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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix Travail Patrie Peace Work Fatherland


UNIVERSITE DE YAOUNDE I UNIVERSITY OF YAOUNDE I

FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF SCIENCE

DEPARTEMENT DE BIOCHIMIE

SYLLABUS DE L’UE BCH306-Année 2019/2020

- Code UE : UE BCH 306


- Intitulé UE: Métabolisme des composés azotés et Biochimie des tissus
-Type d’UE : Théorique
- Niveau : L3 BCH
- Nombre de crédits : 4 crédits (CM 28 H, TD 14 H)

Enseignant Responsable : Pr Fokou Elie (Professeur)

EC1 (Elément constitutive 1) : Métabolisme des composés azotés


Enseignants : Pr ACHU Mercy, Dr MBONG Angie, Dr MANANGA Marlyne

EC2 (Elément constitutive 2) : Biochimie des tissus


Enseignants : Pr FOKOU Elie, Pr ACHU Mercy

Autres enseignants de l’équipe pédagogique : Pr AZANTSA Boris, Dr BEBE Fadimatou, Dr


DAKOLE Charles, Mme MBOUCHE Marcelline

Objectif : La partie métabolisme des composés azotés vise à donner à l’apprenant les capacités
pour comprendre les séquences métaboliques (biosynthèse et dégradation) dans lesquelles
s’engagent les acides aminés et les bases azotées dans les cellules de l’organisme. La partie
Biochimie des tissus vise à donner à l’apprenant les capacités pour comprendre l’intégration du
métabolisme au niveau de l’organisme et connaître la spécificité de chaque organe dans cette
intégration.

Profil : Enseignements destinés aux étudiants ayant validé le niveau 2 de Biochimie.

Mots clés : Intégration du métabolisme, protides, Acides aminés, Acides nucléiques, Tube
digestif, foie, sang, muscle, tissu adipeux, tissu nerveux.

Compétences attendues : Les étudiants qui suivent les enseignements de métabolisme des
composés azotés et biochimie des tissus (BCH306) devront être capables :
- de décrire la dégradation des acides aminés dans les cellules de l’organisme et les voies
d’excrétion de l’azote.
- de décrire la biosynthèse de molécules biologiques actives à partir des composés azotés
- de décrire la biosynthèse et la dégradation des bases azotées
- de décrire la biosynthèse des acides aminés indispensables par les végétaux
- de comprendre le rôle et les mécanismes d’action du foie, de l’appareil digestif, du sang (et

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d’autres organes dans la limite du temps disponible) dans la nutrition et le métabolisme
général de l’organisme
- de comprendre les bases biochimiques des maladies métaboliques

Contenu
Partie biochimie des tissus
- Le tube digestif : structure et rôle dans la fonction de nutrition
- Le foie : structure et rôle dans la fonction de nutrition
- Le sang : composition, circulation
- Le tissu adipeux dans la fonction de nutrition
- Rôles des organes dans les principales maladies métaboliques

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Biochimie des tissus
Pr FOKOU Elie
efokou@yahoo.com

Introduction
L’homme est un être vivant pluricellulaires. Ses diverses cellules sont rassemblées en tissus
et organes assurant des fonctions spécifiques pour l’organisme. La biochimie des tissus est la
spécialité de la biochimie qui s’occupe de la description des réactions biochimiques à la base de la
physiologie des tissus et organes. Elle a pour ambition d’expliquer au niveau moléculaire le
fonctionnement des tissus et organes en relation avec les fonctions de l’organisme. La fonction de
nutrition qui est située en amont des autres fonctions de l’organisme fera l’objet de la présente
présentation dont le but est de faire comprendre l’implication de divers organes (Tube digestif, foie,
sang, système nerveux, …etc) dans la réalisation de cette fonction chez l’homme. Ce sont les
disfonctionnements des mécanismes moléculaires qui sont à la base des maladies métaboliques
(obésité, diabète, hypertension artérielle, athérosclérose …etc) dont l’incidence est en progression
dans la société.

Chapitre I - Le tube digestif : Anatomie, Physiologie et mécanismes biochimiques de son


implication dans la fonction de nutrition

Le tube digestif est un long tuyau allant de la bouche à l’anus. Le diamètre de ce tuyau ainsi
que sa forme se modifient par segments de façon à créer des organes spécialisés dans la digestion
des aliments et l’absorption des nutriments. La lumière du tube digestif est considérée comme
milieu extérieur intracorporel.

