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a

UNIVERSITE DE LA MANOUBA

INSTITUT SUPERIEUR DE COMPTABILITE


ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

COMMISSION D'EXPERTISE COMPTABLE

Mémoire pour l’obtention


du diplôme national d’expertise comptable

LE RECOURS AU DIAGNOSTIC FINANCIER


DANS LE PROCESSUS D’AUDIT

Octobre 2018

Préparé par : Encadré par :

Imed BEN HADJ MBAREK Raida CHAKROUN


Maître – assistante
IHEC Carthage
Dédicace et Remerciements

« Nous sommes tellement préoccupés à regarder vers


l’avant, qu’on oublie souvent de jeter un œil derrière pour
apprécier le chemin parcouru »
[Marc Vachon, psychologue]

Quand nous arrivons presque à la fin de ce chemin qui m’a beaucoup permis de grandir,

je voudrais remercier avec ma profonde gratitude, les nombreuses personnes qui m’ont

aidé à la réalisation de ce mémoire, soit de près ou de loin, mais elles ont toujours été

présentes. Et comme a écrit William Arthur Ward, « La gratitude peut transformer votre

routine en jours de fête », moi je souhaite que ce jour soit un jour de fête, mais il ne le

serait uniquement grâce aux personnes qui ont parcouru ce chemin tout près de moi.

Tout d’abord, je tiens à remercier mon encadreur Madame Raida CHAKROUN qui a

accepté d’assumer l’accompagnement de ce travail. La réalisation de ce mémoire n’aurait

pu être possible sans son soutien et son professionnalisme, sans ses justes et pertinents

commentaires. Je vous remercie Madame pour votre compréhension tout au long de ce

parcours et sachez que je serai toujours reconnaissant de votre soutien.

Je ne peux pas finir et passer sous silence, sans penser à ma famille. Je souhaite résumer

toute ma gratitude envers eux par cette pensée : « Je suis reconnaissant à tous les

membres de ma famille du grand respect qu'ils ont toujours eu à mon égard. »


Liste des abréviations

AICPA: American lnstitute of Certified Public Accountants


BFR : Besoin en fonds de roulement
BPA : Bénéfice par action
B P : Business Process
DAFIC : Disponible après financement interne de la croissance
E T E : Excédent de trésorerie d’exploitation
EVA : Economic value added
FASB: Financial Accounting Standards Board
IFRS: International Financial Reporting Standards
IAS: International Accounting Standards
IASB: International Accounting Standards Board
IFAC: International Federation of Accountants
PCAOB: Public Company Accounting Oversight Board
PME : Petites et moyennes entreprises
SAS : Statement on Auditing Standards
US GAAP: United States Generally Accepted Accounting Principles
Liste des figures

Figure 1: La démarche du diagnostic financier ........................................................................ 18


Figure 2: État de santé financière de l’entreprise ..................................................................... 90

Liste des tableaux

Tableau 1: Indicateurs d’analyse des flux ............................................................................... 21


Tableau 2: Les limites afférentes à certains postulats .............................................................. 30
Tableau 3: Indicateurs de risque financier ............................................................................... 54
Tableau 4: Objectifs et vision de l’entreprise........................................................................... 62
Tableau 5: Exemple de cadre minimum nécessaire au diagnostic source................................ 63
Tableau 6: L’internalisation du diagnostic dans les phases de l’audit ..................................... 80
Tableau 7: Guide d’intégration du diagnostic dans la validation de quelques rubriques des états
financiers ................................................................................................................................ 112
Sommaire

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : 6

L’APPORT DU DIAGNOSTIC FINANCIER A L’AUDIT 6

CHAPITRE 1 : LE CHAMP ET LES METHODES DU DIAGNOSTIC DE L’ENTREPRISE 6

CHAPITRE 2 : LE RECOURS AU DIAGNOSTIC FINANCIER EN AUDIT 42

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 68

DEUXIEME PARTIE : 6

LES IMPACTS DU RECOURS AU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE


PROCESSUS D’AUDIT 6

CHAPITRE 3 : L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER ET APPROCHE D’AUDIT 70

CHAPITRE 4 : LES ASPECTS PRATIQUES DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE


PROCESSUS D’AUDIT 108

CHAPITRE 5 : CAS PRATIQUE D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS UNE MISSION


D’AUDIT 128

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 146

CONCLUSION GENERALE 147

BIBLIOGRAPHIE 149

TABLE DES MATIERES 153


Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Introduction

Le diagnostic financier aborde l’ensemble des techniques utilisées en finance pour


porter un jugement sur la santé financière de l’entreprise à partir de ses états financiers et
de son environnement externe. Il consiste à examiner l’équilibre financier de l’entreprise,
sa liquidité, sa solvabilité ainsi que sa rentabilité. Ces analyses répondent aux
préoccupations des divers partenaires de la société (actionnaires, banquiers, personnel,
Etat etc.) intéressés par la santé financière de l’entreprise et qui cherchent même à
anticiper la courbe d’évolution de ses différents indicateurs économiques. Ces attentes
d’assurance et d’anticipation sont de plus de en plus difficiles à atteindre dans un
environnement économique difficile à analyser. En effet, les décisions importantes
notamment d'investissement et de financement sont prises par les investisseurs et les
bailleurs de fonds principalement sur la base de l'information comptable et financière
produite à l'intérieur de l'entreprise ainsi que dans son environnement externe. C’est
pourquoi il est primordial que ces utilisateurs demandent que cette information soit
certifiée sincère et régulière pour qu’ils puissent prendre des décisions.

L’audit financier a joué un rôle important dans le renforcement de la confiance entre les
différents intervenants du secteur financier. Cependant, les scandales financiers qui ont
commencé avec la fameuse affaire d’Enron et qui se succèdent d’une fréquence
spectaculaire (Word com, Merill Lynch, TISCO etc...) ont exposé l’audit financier à la
critique.
Les nouvelles exigences des utilisateurs de l’information comptable conduisent les
auditeurs à ne négliger aucun atout d’ordre économique, comptable et financier. Ce
dernier doit maitriser au-delà des chiffres comptables la réalité économique et financière
de l’entreprise.
Dans la cadre d’un audit, l’analyse approfondie de la situation économique et financière
de l’entité permet à l’auditeur de déceler les problèmes chroniques et de les isoler des
problèmes ponctuels et même de repérer les menaces pouvant même affecter la survie de
l’entreprise dans son ensemble. Cette constatation est illustrée par l’ISA 3151 §4 "
L'acquisition d'une compréhension de l’entreprise et de son environnement est une

1
Compréhension de l’entité et de son environnement aux fins de l’identification et de l’évaluation des
risques d’anomalies significatives.
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1
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

composante essentielle de la planification et de l'exécution d'une vérification en


conformité avec les normes ISA".
La norme vise à identifier et à comprendre les événements, opérations et pratiques de
l’entreprise qui peuvent générer des risques pouvant avoir une incidence significative sur
les états financiers, sur leur examen ou sur le rapport d'audit. Mais l’auditeur n’est pas
dans la possibilité d’identifier les sources de risques s’il n’est pas en mesure de maitriser
l’entreprise sous ses différents aspects économiques, comptables et financiers.
Les sociétés deviennent de plus en plus complexes et parfois aux périmètres flexibles.
Dans ce contexte, les normes de l’IFAC exigent à l’auditeur de mettre en œuvre plusieurs
techniques du diagnostic financier, afin de saisir la vraie situation, et d’identifier la réalité
économique et financière de la société qui peut différer sensiblement de ce qui est
communiqué dans les états financiers et dans les autres rapports élaborés par les
gestionnaires. Dans certaines situations ces rapports ne reflètent pas la réalité de manière
suffisamment précise, voire pas du tout dans certains cas.
Ces constatations m’ont permis d’initier une démarche de réflexion, portant sur
l’identification et la mise en valeur des outils du diagnostic financier prévues par les
normes de l’IFAC dans la compréhension des objectifs, des stratégies et des risques
d’affaires et des processus d’appréciation de ces risques, du moins en ce qui concerne les
aspects liés à la gestion financière, qui sont souvent à l’origine de nombreux scandales.
D’ailleurs, dans ce contexte, les normes de l’IFAC accordent beaucoup d’importance à la
mesure et la revue de la performance financière de l’entreprise. En effet, les indicateurs
financiers tant externes qu’internes peuvent fournir au vérificateur des renseignements
utiles pour la compréhension de l’entité et de son environnement. Ces derniers sont d’une
importance capitale dans quelques procédés d’audit tels que dans la mise en œuvre des
procédures analytiques, le test de continuité d’exploitation ainsi que dans l’approche
Business Risk.
Plusieurs normes d’audit de l’IFAC requièrent de l’auditeur d’appliquer des techniques
de contrôle largement utilisées en diagnostic financier telle que la norme ISA 520
Procédures analytiques qui énoncent que les procédures analytiques comprennent la prise
en considération de comparaisons entre les informations financières et non financières de
l’entité pour des périodes antérieures et les données sectorielles similaires. Il doit entre
autres tenir compte des résultats escomptés de l’entité. Dans la même logique de notre

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2
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

recherche, l’ISA 570 (révisée)2Continuité d’exploitation fait référence à des exemples


d’événements ou de situations qui peuvent jeter un doute important sur la capacité de
l’entreprise à poursuivre son exploitation.
Ces extraits de normes d’audit mettent l’accent sur l’importance du rôle du diagnostic
financier de l’entreprise dans les normes d’audit de l’IFAC. L’analyse des informations
financières et économiques de l’entreprise permettra à l’auditeur d’apprécier la santé
financière de l’entreprise dans sa globalité afin de porter un jugement professionnel sur la
résultante des chiffres comptables de l’entreprise.
Cette dimension financière de l’audit rapproche l’audit du diagnostic d’entreprise. Mais
le diagnostic financier en tant qu’une discipline non normalisée couvre d’autres aspects
qui dépassent le périmètre d’audit financier.
Dans cette étude, on essaiera de mettre en valeur les outils du diagnostic financier dans le
processus audit afin d’identifier des faits et situations susceptibles d’indiquer l’existence
de risque d’anomalies significatives.
Notre idée de départ réside dans les modalités de mise en œuvre du diagnostic financier
dans une mission d’audit et les éventuels impacts des indicateurs du diagnostic financier
dans les différentes étapes du processus d’audit.
Concrètement, le questionnement général auquel nous cherchons à répondre est le
suivant :
Quel peut être l’impact des résultats de l’intégration des variables issues du diagnostic
financier dans les différentes étapes du processus d’audit ?
Notre apport consiste à montrer que l’exploitation des résultats du diagnostic financier
dans le processus d’audit peut avoir des impacts positifs sur les différentes étapes du
processus d’audit.
En essayant de répondre à ces questions, ce travail suit principalement les objectifs ci-
après :
 Mettre en valeur les résultats du diagnostic financier dans chaque étape du
processus d’audit ;
 Décliner les indicateurs issus du diagnostic financier en variables d’audit à
intégrer dans l’exécution de la mission ;
 Tirer les conclusions sur la nature, le calendrier et l’étendue des travaux d’audit.
En effet, le recours au diagnostic financier en audit doit s’aligner d’une part avec

2
Norme internationale d’audit (révisée) continuité d’exploitation : en vigueur pour les audits des états
financiers des périodes closes à compter de 15 décembre 2016.
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3
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

les normes de l’IFAC et d’autre part avec les exigences professionnelles en


termes de méthodologie et de coût de la mission.

Ce travail sera présenté en deux parties. Ainsi, la première partie sera consacrée à
l’étendu du diagnostic financier dans le processus l’audit. On s’intéressera dans un
premier chapitre au champ et aux méthodes du diagnostic financier. Le deuxième
chapitre, traitera les procédés du diagnostic déjà intégrés dans les normes de l’IFAC afin
de souligner que le recours aux techniques du diagnostic financier apporte à l’auditeur
des informations supplémentaires lui permettant d’optimiser sa stratégie et sa démarche
d’intervention.
Dans la deuxième partie, nous mettrons en valeur les résultats du diagnostic financier
dans chaque étape du processus d’audit. En effet, l’utilisation des méthodes développées
du diagnostic a des conséquences sur les différentes étapes du processus d’audit. Dans ce
cadre, nous nous concentrons d’une part, aux impacts d’une telle démarche sur la nature,
le calendrier et l’étendue des travaux d’audit. Et d’autre part, à la complémentarité entre
le diagnostic financier et l’approche Business Risk.
Ensuite, notre réflexion sera enrichie d’une part, par la proposition d’une démarche
d’intégration du diagnostic financier dans le processus d’audit. Et d’autre part, par un cas
pratique afin de montrer concrètement que l’intégration des résultats d’un diagnostic
financier dans le processus d’audit permettra de construire une batterie d’indicateurs et de
paramètres ayant une grande valeur au niveau de la mission d’audit.

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Première partie :

L’apport du diagnostic financier à l’audit


Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Chapitre 1 : Le champ et les méthodes du diagnostic de


l’entreprise

Il est nécessaire avant d’avancer dans la présentation des différents champs et méthodes
de diagnostic de définir le terme diagnostic.
Le diagnostic est défini par le dictionnaire : « diagnostic : non masculin. Détermination
(d’une maladie, d’un état) d’après ses symptômes. Poser, établir un diagnostic. Erreur de
diagnostic » (Le Robert, 1996)
Une définition précise, plus élaborée, est proposée par l’Association Française de
Normalisation (AFNOR) dans le cadre du vocabulaire de la normalisation : « Examen
volontaire caractérisant une entité (Personne, organisation, fonction, matériel …) selon
un certain nombre de critères propres à l’expert (généralement un spécialiste appelé) et
visant à partir des dysfonctionnements ou symptômes repérés, à dégager la cause du
(des)dysfonctionnement(s) et à proposer des recommandations ».
La notion de diagnostic est empruntée au jargon médical dans lequel elle signifie :
identification d’une maladie par ses symptômes. Cependant, si sa signification ne semble
pas poser de problèmes en médecine, il en est tout autrement en gestion. En effet, elle
suppose que l’on soit capable de définir l’état de bonne santé de l’entreprise et d’avoir
une liste des symptômes des différents types de dysfonctionnements afin que l’on puisse
identifier «les maladies de l’entreprise» à partir desdits symptômes. Or, la réalité de
l’entreprise est loin de pouvoir se prêter à une telle caricature.
Section 1 : Le champ du diagnostic
Bien que le diagnostic privilégie les aspects financiers, il est évident qu’il faut prendre en
considération les aspects économiques et sociaux de la vie de la firme en tant
qu’organisation humaine. Il faut se rappeler que la société est en permanentes interactions
avec son environnement externe qui exerce des pressions sur les décisions des dirigeants.
Avec le phénomène de globalisation et de l’innovation accrue des technologies de
communication, les sociétés sont de plus en plus exposées aux risques de tous ordres.
Ainsi, le diagnostic des entreprises devient de plus en plus complexe vu l’ouverture de la
société sur son environnement et l’impact des forces externes sur son fonctionnement.
La complexité du nouveau concept de l’entreprise est parmi les facteurs qui limitent la
capacité des différents intervenants intéressés par la société à maitriser tous les aspects
économiques et financiers.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

C’est ce qui explique en partie le recours croissant à la demande du diagnostic par des
personnes très différentes qui nous pouvons regrouper comme suit :
Les demandes internes à l’entreprise : Elles peuvent émaner des dirigeants de
l’entreprise, surtout en période d’échec ou afin de bénéficier des apports des
diagnostiqueurs. Les demandes de diagnostic par la direction peuvent concerner
l’entreprise dans sa totalité ou limitées dans un contexte bien défini telle que un
dysfonctionnement dans un service ou une fonction bien définie. D’autres organismes
internes à l’instar des représentants des salariés peuvent demander un diagnostic. A titre
d’exemple la loi française oblige les sociétés ayant un comité d’entreprise de désigner un
expert comptable une fois par an pour examiner la situation économique globale de la
société.
Les bailleurs de fonds peuvent demander un diagnostic s’ils ne sont pas en mesure de
maitriser tous les aspects économiques et financiers de la société ou en cas de doutes sur
quelques points.
Les demandes externes à l’entreprise : La liste des demandeurs externes du diagnostic
est illimitée. La société peut être considérée comme une boite noire de l’extérieur. Parmi
les demandeurs externes du diagnostic financier, ont peut citer les créanciers actuels ou
potentiels qui sont intéressés par la solvabilité de l’entreprise, ainsi que les sociétés
partenaires dans le cadre de développement des relations d’affaires.
Les investisseurs potentiels cherchent à travers un diagnostic à évaluer le potentiel de
l’entreprise surtout en termes de rentabilité et de développement.
La diversité de demandeurs du diagnostic et de leurs objectifs dicte le champ élargi du
diagnostic qui peut couvrir l’entreprise et son environnement soit d’une manière globale
soit d’une manière plus détaillée.

Sous-section 1 : Le diagnostic global


C’est le diagnostic de l’entreprise dans son ensemble. Il permet de produire une vision
globale de l’entreprise en tenant compte du diagnostic stratégique, financier,
organisationnel, opérationnel, des ressources humaines etc.
Sur le plan méthodologique, le diagnostic global ne consiste pas à tirer les conclusions
des diagnostics partiels mais à élaborer un diagnostic unifié permettant de positionner
l’entreprise dans son environnement en tenant compte de son identité économique.

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7
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Le développement des activités de services et la dématérialisation des activités


industrielles ont réduit considérablement la possibilité de se limiter aux données
comptables de l’entreprise pour élaborer un diagnostic global.
En effet, dans certains secteurs fondés sur les investissements immatériels et sur les
innovations technologiques, les états financiers et, malgré les réformes des normes
comptables, n’arrivent pas à traduire la réalité économique de l’entreprise. Plusieurs
éléments immatériels constituent des vraies richesses pour ces entreprises et qui ne sont
pas pris en compte dans les actifs de la société. On peut citer à titre d’exemple les
marques créées en interne et des ressources humaines hautement qualifiées dans le
domaine de recherche et développement. Il apparait donc que la seule analyse des
données comptables et financières des entreprises n’est pas suffisante.
Il n’existe pas une méthodologie standard du diagnostic global l’entreprise .Il s’agit d’un
travail d’expert que module sa stratégie et ses outils suivant le contexte et les objectifs
recherchés.

1-1. Méthode du diagnostic global d’entreprise


Le diagnostic est par sa nature une démarche expérimentale qui doit être mené à travers
un processus structuré de collecte, de traitement, de construction et de production de
l’information.
Le diagnostic global est construit à partir des différents diagnostics partiels. Il s’agit en
fait d’une synthèse hiérarchisée des forces et des faiblesses de l’entreprise en reprenant
les principales conclusions des diagnostics des différents sous systèmes constitutifs et de
leur processus.
Le résultat du diagnostic global doit montrer pour chaque processus clé si le système
étudié est :
 en cohérence avec les objectifs et les stratégies de l’entreprise ;
 répond aux besoins des différents intervenants ayant des intérêts en liaison avec la
société tels que les salariés, les dirigeants, les actionnaires, partenaires financiers,
clients, fournisseurs etc.
 en parfaite adaptation liaison avec son environnement externe.
 viable sur le plan économique c'est-à-dire performant, durable et rentable.
Il faut mentionner qu’il existe plusieurs méthodes du diagnostic global d’entreprise mais
qui s’unissent autour des principes énoncés ci-dessus.

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Pour des raisons de méthodologie, nous proposons une méthode basée sur la démarche
suivante :
1. La constitution du dossier préalable : Il faut disposer d’une documentation
nécessaire permettant une compréhension suffisante au secteur et à l’entreprise
tels que :
 des fiches descriptives de l’entreprise : forme juridique, moyens humains
et financiers etc.
 les plans et les plannings de l’entreprise : d’investissements, de
financement, de production etc.
 les données technico – économiques et financières : états financiers de
derniers exercices, les rapports de productions, les procédés de fabrication
etc.
2. La collecte d’informations : Cette étape passe à notre avis par une présence sur
le terrain afin de comprendre le fonctionnement de l’entreprise.
Parmi les techniques de collecte d’informations, on peut citer le questionnement
ou il peut s’agir d’un questionnaire écrit et verbal qui doit couvrir tous les niveaux
passant des dirigeants jusqu’au simple exécutant. Une telle démarche permet une
meilleure compréhension de l’entité à plusieurs niveaux.
Il va sans dire qu’il ne faut négliger aucune information pouvant influencer le
fonctionnement de l’entreprise. Il est à signaler qu’il faut attacher beaucoup
d’importance aux informations externes provenant de l’environnement de
l’entreprise.
3. Traitement des informations et des données : Parmi les points faibles des
méthodes du diagnostic global, on peut citer la perte de vision globale de
l’entreprise lors de l’analyse des données séparément pour chaque processus ou
intervenant.
Malgré les spécificités de chaque processus, nous recommandons une
coordination entre les différents experts pour construire une représentation du
système permettant un diagnostic pertinent.
4. La modélisation du diagnostic : Chaque groupe chargé d’un processus analyse
et modélise le fonctionnement de ce sous-système de l’entreprise en s’appuyant
sur les concepts utilisés pour comprendre le fonctionnement global de
l’entreprise.

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Le diagnostic global est réalisé à partir des points forts et points faibles retenus
dans les différents diagnostics partiels pour déboucher sur un schéma de
fonctionnement global d’entreprise.
5. La restitution et la validation : C’est la présentation ordonnée et synthétique du
diagnostic de l’entreprise. La restitution doit déboucher sur une synthèse :
- du fonctionnement de l’entreprise ;
- du diagnostic global
- des conseils, des perspectives de changement et d’amélioration.
En présentant la méthode du diagnostic global d’entreprise, on peut constater facilement
une certaine cohérence avec la phase de prise en connaissance générale au niveau de la
démarche de l’audit financier.

1-2. Le diagnostic global dans le contexte d’audit financier


L’ISA 315 : « Connaissance de l’entité et de son environnement et évaluation du risque
d’anomalies significatives » applicable pour les audits d'états financiers relatifs aux
périodes ouvertes à compter du15 décembre 2004 constitue la pierre angulaire dans les
nouvelles tendances du normalisateur international dans la prise en compte des
interactions entre l’environnement de l’entreprise et l’approche de l’auditeur.
Cette norme précise que l’auditeur doit investir dans la connaissance de l'entité et de son
environnement, y compris de son contrôle interne. Elle requiert de l'auditeur d'acquérir la
connaissance des aspects spécifiques de l’entité et de son environnement, ainsi que des
composantes de son contrôle interne, afin d'identifier et d'évaluer le risque d’anomalies
significatives.
La norme ISA 315 n’a pas opté pour une méthodologie du diagnostic global de
l’entreprise auditée vu que le diagnostic global d’entreprise à des champs trop vastes. Elle
considère que cette tâche incombe au jugement professionnel de l’auditeur qui doit être
modulé suivant les caractéristiques de l’entité auditée.
Cependant, la norme ISA 315 précise que la connaissance qu’a l'auditeur de l'entité et de
son environnement consiste en la prise de connaissance des caractéristiques suivantes :
 secteur d’activité, environnement réglementaire, et autres facteurs externes y
compris le référentiel comptable applicable ;
 nature de l’entité, y compris le choix et l’application des principes comptables
retenus par celle-ci ;

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10
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 objectifs, stratégies et risques qui leur sont liés et qui peuvent avoir comme
conséquence une anomalie significative dans les états financiers ;
 mesure et analyse des performances financières de l'entité ;
 contrôle interne.
L’annexe n° 1 de la norme ISA 315 donne des exemples de sujets que l'auditeur peut
considérer lors de sa prise de connaissance de l'entité et de son environnement. Les
exemples cités par l’annexe sont centrés autour des points suivants :
 secteur d’activité ;
 environnement réglementaire ;
 autres facteurs externes affectant les opérations de l’entité ;
 nature de l’entité ;
 Activités de l’entité ;
 Investissements ;
 Financement ;
 information financière ;
 objectifs, stratégies et risques liés ;
 mesure et analyse de la situation financière de l’entité.

Les exemples cités par la norme montrent l’intention du normalisateur de l’IFAC sur
l’importance accordée aux éléments financiers qui ont un impact direct sur la mission
d’audit. Mais, il reste important à notre avis que l’auditeur se réfère à un diagnostic
global suivant le contexte de l’entité en se référant à la méthode mentionnée dans le
paragraphe précédent.
L’adoption d’une telle méthodologie permettra à l’auditeur de réaliser un diagnostic
global de tous les processus en se basant sur une démarche scientifique.
La cohérence avec les objectifs et les stratégies de l’entreprise au niveau des différents
processus constitue une condition de base pour la réussite de l’entreprise.

Sous-section 2 : Le diagnostic stratégique


Le paragraphe 30 de la norme ISA 315 énonce que : « L'auditeur doit acquérir la
connaissance des objectifs et des stratégies de l'entité, ainsi que des risques y relatifs liés
à l’activité qui peuvent engendrer des anomalies significatives dans les états financiers. »

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Etant donné son impact sur le management, la gouvernance, la position de l’entreprise


soit sur la politique globale d’entreprise, le diagnostic stratégique occupe une place
particulière au niveau du domaine de diagnostic et au niveau des normes internationales
d’audit.
Dans le cadre de cette sous-section, nous ne prévoyons ni l’exposé des méthodes de
diagnostic stratégique ni l’arbitrage entre ces méthodes. Nous nous intéressons
uniquement à quelques concepts du diagnostic stratégique en cohérence avec la mission
de l’auditeur financier.

2-1 Définitions et concepts


Toute entreprise est plus ou moins orientée par une politique générale explicitée ou non
par les dirigeants. Elle est la résultante des motivations et de la culture des dirigeants.
La politique générale se définit comme l'ensemble des principes directeurs et des grandes
règles et normes qui orientent en permanence l'action. Cette discipline a pour objectif de
connaître les déterminants de l’entreprise en tant qu’acteur de la vie économique,
expliquer ses comportements passés et orienter ses comportements futurs.
Dans ce contexte, J.Aboiron (2014) définit la stratégie dans son livre Mangement
stratégique et financier par les termes suivants : « La stratégie correspond à la manière de
gouverner une organisation ; l’ensemble des décisions qui engagent les ressources et les
compétences qui donnent une direction à l’entreprise, comme le ferait le chef de l’armée
avec ses soldats. La stratégie est un processus global et long à mettre en place qui réunit
toutes les composantes de l’organisation autour de lieux communs. »
La stratégie constitue un volet très important de la vie de l’entreprise puisqu’elle
s’intéresse à :
 la création de valeur : l’organisation va chercher à créer une valeur pour le
consommateur au travers d’une chaîne d’activités efficace et cohérente
(production, logistique, commercialisation, services, etc.)
 l’affrontement concurrentiel : cette création de valeur va permettre à
l’organisation de surpasser la concurrence et d’être préférée par le consommateur
face à d’autres organisations offrant un produit similaire ou substituable
 le choix du portefeuille stratégique : il s’agit du choix des activités clés de
l’organisation.

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

M. Porter (1991) met l’accent sur la notion de l’avantage concurrentiel. Pour lui, une
stratégie doit permettre à l’entreprise de construire, garder et développer un avantage
concurrentiel lui concédant de faire face à la concurrence. Ainsi, nous pouvons résumer
la notion de stratégie comme étant les moyens mis en place par l’entreprise afin
d’atteindre les objectifs stratégiques fixés par les dirigeants. Et ce pour créer un
positionnement favorable par rapport à ses concurrents.
Il s’agit alors de répondre à trois questions :
 quel est mon métier ?
 quel est mon avantage concurrentiel ?
 comment me développer ?
La démarche du diagnostic stratégique s’apparente à une photographie de la situation de
l’entreprise. Il s’agit de positionner l’entreprise et ses concurrents sur un marché donné
afin de confirmer ou de modifier les choix stratégiques antérieurs et de projeter ainsi
l’entreprise dans un futur maîtrisé. Il est réalisé dans deux directions : l'environnement,
en termes d’attractivité du secteur (opportunités, menaces), et l'entreprise en termes de
potentialités intrinsèques (forces et faiblesses). En effet, l’entreprise est un système
ouvert qui possède ses propres caractéristiques et qui survit et se développe dans un
environnement en constante évolution, porteur de menaces mais aussi d’opportunités. Par
ailleurs, elle est amenée à faire des choix stratégiques adéquats afin de garantir sa survie
et sa pérennité. Le diagnostic stratégique permet alors, au préalable, d’avoir les
informations nécessaires, d’une part, concernant les caractéristiques de l’environnement
de l’entreprise et, d’autre part, concernant les caractéristiques de l’entreprise elle-même.
Ainsi, le diagnostic stratégique interne et externe permettra à l’entreprise de pouvoir
concilier les choix stratégiques dont dépend sa compétitivité à long terme et la maîtrise
des turbulences de son environnement dont dépend sa compétitivité immédiate.
Afin de définir sa stratégie, l’entreprise doit tout d’abord réaliser un diagnostic de sa
situation visant à recenser toutes les ressources dont elle dispose à moyen et à long terme
et qui se réalise à deux niveaux :
 au niveau interne qui permet à l’entreprise d’identifier ses forces et ses faiblesses
en termes de compétences et des ressources.
 un niveau externe, réalisé de façon à s’assurer de la capacité de l’organisation à
transformer les menaces de son environnement en opportunités.

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13
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

2-2 Le passage du diagnostic stratégique au diagnostic financier


Les contraintes stratégiques qui pèsent sur l’entreprise ont un impact direct sur les aspects
financiers de la société. C’est pourquoi il est important que le diagnostiqueur financier
prenne en compte les déterminants stratégiques de l’entreprise dans la compréhension de
sa politique financière.
Les articulations entre le diagnostic stratégique et le diagnostic financier constituent un
domaine très intéressant dans la compréhension de l’entité auditée. Ce qui permet
d’apprécier les principaux aspects financiers de la firme soit, à titre indicatif, les éléments
suivants :
 l’appréciation de l’autonomie financière ;
 la flexibilité financière ;
 l’équilibre financier prévisionnel
 les choix des structures de financement ;
 la politique d’investissement ;
 la politique de financement.
Les orientations stratégiques ont un impact déterminant sur la politique financière de
l’entreprise ce qu’impliquent directement des effets sur son système d’information et plus
spécifiquement comptable et financier.
En conclusion, l’articulation entre le diagnostic stratégique et financier est un facteur
déterminant dans le diagnostic financier de l’entreprise.

Sous-section 3 : Le diagnostic financier


Avant d’aborder le diagnostic financier, il est très important de distinguer le diagnostic
financier par rapport à l’analyse financière. En effet, l’analyse financière et l’ensemble de
techniques d’investigation des documents comptables et financiers d’une organisation
productive, utilisées pour établir un diagnostic financier. Alors que le diagnostic financier
est un jugement motivé reposant sur une analyse financière permettant d’envisager le
maintien ou une réorientation de la politique générale de l’entreprise, de sa stratégie ou
de l’une de leurs composantes (financière, commerciale, production, approvisionnement,
RD, GRH, etc.).
3-1 Définitions et objectifs
Le diagnostic financier constitue un volet important du diagnostic global. Il permet de
comprendre l’évolution passée de l’entreprise et juger son potentiel de développement.

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14
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Le diagnostic financier constitue pour le dirigeant un outil de gestion indispensable à tous


les processus de décision.
Selon Melyon (2007), le diagnostic financier est un outil qui permet de piloter l'entreprise
à tous les stades du processus de décision. Il se veut un outil d'analyse dynamique. A ce
titre, le diagnostic financier est d'un intérêt capital à tous les acteurs de l'entreprise,
depuis les actionnaires, les dirigeants, les cocontractants, les prêteurs, les salariés etc.
L'objet du diagnostic financier est de faire le point sur la situation financière de
l'entreprise, en mettant en évidence ses forces et ses faiblesses, en vue de l'exploitation
des premières et de la correction des secondes.
A. Henriet (1995), estime que le diagnostic financier a pour objectif de porter un
jugement sur deux notions essentielles qui caractérisent toute l’entreprise : sa
performance d’une manière générale et sa pérennité. Il nous précise que la notion de
performance couvre deux concepts essentiels : l’efficacité (aptitude à réaliser les objectifs
fixés) et l’efficience (utilisation optimale des ressources). La pérennité se définit selon
deux critères : la solvabilité (aptitude à assurer à tout moment le paiement des dettes
exigibles) et la flexibilité (aptitude à s’adapter aux évolutions de l’environnement).
Selon E. Cohen (1991), l’objet du diagnostic financier se définit par le thème d’analyse
financière qui lui est dicté à cause de certaines contraintes pesant sur l’entreprise.
Malgré le nombre infini des définitions, nous pouvons conclure que le diagnostic consiste
fondamentalement en un jugement sur une situation donnée dont les caractéristiques
auront été préalablement décrites et analysées. Il s’agit d’un art d’interprétation dans le
domaine économique et financier qui s’exerce sur des indicateurs tirés principalement
mais non exclusivement de l’information comptable.
Le diagnostic financier a pour objectif de répondre à cinq types d'interrogations :
 Interrogations sur les performances de l'activité réalisée ;

 Interrogations sur l'adéquation entre les moyens d'exploitation mis en œuvre ;

 Interrogations sur la structure financière ;

 Interrogations sur les flux financiers réalisés ;

 Interrogations sur la liquidité, la solvabilité et les risques encourus.

Les réponses à ces questions permettent de dégager les points forts et les points faibles
d'une entreprise. L'objectif ultime d'un diagnostic est d'apprécier la pérennité de

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15
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

l'entreprise et de savoir si des mesures correctives sont à entreprendre ou si des moyens


complémentaires sont à envisager.
Le diagnostic financier vise à répondre à des objectifs très importants surtout pour les
apporteurs des capitaux à risques qui sont concernés par le risque inhérent à leurs
investissements et par la rentabilité qu’ils produisent. Le champ élargi de diagnostic
financier implique systématiquement un nombre élevé des utilisateurs intéressés par les
apports d’une telle discipline.

3-2 Les utilisateurs du diagnostic financier


Le diagnostic financier intéresse plusieurs utilisateurs internes et externes de l’entreprise.
En effet, la majorité des partenaires de l’entreprise accordent une grande place à la
performance financière et la pérennité de l’entreprise qui constituent l’objectif du
diagnostic financier. Parmi les utilisateurs du diagnostic financier on peut citer :
 Les dirigeants : Le diagnostic financier constitue pour le dirigeant un outil de
gestion indispensable à tous les stades de prise de décision. Il essaie de
déterminer si la situation financière de l’entreprise est catastrophique et si elle
tend à s’améliorer ou à se dégrader. Ensuite, il recherche les conditions
d’équilibre financier et mesure la rentabilité des capitaux investis. Par ailleurs, il
permet de situer l’entreprise par rapport aux entreprises du même secteur afin de
l’évaluer par rapport au secteur de l’environnement.
 Les actionnaires ou investisseurs : ces derniers s’intéressent aux bénéfices
potentiels et à la rémunération de leurs capitaux apportés. Ils s’intéressent
également aux plus-values dégagées.
 Les prêteurs : Parmi les prêteurs, les banques viennent en tête. Toutefois, il y a
d’autres prêteurs tels que les autres entreprises qui consentent des emprunts ou
des avances, ou qui vendent à crédit. Les objectifs des prêteurs sont multiples et
changent selon la nature du prêt : à court terme ou à long terme. Les prêteurs à
court terme s’intéressent à la liquidité à court terme et à la capacité de
l’entreprise à faire face à ses échéances à court terme. Les prêteurs s’intéressent à
la solvabilité de l’entreprise et à sa capacité à dégager des profits à long terme.
 Fournisseurs et clients : Dans le cadre de la signature d’un contrat important ou
dans la définition des conditions des paiements (crédit fournisseur).

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16
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Pouvoir judiciaire : Dans le cadre d’une procédure de redressement ou de


liquidation.
 La presse spécialisée : Pour information du public intéressé par les indicateurs
économiques et financiers.
 Les salariés : Pour juger l’évolution et la pérennité de l’entreprise.
 Les auditeurs : Pour analyser les informations et assurer la protection des
bailleurs des fonds et de créanciers.
Nous pouvons constater la multiplicité des utilisateurs et des objectifs associés au
diagnostic financier. Le choix d’une démarche de diagnostic va dépendre de l’objectif
poursuivi.

3-3 La démarche du diagnostic financier


Le diagnostic financier est un processus structuré de collecte, de traitement, de
construction et de production d’informations. Ce processus n’est pas neutre, ses objectifs
sont déterminés suivant le contexte et en tenant compte du demandeur du diagnostic. En
conséquence, ces facteurs orientent la collecte de l’information, le choix des méthodes et
des outils utilisés ainsi que les critères d’analyse privilégiés.
C’est ainsi qu’une analyse orientée vers l'étude des risques de faillite ou de la solvabilité
s'applique le plus souvent à l'étude du bilan (analyse statique) et du tableau de
financement (analyse de flux), et s'intéresse à l'ajustement entre les engagements
contractés par l'entreprise et les liquidités qu'elle peut espérer dégager.
Tandis qu’une analyse orientée vers l'étude des performances s'applique principalement à
l'étude du compte de résultat, pour rendre compte de la formation des soldes de gestion et
les comparer aux flux d'activité ou aux moyens engagés par l'entreprise.
Tout diagnostic s'appuie nécessairement sur une méthodologie qui comporte deux étapes
préalables :
- le traitement des informations disponibles dans la perspective du diagnostic ;
- la sélection et la mise en forme d'indicateurs significatifs et utiles, l'étude de ces
indicateurs doit permettre une synthèse sur la situation de l'entreprise, qui pourra
constituer le support de prévision ou d'évaluation.

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17
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

La démarche de diagnostic financier peut être résumée par le schéma suivant :

Figure 1: La démarche du diagnostic financier

Exploiter les documents


Reclasser, retraiter les
de synthèse du système
informations des états
d’information comptable
de synthèse

Définir les indicateurs :


Analyser les résultats :
- d’équilibre
Effectuer un diagnostic afin
- de risque
de mettre en évidence les
- de rentabilité
forces et les faiblesses de
- de croissance
l’entreprise

Proposer des solutions : Prévoir, simuler


- Formuler des hypothèses Préparer les décisions
- Mesurer les conséquences stratégiques
des décisions proposées
- Conclure

Source : Gestion financière G.Melyon(2007)

Section 2 : Les méthodes du diagnostic


Les entreprises doivent apprendre à vivre dans un monde imprévisible et indéterminé.
Elles connaissent, de ce fait, des crises suscitées par la difficulté à appréhender des
situations imprévues, incertaines, auxquelles elles doivent répondre. Comme il est
difficile de prévenir, de planifier l'avenir de l'entreprise, il faut alors l'inventer au fur et à
mesure de son évolution.

Face à cette complexité, les praticiens du diagnostic sont contraints d’innover dans les
méthodes de diagnostic de l’entreprise. C’est dans cette perspective que le diagnostic est
une action managériale qui peut être complétée et améliorée par les acteurs selon les
spécificités et le contexte.
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18
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les méthodes du diagnostic financier sont parmi les sujets les plus traités dans les livres
et les revues de finance. Mais, malheureusement la majorité de ces sources s’intéressent
aux techniques de diagnostic financier en négligeant les aspects conceptuels qui
soutiennent ces techniques et méthodes.

En tenant compte des différentes sources traitant le sujet des méthodes de diagnostic
financier, nous pouvons partant avec l’hypothèse qu’il existe un fonds commun qui
concerne aussi bien les finalités ainsi que les méthodologies du diagnostic.
En premier lieu, toute démarche de diagnostic doit permettre la formulation d’un
jugement sur trois points :
 la pérennité ou la survie de l’entreprise ;
 la compétitivité de l’entreprise ;
 les potentialités de développement.
En second lieu, lorsqu’on cherche quels sont les concepts, les visions de l’entreprise, ou
les méthodologies qui peuvent unifiées du diagnostic, on peut se baser sur trois idées
principales3 :
 l’activité d’une entreprise est toujours conditionnée par son environnement et la
perception qu’elle en a ;
 l’activité d’une entreprise est toujours de nature physico-financière ;
 l’activité d’une entreprise est toujours saisie au travers de prismes déformants.

