont pas soumises à l’impôt sur
le patrimoine.
Néanmoins, ces dispositions restent insuffisantes, voire dérisoires, pour assurer un
développement rapide et durable des assurances de personnes, l’essence même de la bancassurance,
d’où la nécessité de prévoir des réformes dans ce sens.
III. Réalités et état des marchés de la banque et de l'assurance
Ce point sera consacré, dans un premier temps, à l'étude de l'état actuel de l'activité bancaire
puis, dans un deuxième temps aux réalités de l'activité assurantielle en Algérie.
III.1 Le marché bancaire
III.1.1. Les Banques et les Etablissements Financiers agréés
A fin mai 2003, le système bancaire se compose de 29 institutions bancaires et financières,
qui se répartissent comme suit (45) :

(42)
Cf. Article 85 du Code des Impôts Directs et des Taxes Assimilées.
(43)
Le revenu net imposable est égal à la somme des revenus nets catégoriels, déduction faite des charges déductibles
(44)
Cf. Article 278 et 279 du Code des Impôts Directs et des Taxes Assimilées.
(45)
Source : Banque d’Algérie.

DEUXIEME PARTIE
54
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

· Six banques publiques ;


· Une mutuelle d'assurance agréée pour exécuter les opérations de banque ;
· Quatorze banques privées, dont une à capitaux mixtes ;
· Cinq établissements financiers, dont deux publics ;
· Deux sociétés de leasing ;
· Une banque de développement dont la restructuration est en cours ;
Le marché bancaire reste dominé par les banques publiques, fortes de leur dense réseau
d’agence. Les parts de marché des deux secteurs (public et privé) peuvent être résumé en le tableau
ci-après :
Tableau 4 : les parts de marché du secteur bancaire, privé et public. (En millions de dinars)

1999 2000 2001


Dépôts Banques publiques 900 596 1002 999 1 249 313
Banques privées 30 685 75 141 138 746
Parts Banques publiques 96.7% 93% 90%
(46)
Banques privées 3.3% 7% 10%
Crédits au secteur public Banques publiques 760 957 530 264 544 534
Banques privées 0 0 4 989
Crédits au secteur privé Banques publiques 159 849 218 940 249 358
Banques privées 14 059 26 369 39 696
Parts (total ) Banques publiques 98.5% 96.6% 94.7%
Banques privées 1.5% 3.4% 5.3%

Source : Banque d’Algérie.


Le tableau fait apparaître la dominance des banques publiques même si ces dernières sont
entrain de perdre progressivement des parts de marché tant sur les dépôts que sur les crédits. Ainsi,
les nouveaux arrivants sur le marché ne semblent pas avoir beaucoup de difficultés pour prendre une
place dans un marché dont le taux de bancarisation de la population ne dépasse guère 25% (47).
L’image et les pratiques héritées de la période avant 1990 auraient, peut être, agi au détriment des
banques publiques. Cependant, les problèmes qu’ont eus certaines banques privées notamment avec
la liquidation de la Khalifa-Bank et de la BCIA pourraient avoir des répercussions négatives sur le
secteur bancaire privé, voire sur tout le système bancaire national.

Les banques conscientes de la nécessité, dans un environnement concurrentiel, d’améliorer


leur image afin d’attirer une nouvelle clientèle, se sont lancées dans la conquête des nouveaux
instruments marketing, inexistants avant dans le marché bancaire.

(46)
91% des ressources collectées proviennent des entreprises privés et ménages.
(47)
ALLALOUCHE, Réda Rachid, « Réformes bancaires : le trop lent processus de transparence », Algérie Entreprise,
Ed Diwan, Avril/mai 2002-n°3. P.8.

DEUXIEME PARTIE
55
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

III.1.2. Les produits


Quant aux produits, un saut relatif, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, est prévisible si
nous comparons la période avant 1990 à la période actuelle. Plusieurs produits à l’instar des crédits
à la consommation et les opérations de leasing qui étaient avant inexistants, voire interdits (cas des
crédits à la consommation), ont commencé à se vulgariser auprès des simples citoyens.
Cependant, le système bancaire algérien n’est pas très innovateur. Force est de constater
que la gamme de produits des banques algériennes reste très maigre.
Cette absence d’innovation des banques est due, en grande partie, aux pratiques héritées de
la période de planification centralisée où les banquiers avaient l’habitude de réagir aux injonctions
que d’agir en vrais professionnels. Mais cet état d’esprit est appelé à disparaître, si il ne l’est pas
encore, situation oblige. Ainsi, face aux coûts lourds des infrastructures et à l’importance des
charges fixes, les banques sont tenues d’étoffer leur offre afin de réduire le poids des frais généraux
qui pèsent lourds sur le bilan.
III.1.3. Le développement technique
Le système bancaire algérien n’a pas encore de système de télécompensation malgré les
efforts consentis. De même, les banques ne disposent pas de système d’information performant
reliant les agences de la même banque, ce qui réduit leur efficacité et influe négativement sur les
délais de traitement des opérations bancaires. Ainsi, l’informatisation, l’automatisation des
procédures et processus restent insuffisantes pour la grande majorité des banques algériennes.
III.2. Le marché de l'assurance
L’exploitation des données et statistiques (48) du secteur des assurances permet d’avoir une
idée sur l’état actuel du marché, voire même sur les tendances futures.
III.2.1. La dominance du secteur public
Les compagnies d’assurance publiques restent dominantes sur le marché, toutes branches
confondues. Elles se taillent des parts très importantes, généralement dans la branche dans laquelle
elles étaient spécialisées durant la période du monopole. C’est ainsi que pour l’exercice 2000-2001
la SAA a pris 52.7% du marché d’assurance automobile, 49.7% des assurances de personnes et
28.6% des assurances des crédits internes ; la CAAR détenait 36.5% du marché des risques
individuels, la CNMA se réserve la part du lion des risques agricoles avec 96.8% des parts du
marché. La CAGEX assure elle seule les assurances crédit à l’exportation et la CCR se réserve le
marché des acceptations internationales avec 100% du marché. Néanmoins, certaines compagnies
privées commencent à s’imposer sur le marché à l’instar de la TRUST, et sa percée fulgurante en
1999, qui a pu contribuer pour 43% de la production additionnelle du secteur et a pris 3.6% de parts
du marché (49).

(48)
Tirées principalement du rapport : Activité du secteur des assurances : résultats en chiffre année 2001, Conseil
National des Assurances, Alger, 2002.
(49)
Cf. www.CNA.dz.

DEUXIEME PARTIE
56
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

III.2.2. La place de l’assurance dans l’économie nationale


Les taux de pénétration de l’assurance et sa place dans les dépenses des ménages restent
insuffisants comme le montre le tableau ci-après :
Tableau 5 : La pénétration et la densité de l’assurance en Algérie et dans quelques pays
1999 2000 2001
Algérie Tunisie Maroc France Suisse Algérie Algérie
Taux de pénétration(50) 0.54% 1.60% 2.78% 9.25% 11.94% 0.49% 0.52%
(51)
Taux de pénétration des assurances 0.33% nd Nd nd nd 0.36% 0.37%
des ménages(1)
La densité de l’assurance(1) 9.42 $ 27$ Nd 4289.7$ 2203.6$ 8.34 $ 8.93 $
Source : Conseil National des Assurances et Swiss Re.
Ces statistiques témoignent de l’état actuel du marché qui fait apparaître :
- Un taux de pénétration de l’assurances très bas (0.54%), de loin inférieur à ceux de nos
voisins marocains et tunisiens qui sont respectivement de 2.78% et de 1.60% pour l’année
1999. Le taux de pénétration de l’assurance de l’Algérie est 22 fois inférieur à celui de la
Suisse et 17 fois inférieure à celui de la France ;
- Une densité d’assurance très basse (9.42 USD) rien qu’on la comparant à celle de la Tunisie
qui est de l’ordre de 27 dollars. Elle est de 4289.7 USD en Suisse, de 2203.6 USD en France
et de 2570.6 USD aux USA ;
- le taux de pénétration des assurances des ménages reste très bas (0.37%), voire insignifiant, si
nous tenons compte du fait que l’assurance automobile représentait 82.5% du portefeuille
d’assurance des ménages en 2001 et que les assurances de personnes ne représentaient que
7.9% dudit portefeuille.
III.2.3. La structure du marché
En 2001, la branche Automobile reste dominante et représente 40.1% de la production
globale avec un taux de croissance annuel de 11.6%. Les assurances de personnes ne représentent
que 4.5% du marché avec une baisse de 1% par rapport à l’année précédente. Cette situation nous
laisse penser que les compagnies d'assurance ne vont pas à la conquête de nouveaux marchés et se
contentent de se bousculer sur le marché des assurances obligatoires et principalement sur
l’assurance Automobile.

III.2.4. L’état des sinistres et des indemnisations


Le total des indemnisations versées par les compagnies d'assurance, toutes branches
confondues, représentait plus de 14 milliards de dinars avec un taux de progression de 5% par
rapport à l’année précédente. Toutefois, les sinistres non réglés restent très importants, voire
inquiétants. En effet, le taux des sinistres non réglés représentait 67.8% du total des sinistres en

(50)
Définition du concept. Cf. Lexique.
(51)
Nd : non disponible.

DEUXIEME PARTIE
57
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

2001 et 66.2% en 2000. Ceci influe négativement sur l’image de l’assureur et explique, en partie,
l’insatisfaction des clients.
La branche Automobile reste la moins rentable avec un taux de sinistralité de 95.4% suivie
par la branche IARD (Incendies Accidents Risques Divers) avec un taux de sinistralité de 76.6%,
les risques agricoles semblent être les plus rentables avec un taux de sinistralité de 38.3%.
III.2.5. L'innovation et le développement technique
Durant ces dernières années les assureurs étaient plus innovateurs que les banquiers. En
effet, le marché des assurances a vu la naissance de plusieurs nouveaux produits. A titre
d'illustration nous pouvons citer : l’assurance pour les écoliers promue par CAAR, la SAA et son
plan « Avenir Retraite » qui permet de constituer une retraite complémentaire, l’assurance Caution
Douanes qui garantit les importateurs algériens auprès des Services des Douanes, l’assurance
Caution Fournisseurs Etrangers garantissant le fournisseur étranger contre le non paiement de ses
créanciers sur les opérateurs algériens et l’assurance Accident Maladie Internationale qui donne la
possibilité au souscripteur de choisir où il serait soigné dans le monde entier.
Quant au développement technique, beaucoup reste à faire. En effet, les systèmes
d’information des compagnies d’assurance, à l’instar de ceux des banques, ne répondent pas aux
exigences de la nouvelle ère.
Le développement de l’assurance nécessite la maîtrise des calculs probabilistes et actuariels
afin d’assurer une meilleure mutualisation des risques avec le tarif le plus approprié. Le marché des
assurances algérien ne s’est doté de vrais spécialistes actuaires qu’en 1999, date de la sortie de la
première promotion d’actuaires algériens composée de 15 personnes. En fin ! Il est possible de
former nos propres bases de données et d’établir la tarification de chaque risque sans s’adresser
obligatoirement vers les réassureurs étrangers.

Il apparaît clairement que le système de cloisonnement des activités est de rigueur. La banque et
l’assurance sont deux métiers différents, soumis à des autorités de contrôle distinctes et régis par des lois qui
leur sont propres. Le degré de développement des deux secteurs reste très limité et nous laisse penser que le
fond du problème est commun aux deux activités d’où, peut-être, la nécessité de s’entraider pour le
surmonter.
Les assureurs concentrent tous leurs efforts sur les assurances obligatoires et notamment sur
l'assurance automobile, délaissant ainsi les assurances de personnes que seule une stratégie bancassurance
pourrait faire développer.
Après avoir dressé un état des lieux du marché de la banque et de l’assurance en Algérie sans perdre
de vue leurs soubassements historiques et réglementaires nous pouvons prétendre à la présentation d’une
approche ayant pour but de déterminer la manière dans laquelle la bancassurance pourrait être pratiquée à
grande échelle par les banques algériennes. Dés lors, il est nécessaire de s'interroger sur son utilité.

DEUXIEME PARTIE
58
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

DEUXIEME SECTION : LES ARGUMENTS QUI MILITENT POUR LA


BANCASSURANCE EN ALGERIE.
Avec un taux de bancarisation de 25%, il apparaît clairement que le marché bancaire algérien est loin
de la situation qu’ont connue les banques européennes et, notamment, les banques françaises avant de se
lancer dans la bancassurance. En fait, les raisons qui les ont poussées vers la bancassurance ne sont pas les
mêmes que celles militant pour la bancassurance en Algérie.
En effet, les marchés bancaires européens étaient caractérisés par une forte saturation et une
concurrence très avivée, aggravée par les forts mouvements de désintermédiation et de resserrement des
marges sur les taux d’intérêts. Par contre, d’une part, l’économie algérienne, à l’image de toutes les
économies d’endettement, est toujours dominée par la finance indirecte où le financement de l’économie est
assuré en grande partie par le crédit bancaire, en l’absence d’un marché financier développé susceptible de
prendre le relais. D’autre part, l’économie nationale est sous bancarisée et la concurrence au sein du secteur
bancaire ne fait pas rage.
Dès lors, nous devons nous interroger sur l’opportunité de la bancassurance, son utilité
économique et sur les arguments de taille qui militent pour son développement en Algérie.
Les raisons qui militent pour la bancassurance en Algérie se situent à plusieurs niveaux :

I. Au niveau bancaire

Les banques seraient tentées d’adopter une stratégie Bancassurance pour plusieurs raisons :
I.1. L'amélioration de la rentabilité
Etant des agents économiques rationnels, les banques sont toujours à la recherche du profit.
La bancassurance pourra contribuer à améliorer sensiblement la rentabilité de la banque, affectée
par les charges lourdes de son réseau d’agences. En effet, la distribution des produits d’assurance
permettra, d’une part, de mieux occuper le personnel bancaire, et d’autre part, de réconforter les
comptes de résultats par les divers commissionnements qui seront versés par la compagnie
d’assurance en contrepartie de la prestation effectuée.
L’analyse du tableau des comptes de résultats consolidé d’un Groupe d’Exploitation de
l’une des banques publiques nationales fait apparaître(52), d’une part, que sur 161150 millions de
dinars de résultats bruts d’exploitation de l’année 2001, les charges de fonctionnement sont de
l’ordre de 58977 millions de dinars, représentant ainsi 36,6% de résultats bruts d’exploitation ; ces
dernières ne sont couvertes par les commissions perçues qu’à concurrence de 80%. L’importance de
ces charges est très préjudiciable pour la rentabilité de la banque. Dès lors, les commissions à
recevoir de l'assureur permettront d'augmenter le taux de couverture des charges par les
commissions.
Dans cette optique de rentabilité et d’amortissement des charges de leur réseau, les banques
doivent essayer d’augmenter leur degré d’intégration par l’incorporation et l’intégration des
produits d’assurance accessoires aux produits bancaires au lieu d’offrir à l’assureur de la place un
client sur un plateau en or sans qu’il y ait une contrepartie directe.

(52)
Source : Direction de la Prévision et du Contrôle de Gestion d’une banque publique.

DEUXIEME PARTIE
59
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

I.2. Innover pour se différencier


La bancassurance constitue une occasion pour les banques d’innover en matière financière et
d’améliorer leur offre, ce qui peut renforcer leur image et leur position concurrentielle.
En effet, l’appropriation des produits d’assurance, constituant le prolongement naturel de
leur activité, ne peut que rendre le produit bancaire de base plus accessible et plus attractif pour une
clientèle de particuliers qui a, en général, un niveau de connaissances très limité en matière
financière et dont une partie non négligeable est illettrée. Ainsi, le fait de pouvoir acquérir auprès
des guichets bancaires les divers contrats d'assurance (temporaires décès,…) exigés pour l’octroi
d’un crédit par exemple, facilitera beaucoup la tâche à ladite clientèle qui se donne beaucoup de mal
pour accomplir toutes les formalités nécessaires, et surtout, nous allons lui épargner le malaise
d’évoquer sa situation financière et sanitaire d’une manière répétitive et avec plusieurs
interlocuteurs.
Ce point est, à notre sens, d’une importance particulière et ne se limite pas aux simples
économies de temps et d’argent eu égard à la situation socioculturelle de la société algérienne.
De même, les produits liés aux dépôts et aux instruments de paiement rendront les produits
bancaires de base plus attractifs et plus attrayants ce qui logiquement conduira à attirer une nouvelle
clientèle.
Décidément, tous ces simples contrats d’assurance liés aux produits bancaires de base
peuvent, ainsi, améliorer sensiblement la qualité des produits bancaires et les rendront plus
attrayants, et seront par la suite mieux appréciés par la clientèle qui va les différencier des produits
similaires des concurrents; ce qui conférera à la banque un avantage concurrentiel lié à une stratégie
de différenciation implicite, mais valorisée par le marché.
I.3. Etoffer la gamme de produit et fidéliser la clientèle
La bancassurance permettra à la banque d’étoffer sa gamme de produits, déjà maigre,
d’attirer une nouvelle clientèle et de la fidéliser, sous réserve de rendre ses produits bancaires plus
attrayants par les produits d'assurance complémentaires qui leur seront rattachés. En plus, les
produits d’assurance vie à dominante financière constituent des produits de placement à très long
terme connus pour leur effet fidélisant.
L'appropriation des produits d'assurance sur la vie permettra aux banques de répondre aux
besoins de leurs clients en matière de succession dans le respect des dispositions du Code de la
famille.
I.4. Autres
● Si le rapprochement banque/assurance est suivi d’une prise de participation entre les deux
entités, il peut contribuer sensiblement au renforcement des fonds propres et permettra à la banque
d’augmenter son volume d’activité sans nouveaux apports en capital.
● Le personnel de la banque, notamment les chargés d’études et le personnel affecté au
Service Engagement, ont un niveau de connaissances acceptable dans certaines polices d’assurance
dans la mesure où elles sont exigées lors de l’octroi des prêts à l’exemple des temporaires décès.

DEUXIEME PARTIE
60
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

Ainsi, ce personnel n’aura pas trop de difficultés pour assurer la distribution de ces produits
au niveau du guichet et ne nécessitera pas beaucoup d’efforts en formation.
● Les banques publiques disposent, depuis leur recapitalisation par le Trésor et
l’assainissement des entreprises, de fortes liquidités et assez de ressources pour s’engager, plus que
jamais, dans de nouvelles activités en investissant le domaine de la bancassurance.

II. Au niveau assurance

La vulgarisation de la bancassurance en Algérie nécessite l’implication des compagnies


d'assurance qui devront se précipiter pour fonder des partenariats avec des banques pour des fins de
bancassurance pour les raisons suivantes :
II.1. Exploiter le réseau de son partenaire banquier
Le réseau d’intermédiaires reste très faible avec seulement 402 intermédiaires pour toute
l’Algérie, dont 146 intermédiaires sont localisés à Alger, ce qui donne un taux de 1,3 intermédiaires
pour 100 000 habitants(53).
Le réseau bancaire est, de loin, plus dense que celui des compagnies d’assurance et des
intermédiaires en assurance confondus. Une stratégie Bancassurance permettra à la compagnie
d’assurance d’exploiter le réseau d’agences de son partenaire, lui conférant ainsi un accès direct à
une plus large clientèle, sans investissement ni en marketing ni en infrastructures de base.
Certaines compagnies d'assurance, notamment les compagnies privées, ne disposent pas
encore d’un réseau de distribution interne et dépendent largement de leur réseau d’intermédiaires
dont le taux de commissionnement influe négativement sur le taux de chargement. Ainsi, en 2001,
100% de la production de la TRUST est réalisée par les intermédiaires contre 59,1% pour la CIAR
et 51,8% pour la 2A. Le nombre de ces intermédiaires reste très réduit : 58 pour la TRUST, 34 pour
la CIAR et 38 pour la 2A. De ce fait, il apparaît que la bancassurance peut s’avérer un moyen très
efficace pour faire développer l’activité de la compagnie d’assurance en particulier pour les
compagnies qui sont dans la même situation que la TRUST, la CIAR et la 2A.
II.2. Un monopole implicite sur les clients du partenaire
Les produits de la compagnie d’assurance, objet de l’accord avec la banque, bénéficieront de
l’exclusivité de distribution dans tout le réseau de la banque conférant, ainsi, à cette dernière une
sorte de monopole sur la clientèle de son partenaire, surtout pour les contrats auxquels le produit
bancaire de base est subordonné, même si théoriquement, le client a toujours la possibilité de
choisir l’assureur chez lequel il veut acquérir son contrat d’assurance. L’expérience a montré que,
très rares, sont les clients qui refusent d’acquérir les contrats proposés et préfèrent ceux d’un autre
assureur. Ce monopole de fait permettra à la compagnie d'assurance d'avoir des risques homogènes
mutualisables assez facilement.

