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UNIVERSITE DE LA MANOUBA
Octobre 2018
Quand nous arrivons presque à la fin de ce chemin qui m’a beaucoup permis de grandir,
je voudrais remercier avec ma profonde gratitude, les nombreuses personnes qui m’ont
aidé à la réalisation de ce mémoire, soit de près ou de loin, mais elles ont toujours été
présentes. Et comme a écrit William Arthur Ward, « La gratitude peut transformer votre
routine en jours de fête », moi je souhaite que ce jour soit un jour de fête, mais il ne le
serait uniquement grâce aux personnes qui ont parcouru ce chemin tout près de moi.
Tout d’abord, je tiens à remercier mon encadreur Madame Raida CHAKROUN qui a
pu être possible sans son soutien et son professionnalisme, sans ses justes et pertinents
Je ne peux pas finir et passer sous silence, sans penser à ma famille. Je souhaite résumer
toute ma gratitude envers eux par cette pensée : « Je suis reconnaissant à tous les
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : 6
DEUXIEME PARTIE : 6
BIBLIOGRAPHIE 149
Introduction
L’audit financier a joué un rôle important dans le renforcement de la confiance entre les
différents intervenants du secteur financier. Cependant, les scandales financiers qui ont
commencé avec la fameuse affaire d’Enron et qui se succèdent d’une fréquence
spectaculaire (Word com, Merill Lynch, TISCO etc...) ont exposé l’audit financier à la
critique.
Les nouvelles exigences des utilisateurs de l’information comptable conduisent les
auditeurs à ne négliger aucun atout d’ordre économique, comptable et financier. Ce
dernier doit maitriser au-delà des chiffres comptables la réalité économique et financière
de l’entreprise.
Dans la cadre d’un audit, l’analyse approfondie de la situation économique et financière
de l’entité permet à l’auditeur de déceler les problèmes chroniques et de les isoler des
problèmes ponctuels et même de repérer les menaces pouvant même affecter la survie de
l’entreprise dans son ensemble. Cette constatation est illustrée par l’ISA 3151 §4 "
L'acquisition d'une compréhension de l’entreprise et de son environnement est une
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Compréhension de l’entité et de son environnement aux fins de l’identification et de l’évaluation des
risques d’anomalies significatives.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Norme internationale d’audit (révisée) continuité d’exploitation : en vigueur pour les audits des états
financiers des périodes closes à compter de 15 décembre 2016.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Ce travail sera présenté en deux parties. Ainsi, la première partie sera consacrée à
l’étendu du diagnostic financier dans le processus l’audit. On s’intéressera dans un
premier chapitre au champ et aux méthodes du diagnostic financier. Le deuxième
chapitre, traitera les procédés du diagnostic déjà intégrés dans les normes de l’IFAC afin
de souligner que le recours aux techniques du diagnostic financier apporte à l’auditeur
des informations supplémentaires lui permettant d’optimiser sa stratégie et sa démarche
d’intervention.
Dans la deuxième partie, nous mettrons en valeur les résultats du diagnostic financier
dans chaque étape du processus d’audit. En effet, l’utilisation des méthodes développées
du diagnostic a des conséquences sur les différentes étapes du processus d’audit. Dans ce
cadre, nous nous concentrons d’une part, aux impacts d’une telle démarche sur la nature,
le calendrier et l’étendue des travaux d’audit. Et d’autre part, à la complémentarité entre
le diagnostic financier et l’approche Business Risk.
Ensuite, notre réflexion sera enrichie d’une part, par la proposition d’une démarche
d’intégration du diagnostic financier dans le processus d’audit. Et d’autre part, par un cas
pratique afin de montrer concrètement que l’intégration des résultats d’un diagnostic
financier dans le processus d’audit permettra de construire une batterie d’indicateurs et de
paramètres ayant une grande valeur au niveau de la mission d’audit.
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Première partie :
Il est nécessaire avant d’avancer dans la présentation des différents champs et méthodes
de diagnostic de définir le terme diagnostic.
Le diagnostic est défini par le dictionnaire : « diagnostic : non masculin. Détermination
(d’une maladie, d’un état) d’après ses symptômes. Poser, établir un diagnostic. Erreur de
diagnostic » (Le Robert, 1996)
Une définition précise, plus élaborée, est proposée par l’Association Française de
Normalisation (AFNOR) dans le cadre du vocabulaire de la normalisation : « Examen
volontaire caractérisant une entité (Personne, organisation, fonction, matériel …) selon
un certain nombre de critères propres à l’expert (généralement un spécialiste appelé) et
visant à partir des dysfonctionnements ou symptômes repérés, à dégager la cause du
(des)dysfonctionnement(s) et à proposer des recommandations ».
La notion de diagnostic est empruntée au jargon médical dans lequel elle signifie :
identification d’une maladie par ses symptômes. Cependant, si sa signification ne semble
pas poser de problèmes en médecine, il en est tout autrement en gestion. En effet, elle
suppose que l’on soit capable de définir l’état de bonne santé de l’entreprise et d’avoir
une liste des symptômes des différents types de dysfonctionnements afin que l’on puisse
identifier «les maladies de l’entreprise» à partir desdits symptômes. Or, la réalité de
l’entreprise est loin de pouvoir se prêter à une telle caricature.
Section 1 : Le champ du diagnostic
Bien que le diagnostic privilégie les aspects financiers, il est évident qu’il faut prendre en
considération les aspects économiques et sociaux de la vie de la firme en tant
qu’organisation humaine. Il faut se rappeler que la société est en permanentes interactions
avec son environnement externe qui exerce des pressions sur les décisions des dirigeants.
Avec le phénomène de globalisation et de l’innovation accrue des technologies de
communication, les sociétés sont de plus en plus exposées aux risques de tous ordres.
Ainsi, le diagnostic des entreprises devient de plus en plus complexe vu l’ouverture de la
société sur son environnement et l’impact des forces externes sur son fonctionnement.
La complexité du nouveau concept de l’entreprise est parmi les facteurs qui limitent la
capacité des différents intervenants intéressés par la société à maitriser tous les aspects
économiques et financiers.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
C’est ce qui explique en partie le recours croissant à la demande du diagnostic par des
personnes très différentes qui nous pouvons regrouper comme suit :
Les demandes internes à l’entreprise : Elles peuvent émaner des dirigeants de
l’entreprise, surtout en période d’échec ou afin de bénéficier des apports des
diagnostiqueurs. Les demandes de diagnostic par la direction peuvent concerner
l’entreprise dans sa totalité ou limitées dans un contexte bien défini telle que un
dysfonctionnement dans un service ou une fonction bien définie. D’autres organismes
internes à l’instar des représentants des salariés peuvent demander un diagnostic. A titre
d’exemple la loi française oblige les sociétés ayant un comité d’entreprise de désigner un
expert comptable une fois par an pour examiner la situation économique globale de la
société.
Les bailleurs de fonds peuvent demander un diagnostic s’ils ne sont pas en mesure de
maitriser tous les aspects économiques et financiers de la société ou en cas de doutes sur
quelques points.
Les demandes externes à l’entreprise : La liste des demandeurs externes du diagnostic
est illimitée. La société peut être considérée comme une boite noire de l’extérieur. Parmi
les demandeurs externes du diagnostic financier, ont peut citer les créanciers actuels ou
potentiels qui sont intéressés par la solvabilité de l’entreprise, ainsi que les sociétés
partenaires dans le cadre de développement des relations d’affaires.
Les investisseurs potentiels cherchent à travers un diagnostic à évaluer le potentiel de
l’entreprise surtout en termes de rentabilité et de développement.
La diversité de demandeurs du diagnostic et de leurs objectifs dicte le champ élargi du
diagnostic qui peut couvrir l’entreprise et son environnement soit d’une manière globale
soit d’une manière plus détaillée.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Pour des raisons de méthodologie, nous proposons une méthode basée sur la démarche
suivante :
1. La constitution du dossier préalable : Il faut disposer d’une documentation
nécessaire permettant une compréhension suffisante au secteur et à l’entreprise
tels que :
des fiches descriptives de l’entreprise : forme juridique, moyens humains
et financiers etc.
les plans et les plannings de l’entreprise : d’investissements, de
financement, de production etc.
les données technico – économiques et financières : états financiers de
derniers exercices, les rapports de productions, les procédés de fabrication
etc.
2. La collecte d’informations : Cette étape passe à notre avis par une présence sur
le terrain afin de comprendre le fonctionnement de l’entreprise.
Parmi les techniques de collecte d’informations, on peut citer le questionnement
ou il peut s’agir d’un questionnaire écrit et verbal qui doit couvrir tous les niveaux
passant des dirigeants jusqu’au simple exécutant. Une telle démarche permet une
meilleure compréhension de l’entité à plusieurs niveaux.
Il va sans dire qu’il ne faut négliger aucune information pouvant influencer le
fonctionnement de l’entreprise. Il est à signaler qu’il faut attacher beaucoup
d’importance aux informations externes provenant de l’environnement de
l’entreprise.
3. Traitement des informations et des données : Parmi les points faibles des
méthodes du diagnostic global, on peut citer la perte de vision globale de
l’entreprise lors de l’analyse des données séparément pour chaque processus ou
intervenant.
Malgré les spécificités de chaque processus, nous recommandons une
coordination entre les différents experts pour construire une représentation du
système permettant un diagnostic pertinent.
4. La modélisation du diagnostic : Chaque groupe chargé d’un processus analyse
et modélise le fonctionnement de ce sous-système de l’entreprise en s’appuyant
sur les concepts utilisés pour comprendre le fonctionnement global de
l’entreprise.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Le diagnostic global est réalisé à partir des points forts et points faibles retenus
dans les différents diagnostics partiels pour déboucher sur un schéma de
fonctionnement global d’entreprise.
5. La restitution et la validation : C’est la présentation ordonnée et synthétique du
diagnostic de l’entreprise. La restitution doit déboucher sur une synthèse :
- du fonctionnement de l’entreprise ;
- du diagnostic global
- des conseils, des perspectives de changement et d’amélioration.
En présentant la méthode du diagnostic global d’entreprise, on peut constater facilement
une certaine cohérence avec la phase de prise en connaissance générale au niveau de la
démarche de l’audit financier.
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objectifs, stratégies et risques qui leur sont liés et qui peuvent avoir comme
conséquence une anomalie significative dans les états financiers ;
mesure et analyse des performances financières de l'entité ;
contrôle interne.
L’annexe n° 1 de la norme ISA 315 donne des exemples de sujets que l'auditeur peut
considérer lors de sa prise de connaissance de l'entité et de son environnement. Les
exemples cités par l’annexe sont centrés autour des points suivants :
secteur d’activité ;
environnement réglementaire ;
autres facteurs externes affectant les opérations de l’entité ;
nature de l’entité ;
Activités de l’entité ;
Investissements ;
Financement ;
information financière ;
objectifs, stratégies et risques liés ;
mesure et analyse de la situation financière de l’entité.
Les exemples cités par la norme montrent l’intention du normalisateur de l’IFAC sur
l’importance accordée aux éléments financiers qui ont un impact direct sur la mission
d’audit. Mais, il reste important à notre avis que l’auditeur se réfère à un diagnostic
global suivant le contexte de l’entité en se référant à la méthode mentionnée dans le
paragraphe précédent.
L’adoption d’une telle méthodologie permettra à l’auditeur de réaliser un diagnostic
global de tous les processus en se basant sur une démarche scientifique.
La cohérence avec les objectifs et les stratégies de l’entreprise au niveau des différents
processus constitue une condition de base pour la réussite de l’entreprise.
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M. Porter (1991) met l’accent sur la notion de l’avantage concurrentiel. Pour lui, une
stratégie doit permettre à l’entreprise de construire, garder et développer un avantage
concurrentiel lui concédant de faire face à la concurrence. Ainsi, nous pouvons résumer
la notion de stratégie comme étant les moyens mis en place par l’entreprise afin
d’atteindre les objectifs stratégiques fixés par les dirigeants. Et ce pour créer un
positionnement favorable par rapport à ses concurrents.
Il s’agit alors de répondre à trois questions :
quel est mon métier ?
quel est mon avantage concurrentiel ?
comment me développer ?
La démarche du diagnostic stratégique s’apparente à une photographie de la situation de
l’entreprise. Il s’agit de positionner l’entreprise et ses concurrents sur un marché donné
afin de confirmer ou de modifier les choix stratégiques antérieurs et de projeter ainsi
l’entreprise dans un futur maîtrisé. Il est réalisé dans deux directions : l'environnement,
en termes d’attractivité du secteur (opportunités, menaces), et l'entreprise en termes de
potentialités intrinsèques (forces et faiblesses). En effet, l’entreprise est un système
ouvert qui possède ses propres caractéristiques et qui survit et se développe dans un
environnement en constante évolution, porteur de menaces mais aussi d’opportunités. Par
ailleurs, elle est amenée à faire des choix stratégiques adéquats afin de garantir sa survie
et sa pérennité. Le diagnostic stratégique permet alors, au préalable, d’avoir les
informations nécessaires, d’une part, concernant les caractéristiques de l’environnement
de l’entreprise et, d’autre part, concernant les caractéristiques de l’entreprise elle-même.
Ainsi, le diagnostic stratégique interne et externe permettra à l’entreprise de pouvoir
concilier les choix stratégiques dont dépend sa compétitivité à long terme et la maîtrise
des turbulences de son environnement dont dépend sa compétitivité immédiate.
Afin de définir sa stratégie, l’entreprise doit tout d’abord réaliser un diagnostic de sa
situation visant à recenser toutes les ressources dont elle dispose à moyen et à long terme
et qui se réalise à deux niveaux :
au niveau interne qui permet à l’entreprise d’identifier ses forces et ses faiblesses
en termes de compétences et des ressources.
un niveau externe, réalisé de façon à s’assurer de la capacité de l’organisation à
transformer les menaces de son environnement en opportunités.
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Les réponses à ces questions permettent de dégager les points forts et les points faibles
d'une entreprise. L'objectif ultime d'un diagnostic est d'apprécier la pérennité de
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Face à cette complexité, les praticiens du diagnostic sont contraints d’innover dans les
méthodes de diagnostic de l’entreprise. C’est dans cette perspective que le diagnostic est
une action managériale qui peut être complétée et améliorée par les acteurs selon les
spécificités et le contexte.
