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III
Cet ouvrage fait par tie de
Véhicule et mobilité du futur
(Réf. Internet ti601)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Véhicule et mobilité du futur
(Réf. Internet ti601)
Pierre DURET
Directeur de l'ENSPM (École nationale supérieure du pétrole et des moteurs)
Serge PÉLISSIER
Directeur de Recherche à l'IFSTTAR, Institut Français des Sciences et
Technologies des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux
Gabriel PLASSAT
Ingénieur énergies et prospectives à l'ADEME (Agence de l'Environnement et
de la Maîtrise de l'Énergie)
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V
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VI
Carburants et matériaux allégés pour véhicule
(Réf. Internet 42629)
SOMMAIRE
Biocarburants BE8550 11
Hydrogène J6368 73
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VII
Plastiques et automobile. D'aujourd'hui à demain AM3591 91
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Carburants et matériaux allégés pour véhicule
(Réf. Internet 42629)
Q
1– Biocarburants Réf. Internet page
Biocarburants BE8550 11
2– Carburants gazeux
4– Matériaux allégés
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Biocarburants
par Bruno GAGNEPAIN
Ingénieur biocarburants
ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), Service bioressources,
Direction production et énergies durables, Angers
Q
Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 8 550] intitulé « Biocarburants » paru en
2009, rédigé par Étienne POITRAT
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BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
Q
Elle recouvre :
Sigles, notations et symboles
– la biomasse agricole avec les cultures annuelles, produisant
Sigle Développé les éléments de base utilisés tels les sucres, l’amidon, les acides
gras et leurs coproduits (paille, rafles, cannes, fanes, coques...) ;
DME Dimethyl Ether – la biomasse lignocellulosique d’origine agricole ou fores-
tière tels le bois, les déchets de bois, les cultures pérennes (taillis à
CAS Changement d’affection des sols courte rotation TCR, taillis à très courte rotation TTCR, miscanthus,
fétuque...), les cultures annuelles (triticale, sorgho...) et les copro-
FAP Filtre à particules duits ligneux des cultures ;
ETBE Ethyl Tertiobutyl Ether – les déchets organiques avec les effluents des élevages tel le
lisier, les boues des stations d’épuration, les déchets verts ou ani-
OP Oxyde de propylène maux... et les sous-produits organiques ou fermentescibles
des activités industrielles, agroalimentaires, papetières ou de
Huile végétale hydrogénée (Hydrotreated Vegetable transformation du bois ;
HVO
Oil)
– la biomasse issue des algues marines ou aquatiques et
HVP Huile végétale pure des micro-organismes.
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___________________________________________________________________________________________________________________ BIOCARBURANTS
AGRICULTURE Parcs et
FORÊT
jardins
Cultures
Cultures dédiées
alimentaires
Coproduits
Industries diffus (paille, Industries
agro-alimentaires BIOCARBURANTS rémanents) de transformation
et autres ; élevage de 1re génération du bois
BIOMATÉRIAUX
TRADITIONNELS
BIOPRODUITS (bois, fibres, papier,
cartons, panneaux)
BIOMATÉRIAUX
(polymères) Biocarburants Coproduits
de 2e fatals
génération
Déchets
Déchets verts
organiques
fatals
fatals
COMBUSTION,
CHAUFFAGE,
COGÉNÉRATION
PRODUCTION DE
BIOGAZ
(par fermentation)
Retour au sol :
ÉPANDAGE ET
COMPOSTAGE
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BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
QT
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beXUUP
___________________________________________________________________________________________________________________ BIOCARBURANTS
Biohydrogène
(utilisation
Biochimie
Séparation
Production autotrophe Biohydrogène
Épuration
Lipides
Biomasse
terrestre Sucres Bioéthanol
Hydrolyse Fermentation Biobutanol
et
aquatique Lipides, hydrocarbures
Fermentation Bioéthanol
Bioalcools
Gazéification Syngaz
Fischer-Tropsch Biodiesel
et épuration Biokérosène
(haute température)
Thermochimie
Méthanol
Catalyse Éthanol
BioGNV
QU
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beXUUP
BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
55 à 62
Vapeur (kg vapeur/hL d’alcool pur) 105 35 pour les unités les plus 11
performantes
QV
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RECHERCHE
Biocarburants de seconde
génération et bioraffinerie Q
par François BROUST
Dr, CIRAD PERSYST, Unité Biomasse Energie, Montpellier
Philippe GIRARD
Dr, CIRAD, Kasetsart University, Bangkok, Thaïlande
et Laurent VAN DE STEENE
Dr, CIRAD PERSYST, Unité Biomasse Énergie, Montpellier
Points clés
Domaine : Énergétique
Degré de diffusion de la technologie : Émergence I Croissance I Maturité
Technologies impliquées : gazéification, fermentation, hydrolyse, catalyse
Domaines d’application : carburants liquides et produits chimiques
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : TENERDIS, DERBI, AXELERA, AGRIMIP, CAPENERGIES,
IAR pour les principaux.
Centres de compétence :
GAYA (AMI ADEME) : biométhane de seconde génération
BioTFuel (AMI ADEME) : production industrielle de biodiesel et biokérosène de
seconde génération par voie thermochimique
FUTUROL (OSEO/IAR) : plateforme de bioéthanol de seconde génération par voie
biologique
Xyloforest (EQUIPEX 2010) : Plateforme d’innovation « Forêt-Bois-Fibre-Bio-
masse du Futur »
GENEPI (EQUIPEX 2012) : Équipement de gazéification pour plateforme inno-
vante dédiée aux énergies nouvelles
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RECHERCHE
Q
déjà disponibles sur le marché et que les techniques de pro-
La demande mondiale en énergie est croissante et très lar- duction ont atteint un niveau de maturité technologique qui ne
gement dépendante des sources d’énergie fossiles. Il est laisse plus espérer que de faibles gains de rendement ou de
admis qu’une part significative de la progression de cette productivité. Ils n’utilisent qu’une fraction mineure de la
demande sur le court et moyen terme concernera le secteur plante : sucre et amidon pour l’éthanol, huiles végétales pour
des transports, notamment en provenance des pays émer- les esters.
gents [1]. Selon la même source, en 2030, ce secteur devrait Par opposition, les biocarburants de seconde génération
être responsable du tiers des émissions mondiales de CO2. ne sont, quant à eux, pas encore disponibles sur le marché et
Cette considération, conjuguée à l’augmentation importante et les technologies de conversion dont ils sont issus en sont
soutenue du prix du pétrole, explique l’intérêt croissant que encore au stade soit de la recherche, soit du pilote industriel.
portent tous les pays, et notamment les pays non producteurs Leur principal atout, qui justifie les programmes de recherche
de pétrole, aux biocarburants. mis en œuvre (encore bien timides au regard des enjeux),
Il existe un nombre important d’options de carburants alter- tient au fait que ces procédés doivent permettre de convertir
natifs pour les transports comme l’illustre la figure 1. Ces l’intégralité de la biomasse et notamment de ses constituants
solutions ont atteint des degrés de maturité divers et certai- lignocellulosiques. La biomasse en effet, dans sa grande majo-
nes d’entre elles font l’objet d’importantes recherches au rité, est constituée de lignine (15 à 20 %), de cellulose (35 à
50 %) et d’hémicellulose (20 à 30 %) plus ou moins intime-
niveau international comme c’est le cas des biocarburants
ment liés. La composition de quelques biomasses lignocellulo-
(aussi appelés agrocarburants dans la mesure où les biocarbu-
siques susceptibles d’être utilisées pour la production de
rants actuellement utilisés sont élaborés à partir de produits
biocarburants est donnée dans le tableau 1.
agricoles). L’objet de cet article est de dresser un rapide état
des lieux des filières technologiques de production des carbu- Si l’usage des biocarburants s’est considérablement accéléré
rants de seconde génération, dont nous préciserons plus loin ces dernières années, leur part relative au niveau de la
la définition, de présenter leurs avantages et les verrous tech- consommation mondiale reste somme toute limitée et ce, pour
nologiques existants afin de dégager les opportunités et les deux raisons essentielles, leur coût tout d’abord, mais surtout
besoins de recherches encore nécessaires pour amener ces pour ce qui constitue indiscutablement le principal inconvé-
nient des biocarburants actuels, une faible productivité rame-
technologies à maturité.
née à l’hectare cultivé. Ainsi, si le nombre de plantes
Les biocarburants sont des produits élaborés à partir de bio- oléagineuses répertoriées dans le monde est de plusieurs cen-
masse ou, plus généralement pour ceux qui sont actuellement taines, moins de dix d’entre elles sont utilisées dans la pro-
commercialisés, de produits agricoles. duction de biocarburant. Il s’agit principalement du colza, du
Figure 1 – Large gamme de carburants alternatifs aux produits pétroliers (d’après [2])
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RECHERCHE
Q
Biomasses Paille (blé) Bois (epicéa) Miscanthus
Carbone (%) 46,0 51,9 47,9
Hydrogène(%) 5,5 6,16 5,5
Oxygène (%) 41,4 41,7 41,0
Azote (%) 1,65 0,12 0,54
Soufre (%) 0,1 0,03 0,11
Chlore (%) 0,15 0,02 0,18
Cellulose (%) 33 41 45
Hémicellulose (%) 23 31 30
Lignine (%) 17 27 21
Matières minérales (%) 5 (5 à 12,8) 0,1 (0,1 à 0,4) 4,8 (1,5 à 4,8)
Pouvoir calorifique (MJ/kJ) 18 400 20 200 19 100
QY
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RECHERCHE
Q Filière biocarburant
Rendement biomasse Rendement biocarburant
volumique énergétique
(t/ha)
(L/ha) (GJ/ha)
Biodiesel de tournesol 1,5 à 2,4 (gr.) 680 à 1 100 23,4 à 37,2
Biodiesel de soja 2,6 à 3,6 (gr.) 450 à 610 15,8 à 21,4
Biodiesel de colza 1,5 à 3,64 (gr.) 690 à 1 560 23,4 à 52,8
Biodiesel de graine de coton 1,3 à 1,7 (gr.) 260 à 340 9,0 à 11,8
Biodiesel de jatropha 0,8 à 2 (gr.) 240 à 600 8,2 à 20,4
1re Biodiesel de palme 7 à 15 (gr.) 3 500 à 7 500 121,8 à 261,0
Éthanol de blé 6,7 à 8,3 2 510 à 2 990 53,4 à 63,6
Éthanol de maïs 6 à 8,7 2 160 à 3 130 46,0 à 66,6
Éthanol de betterave 56,4 à 84 3 200 à 4 800 68,1 à 102,2
Éthanol de canne à sucre 50 à 85 3 500 à 6 500 74,5 à 138,3
Éthanol de sorgho 92 5 000 106,4
Éthanol de paille de blé 3,2 à 6,0 (ms) 1 200 à 2 270 25,6 à 48,3
Éthanol cultures pérennes 12,3 (ms) 4 060 86,4
2nde Biodiesel FT d’eucalyptus 20 (ms) 3 000 à 5 000 103,2 à 172,0
Méthanol d’eucalyptus 20 (ms) 9 000 à 11 000 140 à 172
DME d’eucalyptus 20 (ms) 10 000 188
gr. : graines ; ms : matières sèches par an ; pour la seconde génération, il s’agit de valeurs estimées.
2.1 Prétraitement
Encadré 1 – Pourquoi la biomasse lignocellulosique
Les procédés de prétraitement visent à séparer les consti-
Par rapport aux produits agricoles, la biomasse cellulosi- tuants intimement liés de la matière lignocellulosique de façon
que est plus abondante et moins coûteuse parce qu’elle à rendre la cellulose accessible à son hydrolyse ultérieure, en
n’entre pas directement en compétition avec les usages diminuant sa cristallinité et en augmentant la surface spécifi-
alimentaires de ces derniers. Il y a donc de nombreux que du matériau. Par action thermique et/ou chimique, la
avantages à privilégier la production de biocarburants à structure de la lignine peut également être détruite et l’hémi-
partir de la biomasse cellulosique : cellulose plus ou moins hydrolysée. On retrouve ainsi la
lignine solubilisée et les produits d’hydrolyse de l’hémicellulose
– une compétition limitée entre usage alimentaire et
dans la phase liquide et la cellulose et les résidus de lignine et
non alimentaire des produits agricoles et sur les terres à
d’hémicellulose dans la phase solide. Les principales contrain-
usage agricole ;
tes de cette étape sont d’éviter la perte ou la dégradation des
– une augmentation potentielle du revenu de l’agriculture
sucres qui conduit à une baisse du rendement et de limiter la
par une valorisation complète de la plante, à la fois sur le
formation de produits inhibiteurs de la fermentation tels que le
grain pour l’alimentaire et le résidu pour le carburant ;
furfural (aldéhyde aromatique de la fermentation C5H4O2)
– un accroissement de la productivité potentielle à l’hec-
tare (valorisation de la plante entière) et donc une amé- ainsi que les rejets comme le glycérol.
lioration du bilan économique ; Il existe de nombreuses technologies de prétraitement qui
– une amélioration du bilan environnemental lié aux présentent chacune leurs avantages et inconvénients et sont à
aspects agronomiques (recours limités aux intrants) et à différents stades de développement [5] [9] [34]. Le choix de
la valorisation complète de la plante à partir de solutions la technologie dépend en général du substrat (paille, bois)
technologiques intégrées qui permettent l’autonomie éner- mais surtout des impacts qu’elle a sur les coûts et performan-
gétique mais aussi la revente d’excédents électriques. La ces des étapes ultérieures d’hydrolyse et de fermentation.
faible maturité des technologies de seconde génération et
Le prétraitement mécanique consiste en un broyage de la
les controverses actuelles sur les méthodologies d’évalua-
matière lignocellulosique en fragments de quelques millimè-
tion ne permettent cependant pas de prendre une position
tres. Il vise essentiellement à augmenter les surfaces accessi-
tranchée à ce niveau ;
bles. Bien que dépendante de la matière première (plus ou
– une opportunité pour l’utilisation de terres marginales
moins fibreuse), l’énergie nécessaire au broyage pour rompre
ou les jachères, avec des plantes moins exigeantes
la structure de la lignocellulose est trop importante pour envi-
(encore que ce dernier point mérite discussion) ;
sager une application industrielle. Le broyage est plutôt utilisé
– une valorisation à terme de nombreux résidus et
comme préparation préalable de la charge à l’étape de prétrai-
déchets organiques tels que les ordures ménagères.
tement proprement dite.
RP
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inSPS
INNOVATION
Production de biokérosène
et de biogazole par la voie Q
thermochimique
Jean-Philippe HERAUD
Ingénieur de l’École supérieure de chimie organique et minérale (ESCOM) et de l’École
nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM)
Chef de projet Fischer-Tropsch – IFP Énergies nouvelles
et Anne-Claire PIERRON
Ingénieur de l’École nationale supérieure des industries chimiques (ENSIC)
Ingénieur de recherche en génie des procédés – IFP Énergies nouvelles
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inSPS
INNOVATION
Points clés
Domaine : Transformation de la biomasse lignocellulosique en carburant de
RR
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inSPS
INNOVATION
Consommation mondiale
Million de tonnes équivalent pétrole
14 000 Q
13 000
12 000
11 000
10 000
9 000
8 000
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 0
Figure 1 – Évolution de la consommation énergétique mondiale (d’après BP Statistical Review of World Energy full report, juin 2015) [1]
La directive RED 2009/28/CE définit un cadre commun d’affectation des terres, le transport et la distribution, la
pour la promotion de la production d’énergie à partir de sour- transformation et la combustion, quel que soit le lieu où ces
ces renouvelables. Elle fixe des objectifs nationaux contrai- émissions sont produites.
gnants concernant la part de l’énergie produite à partir de
Dans le cas des biocarburants, le CO2 dont le carbone est
sources renouvelables dans la consommation finale brute
d’origine végétale et produit par oxydation lors de l’utilisation
d’énergie et la part de l’énergie produite à partir de sources
dans un moteur à combustion interne n’est pas comptabilisé
renouvelables dans la consommation d’énergie pour les trans-
en tant qu’émission de gaz à effet de serre. En effet, ce car-
ports. Ces objectifs sont de 20 % d’énergie produite à partir
bone dit « biogénique » a été au préalable capté par la plante
de sources renouvelables dans la consommation finale brute
lors de sa croissance.
d’énergie et de 10 % d’énergie produite à partir de sources
renouvelables dans la consommation de toutes les formes de La directive FQD 2009/30/CE fixe, pour tous types de
transport en 2020. Par ailleurs, cette directive définit des cri- véhicules routiers ou non, un objectif pour la réduction des
tères de durabilité notamment pour les biocarburants. gaz à effet de serre émis sur l’ensemble du cycle de vie. Les
fournisseurs devraient progressivement réduire, le 31 décem-
Le principal outil pour quantifier ces critères de durabilité
bre 2020 au plus tard, les émissions de gaz à effet de serre
sont les analyses de cycles de vie des produits dont les moda-
générées sur l’ensemble du cycle de vie, au moins de 6 % par
lités sont définies dans les textes réglementaires et font régu-
rapport à la moyenne communautaire des émissions de gaz à
lièrement l’objet de révisions pour en améliorer la pertinence.
effet de serre par unité d’énergie produite à partir de combus-
Les analyses de cycle de vie permettent de quantifier tibles fossiles en 2010, et ce grâce à l’utilisation de biocarbu-
l’impact environnemental des biocarburants en particulier en rants ou de carburants de substitution. Enfin, cette directive
termes d’émission de gaz à effet de serre. D’une façon géné- fixe des cibles pour la performance environnementale des bio-
rale, sont comptabilisées toutes les émissions nettes de CO2 , carburants en les comparant aux émissions de gaz à effet de
de CH4 et de N2O qui peuvent être imputées au carburant. serre de filières de référence produisant des carburants
Cette approche inclut les composants qui y sont mélangés et (essence, kérosène, gazole) à partir de ressources fossiles. La
l’énergie nécessaire à leur production. Le cycle de vie du pro- valeur des émissions de GES attribuée aux filières de
duit recouvre toutes les étapes nécessaires à son obtention, référence à partir de ressources fossiles dépend, notamment,
depuis l’extraction ou la culture, y compris le changement de la qualité du pétrole brut utilisé ainsi que des performances
RS
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inSPS
INNOVATION
et du rendement des procédés de transformation. Établis être réalisée à l’échelle industrielle. En effet, les composés
spécifiquement sur une zone géographique donnée, par exem- issus de la matière végétale ont une teneur en oxygène éle-
ple l’Europe, ces chiffres représentent une moyenne qui doit vée. Cet oxygène devra être éliminé pour que les produits de
Q
faire l’objet de révisions pour suivre les tendances et évolu- la transformation soient incorporables dans les bases de pro-
tions des conditions de production des carburants : qualité des duits pétroliers. D’autre part, ces composés végétaux contien-
bruts traités, modifications de l’outil de raffinage, provenance nent de nombreux hétéro-éléments qui devront être aussi
et nature des produits pétroliers importés. éliminés du gaz de synthèse pour éviter l’empoisonnement du
La sévérité de ces cibles augmente progressivement dans le catalyseur utilisé pour la synthèse Fischer-Tropsch. La figure 4
temps. Cet échelonnement est également fixé dans la direc- représente un exemple d’enchaînement d’étapes de transfor-
tive. Ainsi, aujourd’hui, la réduction des émissions de gaz à mation constituant une chaîne BTL.
effet de serre résultant de l’utilisation de biocarburants est La figure 4 montre que la voie thermochimique indirecte
d’au moins 35 % par rapport à la référence fossile. À partir du comporte un grand nombre d’étapes unitaires de transforma-
1er janvier 2017, la réduction des émissions de gaz à effet de tion. La mise en œuvre à l’échelle industrielle se fera au tra-
serre résultant de l’utilisation de biocarburants devra être au vers d’une chaîne de procédés présentant des degrés de
moins de 50 % et à partir du 1er janvier 2018 de 60 %, pour complexité et de maturité très différents. En effet, tandis que
les biocarburants produits dans des installations ayant certaines étapes de cette chaîne sont maîtrisées à l’échelle
démarré après le 1er janvier 2017. industrielle sur d’autres types de charge et doivent donc être
La mise à jour de ces textes réglementaires se fait en con- simplement adaptées aux spécificités de la biomasse (gazéifi-
tinu au sein des institutions européennes afin d’encadrer au cation), d’autres étapes nécessitent le développement de
mieux un marché en pleine évolution et tenir compte des technologies (torréfaction).
avancées technologiques. Ainsi, les principaux défis technologiques de la voie thermo-
Ainsi la prise en compte du changement indirect d’affecta- chimique indirecte concernent les étapes de prétraitement de
tion des sols (iLUC indirect Land Use Change) est en cours de la biomasse, de la production de gaz de synthèse et de la
discussion. L’objectif est ici de considérer l’influence sur l’envi- purification de celui-ci.
ronnement du changement d’affectation des terres lié à la Le prétraitement a pour objectif de transformer la bio-
production de biocarburant non pas de façon locale à l’échelle masse brute de façon à permettre son injection dans l’étape
du champ (dLUC direct Land Use Change) mais de façon glo- de gazéification. Plusieurs options sont possibles, parmi elles,
bale en évaluant le déplacement des cultures d’une région les deux principales sont la voie dite « sèche » et l’autre dite
géographique à une autre. « en slurry ».