Sous-section 1 : L’ingénierie du diagnostic global


Les recherches ont montré que l'existence d'un problème complexe sur le terrain, (même
si ce problème n'est pas clairement exprimé par les dirigeants d'entreprises), provient
essentiellement de situations mal structurées, c'est à dire que les dirigeants ont de la
difficulté à exprimer spontanément les problèmes qui se posent et a fortiori à définir les
outils de gestion dont ils auraient besoin.
Nous touchons de plus à des processus organisationnels qui évoluent dans le temps, et
impliquent de nombreux acteurs, dont les intérêts et les motivations peuvent être parfois
contradictoires. Les connaissances théoriques disponibles sont souvent peu pertinentes
pour apporter des réponses concrètes à ces problèmes complexes.
La difficulté constatée des acteurs de l'entreprise à identifier eux-mêmes les problèmes
qui se posent dans le pilotage de processus complexes doit faire l’objet d’une démarche

3
Labraty J. et Teller R. « Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers »
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19
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

mise en œuvre auprès de ces acteurs et qui constitue principalement une "aide à la
construction de problèmes" à travers la mise en évidence des écarts entre une situation
réelle perçue et une situation souhaitée par l'organisation ou l'individu.
La confrontation d'un modèle provisoire avec le terrain, qui à son tour va enrichir la
représentation de la situation, contribue à un processus d'apprentissage itératif fait d'aller-
retour entre la théorie et la situation concrète étudiée.
L’ingénierie du diagnostic global traite des relations entre l’entreprise et l’environnement
en termes d’interfaces dans le cadre d’une approche système ouvert.
D’après J.Lebraty & R.Teller (1994), la démarche proposée se distingue cependant de la
recherche-action classique dans la mesure où le chercheur va aussi être un ingénieur qui,
au cours d'un processus de recherche, conçoit un outil, le construit, le met en œuvre sur le
terrain, et l'évalue afin de créer à la fois des représentations de la situation utiles à l'action
et des connaissances théoriques généralisables à d'autres situations.
Les interactions entre l’entreprise et son environnement se manifestent d’après ces
mêmes auteurs à travers trois phases :
1. Une phase transformationnelle
L’entreprise structure ses ressources humaines et financières en vue de réaliser un profit,
cette structuration étant à la fois physique et financière. La question que l’on doit poser
ici est celle de l’efficacité de cette transformation ; qu’apporte-t-elle en termes de valeur
ajoutée ?
En effet, la firme dispose d’un potentiel de ressources des différentes sources internes et
externes qui doivent être structurées dans un objectif d’efficacité et d’efficience. Dans le
contexte économique, les ressources deviennent rares dans un environnement
international caractérisé par le caractère rare et coûteux des ressources.
Les entreprises qui n’arrivent pas à structurer leurs ressources d’une façon optimale
risquent leur survie.
2. Une phase intégrative
La transformation des ressources et des moyens employés par rapport aux objectifs fixés
par l’entreprise en termes de productivité est un critère déterminant pour tenir compte des
performances ou des contre-performances.
A ce titre, A. Marion (Le diagnostic d’entreprise : carde méthodologique) écrit : « La
cohérence physico-financière est la clé de voûte du fonctionnement correct de l’entreprise
et donc un point central de la démarche du diagnostic ».

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20
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’analyse de l’efficience et de l’efficacité de l’entreprise dans la conduite de ses activités


et l’utilisation de ses ressources implique de rapprocher la valeur ajoutée produite par
rapport aux moyens mis en œuvre pour les obtenir.
Dans ce contexte, le taux de rentabilité financière (Résultat courant/Capitaux propres ou
Résultat net/Capitaux propres) permet d’apprécier l’efficience de l’entreprise dans
l’utilisation des ressources apportées par les actionnaires. La rentabilité des capitaux
propres dépend de la rentabilité économique de l’entreprise, du coût du financement par
capitaux empruntés et du taux d’endettement.
3. Une phase d’arbitrage
L’intégration des flux physiques et financiers génère un flux de résultat. Ce dernier fait
l’objet d’un arbitrage entre, d’une part, ce que l’on retient au sein de l’entreprise et ce que
l’on distribue hors de l’entreprise.
Un autre arbitrage est imposé au sein des flux retenus au sein de l’entreprise pour
réinvestir au sein de l’entreprise dans le cadre du système d’alimentation. C’est dans cette
optique qu’on assure les potentialités de développement de l’entreprise.
Le suivi de cette logique des phases peut permettre d’élaborer des batteries d’indicateurs
basées sur la sélection des points sensibles à travers le tableau suivant :
Tableau 1: Indicateurs d’analyse des flux

Indicateurs d’insertion Indicateurs transformationnels


Ils ont pour objectif de tester le Le diagnostic de compétitivité exige une
fonctionnement des interfaces reliant tout ou appréciation de l’efficacité physique des
partie de l’entreprise à son environnement. mécanismes de transformation.
Indicateurs intégratifs Indicateurs de réinjection
L’objectif de cette batterie de tests est de Dans une optique de circuit, il s’agit de
surveiller l’efficacité de la combinaison des surveiller l’alimentation du système
flux physiques et financiers. entreprise.

Source : Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers J.Lebraty&R.Teller (1994)

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21
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Sous-section 2 : L’analyse de la survie de l’entreprise


Bien au-delà de la simple survie, l’analyse de la pérennité vise à apprécier la performance
de l’entreprise de manière durable. En effet, la pérennité fait référence à ce qui dure dans
le temps, à une certaine continuité de l’activité de l’entreprise et de son existence depuis
plusieurs décennies. Il s’agit de s’interroger sur ce qui fait que certaines entreprises
continuent d’exister, alors que d’autres disparaissent.

2.1. Pérennité entre rupture-continuité


La plupart des études sur la pérennité et la survie des entreprises ne se concentrent que
sur l’un de ces deux aspects (continuité et risques de mortalité), sans s’interroger sur les
déterminants de la disparition. Aussi, il faut préciser que les déterminants de survie des
entreprises nouvellement créées sont différents des déterminants de pérennité des
entreprises existantes sur le marché.
La défaillance d’une entreprise matérialise son état de cessation de paiements c'est-à-dire
qu'elle n'est plus en mesure de faire face à ses obligations financières (emprunts, dettes
fournisseurs,…).
Le diagnostic de vulnérabilité des entreprises a pour objectif de formaliser un outil
capable d’évaluer les entreprises quel que soit l’évaluateur. Cet outil transversal doit
favoriser la prise de conscience du chef d’entreprise sur les points forts ou faibles de son
entreprise. Il doit permettre de hiérarchiser les vulnérabilités et ainsi de prioriser les
actions de sauvetage à mettre en place.
Dans le cadre de la théorie évolutionniste, la survie de l’entreprise est tributaire de sa
capacité à évoluer, par l’acquisition de nouvelles compétences, en cohérence avec le
nouveau contexte de l’environnement.
De ce fait, pour survivre, l’entreprise doit se doter de toutes les compétences nécessaires,
pour faire face aux changements imposés par son environnement.
La disparition de l’entreprise peut revêtir plusieurs formes dont la liquidation suite à une
procédure de redressement judiciaire, la cession ou la fusion/acquisition. Les causes de
disparition seront différentes selon les cas. On peut par exemple soulever les problèmes
de succession qui vont conduire à la disparition, involontaire certes, mais d’ordre
différent de ceux par liquidation. De même, on peut considérer une cession en tant que
disparition avec une approche par la propriété, cette disparition étant quant à elle
volontaire. Il reste essentiel de distinguer d’autres notions telles que « faillite »,
« défaillance », et « échec ».
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

2.2. Anticipation et prévention des faillites


Wehetten (1988) définit le déclin comme une dégradation. Selon D’Aveni (1989),
plusieurs types de déclin existent :
- le déclin soudain (échec rapide d’une firme suivi de la faillite)
-le déclin graduel (dégradation continue puis faillite)
-le déclin persistant (processus de dégradation qui diffère de la faillite de plusieurs
années.
Les difficultés rencontrées par l’entreprise sont ainsi vues comme le résultat d’un
processus cumulatif et continu de dysfonctionnement et de décroissance de son activité.
Le diagnostic financier cherche à détecter les indicateurs de détérioration de l’activité à
partir des indicateurs de croissance et d’activité. Ces indicateurs intègrent les éléments
suivants :
- la diminution du chiffre d’affaires
- le gonflement des stocks
- le surcoût des charges d’exploitation et des charges de personnel
-la détérioration des ressources humaines est mesurée à partir des indicateurs suivants :
 la mise en place de plans sociaux entraînant la diminution d’effectif
 la baisse de l’investissement en capital humain
-la détérioration des ressources matérielles est appréciée à partir des indicateurs tels que :
 le désinvestissement
 le faible niveau des investissements
- La détérioration des ressources financières est évaluée à partir des indicateurs de structure et de
rentabilité financière et boursière. Ils reflètent :
 la diminution des capitaux propres
 l’augmentation de l’endettement
 la progression des charges financières
 la diminution de la trésorerie
L’opérationnalisation de ces indicateurs va se faire à partir des études de cas d’entreprise
en cessation des paiements sur la durée observée de 5ans avant cet événement.
Dans le contexte économique actuel, les faillites sont des événements courants.
En se référant à des recherches validées empiriquement par N.Cruutzen(2009), cinq
profils majeurs de défaillance sont mis en évidence :
1. Les entreprises défaillantes suite à un choc externe provenant de l'environnement
macroéconomique et/ou de l’environnement concurrentiel de l'entreprise
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

2. Les entreprises servant d'autres intérêts


3. Les entreprises inertes, qui ne s'adaptent pas (ou plus) à leur environnement
4. Les entreprises défaillantes suite à une erreur ponctuelle de gestion comme une
réorientation stratégique ratée ou un gros investissement n'ayant pas les retombées
attendues
5. Les entreprises mal gérées :
a. Les entreprises déficientes en termes de gestion stratégique
b. Les entreprises déficientes en termes de gestion opérationnelle
c. Les entreprises totalement mal gérées, qui cumulent les problèmes a et b.
Les enseignements de cette recherche scientifique peuvent donc être utilisés pour
améliorer et enrichir les actions qui visent à mieux anticiper la défaillance des entreprises,
ou à mieux éviter leur faillite, à différents moments de la vie des entreprises (création,
croissance, difficultés, transmission, etc.). D’une part, les profils identifiés permettent de
détecter les pièges dans lesquels les dirigeants des petites entreprises doivent veiller à ne
pas tomber (anticipation de la défaillance). D’autre part, si l'entreprise est déjà
défaillante, une fois son profil de défaillance détecté, il est possible de déterminer si elle a
(encore) un potentiel sur son marché et, si c'est le cas, les remèdes à mettre en œuvre pour
redresser l'entreprise.
Le diagnostic des entreprises en difficultés est une problématique qui intéresse également
l’audit au regard de la fameuse règle de continuité d’exploitation. Car l’auditeur
n’approche pas l’entreprise en difficulté selon la même stratégie et les mêmes procédures
que celles qu’il applique aux entités en bonne santé financière.
Le diagnostic détermine les méthodes de l’auditeur et crée un lien stratégique entre les
deux disciplines, ce lien sera encore plus fort lorsque c’est l’auditeur lui même qui
élabore le diagnostic, même si, par principe, l’analyste financier parait plus compétent
dans le domaine du diagnostic grâce à son profil plus économique que comptable.
Le risque de faillite, surtout lorsqu’il est élevé, crée une rupture dans la représentation
financière de l’entreprise. D’autres règles comptables se substituent aux règles normales
et d’autres procédures de vérification sont mises en œuvre, allant jusqu’au déclanchement
d’un processus d’alerte d’ordre légal.
Lorsqu’il travaille sur la base d’un rapport de diagnostic élaboré par un autre
professionnel, l’auditeur doit s’assurer lui même de la véracité du rapport externe.
A défaut, les conséquences seraient lourdes en terme de responsabilité professionnelle.

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

On doit même remarquer que le risque de faillite n’est pas bien défini par la théorie
financière de la firme. De ce fait, l’auditeur n’aura aucun repère conceptuel en la matière
et devra se suffire de son jugement personnel.

Sous-section 3 : L’analyse de la compétitivité de l’entreprise


3-1 Compétitivité et notions similaires
La compétitivité est souvent confondue avec les termes rentabilité et productivité.
La productivité est le rapport entre la production et les facteurs (travail et capital)
nécessaires pour l’obtenir. Elle permet de mesurer la performance de l’entreprise, c’est
donc une notion d’efficacité. Les gains de productivité (ensemble des économies réalisées
dans le processus de production) sont réalisés, soit par une économie sur les moyens mis
en œuvre soit par une valorisation de la production.
La rentabilité renvoie à la notion de rente, on dit qu’une entreprise est rentable lorsqu’elle
dégage des bénéfices. On distingue la rentabilité économique et la rentabilité financière.
La rentabilité économique se calcule ainsi : (Résultat économique)/ (Capitaux investis)
Elle permet de mesurer la performance de l’ensemble des capitaux investis par
l’entreprise (immobilisations, stocks). Le résultat économique peut être l’excédent brut
d’exploitation, le résultat d’exploitation ou la somme de l’un d’eux et des produits
financiers retirés des actifs financiers de l’entreprise.
La rentabilité financière peut être calculée de deux façons :
- (Résultat de l'exercice)/ (Capitaux propres)
Cette formule permet de calculer la performance des capitaux propres de l’entreprise,
c'est-à-dire des capitaux avancés par les propriétaires moins les charges financières.
- (Résultat de l'exercice)/ (Nombre d’actions émises)
Celle-ci permet de chiffrer le BPA (Bénéfice par action).
Ces ratios permettent de mesurer la rentabilité des capitaux engagés dans l’entreprise, et
de la comparer avec le taux de rendement d’autres placements financiers. Si la rentabilité
des capitaux engagés dans l’entreprise est meilleure que celle des autres placements
financiers, cela va attirer les investisseurs, soucieux de faire un maximum de profits.
Enfin, La compétitivité, quant à elle, est souvent définie comme l’aptitude à soutenir la
concurrence. Nous distinguons la compétitivité-prix (qui fait référence à la capacité de
grâce au calcul de la part de marché relative ou de la part de marché absolue. l’entreprise

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25
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

à avoir des prix de vente inférieurs à ceux de ses concurrents) et la compétitivité hors prix
(qui prend en compte la qualité des produits, la différenciation…).

3-2 Les indicateurs de compétitivité


L’analyse de la compétitivité est avant tout économique. Nous pouvons commencer par
s’interroger sur la marge de référence d’un secteur d’activité, tous les secteurs d’activité
ne permettant pas les mêmes taux de marge. L’analyse stratégique fournit des éléments
de réponse à cette question. L’auteur américain Michael Porter a formalisé une grille
d’analyse représentant les forces en présence sur un secteur d’activité :
 intensité de la concurrence,
 pouvoir de négociation des clients et des fournisseurs,
 existence de barrières à l’entrée,
 menace de produits ou de procédés de production de substitution,
 incidence des réglementations.
Selon cet auteur, l’équilibre se réalisant entre ces forces en présence explique les
différences de profitabilité d’un secteur à l’autre.
Cette analyse ne peut se mener qu’en comparant les taux de marge de l’entreprise à ceux
d’autres entreprises du même secteur. Elle permet ainsi d’évaluer la force de la position
stratégique de l’entreprise sur son marché. Une profitabilité supérieure à la moyenne du
secteur d’activité révèle des atouts concurrentiels : économies d’échelle, meilleure
productivité, critères différenciateurs permettant un meilleur positionnement prix (qualité
des produits, notoriété, prestations complémentaires à forte valeur ajoutée…). La
comparaison entre entreprises du même secteur peut être rendue difficile par la souplesse
de présentation et le caractère « agrégé » de l’information qui caractérise les normes
IAS/IFRS.
Le diagnostic financier s'attache à l'appréciation des performances dans une double
perspective. D'une part, l'entreprise consomme des ressources financières, matérielles,
humaines, dont l'utilisation implique un coût ; il est donc nécessaire de vérifier que ces
ressources soient mises en œuvre de façon suffisamment efficace pour compenser et
justifier le coût qu'elles occasionnent. D'autre part, les résultats permettent de dégager des
ressources qui assurent le financement des investissements requis par la croissance et le
remboursement futur des dettes contractées par l'entreprise. Le diagnostic doit donc
s'attacher à déterminer l'aptitude de l'entreprise à susciter des surplus monétaires qui
garantiront son équilibre financier et son développement à terme.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Sous-section 4 : Le diagnostic du développement de l’entreprise


D’après F.Colle (1993) chaque entreprise doit, en permanence :
1) valider l’existence de son marché ;
2) financer ses moyens ;
3) maîtriser son risque de cessation des paiements ;
4) croître ;
5) dégager un résultat pour financer son développement.
Ces différentes dimensions abordées constituent le cadre initial imposé à tout lancement
d’activité, à toute création d’entreprise, à chaque démarche de pérennisation d’une
organisation, quelle que soit son activité.
Le développement de l’entreprise constitue l’essence même de l’entreprise. Sans
développement l’entreprise n’a pas de perspectives d’existence.
Mais la question de mesure de ce développement reste une question très délicate.
En effet, le développement de l’entreprise est perçu différemment par les actionnaires et
les créanciers. Alors que les premiers s’intéressent beaucoup au développement de
l’entreprise afin de maximiser la valeur de l’entreprise, les seconds cherchent la
solvabilité de l’entreprise même au détriment de son développement.
La question d’arbitrage entre les différents intervenants dans ce domaine nécessite un
diagnostic approfondi pour trouver le point d’équilibre entre le développement de
l’entreprise et le maintien de sa solvabilité.
Le développement de l’entreprise est un domaine à risque qui nécessite des
investissements énormes qui peuvent mettre en péril la survie de l’entreprise. L’approche
économique repose sur la notion centrale d’objectifs à atteindre. Ces derniers traduisant
les attentes des propriétaires dirigeants, ils sont donc souvent énoncés en termes
économiques et financiers. L’illustration de cette approche est reflétée dans l’étude de J.
Caby et al. (1996) qui souligne les prolongements stratégiques d’une telle conception.
Pour eux, la création de valeur passée ou anticipée se fonde soit sur une croissance de
l’activité, soit sur une politique de dividendes raisonnées en fonction des investissements
futurs soit, encore, sur une préférence pour les financements externes.
Pour atteindre l’objectif de développement, l’entreprise doit créer de la valeur pour ses
actionnaires. C’est une vision purement financière, mais elle est pertinente. La création
de valeur dont il s’agit est calculée aujourd’hui mais elle est basée sur le futur. Ainsi la
valeur actuelle des opportunités de croissance de la firme correspond à la VAN des

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

projets d’investissement futurs de la firme. Cette valeur actuelle correspond au goodwill


ou à la valeur actualisée des EVA futures.
Pour savoir si l’entreprise est en développement, il faudrait que le Q de Tobin (1969) soit
supérieur à 1 :
Valeur économique des fonds propres
Q = --------------------------------------------------
Valeur comptable des fonds propres
Mais le développement dépend du financement. Pour espérer mobiliser les fonds dont
elle a besoin, l’entreprise devra :
 Créer de la valeur pour ses actionnaires pour inciter ces derniers à suivre les
augmentations de capital tant que leur taux de rentabilité financière à l’intérieur
de l’entreprise est supérieur à leur taux de rentabilité pour les autres placements ;
 Présenter aux créanciers financiers une structure de financement équilibrée, sans
risque de faillite.
L’entreprise devra également être capable de résister aux clauses restrictives de certains
contrats de dettes, notamment les restrictions sur les versements de dividendes.

Section 3 : La place du diagnostic financer dans les missions l’audit


La mesure et l’analyse de la performance financière de l’entreprise ainsi que les risques
financiers sous jacents sont d’une importance capitale pour l’entité et pour l’auditeur.
Ces mesures et leurs analyses ont pour but de déterminer si la performance répond aux
objectifs fixés par la direction et exigés par les tiers (actionnaires, banques ….).
Les acteurs intéressés par les analyses et les mesures des informations financières basent
toute leur attention sur les états financiers. Or, ces derniers restent limités dans leur portée
et ne reflètent qu’une partie de la réalité économique et financière de l’entreprise. Même
avec le développement de la normalisation comptable et l’obligation de publication de
maximum d’informations les asymétries d’information restent énormes. En effet, le
mangement des affaires se base entre autres sur la confidentialité du fond de métier et des
projets de l’entreprise. Ainsi, une communication trop ouverte peut avoir des
conséquences négatives sur l’entreprise.

Sous-section 1 : Les sources de distorsions de l’information comptable


Il appartient aux utilisateurs des états financiers d’analyser et de diagnostiquer les
informations communiquées par l’entreprise pour fonder leurs jugements. D’où
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

l’importance de disposer d’une information chiffrée reflétant la réalité économique de


l’entreprise. C’est pourquoi les référentiels comptables tendent à élaborer une
information comptable et financière régulière et sincère, donnant une image fidèle du
patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entreprise.
Sans doute l’information comptable cherche à atteindre ces objectifs, mais dans la réalité
il existe des limites inhérentes à tout système de mesure qui oblige l’analyste financier à
retraiter l’information comptable ou même de se référer à d’autres sources
d’informations.
En effet, la stricte observation des rubriques des états financiers ne permet pas en général
de porter un jugement sur la santé financière de l’entreprise et de déterminer son style de
magagnent. Nous mènerons une analyse financière, fondée sur des indicateurs développés
et sur l’évolution comparée dans le temps de ces éléments.
Les normes IAS-IFRS visent à donner les moyens aux analystes financiers de parler un
langage commun. En effet, l’analyse financière et la comparaison des entreprises à
l’échelle internationale seront facilitées grâce à un effet de standardisation.
Afin de refléter la réalité économique de l’entreprise, l’analyste cherche à explorer la
réalité économique et financière par la neutralisation de distorsions existantes entre
l’information comptable et la réalité de l’information économique.
Les biais ou distorsions de l’information comptable proviennent principalement de trois
sources en se référant à Hoarau C. dans son livre « Maitriser le diagnostic financier » :
Les postulats et les conventions du modèle comptable, l’influence des règles juridico-
fiscales et enfin la « comptabilité créative ».

1-1 Les postulats et conventions du modèle IFRS


Les postulats et les conventions comptables structurent la présentation de l’entreprise
donnée par les états financiers. C’est dans le respect de ces postulats et de ces
conventions que nous devons normalement aboutir à des principes comptables qui
conduisent eux-mêmes à l’image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du
résultat des opérations de l’entreprise.
Les postulats comptables constituent des prismes déformants de l’information sur la
perception des indicateurs de gestion.
Nous essayons à travers le tableau suivant de schématiser quelques limites afférentes à
certains postulats :

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Tableau 2: Les limites afférentes à certains postulats

Postulat Conséquences Limites


 La continuité de  La permanence de  Dans une société où la
l’exploitation l’entreprise suppose une continuité de l’exploitation est
durée de vie assez présumée on ne cherche pas à
longue : Les éléments du déterminer la valeur liquidative.
bilan sont évalués dans
la perspective de la
poursuite des activités
 La périodicité  Nous déterminons le  Découpage arbitraire de
résultat pour une période l’activité de l’entreprise qui
donnée affecte la réalité économique
dans certains secteurs d’activité
 La séparation des  Un découpage arbitraire  Le rattachement des charges et
exercices de la vie économique en des produits par des comptes de
rattachant à chaque régularisations qui n’ont pas de
exercice les produits et contrepartie monétaire
les charges y afférents
 La monnaie  La comptabilité  La monnaie et un élément
n’enregistre que les variable dans le temps et dans
transactions ou faits l’espace.
exprimés en monnaie  Ce postulat exclut la prise en
compte de certains facteurs
immatériels
Inspiré de C.Hoarau « Maîtriser le diagnostic financier », groupe Revue Fiduciaire, 2001.

L’effet déformant de l’information comptable se manifeste encore au niveau des


conventions d’évaluation et de présentation des états financiers.
La convention du coût historique peut aboutir à une déformation majeure de
l’information comptable, surtout en période inflationniste. Si cette méthode d’évaluation
apporte une garantie de fiabilité, elle tend à sous-évaluer les actifs par rapport aux
tendances du marché. Le normalisateur international à travers les profondes réformes des
normes IFRS a comme tendance de migrer vers la juste valeur comme critère de mesure
plus réaliste.
Le principe de prudence permet d’éviter l’affichage des résultats trompeurs mais il se
traduit parfois dans la pratique par une sous-évaluation des actifs afin d’afficher des
difficultés fictifs pour diverses raisons.
Ces constations ont le mérite de montrer que les normes comptables cherchent à
communiquer une information financière fiable et utilisable dans la prise de décision.
Mais, sur un plan conceptuel, il serait abusif de limiter la problématique du système
d’information de l’entreprise aux seuls aspects économiques et financiers.
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30
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les distorsions entre les deux disciplines sont amplifiées avec le temps puisque les
dispositifs fiscaux s’accompagnent dans les majorités des cas de conditions de forme qui
sont le plus souvent de nature contraire aux principes et règles comptables.

1-2 L’influence des règles juridico-fiscales


En se référant à C.Hoarau(2001) « l’influence des règles juridico-fiscales sur la
comptabilité est ancienne et complexe. Si l’intensité des liens entre la comptabilité et la
fiscalité est incontestable, au moins deux facteurs peuvent perturber cette relation. D’une
part, les finalités ces deux disciplines ne sont pas les mêmes. En effet, la fiscalité cherche
à déterminer une base d’imposition et la comptabilité cherche à fournir aux utilisateurs de
l’information financière la plus fiable et la plus pertinente.
D’autre part, autre que la finalité, l’émergence du droit comptable progressivement
autonome par rapport au droit fiscal, l’évolution de la normalisation comptable et
l’internationalisation progressive de la comptabilité ont contribué à marquer une certaine
indépendance à l’égard de la fiscalité. »
Dans un pays comme la Tunisie, où la comptabilité et la fiscalité sont étroitement liées,
les manipulations comptables à des fins fiscales constituent probablement une motivation
majeure dans de nombreuses entreprises et, tout particulièrement, dans les P.M.E, où les
dirigeants sont généralement les principaux associés ou actionnaires. Ces pratiques sont
de nature à biaiser l’information comptable et financière de l’entreprise.
Les manipulations comptables dans un souci fiscal ont un impact négatif sur
l’information comptable et financière de l’entreprise. Ainsi les schémas comptables
seront dirigés pour dissimuler les abus en matière fiscale au détriment de la réalité
économique de l’opération.
Outre le volet fiscal, les règles d’évaluation, d’enregistrement et d’élaboration des états
financiers dépendent étroitement des normes juridiques. Ainsi, en matière d’évaluation, le
principe du coût historique pose des problèmes d’ordre économique ainsi que pour les
amortissements et provisions.
Au final, les règles juridico-fiscales peuvent influencer significativement la
représentation fournie par les comptes de l’entreprise.

1-3 La comptabilité créative


La comptabilité créative est définie par H. Stolowy(2000) : « comme un ensemble de
procédés visant à modifier le niveau de résultat, dans un souci d’augmentation ou de
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31
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

minimisation, ou la présentation des états financiers, sans que ces objectifs s’excluent
mutuellement. Les procédés mis en œuvre s’appuient sur les choix offerts par la
réglementation comptable ainsi que sur les possibilités ouvertes par les faiblesses et les
carences des textes comptables ou bien encore sur les divergences entre les règles
françaises et les règles internationales. Cependant, se basent aussi sur des montages pour
lesquels la comptabilité peut intervenir selon deux schémas opposés : la détermination de
la traduction comptable d’une opération juridico-financière ou l’élaboration d’un
montage juridico-financier dans un objectif de modification de résultat ou des états
financiers ».
Nous pouvons dire que la comptabilité créative vise à modifier les comptes,
essentiellement dans un souci d’amélioration ou même parfois dans un but de
« détérioration », c’est le cas par exemple de minimiser le résultat afin de réduire la
participation des salariés ou un intéressement.
La comptabilité créative doit être distinguée du lissage des résultats qui consiste en un
ensemble de pratiques qui sont délibérément appliquées afin de publier une série de
résultats au cours du temps avec une variance réduite.
Nous constatons que la conjoncture économique tunisienne et internationale pousse,
depuis quelques années, les entreprises à utiliser davantage la subjectivité inhérente à
l’évaluation des provisions pour impacter les résultats.
De nombreuses critiques se sont levées contre l’utilisation abusive de la comptabilité
créative. C’est dans ce sens que les normes IFRS tendent depuis quelques années vers la
limitation des options comptables et de la subjectivité.
La comptabilité créative tend à limiter l’intérêt des informations comptables et à rendre
ces dernières inutilisables pour les analystes financiers. Des solutions cherchent à
empêcher le développement de la comptabilité créative à travers l’amélioration de la
normalisation et par le renforcement de l’indépendance de professionnels comptables.
Indépendamment de ces pistes, le principe comptable de permanence des méthodes
devrait constituer un garde fou qui peut prévenir efficacement les techniques de
comptabilité créative.
Malgré un décalage entre l’optique comptable et l’optique financière, l’information
comptable constitue un matériau nécessaire pour le diagnostic financier.
L’enregistrement des transactions au niveau de la comptabilité obéit à des règles strictes
imposées par les normes comptables .Celles-ci constituent des dispositions relativement
contraignantes pour enregistrer et présenter les informations comptables et financières.
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32
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Au contraire, l’analyse financière est largement dégagée des contraintes normatives et


cherche uniquement à atteindre un jugement pertinent.
Une « bonne analyse financière » n’est pas seulement une analyse qui propose un simple
calcul de certains ratios mais surtout à identifier les caractéristiques financières les plus
significatives de l’entreprise afin d’arriver à un jugement pertinent de la situation, de
l’activité, et à une anticipation des perspectives d’évolution.

Sous-section 2 : Le diagnostic financier et les normes de l’IFAC


La complexité de l’environnement économique pousse les auditeurs à s’écarter des
méthodes classiques et standards qui peuvent être inadaptés au contexte de l’entreprise
auditée. Ce besoin de s’écarter d’un formalisme dans le processus d’audit a des profondes
raisons liées à la qualité et au coût du processus d’audit.
2-1 Les tendances des normes internationales d’audit
La norme ISA 315 constitue une innovation dans l’élargissement du champ de l’audit
financier pour tenir compte de la complexité de l’environnement de l’entreprise. Cette
norme invite l’auditeur à mettre en œuvre des procédures d’audit permettant d’acquérir
des connaissances de l’entité et de son environnement. Elle fait ainsi une rupture avec les
anciennes approches d’audit qui se concentrent sur les chiffres comptables et négligent
les aspects spécifiques de l’entité.
La norme précitée insiste sur la prise en compte de la connaissance de l’entité par les
termes suivants : « Acquérir la connaissance de l'entité et de son environnement est un
aspect essentiel de la conduite d’un audit conforme aux normes ISA. En particulier, cette
connaissance donne les bases sur lesquelles s'appuie l'auditeur pour planifier l'audit et
exercer son jugement professionnel sur la façon d'évaluer le risque que les états financiers
contiennent des anomalies significatives et pour répondre à ce risque tout au long de
l'audit ».
L’annexe n° 1 de la norme ISA 315 donne des exemples de sujets que l'auditeur peut
considérer lors de sa prise de connaissance de l'entité et de son environnement.
Bien que la norme donne une place importante au diagnostic de l’entité sous différents
aspects économiques, juridiques, financiers etc. elle n’a pas imposé une approche ou une
méthodologie préférée pour accomplir cette tâche. En effet, l’arbitrage entre les
démarches du diagnostic à utiliser dans le processus d’audit fait parti du champ du
jugement professionnel de l’auditeur.

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33
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

La réflexion autour du développement du diagnostic adapté au processus d’audit


constitue un outil de travail indispensable à l’auditeur en cohérence avec les normes de
l’IFAC. Il reste évident que la migration vers une telle tendance a des conséquences sur le
processus d’audit au moins en ce qui concerne les points suivants :
 Le diagnostic a des champs d’application trop vastes. Comment délimiter les
périmètres du diagnostic en cohérence avec le processus d’audit ?
 Comment décliner ces indicateurs en variables d’audit ?
 Quel impact d’une telle intégration sur la mission d’audit et précisément sur les
différentes étapes du processus d’audit ?
 Comment utiliser les conclusions du diagnostic financier dans la détermination de
la nature, du calendrier et de l’étendue des travaux d’audit ?
C’est dans le cadre du reste de ce travail que nous allons essayer de contribuer à la
réponse à ces questions dans le cadre du respect des normes de l’IFAC et des exigences
pratiques de la profession.
Avant de plonger dans ces perspectives, il très intéressant de déterminer les points
d’intersection entre le diagnostic financier en tant que discipline autonome et le
diagnostic dans le cadre des normes de l’IFAC.

2-2 L’étendue du diagnostic financier dans les normes de l’IFAC


Les méthodes analytiques sont largement explorées dans la littérature d'audit et divers
termes sont employés. Les termes utilisés pour décrire les méthodes analytiques sont
l'audit analytique (McKee 1989), l'examen analytique (Koskivaara 2004), les procédures
d'examen analytique (Afonso & Baabbad 2015). Nous les appelons aussi les indicateurs
qui dirigent l'attention (Bell et coll., 2005). Les méthodes analytiques sont décrites
comme des techniques de collecte des preuves puisque les méthodes analytiques
produisent des données qui n'existaient pas auparavant (Pike et coll. 2013). D'autres
études utilisent des termes tels que les techniques de diagnostic (Asare & Wright 2001).
Aux fins du présent mémoire, Nous avons jugé utiliser le terme « Diagnostic financier »
dans plusieurs passages et «procédures analytiques» dans d’autres passages en lien avec
la terminologie utilisée par les normes de l’IFAC..
Les normes de l’IFAC préconisent la mise en œuvre des procédures analytiques
largement utilisées en analyse financière dans les différentes étapes de la mission.

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34
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’ISA 520 définit les procédures analytiques comme suit : « Les évaluations des
informations financières reposant sur l’analyse de corrélations plausibles entre des
données aussi bien financières que non financières. Les procédures analytiques englobent
également les investigations nécessaires portant sur les variations ou les corrélations
relevées qui sont incohérentes avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent de
façon importante des valeurs attendues. »
Cette même norme ajoute que : « Les procédures analytiques comprennent la prise en
considération de comparaisons entre les informations financières de l’entité et, par
exemples :
• Les informations correspondantes des périodes antérieures ;
• Les résultats escomptés de l’entité, par exemple les budgets ou les prévisions, ou les
attentes de l’auditeur, par exemple son estimation de la charge d’amortissement ;
• Des données sectorielles similaires, par exemple une comparaison du ratio de rotation
des comptes clients de l’entité avec le ratio moyen du secteur ou avec ceux d’entités de
taille comparable dans le même secteur. »
Ces extraits de la norme 520 mettent l’accent sur la l’importance de recourir aux
procédures analytiques dans le processus d’audit.
L’utilité des procédures analytiques se manifeste à travers ses applications aux différentes
phases d’audit :
 Lors de la prise de connaissance de l’entité : L’auditeur met en œuvre des
procédures analytiques lors de la prise de connaissance de l'entité et de son
environnement et de l'évaluation du risque d'anomalies significatives dans les
comptes ;
 Contrôle de substance : Lorsque l’auditeur conçoit des contrôles de substance à
mettre en œuvre, en réponse à son évaluation du risque au niveau des assertions et
pour les catégories d'opérations, les soldes de comptes et les informations fournies
dans l'annexe qui ont un caractère significatif, il peut utiliser les procédures
analytiques en tant que contrôles de substance.
 Revue de fin de mission : L’auditeur met en œuvre des procédures analytiques
lors de la revue de la cohérence d'ensemble des comptes, effectuée à la fin de
l'audit
Pour consolider ce constat une attention particulière doit être accordée à la mesure et à la
revue de la performance financière de l’entité. Dans ce cadre l’ISA 315 paragraphe 35
précise que : « L'auditeur doit acquérir la connaissance des outils de mesure et d'analyse
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35
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

de la performance financière de l'entité. Les mesures de la performance et leur analyse


donnent à l'auditeur une indication sur les aspects de la performance de l'entité que la
direction et d'autres personnes considèrent comme importants. L'analyse de la
performance, tant externe qu'interne, crée des pressions sur l'entité qui, en retour, peuvent
inciter la direction à prendre des mesures pour améliorer la performance opérationnelle
ou l'inciter à présenter des états financiers mensongers. L'obtention de la connaissance
des mesures de la performance de l'entité aide l'auditeur à évaluer si de telles pressions
aboutissent à des actions de la direction qui peuvent augmenter le risque d’anomalies
significatives. »
L’appréciation des performances d’une entreprise se fait généralement à partir d’un
nombre d’indicateurs qui doivent être définie avec précision. Ces indicateurs peuvent
concerner des utilisateurs différents (dirigeants, salariés, actionnaires, banquiers…) et le
choix des indicateurs et du mode de valorisation devra tenir compte du destinataire de
l’information.
L’auditeur doit utiliser son jugement professionnel pour mettre en œuvre des techniques
d’analyse permettant d’apprécier les structures, les moyens et les performances.
Les normes de l’IFAC prévoient la possibilité à l’auditeur d’utiliser les travaux d’autres
tiers qui sont intéressés eux-mêmes pour mesurer et examiner la performance financière
de l’entité. Par exemple, les rapports d’analystes financiers, les rapports des agences de
notation ainsi que les rapports réalisés par les banques partenaires de la société.
Pour établir le lien entre le diagnostic financier comme discipline autonome, et les
procédures analytiques utilisées par les normes de l’IFAC. La norme ISA 520 énonce que
: « Les procédures analytiques peuvent être mises en œuvre au moyen de diverses
méthodes, qui vont de simples comparaisons à des analyses complexes faisant appel à des
techniques statistiques avancées. Les procédures analytiques peuvent s’appliquer aussi
bien à des états financiers consolidés qu’à des composantes ou à des éléments isolés
d’information. »
Ces constations nous permettent de conclure que les normes d’audit intègrent déjà les
techniques utilisées en diagnostic financier. Mais il reste évident que les normes de
l’IFAC n’imposent pas une démarche d’analyse financière bien définie. Ainsi le choix
des méthodes et des techniques du diagnostic financier dépendent de la nature de la
mission et du jugement professionnel de l’auditeur. Par conséquent, la stratégie d’audit va
dicter les méthodes et les techniques d’analyses financières à intégrer dans la
planification de la mission.
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36
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Sous-section 3 : Les motivations de l’intégration du diagnostic financier


Le diagnostic financier enrichit l’audit parce qu’il ouvre devant le reviseur des
perspectives de connaissance générale, économique et financière de l’entreprise et parce
qu’il va orienter l’audit vers des aspects cruciaux de survie, de compétitivité et de
développement de l’entité auditée.

3-1 L’enrichissement de l’audit par le diagnostic financier


L’examen analytique utilisé dans la pratique de l’audit a comme but la validation des flux
et des soldes comptables. Seul un diagnostic financier global et profond peut enrichir
l’approche de l’auditeur et optimiser le budget de la mission.
C’est surtout dans le domaine du risk management que l’enrichissement aura lieu. Il ne
faut pas confondre ce risque avec le risque d’audit, même si quelque part il y a une
intersection sur laquelle nous allons devoir travailler.
L’enrichissement dont nous parlons ici n’est pas seulement méthodologique. Il porte sur
la compréhension profonde de l’entité au double point de vue stratégique et financier.
Cette perspective intellectuelle va amener l’auditeur à élargir la nature de son opinion
pour évaluer l’entreprise et pas seulement ses comptes.
Les normes internationales d’audit édictent des lignes directrices. Mais elles n’interdisent
pas à l’auditeur d’enrichir son approche stratégique et méthodologique. Au contraire, la
lecture attentive de ces normes permet de comprendre que le normalisateur international
incite l’auditeur à améliorer continuellement sa connaissance de l’entreprise et la maitrise
de tous les risques de l’entité.
Nous parlons d’enrichissement d’un audit lorsque l’information collectée par l’auditeur
au cours de sa mission lui permet d’exprimer une opinion en situation de quasi-certitude.
L’information collectée est quantitative et qualitative, comptable et financière,
stratégique et managériale. Le diagnostic financier permet d’améliorer l’état d’incertitude
de l’auditeur.
Lorsque l’auditeur utilise une méthodologie quantitative de vérification basée sur des
modèles mathématiques et statistiques (comme le modèle bayesien ou l’échantillonnage
statistique), le diagnostic financier lui apporte des informations supplémentaires qui
réduisent son état d’ignorance partielle. Nous parlons d’enrichissement de l’audit par le
diagnostic lorsque ce dernier constitue une valeur attendue positive d’une information
supplémentaire nette des coûts d’intervention. A l’optimum, le diagnostic doit fournir

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37
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

l’information additionnelle qui réduit le risque d’audit et en même temps permettre à


l’auditeur de gérer son budget de manière économique.