I- Anatomie du tube digestif

1- Présentation générale
Visuel 1 : Télécharger un schéma longitudinal d’un tube digestif humain

De la bouche à l’anus on distingue successivement la bouche, l’œsophage, l’estomac, le duodénum,


le jéjunum, l’iléon, le caecum, le côlon et le rectum. Chez l’adulte sa longueur moyenne est de 6 à

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7m. Le Jéjunum (300 cm) et le Côlon (150 cm) sont les segments les plus longs. L’estomac a le
diamètre le plus élevé (15 cm) suivi par la bouche. Le jéjunum et l’iléon, bien qu’ayant des
diamètres relativement faibles (5 cm) offrent à eux seuls plus de 99% de la surface d’absorption (60
m2 chacun pour une surface totale d’environ 121m2.
L’estomac est un sac qui sert de réservoir des bols alimentaires. C’est une dilatation du tube digestif
limitée par deux sphincters dont le Cardia du côté de l’œsophage et le Pylore du côté du duodenum.
Il est situé dans la partie supérieure gauche de la cavité abdominale juste sous le diaphragme. Les
aliments peuvent y séjourner jusqu’à 4 à 6H selon la composition du repas.
L’intestin grêle ou petit intestin va du duodenum à l’iléon. Sa longueur de 4 à 5m chez l’adulte
représente près de 60% de la longueur totale du tube digestif. Il est disposé en d’innombrables
anneaux maintenus en place dans la cavité abdominale par le mésentère et le péritoine.
Le gros intestin va du caecum au rectum. Il a une longueur de 1,5 m et présente quatre parties : le
côlon ascendant qui fait suite au caecum, le côlon transverse, le côlon descendant et le côlon
sigmoïde situé juste avant le rectum.

2. Histologie et/ou fonctions


Visuel 2 : Télécharger un schéma de coupes transversales sur divers segments d’un tube digestif
humain
La paroi du tube digestif est composée de 4 couches ou tuniques qui se distinguent les unes des
autres par les types de tissus qui les constituent. De la lumière du tube vers l’extérieur on cite la
muqueuse, la sous-muqueuse, la musculeuse et la séreuse.
2-1. La muqueuse
La muqueuse comprend 3 tissus superposés : l’épithélium, le Chorion et la couche musculaire.
L’épithélium est une couche monomoléculaire dans laquelle on trouve majoritairement les
entérocytes et les cellules de Goblet sécrétrices du mucus protecteur. Le Chorion soutient les
vaisseaux sanguins et lymphatiques. Il a un rôle protecteur face à la menace d’invasion par les
microorganismes. La couche musculaire qui suit le chorion permet de froncer la muqueuse pour
augmenter sa surface afin d’exposer les entérocytes au contenu de la lumière intestinale pour une
meilleure absorption.
2-2. La Sous-muqueuse

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C’est un tissu conjonctif qui permet la fixation de la muqueuse à la musculeuse. Il soutient les
vaisseaux sanguins, les glandes et tissu lymphatique et le plexus sous-muqueux entérique dont la
fonction est de réguler les mouvements de la muqueuse, les sécrétions du tube digestif et de
contrôler la vasoconstriction des vaisseaux sanguins.
2-3. La musculeuse
Elle comprend le tissu musculaire squelettique dont la fonction est d’assurer la déglutition
volontaire et la défécation ; le tissu musculaire lisse dont les fonctions sont la fragmentation des
aliments, l’homogénéisation des aliments avec les sécrétions digestives et le déplacement des
aliments le long du tube digestif ; le plexus myentérique dont la fonction est de contrôler la motilité
du tube digestif.
2-4. La séreuse
Elle est formée d’un tissu conjonctif ayant une fonction de recouvrement et d’un tissu épithélial qui
sécrète un liquide.

II- Physiologie et biochimie du tube digestif


Dans chaque partie du tube digestif, les aliments subissent une transformation spécifique qui
impacte leur digestion ou leur absorption :
- La bouche reçoit les aliments, les mélange avec la salive et les réduit en petite taille par la
mastication.
- L’œsophage transporte le bol alimentaire de la cavité buccale et du pharynx vers l’estomac.
- L’estomac stocke temporairement les aliments ingérés, assure leur brassage et poursuit la
digestion
- L’intestin grêle reçoit les sécrétions pancréatiques et biliaires et participe à l’hydrolyse des
aliments, à la migration et à l’absorption des nutriments
- Le côlon et le rectum absorbent l’eau, les électrolytes et certains produits de la digestion. Ils
permettent aussi le stockage des déchets, ce qui permet la synthèse bactérienne des vitamines
- L’anus participe avec le côlon et le rectum au contrôle de la défécation.
1- La digestion
1-1. Généralités sur la digestion
La digestion des aliments se fait tout au long du tube digestif sous l’action des forces mécaniques et
des réactions chimiques et biochimiques