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Les méthodes du diagnostic financier sont parmi les sujets les plus traités dans les livres
et les revues de finance. Mais, malheureusement la majorité de ces sources s’intéressent
aux techniques de diagnostic financier en négligeant les aspects conceptuels qui
soutiennent ces techniques et méthodes.
En tenant compte des différentes sources traitant le sujet des méthodes de diagnostic
financier, nous pouvons partant avec l’hypothèse qu’il existe un fonds commun qui
concerne aussi bien les finalités ainsi que les méthodologies du diagnostic.
En premier lieu, toute démarche de diagnostic doit permettre la formulation d’un
jugement sur trois points :
la pérennité ou la survie de l’entreprise ;
la compétitivité de l’entreprise ;
les potentialités de développement.
En second lieu, lorsqu’on cherche quels sont les concepts, les visions de l’entreprise, ou
les méthodologies qui peuvent unifiées du diagnostic, on peut se baser sur trois idées
principales3 :
l’activité d’une entreprise est toujours conditionnée par son environnement et la
perception qu’elle en a ;
l’activité d’une entreprise est toujours de nature physico-financière ;
l’activité d’une entreprise est toujours saisie au travers de prismes déformants.
3
Labraty J. et Teller R. « Diagnostic global d’entreprise : Aspects comptables et financiers »
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mise en œuvre auprès de ces acteurs et qui constitue principalement une "aide à la
construction de problèmes" à travers la mise en évidence des écarts entre une situation
réelle perçue et une situation souhaitée par l'organisation ou l'individu.
La confrontation d'un modèle provisoire avec le terrain, qui à son tour va enrichir la
représentation de la situation, contribue à un processus d'apprentissage itératif fait d'aller-
retour entre la théorie et la situation concrète étudiée.
L’ingénierie du diagnostic global traite des relations entre l’entreprise et l’environnement
en termes d’interfaces dans le cadre d’une approche système ouvert.
D’après J.Lebraty & R.Teller (1994), la démarche proposée se distingue cependant de la
recherche-action classique dans la mesure où le chercheur va aussi être un ingénieur qui,
au cours d'un processus de recherche, conçoit un outil, le construit, le met en œuvre sur le
terrain, et l'évalue afin de créer à la fois des représentations de la situation utiles à l'action
et des connaissances théoriques généralisables à d'autres situations.
Les interactions entre l’entreprise et son environnement se manifestent d’après ces
mêmes auteurs à travers trois phases :
1. Une phase transformationnelle
L’entreprise structure ses ressources humaines et financières en vue de réaliser un profit,
cette structuration étant à la fois physique et financière. La question que l’on doit poser
ici est celle de l’efficacité de cette transformation ; qu’apporte-t-elle en termes de valeur
ajoutée ?
En effet, la firme dispose d’un potentiel de ressources des différentes sources internes et
externes qui doivent être structurées dans un objectif d’efficacité et d’efficience. Dans le
contexte économique, les ressources deviennent rares dans un environnement
international caractérisé par le caractère rare et coûteux des ressources.
Les entreprises qui n’arrivent pas à structurer leurs ressources d’une façon optimale
risquent leur survie.
2. Une phase intégrative
La transformation des ressources et des moyens employés par rapport aux objectifs fixés
par l’entreprise en termes de productivité est un critère déterminant pour tenir compte des
performances ou des contre-performances.
A ce titre, A. Marion (Le diagnostic d’entreprise : carde méthodologique) écrit : « La
cohérence physico-financière est la clé de voûte du fonctionnement correct de l’entreprise
et donc un point central de la démarche du diagnostic ».
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On doit même remarquer que le risque de faillite n’est pas bien défini par la théorie
financière de la firme. De ce fait, l’auditeur n’aura aucun repère conceptuel en la matière
et devra se suffire de son jugement personnel.
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à avoir des prix de vente inférieurs à ceux de ses concurrents) et la compétitivité hors prix
(qui prend en compte la qualité des produits, la différenciation…).
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Les distorsions entre les deux disciplines sont amplifiées avec le temps puisque les
dispositifs fiscaux s’accompagnent dans les majorités des cas de conditions de forme qui
sont le plus souvent de nature contraire aux principes et règles comptables.
minimisation, ou la présentation des états financiers, sans que ces objectifs s’excluent
mutuellement. Les procédés mis en œuvre s’appuient sur les choix offerts par la
réglementation comptable ainsi que sur les possibilités ouvertes par les faiblesses et les
carences des textes comptables ou bien encore sur les divergences entre les règles
françaises et les règles internationales. Cependant, se basent aussi sur des montages pour
lesquels la comptabilité peut intervenir selon deux schémas opposés : la détermination de
la traduction comptable d’une opération juridico-financière ou l’élaboration d’un
montage juridico-financier dans un objectif de modification de résultat ou des états
financiers ».
Nous pouvons dire que la comptabilité créative vise à modifier les comptes,
essentiellement dans un souci d’amélioration ou même parfois dans un but de
« détérioration », c’est le cas par exemple de minimiser le résultat afin de réduire la
participation des salariés ou un intéressement.
La comptabilité créative doit être distinguée du lissage des résultats qui consiste en un
ensemble de pratiques qui sont délibérément appliquées afin de publier une série de
résultats au cours du temps avec une variance réduite.
Nous constatons que la conjoncture économique tunisienne et internationale pousse,
depuis quelques années, les entreprises à utiliser davantage la subjectivité inhérente à
l’évaluation des provisions pour impacter les résultats.
De nombreuses critiques se sont levées contre l’utilisation abusive de la comptabilité
créative. C’est dans ce sens que les normes IFRS tendent depuis quelques années vers la
limitation des options comptables et de la subjectivité.
La comptabilité créative tend à limiter l’intérêt des informations comptables et à rendre
ces dernières inutilisables pour les analystes financiers. Des solutions cherchent à
empêcher le développement de la comptabilité créative à travers l’amélioration de la
normalisation et par le renforcement de l’indépendance de professionnels comptables.
Indépendamment de ces pistes, le principe comptable de permanence des méthodes
devrait constituer un garde fou qui peut prévenir efficacement les techniques de
comptabilité créative.
Malgré un décalage entre l’optique comptable et l’optique financière, l’information
comptable constitue un matériau nécessaire pour le diagnostic financier.
L’enregistrement des transactions au niveau de la comptabilité obéit à des règles strictes
imposées par les normes comptables .Celles-ci constituent des dispositions relativement
contraignantes pour enregistrer et présenter les informations comptables et financières.
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L’ISA 520 définit les procédures analytiques comme suit : « Les évaluations des
informations financières reposant sur l’analyse de corrélations plausibles entre des
données aussi bien financières que non financières. Les procédures analytiques englobent
également les investigations nécessaires portant sur les variations ou les corrélations
relevées qui sont incohérentes avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent de
façon importante des valeurs attendues. »
Cette même norme ajoute que : « Les procédures analytiques comprennent la prise en
considération de comparaisons entre les informations financières de l’entité et, par
exemples :
• Les informations correspondantes des périodes antérieures ;
• Les résultats escomptés de l’entité, par exemple les budgets ou les prévisions, ou les
attentes de l’auditeur, par exemple son estimation de la charge d’amortissement ;
• Des données sectorielles similaires, par exemple une comparaison du ratio de rotation
des comptes clients de l’entité avec le ratio moyen du secteur ou avec ceux d’entités de
taille comparable dans le même secteur. »
Ces extraits de la norme 520 mettent l’accent sur la l’importance de recourir aux
procédures analytiques dans le processus d’audit.
L’utilité des procédures analytiques se manifeste à travers ses applications aux différentes
phases d’audit :
Lors de la prise de connaissance de l’entité : L’auditeur met en œuvre des
procédures analytiques lors de la prise de connaissance de l'entité et de son
environnement et de l'évaluation du risque d'anomalies significatives dans les
comptes ;
Contrôle de substance : Lorsque l’auditeur conçoit des contrôles de substance à
mettre en œuvre, en réponse à son évaluation du risque au niveau des assertions et
pour les catégories d'opérations, les soldes de comptes et les informations fournies
dans l'annexe qui ont un caractère significatif, il peut utiliser les procédures
analytiques en tant que contrôles de substance.
Revue de fin de mission : L’auditeur met en œuvre des procédures analytiques
lors de la revue de la cohérence d'ensemble des comptes, effectuée à la fin de
l'audit
Pour consolider ce constat une attention particulière doit être accordée à la mesure et à la
revue de la performance financière de l’entité. Dans ce cadre l’ISA 315 paragraphe 35
précise que : « L'auditeur doit acquérir la connaissance des outils de mesure et d'analyse
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Devant le nombre élevé des risques auxquels fait face les sociétés aujourd’hui,
l’auditeur se trouve dans l’impossibilité d’identifier tous ses risques d’où la nécessité
de se référer aux rapports du diagnostic qui peuvent l’aider à synthétiser ces risques
en cohérence avec ses objectifs.
Le problème de la valeur ajoutée de l’audit : Le décalage entre les besoins des
entreprises et le travail effectué pour les besoins de la certification est perceptible.
En effet, l’auditeur est supposé vérifier la bonne qualité des procédures de
l’entreprise dans sa finalité à lui, à savoir la sécurisation de l’audit. Il vérifie avant
tout ce qui concerne la production des comptes.
Les entreprises, toujours à la recherche d’économies, font pression sur leurs
fournisseurs de manière générale. Il est donc naturel qu’elles soient tentées de le
faire également avec leurs auditeurs soit en demandant de baisser les honoraires soit
en demandent des prestations de qualité en contrepartie des honoraires versés.
Pour répondre à ces nouvelles attentes, les auditeurs cherchent en particulier à
renforcer la spécialisation de leurs collaborateurs afin de développer des
connaissances pointues dans certains domaines d’activités qui nécessitent une bonne
connaissance de l’environnement réglementaire et technique.
Dans la pratique nous avons constaté que les entreprises réagissent favorablement
lorsque la prestation du cabinet d’audit s’attache davantage à la connaissance de
l’activité et à l’amélioration des processus opérationnels. Le diagnostic financier
peut avoir des grands apports dans ce domaine.
Les informations financières auditées sont de moins en moins utilisées par les
parties prenantes : Bien que les états financiers représentent toujours la base
première, les investisseurs ont désormais accès, en dehors de ceux-ci, à un très large
éventail d’informations qu’ils considèrent comme étant plus pertinentes à la prise de
décisions.
Les investisseurs s’intéressent surtout aux informations qui indiquent si les résultats
obtenus par le passé pourraient se répéter et aux informations concernant les
occasions d’amélioration de la valeur dont les sociétés tirent parti pour créer des
sources de profit supplémentaires. Ces informations, généralement de nature
prospective, sont souvent présentées en dehors des états financiers audités. Les
besoins d’information des investisseurs ont poussé les sociétés à présenter un plus
grand nombre de rapports sur les indicateurs de performance clés (IPC) en dehors
des états financiers. Ce type d’informations provient principalement du rapport de
gestion, des communiqués de presse.
entreprise (s’il existe bien évidemment) l’auditeur peut s’assurer de ses compétences
pour mener à bien la mission proposée. Les informations fournis par le rapport du
diagnostic ou d’analyse financière permettent d’identifier les circonstances spéciales
et les risques inhabituels. A titre d’exemple, le rapport du diagnostic peut donner des
indicateurs dès la phase d’acceptation de la mission telle que des difficultés
financières qui connait le secteur de l’entreprise ou des difficultés d’accès au
financement qui peuvent mettre en péril la survie de l’entreprise.
Ces motivations pour intégrer d’avantage le diagnostic dans le processus d’audit
permettent de transformer l’audit à un outil d’amélioration continue. L’audit n’a pas de
valeur ajoutée s’il ne permet pas de mener des actions d’amélioration du processus de
gouvernement de l’entreprise. L’audit, par sa nature, a un rôle très important dans la
réduction des asymétries des informations.
Jensen et Meckling (1976) identifient l’audit comme un mécanisme de contrôle
permettant de limiter les comportements opportunistes des managers et donc de réduire
les coûts de l’agence.
Les chiffres eux-mêmes ne peuvent rien dire, il faut les mettre dans leurs environnements
économiques pour avoir une signification. Un résultat comptable positif lu seul ne peut
rien dire par rapport à la réalité économique de l’entreprise.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Une mission d’audit des états financiers a pour objectif de permettre à l’auditeur
d’exprimer une opinion selon laquelle les états financiers ont été établis, dans leurs
aspects significatifs, conformément à un référentiel comptable identifié. Pour se forger
une opinion, l’auditeur met en place les techniques d’audit requises (l’observation
physique, la confirmation directe, les procédures analytiques,…) afin de rassembler les
éléments probants nécessaires pour fonder son opinion.
Comme point de départ, nous pouvons considérer que le diagnostic financier englobe les
procédures analytiques ainsi que les autres outils d’analyse prévus par les normes de
l’IFAC pour évaluer la performance financière de l’entité. Ces outils constituent des
lignes directives instaurés par les normes d’audit pour réaliser un audit efficace et
efficient. Il appartient à l’auditeur de développer des outils d’analyses en tenant compte
de la complexité de l’entreprise auditée.
Dans ce chapitre, nous allons essayer d’une part, de mettre en valeur les procédures
analytiques et les autres outils d’analyse des informations financières et non financières
prévues par les normes de l’IFAC dans les différentes étapes du processus d’audit. Et
d’autre part, d’intégrer d’autres outils du diagnostic financier qui permettraient à
l’auditeur d’approfondir et d’élargir ses contrôles dans un but d’amélioration qualitative
de son opinion sur la régularité de l’information financière auditée.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
se réfèrent pas spécifiquement à des procédures analytiques. Ces deux auteurs ont déclaré
que des erreurs pouvaient être décelées si les comptes étaient comparés à ceux des années
précédentes.