3-2 Les motivations de l’intégration du diagnostic financier dans le processus


d’audit
Selon l’ISA315, l’auditeur applique des procédés, analytiques pour faciliter sa
compréhension de l’entreprise et de son environnement. Les procédés analytiques
peuvent aider l’auditeur à repérer l'existence d'opérations ou de faits inhabituels, ainsi que
les montants, les ratios et les tendances qui pourraient indiquer des questions ayant une
incidence sur les états financiers et la planification de l’audit.
Même si le diagnostic financier est déjà intégré dans le processus d’audit nous pouvons
formuler plusieurs motivations pour inciter l’auditeur à une utilisation plus approfondie et
plus étendue du diagnostic financier dans sa stratégie d’audit.
Parmi ces motivations, nous pouvons mentionner
 Les auditeurs financiers et les analystes financiers doivent communiquer
ensemble :
L’analyste financier traite avec le responsable financier, l’auditeur avec les
responsables financiers sans que les uns et les autres échangent réellement leurs
constats. Pour ce faire, la branche a besoin de procédures et d’outils incitant les
auditeurs financiers et les analystes financiers au dialogue. Un exemple est la
communication des rapports des analystes financiers à l’auditeur.
Une telle communication constitue une base de travail indispensable permettant aux
analystes et auditeurs de mettre en commun leurs analyses des risques et d’identifier
les flux de données et les vérifications à effectuer. Il devrait également permettre de
remonter jusqu’au rapport de révision les faiblesses constatées dans le rapport de
diagnostic financier.
 L’importance accrue donné au processus de mangement des risques :
L’auditeur doit discuter avec la gouvernance de l’entreprise l’image consolidée des
risques majeurs de l’ensemble de l’entreprise et de leur maîtrise.
Les risques (et les processus) auxquels l’auditeur s’intéressent sont plus
particulièrement ceux qui sont susceptibles d’avoir une incidence sur les comptes de
l’entreprise. Cependant, l’obligation qui lui est faite de se prononcer sur la continuité
d’exploitation de l’entreprise l’amène également à se pencher sur l’ensemble des
risques, même ceux qui ne trouveront pas une traduction comptable immédiate.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Devant le nombre élevé des risques auxquels fait face les sociétés aujourd’hui,
l’auditeur se trouve dans l’impossibilité d’identifier tous ses risques d’où la nécessité
de se référer aux rapports du diagnostic qui peuvent l’aider à synthétiser ces risques
en cohérence avec ses objectifs.
 Le problème de la valeur ajoutée de l’audit : Le décalage entre les besoins des
entreprises et le travail effectué pour les besoins de la certification est perceptible.
En effet, l’auditeur est supposé vérifier la bonne qualité des procédures de
l’entreprise dans sa finalité à lui, à savoir la sécurisation de l’audit. Il vérifie avant
tout ce qui concerne la production des comptes.
Les entreprises, toujours à la recherche d’économies, font pression sur leurs
fournisseurs de manière générale. Il est donc naturel qu’elles soient tentées de le
faire également avec leurs auditeurs soit en demandant de baisser les honoraires soit
en demandent des prestations de qualité en contrepartie des honoraires versés.
Pour répondre à ces nouvelles attentes, les auditeurs cherchent en particulier à
renforcer la spécialisation de leurs collaborateurs afin de développer des
connaissances pointues dans certains domaines d’activités qui nécessitent une bonne
connaissance de l’environnement réglementaire et technique.
Dans la pratique nous avons constaté que les entreprises réagissent favorablement
lorsque la prestation du cabinet d’audit s’attache davantage à la connaissance de
l’activité et à l’amélioration des processus opérationnels. Le diagnostic financier
peut avoir des grands apports dans ce domaine.

 Les nouvelles attentes des utilisateurs de rapport d’audit : Aujourd’hui, les


utilisateurs de rapport d’audit attendent plus que le simple contrôle de la conformité
des comptes avec les normes comptables en vigueur, c’est d’ailleurs ce qui explique
en partie le décalage qu’il existe entre la perception de l’auditeur et celle des
utilisateurs. Nous remarquons que les utilisateurs du rapport d’audit se sont
diversifiés, et les besoins ont évolué avec eux. Les tiers de l’entreprise attendent un
travail d’analyse plus poussé de la part des auditeurs et un contenu informatif du
rapport d’audit qui les aide à prendre des décisions.

 Rapports d’audit élargis :Dans une optique d’amélioration de la qualité et de la


transparence de l’audit, les auditeurs seront tenus de décrire les principales questions
d’audit qu’ils ont relevées, notamment les travaux d’audit ayant été mis en œuvre
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39
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

relativement à ces aspects. Les rapports d’audit élargis permettront également


d’accroître la transparence quant aux responsabilités de l’auditeur et de la direction
relativement aux états financiers. L’objectif consiste à présenter un rapport adapté
aux circonstances propres à chaque société, particulièrement en ce qui concerne le
profil de risque ainsi que la compréhension des risques par l’auditeur et les mesures
qu’il prend pour y répondre.

 La diversité des informations communiquées par les sociétés auditées : Les


sociétés fournissent de plus en plus de données d’exploitation relatives aux volumes,
à la capacité, à la croissance ou à d’autres indicateurs de performance qui présentent
un intérêt pour le marché. Ces informations sont souvent fournies sur une base
trimestrielle ou même mensuelle. Les auditeurs devraient comprendre la nature des
informations fournies, de même que les processus sous-jacents, afin de s’assurer que
ces informations sont exactes, exhaustives et préparées de manière uniforme.

 Les informations financières auditées sont de moins en moins utilisées par les
parties prenantes : Bien que les états financiers représentent toujours la base
première, les investisseurs ont désormais accès, en dehors de ceux-ci, à un très large
éventail d’informations qu’ils considèrent comme étant plus pertinentes à la prise de
décisions.
Les investisseurs s’intéressent surtout aux informations qui indiquent si les résultats
obtenus par le passé pourraient se répéter et aux informations concernant les
occasions d’amélioration de la valeur dont les sociétés tirent parti pour créer des
sources de profit supplémentaires. Ces informations, généralement de nature
prospective, sont souvent présentées en dehors des états financiers audités. Les
besoins d’information des investisseurs ont poussé les sociétés à présenter un plus
grand nombre de rapports sur les indicateurs de performance clés (IPC) en dehors
des états financiers. Ce type d’informations provient principalement du rapport de
gestion, des communiqués de presse.

 Le rapport du diagnostic en tant que source d’information : Le rapport du


diagnostic est une source d’information externe pour l’auditeur. Cette source externe
constitue un support informatif très important pour l’auditeur surtout dans la phase de
l’acceptation de la mission. En examinant le rapport du diagnostic financier d’une
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

entreprise (s’il existe bien évidemment) l’auditeur peut s’assurer de ses compétences
pour mener à bien la mission proposée. Les informations fournis par le rapport du
diagnostic ou d’analyse financière permettent d’identifier les circonstances spéciales
et les risques inhabituels. A titre d’exemple, le rapport du diagnostic peut donner des
indicateurs dès la phase d’acceptation de la mission telle que des difficultés
financières qui connait le secteur de l’entreprise ou des difficultés d’accès au
financement qui peuvent mettre en péril la survie de l’entreprise.
Ces motivations pour intégrer d’avantage le diagnostic dans le processus d’audit
permettent de transformer l’audit à un outil d’amélioration continue. L’audit n’a pas de
valeur ajoutée s’il ne permet pas de mener des actions d’amélioration du processus de
gouvernement de l’entreprise. L’audit, par sa nature, a un rôle très important dans la
réduction des asymétries des informations.
Jensen et Meckling (1976) identifient l’audit comme un mécanisme de contrôle
permettant de limiter les comportements opportunistes des managers et donc de réduire
les coûts de l’agence.
Les chiffres eux-mêmes ne peuvent rien dire, il faut les mettre dans leurs environnements
économiques pour avoir une signification. Un résultat comptable positif lu seul ne peut
rien dire par rapport à la réalité économique de l’entreprise.

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41
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Chapitre 2 : Le recours au diagnostic financier en audit

Une mission d’audit des états financiers a pour objectif de permettre à l’auditeur
d’exprimer une opinion selon laquelle les états financiers ont été établis, dans leurs
aspects significatifs, conformément à un référentiel comptable identifié. Pour se forger
une opinion, l’auditeur met en place les techniques d’audit requises (l’observation
physique, la confirmation directe, les procédures analytiques,…) afin de rassembler les
éléments probants nécessaires pour fonder son opinion.
Comme point de départ, nous pouvons considérer que le diagnostic financier englobe les
procédures analytiques ainsi que les autres outils d’analyse prévus par les normes de
l’IFAC pour évaluer la performance financière de l’entité. Ces outils constituent des
lignes directives instaurés par les normes d’audit pour réaliser un audit efficace et
efficient. Il appartient à l’auditeur de développer des outils d’analyses en tenant compte
de la complexité de l’entreprise auditée.
Dans ce chapitre, nous allons essayer d’une part, de mettre en valeur les procédures
analytiques et les autres outils d’analyse des informations financières et non financières
prévues par les normes de l’IFAC dans les différentes étapes du processus d’audit. Et
d’autre part, d’intégrer d’autres outils du diagnostic financier qui permettraient à
l’auditeur d’approfondir et d’élargir ses contrôles dans un but d’amélioration qualitative
de son opinion sur la régularité de l’information financière auditée.

Section 1 : L’utilité de recours aux procédures analytiques dans le processus


d’audit
Comme nous avons vu dans le premier chapitre, les normes de l’IFAC accordent une
place importante aux techniques de diagnostic financier dans la vérification des états
financiers. D'abord, recommandés en 1978 par l'Auditing Standards Board pour les
vérifications, les procédés analytiques sont exigés par le Statement on Auditing
Standards (SAS) n° 56 pour la planification et l'examen global, compte tenu des
préoccupations accrues que soulèvent l'efficience et l'efficacité de la vérification.
Les tailles des entreprises auditées exigent de recourir de plus en plus aux procédés
analytiques en remplacement et en complément des procédés de corroboration détaillés.
Malgré cette utilisation croissante, les méthodes d'application concrète des procédés
analytiques sont peu connues. Les auteurs se sont donnés pour but de décrire comment

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42
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

les vérificateurs appliquent les procédés analytiques aux étapes de planification, de


collecte des éléments probants et lors de la revue et d’achèvement de la mission.

Sous-section 1 : Avantages et défis de l'application des procédures analytiques


Les procédures analytiques ont le potentiel de servir comme clignotants pour attirer
l’attention de l’auditeur, de réduire l'étendue des travaux d’audit détaillés et d'évaluer le
caractère raisonnable général des états financiers.
Malgré le fait que les procédures d'analyse aboutissent à des vérifications plus efficaces
et plus efficientes, les auditeurs hésitent à les appliquer parce qu'ils les considèrent
comme coûteux et leurs traductions en variables d’audit ne sont pas évidentes (Wang &
Cuthbertson 2014).
Cependant, la profession doit répondre à ces défis et être en mesure de profiter des
avantages des procédures analytiques.
Comme, nous avons montré dans les sections précédentes, le diagnostic financier a un
champ trop vaste. Le point le plus important qu’il faut retenir est que le champ et la
méthodologie à adopter dépendent principalement de l’entité à diagnostiquer et des
objectifs du diagnostiqueur.
Dans ce travail, nous nous intéressons au diagnostic financier dans le cadre du processus
d’audit. En d’autres termes, comment peut-on appliquer les techniques du diagnostic
financier dans une mission d’audit afin d’améliorer les travaux d’audit du point de vue
technique et financier ?
Pour répondre à cette question il faut tout d’abord se référer au terme « procédures
analytiques » qui englobe les techniques du diagnostic utilisées dans le domaine de
l’audit financier.

1-1 Définition des procédures analytiques


Le terme «procédures analytiques » a été utilisé la première fois par l’AICPA en 1972.
Cette définition précoce décrivait les méthodes d'analyse comme un examen des ratios et
des tendances significatifs ainsi que l’étude des fluctuations inhabituelles et des éléments
douteux.
Selon Stringer (1975), à ce moment-là, les procédures analytiques ou les variations de ces
méthodes étaient une pratique acceptée de la plupart des vérificateurs depuis de
nombreuses années et avaient été une procédure requise dans son cabinet d'audit depuis
au moins 40 ans. Cette pratique a été confirmée par Spicer et Pegler (1921), bien qu'ils ne
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43
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

se réfèrent pas spécifiquement à des procédures analytiques. Ces deux auteurs ont déclaré
que des erreurs pouvaient être décelées si les comptes étaient comparés à ceux des années
précédentes.
Stringer (1975) décrit la logique des procédures analytiques comme étant : «La
conformité des montants dans les états financiers avec les montants raisonnablement
escomptés sur la base de l'expérience acquise et d'autres conditions connues qui
fournissent des informations utiles à des fins d’audit ». Il décrit le processus d'examen
analytique comme comprenant deux phases, à savoir l'identification de toutes les
«fluctuations inhabituelles» et l'investigation sur ces fluctuations.
Ces définitions sont confirmées par l’IASB (ISA 520§ 4) qui prévoit que par procédures
analytiques nous entendons : « les évaluations des informations financières reposant sur
l’analyse de corrélations plausibles entre des données aussi bien financières que non
financières. Les procédures analytiques englobent également les investigations
nécessaires portant sur les variations ou les corrélations relevées qui sont incohérentes
avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent de façon importante des valeurs
attendues. »
A partir de ces définitions, il est clair que la justification sous-jacente l’utilisation des
procédures d'analyse est toujours la même qu'il y a 40 ans. Premièrement, il s'agit d'un
examen des comparaisons et des relations afin de créer une liaison logique entre les
variables, et Deuxièmement, il s'agit d'une investigation sur les fluctuations ou les
incohérences identifiées.

1-2 L'objectif des procédures analytiques


L’utilisation de procédures analytiques peut être appropriée chaque fois qu'il est
souhaitable de modéliser une relation pour générer des éléments probants (McKee 1989)
Selon Cho et Lew (2000), l’utilisation des procédures analytiques a trois objectifs
principaux qui dépendent de la phase où ils sont utilisés.
 Lors de la phase de planification de d’audit : l’objectif principal de l’utilisation des
procédures analytiques est de servir de dispositif afin de mieux appréhender les
activités de l’entité et d’attirer l’attention vers les domaines présentant un risque
potentiel.
 Au cours de la phase d'obtention des éléments probants : l'objectif principal est de
réduire le nombre de tests de détail.

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44
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Et d’évaluer, pendant la phase d’achèvement le caractère raisonnable des états


financiers.
Ces mêmes auteurs indiquent que ces trois objectifs principaux peuvent être divisés en
sept sous-objectifs qui dépendent eux-mêmes de la phase du processus d'audit.
Ces sept sous objectifs sont les suivants :
 Acquérir des connaissances sur l’entreprise et l’industrie ;
 Identifier les faiblesses financières et opérationnelles potentielles ;
 Identifier les fluctuations importantes des états financiers ;
 Déterminer la nature, l'étendue et le calendrier des tests des contrôles ;
 Détecter les erreurs et les anomalies dans les états financiers ;
 Evaluer le caractère raisonnable des comptes qui présentent des soldes
inattendus ;
 Evaluer la cohérence globale des états financiers dans leur ensemble.
A partir des objectifs ci-dessus, il est clair que l’utilisation des procédures analytiques
n'est pas de calcul des nombres, mais plutôt d’obtenir une meilleure compréhension des
résultats financiers de l’entité auditée. Cependant, l'objectif de l'auditeur en ce qui
concerne les sept objectifs énumérés ci-dessus dépend de la phase où les procédures
analytiques sont appliquées dans le processus d'audit.

Sous-section 2 : Les procédures analytique dans le cadre du processus d’audit


Le processus d'audit peut être divisé en quatre phases, à savoir :
 Les étapes préalables à l’acceptation de la mission ;
 La planification de l'audit ;
 L'obtention des éléments probants et conclusions ;
 L’achèvement de la mission et la présentation du rapport.

Même si ces phases sont séquentielles, elles peuvent être considérées comme
cumulatives et interdépendantes (Eilifsen et al. 2014).
Les procédures analytiques est une partie intégrante du processus d'audit et s’appliquent à
la planification de l'audit, à l'obtention des éléments probants et à l’achèvement de la
mission.

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45
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

2-1 Les exigences normatifs d’appliquer les procédures analytiques


L'auditeur peut appliquer des procédures analytiques dans chacune de ces phases pour
détecter les anomalies significatives et les fraudes, évaluer la continuité de l'exploitation
et le contrôle interne ainsi que pour réduire les tests de détail.
Les procédures analytiques peuvent attirer l'attention de l’auditeur sur les domaines à
haut risque et d’identifier les problèmes d'audit qui ne sont pas détectées par les tests de
détail.
Les normes ISA 315 et ISA 520 fournissent des indications à l'auditeur sur l'application
des procédures analytiques dans le cadre du processus d'audit.
Ces normes imposent l’utilisation de procédures analytiques lors de la planification de
l’audit et la phase de l’achèvement de la mission.
Conformément au § 6 de la norme ISA 520 : « L’auditeur doit concevoir et mettre en
œuvre, vers la fin de son audit, des procédures analytiques qui l’aideront à parvenir à une
conclusion générale sur la cohérence des états financiers avec sa compréhension de
l’entité.»
La mise en œuvre des procédures analytiques en tant que contrôles substantifs au niveau
des assertions est toutefois facultative et relève du jugement professionnel de l’auditeur.
Dans ce sens le § A4 de la norme ISA 520 précise que : « Les procédures de
corroboration mises en œuvre par l’auditeur au niveau des assertions peuvent consister en
des tests de détail, des procédures analytiques de corroboration ou une combinaison des
deux. Le choix des procédures d’audit à mettre en œuvre, y compris la décision d’utiliser
ou non des procédures analytiques de corroboration, repose sur le jugement de l’auditeur
quant à l’efficacité et l’efficience attendues des procédures d’audit dont il dispose en vue
de ramener le risque d’audit au niveau des assertions à un niveau suffisamment faible. »

2-2 Les informations non financières


L’ISA 520 a élargi le champ d’application des techniques de diagnostic pour inclure
l’analyse de corrélations plausibles entre des données aussi bien financières que non
financières. La pertinence de l’inclusion d’informations non financières dans les
techniques d’analyse démontre que l'avancement de la technologie a permis à l'auditeur
d'avoir un meilleur accès à l'information non financière et que son intégration dans le
processus d’audit permet de fournir aux parties prenantes une image plus claire de
l'entité. Donc, les auditeurs doivent examiner la relation entre les mesures financières et
non financières pour détecter les activités frauduleuses et valider les données financières
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46
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

et non financières. Cela est conforme à la norme ISA 520§ 4, selon laquelle l'auditeur
doit évaluer les informations financières en analysant les relations plausibles entre les
données financières et non financières.
Dans ce cadre, les informations non financières peuvent constituer une source de données
très utile à l’auditeur.
A titre d’exemples nous pouvons citer en tant qu’information non financière :
 Le nombre d'employés,
 Le nombre de points de vente, la superficie des locaux commerciaux ;
 Le nombre de plaintes des clients
 Etc.…
Dans la mise en œuvre des procédures analytiques, les auditeurs peuvent comparer les
informations non financières aux données des états financiers pour évaluer le caractère
raisonnable des montants comptabilisés. Les auditeurs obtiennent ces informations sur les
affaires du client soit directement de ce dernier ou à partir des rapports du diagnostic
financiers réalisées par des analystes externes à l’entreprise. Ces rapports comprennent
souvent une analyse des informations financières et non financières trop détaillée se
rapportant aux activités du client. Ces rapports permettent à l'auditeur d'avoir un aperçu
détaillé sur les affaires du client. Les informations communiquées dans ces rapports sont
précieuses dans l'application des procédures analytiques (Hirst & Koonce 1996).

En outre, Messier et al. (2012) soulignent que les procédures analytiques en se référant à
des informations non financières peuvent être un moyen efficace d'identifier les fraudes
potentielles, car les auteurs de fraudes peuvent facilement manipuler des données
financières, mais il est difficile ou presque impossible de manipuler des données non
financières provenant de sources externes.
Si l’auditeur identifie des incohérences entre les informations financières et non
financières, il doit demander des explications auprès la gouvernance, approfondir ses
analyses et corroborer les réponses de la direction avec des éléments probants
supplémentaires. Cela est conforme aux orientations fournies dans le paragraphe 7 de la
norme ISA 520 qui stipule que : « Si les procédures analytiques mises en œuvre
conformément à la présente norme ISA révèlent l’existence de variations ou de
corrélations qui sont incohérentes avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent

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47
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

de façon importante des valeurs attendues, l’auditeur doit procéder à des investigations
sur ces écarts :
a) en faisant des demandes d’informations auprès de la direction et en obtenant des
éléments probants appropriés corroborant les réponses qu’elle a fournie ;
b) en mettant en œuvre d’autres procédures d’audit adaptées aux circonstances. »

L'avancement de la technologie a également introduit des nouvelles sources de données


telles que les sites Web d’entreprises, les magazines spécialisées etc.
Dans le même contexte les rapports du diagnostic financier ou d’analyses financières sont
accessibles sur les sites spécialisés surtout en ce qui concerne les sociétés côtés.

Sous-section 3 : Les techniques et les méthodes d’analyses dans les normes de


l’IFAC
Les auditeurs doivent être sélectifs dans le choix de procédures analytiques pour atteindre
l’objectif d’audit requis. Les normes d’audit énumèrent les techniques de procédures
analytiques à mette en œuvre, tels que l'analyse des ratios, l'analyse des tendances, les
tests de cohérences, les comparaisons simples. Ces techniques de procédures analytiques
utilisent des informations passées pour aider l'auditeur à :
 Comprendre les affaires du client et son secteur d’activité,
 A identifier et évaluer les risques potentiels,
 A évaluer la portée des tests d'audit ;
 Et à corroborer les conclusions et à vérifier le caractère raisonnable de
l'information financière. (Samaha et Hegazy, 2010).

3-1 Les techniques et les méthodes des diagnostics prévus par les normes ISA
La norme ISA 520 315 paragraphe A1 précise que : « Les procédures analytiques
comprennent la prise en considération de comparaisons entre les informations financières
de l’entité, par exemples :
 Les informations correspondantes des périodes antérieures ;
 Les résultats escomptés de l’entité, par exemple les budgets ou les prévisions,
ou les attentes de l’auditeur, par exemple son estimation de la charge
d’amortissement ;

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48
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Les données sectorielles similaires, par exemple une comparaison du ratio de


rotation des comptes clients de l’entité avec le ratio moyen du secteur ou avec
ceux d’entités de taille comparable dans le même secteur. »
Pour atteindre les objectifs visés par les normes ISA l’auditeur doit sélectionner et
analyser les informations à traiter.
a) Choix des données et des procédés analytiques à utiliser

Il s'agit d'identifier les composantes des états financiers concernées par l'examen
analytique afin que ses caractéristiques puissent être prises en considérations dans la
détermination de la nature des procédés d'examen analytique à utiliser.
Il s’agit, ensuite, de déterminer le type d’analyse et le calcul à faire en fonction de la
nature des informations contenues dans ces postes et qui sont sujettes à l’examen
analytique. L’utilisation de plusieurs procédures d’examen analytique et l’analyse de
leurs corrélations fournit plus d’informations utiles à l'auditeur que l’utilisation d’une
seule procédure.
Selon l’ISA 520, plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour réaliser les procédures
susmentionnées. Elles vont de simples comparaisons à des analyses complexes faisant
appel à des techniques statistiques sophistiquées. Les procédures analytiques peuvent être
appliquées aux états financiers consolidés, aux états financiers de sous-groupes (tels que
les filiales, les divisions ou les secteurs d'activités) et aux différents composants des
informations financières. Le choix des procédures, des méthodes et du niveau
d'application appartient à l'appréciation de l'auditeur.
L’auditeur devrait faire attention aux données utilisées pour réaliser l’examen analytique
pour ne pas obtenir de fausses analyses. Ainsi, l'auditeur s'enquerra auprès de la direction
de la disponibilité et de la fiabilité des informations nécessaires à l'application des
procédures analytiques et des résultats de toutes les procédures de même nature mises en
œuvre par l’entreprise. Il peut s'avérer efficace d'utiliser les données analytiques
préparées par l’entreprise, à condition que l'auditeur soit certain que ces données ont été
correctement préparées.

b) Estimer ce que devrait être le solde d'une rubrique, d'un poste ou d'un compte

Il s'agit de développer, compte tenu des hypothèses d’existences de relations et de


corrélations plus ou moins parfaite entre différentes données financières et comptables et

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49
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

entre les données comptables et non comptables, des estimations prévisibles de ce que
devrait être le solde d'une rubrique, d'un poste ou d'un compte.
Les sources de développement des estimations prévisibles sont les suivantes :
 Les budgets prévisionnels : les budgets nous aident à déterminer ce qui
devrait être le solde d’un compte ou d’une rubrique des états financiers ;
 La comparaison entre les réalisations antérieures et les réalisations de
l’exercice en cours ;
 La comparaison entre les régions / branches d’activités / produits avec les
données du secteur ;
 Les relations existantes entre les éléments des états financiers et notamment
celles existantes entre les postes d’actif et les produits et les postes de passifs
et les charges et celles existantes entre les produits et les charges elles-mêmes.
 Les relations entre les postes des états financiers et les informations qui ne
sont pas d'origine comptable.
 Les informations sur un secteur d'activité similaire, telles que la comparaison
du ratio ventes/créances clients de l’entreprise par rapport à la moyenne du
secteur ou d'autres entités de taille comparable opérant dans le même secteur.

Il est primordial, avant de commencer toute analyse des écarts entre les prévisions et les
soldes des comptes, de fixer à partir de quel seuil une variation est jugée anormale.

c) Comparaison des prévisions avec les données comptables et identification des


différences significatives

La comparaison entre les prévisions effectuées de ce que devrait être le solde d’un
compte et le solde réel du compte lui-même permet de dégager des écarts.
Les différences significatives font l’objet d’investigations au moyen d’entretien avec le
personnel comptable et le personnel gestionnaire concerné par l’information financière ou
le compte en question.
Les explications fournies par le personnel de l’entreprise doivent servir à retraiter les
données dégagées par l’examen analytique et à développer de nouveaux d'autres
estimations prévisibles.

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50
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

d) Identification des différences significatives restées inexpliquées et détermination


de leur effet sur l’approche d’audit

Les différences significatives demeurées inexpliquées ne font pas l’objet à ce stade de


travaux complémentaires d’audit. Elles sont considérées comme des facteurs
d’aggravation de risque au niveau des comptes y afférents et servent donc à identifier les
risques d’inexactitudes significatives dans les états financiers.

3-2 Quelques procédés analytiques

a) Comparaisons avec les exercices précédents

L’analyse des caractéristiques financières et du résultat d’exploitation d’une société sur


une certaine période fournit des informations utiles pour l’évaluation de la performance
opérationnelle, ainsi que pour l’estimation des résultats opérationnels et de la situation
financière de l’exercice en cours. Des comparaisons sur deux années consécutives
peuvent être suffisantes pour identifier les changements nécessitant un suivi ou une
attention particulière en raison du risque potentiel qui peut y être rattaché.
Néanmoins, des comparaisons effectuées sur plusieurs années (des analyses des
tendances) peuvent souvent être plus révélatrices. C’est pourquoi les comparaisons sur
certains montants clés des états financiers, certains ratios et certaines autres relations
couvrent souvent des périodes plus étendues.

b) Comparaison avec les budgets ou prévisions

Les comparaisons des résultats d’exploitation réels avec les montants budgétisés ou
prévus peuvent souvent être très efficaces dans la détermination des zones de risques.
Lorsque l'auditeur effectue des comparaisons avec les budgets ou prévisions et analyse
les écarts, il effectue une compréhension du processus budgétaire incluant une étude des
données opérationnelles passées et présentes de la société ainsi que des conditions
économiques générales du secteur, et si les budgets se sont révélés fiables dans le passé,
les comparaisons avec les montants figurant dans ces budgets peuvent être utiles.
Cependant, si les budgets sont simplement des outils de motivation ou si l’expérience a
montré que les budgets sont mal préparés, ils peuvent donner lieu à des écarts importants
qui ne sont pas d'une grande utilité pour l'audit.

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51
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

c) Comparaison avec les données du secteur et des concurrents

Les statistiques sectorielles peuvent servir de points de repère efficaces pour évaluer les
activités de la société auditée. Ainsi des écarts importants par rapport aux normes du
secteur peuvent indiquer des problèmes.
Bien que les comparaisons sectorielles puissent se révéler utiles, l'auditeur doit tenir
compte de la situation particulière du client pour déterminer si ces informations sont
pertinentes. La disparité des données sectorielles ne veut pas dire que les comparaisons
sectorielles ne sont pas utiles. Au contraire, leur principale valeur peut résider dans le fait
qu’elles permettent de soulever des questions.
d) Comparaison des données relatives ou ratios

L’analyse des ratios constitue une méthode efficace pour améliorer la compréhension de
l’activité du client, et évaluer sa situation financière globale et sa rentabilité. Elle fournit
un aperçu rapide des changements significatifs dans les activités du client et dans ses
caractéristiques financières.
L’utilité des ratios dépend de la capacité de l'auditeur à les interpréter de manière
intelligente, qui à son tour, dépend de son aptitude à estimer leur montant probable avec
précision. Souvent, les prévisions sont fondées sur les ratios des exercices précédents
pour la même société ou les ratios d’autres sociétés opérant dans le même secteur,
corrigés, si nécessaire, pour tenir compte des changements récents dans les activités du
client ou d’autres facteurs dont l'auditeur a eu connaissance en étudiant l’activité de
l’entreprise.
A travers l’énumération des méthodes de procédures analytiques prévus par les normes
d’audit, nous pouvons conclure que ces normes n’imposent pas des techniques
proprement dites mais ils édictent des lignes directives pour mettre en œuvre des
techniques d’analyses en cohérence avec la nature de la mission.
Notre idée et que l’auditeur peut s’inspirer du concept riche du diagnostic financier pour
intégrer des méthodes d’analyses financières ciblés.
Sous-section 3 : Le passage du diagnostic financier aux indicateurs d’audit
La multiplicité des conceptions de l’équilibre financier, des performances et des risques
d’une entreprise implique nécessairement une diversité des méthodes d’analyses
financières à mettre en œuvre par l’auditeur.

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52
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Malgré la diversité des informations financières et non financières à exploiter par


l’auditeur pour mettre en œuvre les techniques de diagnostic. L’auditeur doit recourir à
des abrégés qui constituent les ratios et des indicateurs significatifs.
Il faut se rappeler ici que l’objectif de l’auditeur n’est pas de réaliser une mission de
diagnostic financier complète qui se traduit par un rapport distinct mais plutôt de réaliser
un diagnostic financier dans le cadre de la mission d’audit.

3-1 La méthodologie du diagnostic financier dans une mission d’audit


La conception d’une méthodologie du diagnostic financier adaptée à la mission d’audit
nécessite de la part de l’auditeur de déterminer ses objectifs. En effet, contrairement aux
autres demandeurs du diagnostic, l’auditeur s’intéresse à la société dans sa globalité ce
qui se traduit par une transversalité de sa mission.
Mais malgré la complexité de la tâche de l’auditeur, il est intéressant que ce dernier soit
en mesure de traduire l’ensemble des signaux complexes en provenance de l’entreprise et
de son environnement dans un cadre relativement simple : un tableau de bord synthétique
du diagnostic financier de l’entreprise.
Dans l’approche de l’auditeur, le risque financier occupe une place particulière en raison
de son impact sur le risque de défaillance de l’entreprise. Cet élément doit prendre une
place privilégiée dans la méthodologie du diagnostic à utiliser par l’auditeur.
L’auditeur doit savoir extraire, à partir des états financiers de l’entité, une information
utile en matière d’indicateurs ayant des incidences sur la mission. Ses connaissances et
ses compétences doivent porter sur des points clés susceptibles de révéler des anomalies
significatives sur un plan structurel ou opérationnel.
A partir de l’analyse des états financiers l’auditeur doit être en mesure de répondre à titre
d’exemples aux points suivants :
 Les équilibres fonctionnels, en matière des ressources comparativement aux
emplois réalisés sont t-il respectés ?
 Les capitaux investis par les bailleurs de fonds ont t-ils de la cohérence dans le
temps et dans l’espace ?
 La marge commerciale brute de l’entreprise ou l’excédent brut d’exploitation
sont-ils en ligne avec les ratios observés chez les concurrents ou dans le passé ?

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53
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

3-2 Les indicateurs du diagnostic financier dans une mission d’audit


Les méthodes de diagnostic retenues par l’auditeur sont choisies en fonction des ses
objectifs .Malgré que nous ne voulons pas imposer une méthodologie bien déterminée de
diagnostic financier dans une mission d’audit, nous jugeons utile de présenter une
approche permettant de dégager des indicateurs en cohérence avec la nature des flux et
des objectifs de l’entreprise.
A titre d’exemple, nous pouvons citer l’approche élaborée par Lebraty et Teller (1993)
qui donne beaucoup d’importance à la notion du risque financier.
Cette approche peut être cernée à travers le tableau suivant :
Tableau 3: Indicateurs de risque financier

Critères Synchronisme Homogénéité Adaptabilité


(temporalité) (cohérence) (flexibilité)
Survie Trésorerie Equilibre besoins en Capacité d’endettement
d’exploitation fonds de roulement
Compétitivité Structure des coûts Excédent brut Structure et portefeuille
et des décalages d’exploitation d’activités
Développement Structure et plan de BFR normatif et DAFIC supérieur à0
financement croissance Disponible après
équilibrée financement de la croissance
Critères Survie Compétitivité Développement
Structure Fonds de roulement Coefficient de Degré de liquidité et
financière capital d’exigibilité

Activité Chiffre d’affaires Production et taux Structure de la valeur


point-mort de valeur ajoutée ajoutée
Rentabilité Excédent brut Excédent net Rentabilité économique
d’exploitation
Liquidité Trésorerie nette Trésorerie Autofinancement
d’exploitation

Source : Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers J.Lebraty&R.Teller (1994)

Nb : DAFIC est une abréviation qui signifie Disponible après financement interne de la
croissance. Le DAFIC se calcule en reprenant l'excédent brut d'exploitation auquel on applique
les variations du besoin en fonds de roulement et duquel on déduit le montant des investissements
(à l'exclusion des investissements de croissance externe).
Cette approche permet au diagnostiquer d’évaluer la survie, la compétitivité et le
développement de l’entreprise en prenant en compte la cohérence et la flexibilité des
ressources de l’entreprise. L’utilisation du tableau présenté ci-dessus permet à l’analyste
de tirer des indicateurs afin d’évaluer la solidité financière de l’entreprise examinée.
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54
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Il reste évident que l’auditeur doit s’intéresser à d’autres indicateurs en réponse à son
évaluation des caractéristiques financières de l’entreprise.

Section 2 : Le diagnostic financier et l’élargissement du champ des


procédures analytiques
ISA 315 paragraphe 37 « L'information développée en interne et utilisée à cette fin par la
direction peut inclure des indicateurs-clés de performance (financiers et non financiers),
des budgets, l'analyse de variations, une information sectorielle, par division, département
ou autre niveau, ou des comparaisons de la performance de l'entité avec celle des
concurrents. Des tiers peuvent également mesurer et examiner la performance financière
de l'entité. Par exemple, l'information externe tels les rapports d’analystes et les rapports
d’agence de notation, peut fournir des informations utiles à la connaissance par l'auditeur
de l'entité et de son environnement. De tels rapports sont souvent obtenus de l'entité
auditée. »
L’intégration des techniques du diagnostic dans l’approche de l’auditeur est une
extension des diligences de l’auditeur. Dans les approches traditionnelles, l’auditeur
prend en considération les équilibres financiers globaux dans l’entreprise d’un point de
vue financier et tire ses conclusions en ce qui concerne les implications des équilibres
financiers sur les risques d’anomalies significatives. Une telle évaluation doit être prise
en considération dans les l’étendue et l’approche des travaux de l’auditeur.
En se référant au diagnostic financier, l’auditeur va au-delà de diligences exigées par les
normes de l’IFAC en essayant d’approfondir ses analyses sur des points financiers
essentiels grâce aux outils du diagnostic financier.
Avant de tendre vers l’extension des procédures analytiques dans les normes de l’IFAC il
est très important d’identifier les sources d’analyse financière à intégrer et d’étudier le
rapport avantage-coût d’une telle démarche.

Sous-section1 : Les sources du diagnostic financier


Les diagnostics externes demandés par la direction auprès des analystes financiers
externes. Ainsi que les analyses réalisées en internes de l’entreprise peuvent offrir à la
direction une palette d'outils analytiques permettant de superviser les activités de
l'entreprise. S'ils sont disponibles et utilisés par l’auditeur, ces outils peuvent avoir une
valeur ajoutée au niveau de la mission d’audit.

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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Si l’auditeur se trouve devant une mission qui nécessite des techniques d’analyses
financières complexes l’auditeur peut recourir à un diagnostiqueur externe. Pour les
cabinets d’audit ayant une certaine taille le diagnostic peut être réalisé par un analyste
financier faisant partie de l’équipe intervenante.

1-1 Le diagnostic réalisé par l’entreprise en interne


Traditionnellement, le financier est considéré comme un acheteur des capitaux chargé de
négocier avec des investisseurs de toute nature (banquiers, sociétés d’investissements,
actionnaires, prêteurs) pour obtenir les fonds à moindre coût.
Avec le développement du marché financier tout en conservant l’ancienne fonction
d’acheteur des capitaux le financier s’est transformé aussi à un vendeur des titres
financier d’entreprise. La nouvelle conception du financier d’entreprise a amené les
entreprises à investir dans le recrutement et la formation des financiers hautement
qualifiés.
A titre d’exemple une simple décision pour choisir entre une augmentation du capital, un
emprunt obligataire ou un emprunt bancaire nécessite des connaissances pointues en
finance d’entreprise. Le choix basé sur un coût minimisé dans ce cas est un raisonnement
erroné parce que les apporteurs des capitaux ne courent pas le même risque.
Cet exemple met en évidence que l’entreprise dans sa gestion courante est amenée à
réaliser périodiquement des analyses financières afin de prendre ses décisions sur des
bases rationnelles.
L’évolution rapide de l’environnement économique et les exigences en termes de
gouvernance d’entreprise, pousse l’entreprise à disposer d’une information financière
fiable et instantanée vis-à-vis de l’ensemble de ses parties prenantes. La Direction
générale doit être prête à prendre une décision rapide en fonction d’indicateurs actualisés
et pertinents.
Dans le contexte économique actuel outre la communication de l’information financière
imposée par la réglementation (notamment les états financiers). L’analyse financière
constitue une source privilégiée des informations financières communiquées. Car on ne
peut pas parler de la communication financière sans information financière ; cette
information financière est soustraite principalement de l’analyse financière.
Tant les analystes que les investisseurs ont besoin de comprendre clairement la stratégie
et le business model des entreprises. Il est essentiel de bien expliquer la réalité
économique de la société. Aussi, les sociétés doivent veiller à communiquer clairement
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56
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

sur leur stratégie afin d’expliquer les paramètres qui vont leur permettre de se développer
et d’avoir de la croissance. Les analystes et les investisseurs doivent comprendre quels
sont les avantages compétitifs, les facteurs de différenciation, les apports positifs par
rapport au secteur d’activité.
Très naturellement, les analystes et investisseurs ont besoin de comprendre les tendances
de marché, la taille potentielle du marché, les barrières à l’entrée, le positionnement
concurrentiel.
Les nouvelles exigences en termes de communication des informations financières et
extra financières ont poussé à investir dans des analyses financières permanentes afin
d’alimenter le système de communication. Ainsi les exigences de communications
portent sur des points qui demande des analyses poussés tel que :
 Connaissance de l’équipe dirigeante ;
 Présentation des résultats annuels et semestriels ;
 Compréhension et analyse de la performance de l’entreprise ;
 Indicateurs financiers ou extra financiers ;
 Prévisions.