La préparation sèche de la biomasse comporte deux éta-
1.4 Performances environnementales pes, une étape de broyage et une étape de torréfaction.
L’enjeu de ce prétraitement est de produire une poudre de
La figure 2 compare les bilans gaz à effet de serre du puits particules lignocellulosiques adaptée à la fluidisation et au
à la roue des filières biocarburants de première et de transport pneumatique, tout en minimisant les pertes de
deuxième générations. matière liées au traitement thermique. Il n’existe pas, à ce
Les barres verticales positionnent les cibles réglementaires jour, de four de torréfaction industriel permettant de traiter
pour la performance environnementale des biocarburants. Par les débits de biomasse envisagés pour cette application. Cette
rapport aux carburants d’origine fossile, les émissions de CO2 technologie fait actuellement l’objet de nombreux efforts de
des biocarburants de deuxième génération du type de ceux recherche et développement.
produits par la voie thermochimique indirecte seront réduites La voie slurry implique une étape de pyrolyse produisant,
de l’ordre de 90 % selon la directive européenne 2009/30/CE en plus d’un gaz combustible, une fraction liquide et une frac-
respectant ainsi largement les objectifs réglementaires les tion solide qui sont ensuite envoyées à l’étape de gazéifica-
plus contraignants (60 % de réduction). tion. Le liquide obtenu a des propriétés (viscosité,
polymérisation, corrosivité) qui rendent sa mise en œuvre
délicate. Cette phase liquide qui contient de fines particules
2. Description de la technologie solides en suspension (slurry) se révèle particulièrement éro-
sive, entraînant une usure très rapide des conduites et des
Dans le contexte décrit précédemment de croissance de la buses d’injection dans les brûleurs. Ces difficultés représen-
demande en énergie couplée à des incitations fortes de réduc- tent autant de défis à résoudre pour une mise en œuvre
tion des émissions de gaz à effet de serre, des programmes industrielle économique et fiable. Ils font également l’objet de
de recherche sur la production de biocarburants à partir de nombreux efforts de recherche et développement.
matière renouvelable ont été initiés. Pour pallier les inconvé- Les principaux défis de l’étape de gazéification sont :
nients de la première génération (disponibilité limitée et com-
– la gazéification de la biomasse à l’aide d’oxygène pur pour
pétition avec la filière alimentaire), le développement de la
limiter la teneur en gaz inertes (notamment l’azote) dans le
deuxième génération de biocarburants est basé sur l’utilisation
gaz de synthèse et également faciliter le captage du dioxyde
de la fraction lignocellulosique de la plante. Parmi les deux
de carbone ;
principales voies de production actuellement étudiées
(figure 3), la transformation de biomasse en carburants, – l’alimentation en continu du réacteur de gazéification ;
notamment gazole, par la voie thermochimique indirecte – la réduction des goudrons formés au cours des réactions ;
(communément appelée « chaîne BTL ») se caractérise princi- – la disponibilité de l’unité pour maintenir une marche conti-
palement par la mise en œuvre d’une étape de gazéification nue de la chaîne de production de biocarburants.
puis d’une synthèse Fischer-Tropsch. La purification du gaz de synthèse est également une
Si cette voie est une réalité à l’échelle industrielle à partir étape clé de la production de biocarburants de deuxième
de charbon et de gaz naturel notamment en Afrique du Sud et génération. Les objectifs de cette étape de purification sont :
au Qatar, la mise en œuvre de biomasse nécessite néanmoins – d’éliminer les particules pour éviter le bouchage des sections
un programme de développement important avant de pouvoir situées en aval ;
RT
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inSPS
INNOVATION
EMHV - Soja
EMHV - Tournesol
EMHV - Colza
ÉTHANOL - Betterave
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
gCO2eq/MJ de carburant
* Par rapport aux références fossiles essence et gazole
conventionnels pour lesquels le bilan GES est de 83,8 gCO2eq/MJ
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
* Par rapport aux références fossiles essence et gazole gCO2eq/MJ de carburant
conventionnels pour lesquels le bilan GES est de 83,8 gCO2eq/M J
Figure 2 – Bilan des gaz à effet de serre du puits à la roue des filières de biocarburants actuelles et futures
RU
Q
RV
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inUX
INNOVATION
Valorisation énergétique de
déchets graisseux en biocarburant Q
par Anthony KERIHUEL
de M. Poux et J.-
liquide dans un autre, les deux liquides étant peu ou duits et les temps de mélange sont fonction du corps P. Canselier
pas miscibles entre eux. Une émulsion est l’associa- gras à émulsionner. L’expérience du préparateur est
tion de tels produits formant une dispersion stable donc cruciale pour mener à bien cette opération.
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inUX
INNOVATION
L’indice de cétane Tableau 1 – Propriétés du gazole, d’une graisse animale et d’une huile
traduit la faculté d’un
carburant à s’auto- végétale (d’après [1] [2])
Q
inflammer dans un
moteur à compression
interne normalisé, en Propriétés Gazole Graisse Huile
comparant le compor-
tement de celui-ci à
celui de deux hydrocar-
Masse volumique ..................(kg/m3) 840 918 904
bures de référence. En
outre, il représente le PCI ........................................ (kJ/kg) 42 490 39 774 37 000
temps que va mettre le
carburant testé à Viscosité dynamique ................. (cSt) 4,59 49,93 40
s’auto-inflammer.
Indice de cétane ............................. 45 à 55 40 à 45 35 à 40
Point éclair ................................(˚C) 75 96 120
Carbone ....................... (% massique) 84 à 87 73 77,6
Hydrogène ................... (% massique) 33 à 16 12,3 11,6
Oxygène ...................... (% massique) 0 12,5 10,8
Soufre.......................... (% massique) 0,29 0 0
PCI : pouvoir calorifique inférieur
2.3 Tensioactif
2.3.1 Tension superficielle
La tension superficielle d’un liquide est la grandeur Partie apolaire
qui caractérise sa faculté à mouiller la surface d’un Huile
solide. Elle s’exprime en newtons par mètre (N/m).
La formation de gouttelettes émulsifiées impose la
création d’une surface interfaciale importante entre
les deux phases liquides. Cette surface interfaciale
Interface
augmente, lorsque le diamètre des gouttelettes dimi-
nue (pour une même phase dispersée). Étant donné
que tout liquide tend à réduire, autant que possible, Partie polaire Eau
sa surface de contact avec l’air ou avec un autre
liquide non miscible, la création d’une surface inter-
faciale importante exige un apport d’énergie ∆E pro-
portionnel à la surface ∆A et à la tension superficielle Figure 1 – Représentation simplifiée d’un tensioactif
y tel que : (d’après [17])
∆E = y∆A (1)
élevée que le surfactant est hydrophile. Aux environs
Les émulsions sont donc thermodynamiquement de 10, il y a équilibre entre les caractères lipophile et
instables et tendent à se séparer (séparation des hydrophile. L’intérêt de cette classification, fondée
deux phases) afin de minimiser l’aire interfaciale sur le nombre HLB, est qu’il est aisé de connaître,
entre la phase aqueuse et la phase huileuse. Pour d’emblée, les propriétés des tensioactifs. Griffin a
éviter ce type de phénomène, des tensioactifs sont montré que les émulsionnants de l’eau dans l’huile
ajoutés afin de stabiliser la dispersion formée. ont un HLB compris entre 3 et 6, tandis que les émul-
Dans notre application, cette force tend à s’opposer à sionnants de l’huile dans l’eau ont un HLB compris
la formation d’une gouttelette dispersée dans le entre 8 et 18. De plus, selon lui, les valeurs HLB sont
fluide. L’utilisation d’un tensioactif permet de réduire additives. Cela signifie que lorsque deux surfactants
la tension superficielle de la phase continue et de sont mélangés, le HLB du mélange prend une valeur
faciliter ainsi la mise en forme de l’émulsion. intermédiaire entre les HLB des deux surfactants.
2.3.2 Nature Selon la règle de Bancroft [5] [6], il faut choisir un
tensioactif qui se dissout préférentiellement dans la
La nature du tensioactif est très importante car de
phase continue de l’émulsion désirée. Pour notre
son pouvoir stabilisant dépend la qualité (stabilité)
application, un tensioactif lipophile, de nombre HLB
de la future émulsion. Un tensioactif se caractérise
bas, est donc préconisé.
par une tête hydrophile qui s’oppose à une tête lipo-
phile [17] (figure 1). L’échelle de Davies permet de
2.3.3 Concentration
classer les tensioactifs en fonction de leur affinité par
un nombre compris entre 1 et 20. Ce nombre est La concentration en tensioactif est très importante
appelé HLB (hydrophilic-lipophilic balance), appella- car elle influence la réduction de la tension superfi-
tion proposée par Griffin en 1949 [3] et 1954 [4]. cielle du fluide. Comme le montre la figure 2, la
C’est une caractéristique des surfactants, étroite- baisse de la tension superficielle en fonction de l’aug-
ment liée à la structure de leur molécule. Cette mentation de la concentration en tensioactif atteint
valeur est censée représenter l’équilibre entre les un seuil nommé concentration critique micellaire
groupements hydrophiles et lipophiles, d’autant plus (CCM). L’idéal est de trouver cette concentration
RX
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INNOVATION
Valorisation industrielle
des microalgues photosynthétiques Q
par Jean JENCK
AlgoSource Technologies (Saint-Nazaire)
Olivier LÉPINE
AlgoSource Technologies (Saint-Nazaire)
Alpha Biotech (Assérac)
Jack LEGRAND
AlgoSource Technologies (Saint-Nazaire)
Université de Nantes, CNRS, GEPEA UMR 6144 (Saint-Nazaire)
Philippe DRENO
AlgoSource Technologies (Saint-Nazaire)
Dominique GRIZEAU
Université de Nantes, CNRS, GEPEA UMR 6144 (Saint-Nazaire)
et Catherine DUPRÉ
Université de Nantes, CNRS, GEPEA UMR 6144 (Saint-Nazaire)
Résumé : Avec quelques milliers de tonnes par an, la filière des microalgues est
focalisée sur la biomasse sèche et sur des produits à haute valeur obtenus par une
simple extraction. Actuellement, l’attention se porte sur les microalgues photosynthéti-
ques dans une stratégie de valorisation de déchets (« waste-to-value ») : le CO2 de
diverses sources industrielles, ainsi que des effluents nitrates, phosphates, etc. peuvent
être convertis en produits valorisables par raffinage de la biomasse en huiles, pro-
téines, carbohydrates, engrais, biopolymères, biogaz, biocarburants, oxygène, etc.
Abstract: With a few thousand tons per year, the microalgae sector is focused today
on the dry biomass and on high-value products obtained by a simple extraction. A lot of
attention currently goes to photosynthetic microalgae in a ’waste-to-value’ strategy: the
CO2 of various industrial sources, as well as waste nitrates, phosphates, etc. can be
converted into valuable products. The key technology is the biorefining of the algae
biomass to oils, proteins, carbohydrates, fertilizers, biopolymers, biogas, biofuels,
oxygen, etc.
RY
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inRPQ
INNOVATION
Points clés
Q
Domaine : Valorisation de biomasse végétale
Degré de diffusion de la technologie : Émergence / Croissance / Maturité
Technologies impliquées : production en photobioréacteurs, récolte de biomasse
aquatique, bioraffinage
Domaines d’application : nutrition, santé, environnement, chimie « bleue »,
bioénergie
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : –
Centres de compétence : GEPEA, LCA, LGCB (projet ANR Algoraffinerie)
Industriels : Alpha Biotech, Innovalg, Roquette, Microphyt, AlgoSource
Autres acteurs dans le monde :
Projets européens : FP7 Suprabio, FP7 Biofat
Industriels : une centaine de start-ups très « volatiles » aux USA ; une compé-
tence stable en Israël, Australie, Taïwan, Chine, et en construction au Portugal,
Pays-Bas et Belgique
1. Aspects scientifiques sur substrats solides par glissement via la production d’exopo-
lysaccharides, d’autres se déplacent dans la colonne d’eau en
et technologiques modifiant leur flottabilité grâce à des vacuoles gazeuses ou en
modifiant leur densité par synthèse de lipides.
1.1 Aspects biologiques La reproduction du thalle correspond généralement à une
simple division cellulaire, dont la durée peut aller de quelques
1.1.1 Espèces, souches, croissance heures (Synechococcus sp.) à quelques dizaines d’heures
Les microalgues constituent un groupe fonctionnel polyphy- (Botryococcus sp.), temps de génération compris entre ceux
logénétique de micro-organismes caractérisés par leur capa- des bactéries et ceux des cellules de plantes supérieures. Des
cité à produire de l’oxygène photosynthétique. Au sens processus de sporulation ou d’enkystement peuvent être
industriel, la dénomination « microalgue » (abrégée par com- déclenchés par des conditions environnementales défavora-
modité en : µA) inclut des cellules eucaryotes et des procaryo- bles, comme pour la formation de kystes d’Haematococcus
tes, les cyanobactéries. La diversité de ce groupe est estimée pluvialis enrichis en astaxanthine. Des cycles de reproduction
à quelques centaines de milliers d’espèces dont quelques sexuée sont élucidés chez un nombre restreint de microal-
dizaines de milliers ont été décrites et dont seuls quelques gues, telles que Chlamydomonas sp. Par exemple, des travaux
milliers sont conservés dans des collections de culture de sou- relativement récents ont caractérisé des relations entre µA et
ches nationales et internationales [11]. Ces « microplantes » bactéries se traduisant par une interférence de molécules
sont isolées d’environnements variés incluant des milieux microalgales avec le quorum sensing bactérien, et entre
aquatiques (eaux douces, marines, saumâtres et hypersalées) microalgues et virus se traduisant par un contrôle du dévelop-
et des milieux solides (sols et concrétions telles que stromato- pement de certains blooms phytoplanctoniques en milieu
lithes, tissus animaux, végétaux ou fongiques). Certaines naturel.
espèces extrêmophiles colonisent des milieux alcalins ou aci-
des, des sources hydrothermales ou des glaciers. La classifica- 1.1.2 Photosynthèse, respiration, voies métaboliques
tion des microalgues (µA) repose sur des caractères Les activités photosynthétiques des microalgues dépendent
morphologiques, biochimiques (par exemple suivant leur en partie de leur aptitude à capter les photons, grâce à leurs
pigmentation : verte, rouge, bleue) et plus récemment sur des antennes pigmentaires, pour provoquer la photolyse de l’eau
critères génétiques (ribotypage). et un transfert d’électrons entre photosystèmes, pour produire
L’appareil végétatif des µA est appelé un « thalle », il peut de l’ATP et du potentiel redox, utilisable pour fixer et réduire
être unicellulaire, colonial ou multicellulaire sous forme de fila- le CO2. L’agencement de ces antennes peut présenter des
ments sans lien cytoplasmique entre cellules, sauf pour les particularités chez certains groupes. Les différentes chloro-
cyanobactéries hétérocystées. La taille peut être inférieure au phylles sont associées à des pigments accessoires plus ou
micromètre (Ostreococcus sp.) ou dépasser le millimètre, avec moins originaux, tels que des caroténoïdes ou des phycobili-
des formes coccoïdes (Chlorella sp.) ou plus complexes (Dino- protéines. Ces dernières sont contenues dans des structures
physis sp.), qui les rendent plus facilement identifiables, mais hémisphériques, les phycobilisomes, qui permettent de
également plus sensibles aux contraintes de cisaillement pré- compléter le spectre d’action de la lumière chez les cyano-
valant dans les cuves de culture. Quelques espèces ou sou- bactéries et les rhodophycées unicellulaires. Selon les enzy-
ches appartenant par exemple aux genres Dunaliella ou mes disponibles, les microalgues capturent le carbone
Chlamydomonas sont assimilées à des protoplastes naturels inorganique préférentiellement sous forme de CO2 ou de
du fait de l’absence de paroi. D’autres ont des parois déforma- HCO3–. Ceci peut conduire à une accumulation intracellulaire
bles, telles que Euglena. De nombreuses µA, les diatomées et du carbone inorganique, dont certains processus ne sont pas
cyanobactéries en particulier, sont dépourvues d’un système encore élucidés. Par ailleurs, les cyanobactéries partagent cer-
flagellaire pour se déplacer. Certaines espèces se déplacent tains de leurs transporteurs d’électrons liés aux réactions pho-
SP
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inRPQ
INNOVATION
tochimiques de la photosynthèse avec la chaîne de transport antitumorale de la curacine A [14]. Il est possible d’utiliser des
d’électrons respiratoire, soit un processus de régulation diffé- microalgues pour produire des protéines recombinantes [15].
rent de ceux des microalgues eucaryotes, impliquant une On verra en § 2 les applications commerciales.
communication entre mitochondries et plastes. Des voies
métaboliques caractérisent certains groupes :
– celles impliquées dans des processus de biominéralisation
1.2 Aspects technologiques Q
tels ceux de la formation des écailles calcaires des coccolitho- 1.2.1 Production
phoridés ou des frustules des diatomées ;
– celles associées au mode de nutrition carboné, de nom- Les µA sont cultivées en photobioréacteurs (PBR), où elles
breuses microalgues, dont Arthrospira (Spirulina) platensis, sont exposées à la lumière et nourries avec du CO2 et des
sont capables de passer d’un mode photoautotrophe à un nutriments, et dont on retire l’O2 coproduit.
mode photo-hétérotrophe (voir § 1.2.2) utilisant des sources Cette production massive se trouve face à de nombreux
de carbone organique telles que le glucose, le fructose ou le défis d’industrialisation, détaillés également dans l’article Pro-
glycérol, voire des coproduits de l’industrie alimentaire, telles duction industrielle de microalgues et cyanobactéries [IN200].
que mélasses ou lactosérums [12]. Les conditions mettant en Les PBR sont divisés en deux classes : les systèmes
évidence des capacités à l’hétérotrophie en absence de ouverts (étangs, lagunes, bassins agités) et les bioréacteurs
lumière ne portent encore que sur quelques espèces, telles clos (tubes, panneaux). Avantages et inconvénients font
que Crypthecodinium cohnii, Chlorella sorokiniana ou Euglena l’objet d’un intense débat ; les futurs systèmes de production
gracilis. Quelques-unes disposent de voies originales de syn- seront-ils des hybrides ? Aujourd’hui, les systèmes ouverts
thèse telles que celle de la polyketide synthase (PKS) pour la sont industriels : le plus grand raceway (bassin à recirculation
biosynthèse d’acide docosahexaènoïque en anaérobiose [13] ; par roues à aubes) connu a une surface de 3 500 m2 en
– celles permettant à des cyanobactéries de fixer l’azote Israël. La production massive est cependant encore un rêve.
moléculaire, soit en anaérobiose (Synechococcus sp.) soit via Bien que des projets imposants existent, telle la ferme de
des cellules spécialisées, les hétérocystes (Nostoc sp). Ce pro- 5 000 ha proposée aux États-Unis par PetroAlgae, d’autres ont
cessus est impliqué dans des relations symbiotiques entre ces tourné au cauchemar : un échec retentissant est celui de
cyanobactéries et des végétaux (Gunera) ou des champignons GreenFuel, dont la faillite en 2009 a volatilisé un investisse-
(lichens) ; ment de 70 M$.
– celles donnant la capacité à des µA comme Chlamydomo-
nas cultivées en mixotrophie de produire de l’H2 en anaéro- 1.2.2 Modes de croissance
biose grâce à une hydrogénase à fer chloroplastique. Cette
■ Photoautotrophie : elle utilise le mécanisme de photosyn-
microalgue, ainsi que Synechocystis, fait l’objet d’analyses de
thèse pour réduire le CO2. Remplacer le soleil gratuit par un
flux métabolique pour déterminer des nouveaux niveaux de
éclairage artificiel [16] coûte environ 50 €/kg (en France).
régulation des voies de biosynthèse en vue de provoquer une
suraccumulation de métabolites en cultures pures ou mixtes. L’article précédemment cité [IN200] donne des détails sur
les sources de :
1.1.3 Composition et structure des cellules, métabolites • CO2 : de 380 ppm dans l’air jusqu’à de très hautes
d’intérêt concentrations [17][18] ;
L’intérêt des microalgues se manifeste par la diversité de • azote : NOx, urée, nitrate d’ammonium ;
leurs compositions biochimiques, mais également par des par-
ticularités qui justifient l’utilisation de certains procédés de • phosphore : besoin de P/N ≈ 1/10 (mol), ce qui est un
production. Ainsi l’absence de paroi autour des cellules de réel défi : le tarissement des sources de phosphates pro-
Dunaliella et l’existence de globules de β-carotène extraplasti- voque leur renchérissement et oblige à rechercher à tout
diaux permettent l’extraction de ce métabolite par des procé- prix des sources de phosphore dans des eaux de rejets
dés utilisant des chocs osmotiques, ou des réacteurs industriels, domestiques, agricoles ;
biphasiques utilisant la diffusion du pigment à l’aide de sol- • soufre : SOx gaz, sulfates ;
vants (dodécane), sans perte de viabilité. Certaines cellules • autres : oligoéléments ; silicium pour squelette des dia-
ont des constituants pariétaux particuliers tels que des poly- tomées [19].
saccharides sulfatés, pouvant donner des oligosaccharides, du
β-glucane ou des glycoprotéines impliqués dans des proces- ■ Hétérotrophie : fonctionnant sur une source de carbone
sus d’agrégation cellulaire, utilisables comme biofloculants. organique (§ 1.1.2), c’est une fermentation « sombre » où les
Des espèces comme Porphyridium cruentum produisent des microalgues remplacent bactéries ou levures, ce qui n’a d’inté-
exopolysaccharides sulfatés (EPS) viscosifiants et rêt que pour des métabolites de haute valeur (§ 2.3.6). Cette
thermorésistants ; le spirulan est un EPS produit par Arthros- technologie indépendante de la lumière obtient en volume une
pira à propriétés antivirales. Les réserves glucidiques sont densité cellulaire élevée [20] mais à des coûts majorés. Limi-
également variées avec des polysaccharides tels que paramy- tation majeure : seules certaines souches fonctionnent ainsi
lon, rhodamylon et chrysolaminarine. Les µA à capacité osmo- (Chlorella, Galderia, Crypthecodinium).
régulatrice accumulent des concentrations intracellulaires
pouvant dépasser plusieurs mol/L de glycérol, glucosyl-glycé- ■ Mixotrophie : combinant les deux modes, l’intérêt est une
rol, tréhalose mais aussi d’acides aminés tels que la proline ou moindre perte en phase obscure de respiration, des producti-
la glycine-bétaïne. Diverses microalgues marines produisent vités plus élevées qu’en autotrophie [21], l’alternance de
naturellement des acides gras polyinsaturés (AGPI) à longues cycles jour/nuit [22], la possibilité de covalorisation de CO2 et
chaînes de 16 à 22 carbones, en relation avec des processus d’effluents chargés en carbone organique.
d’adaptation à des variations de température, d’activité hydri-
que ou certaines carences nutritionnelles. Certaines espèces 1.2.3 Récolte et traitement aval
produisent des métabolites secondaires : cires, PHB, sulfolipi- Le milieu de production est très dilué (densité de 0,3 à
des, oxylipines, terpénoïdes, dont les activités biologiques 5 kg/m3) avec des cellules de petite taille (2 à 50 µm). Le défi
commencent à être relativement bien élucidées, telle l’activité industriel est un recyclage des eaux au moindre coût. Les sys-
SQ
Q
SR
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RECHERCHE
SS
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reXV
RECHERCHE
Q
en très grande quantité par les industries chimiques
et pharmaceutiques. O2 Fuel
Exemple : la production mondiale de méthanol
à partir de gaz de synthèse était de plus de H+
hν
30 millions de tonnes pour l’année 2005 [3].