(53)
Les réseaux internes des compagnies d’assurance ne sont pas pris en considération. Source : CNA.

DEUXIEME PARTIE
61
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

II.3. Une rentabilité certaine


Les commissions que va verser l’assureur à titre de rémunération de la banque pour sa
prestation sont, de loin, inférieures aux commissionnements à verser aux intermédiaires. En effet,
l’analyse des commissions versées par les compagnies d'assurance aux intermédiaires fait ressortir
un taux moyen de commissionnement de 13,1%(54). Ce taux pèse lourd sur le chargement des
produits. Comme le personnel de la banque ne sera pas voué à l’activité assurance seule, la
rémunération qui sera exigée par la banque devrait être inférieure à celle versée aux intermédiaires
(13,1%). Cette économie de coût sera utilisée, en partie, à améliorer les résultats de la compagnie
d’assurance et l'autre partie sera cédée aux clients, ce qui conférera à l’assureur un avantage
compétitif sur ses concurrents.
En guise d’illustration, la STB-Bank reçoit de la STAR pour sa prestation dans le cadre du
contrat d’assurance « Temporaire décès et invalidité totale », une commission de 10% avec une
participation aux bénéfices alors que la moyenne des commissions versées aux agents généraux en
Tunisie est de 15%,
II.4. Agir au lieu de réagir
L’expérience a montré que les assureurs qui tardent pour adhérer à la bancassurance
perdront progressivement des parts de marché et, à terme, ils seront dans l’obligation de suivre le
phénomène et de réagir à la situation, mais après des pertes importantes de temps et d’argent.
En Tunisie, par exemple, les compagnies d’assurance ont réalisé les opportunités qu’offre la
bancassurance avant même les banques. D'ailleurs, ce sont elles qui sont à l’origine du
développement actuel de la bancassurance tunisienne. Reste aux compagnies d’assurance
algériennes de faire autant et d’agir au moment voulu.

III. Au niveau macroéconomique

Les autorités publiques ont tout intérêt à préparer le cadre réglementaire adéquat et toutes les
facilités nécessaires pour encourager les rapprochements entre banques et compagnies d’assurance
dans le cadre de la bancassurance pour plus d’un titre.
III.1. Un atout pour la coopération entre banques et compagnies d’assurance
La bancassurance serait, peut être, l’origine d’une vraie coopération entre deux prestataires
de services financiers, à savoir les banques et les compagnies d’assurance, pour surmonter les
difficultés actuelles et accélérer le processus de réformes engagé. En effet, en réalité les banques et
les compagnies d'assurance algériennes sont confrontées aux mêmes problèmes. Le très bas taux de
pénétration d’assurance et le faible taux de bancarisation de la population en sont la preuve. Ceci
nous laisse penser, qu’il y a un semblant de réticence de la part des ménages à l’encontre des
services financiers et de leurs prestataires. Le phénomène de thésaurisation et les éléments culturels
comptent beaucoup dans ce problème.

(54)
Source : Activité du secteur des assurances : Résultats en chiffres 2001, Conseil National des Assurances,Alger,
2002

DEUXIEME PARTIE
62
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

La coopération entre banques et compagnies d’assurance permettra de conjuguer les efforts


pour un meilleur essor du marché des services financiers, l’essence même de leurs métiers
respectifs, par des stratégies visant à vulgariser les produits financiers auprès du grand public et à en
faciliter l’accès. L’impact macro-économique serait de bancariser une épargne souterraine oisive et
de garantir une meilleure couverture contre les risques.
III.2. Le développement des assurances de personnes
Au-delà des économies de coûts, d’une meilleure allocation des ressources et l’une
amélioration de l’efficience économique, la bancassurance s'est révélée le meilleur moyen pour
développer les assurances de personnes, notamment les assurances sur la vie. D’ailleurs, les
développements spectaculaires de l’assurance vie qu’ont connus la plupart des pays européens sont
les mérites des bancassureurs, qui ont su créer un vrai marché de l’assurance vie.
Les produits d’assurance vie sont, à la fois, des produits d’épargne à très long terme et des
produits de prévoyance qui constituent une source de financements stables et permettent de mieux
transférer l’utilité de l’argent dans le temps.
L’économie algérienne a, plus que jamais, besoin de l’argent de l’assurance vie pour le
financement des retraites complémentaires, surtout avec les problèmes que connaît actuellement le
système de retraite national, qui arrive difficilement à assurer ses engagements à cause des forts
départs en retraite au cours de ces dernières années et de la hausse de l’espérance de vie de la
population. Le graphique ci-après fait apparaître les difficultés financières de la Caisse Nationale de
Retraite (CNR) :
Graphique 3 : Evolution des recettes et dépenses de la CNR (en milliards de DA)

140
120
100
80 Recettes

60 Dépenses

40 Déficit

20
0
-20
-40
1986 1990 1995 1998 2000 2001 2002 2003 2004

Les années

Source : MTPS, CNR.


Le graphique ci-dessus montre que l’écart entre les recettes et les dépenses est très
important, il a atteint 31,07 milliards de dinars en 2000, et risque de s’aggraver au point de devenir
insoutenable. Ce qui nous laisse penser que des mesures urgentes visant à alléger la situation de la
caisse de retraite sont nécessaires.
En Tunisie, des études ont montré que le système de retraite par répartition, en vigueur,
connaîtra de plus en plus de difficulté pour devenir insoutenable à l’horizon 2050. Les autorités

DEUXIEME PARTIE
63
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

tunisiennes, conscientes du problème, ont pris des mesures visant, d’une part, à retarder sa
survenance et, d’autre part, à préparer et à mettre en place un système de retraite complémentaire
par capitalisation.
Ainsi, l’assurance sur la vie constitue un moyen de développer un système de retraite
facultatif par capitalisation, parallèlement avec le système de retraite obligatoire par répartition, afin
d’assurer une vie plus décente aux assurés pendant leurs beaux jours. Et, nous sommes persuadés
que c'est avec la bancassurance et seulement avec la bancassurance que l’Algérie a une chance de
développer et les assurances de personnes et un système de retraite complémentaire géré par
capitalisation.
III.3. La contribution à l’accumulation de capital et le financement de l’Etat
D’un côté, les ressources que vont générer les activités d’assurance vie et de capitalisation -
dont le développement est conditionné par la généralisation de la bancassurance - serviront à
renforcer l’épargne nationale, ce qui permettra d’augmenter la capacité d’investissement de
l’économie. D’un autre côté, et étant des investisseurs institutionnels, les assureurs investissent une
partie non négligeable de leurs ressources et notamment les provisions techniques de l’assurance vie
dans les titres de l’Etat. Ce qui permet à ce dernier de trouver une source de financement non
inflationniste pour financer son déficit et éviter ainsi les recours aux avances de la Banque Centrale
et à la création monétaire. Ainsi, l’Etat pourra jouer pleinement son rôle économique et social tout
en préservant les équilibres macro-économiques (inflation, équilibre extérieur,…).
III.4. Le maintien d’un service de proximité
Dans la recherche d’une meilleure rentabilité, les banques et les compagnies d’assurance
algériennes seront tentées de fermer les guichets et les agences non rentables, qui sont généralement
situées dans le milieu rural et dans les régions reculées. Le regroupement des activités bancaires
avec celles des assurances aura un effet positif sur la rentabilité de l’agence bancaire et pourra
réduire sensiblement ce mouvement de fermeture et donc à en limiter le licenciement. Et surtout,
cela permettrait de maintenir un service financier de proximité, nécessaire pour subvenir aux
besoins de la population locale et contribuer à limiter l’exode rural.
III.5. L’enrichissement de l’offre en matière de produits d’assurance
D’un côté, la bancassurance permettra de rendre les produits d’assurance plus simples et
plus lisibles. Ceci facilitera la vulgarisation et la prolifération de l’assurance - dont le taux de
pénétration reste très bas - au sein de la population. En effet, les bancassureurs sont dans
l’obligation de présenter des produits simples et facilement compréhensibles pour qu’ils soient
compris par leur personnel qui a peu de connaissances en assurance.
D’un autre côté, la naissance d’un nouveau Acteur sur le marché de l’assurance le rendra,
toutes choses égales par ailleurs, plus concurrentiel et donc plus efficient en terme d’exploitation
des ressources.

DEUXIEME PARTIE
64
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

De ce qui précède, nous pouvons affirmer que la bancassurance sera bénéfique aussi bien sur le plan
micro-économique que sur le plan macro-économique. Les banques et les compagnies d'assurance qui
l'adopteront trouveront leurs comptes : leur rentabilité sera améliorée et leur position concurrentielle renforcée.
Cependant, une partie non négligeable des enjeux macro-économiques ne pourra être atteinte que si les
banques à réseau dense s’impliquent sérieusement dans la bancassurance.
A ce stade, il est nécessaire de s’interroger sur l’essor de la bancassurance en Algérie et le cadre
réglementaire la régissant. Ce dernier fera l’objet du point suivant.

TROISIEME SECTION : LE CHEMINEMENT VERS LA BANCASSURANCE.

Cette section sera consacrée à l’étude du cadre réglementaire de la bancassurance en


Algérie, l’état de son marché, les obstacles entravant son développement et la proposition de
quelques solutions et réformes pour y remédier.

I. Le cadre réglementaire et la bancassurance en Algérie

La vente des produits d'assurance par les établissements bancaires doit être conforme, à la
fois, aux exigences du droit bancaire et celui des assurances. Le cadre réglementaire national reste
imprécis quant à sa perception de la bancassurance. Néanmoins, la lecture attentive de la loi
bancaire et de l’ordonnance 95-07 relative aux assurances peut nous amener à mieux encadrer cette
activité et à en définir le contour et les possibilités de rapprochement entre banques et sociétés
d’assurance en Algérie. Notre exposé serait incomplet, sans la présentation du cadre régissant les
prises de participations entre banques et compagnies d’assurance voire sur leur coopération
capitalistique en général.
Ceci nous amène, a priori, à dire que le système de cloisonnement des activités laisse
quelques ouvertures pour d'éventuelles coopérations entre les différents métiers de la finance.
I.1. Les prises de participation entre banques et compagnies d’assurance
Les banques et les compagnies d’assurance peuvent prendre des participations dans des
entreprises existantes ou dans de nouvelles créations. En effet, au sens de l’article 74 de
l’Ordonnance 03-11, les banques peuvent prendre des participations dans des sociétés d’assurance
existantes et même créer des filiales dans le respect des quotes-parts arrêtées par le CMC. De
même, les sociétés d’assurance, en leur qualité d’investisseur institutionnel, sont autorisées à
investir et à prendre des participations dans des banques existantes déjà ou dans de nouvelles
créations.
Ces dispositions facilitent énormément le rapprochement entre les deux industries et
encouragent davantage le développement de la bancassurance dont la prospérité dépend largement
des liens capitalistiques noués entre la banque et son partenaire compagnie d’assurance.
Cependant, l’article 104 de l’Ordonnance 03-11 interdit à une banque de consentir des
crédits à ses dirigeants, à ses actionnaires ou encore aux entreprises du groupe de la banque. Ceci
réduit significativement le degré d’intégration du groupe. Néanmoins, les compagnies d’assurance

DEUXIEME PARTIE
65
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

peuvent en toute légalité faire leur placement auprès de leur maison mère ou d’une filiale bancaire
sous réserve du respect des placements réglementés.
L’article 110 de l’Ordonnance 03-11 précise que les participations et les relations
financières entre les personnes morales qui contrôlent directement ou indirectement une banque
ainsi que ses filiales sont soumises au contrôle de la Commission Bancaire. Ceci constitue une
innovation en la matière, elle permet de régler définitivement le problème de contrôle des
conglomérats bancaires et financiers(55).
I.2. L'Ordonnance sur la monnaie et le crédit et la bancassurance
L’ordonnance 03-11 relative à la monnaie et au crédit définit rigoureusement les opérations
qui peuvent être effectuées par un établissement bancaire. En sus des opérations de banque, l’article
72 de la loi bancaire autorise les banques à effectuer certaines autres opérations connexes ou
complémentaires à leurs activités, lesquelles, en tout état de cause, doivent demeurer d’une
importance limitée par rapport à l’ensemble de leurs activités habituelles, sans pour autant
astreindre les jeux de la concurrence sur le marché.
Le Règlement 95-06 du 19 novembre 1995 du CMC (Cf. Annexe n°5), définit les opérations
connexes comme étant des activités complémentaires à l’activité bancaire de base(56). Ainsi au sens
de ce règlement, les banques et les établissements financiers peuvent exercer à titre
d’activité connexe, en sus des opérations énumérées dans l’article 72 de la loi bancaire, toute autre
activité connexe expressément fixée dans leurs statuts. Ces opérations doivent demeurer d'une
importance limitée par rapport à l'ensemble de leurs activités. Cependant, ni la loi bancaire ni le
règlement 95-06 relatif aux activités connexes des banques et établissements financiers n’ont
précisé les limites.
L’aliéna 3 de l’article 72 de l'Ordonnance 03-11 autorise les banques à faire :
« Le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs
mobilières et tout produit financier ».
Selon Mr KEREN Vered(57), les bons de capitalisation et les contrats d’assurance vie
pouvant être rachetés par l’assuré sont considérés comme étant des produits financiers. Ainsi, si
nous rejoignons Mr KEREN dans sa perception des produits financiers, alors, les banques
algériennes sont autorisées, au sens de l’article 72 de l’Ordonnance 03-11, à distribuer les produits
d’assurance vie dans la mesure où ils constituent des produits financiers, sous réserve de satisfaire
aux dispositions de la loi relative aux assurances.
Quant aux autres produits d’assurance qui ne peuvent être considérés comme étant des
produits financiers(58), les banques pourront les distribuer si ils sont expressément cités dans leurs
statuts, ce qui revient à modifier ces derniers. Cependant, au sens de l’article 94 de la loi bancaire,
toute modification dans les statuts est soumise à l’approbation soit du Conseil de la Monnaie et du
Crédit soit du Gouverneur. Ainsi, reste-t-il aux banques de convaincre le CMC ou le Gouverneur,

(55)
Il s'agit d'une disposition nouvelle, apportée par l'ordonnance 03-11 relative à la monnaie et au crédit.
(56)
Ce règlement demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par un autre, pris en application de la présente
ordonnance. Cf. article 141 de l’ordonnance 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit.
(57)
KEREN Vered, La bancassurance, Ed Que Sais-je ?,Paris, 1997, p. 66
(58)
Tout produit d'assurance conférant une espérance de gains peut être assimilé à un produit financier.

DEUXIEME PARTIE
66
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

selon le cas, que les nouvelles opérations mentionnées dans le projet de statuts, constituent des
activités connexes au sens de la loi.
En plus, l’ordonnance 03-11, dans son article 75, conditionne l’exercice d’une activité, à
titre habituel, autre que celle autorisée expressément par la loi, par l’obtention de l’accord du CMC
par règlement.
Nous pensons que tous les produits d'assurance accessoires à une opération bancaire peuvent
être qualifiés d’activité connexe et donc d’opération connexe. C’est le cas des contrats d’assurance
qui accompagnent les prêts bancaires ou les cartes de paiement. En effet, si la distribution des
produits d’assurance vie est autorisée, il semble inapproprié que les produits d’assurance constituant
le prolongement naturel des opérations bancaires soient interdits.
Quant aux autres produits d’assurance, comme les garanties de remboursement des frais
médicaux ou les multirisques habitation que certaines législations, à l’instar de la législation
française, qualifient d’opérations extrabancaires dans la mesure où ils ne sont pas des produits
financiers et leur proximité du domaine bancaire n’est pas tout à fait démontrée, il reste très difficile
de statuer sur leur sort.
Cependant, à l’exception des produits d’assurance qui sont considérés comme étant des
produits financiers et donc autorisés au sens de l’aliéna 3 de l’article 72 de la loi bancaire, les autres
produits doivent, à notre sens, avoir l’accord exprès des Autorités Monétaires.
I.3. Les exigences de l’Ordonnance 95-07 relative aux assurances
De son côté, la loi relative aux assurances conditionne l’exercice de l’activité d’assurance
par l’obtention d’un agrément de la tutelle. Ainsi, seules les sociétés d'assurance et les
intermédiaires agréés sont habilités à présenter des produits d’assurance.
Les banques étant des personnes morales, peuvent accéder au marché de l’assurance en se
constituant soit en maison de courtage soit, tout simplement, en courtier. En effet, le courtier
d’assurance est une personne physique ou morale qui peut, en tant qu’intermédiaire et en fonction
de l’agrément obtenu, distribuer des contrats d'assurance de plusieurs compagnies d’assurance.
Néanmoins, ce dernier doit justifier d’un niveau de connaissances suffisant pour pouvoir présenter
des contrats d’assurance. Par voie de conséquence, en se constituant en courtier, la banque sera
tenue de former son personnel pour au moins répondre aux exigences de la loi.
I.4. Vers l'interdiction de l’AssurFinance
La distribution des produits bancaires par les compagnies d’assurance dans le cadre d’une
stratégie d’AssurFinance est, à notre sens, interdite en application de l’article 76(59) de la loi
bancaire et en l’absence de toute exception à l’égard des compagnies d’assurance.
Il est à signaler que la loi 90-10 relative à la monnaie et au crédit, dans son article 123,
donnait au CMC le pouvoir d’autoriser les compagnies d’assurance à exercer les activités de banque
par voie de règlement.

(59)
Article 76 : « il est interdit à toute personne physique ou morale, autre que banque ou établissement financier, selon
le cas d’effectuer les opérations que ceux-ci exercent d’une manière habituelle en vertu des articles 72 à 74 ci-dessus,..»

DEUXIEME PARTIE
67
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

C’est ainsi que la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) s’est vue autorisée par le
CMC, par son règlement 95-01 du 28 février 1995, d’effectuer des opérations de banque en faveur
de la clientèle des secteurs agricole productif, de l'élevage, des forêts et de la pêche (Cf.Annexe 6).
L’arrêté du Ministère des Finances datant du 6 novembre 2000 portant agrément de la
CNMA, en tant que compagnie d'assurance mutuelle, exige d'elle de prendre toutes les dispositions
nécessaires à rendre effective la séparation juridique et financière entre l’activité d’assurance et
l’activité de banque.
Ainsi, l’interdiction implicite d'effectuer les opérations de banques contenue dans la
nouvelle loi bancaire à l’égard des compagnies d’assurance suit une logique de séparation stricte
entre l’activité assurance et l’activité de banque, déjà exprimée dans l’arrêté portant agrément de la
CNMA.
Cette interdiction, annulant l’autorisation consentie par la loi 90-10, barrera définitivement
la route à toute stratégie d’AssurFinance.
Cependant, au sens de l’article 141 de l’ordonnance 03-11, la CNMA peut continuer à
exercer les opérations de banque jusqu’à ce que le règlement l’ayant autorisé soit remplacé.
En guise de conclusion et compte tenu du cadre réglementaire actuel, il apparaît clairement
que le principe est la séparation entre l’activité bancaire et l’activité d’assurance renforçant ainsi le
principe de cloisonnement des activités. Néanmoins, la banque, en vertu de la loi bancaire, pourra
distribuer deux types de produits d’assurance :
- les produits d’assurance considérés comme produits financiers,
- les produits d'assurance pour lesquels une autorisation préalable du CMC est
obtenue pour leur distribution.
La banque, pour satisfaire aux exigences de la loi relative aux assurances, est tenue de se
constituer soit en maison de courtage soit en courtiers et de satisfaire aux exigences de formation
arrêtées.
Cependant, vu le cadre réglementaire actuel et vu l'état du marché bancaire et assurantiel,
peut-on s'attendre à un développement de la bancassurance en Algérie ? L'étude de l'existant nous
permettra, d'ores déjà, de répondre en partie à cette interrogation.