1-2 Le diagnostic réalisé par un analyste financier externe


Avec la montée en puissance des investisseurs institutionnels, les analystes financiers ont
commencé à avoir un impact non négligeable sur l’information transmise au marché.
Leurs interprétations et leurs analyses des données publiées par les sociétés déterminent
les décisions des investisseurs, notamment professionnels, qui représentent une forte
majorité en valeur sur les marchés de capitaux.
Les opinions exprimées par les analystes sont susceptibles de fortement influencer les
décisions de certains actionnaires individuels et surtout des investisseurs institutionnels.
Par conséquent, la satisfaction des besoins des analystes en matière d’information est
dans l’intérêt de chaque société. La plupart des analystes se concentre sur les grandes
sociétés car elles attirent plus d’investisseurs. Certains analystes se spécialisent toutefois
dans les PME et les petites entreprises surtout dans les secteurs d’activités en croissance.
L’actionnaire et le prêteur font appel à l’analyse financière. L’actionnaire cherche à
mesurer comment l’entreprise est capable de créer de la valeur afin de prendre sa décision
pour l’achat ou la vente de l’action. Pour le prêteur, l’analyse financière mesure la
solvabilité et la liquidité de l’entreprise soit sa capacité à faire face à ses engagements et à
rembourser ses dettes dans leurs échéances. D’ailleurs les analyses financières réalisées
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57
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

par les banques est une pratique courante dans le traitement des demandes de
financement.
Il faut mentionner dans ce contexte que l’analyse financière menée en interne par
l’entreprise ou en externe par un analyste financier relève d’une même logique. Elles ont
pour objet de porter un jugement global sur la situation actuelle et future de l’entreprise.

1-3 Le diagnostic réalisé par l’auditeur dans le cadre de sa mission


L’auditeur peut, dans certains cas, se trouver dans l’obligation de réaliser un diagnostic
financier au cœur de sa mission d’audit et pour les besoins de celle-ci. L’auditeur est
ouvert, de par sa formation, à une certaine forme de pluridisciplinarité et n’est a priori pas
habilité à exiger de son client qu’il désigne un analyste financier externe préalablement à
la mission d’audit.
La mission de diagnostic qu’il pourrait déclencher doit obligatoirement faire partie de sa
mission et ne peut en aucun cas faire l’objet d’une communication séparée (rapport
spécial).
Sous cette réserve, il est possible pour l’auditeur, sans même enfreindre le cadre normatif,
de procéder à des opérations chirurgicales d’analyse financière dans l’intérêt de la
mission d’audit, dans le seul but de renforcer son opinion sur l’information financière
préparée par l’entreprise. Il ne doit jamais se noyer dans une mission de diagnostic
financier, mais se limiter à ce qui est strictement primordial pour éclairer sa vision
d’auditeur.
Ainsi, si l’entreprise est en difficulté, l’auditeur peut (doit) mettre en œuvre des méthodes
de diagnostic financier spécifiques aux faillites pour mesurer le risque (économique et
financier) de l’entreprise et pour adapter la stratégie de vérification des comptes de son
client.
A notre avis, le diagnostic financier (partiel) ne fait pas partie de la fonction essentielle de
l’auditeur. Mais il aide ce dernier à mieux mesurer les risques de l’entité auditée. Le
diagnostic ne peut en aucun cas absorber une partie importante du budget de la mission
d’audit. Il doit être ciblé, partiel et en harmonie avec l’étape de compréhension générale
de l’entité et de son système de management des risques. Un diagnostic financier ciblé
doit au contraire aider l’auditeur à réaliser des économies sur sa mission parce qu’il
l’oriente sur les pistes de contrôle les plus pertinentes pour atteindre plus facilement ses
objectifs statistiques en termes de confiance et de dispersion.

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58
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Le diagnostic permet également à l’auditeur de ne pas faire l’impasse sur des questions
fondamentales en matière de risque global de l’entreprise, si cruciales dans le champ de
l’audit financier. Car l’auditeur ne peut, sur le plan éthique, exiger de l’entreprise qu’elle
fasse appel à un diagnostiqueur financier externe comme préalable au lancement de la
mission d’audit. Il doit donc lui-même procéder à une telle intervention, sans honoraires
supplémentaires, et sans émission d’un rapport spécial de diagnostic.

Sous-section 2 : Le coût du diagnostic


Lorsqu’il procède à un diagnostic, l’auditeur alloue à cette phase une partie de son budget
d’intervention. Mais ce n’est nullement une perte, mais plutôt un investissement qui peut
s’avérer rentable, car en intégrant le diagnostic dans son approche d’audit, l’auditeur
créera une synergie entre les deux disciplines pour :
- réduire l’intensité des tests de validation des comptes ;
- multiplier les tests globaux de contrôle ;
- augmenter la pertinence des vérifications pour leur donner plus de signification
financière.
L’auditeur peut facilement, au début de son intervention, faire des simulations sur
l’optimisation des allocations de ressources et être en mesure de chiffrer l’économie
globale générée par le recours au diagnostic.
En effet, l’internalisation du diagnostic a une valeur ajoutée pour la mission, parce que :
 elle réduit l’état d’incertitude de l’auditeur ;
 elle introduit une pertinence très forte dans la logique qui conduit à l’expression
de l’opinion ; et
 in fine, l’auditeur a la possibilité de faire supporter au client le coût de
l’internalisation.
2-1 L’audit est une activité économique
Les normes définissent les missions possibles d’un expert-comptable et expriment la
position de la profession quant aux règles à observer et aux diligences à mener dans
l’exercice de ses missions par un professionnel raisonnablement diligent. Elles posent un
ensemble de règles professionnelles destinées à harmoniser les comportements et à
garantir le bon exercice des missions. Les normes précisent également des modalités
d’application de ces principes et obligations en apportant les explications et les
informations nécessaires à leur mise en œuvre.

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59
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les normes constituent donc une sorte de cahier des charges à respecter par un
professionnel dans l’exercice de ses missions. Elles cadrent et sécurisent ses missions.
Pour résumer de manière triviale, on peut raisonnablement considérer que si les normes
ont été appliquées, le professionnel a bien fait son travail.
D’un point de vue plus organisationnel, les normes décrivent les règles à mettre en œuvre
au sein des cabinets et les diligences à respecter dans les missions. En ce sens, elles
définissent un certain nombre de méthodes à appliquer, une sorte de guide
méthodologique, même si leur mise en œuvre reste à l’entière appréciation de chaque
professionnel. De ce fait, elles permettent de systématiser l’approche et donc de réduire
les risques et les coûts de non-qualité.
Les normes définissent en théorie le comportement d’un professionnel raisonnablement
diligent. Toute la question sur la pertinence et la légitimité des normes réside dans le fait
de savoir si ce “professionnel raisonnablement diligent“ n’est pas, en fait, un
professionnel idéal qui n’a d’autre préoccupation que de respecter les normes sans se
préoccuper du modèle économique de ses missions, de la rentabilité de son cabinet et de
la satisfaction de ses clients !
Parmi les majeures contraintes de la mission d’audit celle où l’auditeur est amené de
prendre en connaissance et d’évaluer dans un délai très court une masse d’informations
très diversifiées et très importantes pour la réussite de sa mission. La complexité de cette
tâche requiert de l’auditeur d’adoption d’une démarche rationnelle lui permettant de
collecter des éléments probants au moindre coût.
2-2 Le coût de l’internalisation
L’auditeur peut soit lui-même réaliser le diagnostic (et l’internaliser dans son approche
d’intervention) soit utiliser le rapport d’un diagnostiqueur externe ou même une étude
élaborée en interne par l’entité auditée. Dans ce cas de figure (surtout dans le premier
cas), il allouera au diagnostic des ressources qu’il devra prélever sur le budget de
vérification des comptes et cette allocation peut dans certains cas être significative.
L’auditeur doit chiffrer le coût du diagnostic et le facturer à l’entreprise (quand cela est
permis par la réglementation qui régit la profession). A défaut de le facturer, il doit savoir
que ce coût est normalement imputable sur les économies de diligences générées par le
diagnostic. Car ce dernier, en améliorant l’état de connaissance de l’auditeur, notamment
dans le domaine de l’évaluation du risque global de la firme, permet de réduire les
diligences de vérification des comptes de l’entité.

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60
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Le recours au diagnostic dans l’approche d’audit est créateur de valeur pour le client et
pour le cabinet. Il devra pour cela réduire le diagnostic à ce qui est strictement nécessaire
au contexte de la mission pour rester dans un cadre totalement pertinent.

Budget initial de la mission A


(-) Coût du diagnostic B
+ Economies de coûts générées par le diagnostic C

(-) Coût standard de la mission D


(-) Profit cible E
= Création de valeur générée par la mission F= A-B+C-D-E

Le diagnostic peut non seulement préserver le profit cible du cabinet, mais en plus créer
de la valeur pour l’auditeur. Il devient un outil de création de valeur en modifiant la
nature des diligences, dans le respect du but crucial de l’audit qui est de réduire le risque
de la mission au niveau minimal accepté par les normes internationales de vérification.
En revanche, l’auditeur ne peut pas réaliser les profits cibles et la création de valeur
espérée que s’il accomplit pleinement ses diligences conformément aux normes et à la
réglementation en vigueur. S’il opère dans un contexte d’allocation de ressources très
limitées, l’auditeur doit savoir que le diagnostic peut l’aider à améliorer la rentabilité de
la mission. Si malgré tous ses marges sont très serrées, il ne devra pas accepter la
mission. Il peut être amené à prendre cette décision s’il s’avère que l’économie générée
par le diagnostic est nettement inférieure aux coûts de la mission.

Section 3 : Le filtrage, cohérence et pertinence des axes du diagnostic à


intégrer dans le processus d’audit
En utilisant les résultats d’un diagnostic financier, l’auditeur doit filtrer les indicateurs et
les paramètres pouvant améliorer l’exécution et l’achèvement de la mission.

Sous-section 1 : Les objectifs du filtrage des informations issues du diagnostic


Le diagnostic est fondamentalement un art d’interprétation. Dans le domaine de l’audit
financier, cet art s’exerce avec prudence. Car l’auditeur cherche à atteindre des objectifs
limités. Le recours au diagnostic dans le processus d’audit doit fournir une représentation

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61
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

réaliste de l’entreprise en cohérence avec la démarche d’audit tout en respectant la


contrainte coût.
1-1 Les abrégés de diagnostic dans une mission d’audit
La multiplicité des conceptions de l’équilibre financier ou des performances et des
risques d’une entreprise se traduisent par une diversité des méthodes de diagnostic mises
en œuvre. Toutefois, malgré les nombre infini des outils d’analyse et de leur logique
financière, il ressort que l’auditeur doit choisir une approche basée sur le filtrage des
abrégés qui constituent les ratios et les indicateurs significatifs.
L’auditeur doit exercer son jugement professionnel pour identifier les indicateurs afin de
construire des outils permettant d’analyser et interpréter les politiques d’investissement et
de financement ainsi que les déséquilibres financiers qu’elles peuvent entrainer .
L’auditeur doit donner un statut particulier au risque financier en diagnostic d’entreprise
parce que ce dernier a un impact direct sur le risque de défaillance de l’entreprise.
D’ailleurs les normes internationales d’audit donnent une place importante à la notion de
continuité d’exploitation en citant des exemples des indicateurs de nature financière et
plus précisément reliés plus au moins directement aux difficultés probables de trésorerie.
Ainsi les indices financiers du risque de non continuité d’exploitation concernent d’abord
le montant des dettes à court terme et les emprunts à terme fixe dont l’échéance est
proche, ainsi l’incapacité de payer les créanciers aux échéances prévues. L’existence des
pertes ne vient que conforter cette présomption de non-continuité.
L’auditeur doit tenir compte en recourant au diagnostic d’entreprise aux aspects liés à
l’optique envisagée pour le développement de l’entreprise. En effet, les choix opérés par
les dirigeants pourront aller d’une vision purement industrielle basée sur la compétitivité
des métiers à une vision financière dépendant de la valorisation d’actifs. De tels éléments
doivent évidemment être pris en compte par l’auditeur.
La vision d’entreprise peut être schématisée comme suit :
Tableau 4 : Objectifs et vision de l’entreprise

Vision de l’entreprise
Objectifs retenus Vision industrielle Vision financière
- Pérennité Approche basée sur la Approche basée sur la
- Compétitivité performance des activités physico- performance d’un portefeuille
- Développement financières. d’actifs.

Source : Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers J.Lebraty&R.Teller (1994)

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62
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Ces objectifs et visions d’entreprise peuvent avoir un apport déterminant sur la stratégie
d’audit à adopter. En effet, la première vision incite l’auditeur à donner beaucoup
d’importance aux décisions internes prises quant aux choix des produits, des ressources
humaines et financières engagés. La deuxième approche considère la valeur de
l’entreprise à travers l’image qu’en a le marché financier.
1-2 Exemple de cadre minimum nécessaire au diagnostic
L’auditeur doit faire des choix appropriés sur une méthode de diagnostic et concevoir des
cadres d’analyses variés tels que des tableaux de financement et des tableaux pluriannuels
des flux financiers pour pouvoir apprécier les points forts et les points faibles d’une
entreprise.
D’une façon générale, l’auditeur doit concevoir et mettre en place des outils de diagnostic
informatisés qui seront modulés suivant la nature de la mission.
Pour contribuer à l’enrichissement des outils, on peut considérer que le tableau présenté
ci-après est un cadre minimal pour l’élaboration d’un diagnostic financier à internaliser
au niveau de la mission d’audit. Il ne s’agit, bien entendu, que d’un cadre qui devra être
adapté à chaque société à auditer.
Tableau 5 : Exemple de cadre minimum nécessaire au diagnostic

Méthodologie du diagnostic Situation actuelle Evolution prévisible

Diagnostic financier Forces Faiblesses Forces Faiblesses


- La structure
Emplois
Ressources
Equilibre financier
Trésorerie
- L’activité
Production
Croissance
Valeur ajoutée
Résultat économique
- La rentabilité
Rentabilité économique
Rentabilité financière

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63
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

- La liquidité
FR / BFR/ ETE
Trésorerie nette
Placements
Couverture
constatation constatation constatation constatation
explication explication explication explication

Source : Inspiré du Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers


J.Lebraty&R.Teller (1994)
A titre purement illustratif, un tableau de ce type permettrait assez aisément à l’auditeur
de synthétiser le diagnostic en cohérence avec le processus d’audit.
Il est très important de signaler que grâce à ces outils que la profession peut réduire
« l’expectation gap » soit l’écart entre ce qui la profession pense être en mesure de
fournir comme service et les attentes du public.
Pour exploiter ce tableau l’auditeur doit se doter des quelques outils d’analyses qui feront
l’objet de la sous section suivante.

Sous-section 2 :Exemples des outils d’analyses inspirés du diagnostic financier


2-1L’ETE (Excédent de Trésorerie d’Exploitation)
Cet indicateur (issu de la littérature financière française du début des années 1980)
mesure l’excédent des recettes d’exploitation sur les dépenses d’exploitation. Dans le
tableau tunisien des flux de trésorerie, il correspond à la différence entre les
encaissements en provenance des clients et les paiements à destination des fournisseurs et
du personnel. L’ETE doit être structurellement positif, non seulement pour couvrir les
besoins de trésorerie de l’activité, mais aussi pour contribuer au financement des autres
cycles financiers (investissement et financement).
Des études empiriques françaises ont montré que les entreprises qui ont fait faillite ont eu
dans les trois années précédentes des ETE structurellement et significativement négatifs.
D’où l’importance de cet indicateur qui ne correspond pas au FTE tunisien (qui intègre
les charges financières et l’impôt).
Dans une entreprise à ETE négatif, l’analyste doit mesurer le risque de rupture de
l’activité et l’auditeur doit en tenir compte pour déclencher les procédures d’audit
adaptées au contexte des entreprises en difficulté.
L’analyse de l’ETE et celle de point mort d’encaisse d’exploitation constituent des points
de passage obligés de l’analyste. C’est à la fois une analyse en termes de rentabilité et de
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64
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

risque. C’est autour de cette notion fondamentale que l’analyste choisira les autres
instruments qu’il jugera adéquats. L’ETE et le point mort d’encaisse se prêtent bien au
calcul des probabilités pour par exemple déterminer la probabilité de l’entreprise
d’atteindre son point mort d’encaisse (qui correspond au niveau d’une espérance d’ETE
égale à zéro). L’ETE probabilisé est incontestablement un instrument puissant de gestion
financière des flux de trésorerie dans un contexte d’incertitude. Il est possible dans ce
cadre de déterminer les probabilités associées à différents niveaux d’ETE. A cette
démarche on peut greffer une fonction scoring destinée à formuler des probabilités de
faillite de l’entreprise étudiée.

2-2 L’EVA ( Economic Value Added)


Ce concept de mesure de la création de valeur a été mis au point par le cabinet américain
Stern & Stewart au début des années 1990. Même s’il repose sur des raisonnements déjà
connus en finance, ce modèle est quand même pertinent et novateur, ne serait-ce que dans
le lien qu’il assure entre la finance et la comptabilité d’entreprise. Pour passer du résultat
économique à l’EVA, le cabinet préconise de retraiter le résultat d’exploitation comptable
pour déterminer le résultat économique de l’entreprise. Stern & Stewart préconise pas
moins de 160 redressements.
2-3 La structure financière
Cette structure est le rapport entre l’endettement financier net (D) et le niveau des
capitaux propres (C). L’endettement ne doit inclure que les dettes financières, à
l’exclusion des dettes courantes du cycle d’exploitation (qui, dans une optique
économique, doivent être déduites de l’actif économique). Les deux agrégats doivent être
évalués en valeur comptable et en valeur économique, cette dernière évaluation étant plus
pertinente.
Même si le rapport D/C ne modifie pas la valeur de l’entreprise (Théorie de Modigliani-
Miller) il n’empêche qu’elle modifie le risque (puisque le coût moyen pondéré du capital
est sensible à ce rapport).
Un D/C très élevé peut amener l’auditeur à déclencher des procédures d’audit spécifiques
parce que l’entreprise peut dans ce cas être en difficulté. Il devra également calculer le
nouveau coût du capital de l’entreprise et vérifier si ce nouveau coût a été utilisé dans la
sélection des projets d’investissement de l’exercice audité.

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65
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Mais il n’existe pas de norme D/C en théorie. C’est pourquoi l’analyste et/ou l’auditeur
devra tester empiriquement le niveau de surendettement, en évaluant par exemple les
dettes financières impayées ou l’importance des charges financières de l’exercice.
Pour redresser la situation financière, l’auditeur/l’analyste pourra recommander la
réalisation d’une augmentation de capital en cash si toutefois l’entreprise est en mesure
de réaliser une telle opération.
2-4 Le coût du capital
Le coût du capital est un indicateur financier crucial dans la gestion financière de
l’entreprise. Il est capital lorsqu’il s’agit de sélectionner des projets d’investissement,
d’évaluer l’entreprise ou ses capitaux propres ou de prendre des décisions de gestion
financière courante , comme par exemple des montages déconsolidants. En termes plus
généraux et plus globaux, le coût du capital est le taux d’actualisation de l’entreprise,
celui qui permet d’intégrer le temps dans la gestion financière de l’entreprise.

Sous-section 3 : La construction des représentations pertinentes en audit à partir du


diagnostic

3-1 L’enrichissement de l’audit par le diagnostic financier

Lorsque l’auditeur n’élabore aucun diagnostic financier préalablement à sa mission de


vérification (ou lorsqu’il n’utilise aucun rapport de diagnostic interne ou externe sur la
firme), il audite les états financiers selon une approche purement classique à connotation
trop comptable.
Quels sont donc les avantages liés à l’utilisation du diagnostic ? En quoi le diagnostic
apporte-t-il de la valeur à l’auditeur, en optimisant son budget et son opinion ?
L’analyste financier et l’auditeur travaillent sur une même matière première : les états
financiers. C’est un premier point d’intersection entre les deux domaines examinés.
L’autre point d’intersection concerne le risque. Mais l’analyste examine le risque
économique et financier de la firme, alors que l’auditeur analyse le risque de la mission,
dans le but de réduire ce risque au strict minimum. Il appartient à l’auditeur de décliner
les indicateurs de risque de diagnostic en variables et méthodologies de vérification. Les
mathématiques peuvent être utiles dans sa réflexion, le jugement personnel également.

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66
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

3-2 Les avantages de l’internalisation


Les avantages de l’internalisation peuvent être résumés de la manière suivante :
 l’intégration du diagnostic en audit permet de formaliser mathématiquement le risque
d’audit. Elle définit donc l’intensité optimale en termes de diligences, chaque nature
de tests de contrôle permettant de réduire un certain niveau de risques jusqu’à ce que
l’auditeur atteigne le niveau de risque acceptable.
 l’internalisation permet de cibler les contrôles, d’intensifier le contrôle global, et de
donner une signification financière aux vérifications ;
 grâce à l’internalisation, les procédures d’audit deviennent transversales. Les
contrôles ne sont plus envisagées selon une thématique comptable (stocks,
immobilisations, capitaux propres, dettes financières, trésorerie …) mais selon une
thématique de diagnostic (valeur, risque, faillite, survie …) et ce dans une approche
purement financière qui dépasse le contrôle vertical sur les comptes ;
 l’opinion d’audit n’est plus rendue par référence aux qualités de régularité, de sincérité
et d’image fidèle, mais également en termes de pertinence financière sans heurter les
normes d’audit relatives à l’expression de l’opinion ;
 le diagnostic permet d’orienter les vérifications vers les postes clés des états financiers,
ceux cités dans le rapport d’analyse financière comme revêtant un aspect essentiel
dans la compréhension de certains phénomènes financiers (point mort, ETE négatif,
BFR négatif, effet de ciseau, faibles marges …). L’auditeur doit être en mesure de
décliner ces significations financières en procédures d’audit pertinentes ;
 la validation des comptes ne constitue plus un ensemble de techniques purement
comptables, elle devient un champ d’analyse financière permettant d’approfondir la
compréhension générale de l’entreprise et les autres dimensions du contrôle ;

L’auditeur, qui s’appuie sur le diagnostic, ne doit pas pour autant enfreindre les standards
d’audit. Il doit intégrer les deux dimensions pour enrichir son approche, optimiser ses
diligences et améliorer les fondements de son opinion. Car, en aucun cas, l’audit ne peut
être relégué au second plan par le diagnostic financier que l’auditeur cherche à intégrer.

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67
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Conclusion de la première partie

Le soubassement théorique de l’idée d’intégration du diagnostic dans le processus d’audit


est que le diagnostic fournit à l’auditeur une information supplémentaire qui lui permet
de réduire le risque d’audit et d’améliorer la rentabilité économique de sa mission.
Pour développer ces différents aspects, nous avons défini au niveau de cette partie le
champ du diagnostic global d’entreprise avant de le décliner dans la dimension
strictement financière.
Plusieurs techniques du diagnostic financier sont déjà intégrées dans les normes
internationales d’audit. D’ailleurs, Les procédures analytiques englobent la majorité des
techniques d’analyses utilisées en diagnostic financier qui peuvent (doivent) être mises en
œuvre dans toutes les phases de la mission.
Le point délicat dans l’application des outils du diagnostic financier dans le processus
d’audit consiste d’une part, dans la conception d’une méthodologie pour sélectionner les
indicateurs du diagnostic financier utiles à l’auditeur. Et d’autre part, dans la déclinaison
de ces indicateurs à des vraies techniques de vérification.
Bien que le calcul des ratios et la comparaison des tendances soient des tâches
relativement faciles, l'analyse des ratios et des tendances nécessite une bonne
compréhension des affaires du client et de son secteur d’activité. Par conséquent, le
recours au diagnostic financier va permettre à l’auditeur de sélectionner et de mettre en
ouvre des techniques d’analyse en se référant à une méthodologie bien conçue.
Le diagnostic financier à intégrer peut être réalisé par l’auditeur lui- même ou par un
autre professionnel externe à l’entreprise, comme il peut être réalisé par l’entreprise en
interne. Nous préférons la première solution car l’auditeur est mieux placé pour orienter
le diagnostic à des fins de contrôle et à la maitrise des différents risques.
L’étape de diagnostic (si on peut s’exprimer ainsi) n’est pas à proprement parler un
élargissement du champ de l’audit. Elle doit plutôt être regardée comme une technique
d’amélioration des procédures de validation des comptes.
Sur la question de la rentabilité de la mission (allocation des ressources), nous devons
apporter la précision suivante : L’internalisation crée un coût pour l’auditeur, mais lui
procure certainement des économies au niveau de l’approche globale de vérification, du
moins lorsque le diagnostic est décliné en tests de contrôles globaux qui réduisent
l’intensité de la vérification.

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68
Deuxième partie :

Les impacts du recours au diagnostic financier

dans le processus d’audit


Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Chapitre 3 : L’intégration du diagnostic financier et approche


d’audit
La finalité du diagnostic conçue dans ce mémoire est son intégration dans l’approche de
l’auditeur pour améliorer sa prise de connaissance générale de l’entité et pour développer
des nouvelles approches de contrôle des comptes. Nous traiterons les impacts de
l’intégration du diagnostic financier sur la nature, le calendrier et l’étendue des travaux
d’audit dans les différentes étapes du processus d’audit (section 1), ainsi que l’utilité du
diagnostic financier dans la détection des fraudes et l’évaluation de la continuité
d’exploitation (section2) et en outre, les apports du diagnostic en matière de risque
d’audit (section3).

Section 1 : Les impacts de l’intégration du diagnostic dans les


différentes étapes du processus d’audit
Le processus d'audit peut être divisé en quatre phases, à savoir :
 Les étapes préalables à l’acceptation de la mission ;
 La planification de l'audit ;
 L'obtention des éléments probants et les conclusions ;
 L’achèvement de la mission et la présentation du rapport.
Même si ces phases sont séquentielles, elles peuvent également être considérées comme
interdépendantes (Eilifsen et al. 2014). La mise en œuvre des procédures analytiques est
devenue une partie intégrante du processus d'audit et s'applique à la planification de
l'audit, à l'obtention des éléments probants et à la l’achèvement de la mission et la
présentation du rapport.
L’auditeur peut appliquer des procédures analytiques dans chacune de ces phases pour :
 Détecter les anomalies significatives ;
 Détecter les fraudes ;
 Evaluer la continuité de l'exploitation ;
 Evaluer les systèmes de contrôle interne ;
 Réduire les tests de détail ;
 Attirer l'attention de l’auditeur sur les domaines à haut risque ;
 Identifier des anomalies qui n’ont pas été révélé par les autres procédures d’audit ;
 Aider à évaluer les conclusions de l'audit et fournir des preuves substantives.

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70
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les normes ISA 315 et ISA 520 fournissent des indications à l'auditeur sur l'application
des procédures analytiques dans le cadre du processus d'audit. Ces normes imposent
l’utilisation de procédures analytiques lors de la planification de l’audit et à la phase de
conclusion et de présentation du rapport d’audit.
La mise en œuvre des procédures analytiques en tant que procédure substantive est
toutefois facultative. En effet, la norme ISA 520 indique que les procédures de
vérification au niveau des assertions "peuvent "être des tests de détails, des procédures
analytiques substantives, ou une combinaison de ces procédures.
Les sous sections suivantes décrivent comment les auditeurs utilisent les procédures
analytiques pendant les différentes phases du processus d'audit pour atteindre ces
objectifs.

Sous-section 1 : Procédures analytiques pendant la phase de la planification de


l’audit

1-1 Fondements théorique et exigences des normes ISA


L’ISA 315 paragraphe 2 énonce que : « L'auditeur doit acquérir une connaissance de
l'entité et de son environnement, y compris de son contrôle interne, qui soit suffisante
pour lui permettre d'identifier et d'évaluer le risque que les états financiers contiennent
des anomalies significatives, que celles-ci résultent de fraudes ou d'erreurs, et de
concevoir et de mettre en œuvre des procédures d'audit complémentaires. »
Cette compréhension constitue une base pour la conception et la mise en œuvre des
réponses de l'auditeur aux risques d'anomalies significatives évalués.
Eilifsen et al. (2014) soulignent qu'une planification adéquate est essentielle pour garantir
que l'audit soit réalisé de manière efficace. Les procédures analytiques sont l'une des
procédures que l'auditeur doit utiliser pour obtenir une compréhension de l'entreprise afin
d’identifier et évaluer les risques d’anomalies significatives.
Les procédures analytiques lors de la planification de d'audit peuvent être décrites comme
des procédures d'évaluation des risques d’anomalies significatives ou des procédures
d'analyse analytiques préliminaires.
L'objectif principal des procédures analytiques dans la phase de planification est la
compréhension globale de l'entité et de son environnement.

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71
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Spicer et Pegler (1921) ont soutenu ce point de vue plusieurs années auparavant. Ces
deux auteurs soulignent qu’aucun audit ne peut être efficace à moins que l’auditeur ne se
familiarise autant que possible avec les détails techniques de l’entité auditée. Dans ce
sens, l’auditeur doit poser des questions intelligentes.
Cho et Lew (2000) fournissent un objectif plus large, et plus conforme à l’objectif de la
norme ISA 315, à savoir mieux comprendre :
 L’activité et l’industrie du client ;
 Identifier les faiblesses financières et opérationnelles qui peuvent engendrer des
fluctuations au niveau des états financiers.
Abidin et Baabbad (2015) soulignent l'importance des procédures analytiques lors de la
planification de la phase d'audit en déclarant que les procédures analytiques au cours de
cette phase peuvent modifier la stratégie l'audit, car les résultats de ces procédures
peuvent impacter l’étendue des tests substantifs.
L'obtention de connaissances sur les affaires du client, lors de la planification de la phase
d'audit, permet à l'auditeur de définir des attentes quant aux résultats des opérations et de
caractère raisonnable des transactions y afférentes.
Hirst et Koonce (1996) prévoient que dans la planification des procédures analytiques,
l'accent est mis sur le développement des attentes plutôt que sur l'investigation. Ils ont
constaté que lorsque des différences inattendues sont observées, les explications
potentielles sont obtenues principalement par le biais des investigations et que les
explications reçues ne sont pas corroborées.
Nous pouvons conclure que dans la phase de planification d’un audit, la recherche de
l’information est moins critique car l’objectif de l’auditeur n’est pas de déterminer
l’explication «exacte» des fluctuations.
Glover et al. (2005) s’attachent à l'idée que, les procédures analytiques menées au stade
de la planification ne se concentrent pas principalement sur des éléments de preuves
substantives, mais elles sont souvent menées à un niveau global.
Ces constatations sont cohérentes avec les orientations données dans la norme ISA 315
qui prévoient que les procédures analytiques en tant que procédures d'évaluation des
risques ne fournissent qu'une indication initiale de la présence éventuelle d'anomalies
significatives.
Au cours des dernières années, les procédures d'analyse ont été de plus en plus utilisées
en tant que procédures d'évaluation des risques (Pinho 2014). Cela peut être attribué à
l'introduction de l’approche d'audit par les risques et à l'utilisation accrue de technologies
______________________________________________________________________________________
72
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

telles que les bases de données financières, les capacités de recherche sur Internet et les
rapports d'analystes.
Ces technologies permettent aux auditeurs d'accéder facilement et rapidement aux
données financières et non financières relatives à un client et sont d'une grande valeur
pour mener des procédures analytiques permettant de comprendre les activités du client,
son secteur, ses stratégies et afin de définir des attentes plus précises (Trompeter &
Wright 2010).

1-2 L’apport du diagnostic dans la compréhension générale de l’entité


Le diagnostic financier permet à l’auditeur d’apprécier que les états financiers prennent
en compte le diagnostic stratégique et financier de l’entité auditée. Il est donc primordial
pour l’auditeur de savoir mettre un tel diagnostic et d’être en mesure d’en tirer les
conséquences sur son appréciation des hypothèses qui fondent l’établissement des états
financiers. Entre autres l’auditeur est tenu de :
 Procéder à une analyse stratégique et économique de l’entreprise pour se
positionner par rapport aux caractéristiques du secteur dans lequel évolue
l’entreprise.
 S’assurer de l’adéquation de son système de production et de distribution, avec sa
stratégie ;
 Procéder à une lecture critique des règles et principes comptables suivis par
l’entreprise pour établir ses comptes. En effet, ces méthodes expliquent comment
la réalité économique et financière de l’entreprise est traduite dans la
comptabilité ;
En se référant à P. Vernimmen (2017) le diagnostic économique de l’entreprise ne
demande pas d’être une encyclopédie des secteurs économiques mais de raisonner
simplement, avec beaucoup de bon sens, autour de cinq clefs :
1. l’analyse du marché de l’entreprise : C’est la majeure partie du diagnostic de l’entreprise
il faut entre autres identifier les éléments suivants :
 la délimitation du marché ;
 la croissance du marché ;
 le risque du marché ;
2. la compréhension de la place de l’entreprise dans son marché en analysant :
 la part du marché ;
 l’identification des concurrents ;
______________________________________________________________________________________
73
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Comment la concurrence s’exerce-t-elle ?


3. l’étude de ses systèmes de production
 la compréhension des systèmes de production ;
 la politique d’investissement du cycle d’exploitation
4. l’analyse des réseaux de distribution pour s’assurer qu’ils assurent pleinement leurs
fonctions.
5. et enfin, la compréhension des motivations des intervenants au sein de l’entreprise tel
que :
 les actionnaires ;
 les dirigeants ;
 les salariés.
Nous voyons ainsi qu’en recourant au diagnostic l’auditeur dispose d’un cadre de
réflexion permettant la compréhension globale de l’entité en cohérence avec son contexte
macroéconomique.
En effet, les démarches de diagnostic sont cohérentes avec les normes de l’IFAC qui
prévoient à titre d’exemple dans le paragraphe 4 de l’ISA 315 : « Acquérir la
connaissance de l’entité et de son environnement est un aspect essentiel de la conduite
d’un audit conforme aux normes ISA. En particulier, cette connaissance donne les bases
sur lesquelles s’appuie l’auditeur pour planifier l’audit et exercer son jugement
professionnel sur la façon d’évaluer le risque que les états financiers contiennent des
anomalies significatives ».

Sous-section 2 : Procédures analytiques lors de la phase de collecte des éléments


probants
L'auditeur doit obtenir suffisamment d'éléments probants appropriés pour pouvoir tirer
une conclusion raisonnable sur laquelle il peut fonder son opinion d’audit.

2-1 L’efficacité des procédures analytiques de corroboration


Pour obtenir des éléments probants, l’auditeur doit concevoir et mettre en œuvre des
procédures d'audit dont la nature, le calendrier et l'étendue sont conçus de manière à
répondre à l’évaluation du risque d'anomalies significatives au niveau des assertions.

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74
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les procédures substantives au niveau des assertions peuvent être des tests de détails, des
procédures analytiques de corroboration ou une combinaison des deux (ISA 520, par.
A4).
La décision de procéder ou non à des tests de détails, des procédures analytiques de
corroboration ou une combinaison de ces procédures repose sur le jugement de l'auditeur
(ISA 520, par. A4).
Bien que des tests de détails et les procédures analytiques substantives soient réalisés
pour atteindre le même objectif, à savoir obtenir des éléments probants pertinents et
adéquats (ISA 500, par. A10). Les procédures analytiques diffèrent des tests de détails au
niveau du caractère persuasif. En effet, les tests de détails testent directement les détails
sous-jacents aux écritures comptables alors que les procédures analytiques nécessitent la
mise en œuvre d’autres procédures d’audit. Par exemple, si la direction est incapable de
fournir une explication ou que l’explication qu’elle a fourni conjuguée aux éléments
probants pertinents obtenus par rapport à sa réponse, n’est pas considérée comme
appropriée. (ISA 500, par. A21).
Toutefois, si l'auditeur a évalué un risque comme étant significatif, les procédures à
mettre en œuvre par l’auditeur doivent inclure des tests de détails.
L'objectif de l'auditeur lors de l'exécution des procédures analytiques lors de l'obtention
des éléments probants est de collecter des éléments probants pertinents et fiables (ISA
520, par. 3) et de détecter les inexactitudes potentielles.
Cha et Lew (2000) ont formulé l'objectif principal des procédures analytiques lors de la
phase d'obtention des éléments probants d'audit, à savoir réduire le nombre de tests de
détails.
Trompeter et Wright (2010) confirment que les procédures analytiques permettent à
l'auditeur de prendre en compte le caractère raisonnable des résultats financiers en
fonction des attentes et de fournir une vision plus large que celle fournie par les tests de
détails.
À partir de ces objectifs, nous pourrions s'attendre à ce que la performance des
procédures analytiques réduise la quantité des autres tests substantifs.
Cependant, cela a été contredit par des études sur les pratiques de l’utilisation des
procédures analytiques qui ont révélé que les auditeurs ne réduisent pas le niveau des
tests de détail, même si les résultats de l'utilisation des procédures analytiques sont
favorables (Samaha & Hegazy 2010).

______________________________________________________________________________________
75
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Il ressort de ces études que les auditeurs n’ont pas beaucoup de confiance dans
l’utilisation des procédures analytiques en tant que procédures de corroboration et
préfèrent suivre une approche plus conservatrice en effectuant des tests de détails en tant
que procédures de corroboration.
Plusieurs autres études expliquent cette tendance, par le fait que les auditeurs choisissent
régulièrement des tests détaillés par rapport aux procédures analytiques ; car les tests de
détail requièrent moins de jugement et sont plus facilement délégués au personnel de
niveau inférieur.
L'ISA 520 fournit des indications sur l’efficacité des procédures analytiques de
corroboration et indique, que l'auditeur doit définir en premier lieu, ses attentes quant aux
montants comptabilisés ou des ratios à évaluer.
Si les procédures analytiques mises en œuvre conformément à la présente norme ISA
révèlent l’existence de variations ou de corrélations qui sont incohérentes avec d’autres
informations pertinentes ou qui s’écartent de façon importante des valeurs attendues,
l’auditeur doit procéder à des investigations sur ces écarts (ISA 520, par. 7).
Les procédures analytiques de corroboration reposent donc sur la capacité de l'auditeur à
identifier des relations plausibles entre des données financières et non financières et à
générer ensuite les montants attendus en fonction des ses connaissances et de son
expérience.
Le processus de décision pour mettre en œuvre des procédures analytiques comprend les
quatre étapes suivantes :
 Le développement d'une attente ;
 L'établissement d'une différence acceptable entre les attentes de l'auditeur et le
montant déclaré par le client qui ne justifierait pas des investigations plus
approfondies ;
 Une comparaison des attentes avec les montants comptabilisés ;
 Et des investigations sur toutes les différences supérieures à l’écart tolérable.

L’efficacité d’une procédure analytique de corroboration dépend d’un certain nombre de


facteurs, à savoir la nature de l’affirmation testée, la disponibilité et la fiabilité des
données à partir desquelles les attentes de l’auditeur sont développées, la précision de
différence que l’auditeur est prêt à accepter sans recourir à d’autres investigations (ISA
520, par. 5).

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76
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

La fiabilité des données à partir desquelles les attentes de l'auditeur sont développées en
fonction de l'indépendance de la source des preuves, de l'efficacité du contrôle interne de
l'entité et de la connaissance de l'auditeur de l'entité (Messier, Glover & Prawitt 2012).
Messier et al. (2012) soulignent que plus les données utilisées pour les procédures
analytiques de corroboration sont détaillées, plus les attentes seront précises.
Par exemple, une attente fondée sur des données mensuelles sera plus précise qu'une
attente utilisant des données annuelles, ou une attente fondée au niveau d’un produit
individuel sera plus précise qu'une attente fondée sur tous les produits.
Ces deux auteurs (Messier et al.)concluent que l'utilisation des données détaillées permet
de détecter des anomalies qui ne seront pas détectées si la même procédure est appliquée
aux données globales. Ils fondent leurs constatations sur le fait que l’utilisation des
données globales permet d'identifier des modèles plus généraux qui conduisent
inévitablement à une perte d'information sur les transactions individuelles.
Les auditeurs doivent comprendre les interrelations entre les comptes par exemple,
lorsque la masse salariale augmente, l'auditeur doit s'attendre à une augmentation des
charges sociales et des avantages sociaux.