La réaction de réduction du dioxyde de carbone
peut être effectuée via différents processus : voie H2O CO2
chimique, biochimique ou radiochimique. Cependant,
le procédé sur lequel la majorité des recherches est
concentrée est le procédé photoélectrochimique : Photocatalyseur Électrocatalyseur
en effet, il présente de nombreuses similarités avec Membrane
la photosynthèse, qui est la réaction la plus impor-
tante dans la nature, et à la base de la vie. Figure 2 – Description d’un réacteur
Exemple de réactions : photoélectrocatalytique
ST
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inQUP
INNOVATION
Biocatalyseurs enzymatiques
supportés dédiés à la production Q
en continu de biodiesel
par Rénal BACKOV
Professeur des universités
Enseignant-chercheur de l’université de Bordeaux. Recherche effectuée au centre de
recherche Paul Pascal, UPR-CNRS 8641
Points clés
Domaine : catalyse
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : Chimie intégrative ; fluides complexes ; chimie sol-
gel ; biotechnologies enzymatiques
Domaines d’application : Catalyse hétérogène ; biocarburants
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : Industries et Agro Ressources (AIR) ;
Centres de compétence : CRPP (Bordeaux) ; ISM (Bordeaux) ; LISBP (Toulouse),
LCMBA (Nice), Collège de France (Paris)
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQR
SU
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inQUP
INNOVATION
1. Contexte
La production d'agrocarburants offre une alternative intéres-
(MeO)3Si O
2. Description technique O
de l’innovation
Figure 2 – Précurseur organosilane commercial,
3-glycidyloxypropyl-triméthoxysilane (Glymo), postgreffé
■ La synthèse de matériaux purement inorganiques macro- sur les monolithes macrocellulaires de silice
mésocellulaires a été reportée pour la première fois par F.
Carn et al. et a été nommée Si(HIPE), HIPE étant l’acronyme
anglais de High Internal Phase Emulsion [3]. Cette synthèse solution de 3-glycidyloxypropyl-triméthoxysilane (Glymo ;
est basée sur l’utilisation d’une émulsion directe (huile dans figure 2) à 0,05 M dans du chloroforme. L’imprégnation est
eau) concentrée et de molécules tensioactives dissoutes au effectuée en boucle fermée pendant trois jours. La colonne
sein de la phase aqueuse qui induisent à la fois une stabili- hybride néoformée, nommée « gGlymo-Si(HIPE) », est alors
sation de l’interface huile/eau et la structuration du volume rincée consécutivement par du chloroforme, de l’acétone puis
aqueux via la formation de micelles géantes. Typiquement, de l’eau, sous un flux continu (débit de 0,5 mL · min–1) pendant
5 g de tétraethoxysilane (TEOS) sont ajoutés à 22 mL d’une trois jours, afin d’éliminer les traces de précurseurs organosila-
solution aqueuse de bromure de tétradécyltriméthylammo- nes non greffés et de préparer le matériau macrocellulaire à
nium (TTAB) à 25 % massique, préalablement acidifiée par l’immobilisation des enzymes [4] [5].
6 mL d’acide chlorhydrique à 37 % massique. Le mélange est
alors laissé sous agitation vigoureuse pendant 5 min, jusqu’à ■ Enfin, dans une troisième étape, les enzymes seront immobi-
l’hydrolyse complète du précurseur de silice. La phase lisées au sein du matériau alvéolaire. L’immobilisation des lipa-
huileuse, composée de 47 mL de dodécane, est alors ajoutée ses fongiques extraites de Thermomyces lanuginosus (figure 3)
au goutte-à-goutte et l’émulsification est réalisée manuel- est réalisée en trois étapes successives. Dans un premier
lement dans un mortier à l’aide d’un pilon. L’émulsion est temps, la colonne hybride gGlymo-Si(HIPE) est imprégnée par
alors versée dans un tube en Téflon (longueur de 251 mm et une solution commerciale de lipase (4 mL), diluée dans 200 mL
rayon interne de 9,65 mm ; soit un volume interne de d’eau distillée. L’imprégnation est réalisée à température
73,4 mL), confiné dans une colonne chromatographique en ambiante, en boucle fermée pendant cinq jours. Le biomatériau
acier inoxydable (figure 1), puis laissée vieillir une semaine néoformé est ensuite conservé deux semaines à 4 oC dans la
afin de permettre la polycondensation du squelette inorga- solution enzymatique statique, puis rincé par de l’eau distillée,
nique. La colonne est alors connectée au circuit de la pompe, jusqu’à disparition de l’absorbance par des dosages colorimétri-
via des canules métalliques (figure 1). Le monolithe est ques. Dans un second temps, afin de greffer des « ponts »
ensuite rincé pendant quatre jours avec un mélange tétrahy- entre les enzymes, la colonne est irriguée à température
drofurane/acétone (50/50 en volume) sous un flux continu ambiante par 200 mL d’une solution aqueuse de glutaraldéhyde
(débit de 0,1 mL · min–1), afin d’extraire la phase huileuse à 5 % massique, en boucle fermée pendant trois jours. Le bio-
piégée dans le matériau [4]. matériau macrocellulaire est imprégné par une solution enzy-
matique fraîchement préparée (4 mL de lipase Thermomyces
■ Dans une seconde étape, des fonctions époxydes sont gref- lanuginosus brute diluée dans 200 mL d’eau distillée) pendant
fées in situ par une imprégnation à température ambiante et cinq jours en boucle fermée, puis rincé à l’eau distillée. La
sous un flux continu (débit de 0,1 mL · min–1) de 200 mL d’une colonne est finalement lavée à l’heptane pendant 48 heures,
SV
Carburants et matériaux allégés pour véhicule
(Réf. Internet 42629)
1– Biocarburants R
2– Carburants gazeux Réf. Internet page
4– Matériaux allégés
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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SW
R
SX
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Moteurs à gaz
État de l’art
par Jean-Louis MAGNET
Attaché à la direction technique SEMT PIELSTICK
R
Professeur associé au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
et Georges DESCOMBES
Maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers
Chercheur au CNAM et au Laboratoire de mécanique physique
de l’Université Pierre-et-Marie-Curie Paris 6
1. Généralités................................................................................................. BM 2 590 - 2
1.1 Contexte environnemental ......................................................................... — 2
1.2 Propriétés des carburants gazeux .............................................................. — 2
2. Gaz de pétrole liquéfié carburant (GPLc) .......................................... — 2
2.1 Bref aperçu du marché................................................................................ — 2
2.2 Caractéristiques du GPLc ............................................................................ — 3
2.3 Particularités technologiques du moteur GPLc......................................... — 3
2.4 Performances du moteur GPLc .................................................................. — 6
3. Gaz naturel carburant (GNc) ................................................................. — 7
3.1 Bref aperçu du marché................................................................................ — 7
3.2 Caractéristiques du GNc ............................................................................. — 7
3.3 Particularités technologiques du moteur GNc .......................................... — 7
3.4 Performances du moteur GNc.................................................................... — 7
4. Moteurs industriels Diesel gaz............................................................. — 9
4.1 Particularités technologiques ..................................................................... — 9
4.2 Performances du moteur Diesel gaz .......................................................... — 11
4.3 Domaines d’utilisation ................................................................................ — 11
5. Perspectives du marché......................................................................... — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BM 2 594
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 2 590 − 1
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dante des incitations fiscales est très inégalement répartie selon les moteur à gaz en 1860 et réalise une dizaine de moteurs à gaz
pays. En Europe, l’Italie et le Bénélux concentrent à eux seuls la part monocylindres à deux temps sans compression préalable. Des
la plus importante du parc automobile européen, et le nombre essais officiels sont conduits au CNAM sous la direction du pro-
estimé de moteurs stationnaires et de propulsion fonctionnant au fesseur Tresca.
gaz dans le monde est supérieur à quatre millions d’unités. L’élaboration des concepts thermodynamiques, développés
Le gaz fait l’objet d’un regain d’intérêt dans la mesure où il s’agit par les réflexions visionnaires du savant français S. Carnot [13]
d’un carburant propre, dont la réaction de combustion dans l’air se en 1824, ouvre la voie à une approche scientifique complète-
traduit par des émissions minimisées, à l’échappement du moteur, ment novatrice. A. Beau de Rochas (1815-1893) [6] établit la
par rapport aux hydrocarbures liquides conventionnels. L’emploi de théorie du moteur à quatre temps en un seul cylindre avec com-
ce carburant alternatif sous forme de gaz de pétrole liquéfié carbu- pression préalable en 1862, tandis que N.A. Otto (1832-1881)
rant (GPLc) comme de gaz naturel carburant (GNc) ou pour moteurs expérimente un moteur à quatre temps vertical en 1876. Atkin-
industriels constitue donc une réponse environnementale adaptée son imagine, dès 1886, une course de détente prolongée supé-
aux impératifs de dépollution, en milieu urbain en particulier. rieure à la course de compression au moyen d’un embiellage
Les moteurs à gaz sont usuellement dérivés des moteurs à com- spécial, et les ingénieurs F. Forest, en 1892, et L. Letombe, en
bustible liquide et font l’objet d’une adaptation technologique pour 1893, réalisent tous deux la distribution à admission variable.
brûler le carburant gaz. La combustion est déclenchée par une étin- Les travaux scientifiques de R. Diesel (1858-1913) [108], dont
celle électrique pour les moteurs d’automobiles et de transports en la vocation d’ingénieur motoriste est née au contact de ses fré-
commun, eux-mêmes dérivés des moteurs à allumage commandé. quentes visites au Musée des arts et métiers (à Paris) sont, pour
L’injection d’une faible quantité de gazole amorce plus générale- leur part, concrétisés par son traité de référence de 1892. Ils per-
ment la réaction de combustion dans les moteurs industriels à allu- mettent d’aboutir, en 1897, à la réalisation du célèbre moteur
mage par compression dénommés Diesel gaz. Diesel à quatre temps, à auto-inflammation par compression
préalable et à combustion initialement à pression constante. Le
succès universellement reconnu et éprouvé de ce moteur ne se
dément pas à l’aube de l’an 2000, bien que ses émissions de
1.2 Propriétés des carburants gazeux fumées soient désormais l’objet de controverses récurrentes
dans le contexte environnemental actuel.
Le lecteur se reportera aux articles de ce même traité intitulés Le professeur A. Witz [106] remarque, dans son traité des
B 2 520 Les carburants et la combustion et Pollution atmosphérique moteurs à gaz (1892), que plus de deux cents modèles de
[20] qui concernent respectivement les caractéristiques chimiques moteurs à gaz sont répertoriés pendant cette période et ce type
et thermophysiques des combustibles ainsi que les émissions de de moteur est appelé à connaître un succès de masse en raison
polluants et leur posttraitement. Il pourra également se reporter de l’usage des hydrocarbures. On rappelle que c’est ce même
dans le traité Génie énergétique à l’article Carburants et combusti- ingénieur qui établit à cette période la relation mathématique
bles. régissant l’évolution du rendement thermodynamique du
moteur en fonction de son rapport volumétrique de compres-
Le tableau 1 rassemble les caractéristiques usuelles des carbu-
sion.
rants gazeux utilisables dans les moteurs.
On observe que leur pouvoir calorifique présente une forte dis-
déterminé par équivalence à un mélange de méthane et d’hydro-
persion, selon la composition du gaz, en fonction de sa provenance.
gène ayant le même comportement au niveau de la détonation que
La variabilité associée du rapport air-carburant impose au moto- l’échantillon à étudier. L’échelle de mesure est bornée par l’indice 0
riste de disposer d’un système évolué de régulation et de contrôle pour de l’hydrogène pur et l’indice 100 pour du méthane pur et les
d’alimentation du moteur. L’indice de Wobbe W constitue pour cela indices RON (Research Octane Number) et MON (Motor Octane
un indicateur précieux afin d’évaluer la correction de débit à prévoir Number) du méthane, évalués par extrapolation, sont respective-
pour conserver un dosage constant. On montre aisément que le rap- ment de l’ordre de 130 et 115.
port stoechiométrique S est une fonction croissante de l’indice de
Wobbe :
S ( W ) = Cte × W
qui s’exprime selon la relation (1) où PCS et d identifient respective-
2. Gaz de pétrole liquéfié
ment le pouvoir calorifique supérieur en MJ/m3 (volume mesuré
dans les conditions normales de température et de pression) et la
carburant (GPLc)
densité du gaz par rapport à l’air :
PCS
W = ------------ (1)
2.1 Bref aperçu du marché
d
L’indice de méthane, qui demeure d’actualité sur les moteurs Les gaz de pétrole liquéfié sont issus du raffinage du pétrole brut
industriels, identifie la sensibilité du carburant gaz au cliquetis, par et du dégazolinage du gaz naturel et leur production est majoritaire-
analogie à l’indice d’octane pour les carburants liquides [18]. Il est ment destinée aux besoins domestiques et industriels. La qualité
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BM 2 590 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
TP
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Tableau 1 – Caractéristiques usuelles des carburants gazeux utilisables dans les moteurs
d’auto-inflammation
d’inflammation
(p0 = 1,013 bar
de combustion
Air théorique
Température
de méthane
volumique
T0 = 288 K)
calorifique
de Wobbe
d’octane
Produits
Pouvoir
Limites
Vitesse
Masse
Indice
Indice
Indice
R
supérieur inférieur inférieure supérieure
(kg/m3) (MJ/m3) (MJ/m3) (m3/m3) (MJ/m3) (°C) (%) (%) (cm/s)
Groningue 0,83 35,2 31,7 8,4 44 86 120 580 6 15,7 20 à 35
Lacq 0,74 40,6 36,5 9,7 53,8 88 125 580 5,1 14 20 à 35
naturels
Gaz
Butane commercial 2,6 128,4 118,7 30,7 90,8 28 88 420 1,8 8,8
Gaz
Méthane CH4 0,716 39,9 35,87 9,6 53,6 100 130 580 5 15 260
des gaz
Monoxyde de car-
1,25 12,64 12,64 2,4 12,85 70 100 610 12,5 75 260
bone CO
intrinsèque de carburant écologique du GPLc lui confère également ces réglementaires et normatives. Il est significativement moins pol-
un atout déterminant dans son application aux flottes urbaines et luant que les carburants liquides usuels, dans la mesure où sa
aux gros rouleurs ainsi qu’aux matériels de manutention et d’entre- formulation chimique, qui privilégie l’hydrogène par rapport au car-
tien. bone, ne contient ni soufre, ni plomb, ni benzène.
L’environnement légal, néanmoins, n’a guère contribué à déve- Il possède, par ailleurs, une excellente aptitude à se mélanger à
lopper l’utilisation du GPLc sur le territoire français au cours des l’air qui favorise ainsi une réaction d’oxydation plus complète.
deux précédentes décennies. La loi de 1979 n’autorisait initialement
Les GPLc ont, de plus, la propriété de rester à l’état liquide
l’emploi du GPLc qu’aux seuls véhicules monocarburant. Le risque
lorsqu’ils sont maintenus sous pression modérée ; ils sont, par con-
réel d’une panne sèche, qui résultait de l’absence d’un réseau de
séquent, aisément transportables et stockables. Les valeurs de pres-
distribution suffisamment dense, a été levé par la loi de 1985 qui
sion correspondant au point de liquéfaction sont respectivement, à
autorise désormais la bicarburation essence et GPLc. Toutefois,
20°C, de l’ordre de 1,5 bar pour le butane et 8 bar pour le propane.
aucune mesure fiscale n’a favorisé l’utilisation de ce carburant pen-
dant cette période, et la qualité contrastée des installations de post-
équipement a simultanément été à l’origine de défaillances techni-
ques. L’accès réglementé des véhicules aux parkings couverts a éga- 2.3 Particularités technologiques du
lement constitué un frein au développement de ce carburant propre. moteur GPLc
Le GPLc bénéficie, depuis la loi de finances 1996, d’une fiscalité
avantageuse qui est de nature à favoriser le développement de ce
carburant écologique, encouragé également par le récent projet de ■ La génération actuelle de moteurs d’automobiles alimentés au
loi sur la qualité de l’air (1996). GPLc est dérivée directement du moteur à allumage commandé et
fonctionne usuellement en bicarburation alternée GPLc et essence
La part réservée au GPLc est restée marginale sur le territoire
(figures 1 et 2), après transformation réalisée par des ateliers spé-
français jusqu’en 1996 avec un parc estimé à 25 000 véhicules envi-
cialisés. Le véhicule est équipé de deux réservoirs distincts de car-
ron, le parc mondial équipé au GPLc étant lui-même évalué à un
burant, le GPLc étant pour sa part stocké dans un réservoir en acier,
niveau de l’ordre de 4 millions de véhicules à la même période. Les
sous une pression de l’ordre de 10 bar, dont la capacité de remplis-
prévisions font état d’un volume possible de 750 000 véhicules fonc-
sage est limitée à 85% environ de l’espace total afin de conserver un
tionnant au GPLc, en France, à l’échéance de l’an 2000.
volume de gaz tampon. Les nuisances par évaporation sont nulles,
car le système de remplissage est totalement étanche.
2.2 Caractéristiques du GPLc Les moteurs alimentés au GPLc bénéficient désormais des tech-
nologies avancées de gestion électronique et de posttraitement des
Le GPLc est composé en France d’un mélange de butane et de gaz d’échappement par catalyseur trifonctionnel [39]. Ils fonction-
propane dans des proportions identiques pour satisfaire les exigen- nent en aspiration ou en injection avec asservissement à richesse 1
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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TR
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e gaz naturel est une énergie fossile dont les ressources sont importantes
L et dont les réserves prouvées augmentent régulièrement. Cette énergie
trouve naturellement sa place comme carburant pour les applications
industrielles et le transport. Quel que soit son champ d’application, cet hydro-
carbure présente des avantages spécifiques qui en font une alternative
stratégique tant pour une recherche de diversification énergétique viable, que
pour élargir l’offre que constituent les carburants liquides conventionnels.
Cet article, divisé en deux parties [BM 2 591] et [BM 2 592], étudie dans cette
première partie le gaz naturel en tant que carburant pour moteur à combustion
interne pour les véhicules de transport terrestres. Bien que représentant des
marchés très importants, les applications marines, stationnaires et cogéné-
ration ainsi que l’application ferroviaire ne sont pas abordées, sachant que les
technologies évoquées dans cet article sont pour une part importante, simi-
laires à celles utilisées pour ces applications. L’objectif est donc de donner un
éclairage suffisamment large pour aborder les principaux éléments nécessaires
pour estimer le potentiel de ce carburant gazeux. Par souci d’honnêteté, les
avantages et les inconvénients ont été systématiquement présentés, cet article
n’ayant pas pour vocation la promotion de la filière du gaz naturel véhicule,
même s’il y contribue, mais, encore une fois, celle d’en donner les éléments
d’appréciation les plus pertinents.
Après une brève présentation du gaz naturel en tant qu’énergie fossile, sa
composition et les caractéristiques physico-chimiques qui en découlent seront
analysées et confrontées aux attentes des motoristes.
L’analyse des différentes approches technologiques aujourd’hui mises en
œuvre et des pistes d’évolution est ensuite présentée dans l’article « Gaz
naturel – Carburant pour véhicule » [BM 2 592] en tenant compte des
contraintes propres à l’utilisation de carburant gazeux sur un véhicule. Les
contextes normatifs et fiscaux seront partiellement abordés dans le « Pour en
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQT
savoir plus ».