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Les enzymes digestives sont principalement des exoenzymes synthétisées par les cellules
spécialisées de la bouche, de l’estomac, du pancréas, de l’intestin grêle et qui sont sécrétées dans la
lumière du tube digestif pour catalyser l’hydrolyse des aliments. Les endoenzymes sont par contre
localisées sur la membrane des cellules de la muqueuse digestive. La liaison avec leur substrat se
fait concomitamment à l’entrée de ce substrat dans la cellule.
1-2. Les temps de la digestion
1-2-1. Temps buccal
Dans la bouche il s’agit de créer le bol alimentaire. La sécrétion salivaire d’environ 1,5L est faite
par trois paires de glandes salivaires : parotides, sous-maxillaires et sublinguales. La salive
humidifie les aliments, lubrifie le bol alimentaire par l’action des mucines et commence la digestion
par action de l’amylase salivaire ou ptyaline. Le bol alimentaire traverse le pharynx grâce à la
déglutition qui est le fait d’une contraction à contrôle volontaire.
1-2-2. Temps œsophagien
La traversée de l’œsophage est un processus automatique. Le bol progresse grâce à un péristaltisme
de la muqueuse œsophagienne.
1-2-3. Temps gastrique
Par un mouvement de brassage, l’estomac mélange le bol alimentaire avec les sécrétions gastriques.
Ces sécrétions, d’un volume de 2 à 2,5L/j contiennent de l’acide chlorhydrique, un facteur
intrinsèque fixant la vitamine B12, le pepsinogène qui est une proenzyme protéolytique, une lipase,
du mucus. A la fin de l’action gastrique on obtient un mélange semi-liquide appelé Chyme ayant
une teneur en eau de l’ordre de 50%. L’estomac est normalement vidé en 1 à 4H, la durée de séjour
dépendant du type d’aliment et de la quantité ingérée. Les expériences dans lesquelles les
nutriments étaient ingérés à l’état pur ont montré que les glucides quittent l’estomac plus
rapidement que les protéines qui quittent aussi plus rapidement que les graisses. Le chyme gastrique
acide est éjecté de l’estomac par fractions de quelques millilitres.
1-2-4. Temps intestinal
L’intestin grêle comprend successivement le duodénum, le jéjunum et l’iléon. La plupart des
phénomènes digestifs sont réalisés dans le duodénum. Les autres segments participent
principalement à l’absorption des nutriments. Le chyme acide qui arrive dans le duodénum se
mélange avec les sécrétions pancréatiques, duodénales et biliaires. Ce mélange traverse l’intestin à
une vitesse moyenne de 1 cm/min et met 3 à 10H pour atteindre la valvule iléocæcale. La bile est

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sécrétée par le foie, puis collectée et concentrée dans la vésicule biliaire. Elle est excrétée dans le
duodénum sous l’action de la cholécystokinine dont la synthèse par le duodénum est stimulée par la
présence des lipides (AG) dans le tube digestif. Les sels biliaires contenus dans cette bile, par leurs
propriétés émulsifiantes permettent la digestion des lipides et l’absorption des produits de cette
digestion. Les sécrétions pancréatiques comportent deux composantes dites séreuse et
hydrominérale. La séreuse comprend les enzymes : trypsine, chymotrypsine, carboxypeptidase,
ribonucléase, désoxyribonucléase. Les enzymes protéolytiques sont sécrétées sous forme de
proenzymes et sont activées par l’entérokinase sécrétée par la muqueuse intestinale en réponse à la
présence du chyme dans le duodénum. L’eau et le bicarbonate sont les principaux constituants de la
composante hydrominérale qui est sécrétée sous l’action de la sécrétine pour neutraliser l’acidité du
chyme.
La surface de l’absorption intestinale est élevée de l’ordre de 120 à 250m2 du fait de l’organisation
de la muqueuse en valvules conniventes, en villosités et en microvillosités. Rappelons que les
valvules conniventes sont des ondulations sur lesquelles se dressent des projections en forme de
doigts appelés villosités. Les villosités sont elles mêmes recouvertes de microvillosités qui sont des
invaginations de la membrane plasmique des cellules de l’épithélium du côté de la lumière
intestinale. Chaque jour, l’intestin absorbe en moyenne 100g de glucides, 100g de graisses, 50 à
100g d’acides aminés, 50 à 100g d’ions, 7 à 8L d’eau.
1-2-5. Temps du côlon
500 à 1000 ml du contenu de l’iléon entrent dans le gros intestin par jour. Seulement 50 à 200ml
sont excrétés dans les feaces car le côlon est un site principal d’absorption d’eau, du sel et des
vitamines synthétisées par les bactéries du côlon. Le transfert colique est relativement lent : environ
5cm/H, ce qui est favorable à l’absorption des nutriments. Les cellules glandulaires du côlon
sécrètent du mucus qui protège les parois intestinales des blessures et de la dégradation bactérienne.
Le côlon sécrète aussi du bicarbonate par échange avec les ions pour neutraliser les acides résultant
de l’activité bactérienne. Les bactéries coliques poursuivent la digestion des composés ayant résisté
à l’activité du suc digestif dans l’estomac et l’intestin grêle. De nombreux composés synthétisés lors
du métabolisme de ces bactéries comme la Vit K, la Vit B12, la Thiamine, la riboflavine sont
absorbés et utilisés par l’organisme.