II. Etat des lieux du marché de la bancassurance en Algérie

Les relations entre les banques et les compagnies d'assurance en Algérie ne remontent pas à
l’ère de l’ouverture économique mais bien antérieure à cette époque, quoique le cadre réglementaire
ne fût pas favorable et le cloisonnement des activités était toujours de rigueur. Les compagnies
d’assurance ont, depuis longtemps, fourni aux banques les garanties nécessaires pour la couverture
des risques liés aux prêts, aux autres opérations avec la clientèle et à l’activité bancaire en général
( assurance de fonds transportés,…). De leur côté, les banques constituent une source de placement
des ressources collectées.
Le degré de rapprochement entre banques et compagnies d’assurance apparaît en analysant,
d’une part, les liens capitalistiques entre les deux entités, matérialisés par les prises de
participations, et d’autre part, par le degré de coopération dans la distribution. A cet effet, nous

DEUXIEME PARTIE
68
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

tenterons de présenter, dans un premier temps, les prises de participations entre les banques et les
compagnies d’assurance et le degré de coopération dans la distribution, dans un second temps.
II.1. Aperçu sur les liens capitalistiques entre banques et compagnies
d’assurance
Les banques et les compagnies d’assurance algériennes ont depuis longtemps noué des liens
capitalistiques entre elles. La transition vers l’économie de marché n’a fait que consolider et
renforcer leur essor.
Nous pouvons citer, à titre d’illustration, quelques cas, sans pour autant prétendre à
l’exhaustivité, à défaut d’informations exactes : la Société de Garantie des Crédits Immobiliers
(SGCI) et la Compagnie d’Assurance et de Garantie à l’Exportation (CAGEX) dont le capital est
entièrement détenu par les banques et des compagnies d’assurance publiques, la SAA qui détient
5% de ABC Bank et l’Algérienne des Assurances (2A) qui détient 10% du capital de Arco Bank.
L’émergence d’un secteur bancaire et assurantiel privé a donné un essor au mouvement de
constitution de groupes intégrant des banques et des compagnies d’assurance à l’exemple du groupe
El Rayen et du groupe regroupant l’Algérienne des Assurances et Arco Bank. Cela constitue un
niveau très développé de rapprochement entre les diverses entités du groupe et encourage davantage
l’intégration et la coopération dans la distribution.
II.2. Un marché de bancassurance embryonnaire

II.2.1. La bancassurance à la CNEP-Banque


La CNEP-Banque a instauré en 1988 un fonds de garantie pour assurer elle-même
l’assurance de ses clients emprunteurs contre le décès. Les clients adhéraient au fonds qui leur
garantissait le paiement du solde restant dû de leur crédit en cas de décès.
Avec l’Ordonnance 95 - 07, la CNEP-Banque n’est plus autorisée à assurer seule la
fabrication de ce produit, c’est ainsi qu’elle a opté pour un partenariat avec la SAA dans le cadre de
deux conventions signées à cet effet.
Cet accord permettra à la CNEP-Banque de présenter pour le compte de la SAA des
temporaires décès liées à ses opérations de crédit(60).
II.2.2. Le cas de Rayan Bank
Rayan Bank et Rayan Assurance sont deux sociétés privées à capitaux étrangers appartenant
au groupe qatari de Cheikh Fayçal. Néanmoins, aucune stratégie bancassurance ou d’assurfinance
n’est, à notre connaissance, envisagée. En effet, Rayan Bank ne prend pas en charge la distribution
des produits de Rayan Issurance même si le client de la banque est vivement sollicité pour acquérir
le contrat d’assurance exigé auprès de ladite compagnie d’assurance.
Ce degré de coopération est loin d'être un cas de bancassurance proprement dit. Néanmoins,
les dirigeants du groupe sont conscients des opportunités qu’offre la bancassurance et attendent le
moment opportun pour se lancer. En effet, selon Mr BENAMEUR Djamel, Directeur Général de

(60)
Voir Infra : Pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement, P.82.

DEUXIEME PARTIE
69
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

Al Rayan Insurance, « …De même, comptons-nous suivre notre réseau bancaire en attendant que
les textes nous permettent de faire de la bancassurance »(61).
II.2.3. Le cas de la BCIA
La Banque Commerciale et Industrielle de l’Algérie(62) entretenait une relation directe avec
la Société Transnationale d’Assurance et de Réassurance STAR HANA qui se caractérisait par la
vente au niveau des guichets de la BCIA des polices d’assurance de la STAR HANA, qui sont
généralement liées aux opérations de commerce extérieur des clients de la banque. Toutefois, la
vente de ces polices d’assurance n’est pas assurée par le personnel de la banque mais par les
spécialistes dépendant directement de STAR HANA. L’approche suivie par la BCIA et la STAR
HANA vise à exploiter conjointement les locaux de la BCIA et à réaliser des économies de coûts
liés aux infrastructures de base.
Il y a eu, certes, une tentative de rapprochement entre la BCIA et la STAR HANA, qui n’est
pas allée au delà de l’utilisation d’un même local pour abriter à la fois un guichet de la BCIA et une
agence de la STAR HANA, alors qu’elle pouvait s’inscrire dans le cadre d’une vraie stratégie de
bancassurance visant à dégager des synergies opérationnelles et l’intégration pure et simple de
l’activité assurance dans la banque.
De ce fait, l’expérience de la BCIA et ce qui se faisait dans le cadre de sa relation avec la
STAR HANA ne peut être considérée comme un cas de bancassurance communément admises.
II.2.4. La Banque Al Baraka d'Algérie : une expérience inédite
La Banque Al Baraka Algérie est une banque islamique à capitaux mixtes, 50% du groupe
El Baraka et 50% de la BADR.
Elle s’est intéressée au domaine de l’assurance pour répondre aux besoins de sa clientèle et
assurer pleinement son statut de banque islamique. Pour atteindre cet objectif, elle a procédé, en
2000, à la création de Al-Baraka Oua Al Amane d'Assurance et de Réassurance dont elle a pris la
majorité des parts, ce qui lui a conféré un pouvoir de contrôle sur cette dernière. Néanmoins, cette
situation n’a pas longtemps duré, car la Best Re, filiale de la Best Bank de Tunisie, qui détenait
20% de la compagnie d’assurance avait racheté une bonne partie des parts de cette dernière.
La Banque Al Baraka propose à ses clients, dans le cadre de leurs relations bancaires, les
produits d’assurance de Al-Baraka Oua Al Amane d'Assurance sous une vision différente des autres
assurances et qui s’inscrit dans la continuité de ses fonctions de banque islamique. Désormais, le
concept utilisé est « el Takafoul » qui n’est rien d’autre qu’une prise en charge totale des besoins
bancaires et assurantiels selon les règles islamiques. Selon Mr OUDGHIRI Abdelghani, Directeur
Général d’Al-Baraka Oua Al Amane Assurance et Réassurance, l’assurance proposée a une
particularité d’être participative et très proche du système mutualiste(63).

(61)
OUALINI, Samir, «Al Rayen Insurance : l’ambition à la clé», Algérie Entreprise, n°3 - Avril/mai, 2002. P.38.
(62)
Un administrateur a été nommé par la Commission Bancaire pour préparer la liquidation de la BCIA. Source : Le
quotidien LIBERTE, n° 3313, du samedi 23 août 2003.
(63)
Cf. BENSAMI,Amine, «L’assurance participative», Algérie Entreprise, n°3 - Avril/mai,2002. P.32.

DEUXIEME PARTIE
70
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

Le concept de « el Takafoul » de la Banque Al Baraka est une révolution en soi et promet de


donner naissance à une nouvelle conception au phénomène de la bancassurance qui peut s’avérer
différente des modèles de bancassurance les plus connus en Europe.
II.2.5. L’assurfinance à la CNMA
La Caisse Nationale de Mutualité Agricole est une compagnie d’assurance sous forme
mutuelle sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture. Son activité principale est tournée vers le
secteur agricole, même si son agrément lui permet d’exercer toutes branches d’assurance
confondues.
Suite à sa demande en date du 4 janvier 1995, le CMC a autorisé la CNMA par le règlement
n°95-01 du 28 février 1995 portant dérogation en faveur de la Caisse Nationale de Mutualité
Agricole "CNMA" pour effectuer des opérations de banque. Ce règlement lui confère le statut de
banque agréée(64) et lui permet d’exercer les activités de banque en faveur de la clientèle des
secteurs agricole productif, de l'élevage, des forêts et de la pêche.
Ainsi, la CNMA peut, sous son contrôle, faire effectuer, par les structures mutuelles (Caisses
Locales et Régionales), certaines des opérations de banque que lui confère son agrément.
En plus, la CNMA détient 100% du capital d’une filiale bancaire spécialisée dans le leasing.
Il s’agit de la Société Algérienne du Leasing Mobilier (SALEM).
L’engagement de la CNMA dans la voie d’AssurFinance apparaît un processus irréversible
mais la séparation entre l’activité bancaire et l’activité assurance reste de rigueur.
Enfin, pour des raisons d’efficience économique et pour une meilleure prise en charge des
besoins en matière bancaire et assurantielle des clients du secteur agricole, de l’élevage et de la
pêche, il serait très intéressant d’adopter le système de Guichet Unique qui prendra en charge et le
financement et l’assurance des clients.
Ce bref aperçu des quelques cas que nous nous sommes permis de qualifier de bancassurance, nous
amène à dire que la bancassurance en Algérie est dans un état primitif et loin de suivre l’évolution et les
synergies qui s’opèrent dans le secteur des services financiers du monde occidental. Ce retard est le résultat
de divers facteurs qui seront développés dans le point ci-après.

III. Les obstacles entravant le développement de la bancassurance en Algérie

Le développement timide de la bancassurance en Algérie, voire son inexistence, n’est pas le


résultat du hasard. Il est dû à plusieurs facteurs que nous pourrons résumer en ce qui suit :
III.1. Les obstacles à caractère réglementaire

III.1.1. Le cadre réglementaire de la bancassurance en Algérie


Force est de constater que le cloisonnement des activités demeure encore de rigueur et les
traits séparant l’activité bancaire de celle de l’assurance demeurent prévisibles.

(64)
La CNMA apparaît dans la liste des banques agréées arrêtée par la Banque d’Algérie. Cf. www.bank-of-algeria.dz.

DEUXIEME PARTIE
71
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

A notre sens, même si le cadre réglementaire actuel, déjà évoqué auparavant, autorise le
rapprochement entre banques et compagnies d’assurance - ou de moins ne l’interdit pas - plusieurs
insuffisances persistent encore dans la mesure où il n’existe aucune mesure palpable de nature à
faciliter ou à encourager la bancassurance à l’image de ce qui s’est fait ailleurs dans le monde.
En effet, il n’existe aucun cadre réglementaire reconnaissant d’une manière expresse
l’activité de bancassurance et autorisant d’une manière explicite les banques à distribuer les
produits d’assurance, même si l’interprétation de la loi bancaire nous laisse penser que certains
produits d’assurance peuvent être distribués par le réseau bancaire, sous réserve de satisfaire à
certaines conditions. Cette réserve constitue en elle-même un obstacle ou de moins n'en facilite pas
l’accès. La loi relative aux assurances, de son côté, ne reconnaît le statut de distributeur de produits
d'assurance qu'aux seuls assureurs et aux intermédiaires agréés. A cet effet, les banques qui veulent
distribuer des produits d’assurance seront dans l’obligation de se constituer en courtiers ou en
maisons de courtage.
Ainsi, pouvons-nous affirmer que le cadre réglementaire régissant l’activité bancaire et
l’activité d'assurance n’est pas propice pour assurer le développement de la bancassurance.
Cependant, malgré les difficultés réglementaires, des stratégies bancassurance peuvent voir
le jour et peuvent même être suivies de succès. En effet, pendant les premières années de la
bancassurance en France, le cadre réglementaire n’était pas du tout favorable et le débat sur son
autorisation ou son interdiction n’était pas encore terminé. L’intervention du législateur pour
réglementer cette activité et pour mieux l’encadrer n’est venue qu’en 1984 avec la nouvelle loi
bancaire, alors que le mouvement de rapprochement entre banquier et assureur est bien antérieur à
cette date. Le même scénario c’est produit en Tunisie où la reconnaissance de la bancassurance est
venue tardivement en 2000 avec la loi modifiant et complétant le Code des Assurances.
III.1.2. Le régime fiscal de l’assurance vie en Algérie
Le développement de l’assurance vie et des produits d’assurance de personnes en général
- qui constituent la principale source d’intérêt des banques - dépend largement des avantages
fiscaux conférés à ces derniers. L’inexistence de barrières fiscales à l’entrée, la faible taxation des
plus-values ou leur exonération est indispensable pour que ces produits deviennent attrayants.
Décidément, il n’existe, en Algérie, aucune mesure et aucun avantage d’ordre fiscal à
l’encontre des produits d’assurance sur la vie, à l’exception de ceux évoqués précédemment(65),
pour encourager leur souscription. Ceci n’encourage pas les banques à investir dans un marché où
les produits sont méconnus par la clientèle et qui ne confère aucun avantage de taille promettant son
développement futur, à l’image de ce qui s’est passé sur le marché de l’assurance vie français.
Ainsi, les avantages fiscaux restent indispensables pour qu’il y ait un développement durable
des produits d’assurance de personnes, sans lesquels la bancassurance resterait à une étape primitive
et serait limitée à la distribution des produits d’assurance constituant le prolongement naturel de
l’activité bancaire et certaines assurances obligatoires.

(65)
Voir supra. Le régime fiscal des assurances de personnes en Algérie. P.55.

DEUXIEME PARTIE
72
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

III.2. Les obstacles d’ordre culturel

III.2.1. Du côté de la clientèle


La grande majorité de la population dispose d’un niveau de connaissances moyen, voire bas,
en matière financière ; ce qui pourrait poser des problèmes pour convaincre les clients d’acquérir les
produits d’assurance de personnes et surtout les produits d’assurance sur la vie qui restent encore un
sujet tabou difficile à aborder.
Néanmoins, cette situation n’est pas propre à l’Algérie, elle est bien connue en France et
dans certains autres pays européens. En effet, avant l’avènement de la bancassurance, l’assurance
sur la vie était en France un sujet tabou et difficilement vendable. Mais, les bancassureurs ont pu
pallier à cette situation grâce, d’une part, à leur bonne connaissance de la clientèle et à la confiance
que met cette dernière en eux et, d’autre part, et surtout, à la manière dans laquelle les clients sont
abordés.
Dans cette logique, le message des forces de vente se limite à évoquer les seules
conséquences financières de la perte d’un membre actif de la famille, dans le cas d’un contrat décès,
ou les conséquences financières liées à une durée de vie assez longue, dans le cas d’un contrat vie.
La pratique a démontré qu’il est assez facile de faire adhérer le père de famille à un contrat qui
garantira une vie décente à sa famille en cas de sa disparition rien qu’en provoquant chez lui le côté
du « bon père de famille » combiné avec tous les avantages fiscaux y afférents.
En Tunisie, l’assurance vie n’est pas vraiment développée mais certains bancassureurs
commencent à avoir des résultats probants à l’instar de la BIAT qui s’est engagée dans cette voie en
usant de tous les moyens au point de faire du « porte à porte ».
Les bancassureurs algériens pourront faire dépasser les tabous, à l’image de ce qui s’est fait
en France et ce qui se fait en Tunisie, à condition qu’il y ait une bonne volonté et sous réserve
d’impliquer sérieusement les équipes marketing dans l’opération. Si les banques françaises l’ont fait
et si les banques tunisiennes sont entrain de le faire, nous avons le droit de penser que les banques
algériennes pourront le faire aussi.
III.2.2. Du côté bancaire

III.2.2.1. L’image de marque


En France, et là où s’est imposée la bancassurance, les banques bénéficient d’une image de
marque auprès des clients. Les enquêtes ont révélé que ces derniers attendent de leurs banques la
satisfaction de leur besoin en sécurité, et qu’ils ont entièrement confiance dans les chargés de
clientèle pour les aider à gérer leur patrimoine.
En Algérie, malheureusement, il n’existe aucune enquête sérieuse susceptible de déceler et
d’identifier les besoins et les attentes de la clientèle. Quant à l’image de marque de la banque, toutes
les données nous amènent à conclure qu’elle n’est pas tout à fait bonne. Le public pense toujours, à
tort ou à raison, que le banquier offre un parapluie quand il fait beau pour le retirer quand il pleut.
Cela est dû essentiellement à l’absence d’une vraie communication entre la banque et le
client, que les banques essaient, d’emblée, de combler par la mise en place de structures chargées de

DEUXIEME PARTIE
73
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

la communication et du marketing. L’héritage de l’époque socialiste n’est pas sans effets sur
l’image des banques et sur la qualité de ses prestations. En effet, la planification centralisée a donné
aux banques une image plus d’une administration publique que d’une entité pour laquelle la gestion
des risques est l’essence même de son métier. Les banques sont, ainsi, habituées à réagir au lieu
d’agir délaissant toute innovation.
Cette absence d’innovation, conjuguée avec le manque de professionnalisme et le déficit en
termes de politique commerciale, peut ralentir sérieusement le développement de la bancassurance
en Algérie.
Mais, n’est-il pas le moment et l’occasion de renouer avec l’innovation en s’engageant dans
la voie de la bancassurance ? Le choix peut apparaître difficile, mais il ne l’est pour autant !
III.2.2.2. Les moyens techniques
Pour une meilleure prise en charge des opérations de bancassurance, la connexion du
système d’information de la banque et celui du partenaire assureur, s’avère nécessaire. Or, la
plupart des banques et des compagnies d’assurance algériennes ne disposent pas de systèmes
d’information performants. Ainsi, les agences de la même banque ne sont pas encore
interconnectées, de même pour les compagnies d’assurance. Ce qui rend impossible la
télétransmission des informations, faute de connexion des deux systèmes d’information.
Ceci constitue, certes, un obstacle. Néanmoins, la bancassurance peut être mise en place en
se passant de la télétransmission des informations, qui reste tout de même le meilleur moyen de
gérer les contrats, à l’instar de ce qui se fait actuellement entre la STB ( Société Tunisienne de
Banque ) et la STAR ( Société Tunisienne d’Assurance et de Réassurance ) où la transmission des
informations se fait par courrier et par disquette.

IV. La proposition de quelques solutions et réformes

IV.1. Sur le plan réglementaire


Le développement de la bancassurance nécessite un cadre réglementaire favorable tant sur le
plan organisationnel que sur le plan fiscal. A cet effet, nous tenterons, ci-après, de présenter
quelques propositions afin de remédier à certains points, qui nous semblent être des insuffisances et
des lacunes à combler.
IV.1.1. Côté bancaire
La loi bancaire n’a pas tranché sur la connexité de la distribution des produits d’assurance à
l’activité bancaire. Le flou qui existe laisse les portes grandes ouvertes à toutes les interprétations.
Pour y remédier, nous proposons ce qui suit :
● Il aurait été souhaitable qu’il y ait un texte ( un Règlement ou une Note aux Banques et
aux Etablissements Financiers) des Autorités Monétaires définissant et reconnaissant d’une manière
explicite les produits d'assurance dont la distribution constitue une activité connexe au sens de la
loi, et à déterminer éventuellement les produits d’assurance qui pourront être distribués à titre
d’activité extrabancaire.