TS
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R
n Facteur d’air ou taux d’aération émissions et sur l’efficacité des systèmes de post-traitement. Cette
PCI Pouvoir calorifique inférieur maîtrise contribue aujourd’hui à la mise au point de moteurs
Diesel et à allumage commandé essence à combustion
PCS Pouvoir calorifique supérieur « classique », dont les performances les confortent indéniablement
R Rapport volumique air/gaz comme des solutions pérennes.
RAFST Rapport air/fuel stoechiométrique Cependant, en marge des réflexions actuelles sur l’intérêt de
RON Research Octane Number nouvelles formulations de carburants en phase avec les futurs
(indice d’octane « recherche ») modes de combustion ou de concepts de véhicule envisagés (LTC
Va Pouvoir comburivore – Low Temperature Combustion, charge stratifiée/lean burn, PAC –
pile à combustible, hybridation...), les carburants gazeux restent
W Indice de Wobbe
intrinsèquement des alternatives intéressantes pour les nouveaux
WKI Waukesha Knock Indice problèmes à traiter. À ce titre et compte tenu de ses nombreux
avantages, le gaz naturel doit, quant à lui, pouvoir s’imposer
comme un carburant banalisé, sous sa forme liquide ou gazeuse,
complétant la liste des carburants disponibles, sans évidemment
1. Gaz naturel : un carburant constituer pour autant une voie unique.
En complément des nombreux rapports et synthèses au sujet du
d’avenir ? gaz naturel en tant que carburant, cet article et le
suivant [BM 2 592] ont pour ambition de résumer certaines infor-
mations permettant d’alimenter les nécessaires réflexions sur
La nécessité d’une diversification énergétique afin de diminuer l’avenir du gaz naturel en tant que carburant pour le transport
notre dépendance au pétrole, la nécessaire réduction des émis- terrestre. Afin de mieux appréhender le potentiel réel de ce carbu-
sions de gaz à effet de serre et la poursuite des efforts pour l’amé- rant, seront également abordés dans cet article les aspects propres
lioration de la qualité de l’air imposent notamment le au gaz naturel en tant que ressource énergétique. Le lecteur
développement de véhicules de plus en plus performants et pourra trouver des compléments d’informations sur les ressources
respectueux de l’environnement. Ainsi, les législateurs, les acteurs mondiales de gaz naturel et les réserves prouvées dans
du monde du transport, les constructeurs automobiles et de poids l’article [BE 8 555] et la référence [1].
lourds, les hommes politiques, et les utilisateurs, pour n’évoquer
qu’eux, orientent leurs efforts et manifestent leur intérêt pour une
mise à disposition de véhicules émettant de moins en moins de
polluants réglementés, voire non réglementés. De plus, dans un
contexte international où les normes visant à réduire fortement les 2. Composition du gaz
émissions polluantes des véhicules sont de plus en plus
contraignantes [BM 2 592], il est envisageable qu’à terme des limi- naturel
tations supplémentaires soient systématiquement mises en place,
ayant un impact direct non seulement sur le nombre de véhicules La composition d’un gisement de gaz naturel dépend intrinsè-
pénétrant dans les ceintures périphériques des villes (à l’instar des quement de la nature de la roche mère [BE 8 555] et donc de l’ori-
mesures prises pour la ville de Londres, et nous pouvons évoquer gine géographique du site de production. De ce fait, la
la tentative de mise en place des zones d’actions prioritaires pour composition du gaz naturel produit de par le monde sera
l’air en France), mais également sur la nature et le niveau des grandement variable. Après purification (élimination des produits
émissions polluantes des prochains véhicules. Les efforts de soufrés notamment), le gaz naturel reste un mélange composé
l’ACEA (Association des constructeurs automobiles européens), essentiellement d’alcanes et de gaz inertes, avec une teneur majo-
relayés par les directives de la Commission européenne visant à ritaire en méthane d’au moins 80 % pour la plupart des gaz natu-
réduire les consommations et les émissions de CO2 des véhicules rels exploités. En Europe et plus particulièrement en France, le gaz
(RED), vont dans ce sens. Ainsi les objectifs initialement volon- naturel distribué sur le territoire peut provenir de différents sites
taires des constructeurs de réduire les émissions de CO2 à de production (figure 1). Sa composition est donc soumise à des
130 g/km en 2012 se sont vus progressivement imposés au niveau variations qui dépendent des stratégies d’approvisionnement,
européen pour atteindre 95 g/km en 2020. Ces objectifs ne pour- elles-mêmes pouvant varier suivant les périodes de l’année. Si l’on
ront être atteints sans rupture technologique majeure ou en utili- prend en compte les six pays principaux fournisseurs de gaz pour
sant de manière massive des carburants alternatifs à faible teneur la France, les compositions moyennes se distinguent par la teneur
en carbone tel que le gaz naturel. en gaz inertes, essentiellement du dioxyde de carbone CO2 et de
Si les performances proposées et donc demandées par les utili- l’azote N2 , et par la teneur en alcanes dont la molécule moyenne
sateurs doivent être également en constante évolution, il est contient plus d’un carbone (éthane, propane, butane et C6+)
désormais inconcevable de satisfaire une attente au détriment des (figure 1).
autres. L’évolution permanente des moteurs (dans les domaines
Nota : les hydrocarbures gazeux de roches mères aussi appelés gaz non
tels que la combustion, la technologie, le contrôle...), la mise au conventionnels exploités de plus en plus massivement (Shale gas et Tight gas ) ont des
point de systèmes de post-traitement des effluents de plus en plus compositions comparables à celles des gaz exploités des gisements conventionnels.
TT
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100
95
55 Méthane 100 %
90 Japon
50
Suisse
85 Italie Espagne
USA
Grande-Bretagne Suède
45 France
80
Hollande
Belgique
R
40
75
Pays-Bas
Mer du
Algérie
Russie
Lacq
Nigéria et
Nord
Qatar
Allemagne Certification Fuel
35
TU
R
TV
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R
par Richard TILAGONE
Chef du département synthèse technologies moteurs IFPEN-Lyon – IFPEN (IFP Énergies
Nouvelles)
Ingénieur IFP School – ENSPM, option Moteur et Institut national des sciences appliquées
(INSA-Lyon),
département Génie mécanique Construction, France
et Bertrand LECOINTE
Chef de projet « Moteurs à gaz » – IFPEN
Ingénieur IFP School – ENSPM, option Moteur et Institut national des sciences appliquées
(INSA-Rouen), département Énergétique
et propulsion, France
e gaz naturel est une énergie fossile dont les ressources sont importantes
L et dont les réserves prouvées augmentent régulièrement. Cette énergie
trouve naturellement sa place comme carburant pour les applications indus-
trielles et le transport. Quel que soit son champ d’application, cet
hydrocarbure présente des avantages spécifiques qui en font une alternative
stratégique tant pour une recherche de diversification énergétique viable, que
pour élargir l’offre que constituent les carburants liquides conventionnels.
Cet article étudie ici le gaz naturel en tant que carburant pour moteur à
combustion interne pour les véhicules de transport terrestres. Bien que repré-
sentant des marchés très importants, les applications marines, stationnaires et
cogénération ainsi que le ferroviaire ne sont pas ou peu abordées, sachant que
les technologies évoquées dans cet article sont, pour une part importante,
similaires à celles utilisées pour ces applications. L’objectif est donc de donner
un éclairage suffisamment large pour aborder les principaux éléments néces-
saires à estimer le potentiel de ce carburant gazeux. Par souci d’honnêteté, les
avantages et les inconvénients ont été systématiquement présentés, cet article
n’ayant pas pour vocation la promotion de la filière du gaz naturel véhicule,
même s’il y contribue, mais, encore une fois, celle d’en donner les éléments
d’appréciation les plus pertinents.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQU
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R Cet article propose aussi un panorama actuel sur les différentes approches et
technologies commercialisées.
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bmRUYR
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tionnant au gaz s’est étoffée voyant disparaître du catalogue cer- 7,5 Ratio réserves gaz/
tains constructeurs (PSA, Renault) et en apparaître de nouveaux. réserves pétrole
FIAT est le constructeur qui n’a jamais cessé de prôner les bienfaits 5,0
8
du GNV et qui propose une offre catalogue étoffée. Opel et Ford
2012
2010
20 0
20 0
20 0
20 0
20 0
198
198
198
198
199
199
199
199
199
sont également présents mais de façon plus discrète ne proposant
que quelques modèles. Plus récemment, le groupe VAG s’est lancé
sur le marché et devrait disposer de nombreux modèles dans Figure 1 – Évolution des réserves prouvées de gaz naturel
chacune de ses marques. et de pétrole dans le monde de 1982 à 2012 (source Cedigaz)
Ex-URSS
65 300 Gm3
32,6 %
Europe
4 700 Gm3
2,3 %
5,8 % Amérique
du Nord 8,5 %
11 500 Gm3 39,9 %
Extrême-Orient
et Océanie
17 000 Gm3
3,8 % Moyen-Orient
7,2 %
80 100 Gm3
Amérique Afrique
du Sud 14 400 Gm3
7 600 Gm3
Figure 2 – Réserves prouvées de gaz naturel dans le monde en 2008 (source Cedigaz)
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Charbon Gaz naturel Pétrole (figure 5), mais également du charbon et des lignites avec un
impact désastreux sur les émissions de gaz à effet de serre. Cette
tendance a été exacerbée depuis 2011 du fait de l’exploitation des
Total des ressources récupérables restantes gaz de schistes, notamment aux États-Unis, qui en ont fait une
énergie privilégiée provoquant ainsi une chute des prix du charbon
Réserves prouvées en Europe (– 38 %). Certains pays ont donc saisi cette opportunité
Production cumulée à ce jour de disposer d’une énergie peu chère en dépit d’un impact négatif
sévère sur le bilan CO2 (cas de l’Allemagne). En parallèle, le prix
du gaz importé en Europe a bondi de 42 % alors que le coût du
Figure 3 – Comparaison des ressources et réserves mondiales CO2 sur les marchés continuait à baisser. Les consommations de
au regard de la production de gaz naturel, de pétrole et de charbon
(source IEA) gaz naturel, énergie la plus consommée après le pétrole, sont les
plus fortes dans les zones à fort développement industriel.
ments consentis pour ces deux ressources au cours des décennies La France, quant à elle, assure 15 % de l’énergie totale
1980 et 1990 ont permis de stabiliser ces ratios (les réserves prou- consommée sous forme de gaz naturel massivement importé. Le
vées augmentent avec les consommations), éloignant a priori le cas de la France reste atypique au sein de l’Europe du fait de
spectre de pénurie d’énergie (sous forme de gaz naturel et de l’importance de l’électricité dans le bilan global, conséquence des
pétrole) pour la deuxième moitié du XXIe siècle. choix politiques des années 1960 axés sur le nucléaire (figure 6).
Les énergies renouvelables, englobant l’énergie solaire et
De plus, les réserves de gaz naturel sont géographiquement éolienne, sont en constante progression car soutenues par des
mieux réparties (figure 2), ce qui lui confère une relative stabilité aides. Le cas de la France est assez révélateur d’une tendance à la
économique, nombreux étant en effet les pays pouvant assurer diversification des énergies consommées, partagée par la plupart
une production significative pour les différents marchés mondiaux. des pays européens économiquement puissants.
6,6
Total mondial
Ressources de gaz naturel
restantes (en 1012 ft3) 27,9
Non conventionnel 4,8 4,8
Conventionnel 4,0
Russie-
Amérique Europe Caspienne
du Nord Moyen- Asie-Pacifique
Orient
Afrique
Amérique
Latine
Figure 4 – Comparaison des ressources mondiales en gaz naturel conventionnel et non conventionnel (source IEA)
UP
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1973 2010
Gaz
naturel Gaz
16,0 % naturel
R
21,4 %
Pétrole
46,1 % Pétrole
32,4 %
6 107 Mtoe 12 717 Mtoe
Figure 5 – Évolution des consommations d’énergies primaires dans le monde entre 1973 et 2010 (source : AIE, Key World Energy, Statistics 2013)
Mtep TWh
300 600
Bois-énergie
250 Hydraulique 500
10,0 renouvelable*
41 % 15 %
200 Biocarburants 2%
400
PAC 16 %
150
9% 4,9
Éolien 300
15 % 16 %
100 2,4 Déchets
1,4 urbains 9%
1,3 200
50 30 % renouvelables
1,0
1,3 Autres
0 * Hydraulique 100 42 %
hors pompage
20 0
02
20 4
20 6
20 8
19 0
92
19 4
19 6
20 8
12
10
0
0
0
0
9
9
9
9
20
20
19
19
0
1990 1995 2000 2005 2012
Charbon
Autres
Pétrole
Égypte
Gaz
Pays-Bas
Renouvelable
Russie
Électricité
Algérie (GNL)
Norvège
Figure 6 – Répartition de la consommation d’énergie primaire
en France en 2012 (source : Observatoire du gaz
http://www.gasinfocus.com d’après source SOeS) Figure 7 – Origine du gaz naturel consommé en France
(source : Observatoire du gaz, http://www.gasinfocus.com d’après source
Eurostat)
2.2 Le gaz naturel en France
donc les caractéristiques du gaz naturel distribué aux clients, fluc-
L’importation de la grande majorité du gaz naturel consommé
tuent au rythme des politiques d’approvisionnement des sociétés
sur le territoire français et le nombre important de pays produc-
en charge de la distribution et de la situation géopolitique. Si, pour
teurs conduisent théoriquement à une grande variété de gaz
une utilisation domestique, ces variations ne sont pas restrictives,
disponible sur le réseau commercial. En 2000, exception faite de la
elles le deviennent sensiblement pour une application industrielle
production nationale, pas moins de cinq pays étaient sollicités
ou pour un moteur d’automobile. La quantité de gaz consommé, en
pour la fourniture de gaz (figure 7). Aujourd’hui, il faut inclure de
constante augmentation en France, se répartit en 2005 pour un tiers
nouvelles sources d’approvisionnement, via le LNG (gaz naturel
dans le secteur industriel (contre près de la moitié dans les années
liquéfié – figure 8) notamment, qui comptent pour 15 % dans les
1990), qui bénéficie depuis longtemps d’une fiscalité intéressante
volumes approvisionnés.
pour cette énergie [TICGN, taxe intérieure sur la consommation de
Si cette diversité d’approvisionnement est indéniablement un gaz naturel, quasi constante depuis dix ans], le tertiaire et le secteur
atout économique et stratégique, elle s’accompagne cependant de résidentiel se partageant le reste. Les quantités consommées pour
quelques difficultés pour l’utilisation du gaz naturel en tant que car- le transport (majoritairement pour le transport en commun) restent
burant (la spécification du gaz ayant été établie initialement pour encore aujourd’hui très marginales (< 1 %) à l’image de la situation
une utilisation du gaz sur chaudière et gazinière). Les compositions, en Europe (figure 9).
UQ
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bmRUYR
UK
R GNL en provenance
NL
DE
du reste du monde
RO
Algérie
Tunisie
Figure 8 – Nouvelles routes d’approvisionnement du gaz naturel consommé en France et en Europe (source : GIE Gas Sensor Workshop, Bruxelles,
27/02/2014)
1990 2010
Transport
Transport
1,6 %
Industrie 0,1 %
46,1 %
Industrie
41,5 %
Zeebrugg
Londres
Secteur domestique Secteur domestique
et tertiaire et tertiaire
53,8 % 56,9 %
Montoir
Figure 9 – Consommation finale du gaz naturel par secteur de Bretagne
La Spezia
d’activité (source Eurostat) Fos sur Mer
UR
Carburants et matériaux allégés pour véhicule
(Réf. Internet 42629)
1– Biocarburants
2– Carburants gazeux
S
3– Hydrogène et piles à combustible Réf. Internet page
Hydrogène J6368 73
4– Matériaux allégés
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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US
S
UT
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Piles à combustible
appliquées aux véhicules
par Renaut MOSDALE
Docteur-ingénieur en électrochimie
Président
PaxiTech SAS
S
1.1.1 Piles à combustible à membrane échangeuse de protons
(PEMFC).................................................................................... — 2
1.1.2 Piles à combustible alcalines (AFC) ........................................ — 3
1.1.3 Piles à combustible à oxyde solide (SOFC) ............................ — 3
1.2 Architecture des piles à combustible................................................. — 4
2. Groupe électrogène à pile à combustible .................................. — 4
2.1 Système global ................................................................................... — 4
2.1.1 Description ............................................................................... — 4
2.1.2 Rendement d’une pile.............................................................. — 5
2.1.3 Influence de la température et de la pression des réactifs
sur les performances de la pile ............................................... — 6
2.1.4 Humidification et refroidissement........................................... — 8
2.2 Architecture d’un groupe électrogène à pile à combustible............. — 8
2.2.1 Dimensionnement de la pile. Cahier des charges .................. — 8
2.2.2 Les différentes options ............................................................ — 9
2.3 La pile ................................................................................................. — 11
3. Quel combustible ? ......................................................................... — 12
3.1 Stockage d’hydrogène........................................................................ — 12
3.2 Production embarquée d’hydrogène ................................................. — 13
3.3 Distribution de combustible (infrastructure) ..................................... — 14
3.3.1 Production d’hydrogène .......................................................... — 14
3.3.2 Distribution de combustibles .................................................. — 15
4. Conclusion........................................................................................ — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. BM 4 850
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des cellules connectées en série par des plaques bipolaires [2].
lisées pour la traction, et les piles SOFC envisagées comme source
Ils purent obtenir des courants de 2 à 2,5 A (environ 3 mA/cm2)
auxiliaire de puissance (APU).
pour une surface de 700 cm2 à une tension de cellule de l’ordre
de 0,73 V et pour un chargement total en platine de 1 g de noir
1.1.1 Piles à combustible à membrane échangeuse de platine (soit 1,43 mg de platine par cm2). Ces résultats
de protons (PEMFC) constituent les premiers éléments chiffrés représentatifs d’un
Dans les PEMFC, l’électrolyte utilisé est une membrane polymère calcul d’ingénieur pour une application stationnaire. Un kilo-
à conduction protonique assurée par des fonctions sulfoniques. La watt électrique aurait demandé environ un kilogramme de pla-
classe de produit commercial la plus couramment employée est une tine soit environ 12 000 € [3]. Ce coût prohibitif mit un frein
membrane perfluorosulfonique, c’est-à-dire que la fonction acide important à leurs travaux.
est de type sulfonique et que tous les atomes d’hydrogène associés Les premières applications « automobiles » firent leur appari-
tion sous forme de démonstrateurs à la fin des années mil
à des carbones ont été remplacés par des atomes de fluor. Cette
neuf cent cinquante, à la suite des travaux de F.T. Bacon à l’uni-
substitution permet d’obtenir une acidité très supérieure à celle
versité de Cambridge, sur des piles alcalines fonctionnant à
des acides forts conventionnels (acide sulfurique, chlorhydrique,
plus de 200 C. En août 1959, un système de pile alcaline
perchlorique, etc.), et d’assurer à ce polymère proche du Téflon‚
hydrogène/oxygène de 6 kW fut développé et testé sur des
une grande stabilité chimique dans des environnements réducteurs
machines-outils et un chariot élévateur. Dans le même temps,
et oxydants que sont respectivement les milieux anodiques et
en octobre 1959, Harry Ihrig (de Allis Chalmers Company)
cathodiques de la pile. Cette membrane est par ailleurs très hydro-
dévoilait le premier tracteur équipé d’un système de pile alca-
phile et nécessite d’être parfaitement hydratée pour une conducti-
line de 15 kW, comportant un empilement de plus de mille cel-
vité protonique optimale. En effet, le mode de conduction se rap-
lules. Enfin, ces premières réalisations furent suivies, quelques
proche fortement d’une conduction liquide pour laquelle le proton
années plus tard, par un véhicule Austin alimenté par une pile
est solvaté, lors de son déplacement, par plusieurs molécules
alcaline de 6 kW développée par K.V. Kordesh de Union
d’eau. La température de fonctionnement est ainsi limitée à 100 C
Carbide.
afin d’éviter une perte d’hydratation de l’électrolyte par évaporation
à pression atmosphérique. La gestion de l’eau dans ce type de pile
demeure aujourd’hui l’un des problèmes majeurs tant au niveau de Ces progrès ont été rendus possibles par l’utilisation d’électrodes
la membrane que du système complet. Un fonctionnement à haute constituées de très petites particules de platine (quelques nanomè-
pression pourrait faciliter cette gestion de l’eau mais affecterait par tres) supportées sur des poudres de carbone développant une
ailleurs le fonctionnement de la pile (cf. § 2.1.3). grande surface électroactive de catalyseur (jusqu’à plus de 5 m2/g
Le catalyseur utilisé dans ce type de pile à combustible doit être de Pt). Cette amélioration s’est combinée à l’addition d’électrolyte
du platine pur ou allié à un métal de transition, afin de résister à dans la porosité des électrodes, permettant d’utiliser le catalyseur
l’environnement chimique très acide et de présenter une activité non seulement à l’interface électrode/électrolyte, mais également
catalytique suffisante à l’électroréduction de l’oxygène et à sur une épaisseur de quelques micromètres. Les électrodes ainsi
obtenues permettent de développer des surfaces réactionnelles
100 fois supérieures à la surface géométrique des électrodes. Au
point de vue catalytique, si le platine montre un bon niveau de per-
formance avec de l’air ou de l’hydrogène pur, il reste sensible à
l’empoisonnement par des produits sulfurés (à partir de quelques
dixièmes de ppm) ou par le monoxyde de carbone (à partir de quel-
ques dizaines de ppm) lorsque l’hydrogène alimentant l’anode pro-
vient du reformage d’hydrocarbures, et à l’empoisonnement par les
huiles ou graisses contenues dans l’air du côté cathodique. Si, à la
cathode, ce problème peut être résolu par l’emploi de filtres adap-
tés, à l’anode le gaz doit être désulfuré et le catalyseur doit être
modifié en alliant le platine à des métaux de transition. La résis-
tance à ces empoisonnements nécessite généralement une aug-
mentation significative des quantités de platine présentes dans les
électrodes.