Stringer (1975) décrit la logique des procédures analytiques comme étant : «La
conformité des montants dans les états financiers avec les montants raisonnablement
escomptés sur la base de l'expérience acquise et d'autres conditions connues qui
fournissent des informations utiles à des fins d’audit ». Il décrit le processus d'examen
analytique comme comprenant deux phases, à savoir l'identification de toutes les
«fluctuations inhabituelles» et l'investigation sur ces fluctuations.
Ces définitions sont confirmées par l’IASB (ISA 520§ 4) qui prévoit que par procédures
analytiques nous entendons : « les évaluations des informations financières reposant sur
l’analyse de corrélations plausibles entre des données aussi bien financières que non
financières. Les procédures analytiques englobent également les investigations
nécessaires portant sur les variations ou les corrélations relevées qui sont incohérentes
avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent de façon importante des valeurs
attendues. »
A partir de ces définitions, il est clair que la justification sous-jacente l’utilisation des
procédures d'analyse est toujours la même qu'il y a 40 ans. Premièrement, il s'agit d'un
examen des comparaisons et des relations afin de créer une liaison logique entre les
variables, et Deuxièmement, il s'agit d'une investigation sur les fluctuations ou les
incohérences identifiées.
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44
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Même si ces phases sont séquentielles, elles peuvent être considérées comme
cumulatives et interdépendantes (Eilifsen et al. 2014).
Les procédures analytiques est une partie intégrante du processus d'audit et s’appliquent à
la planification de l'audit, à l'obtention des éléments probants et à l’achèvement de la
mission.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
et non financières. Cela est conforme à la norme ISA 520§ 4, selon laquelle l'auditeur
doit évaluer les informations financières en analysant les relations plausibles entre les
données financières et non financières.
Dans ce cadre, les informations non financières peuvent constituer une source de données
très utile à l’auditeur.
A titre d’exemples nous pouvons citer en tant qu’information non financière :
Le nombre d'employés,
Le nombre de points de vente, la superficie des locaux commerciaux ;
Le nombre de plaintes des clients
Etc.…
Dans la mise en œuvre des procédures analytiques, les auditeurs peuvent comparer les
informations non financières aux données des états financiers pour évaluer le caractère
raisonnable des montants comptabilisés. Les auditeurs obtiennent ces informations sur les
affaires du client soit directement de ce dernier ou à partir des rapports du diagnostic
financiers réalisées par des analystes externes à l’entreprise. Ces rapports comprennent
souvent une analyse des informations financières et non financières trop détaillée se
rapportant aux activités du client. Ces rapports permettent à l'auditeur d'avoir un aperçu
détaillé sur les affaires du client. Les informations communiquées dans ces rapports sont
précieuses dans l'application des procédures analytiques (Hirst & Koonce 1996).
En outre, Messier et al. (2012) soulignent que les procédures analytiques en se référant à
des informations non financières peuvent être un moyen efficace d'identifier les fraudes
potentielles, car les auteurs de fraudes peuvent facilement manipuler des données
financières, mais il est difficile ou presque impossible de manipuler des données non
financières provenant de sources externes.
Si l’auditeur identifie des incohérences entre les informations financières et non
financières, il doit demander des explications auprès la gouvernance, approfondir ses
analyses et corroborer les réponses de la direction avec des éléments probants
supplémentaires. Cela est conforme aux orientations fournies dans le paragraphe 7 de la
norme ISA 520 qui stipule que : « Si les procédures analytiques mises en œuvre
conformément à la présente norme ISA révèlent l’existence de variations ou de
corrélations qui sont incohérentes avec d’autres informations pertinentes ou qui s’écartent
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47
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
de façon importante des valeurs attendues, l’auditeur doit procéder à des investigations
sur ces écarts :
a) en faisant des demandes d’informations auprès de la direction et en obtenant des
éléments probants appropriés corroborant les réponses qu’elle a fournie ;
b) en mettant en œuvre d’autres procédures d’audit adaptées aux circonstances. »
3-1 Les techniques et les méthodes des diagnostics prévus par les normes ISA
La norme ISA 520 315 paragraphe A1 précise que : « Les procédures analytiques
comprennent la prise en considération de comparaisons entre les informations financières
de l’entité, par exemples :
Les informations correspondantes des périodes antérieures ;
Les résultats escomptés de l’entité, par exemple les budgets ou les prévisions,
ou les attentes de l’auditeur, par exemple son estimation de la charge
d’amortissement ;
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Il s'agit d'identifier les composantes des états financiers concernées par l'examen
analytique afin que ses caractéristiques puissent être prises en considérations dans la
détermination de la nature des procédés d'examen analytique à utiliser.
Il s’agit, ensuite, de déterminer le type d’analyse et le calcul à faire en fonction de la
nature des informations contenues dans ces postes et qui sont sujettes à l’examen
analytique. L’utilisation de plusieurs procédures d’examen analytique et l’analyse de
leurs corrélations fournit plus d’informations utiles à l'auditeur que l’utilisation d’une
seule procédure.
Selon l’ISA 520, plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour réaliser les procédures
susmentionnées. Elles vont de simples comparaisons à des analyses complexes faisant
appel à des techniques statistiques sophistiquées. Les procédures analytiques peuvent être
appliquées aux états financiers consolidés, aux états financiers de sous-groupes (tels que
les filiales, les divisions ou les secteurs d'activités) et aux différents composants des
informations financières. Le choix des procédures, des méthodes et du niveau
d'application appartient à l'appréciation de l'auditeur.
L’auditeur devrait faire attention aux données utilisées pour réaliser l’examen analytique
pour ne pas obtenir de fausses analyses. Ainsi, l'auditeur s'enquerra auprès de la direction
de la disponibilité et de la fiabilité des informations nécessaires à l'application des
procédures analytiques et des résultats de toutes les procédures de même nature mises en
œuvre par l’entreprise. Il peut s'avérer efficace d'utiliser les données analytiques
préparées par l’entreprise, à condition que l'auditeur soit certain que ces données ont été
correctement préparées.
b) Estimer ce que devrait être le solde d'une rubrique, d'un poste ou d'un compte
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
entre les données comptables et non comptables, des estimations prévisibles de ce que
devrait être le solde d'une rubrique, d'un poste ou d'un compte.
Les sources de développement des estimations prévisibles sont les suivantes :
Les budgets prévisionnels : les budgets nous aident à déterminer ce qui
devrait être le solde d’un compte ou d’une rubrique des états financiers ;
La comparaison entre les réalisations antérieures et les réalisations de
l’exercice en cours ;
La comparaison entre les régions / branches d’activités / produits avec les
données du secteur ;
Les relations existantes entre les éléments des états financiers et notamment
celles existantes entre les postes d’actif et les produits et les postes de passifs
et les charges et celles existantes entre les produits et les charges elles-mêmes.
Les relations entre les postes des états financiers et les informations qui ne
sont pas d'origine comptable.
Les informations sur un secteur d'activité similaire, telles que la comparaison
du ratio ventes/créances clients de l’entreprise par rapport à la moyenne du
secteur ou d'autres entités de taille comparable opérant dans le même secteur.
Il est primordial, avant de commencer toute analyse des écarts entre les prévisions et les
soldes des comptes, de fixer à partir de quel seuil une variation est jugée anormale.
La comparaison entre les prévisions effectuées de ce que devrait être le solde d’un
compte et le solde réel du compte lui-même permet de dégager des écarts.
Les différences significatives font l’objet d’investigations au moyen d’entretien avec le
personnel comptable et le personnel gestionnaire concerné par l’information financière ou
le compte en question.
Les explications fournies par le personnel de l’entreprise doivent servir à retraiter les
données dégagées par l’examen analytique et à développer de nouveaux d'autres
estimations prévisibles.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les comparaisons des résultats d’exploitation réels avec les montants budgétisés ou
prévus peuvent souvent être très efficaces dans la détermination des zones de risques.
Lorsque l'auditeur effectue des comparaisons avec les budgets ou prévisions et analyse
les écarts, il effectue une compréhension du processus budgétaire incluant une étude des
données opérationnelles passées et présentes de la société ainsi que des conditions
économiques générales du secteur, et si les budgets se sont révélés fiables dans le passé,
les comparaisons avec les montants figurant dans ces budgets peuvent être utiles.
Cependant, si les budgets sont simplement des outils de motivation ou si l’expérience a
montré que les budgets sont mal préparés, ils peuvent donner lieu à des écarts importants
qui ne sont pas d'une grande utilité pour l'audit.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les statistiques sectorielles peuvent servir de points de repère efficaces pour évaluer les
activités de la société auditée. Ainsi des écarts importants par rapport aux normes du
secteur peuvent indiquer des problèmes.
Bien que les comparaisons sectorielles puissent se révéler utiles, l'auditeur doit tenir
compte de la situation particulière du client pour déterminer si ces informations sont
pertinentes. La disparité des données sectorielles ne veut pas dire que les comparaisons
sectorielles ne sont pas utiles. Au contraire, leur principale valeur peut résider dans le fait
qu’elles permettent de soulever des questions.
d) Comparaison des données relatives ou ratios
L’analyse des ratios constitue une méthode efficace pour améliorer la compréhension de
l’activité du client, et évaluer sa situation financière globale et sa rentabilité. Elle fournit
un aperçu rapide des changements significatifs dans les activités du client et dans ses
caractéristiques financières.
L’utilité des ratios dépend de la capacité de l'auditeur à les interpréter de manière
intelligente, qui à son tour, dépend de son aptitude à estimer leur montant probable avec
précision. Souvent, les prévisions sont fondées sur les ratios des exercices précédents
pour la même société ou les ratios d’autres sociétés opérant dans le même secteur,
corrigés, si nécessaire, pour tenir compte des changements récents dans les activités du
client ou d’autres facteurs dont l'auditeur a eu connaissance en étudiant l’activité de
l’entreprise.
A travers l’énumération des méthodes de procédures analytiques prévus par les normes
d’audit, nous pouvons conclure que ces normes n’imposent pas des techniques
proprement dites mais ils édictent des lignes directives pour mettre en œuvre des
techniques d’analyses en cohérence avec la nature de la mission.
Notre idée et que l’auditeur peut s’inspirer du concept riche du diagnostic financier pour
intégrer des méthodes d’analyses financières ciblés.
Sous-section 3 : Le passage du diagnostic financier aux indicateurs d’audit
La multiplicité des conceptions de l’équilibre financier, des performances et des risques
d’une entreprise implique nécessairement une diversité des méthodes d’analyses
financières à mettre en œuvre par l’auditeur.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Nb : DAFIC est une abréviation qui signifie Disponible après financement interne de la
croissance. Le DAFIC se calcule en reprenant l'excédent brut d'exploitation auquel on applique
les variations du besoin en fonds de roulement et duquel on déduit le montant des investissements
(à l'exclusion des investissements de croissance externe).
Cette approche permet au diagnostiquer d’évaluer la survie, la compétitivité et le
développement de l’entreprise en prenant en compte la cohérence et la flexibilité des
ressources de l’entreprise. L’utilisation du tableau présenté ci-dessus permet à l’analyste
de tirer des indicateurs afin d’évaluer la solidité financière de l’entreprise examinée.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Il reste évident que l’auditeur doit s’intéresser à d’autres indicateurs en réponse à son
évaluation des caractéristiques financières de l’entreprise.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Si l’auditeur se trouve devant une mission qui nécessite des techniques d’analyses
financières complexes l’auditeur peut recourir à un diagnostiqueur externe. Pour les
cabinets d’audit ayant une certaine taille le diagnostic peut être réalisé par un analyste
financier faisant partie de l’équipe intervenante.
sur leur stratégie afin d’expliquer les paramètres qui vont leur permettre de se développer
et d’avoir de la croissance. Les analystes et les investisseurs doivent comprendre quels
sont les avantages compétitifs, les facteurs de différenciation, les apports positifs par
rapport au secteur d’activité.
Très naturellement, les analystes et investisseurs ont besoin de comprendre les tendances
de marché, la taille potentielle du marché, les barrières à l’entrée, le positionnement
concurrentiel.
Les nouvelles exigences en termes de communication des informations financières et
extra financières ont poussé à investir dans des analyses financières permanentes afin
d’alimenter le système de communication. Ainsi les exigences de communications
portent sur des points qui demande des analyses poussés tel que :
Connaissance de l’équipe dirigeante ;
Présentation des résultats annuels et semestriels ;
Compréhension et analyse de la performance de l’entreprise ;
Indicateurs financiers ou extra financiers ;
Prévisions.
par les banques est une pratique courante dans le traitement des demandes de
financement.
Il faut mentionner dans ce contexte que l’analyse financière menée en interne par
l’entreprise ou en externe par un analyste financier relève d’une même logique. Elles ont
pour objet de porter un jugement global sur la situation actuelle et future de l’entreprise.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Le diagnostic permet également à l’auditeur de ne pas faire l’impasse sur des questions
fondamentales en matière de risque global de l’entreprise, si cruciales dans le champ de
l’audit financier. Car l’auditeur ne peut, sur le plan éthique, exiger de l’entreprise qu’elle
fasse appel à un diagnostiqueur financier externe comme préalable au lancement de la
mission d’audit. Il doit donc lui-même procéder à une telle intervention, sans honoraires
supplémentaires, et sans émission d’un rapport spécial de diagnostic.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les normes constituent donc une sorte de cahier des charges à respecter par un
professionnel dans l’exercice de ses missions. Elles cadrent et sécurisent ses missions.
Pour résumer de manière triviale, on peut raisonnablement considérer que si les normes
ont été appliquées, le professionnel a bien fait son travail.
D’un point de vue plus organisationnel, les normes décrivent les règles à mettre en œuvre
au sein des cabinets et les diligences à respecter dans les missions. En ce sens, elles
définissent un certain nombre de méthodes à appliquer, une sorte de guide
méthodologique, même si leur mise en œuvre reste à l’entière appréciation de chaque
professionnel. De ce fait, elles permettent de systématiser l’approche et donc de réduire
les risques et les coûts de non-qualité.
Les normes définissent en théorie le comportement d’un professionnel raisonnablement
diligent. Toute la question sur la pertinence et la légitimité des normes réside dans le fait
de savoir si ce “professionnel raisonnablement diligent“ n’est pas, en fait, un
professionnel idéal qui n’a d’autre préoccupation que de respecter les normes sans se
préoccuper du modèle économique de ses missions, de la rentabilité de son cabinet et de
la satisfaction de ses clients !