DEUXIEME PARTIE
74
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

● La liste des produits d’assurance que les banques seront autorisées à distribuer doit, à
notre sens, comporter au moins deux types de produits :
- les produits d’assurance accessoires aux opérations bancaires et qui constituent le
prolongement naturel de leur activité. Ce sont tous les produits d’assurance liés aux
produits bancaires de base(66).
- les assurances de personnes en général, et surtout les produits d’assurance sur la vie et
les produits de capitalisation.
● Comme la loi bancaire exige que les activités connexes soient d’une importance limitée
par rapport à l’ensemble des opérations bancaires, sans précision d’une limite bien déterminée, il
nous semble nécessaire de déterminer d’une manière expresse ladite limite ;
● définir l’étendue du secret bancaire auquel est tenu le banquier et déterminer les
conditions dans lesquelles certaines informations pourront, éventuellement, être communiquées au
partenaire assureur.
La loi française autorise le banquier à communiquer, à des tiers, des informations, d’ordre
général, sur la situation financière de son client. Cependant, toute communication d’informations
précises sur un client au partenaire assureur, même si c’est une filiale, est subordonnée à l’accord
exprès du client.
IV.1.2. Côté Assurance
L’ordonnance 95-07 relative aux assurances pourrait être allégée en faveur des banques pour
leur faciliter l’accès au marché de l’assurance, dans le respect de la déontologie et l’orthodoxie du
métier. Nous proposons :
● de reconnaître aux banques le statut de distributeur de produits d’assurance pour le compte
d’un ou de plusieurs assureurs contre une convention signée par les deux partenaires, en les
dispensant, ainsi, de se constituer en courtier ou en maison de courtage. Néanmoins, il y a lieu de
définir le cadre général de cette relation afin d’éviter les abus.
● Dans le but de protéger les clients souscripteurs des contrats d’assurance, il est nécessaire
de définir le niveau de connaissances nécessaire au personnel banquier pour qu’il soit apte à
présenter les produits d’assurance à la clientèle notamment pour les produits d’assurance vie et de
capitalisation. En France, la présentation des produits d’assurance par le personnel est subordonnée
à l’obtention d’une carte professionnelle, après un stage de formation continue, d’au moins 150
heures, auprès d’un assureur.
IV.1.3. Côté fiscal
Nous proposons de rendre le régime fiscal des assurances sur la vie plus favorable et plus
accessible en réduisant l’ampleur de l’imposition. Ceci peut se faire soit en réduisant la fiscalité à
l’entrée soit en réduisant la fiscalité à la sortie ou les deux à la fois, et c’est ce qui se fait
généralement(67).

(66)
Voir Supra. Les produits constituant le prolongement naturel des opérations bancaires. P.13.
(67)
Cf. annexe n° 7, La fiscalité de l’assurance vie dans l’Union Européenne.

DEUXIEME PARTIE
75
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

La fiscalité à l’entrée : il y a lieu d’offrir des réductions d’impôts, au titre de l'impôt sur le
Revenu Global (IRG), sur le montant des primes versées dans le cadre d’un contrat d'assurance vie
ou de capitalisation, si la durée de souscription dépasse une durée déterminée ( par exemple 8 ans ).
Cette réduction peut se faire selon plusieurs modalités, qui peuvent aller d’une simple déduction
fiscale, plafonnée par foyer et par enfants à charge, jusqu'à l’exonération totale des primes versées
dans le cadre d’un contrat d’assurance vie, au titre de l’Impôt sur le Revenu Global.
La fiscalité à la sortie : la sortie d’un contrat d’assurance vie peut se faire soit en capital soit
en rente. Le montant de la sortie est composé du capital représentant le cumul des primes payées et
des produits du placement, représentant la différence entre les sommes à recevoir et le cumul des
primes payées.
Nous proposons, quelque soit le mode de sortie :
- l’exonération du capital de tout impôt,
- une taxation, à titre de l’IRG, dégressive avec la durée de souscription
jusqu’à l’exonération totale pour les contrats dont la durée de souscription dépasse 8 ans par
exemple.(68)
Cependant, ces dégrèvements fiscaux peuvent être une source d’évasion fiscale et un moyen
de faire échapper une succession aux droits de succession. A cet effet, il y a lieu d’arrêter un âge,
par assuré, à partir duquel les produits seraient soumis normalement au barème IRG. Par exemple, il
y a lieu d’appliquer le barème IRG aux produits des contrats souscrits par les personnes dont l’age
dépasse 70 ans et dont le bénéficiaire est une tierce personne.
IV.2. Les réformes structurelles
Les banques et les compagnies d’assurance doivent faire des efforts afin d’améliorer leur
image auprès de la clientèle et auprès du grand public. Ceci ne pourra se faire sans l’amélioration de
la qualité de leurs prestations.
Les banques doivent être à l’écoute de la clientèle et toujours près d’elle pour l’aider à faire
face à tous ses besoins financiers.
Les compagnies d’assurance doivent, de leur côté, réduire les sources de mécontentement
des assurés qui sont généralement liées aux mauvais règlements des sinistres notamment ceux de
l’assurance automobile.
Une communication objective et convaincante, combinée avec une bonne politique
commerciale usant tous les outils du marketing permettront aux banques et aux compagnies
d’assurance de surmonter les difficultés actuelles et de se lancer dans une nouvelle ère.
Le retard accusé en matière de système d’information et d’automatisation des opérations
aussi bien au niveau bancaire qu'assuranciel doit être comblé très rapidement pour permettre aux
deux entités de jouer pleinement leur rôle.
Ces réformes ne sont pas seulement nécessaires au développement de la bancassurance.
Elles sont, ainsi, indispensables et constituent les conditions sine qua non pour le développement, à

(68)
Pour plus d’informations, se référer à : LAMELOT.G et LERICHE.J, Assurance vie Prévoyance . Epargne .
Retraite, Ed Delmas, 3ème , 1993, pp 180 à 222.

DEUXIEME PARTIE
76
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

la fois, de l’activité Assurance et du secteur bancaire. De ce fait, le présent mémoire ne peut pas
prétendre leur apporter des solutions. .
Compte tenu du contexte actuel, et vu la réalité du marché de la banque et de l’assurance,
comment la bancassurance peut-elle se présenter en Algérie ?

QUATRIEME SECTION : UN MODELE DE BANCASSURANCE POUR


L’ALGERIE.
Si la bancassurance devrait se faire en Algérie, la saturation du marché ne pourra être avancée
comme argument ou comme motivation de lancement. Elle doit répondre, à notre sens, à un besoin de
renouer avec l’innovation et une volonté de satisfaire les besoins de la clientèle, tout en améliorant la
rentabilité aussi bien de la banque que du partenaire assureur.
Les banques et les compagnies d’assurance doivent coopérer et travailler dans le but
d’améliorer la qualité de leurs prestations - généralement complémentaires - pour une meilleure
efficience et un meilleur transfert de l’utilité de l’argent dans le temps. L’état actuel de leurs
marchés respectifs et la nécessité de prendre des mesures urgentes pour y remédier, les obligent,
plus que jamais, à s’entraider et à se lancer dans des voies de coopération, dans le cadre de
stratégies de bancassurance.
Même si le cadre réglementaire actuel autorise les banques à créer ou à détenir des
participations dans une société d’assurance, la présentation des produits d’assurance pour leur
compte ou pour le compte d’une tierce personne, ne peut se faire sans l’agrément du Ministère des
Finances qui ne laisse aux banques qu’une seule voie pour accéder au marché de l’assurance, les
obligeant ainsi à se constituer en courtiers ou en maison de courtage.

I. La stratégie de rapprochement

Les banques ont le choix entre les différentes stratégies «Bancassurance», développées
précédemment, oscillant entre un simple accord de distribution jusqu'à la création d’une société
d’assurance filiale de la banque.
Cependant, pour un début, et pendant toute la période nécessaire pour l’apprentissage et la
familiarisation avec les produits d’assurance, il est vivement recommandé aux banques de coopérer
avec une compagnie d’assurance ayant une expérience en la matière et donc connaît mieux que
quiconque, les techniques de l’assurance et son marché. Ainsi, la banque aura à distribuer, par son
personnel habituel, des contrats d’assurance de la compagnie d’assurance de son choix au niveau
des guichets bancaires. La clientèle cible est bien évidemment l’ensemble des clients de la banque.
Cela peut se faire en concluant des accords de distribution avec un ou plusieurs assureurs. Or,
l’expérience a montré que ce sont les stratégies mono label qui donnent de meilleurs résultats, d’où
l’intérêt de travailler avec un seul assureur. L’accord de distribution doit, de préférence, être conclu
avec une société d’assurance avec laquelle la banque a des liens capitalistiques, toutes choses égales
par ailleurs, pour une meilleure intégration de l’activité et un meilleur retour sur investissement.
En effet, un regard attentif aux expériences occidentales, notamment à l’expérience
française, fait apparaître que la plupart des banques ont opté pour des stratégies visant à conclure

DEUXIEME PARTIE
77
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

des accords de distribution avec des compagnies d’assurance, conjugués, généralement, avec des
prises de participations croisées, durant les premières années du lancement de la bancassurance.
Ceci dans le but d’éviter des investissements lourds en capital et en formation, et surtout pour
bénéficier de l’expérience de son partenaire assureur en matière d’assurance.
D’où la nécessité aux banques algériennes d’opter pour un partenariat avec une compagnie
d’assurance existante en attendant de passer à un stade plus évolué de bancassurance dont la
survenance dépend, largement, de l’expérience acquise durant la période d’apprentissage.

II. Les produits à lancer et la stratégie de lancement

Le choix des produits à lancer relève de la stratégie d’entreprise qui doit, dans tous les cas,
tenir compte de l’environnement interne et externe et surtout, qu’il soit le résultat d’études
appropriées. Compte tenu de l’état actuel de l’environnement bancaire et des réalités du marché des
assurances, nous pensons que la bancassurance doit se faire en deux étapes bien distinctes.
II.1. La première étape

II.1.1. Le choix des produits


Dans une première étape, les banques devront se contenter de distribuer les produits
d'assurance, constituant le prolongement naturel de leur activité principale et qui sont,
généralement, accessoires aux opérations bancaires.
Elles doivent commencer par la bancarisation des produits d'assurance exigés,
obligatoirement, pour l’acquisition de certains produits bancaires, à l’image des contrats
d’assurance temporaires décès et invalidité totale exigés lors d’octroi d’un crédit.
La temporaire décès convient à tous les types de crédit aux particuliers, du simple découvert
aux crédits hypothécaires les plus complexes.
Le caractère obligatoire de ces polices d’assurance constitue le gage de réussite de
l’opération. Néanmoins, la banque doit exiger de son partenaire assureur d’appliquer des tarifs
concurrentiels et de réduire au maximum les questionnaires médicaux, d’une part, pour rendre le
produit bancaire plus attractif et pour convaincre, assez facilement, le client d’acquérir le contrat
d’assurance proposé, sans user des pratiques commerciales abusives, d’autre part. En tout état de
cause, le contrat offert par la banque doit être meilleur que celui à acquérir chez un autre assureur
traditionnel et doit être apprécié et valorisé par les clients.
A côté de ces contrats d’assurance quasi-obligatoires, les banques peuvent étoffer leur
gamme de produits par l’introduction d’autres contrats d'assurance, notamment ceux liés aux
comptes de dépôts et aux instruments de paiements. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, les
contrats d’assurance liés aux comptes d'épargne qui garantissent le paiement du solde moyen du
compte, en cas de décès du titulaire, ou ceux garantissant le paiement à la famille du défunt un an
de salaire. Les exemples ne manquent pas et les banques peuvent créer autant de produits qu’on
peut imaginer, selon les besoins de la clientèle, et selon les orientations stratégiques de la banque.

DEUXIEME PARTIE
78
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

Cependant, une étude préalable est nécessaire pour la détermination des besoins réels des
clients afin que le produit leur soit de sur-mesure.
II.1.2. La communication et le marketing liés aux produits
L’implication des équipes marketing est indispensable, à ce niveau, pour que le produit soit
attrayant et pour qu’il puisse répondre aux attentes de la clientèle et, surtout, pour être facilement
vendable. Les compagnes marketing seront indispensables pour la promotion et la vulgarisation de
ces produits.
En tout état de cause, la communication doit être objective et le chargé de clientèle doit se
contenter d’évoquer le côté financier du produit et son utilité, sans évoquer les mécanismes
financiers et techniques qui ont servi à sa fabrication.
II.1.3. Les relations banque/compagnie d’assurance
La compagnie d’assurance doit s’engager à traiter, à bonne date, les contrats d’assurance qui
lui seront présentés par la banque, de même pour le règlement des sinistres. Elle doit céder une
partie des primes reçues à la banque, à titre de rémunération pour sa prestation, et la faire participer
aux bénéfices de l’opération.
Elle doit aussi participer à la formation d’une partie du personnel de la banque, en matière
d’assurance, qui sera chargée, ensuite, de former les autres collègues.
Comme les produits à lancer sont très simples, il n’est pas nécessaire de dépêcher de la
compagnie d’assurance un spécialiste pour assister le personnel banquier dans la vente des produits
d’assurance. La formation dispensée permettra aux Chargés d’Etudes de distribuer, sans grandes
difficultés, les produits d’assurance en leur possession.
Cette étape permettra aux banquiers de se familiariser avec les techniques d’assurance,
d’acquérir une autre approche du risque et de comprendre les tenants et les aboutissants de
l’assurance. La durée nécessaire pour l’apprentissage ne peut être déterminée a priori, elle dépend
en particulier de la volonté du staff dirigeant à intégrer définitivement l’assurance dans la stratégie
de la banque et de l’intensification des formations.
II.2. La deuxième étape
Cette deuxième étape marquera la fin de la période d’apprentissage et préparera les banques
vers une nouvelle ère de bancassurance.
A cette étape, les banques pourront lancer les produits d’assurance vie à dominante
financière et les produits de capitalisation qui constituent l’essence même de la bancassurance. Ces
produits doivent répondre aux besoins de la clientèle en matière de complément retraite, de
constitution d’un capital pour un enfant en vue de son insertion professionnelle future, pour
constituer une bourse d’études ou tout simplement pour financer des prêts hypothécaires.
Les produits d’assurance vie pourront répondre aux divers besoins de la clientèle et le
bancassureur algérien pourra les présenter aussi bien pour la clientèle domiciliée chez lui que pour
la clientèle domiciliée ailleurs.
A ce niveau, et avec les produits d’assurance vie, le transfert de fonds de la banque vers la
compagnie d’assurance partenaire peut s’avérer très important, voire préjudiciable pour le bilan de

DEUXIEME PARTIE
79
CHAPITRE PREMIER : Les voies de développement de la bancassurance en Algérie

la banque. De ce fait, la création d’une filiale assurance ou le contrôle d’une compagnie existante
s’avère indispensable.
Pour cette deuxième étape, et contrairement à la première, le versement d’intéressements
sous forme de commissions, au personnel qui a contribué à la distribution des produits d’assurance,
est plus que nécessaire pour les stimuler et accélérer l’intégration de ces produits. Toutefois, il ne
faut pas perdre de vue que le personnel pourra délaisser les produits bancaires pour lesquels il ne
reçoit aucun intéressement, d’où la nécessité d’adopter une approche objective évitant tout conflit.
Le succès des produits d’assurance vie à dominante financière, comme nous l’avons
présenté précédemment, dépend largement des avantages fiscaux conférés, sans lesquels ces
produits ne risquent pas d’avoir un avenir promoteur. De ce fait, les banques doivent être prudentes,
à cet égard, et doivent étudier sérieusement l’opportunité d’un tel investissement, qui sera très
consommateur de capitaux, notamment en formation du personnel.

Décidément, le cadre réglementaire actuel ne facilite pas le développement de la bancassurance,


mais il ne l’interdit pas pour autant. Les pouvoirs publics doivent intervenir pour encourager l’essor de la
bancassurance eu égard à son utilité économique.

Nous pouvons affirmer que la bancassurance, comme elle est pratiquée de part le monde, est quasi-
inexistante en Algérie et les quelques cas de coopérations entre banques et compagnies d'assurance ne
s'inscrivent nullement dans le cadre de stratégies bancassurance.

Cependant, les banques et les compagnies d’assurance algériennes pourront coopérer davantage
pour améliorer leur performance, tout en tenant compte de l’environnement actuel. Les banques peuvent
commencer, d’ores et déjà, par la distribution des produits d’assurance constituant le prolongement naturel de
leur activité, puis passer à une autre étape et distribuer les produits d’assurance vie à dominante financière.
Mais, en tout état de cause, et en notre qualité d’élève, nous nous gardons de nous engager dans une
analyse critique, et a fortiori, dans un pronostic sur le futur et l’avenir de la bancassurance en Algérie.

DEUXIEME PARTIE
80
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

DEUXIEME CHAPITRE :

La pratique de la bancassurance à la CNEP-


Banque et ses perspectives de développement.

A fortiori, il est très difficile de qualifier le volet assurance traité au niveau de la CNEP-Banque
de cas de bancassurance, vu l'absence d'une stratégie bancassurance apparente et vu l'état primitif
dans lequel se trouve cette dernière. En effet, l'existant se réduit aux seuls contrats d'assurance liés aux
crédits octroyés.
Le but du présent cas pratique est d'arriver à proposer la manière dans laquelle la
bancassurance pourrait être développée à la CNEP-Banque, compte tenu de ses spécificités.
Pour ce faire, nous présenterons l’état et le degré d’intégration de l’activité Assurance au sein
de la CNEP-Banque. Ainsi, nous présenterons, dans un premier temps, les divers produits d’assurance
distribués au niveau des guichets de la banque afin d’avoir une idée précise sur l’existant. Dans un
deuxième temps, tenterons-nous de proposer la voie à emprunter pour une intégration réelle et effective
de la bancassurance à la CNEP-Banque, en s’inspirant de l’expérience de la STB-Bank et son plan
d'action futur. Expérience, que nous avons, rappelons-le, vue de près pendant le stage pratique que
nous avons effectué au sein de cette dernière.
La méthodologie à suivre est la suivante :
Nous étudierons, dans un premier temps, dans la première section, l’existant en matière de
produits d'assurance distribués à la clientèle et le cadre régissant ces derniers à la CNEP-Banque.
Dans un deuxième temps, nous essayerons de relater l’expérience de la STB-Bank en matière de
bancassurance et surtout son mode de gestion centralisateur.
Le but ultime de cette approche comparative entre la CNEP-Banque et la STB-Bank est
d’arriver à faire ressortir les points forts et les points faibles de l’une et de l’autre, pour les exploiter afin
d'améliorer la procédure arrêtée par la CNEP-Banque, qui constitue l’objet même du présent cas
pratique.

Ainsi, la deuxième section, sera consacrée à la proposition, d'une part, de quelques solutions
pratiques pour l'amélioration de l'existant et la manière dont il est pratiqué et d'autre part aux voies
possibles pour l’élargissant de l’activité de la CNEP-Banque en matière de bancassurance.

DEUXIEME PARTIE 82
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

PREMIERE SECTION : ETUDE COMPARATIVE DE LA BANCASSURANCE A


LA CNEP-BANQUE ET A LA STB-BANK.
Cette section sera subdivisée en trois principaux points : dans le premier, nous étudierons la
bancassurance à la CNEP-Banque, le deuxième sera consacré à la STB-Bank et le troisième sera
voué aux enseignements à tirer des deux expériences.

I. La bancassurance et la CNEP-Banque : une expérience ancienne dans un


état primitif.
L'étude de l'existant en matière de bancassurance, que nous voulons présenter dans le point
suivant, nous permettra de nous prononcer sur ses voies de développement possibles. Pour une
meilleure compréhension, nous avons jugé nécessaire de faire une présentation, quoique brève, de la
CNEP-Banque où nous avons passé un stage de trois semaines.
I.1. Présentation de la CNEP-Banque
La CNEP-Banque est une société par actions au capital social de 14 milliards de dinars
entièrement libérés, constituant une dotation du Trésor Public, son siège social réside à 42, Rue
Khelifa Boukhalfa, Alger. Elle a obtenu son agrément de Banque par le règlement n°01/97 du
Conseil de la Monnaie et du Crédit.
La création de la Caisse Nationale de l’Epargne et de Prévoyance revient au décret n° 64-
227 du 10 août 1964, en prenant l’ossature de la Caisse de Solidarité des Départements et des
Communes d’Algérie (CSDCA). En plus de ses activités de Caisse d’Epargne chargée de collecter
l’épargne des ménages et de financer les projets immobiliers, les statuts conféraient à la CNEP
- l’institution étant considérée comme étant un démembrement de l’Etat - des missions de service
public. En 1971, elle a institué le système d’épargne logement qui liait l’épargne à la perspective
d’acquérir un logement et elle a été chargée de financer les programmes d’habitat, soit par les fonds
du Trésor public soit par l’épargne collectée.
Durant la décennie 80, la CNEP s’est vue assigner de nouvelles missions en l’impliquant
dans le financement et l’encouragement de l’initiative individuelle de construction.
C’est ainsi que la CNEP a joué pleinement son rôle de Caisse d’Epargne, chargée de la
collecte de l’épargne populaire et du financement de l’habitat.
Il a fallu attendre jusqu'à 1997 pour que la CNEP devienne une banque universelle exerçant
toutes les activités que lui a conférées la loi. En plus de sa dominance sur le marché du financement
de l’immobilier, la CNEP-Banque contribue considérablement au financement de l’économie par
les divers crédits qu’elle consent aux particuliers et aux promoteurs immobiliers. C’est ainsi
qu’après seulement deux ans du lancement du crédit véhicule que la CNEP-Banque a pu accorder
plus de 24 000 crédits, pour un montant de plus 10,8 milliards de dinars. Elle a connu plusieurs
mutations tant sur le plan organisationnel(1) que sur le plan fonctionnel pour pouvoir assurer ses
fonctions de banque universelle.