Enfin, le dernier élément important dans ce type de pile concerne
les plaques séparatrices (ou plaques bipolaires). Leurs fonctions
Figure 1 – Évolution du chargement en platine et des performances sont de séparer, dans un empilement, l’anode d’une cellule de la
au cours des dernières décennies, d’après [4] cathode de la cellule suivante, d’acheminer le courant électrique
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Tableau 1 – Réactions aux électrodes, électrolytes et catalyseurs utilisés pour les différents types
de piles à combustible
MCFC 2-
H2 + CO3 Æ H2 O + CO2 + 2e
(Ni + 10 % Cr)
- Li2CO3/K2CO3/Na2CO3
2-
CO3 (liquide)
½ O2 + CO2 + 2e - Æ CO23 -
(NiO lithié)
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S
SOFC H2 + O2– Æ H2O + 2 e– ZrO2-Y2O3 ½ O2 + 2 e– Æ O2– 750 à 1 050
(cermet Ni-ZrO2) O2– (solide) (perovskites LaxSr1-xMnO3)
(1) PEMFC : Proton Exchange Membrane Fuel Cell AFC : Alkaline Fuel Cell
DMFC : Direct Methanol Fuel Cell MCFC : Molten Carbonate Fuel Cell
PAFC : Phosphoric Acid Fuel Cell SOFC : Solid Oxide Fuel Cell
d’une cellule à l’autre, et de distribuer les gaz à la surface des élec- le fonctionnement de la pile. Dans tous les cas, la complexité du
trodes. Ces plaques devront donc être conductrices électroniques, système entourant la pile s’en trouve augmentée.
isolantes ioniques, et résister chimiquement à un environnement
Les recherches et développements en cours concernent principa-
oxydant (oxygène de l’air), à un environnement réducteur (hydro-
lement les réductions de coûts (catalyseurs non nobles) et les aug-
gène) et à l’eau (produit de la réaction). Elles sont la plupart du
mentations de performances massiques et volumiques, encore très
temps constituées de graphite imprégné de résine phénolique et en retrait par rapport au concurrent direct la PEMFC. Une recherche
usiné afin de dessiner sur chacune des faces des canaux de distri- plus amont concerne le développement de membranes alcalines à
bution des gaz. Si le graphite est très stable chimiquement et très conduction par ions hydroxydes.
bon conducteur, son usinage devient très coûteux pour des produc-
tions de série. De nombreuses recherches sont en cours pour le
remplacer par des métaux emboutis ou par des composites moulés 1.1.3 Piles à combustible à oxyde solide (SOFC)
ou injectés à base de carbone, les principaux freins rencontrés
étant respectivement la résistance à la corrosion des métaux dans Ce sont les piles fonctionnant aux plus hautes températures, de
ce milieu agressif et les faibles conductivité et tenue mécanique 800 à 1 000 C. Du fait de cette température élevée, elles présentent
des composites. l’avantage de ne pas nécessiter l’utilisation de métaux nobles pour
augmenter les cinétiques de réaction et de pouvoir être alimentées
Ces plaques bipolaires assurent généralement la fonction de par d’autres combustibles que de l’hydrogène pur. En effet, un gaz
plaque de refroidissement par le passage dans leur épaisseur d’un tel que le monoxyde de carbone, considéré comme un poison jus-
fluide caloporteur. qu’à 200 C, devient un combustible au-delà de 600 à 700 C puis-
qu’il s’oxyde presque aussi facilement que l’hydrogène. De même
le méthane (ou le gaz naturel), inerte électrochimiquement au-des-
1.1.2 Piles à combustible alcalines (AFC) sous de 300 à 400 C, devient un combustible à haute température.
Ces piles sont principalement constituées de céramiques de diffé-
Ce sont historiquement les premières piles à avoir connu un
rentes natures pouvant être associées à un métal comme dans le
développement « industriel » pour une application spécifique, la
cas des anodes en nickel cermet (association céramique-métal). La
conquête spatiale. En effet, depuis le programme Apollo, des piles
conduction ionique se fait par ions oxydes (O2–) dans un électrolyte
à combustible alcalines ont été présentes dans tous les vols habités
de type zircone yttrié. Aux électrodes, comme dans le cas de tous
de la NASA. Ces piles, possédant un électrolyte alcalin (potasse),
les autres types de pile, les réactions se dérouleront sur les sites où
présentent l’avantage de pouvoir fonctionner sans l’utilisation de
seront présents trois phases :
métaux nobles avec, pour catalyseurs, du nickel Raney à l’anode
et de l’argent à la cathode. De plus, la cinétique de réduction – un conducteur électronique apportant ou évacuant des élec-
semble plus favorable en milieu alcalin qu’en milieu acide. trons pour les réactions respectives de réduction et d’oxydation ;
– un conducteur ionique (oxyde) évacuant les ions de la cathode
L’un des inconvénients majeurs des piles alcalines provient de la pour les transporter à l’anode ;
très grande sensibilité de l’électrolyte au gaz carbonique, provo- – un milieu poreux acheminant les gaz réactifs et éliminant les
quant la précipitation de carbonates diminuant rapidement la produits de réaction ou n’ayant pas participé à la réaction.
conductivité ionique. Le gaz carbonique est présent dans l’air et
dans l’hydrogène quand il provient du reformage d’hydrocarbures. Les SOFC évoluant à très haute température, les coefficients de
Cette présence impose soit l’adjonction d’une unité de décarbona- dilatation de chacun des constituants jouent un rôle prépondérant
tation en amont de la pile, soit la nécessité d’une circulation et d’un sur le cyclage thermique et la durée de vie ; des coefficients trop
traitement de l’électrolyte. Cette circulation pourrait être mise à éloignés auraient un effet désastreux sur le plan des contraintes
profit pour évacuer tout ou partie de l’excès de chaleur produit par mécaniques. Le cyclage thermique est également limité par la
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températures permet aux contraintes thermiques dues aux diffé-
rences de coefficients de dilatation de se répartir de façon radiale
Figure 2 – Configuration filtre-presse d’un empilement de pile
à la périphérie du tube. L’inconvénient majeur de cette géométrie
à combustible (exemple d’une PEMFC) provient du manque de compacité d’un empilement de tubes et
également de la difficulté technique à mettre en série plusieurs
nature des joints d’étanchéité des cellules. Les seuls joints efficaces tubes consécutifs puisqu’une cathode (intérieur du tube) doit être
à haute température sont des joints en verre, mais qui ne suppor- reliée à une anode (extérieur du tube) dans l’empilement.
tent pas le refroidissement car ils craquent lors de la solidification
une fois en place. Plusieurs architectures ont été développées dont
la configuration tubulaire (Westinghouse) et la configuration pla-
naire. Si la configuration tubulaire ne requiert qu’une très faible
surface d’étanchéité, la configuration planaire, en revanche, expose 2. Groupe électrogène
de grandes surfaces. Les recherches en cours visent à diminuer les
températures de fonctionnement aux environs de 700 C afin de à pile à combustible
pouvoir utiliser des matériaux métalliques comme constituants
des joints et comme interconnecteurs. Pour atteindre ces tempéra-
tures, de nouveaux matériaux d’électrodes et d’électrolyte doivent
être développés ainsi que les procédés de dépôts associés. Un 2.1 Système global
autre axe de recherche consiste à utiliser, dans les électrodes, des
matériaux conducteurs mixtes (ioniques et électroniques) afin de
simplifier la structure des électrodes et de favoriser le triple contact 2.1.1 Description
entre les phases ioniques, électroniques et gazeuses.
Une pile à combustible ne peut fonctionner seule ; elle a besoin
Les constructeurs automobiles s’intéressent de plus en plus aux d’être associée à des périphériques auxiliaires qui assureront des
SOFC, car ces piles pourraient utiliser directement les combustibles fonctions aussi essentielles qu’acheminer les réactifs, évacuer les
fossiles classiques déjà distribués, mais elles présentent encore un produits ou gérer la température de l’empilement. Ces auxiliaires,
temps de mise en température élevé. s’ils sont nécessaires au fonctionnement de la pile, n’en sont pas
moins des consommateurs d’énergie parasitant directement la pro-
duction de la pile.
1.2 Architecture des piles à combustible Le système est globalement constitué d’un circuit combustible,
Quel que soit le type de pile à combustible, la tension maximale d’un circuit comburant et d’une boucle de refroidissement. Un sys-
(à circuit ouvert) aux bornes d’une cellule est de l’ordre du potentiel tème d’humidification vient généralement compléter cet ensemble.
thermodynamique de l’eau (1,23 V), fonction des conditions de Il peut être couplé à la boucle de refroidissement ou indépendant
température et de pression et des concentrations de réactifs et de (figure 3). On distinguera généralement les différents types de sys-
produits suivant la loi de Nernst. Dès qu’un courant est produit, tèmes de piles à combustible par la pression à laquelle ils travail-
cette valeur diminue significativement du fait de l’apparition aux lent (dimensionnant la taille du compresseur d’air) et par le com-
électrodes des surtensions d’activation et de concentration [5] et bustible qu’ils utilisent [hydrogène stocké sous forme liquide ou
des pertes chimiques. Les tensions d’utilisation nominales sont gazeuse, hydrogène stocké sous forme d’hydrure, combustible à
habituellement de 0,6 à 0,8 V par cellule unitaire en fonction de la reformer (généralement un hydrocarbure ou un alcool dont on
technologie considérée. extrait l’hydrogène par une opération de reformage), combustibles
liquides pour oxydation directe]. Ces distinctions auront un fort
Quant aux densités de courant générées, elles varieront de 0,1 à impact sur les performances nettes du groupe électrogène, la qua-
1 A/cm2. Afin de dimensionner une pile en courant et tension, il lité des réactifs (présence d’impuretés dans les gaz) et les consom-
faudra donc agir respectivement sur la taille et le nombre de cellu- mations parasites des auxiliaires affectant le rendement global du
les connectées en série. Cette mise en série pourra se faire princi- système. L’architecture du groupe électrogène sera également for-
palement suivant la technologie planaire (empilement filtre-presse) tement dépendante de ces auxiliaires.
ou la technologie tubulaire.
Les performances d’un système sont généralement exprimées
& Dans le cas d’un empilement planaire, toutes les cellules sont par rapport à leurs puissances massique et volumique, mais égale-
empilées et connectées électriquement en série. Chaque cellule ment en termes de rendement. Le rendement du système dépendra
est séparée de la suivante par une plaque bipolaire dont la fonction de celui de la pile à combustible affecté des pertes parasites dues
est de distribuer les réactifs sur chaque électrode, de séparer les aux auxiliaires et variera avec la puissance demandée.
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Figure 3 – Schéma de principe d’un système à pile à combustible
2.1.2 Rendement d’une pile d’eau oxygénée à la cathode, montrant une réaction incomplète à
deux électrons au lieu de quatre pour produire de l’eau.
& Rendement théorique er
& Rendement total etot
Le rendement théorique d’une pile à combustible à l’équilibre (er)
est donné par la relation suivante [6] : Le rendement total de la pile sera le produit de ces trois
contributions :
We nFE eq DG
er = = = = 1 - T DS (1) nFEeq EðiÞ
- DH - DH DH DH nF
etot = er eE eF = eF = - EðiÞeF (4)
avec n nombre d’électrons échangés dans la réaction, - DH Eeq DH
F nombre de Faraday (charge d’une mole d’électrons),
et - DH peut être considéré comme une tension idéale (Eidéal) ne
Eeq tension thermodynamique (potentiel thermodyna- nF
tenant pas compte des irréversibilités.
mique défini par les équations de Nernst),
Elle est définie à partir de l’enthalpie (DH), et non de l’enthalpie
We travail électrique fourni,
libre (DG), et ne prend pas en compte la contribution entropique
DH enthalpie de réaction, (TDS). Cette expression est parfois qualifiée de « tension de chaleur
DS variation (isotherme) d’entropie, nulle », et correspondrait à un fonctionnement purement électrique
DG enthalpie libre de réaction (et DG = DH – T DS). sans production de chaleur. Cette « tension », prendra deux valeurs
très différentes suivant que l’eau produite par la réaction sera sous
forme liquide ou gazeuse. Ces deux valeurs correspondent aux
& Rendement pratique eE notions de pouvoir calorifique supérieur (PCS) et pouvoir calori-
Le rendement pratique (eE) de la pile prend en compte les surten- fique inférieur (PCI), utilisés couramment par les motoristes.
sions dues aux réactions électrochimiques et aux résistances ioni- Le rendement d’une cellule de pile à combustible devient donc :
ques et électroniques présentes dans la pile. Typiquement, ce ren-
dement s’exprime par le rapport de la tension de cellule à la E ðiÞ
etot = eF (5)
densité de courant considérée (E(i)) à la tension à l’équilibre (à cir- E idéal
cuit ouvert) Eeq de la pile :
EðiÞ Le tableau 2 regroupe les valeurs de tension caractéristique
eE = (2) d’une pile à combustible hydrogène/oxygène (air).
Eeq
Ainsi le rendement maximal d’une cellule correspondra au rap-
port de la tension thermodynamique à la tension de « chaleur
EðiÞ = Eeq - ha ðiÞ - hc ðiÞ - Â ri (3) nulle », et sera au maximum de 98 % ou de 85 % selon que l’on
avec i densité de courant, considère la tension correspondant au PCI ou au PCS. Si l’on
prend en compte les pertes de tension d’une cellule en fonctionne-
ha et hc surtensions anodique et cathodique, ment, dues à la cinétique des réactions électrochimiques, à la diffu-
Âr somme des résistances ioniques et électroni- sion des réactifs dans les électrodes, ou encore aux pertes ohmi-
ques. ques dans les électrodes et dans l’électrolyte, la tension pratique
de fonctionnement d’une cellule de pile est inférieure à 1 V.
& Rendement faradique eF Exemple : pour une tension de 0,7 V, avec un rendement fara-
Enfin il faut inclure la contribution faradique du rendement (eF) dique proche de 100 %, et en considérant la tension de chaleur
correspondant à l’efficacité de la réaction et rendant compte des nulle correspondant au PCI (cf. tableau 2), le rendement de cellule
réactions parasites possibles. Généralement, avec du platine et de devient :
l’hydrogène, ce rendement est très proche de 1. Il sera affecté par
E ðiÞ 0,7
l’oxydation de CO à l’anode dans le cas d’hydrogène provenant etot = eF = ¥ 100 = 56 %
d’un reformeur puisqu’une certaine quantité d’électricité (des élec- E idéal 1,25
trons) sera utilisée par des réactions annexes, ou par la production
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Cet article est la réédition actualisée de l’article [D 5 570] intitulé « Transport électrique routier –
Véhicules à pile à combustible » paru en 2003, rédigé par Renaut Mosdale. S
1. Notions de base ..................................................................................... D 5 570v2 - 2
1.1 Problématique du véhicule électrique..................................................... — 2
1.2 Différents types de piles à combustible .................................................. — 3
1.3 Architecture des piles à combustible ...................................................... — 6
2. Système à pile à combustible ............................................................ — 8
2.1 Tension d’une cellule de pile à combustible .......................................... — 8
2.2 Rendement d’une pile à combustible...................................................... — 8
2.3 Mise en œuvre pratique du système ....................................................... — 10
2.4 Dimensionnement du système ................................................................ — 13
2.5 Dimensionnement de la pile à combustible ........................................... — 20
2.6 Architecture électrique, gestion d’énergie .............................................. — 21
2.7 Sécurité du véhicule à pile à combustible .............................................. — 21
2.8 Exemple de dimensionnement d’un véhicule ........................................ — 23
3. Le carburant, principal point faible ? .............................................. — 24
3.1 Stockage d’hydrogène .............................................................................. — 24
3.2 Infrastructure de distribution de combustible ........................................ — 26
4. Conclusion............................................................................................... — 26
5. Annexe – Fournisseurs ......................................................................... — 28
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. D 5 570v2
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1. Notions de base
S 1.1 Problématique du véhicule électrique
L’idée d’utiliser l’énergie électrique pour la propulsion de véhi-
cules est apparue dès le XIXe siècle, pour les transports sur rails
comme pour les transports routiers. Dans le cas des déplacements
sur route, l’une des questions cruciales est celle du stockage
d’énergie à bord du véhicule, qui conditionne en grande partie
l’autonomie du véhicule, c’est-à-dire la distance qu’il est capable
de parcourir sans recharge d’énergie. Au début du XXe siècle, les
progrès effectués sur les moteurs à combustion interne ont
conduit à une disparition des véhicules électriques à batterie, qui
avaient connu une première phase de développement (figure 1).
Cependant, les chocs pétroliers et l’augmentation des contrain-
tes environnementales ont progressivement modifié, à la fin du
XXe siècle, le cahier des charges de la source d’énergie à bord des
véhicules. En plus de la puissance et de l’autonomie, la sobriété et
la propreté ont pris de plus en plus d’importance, avec la limitation
progressive des rejets indésirables, comme les gaz à effet de serre Figure 1 – « La Jamais Contente », premier véhicule à dépasser
la vitesse de 100 km/h, équipé d’une propulsion électrique (1899)
ou les composés nuisant à la qualité de l’air dans les villes. En
parallèle des progrès recherchés sur les moteurs thermiques pour
répondre à ces nouvelles contraintes, les constructeurs automobi-
les ont alors mis en place des programmes de développement de
véhicules électriques.
Si les piles à combustible ont suscité dès cette époque un intérêt
notable, c’est d’abord les batteries qui ont été utilisées pour déve-
lopper ce type de véhicule. L’objectif dans la conception de ces
nouveaux véhicules était d’abord d’atteindre une puissance suffi-
sante pour obtenir un comportement routier et une habitabilité
similaires à ceux d’un véhicule à moteur à combustion interne. Les
batteries mais également les composants électrotechniques et
électromécaniques (convertisseurs, onduleurs, moteurs électri-
ques, etc.) ont dû être développés spécifiquement pour cette appli-
cation. Puis la question de l’autonomie est apparue comme
essentielle pour le développement de ce type de véhicule. En effet,
avec les premières technologies de batterie utilisées (plomb, Ni-Cd
et même Ni-MH), la quantité d’énergie stockée à bord du véhicule
reste modeste si l’on souhaite conserver suffisamment d’espace
libre pour les occupants du véhicule. De ce fait, jusqu’aux années
1990, ce sont surtout de petits véhicules peu puissants et peu
gourmands en énergie qui ont été équipés de motorisation électri-
que (figure 2). Malgré cela, l’autonomie est restée très en-deçà des
normes habituelles des véhicules thermiques, avec souvent des
valeurs inférieures à cent kilomètres. D’autre part, les batteries uti- Figure 2 – La Peugeot 106 électrique, exemple de modèle
de véhicule électrique commercialisé en France à partir de 1996
lisées dans ces véhicules ne permettaient pas d’effectuer rapide-
ment une recharge, même partielle. Ces défauts se sont avérés des
freins très importants à l’apparition d’un marché pour ce type de et surtout la possibilité de récupérer une partie de l’énergie de frei-
véhicule. nage du véhicule, faculté que n’ont pas les moteurs thermiques.
Néanmoins la motorisation électrique a pu faire la démonstra- Cette dernière peut en effet représenter environ 20 % de l’énergie
tion de ses principales qualités : le silence de fonctionnement, fournie pour la propulsion du véhicule. L’association de chaînes de
l’absence de rejets, un haut rendement de conversion de l’énergie traction thermique et électrique, ou hybridation, s’est développée
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Oxygène
Hydrogène
Eau
Liquide caloporteur
Proton
Électron
S Électrodes
Électrolyte
Plaques bipolaires
Tableau 1 – Réactions aux électrodes, électrolytes et catalyseurs utilisés pour les différents types
de piles à combustible
Tempé-
rature
Type de pile Anode (catalyseur) Électrolyte Cathode (catalyseur)
(°C)
PEMFC (Proton
Polymère acide 1 O
Exchange Mem- H2 → 2 H+ + 2 e− (Pt) + 2 H+ + 2 e− → H2O (Pt) 60 à 120
(solide/H+) 2 2
brane Fuel Cell )
DMFC (Direct
Polymère acide 1 O
Methanol Fuel CH3OH + H2O → CO 2 + 6 H+ + 6 e− (Pt) + 2 H+ + 2 e− → H2O (Pt) 60 à 90
(solide/H+) 2 2
Cell )
PAFC
H3PO4 (85 à 100 %) 1 O2 160 à
(Phosphoric H2 → 2 H+ + 2 e− (Pt) + 2 H+ + 2 e− → H2O (Pt)
(liquide/H+) 2 220
Acid Fuel Cell )
H2 + O2− → H2O + 2 e− 1 O + 2 e− → O 2 −
SOFC (Solid ZrO2-Y2O3 2 2 750 à
Oxide Fuel Cell ) (cermet et Ni-ZrO2 ) (solide/O2–) (perovskites LaxSr1–xMnO 3 ) 1 050
L’utilisation de ces différents types de piles à combustible dans rendues incontournables pour les applications de transport terres-
les applications de transport terrestre dépend de nombreux fac- tre, que ce soit pour la traction ou seulement comme source auxi-
teurs, comme par exemple le coût, la compacité, la fiabilité, la liaire de puissance (APU).
durabilité, ou encore l’état de développement de la technologie. Ainsi, au cours des vingt dernières années, plusieurs centaines
Les piles AFC, utilisées dans les programmes spatiaux américains de véhicules équipés de PEMFC ont ainsi été réalisés, parfois en
depuis les années 1960, ont été à la même époque intégrées dans petites séries. Enfin, depuis 2000, des piles SOFC sont développées
les premiers prototypes de véhicule à pile à combustible. À partir dans le but d’être intégrées dans des véhicules, essentiellement en
des années 1990, les progrès réalisés sur les piles PEMFC les ont tant qu’APU.