Parmi les majeures contraintes de la mission d’audit celle où l’auditeur est amené de
prendre en connaissance et d’évaluer dans un délai très court une masse d’informations
très diversifiées et très importantes pour la réussite de sa mission. La complexité de cette
tâche requiert de l’auditeur d’adoption d’une démarche rationnelle lui permettant de
collecter des éléments probants au moindre coût.
2-2 Le coût de l’internalisation
L’auditeur peut soit lui-même réaliser le diagnostic (et l’internaliser dans son approche
d’intervention) soit utiliser le rapport d’un diagnostiqueur externe ou même une étude
élaborée en interne par l’entité auditée. Dans ce cas de figure (surtout dans le premier
cas), il allouera au diagnostic des ressources qu’il devra prélever sur le budget de
vérification des comptes et cette allocation peut dans certains cas être significative.
L’auditeur doit chiffrer le coût du diagnostic et le facturer à l’entreprise (quand cela est
permis par la réglementation qui régit la profession). A défaut de le facturer, il doit savoir
que ce coût est normalement imputable sur les économies de diligences générées par le
diagnostic. Car ce dernier, en améliorant l’état de connaissance de l’auditeur, notamment
dans le domaine de l’évaluation du risque global de la firme, permet de réduire les
diligences de vérification des comptes de l’entité.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Le recours au diagnostic dans l’approche d’audit est créateur de valeur pour le client et
pour le cabinet. Il devra pour cela réduire le diagnostic à ce qui est strictement nécessaire
au contexte de la mission pour rester dans un cadre totalement pertinent.
Le diagnostic peut non seulement préserver le profit cible du cabinet, mais en plus créer
de la valeur pour l’auditeur. Il devient un outil de création de valeur en modifiant la
nature des diligences, dans le respect du but crucial de l’audit qui est de réduire le risque
de la mission au niveau minimal accepté par les normes internationales de vérification.
En revanche, l’auditeur ne peut pas réaliser les profits cibles et la création de valeur
espérée que s’il accomplit pleinement ses diligences conformément aux normes et à la
réglementation en vigueur. S’il opère dans un contexte d’allocation de ressources très
limitées, l’auditeur doit savoir que le diagnostic peut l’aider à améliorer la rentabilité de
la mission. Si malgré tous ses marges sont très serrées, il ne devra pas accepter la
mission. Il peut être amené à prendre cette décision s’il s’avère que l’économie générée
par le diagnostic est nettement inférieure aux coûts de la mission.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Vision de l’entreprise
Objectifs retenus Vision industrielle Vision financière
- Pérennité Approche basée sur la Approche basée sur la
- Compétitivité performance des activités physico- performance d’un portefeuille
- Développement financières. d’actifs.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Ces objectifs et visions d’entreprise peuvent avoir un apport déterminant sur la stratégie
d’audit à adopter. En effet, la première vision incite l’auditeur à donner beaucoup
d’importance aux décisions internes prises quant aux choix des produits, des ressources
humaines et financières engagés. La deuxième approche considère la valeur de
l’entreprise à travers l’image qu’en a le marché financier.
1-2 Exemple de cadre minimum nécessaire au diagnostic
L’auditeur doit faire des choix appropriés sur une méthode de diagnostic et concevoir des
cadres d’analyses variés tels que des tableaux de financement et des tableaux pluriannuels
des flux financiers pour pouvoir apprécier les points forts et les points faibles d’une
entreprise.
D’une façon générale, l’auditeur doit concevoir et mettre en place des outils de diagnostic
informatisés qui seront modulés suivant la nature de la mission.
Pour contribuer à l’enrichissement des outils, on peut considérer que le tableau présenté
ci-après est un cadre minimal pour l’élaboration d’un diagnostic financier à internaliser
au niveau de la mission d’audit. Il ne s’agit, bien entendu, que d’un cadre qui devra être
adapté à chaque société à auditer.
Tableau 5 : Exemple de cadre minimum nécessaire au diagnostic
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
- La liquidité
FR / BFR/ ETE
Trésorerie nette
Placements
Couverture
constatation constatation constatation constatation
explication explication explication explication
risque. C’est autour de cette notion fondamentale que l’analyste choisira les autres
instruments qu’il jugera adéquats. L’ETE et le point mort d’encaisse se prêtent bien au
calcul des probabilités pour par exemple déterminer la probabilité de l’entreprise
d’atteindre son point mort d’encaisse (qui correspond au niveau d’une espérance d’ETE
égale à zéro). L’ETE probabilisé est incontestablement un instrument puissant de gestion
financière des flux de trésorerie dans un contexte d’incertitude. Il est possible dans ce
cadre de déterminer les probabilités associées à différents niveaux d’ETE. A cette
démarche on peut greffer une fonction scoring destinée à formuler des probabilités de
faillite de l’entreprise étudiée.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Mais il n’existe pas de norme D/C en théorie. C’est pourquoi l’analyste et/ou l’auditeur
devra tester empiriquement le niveau de surendettement, en évaluant par exemple les
dettes financières impayées ou l’importance des charges financières de l’exercice.
Pour redresser la situation financière, l’auditeur/l’analyste pourra recommander la
réalisation d’une augmentation de capital en cash si toutefois l’entreprise est en mesure
de réaliser une telle opération.
2-4 Le coût du capital
Le coût du capital est un indicateur financier crucial dans la gestion financière de
l’entreprise. Il est capital lorsqu’il s’agit de sélectionner des projets d’investissement,
d’évaluer l’entreprise ou ses capitaux propres ou de prendre des décisions de gestion
financière courante , comme par exemple des montages déconsolidants. En termes plus
généraux et plus globaux, le coût du capital est le taux d’actualisation de l’entreprise,
celui qui permet d’intégrer le temps dans la gestion financière de l’entreprise.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
L’auditeur, qui s’appuie sur le diagnostic, ne doit pas pour autant enfreindre les standards
d’audit. Il doit intégrer les deux dimensions pour enrichir son approche, optimiser ses
diligences et améliorer les fondements de son opinion. Car, en aucun cas, l’audit ne peut
être relégué au second plan par le diagnostic financier que l’auditeur cherche à intégrer.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Deuxième partie :
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les normes ISA 315 et ISA 520 fournissent des indications à l'auditeur sur l'application
des procédures analytiques dans le cadre du processus d'audit. Ces normes imposent
l’utilisation de procédures analytiques lors de la planification de l’audit et à la phase de
conclusion et de présentation du rapport d’audit.
La mise en œuvre des procédures analytiques en tant que procédure substantive est
toutefois facultative. En effet, la norme ISA 520 indique que les procédures de
vérification au niveau des assertions "peuvent "être des tests de détails, des procédures
analytiques substantives, ou une combinaison de ces procédures.
Les sous sections suivantes décrivent comment les auditeurs utilisent les procédures
analytiques pendant les différentes phases du processus d'audit pour atteindre ces
objectifs.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Spicer et Pegler (1921) ont soutenu ce point de vue plusieurs années auparavant. Ces
deux auteurs soulignent qu’aucun audit ne peut être efficace à moins que l’auditeur ne se
familiarise autant que possible avec les détails techniques de l’entité auditée. Dans ce
sens, l’auditeur doit poser des questions intelligentes.
Cho et Lew (2000) fournissent un objectif plus large, et plus conforme à l’objectif de la
norme ISA 315, à savoir mieux comprendre :
L’activité et l’industrie du client ;
Identifier les faiblesses financières et opérationnelles qui peuvent engendrer des
fluctuations au niveau des états financiers.
Abidin et Baabbad (2015) soulignent l'importance des procédures analytiques lors de la
planification de la phase d'audit en déclarant que les procédures analytiques au cours de
cette phase peuvent modifier la stratégie l'audit, car les résultats de ces procédures
peuvent impacter l’étendue des tests substantifs.
L'obtention de connaissances sur les affaires du client, lors de la planification de la phase
d'audit, permet à l'auditeur de définir des attentes quant aux résultats des opérations et de
caractère raisonnable des transactions y afférentes.
Hirst et Koonce (1996) prévoient que dans la planification des procédures analytiques,
l'accent est mis sur le développement des attentes plutôt que sur l'investigation. Ils ont
constaté que lorsque des différences inattendues sont observées, les explications
potentielles sont obtenues principalement par le biais des investigations et que les
explications reçues ne sont pas corroborées.
Nous pouvons conclure que dans la phase de planification d’un audit, la recherche de
l’information est moins critique car l’objectif de l’auditeur n’est pas de déterminer
l’explication «exacte» des fluctuations.
Glover et al. (2005) s’attachent à l'idée que, les procédures analytiques menées au stade
de la planification ne se concentrent pas principalement sur des éléments de preuves
substantives, mais elles sont souvent menées à un niveau global.
Ces constatations sont cohérentes avec les orientations données dans la norme ISA 315
qui prévoient que les procédures analytiques en tant que procédures d'évaluation des
risques ne fournissent qu'une indication initiale de la présence éventuelle d'anomalies
significatives.
Au cours des dernières années, les procédures d'analyse ont été de plus en plus utilisées
en tant que procédures d'évaluation des risques (Pinho 2014). Cela peut être attribué à
l'introduction de l’approche d'audit par les risques et à l'utilisation accrue de technologies
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
telles que les bases de données financières, les capacités de recherche sur Internet et les
rapports d'analystes.
Ces technologies permettent aux auditeurs d'accéder facilement et rapidement aux
données financières et non financières relatives à un client et sont d'une grande valeur
pour mener des procédures analytiques permettant de comprendre les activités du client,
son secteur, ses stratégies et afin de définir des attentes plus précises (Trompeter &
Wright 2010).
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les procédures substantives au niveau des assertions peuvent être des tests de détails, des
procédures analytiques de corroboration ou une combinaison des deux (ISA 520, par.
A4).
La décision de procéder ou non à des tests de détails, des procédures analytiques de
corroboration ou une combinaison de ces procédures repose sur le jugement de l'auditeur
(ISA 520, par. A4).
Bien que des tests de détails et les procédures analytiques substantives soient réalisés
pour atteindre le même objectif, à savoir obtenir des éléments probants pertinents et
adéquats (ISA 500, par. A10). Les procédures analytiques diffèrent des tests de détails au
niveau du caractère persuasif. En effet, les tests de détails testent directement les détails
sous-jacents aux écritures comptables alors que les procédures analytiques nécessitent la
mise en œuvre d’autres procédures d’audit. Par exemple, si la direction est incapable de
fournir une explication ou que l’explication qu’elle a fourni conjuguée aux éléments
probants pertinents obtenus par rapport à sa réponse, n’est pas considérée comme
appropriée. (ISA 500, par. A21).
Toutefois, si l'auditeur a évalué un risque comme étant significatif, les procédures à
mettre en œuvre par l’auditeur doivent inclure des tests de détails.
L'objectif de l'auditeur lors de l'exécution des procédures analytiques lors de l'obtention
des éléments probants est de collecter des éléments probants pertinents et fiables (ISA
520, par. 3) et de détecter les inexactitudes potentielles.
Cha et Lew (2000) ont formulé l'objectif principal des procédures analytiques lors de la
phase d'obtention des éléments probants d'audit, à savoir réduire le nombre de tests de
détails.
Trompeter et Wright (2010) confirment que les procédures analytiques permettent à
l'auditeur de prendre en compte le caractère raisonnable des résultats financiers en
fonction des attentes et de fournir une vision plus large que celle fournie par les tests de
détails.
À partir de ces objectifs, nous pourrions s'attendre à ce que la performance des
procédures analytiques réduise la quantité des autres tests substantifs.
Cependant, cela a été contredit par des études sur les pratiques de l’utilisation des
procédures analytiques qui ont révélé que les auditeurs ne réduisent pas le niveau des
tests de détail, même si les résultats de l'utilisation des procédures analytiques sont
favorables (Samaha & Hegazy 2010).
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Il ressort de ces études que les auditeurs n’ont pas beaucoup de confiance dans
l’utilisation des procédures analytiques en tant que procédures de corroboration et
préfèrent suivre une approche plus conservatrice en effectuant des tests de détails en tant
que procédures de corroboration.
Plusieurs autres études expliquent cette tendance, par le fait que les auditeurs choisissent
régulièrement des tests détaillés par rapport aux procédures analytiques ; car les tests de
détail requièrent moins de jugement et sont plus facilement délégués au personnel de
niveau inférieur.
L'ISA 520 fournit des indications sur l’efficacité des procédures analytiques de
corroboration et indique, que l'auditeur doit définir en premier lieu, ses attentes quant aux
montants comptabilisés ou des ratios à évaluer.
Si les procédures analytiques mises en œuvre conformément à la présente norme ISA
révèlent l’existence de variations ou de corrélations qui sont incohérentes avec d’autres
informations pertinentes ou qui s’écartent de façon importante des valeurs attendues,
l’auditeur doit procéder à des investigations sur ces écarts (ISA 520, par. 7).
Les procédures analytiques de corroboration reposent donc sur la capacité de l'auditeur à
identifier des relations plausibles entre des données financières et non financières et à
générer ensuite les montants attendus en fonction des ses connaissances et de son
expérience.
Le processus de décision pour mettre en œuvre des procédures analytiques comprend les
quatre étapes suivantes :
Le développement d'une attente ;
L'établissement d'une différence acceptable entre les attentes de l'auditeur et le
montant déclaré par le client qui ne justifierait pas des investigations plus
approfondies ;
Une comparaison des attentes avec les montants comptabilisés ;
Et des investigations sur toutes les différences supérieures à l’écart tolérable.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
La fiabilité des données à partir desquelles les attentes de l'auditeur sont développées en
fonction de l'indépendance de la source des preuves, de l'efficacité du contrôle interne de
l'entité et de la connaissance de l'auditeur de l'entité (Messier, Glover & Prawitt 2012).
Messier et al. (2012) soulignent que plus les données utilisées pour les procédures
analytiques de corroboration sont détaillées, plus les attentes seront précises.
Par exemple, une attente fondée sur des données mensuelles sera plus précise qu'une
attente utilisant des données annuelles, ou une attente fondée au niveau d’un produit
individuel sera plus précise qu'une attente fondée sur tous les produits.