(1)
Cf. annexe n° 8, Organigramme actuel de la CNEP-Banque.

DEUXIEME PARTIE 83
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Son intervention croissante sur le marché des crédits aux particuliers la rend, de plus en plus,
proche du domaine de l’assurance qui lui sert d’appui et de gage de sécurité.
I.2. L'intégration des contrats d’assurance liés aux crédits
La CNEP a commencé à s’intéresser au domaine de l’assurance depuis déjà les années 80,
dès qu’elle s’est vue impliquée dans le financement et l’encouragement de l’initiative individuelle
de construction. Le but était de se couvrir contre certains risques qui pouvaient compromettre le
recouvrement du crédit. De ce fait, la construction objet du financement devait être assurée contre
l’incendie, et l’emprunteur devait souscrire un contrat d’assurance vie garantissant le paiement du
solde restant dû du crédit octroyé auprès de la SAA, qui avait le monopole sur le marché des
assurances de personnes et des risques individuels. Cette situation a favorisé la naissance d’une
relation privilégiée entre la CNEP et la SAA.
La CNEP - insatisfaite de la prestation de la SAA du fait de la cherté des polices
d'assurance, des délais longs que prenait cette dernière pour le traitement des dossiers et surtout au
fait qu'elle est tenue, dans la plupart des cas, de payer les primes d'assurance à la place des clients,
faute de quoi le contrat d'assurance serait résilié - a vu en la création d'une structure qui prendra en
charge le volet assurance lié aux crédits une solution nette à ses problèmes.

I.2.1. L’assurance dans le cadre du fonds de garantie


En 1988, la CNEP a institué un fonds, dénommé Fonds de Garantie, rattaché
administrativement à la Direction des Recouvrements, qui garantissait à la banque le recouvrement
de ses emprunts en cas de décès de l’emprunteur sans ni la mise en jeu des garanties (hypothèques)
ni le recours contre la famille du défunt.
Le mécanisme du fonds de garantie est simple : l’emprunteur est tenu d’adhérer au fonds de
garantie par le versement d’une somme forfaitaire(1) de 1 000 DA quelque soit le montant du prêt
accordé et doit, en plus, s’acquitter d’une prime annuelle modulée en fonction du montant du prêt
accordé selon le barème arrêté (Cf. annexe n° 9 )
Ce barème ne tient compte que du montant du crédit accordé, abstraction faite de l’âge de
l’assuré, de la durée du crédit et de l'échéancier de remboursement.
Le fonds de garantie garantissait à l’adhérant le paiement du solde restant dû du prêt en cas
de son décès. Il permettait de créer une mutualité entre les emprunteurs en les garantissant contre le
risque de décès. En agissant ainsi, la CNEP jouait pleinement le rôle d’assureur en assurant la
fabrication et la distribution de la temporaire décès en plus de son activité de banque de l’habitat.
La convention de prêt signée par le client emprunteur contient des clauses quant à l’adhésion
au fonds de garantie et les risques couverts. Elle remplace la notice d’assurance ou la convention
d’assurance traditionnelle. Le procédé suivi est si simple que la totalité des opérations est effectuée
au niveau de l’agence, à charge pour le comptable de cette dernière de verser périodiquement les
primes encaissées - dont le montant est intégré dans le tableau d’amortissement du crédit afin d'être
payable toujours une année à l’avance - pour le compte du fonds de garantie.

(1)
Son montant est, actuellement, de 3600 DA.

DEUXIEME PARTIE 84
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Il est à signaler que le client emprunteur a le choix d’adhérer au fonds de garantie ou de


contracter une police d’assurance équivalente auprès d’une compagnie d’assurance.
Le fonds de garantie ne couvre que la créance due par l’emprunteur décédé. Ainsi, les
mensualités impayées, la mensualité échue et non encore payée par le défunt ne sont pas couvertes
par le fonds de garantie et seront, en l’occurrence, réclamées aux ayants droit de l’emprunteur.
Le fonds de garantie restera en vigueur pour tous les crédits hypothécaires jusqu’à l’entrée
en vigueur de la convention conclue avec la SAA, prévoyant le transfert de ses activités à cette
dernière. En effet, le système de cloisonnement des activités imposé, d’une part, par la loi bancaire
et d’autre part, par l’ordonnance 95-07 relative aux assurances, interdit à toute personne, autre
qu’une compagnie d’assurance ou intermédiaire agréé, de présenter, pour son compte ou pour le
compte d’une autre personne, des contrats d'assurance. De ce fait, la CNEP-Banque est tenue de ce
conformer à la législation en vigueur et donc à délaisser son fonds de garantie.
I.2.2. L’assurance dans le cadre des conventions passées avec la SAA
Le fonds de garantie est exclusivement réservé aux crédits hypothécaires et ne concerne pas
les autres crédits pour lesquels la CNEP-Banque a prévu d’autres alternatives pour garantir le
recouvrement des prêts. Elle a signé, à cet effet, deux conventions avec la SAA pour pouvoir
décentraliser la souscription de certaines polices d’assurance au niveau de ses guichets bancaires.
Ces conventions, même si elles concernent les contrats d'assurance quasi-obligatoires pour
l’obtention du prêt, constituent une première étape et un passage obligé pour le développement de la
bancassurance.
I.2.2.1. La convention sur le contrat d’assurance crédit à la consommation
Cette convention, signée le 26 janvier 2000, définissant les conditions particulières
applicables au contrat d’assurance crédit à la consommation, a pour objet d’indemniser la CNEP-
Banque en cas de non recouvrement desdits crédits. Par la présente convention, la SAA et pour une
durée d’une année renouvelable par tacites reconductions, couvre à concurrence de 80% le montant
des crédits accordés par la CNEP-Banque qui s’engage à prendre en charge la quote-part non
couverte et s’interdit de la couvrir par une autre compagnie d’assurance.
En sa qualité d’assuré et de souscripteur de la police d’assurance, la CNEP-Banque est tenue
de s’acquitter d’une prime - dont le montant est répercuté sur l’emprunteur - applicable au montant
déclaré en crédit, mensuellement selon le barème ci-après :
Tableau 6 : Barème de l’assurance crédit à la consommation.

Durée du crédit Taux de prime


12 mois 2,5%
18 mois 2,8%
24 mois 3,5%
30 mois 4,2%
36 mois 5%
Source : CNEP-Banque

DEUXIEME PARTIE 85
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Chaque agence CNEP-Banque communique à l’agence SAA désignée et au plus tard le 10


de chaque mois, un état détaillé faisant ressortir les noms, prénoms, durée et montant du crédit
accordé pour chaque emprunteur durant le mois précédent. Sur la base de cette déclaration, l’agence
SAA adressera à l’agence CNEP-Banque un avenant de ressortie de prime, laquelle dispose d’un
délai de 10 jours pour régler le montant de la prime. Le comptable de l’agence CNEP-Banque
procède régulièrement au transfert, par chèque ou virement, des primes à l’agence SAA.
Lors de la réalisation du risque couvert et pour toute mensualité non honorée, l’agence
CNEP-Banque, après avoir satisfait aux exigences de rappel en invitant le client à honorer son
échéance avec deux lettres de rappel, adressera à l’agence SAA une déclaration de menace de
sinistre accompagnée des pièces suivantes :
• copie de la convention de crédit ;
• copie des deux lettres de rappel ;
• tableau d’amortissement ;
• autres documents.
En cas de décès du client, en sus des pièces ci-dessus, il y a lieu de fournir :
• un certificat médical constatant le décès du client ;
• acte de décès ;
• rapport de police ou autre, en cas de décès accidentel.
La SAA couvre aussi le souscripteur contre le décès de l’emprunteur. De ce fait, le contrat
s’assimile à une assurance décès et insolvabilité. Contrairement à la garantie insolvabilité, la
garantie décès couvre 100% du solde restant dû des prêts.
I.2.2.2. La convention sur le contrat d’assurance décès lié aux crédits hypothécaires
Comme nous l’avons explicité précédemment, l’assurance décès des crédits immobiliers est
prise en charge par le fonds de garantie mis en place à cet effet. La CNEP-Banque n’étant plus
autorisée à présenter des produits d’assurance pour son propre compte, n’ayant pas le statut
d’assureur, elle a donc opté pour un nouveau partenariat avec la SAA. Après deux ans de
négociations ardues, les deux partenaires ont convenu sur une nouvelle convention signée le 22
octobre 2003. Il est à signaler que cette convention a eu l’accord de la Direction de l’Assurance
du Ministère des Finances.
A. La convention et sa portée
Cette convention arrête les modalités de souscription par la CNEP-Banque auprès de la SAA
d’une Assurance Remboursement crédit-groupe au profit de la clientèle emprunteuse de crédit
immobilier.
Sur le plan juridique, ce contrat est une assurance collective temporaire décès souscrit par la
CNEP-Banque en sa qualité de souscripteur bénéficiaire, garantissant à l’assuré (le client
emprunteur) le paiement du solde restant dû de l’emprunt en cas de son décès. L’assuré désigne la
CNEP-Banque comme bénéficiaire unique du capital garanti en cas de survenance du risque
couvert.

DEUXIEME PARTIE 86
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Cette convention s’applique aussi bien pour les nouveaux prêts que pour les anciens. En
effet, d’un commun accord entre la CNEP-Banque et la SAA, cette dernière s’engage à assurer les
anciens emprunteurs et leurs codébiteurs dans le cadre dudit contrat à la prochaine échéance
annuelle du remboursement du crédit.
En contrepartie de sa prestation, dans le cadre du contrat « ARC Groupe », la CNEP-Banque
recevra de la SAA une commission de 4,5% des primes encaissées pour couvrir les frais de gestion
y afférents. Ce taux est révisable annuellement sur la base des frais réellement supportés.
L’introduction d’une rémunération à l’encontre du distributeur constitue en elle-même une
nouveauté dans l’histoire de la relation entre la SAA et la CNEP-Banque et ouvre les voies à de
nouvelles coopérations basées sur l’intérêt commun.

B. Aspects pratiques liés à la souscription et à la gestion du contrat


B.1. Définition et caractéristiques du contrat
C'est une temporaire décès garantissant le paiement du solde restant dû en cas de décès de
l’emprunteur. Il couvre le souscripteur d’un crédit immobilier contre le risque de décès dans les
conditions arrêtées dans le cadre du fonds de garantie de la CNEP-Banque. Cette garantie cesse au
plus tard à la fin de l’année civile au cours de laquelle l’assuré aura atteint l’age de 70 ans.
La garantie peut s’étendre au codébiteur et à la caution à condition que ceux-ci paient la
prime correspondant à leur assurance.
Pour les crédits dont le montant dépasse 30 millions de dinars, la SAA se réserve le droit
d’appliquer un taux de prime selon les conditions de réassurance obtenues.
B.2. Modalités d’admission dans l’assurance
L’assuré et son codébiteur éventuel sont tenus de remplir une demande d’adhésion par
laquelle ils donnent leur consentement à l’assurance et répondre au questionnaire de santé figurant
au verso de la demande. La SAA se réserve le droit, sur la base dudit questionnaire, de faire
effectuer une sélection médicale.
Les garanties prennent effet pour chaque assuré à la date indiquée sur son certificat
d’adhésion, sous réserve de signature du certificat par la CNEP-Banque.
Le souscripteur (CNEP-Banque) s’oblige à payer à la SAA les primes correspondant à
chaque adhésion au contrat et à chaque échéance annuelle de paiement des primes périodiques. Les
primes sont exigibles dans un délai maximum de 15 jours, à partir de la date d’échéance fixée sur le
certificat d’adhésion.
B.3.Modalités de souscription et le traitement des adhésions
Le préposé au service crédit devra, à chaque adhésion, faire remplir et signer une demande
d’adhésion par l’emprunteur et joindre une copie du tableau d’amortissement annuel du crédit
consenti. Puis, éditer le certificat d’adhésion, au moyen de l’application informatique mise à
disposition de l’agence CNEP-Banque par la SAA, à faire signer par l’assuré et contre signer par le
Directeur de l’agence bancaire.

DEUXIEME PARTIE 87
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Ces documents devront être transmis à l’agence SAA gestionnaire qui examinera la
demande et les indications relatives à l’état de santé de l’assuré. Elle approuve le certificat
d’adhésion si le risque ne représente aucun élément d’aggravation, et elle retourne l’original et la
souche verte du certificat d’adhésion approuvé à l’agence CNEP-Banque concernée pour en
réclamer le paiement de la prime. En cas de refus, l’agence SAA retourne à l’agence CNEP-Banque
le dossier de demande d’adhésion accompagné du motif du rejet.
En tout état de cause, le délai de réponse de la SAA ne doit dépasser 15 jours de la date de
réception de la demande d’adhésion dûment formalisée.
B.4. Le paiement des primes
Un état des primes au titre des adhésions nouvelles et celles renouvelées accompagnées de
leur paiement effectif doit être adressé à la fin de chaque quinzaine par l’agence CNEP-Banque à
l’agence SAA. Cette dernière, prendra en charge la relance des assurés pour le paiement des primes
par l’envoi d’un avis d’échéance un mois avant l’échéance annuelle. Faute de paiement, et après 15
jours de l’échéance annuelle, l’agence SAA adressera à l’assuré une mise en demeure, par lettre
recommandée avec accusé de réception, dont une copie à l’agence CNEP-Banque de payer les
primes dans les 30 jours de sa réception. A défaut de paiement l’assurance sera suspendue pendant
10 jours puis résiliée de plein droit sans préavis.
Les modifications dans la structure du crédit doivent être communiquées à l’agence SAA
dans un délai n’excédant pas 15 jours.
B.5. Le règlement des sinistres
Les déclarations des sinistres devront être formulées par l’agence CNEP-Banque à l’agence
SAA dans les plus brefs délais, à partir du moment où elle a eu connaissance de la survenance de
l’événement assuré, indépendamment de la formalisation du dossier sinistre qui doit contenir :
• l’original du certificat d’adhésion accompagné d’une copie du tableau d’amortissement ;
• l’acte de décès de l’assuré principal ou de son codébiteur ;
• un certificat médical du constat de décès de l’assuré ou de son codébiteur ;
• le rapport d’enquête établi par les autorités compétentes en cas de décès accidentel.
Le délai de règlement, après formalisation définitive et conforme du dossier sinistre
n’excédera pas 30 jours de la date de sa réception.
I.2.3. Remarques et observations
• L’agence ne peut pas suivre, dans le temps, le paiement des primes d’assurance par la
caution et n’a d’ailleurs aucun moyen pour l’obliger à payer.
• Les divers entretiens que nous avons eus avec les responsables de la CNEP-Banque, nous
ont permis de constater que les contrats d’assurance existants sont assimilés, voire
confondus, avec les diverses garanties qu’exige la banque comme l’hypothèque ou la
caution d’où l’absence totale d’une stratégie bancassurance apparente au sens propre du
terme. Ainsi, en s’appropriant quelques contrats d’assurance, la CNEP-Banque a fait ses
premiers pas dans la bancassurance sans qu’elle soit consciente, peut être, que ce qu’elle

DEUXIEME PARTIE 88
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

fait est bel et bien le début d’un parcours long vers une nouvelle activité qui est la
bancassurance.
• La CNEP-Banque ne prévoit pas d’assurance décès pour les crédits véhicule.
Décidément, ce que nous avons présenté dans le présent point ne ressemble guère à ce qui
est pratiqué en Europe en matière de bancassurance où, depuis longtemps, l'intégration aussi bien
les produits d'assurance vie que d'assurance de dommages est effective, alors que la CNEP-Banque
commence tout juste à s'approprier les contrats d'assurance liés aux crédits octroyés.

Par ce qui précède, nous avons pu présenter le traitement pratique des opérations d’assurance
traitées au niveau des guichets de la CNEP-Banque. Nous procéderons, ci-après, de même pour la STB-
Bank.

II. La bancassurance à la STB-Bank : un programme ambitieux, un succès


mitigé.
La bancassurance constitue l'une des priorités de la STB-Bank pour rattraper le retard
accusé, même si l'existant se réduit à l' « Assurance Collective Temporaire Décès », un produit
directement lié aux crédits octroyés par la banque. Nous présenterons ci-après le produit et son
mode de gestion centré autour d'un Back-office représenté par la Direction de la Bancassurance.
II.1. Présentation de la STB-Bank
La Société Tunisienne de Banque est une société anonyme, sise à Rue Hédi Nouira-1001
Tunis, ayant le statut de banque commerciale, d’investissements et d'affaires. Son capital de
124.300 millions de dinars tunisiens est constitué de 52.5% de participations publiques et para
publiques, 36.2% de participations privées et 11.3% de participations étrangères.
La STB a ouvert ses guichets le 26 Mars 1958 en tant que première institution bancaire d’un
Etat qui vient de reconquérir son indépendance et dès sa création, elle a largement contribué à
l’essor économique du pays et s’est imposée comme une banque universelle favorisant à la fois une
activité de dépôt, de commerce extérieur et de développement.
Dans le cadre du plan de restructuration et de modernisation du secteur bancaire et de la
libéralisation des services financiers, les Pouvoirs Publics ont décidé la fusion STB- BDET- BNDT.
De ce fait, la STB-Bank occupe la première place dans la nouvelle configuration du système
bancaire tunisien avec un total bilan représentant 21,1% de l’ensemble du secteur.
Enfin et dans le cadre de sa vision de modernisation et d’ouverture, la STB-Bank s’est dotée
d’un nouveau organigramme qui a donné naissance à la Direction de la Bancassurance en juin 2001,
une direction rattachée à la Direction Centrale de la Gestion du Réseau, du Commercial et de la
Communication.
La Direction de la bancassurance est composée de 5 personnes, elle prend en charge le côté
central de l’application afférente au seul produit de bancassurance existant à la STB, en
l'occurrence, « l'Assurance Collective Temporaire Décès». En outre, elle doit veiller au
développement d’autres produits de bancassurance qui s’inscrivent dans la stratégie de la banque.

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DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

II.2. La convention signée avec la STAR


L’activité bancassurance de la STB-Bank s’inscrit dans le cadre d’une convention signée
avec la Société Tunisienne d’Assurance et de Réassurance(1) (STAR) à l’effet de vendre par
l’entremise des guichets de la STB-bank un contrat « Assurance Collective Temporaire Décès »,
garantissant le paiement du solde restant dû des crédits aux particuliers en cas de décès ou
d’invalidité totale et définitive de l’emprunteur. Cette convention, contrairement à celles signées
entre la CNEP-Banque et la SAA, concerne tous les types de crédits aux particuliers existants à la
STB-Bank et les règles de calcul et de détermination des primes à payer obéissent aux strictes règles
de l’actuariat et prennent en considération, l’age de l’assuré, son état de santé, le montant du crédit,
la durée de remboursement et l’échéancier de remboursement.
La convention prévoit le versement par la STAR d’une commission de 10% des primes
encaissées, plus une participation aux bénéfices de l’ordre de 70%. Les responsables de la Direction
de la Bancassurance, soucieux de la rentabilité de l’opération, souhaitent la renégociation de la
convention pour obtenir un taux de prime de 15% (2), avec le maintien de la participation aux
bénéfices à hauteur de 70%.
Cependant, la loi n° 2002-37 modifiant et complétant le Code des assurances tunisien exige
que les relations entre la compagnie d’assurance et la banque soient conformes aux dispositions de
la convention cadre établie par les associations professionnelles des entreprises d’assurance et des
banques. Cette convention dont la négociation n’est pas encore achevée doit être soumise à
l’approbation du Ministre chargé des Finances.