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La matière fécale contient beaucoup de bactéries mortes. Elle a une teneur en eau de l’ordre de 75%
et est expulsée par l’anus à une fréquence normale supérieure à 3 fois par semaine et inférieure à 3
fois par jour.
1-3. Digestion des nutriments
1-3-1. Digestion des glucides.
Dans la bouche, l’amylase salivaire, à pH neutre ou faiblement alcalin, débute la digestion de
l’amidon, libérant le maltose et des dextrines.
Dans l’estomac, l’activité de l’amylase salivaire se poursuit jusqu’à son inactivation par le pH
acide. On peut aboutir à la libération de monosaccharides.
Dans le duodénum, lieu principal de la digestion des glucides, l’amylase pancréatique libère
davantage du maltose à partir de l’amidon et des dextrines. La maltase secrétée par la muqueuse
hydrolyse le maltose en glucose dans la bordure en brosse c’est-à-dire dans les microvillosités des
cellules épithéliales. Des disaccharidases (sucrase, lactase, isomaltase) associées aux membranes
externes des cellules épithéliales intestinales hydrolysent respectivement le saccharose, le lactose et
l’isomaltose pour libérer les monosaccharides. La cellulose, l’hémicellulose, la lignine et d’autres
fibres ne subissent aucune digestion dans l’intestin grêle. Cependant, au niveau du côlon, certaines
sont partiellement digérées par les bacteries.
1-3-2. Digestion des protides.
La digestion des protides commence dans l’estomac où ils sont divisés en peptones et polypeptides.
Le pepsinogène inactif est activé en pepsine au contact de l’acide chlorhydrique. Cette activation se
fait par un clivage hydrolytique qui libère la pepsine et un fragment peptidique. La pepsine exerce
un effet catalytique sur cette hydrolyse. A la différence des autres protéases, la pepsine peut
hydrolyser le collagène qui est l’élément principal du tissu conjonctif. La digestion gastrique des
protéines est toutefois de faible amplitude.
Dans l’intestin grêle, le contact du chyme avec la muqueuse stimule la libération de l’entérokinase,
enzyme qui transforme le trypsinogène inactif d’origine pancréatique en trypsine qui active les
autres enzymes protéolytiques d’origine pancréatique notamment la chymotrypsine et la
carboxypeptidase. Ces enzymes activées continuent la digestion débutée dans l’estomac et libèrent
des acides aminés et des oligopeptides.