2-2 Investigations sur les résultats des procédures analytiques


L’ISA 520 paragraphe 7 énonce que : « Si les procédures analytiques mises en œuvre
conformément à la présente norme ISA révèlent l’existence de variations ou de
corrélations qui sont incohérentes avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent
de façon importante des valeurs attendues, l’auditeur doit procéder à des investigations
sur ces écarts :
a) en faisant des demandes d’informations auprès de la direction et en obtenant des
éléments probants appropriés corroborant les réponses qu’elle a fournies ;
b) en mettant en œuvre d’autres procédures d’audit adaptées aux circonstances. »

Les équipes de recherche du PCAOB (2008) ont identifié des lacunes dans la capacité
des auditeurs à définir des attentes précises et ont déclaré que les auditeurs ne testaient
pas les données avant de les utiliser.
Dans leurs recherches, Hirst et Koonce (1996) ont constaté que les auditeurs
considéraient que l'aspect le plus difficile de l’utilisation des procédures analytiques de
corroboration était le jugement requis pour décider d'interrompre une investigation sur
une différence inattendue. Ils ont attribué cela à l’absence de directives dans la norme
______________________________________________________________________________________
77
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

ISA 520 concernant l’étendue des procédures analytiques requises pour étudier une
fluctuation ou le recours à des procédures analytiques de corroboration. Cette lacune a été
confirmée dans des études plus récentes qui ont montré que le fait de décider si une
différence est raisonnable ou non est une question de jugement professionnel, car la
norme ne fournit aucune directive spécifique (Pinho 2013,Samaha & Hegazy 2010).

2-3 Enrichissement des procédures analytiques de corroboration


La norme l'ISA 500 propre aux missions d’audit (Eléments probants) précise que
"L'auditeur doit réunir des éléments probants suffisants et adéquats pour parvenir à des
conclusions raisonnables sur lesquelles il pourra fonder son opinion".
La situation financière des entreprises devient de plus en plus opaque. Pour répondre aux
vœux de la communauté financière, l’ingénierie financière de gestion de bilan qui s’est
développée ces dernières années, adopte pour l’essentiel un objectif de réduction de
l’endettement apparent et de camouflage des risques dans le bilan. Elle permet de
dissimuler des pertes et d’échapper à l’impôt. Elle se traduit par la croissance du hors
bilan.
Les données obtenues du diagnostic financier peuvent servir comme base pour la
construction de valeurs attendues à comparer par rapport aux informations financières à
auditer. Dans la même logique, les informations issues du diagnostic financier peuvent
servir comme informations externes à corroborer avec les informations communiquées
par l’entité auditée. Ainsi, le diagnostic financier constitue une source d’information
fiable, surtout s’il est élaboré par des analystes externes compétents et indépendants.
Dans ce cadre, même si le diagnostic est réalisé par les moyens propres de l’entreprise. Il
peut garder un degré raisonnable de fiabilité puisqu’il est préparé dans une logique autre
que l’établissement des états financiers.
Il appartient à l’auditeur de savoir corroborer ces informations avec les données
financières du client afin de collecter des éléments probants pertinents.
L’apport essentiel du diagnostic dans phase de collecte des éléments probants est d’une
part, la diversification de sources d’informations fiables. Et d’autre part, l’aspect
économique des informations fournies par le diagnostic financier qui touchent des
domaines non couverts par l’information comptable tels que : la création de la valeur, le
risque d’atteinte à la continuité d’exploitation et les irrégularités comptables visant à
modifier le résultat.

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78
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

C’est grâce à un diagnostic financier approfondi que l’auditeur peut obtenir un panorama
complet de l’entreprise en étudiant différents ratios et les variations des soldes
significatifs. Ce travail permet à l’auditeur de collecter les différents renseignements
durant la mise en œuvre des travaux d’audit et ainsi de justifier les éventuelles variations
incohérentes.

Sous-section 3 : Procédures analytiques lors de la phase de l’achèvement de la


mission et l’émission du rapport
Au cours de la phase de conclusion, d'évaluation et de compte rendu d'un audit, l'auditeur
évalue toutes les preuves d'audit obtenues lors de l'audit afin de former une opinion sur
les états financiers (ISA 700, par. 4).

3-1 Les procédures analytiques comme moyen de parvenir à une conclusion


générale
L'objectif principal des procédures analytiques au cours de cette phase est d'évaluer les
conclusions au cours de la vérification et d'évaluer le caractère raisonnable des états
financiers avant d'émettre un avis d’audit.
Cet objectif est conforme avec l’ISA 520, par. 6 qui énonce que : « L’auditeur doit
concevoir et mettre en œuvre, vers la fin de son audit, des procédures analytiques qui
l’aideront à parvenir à une conclusion générale sur la cohérence des états financiers avec
sa compréhension de l’entité. ».
L'objectif des procédures analytiques pendant la phase de conclusion est similaire à
l'objectif de la phase de planification. Au cours de cette phase, les procédures analytiques
sont effectuées pour identifier tous les domaines critiques et veiller à ce que l’étendue des
travaux d’audit englobe ces domaines lors de l’obtention des éléments probants. Alors
que pendant la phase de conclusion, les procédures analytiques sont effectuées pour
déterminer si tous les domaines critiques ont été abordés pendant l'audit et si des éléments
probants adéquats ont été obtenus pour étayer les conclusions de l'auditeur (Hirst &
Koonce 1996).
Au cours de cette phase, les procédures analytiques ne sont pas axées principalement sur
des éléments de preuves substantives, mais ils sont souvent menés à un niveau global tel
que les grandes masses des états financiers ou la performance de l’entité.
Les conclusions tirées des résultats des procédures analytiques conçus et mises en œuvre
courant cette phase visent à corroborer les conclusions dégagées lors de l’audit de
______________________________________________________________________________________
79
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

composantes ou d’éléments particuliers des états financiers, ce qui aide l’auditeur à tirer
des conclusions raisonnables sur lesquelles il peut fonder son opinion.
Les procédures analytiques au cours de la phase de conclusion, d’évaluation des travaux
d’audit et d’émission du rapport d’audit nécessitent de vérifier l’étendue de vérification,
les états financiers et les notes publiées afin de juger la pertinence des éléments probants
recueillis lors de l’audit ainsi que les relations qui n'ont pas été étudiées. En pareil cas, la
norme ISA 315 exige de l’auditeur qu’il révise son évaluation des risques d’anomalies
significatives et modifie en conséquence les procédures d’audit complémentaires. Dans
ce cas, il prend en compte ces constatations lors de l'identification du risque d’anomalies
significatives.

3-2 Points clés pour l’amélioration de l’exécution et l’achèvement de la mission


D’après la discussion ci-dessus, bien que les objectifs de procédures analytiques lors de la
planification de l'audit, l'obtention des éléments probants et l’achèvement de la mission
soient différents. Il existe toutefois des différences dans les mesures d’applications de ces
procédures à chacune de ces phases. La discussion ci-dessus a également mis en évidence
des variations dans l'utilisation des procédures analytiques au cours des différentes phases
du processus d'audit.
Le diagnostic financier intervient à toutes les phases de la mise en œuvre des procédures
analytiques. Il aide l’auditeur à financiariser toute la méthodologie d’audit. Nous dirons
même que ce diagnostic doit être internalisé en amont de la démarche et qu’il doit par la
suite être intégré avec l’idée de réduire les diligences habituelles de contrôle des comptes.
Le tableau suivant récapitule les apports de l’intégration du diagnostic financier dans les
différentes étapes du processus d’audit :

Tableau 6 : L’internalisation du diagnostic dans les phases de l’audit


Phase Internalisation
Intégrer dans ce volet des indicateurs financiers
essentiels pour mieux maitriser le risque global de
Prise de connaissance
l’entreprise et aider l’auditeur à concevoir une stratégie
d’audit adéquate.
Intégrer dans l’approche d’examen du contrôle interne
Contrôle interne des indicateurs de risque, d’efficience et de valeur pour
vérifier si la firme respecte les objectifs de contrôle
interne dans sa dimension économique et financière.

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80
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Substituer les résultats du diagnostic à l’examen


analytique dans son ensemble pour mieux baliser les
Examen analytique
risques comptables et mieux valider les différents
postes des états financiers.
Certains postes des états financiers se prêtent au
contrôle global basé sur l’analyse financière préalable.
Contrôle des comptes
L’auditeur doit savoir décliner les indicateurs financiers
en procédures de validation.

Section 2 : L’utilité du diagnostic financier dans la détection des fraudes


et l’évaluation de la continuité d’exploitation
L’une des causes les plus importantes de la perte de confiance du public dans la
profession de l’audit réside dans l’échec à détecter des cas de fraude et des erreurs qui se
produisent dans les entreprises auditées.
Les techniques d'analyse financière peuvent aider les auditeurs à découvrir et à examiner
des relations inattendues entre les informations financières et non financières. Ces
techniques sont basées sur le principe que des relations logiques existent entre des
événements économiques en l'absence des événements particuliers. Les transactions
inhabituelles peuvent justifier l'existence de relations instables ou des situations
inhabituelles ou non récurrentes.
Les entreprises qui connaissent des transactions ou des événements inhabituels, ainsi que
des changements des méthodes comptables, doivent divulguer et expliquer ces faits dans
leurs états financiers.
Les écarts inattendus dans les relations indiquent probablement des erreurs, mais peuvent
également indiquer des actes illégaux ou des fraudes. Par conséquent, les écarts dans les
relations attendues justifient des investigations plus approfondies pour déterminer les
causes exactes.
Plusieurs méthodes d’analyse aident les auditeurs à mettre en évidence les domaines qui
représentent probablement des méthodes comptables frauduleuses.

Sous-section 1 : L’utilité des techniques financières dans la détection des fraudes


Les procédures analytiques sont utilisées pour détecter et examiner les relations entre les
informations financières qui ne semblent pas cohérentes. Ils sont utiles pour identifier :
 Les différences inattendues ;
______________________________________________________________________________________
81
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 L'absence de différences attendues ;


 Les erreurs potentielles ;
 Les fraudes potentielles et les actes illégaux ; et
 Les autres transactions ou événements inhabituels ou non récurrents.

Ces techniques analytiques facilitent les premières étapes du processus d'investigation sur
les fraudes. A partir de l’analyse des états financiers l’auditeur peut identifier les zones à
haut risque, mettre en évidence les plus probables schémas, et énumérer les clignotants
qui justifient une investigation plus approfondie.

1-1 Techniques comparatives


L’auditeur utilise généralement les techniques suivantes pour identifier les relations entre
les données financières qui ne semblent pas raisonnables :
 Comparaison des informations de la période en cours avec les informations
similaires des périodes précédentes : Les montants de la période précédente peuvent
être normalement projetés pour la période en cours. Une modification de cette
projection peut indiquer des changements dans les conditions du déroulement des
affaires du client, tels que des achats ou des ventes importants d’actifs ou des
changements des lignes de produits et des volumes d’activités.
 Comparaison des informations de la période en cours avec les budgets ou les
prévisions : Cette comparaison devrait inclure des ajustements pour les transactions
et événements inhabituels.
 Etude des relations entre quelques éléments d'informations financières : Certains
comptes varient par rapport aux autres. Par exemple, des commissions sont
attendues varier directement en fonction des ventes.
 Étude des relations entre l’information financière et l’information non financière
appropriée : Les informations non financières sont normalement générées par une
source externe telle que les rapports d’exploitation ou les rapports d’analyses
financières. Un exemple serait les magasins de détail où les ventes devraient varier
en fonction du mètre carré d’espace d’exposition.
 Comparaison d’informations financières avec d’autres informations similaires
provenant du secteur dans lequel la société opère : Les moyennes sont fiables dans
les secteurs stables. Malheureusement, la communication de telles informations est

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82
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

d’une part rare et d’autre part, les données ne sont pas systématiquement mises à
jour.
 Comparaison d'informations avec des informations similaires provenant d'autres
unités organisationnelles. Une entreprise avec plusieurs magasins peut comparer un
magasin avec un autre magasin. Le magasin "modèle" devrait être suffisamment
audité pour assurer qu'il s'agit d'une norme appropriée.
1-2 Relations financières
Une compréhension des relations globales entre certains soldes d’états financiers est
nécessaire pour identifier les relations inhabituelles. Si les ventes augmentent, comment
le coût des ventes doit-il réagir ? Si les commissions diminuent, à quoi s’attendent les
ventes ? Les réponses à ces questions sont la base de l'analyse financière.
Les relations suivantes sont généralement cohérentes ; cependant, des circonstances
spécifiques peuvent donner des résultats différents. Voici quelques exemples des
relations à analyser :
a) Relation entre les actifs et les passifs
Une entreprise financièrement saine essaie de maintenir un équilibre constant entre les
actifs et les passifs. Pour conserver son équilibre financier, la société affiche sa solidité
auprès des prêteurs ou des investisseurs en actions afin de maintenir les coûts de
financement à un niveau acceptable.
Une augmentation soudaine du ratio (Actif/passif) pourrait signifier que des passifs tels
que la dette à long terme ont été dissimulés. Si la valeur du passif augmente et que le
ratio augmente, cela pourrait révéler que la société emprunte beaucoup pour financer ses
opérations et le risque de fraude est élevé.
b) Coûts des marchandises vendues
La société génère des ventes car elle vend ses marchandises. Celle-ci devrait être achetée,
fabriquée, ou tout les deux, qui entraînent toutes des dépenses d’argent pour les
matériaux, la main-d’œuvre, etc. Par conséquent, pour chaque vente, il doit y avoir un
coût associé. Si les ventes augmentent, le coût des produits vendus augmente
proportionnellement. Bien qu’il existe des cas où une entreprise a adopté une méthode
plus efficace de la production de biens, réduisant ainsi ses coûts, mais il y a toujours des
coûts fixes associés aux ventes.
c) Les ventes et les comptes clients :
Lorsqu'une entreprise effectue une vente, un compte client est débité. Par conséquent, la
relation entre les ventes et les comptes clients est directement proportionnelle. Si les
______________________________________________________________________________________
83
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

ventes augmentent, alors les comptes débiteurs devraient augmenter à peu près au même
rythme.
d) Les ventes et les inventaires physiques
L'inventaire d'une entreprise comporte la marchandise prête à être vendue. Une entreprise
tente généralement d’anticiper ses ventes futures, pour atteindre cet objectif, elle va
essayer de répondre à ces demandes en ayant un stock suffisant. Par conséquent, les
stocks reflètent généralement la croissance des ventes. Si les ventes augmentent, les
stocks devraient augmenter pour répondre aux exigences des ventes. Les stocks qui
croissent plus vite que les ventes peuvent indiquer que les stocks sont obsolètes ou que
l’inventaire est surévalué.
e) Les marges bénéficiaires
Les entreprises génèrent des revenus en vendant des produits ou en fournissant des
services. De même, les entreprises encourent les coûts directs et indirects liés à la
production ou à l’acquisition des produits qu’ils vendent ou à la fourniture des services
pour leurs clients. Les marges bénéficiaires brutes et nettes figurent dans le résultat.
En principe, les marges bénéficiaires devraient rester les mêmes, car la société vise un
certain bénéfice suivant sa position concurrentielle. Si l'entreprise rencontre une
concurrence accrue et doit réduire le prix de ses produits, elle doit trouver des moyens de
réduire les dépenses. La pression constante sur les marges bénéficiaires peut provoquer
une pression sur la direction, ce qui pourrait entraîner des fraudes dans les rapports
financiers.
1-3 Investigations sur les relations inattendues
Lorsque les procédures analytiques révèlent une relation inattendue entre les données
financières, L’auditeur doit mette en œuvre des investigations sur les résultats.
L’évaluation des résultats devrait inclure des investigations et des procédures
supplémentaires. Avant de demander à la direction d’expliquer les variations inattendues,
l’auditeur doit d’abord établir ses attentes concernant les causes des écarts.
Ensuite, les explications fournies par la direction doivent être testées en examinant les
preuves à l'appui. Par exemple, si le responsable des ventes indique que l’augmentation
des ventes est due à une nouvelle campagne publicitaire, l’auditeur doit examiner le
compte de dépenses de publicité pour vérifier qu'une campagne a bien eu lieu. Si la
dépense publicitaire est similaire à l'année précédente, la relation n'est pas raisonnable et
une fraude peut exister.

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84
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Sous-section 2 : Quelques techniques financières de détection des fraudes


Les examinateurs de fraude utilisent plusieurs techniques pour manipuler des nombres
simples et sans données informatives pour interpréter la situation financière de
l'entreprise.
La norme ISA 240 Responsabilités de l’auditeur concernant les fraudes lors d’un audit
d’états financiers paragraphe 22 énonce que : « L’auditeur doit évaluer si les corrélations
inhabituelles ou inattendues identifiées lors de la mise en œuvre de procédures
analytiques, y compris celles qui concernent les comptes de produits, peuvent indiquer
des risques d’anomalies significatives résultant de fraudes. »
Parmi les techniques d’analyses financières utilisées dans la détection des fraudes on peut
citer :
• L’Analyse en pourcentage, y compris l’analyse verticale et horizontale
• L’Analyse par des ratios

2-1 L’Analyse en pourcentage, y compris l’analyse verticale et horizontale


Il existe deux méthodes d’analyse en pourcentage des états financiers : l’analyse verticale
et analyse horizontale.
L’analyse verticale est une technique d’analyse des relations entre les éléments des états
financiers relatives aux exercices. L’analyse aboutit à mettre en évidence les relations
entre les composants exprimés en pourcentages qui peuvent être ensuite comparés entre
les périodes.
Dans l'analyse verticale, le chiffre d'affaires net est attribué à 100%, l’actif total est
affecté à 100%, et le passif total et les capitaux propres sont exprimés à 100% de l'autre
côté, toutes les autres rubriques des états financiers sont exprimées en pourcentage de ces
chiffres.
L'analyse horizontale est une technique d'analyse du changement de pourcentage d’une
rubrique ou d’un compte d’une année à l'autre.
La première période de l'analyse est considérée comme la base et les changements
courant la période suivante sont calculés en pourcentage de la période de base. Si plus de
deux périodes sont présentés, les changements de chaque période sont calculés en
pourcentage de la période précédente.
La résultante des pourcentages est ensuite étudiée en détail. Il est important de tenir
compte de la valeur de changement ainsi que du pourcentage dans les comparaisons
horizontales.
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85
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Une variation de 5% d'un compte significatif peut être beaucoup plus importante qu'un
changement de 50% dans un compte ayant moins d’importance.
Comme l'analyse verticale, cette technique ne permet pas de détecter les petites fraudes.
Cependant, les deux méthodes traduisent les changements en pourcentages, qui peuvent
ensuite être comparés pour mettre en évidence les domaines les plus préoccupants.

2-2 L’Analyse par les ratios


L'analyse des ratios est un moyen de mesurer la relation entre deux éléments issus des
comptes de la société. Cette forme d'analyse des états financiers peut être très utile pour
détecter les signaux d'alarme en cas de fraude.
Cette technique est utilisée par des nombreux professionnels, y compris des banquiers,
des investisseurs, des propriétaires d'entreprise et des investisseurs. Les analystes utilisent
cette méthode pour mieux comprendre la santé financière d’une entreprise.
L'analyse des ratios permet des évaluations internes à l'aide des données des états
financiers. La relation et la comparaison sont la clé de l'analyse. Pour pousser les
analyses, les ratios des états financiers sont utilisés dans des comparaisons avec les
moyennes sectorielles d'une entité.
Si les ratios financiers présentent un changement significatif d’une année à l’autre ou sur
plusieurs années, ils peuvent indiquer l’existence des anomalies au niveau des comptes
concernés. Comme dans toutes les autres analyses, les changements spécifiques sont
souvent expliqués par des changements dans les conditions d’exploitation. Lorsqu'un
changement d’un ratio spécifique ou des plusieurs ratios associés sont détectés, les causes
appropriées doivent être recherchées et examinées en détail pour déterminer l’éventuel
existence d’une fraude.
L’analyse des ratios est limitée par son incapacité à détecter la fraude pour les petits
montants.
Ces ratios peuvent également révéler des fraudes autres que les fraudes comptables. Par
exemple : Si un employé détournait des montants des comptes de la société, le montant
des liquidités diminuera de manière disproportionnée et le ratio diminuera. La
dissimulation entraînera un ratio plus favorable.
En fait, ces fraudes peuvent être plus facilement détectées grâce à l’analyse des ratios, car
les employés autres que la direction n’ont pas accès aux couvertures comptables des
fraudes non comptables.

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86
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Les anomalies dans les états financiers pourraient indiquer directement l'existence
d'actions frauduleuses. Les fraudes comptables peuvent être beaucoup plus subtiles et
exigent une investigation approfondie au-delà du signal que quelque chose est hors
norme.

Sous-section 3 : Contribution du diagnostic financier dans l’évaluation du continuité


de l’exploitation
L’hypothèse de continuité d’exploitation est une hypothèse majeure pour l’élaboration
des documents comptables et financiers.
C’est ainsi une hypothèse fondamentale pour le diagnostic ainsi que pour l’audit
puisqu’un grand nombre de conséquences en découlent, notamment en ce qui concerne
l’évaluation des actifs et passifs et l’appréciation des risques.
L'une des tâches les plus importantes de la profession de l'audit est l'évaluation de la
continuité d'exploitation. Parmi les nombreuses questions qu’un auditeur doit examiner
avant d’émettre une opinion, figure la capacité d’une entité à soutenir financièrement ses
opérations, en d’autres termes, qu’elle n’ pas un risque d’échec en raison de problèmes de
liquidité. Au cours des dernières décennies, la littérature financière a offert des méthodes
pour estimer la probabilité de défaillance d’une entreprise, en exploitant des indicateurs
financiers et de non financiers et au moyen de modèles de prévision de faillite.

3-1 La présomption de continuité d’exploitation :


La présomption de continuité de l’activité de l’entreprise préside, jusqu'à preuve de
contraire, à l’établissement des comptes annuels. En conséquence, les éléments d’actif et
de passif sont enregistrés en partant de l’hypothèse que l’entreprise pourra réaliser ses
actifs et s’acquitter de ses engagements en poursuivant normalement son activité.
Lorsqu’il est évident qu’une entreprise est dans l’impossibilité de poursuivre son activité
ou que celle-ci doit être réduite de façon importante, ses états financiers doivent être
établis sur la base de la valeur liquidative : Les valeurs d’actifs sont alors évaluées à un
prix de liquidation et toutes les dépenses supplémentaires susceptibles de découler de la
liquidation de l’entreprise doivent être provisionnées.
Des doutes quant à la continuité d’exploitation pourraient être suscités par les comptes
annuels, mais aussi par d’autres sources. Compte tenu de l’importance de cette question
aussi qu’en matière de diagnostic et d’audit, il parait utile de lister les indices présomptifs
du risque de non-continuité retenus par les normes internationales d’audit.
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87
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

a) Indicateurs de nature financière : (ISA 570 par. A3)


 capitaux propres ou fonds de roulement négatifs ;
 emprunts à terme fixe venant à échéance sans perspective réaliste de reconduction
ou de remboursement ou recours excessif à des crédits à court terme pour financer
des actifs à long terme ;
 indications de retrait du soutien financier de la part des créanciers ;
 flux de trésorerie d’exploitation négatifs ressortant des états financiers historiques
ou prévisionnels ;
 ratios clés financiers défavorables ;
 lourdes pertes d’exploitation ou détérioration importante de la valeur des actifs
utilisés pour générer des flux de trésorerie ;
 retards dans la distribution de dividendes ou suspension de la distribution ;
 incapacité de payer les créanciers aux échéances ;
 incapacité de se conformer aux conditions des conventions de prêt ;
 refus de crédit de la part des fournisseurs au profit de livraisons contre
remboursement ;
 incapacité d’obtenir du financement pour le développement nécessaire de
nouveaux produits ou pour d’autres investissements vitaux.

b) Indicateurs de nature opérationnelle :


 intention de la direction de liquider l’entité ou de mettre fin à ses activités ;
 départ de cadres dirigeants clés sans remplacement ;
 perte d’un marché important, d’un ou de plusieurs clients clés, d’une franchise,
d’une licence ou d’un ou de plusieurs fournisseurs principaux ;
 difficultés liées à la main-d’œuvre ;
 pénuries de fournitures importantes ;
 émergence d’un concurrent redoutable.
c) Autres indicateurs :
 non-conformité aux exigences en matière de capital ou à d’autres exigences
légales ou réglementaires, telles que des exigences relatives à la solvabilité ou à la
liquidité qui s’appliquent aux institutions financières ;
 procédures judiciaires ou procédures engagées par les autorités de réglementation
en cours contre l’entité qui, si elles aboutissaient, pourraient avoir des

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88
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

conséquences financières auxquelles l’entité ne pourrait probablement pas faire


face ;
 changements dans les textes légaux ou réglementaires ou dans la politique des
pouvoirs publics qui auront vraisemblablement des effets défavorables sur
l’entité ;
 survenance de sinistres non couverts ou insuffisamment couverts par des
assurances.
L’incidence de ces facteurs et particulièrement lourde lorsqu’on se trouve dans une
période de forts taux d’inflation ou de taux d’intérêts élevés, de variations rapides des
taux de change ou de crise économique.
Bien entendu, le diagnostiqueur ainsi que l’auditeur pourraient pondérer ces indices par
d’autres facteurs. Ainsi, le danger de ne pas être en mesure de rembourser normalement
ses dettes pourrait être compensé par l’intention de la direction de maintenir des liquidités
suffisantes, par exemple en réalisant des éléments d’actifs, en réaménageant les
remboursements des montants dus, etc. De même, la perte du fournisseur le plus
important peut être neutralisé par la présence d’une solution de remplacement
satisfaisante.

3-2 Les risques de rupture


Plusieurs facteurs peuvent menacer la capacité de l'entité à poursuivre ses activités, tant
financières que non financières, liées à la performance de l'entreprise ou aux fluctuations
des marchés. La responsabilité de l'auditeur et de la direction est d'identifier de tels
facteurs, de nombreux chercheurs ont tenté d'analyser le processus de détresse financière,
en essayant d’identifier des variables financières spécifiques et de développer des
modèles pour calculer la probabilité de l’échec.
La mesure des risques financiers est très variable selon la nature des risques. Initialement
les outils de mesure ont été développés par les banques qui, de fait de leurs activités
propres, sont fortement plus exposées aux risques financiers, avant d’être utilisés
progressivement par les entreprises exposés aux risques de marché.
D’un point de vue financier, une entreprise est considérée comme défaillante si elle
rencontre des problèmes de trésorerie et si elle est incapable de respecter ses
engagements.
Malecot (1981), estime que la défaillance financière intervient lorsque l’exploitation ne
peut plus faire face au passif exigible au moyen de son actif disponible. Si la rentabilité
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89
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

est insuffisante, l’exploitation de l’entreprise est menacée, puisqu’elle ne peut plus


rémunérer les fonds propres aux taux en vigueur sur le marché. Dans ces conditions, il
sera moins aisé pour la firme de se procurer de nouveaux fonds propres puisqu’elle n’est
pas en mesure de les rémunérer. Elle devra solliciter alors une nouvelle ligne de crédit
afin d’assurer la poursuite de son activité. Ce recours aux fonds extérieurs entraînera des
charges financières supplémentaires qui les contribueront à détériorer ses résultats.
De même, l’entreprise peut connaître des problèmes de liquidité dans le cas ou ses
disponibilités de l’exploitation ne suffisent pas à couvrir l’ensemble de ses dépenses (Bal
et al. 2010). L’interaction entre l’insuffisance de liquidité associée à une rentabilité
négative, a poussé Ooghe et Van Wymeersh(1990) à distinguer quatre catégories
d’entreprises sur la base de leur état de santé.
La figure ci-dessous résume cette situation :

Figure 2: État de santé financière de l’entreprise

Entreprise rentable et Pleine forme


liquide

Entreprise rentable et Maladie passagère


Santé financière de non liquide
l’entreprise :
Rentabilité- liquidité
Entreprise non Maladie chronique
rentable et liquide

Entreprise non Fin prochaine


rentable et non liquide

Source : Ooghe et Van Wymeeresh (1990)

Le diagnostiqueur doit tenir compte du risque de remise en cause de la continuité


d’exploitation qui est la base de l’établissement des états financiers.
En analysant, les prévisions significatives, l’auditeur tiendra compte de la confiance qu’il
peut accorder au système de prévision de l’entreprise. Il examinera également les projets
éventuels de redressement (cession d’actifs, restructuration de la dette, diminution des
dépenses, augmentation du capital, etc.).

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90
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

D’une manière générale, la pertinence pour l’auditeur de tels projets sera inversement
proportionnelle à l’éloignement dans le temps des actions en projet et des anticipations.
Normalement une attention particulière sera consacrée aux projets qui pourraient avoir
une influence importante sur la solvabilité de l’entreprise dans le futur prévisible.
La question de la liquidité, ou plutôt du risque d’illiquidité, la mécanique de sa
fabrication, de ses composantes, l’enjeu de la crise de croissance, l’impérieuse nécessité
d’une solvabilité maîtrisée, le spectre élargi des risques financiers auxquels l’entreprise
est confrontée... sont-ils volontairement ou involontairement non maîtrisés par les
entrepreneurs ? Par méconnaissance ? Par excès de confiance ? Par manque de
pragmatisme ou de réalisme ? Les risques financiers en entreprise ne seraient-ils juste pas
appréhendés par les dirigeants ? Ou plutôt, tout simplement, seraient-ils non considérés à
leur juste valeur de vigilance nécessaire, face aux multiples priorités quotidiennes ?
Alors, comment maîtriser au mieux les risques stratégiques et financiers de l’entreprise ?

3-3 Le risque de faillite


Selon Baldwin et Scott (1983), quand la situation d’une entreprise se dégrade au point où
elle ne peut faire face à ses contraintes financières, la firme entre dans un état de détresse
financière. Ces mêmes auteurs assurent que cette situation est le résultat d’une mauvaise
conjoncture économique, d’un déclin de leurs performances et d’une faible qualité de leur
management. Modigliani et Miller (1958), ont montré que seules les firmes performantes,
efficaces et rentables, sont prêtes à supporter un endettement relativement important, car
elles sont en mesure de respecter leurs engagements sans problèmes.
Toute entreprise est exposée au risque d’entrer dans un processus de détresse financière
parce qu’elle fait partie d’un système économique non stable à tous les niveaux.
Le diagnostic doit non seulement détecter les signes de difficultés financières, il doit en
outre proposer à l’entreprise des remèdes lui permettent de traiter les causes de
défaillance financière. Mais il doit être polyvalent parce que la faillite couvre des
domaines pas seulement financiers : Ressources humaines, gestion de production,
marketing, technologie et analyse industrielle.
Abordée en finance d’entreprise, depuis plus de 40ans, surtout sous l’angle de
l’endettement excessif, la faillite doit être repensée dans une logique d’audit des comptes
parce qu’il existe des procédures de vérification réservées aux entreprises en difficulté.

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91
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Lorsque le diagnostic a été effectué par un autre professionnel, et qu’il n’aborde pas la
question relative à difficultés financières, l’auditeur doit reprendre ce point pour s’assurer
qu’il n’existe pas de risques majeurs qui pèsent sur la continuité de l’activité.
Le risque de faillite est au centre de la méthodologie et de l’expression de l’opinion. Il
peut également déclencher un processus d’alerte initié par l’auditeur.
Le risque de faillite est plus profond que le risque de non-solvabilité. Certes, ce dernier
est souvent le signe extérieur de la faillite, mais en aucun cas il ne sert à expliquer les
causes profondes de la cessation des paiements.
Sauf quand la situation financière de l’entité est, sans discussion possible, très bonne ou
très mauvaise, l’auditeur court un double risque :
 déclarer défaillante une entité saine, ce qui s’apparente, en statistiques, au risque
de 1ère espèce (rejeter à tort une hypothèse vraie) ;
 déclarer viable une entité qui, en réalité, est sur le point de déposer son bilan ce
qui s’apparente à un risque de 2ème espèce (accepter à tort une hypothèse fausse).

Dans le premier cas, l’auditeur refuse la certification des comptes s’ils ne sont pas en
valeur liquidative alors que dans le second, il certifie des comptes qui auraient dû être
établis en valeur liquidative mais ne le sont pas. Dans les deux cas, l’erreur peut être
lourde de conséquences soit pour l’entité contrôlée, soit pour les tiers qui sont les
utilisateurs des comptes annuels.
Pour qu'un auditeur puisse fournir un avis de continuité d'exploitation, des directives et
des procédures spécifiques doivent être suivies. L’évaluation des auditeurs à ce sujet
n’est pas associée uniquement aux données financières, mais également à des
informations non financières sur la capacité d'une entité à poursuivre ses activités.
Cependant, la littérature de prévision de faillite, ainsi que les résultats de plusieurs études
montrent qu’il existe des informations importantes pouvant être extraites des états
financiers .Plus précisément, les auditeurs pourraient bénéficier de la prévision de la
faillite en utilisant des modèles d’analyses comme outils d’aide pour identifier ou
confirmer des doutes sur la capacité d'une entreprise à poursuivre ses activités.
Bien que ce travail ne propose pas l'un des modèles testés comme étant efficace dans tous
les cas, nous pouvons retenir le message suivant : Les auditeurs pourraient inclure des
modèles de prévision de faillite dans leurs procédures d'évaluation pour atteindre un
jugement fondé sur la question du continuité d’exploitation .En procédant ainsi , la

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92
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

confiance des utilisateurs de rapport d’audit sur le point de l’évaluation de continuité


d’exploitation sera meilleur.

Section 3 : Les apports du diagnostic en matière du risque d’audit


L’audit découle d’une approche orientée sur les risques. L’appréciation des risques
comporte une saisie systématique et une analyse des risques significatifs. Ils permettent à
l’auditeur de porter un jugement sur l’objet de l’audit (principe du caractère significatif).
Il incombe au réviseur d’établir une évaluation fiable des risques. L’analyse des risques et
la stratégie d’audit en résultant sont des éléments fondamentaux de la planification de
l’audit.

Sous-section 1 : Le diagnostic financier et le risque d’audit


Avec la complexité du contexte économique, l’identification des risques qui menacent les
entreprises et impactent ainsi les missions d’audit qui devient une tâche de plus en plus
complexe.

1-1 La notion du risque d’audit


Le recours au diagnostic dans l’approche d’audit est un cadre très intéressant pour
l’identification des risques d’entreprise. En effet, le diagnostic financier offre à l’auditeur
une piste d’identification des risques financiers ayant des impacts sur la mission de
l’auditeur. Le professionnel doit être en mesure de mettre en œuvre un diagnostic dans un
objectif d’audit et d’analyser les clignotants en relation avec sa mission.
La diversité des indicateurs offerts par le diagnostic financier permettent à l’auditeur la
construction des représentations pertinentes en audit à partir du diagnostic. L’auditeur est
en mesure de déterminer les facteurs ou les indicateurs de risques identifiés dans la phase
du diagnostic. Ces indicateurs ou facteurs de risques peuvent être présentés selon leur
origine et leur impact potentiel sur l’information comptable et financière.

1-2 Typologie des risques


a) Classification selon leur origine
Facteurs & indicateurs de risques externes
Ce sont des facteurs ou indicateurs de risques qui influencent l’établissement de
l’extérieur tels que les évènements sur les marchés de l’entreprise, chez les clients ainsi

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93
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

que d’autres facteurs politiques, exigences légales et prudentiels, aspects économiques,


marché des capitaux, fiscalité, facteurs technologiques et sociaux etc. …Ces facteurs sont
la résultante du diagnostic externe de l’entreprise.
Facteurs & indicateurs de risques internes
Ce sont des Facteurs ou indicateurs de risques qui ont été identifiés à l’intérieur de
l’établissement. Il s’agit essentiellement des enseignements identifiés de la
compréhension générale des domaines d’activité et de la consultation des objectifs et
stratégies fondamentaux de l’établissement. On peut citer à titre d’exemple les indicateurs
suivants :
 Produits et prestations de services ainsi que la structure de l’organisation des domaines
d’activité ;
 Les indicateurs issus de l’analyse de contrôle interne de l’entreprise ;
 Les indicateurs tirés de l’analyse financière ;
 Les enseignements essentiels tirés de la consultation des objectifs et stratégies
fondamentaux de l’établissement ;
 Les expériences tirées des résultats de l’audit des exercices précédents.
b) Classification selon leur impact possible
L’auditeur procède à la classification de facteurs ou indicateurs de risques en fonction de
leur impact possible. Dont nous pouvons citer le risque de crédit, le risque de liquidité,
risque de marché, risque opérationnel etc.
L’auditeur détermine l’exposition au risque de l’établissement pour chaque catégorie de
risque ou sous-catégorie (par exemple risque de crédit / prêts). Celle-ci peut être élevée,
moyenne ou faible.
L’exposition au risque doit toujours être comprise au sens brut, c’est-à-dire sans prise en
considération des mesures limitant le risque. Un facteur ou indicateur de risque résulte
régulièrement d’une exposition au risque élevé pris individuellement ou en combinaison
avec d’autres facteurs / indicateurs de risques peut représenter un risque essentiel de
l’activité.
Chaque risque va potentiellement avoir une incidence, plus ou moins significative, plus
ou moins durable, de manière plus ou moins marquée, sur la performance financière de
l’entreprise. Chaque décision, chaque action quotidienne réalisée par les acteurs, quels
qu’ils soient, au sein de l’entreprise, va conduire à un impact financier potentiel, plus ou
moins significatif, ou plus ou moins sévère. Et, dans tous les cas, chaque décision
quotidienne prise au sein de l’entreprise peut engendrer la concrétisation d’un risque
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94
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

financier. Une erreur d’investissement, une faute opérationnelle, un risque naturel qui
engendre la perte d’un stock ou l’arrêt du processus de production, un dysfonctionnement
commercial provoquant une réclamation client à traiter, une fraude subie, une panne
informatique, une mauvaise anticipation sur un marché financier, une faute de frappe sur
un contrat, tout peut être source potentielle d’impact financier pour l’entreprise. Et donc,
source de concrétisation potentielle d’un risque financier. Puisque, au-delà du risque de
faillite et de dépôt de bilan, les risques financiers cernent et concernent toutes les
entreprises, à tout moment. Et ils sont tous susceptibles de remettre en cause la pérennité
de l’entreprise.
Car, à bien y réfléchir, toute décision d’entreprise, toute action opérationnelle, source de
risques financiers, résulte avant tout de la mise en œuvre du modèle stratégique de
l’organisation, ou, plus précisément, des différents segments stratégiques en présence. Il
apparaît donc totalement cohérent d’aborder la question des risques financiers en
continuité du traitement de la question des risques stratégiques. Et l’intime relation née
entre l’enjeu stratégique et l’enjeu financier dans les entreprises nous conforte dans le
choix volontaire de ce mémoire de traiter simultanément ces deux thématiques, en
cohérence.
Risques stratégiques et risques financiers sont intimement liés : les risques financiers
résultent de la mise en œuvre du modèle stratégique de l’entreprise, donc de ses risques
induits.
Dans un contexte d’incertitude économique, le risque accru d’anomalies significatives
résultant d’un parti pris de la direction constitue une considération d’ordre général
importante. Qu’il y ait ou non intention frauduleuse, il peut y avoir une tentation forte.
La conjoncture économique générale peut avoir une incidence importante sur les risques
d’anomalies significatives dans les états financiers de l’entité. La nature et l’ampleur de
cette incidence dépendront de facteurs tels que les conditions du secteur d’activité, la
concurrence, les relations avec les fournisseurs et les clients, ainsi que le cadre
réglementaire. Des conditions économiques incertaines peuvent accroître le risque
d’anomalies significatives dans les états financiers.