II.3. La description du produit et sa gestion(3)


II.3.1. Définition
Le produit « Assurance Collective Temporaire Décès » constitue une garantie contre le
décès et l’invalidité totale et définitive des clients de la STB, bénéficiaires d’un crédit aux
particuliers.
La garantie prend effet soit dès la signature du Formulaire de Déclaration des Risques
(FDR) au niveau de l’agence pour les crédits dont le montant est inférieur ou égal à 12 000 DT
(dinars tunisiens ) et l’âge du bénéficiaire est inférieur à 50 ans, et les crédits dont le montant est
inférieur à 6 000 DT et l’âge du bénéficiaire est compris entre 50 et 55 ans ; soit après la
confirmation de la STAR, reçue sous forme de notice d’assurance pour les autres crédits.
II.3.2. La procédure de souscription
Pour la souscription, le Chargé de la bancassurance doit faire remplir en double exemplaire
le Formulaire de Déclaration des Risques qui contient au recto les informations concernant le client
et le crédit, au verso les informations concernant l’état de santé de l’assuré.

(1)
La STAR est l’un des leaders de l’assurance, toutes branches confondues, en Tunisie.
(2)
C’est le taux de commissionnement servi aux intermédiaires en Tunisie.
(3)
Cf. Annexe n° 10 : Schéma descriptif de l'Application Bancassurance actuelle à la STB-Bank.

DEUXIEME PARTIE 90
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Après la vérification des informations figurant dans le FDR notamment la date de naissance
qui doit correspondre à celle figurant sur la Carte d’Identité Nationale, le préposé au service crédit
procède à la saisie des données, conformément à l’écran de saisie de l’application « Assurance-
agence »
II.3.2.1. Pour les contrats ne nécessitant pas l’accord de la STAR
Soumettre à la signature du client l’Ordre de Prélèvement de la prime d’assurance édité
automatiquement par ladite application en double exemplaire. L’original est remis au client et la
copie est classée dans son dossier.

II.3.2.2. Pour les contrats nécessitant l’accord de la STAR (montant > 12 000 DT et/ou âge > 55
ans)
L’agence doit attendre le retour du dossier de la STAR et la réception de la Notice
d’assurance pour saisir, sur l’application agence, le montant de la prime figurant sur ladite notice,
majoré d’un timbre de 0.2 DT et éditer l’ordre de prélèvement de la prime.
La procédure se base sur le paiement d'une prime unique pour garantir le prêt pendant toute
sa durée.
II.3.2.3. Les travaux de fin de journée
En fin de journée et après les vérifications d’usage, le service crédit procède à :
- l’édition des états suivants : Bordereau de transmission, Etat des souscriptions en deux
exemplaires et le journal de fonds ;
- la clôture de la journée Assurance ;
- la télétransmission à la Direction de la Bancassurance du fichier relatif aux FDR
souscrits et la transmission des 02 exemplaires du FDR accompagnés d’un bordereau
de transmission ;
- la transmission d’un exemplaire de l’état de souscription au chargé de la Position
Agence pour débiter le compte des clients assurés et créditer le compte de la
Bancassurance;
- la transmission du 2ème exemplaire de l’état de souscription à la Direction Régionale
pour permettre le déblocage des crédits.
II.3.3. La centralisation et le suivi des souscriptions
La Direction de la Bancassurance assure la centralisation de tous les contrats d’assurance
souscrits au niveau de toutes les agences de la STB-Bank par le biais de l’application informatique
mise en place à cet effet, lui permettant, quotidiennement :
- d’injecter le fichier des contrats d’assurance souscrits au niveau de toutes les agences ;
- d’identifier les agences dont les FDR sont parvenus, et de contrôler les primes retenues
à ce jour par l’édition de l’extrait de compte relatif au « Compte Prime d’Assurance » ;
- d’éditer le « Bordereau de Transmission » à envoyer à la STAR, accompagné des
originaux des FDR souscrits au niveau de toutes les agences.

DEUXIEME PARTIE 91
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

La Direction de la Bancassurance doit procéder, mensuellement, au virement des primes


d’assurance dans le compte de la STAR ouvert à cet effet à la Succursale Thameur.
II.3.4. Le traitement des Notices d’assurance
Les Notices d’assurance sont établies par la STAR et transmises à la Direction de la
Bancassurance.
II.3.4.1. Au niveau de la Direction de la Bancassurance
Dès la réception des Notices d’assurance accompagnées d’une copie des FDR, ladite
direction doit, après consultation de l’application Bancassurance et validation des FDR reçus, éditer
un état des notices par agence et un bordereau de transmission des notices reçues par agence, et les
transmettre aux agences concernées pour prise en charge.
II.3.4.2. Au niveau de l’Agence
Dès réception des notices d’assurance, en double exemplaire, accompagnées des copies des
FDR, l’agence doit consulter l’application Assurance-Agence pour vérifier la concordance du
montant de la prime saisie et celui porté sur la notice d’assurance. En cas de différence, le montant
de la notice faisant foi, il y a lieu de majorer le montant d’un timbre de quittance de 0.2 DT. Après
quoi, l’agence doit remettre la copie de la notice d’assurance au client et garder l’original et le FDR
dans le dossier.
II.3.5. La gestion des sinistres
Dès la prise de connaissance de la survenance d’un sinistre (le décès ou l’invalidité totale et
définitive de l’assuré), l’agence doit :
• informer le jour même, par fax ou par téléphone, la Direction de la Bancassurance ;
• saisir dans le menu « Gestion des Sinistres » de l’application agence le type du sinistre et
le montant du crédit restant dû,
• transmettre à la Direction de la Bancassurance, dans un délai ne dépassant pas 30 jours, le
formulaire Constatation de Décès (imprimé fourni par la STAR), la copie du FDR, la
Notice d’Assurance et le certificat de décès ou d’invalidité du bénéficiaire.
La Direction de la Bancassurance doit éditer le Bulletin de déclaration des sinistres et
l’adresser à la STAR dans un délai ne dépassant pas 3 jours avec les pièces justificatives.
II.4. Le pilotage technique et lancement du produit
Le lancement de ce produit a nécessité la formation du personnel pour qu’il puisse assurer
sans difficultés les tâches qui lui sont assignées. Une note d’organisation a été élaborée en
collaboration avec la Direction de l’Organisation et des Méthodes afin d’expliciter les prérogatives
de tout un chacun. La Direction Informatique a été chargée de mettre en place l’application
informatique y afférente.
II.4.1. La formation du personnel
La formation du personnel sur ce nouveau produit est destinée aux seuls chargés de la
bancassurance à l’agence. Le volet juridique et technique de la formation est assuré par le personnel

DEUXIEME PARTIE 92
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

de la Direction de la Bancassurance et de la Direction de l'Assurance. Quant à l'initiation à


l'application informatique mise en place à cet effet, elle est assurée par la Direction de
l'Informatique.
II.4.2. L’application informatique
La commission technique chargée de l’élaboration de l’application informatique pour la
gestion des contrats Assurance Collective Temporaire Décès a constaté l’inexistence, au niveau de
la Direction des Engagements d’un référentiel des différentes méthodes d’établissement des
tableaux d’amortissement des crédits. Ce qui a nécessité l’uniformisation des méthodes
d’élaboration desdits tableaux d’amortissement.
La Direction informatique a mis en place deux applications informatiques :
- l’application Agence : permettant le calcul de la prime d’assurance et la saisie des
différentes opérations relatives aux contrats d’assurance souscrits par les clients,
- l’application centrale : permettant à la Direction de la Bancassurance de centraliser,
contrôler et gérer les contrats souscrits par les différentes agences de la STB.
II.4.3. Les résultats et perspectives
Bien que l’application Agence soit achevée depuis le 27 mars 2002, la généralisation de ce
produit à l’ensemble du réseau de la banque ne se fait pas sans difficultés. La Direction de la
Bancassurance est en retard dans la réalisation des objectifs arrêtés du fait de la survenance de
certains problèmes techniques liés surtout au système d’information, recelant des insuffisances
quant à la télétransmission des données entres les agences STB-Bank et la Direction de la
Bancassurance. Cependant, selon les déclarations des responsables de la Direction de la
Bancassurance, les résultats restent globalement probants. La STB-Bank a encaissé, pour le premier
semestre 2003 environ 185 000 DT de primes contre 49 000 DT pour toute l’année 2002.
Les dirigeants de la STB-Bank envisagent :
• la connexion de leur système d’information à celui de la STAR pour assurer la
télétransmission des données et le traitement à bonne date des opérations ;
• l’édition des notices d’assurance au niveau des agences STB-Bank.
En effet, la Direction de la Bancassurance assure difficilement le suivi de toutes les
opérations à cause du volume quotidien du courrier à traiter, aggravé par les problèmes récurrents
du système d’information de la banque.
La Direction de la Bancassurance compte coupler la temporaire décès à d’autres produits,
tels que les comptes d’épargne et suggère d’étudier l’opportunité de créer une filiale d’assurance vie
STB et d’abandonner, par conséquent, la formule de partenariat avec la STAR.
II.5. Avis et suggestions
La STB-Bank doit essayer de rattraper le retard accusé quant à l’exécution du plan d’action
arrêté par la Direction de la Bancassurance visant à la généralisation de la bancassurance à toutes

DEUXIEME PARTIE 93
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

les agences de la STB-Bank. Le plan d'action arrêté visant à faire éditer les notices d'assurance au
niveau des agences(1) de la banque, permettra de réduire l'ampleur des tâches administratives.
Mais, il reste à régler définitivement les problèmes liés au système d’information de la
banque pour pouvoir connecter le système d’information de la STB-Bank à celui de la STAR. La
Direction de l’Informatique doit améliorer l’application Assurance-Agence pour que le débit du
compte du client soit automatique.
Il reste à la Direction de la Bancassurance de jouer pleinement son rôle par le lancement de
nouveaux produits pour assurer une meilleure rentabilité à la banque. A défaut, ladite Direction
resterait plus un centre de coûts qu’un centre de profits

III. Les enseignements à tirer des deux expériences


L’étude des réalités de la bancassurance à la STB-Bank et la CNEP-Banque fait ressortir les
points suivants :
• la bancassurance au niveau des deux banques est dans un état primitif et se limite à la
temporaire décès liée aux crédits aux particuliers ;
• la STB-Bank s’est engagée dans un processus irréversible vers la bancassurance dont elle a
arrêté la stratégie à moyen terme, visant à étendre son activité bancassurance. Ceci a été
compromis par les problèmes liés au système d’information qui ont transformé la Direction
de la Bancassurance en un centre de traitement de courrier, la détournant ainsi de son vrai
rôle de réflexion et de développement de nouveaux produits. Par opposition, la CNEP-
Banque n’a, à notre connaissance, aucune stratégie et aucun plan de développement futur de
son activité Assurance ; ceci est dû, peut-être, à l'absence d'une structure qui prend en charge
le volet bancassurance ;
• la CNEP-Banque a opté pour une gestion totalement décentralisée des contrats d’assurance
souscrits par sa clientèle. En effet, c’est l’agence bancaire qui entretient une relation directe
avec l’assureur et prend en charge toute l’opération ; de la souscription, au versement des
primes à l’assureur, à la déclaration des sinistres et à la réclamation de l’indemnisation. La
STB-Bank, quant à elle, a adopté un système centré autour de la Direction de la
Bancassurance qui joue le rôle de Back-office, et qui seule, a un contact direct avec la
compagnie d’assurance.
- Le système centralisateur suivi par la STB-Bank lui permet de suivre régulièrement, et
de près, l’intégralité de l’opération et d’assurer en permanence la transparence de sa
relation avec la compagnie d’assurance, qui reste tout de même une entité étrangère à la
banque. Cependant, il exige un système d’information performant et nécessite trop de
travail administratif.
- La procédure adoptée par la CNEP-Banque lui permet, d’une part, de pallier aux
insuffisances en matière de système d’information et de réduire les coûts administratifs
d’autre part.

(1)
Cf. Annexe n°11 : Schéma descriptif de l'Application Bancassurance projetée à la STB-Bank.

DEUXIEME PARTIE 94
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

• le contact direct que nous avons eu, pendant la période de notre stage, aussi bien avec les
exploitants de base de la CNEP-Banque que ceux de la STB-Bank a attiré notre attention sur
le fait que les produits d'assurance distribués par la CNEP-Banque se dessoudent
parfaitement dans la panoplie des garanties exigées et leur intégration est ainsi parfaite ; ceci
est dû, peut être, à l'expérience acquise dans le cadre du fonds de garantie. Par contre, le
personnel de la STB-Bank voit en la temporaire décès un produit greffé à l’activité bancaire ;
ceci est dû, peut être, à la procédure centralisatrice propre à ce produit ;
• l’application Assurance-Agence de la STB-Bank permet au préposé au service crédit
d’établir le tableau d’amortissement du crédit, le montant de la prime d’assurance à payer,
d’éditer tous les documents y afférents et toute autre opération de manière automatique et
avec la même application. Alors que l'informatisation et l'automatisation des procédures, au
niveau de la CNEP-Banque, restent insuffisantes d'où la nécessité de mettre en place une
application informatique uniforme pour prendre en charge l'opération.
• Les tarifs applicables aux produits d'assurance, aussi bien à la CNEP-Banque qu'à la STB-
Bank, sont très concurrentiels.
• La rémunération que reçoit la STB-Bank (10% des primes plus une participation aux
bénéfices à hauteur de 70%) est de loin supérieure à celle envisagée pour la CNEP-Banque
(4.5% des primes). En effet, les objectifs sont divergents : la vente des produits d'assurance à
la STB-Bank s'inscrit dans une stratégie visant à améliorer la rentabilité de la banque; par
contre, la CNEP-Banque adopte une position plus proche du client en essayant de lui faciliter
la procédure et de réduire les chargements des produits d'assurance, au détriment même de la
commission qui lui revient de droit (1).

Décidément, la STB-Bank et la CNEP-Banque ont deux visions différentes de leur approche de la


bancassurance qui reste dans un état embryonnaire. Le mode centralisateur de la STB-Bank, qui s'avère le
meilleur moyen de traiter avec une entité étrangère à la banque, ne peut convenir à la CNEP-Banque, en
l'absence d'un système d'information performant. Par contre, la pratique basée sur le paiement d'une prime
unique peut améliorer sensiblement la procédure suivie par la CNEP-Banque.
Dès lors, nous devons nous interroger, d'une part, sur la manière dans laquelle la CNEP-Banque
pourrait améliorer la procédure suivie et d'autre part sur les voies d'ouverture possible vers la bancassurance.

(1)
La CNEP-Banque ne reçoit pas de rémunération dans le cadre du contrat Assurance crédit lié au crédit aux
particuliers.

DEUXIEME PARTIE 95
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

DEUXIEME SECTION : PROPOSITIONS ET VOIES D’OUVERTURE.


VERS LA BANCASSURANCE POUR LA CNEP-BANQUE.
Nous tenterons, ci-après, de proposer notre vision, d'une part, sur la manière dans laquelle le volet
assurance de la CNEP-Banque devrait être traité afin d'assurer son intégration effective pour une meilleure
efficience, d'autre part, sur les possibilités de développement futures de la bancassurance à la CNEP-Banque.
Cette section reste le fruit des divers entretiens que nous avons eus avec les responsables de la
CNEP-Banque qui ont bien voulu nous orienter avec leurs conseils si précieux.

I. Un existant qui peut être amélioré : Avis et suggestions


Dans son approche de l’activité Assurance, la CNEP-Banque a opté pour une
décentralisation totale des opérations au niveau des agences bancaires, attitude que nous trouvons
très louable vu l’absence d’un moyen fiable et rapide de transmission des informations à une entité
chargée de centraliser les opérations.
Néanmoins, nous estimons qu’il y a lieu d’émettre les observations et propositions
suivantes :
I.1. Les délais de traitement des opérations
Comme la nouvelle procédure de gestion du contrat « ARC Groupe » n'est pas encore
opérationnelle, il y a lieu de s’assurer que les agences SAA pourront assurer le traitement des
opérations à bonnes dates et de prévoir à l’avance un moyen pour pallier aux éventuels retards dont
l’impact sera très préjudiciable pour la relation Banque/Client. D’autant plus que les clients ont
l’habitude d’être garantis dans le cadre du fonds de garantie sans aucune formalité. De ce fait, tout
retard sera considéré par ces derniers comme une dégradation de la qualité de la prestation de la
CNEP-Banque ;
I.2. L'élargissement de l'étendu des garanties
La garantie offerte se limite à la couverture du risque de décès. A cet effet, nous proposons
d’étendre cette garantie, au moins, à l’invalidité définitive et totale de l’assuré. Ceci procurera à la
banque un meilleur recouvrement de ses prêts et rendra le produit de base plus attrayant sous
réserve de ne pas augmenter considérablement les chargements ;
I.3. La proposition d'une nouvelle procédure basée sur le paiement d'une prime unique
- établie selon les tables de mortalité en vigueur - à consolider au montant du crédit.
La convention ARC Groupe qui vient d'être signée, et qui n'est pas encore opérationnelle,
s'applique aussi bien aux anciens emprunteurs de crédits immobiliers qu'aux nouveaux. Nous
proposons de n'appliquer cette convention - qui prévoit le maintien des conditions du fonds de
garantie - qu'aux anciens emprunteurs et d'appliquer aux nouveaux emprunteurs une nouvelle
procédure qui devrait avoir comme base et référence les règles universelles de tarification en
matière d'assurance décès et notamment les tables de mortalités (Cf. Annexe n°12), ce qui revient à
renégocier une nouvelle formule avec le partenaire assureur.

DEUXIEME PARTIE 96
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Ainsi, la nouvelle procédure que nous proposons prendra en considération l'âge de


l'emprunteur assuré, son état de santé ; le montant du crédit, sa durée et la procédure de
remboursement. Le contrat d'assurance sera une temporaire décès décroissante car le solde restant
dû qu'elle garantit est décroissant.
Aussi, nous proposons à ce que le paiement de la prime d'assurance se fera en prime unique
(au moyen d'un seul paiement) à consolider au montant du crédit initial dans la mesure où son
montant serait consistant(1). Ainsi, le crédit réellement octroyé sera égal au montant du crédit
initialement accordé augmenté du montant de la prime d’assurance unique. Par conséquent, la
banque en sa qualité du bénéficiaire de l'assurance paiera, à la place, et pour le compte du client
emprunteur le montant total de la prime d’assurance qui sera intégré dans l’échéancier de
remboursement du crédit.
Les gains de cette nouvelle procédure seront énormes, elle permettra :
- d'alléger la procédure de gestion aussi bien pour la CNEP-Banque que pour la SAA car le
paiement des primes se fera en un seul versement au début à la souscription du contrat ;

- de continuer à garantir les anciens emprunteurs dans la manière dont ils ont l'habitude ;
- la CNEP-Banque est totalement, et dans tous les cas, couverte contre le risque de décès de
l'emprunteur dans la mesure où la prime payée couvre toute la période du prêt ;
- le fonds de garantie ne distingue pas les mauvais risques des bons. La procédure proposée
permettra d'appliquer des tarifs plus logiques et plus équitables car même si l'assurance est
fondée sur le principe de mutualité, ce principe n'implique pas que les bons risques paient
pour les mauvais. Il veut simplement dire que dans des groupes homogènes, le grand nombre
des assurés payent pour une minorité de malchanceux(2).

- la nouvelle procédure permettra au personnel de la CNEP-Banque d'apprendre un nouveau


métier qui est l'assurance sur des bases solides, fondées sur les éléments fondamentaux liés
aux risques assurantiels ( l'âge,…).

Pour expliciter notre proposition, nous présenterons ci-après un exemple chiffré.