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Depuis une dizaine d’années, la recherche d’une température de tous les autres types de pile, les réactions se déroulent sur les sites
fonctionnement plus élevée des PEMFC a conduit à l’émergence où sont présentes trois phases :
d’une variante nommée PEMFC haute température (PEMFC-HT). Il – un conducteur électronique apportant ou évacuant des élec-
s’agit en réalité d’une pile PAFC dont l’électrolyte H3PO4 , liquide à trons pour les réactions respectives de réduction et d’oxydation ;
la température de fonctionnement, est piégé dans une matrice – un conducteur ionique (oxyde) évacuant les ions de la cathode
polymère poreuse. Cette matrice est généralement constituée de pour les transporter à l’anode ;
polybenzimidazole (PBI), qui a la propriété de former des comple-
– un milieu poreux acheminant les gaz réactifs et éliminant les
xes avec l’acide, augmentant la stabilité du matériau. La tempéra-
produits de réaction ou n’ayant pas participé à la réaction.
ture de fonctionnement optimale se situe dans la gamme
160-200 °C. Cet électrolyte ne nécessite pas d’eau pour obtenir une Les SOFC évoluant à très haute température, les démarrages et
conductivité optimale, et le niveau de température utilisé rend les arrêts de ces systèmes correspondent à des cyclages thermiques
catalyseurs moins sensibles aux polluants. En revanche ce type de sur plusieurs centaines de degrés. De ce fait, les coefficients de
pile ne fonctionne pas à des températures inférieures à 100 °C, ce dilatation de chacun des constituants jouent un rôle prépondérant
qui complique les démarrages, notamment par grand froid. Malgré sur la durée de vie ; des coefficients trop éloignés auraient un effet
de nombreux développements au cours des dernières années, ce désastreux sur le plan des contraintes mécaniques. La réalisation
type de pile a été très rarement utilisé pour la traction d’un véhi- des joints d’étanchéité des cellules doit également tenir compte de
cule à pile à combustible [4]. L’utilisation de ce type de pile dans ce phénomène. Les seuls joints efficaces à haute température sont
l’automobile semble devoir se limiter aux APU et à la prolongation des joints en verre qui, de mous, passent à un état solide, fragile
VV
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dUUWP
tubulaire. L’objectif est dans les deux cas d’obtenir une mise en 1.3.2 Plaques bipolaires pour pile PEMFC
série des cœurs de pile (lieu de la réaction électrochimique,
comprenant principalement les électrodes et l’électrolyte), répon- Les fonctions des plaques bipolaires sont nombreuses. Outre la
dant au meilleur compromis entre les nombreux critères de conduction du courant électrique et la distribution des réactifs sur-
dimensionnement : compacité, facilité de réalisation des contacts, chaque électrode, elles doivent assurer également la séparation
des étanchéités, des distributions de réactifs, de la gestion thermi- étanche des compartiments anodique et cathodique de deux
que, durabilité, fiabilité, coût, etc. cellules consécutives, et la transmission de l’effort mécanique de
serrage de l’empilement, appliqué à la fois sur la surface active et
Dans le cas d’un empilement planaire, toutes les cellules sont
sur les joints. Elles sont également utilisées pour gérer thermique-
empilées et connectées électriquement en série selon une architec-
ment les piles, par addition dans l’épaisseur de la plaque d’un cir-
ture de type filtre-presse. Entre chaque cœur de pile, une plaque
cuit de refroidissement.
bipolaire (ou interconnecteur) assure la connexion entre l’anode de
l’un et la cathode de l’autre, ainsi que de nombreuses autres fonc- Ces plaques doivent donc être suffisamment conductrices électro-
tions comme par exemple la distribution des réactifs sur toute la niques et thermiques, isolantes ioniques, et doivent résister chimi-
surface des électrodes (figure 7). À la périphérie de la surface quement à un environnement oxydant (oxygène de l’air), à un
active des cellules, des ouvertures sont généralement prévues environnement réducteur (hydrogène) et à l’eau (produit de la réac-
pour permettre la circulation des différents fluides d’un bout à tion). Le matériau utilisé historiquement est le graphite, usiné sur
l’autre de l’empilement et garantir par exemple l’alimentation en chaque face afin de dessiner des canaux de distribution des gaz. Le
S
parallèle de chacune des cellules en hydrogène. Les canalisations coût de cet usinage, incompatible avec une production en série, a
formées par l’alignement de ces ouvertures constituent des collec- engendré à partir de 2000 le développement de deux technologies
teurs d’alimentation et d’échappement pour les réactifs, les pro- alternatives : le composite chargé et le métal embouti (figure 8). Le
duits et le fluide de refroidissement. premier consiste à injecter et à mouler un mélange de poudre de
carbone et de polymère, tandis que le second utilise des tôles,
L’avantage principal de cette configuration est sa compacité.
notamment d’acier inoxydables, embouties puis soudées.
L’inconvénient majeur est le maintien de l’étanchéité. En effet, un
joint doit entourer complètement les électrodes pour empêcher les Les travaux réalisés ont permis d’obtenir des composites ayant
réactifs de fuir vers l’extérieur de la cellule, et d’autres doivent une conductivité électrique suffisante, tout en conservant une
entourer chaque collecteur d’alimentation ou d’échappement. Ces bonne tenue mécanique. Ils sont également moins fragiles que le
joints s’appuient d’une part sur l’électrolyte ou sur un renfort collé graphite. Concernant le métal embouti, les recherches se sont
sur ce dernier et d’autre part sur la plaque bipolaire. concentrées sur l’obtention d’une bonne conductivité électrique
surfacique, alliée à une résistance à la corrosion compatible avec
En ce qui concerne la configuration tubulaire, à ce jour réservée
les objectifs de durabilité de l’application automobile. Les revête-
aux SOFC, des tubes (ou doigts de gant) de céramiques recouverts
ments actuels appliqués sur des nuances d’acier comme l’AISI
du matériau d’anode sur leur face externe et du matériau de
316L donnent de bons résultats en termes de tenue à la corrosion
cathode sur leur face interne sont plongés dans l’environnement
et de conductivité, sans utiliser de métaux précieux qui seraient
combustible alors que le comburant (l’air) circule à l’intérieur.
rédhibitoires en termes de coût.
Cette configuration permet de ne requérir une étanchéité qu’à
l’extrémité des tubes. De plus, cette géométrie adaptée aux hautes Les deux technologies sont aujourd’hui couramment utilisées par
températures permet aux contraintes thermiques dues aux diffé- les différents fabricants de pile à combustible. La technologie métal-
rences de coefficients de dilatation de se répartir de façon radiale à lique a souvent la préférence des constructeurs automobiles, car
la périphérie du tube. L’inconvénient majeur de cette géométrie elle permet d’atteindre une compacité supérieure, et ses procédés
provient du manque de compacité d’un empilement de tubes et de fabrication sont plus adaptés à une production en grande série,
également de la difficulté technique à mettre en série plusieurs avec à la clé un avantage en termes de coût.
tubes consécutifs puisqu’une cathode (intérieur du tube) doit être
reliée à une anode (extérieur du tube) dans l’empilement. Les piles PEMFC étant utilisées aujourd’hui dans la quasi-totalité
des véhicules à pile à combustible, il sera uniquement question de
ce type de pile dans toute la suite de cet article.
Hydrogène
80
70
Plaque terminale
Nombre de publications
60
Plaque bipolaire 50
40
Assemblage 30
membrane/électrodes
20
10
Joints périphériques
0
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Oxygène (air)
Année
Composite
Connexion électrique Métal
VW
S
VX
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inUR
INNOVATION
Abstract : among the technologies for CO2-free transportation, the fuel cell
constitutes an electric powertrain solution for the future. Complementary to batteries
technology, it gives electric vehicle range comparable to ICE vehicle, while maintaining
comfort and dynamic performances. Its current level of maturity leads the car manu-
facturers to launch their marketing over the next few years. In this context, PSA
Peugeot Citroën and the Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies
alternatives (CEA) have worked together to develop a fuel cell adapted to the car
constraints : the GENEPAC stack and the FiSyPAC system.
VY
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INNOVATION
Points clés
Domaine : Pile à combustible pour application automobile
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : Hydrogène
Domaines d’application : Automobile + extension aux autres moyens de transport
Principaux acteurs français :
Centres de compétence :
Pôles de compétitivité : Tenerrdis – Véhicule du futur – MOVEO
Industriels : Constructeurs automobiles et équipementiers
S
Autres acteurs dans le monde : Ballard, Hydrogenics...
Contact : jean-philippe.poirot@cea.fr, francis.roy1@mpsa.com, laurent.antoni@cea.fr,
xavier.glipa@mpsa.com
WP
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inUR
INNOVATION
H2 + 1/2 O2 = H2O
H+
S
deux demi-réactions, l’une à l’anode correspondant à l’oxyda-
tion de l’hydrogène et l’autre à la cathode avec la réduction de Figure 1 – Schéma de principe de fonctionnement
l’oxygène produisant de l’eau. Dans le cas des piles de technolo- d’une pile à combustible PEMFC
gie PEMFC (Proton Exchange Membrane Fuel Cell ou pile à
membrane échangeuse de protons), le lien entre ces deux
AME), inséré entre deux collecteurs de courant ou plaques
demi-réactions est réalisé par une membrane électrolyte
bipolaires (figure 2). Ces dernières permettent le passage
conduisant les protons H+. Une cellule élémentaire comprenant
des fluides, y compris celui de refroidissement, et assurent
une anode, une cathode, un électrolyte ainsi que les alimenta-
l’étanchéité entre les trois circuits fluidiques.
tions en combustible et comburant est schématisée sur la
figure 1. Le circuit électrique externe est également représenté. Une pile proprement dite est un empilement de ces cellules
Les réactions mises en œuvre sont : élémentaires (figure 2), connectées en série d’un point de vue
électrique, et en parallèle d’un point de vue hydraulique. Les
À l’anode : H2 = 2 H+ + 2 e– plaques bipolaires séparent deux AME adjacents et permettent
leur connexion électrique.
À la cathode : 1/2 O2 + 2 H+ + 2 e– = H2O Un système à pile à combustible (figure 3), ou module
------------------------------------------------------------------- de puissance, est un système réalisant de façon autonome la
conversion de l’énergie de combustion d’un carburant en
Bilan : H2 + 1/2 O2 = H2O énergie électrique directement utilisable. Pour cela, la pile est
accompagnée d’équipements auxiliaires pour que sa fonction
principale, la fourniture d’énergie électrique, puisse être
La production d’énergie électrique s’accompagne de pertes remplie. Ces composants assurent l’approvisionnement des
thermiques qu’il convient d’évacuer par l’intermédiaire d’un réactifs, leur conditionnement, l’évacuation des produits, de la
circuit de refroidissement. chaleur, la conduction et la transformation de l’électricité au
La cellule élémentaire de pile à combustible est un montage profit des équipements consommateurs électriques dans un
constitué d’un assemblage membrane électrodes (noté véhicule (machine électrique de traction, auxiliaires divers...).
Empilement
WQ
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inUR
INNOVATION
Éjecteur
Vanne
trois voies
S Échappement
Figure 3 – Schéma du système à pile à combustible FiSyPAC avec présentation des différents auxiliaires
1, 5 kW ⋅ L−1
1 kW ⋅ kg−1
WR
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jVSVX
Hydrogène
‘hydrogène est l’élément le plus répandu dans l’univers. Sur notre planète,
L on le trouve essentiellement dans l’eau et dans les hydrocarbures qui sont
les sources de l’hydrogène industriel. Celui-ci est largement utilisé dans
l’industrie chimique et le raffinage du pétrole, entre autres. Du fait de sa
combustion non polluante, il est également considéré comme un des vecteurs
énergétiques du futur. Ses caractéristiques physico-chimiques sont données
dans le tableau 1.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQR
WS
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HYDROGÈNE _______________________________________________________________________________________________________________________
Enthalpie massique supérieure (PCS) 141 860 kJ · kg–1 1.1.2 Coûts de production
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_______________________________________________________________________________________________________________________ HYDROGÈNE
■ Synthèse du méthanol
Messer Group Praxair Autre Elle utilise un mélange gazeux d’hydrogène, de CO et de CO2 et
0,5 % 1,5 % 3% met en œuvre les réactions suivantes :
CO + 2 H2 →CH3 OH (2)
Air Products
12 % CO2 + 3 H2 → CH3 OH + H2O (3)
Linde
33 %
Elle consomme en moyenne 1 500 m3
d’hydrogène par tonne de
méthanol produit, ce qui correspond à une consommation
annuelle mondiale d’environ 6 Mt en 2011.
S
1.2.2 Raffinage du pétrole
Le raffinage du pétrole est le premier consommateur d’hydro-
gène (environ 40 Mt par an en 2011 au niveau mondial). La crois-
Air Liquide sance de ce marché a été très forte pendant la dernière décennie
50 %
avec une augmentation pour l’Europe de + 71 % entre 2001 et 2006
et ensuite de + 43 % entre 2006 et 2011 [2]. Dans le schéma de raf-
Figure 1 – Répartition des fournisseurs d’hydrogène en Europe finage, un certain nombre d’unités de traitement sous-produisent
en 2006 de l’hydrogène (cracking thermique ou catalytique, reformeur cata-
lytique...) alors que d’autres en sont consommatrices (hydrocrac-
king, hydrotraitement, désulfuration...).
Pipeline/sur site La tendance vers des spécifications de plus en plus sévères pour
4,42 % Bouteilles les carburants et les produits pétroliers fait croître la demande en
0,30 % hydrogène et conduit à des bilans globaux déficitaires en hydro-
Autres gène. C’est pourquoi, la plupart des raffineries sont amenées à
3,01 % produire dans des unités de « vaporeformage » l’hydrogène
complémentaire dont elles ont besoin. Les principaux procédés
MeOH consommateurs sont décrits ci-dessous.
7,91 %
NH3 ■ Hydrodésulfuration (HDS)
33,61 %
C’est un traitement catalytique, en présence d’hydrogène, de cou-
pes pétrolières allant des distillats légers aux gazoles. Les composés
soufrés indésirables y sont décomposés et le soufre éliminé sous
forme de sulfure d’hydrogène. Cette opération consomme, suivant
Raffineries
la coupe traitée et par tonne de charge, de 0,5 à 10 kg d’hydrogène
50,75 %
de pureté moyenne comprise entre 70 et 85 % (en volume).
■ Hydrogénation des hydrocarbures insaturés présents dans les
coupes issues d’un craquage
Le vapocraquage des hydrocarbures (éthane et naphta) produit
de l’hydrogène (respectivement 8 % et 2 %) ainsi que des coupes
contenant des oléfines (éthylène, propylène, butènes...) et une
NH3
coupe essence. Différents procédés d’hydrogénation sont situés en
Raffineries aval du vapocraqueur et consomment de l’hydrogène pour l’hydro-
Captif
MeOH génation des composés acétyléniques, des dioléfines contenus
Autres dans les coupes légères (C2 à C4) et des alkénylaromatiques
Pipeline/sur site contenus dans la coupe essence.
Marchand
Bouteilles
■ Hydrocraquage de distillats
Figure 2 – Répartition mondiale de la consommation en 2006 [2]
C’est un craquage catalytique sous forte pression d’hydrogène. Il
consomme énormément d’hydrogène (25 à 35 kg/t) dont la pureté
l’industrie des engrais. L’ammoniac est obtenu par la réaction cata- doit être supérieure à 95 % (en volume).
lytique de l’azote et de l’hydrogène :
1.2.3 Utilisations diverses
N2 + 3 H2 ⇒ 2 NH3 (1)
De nombreuses industries utilisent aussi l’hydrogène :
La consommation annuelle mondiale d’H2 pour la production – les industries alimentaires : pour hydrogéner les huiles
d’ammoniac est d’environ 25 Mt/an en 2011. liquides, produire les margarines et le beurre d’arachide ;
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HYDROGÈNE _______________________________________________________________________________________________________________________
Charge
Réacteur
de Water
Gas Shift
Eau pour la
production
de gaz
Prétraitement
Eau de
de la charge
refroidissement
Reformeur
PSA
S
Récupération
de la chaleur
Combustible Air de excédentaire
d’apport combustion Vers aérateur
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beXUVU
Combustible hydrogène
Production
versée par les retombées de ces deux révolutions techniques. Le monde est
alors entré dans « l’ère industrielle » assortie de la « civilisation de
WW
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beXUVU
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la pollution, plusieurs solutions concomitantes sont possibles :
– réduire les consommations d’énergie par des actions « d’utilisation rationnelle » ;
– diminuer la pollution et les rejets à effet de serre en utilisant des carburants
plus appropriés ;
– poursuivre l’utilisation de l’énergie nucléaire en souhaitant un jour l’abou-
tissement de la fusion qui à l’heure actuelle tient du pari scientifique ;
– faire appel à des énergies dites renouvelables : éolienne, solaire, hydrau-
lique, biomasse, géothermie ;
– utiliser l’hydrogène, une énergie propre et stockable.
L’hydrogène est en effet un gaz non toxique et très énergétique. Il est
capable de produire de la chaleur par combustion directe avec, comme résidu,
de l’eau, mais aussi il peut produire de l’électricité et de la chaleur dans les
piles à combustible avec, là encore, comme résidu, de l’eau. Jusqu’à ce jour,
on a affirmé que l’hydrogène ne se trouvait dans la nature qu’à l’état combiné,
essentiellement dans l’eau et les hydrocarbures. Il était donc nécessaire de le
produire et en cela, comme l’électricité, il n’était pas à proprement parler une
énergie mais seulement un vecteur énergétique. Or, d’après de récentes
découvertes, il n’en serait rien car, dans certaines régions du globe, existent
des émanations d’hydrogène naturel (cf. § 2.5).
Dans les dossiers qui suivent, nous n’abordons l’hydrogène que du point de vue
de sa valorisation énergétique en laissant de côté les autres types d’utilisation liés
à ses propriétés chimiques (synthèse, hydrotraitements, atmosphères réductrices
etc.) que l’on retrouve dans l’industrie pétrolière, l’industrie chimique et agrochi-
mique ainsi que dans certaines technologies et applications spécifiques. Dans le
présent dossier, nous traitons de sa production. Produire l’hydrogène, c’est
l’extraire de ses composés sources (eau, hydrocarbures, biomasse) par une opéra-
tion chimique ou physico-chimique qui nécessite une certaine dépense d’énergie :
c’est là un des problèmes de l’utilisation de l’hydrogène énergie.
Dans le dossier Combustible hydrogène – Utilisation [B 8 566], nous nous
intéressons à sa conversion énergétique, à sa mise à disposition, aux pro-
blèmes liés à la sécurité, aux possibles conséquences économiques et
sociétales d’un emploi généralisé et, en conclusion, nous livrons une analyse
de ce qui reste à accomplir pour que ce vecteur énergétique s’impose.
1. Filières exploitées ou des naphtas (raffinage permettant d’obtenir des carburants) dont
la première étape produit de l’hydrogène. Ces procédés sont
directement exploitables évidemment utilisables pour fournir de l’hydrogène énergie mais
les importantes quantités de dioxyde de carbone qu’elle rejette en
hypothèque lourdement l’intérêt, à moins que ce dernier ne soit
pas rejeté dans l’atmosphère.
1.1 À partir des combustibles fossiles
L’hydrogène est obtenu à partir des combustibles fossiles par
Cette filière est de nos jours essentiellement exploitée pour l’intermédiaire du gaz de synthèse, un mélange d’hydrogène et
produire de l’hydrogène destiné à l’industrie du raffinage pétrolier d’oxyde de carbone et en moindre proportion de dioxyde de
et à l’industrie chimique. Elle s’apparente au reformage catalytique carbone, de méthane et d’eau [4] [5] [6].
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beXUVU
La découverte de l’hydrogène remonte au XVIe siècle De tous les éléments naturels, l’hydrogène est le plus léger
lorsque le philosophe et médecin suisse Paracelse se car il possède la structure atomique la plus simple. Son noyau
demande si « l’air » que dégage la réaction du vitriol sur le fer se compose d’un unique proton et son atome ne compte
est bien identique à l’air que nous respirons. qu’un électron. Il tient ainsi la première place dans la classifi-
cation périodique de Mendeleïev.