Sous-section 2 : Procédures d’évaluation des risques


Les normes ISA donnent des exemples de façons dont les auditeurs peuvent revoir la
nature, l’étendue et le calendrier des procédures d’évaluation des risques dans un
contexte d’incertitude économique, ces exemples sont présentés ci-dessous :
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95
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

• Les auditeurs peuvent envisager de prendre des renseignements auprès d’experts en


évaluation auxquels l’entité a fait appel ou passer en revue les rapports d’analystes, de
banques ou d’agences de notation afin d’obtenir des informations sur l’entité. Si les
travaux de l’expert en évaluation de l’entité sont utilisés à titre d’éléments probants,
l’ISA 500, «Éléments probants», définit les exigences et fournit les indications relatives à
l’utilisation des travaux de l’expert choisi par la direction.
• L’ISA 315, «Compréhension de l’entité et de son environnement aux fins de
l’identification et de l’évaluation des risques d’anomalies significatives», exige de
l’auditeur qu’il mette en œuvre des procédures analytiques dans le cadre des procédures
d’évaluation des risques dont les résultats lui serviront de base pour l’identification et
l’évaluation des risques d’anomalies significatives au niveau des états financiers et des
assertions. Dans un contexte d’incertitude économique, identifier les relations
significatives qui existent entre divers types d’informations peut s’avérer plus difficile.
En général, sont significatives les relations qui sont pertinentes au regard des activités de
l’entité et dont nous supposons qu’elles continueront d’exister. Toutefois, il peut en être
autrement en contexte d’incertitude économique. Les auditeurs pourraient devoir :
 revoir les procédures analytiques mises en œuvre au cours des périodes
précédentes pour déterminer s’il existe des relations significatives entre divers
types d’informations qui permettront à l’auditeur d’établir ses attentes en vue de
les comparer aux montants comptabilisés;
 déterminer si les procédures analytiques sont aussi efficaces qu’au cours des
périodes précédentes pour identifier les risques d’anomalies significatives ;
 interpréter plus attentivement les résultats des procédures analytiques ; envisager
de compléter les procédures analytiques au moyen d’autres procédures
d’évaluation des risques.
 réévaluer la pertinence des informations utilisées au cours des périodes
précédentes relativement à la structure organisationnelle, aux activités et aux
contrôles de l’entité.
Les entretiens entre les membres de l’équipe de mission imposés par l’ISA 315 devront
être plus poussés que ceux des exercices antérieurs. Ces entretiens permettent aux
membres de l’équipe d’échanger des informations sur les risques d’entreprise auxquels
est exposée l’entité ainsi que sur la question de savoir comment les états financiers sont
susceptibles de comporter des anomalies significatives.

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96
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

2-1 Les risques d’audit dans les normes ISA


L’approche par les risques qui privilégie une méthodologie basée sur l'efficience et
l’efficacité des travaux d'audit basée sur l'estimation du risque d'audit auquel se trouve
confronté le professionnel c'est à dire le risque pour que l'auditeur exprime une opinion
favorable sur des états financiers contenant des erreurs significatives.
Le risque d'audit est défini comme étant le risque qu'un auditeur exprime une opinion non
appropriée sur une information comportant des inexactitudes significatives.
Pour exposer d'une manière méthodologique l'approche d'audit par les risques, il convient
donc de répondre à la question suivante : quelles sont les situations qui présentent ou qui
favorisent l'existence de risques que l'auditeur n'exprime pas une opinion non appropriée
sur une information comportant des inexactitudes significatives ? Ces situations se
présentent comme suit :
L'environnement de l'entreprise est "propice" à l'existence et à la création d'erreurs dans
les données comptables et financière. Il s'agit aussi bien de l'environnement interne
qu'externe de l'entreprise. C'est l'expression du risque inhérent qui est afférent à
l’entreprise ; et le système de contrôle interne et le système comptable ne permettent pas
d'empêcher ou de détecter les erreurs ou omissions : c'est le risque de contrôle (ou de
non- contrôle) qui est afférent à l'entreprise; et l'auditeur met une approche qui ne permet
pas de détecter ces erreurs ou que, bien qu'elle les détecte, son interprétation et son
jugement de ces erreurs ne sont pas appropriés aux situations rencontrées : c'est le risque
de détection (ou de non-détection) qui, lui, est afférent à l'auditeur.
Le risque d'audit peut donc être défini comme étant une association entre les risques
afférents à l'entreprise et celui afférent à l'auditeur. L’auditeur doit planifier et réaliser la
mission de manière à ramener le risque de mission à un niveau suffisamment faible pour
être acceptable et compatible avec l’objectif d’une certification.

2-2 Les composantes du risque d’audit


Le cadre conceptuel des normes internationales d’audit définit le risque de mission (ou le
risque d’audit) par ses composantes qui sont comme suit :
1 - Le risque que l'information rapportée contient des erreurs significatives, qui à son tour
se compose du :
 Risque inhérent : la susceptibilité de l’information à contenir des erreurs
significatives, en supposant qu'il n'y a aucun contrôle y relatif ; et

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97
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Risque de contrôle : le risque qu’une erreur significative se produise et ne sera pas


empêchée, ou détectée et corrigée, sur une base opportune par des contrôles
internes. Lorsqu’un contrôle est pertinent et approprié pour des informations, un
certain risque de contrôle existera toujours en raison des limitations inhérentes à
la conception et au fonctionnement du contrôle interne ; et
 Le risque de détection : le risque que le professionnel ne détectera pas une erreur
significative existante.
Le risque de mission peut donc être formulé comme suit : RA = (RI * RNC) * RND
Le risque de mission est fonction du risque d’inexactitudes importantes dans les états
financiers (ou, plus simplement, «risque d’inexactitudes importantes» c’est-à-dire le
risque que les états financiers contiennent des inexactitudes importantes avant l’audit) et
du risque que l’auditeur ne détecte pas ces inexactitudes («risque de non-détection»). Le
facteur (RI*RNC) est désigné par risque d’inexactitudes significatives.
L’auditeur se préoccupe des inexactitudes importantes, et il n’est pas tenu de détecter les
inexactitudes qui ne sont pas importantes par rapport aux états financiers pris dans leur
ensemble. Il se demande si les inexactitudes non corrigées qu’il a relevées sont, tant
isolément que globalement, importantes par rapport aux états financiers pris dans leur
ensemble.
Etant donné que le niveau de risque de mission est défini par les normes professionnelles
d’une manière chiffrée (il est généralement à un niveau inférieur ou égal à 5% et donc
sous forme de constante), cette relation entre les différentes composantes du risque nous
permet de formuler l'équation suivante : RND = RA / (RI*RNC).

2-3 L’optimisation du risque d’audit en tenant compte du diagnostic


a) La double signification du risque : Risque de diagnostic et risque d’audit
L’analyse du risque de diagnostic et du risque d’audit est au cœur des deux interventions
étudiées ici. Dans son rapport de diagnostic, l’analyste doit absolument étudier le risque
global de l’entreprise et décliner en plusieurs risques élémentaires. Cette analyse permet
de calculer le coût du capital de l’entreprise, son taux d’actualisation. Le coût du capital
se compose d’un taux sans risque (connu des analystes à tout moment) et d’une prime de
risque comprenant plusieurs risques spécifiques. Cette prime doit être déterminée et
décomposée par le diagnostiqueur. Pour mener à bien ce travail, l’analyste utilise des
instruments de finance d’entreprise et même de finance de marché.

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98
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

A priori, cette analyse financière des risques de l’entreprise n’est pas étroitement liée à
l’analyse du risque d’audit. Certes un niveau de risque financier élevé peut influencer
l’auditeur dans toute sa démarche, mais il n’existe pas un lien mathématique entre le
risque financier et le risque d’audit, sauf peut-être à considérer que le risque financier fait
partie du risque inhérent qui est défini par l’auditeur au tout début de sa méthodologie.
L’auditeur devrait néanmoins intégrer les risques financiers dans sa méthodologie chaque
fois que ce renseignement est compatible avec son champ de vérification. A titre
d’exemple, le risque de ne pas atteindre le point mort (normalement étudié dans le
rapport de diagnostic) peut conduire l’auditeur à approfondir l’analyse des marges (donc
du chiffre d’’affaires et des coûts variables liés au cycle d’exploitation). Les risques sont
similaires mais ne sont pas identiques.
Le diagnostic doit inspirer l’auditeur mais ne doit pas modifier sa méthodologie
d’intervention et sa réflexion de vérificateur.
Un travail intellectuel de la part de l’auditeur pourrait l’amener à intégrer davantage les
risques économiques et financiers dans sa propre gestion des risques. Mais ce travail peut
s’avérer d’ordre mathématique avant tout.
b) L’internalisation et la réduction du risque d’audit
Avant de parler d’internalisation, il faut rappeler que le risque qui est défini dans le
rapport de diagnostic est d’une nature différente du risque qui est formalisé par l’auditeur.
Certes ces deux risques peuvent éventuellement être quelque part liés, mais il faudrait
pour cela que l’auditeur se transforme en mathématicien, ce qui n’est pas envisageable.
L’internalisation du diagnostic dans l’approche de l’auditeur améliore la compréhension
de l’auditeur de la firme dans sa globalité, transforme les outils de contrôle des comptes,
introduit l’approche globale dans la vérification, donne une dimension financière à
l’audit, permet d’améliorer la rentabilité de la mission.
L’internalisation offre à l’auditeur un éclairage sur la manière de gérer une mission
d’audit selon une logique de finance d’entreprise, mais elle crée en même temps une
problématique d’ordre mathématique difficile à résoudre par les auditeurs.
Il faudrait que l’IFAC prenne en charge ces différentes problématiques d’ordre quantitatif
pour les décliner en modèles mathématiques d’utilisation simple par les auditeurs, même
lorsque ceux-ci n’en comprennent pas les fondamentaux.
In fine, quels sont les avantages de l’internalisation du point de vue de l’auditeur ?
 donner à la mission d’audit une dimension plus économique et financière et même
plus managériale et stratégique ;
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99
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 transformer les variables financières en outils pertinents de contrôle des comptes ;


 réduire l’intensité des diligences et donc améliorer la rentabilité de l’activité de
contrôle ;
 améliorer l’étape cruciale de prise de connaissance générale de l’entité ;
 donner plus de cohérence à l’expression de l’opinion qui ne portera pas seulement sur
les comptes, mais également sur la firme dans sa globalité et dans ses différentes
dimensions, économique surtout.

Ces avantages sont à l’évidence suffisants pour mesurer la pertinence de l’opération


d’internalisation, même si sur le volet de la gestion des risques la problématique reste
ouverte.
Sous section 3 : Le diagnostic et l’approche Business Risk
Au cours de ces dernières années, les cabinets d’audit ont tendance à adopter de plus en
plus d’approches qui s’appuient sur des concepts d’analyse de métiers et des « Business
Risk ». La migration vers ces nouvelles approches a comme motivation l’amélioration
des qualités des travaux d’audit et la réalisation un audit à valeur ajoutée.
Il faut rappeler dans ce contexte que le rapport d’audit est normalisé et par conséquent les
approches utilisées par les cabinets d’audit ne sont pas généralement accessibles aux
sociétés auditées. Mais les auditeurs de terrain ont bien compris que le client apprécie
énormément leurs capacités à comprendre les spécificités de son métier.
La compréhension approfondie des spécificités de l’entreprise auditée peut améliorer les
capacités des auditeurs dans l’appréciation des risques et dans l’évaluation des leurs
impacts au niveau de la mission.

3-1 Aperçu sur l’approche Business risk


Dans les approches traditionnelles, l’auditeur prend connaissance de l’entreprise et évalue
le risque d’audit et ses composantes au cours la mission en mettant en œuvre les
procédures d’audit.
Dans l’approche des « Business Risk» l’auditeur consacre la première étape de la mission
à la prise de connaissance et à la compréhension approfondie de l’entreprise avant
l’évaluation des risques. L’innovation au niveau de l’approche par le Business Risk
consiste essentiellement au niveau de l’acquisition approfondie des aspects économiques
et managériaux de l’entreprise conjointement avec les aspects comptables.

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100
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’entreprise auditée est basée sur l’idée que le risque d’audit découle d’autres risques liés
à la capacité de l’entreprise à réaliser ses objectifs (Lemon et al. 2000).
L’approche par les « Business Risk » se fonde sur la compréhension approfondie de
l’entreprise et de son environnement afin d’augmenter l’efficacité et l’efficience de
l’audit.
Pour acquérir des connaissances approfondies sur les activités du client l’approche
Business Risk préconise une démarche fondée sur trois étapes :
1. L’analyse du risque stratégique :
2. Le risque du processus
3. Evaluation des risques
Suite aux scandales financiers qui ont révélé l’importance des normes comptables et de
leur interprétation, les auditeurs accordent plus de valeur aux états financiers ainsi qu’à la
nature des transactions et non pas à leurs contenu.
Cette approche par les risques stratégiques et opérationnels du client est décrite par
Eilifsen & al (2001).
L’approche de Business Risk découle du fait que l’entreprise exerce ses activités dans le
contexte de facteurs se rapportant au secteur d'activité, au contexte réglementaire et à
d'autres éléments internes et externes. Pour tenir compte de ces facteurs, elle définit ses
objectifs et adopte des stratégies afin de les atteindre. Comme l'environnement externe
évolue, l'exercice d’activités est aussi un processus dynamique, et les stratégies et
objectifs de l’entreprise évoluent avec le temps. Les risques d’entreprise ou Business
Risk découlent donc de conditions, de faits, de circonstances ou de mesures importants
qui pourraient avoir une incidence négative sur la capacité de l’entreprise à atteindre ses
objectifs et de mettre à exécution ses stratégies.
Il découle donc de ce constat que l’auditeur ne peut identifier les Business Risk qu’en
connaissant au préalable les Business process de l’entreprise.
Un risque est une situation (ensemble d’évènements simultanés ou consécutifs) dont
l’occurrence est incertaine et dont la réalisation affecte les objectifs de l’entreprise
(individu, famille, entreprise, collectivité) qui le subit.
Il ressort de la définition précédente que le risque est la menace qu’un évènement, une
action ou l’absence d’une action affecte :
- la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs (et ainsi à déployer sa stratégie)
- les principaux actifs nécessaires à la mise en œuvre de son Business model (actifs
incorporels, financiers, humains, image…)
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101
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

- sa capacité à respecter ses valeurs, ainsi que les lois et règlements applicables.
Les risques peuvent avoir un impact positif ou négatif sur l’entreprise. Les risques à
impact positif sont des opportunités à saisir par l’entreprise. Les autres risques, qui ont un
impact négatif pour l’entreprise, représentent des menaces.
Le classement le plus courant des risques consiste à regrouper les risques autour des trois
axes suivants : risques stratégiques, risques opérationnels et risques financiers.
- risques stratégiques : l’appellation risque stratégique est attribuée aux risques qui
touchent la stratégie de l’entreprise à moyen et long terme. Ces risques regroupent aussi
les opportunités qui font partie des grandes orientations stratégiques de l’entreprise.
- risques opérationnels : les risques opérationnels sont ceux qui sont liés aux activités
courantes de l’entreprise.
- risques financiers : les risques financiers regroupent d’une manière globale les risques
de marché, les risques de liquidité et de crédit, les risques liés au reporting et les risques
liés à la structure de capital de l’entreprise.
Quels enjeux pour l’approche Business Risk :
 plus exhaustives que l’approche d’audit par les risques ;
 elle emprunte à l’analyse stratégique classique ;
 perfectionner l’approche des risques en audit en permettant à l’auditeur de se
positionner au plus près des processus de l’entreprise.
Quelles améliorations envisageables :
 le renforcement des diligences d’audit ce qui ce traduit par la réduction du risque de
signature ;
 améliorations de la valeur ajoutée des missions d’audit,
 une réduction des coûts de la mission.

3-2 Lien entre Business Risk et le risque d’audit


Le risque d’entreprise est plus général que le risque d'inexactitudes importantes dans les
états financiers, bien qu’il englobe ce dernier. Le changement et la complexité peuvent
être à l’origine du risque d’entreprise, le fait de ne pas reconnaître que la nécessité du
changement peut aussi constituer un risque. Le changement peut découler, par exemple,
du développement de nouveaux produits susceptibles d'être voués à l'échec , du caractère
inadéquat du marché, même si les produits sont développés correctement ou de vices
susceptibles de donner lieu à des passifs ou de menacer la réputation de l’entreprise.

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102
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Une connaissance des risques d’entreprise augmente la probabilité d'identifier des risques
d’erreurs significatives. Cependant, l'auditeur n'a pas une responsabilité d'identifier ou
d’évaluer tous les risques d’entreprise.
A titre d'exemple de projets complexes, citons les projets d'ingénierie à long terme (tels
que la construction d'un navire ou celle d'un pont suspendu) dont la conduite et la gestion
présentent des risques sur les plans de l'établissement du prix, du coût de revient, de la
conception et du contrôle de la performance.
La plupart des risques d'entreprise finissent par avoir des conséquences financières et
donc une incidence sur les états financiers. Toutefois, ces risques ne constituent pas
nécessairement des risques d'inexactitudes importantes. L'examen, par l’auditeur, de la
question de savoir si un risque d'entreprise peut donner lieu à une inexactitude importante
se fait donc à la lumière des circonstances propres à l’entreprise
En plus d’une connaissance approfondie de l’existant, la modélisation de l’entreprise
présente les avantages suivants :
 l’approche par les processus permet d’avoir une meilleure lisibilité de l’entreprise. Elle
permet de mieux maîtriser les processus rendus de plus en plus difficiles à cause
notamment de l’automatisation des flux d’information, le cloisonnement ou la
délocalisation géographique de certaines entités ;
 une meilleure maîtrise des processus dont le nombre ne cesse d’augmenter du fait de
l’accroissement de la gamme de produits et de services ;
 une meilleure connaissance des flux d’informations permet d’investir là où les
améliorations seront les plus significatives ;
 La mise en place d’indicateurs et de dispositifs de pilotage et de suivi des risques
stratégiques et financiers. La factualisation des occurrences des risques subis, la mesure des
coûts engendrés et la validation à posteriori - ou non - des options stratégiques prises
consolident la démarche, la compréhension et l’acuité des actions prises.

3-3 Les intersections entre le diagnostic et l’approche Business Risk


Lorsque la complexité augmente, la certitude diminue. Et comme, la structure, la
procédure, les systèmes de management d'entreprise et l’environnement des affaires
deviennent de plus en plus complexes, il est difficile pour les gestionnaires d’être dans
des conditions confortables par rapport aux risques.

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103
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

a) Le passage de risques d’audit vers le risque d’entreprise

Dans le contexte actuel, l’approche traditionnelle d’audit fondée sur les risques d’audit
cède sa place devant une focalisation fondée sur le risque d’entreprise. Une approche qui
s’est pour longtemps intéressée aux contrôles comptables et à l’évaluation des systèmes
de contrôles internes.
Cette approche a montré ses limites et fait place à une nouvelle approche qui considère
l’entreprise comme un tout, dont le risque stratégique est l’un des plus importants risques
dans la conduite d’un audit. Par conséquent, l’introduction des états des risques de
l’entreprise dans les rapports d’audit, doit permettre aux parties prenantes de percevoir
des indices d’avertissement et d’alerte et de leur fournir une certaine assurance envers le
futur.
A titre d’exemple, le diagnostic stratégique et financier constitue la première étape et
l’élément essentiel de l’évaluation de l’entité. Il permet d’appréhender les risques de non
réalisation à court, moyen et long termes des flux espérés et conduit à l’adaptation des
paramètres d’évaluation.
Au titre de sa mission, l’auditeur apprécie les évaluations d’actifs qui lui sont soumises
par l’entité auditée. Pour ce faire, il se doit de s’assurer que ces évaluations prennent en
compte le diagnostic stratégique et financier de l’entité auditée.
Il est donc primordial pour l’auditeur de savoir mettre en œuvre un tel diagnostic et d’être
en mesure d’en tirer les conséquences sur son appréciation des hypothèses qui fondent la
valeur.
Avec l'émergence de l'audit des risques de l'entreprise, les méthodes d'audit
traditionnelles ont été complétées par de nouveaux processus d'audit orientés vers une
perspective holistique de haut en bas de l'entreprise auditée (Bell et al, 1997 ; Knechel,
2001). Cela implique une analyse approfondie de l'activité du client et de sa stratégie.
Le risque d'entreprise concerne principalement les objectifs pour lesquels une
organisation est construite. Il s'agit essentiellement du coût potentiel encouru si une
entreprise ne réalise pas ses plans stratégiques. Il est considéré comme étant la probabilité
qu'une action puisse se produire empêchant ainsi l’entité à atteindre ses objectifs. Cette
définition du risque est beaucoup plus large que la notion de risque d'audit qui a influencé
le travail des auditeurs au moins durant une décennie (Thomas G. Calderon, John J.
Cheh1, 2002, page 204).

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104
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’approche d’audit par le management des risques n'est pas simplement indicative mais
réellement productive .Elle offre une meilleure assurance pour l’entreprise auditée et pour
sa stratégie. Cette méthodologie intègre à la fois un processus plus efficace au service du
client (entreprise auditée) et crée une valeur ajoutée en permettant à l'auditeur de se
prononcer et conseiller le client sur les risques d'entreprise et ses conséquences sur les
résultats comptables et financiers et sur sa performance. Alors que l’approche
traditionnelle est orientée beaucoup plus vers la conformité.
b) Intégration souhaitable du diagnostic financier et l’approche Business Risk

Plusieurs études ont montré que la perception d’un bon d’audit doit tenir compte à la fois
des risques financiers, opérationnels et stratégiques. D’autres recherches similaires à cette
étude ont abouti au même résultat dont les risques opérationnels et les risques
stratégiques sont aussi significatifs que les risques financiers.
Mais la question qui se pose dans ce contexte : pourquoi les auditeurs n’arrivent pas à
identifier ces risques et présenter des travaux d’audit à valeur ajoutée ?
La réponse à cette question n’est pas simple. En effet, plusieurs raisons poussent les
auditeurs à éviter les aspects opérationnels et stratégiques.
Premièrement : l’incapacité à quantifier les risques stratégiques et opérationnels
Deuxièmement : les mythes en ce qui concerne l'importance des risques financiers ainsi
que la croyance que les risques financiers sont les plus importants et représentent la
majorité des risques qui menacent le plus une entreprise.
Troisièmement : L’audit est normalisé et l’auditeur est limité par des contraintes
financières qui ne permettent pas de trop investir dans les aspects opérationnels et
stratégiques.
Le diagnostic et notamment le diagnostic global d’entreprise peut constituer dans ce
cadre une solution permettant à l’auditeur d’investir dans les aspects opérationnels et
stratégiques au moins pour les raisons suivantes :
 Le diagnostic est par sa nature s’attaque aux aspects opérationnels et stratégiques ;
 Il donne un statut particulier du risque financier et stratégique ;
 Il suit une méthodologie modulable suivant la mission d’audit ;
 Il respecte la contrainte financière liée au coût de la mission ;
 Il assure la cohérence entre le diagnostic et les exigences des normes
internationales d’audit.

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105
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

3-4 Le processus d’intégration du diagnostic dans l’approche par Business Risk


Nous avons montré dans la sous-section précédente que l’intégration du diagnostic dans
l’approche par Business risk a des impacts positifs sur la valeur ajoutée de l’audit.
Pour réussir cette intégration il est intéressant à note avis de s’aligner avec les phases de
l’approche business risk.
Nous nous intéressons ici uniquement aux deux premières phases d’analyse stratégique et
d’analyses de processus puisque la dernière phase relative aux procédures d’audit
complémentaires et rapports s’intègrent dans planification d’audit.
a) Phase d’analyse stratégique

Dans le cadre de l’analyse stratégique, l’auditeur se situe dans le contexte de son client et
de l’environnement dans lequel il opère pour prendre connaissance des ses objectifs et
des stratégies, ainsi que des risques d’affaires connexes qui peuvent entrainer des
anomalies significatives dans les états financiers.
En effet, d’après l’ISA 200, les entreprises déploient des stratégies pour atteindre leurs
objectifs et, selon la nature de leurs activités et du secteur auquel elles appartiennent, le
cadre réglementaire dans lequel elles exercent leurs activités, ainsi que leur taille et leur
complexité, elles sont exposées à divers risques d’affaires. Il incombe à la direction
d’identifier ces risques et de prendre des mesures à leur égard.
Les entreprises sont confrontées à un nombre illimité de risques. L’auditeur ne se
préoccupe que des risques susceptibles d’avoir une incidence significative sur les états
financiers.
Le recours par l’auditeur au diagnostic dans cette phase lui permet d’optimiser son travail
afin d’identifier les risques de l’entreprise sans omettre le risque sous-jacent à l’activité
de l’entreprise.
b) Phase d’analyse des processus

Conformément à l’ISA 315 « L’auditeur doit acquérir la connaissance d’une part du


processus suivi par l’entité pour identifier les risques liés à l’activité en rapport avec les
objectifs de l’information financière et afin de décider des mesures adéquates à mettre en
œuvre pour gérer ces risques et , d’autre part, des résultats de ce processus. Le processus
est décrit comme le processus d’évaluation des risques par l’entité et constitue la base
permettant à la direction d’identifier les risques à gérer ».

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106
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Cette même norme ajoute que l’analyse des processus permet à l’auditeur de comprendre
comment la direction identifie les risques liés à l’activité en rapport avec l’information
financière.
Cette phase d’analyse de process, peut être décomposée en quatre phases :
1. Identification des processus d’activité (Business Process BP) clés ;
2. Compréhension des flux d’informations et des opérations au sein de ces BP ;
3. Identification et compréhension des objectifs de ces BP (qui convergent vers les
objectifs stratégiques) ;
4. Identification et évaluation des business risks au niveau des ces processus.
Le diagnostic financier peut constituer un apport significatif dans cette phase puisqu’il
s’intéresse à l’appréciation des structures, des moyens et des performances de l’entreprise
dans sous différentes dimensions.
En effet, la particularité du diagnostic financier réside dans le fait qu’il est impliqué dans
les autres processus décisionnels de l’entreprise, qu’il s’agisse de décisions stratégiques
ou opérationnelles.
Cette relation avec les autres processus donne au diagnostic financier son intérêt à
éclairer des zones sombres au niveau des différents processus de l’entreprise. Il est très
important de souligner que l’auditeur en intégrant le diagnostic dans son processus est
dans la mesure de formuler un jugement de triple point de vue de la survie , de la
compétitivité et du développement et ,de prendre en compte le fait que toute activité
reste , une combinaison physico-financière intégrée dans un environnement.

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107
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Chapitre 4 : Les aspects pratiques de l’intégration du


diagnostic financier dans le processus d’audit
Les principaux raisons qui expliquent l’utilisation croissante des procédures analytiques y
compris les techniques financières issues du diagnostic financier par les auditeurs
peuvent être résumées comme suit :
 la pression croissante pour réduire les coûts des travaux d'audit en raison de la
concurrence entre les cabinets d’audit ;
 la nouvelle approche d'audit fondée sur l'évaluation des risques ;
 le développement croissant des informations et systèmes comptables utilisés par
les entreprises auditées y compris les outils informatiques.

Section 1 : Les difficultés pratiques de mettre en œuvre des techniques


d’analyses financières dans le processus d’audit
Malgré l’utilisation croissante des techniques d’analyses plusieurs études telle que l’étude
de Lin et Fraser (2003), ont montré que ces techniques restent moins utilisées en tant que
tests substantifs par rapports aux autres procédés de collecte des éléments probants telle
que les demandes de confirmation, l'observation et l’inspection d’actif.

Sous-section 1 : Les contraintes d’application des procédures d’analyses financières


Les difficultés d’appliquer des procédures analytiques par les auditeurs du terrain
reposent sur des facteurs objectifs.
1-1 Quelques contraintes d’application des procédures analytiques
Parmi les raisons qui peuvent expliquer les difficultés pratiques de mettre en œuvre des
procédures d’analyses financières dans les processus d’audit surtout en tant que tests
substantifs nous pouvons citer :
 La nécessité de la maîtrise des techniques financières spécifiques ;
 L’absence des techniques normatives détaillées pour qualifier les variations
inhabituelles ou inattendues. Il appartient alors dans la pratique à l’auditeur pour
définir ce qui est raisonnable et ce qui est non raisonnable. Ces facteurs
augmentent le degré de la subjectivité dans la mise en œuvre des procédures
analytiques de contrôle.

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108
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Les procédés analytiques reposent normalement sur des données très globales,
leurs résultats ne fournissent qu’un aperçu général du risque que les états
financiers contiennent des inexactitudes importantes.
 Les techniques d’analyses, nécessitent un degré élevé de subjectivité dans leur
mise en œuvre. A titre d’illustration on peut donner les exemples suivants :
 Qu'est-ce qu'un changement de pourcentage raisonnable ? 10%?
 Et si un changement de 40% était attendu ? Devrait-il être étudié
simplement parce qu'il dépasse les 10% de référence ? Qu'en est-il de ces
fluctuations de 5% qui doit être de 40%?
 Dans quelle mesure les budgets devraient-ils être justifiés pour les utiliser
dans les analyses ?
 Quand un changement important dans certains ratios clés est-il
suffisamment «expliqué» ? Des tests supplémentaires sont-ils
nécessaires ?
En général, la mise en œuvre des techniques d’analyses dans le processus d’audit
nécessite des informations détaillées sur les affaires du client afin de prévoir les résultats
attendus. Ces informations permettront à l’auditeur d’identifier les tendances inattendues
ou qui semblent incohérentes avec les tendances des affaires du client.
A ce niveau, les rapports du diagnostic et d’analyses financières ont un grand apport à
l’auditeur pour éclairer sa vision sur les projections des affaires du client ainsi que tous
les évènements particuliers qui peuvent changer ces tendances.
L’avantage est qu’en matière de diagnostic, ils n y a pas des diligences normalisées
comme en audit. La démarche sera différente selon les caractéristiques de l’entreprise, sa
taille, sa complexité, son risque de défaillance, l’éclatement de son capital, la pression
des créanciers, les anticipations des actionnaires ses perceptions et opportunités de
croissance et enfin sa politique en gouvernance.
Lorsque l’auditeur procède lui-même au diagnostic, il doit non seulement tenir compte de
ces aspects, mais il doit aussi savoir, de manière intelligente décliner les thèmes étudiés
en approches de vérifications. Lorsque, en revanche, l’auditeur utilise un rapport de
diagnostic émanant d’un autre professionnel, il devra soit adapter ce rapport à ses
besoins, soit le compléter par des diligences d’analyse financière appliquée.
Le diagnostic financier n’est certes pas normalisé, mais il doit apporter une information
supplémentaire pertinente, crédible et utilisable.

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109
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

1-2 La prise en compte des résultats du diagnostic financier dans le processus


d’audit
L’analyse des risques stratégiques et l’environnement de l’entreprise (tout en prenant en
compte la viabilité et la profitabilité) ont un impact sur les choix des techniques
financières à mettre en œuvre dans la démarche de l’auditeur. En fait, la compréhension
des variables économiques et financières de l’entité constituent la base des procédures
analytiques à mettre en œuvre. Ainsi les indicateurs de risque issus du diagnostic peuvent
être récupérés au niveau de l’approche globale de l’audit pour amener l’auditeur à
travailler dans une seule logique horizontale, comme celle de la non-continuité ou encore
celle d’asphyxie financière à court terme ou celle de destruction de la valeur. La
compétence et l’expérience de l’auditeur doivent lui permettre de décliner les résultats du
diagnostic en procédures de vérification et ce dans une seule finalité : améliorer son
opinion sur l’information financière de l’entreprise.
Exemple : 1
Un ETE négatif est un signe de détresse financière à très court terme. Un tel indicateur
peut être décliné par l’auditeur en procédures de vérifications approfondies de l’EBE et
de la variation du BFRE pour valider ces différents postes du cycle d’exploitation, avec
une intensité plus forte que dans le cas où l’ETE est positif. Le diagnostic peut donc dans
certains cas absorber une part importante du budget de vérification, comme il peut dans
d’autres cas alléger ce budget. L’auditeur doit gérer l’équilibre budgétaire, quitte à
facturer à son client le coût des diligences supplémentaires.
Exemple : 2
Dans d’autres cas, une information issue du diagnostic peut à priori n’avoir aucun impact
sur l’approche de l’auditeur. C’est le cas où le diagnostic a montré une augmentation du
coût moyen pondéré du capital de l’entreprise par rapport à l’exercice précédent. Une
telle information est neutre sur les vérifications, sauf dans deux cas précis : vérifier si la
firme a accepté ses projets d’investissement en utilisant le nouveau coût du capital ou
dans le cas où elle calcule une valeur d’utilité dans le cadre de la procédure
d’impairment.

Sous-section 2 : Points clés de l’amélioration de la planification de l’audit


2-1 Le retraitement de l’information comptable
Lorsqu’ils ne sont pas biaisés, ou lorsqu’ils ont été retraités, les états financiers
constituent incontestablement une aide au diagnostic, même si l’analyste devra à
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110
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

l’évidence chercher d’autres informations ailleurs que dans les états financiers, comme
l’analyse du risque, le coût du capital, la mesure de la création de valeur, la valeur
actuelle des opportunités de croissance … Ces variables ne sont pas comptables, c’est une
évidence, et elles sont bien entendu cruciales pour le diagnostiqueur. Ce sont des limites
« naturelles » des états financiers quel que soit le référentiel retenu pour les élaborer.
Les limites des états financiers sont donc de deux natures :
 celles relatives au référentiel retenu et qui nécessitent des retraitements plus ou moins
lourds selon le degré de sophistication du référentiel retenu (sachant qu’à mesure que
la comptabilité se sophistique, elle devient moins sûre) ;
 celles qui nécessitent un travail d’analyse en dehors des états financiers parce que
ceux-ci ne peuvent, par définition pourrions nous dire, englober certaines variables. La
capitalisation boursière de la firme ne figure pas dans son bilan, l’EVA ne figure pas
dans son compte de résultat et le coût du capital est toujours calculé en dehors des
états financiers.
Sous ces réserves évidentes et à la condition que le référentiel comptable retenu ne soit
pas très complexe, l’analyste pourra utilement utiliser les états financiers de l’entreprise
diagnostiquée pour compléter l’information économique et financière qu’il devra
collecter en marge de ces états financiers.
Le coût de retraitement de l’information comptable peut dans certains cas être très
important. L’analyste devra alors reconstruire une information économique en dehors de
la comptabilité, en s’appuyant sur les informations financières externes et sur le système
d’information de l’entreprise. Car il faut savoir, a contrario, que l’information comptable
n’est pas cruciale pour l’analyste.
Les états financiers sont utiles pour le diagnostic, ils présentent des limites en termes de
contenu ou de pertinence, mais ils ne sont pas fondamentaux pour l’analyste.

2-2 Quelques pistes d’amélioration de la compréhension économique de l’entreprise


A travers le tableau suivant nous essayons de concrétiser notre apport en mettant l’accent
sur la valeur attendue de l’approche l’intégration du diagnostic dans l’élargissement du
champ d’audit des quelques rubriques des états financiers. Il est à mentionner que ce
guide a été inspiré de plusieurs livres dont principalement Vernimmen 2017 et
« Maîtriser le diagnostic financier » du Hoarau (2001).

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111
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Tableau 7 : Guide d’intégration du diagnostic dans la validation de quelques


rubriques des états financiers

Poste des états Tests de validation SANS Extension des tests de validation
financiers intégration AVEC intégration
 Contrôle des états de  Validation de l’ETE via l’EBE et la
TRESORERIE rapprochement bancaires variation du BFRE
 Contrôle global des flux  Validation du point mort d’encaisse
de trésorerie et contrôle des postes y afférents
 Contrôle de cohérence du  Segmentation du tableau des flux par
bilan avec le tableau des segment stratégique
flux  Introduction du calcul décisionnel
pour chiffrer la probabilité d’atteindre
le solde de trésorerie critique
 Conformité juridique  Q de Tobin pour mesurer les
CAPITAUX  Cohérence des flux et opportunités futures
PROPRES soldes  Mesure de la sous-capitalisation
 Résultat par action
 Pointer les flux avec les  Calculer et interpréter le ratio de
contrats de dette structure financière
 Classer les dettes en  Evaluer la capacité de
ENDETTEMENT courantes / non courantes désendettement de l’entreprise
FINANCIER
 Vérifier le calcul des  Proposer une stratégie de
intérêts restructuration de la dette

 Evaluer la réalité des  Evaluer économiquement les


provisions provisions
 Valider les estimations  Tracer économiquement la frontière
PROVISIONS  Contrôler les provisions Passifs/ Capitaux propres
(PASSIF) devenues sans objet  Reclasser les provisions selon une
 Assurer la cohérence analyse économique et financière
globale avec le bilan et
l’état de résultat
 Chiffrer la valeur d’utilité  Valider le coût du capital utilisé
et la juste valeur pour le calcul de la valeur d’utilité
 Déterminer la perte de  Valider la cohérence des prévisions
IMMOBILISATIONS valeur de cash-flows
(Test d’impairment)
 Recalculer les  Valider la pertinence de la valeur
amortissements terminale

 Vérifier que les IP  Introduire un autre étalon


répondent à la définition d’évaluation économique des IP
d’IAS 40  Chiffrer l’impôt latent lié aux IP
 Vérifier que tous les IP  Proposer un modèle plus pertinent
IMMEUBLES DE
sont évalués au coût ou à de prise en compte des écarts
PLACEMENT
la JV d’évaluation dans le compte de
 S’assurer que les écarts résultat
d’évaluation sont inscrits
en résultat si on retient la
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112
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

JV
 Valider le poste GW par  Chiffrer le véritable GW
référence à IFRS 3 économique du groupe et montrer
GOODWILL  Vérifier la dépréciation du qu’il est différent du GW comptable
(Comptes consolidés)
GW par référence à IAS  Proposer ce modèle alternatif dans
36 les notes aux états financiers
ENCAISSEMENTS  Contrôle global de  Calcul des taux de rotation pour
RECUS DES CLIENTS cohérence avec le chiffre déterminer le taux d’encaissement
d’affaires taxes comprises effectif
(TABLEAU DES FLUX et la variation du poste  Proposition de recommandation
DE TRESORERIE) clients entre le début et la destinées à améliorer la variation du
fin de l’exercice BFR Clients dans l’objectif
d’augmentation de l’ETE
 Aucun contrôle global au  Sur la base du rapport de diagnostic,
BFR niveau de l’ensemble du établir une matrice dynamique par
(Postes d’actifs et cycle d’exploitation élément du BFR et par dimension
passifs courants) (quantité, durée, prix) pour aboutir à
une stratégie optimale de
minimisation du BFR et donc de
maximisation du cash d’exploitation
 Tests comptables et  Calcul du point mort de l’entreprise
fiscaux sans aucune portée pour mesurer le risque
économique, stratégique d’exploitation (point mort
CHIFFRE ou financière opérationnel, d’encaisse, financier et
D’AFFAIRES total) avec ou sans intégration du
coût du capital
 Affinement de l’analyse en termes
de produits ou de segments
stratégiques
 Remettre à plat toutes les  Montrer que le raisonnement en
différences temporelles termes de fiscalité différée n’est pas
 Recalculer les nouvelles justifié en économie et finance
positions différées d’entreprise
IMPOTS DIFFERES
(impositions et  Proposer à l’entreprise de présenter
(comptes consolidés) économies) en annexe aux états financiers des
 Vérifier les impacts sur le comptes ne tenant pas compte de la
résultat fiscalité différée

 Vérifier que les titres dont  Chiffrer économiquement les TME


il s’agit répondent aux et comptabiliser les écarts
règles définies dans IAS d’évaluation en capitaux propres. La
TITRES MIS EN 28 méthode pertinente est celle de la
EQUIVALENCE  S’assurer que la variation valeur d’utilité avec actualisation
du poste TME correspond des bénéfices ou des dividendes en
(comptes consolidés) à la part de l’entité provenance des entités associées
consolidante dans les
résultats des entités mises
en équivalence
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113
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Test d’existence  Segmentation en actifs stratégiques


IMMOBILISATIONS  Tests d’évaluation  Calcul de la rentabilité et du risque
 Calcul des amortissements liés à chaque actif stratégique
(Portefeuille d’actifs)
 Règles de présentation  Définition d’une règle financière
d’abandon d’un actif
 Inventaire  Rotation des stocks
 Validation des règles  Chiffrage du coût de détention des
STOCKS d’évaluation stocks
 Vérification des critères  Optimisation à l’aide d’outils
de dépréciation mathématiques
 Calcul du taux de marge  Analyse approfondie des marges
 Vérification de l’impact  Déclinaison de l’analyse des marges
des variations de stocks par segment
ACHATS
CONSOMMES
 Validation des procédures  Relier cette analyse de marges avec
de prise en compte des les autres charges variables pour
achats déterminer le point mort

 Vérifier les calculs d’un  Vérifier si la décision d’abandon est


strict point de vue justifiée sur le plan économique et
RESULTAT SUR LES comptable pour valider financier. A titre d’exemple, un
ACTIVITES l’état de résultat produit ne doit pas être abandonné
ABANDONNEES lorsque sa marge sur coût variable
est positive même si son résultat net
est déficitaire
 Contrôle de conformité  Evaluer les véritables opportunités
juridico-comptable de croissance et ne pas se suffire de
 Déclenchement de la l’analyse juridique et comptable
CAPITAUX procédure spéciale prévue
PROPRES
par le Code des sociétés
NEGATIFS
commerciales
 Détermination du montant
de la recapitalisation
 Valider les  Chiffrer les véritables charges
comptabilisations avec les financières selon une optique
CHARGES contrats et les relevés économique (raisonnement en
FINANCIERES bancaires termes d’opportunité au-delà des
(raisonnement en termes clauses contractuelles)
explicites)

L’analyse de l’intégration sur l’audit de quelques postes des états financier montre
clairement que les diligences avec internalisation sont par nature très lourdes et exigent
l’intervention d’auditeurs-consultants très qualifiés en finance et stratégie d’entreprise qui
coûtent cher au cabinet.
Pour rentabilise sa mission, l’auditeur doit réduire, grâce à un recours accentué aux
techniques d’analyses financières, les tests d’audit ordinaires et de détail pour se limiter à
______________________________________________________________________________________
114
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

des contrôles globaux en relation avec le diagnostic financier de l’entreprise. Cette


économie de coûts est possible. Avec un budget comparable, l’auditeur transforme la
nature de sa mission pour l’orienter vers une vision économique, financière et stratégique.
De simple vérificateur des comptes, il devient un conseiller en management qui aide
l’entreprise à prendre des décisions financières et stratégiques optimales. Il ne doit certes
pas oublier qu’il a une responsabilité professionnelle dans la maitrise du risque d’audit.
Grace à l’apport du diagnostic sur le double plan intellectuel et méthodologique, il pourra
concilier les exigences de son statut d’auditeur et le besoin du client de recevoir de
l’auditeur un service d’ordre économique de haut niveau.