Ces deux auteurs (Messier et al.)concluent que l'utilisation des données détaillées permet
de détecter des anomalies qui ne seront pas détectées si la même procédure est appliquée
aux données globales. Ils fondent leurs constatations sur le fait que l’utilisation des
données globales permet d'identifier des modèles plus généraux qui conduisent
inévitablement à une perte d'information sur les transactions individuelles.
Les auditeurs doivent comprendre les interrelations entre les comptes par exemple,
lorsque la masse salariale augmente, l'auditeur doit s'attendre à une augmentation des
charges sociales et des avantages sociaux.
Les équipes de recherche du PCAOB (2008) ont identifié des lacunes dans la capacité
des auditeurs à définir des attentes précises et ont déclaré que les auditeurs ne testaient
pas les données avant de les utiliser.
Dans leurs recherches, Hirst et Koonce (1996) ont constaté que les auditeurs
considéraient que l'aspect le plus difficile de l’utilisation des procédures analytiques de
corroboration était le jugement requis pour décider d'interrompre une investigation sur
une différence inattendue. Ils ont attribué cela à l’absence de directives dans la norme
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
ISA 520 concernant l’étendue des procédures analytiques requises pour étudier une
fluctuation ou le recours à des procédures analytiques de corroboration. Cette lacune a été
confirmée dans des études plus récentes qui ont montré que le fait de décider si une
différence est raisonnable ou non est une question de jugement professionnel, car la
norme ne fournit aucune directive spécifique (Pinho 2013,Samaha & Hegazy 2010).
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
C’est grâce à un diagnostic financier approfondi que l’auditeur peut obtenir un panorama
complet de l’entreprise en étudiant différents ratios et les variations des soldes
significatifs. Ce travail permet à l’auditeur de collecter les différents renseignements
durant la mise en œuvre des travaux d’audit et ainsi de justifier les éventuelles variations
incohérentes.
composantes ou d’éléments particuliers des états financiers, ce qui aide l’auditeur à tirer
des conclusions raisonnables sur lesquelles il peut fonder son opinion.
Les procédures analytiques au cours de la phase de conclusion, d’évaluation des travaux
d’audit et d’émission du rapport d’audit nécessitent de vérifier l’étendue de vérification,
les états financiers et les notes publiées afin de juger la pertinence des éléments probants
recueillis lors de l’audit ainsi que les relations qui n'ont pas été étudiées. En pareil cas, la
norme ISA 315 exige de l’auditeur qu’il révise son évaluation des risques d’anomalies
significatives et modifie en conséquence les procédures d’audit complémentaires. Dans
ce cas, il prend en compte ces constatations lors de l'identification du risque d’anomalies
significatives.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Ces techniques analytiques facilitent les premières étapes du processus d'investigation sur
les fraudes. A partir de l’analyse des états financiers l’auditeur peut identifier les zones à
haut risque, mettre en évidence les plus probables schémas, et énumérer les clignotants
qui justifient une investigation plus approfondie.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
d’une part rare et d’autre part, les données ne sont pas systématiquement mises à
jour.
Comparaison d'informations avec des informations similaires provenant d'autres
unités organisationnelles. Une entreprise avec plusieurs magasins peut comparer un
magasin avec un autre magasin. Le magasin "modèle" devrait être suffisamment
audité pour assurer qu'il s'agit d'une norme appropriée.
1-2 Relations financières
Une compréhension des relations globales entre certains soldes d’états financiers est
nécessaire pour identifier les relations inhabituelles. Si les ventes augmentent, comment
le coût des ventes doit-il réagir ? Si les commissions diminuent, à quoi s’attendent les
ventes ? Les réponses à ces questions sont la base de l'analyse financière.
Les relations suivantes sont généralement cohérentes ; cependant, des circonstances
spécifiques peuvent donner des résultats différents. Voici quelques exemples des
relations à analyser :
a) Relation entre les actifs et les passifs
Une entreprise financièrement saine essaie de maintenir un équilibre constant entre les
actifs et les passifs. Pour conserver son équilibre financier, la société affiche sa solidité
auprès des prêteurs ou des investisseurs en actions afin de maintenir les coûts de
financement à un niveau acceptable.
Une augmentation soudaine du ratio (Actif/passif) pourrait signifier que des passifs tels
que la dette à long terme ont été dissimulés. Si la valeur du passif augmente et que le
ratio augmente, cela pourrait révéler que la société emprunte beaucoup pour financer ses
opérations et le risque de fraude est élevé.
b) Coûts des marchandises vendues
La société génère des ventes car elle vend ses marchandises. Celle-ci devrait être achetée,
fabriquée, ou tout les deux, qui entraînent toutes des dépenses d’argent pour les
matériaux, la main-d’œuvre, etc. Par conséquent, pour chaque vente, il doit y avoir un
coût associé. Si les ventes augmentent, le coût des produits vendus augmente
proportionnellement. Bien qu’il existe des cas où une entreprise a adopté une méthode
plus efficace de la production de biens, réduisant ainsi ses coûts, mais il y a toujours des
coûts fixes associés aux ventes.
c) Les ventes et les comptes clients :
Lorsqu'une entreprise effectue une vente, un compte client est débité. Par conséquent, la
relation entre les ventes et les comptes clients est directement proportionnelle. Si les
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
ventes augmentent, alors les comptes débiteurs devraient augmenter à peu près au même
rythme.
d) Les ventes et les inventaires physiques
L'inventaire d'une entreprise comporte la marchandise prête à être vendue. Une entreprise
tente généralement d’anticiper ses ventes futures, pour atteindre cet objectif, elle va
essayer de répondre à ces demandes en ayant un stock suffisant. Par conséquent, les
stocks reflètent généralement la croissance des ventes. Si les ventes augmentent, les
stocks devraient augmenter pour répondre aux exigences des ventes. Les stocks qui
croissent plus vite que les ventes peuvent indiquer que les stocks sont obsolètes ou que
l’inventaire est surévalué.
e) Les marges bénéficiaires
Les entreprises génèrent des revenus en vendant des produits ou en fournissant des
services. De même, les entreprises encourent les coûts directs et indirects liés à la
production ou à l’acquisition des produits qu’ils vendent ou à la fourniture des services
pour leurs clients. Les marges bénéficiaires brutes et nettes figurent dans le résultat.
En principe, les marges bénéficiaires devraient rester les mêmes, car la société vise un
certain bénéfice suivant sa position concurrentielle. Si l'entreprise rencontre une
concurrence accrue et doit réduire le prix de ses produits, elle doit trouver des moyens de
réduire les dépenses. La pression constante sur les marges bénéficiaires peut provoquer
une pression sur la direction, ce qui pourrait entraîner des fraudes dans les rapports
financiers.
1-3 Investigations sur les relations inattendues
Lorsque les procédures analytiques révèlent une relation inattendue entre les données
financières, L’auditeur doit mette en œuvre des investigations sur les résultats.
L’évaluation des résultats devrait inclure des investigations et des procédures
supplémentaires. Avant de demander à la direction d’expliquer les variations inattendues,
l’auditeur doit d’abord établir ses attentes concernant les causes des écarts.
Ensuite, les explications fournies par la direction doivent être testées en examinant les
preuves à l'appui. Par exemple, si le responsable des ventes indique que l’augmentation
des ventes est due à une nouvelle campagne publicitaire, l’auditeur doit examiner le
compte de dépenses de publicité pour vérifier qu'une campagne a bien eu lieu. Si la
dépense publicitaire est similaire à l'année précédente, la relation n'est pas raisonnable et
une fraude peut exister.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Une variation de 5% d'un compte significatif peut être beaucoup plus importante qu'un
changement de 50% dans un compte ayant moins d’importance.
Comme l'analyse verticale, cette technique ne permet pas de détecter les petites fraudes.
Cependant, les deux méthodes traduisent les changements en pourcentages, qui peuvent
ensuite être comparés pour mettre en évidence les domaines les plus préoccupants.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les anomalies dans les états financiers pourraient indiquer directement l'existence
d'actions frauduleuses. Les fraudes comptables peuvent être beaucoup plus subtiles et
exigent une investigation approfondie au-delà du signal que quelque chose est hors
norme.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
D’une manière générale, la pertinence pour l’auditeur de tels projets sera inversement
proportionnelle à l’éloignement dans le temps des actions en projet et des anticipations.
Normalement une attention particulière sera consacrée aux projets qui pourraient avoir
une influence importante sur la solvabilité de l’entreprise dans le futur prévisible.
La question de la liquidité, ou plutôt du risque d’illiquidité, la mécanique de sa
fabrication, de ses composantes, l’enjeu de la crise de croissance, l’impérieuse nécessité
d’une solvabilité maîtrisée, le spectre élargi des risques financiers auxquels l’entreprise
est confrontée... sont-ils volontairement ou involontairement non maîtrisés par les
entrepreneurs ? Par méconnaissance ? Par excès de confiance ? Par manque de
pragmatisme ou de réalisme ? Les risques financiers en entreprise ne seraient-ils juste pas
appréhendés par les dirigeants ? Ou plutôt, tout simplement, seraient-ils non considérés à
leur juste valeur de vigilance nécessaire, face aux multiples priorités quotidiennes ?
Alors, comment maîtriser au mieux les risques stratégiques et financiers de l’entreprise ?
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Lorsque le diagnostic a été effectué par un autre professionnel, et qu’il n’aborde pas la
question relative à difficultés financières, l’auditeur doit reprendre ce point pour s’assurer
qu’il n’existe pas de risques majeurs qui pèsent sur la continuité de l’activité.
Le risque de faillite est au centre de la méthodologie et de l’expression de l’opinion. Il
peut également déclencher un processus d’alerte initié par l’auditeur.
Le risque de faillite est plus profond que le risque de non-solvabilité. Certes, ce dernier
est souvent le signe extérieur de la faillite, mais en aucun cas il ne sert à expliquer les
causes profondes de la cessation des paiements.
Sauf quand la situation financière de l’entité est, sans discussion possible, très bonne ou
très mauvaise, l’auditeur court un double risque :
déclarer défaillante une entité saine, ce qui s’apparente, en statistiques, au risque
de 1ère espèce (rejeter à tort une hypothèse vraie) ;
déclarer viable une entité qui, en réalité, est sur le point de déposer son bilan ce
qui s’apparente à un risque de 2ème espèce (accepter à tort une hypothèse fausse).
Dans le premier cas, l’auditeur refuse la certification des comptes s’ils ne sont pas en
valeur liquidative alors que dans le second, il certifie des comptes qui auraient dû être
établis en valeur liquidative mais ne le sont pas. Dans les deux cas, l’erreur peut être
lourde de conséquences soit pour l’entité contrôlée, soit pour les tiers qui sont les
utilisateurs des comptes annuels.
Pour qu'un auditeur puisse fournir un avis de continuité d'exploitation, des directives et
des procédures spécifiques doivent être suivies. L’évaluation des auditeurs à ce sujet
n’est pas associée uniquement aux données financières, mais également à des
informations non financières sur la capacité d'une entité à poursuivre ses activités.
Cependant, la littérature de prévision de faillite, ainsi que les résultats de plusieurs études
montrent qu’il existe des informations importantes pouvant être extraites des états
financiers .Plus précisément, les auditeurs pourraient bénéficier de la prévision de la
faillite en utilisant des modèles d’analyses comme outils d’aide pour identifier ou
confirmer des doutes sur la capacité d'une entreprise à poursuivre ses activités.
Bien que ce travail ne propose pas l'un des modèles testés comme étant efficace dans tous
les cas, nous pouvons retenir le message suivant : Les auditeurs pourraient inclure des
modèles de prévision de faillite dans leurs procédures d'évaluation pour atteindre un
jugement fondé sur la question du continuité d’exploitation .En procédant ainsi , la
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
financier. Une erreur d’investissement, une faute opérationnelle, un risque naturel qui
engendre la perte d’un stock ou l’arrêt du processus de production, un dysfonctionnement
commercial provoquant une réclamation client à traiter, une fraude subie, une panne
informatique, une mauvaise anticipation sur un marché financier, une faute de frappe sur
un contrat, tout peut être source potentielle d’impact financier pour l’entreprise. Et donc,
source de concrétisation potentielle d’un risque financier. Puisque, au-delà du risque de
faillite et de dépôt de bilan, les risques financiers cernent et concernent toutes les
entreprises, à tout moment. Et ils sont tous susceptibles de remettre en cause la pérennité
de l’entreprise.
Car, à bien y réfléchir, toute décision d’entreprise, toute action opérationnelle, source de
risques financiers, résulte avant tout de la mise en œuvre du modèle stratégique de
l’organisation, ou, plus précisément, des différents segments stratégiques en présence. Il
apparaît donc totalement cohérent d’aborder la question des risques financiers en
continuité du traitement de la question des risques stratégiques. Et l’intime relation née
entre l’enjeu stratégique et l’enjeu financier dans les entreprises nous conforte dans le
choix volontaire de ce mémoire de traiter simultanément ces deux thématiques, en
cohérence.
Risques stratégiques et risques financiers sont intimement liés : les risques financiers
résultent de la mise en œuvre du modèle stratégique de l’entreprise, donc de ses risques
induits.
Dans un contexte d’incertitude économique, le risque accru d’anomalies significatives
résultant d’un parti pris de la direction constitue une considération d’ordre général
importante. Qu’il y ait ou non intention frauduleuse, il peut y avoir une tentation forte.
La conjoncture économique générale peut avoir une incidence importante sur les risques
d’anomalies significatives dans les états financiers de l’entité. La nature et l’ampleur de
cette incidence dépendront de facteurs tels que les conditions du secteur d’activité, la
concurrence, les relations avec les fournisseurs et les clients, ainsi que le cadre
réglementaire. Des conditions économiques incertaines peuvent accroître le risque
d’anomalies significatives dans les états financiers.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
A priori, cette analyse financière des risques de l’entreprise n’est pas étroitement liée à
l’analyse du risque d’audit. Certes un niveau de risque financier élevé peut influencer
l’auditeur dans toute sa démarche, mais il n’existe pas un lien mathématique entre le
risque financier et le risque d’audit, sauf peut-être à considérer que le risque financier fait
partie du risque inhérent qui est défini par l’auditeur au tout début de sa méthodologie.