Au siècle suivant, Bayle isole ce gaz et au XVIIIe siècle, Chronologiquement, dans l’histoire de l’univers, l’hydro-
Cavendish, reprenant les travaux de Paracelse avec différents gène est l’ancêtre de tous les autres éléments. Présents dès
métaux, recueille d’importantes quantités du gaz en question les premiers instants, les noyaux d’hydrogène ont fusionné
dans des vessies de porc et montre qu’il est de « l’air pour donner naissance à des noyaux plus lourds et plus
inflammable » qui brûle dans l’atmosphère en produisant de complexes.
l’eau. C’est alors que Lavoisier, assisté de Laplace et de Meu-
nier, donne une interprétation des résultats précédents grâce La combinaison la plus simple d’atomes d’hydrogène est
à la synthèse de l’eau effectuée en 1783. Il écrit dès le lende- l’hydrogène moléculaire, autrement dit le gaz dihydrogène. Sa
molécule de symbole H2 est composée de deux atomes H. Il
S
main à l’Académie des sciences la description de
l’expérience : « l’eau est composée d’air inflammable et d’air est incolore, inodore et non corrosif et il présente l’avantage
vital ». Cet « air inflammable » qui, avec l’oxygène, « l’air d’être très énergétique.
vital », compose l’eau, est l’hydrogène, nom signifiant : « qui À la température ambiante, le gaz hydrogène est un
produit de l’eau ». mélange de 75 % d’orthohydrogène et de 25 % de parahydro-
gène qui diffèrent par l’orientation des spins des protons qui
L’année suivante, les mêmes Lavoisier et Meunier présen-
constituent les noyaux des deux atomes de leurs molécules.
tent à l’Académie des sciences un procédé quasi industriel de
Ces spins sont parallèles pour l’orthohydrogène et antiparallè-
production d’hydrogène en grande quantité par action de
les pour le parahydrogène. La proportion entre ces deux
l’eau sur le « fer au rouge ».
hydrogènes varie avec la température ; ainsi, le mélange pré-
Cavendish avait en plus mis en évidence la faible densité de cédent 75 %/25 %, dit hydrogène normal, devient à 99,8 % du
l’hydrogène, résultat que retrouve le français Charles qui a parahydrogène lorsque l’hydrogène est à l’état liquide. Le pas-
l’idée d’utiliser ce gaz très léger pour les aérostats des frères sage d’un hydrogène à l’autre est réversible, il est exothermi-
de Montgolfier, expérience qu’il réalise en 1783. que dans le sens ortho-para et endothermique dans le sens
para-ortho.
En 1804, Gay Lussac et Von Humboldt démontrent
conjointement que l’eau est composée d’un volume d’oxygène Le tableau 1 répertorie les principales propriétés physico-
pour deux volumes d’hydrogène, et c’est en 1839 que Grove chimiques de l’hydrogène.
découvre le principe de la pile à combustible. Puis, à la fin du
XIXe siècle, Pictet et Cailletet réalisent en même temps la liqué-
faction de l’oxygène. À la suite de ces travaux, Wroblewski 1.1.1 Vaporeformage des hydrocarbures
réussit la première liquéfaction de l’hydrogène et Dewar par-
vient, en 1898, à récupérer ce liquide en un bain stable.
Enfin, les Allemands Haber et Bosch inventent le procédé de Une première étape consiste à transformer les hydrocarbures
synthèse de l’ammoniac, qui est ensuite perfectionné par Geor- légers en gaz de synthèse par réaction avec la vapeur d’eau sur
ges Claude, fondateur de la société Air Liquide. L’hydrogène un catalyseur au nickel [7], une transformation qui s’opère à
devient alors une matière première de l’industrie chimique, il haute température (840 à 950 oC) et à pression modérée (de
est aujourd’hui utilisé dans de nombreux secteurs. l’ordre de 2 à 3 MPa). Cette transformation est suivie par
différentes opérations qui conduisent à la production
C’est également au début du XIXe siècle que l’hydrogène d’hydrogène [8] mais permettent aussi l’obtention de carburants
commence à jouer un rôle en tant qu’énergie lors de l’appari- de synthèse.
tion de l’éclairage au gaz à Paris en 1803 suivant le procédé
mis au point par Lebon, un gaz dont le combustible était pour La charge d’une unité de vaporeformage peut être non seule-
l’essentiel l’hydrogène qui s’y trouvait en proportion de 40 à ment du gaz naturel mais aussi du méthane ou des charges plus
60 % en volume. Utilisé aussi pour son pouvoir calorifique lourdes comme le gaz de pétrole liquéfié (GPL), voire le naphta ;
dans le « réchaud à gaz », c’est jusqu’au milieu du XXe siècle néanmoins, le gaz naturel constitue la charge de référence.
que ce «gaz de ville » à base d’hydrogène s’est imposé
comme une des principales énergies mises à disposition du
grand public.
Le naphta désigne une coupe pétrolière issue de la distilla-
La science de l’hydrogène née en Europe a continué de tion fractionnée de pétrole brut.
stimuler les esprits, en particulier en raison de son fort
pouvoir énergétique.
Ainsi, vers 1960, on étudie un moteur-fusée à hydrogène 1.1.1.1 Vaporeformage de gaz naturel
qui fonctionne en 1968 et est à la base de la réussite du lan- Il s’agit du mode de production de l’hydrogène qui de nos jours
ceur européen de satellites Ariane utilisant dès l’origine un est industriellement le plus répandu et le moins coûteux. Le gaz
étage supérieur cryogénique à hydrogène et oxygène liquides. naturel contient essentiellement du méthane mais également de
Cet essor du moteur-fusée durant la seconde moitié du l’hydrogène sulfuré, et de ce fait doit être désulfuré avant le vapo-
XXe siècle, est peut-être l’un des éléments précurseurs reformage par procédés chimiques à base d’amine ou d’oxyde de
de l’ère de l’hydrogène énergie et ce d’autant que ces vols zinc. Plus récemment, on recourt à des procédés cryogéniques
spatiaux ont aussi permis la mise au point de la pile à comme le procédé SPREX codéveloppé par IFP Énergies Nouvel-
combustible à hydrogène [1] [2]. les, Total et Prosemat dans lequel l’hydrogène sulfuré est extrait
sous forme liquide à haute pression.
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S
Enthalpie massique d’évaporation à 20,3 K 445,4 kJ · kg–1
Enthalpie massique théorique de liquéfaction 14 112 J · g–1 (3,92 kWh · kg–1)
Électronégativité (échelle de Pauling) 2,1
Masse atomique relative 1,0079
Constante thermodynamique du gaz 4124,5 J · kg–1 · K–1
Température de solidification 14,01 K
Température d’ébullition (à 1 013 mbar abs.) 20,268 K
Température critique 33,30 K
Température d’auto-inflammation dans l’air 858 K
Température de flamme dans l’air à 300 K 2 318 K
Limites d’inflammabilité dans l’air 4 à 75 % vol.
Limites de détonation dans l’air 13 à 65 % vol.
Énergie minimale d’inflammation 20 µJ
Énergie explosive théorique 2,02 kg de TNT · m–3 de gaz
Surpression de détonation (mélange stœchiométrie) 14,7 bar
Coefficient de diffusion dans l’air 0,61 cm2 · s–1
Vitesse de flamme dans l’air 260 cm · s–1
Vitesse de détonation dans l’air 2,0 km · s–1
Mélange stœchiométrique dans l’air 29,53 % vol.
Nm3 (par normomètre cube) : quantité de gaz contenu dans un volume d’un mètre cube dans les conditions normales de température et de pression (273,15 K
et 0,1 MPa).
PCI : pouvoir calorifique inférieur.
PCS : pouvoir calorifique supérieur.
■ Les deux principales réactions du vaporeformage sont la Au niveau du réacteur, les conditions opératoires à mettre en
production de gaz de synthèse et la conversion de CO : œuvre (tableau 2) dépendent principalement du mode de purifica-
tion final de l’hydrogène. Deux voies sont industriellement
CH4 + H2O → CO + 3 H2 (1) possibles : la méthanation et l’adsorption sélective sur tamis molé-
culaires par procédé PSA (pressure swing adsorption, adsorption
modulée en pression). Dans le premier cas, des conditions opéra-
CO + H2O → CO 2 + H2 (2)
toires sévères sont nécessaires pour obtenir une pureté de l’hydro-
gène supérieure à 97 % vol. (cf. ci-après). Dans le second cas, il est
Soit un bilan global qui peut s’écrire :
possible d’obtenir une pureté d’hydrogène de 99,9 % vol. quelle
que soit la charge.
CH4 + 2 H2O → CO 2 + 4 H2 (3)
XP
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Combustible hydrogène
Utilisation
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S équivalent. Il y a de plus nécessité de choisir des matériaux adaptés d’atteindre, que pour sa faible masse molaire, est le mieux adapté.
à l’hydrogène (corrosion, lubrification). De tels moteurs n’émettent Les vitesses atteignent alors couramment 4 500 m · s–1, à
pas de CO2 seulement quelques oxydes d’azote, ils sont bien adap- comparer aux 3 300 m · s–1 obtenus avec les meilleurs moteurs
tés à des véhicules hybrides essence-hydrogène comme le sont les « classiques ».
prototypes bi-carburants mis au point depuis 1979 par le
constructeur allemand BMW. Celui-ci qui a par la suite perfectionné
ses moteurs par une technique d’injection directe à haute pression 1.3 Piles à combustible
de l’hydrogène [1] a actuellement abandonné ce type de motorisa-
tion thermique à hydrogène. D’autres constructeurs comme MAN, 1.3.1 Principe
Ford, Mazda et Quantum ont également effectué des recherches sur
Il existe un mode de combinaison de l’hydrogène à l’oxygène :
ces types de moteurs thermiques à hydrogène, ont construit des
prototypes de véhicules les utilisant (automobiles, utilitaires, H2 + 12 O2 → H2O
autobus) [2] pour également abandonner leur démarche. Pour sa
part, Mercedes a conçu un moteur fonctionnant avec un mélange qui est une combustion électrochimique contrôlée produisant de
d’hydrogène et de gaz naturel. l’eau, de la chaleur et, ce qui est le plus intéressant, de l’électricité
correspondant aux électrons libérés par la formation des ions
hydrogène (H+) et hydroxyle (OH–) dont l’eau est constituée. Le
dispositif, qui permet cette réaction, est la pile à combustible
1.2 Applications aéronautiques (figure 1) [5] [6] [7] [8] comportant essentiellement un électrolyte,
et spatiales milieu conducteur ionique acide ou basique, séparant une anode
alimentée en hydrogène et une cathode alimentée en oxygène [5]
Un cas particulier de moteur thermique adapté à l’hydrogène est [6] [7] [8] [44]. Le principe de la pile à combustible est donc
la turbine à gaz utilisée en aéronautique : le turboréacteur. Au l’inverse de celui de l’électrolyse qui, par le passage d’un courant
niveau de la chambre de combustion, il est nécessaire de prendre électrique dans de l’eau, produit de l’hydrogène et de l’oxygène.
en compte les spécificités particulières de l’hydrogène (faible
densité avec ses conséquences sur le débit volumique et la perte
de charge ; faible viscosité ; fort coefficient de diffusion ; explosi-
vité importante, etc.). L’hydrogène injecté doit être gazeux à une Électrons
température supérieure à 150 K et à une pression de 3 MPa
(condition indispensable pour qu’il soit en quantité suffisante), en
e− e−
tenant compte que cet hydrogène provient d’un réservoir où il est
en phase liquide à 20 K et 0,1 MPa. La technologie est pour cela
délicate au niveau pompe-échangeur de chaleur. Quant à l’archi- e−
tecture de l’avion, elle doit inclure le volume et les contraintes H2 O2
d’isolation qu’impose le réservoir d’hydrogène liquide. En raison e−
du meilleur pouvoir combustible de l’hydrogène, la quantité néces-
saire pour un même vol est seulement 30 à 35 % de celle de e− e−
kérosène, mais la différence de densité des deux liquides (rapport OH− e−
11,4) impose que le réservoir d’hydrogène ait un volume environ e−
quatre fois plus grand. La solution adoptée est d’adjoindre au fuse- H2O
lage un réservoir cylindrique le plus long possible pour ne pas trop e−
augmenter le maître couple c’est-à-dire la traînée aérodynamique.
e−
Il y a un demi-siècle que les premiers essais d’avions à hydro- e−
gène ont été entrepris aux États-Unis et y sont toujours poursuivis e−
avec l’idée d’application à des appareils de transport de fortes
capacités. Plus tardifs, années 1980, les travaux européens dans ce
domaine se sont développés en particulier en Allemagne. Le projet
le plus ambitieux est celui du « Cryoplane » qui étudie l’adaptation Anode Cathode
à l’hydrogène d’un dérivé de l’« Airbus 300 ». Néanmoins, les
avantages de ce type d’aéronef sont encore insuffisants pour que Électrolyte
soit envisagé un stade plus avancé de sa mise en œuvre définitive
et ce d’autant que les traînées importantes de vapeur d’eau qui Figure 1 – Principe de fonctionnement d’une pile à combustible [5]
seraient alors générées ne sont pas sans poser problème. [6] [7] [8]
XR
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beXUVV
Un élément de pile à combustible développe une tension de 0,5 30 à 45 % en masse, soit 8 à 12 mol · L–1) qui est un électrolyte
à 1 V pour une densité de courant d’environ 0,5 A · cm–2. Comme liquide. La température de fonctionnement de la pile varie autour de
pour une pile conventionnelle, ce sont la surface et l’empilement 80-90 oC, mais cette température peut être plus élevée pour un fonc-
des éléments qui permettent d’obtenir la puissance souhaitée. Le tionnement sous pression (piles Bacon, jusqu’à 200-230 oC) ou avec
volume minimal que peuvent atteindre aujourd’hui ces assem- un électrolyte plus concentré (piles Apollo). La potasse qui constitue
blages est dans le cas de la pile PEMFC (§ 1.3.2) de 1 L pour 2,5 kW l’électrolyte peut être soit circulante, soit immobile (membrane,
avec une masse de 1 kg pour 1,5 kW. imprégnée de potasse). Les ions hydroxyde de l’électrolyte sont
susceptibles de réagir avec le dioxyde de carbone (de l’air ou pré-
sent dans l’hydrogène) pour former un composé de carbonate, ce
Découverte en 1839 par l’anglais William Grove, la pile à qui réduit la conductivité de l’électrolyte. Il est nécessaire d’opérer
combustible fut pratiquement oubliée jusqu’aux années 1960 avec de l’oxygène et de l’hydrogène purs, ce qui exclut l’utilisation
où elle fut utilisée et développée par la NASA pour l’alimen- d’air ou d’hydrogène reformé. La pile AFC, essentiellement dévelop-
tation électrique des premières capsules spatiales Gémini. pée pour l’espace, a accompagné l’ensemble des vols habités de la
Mais c’est surtout depuis le premier choc pétrolier qu’elle est NASA (figure 2) [7] en donnant toute satisfaction. Cette technologie
prise en considération à travers des nombreuses recherches simple pourrait permettre d’atteindre des coûts assez bas. Néan-
de développement sur l’automobile électrique et des unités de moins, comme nous l’avons dit, elle nécessite que l’air qu’elle utilise
production électrique stationnaires. comme source d’oxygène, soit débarrassé du CO2 qu’il contient,
celui-ci étant un polluant majeur de la solution de potasse.
1.3.2 Différentes piles à combustible
Avec leurs caractéristiques et leurs principales applications, les
■ La pile à acide polymère PEMFC (Proton Exchange Membrane
Fuel Cell) dont le principe est schématisé figure 3 [7], comporte
S
pour l’essentiel une membrane organique qui joue le rôle d’élec-
piles à combustible sont présentées dans le tableau 1 [5] [6] [7] [8]
trolyte et est perméable aux protons (polymère carboné perfluoré
[44], où T est la température de fonctionnement.
avec groupements sulfonés) [45]. Cette membrane ne supportant
Le rendement de la conversion de l’énergie chimique en énergie pas les températures supérieures à 100 oC, les électrodes doivent
électrique est en général voisin de 50 %. Utilisée en cogénération, catalyser les réactions de dissociation de l’oxygène et de
le rendement global (électrique + thermique utilisable) d’une pile à l’hydrogène tout en supportant l’acidité de la membrane, des exi-
combustible peut atteindre 80 %, d’où un certain intérêt pour ce gences auxquelles jusqu’à aujourd’hui seul le platine a pu
couplage d’énergies. Quant à l’alimentation en hydrogène elle est : répondre. Ainsi, l’hydrogène alimentant l’anode est dissocié en
– directe à partir d’une réserve, c’est le cas pour les piles AFC et protons et électrons. Ces derniers circulent vers la cathode à
PEMFC ; travers un circuit électrique extérieur alors que les protons
– indirecte par l’intermédiaire d’une conversion en amont rejoignent la cathode en traversant la membrane.
d’alcool ou d’hydrocarbure avec l’inconvénient de rejeter du
De par le coût de ses électrodes contenant du platine et du celui
dioxyde de carbone. C’est ainsi que la pile DMFC (variante de la
de sa membrane, cette pile est d’un prix de revient élevé qui n’a
PEMFC) est alimentée en méthanol transformé en hydrogène
pas encore permis sa diffusion à grande échelle. Néanmoins, cette
directement sur l’anode par l’effet d’un catalyseur au ruthénium.
pile à acide polymère en raison de sa technologie tout solide est
Le gaz naturel qui alimente le plus souvent la pile SOFC est
celle qui a été retenue par la plupart des constructeurs automo-
converti en hydrogène au niveau de l’anode par reformage haute
biles comme convertisseur hydrogène-électricité de leurs projets
température. Dans les autres cas, l’hydrogène est obtenu grâce à
de véhicules légers (figure 4). C’est pourquoi les efforts de recher-
un reformeur auxiliaire adjoint à la pile. Il est aisé d’imaginer que
che pour augmenter les performances et diminuer le coût, tant de
le jour où la production et le stockage de l’hydrogène seront
la pile elle-même que des périphériques, sont importants et de
maîtrisés au point de le rendre disponible quelles que soient les
nombreuses réalisations ont vu le jour et même des petites séries
quantités, l’alimentation de toutes les piles pourra être directe.
de vingt à soixante véhicules hybrides à pile à combustible sont
mises sur le marché de la location depuis 2003. Autour de ce déve-
Une partie de l’énergie thermique produite par la pile à loppement se sont ensuite greffées de nombreuses applications
combustible, en fait, n’est pas récupérable (pertes ohmiques), si elle dans toutes les gammes de puissances depuis quelques milliwatts
était prise en compte, le rendement global serait alors de 100 %. pour les équipements portables jusqu’au mégawatt pour les gros
générateurs stationnaires. On compte de nos jours une quinzaine
d’industriels qui de par le monde proposent des piles de type PEM
■ La pile alcaline AFC (Alkaline Fuel Cell) a un électrolyte de type sachant aussi que les constructeurs automobiles le plus souvent
alcalin, en général de la potasse (ou hydroxyde de potassium KOH, fabriquent leurs propres piles pour leurs véhicules.
Tableau 1 – Différentes types de piles à combustible [5] [6] [7] [8] [44]
T
Type de pile Électrolyte Domaine d’utilisation
(oC)
Espace, transports
Alcaline AFC (Alkaline Fuel Cell) Potasse (liquide) 80
Gamme : 1 à 100 kW
Portable, transports,
Acide polymère PEMFC (Proton Exchange Membrane
Polymère (solide) 80 stationnaire
Fuel Cell) et DMFC (Direct Methanol Fuel Cell)
Gamme : 1 W à 1 MW
Stationnaire, transports
Acide phosphorique PAFC (Phosphoric Acid Fuel Cell) Acide phosphorique (liquide) 200
Gamme : 200 kW à 10 MW
Stationnaire
Carbonate fondu MCFC (Molten Carbonate Fuel Cell) Sels fondus (liquide) 650
Gamme : 500 kW à 10 MW
Stationnaire, transports
Oxyde solide SOFC (Solid Oxide Fuel Cell) Céramique (solide) 700 à 1 000
Gamme : 1 kW à 10 MW
XS
S
XT
Carburants et matériaux allégés pour véhicule
(Réf. Internet 42629)
1– Biocarburants
2– Carburants gazeux
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
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amUVPP
XX
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amUVPP
T
P/E polypropylène/polyéthylène applications réalisées majoritairement en matériaux plastiques
non composites (habitacle, accessoires extérieurs), au sens
PET polyéthylènetéréphtalate stricte du terme, seront mentionnées à titre d’information.
PLA acide polylactique
PMMA polyméthacrylate de méthyle
Le choix du couple matériau / procédé de transformation est
PP polypropylène déterminé par les exigences technico-économiques requises pour
la réalisation d’une pièce donnée. La figure 1 illustre la topogra-
PPA polyphtalamide phie des matériaux composites à matrice organique :
PPO polyoxyphénylène
PPS polysulfure de phénylène Les propriétés des matériaux et les procédés de mise en
œuvre ne sont pas décrits en tant que tels. Pour plus d’infor-
PUR polyuréthanne mations se reporter aux dossiers [AM5000] Matériaux
composites : présentation générale, [AM5305] Liaison renfort/
PVC polychlorure de vinyle
matrice et [A3720] Mise œuvre des composites.