Sous-section 3 : Rapport d’audit en tenant compte du diagnostic financier


3-1 Les limites du rapport de l’auditeur
Le diagnostic sur les racines micro-économiques de la crise financière ne saurait
cependant se limiter à la défaillance du système de régulation comptable, et doit s’étendre
aux conditions d’exercice de la supervision assurée par les auditeurs, dont la mission de
validation des comptes a été jugée par certains défaillante ? Leur mission doit-elle se
limiter à la validation de l’application des normes ou être étendue à d’autres volets
d’ordre économique et financier trop important ? Dans cette dernière hypothèse, un
renforcement de leurs moyens n’est-il pas indispensable ?
Le rapport de l’auditeur sert à communiquer les résultats de l’audit des états financiers.
Bien que l’opinion de l’auditeur sur les états financiers soit extrêmement appréciée pour
l’assurance qu’elle procure, divers organismes à l’échelle mondiale croient que le rapport
de l’auditeur pourrait être plus informatif et ils proposent des modifications visant à
améliorer les communications de l’auditeur.
Suite à la crise financière de 2008, certains s’interrogent sur la valeur du rôle traditionnel
de l’auditeur et se demandent s’il devrait être plus large, reconnaissant ainsi la valeur
d’intérêt public que présente l’audit du fait qu’il contribue au maintien de la stabilité
financière du marché et de la confiance à l’égard de ce dernier. Ce point de vue pourrait
avoir des répercussions importantes sur la nature et l’étendue des audits, et sur les
communications qui découlent du processus d’audit. Il pourrait aussi modifier la relation
de l’auditeur avec la direction, le comité d’audit et les autorités de réglementation.
Ces dernières années, diverses études ont été menées à l’échelle internationale sur la
valeur de l’audit des états financiers dans le contexte actuel de complexité et de
mondialisation.
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115
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Nombre de ces études portent sur les besoins en matière d’information des utilisateurs du
rapport de l’auditeur sur la communication d’une quantité accrue d’informations au sujet
de l’entité, afin de combler l’écart d’information
Les utilisateurs croient que ces informations les aideraient à évaluer la situation
financière et la performance de l’entité, de même que la qualité de son information
financière. Ils considèrent les connaissances que l’auditeur acquiert sur l’entité et ses
activités à l’occasion de l’audit des états financiers comme une information
particulièrement pertinente eu égard à leurs besoins.

3-2 Les apports d’intégration du diagnostic dans le rapport de l’auditeur


L’intégration du diagnostic au niveau des approches d’audit peut avoir des impacts
positifs sur l’assurance de l’opinion de l’auditeur au moins pour les raisons suivantes :
 le diagnostic permet une meilleur maitrise des risques cruciaux qu’il estime
présents : risque d’entreprise, risque opérationnel et risque d’audit ;
 améliorer le point de vue de l’auditeur sur les hypothèses clés qui sous-tendent les
jugements ayant une incidence importante sur les états financiers, et sur la
question de savoir où se situent ces hypothèses à l’intérieur de la fourchette des
résultats possibles ;
 justifier le caractère approprié des méthodes comptables adoptées, notamment de
celles qui s’écartent des pratiques du secteur d’activité ;
 renforcer l’avis de l’auditeur sur le caractère adéquat des informations fournies
dans les états financiers ;
 confirmer les méthodes et les jugements associés à l’évaluation des actifs et des
passifs ;
 retracer les opérations importantes et inhabituelles ;
 renforcer l’appréciation de la qualité et l’efficacité de la structure de gouvernance
et de la gestion des risques ;
 assurer l’exhaustivité et le caractère raisonnable du rapport du comité d’audit.
En effet, l’intégration du diagnostic peut constituer une mesure essentielle visant à
corriger l’écart par rapport aux attentes des utilisateurs du rapport d’audit externe.
L’apport d’une telle démarche est plus significatif lorsqu’on demande à l’auditeur de
fournir une assurance à l’égard d’autres types d’éléments considérés qui sont réputés être

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116
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

importants pour la direction de l’entité et les utilisateurs externes. Voici quelques


exemples :
 les ententes relatives à la gouvernance de l’entreprise ;
 le modèle d’entreprise, y compris sa durabilité ;
 la gestion des risques à l’échelle de l’entreprise ;
 les contrôles internes et les processus d’information financière ;
 les indicateurs clés de performance.
En conclusion l’intégration du diagnostic dans le processus d’audit peut significativement
améliorer l’opinion de l’auditeur et améliorer la qualité de l’audit.

3-3 Les conséquences de l’intégration du diagnostic financier sur la qualité des


travaux d’audit

La qualité de l’audit est influencée par de nombreux intrants, par exemple les attributs
personnels de l’auditeur, à savoir ses compétences, son expérience, ses valeurs morales
et son attitude. Un autre intrant a aussi une importance considérable, soit la focalisation
du processus d’audit sur l’exécution d’un audit de qualité.

Les utilisateurs veulent trouver, dans le rapport de l’auditeur, des informations


supplémentaires d’une pertinence accrue au sujet des états financiers et de l’audit, pour :

 mieux se retrouver dans le dédale des rapports financiers en étant guidés vers les
points les plus importants ;

 mieux comprendre comment l’audit a été réalisé ainsi que les aspects sur
lesquels les auditeurs se sont concentrés en fonction de leur évaluation des
risques d’anomalies significatives, de même que les procédures qu’ils ont
appliquées et les conclusions qu’ils ont tirées à l’égard de ces aspects ;

 Bénéficier du point de vue de l’auditeur sur des questions propres à l’entité.

L’expertise comptable est un domaine de compétence extrêmement large. Du droit des


sociétés à l’économie, de la finance à l’audit jusqu’au contrôle de gestion. Ce panel de
compétences bien rempli vient bien entendu de la formation d’excellence que représente
l’expertise comptable mais aussi de l’expérience professionnelle d’un expert comptable
en général. En effet, la diversité des clients du cabinet fait toute la richesse de ce métier.
Cette diversité a créé la vision transversale d’un expert. C’est cette vision que recherchent

______________________________________________________________________________________
117
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

les professionnels qui font appel à nous. En effet, cela permet une prise en compte
globale et surtout une compréhension approfondie de l’environnement général de l’entité.
Étant précisé que la prise en compte de cet environnement constitue un enjeu non
négligeable de la mise en place d’une structure financière non pas optimale, mais
adéquate. Cet apport réel de l’expert se matérialise par des conseils oraux, rarement
formalisés sur un document ou un rapport normé. Nos clients recherchent la connaissance
du milieu dans lequel ils souhaitent investir ou simplement s’épanouir.

Section 2 : Proposition d’une démarche d’intégration du diagnostic


financier dans le processus d’audit
En mettant en œuvre un diagnostic des informations financières et non financières.
L’auditeur doit identifier et analyser les principaux risques d’audit à prendre en compte
dans la planification de la mission. L’auditeur peut établir une note synthèse qui
récapitule tous les calculs effectués et toutes autres informations à obtenir du client pour
faciliter la planification de l'audit.
Il est évident que dans le cas ou l’auditeur utilise un rapport d’analyste financier ou d’un
rapport élaboré par les moyens propres de la société ; il doit évaluer l’indépendance et la
compétence des personnes ayant participé à l’élaboration d’un tel rapport conformément
aux dispositions de la Norme ISA 620 « Utilisation par l’auditeur des travaux d’un expert
de son choix. »
Pour utiliser d’une façon optimale les résultats du diagnostic financier dans le processus
d’audit. Nous proposons dans cette section une démarche méthodologique qui permet
d’intégrer les outputs du diagnostic financier dans le processus d’audit. En effet, une telle
méthodologie va permettre à l’auditeur d’une part, à enrichir les procédures analytiques
par le concept du diagnostic financier. Et d’autre part à utiliser les indicateurs du
diagnostic pour l’identification des zones de risques et pour planifier des tests d’audit afin
de répondre aux risques identifiés.
Notre démarche d’intégration comprend trois phases essentiels soit :
1. La réalisation ou la l’examen d’un diagnostic préliminaire ;
2. La mise en œuvre des techniques du diagnostic financier ;
3. Tirer les conclusions du diagnostic sur les procédures d’audit.
Sous-section 1 : Le diagnostic préliminaire
Ce travail peut se ressembler à une analyse financière. Cependant, de point de vue audit
financier cette analyse est assez différente. En effet, l’auditeur aborde la question de
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118
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

diagnostic financier ou d’analyse financière sous l’angle de rechercher les risques d’audit,
sans supposer que les états financiers provisoires sont exempts d'erreurs ou qui n'ont pas
été délibérément manipulés.

1-1 La compréhension des relations financières et non financières


Comprendre les relations financières et non financières est essentiel dans la planification
et l’évaluation des résultats du diagnostic financier (y compris les procédures analytiques
au sens de l’ISA 520) et exige généralement une connaissance du client et de l’industrie
dans laquelle il opère. Une compréhension des objectifs des procédures analytiques et des
limites de ces procédures sont également des éléments importants. Par conséquent,
l’identification des relations et des types de données utilisées, ainsi que les conclusions
tirées lorsque les montants enregistrés sont comparés aux attentes, nécessite le recours au
jugement professionnel de l’auditeur.
L'utilisation de procédures analytiques dans une mission d'examen peut être envisagée
comme un processus en trois phases : élaboration des attentes relatives à un solde de
compte ou à une relation financière ; comparaison et évaluation des différences entre les
attentes et les montants enregistrés ; et la mise en œuvre de l’investigation, si nécessaire.
Une hypothèse clé dans l’exécution des procédures analytiques est la conviction que les
informations examinées (données de l’année en cours) peuvent être comparées à des
mesures (ratios, pourcentages, etc.) basées sur des attentes correctement formées. Ces
mesures découlent souvent des données des années précédentes de la société, des
résultats de l’industrie, etc.
La tâche de l’auditeur consiste en fait à identifier les zones de risques. Les procédures
analytiques préliminaires peuvent constituer un point de départ à l'équipe d'audit pour se
focaliser sur les domaines les plus risqués.
Durant cette phase l’auditeur doit prendre en considération des points suivants :
 Le simple calcul des ratios n’a pas beaucoup n’importance, mais le plus
important est le choix des ratios à calculer et leurs interprétations.
 L’auditeur doit calculer les ratios au niveau de détail des informations fournies,
les décimales ont une signification importante au niveau de leurs interprétations.
 L’auditeur n’est concerné que accessoirement par la performance de l’entreprise.
(Point essentiel pour l’analyste financier) ; mais il doit tenir compte des
difficultés particulières qui pourraient avoir des impacts sur l’évaluation de la
continuité d’exploitation.
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119
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 L’auditeur doit exercer un scepticisme professionnel par rapport aux


incohérences entre les scenarios possibles et les chiffres. Par exemple une
augmentation du chiffre d’affaires pourrait être dû uniquement à une
augmentation des prix de vente et pourrait se produire malgré la diminution du
volume des ventes (et vice versa).

1-2 Connaissance du métier et de l'industrie du client


Une des considérations clés dans le développement des attentes pour le diagnostic
financier est la compréhension de l’auditeur des activités et de l'environnement du client.
Les techniques analytiques sont un prolongement logique de la compréhension du métier
du client et contribuent à l’analyse des facteurs clés qui influent les informations
financières du client. Par exemple, lors de l'exécution de procédures analytiques liées aux
recettes, l’auditeur doit comprendre les facteurs suivants :
 La nature des produits du client ;
 La demande pour les produits du client ;
 Les marchés des produits du client (par exemple, le marché est-il en croissance,
stable, en déclin) ;
 La saisonnalité de l’activité ;
 La capacité du client à augmenter le volume des ventes (par exemple, quelle est la
capacité de fabrication du client).
 Etc.
1-3 Les ajustements nécessaires
Les données de l'entreprise doivent être ajustées pour tenir compte des circonstances
particulières et d’autres éléments qui peuvent influencer les analyses à effectuer. Dans la
pratique les ajustements suivants peuvent être nécessaires avant d’appliquer des
procédures d'analyse :
a) Bases incompatibles et méthodes comptables incohérentes :
Lorsqu'une entreprise est comparée à une autre entreprise ou à des données de secteur, les
bases et les méthodes de comptabilité doivent être conformes et cohérentes. À quoi sert la
comparaison des données relatives si les unités de mesure ne sont pas les mêmes ?
Par exemple lorsque la méthode comptable de la société auditée diffère des données du
secteur (par exemple dans la méthode de valorisation de stock), il convient d’ajuster soit
la société auditée, soit les autres données à des fins de conformité.

______________________________________________________________________________________
120
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

b) Erreurs dans les états financiers :


Si les états financiers au niveau du secteur contiennent fréquemment des erreurs ou des
pratiques non conformes aux normes comptables applicables. L’auditeur doit être
conscient de la possibilité que des attentes obtenues à partir de données de tiers soient
non exemptes d'erreurs comptables importantes.
c) Classifications des comptes annuels incompatibles d'année en année :
Il n'est pas rare de constater que des transactions similaires sont classées différemment
d'une année à l'autre dans les états financiers d'une société .Cela pourrait se produire en
raison de la sensibilité aux clauses financières restrictives, aux questions d’impôt sur le
revenu, à la rotation du personnel comptable de la société, etc.
d) Événements non récurrents :
Les transactions ou événements non récurrents ayant un impact sur les états financiers
doivent être pris en compte dans les mesures utilisées. Des exemples de transactions ou
d'événements non récurrents sont ceux qui pourraient survenir suite à un acte de nature,
une attaque terroriste, une action en justice, un incendie ou une inondation, etc.
Les transactions non récurrentes peuvent entraîner une attente inattendue des opérations
ou des tendances futures.
e) Modifications des entités composant la société cliente :
La société peut avoir des nouveaux projets au cours de la période analysée (tel que
l’ouverture d’un nouveau point de vente). L’absence de prise en compte des effets de ces
événements majeurs peut conduire à des conclusions inappropriées concernant les
résultats d’exploitation et les tendances.
Plusieurs autres circonstances peuvent être tirées du diagnostic préliminaire de l’entité et
qui peuvent avoir des impacts significatifs sur les résultats à obtenir.
Dans le cas d’utilisation par l’auditeur des rapports d’autres diagnostiqueurs .Ces derniers
peuvent contenir des informations trop détaillés sur l’analyse des événements et
circonstances qui analysent la survie, la compétitivité et le développement de l’entreprise.
Cette phase va permettre au diagnostiquer de préparer certains postes des états financiers
et d’autres informations financières et non financières à des analyses financières
approfondies. En effet, un chiffre dans l’absolu n’a aucun sens mais la relation logique
entre les chiffres qui a une grande valeur pour le diagnostiqueur que pour l’auditeur.
1-4 Identifier les relations inter-liées
Lorsque l’auditeur développe des attentes pour un solde ou un ratio. Il doit tenir compte
des relations comptables ayant un impact sur ce compte ou ce ratio. Par exemple, il existe
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121
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

une relation prévisible entre l’inventaire et le coût des biens vendus. Une surestimation
des stocks est généralement liée à une sous-estimation du coût des biens vendus. De
même, il existe une relation prévisible entre les comptes clients et les ventes. Une
surestimation des ventes est généralement liée à une surévaluation des comptes clients.
L'une des causes possibles d'une amélioration du pourcentage de marge brute est une
surestimation des stocks. Une autre cause potentielle d'amélioration du pourcentage de
marge brute est la surévaluation des comptes clients.

Sous-section 2 : La mise en œuvre des techniques du diagnostic financier


Des attentes et des mesures inappropriées peuvent détruire l'utilité des analyses
financières. L’auditeur doit mettre en œuvre les techniques d’analyses appropriées en
cohérence avec son diagnostic préliminaire qui tient compte principalement des
spécificités de l’affaire du client.

2-1 L’élaboration des attentes des procédures d’analyse


Des procédures analytiques efficaces commencent par le développement d'une attente.
L’auditeur utilise ses connaissances des affaires du client pour développer des attentes en
matière de relations plausibles entre les données financières et non financières. Les
rapports réalisés par le client s’ils existent doivent être examinés d’une façon approfondie
afin d’être comparés avec les attentes réalisées par l’auditeur dans le cadre de la mise en
œuvre des procédures analytiques.
L’auditeur ne peut pas mettre en œuvre des procédures analytiques efficaces sans avoir
préalablement développé des attentes relatives aux résultats de ces procédures
analytiques. Les rapports de diagnostiqueurs externes peuvent constituer un point de
départ pour l’auditeur.
Pour effectuer des procédures analytiques efficaces et efficientes, les attentes doivent être
suffisamment précises. La précision d'une attente est une mesure de l'étroitesse de
l'attente développée par rapport au montant réel (le montant réel n'est pas nécessairement
le montant comptabilisé).
Il est important de signaler que les attentes développées par l’analyste financier peuvent
être moins précises que celles développées lors d'un audit.
2-2 Les facteurs d’efficacité d’une technique d’analyse
Pour mettre en œuvre des techniques d’analyses financières efficaces, l’auditeur doit tenir
compte de plusieurs facteurs tel que :
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122
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 La nature du compte ou de l'affirmation ;


 Le Nombre de facteurs ayant une incidence sur les attentes ;
 La Fiabilité et autres caractéristiques des données utilisées pour développer les
attentes ;
 La Précision inhérente à la méthode de prévision utilisée
 La nature du compte ou de l'assertion
Les procédures analytiques sont basées sur les relations entre les données, par exemple,
comment cette année se compare à la dernière et comment les montants figurant dans un
bilan se rapportent aux éléments de produits et de charges ? Plus les relations sont
prévisibles, plus l'attente sera précise. Par exemple, les attentes développées pour les
comptes de résultat ont tendance à être plus précises que les attentes pour les comptes de
bilan car les relations de compte de résultat sont généralement plus prévisibles. En outre,
les attentes formées dans des conditions économiques stables (par exemple, des taux
d’intérêt stables) ou des facteurs environnementaux stables (par exemple, aucune
modification réglementaire) tendent à être plus précises par rapport à une économie ou un
environnement instable.
 Le nombre de facteurs ayant une incidence sur les attentes
Dans un monde parfait, il n'y aurait qu'une seule cause possible d'un écart par rapport aux
attentes de l’auditeur : une inexactitude. Cela ne serait possible que dans le cas ou
l’auditeur identifiait tous les facteurs ayant un impact sur le compte ou le ratio et intégrait
avec précision chacun de ces facteurs dans les attentes. Cependant, cela est rarement
possible. En conséquence, les écarts par rapport aux attentes ont généralement de
multiples explications possibles, dont certaines peuvent être des causes inexactes.
S'il existe un grand nombre d'explications potentielles pour une procédure analytique
particulière, l'utilisation de cette procédure peut ne pas être efficace. D'un autre côté, si
les causes les plus probables d'un écart significatif pour une procédure analytique
particulière sont des inexactitudes, cette procédure analytique peut être très efficace.
 La fiabilité et autres caractéristiques des données
En établissant une attente, l’auditeur doit tenir compte de deux facteurs généraux liés aux
caractéristiques des données incluses dans le compte : le niveau de détail sur lequel
l’auditeur peut fonder ses attentes et la fiabilité des données.

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123
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

En général, plus les données sont détaillées, plus les attentes sont précises. Par exemple,
la préparation d'une attente par magasin est plus précise qu'une attente basée sur des
données globales.
Plus la source des données est fiable, plus les attentes sont précises. Les facteurs suivants
sont liés à la fiabilité des données que le l’auditeur peut prendre en compte pour prévoir
l’attente :
 Plus le système comptable du client est solide, plus les données générées sont
fiables.
 Les données provenant de sources plus objectives ou indépendantes sont plus
fiables (par exemple les données obtenues des analystes financiers externes).
 L'utilisation de données non financières fiables (par exemple, La superficie de
stockage ou le taux d'occupation) améliore la précision des attentes.
 La précision inhérente à la méthode de prévision utilisée
Les attentes peuvent être développées avec des méthodes simples telle que l’anticipation
des ventes de l’année en cours ou aussi complexe telle que l’analyse de régression
multiple des données (par exemple, analyser les superficies pour estimer les ventes au
détail). Déterminer le type de méthode d’attente approprié relève du jugement
professionnel de l’auditeur.

2-4 L’application des quelques techniques d’analyse


Le diagnostic financier préliminaire et la disponibilité des données ainsi que leurs
fiabilités vont édicter les procédures analytiques à mettre en œuvre par l’auditeur.
Le diagnostic financier doit orienter l’auditeur vers les techniques les plus efficaces à
mettre en œuvre.
Parmi les techniques les plus répondus nous pouvons citer :
 L’analyse de tendance
L'analyse des tendances est l'analyse des modifications du solde d'un compte au fil du
temps. Les tendances simples comparent généralement le solde du compte de l’année
dernière au solde actuel. Des tendances plus sophistiquées englobent plusieurs périodes.
L'analyse des tendances est la plus appropriée lorsque le compte ou la relation est assez
prévisible (par exemple, les ventes dans un environnement stable). Il est moins efficace
lorsque le client a subi d'importantes modifications d'exploitation ou de comptabilité.
En utilisant l’analyse des tendances, il est important que l’auditeur comprenne la
volatilité de l’environnement liée aux comptes testés.
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124
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Analyse du ratio
L'analyse des ratios est la comparaison des relations entre les comptes d'états financiers
(entre deux périodes ou au fil du temps), la comparaison d'un compte avec des données
non financières (ventes par mètre carré) ou la comparaison des relations entre entreprises
du secteur (par exemple, comparaison des marges brutes). L'analyse du ratio implique
une comparaison des relations entre les comptes, les informations non financières ou les
deux.
L'analyse des ratios est la plus appropriée lorsque la relation entre les comptes est assez
prévisible et stable (par exemple, la relation entre les ventes et les comptes clients).
L'analyse des ratios peut être plus efficace que l'analyse des tendances, car les
comparaisons entre le bilan et le compte de résultat peuvent souvent révéler des
fluctuations inhabituelles qu'une analyse des comptes individuels ne révélerait pas. La
comparaison des ratios avec les moyennes de l'industrie (ou avec des entreprises
comparables du même secteur) est la plus utile lorsque les facteurs d'exploitation sont
comparables.
 Les tests de caractère raisonnable
Les tests de caractère raisonnables ont l'analyse des soldes de compte ou des variations de
soldes de comptes au cours d'une période comptable impliquant le développement d'une
attente basée sur des données financières, des données non financières ou les deux. Par
exemple, une prévision de revenus d’une grande surface peut être établie en utilisant la
surface du magasin.
Contrairement aux analyses des tendances et des ratios (qui supposent implicitement des
relations stables), les tests de vraisemblance utilisent des informations pour élaborer une
prédiction explicite du solde du compte ou de la relation d'intérêt. Les tests de caractère
raisonnable reposent sur les connaissances du l’auditeur sur les relations, y compris la
connaissance des facteurs qui affectent les soldes des comptes. L’auditeur utilise ces
connaissances pour développer des hypothèses pour chacun des facteurs clés pour estimer
le solde du compte.
 Analyse de régression
L'analyse de régression est l'utilisation de modèles statistiques pour quantifier les attentes
de l’auditeur, avec des niveaux de risque et de précision mesurables. L'analyse de
régression tente de déterminer la force de la relation entre une variable dépendante et une
série d'autres variables (appelées variables indépendantes). L’auditeur applique une

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125
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

analyse de régression en sélectionnant la variable dépendante, par exemple le montant


des ventes sur chacun des magasins du client. Ensuite, l’auditeur sélectionne les variables
indépendantes pertinentes, c’est-à-dire que les facteurs que l’auditeur connaît grâce à
l’expérience du client et de secteur qui seront des indicateurs utiles de la variable
dépendante. Par exemple, le niveau de stock, le nombre d'employés ou les mètres carrés
de surface peuvent être corrélés au montant des ventes.

Sous-section 3 : Tirer les conclusions du diagnostic financier sur les procédures


d’audit
Cette phase consiste à comparer la quantité attendue à la quantité enregistrée et à calculer
l’écart. Si la fluctuation n'est pas significative, l’auditeur accepte le montant enregistré. Si
la fluctuation est significative, l’auditeur étudie la ou les causes de la fluctuation
imprévue.
3-1 Comparer et évaluer les résultats obtenus
En comparant les montants enregistrés aux attentes, l’auditeur élabore des directives sur
ce qui définit une déviation significative. Par exemple, le pourcentage de marge brute
d’un client a changé et l’auditeur s’attend à ce qu'en général, il n'y ait aucune raison de
s'attendre à une variation de la marge brute. Dans ce cas, l’auditeur doit prévoir les
implications de ce changement au niveau de son programme de travail.
Pour déterminer si une différence entre un résultat réel et une attente est significative,
l’auditeur associe l'élément analysé aux seuils de signification établis pour la mission.
Cette analyse par rapport au seuil de signification préliminaire est effectuée pour fournir
à l’auditeur une certaine orientation. Si l'erreur présumée est manifestement sans
importance, l’auditeur peut se contenter des résultats obtenus. Si l'erreur présumée est
importante par rapport au seuil de signification, l’auditeur doit examiner ces différences.
Il est également important de noter que dans certaines circonstances, la cause d'une
différence peut être due à un manque de précision dans le développement des attentes. En
d'autres termes, l’auditeur peut ne pas avoir pris en compte un ou plusieurs facteurs
affectant le solde ou le ratio.
Si les procédures analytiques identifient des fluctuations ou des relations incompatibles
avec d'autres informations pertinentes ou qui diffèrent des valeurs attendues par une
quantité significative, l’auditeur doit examiner ces différences avec la direction et en
effectuant d'autres procédures d’audit si cela est jugé nécessaire dans les circonstances.
Examiner les preuves pertinentes aux réponses de la direction peut être obtenue en
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126
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

évaluant ces réponses, en tenant compte de la compréhension du client et de son


environnement, ainsi que d'autres éléments probants obtenus au cours de l’audit. Bien que
l’auditeur ne soit pas obligé de corroborer les réponses de la direction avec d’autres
preuves, l’auditeur peut devoir exécuter d’autres procédures lorsque, par exemple, la
direction n’est pas en mesure de fournir une explication ou donner une explication
incohérentes.

3-2 Les impacts sur les procédures d’audit


Les techniques analytiques du diagnostic financier jouent un rôle important dans un audit.
Lors de la planification, ils peuvent alerter l’auditeur des montants inhabituels ou
inattendus dans les données .Toutefois, leurs efficacités en tant que tests substantives
restent limitées.
Les techniques analytiques consistent à identifier, analyser et évaluer la relation entre la
performance financière et économique de la société auditée. Leurs applications reposent
sur l'hypothèse d'un lien de causalité entre les indicateurs de l'activité du client.
Le principal objectif de l’application de procédures analytiques est d’identifier la
présence ou l’absence de faits inhabituels qui peuvent affecter la fiabilité des états
financiers.
Le recours au diagnostic financier va permettre à l’auditeur d’améliorer sa
compréhension de l'entreprise auditée et des événements survenus depuis le dernier audit.
Cette compréhension à des impacts directs sur la planification de la nature, du calendrier
et de l’étendue des autres procédures d’audit.

______________________________________________________________________________________
127
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Chapitre 5 : Cas pratique d’intégration du diagnostic financier


dans une mission d’audit
Pour des raisons d’anonymat, nous nommerons l’établissement à étudier «ABC ».
A travers ce cas pratique, nous allons essayer de montrer que l’intégration du diagnostic
financier joue un rôle important dans l’enrichissement des procédures analytiques dans
une approche d'audit basé sur les risques. Des procédures analytiques correctement
conçues à partir du diagnostic financier permettent à l'auditeur d'atteindre des objectifs
d'audit plus efficaces en réduisant ou en remplaçant d'autres tests d'audit détaillés.
L'efficacité des procédures analytiques dépend entre autres de la qualité du diagnostic
réalisée et au jugement professionnel de l’auditeur. Par conséquent, le diagnostic et les
choix des procédures analytiques doivent être effectuées ou revues par des membres
expérimentés de l'équipe intervenante.
Ce cas pratique permet de construire une batterie des indicateurs financiers à partir d’un
diagnostic financier basé sur les états financiers de l’entreprise étudiée et de tirer les
conclusions utiles au niveau de la planification et l’exécution de la mission.
Il est important de souligner que le calcul des quelques ratios et la comparaison des
tendances sont des tâches relativement faciles. Mais l’exercice le plus difficile réside
dans l’analyse des ces outils et dans la déclinaison des résultats obtenus à des vrais
variables d’audit. La compréhension de l’auditeur des affaires du client et de son secteur
d’activité est un facteur déterminant de la réussite du diagnostic financier et de son
intégration dans une mission d’audit.

Section 1 : Présentation de la société « ABC»


La société « ABC » est une société anonyme qui opère dans le secteur de grande
distribution. Elle exploite dix magasins dans le grand Tunis. Le 30 Juin 2017 la société a
acquis trois fonds de commerce auprès d’une société en liquidation qui opère dans le
même secteur d’activité. La société a maintenu l’exploitation des magasins nouvellement
acquis.
Une synthèse des états financiers de la société « ABC » arrêtés au 31/12/2017 se présente
comme suit :

______________________________________________________________________________________
128
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Société « ABC » S.A

Bilan arrêté au 31/12/2017

(En million de Dinars)

31/12/2017 31/12/2016
Actifs non courants
Immobilisations incorporelles (Fond de commerce) 4,027 2,336

Immobilisations corporelles 26,511 21,554

Total des actifs non courants 30,538 23,890


Actifs courants
Stocks 2,669 2,430

Clients et comptes rattachés 1,798 1,311

Liquidité et équivalents de liquidité 4,742 2,148

Total des actifs courants 9,209 5,889

Total des actifs 39,747 29,779

Capitaux propres et passifs

Capital social 0 ,395 0 ,393

Réserves 12,600 11,422

Total capitaux propres 12,995 11,815


Passifs non courants
Emprunts 14,170 8,602

Passifs courants
Fournisseurs et autres passifs courants 8,522 7,277

Part à moins d’un an des passifs financiers 4,060 2,085

Total des passifs 26,752 17,964


Total des capitaux propres et passifs 39,747 29,779

______________________________________________________________________________________
129
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Etat de résultat 31/12/2017 31/12/2016


Chiffre d’affaires 54,327 47,198

Coût des ventes 50,109 43,968

Marge brute 4,218 3,230

Coûts de distribution et d'administration -1,012 -0,780

Résultat d'exploitation avant financement 3,206 2,450

Produits financiers 0,116 0,187

Coût du financement -0,478 -0,250

Bénéfice avant impôt sur les sociétés 2,844 2,387

Impôt sur les bénéfices -0,780 -0,670

Bénéfice avant impôt sur les sociétés 2,064 1,717

Dividendes distribués -0,886 -0,870

Bénéfices transférés aux réserves 1,178 0,847

Section 2 : Diagnostic financier préliminaire des chiffres du « ABC »


Notre approche va au-delà de calcul des quelques ratios ou à l’étude des variations des
chiffres entre les deux exercices présentés.
Généralement un ratio n’est plus que diviser un nombre par un autre. En effet, les calculs
sont tellement simples qu’ils peuvent être programmés dans un tableau Excel. La
véritable compétence consiste à interpréter les résultats du diagnostic financier et à
identifier des indicateurs financiers pertinents pour atteindre les objectifs d’audit.
C’est l’intégration de la logique du diagnostique dans les techniques analytiques qui va
augmenter l’utilité des procédures analytiques dans le processus d’audit.
Conclure qu'un ratio a augmenté parce que le numérateur du calcul a augmenté (ou que
dénominateur a diminué) n’a aucun sens. La vraie analyse consiste dans la traduction des
calculs en variables logiques.
Les anglais rattachent une question à chaque lettre du mot RATIO : on peut l’appeler la
méthode RATIO

______________________________________________________________________________________
130
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

R : Pourquoi ce changement est-il produit ?


A : Le changement est-il réel ou simplement une irrégularité de calcul ?
T : Que peut-on faire pour tester nos conclusions ? Quelle autre investigation
devrions-nous faire ?
I : Que signifie la variation ? Crise de liquidité ? Mauvaise gestion, etc. ?
O : La variation est- elle compatible avec d'autres informations ?

Ces cinq catégories de questions sont nécessaires à l’auditeur lorsqu’il utilise des ratios
ou même des analyses de tendances.
Pour juger si un chiffre ou un rapport mérite d’être étudié, il est absolument nécessaire de
le comparer à son équivalent dans la même entreprise au cours de la période précédente
ou à d’autres sociétés du même secteur, les comparaisons fournissent des repères.
La première chose à faire est simplement de comparer les chiffres comparatifs au niveau
des états financiers. La simple comparaison permet à l’auditeur de générer des indicateurs
et des tendances.
Voici quelques premières réflexions autour d’un diagnostic fondé sur l’analyse de
tendance :

______________________________________________________________________________________
131
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Rubrique Tendance Diagnostic Implications


Actifs non Augmentation  Quels sont les raisons  Qu'est-ce qui a été
courants substantielle économiques de acheté ?
l’acquisition ?  Comment il a été
 Est-ce que le montant payé ?
reflète la réalité de  Quel type
l’acquisition ? d’entreprise ?
 Comment le montant  Est-ce compatible
peut-il être vérifié, et avec d'autres
testé ? informations, telles
que des actifs non
courants
supplémentaires, un
financement accru,
etc. ?
 Qui le vérifie ?
 Quand a-t-il été
acheté

Immobilisations Augmentation  Certains pourraient  Comment ils ont été


corporelles substantielle être dus à payés ?
l'acquisition, d’autres  Comment nous-
pourraient être pouvons le tester ?
nécessaires pour  Il sera important de
assurer l’exploitation vérifier le coût
 Analyse de d’entré et les règles
l’intégration des d’évaluation des
actifs acquis par actifs acquis.
rapport aux autres
actifs de la société
Créances Relativement  Diagnostic  Il sera intéressant de
faible commercial soit les comparer aux ventes.
modalités de
paiement

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132
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Cash Augmentation  Examen de l’ETE  Pourquoi ? D'où cela


substantielle  Segmentation du vient-il ?
tableau des flux par
magasin
 Analyse du BFR

Fournisseurs et Environ 17%  Diagnostic de la  Comment nous-


autres passifs d'augmentation politique d’achat pouvons vérifier ces
courants  Comparer avec les passifs ?
standards du secteur  Il peut s’agir d’une
 Affiner l’analyse erreur de
financière pour synchronisation. Par
retracer le lien avec exemple lorsque
les créances clients et l’imputation des
la trésorerie. règlements
 Etablir le lien avec le fournisseurs se fait à
coût de vente. travers un compte
intermédiaire
(Fournisseurs
chèques à payer).

Emprunts à court Doublé  Chiffrer les véritables  Pourquoi il n’a pas


terme charges financières été ramené au niveau
dues à cette de 2016 en utilisant
situation ; une partie des
 L’acquisition des liquidités ?
nouveaux magasins  Pourquoi avoir de la
augmente-elle le trésorerie et un
risque d’illiquidité de découvert en même
la société ; temps ?
 Evaluer la capacité de
désendettement de
l’entreprise ;
 Approfondir

______________________________________________________________________________________
133
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

l’analyse de la
structure financière
de l’entité.

Capital social Aucun  Evaluer la sous  Vérifier la cohérence


changement capitalisation des des flux et soldes.
important capitaux propres
 Analyser la politique
de financement de
l’entreprise

Réserves Augmentées  Examiner la politique  Vérifier la conformité


des bénéfices de distribution des juridique.
non distribués dividendes

Passif à long terme Augmentation  Il s’agit sans doute  On doit s’attendre à


substantielle d’une source majeure une augmentation des
de financement pour coûts de financement
les actifs non  vérifier que les
courants. passifs sont
 Calculer et interpréter effectivement à long
le ratio de structure terme.
financière

Recettes Augmentation  Identifier  On doit s’attendre à


très l’augmentation due des changements
substantielle aux nouveaux dans les stocks et les
magasins. dettes.
 Affinement de
l’analyse en termes
des produits ou des
segments stratégique.

______________________________________________________________________________________
134
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Augmentation  A comparer par  Peut-être temporaire


Coûts de substantielle rapport aux normes après la reprise des
distribution et du secteur. nouveaux magasins.
d'administration  A examiner en détail  Elle peut indiquer un
avec les contrôleurs contrôle inefficace
de gestion de des coûts.
l’entreprise.

Impôts et Assez cohérents  Evaluer la politique  Conformités avec la


dividendes fiscale de réglementation.
l’entreprise.
 La transparence
fiscale dans le
secteur ?

Si on dispose des rapports du diagnostic financier des entreprises du secteur de grande


distribution nous pourrions mieux comprendre certains chiffres.
A titre d’exemple les supermarchés ont des créances faibles et des stocks faibles. Ils
peuvent donc bien survivre sur les dettes commerciales, sachant que les stocks
deviendront progressivement des liquidités. Cependant, dans notre cas nous devrions
nous intéresser à la raison pour laquelle la société « ABC » a des créances importantes.

Section 3 : L’utilisation des indicateurs du diagnostic dans les


procédures d’audit
Comme nous avons prévu tout au long de ce travail il existe plusieurs méthodes du
diagnostic financier. Pour ce cas pratique nous avons prévu de recourir à l’analyse par les
ratios comme technique d’analyse financière à intégrer dans notre mission de vérification.
Notre choix est fondé par les capacités de l’analyse par les ratios à vérifier la cohérence
de l’évolution des chiffres et à détecter les éventuelles tendances illogiques.
Notre apport dans cette phase consiste à construire une batterie des ratios qui permet
d’ingérer la logique du diagnostic financier dans le processus d’audit. Pour atteindre
notre objectif nous allons mettre en œuvre trois groupes des ratios :
 Des ratios pour évaluer la rentabilité ;
 Des ratios pour évaluer la liquidité ;
______________________________________________________________________________________
135
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Des ratios pour mesurer le risque financier.

Nous allons essayer à travers l’analyse et l’interprétation des ratios sélectionnés d’une
part, d’identifier les indicateurs financiers en relation avec notre mission d’audit. Et
d’autre part à tirer les conclusions sur la nature, le calendrier et l’étendue des travaux
d’audit.
3-1 L’analyse de la rentabilité
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016
1) Pourcentage de marge
brute
(4,218*100)/54,327= 7,78% (3,230*100)/47,198= 6,8%
Marge brute x 100/ Chiffre
d’affaires

Tendance Interprétations Impacts sur les tests


d’audit
Il s'agit d'une  Performance impressionnante en
augmentation période de récession. (Diagnostic
significative stratégique).
(15%)
 Outre les erreurs comptables, les
explications possibles
comprennent :
a) Assurance quant à la

a)Une rentabilité meilleure pour les réduction de valeur pour

nouveaux points de vente. les immobilisations


incorporelles.
b) A tester en examinant
les prix des achats d’un
b) Amélioration du pouvoir de
échantillon des produits.
négociation avec les fournisseurs
c) Vérifier les inventaires
pour les achats.
avec soin.
 Une meilleure gestion des
stocks et moins de
gaspillage.