Nous avons pris, à titre d'illustration un crédit immobilier (réel) de 400 000 DA accordé à un
client âgé de 30 ans, remboursable sur 20 ans selon le tableau d'amortissement joint
en Annexe n° 13.
Nous déterminerons le montant de la prime unique à appliquer à ce crédit en utilisant la
table de mortalité(3) TD 97-99, sachant que le crédit est remboursable par mensualités constantes,
croissantes en principale et décroissantes en intérêts. Nous avons pris en considération dans nos
calculs un taux d'escompte de 4.5%.

(1)
Ceci est dû au fait que le montant des crédits immobiliers est en général très importants.
(2)
LAMBERT Denis-Clair, Economie des assurances, Ed Armand Clin, Paris, 1996, p.88.
(3)
Exemple d'utilisation de la table de mortalité Cf. Annexe n°14

DEUXIEME PARTIE 97
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Les calculs actuariels représentés dans l'Annexe n° 15 font ressortir les résultats suivants :
La prime pure = 9 010,70 DA
La prime commerciale = 12 156.91 DA
Ainsi la prime d'assurance unique à payer à l'assureur et à consolider au crédit sera de
12 156.91 DA.
Par conséquent, le nouveau montant du crédit est de 412 156.91 DA (après consolidation de
la prime d'assurance unique). Cependant, la part du crédit accordé pour financer le paiement de la
prime d'assurance unique (12 156.91 DA) n'est pas couverte par l'assurance car son élaboration est
faite sur la base d'un crédit d'un montant de 400 000 DA.
Dès lors, nous déterminerons, cette fois-ci, le montant de la prime d'assurance unique à
payer sur le montant de 12 156.91 DA (le montant de la prime initiale consolidée) dont doit
s'acquitter l'emprunteur assuré à la souscription de l'assurance.
Sur la base des calculs actuariels que nous avons intégré dans l'Annexe n° 16 et sur la base
du tableau d'amortissement établi pour le montant de 12 156.91 DA (Cf. Annexe n°17) nous avons
pu arrêter le montant de la prime unique exigible qui est de l'ordre de 368.32 DA.
Ainsi, l'emprunteur paiera 368.32 DA de prime d'assurance à la souscription de la police
d'assurance et paiera sur 20 ans le montant de la prime consolidée (12 156.91 DA).
Cette procédure fait payer à l'assuré une prime d'assurance en valeur actuelle de 12 525.23
DA alors que la somme actualisée des primes payables dans le cadre du fonds de garantie est de
20 283.98 DA. Par conséquent, la procédure suivie apparaît plus avantageuse pour le client en
question.
L'âge de l'emprunteur est un élément fondamental pour la détermination de la prime
d'assurance exigible. En effet, nous avons procédé au calcul de la prime d'assurance pour un
emprunteur âgé de 40 ans (Cf. Annexe n°18) et un autre âgé de 50 ans (Cf. annexe n°19), en
maintenant les mêmes conditions de crédit ( montant, durée, annuité,…), les résultats sont les
suivants :
La prime commerciale (emprunteur âgé de 40 ans) = 20 519.77 DA.
La prime commerciale (emprunteur âgé de 50 ans) = 44 399.36 DA.
Alors que la prime calculée pour l'emprunteur de 30 ans était de 12 156.91 DA

La procédure proposée nécessite la mise en place d'une application informatique pour


prendre en charge l'opération et faciliter le procédure à l'instar de l'application informatique
instaurée par la STB-Bank qui fait ressortir et la prime d'assurance exigible et le tableau
d'amortissement du crédit rien qu'en introduisant l'âge de l'assuré, le montant du crédit, sa durée et
la procédure de remboursement (annuité constante, décroissante...).
Remarque : Dans le calcul de la prime commerciale nous avons pris comme référence le
taux de chargement moyen des primes applicable sur le marché. Dès lors, ce dernier peut être revu à
la baisse car la CNEP-Banque pourrait négocier avec l'assureur les chargements à appliquer dans la
mesure où la souscription s'effectue au niveau de ses guichets.

DEUXIEME PARTIE 98
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

I.4. La décentralisation partielle du pouvoir de décision au niveau des agences CNEP-


Banque
Nous pensons qu’il est nécessaire de réduire au maximum le questionnaire et les sélections
médicales, éventuelles, exigés par la SAA. Ceux-ci sont, d’ailleurs, inexistants dans le cadre du
fonds de garantie. Ainsi, la procédure arrêtée de commun accord avec la SAA nécessite dans tous
les cas l’accord de l’agence SAA gestionnaire pour que le client soit définitivement assuré, ce qui
rend la procédure très lente.
Nous proposons de convenir sur un âge au dessous duquel les souscripteurs de prêts dont le
montant est inférieur à un plafond convenu soient garantis d’office par les agences CNEP-Banque,
sans qu’il y ait un accord préalable d’une agence SAA, à l’instar de ce qui se fait à la STB-Bank
pour les crédits dont le montant est inférieur à 12 000 DT et l’âge de l’assuré est inférieur à 50 ans
et pour les crédits dont le montant est inférieur à 6 000 DT et l’âge de l’assuré est compris entre 50
et 55 ans. Ceci permettra aux agences CNEP-Banque de réduire considérablement les délais de
traitement des opérations pour, au moins, une grande partie de la clientèle et permettra ainsi
d’alléger la procédure même pour les agences SAA ;
I.5. L'élargissement de la temporaire décès au Crédit Véhicule
Il nécessaire à la CNEP-Banque de généraliser la temporaire décès aux autres types de
crédit, notamment aux Crédits Véhicule dont la part dans le portefeuille crédit de la banque devient
de plus en plus importante, voire dominante. En effet, les statistiques arrêtées jusqu’aux 31 août
2003 montrent que le Crédit Véhicule représente 56% du portefeuille crédit de la banque en terme
de montant - dépassant ainsi de loin le crédit hypothécaire qui ne représente que 28% dudit
portefeuille - contre seulement 28% pour l’année 2001(1).
Ce renversement de la situation nécessite, à notre sens, d’équiper la CNEP-Banque d’outils
lui permettant d’assurer le recouvrement des Crédits Véhicule octroyés, en cas de décès de
l’emprunteur sans recours contre la famille du défunt et sans mise en jeu de la garantie (gage du
véhicule).Ceci, dans le but d'éviter toute situation conflictuelle avec la famille du défunt afin de la
garder comme client de la banque.
De ce fait, nous proposons la généralisation de l’assurance décès au Crédit Véhicule. Nous
pensons qu’une temporaire décès décroissante à l'image de celle que nous avons proposée pour les
crédits immobiliers convient très bien à ce type de crédit. La consolidation de la prime unique au
montant du crédit n'est pas obligatoire dans la mesure où son montant ne serait pas très important.

A titre d'illustration, nous proposons d'évaluer le montant de la prime d'assurance payable en


prime unique (un seul versement) pour garantir le solde restant dû d'un crédit véhicule( réel) de
380 000 DA accordé à un emprunteur âgé de 30 ans et remboursable sur 4 ans. Nous suivrons la
même méthodologie que le cas précédent en utilisant la table de mortalité pour arriver à évaluer la
prime d'assurance exigible.

(1)
Source : Direction Générale Adjointe Crédit, CNEP-Banque.

DEUXIEME PARTIE 99
DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

Le calcul actuariel figurant dans l'Annexe n°20 fait ressortir une prime d'assurance de
2 315,80 DA payable à la souscription pour garantir le solde restant dû du prêt en cas de décès d'un
emprunteur âgé de 30 ans pendant toute le durée du crédit (4 ans). Alors que la prime serait de
3 638,05 DA pour un emprunteur âgé de 40 ans (Cf. Annexe n°21) et de 6 789,37 DA pour un
emprunteur âgé de 50 ans (Cf. Annexe n°22).
Nous pensons que les clients vont, certainement, être très favorable à un produit dont le
montant est dérisoire et qui va prendre en charge, à la place de leurs familles, le paiement du solde
restant dû de leurs crédits en cas de décès ; dès lors que le montant de 2 315.80 DA est dérisoire et
ne posera aucun problème à l'emprunteur quant à son paiement
I.6. La rentabilité de la banque doit être améliorée
Le but ultime de toute stratégie est la rentabilité. De ce fait, nous pensons que la CNEP-
Banque ne devrait pas se contenter de recevoir une rémunération qui couvre, tout juste, les frais et
les coûts liés à la distribution des produits d'assurance dont le montant exacte ne pourra être
appréhendé. Ainsi, la distribution des produits d'assurance doit avoir un effet direct et positif sur les
résultats de la CNEP-Banque.
I.7. Le suivi et le contrôle des opérations
La Direction Générale Adjointe Chargée du Crédit à laquelle le volet Assurance est rattaché
doit prévoir un moyen de suivre régulièrement l’état des souscriptions et s’assurer que la procédure
de souscription et de gestion des contrats est respectée pour éviter les incidents avec la clientèle et
avec la compagnie d’assurance.

De ce qui précède, nous pouvons affirmer que la CNEP-Banque, dans son approche de l'assurance, a
opté pour le mode de gestion qui convient le mieux à ses structures et à ses spécificités. Cependant, la
procédure suivie pourrait être améliorée pour une meilleure efficacité et une meilleure efficience. L'adoption
d'une nouvelle procédure basée sur le paiement d'une prime unique - dont le montant devrait être déterminé
selon les strictes règles de l'actuariat - consolidée au crédit serait très intéressant aussi bien pour la CNEP-
Banque que pour le partenaire assureur, voire même pour le client. Aussi, la CNEP-Banque devrait, à notre
sens, prévoir la généralisation de la temporaire décès au crédit Véhicule dont la part dans le portefeuille crédit
de la banque devient de plus en plus dominante.
Mais la CNEP-Banque doit-elle s'arrêter ici ? La logique et la rationalité imposent une réponse
négative.
Alors, qu'elles sont les autres voies qui nécessitent d'être explorées ?
Le point ci-après se propose pour répondre à cette interrogation.

DEUXIEME PARTIE 100


DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

II. D’AUTRES VOIES D’OUVERTURE VERS LA BANCASSURANCE


La CNEP-Banque ne doit pas se limiter aux seuls produits d'assurance quasi-obligatoires
auxquels le produit bancaire est subordonné. C’est dans la continuité de son rôle de banque
universelle que la CNEP-Banque devrait aussi lancer d’autres produits d’assurance liés aux dépôts
bancaires pour couvrir les membres de la famille de certains aléas de la vie et assurer, ainsi,
pleinement son rôle de banque de la famille.

II.1. Les produits à lancer


De prime à bord, la CNEP-Banque ne doit pas se contenter de bancariser les produits
d’assurance déjà existants dans le portefeuille de son partenaire assureur. Elle doit exiger de ce
dernier de lui fabriquer des produits qui répondent le mieux aux besoins réels de sa clientèle et qui
s’inscrivent dans la voie qu'elle a arrêtée. La CNEP-Banque doit veiller à ce que le produit
d’assurance offert soit de qualité supérieure à ceux des assureurs traditionnels en terme de
chargements, de risques couverts et de service après vente.
Sans une étude des besoins de la clientèle, il nous serait impossible de déterminer avec
exactitude la définition exacte des produits à lancer. Néanmoins, nous pouvons, d’ores et déjà,
donner un aperçu de ce qu’ils peuvent être.
Ces produits doivent répondre à certaines exigences de simplicité et de lisibilité : les risques
couverts doivent être très clairs et ne prêtent pas à confusion pour une clientèle de particuliers dont
le niveau de connaissances en matière financière est très hétérogène. Ils doivent, d’une part,
procurer à la banque plus de ressources en commissions et, d’autre part, rendre le produit bancaire
auquel ils sont rattachés plus attractif et facilement différentiable de ceux des confrères.
Ce sont tous les contrats d’assurance qui ont une relation directe avec le dépôt bancaire et
garantissent, moyennant paiement d’une prime, le paiement d’une somme d’argent à l’assuré ou au
bénéficiaire désigné lors de la survenance de l’événement dommageable.
Nous pouvons proposer, à titre d’indication, les produits ci-après :
- un produit à destination des clients titulaires d’un livret épargne CNEP-Banque qui
garantira le paiement d’un capital (50 000 dinars par exemple) à la famille du
titulaire du compte en cas de son décès,
- un produit à destination des clients titulaires d’un livret épargne CNEP-Banque ou
autres comptes ouverts à la CNEP-Banque qui assurera le versement du salaire
mensuel du défunt à sa famille pour une période d’une année,
- un produit à destination des clients ayant un plan épargne logement et qui versent
des sommes régulières afin de se constituer, au terme convenu, un capital pour
l’acquisition d’un logement ou la réalisation d’une habitation. Ce produit garantira
la constitution de l’épargne convenue en cas de décès ou d’invalidité totale et
définitive du titulaire compte.
A côté de ces produits, la CNEP-Banque pourrait proposer des contrats d’assurance liés à
ses produits monétiques pour garantir par exemple le titulaire contre toute soustraction frauduleuse

DEUXIEME PARTIE 101


DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

des sommes ou pour fournir aux titulaires des cartes de paiement internationales comme les cartes
VISA des garanties d’assistance à l’étranger(1).
La vente de produits d’assurance qui ne sont pas liés directement à une opération bancaire
ne pourra intervenir qu’après que l’assurance soit rentrée dans les mœurs du personnel de la banque
et des clients. A ce moment là, la Banque de la famille pourra proposer les produits d’assurance vie
à dominante financière et les produits de capitalisation.
Nous pensons qu’il serait intéressant de mettre en place une assurance collective, à adhésion
obligatoire ou facultative, pour la constitution d’un complément retraite à destination du personnel
de la CNEP-Banque. Cela permettra d’accélérer le processus d’apprentissage de la bancassurance et
assurera au personnel une meilleure maîtrise de l’assurance dans la mesure où on connaît très bien
le produit qu’on a déjà acquis. Le lancement de ce complément retraite doit se faire soit en parallèle
avec le lancement des produits d’assurance liés aux comptes de dépôt soit après, mais dans tous les
cas avant le lancement de ce même produit au grand public pour que l’objectif soit atteint.
En tout état de cause, il y a lieu d’impliquer tout le personnel dans la bancassurance, tout le
monde doit parler assurance (2) pour assurer l’intégration définitive de l’assurance dans la culture et
les mœurs des banquiers, tout en évitant les pratiques commerciales abusives notamment les
inclusions d’office qui influent négativement sur la notoriété de la banque.
Remarque : Les produits sus-proposés ne constituent pas une liste exhaustive et ne
prétendent pas répondre aux vraies attentes de la clientèle que seule une étude de marché pourrait
révéler.

II.2. La politique de lancement

II.2.1. La formation du personnel


La distribution des produits sus-cités, nécessite la formation du personnel banquier pour être
plus apte à les présenter et pour pouvoir atteindre les objectifs de vente arrêtés.
La formation doit se faire en collaboration avec le partenaire assureur. Cependant, il est
préférable qu'elle soit dispensée par des agents de la banque qui connaissent mieux que les
assureurs les tenants et les aboutissants du métier de la banque, chose indispensable pour le
maintien de la culture d’entreprise de la banque. Pour ce faire, la CNEP-Banque aura à faire former,
par l’assureur, un nombre restreint de son personnel, à charge pour ce dernier de former ses
collègues. Ainsi le personnel formé par l’assureur jouera, ensuite, le rôle de formateur.
La formation de la masse du personnel sera administrée par lesdits formateurs qui devront se
déplacer pour dispenser des cours au personnel regroupé de plusieurs agences. Cette manière d’agir
a prouvé son efficacité surtout en France où elle demeure la méthode de formation la plus usitée,
c’est le cas aussi en Tunisie et notamment à la STB-Bank.
La formation servira aussi de relais pour inculquer au personnel de la banque une culture en
matière d’assurance, nécessaire pour mieux appréhender les risques liés à cette nouvelle activité et

(1)
Cette garantie est très répandue en Tunisie.
(2)
DANIEL Jean Pierre, Séminaire sur la Bancassurance, Ecole Supérieure de Banque, Alger, 15 et 16 avril 2003.

DEUXIEME PARTIE 102


DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

surtout pour assurer leur adhésion à la politique de la banque en matière de bancassurance, sans
laquelle tous les efforts consentis pour un essor rapide de la bancassurance seraient vains.
II.2.2. La motivation du personnel
A l’exception des produits d’assurance quasi-obligatoires pour lesquels il n’est pas
nécessaire de verser des intéressements au personnel qui les a vendu, la vente des autres produits
d’assurance liés directement aux produits bancaires nécessite le versement d’un intéressement sous
forme de commissionnement représentant soit un pourcentage de la prime ou une part des bénéfices
des opérations à l’agent qui les a réalisées. Certaines banques utilisent un autre mode
d’intéressement qui consiste en le versement d’une prime au personnel si le niveau des ventes a
atteint l’objectif arrêté.
Les intéressements sont très stimulants et permettent d’avoir des résultats meilleurs et
d’atteindre le point mort de l’investissement assez rapidement. Cependant, comme la CNEP-
Banque ne prévoit pas d’intéressements pour la vente des produits bancaires de base, le personnel
pourrait adopter une attitude visant à délaisser les produits bancaires qui ne lui procurent aucun
intéressement et conjuguer tous ses efforts sur la vente des produits d’assurance qui améliorent sa
rémunération mensuelle.
La grande partie des commissions versées par l’assureur à titre de rémunération de la banque
pour sa prestation de distributeur doit être cédée à l’agence bancaire qui verra ses résultats
s'améliorés et son budget réconforté. Ceci, aura un effet stimulant sur les dirigeants de l’agence qui
ne lésineront pas leurs efforts pour promouvoir leur activité Assurance. A défaut, les dirigeants de
l’agence verront en l’assurance une activité qui occupe leur personnel sans qu'il y ait une contre
partie tangible à leur niveau, ce qui peut les pousser à développer une politique anti-assurance.
L’adhésion du personnel à la politique de la banque en matière d’assurance constitue l’une
des clés de réussite de l’opération. A cet effet, les dirigeants doivent convaincre leur personnel de la
nécessité d’adopter cette nouvelle activité qui n’est d’ailleurs pas loin du domaine bancaire. Ceci,
peut se faire à l’occasion de séminaires de formation et par la distribution de documentation visant à
vulgariser les produits d’assurance et montrant leur connexité à l’activité bancaire.
II.3. La gestion des contrats
La banque ne prendra en charge que le côté distribution de l’opération, la fabrication et le
service après vente seront le ressort de l’assureur. Toutefois, les caractéristiques des produits à
lancer doivent être arrêtées par la banque, à charge pour la compagnie d’assurance de les
«fabriquer» en usant des règles de l’actuariat afin d’assurer la mutualisation des risques.
Il est impératif à la CNEP-Banque d’éditer les notices d’assurance au niveau de ses guichets
et d’exiger de l’assureur la réduction au maximum des questionnaires de santé. En effet, en
l’absence d’un système d’information performant permettant la télétransmission des informations,
la centralisation des décisions au niveau de la compagnie d’assurance rendra les délais de traitement
très longs, voire insoutenables, avec tout les effets néfastes sur la clientèle d’où la nécessité de
décentraliser le pouvoir de décision au niveau du guichet pour au moins le gros des opérations.
Seuls les cas particuliers et les risques aggravants devront être centralisés chez l’assureur.

DEUXIEME PARTIE 103


DEUXIEME CHAPITRE : La pratique de la bancassurance à la CNEP-Banque et ses perspectives de développement.

La vente des produits d’assurance au niveau des agences bancaires nécessite la mise en
place d’applications informatiques adéquates pour assurer d’une part, le traitement à bonne date des
opérations et d’autre part, pour permettre un suivi et un contrôle régulier de l’activité Assurance.
L’application informatique doit permettre aux chargés de clientèle d’identifier les clients
cibles auxquels il faut vendre le produit. La présentation du client à l’agence pour effectuer une
opération bancaire (versement, retrait,…) constitue l’occasion la plus favorable pour lui proposer
les produits d'assurance.