L’auditeur devrait néanmoins intégrer les risques financiers dans sa méthodologie chaque
fois que ce renseignement est compatible avec son champ de vérification. A titre
d’exemple, le risque de ne pas atteindre le point mort (normalement étudié dans le
rapport de diagnostic) peut conduire l’auditeur à approfondir l’analyse des marges (donc
du chiffre d’’affaires et des coûts variables liés au cycle d’exploitation). Les risques sont
similaires mais ne sont pas identiques.
Le diagnostic doit inspirer l’auditeur mais ne doit pas modifier sa méthodologie
d’intervention et sa réflexion de vérificateur.
Un travail intellectuel de la part de l’auditeur pourrait l’amener à intégrer davantage les
risques économiques et financiers dans sa propre gestion des risques. Mais ce travail peut
s’avérer d’ordre mathématique avant tout.
b) L’internalisation et la réduction du risque d’audit
Avant de parler d’internalisation, il faut rappeler que le risque qui est défini dans le
rapport de diagnostic est d’une nature différente du risque qui est formalisé par l’auditeur.
Certes ces deux risques peuvent éventuellement être quelque part liés, mais il faudrait
pour cela que l’auditeur se transforme en mathématicien, ce qui n’est pas envisageable.
L’internalisation du diagnostic dans l’approche de l’auditeur améliore la compréhension
de l’auditeur de la firme dans sa globalité, transforme les outils de contrôle des comptes,
introduit l’approche globale dans la vérification, donne une dimension financière à
l’audit, permet d’améliorer la rentabilité de la mission.
L’internalisation offre à l’auditeur un éclairage sur la manière de gérer une mission
d’audit selon une logique de finance d’entreprise, mais elle crée en même temps une
problématique d’ordre mathématique difficile à résoudre par les auditeurs.
Il faudrait que l’IFAC prenne en charge ces différentes problématiques d’ordre quantitatif
pour les décliner en modèles mathématiques d’utilisation simple par les auditeurs, même
lorsque ceux-ci n’en comprennent pas les fondamentaux.
In fine, quels sont les avantages de l’internalisation du point de vue de l’auditeur ?
donner à la mission d’audit une dimension plus économique et financière et même
plus managériale et stratégique ;
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
L’entreprise auditée est basée sur l’idée que le risque d’audit découle d’autres risques liés
à la capacité de l’entreprise à réaliser ses objectifs (Lemon et al. 2000).
L’approche par les « Business Risk » se fonde sur la compréhension approfondie de
l’entreprise et de son environnement afin d’augmenter l’efficacité et l’efficience de
l’audit.
Pour acquérir des connaissances approfondies sur les activités du client l’approche
Business Risk préconise une démarche fondée sur trois étapes :
1. L’analyse du risque stratégique :
2. Le risque du processus
3. Evaluation des risques
Suite aux scandales financiers qui ont révélé l’importance des normes comptables et de
leur interprétation, les auditeurs accordent plus de valeur aux états financiers ainsi qu’à la
nature des transactions et non pas à leurs contenu.
Cette approche par les risques stratégiques et opérationnels du client est décrite par
Eilifsen & al (2001).
L’approche de Business Risk découle du fait que l’entreprise exerce ses activités dans le
contexte de facteurs se rapportant au secteur d'activité, au contexte réglementaire et à
d'autres éléments internes et externes. Pour tenir compte de ces facteurs, elle définit ses
objectifs et adopte des stratégies afin de les atteindre. Comme l'environnement externe
évolue, l'exercice d’activités est aussi un processus dynamique, et les stratégies et
objectifs de l’entreprise évoluent avec le temps. Les risques d’entreprise ou Business
Risk découlent donc de conditions, de faits, de circonstances ou de mesures importants
qui pourraient avoir une incidence négative sur la capacité de l’entreprise à atteindre ses
objectifs et de mettre à exécution ses stratégies.
Il découle donc de ce constat que l’auditeur ne peut identifier les Business Risk qu’en
connaissant au préalable les Business process de l’entreprise.
Un risque est une situation (ensemble d’évènements simultanés ou consécutifs) dont
l’occurrence est incertaine et dont la réalisation affecte les objectifs de l’entreprise
(individu, famille, entreprise, collectivité) qui le subit.
Il ressort de la définition précédente que le risque est la menace qu’un évènement, une
action ou l’absence d’une action affecte :
- la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs (et ainsi à déployer sa stratégie)
- les principaux actifs nécessaires à la mise en œuvre de son Business model (actifs
incorporels, financiers, humains, image…)
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
- sa capacité à respecter ses valeurs, ainsi que les lois et règlements applicables.
Les risques peuvent avoir un impact positif ou négatif sur l’entreprise. Les risques à
impact positif sont des opportunités à saisir par l’entreprise. Les autres risques, qui ont un
impact négatif pour l’entreprise, représentent des menaces.
Le classement le plus courant des risques consiste à regrouper les risques autour des trois
axes suivants : risques stratégiques, risques opérationnels et risques financiers.
- risques stratégiques : l’appellation risque stratégique est attribuée aux risques qui
touchent la stratégie de l’entreprise à moyen et long terme. Ces risques regroupent aussi
les opportunités qui font partie des grandes orientations stratégiques de l’entreprise.
- risques opérationnels : les risques opérationnels sont ceux qui sont liés aux activités
courantes de l’entreprise.
- risques financiers : les risques financiers regroupent d’une manière globale les risques
de marché, les risques de liquidité et de crédit, les risques liés au reporting et les risques
liés à la structure de capital de l’entreprise.
Quels enjeux pour l’approche Business Risk :
plus exhaustives que l’approche d’audit par les risques ;
elle emprunte à l’analyse stratégique classique ;
perfectionner l’approche des risques en audit en permettant à l’auditeur de se
positionner au plus près des processus de l’entreprise.
Quelles améliorations envisageables :
le renforcement des diligences d’audit ce qui ce traduit par la réduction du risque de
signature ;
améliorations de la valeur ajoutée des missions d’audit,
une réduction des coûts de la mission.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Une connaissance des risques d’entreprise augmente la probabilité d'identifier des risques
d’erreurs significatives. Cependant, l'auditeur n'a pas une responsabilité d'identifier ou
d’évaluer tous les risques d’entreprise.
A titre d'exemple de projets complexes, citons les projets d'ingénierie à long terme (tels
que la construction d'un navire ou celle d'un pont suspendu) dont la conduite et la gestion
présentent des risques sur les plans de l'établissement du prix, du coût de revient, de la
conception et du contrôle de la performance.
La plupart des risques d'entreprise finissent par avoir des conséquences financières et
donc une incidence sur les états financiers. Toutefois, ces risques ne constituent pas
nécessairement des risques d'inexactitudes importantes. L'examen, par l’auditeur, de la
question de savoir si un risque d'entreprise peut donner lieu à une inexactitude importante
se fait donc à la lumière des circonstances propres à l’entreprise
En plus d’une connaissance approfondie de l’existant, la modélisation de l’entreprise
présente les avantages suivants :
l’approche par les processus permet d’avoir une meilleure lisibilité de l’entreprise. Elle
permet de mieux maîtriser les processus rendus de plus en plus difficiles à cause
notamment de l’automatisation des flux d’information, le cloisonnement ou la
délocalisation géographique de certaines entités ;
une meilleure maîtrise des processus dont le nombre ne cesse d’augmenter du fait de
l’accroissement de la gamme de produits et de services ;
une meilleure connaissance des flux d’informations permet d’investir là où les
améliorations seront les plus significatives ;
La mise en place d’indicateurs et de dispositifs de pilotage et de suivi des risques
stratégiques et financiers. La factualisation des occurrences des risques subis, la mesure des
coûts engendrés et la validation à posteriori - ou non - des options stratégiques prises
consolident la démarche, la compréhension et l’acuité des actions prises.
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103
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Dans le contexte actuel, l’approche traditionnelle d’audit fondée sur les risques d’audit
cède sa place devant une focalisation fondée sur le risque d’entreprise. Une approche qui
s’est pour longtemps intéressée aux contrôles comptables et à l’évaluation des systèmes
de contrôles internes.
Cette approche a montré ses limites et fait place à une nouvelle approche qui considère
l’entreprise comme un tout, dont le risque stratégique est l’un des plus importants risques
dans la conduite d’un audit. Par conséquent, l’introduction des états des risques de
l’entreprise dans les rapports d’audit, doit permettre aux parties prenantes de percevoir
des indices d’avertissement et d’alerte et de leur fournir une certaine assurance envers le
futur.
A titre d’exemple, le diagnostic stratégique et financier constitue la première étape et
l’élément essentiel de l’évaluation de l’entité. Il permet d’appréhender les risques de non
réalisation à court, moyen et long termes des flux espérés et conduit à l’adaptation des
paramètres d’évaluation.
Au titre de sa mission, l’auditeur apprécie les évaluations d’actifs qui lui sont soumises
par l’entité auditée. Pour ce faire, il se doit de s’assurer que ces évaluations prennent en
compte le diagnostic stratégique et financier de l’entité auditée.
Il est donc primordial pour l’auditeur de savoir mettre en œuvre un tel diagnostic et d’être
en mesure d’en tirer les conséquences sur son appréciation des hypothèses qui fondent la
valeur.
Avec l'émergence de l'audit des risques de l'entreprise, les méthodes d'audit
traditionnelles ont été complétées par de nouveaux processus d'audit orientés vers une
perspective holistique de haut en bas de l'entreprise auditée (Bell et al, 1997 ; Knechel,
2001). Cela implique une analyse approfondie de l'activité du client et de sa stratégie.
Le risque d'entreprise concerne principalement les objectifs pour lesquels une
organisation est construite. Il s'agit essentiellement du coût potentiel encouru si une
entreprise ne réalise pas ses plans stratégiques. Il est considéré comme étant la probabilité
qu'une action puisse se produire empêchant ainsi l’entité à atteindre ses objectifs. Cette
définition du risque est beaucoup plus large que la notion de risque d'audit qui a influencé
le travail des auditeurs au moins durant une décennie (Thomas G. Calderon, John J.
Cheh1, 2002, page 204).
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104
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
L’approche d’audit par le management des risques n'est pas simplement indicative mais
réellement productive .Elle offre une meilleure assurance pour l’entreprise auditée et pour
sa stratégie. Cette méthodologie intègre à la fois un processus plus efficace au service du
client (entreprise auditée) et crée une valeur ajoutée en permettant à l'auditeur de se
prononcer et conseiller le client sur les risques d'entreprise et ses conséquences sur les
résultats comptables et financiers et sur sa performance. Alors que l’approche
traditionnelle est orientée beaucoup plus vers la conformité.
b) Intégration souhaitable du diagnostic financier et l’approche Business Risk
Plusieurs études ont montré que la perception d’un bon d’audit doit tenir compte à la fois
des risques financiers, opérationnels et stratégiques. D’autres recherches similaires à cette
étude ont abouti au même résultat dont les risques opérationnels et les risques
stratégiques sont aussi significatifs que les risques financiers.
Mais la question qui se pose dans ce contexte : pourquoi les auditeurs n’arrivent pas à
identifier ces risques et présenter des travaux d’audit à valeur ajoutée ?
La réponse à cette question n’est pas simple. En effet, plusieurs raisons poussent les
auditeurs à éviter les aspects opérationnels et stratégiques.
Premièrement : l’incapacité à quantifier les risques stratégiques et opérationnels
Deuxièmement : les mythes en ce qui concerne l'importance des risques financiers ainsi
que la croyance que les risques financiers sont les plus importants et représentent la
majorité des risques qui menacent le plus une entreprise.
Troisièmement : L’audit est normalisé et l’auditeur est limité par des contraintes
financières qui ne permettent pas de trop investir dans les aspects opérationnels et
stratégiques.
Le diagnostic et notamment le diagnostic global d’entreprise peut constituer dans ce
cadre une solution permettant à l’auditeur d’investir dans les aspects opérationnels et
stratégiques au moins pour les raisons suivantes :
Le diagnostic est par sa nature s’attaque aux aspects opérationnels et stratégiques ;
Il donne un statut particulier du risque financier et stratégique ;
Il suit une méthodologie modulable suivant la mission d’audit ;
Il respecte la contrainte financière liée au coût de la mission ;
Il assure la cohérence entre le diagnostic et les exigences des normes
internationales d’audit.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Dans le cadre de l’analyse stratégique, l’auditeur se situe dans le contexte de son client et
de l’environnement dans lequel il opère pour prendre connaissance des ses objectifs et
des stratégies, ainsi que des risques d’affaires connexes qui peuvent entrainer des
anomalies significatives dans les états financiers.
En effet, d’après l’ISA 200, les entreprises déploient des stratégies pour atteindre leurs
objectifs et, selon la nature de leurs activités et du secteur auquel elles appartiennent, le
cadre réglementaire dans lequel elles exercent leurs activités, ainsi que leur taille et leur
complexité, elles sont exposées à divers risques d’affaires. Il incombe à la direction
d’identifier ces risques et de prendre des mesures à leur égard.
Les entreprises sont confrontées à un nombre illimité de risques. L’auditeur ne se
préoccupe que des risques susceptibles d’avoir une incidence significative sur les états
financiers.
Le recours par l’auditeur au diagnostic dans cette phase lui permet d’optimiser son travail
afin d’identifier les risques de l’entreprise sans omettre le risque sous-jacent à l’activité
de l’entreprise.
b) Phase d’analyse des processus
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Cette même norme ajoute que l’analyse des processus permet à l’auditeur de comprendre
comment la direction identifie les risques liés à l’activité en rapport avec l’information
financière.
Cette phase d’analyse de process, peut être décomposée en quatre phases :
1. Identification des processus d’activité (Business Process BP) clés ;
2. Compréhension des flux d’informations et des opérations au sein de ces BP ;
3. Identification et compréhension des objectifs de ces BP (qui convergent vers les
objectifs stratégiques) ;
4. Identification et évaluation des business risks au niveau des ces processus.
Le diagnostic financier peut constituer un apport significatif dans cette phase puisqu’il
s’intéresse à l’appréciation des structures, des moyens et des performances de l’entreprise
dans sous différentes dimensions.