______________________________________________________________________________________
136
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


2) Pourcentage de profit
net
(3,206*100)/54,327= 5,9% (2,450*100)/47,198= 5,2%
Résultat d’exploitation x
100/ Chiffre d’affaires

Tendance Interprétations Impacts sur les tests d’audit


Un contrôle raisonnable  Malgré  Pour tester, il convient
des coûts a été maintenu. l'augmentation de comparer les coûts
substantielle des commerciaux et
ventes il n’y a pas administratifs aux
eu une grande ventes.
variation.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


3) Frais de distribution et
d’administration
(1,012*100)/54,327= 1,86% (0,780*100)/47,198= 1,65%
Coûts de dis et d’admin. x
100/ Chiffre d’affaires

Tendance Interprétations Impacts sur les tests d’audit


Une augmentation  Ces coûts sont faibles  Est-ce que cela a du sens, ou est-ce
remarquable comparés aux revenus. que les dépenses sont sous-
estimées ?
 Dans la grande distribution  Assurance modérée obtenue.
ce ratio peut être faible
puisque les marges
dépendent de volumes
élevés et des faibles
marges.
 Pourquoi l’efficacité à
______________________________________________________________________________________
137
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

diminué (on passe de


1,65% à 1,86%). Les
causes peuvent être :
-Les opérations de points  Ces hypothèses doivent êtres testés.
de vente acquises ne sont  Si la direction espère réduire les
pas aussi efficaces que les dépenses d’exploitation, planifient-
anciens. ils, par exemple, des fermetures
- Les coûts d'interruption d’entrepôts et des licenciements ?
découlant de l’acquisition Une telle disposition est-elle
- Mauvaise gestion nécessaire ?

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


4) Rendement du capital
employé (Résultat
(3,206*100)/27,165= 11,8% (2,450*100)/20,417= 12%
d’exploitation / capital
employé)

Intégration dans le processus d’audit

Il est important de comprendre que les chiffres utilisés dans le calcul des ratios coïncident
avec la date de clôture de l’exercice, ce qui peut entraîner des distorsions dans le calcul
des ratios. Les changements peuvent être les conséquences des événements particuliers
qui ont eu lieu à une date proche de la date de clôture des états financiers.
Dans notre cas le capital a été augmenté et une expansion a eu lieu le 30 Juin 2017.
Le capital final de la société inclut les financements supplémentaires, mais on ne peut pas
observer une augmentation de bénéfice d'exploitation que dans le deuxième semestre.
Il peut être plus utile de calculer ce ratio pour la période avant l’acquisition des nouveaux
magasins ainsi que pour la période ultérieur.
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016
5) Rotation de l’actif (Produits
d’exploitation / Total de l’actif y
54,327/27,165= 2% 47,198/20,417= 2,32%
compris le BFRE)

______________________________________________________________________________________
138
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Intégration dans le processus d’audit

Ce ratio montre combien de dinars de ventes sont générés par chaque dinar d'actif. La
baisse du ce ratio montre que même si les capitaux (et donc les actifs) ont augmenté, les
ventes n’ont pas augmenté proportionnellement. Mais dans notre cas cette tendance
pourrait simplement être due à la période d’augmentation de l’actif suite à l’acquisition.
Ce ratio comme le ratio précédent doit être isolé par période.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


6) ROCE (Return On Capital
Employed)
% Bénéfice net*Rotation de l’actif 5,9%* 2= 11,8% 5,2%*2,3= 12%

Le ROCE est la rentabilité des capitaux investis (ou employés) après impôts. Les
capitaux employés correspondent à la somme de actifs immobilisés et du besoin en fonds
de roulement c’est-à-dire à l’actif économique. Le ROCE est aussi appelé le taux de
rentabilité de l’actif économique.
Le ROCE est un indicateur de performance économique de l’entreprise et à ce titre, dans
une approche d’analyse sectorielle, il peut être comparé au ROCE de sociétés
comparables.
On peut constater que les moyens sont cohérents avec l’activité des grandes distributions
qui dégage de faibles marges mais un fort taux de rotation de l’actif (une faible intensité
capitalistique).
La comparaison du ROCE au WACC (Weighted Average Cost of Capital, qui mesure le
coût moyen pondéré des capitaux propres et de la dette), permet de mesurer la création de
valeur par la société au cours de la période, ce qui est le cas lorsque le ROCE est
supérieur au WACC.

______________________________________________________________________________________
139
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

3-2 L’analyse de la liquidité

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


1) Ratio de liquidité générale
Actif circulant / Dettes à court 9,209/12,582= 0,73 5, 889 / 9,362 = 0, 62
terme

Intégration dans le processus d’audit

Normalement, les actifs courants sont utilisés pour payer les passifs courants. Le ratio
actuel inférieur à 1 est souvent considéré comme alarmant car il pourrait y avoir des
menaces en ce qui concerne la continuité d’exploitation. Mais pour la société «ABC»
l’auditeur doit examiner le type d’entreprise avant de tirer des conclusions. Dans
l’activité de grande distribution, les stocks se transformeront probablement en espèces de
manière stable et prévisible, de sorte qu’il y aura toujours une réserve de liquidités
disponibles pour payer le passif. La société a survécu 12 mois à compter de la date du
bilan de 2016 jusqu’à l’heure actuelle (et le ratio actuel s’est amélioré), il ne devrait donc
pas y avoir d’alarme particulière en ce qui concerne l’hypothèse de la continuité
d’exploitation.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016

2) Ratio de liquidité réduite


(9,209-2,669)/12,582 (5, 889-2,430) / 9,362
(Actif circulant-Stocks)/ Dettes à
= =
court terme
0,52 0, 37

Intégration dans le processus d’audit

Le ratio de liquidité réduite est utile lorsque les stocks sont à rotation lente, puisque le
paiement des passifs à court terme dépend des créances et des liquidités. Un ratio de
liquidité réduite inférieur à un est souvent inquiétant, mais cela dépend encore du secteur
d’activité et des comparaisons avec les autres sociétés opérant dans le même domaine
d’activité.
______________________________________________________________________________________
140
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Pour la société «ABC » le ratio de liquidité réduite de l’exercice 2017 est meilleur que
celui de l’exercice 2016.
Pourquoi ? Les produits d'intérêts ont-ils également augmentés ?
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016

3) Délai moyen de recouvrement


(1,798 /54,327) *365 (1,311) / 47,198) *365
des comptes clients
= =
(Créances clients /Total des
12 Jours 10 Jours
ventes)*365

Intégration dans le processus d’audit

Dans la grande distribution, la plupart des ventes sont au comptant et la comparaison des
créances avec les ventes est inutile. Il serait préférable que les ventes soient réparties
entre les ventes au comptant et à crédit et que le véritable délai de recouvrement des
créances client soit déterminé.
Cependant, il semble y avoir eu une augmentation disproportionnée de la période de
recouvrement. Les raisons possibles sont les suivantes :
 Une approche commerciale différente - offrant peut-être des facilités de crédit aux
clients. (à valider par des tests de détail)
 Une nouvelle politique commerciale offrant un délai de recouvrement plus étendue
pour certains clients. L’auditeur doit dans ce cas examiner les procès verbaux du
conseil d’administration qui autorisent une telle décision commerciale.
 Une mauvaise gestion au niveau des ventes à crédit.

L’auditeur doit examiner minutieusement la politique du crédit de la société et signaler


dans ses conclusions sur le contrôle interne tout dépassement par rapport aux procédures
de vente à crédit. Il ne faut pas oublier que ces dépassements peuvent camoufler des
fraudes. (Exemple : Des ventes aux comptants qui seront considérés à crédit).
Dans tous les cas l’auditeur doit examiner les implications de l’augmentation de délai de
recouvrement des créances clients sur les provisions pour les créances douteuses.
L’auditeur doit vérifier également d'autres informations. Par exemple, si les délais plus
longs qui prévus sont accordés aux clients à termes, l'entreprise perçoit-elle des intérêts

______________________________________________________________________________________
141
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

sur les soldes ? Une circularisation des créances est nécessaire dans ce cadre pour tester
l'exactitude du chiffre d'affaires.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


4) Délai moyen de recouvrement
des comptes clients (8,522)/50,109)* 365
(7,277/ 43,968) * 365 =
(Dettes fournisseurs/Total des =
60 Jours
achats)*365 62 Jours

Intégration dans le processus d’audit

Il n'y a rien de remarquable. L'augmentation pourrait être la preuve de la pression exercée


sur les fournisseurs et pourrait être compatible avec l'amélioration du pourcentage de la
marge brute.
Nous devrions vérifier qu’il n’y aura pas de problèmes d’approvisionnement futurs
(correspondances, procès-verbaux du conseil d’administration) et évaluer si l’entreprise
peut continuer à s’approvisionner dans des conditions normales.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


5) Rotation des stocks
(Stocks des marchandises/coût (2,669/50,109)* 365 (2,430 / 43,968) * 365
d’achat des Marchandises = =
vendues)*365 19,4 Jours 20,2 Jours

Intégration dans le processus d’audit

Nous constatons une chute de 4% qui semble indiquer un contrôle plus rigoureux des
stocks. Cependant, il faut toujours penser qu’il peut s’agit d’une coïncidence du calcul
puisque nous avons utilisé le stock de fin d’exercice.
On doit déterminer qu’il ne s’agit pas d’un accident du calcul du ratio par la mise en
œuvre des investigations pointues pour expliquer cette diminution ?
______________________________________________________________________________________
142
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’auditeur peut procéder comme suit :

Eliminer l’hypothèse que cette augmentation pourrait être un accident du calcul. Par
exemple, lorsqu'un week-end coïncide avec à la fin de l’année.
 Vérifier les inventaires à tous les niveaux : Existence, évaluation, quantité, etc.
 Y-a-t-il une diminution du gaspillage de stock ?
 Examiner les autres informations. Par exemple :
-L'entreprise a-t-elle investi dans de nouveaux systèmes informatiques permettant
un meilleur contrôle des stocks ?
- Le système de distribution a-t-il changé ?
-Des moyens de transport de marchandises supplémentaires ont-ils été achetés
pour permettre à l'entreprise de fonctionner avec un stock inférieur ?

3-3 L’analyse de risque


L'endettement d'une entreprise est évident à partir des états financiers. Le risque analysé
par les utilisateurs externes est le risque lié à l’emprunt appelé « Le Gearing ».
L'emprunt entraîne des risques car les intérêts doivent être payés indépendamment des
bénéfices réalisés. Une hausse des taux d’intérêt ou une baisse des bénéfices peut affecter
la capacité de l’entreprise à rembourser ses emprunts.
Le risque d'emprunt peut également survenir lorsque le remboursement du capital est
requis, que ce soit à la demande (en cas de découvert) ou à la fin d'une durée déterminée.
Il est très important de comprendre le mécanisme de remboursement des emprunts. En
effet cette question est d’importance capitale dans l’évaluation de l’hypothèse de
continuité d’exploitation.

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


1) Calcul du Gearing
(14,170 /12,995)* 100 (8,602 / 11,815) * 100
Dettes financières à LT / Fonds
= =
propres
109% 73%

______________________________________________________________________________________
143
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Intégration dans le processus d’audit

Le ratio d'endettement peut être calculé par d’autres méthodes, en particulier en


comparant le financement à long terme au financement total.
L’augmentation de l’endettement augmente le risque de non-paiement des emprunts.
Mais il est difficile de définir un niveau d’engagement à partir duquel on peut juger
l’impossibilité de paiement de l’endettement.
Par exemple, une société immobilière dont les biens sont loués aux locataires aura des
revenus locatifs assez prévisibles. Une telle entreprise peut probablement maintenir des
emprunts substantiels en toute sécurité (même si cela pourrait poser problème si les taux
d'intérêt augmentaient de manière significative).
Le calcul pour «ABC» montre une forte augmentation de l’endettement de l'entreprise.
Dans le cadre de notre mission d’audit nous devons porter plus d’attention aux réflexions
suivantes :
 Ce taux d’endettement est-t-il prévu dans la planification financière de l’entité ;
Y a-t-il une raison de supposer que l'effet est temporaire ou un accident de calcul ?
Les contrats des emprunts doivent être vérifiés pour déterminer les durées et les
garanties accordés ;
Si les durées des emprunts est relativement courtes, if faut examiner la planification
des règlements ?
Nous nous attendons à ce que le montant des intérêts payés augmente (à moins que
les prêts supplémentaires ont été contracté à la fin de l’exercice).

Ratio Exercice 2017 Exercice 2016


2) Ratio de Couverture des
intérêts 3, 206/0,478 2,450/0, 250
Bénéfice avant = =
financement/Intérêts 6, 7 9,8

Intégration dans le processus d’audit

Le ratio de couverture des intérêts cherche à mesurer dans quelle proportion les revenus
d’une entreprise sont supérieurs au remboursement des intérêts de la dette.

______________________________________________________________________________________
144
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Il s’agit d’un indicateur de solvabilité important dans la mesure où il souligne la capacité


d’une entreprise à faire face aux intérêts de la dette, sans même envisager le poids que
pourrait représenter le remboursement du capital. Les intérêts sont généralement
récurrents, l’entreprise choisissant une certaine structure de capital pour fonctionner. Une
certaine part de dette sera donc permanente. Les intérêts peuvent alors être considérés
comme une charge fixe et régulière. Si l’entreprise ne peut faire face à ces paiements, elle
court le risque d’être mise en faillite et de disparaître.
Pour «ABC» ce ratio n’est pas préoccupant. La baisse de 2016 à 2017 correspond à la
hausse des emprunts constatés précédemment. Les montants d'intérêts devraient être
testés pour vérifier s'ils étaient raisonnables, compte tenu des taux d'intérêt et des dates de
déblocages des emprunts contractés durant l’exercice 2017.

En conclusion le diagnostic financier et les techniques d’analyse financière sont des outils
précieux pour aider les auditeurs à comprendre la dynamique financière de l’entreprise et
des caractéristiques financières de son secteur d’activité. Cependant, le calcul initial des
ratios et des changements de pourcentage est facile et peu être mécanisé par des moyens
informatiques. La vraie compétence est l’interprétation des résultats du diagnostic et la
déclinaison de ces résultats dans le processus de vérification.

______________________________________________________________________________________
145
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Conclusion de la deuxième partie


Cette partie est peut- être le cœur du mémoire. Elle analyse de manière approfondie la
portée de l’intégration afin de réduire le risque d’audit en utilisant ces différents
instruments d’analyse.
L’apport de l’intégration du diagnostic financier dans le processus d’audit est
l’approfondissement par l’auditeur de la connaissance globale et transversale de l’entité,
avec un accent particulier sur tous les risques qui menacent l’entreprise, qu’ils soient
économiques et financiers ou stratégiques et organisationnels.
L’intégration du diagnostic dans le processus d’audit va avoir des impacts colossaux
aussi bien en termes méthodologiques qu’en termes de fond. C’est qu’en effet cette
internalisation va enrichir la stratégie d’audit par les risques et permettre à l’auditeur de
mieux les gérer.
L’auditeur pourrait également s’appuyer sur le diagnostic pour détecter des risques qu’il
ne peut pas soulever dans l’approche normale d’audit, comme le risque de faillite, le
risque de rupture et celui de la destruction de la valeur financière de la firme.
Le recours au diagnostic financier est d’ailleurs véhiculé par les normes de l’IFAC sous
l’appellation de ‘’procédures analytiques’’. Les normes prévoient des principes pour
l’application des ces procédures toute au long du processus d’audit.
En se référant à un rapport du diagnostic externe ou en ingérant la logique du diagnostic
l’auditeur est en mesure d’extraire des indicateurs financiers. Ces indicateurs seront
ensuite analysés et décliner à des vrais outils de vérification des comptes.
Grâce à cet éclairage, l’auditeur améliore très significativement sa compréhension
économique et financière de l’entreprise et pourra optimiser la mise en place des
procédures analytiques pertinents, peu coûteux et à forte valeur ajoutée.
L’intégration du diagnostic financier dans le processus d’audit n’est pas juste une
réflexion théorique. Mais plutôt un vrai outil d’analyse pour la planification et
l’exécution de la mission d’audit. Pour consolider ce constat nous avons proposé une
démarche pratique pour intégrer les indicateurs des techniques du diagnostic dans la
démarche d’audit. Pour aller plus loin nous avons appliqué la démarche proposée à une
société appartenant au secteur de grande distribution.

______________________________________________________________________________________
146
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Conclusion générale

Le diagnostic financier est une branche de la finance d’entreprise et l’audit fait partie du
système global de contrôle de l’entreprise. Ces deux disciplines sont en intersection,
notamment au niveau de l’analyse des risques de l’entreprise. Car l’auditeur, qui se
trouve au départ dans une situation d’incertitude partielle ou totale, cherche à réduire le
risque de rendre un avis erroné sur la qualité de l’information financière élaborée par
l’entreprise.
Le diagnostic peut être réalisé par l’auditeur lui-même (et il serait dans ce cas plus orienté
vers l’audit, mais moins pertinent parce que l’auditeur n’est pas un analyste financier) ou
par un diagnostiqueur externe. Parfois le diagnostic est réalisé en interne par un financier
d’entreprise. Le diagnostic financier n’est pas normalisé, il est réalisé au goût de chaque
analyste et en fonction du profil de ce dernier et du contexte dans lequel se réalise le
diagnostic. Pour toutes raisons, nous conseillons à l’auditeur d’élaborer son propre
diagnostic et de le relier à ses besoins dans les travaux de vérification.
Le diagnostic financier est déjà intégré dans le processus d’audit: encore faut-il le
traduire en outils de vérification pour permettre à l’auditeur de mieux valider les comptes,
d’améliorer son opinion et de gérer optimalement son budget d’intervention.
Une des caractéristiques de l’application du diagnostic à l’audit est qu’il permet de
développer des contrôles analytiques plus efficaces et moins coûteux. Le contrôle devient
plus cohérent, plus riche et plus financier.
L’introduction du diagnostic en audit permet à l’auditeur de communiquer avec
l’entreprise selon un langage financier, managérial et stratégique. L’auditeur voit sa
mission élargie et prendre une dimension plus économique. Dans son rapport d’opinion,
il pourra donner son avis sur les comptes tout en développant son opinion sur l’analyse
économique et financière sur l’entreprise, comme le risque de faillite, la destruction de la
valeur, l’affectation du cash-flow libre ou encore le risque global de l’entreprise et
l’acceptation des projets d’investissement. Ces aspects sont qualitatifs, moins comptables
et plus financiers.
L’intégration du diagnostic financier n’est pas seulement un outil d’audit des comptes,
elle est aussi et surtout un instrument d’analyse économique et financière de l’entreprise
dans sa globalité, un langage d’amélioration de l’opinion de l’auditeur et une
méthodologie de vérification des comptes selon une dimension financière et managériale.

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147
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

L’audit et le diagnostic ensemble constituent deux outils puissants d’analyse des comptes
surtout lorsque les auditeurs savent bien profiter de cette synergie. Cette intégration doit
être vertueuse et équilibrée. Car l’auditeur ne doit jamais oublier qu’il vérifie des comptes
et qu’il doit exprimer une opinion sur la qualité des comptes. L’intégration doit améliorer
l’approche de l’auditeur, mais elle ne doit en aucun cas se substituer à l’audit lui-même.
Le diagnostic financier renseigne sur les différents risques de l’entreprise (taux sans
risque, risque économique, prime de risque, risque financier). Ces niveaux de risque sont
utiles pour l’auditeur, mais ce dernier ne doit pas les confondre avec le risque d’audit,
celui de rendre un avis erroné sur la qualité de l’information financière. Il peut néanmoins
faire un exercice d’intelligence pour aboutir à la conclusion que tous les risques sont
quelque part de même nature et élaborer une approche d’audit où il intègre les
renseignements du rapport de diagnostic.
La synergie entre diagnostic en audit financier est optimale dans la mise en œuvre des
procédures analytiques. En effet, les procédures analytiques constituent le principal point
d’intersection entre les deux disciplines.
Enfin il faut signaler que l’audit est une discipline normalisée et l’intégration du
diagnostic financier elle doit être utilisée à bon escient .Car il ne s’agit pas de dénaturer le
diagnostic, comme il ne s’agit pas de transformer l’audit en une simple approche
d’analyse financière, même si ces deux disciplines se complètent dans le domaine de la
vérification des comptes.

______________________________________________________________________________________
148
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Bibliographie
Articles

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150
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Normes internationales d’audit

 « ISQC1 : Contrôle qualité des cabinets réalisant des missions d’audit ou


d’examen d’états financiers ainsi que d’autres missions d’assurance et de services
connexes »
 « Norme internationale d’audit ISA 200 : Objectifs généraux de l’auditeur
indépendant et réalisation d’un audit conforme aux normes internationales
d’audit »
 « Norme internationale d’audit ISA 315 : Compréhension de l’entité et de son
environnement aux fins de l’identification et de l’évaluation des risques
d’anomalies significatives »
 « Norme internationale d’audit ISA 520, Procédures analytiques »
 « Norme internationale d’audit ISA 570, Continuité d’exploitation »
 « Norme Norme internationale d’audit ISA 620, Utilisation par l’auditeur des
travaux d’un expert de son choix»
Ouvrages

 Aboiron J. (2014) : « Management stratégique et financier » éditions Aboiron et


associés 2ème édition
 Blazy R.& Combier G. (1997) : « La défaillance d’entreprise : Causes
économiques, traitement judiciaire et impact financier»
 Cohen E. (2014) : « Analyse financière : Information financière, évaluation,
diagnostic » Hubert de La Bruslerie, Dunod 5ème édition
 Forget J. (2005) : « Analyse financière : de l’interprétation des états financiers à
compréhension des logiques boursières »éditions d’organisation
 Hoarau C. (2001) : « Maitriser le diagnostic financier » Groupe Revue Fiduciaire
 Hutin H. (2002) : « Toute la finance d’entreprise en pratique » éditions
d’organisation, deuxième organisation
 Lebraty J. et Teller R. (1994) : « Diagnostic global d’entreprise : Aspects
comptables et financiers » Editions Liaisons France
 Lebraty J. et Teller R. (1994) : « L’ingénierie du diagnostic global d’entreprise »
Editions Liaisons France
 Marion A. (2001) : « Analyse financière, concepts et méthodes », Dunod
 Martinet A.C (1988) : « Le diagnostic stratégique » Vuibert
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151
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

 Meunier B. (2006) :« Le diagnostic financier »,4èmeéditions d’organisations


 Olivier M. (2011) : « Diagnostic stratégique, évaluer la compétitivité de
l’entreprise » ,3ème édition, Dunod
 Quiry P. et Le Fur Y. (2016) : « Pierre Vernimmen : Finance d’entreprise 2017 »,
Dalloz 15ème édition
 Thibierge C. (2014) : « Analyse financière» Vuibert 5ème édition

Mémoires d’expertise comptable

 BouraouiS. (2002) : « L’anticipation des risques dans les entreprises : proposition


d’une démarche de diagnostic d’analyse et de détection des risques significatifs
de l’entreprise » Mémoire d’expertise comptable (IHEC Carthage)
 HamrouniF. (2003) : « Audit par les risques : Précautions et diligences de
l’auditeur dans un contexte de gestion des résultats » Mémoire d’expertise
comptable (ISCAE)
 Marrakchi M. (2006) : « Gestion des risques : Nouveaux enjeux et importance
pour les petites et les moyennes entreprises : Contribution de l’expert-
comptable » Mémoire d’expertise comptable (IHEC Carthage)
 Njeh M. (2014) : « Le diagnostic financier de l’entreprise : Les vertus de
l’analyse stratégique et organisationnelle » Mémoire d’expertise comptable
(FSEG Sfax)
 Ratzinger J. (2015) : « The application of analytical procedures in the audit
process» University of Pretoria, South Africa
 SaadaA. (1987) : « Les applications de la théorie bayésienne de la décision à
l’audit financier » mémoire d’expertise comptable, Paris
 Wifried R (2002) : mémoire « Finance et stratégie : Vers une convergence
d’analyse ? »
 ZribiH. (2008) : « De l’analyse des risques financiers et commerciaux : Rôle de
l’expert comptable » Mémoire d’expertise comptable (ISCAE Manouba)

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152
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Documents et cahiers de recherche

 Arbu E., Mallet B. & Thealet S. : «La crise économique et financière


impacte-t-elle la mission d’audit légal et de certification des comptes ? »
Avril 2010
 Autorité des Marchés Financiers française (2015) : « Guide sur la pertinence, la
cohérence et la lisibilité des états financiers»
 Burlaud A. (2016) : « Mélanges en l’honneur du Professeur Christian Hoarau :
Comptabilité, Finance et Politique de la pratique à la théorie l’art de la
conceptualisation », Ordre des Experts Comptables Français
 Charreaux G. (2001) : « Variation sur le thème : A la recherche de nouvelles
fondations pour la finance d’entreprise », colloque de l’AFFI, Paris, décembre
2001
 Club secteur public de l’Ordre des Experts Comptables Français (2010) : « Guide
pratique : Le diagnostic financier de la collectivité territoriale »
 Cohen E. & Perez R. (1999) :« Vingt ans d’analyse financière en France »,
Association Francophone de Comptabilité
 Curtis, E. (2003): « The Business Risk Audit – A Longitudinal Case Study of an
Audit Engagement», Paper presented at the 2nd European Audit Research
Network Symposium, 31 October-1 November, Manchester, England.
 Institut Français des Experts Comptables (I.F.E.C) : « Approche de l’audit par
l’étude des risques », cahier n°35 I.F.E.C
 Marteau D. & Morand P. (2009) : « Normes comptables et crise financière :
Proposition pour une réforme du système de régulation comptable », Rapport au
Ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi »

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153
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

Table des matières


INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : 6

L’APPORT DU DIAGNOSTIC FINANCIER A L’AUDIT 6

CHAPITRE 1 : LE CHAMP ET LES METHODES DU DIAGNOSTIC DE L’ENTREPRISE 6

SECTION 1 : LE CHAMP DU DIAGNOSTIC 6


SOUS-SECTION 1 : LE DIAGNOSTIC GLOBAL 7
1-1. METHODE DU DIAGNOSTIC GLOBAL D’ENTREPRISE 8
1-2. LE DIAGNOSTIC GLOBAL DANS LE CONTEXTE D’AUDIT FINANCIER 10
SOUS-SECTION 2 : LE DIAGNOSTIC STRATEGIQUE 11
2-1 DEFINITIONS ET CONCEPTS 12
2-2 LE PASSAGE DU DIAGNOSTIC STRATEGIQUE AU DIAGNOSTIC FINANCIER 14
SOUS-SECTION 3 : LE DIAGNOSTIC FINANCIER 14
3-1 DEFINITIONS ET OBJECTIFS 14
3-2 LES UTILISATEURS DU DIAGNOSTIC FINANCIER 16
3-3 LA DEMARCHE DU DIAGNOSTIC FINANCIER 17
SECTION 2 : LES METHODES DU DIAGNOSTIC 18
SOUS-SECTION 1 : L’INGENIERIE DU DIAGNOSTIC GLOBAL 19
SOUS-SECTION 2 : L’ANALYSE DE LA SURVIE DE L’ENTREPRISE 22
2.1. PERENNITE ENTRE RUPTURE-CONTINUITE 22
2.2. ANTICIPATION ET PREVENTION DES FAILLITES 23
SOUS-SECTION 3 : L’ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DE L’ENTREPRISE 25
3-1 COMPETITIVITE ET NOTIONS SIMILAIRES 25
3-2 LES INDICATEURS DE COMPETITIVITE 26
SOUS-SECTION 4 : LE DIAGNOSTIC DU DEVELOPPEMENT DE L’ENTREPRISE 27
SECTION 3 : LA PLACE DU DIAGNOSTIC FINANCER DANS LES MISSIONS L’AUDIT 28
SOUS-SECTION 1 : LES SOURCES DE DISTORSIONS DE L’INFORMATION COMPTABLE 28
1-1 LES POSTULATS ET CONVENTIONS DU MODELE IFRS 29
1-2 L’INFLUENCE DES REGLES JURIDICO-FISCALES 31
1-3 LA COMPTABILITE CREATIVE 31
SOUS-SECTION 2 : LE DIAGNOSTIC FINANCIER ET LES NORMES DE L’IFAC 33
2-1 LES TENDANCES DES NORMES INTERNATIONALES D’AUDIT 33
2-2 L’ETENDUE DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LES NORMES DE L’IFAC 34
SOUS-SECTION 3 : LES MOTIVATIONS DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER 37
3-1 L’ENRICHISSEMENT DE L’AUDIT PAR LE DIAGNOSTIC FINANCIER 37
3-2 LES MOTIVATIONS DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE PROCESSUS D’AUDIT 38

CHAPITRE 2 : LE RECOURS AU DIAGNOSTIC FINANCIER EN AUDIT 42

SECTION 1 : L’UTILITE DE RECOURS AUX PROCEDURES ANALYTIQUES DANS LE PROCESSUS D’AUDIT 42


SOUS-SECTION 1 : AVANTAGES ET DEFIS DE L'APPLICATION DES PROCEDURES ANALYTIQUES 43
1-1 DEFINITION DES PROCEDURES ANALYTIQUES 43
1-2 L'OBJECTIF DES PROCEDURES ANALYTIQUES 44

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153
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

SOUS-SECTION 2 : LES PROCEDURES ANALYTIQUE DANS LE CADRE DU PROCESSUS D’AUDIT 45


2-1 LES EXIGENCES NORMATIFS D’APPLIQUER LES PROCEDURES ANALYTIQUES 46
2-2 LES INFORMATIONS NON FINANCIERES 46
SOUS-SECTION 3 : LES TECHNIQUES ET LES METHODES D’ANALYSES DANS LES NORMES DE L’IFAC 48
3-1 LES TECHNIQUES ET LES METHODES DES DIAGNOSTICS PREVUS PAR LES NORMES ISA 48
3-2 QUELQUES PROCEDES ANALYTIQUES 51
SOUS-SECTION 3 : LE PASSAGE DU DIAGNOSTIC FINANCIER AUX INDICATEURS D’AUDIT 52
3-1 LA METHODOLOGIE DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS UNE MISSION D’AUDIT 53
3-2 LES INDICATEURS DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS UNE MISSION D’AUDIT 54
SECTION 2 : LE DIAGNOSTIC FINANCIER ET L’ELARGISSEMENT DU CHAMP DES PROCEDURES ANALYTIQUES 55
SOUS-SECTION1 : LES SOURCES DU DIAGNOSTIC FINANCIER 55
1-1 LE DIAGNOSTIC REALISE PAR L’ENTREPRISE EN INTERNE 56
1-2 LE DIAGNOSTIC REALISE PAR UN ANALYSTE FINANCIER EXTERNE 57
1-3 LE DIAGNOSTIC REALISE PAR L’AUDITEUR DANS LE CADRE DE SA MISSION 58
SOUS-SECTION 2 : LE COUT DU DIAGNOSTIC 59
2-1 L’AUDIT EST UNE ACTIVITE ECONOMIQUE 59
2-2 LE COUT DE L’INTERNALISATION 60
SECTION 3 : LE FILTRAGE, COHERENCE ET PERTINENCE DES AXES DU DIAGNOSTIC A INTEGRER DANS LE PROCESSUS
D’AUDIT 61
SOUS-SECTION 1 : LES OBJECTIFS DU FILTRAGE DES INFORMATIONS ISSUES DU DIAGNOSTIC 61
1-1 LES ABREGES DE DIAGNOSTIC DANS UNE MISSION D’AUDIT 62
1-2 EXEMPLE DE CADRE MINIMUM NECESSAIRE AU DIAGNOSTIC 63
SOUS-SECTION 2 :EXEMPLES DES OUTILS D’ANALYSES INSPIRES DU DIAGNOSTIC FINANCIER 64
2-1L’ETE (EXCEDENT DE TRESORERIE D’EXPLOITATION) 64
2-2 L’EVA ( ECONOMIC VALUE ADDED) 65
2-3 LA STRUCTURE FINANCIERE 65
2-4 LE COUT DU CAPITAL 66
SOUS-SECTION 3 : LA CONSTRUCTION DES REPRESENTATIONS PERTINENTES EN AUDIT A PARTIR DU DIAGNOSTIC 66
3-1 L’ENRICHISSEMENT DE L’AUDIT PAR LE DIAGNOSTIC FINANCIER 66
3-2 LES AVANTAGES DE L’INTERNALISATION 67

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 68

DEUXIEME PARTIE : 6

LES IMPACTS DU RECOURS AU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE


PROCESSUS D’AUDIT 6

CHAPITRE 3 : L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER ET APPROCHE D’AUDIT 70

SECTION 1 : LES IMPACTS DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC DANS LES DIFFERENTES ETAPES DU PROCESSUS D’AUDIT70
SOUS-SECTION 1 : PROCEDURES ANALYTIQUES PENDANT LA PHASE DE LA PLANIFICATION DE L’AUDIT 71
1-1 FONDEMENTS THEORIQUE ET EXIGENCES DES NORMES ISA 71
1-2 L’APPORT DU DIAGNOSTIC DANS LA COMPREHENSION GENERALE DE L’ENTITE 73
SOUS-SECTION 2 : PROCEDURES ANALYTIQUES LORS DE LA PHASE DE COLLECTE DES ELEMENTS PROBANTS 74
2-1 L’EFFICACITE DES PROCEDURES ANALYTIQUES DE CORROBORATION 74
2-2 INVESTIGATIONS SUR LES RESULTATS DES PROCEDURES ANALYTIQUES 77
2-3 ENRICHISSEMENT DES PROCEDURES ANALYTIQUES DE CORROBORATION 78
______________________________________________________________________________________
154
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

SOUS-SECTION 3 : PROCEDURES ANALYTIQUES LORS DE LA PHASE DE L’ACHEVEMENT DE LA MISSION ET L’EMISSION DU


RAPPORT 79
3-1 LES PROCEDURES ANALYTIQUES COMME MOYEN DE PARVENIR A UNE CONCLUSION GENERALE 79
3-2 POINTS CLES POUR L’AMELIORATION DE L’EXECUTION ET L’ACHEVEMENT DE LA MISSION 80
SECTION 2 : L’UTILITE DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LA DETECTION DES FRAUDES ET L’EVALUATION DE LA
CONTINUITE D’EXPLOITATION 81
SOUS-SECTION 1 : L’UTILITE DES TECHNIQUES FINANCIERES DANS LA DETECTION DES FRAUDES 81
1-1 TECHNIQUES COMPARATIVES 82
1-2 RELATIONS FINANCIERES 83
1-3 INVESTIGATIONS SUR LES RELATIONS INATTENDUES 84
SOUS-SECTION 2 : QUELQUES TECHNIQUES FINANCIERES DE DETECTION DES FRAUDES 85
2-1 L’ANALYSE EN POURCENTAGE, Y COMPRIS L’ANALYSE VERTICALE ET HORIZONTALE 85
2-2 L’ANALYSE PAR LES RATIOS 86
SOUS-SECTION 3 : CONTRIBUTION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS L’EVALUATION DU CONTINUITE DE L’EXPLOITATION
87
3-1 LA PRESOMPTION DE CONTINUITE D’EXPLOITATION : 87
3-2 LES RISQUES DE RUPTURE 89
3-3 LE RISQUE DE FAILLITE 91
SECTION 3 : LES APPORTS DU DIAGNOSTIC EN MATIERE DU RISQUE D’AUDIT 93
SOUS-SECTION 1 : LE DIAGNOSTIC FINANCIER ET LE RISQUE D’AUDIT 93
1-1 LA NOTION DU RISQUE D’AUDIT 93
1-2 TYPOLOGIE DES RISQUES 93
SOUS-SECTION 2 : PROCEDURES D’EVALUATION DES RISQUES 95
2-1 LES RISQUES D’AUDIT DANS LES NORMES ISA 97
2-2 LES COMPOSANTES DU RISQUE D’AUDIT 97
2-3 L’OPTIMISATION DU RISQUE D’AUDIT EN TENANT COMPTE DU DIAGNOSTIC 98
SOUS SECTION 3 : LE DIAGNOSTIC ET L’APPROCHE BUSINESS RISK 100
3-1 APERÇU SUR L’APPROCHE BUSINESS RISK 100
3-2 LIEN ENTRE BUSINESS RISK ET LE RISQUE D’AUDIT 102
3-3 LES INTERSECTIONS ENTRE LE DIAGNOSTIC ET L’APPROCHE BUSINESS RISK 103
3-4 LE PROCESSUS D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC DANS L’APPROCHE PAR BUSINESS RISK 106

CHAPITRE 4 : LES ASPECTS PRATIQUES DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE


PROCESSUS D’AUDIT 108

SECTION 1 : LES DIFFICULTES PRATIQUES DE METTRE EN ŒUVRE DES TECHNIQUES D’ANALYSES FINANCIERES DANS LE
PROCESSUS D’AUDIT 108
SOUS-SECTION 1 : LES CONTRAINTES D’APPLICATION DES PROCEDURES D’ANALYSES FINANCIERES 108
1-1 QUELQUES CONTRAINTES D’APPLICATION DES PROCEDURES ANALYTIQUES 108
1-2 LA PRISE EN COMPTE DES RESULTATS DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE PROCESSUS D’AUDIT 110
SOUS-SECTION 2 : POINTS CLES DE L’AMELIORATION DE LA PLANIFICATION DE L’AUDIT 110
2-1 LE RETRAITEMENT DE L’INFORMATION COMPTABLE 110
2-2 QUELQUES PISTES D’AMELIORATION DE LA COMPREHENSION ECONOMIQUE DE L’ENTREPRISE 111
SOUS-SECTION 3 : RAPPORT D’AUDIT EN TENANT COMPTE DU DIAGNOSTIC FINANCIER 115
3-1 LES LIMITES DU RAPPORT DE L’AUDITEUR 115
3-2 LES APPORTS D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC DANS LE RAPPORT DE L’AUDITEUR 116
3-3 LES CONSEQUENCES DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER SUR LA QUALITE DES TRAVAUX D’AUDIT 117
SECTION 2 : PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE PROCESSUS D’AUDIT
118
3. TIRER LES CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC SUR LES PROCEDURES D’AUDIT. 118
______________________________________________________________________________________
155
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit

SOUS-SECTION 1 : LE DIAGNOSTIC PRELIMINAIRE 118


1-1 LA COMPREHENSION DES RELATIONS FINANCIERES ET NON FINANCIERES 119
1-2 CONNAISSANCE DU METIER ET DE L'INDUSTRIE DU CLIENT 120
1-3 LES AJUSTEMENTS NECESSAIRES 120
1-4 IDENTIFIER LES RELATIONS INTER-LIEES 121
SOUS-SECTION 2 : LA MISE EN ŒUVRE DES TECHNIQUES DU DIAGNOSTIC FINANCIER 122
2-1 L’ELABORATION DES ATTENTES DES PROCEDURES D’ANALYSE 122
2-2 LES FACTEURS D’EFFICACITE D’UNE TECHNIQUE D’ANALYSE 122
SOUS-SECTION 3 : TIRER LES CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC FINANCIER SUR LES PROCEDURES D’AUDIT 126
3-1 COMPARER ET EVALUER LES RESULTATS OBTENUS 126
3-2 LES IMPACTS SUR LES PROCEDURES D’AUDIT 127

CHAPITRE 5 : CAS PRATIQUE D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS UNE MISSION


D’AUDIT 128

SECTION 1 : PRESENTATION DE LA SOCIETE « ABC» 128


SECTION 2 : DIAGNOSTIC FINANCIER PRELIMINAIRE DES CHIFFRES DU « ABC » 130
SECTION 3 : L’UTILISATION DES INDICATEURS DU DIAGNOSTIC DANS LES PROCEDURES D’AUDIT 135
3-1 L’ANALYSE DE LA RENTABILITE 136
3-2 L’ANALYSE DE LA LIQUIDITE 140
3-3 L’ANALYSE DE RISQUE 143

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 146

CONCLUSION GENERALE 147

BIBLIOGRAPHIE 149

TABLE DES MATIERES 153

______________________________________________________________________________________
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