II.4. L’intégration de la bancassurance dans l’organigramme de la banque


Le développement d’une activité assurance dans une banque nécessite la mise en place
d’une structure qui se chargera de sa gestion et du suivi des opérations. A la STB-Bank par
exemple, le staff dirigeant a opté pour la création d’une Direction de la Bancassurance qui s’occupe,
en plus de la gestion quotidienne des contrats d’assurance, de la stratégie de la banque en matière de
bancassurance et de la promotion et du développement de l’activité assurance de la banque. La
création d’une structure analogue à la CNEP-Banque ne peut s’avérer utile que si cette dernière opte
sérieusement pour une stratégie, à long terme, de bancassurance. A défaut, une Direction pareille
sera plus un centre de coûts qu’une source de profit. Mais en tout état de cause, la création d'une
Cellule de réflexion qui prendra en charge le volet bancassurance s'avère nécessaire pour
l'identification et l'exploitation des opportunités qu'offre cette dernière.
De prime à bord, il apparaît clairement que la CNEP-Banque vient tout juste de faire les premiers pas
vers la bancassurance, qui reste un concept qui nécessite, peut être, d’être redéfini pour s’adapter à la réalité
et la spécificité algérienne et particulièrement à la CNEP-Banque .
La CNEP-Banque a opté pour un partenariat avec la SAA qui prévoit la distribution au niveau des
guichets de la CNEP-Banque et à destination de sa clientèle emprunteuse des crédits immobiliers et des
crédits à la consommation (à l’exception du crédit véhicule), respectivement d’une temporaire décès et d’une
assurance crédit pour le compte de la SAA. Désormais, la CNEP-Banque pratique de la bancassurance sans
que celle-ci soit une fin en soi et sans qu’il y ait une stratégie bancassurance explicite. En effet, les produits
d’assurance distribués sont tout simplement confondus avec les diverses garanties exigées des clients.
Cependant, et sous réserve de l’existences d’une volonté ferme du staff dirigeant de se lancer dans
une voie de bancassurance, la CNEP-Banque a tous les atouts à ses côtés pour se tracer un chemin dans la
bancassurance : un réseau dense de 187 agences réparties sur tout le territoire national, des relations
privilégiées avec la clientèle et des ressources très importantes en liquidités(1) susceptibles de faire face aux
investissements nécessaires.
L’intégration de la bancassurance doit se faire par étapes, en commençant par les produits, liés aux
opérations bancaires de base pour passer à la distribution des produits d’assurance vie à dominante
financière (2).
(1)
La CNEP-Banque dégage quotidiennement, à partir du mois de février 2003, un surplus de liquidité de l'ordre de 45
milliards de dinars. Source : Direction de la Trésorerie de la CNEP-Banque.
(2)
Voir supra, p.15.

DEUXIEME PARTIE 104


DEUXIEME PARTIE CONCLUSION

CONCLUSION

Force est de constater que la bancassurance en Algérie est dans un état primitif et
la manière dont elle est pratiquée nécessite peut être la redéfinition du concept lui-même.
Ainsi les rares cas de bancassurance dont nous avons pris connaissance tardent et
hésitent à s'engager soit par manque de conviction soit à cause du flou réglementaire.

Mais en tout évidence la situation embryonnaire dans laquelle se trouve la


bancassurance en Algérie démontre l'ampleur des obstacles, de divers ordres, entravant
son essor. Les banques convaincues de l'opportunité de ce choix, peuvent d'ores et déjà,
s'approprier les produits d'assurance constituant le prolongement naturel de leurs activités
en optant pour un partenariat avec une compagnie d'assurance. Puis dans une deuxième
étape, elles pourront élargir leur domaine d'intervention à l'assurance vie pour laquelle un
régime fiscal avantageux est indispensable.

La CNEP-Banque a su s'approprier les produits d'assurance liés aux crédits qu'elle


octroie dans une optique visant à faciliter la procédure aux clients et à réduire les
chargements sans qu'elles soient tracées dans une stratégie Bancassurance réfléchie.
Néanmoins, ceci ne diminue pas en sa portée. La CNEP-Banque pourra sans difficultés
élargir sa gamme de produit d'assurance dans la continuité de son rôle de banque de la
famille.

La bancassurance en Algérie : Réalités et perspectives. 105


CONCLUSION GENERALE

CONCLUSION GENERALE

Décidément, la situation qui a amené les banques et les compagnies d'assurance à coopérer
dans la distribution plaide encore pour plus de convergences et pour plus de synergies
opérationnelles dans toute la sphère financière, et dans le domaine des prestations de
service en général.

La bancassurance, comme elle est comprise aujourd'hui, s'étend à toutes les coopérations
entre les prestataires de services financiers n'appartenant pas à la même branche d'activité.
Cependant, le concept reste trouble par la multiplicité de ses interprétations et le
changement de ses dimensions. Ceci nous amène à nous interroger sur le paysage futur de
la bancassurance et ses limites.

La progression rapide et continue de la bancassurance aussi bien dans la branche vie que
dommage, en Europe notamment, démontre son importance stratégique, tant sur le plan
macroéconomique que microéconomique, au point que son utilité n'est plus sujet de débat.

Force est de constater que l'Algérie est loin de suivre les évolutions actuelles en matière de
bancassurance. La coopération dans la distribution, entre les banques et les compagnies
d'assurance nationales, reste insignifiante si nous prenons comme référence les expériences
européennes. Elle ne dépasse, guère, les simples souscriptions de polices d'assurance liées
aux opérations bancaires de base dont la généralisation au niveau de toutes les banques ne
en est pas encore effective.
L'expérience de la CNEP-Banque est, à cet effet, très significative. En effet, la souscription
des contrats d'assurance liés aux crédits se fait directement et automatiquement au niveau
des guichets de la banque afin de faciliter la procédure de souscription et de réduire les
chargements des produits. Ainsi, l'appropriation par la CNEP-Banque de ces produits
d'assurance ne s'inscrit nullement dans le cadre d'une stratégie Bancassurance qui devrait
avoir l'amélioration de la rentabilité et le dégagement de synergies opérationnelles comme
ultimes objectifs. Néanmoins, cela ne diminue par en l'importance de l'expérience.

Le retard immense accusé par les banques algériennes en matière de bancassurance est dû
principalement à l'état actuel du secteur bancaire et assurantiel, à l'héritage de la période de
socialisation de l'économie et, surtout, à l'absence d'un cadre réglementaire et fiscal
encourageant la prolifération de la bancassurance.

A cet effet, et pour assurer un essor meilleur de la bancassurance, le législateur pourrait


intervenir, d'une part, pour rendre le régime fiscal applicable aux assurances de personnes

Les enjeux de la bancassurance et les perspectives de son développement en Algérie. 106


CONCLUSION GENERALE

plus attrayant et, d'autre part, afin d'atténuer le principe de cloisonnement strict des
activités. Il reste aux banques à s'engager dans des voies de bancassurance pour assurer
pleinement leurs rôles de banque moderne : toujours à l'écoute de sa clientèle et cherche à
lui offrir un service financier global, mais de sur-mesure aussi paradoxal que cela puisse
être.

En dépit du contexte actuel, les banques algériennes pourront adopter une stratégie
Bancassurance visant, dans une première étape, à distribuer les produits d'assurance
constituant le prolongement naturel de leurs activités de base, sur la base d'un partenariat
avec une compagnie d'assurance. Cette étape qu'on qualifie communément de "Période
d'apprentissage" permettra aux banques de se préparer pour une intégration effective des
produits d'assurance vie. La période d'apprentissage étant terminée, les banques, dans une
deuxième étape, élargiront leur gamme de produits aux assurances vie afin de répondre à
tous les besoins financiers de leurs clients dans une optique de service financier globale qui
a, d'ailleurs, démontré son efficacité partout dans le monde.

La CNEP-Banque pourra inscrire le volet Assurance traité au niveau de ses agences dans
une optique de bancassurance visant à améliorer sa rentabilité et à augmenter son degré
d'intégration.
A notre sens, le remplacement des paiements annuels de prime, pour les nouveaux prêts
immobiliers, par une prime unique - dont le calcul doit se faire selon les règles strictes de
l'actuariat - consolidée au montant du crédit initial améliorera sensiblement la procédure
actuelle.
La généralisation de la temporaire décès à tous les crédits aux particuliers et, notamment
au crédit Véhicule, dont la part dans le portefeuille Crédit de la banque devient de plus en
plus importante voire dominante, et puis aux comptes de dépôt pour les rendre plus
attrayants et plus valorisés par le marché ; permettra à la CNEP-Banque, d'une part,
d'assurer pleinement son rôle de banque de la famille et, d'autre part, de réconforter sa
situation financière par les diverses commissions qu'elle devrait recevoir.

Les expériences étrangères en matière de bancassurance doivent servir de référence aux


banques algériennes dans leur démarche pour assoire le modèle de bancassurance le plus
compatible avec les réalités nationales.

Ainsi, réagissons en primitifs et prévoyons en stratèges pour assurer un avenir prometteur


à la bancassurance en Algérie.

Les enjeux de la bancassurance et les perspectives de son développement en Algérie. 107


BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
1. BEHAR T, FROMENTEN M, MENART S et TOSETTI A, Assurances :
Comptabilité, Réglementation et Actuariat, Ed Economica, Paris, 2002.
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marchés financiers, Ed Economica, Paris, 1997, pp. 127 à 139.
3. BONNARD Jérôme, Droit et pratique des assurances particuliers et entreprises, Ed
Dalloz, Paris, 1997.
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avant la fin ? , Editions de Verneuil, Paris, 1992.
5. DANIEL Jean-Pierre, Les enjeux de la bancassurance, Editions de Verneuil, Paris,
1995.
6. HESS Christian, Méthodes actuarielles de l'assurance vie, Ed Economica, Paris, 2000.
7. HOCINE Mabrouk, Code monétaire et financier algérien, Ed Houma, Alger, 2003.
8. KEREN Vered, La bancassurance, Ed Que sais-je ? , Paris, 1997.
9. LAMBERT Denis-Clair, Economie des assurances, Ed Armand Clin, Paris, 1996.
10. LAMELOT G et LERICHE J, Assurance vie : Prévoyance, Epargne, Retraite, Ed
Delmas, Paris, 1994.
11. LEBEGGE Cédric, Fusions et acquisitions dans le secteur bancaire belge, Ed Bruylant-
Academia, Bruxelles, 2000.
12. NOUIRI Abdennour, Réussir mon mémoire : Guide méthodologique à l'usage des
étudiants de graduation et de post-graduation, Ed ANEP, Alger, 1999.
13. TAFIANI Messaoud Boualem, Les assurance en Algérie : Etude pour une meilleure
contribution à la stratégie de développement, Ed OPU, Alger, 1987.
14. VILLATTE Michel, « L'essor de la bancassurance », Encyclopédie des assurances, Ed
Economica, Paris, 1998, pp. 1704 à 1716.
15. YVONNE Lambert-Faive, Droit des assurances, Ed Dalloz, Paris, 1998.

REVUES ET ARTICLE DE PERIODIQUES


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17. BENSAMI Amine, « Al Baraka Oua Al Amane : L'assurance participative», Algérie-
Entreprise, Avril/mai 2002- n°3, Ed Diwan, Alger, pp. 32.
18. BESSA Djamel, « La CNEP s’ouvre à l’activité bancaire dans sa globalité », CNEP-
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19. CANNATA Roberto, « Les rapports banque-assurance », Banque Stratégie, mai 1998
n°148, Ed Banque Editeurs, Paris, pp. 22 à 24.
20. CHEVALIER M, FENELON S et GOUALOU O, « La bancassurance dans le monde :
une réalité très contrastée», Newsletters Techniques SCOR, Fevrier 2003 n°10, Ed SCOR,
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21. CYRILLE Chartier-Kastler, « La problématique des contrats dédiés», Banque Stratégie,
mai 2001 n°182, Ed Banque Editeurs, Paris, pp. 7 à 9.
22. LEPREUX Jean-Luc, « Les activités d'assurance confortent la qualité de crédit des
banques françaises », Banque Stratégie, mai 2001 n°182, Ed Banque éditeurs, Paris, pp. 2
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23. OUALINI Samir, «Al Rayen Insurance : l’ambition à la clé », Algérie Entreprise,
Avril/mai 2002 - n°3. Ed Diwan, pp.38.
24. PROUST Jean, «L'assurance vie, un produit de fidélisation», Banque Stratégie, mai 2001
n°182, Ed Banque Editeurs, Paris, pp. 5 à 6.
25. REVARA Cesare, « La bancassurance : un concept promoteur, sans être nouveau »,
Economic Briefings, octobre 1999 n°12, Ed Crédit Suisse Economic Research, Zurich, pp.
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26. VALIN Gérard, « Les trois âges de la bancassurance», Banque Stratégie, mai 2001
n°182, Ed Banque Editeurs, Paris, pp. 7 à 9.

TRAVAUX UNIVERSITAIRES
27. ABANE Mouloud, La bancarisation des compagnies d'assurance, Diplôme de 3ème cycle,
IFID, Tunis, 1990.
28. BENMALEK Riad, La réforme du secteur bancaire algérien, Maîtrise des Sciences
Economiques, Université de Toulouse 1, 1999.
29. BOGOINA M, LAFFON P, LAURENT C et JEMMES E, Développement de la
bancassurance automobile : libre choix ou contrainte ? , Maîtrise des Sciences
Economiques, Université Toulouse 1, 1998.
30. BOUMRICHE Djamel, Bancassurance : Fondements et politique commerciale, Diplôme
de 3ème cycle, IFID, Tunis, 1998.
31. FOURNIER Emmanuelle, La restructuration bancaire et financière, DEA Monnaie
Finance Banque, Université Paris 1, 2001.
32. HNIHINA Elyes Sadok, La bancassurance, Diplôme de 3ème cycle, IFID, Tunis, 1998.
33. MARTIAL Bénédicte, Marketing et publicité du contrat d'assurance vie, DESS Banques
et Finances, Université Paris 5, 1996.

DOCUMENTS ADMINISTRATIFS
34. Activité du secteur des assurances : Résultats en chiffre année 2001, Conseil National des
Assurances, Alger, 2002.
35. Bancassurance in practice, Munich Re Group, Munich, 2001.
36. Industrie de la banque et de l'assurance : une approche client similaire?, Euro Group,
Paris, 2002.
37. La conditions de marché favorisent-elles la convergence de la banque et de l'assurance?,
Euro Group, Paris, 2002.
38. Projet d'Etude : Evolution des système de protection sociales, ainsi que les perspective, les
conditions et les modalités permettant d'assurer leur équilibre financier, Conseil National
Economique et Social, Alger, Session plénière juillet 2001.
39. Rapport 2001 : Evolution économique et monétaire en Algérie, Banque D'Algérie, Alger,
2002.
LES TEXTES REGLEMENTAIRES
40. Ordonnance 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit, Journal Officiel de
la République Algérienne n°52 du 27 août 2003, Alger.
41. Loi n° 2000-06 du 23 décembre 2000 portant loi de finances pour 2001, Journal Officiel
de la République Algérienne n° 80 du 24 décembre 2000, Alger.
42. Décret exécutif n° 95-410 du 9 décembre 1995 relatif aux différentes combinaisons
d'assurance de personne, Journal Officiel de la République Algérienne n°76 du 10
décembre 1995, Alger.
43. Règlement n° 95.06 du 19 novembre 1995 relatif aux activités connexes des banques et
établissements financiers, Journal Officiel de la République Algérienne n° 81 du 27
décembre 1995, Alger.
44. Décret exécutif n° 95-338 du 30 octobre 1995 relatif à l'établissement et à la codification
des opérations d'assurance, Journal Officiel de la République Algérienne n°65 du 31
octobre 1995, Alger.
45. Décret exécutif n° 95-339 du 30 octobre 1995 portant attribution, composition et
fonctionnement du Conseil National des Assurances, Journal Officiel de la République
Algérienne n°65 du 31 octobre 1995, Alger.
46. Décret exécutif n° 95-344 du 30 octobre 1995 relatif au capital social minimum des
sociétés d'assurance, Journal Officiel de la République Algérienne n°65 du 31 octobre
1995, Alger.
47. Règlement n° 95-01 du 28 février 1995 portant dérogation en faveur de la Caisse
Nationale de Mutualité Agricole "CNMA" pour effectuer des opérations de banque,
Journal Officiel de la République Algérienne n° 20 du 16 avril 1995, Alger.
48. Ordonnance 95-07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances, Journal Officiel de la
République Algérienne n° 13 du 8 mars 1995, Alger.
49. Loi n°90-10 du 14 avril 1990 relative à la monnaie et au crédit, Journal Officiel de la
République Algérienne n° 17 du 25 mars 1990, Alger.
50. Code de la Famille, BERTI Editions, 2001/2002, Alger.
51. Codes des Impôts Directs et des Taxes Assimilées, BERTI Editions, 2001/2002, Alger.

AUTRES
52. DANIEL Jean-Pierre, Documents Séminaire sur la bancassurance, Ecole Supérieure de
Banque, Alger, 15 et 16 avril 2003.
53. Documents internes, CNEP-Banque.
54. Documents internes, STB-Bank.
55. FELLI Moncef, Bancassurance ! Sommes-nous sur le bon chemin?, Séminaire sur la
bancassurance, Ecole Supérieure de Banque, Alger, 15 et 16 avril 2003.
56. www.bank-of-algeria.dz
57. www.cna.dz.
58. www.cnes.dz.
59. www.munichre.com
60. www.scor.com.
La liste des tableaux et graphiques

Types Intitulés pages


La liste des graphiques
Graphique 1 Les parts de marché en Assurance vie par réseau de distribution 21
en Europe

Graphique 2 La part du PIB consacrée aux dépenses publiques de retraite 45


Graphique 3 Evolution des recettes et dépenses de la CNR 64
La liste des tableaux
Tableau 1 Les trois âges de la bancassurance en Europe 20

Tableau 2 Le risque de perte de client en fonction du nombre de produit 30


acquis

Tableau 3 Impact de l'inflation et de la désinflation sur la banque et la 33


société d'assurance

Tableau 4 les parts de marché du secteur bancaire privé et public 56


Tableau 5 La pénétration et la densité de l’assurance en Algérie et dans 58
quelques pays

Tableau 6 Barème de l’assurance crédit à la consommation 83


LISTE DES ANNEXES

- Annexe n°1 : Les accords de bancassurance en Europe.

- Annexe n°2 : Conditions réglementaires d'accès au marché de l'assurance et de la banque.

- Annexe n°3 : Le rôle et la composition du CNA.

- Annexe n°4 : La classification et codification des opérations d’assurance

- Annexe n°5 : Le règlement n°95.06 du 19 novembre 1995 relatif aux activités connexes des
Banques et des Etablissements Financiers

- Annexe n°6 : Le règlement n°95-01 du 28 février 1995 portant dérogation en faveur de la


Caisse Nationale de Mutualité Agricole "CNMA" pour effectuer des opérations de banque.

- Annexe n°7 : La fiscalité d'assurance vie dans l'Union Européenne.

- Annexe n°8 : L'organigramme de la CNEP-Banque.

- Annexe n°9 : Le barème du Fonds de Garantie des Crédits octroyés par la CNEP-Banque.

- Annexe n°10 : Schéma descriptif de l'Application Bancassurance actuelle à la STB-Bank.

- Annexe n°11 : Schéma descriptif de l'Application Bancassurance projetée à la STB-Bank.

- Annexe n°12 : La table de mortalité TD 97-99.

- Annexe n°13 : Tableau d'amortissement d'un crédit immobilier de 400 000 DA à taux
d'intérêt de 4%.

- Annexe n°14 : Exemple d'utilisation de la tables de mortalité pour le calcul de la prime pure
d'une assurance temporaire décès décroissante de deux ans

- Annexe n°15 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Immobilier de 400 000 DA accordé à un client de 30 ans.

- Annexe n°16 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
la prime d'assurance de 12 156,91 DA consolidée à un crédit accordé à un client âgé de 30
ans.

- Annexe n°17 : Le tableau d'amortissement de la prime unique consolidée.


- Annexe n°18 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Immobilier de 400 000 DA accordé à un client âgé de 40 ans.

- Annexe n°19 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Immobilier de 400 000 DA accordé à un client âgé de 50 ans.

- Annexe n°20 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Véhicule de 380 000 DA accordé à un client âgé de 30 ans.

- Annexe n°21 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Véhicule de 380 000 DA accordé à un client âgé de 40 ans.

- Annexe n°22 : Le calcul de la prime d'assurance d'une temporaire décès décroissante liée à
un Crédit Véhicule de 380 000 DA accordé à un client âgé de 50 ans.
ANNEXES

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