RIM Reaction Injection Molding
RIM PUR Reaction Injection Molding Polyuréthanne
SMC Sheet Molding Compound 2. Évolutions du produit
TD thermodurcissable
automobile et attentes
TP thermoplastique
UD renfort unidirectionnel
des utilisateurs
UP résine polyester
VE résine vinylester
2.1 Point de vue du constructeur
Afin de faire face aux contraintes réglementaires, économiques
et concurrentielles auxquelles il est confronté aujourd’hui, le
constructeur doit faire évoluer le produit automobile. L’utilisation
1. Marché automobile de matériaux composites est l’une des possibilités à sa disposition
pour relever ces défis.
et marché des matériaux
composites 2.1.1 Contraintes réglementaires
Une automobile est un système qui doit actuellement satisfaire à
Le marché automobile est un marché important pour l’industrie environ 60 réglementations.
des matériaux. En Europe, environ 17 millions de véhicules sont Il s’agit principalement de réglementations internationales relati-
produits annuellement – pour une production mondiale en 2009 de ves aux émissions sonores émises, en particulier au niveau du
62 millions de véhicules. Soit, pour l’Europe, environ 22 milliards moteur vers l’extérieur du véhicule, à la sécurité lors de chocs à
de kg de matériaux rapportés à une masse moyenne de 1 300 kg basse et haute vitesse dans des configurations frontales, décalées,
par véhicule. latérales ou arrière et chocs piétons, à l’environnement en relation
Le marché mondial des composites (chiffres 2007) représente avec la pollution par les gaz d’échappement et les gaz à effet de
8,6 millions de tonnes de matières (tous produits confondus) serre (CO2) et la recyclabilité des véhicules en fin de vie :
réparties de la manière suivante : 36 % Amérique du Nord, 26 % – Émissions sonores : des matériaux possédant des propriétés
Europe, 38 % Asie, Pacifique et le reste du monde. amortissantes élevées sont donc recherchés pour contribuer à la
XY
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amUVPP
Renforts verts
Minéral Organique
« naturels »
Nanotubes de carbone
T
Figure 1 – Topographie des matériaux composites à matrice organique
diminution de ces émissions soit en remplacement d’organes de recyclage/réemploi en masse des matériaux constitutifs du
mécaniques métalliques : couvre-culasse, carter d’huile, collecteur véhicule [1].
d’admission, etc., soit en tant qu’écran acoustique sous forme de
carénages sous moteur par exemple. 2.1.2 Contraintes économiques
– Sécurité : l’amélioration de la résistance au crash des véhicules
et la réduction de leur agressivité vis à vis des autres véhicules ou La réduction des coûts globaux est une priorité pour les
des piétons et des 2 roues devient très importante. Des matériaux constructeurs. Ils sont donc amenés à retenir systématiquement le
présentant un endommagement progressif et donc une capacité triptyque « matériau / conception de la pièce / procédé de
d’absorption progressive d’énergie sont recherchés. transformation » le plus rentable et le mieux adapté au problème à
– Environnement : afin de limiter la consommation en carburant résoudre.
et la pollution par les gaz d’échappement (polluants réglementés Le coût d’une pièce est constitué par le coût de la matière pour
et CO2), il est nécessaire de diminuer la cylindrée des moteurs. 60 % et le coût du procédé de mise en œuvre pour 40 %, ce qui
Cependant, si la masse de la voiture reste constante, les perfor- implique de concevoir les pièces :
mances du véhicule chutent et déçoivent le client. Il devient donc
obligatoire d’alléger considérablement les véhicules pour demeu- – au plus juste : les matériaux doivent être sélectionnés en fonc-
rer à iso-performance avec de plus petits moteurs. La réglementa- tion des performances demandées à la pièce ;
tion européenne prévoit de limiter les émissions de CO2 à 130 g/km – en ne transposant pas les règles des matériaux métalliques
en 2015 et 95 g/km en 2020. aux composites : la conception doit utiliser au maximum les per-
formances des matériaux, par exemple tenir compte de l’anisotro-
pie des renforts continus.
À noter qu’il est communément admis qu’une diminution Si l’on peut facilement comparer les prix au kg des matériaux, il
de masse de 100 kg réduit la consommation de carburant de est plus difficile de prendre en compte les coûts de la main
0,4 l/100 km ou les émissions de CO2 de 10 g/km. d’œuvre, de la quantité réelle de matière engagée, des équipe-
ments, des outillages et des frais généraux.
Ces coûts varient beaucoup selon les matériaux, les cadences de
Des allègements par véhicule de l’ordre d’au moins 300 kg sont production et la quantité totale de pièces à produire.
nécessaires dans le futur si l’on veut réduire les émissions de CO2
uniquement par l’effet « allègement ». Dans les faits, en plus de l’effet 2.1.3 Contraintes concurrentielles
de l’allègement, la réduction des émissions de CO2 est obtenue en
optimisant le rendement moteur, en réduisant les trainées aérodyna- L’accroissement de la concurrence est particulièrement vive en
miques des véhicules et en utilisant des énergies « propres ». Europe où tous les constructeurs mondiaux sont présents. Le nom-
En ce qui concerne le recyclage, il est évident que les matériaux bre de marques présentes avec une part de marché supérieure à
issus du pétrole sont handicapés par rapport aux matériaux métal- 1 % est passé de 16 en 1990 à plus de 20 aujourd’hui. Cette augmen-
liques déjà recyclés depuis de nombreuses années. Cependant, tation de la concurrence a pour conséquences, l’augmentation du
chimistes, transformateurs et constructeurs mettent en place des nombre de modèles avec une réduction de pénétration de chacun
solutions techniques de récupération, de tri et de recyclage. Même d’eux, leur changement plus fréquent (réduction de la durée de vie),
si la rentabilité économique n’est pas encore toujours évidente l’augmentation de la diversité (caisse et version) afin de laisser de
(manque de gisements conséquents, coûts de démontage et de moins en moins de segments de marché inoccupés.
logistique), le recyclage ne doit pas être un frein à l’innovation et à
l’introduction des matériaux composites. Il doit faire partie dès le
départ des exigences du cahier des charges matériaux et pièces et
être associé à une démarche d’écoconception.
2.2 Attentes des utilisateurs
À noter la directive européenne 2000/53/CE qui demande pour L’analyse des attentes des utilisateurs révèle trois axes d’exigen-
2015 une valorisation des véhicules à hauteur de 95 % dont 85 % ces majeures.
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Plastiques et automobile
D’aujourd’hui à demain
par Claude DUVAL
Ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Maître de conférences honoraire de la chaire de matériaux industriels du CNAM (Paris)
T
1.2.1 Intégration de fonctions................................................................... — 5
1.2.2 Autres qualités des plastiques ........................................................ — 5
1.3 Production automobile et matériaux polymères .................................... — 5
1.3.1 Cadences, technologies et outillages.............................................. — 5
1.3.2 « Améliorer la robustesse de la conception » ................................ — 6
1.3.3 Peinture des pièces plastiques ........................................................ — 6
1.3.4 Conception des véhicules ................................................................ — 7
1.4 Plastiques de l’automobile en fin de vie ................................................. — 7
1.4.1 État des lieux..................................................................................... — 7
1.4.2 Exigences réglementaires................................................................ — 8
1.4.3 Démonter ou broyer ? ...................................................................... — 8
1.4.4 Valorisation énergétique.................................................................. — 9
1.4.5 Recyclage dans l’automobile........................................................... — 9
1.4.6 Écoconception .................................................................................. — 9
1.4.7 Conclusion ........................................................................................ — 10
2. Perspectives ............................................................................................ — 10
2.1 Pistes à suivre pour assurer le développement...................................... — 10
2.1.1 Matières............................................................................................. — 10
2.1.2 Procédés de mise en œuvre ............................................................ — 11
2.1.3 Conception ........................................................................................ — 11
2.2 Exemples d’évolutions prévisibles .......................................................... — 11
2.2.1 Extérieurs et carrosserie .................................................................. — 11
2.2.2 Gains possibles sur l’aérodynamisme............................................ — 11
2.2.3 Vitrages ............................................................................................. — 11
2.2.4 Sous-capot moteur et systèmes carburant .................................... — 12
2.2.5 Intérieurs ........................................................................................... — 12
3. Conclusion générale ............................................................................. — 12
Pour en savoir plus......................................................................................... Doc. AM 3 591
ans une première partie [AM 3 590], nous avons vu comment les matières
D plastiques avaient réussi progressivement à s’imposer, bien souvent avec
quelque difficulté, dans les véhicules automobiles. Une analyse des problèmes
actuels et des tendances doit permettre de préciser les développements à
prévoir dans ce domaine.
Malgré les critiques, souvent justifiées, qui peuvent être faites à l'
automobile,
elle semble bien devoir rester encore longtemps un objet industriel incontour-
nable dans notre civilisation. L’intérêt porté par l’industrie chimique et la plas-
turgie à ce secteur reste donc très grand. L'enjeu est de taille, car 65 % des
pièces techniques réalisées par l'industrie de la plasturgie sont destinées à
l'automobile et constituent, au-delà de l'aspect économique, une vitrine du
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPW
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1. Défis de l’emploi
des plastiques 1 400
Masse (kg)
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amSUYQ
T
un des principaux facteurs de l’augmentation de masse.
baisse de la consommation peut même être suffisamment
Sp = L × " + L × h + " × h importante pour justifier un alourdissement du véhicule.
Nota : on estime qu’à haute vitesse, un gain de 0,1 sur C x permet de gagner jusqu’à
avec Sp la surface projetée, 1,5 L/100 km sur la consommation.
L la longueur du véhicule, En dehors du design de la carrosserie dont chacun comprend
" sa largeur, l'importance, l'effort porte tout particulièrement sur le dessous du
h sa hauteur. véhicule, la circulation de l'air à l'intérieur du véhicule, les rétro-
viseurs, le becquet arrière. Entre les années 1970 et 2000, on est
Figure 2 – Augmentation de la surface projetée en passant passé de C x compris entre 0,40 et 0,45 à des C x de l'ordre de 0,30
d’un véhicule à son remplaçant dans la gamme (d’après [14]) à 0,35. Descendre plus bas entraîne cependant de grosses dif-
ficultés de conception du véhicule avec un impact sur l'habitabilité.
Parmi les pollutions, l'émission inévitable de gaz carbonique
(dioxyde de carbone CO2) est directement liée à la consommation
du véhicule. Les autres pollutions dépendent du réglage optimal
Acoustique 4 %
du moteur, de la filtration des particules, dont malheureusement
Autres prestations 15 % encore peu de véhicules sont équipés, et de l'existence et de
Chocs 40 %
l'efficacité des pots catalytiques.
Équipements 5 %
L'allègement, lui aussi, provoque une diminution des consom-
mations, mais il n'est pas certain que ce soit l'action la plus efficace.
Dimensions 25 % En 1985, Lanfranchini, acteur majeur du développement de l'emploi
des plastiques et composites chez PSA, déclarait : « ...dans l'objectif
Style 11 % de la réduction des consommations de carburant, l'allègement cor-
respond au « rendement » le plus faible des trois types d'actions
précitées. Examinés en gain direct, 10 % de gain de poids donnent
Figure 3 – Répartition des causes d’augmentation de la masse
un gain d'environ 2 % sur le carburant, le même gain en roulement
en passant de la Peugeot 206 à la Peugeot 207 (d’après [14])
correspond à 3 % et en aérodynamique à 5 % minimum... » [15].
Nota : les trois types d’action sont : réduction des résistances à l’avancement, opti-
misation du groupe motopropulseur et réduction des masses.
l'augmentation de l'espace intérieur destiné à améliorer le confort Un rapport récent de l'office parlementaire d'évaluation des
d'usage du véhicule, la sécurité passive (absorbeurs, ceintures, Air choix scientifiques et technologiques [16], en s'appuyant sur une
Bag par exemple), et en cas de choc piéton, la généralisation de la expertise de l’Institut français du pétrole (IFP), classe lui aussi
climatisation, l’accroissement de l'aérodynamisme du véhicule, les l'allègement en second après l'amélioration du rendement du
aides à la stabilisation des véhicules sur leur trajectoire (ABS, moteur et en concurrence étroite avec la diminution des frot-
systèmes de pilotage...), l'amélioration de l'acoustique, la tements dans le moteur et l'augmentation du couple spécifique.
dépollution [14].
Il nous faut remarquer que les solutions contribuant à la dimi-
Seule une faible part de l'accroissement de masse correspond à nution des consommations et de la pollution ont tendance à générer
une politique délibérée des constructeurs dont la liberté d'action une augmentation du prix du véhicule. Comme bon nombre d'entre
est donc plutôt faible, ce qui explique que l'on observe grosso elles permettent également une économie de carburant tout au long
modo les mêmes évolutions partout (figure 3). de la vie du véhicule, le surcoût acceptable peut en principe être
L'augmentation des masses entraîne un certain nombre d'effets facilement calculé. Il devrait même être sous-estimé si l’on prévoit
pervers parmi lesquels on peut citer l'accroissement de la que les prix du pétrole risquent encore d'augmenter. Pourtant,
consommation de carburant et des pollutions, de l'énergie à jusqu'à présent, les consommateurs individuels ont été beaucoup
absorber en cas de choc frontal, du prix du véhicule. Il est donc plus sensibles au prix d'achat qu'aux économies réalisables au
tout à fait compréhensible que les constructeurs s'efforcent, sinon cours de la vie du véhicule. On peut penser qu'une meilleure infor-
de supprimer totalement l'augmentation des masses, du moins de mation et la pression exercée par l'augmentation du prix des
la maîtriser au mieux et se demandent quelles stratégies peuvent carburants permettront une évolution des mentalités qui pèsera sur
être mises en œuvre à cet effet. les décisions d'achat. (0)
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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 221 − 1
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amURRQ
COLLAGE DES COM POSITES : CON STRUCTION S AÉROSPATIALE, AUTOM OB ILE ET FERROVIAIRE _______________________________________________________
de fibres de verre, — soit moulé par compression, soit injecté — qui étaient
collés ou boulonnés avec des inserts, sur une caisse squelette métallique.
Les pare-chocs anciens en métal ont été remplacés à partir de 1972 par des
boucliers en SMC (Sheet Moulding Compound), comme sur la Renault R 5, et
ces boucliers et pare-chocs en composite ont ensuite évolué vers des pièces
composites en deux parties avec renforts assemblées par collage.
L’utilisation de pièces en plastiques et en composites entraîne la nécessité
d’assembler soit par collage, soit par des inserts métalliques noyés dans la
résine et qui permettent ensuite d’assembler par vis et boulons.
L’utilisation de plastiques et composites augmente aussi dans le secteur des
transports ferroviaires, principalement dans le métro, ce qui implique le
recours au collage des composites dans ces secteurs également.
Le lecteur pourra se reporter utilement à l’article [AM 5 220] Collage des composites. Carac-
téristiques et choix des adhésifs et [Doc. AM 5 220] dans lequel il trouvera des informations
techniques, des listes de fournisseurs d’adhésifs, de matériels, de services, des normes ainsi
que des sources d’informations (sites Internet, organismes de normalisation ou centres de
compétences).
T
1. Construction aérospatiale ■ Rigidité des pièces
La rigidité des pièces est une des exigences auxquelles répond
favorablement le collage, par exemple pour les surfaces de
contrôle de vol.
1.1 Exigences et problèmes principaux
■ Allégement de la structure
■ Fiabilité et durabilité des collages C’est une préoccupation constante en aéronautique : les maté-
Dans le secteur aéronautique, les adhésifs époxydes, qui sont riaux composites présentent des performances mécaniques égales
utilisés industriellement depuis 50 ans, assurent fiabilité et durabi- à celles de métaux pour une densité bien plus faible. Le collage, en
lité des collages, des performances chiffrées et bien connues permettant de réaliser des structures sandwichs collées, a permis
depuis quelques dizaines d’années. un allégement.
Le seul problème qui subsiste est, comme du reste avec d’autres L’avenir est donc aux composites et au collage, très utilisés dans
types d’adhésifs et avec les composites eux-mêmes, la tenue à les applications militaires (figure 1) et qui commencent à être lar-
l’eau et à l’humidité, qui peuvent migrer lentement dans le joint de gement utilisés dans les applications civiles telles que l’Airbus
colle ou dans le composite et venir provoquer des délaminations, A 380. Sur les avions militaires, les pièces en composites (collées
au bout de 10 ou 20 ans, ce qui nécessite un contrôle périodique. ou non) sont plus nombreuses que sur les avions civils, et les
composites sont utilisés pour des structures travaillantes ou pour
■ Résistance à la fatigue
des structures primaires.
La résistance à la fatigue est excellente, tant pour les composites
que pour les adhésifs. Rappelons que les adhésifs structuraux ■ Contrôles des pièces
(époxydes en particulier) offrent une résistance à la fatigue meilleure Les contrôles non destructifs des collages sont toujours délicats
que celle de certains assemblages mécaniques (cf. [AM 5 220] [6]). et font appel à des techniques très sophistiquées :
La résistance à la fatigue est particulièrement importante pour — les manques d’adhésif, dus soit à une mauvaise application,
les pales d’hélicoptères, les surfaces de commandes de vol (volets, soit à un déplacement relatif des pièces, peuvent être détectés par
aérofreins) surtout dans les applications militaires où les appareils interférométrie holographique, par rayonnement infrarouge ou par
sont soumis à des manœuvres brutales et à des accélérations résonance sonique ;
(nombre de g ) très importantes. — les défauts de polymérisation ou une mauvaise adhérence
L’intérêt d’assembler les composites par collage réside dans le peuvent être détectés par émission acoustique en comparant les
fait que les composites sont sensibles aux trous : le fait de percer collages à tester à une pièce parfaitement collée, mais il s’agit ici
des trous (pour assembler par rivets ou boulons) provoque une encore d’une technique difficile à mettre en œuvre.
chute de résistance importante (voir [AM 5 645] [9]). De plus, on procède à des contrôles destructifs sur des éprou-
■ Tenue à la chaleur vettes suiveuses (qui ont suivi le même processus de fabrication
que les pièces principales).
La surface des avions supersoniques militaires peut atteindre une
température de 250 oC par le frottement de l’air, et les capotages de
moteurs sont aussi soumis à des températures élevées. Or les adhé-
sifs époxydes ne résistent en continu qu’à 100 à 250 oC selon les 1.2 Techniques d’assemblage
formules (cf. [AM 5 220]). Pour obtenir des résistances aux tempéra-
tures élevées, on doit employer des adhésifs thermostables : poly- La figure 2 montre les différentes techniques de fabrication utili-
imides, bismaléimides, phénoliques et époxy-phénoliques. Ces sées sur les avions :
différentes familles d’adhésifs résistent à des températures de 250 à — pour les pièces monolithiques (figure 2a), toute la pièce en
400 oC selon les familles et les formulations (cf. [AM 5 220]). composite est réalisée en une seule opération et l’assemblage des
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Karmans ou carénages en
préimprégné carbone-époxyde
sur nida composite
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(carbone-époxyde …)
- sandwich
Figure 1 – Pièces en composites collées dans un avion de combat moderne (source : Hexcel Composites 2002)
revêtements composites est réalisé par boulonnage sur une sous- ■ Cocuisson
structure métallique ou composite. C’est le cas par exemple d’ailes La pièce est réalisée en une seule opération : la stratification et
ou de dérives qui incorporent les réservoirs de carburant. Il n’y a le durcissement des revêtements composites sont réalisés en
donc pas de collage ; même temps que leur collage, par exemple sur nids d’abeilles ou
— pour les pièces complexes (figure 2b), le collage et la sur les fixations métalliques ou sur les renforts (métalliques ou
cocuisson (cf. [AM 5 220]) sont utilisés. composites).
Cette technique rapide est utilisée pour des pièces secondaires
■ Collage (portes, trappes, carénages). Le contrôle final de la pièce ne peut
être que global, donc certains défauts peuvent ne pas être détec-
Dans le cas des caissons collés, on assemble les différentes piè- tés. Nous verrons au paragraphe 1.4.2 l’exemple de la fabrication
ces élémentaires, elles-mêmes composites ou métalliques, par col- des aérofreins de l’avion de combat F 15 américain.
lage sur une sous-structure qui peut être soit composite soit en
métal de faible coefficient de dilatation comme le titane pour ■ Selon que les pièces sont monolithiques, collées ou cocuites, les
réduire les tensions dans les plans de collage lors de fortes varia- conditions de polymérisation seront de 180 à 120 oC sous des pres-
tions de température (sur avions militaires et supersoniques ainsi sions de 1 à 7 bar, dans le cas des adhésifs époxydes.
que dans l’aérospatiale). La cuisson des pièces et des adhésifs est toujours réalisée dans
des autoclaves de grandes dimensions (figure 3) qui permettent de
Exemple : gouvernail du Mirage 2000 les porter à des températures de 100 à 300 oC (ces températures éle-
Le revêtement est en hybride bore/carbone-époxyde afin d’obtenir vées étant nécessaires pour le durcissement des polyimides et bis-
une très grande rigidité du caisson de torsion. Le collage est réalisé maléimides), sous des pressions de 1 à 15 bar, avec des montées en
avec un adhésif époxyde en film, à haut module. température programmables, conformément aux instructions des
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T
(réalisés par moulage intégral) [Doc. AM 5 220] les normes, américaines principalement, mais
aussi européennes, concernant ces adhésifs, ainsi que des normes
a pièces monolithiques concernant le collage structural des métaux et des matériaux
composites.
Dans la pratique, on utilise des normes aéronautiques ASTM ou
militaires (série MIL spécifications) ainsi que des spécifications
constructeurs (Boeing, Airbus) concernant le collage des métaux.
Caissons sandwichs
cocuits (porte)
Caissons sandwichs
nid d'abeilles collés (aileron)
1.4 Pièces composites collées
dans un avion moderne
b caissons composites
Les figures 1 et 4 montrent les pièces composites qui peuvent être
Figure 2 – Techniques de fabrication utilisées sur les avions collées ou cocuites dans un avion militaire et dans un avion de trans-
(source : Avions Dassault) port civil. Nous allons étudier celles qui sont réalisées par collage.
Options de chauffage :
- soit par tubes radiants à gaz
avec ventilation de l'air
- soit par chauffage électrique
Système de pressurisation
jusqu'à 30 bar par air haute pression
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