En effet, la particularité du diagnostic financier réside dans le fait qu’il est impliqué dans
les autres processus décisionnels de l’entreprise, qu’il s’agisse de décisions stratégiques
ou opérationnelles.
Cette relation avec les autres processus donne au diagnostic financier son intérêt à
éclairer des zones sombres au niveau des différents processus de l’entreprise. Il est très
important de souligner que l’auditeur en intégrant le diagnostic dans son processus est
dans la mesure de formuler un jugement de triple point de vue de la survie , de la
compétitivité et du développement et ,de prendre en compte le fait que toute activité
reste , une combinaison physico-financière intégrée dans un environnement.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Les procédés analytiques reposent normalement sur des données très globales,
leurs résultats ne fournissent qu’un aperçu général du risque que les états
financiers contiennent des inexactitudes importantes.
Les techniques d’analyses, nécessitent un degré élevé de subjectivité dans leur
mise en œuvre. A titre d’illustration on peut donner les exemples suivants :
Qu'est-ce qu'un changement de pourcentage raisonnable ? 10%?
Et si un changement de 40% était attendu ? Devrait-il être étudié
simplement parce qu'il dépasse les 10% de référence ? Qu'en est-il de ces
fluctuations de 5% qui doit être de 40%?
Dans quelle mesure les budgets devraient-ils être justifiés pour les utiliser
dans les analyses ?
Quand un changement important dans certains ratios clés est-il
suffisamment «expliqué» ? Des tests supplémentaires sont-ils
nécessaires ?
En général, la mise en œuvre des techniques d’analyses dans le processus d’audit
nécessite des informations détaillées sur les affaires du client afin de prévoir les résultats
attendus. Ces informations permettront à l’auditeur d’identifier les tendances inattendues
ou qui semblent incohérentes avec les tendances des affaires du client.
A ce niveau, les rapports du diagnostic et d’analyses financières ont un grand apport à
l’auditeur pour éclairer sa vision sur les projections des affaires du client ainsi que tous
les évènements particuliers qui peuvent changer ces tendances.
L’avantage est qu’en matière de diagnostic, ils n y a pas des diligences normalisées
comme en audit. La démarche sera différente selon les caractéristiques de l’entreprise, sa
taille, sa complexité, son risque de défaillance, l’éclatement de son capital, la pression
des créanciers, les anticipations des actionnaires ses perceptions et opportunités de
croissance et enfin sa politique en gouvernance.
Lorsque l’auditeur procède lui-même au diagnostic, il doit non seulement tenir compte de
ces aspects, mais il doit aussi savoir, de manière intelligente décliner les thèmes étudiés
en approches de vérifications. Lorsque, en revanche, l’auditeur utilise un rapport de
diagnostic émanant d’un autre professionnel, il devra soit adapter ce rapport à ses
besoins, soit le compléter par des diligences d’analyse financière appliquée.
Le diagnostic financier n’est certes pas normalisé, mais il doit apporter une information
supplémentaire pertinente, crédible et utilisable.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
l’évidence chercher d’autres informations ailleurs que dans les états financiers, comme
l’analyse du risque, le coût du capital, la mesure de la création de valeur, la valeur
actuelle des opportunités de croissance … Ces variables ne sont pas comptables, c’est une
évidence, et elles sont bien entendu cruciales pour le diagnostiqueur. Ce sont des limites
« naturelles » des états financiers quel que soit le référentiel retenu pour les élaborer.
Les limites des états financiers sont donc de deux natures :
celles relatives au référentiel retenu et qui nécessitent des retraitements plus ou moins
lourds selon le degré de sophistication du référentiel retenu (sachant qu’à mesure que
la comptabilité se sophistique, elle devient moins sûre) ;
celles qui nécessitent un travail d’analyse en dehors des états financiers parce que
ceux-ci ne peuvent, par définition pourrions nous dire, englober certaines variables. La
capitalisation boursière de la firme ne figure pas dans son bilan, l’EVA ne figure pas
dans son compte de résultat et le coût du capital est toujours calculé en dehors des
états financiers.
Sous ces réserves évidentes et à la condition que le référentiel comptable retenu ne soit
pas très complexe, l’analyste pourra utilement utiliser les états financiers de l’entreprise
diagnostiquée pour compléter l’information économique et financière qu’il devra
collecter en marge de ces états financiers.
Le coût de retraitement de l’information comptable peut dans certains cas être très
important. L’analyste devra alors reconstruire une information économique en dehors de
la comptabilité, en s’appuyant sur les informations financières externes et sur le système
d’information de l’entreprise. Car il faut savoir, a contrario, que l’information comptable
n’est pas cruciale pour l’analyste.
Les états financiers sont utiles pour le diagnostic, ils présentent des limites en termes de
contenu ou de pertinence, mais ils ne sont pas fondamentaux pour l’analyste.
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111
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Poste des états Tests de validation SANS Extension des tests de validation
financiers intégration AVEC intégration
Contrôle des états de Validation de l’ETE via l’EBE et la
TRESORERIE rapprochement bancaires variation du BFRE
Contrôle global des flux Validation du point mort d’encaisse
de trésorerie et contrôle des postes y afférents
Contrôle de cohérence du Segmentation du tableau des flux par
bilan avec le tableau des segment stratégique
flux Introduction du calcul décisionnel
pour chiffrer la probabilité d’atteindre
le solde de trésorerie critique
Conformité juridique Q de Tobin pour mesurer les
CAPITAUX Cohérence des flux et opportunités futures
PROPRES soldes Mesure de la sous-capitalisation
Résultat par action
Pointer les flux avec les Calculer et interpréter le ratio de
contrats de dette structure financière
Classer les dettes en Evaluer la capacité de
ENDETTEMENT courantes / non courantes désendettement de l’entreprise
FINANCIER
Vérifier le calcul des Proposer une stratégie de
intérêts restructuration de la dette
JV
Valider le poste GW par Chiffrer le véritable GW
référence à IFRS 3 économique du groupe et montrer
GOODWILL Vérifier la dépréciation du qu’il est différent du GW comptable
(Comptes consolidés)
GW par référence à IAS Proposer ce modèle alternatif dans
36 les notes aux états financiers
ENCAISSEMENTS Contrôle global de Calcul des taux de rotation pour
RECUS DES CLIENTS cohérence avec le chiffre déterminer le taux d’encaissement
d’affaires taxes comprises effectif
(TABLEAU DES FLUX et la variation du poste Proposition de recommandation
DE TRESORERIE) clients entre le début et la destinées à améliorer la variation du
fin de l’exercice BFR Clients dans l’objectif
d’augmentation de l’ETE
Aucun contrôle global au Sur la base du rapport de diagnostic,
BFR niveau de l’ensemble du établir une matrice dynamique par
(Postes d’actifs et cycle d’exploitation élément du BFR et par dimension
passifs courants) (quantité, durée, prix) pour aboutir à
une stratégie optimale de
minimisation du BFR et donc de
maximisation du cash d’exploitation
Tests comptables et Calcul du point mort de l’entreprise
fiscaux sans aucune portée pour mesurer le risque
économique, stratégique d’exploitation (point mort
CHIFFRE ou financière opérationnel, d’encaisse, financier et
D’AFFAIRES total) avec ou sans intégration du
coût du capital
Affinement de l’analyse en termes
de produits ou de segments
stratégiques
Remettre à plat toutes les Montrer que le raisonnement en
différences temporelles termes de fiscalité différée n’est pas
Recalculer les nouvelles justifié en économie et finance
positions différées d’entreprise
IMPOTS DIFFERES
(impositions et Proposer à l’entreprise de présenter
(comptes consolidés) économies) en annexe aux états financiers des
Vérifier les impacts sur le comptes ne tenant pas compte de la
résultat fiscalité différée
L’analyse de l’intégration sur l’audit de quelques postes des états financier montre
clairement que les diligences avec internalisation sont par nature très lourdes et exigent
l’intervention d’auditeurs-consultants très qualifiés en finance et stratégie d’entreprise qui
coûtent cher au cabinet.
Pour rentabilise sa mission, l’auditeur doit réduire, grâce à un recours accentué aux
techniques d’analyses financières, les tests d’audit ordinaires et de détail pour se limiter à
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Nombre de ces études portent sur les besoins en matière d’information des utilisateurs du
rapport de l’auditeur sur la communication d’une quantité accrue d’informations au sujet
de l’entité, afin de combler l’écart d’information
Les utilisateurs croient que ces informations les aideraient à évaluer la situation
financière et la performance de l’entité, de même que la qualité de son information
financière. Ils considèrent les connaissances que l’auditeur acquiert sur l’entité et ses
activités à l’occasion de l’audit des états financiers comme une information
particulièrement pertinente eu égard à leurs besoins.
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116
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
La qualité de l’audit est influencée par de nombreux intrants, par exemple les attributs
personnels de l’auditeur, à savoir ses compétences, son expérience, ses valeurs morales
et son attitude. Un autre intrant a aussi une importance considérable, soit la focalisation
du processus d’audit sur l’exécution d’un audit de qualité.
mieux se retrouver dans le dédale des rapports financiers en étant guidés vers les
points les plus importants ;
mieux comprendre comment l’audit a été réalisé ainsi que les aspects sur
lesquels les auditeurs se sont concentrés en fonction de leur évaluation des
risques d’anomalies significatives, de même que les procédures qu’ils ont
appliquées et les conclusions qu’ils ont tirées à l’égard de ces aspects ;
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117
Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
les professionnels qui font appel à nous. En effet, cela permet une prise en compte
globale et surtout une compréhension approfondie de l’environnement général de l’entité.
Étant précisé que la prise en compte de cet environnement constitue un enjeu non
négligeable de la mise en place d’une structure financière non pas optimale, mais
adéquate. Cet apport réel de l’expert se matérialise par des conseils oraux, rarement
formalisés sur un document ou un rapport normé. Nos clients recherchent la connaissance
du milieu dans lequel ils souhaitent investir ou simplement s’épanouir.
diagnostic financier ou d’analyse financière sous l’angle de rechercher les risques d’audit,
sans supposer que les états financiers provisoires sont exempts d'erreurs ou qui n'ont pas
été délibérément manipulés.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
une relation prévisible entre l’inventaire et le coût des biens vendus. Une surestimation
des stocks est généralement liée à une sous-estimation du coût des biens vendus. De
même, il existe une relation prévisible entre les comptes clients et les ventes. Une
surestimation des ventes est généralement liée à une surévaluation des comptes clients.
L'une des causes possibles d'une amélioration du pourcentage de marge brute est une
surestimation des stocks. Une autre cause potentielle d'amélioration du pourcentage de
marge brute est la surévaluation des comptes clients.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
En général, plus les données sont détaillées, plus les attentes sont précises. Par exemple,
la préparation d'une attente par magasin est plus précise qu'une attente basée sur des
données globales.
Plus la source des données est fiable, plus les attentes sont précises. Les facteurs suivants
sont liés à la fiabilité des données que le l’auditeur peut prendre en compte pour prévoir
l’attente :
Plus le système comptable du client est solide, plus les données générées sont
fiables.
Les données provenant de sources plus objectives ou indépendantes sont plus
fiables (par exemple les données obtenues des analystes financiers externes).
L'utilisation de données non financières fiables (par exemple, La superficie de
stockage ou le taux d'occupation) améliore la précision des attentes.
La précision inhérente à la méthode de prévision utilisée
Les attentes peuvent être développées avec des méthodes simples telle que l’anticipation
des ventes de l’année en cours ou aussi complexe telle que l’analyse de régression
multiple des données (par exemple, analyser les superficies pour estimer les ventes au
détail). Déterminer le type de méthode d’attente approprié relève du jugement
professionnel de l’auditeur.
Analyse du ratio
L'analyse des ratios est la comparaison des relations entre les comptes d'états financiers
(entre deux périodes ou au fil du temps), la comparaison d'un compte avec des données
non financières (ventes par mètre carré) ou la comparaison des relations entre entreprises
du secteur (par exemple, comparaison des marges brutes). L'analyse du ratio implique
une comparaison des relations entre les comptes, les informations non financières ou les
deux.
L'analyse des ratios est la plus appropriée lorsque la relation entre les comptes est assez
prévisible et stable (par exemple, la relation entre les ventes et les comptes clients).
L'analyse des ratios peut être plus efficace que l'analyse des tendances, car les
comparaisons entre le bilan et le compte de résultat peuvent souvent révéler des
fluctuations inhabituelles qu'une analyse des comptes individuels ne révélerait pas. La
comparaison des ratios avec les moyennes de l'industrie (ou avec des entreprises
comparables du même secteur) est la plus utile lorsque les facteurs d'exploitation sont
comparables.
Les tests de caractère raisonnable
Les tests de caractère raisonnables ont l'analyse des soldes de compte ou des variations de
soldes de comptes au cours d'une période comptable impliquant le développement d'une
attente basée sur des données financières, des données non financières ou les deux. Par
exemple, une prévision de revenus d’une grande surface peut être établie en utilisant la
surface du magasin.
Contrairement aux analyses des tendances et des ratios (qui supposent implicitement des
relations stables), les tests de vraisemblance utilisent des informations pour élaborer une
prédiction explicite du solde du compte ou de la relation d'intérêt. Les tests de caractère
raisonnable reposent sur les connaissances du l’auditeur sur les relations, y compris la
connaissance des facteurs qui affectent les soldes des comptes. L’auditeur utilise ces
connaissances pour développer des hypothèses pour chacun des facteurs clés pour estimer
le solde du compte.
Analyse de régression
L'analyse de régression est l'utilisation de modèles statistiques pour quantifier les attentes
de l’auditeur, avec des niveaux de risque et de précision mesurables. L'analyse de
régression tente de déterminer la force de la relation entre une variable dépendante et une
série d'autres variables (appelées variables indépendantes). L’auditeur applique une
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
31/12/2017 31/12/2016
Actifs non courants
Immobilisations incorporelles (Fond de commerce) 4,027 2,336
Passifs courants
Fournisseurs et autres passifs courants 8,522 7,277
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Ces cinq catégories de questions sont nécessaires à l’auditeur lorsqu’il utilise des ratios
ou même des analyses de tendances.
Pour juger si un chiffre ou un rapport mérite d’être étudié, il est absolument nécessaire de
le comparer à son équivalent dans la même entreprise au cours de la période précédente
ou à d’autres sociétés du même secteur, les comparaisons fournissent des repères.
La première chose à faire est simplement de comparer les chiffres comparatifs au niveau
des états financiers. La simple comparaison permet à l’auditeur de générer des indicateurs
et des tendances.
Voici quelques premières réflexions autour d’un diagnostic fondé sur l’analyse de
tendance :
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
l’analyse de la
structure financière
de l’entité.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Nous allons essayer à travers l’analyse et l’interprétation des ratios sélectionnés d’une
part, d’identifier les indicateurs financiers en relation avec notre mission d’audit. Et
d’autre part à tirer les conclusions sur la nature, le calendrier et l’étendue des travaux
d’audit.
3-1 L’analyse de la rentabilité
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016
1) Pourcentage de marge
brute
(4,218*100)/54,327= 7,78% (3,230*100)/47,198= 6,8%
Marge brute x 100/ Chiffre
d’affaires
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Il est important de comprendre que les chiffres utilisés dans le calcul des ratios coïncident
avec la date de clôture de l’exercice, ce qui peut entraîner des distorsions dans le calcul
des ratios. Les changements peuvent être les conséquences des événements particuliers
qui ont eu lieu à une date proche de la date de clôture des états financiers.
Dans notre cas le capital a été augmenté et une expansion a eu lieu le 30 Juin 2017.
Le capital final de la société inclut les financements supplémentaires, mais on ne peut pas
observer une augmentation de bénéfice d'exploitation que dans le deuxième semestre.
Il peut être plus utile de calculer ce ratio pour la période avant l’acquisition des nouveaux
magasins ainsi que pour la période ultérieur.
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016
5) Rotation de l’actif (Produits
d’exploitation / Total de l’actif y
54,327/27,165= 2% 47,198/20,417= 2,32%
compris le BFRE)
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Ce ratio montre combien de dinars de ventes sont générés par chaque dinar d'actif. La
baisse du ce ratio montre que même si les capitaux (et donc les actifs) ont augmenté, les
ventes n’ont pas augmenté proportionnellement. Mais dans notre cas cette tendance
pourrait simplement être due à la période d’augmentation de l’actif suite à l’acquisition.
Ce ratio comme le ratio précédent doit être isolé par période.
Le ROCE est la rentabilité des capitaux investis (ou employés) après impôts. Les
capitaux employés correspondent à la somme de actifs immobilisés et du besoin en fonds
de roulement c’est-à-dire à l’actif économique. Le ROCE est aussi appelé le taux de
rentabilité de l’actif économique.
Le ROCE est un indicateur de performance économique de l’entreprise et à ce titre, dans
une approche d’analyse sectorielle, il peut être comparé au ROCE de sociétés
comparables.
On peut constater que les moyens sont cohérents avec l’activité des grandes distributions
qui dégage de faibles marges mais un fort taux de rotation de l’actif (une faible intensité
capitalistique).
La comparaison du ROCE au WACC (Weighted Average Cost of Capital, qui mesure le
coût moyen pondéré des capitaux propres et de la dette), permet de mesurer la création de
valeur par la société au cours de la période, ce qui est le cas lorsque le ROCE est
supérieur au WACC.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Normalement, les actifs courants sont utilisés pour payer les passifs courants. Le ratio
actuel inférieur à 1 est souvent considéré comme alarmant car il pourrait y avoir des
menaces en ce qui concerne la continuité d’exploitation. Mais pour la société «ABC»
l’auditeur doit examiner le type d’entreprise avant de tirer des conclusions. Dans
l’activité de grande distribution, les stocks se transformeront probablement en espèces de
manière stable et prévisible, de sorte qu’il y aura toujours une réserve de liquidités
disponibles pour payer le passif. La société a survécu 12 mois à compter de la date du
bilan de 2016 jusqu’à l’heure actuelle (et le ratio actuel s’est amélioré), il ne devrait donc
pas y avoir d’alarme particulière en ce qui concerne l’hypothèse de la continuité
d’exploitation.
Le ratio de liquidité réduite est utile lorsque les stocks sont à rotation lente, puisque le
paiement des passifs à court terme dépend des créances et des liquidités. Un ratio de
liquidité réduite inférieur à un est souvent inquiétant, mais cela dépend encore du secteur
d’activité et des comparaisons avec les autres sociétés opérant dans le même domaine
d’activité.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Pour la société «ABC » le ratio de liquidité réduite de l’exercice 2017 est meilleur que
celui de l’exercice 2016.
Pourquoi ? Les produits d'intérêts ont-ils également augmentés ?
Ratio Exercice 2017 Exercice 2016
Dans la grande distribution, la plupart des ventes sont au comptant et la comparaison des
créances avec les ventes est inutile. Il serait préférable que les ventes soient réparties
entre les ventes au comptant et à crédit et que le véritable délai de recouvrement des
créances client soit déterminé.
Cependant, il semble y avoir eu une augmentation disproportionnée de la période de
recouvrement. Les raisons possibles sont les suivantes :
Une approche commerciale différente - offrant peut-être des facilités de crédit aux
clients. (à valider par des tests de détail)
Une nouvelle politique commerciale offrant un délai de recouvrement plus étendue
pour certains clients. L’auditeur doit dans ce cas examiner les procès verbaux du
conseil d’administration qui autorisent une telle décision commerciale.
Une mauvaise gestion au niveau des ventes à crédit.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
sur les soldes ? Une circularisation des créances est nécessaire dans ce cadre pour tester
l'exactitude du chiffre d'affaires.
Nous constatons une chute de 4% qui semble indiquer un contrôle plus rigoureux des
stocks. Cependant, il faut toujours penser qu’il peut s’agit d’une coïncidence du calcul
puisque nous avons utilisé le stock de fin d’exercice.
On doit déterminer qu’il ne s’agit pas d’un accident du calcul du ratio par la mise en
œuvre des investigations pointues pour expliquer cette diminution ?
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Eliminer l’hypothèse que cette augmentation pourrait être un accident du calcul. Par
exemple, lorsqu'un week-end coïncide avec à la fin de l’année.
Vérifier les inventaires à tous les niveaux : Existence, évaluation, quantité, etc.
Y-a-t-il une diminution du gaspillage de stock ?
Examiner les autres informations. Par exemple :
-L'entreprise a-t-elle investi dans de nouveaux systèmes informatiques permettant
un meilleur contrôle des stocks ?
- Le système de distribution a-t-il changé ?
-Des moyens de transport de marchandises supplémentaires ont-ils été achetés
pour permettre à l'entreprise de fonctionner avec un stock inférieur ?
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Le ratio de couverture des intérêts cherche à mesurer dans quelle proportion les revenus
d’une entreprise sont supérieurs au remboursement des intérêts de la dette.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
En conclusion le diagnostic financier et les techniques d’analyse financière sont des outils
précieux pour aider les auditeurs à comprendre la dynamique financière de l’entreprise et
des caractéristiques financières de son secteur d’activité. Cependant, le calcul initial des
ratios et des changements de pourcentage est facile et peu être mécanisé par des moyens
informatiques. La vraie compétence est l’interprétation des résultats du diagnostic et la
déclinaison de ces résultats dans le processus de vérification.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Conclusion générale
Le diagnostic financier est une branche de la finance d’entreprise et l’audit fait partie du
système global de contrôle de l’entreprise. Ces deux disciplines sont en intersection,
notamment au niveau de l’analyse des risques de l’entreprise. Car l’auditeur, qui se
trouve au départ dans une situation d’incertitude partielle ou totale, cherche à réduire le
risque de rendre un avis erroné sur la qualité de l’information financière élaborée par
l’entreprise.
Le diagnostic peut être réalisé par l’auditeur lui-même (et il serait dans ce cas plus orienté
vers l’audit, mais moins pertinent parce que l’auditeur n’est pas un analyste financier) ou
par un diagnostiqueur externe. Parfois le diagnostic est réalisé en interne par un financier
d’entreprise. Le diagnostic financier n’est pas normalisé, il est réalisé au goût de chaque
analyste et en fonction du profil de ce dernier et du contexte dans lequel se réalise le
diagnostic. Pour toutes raisons, nous conseillons à l’auditeur d’élaborer son propre
diagnostic et de le relier à ses besoins dans les travaux de vérification.
Le diagnostic financier est déjà intégré dans le processus d’audit: encore faut-il le
traduire en outils de vérification pour permettre à l’auditeur de mieux valider les comptes,
d’améliorer son opinion et de gérer optimalement son budget d’intervention.
Une des caractéristiques de l’application du diagnostic à l’audit est qu’il permet de
développer des contrôles analytiques plus efficaces et moins coûteux. Le contrôle devient
plus cohérent, plus riche et plus financier.
L’introduction du diagnostic en audit permet à l’auditeur de communiquer avec
l’entreprise selon un langage financier, managérial et stratégique. L’auditeur voit sa
mission élargie et prendre une dimension plus économique. Dans son rapport d’opinion,
il pourra donner son avis sur les comptes tout en développant son opinion sur l’analyse
économique et financière sur l’entreprise, comme le risque de faillite, la destruction de la
valeur, l’affectation du cash-flow libre ou encore le risque global de l’entreprise et
l’acceptation des projets d’investissement. Ces aspects sont qualitatifs, moins comptables
et plus financiers.
L’intégration du diagnostic financier n’est pas seulement un outil d’audit des comptes,
elle est aussi et surtout un instrument d’analyse économique et financière de l’entreprise
dans sa globalité, un langage d’amélioration de l’opinion de l’auditeur et une
méthodologie de vérification des comptes selon une dimension financière et managériale.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
L’audit et le diagnostic ensemble constituent deux outils puissants d’analyse des comptes
surtout lorsque les auditeurs savent bien profiter de cette synergie. Cette intégration doit
être vertueuse et équilibrée. Car l’auditeur ne doit jamais oublier qu’il vérifie des comptes
et qu’il doit exprimer une opinion sur la qualité des comptes. L’intégration doit améliorer
l’approche de l’auditeur, mais elle ne doit en aucun cas se substituer à l’audit lui-même.
Le diagnostic financier renseigne sur les différents risques de l’entreprise (taux sans
risque, risque économique, prime de risque, risque financier). Ces niveaux de risque sont
utiles pour l’auditeur, mais ce dernier ne doit pas les confondre avec le risque d’audit,
celui de rendre un avis erroné sur la qualité de l’information financière. Il peut néanmoins
faire un exercice d’intelligence pour aboutir à la conclusion que tous les risques sont
quelque part de même nature et élaborer une approche d’audit où il intègre les
renseignements du rapport de diagnostic.
La synergie entre diagnostic en audit financier est optimale dans la mise en œuvre des
procédures analytiques. En effet, les procédures analytiques constituent le principal point
d’intersection entre les deux disciplines.
Enfin il faut signaler que l’audit est une discipline normalisée et l’intégration du
diagnostic financier elle doit être utilisée à bon escient .Car il ne s’agit pas de dénaturer le
diagnostic, comme il ne s’agit pas de transformer l’audit en une simple approche
d’analyse financière, même si ces deux disciplines se complètent dans le domaine de la
vérification des comptes.
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
Bibliographie
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
PREMIERE PARTIE : 6
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
DEUXIEME PARTIE : 6
SECTION 1 : LES IMPACTS DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC DANS LES DIFFERENTES ETAPES DU PROCESSUS D’AUDIT70
SOUS-SECTION 1 : PROCEDURES ANALYTIQUES PENDANT LA PHASE DE LA PLANIFICATION DE L’AUDIT 71
1-1 FONDEMENTS THEORIQUE ET EXIGENCES DES NORMES ISA 71
1-2 L’APPORT DU DIAGNOSTIC DANS LA COMPREHENSION GENERALE DE L’ENTITE 73
SOUS-SECTION 2 : PROCEDURES ANALYTIQUES LORS DE LA PHASE DE COLLECTE DES ELEMENTS PROBANTS 74
2-1 L’EFFICACITE DES PROCEDURES ANALYTIQUES DE CORROBORATION 74
2-2 INVESTIGATIONS SUR LES RESULTATS DES PROCEDURES ANALYTIQUES 77
2-3 ENRICHISSEMENT DES PROCEDURES ANALYTIQUES DE CORROBORATION 78
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
SECTION 1 : LES DIFFICULTES PRATIQUES DE METTRE EN ŒUVRE DES TECHNIQUES D’ANALYSES FINANCIERES DANS LE
PROCESSUS D’AUDIT 108
SOUS-SECTION 1 : LES CONTRAINTES D’APPLICATION DES PROCEDURES D’ANALYSES FINANCIERES 108
1-1 QUELQUES CONTRAINTES D’APPLICATION DES PROCEDURES ANALYTIQUES 108
1-2 LA PRISE EN COMPTE DES RESULTATS DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE PROCESSUS D’AUDIT 110
SOUS-SECTION 2 : POINTS CLES DE L’AMELIORATION DE LA PLANIFICATION DE L’AUDIT 110
2-1 LE RETRAITEMENT DE L’INFORMATION COMPTABLE 110
2-2 QUELQUES PISTES D’AMELIORATION DE LA COMPREHENSION ECONOMIQUE DE L’ENTREPRISE 111
SOUS-SECTION 3 : RAPPORT D’AUDIT EN TENANT COMPTE DU DIAGNOSTIC FINANCIER 115
3-1 LES LIMITES DU RAPPORT DE L’AUDITEUR 115
3-2 LES APPORTS D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC DANS LE RAPPORT DE L’AUDITEUR 116
3-3 LES CONSEQUENCES DE L’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER SUR LA QUALITE DES TRAVAUX D’AUDIT 117
SECTION 2 : PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’INTEGRATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER DANS LE PROCESSUS D’AUDIT
118
3. TIRER LES CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC SUR LES PROCEDURES D’AUDIT. 118
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Le recours au diagnostic financier dans le processus d’audit
BIBLIOGRAPHIE 149
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