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Dans la bordure en brosse, des peptidases hydrolysent les peptides en acides aminés, dipeptides et
tripeptides qui sont en définitive hydrolysés en acides aminés. Toutefois, certains petits peptides
peuvent être absorbés sans digestion préalable.
1-3-3. Digestion des lipides.
La digestion des lipides débute dans l’estomac par l’action de la lipase gastrique qui hydrolyse les
Triglycérides à chaines courtes en acides gras et glycérol. Cependant, la majeure partie de la
digestion des lipides a lieu dans l’intestin grêle. L’entrée des graisses dans le duodénum stimule la
libération de l’entérogastrone, hormone qui inhibe la sécrétion et la motricité gastrique, ce qui
ralentit la vidange gastrique et par conséquent la délivrance des graisses dans le duodénum. L’action
péristaltique intestinale divise les globules lipidiques en particules plus petites et l’action
émulsifiante de la bile aide à les séparer, ce qui les rend plus accessibles à la lipase pancréatique.
On peut rappeler que la bile est élaborée dans l’hépatocyte et évacuée dans la vésicule biliaire où
elle est conservée. En réponse aux stimuli alimentaires dans le duodénum et l’estomac, environ
600ml de bile sont sécrétés quotidiennement dans le duodénum. Cependant, la plupart des sels
biliaires sont réabsorbés par transport actif dans l’iléon terminal. Le pool des sels biliaires peut
circuler 3 à 15 fois par jour selon l’alimentation.
L’action de la lipase pancréatique libère les acides gras et les monoacylglycérols. Ces produits
forment avec les sels biliaires des micelles qui traversent le chyme intestinal hydrophile jusqu’à la
bordure en brosse de l’épithélium intestinal où les acides gras et les monoacylglycérols entrent dans
la cellule tandis que les sels biliaires retournent dans la lumière intestinale.
Les esters de cholestérols du chyme intestinal sont hydrolysés par une cholestérol estérase
pancréatique.
1-4. Facteurs influençant la digestion
Plusieurs facteurs d’ordre psychologique, microbiologiques, culinaires et gastronomiques
influencent le déroulement de la digestion dans le tube digestif.
1-4-1. Facteurs psychologiques
L’apparence, l’odeur, le goût des aliments servis modifient le climat émotionnel au cours du repas,
ce qui affecte les sécrétions salivaires, gastriques …etc. ainsi que la motilité du tube digestif. Les
émotions telles que la peur, l’inquiétude entrainent, via l’hypothalamus et le système nerveux
autonome, une diminution des sécrétions, une diminution du péristaltisme et une augmentation du
tonus sphinctérien.

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1-4-2. Facteurs microbiologiques
La flore intestinale est une communauté complexe comprenant plus de 100 espèces différentes. A la
naissance, le tube digestif est stérile. Il est rapidement colonisé par de nombreuses espèces.
Escherichia coli prédomine dans l’iléon terminal. La flore anaérobie apparaît dans le côlon.
L’action bactérienne du côlon aboutit à la formation de gaz (H2, CO2, CH4, O2, NH3 …etc.),
d’acides (lactique, acétique, …etc.) et de nombreuses substances (Indoles, phénols, …etc.).
L’alimentation modifie la flore fécale de façon très variable selon les individus.
1-4-3. Facteurs culinaires et gastronomiques
La cuisson des aliments les rend plus facilement digestibles. Cependant, certains composés produits
lors de la cuisson des aliments peuvent ralentir la digestion : c’est le cas de l’acroléine produite lors
de la friture des aliments à haute température et qui a pour effet de retarder la vidange gastrique. Les
bouillons stimulent la digestion tout comme la prise de petites quantités d’un repas en plusieurs fois
améliore la digestion par rapport à une prise unique en grande quantité.

2- Absorption
2-1. Généralités sur l’absorption
L’absorption d’une substance à partir du tube digestif est son introduction dans les vaisseaux
sanguins ou lymphatiques qui jouxtent l’épithélium de la muqueuse. L’intestin grêle est le principal
organe d’absorption car son organisation anatomique lui confère une grande surface d’absorption.
En plus, c’est à son niveau que la digestion s’achève et rend donc disponibles les petites molécules
à absorber.
L’eau est absorbée tout au long du tube digestif par osmose. Lorsque le contenu de la lumière
intestinale est très dilué, donc est hypotonique par rapport au milieu interstitiel, l’eau migre de
l’intestin vers le milieu interstitiel. Si ce dernier milieu est aussi hypotonique par rapport au milieu
intravasculaire, l’eau entre dans les vaisseaux, augmentant le volume sanguin. Au cas contraire où
le milieu intestinal est hypertonique par rapport aux milieux interstitiel et vasculaire, l’eau sort des
vaisseaux, créant une hypovolémie qui entraine souvent l’apparition des sensations de nausée. On
évalue à 9L la quantité totale de liquide que transporte le tube digestif par jour dont 8,5L sont
réabsorbés.
Au niveau de l’estomac, seule une partie de l’eau, un peu d’alcool et certains médicaments peuvent
être absorbés.

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Le côlon est le site majeur d’absorption des électrolytes et des vitamines hydrosolubles.

2-2. Mécanismes d’absorption


Le passage d’un nutriment de la lumière du tube digestif à l’intérieur d’un vaisseau sanguin ou d’un
vaisseau lymphatique implique qu’il franchisse différentes membranes cellulaires et traverse
différents milieux. Le nutriment en cours d’absorption traverse successivement :
1. Le milieu hydrophile de la lumière intestinale
2. Eventuellement l’espace intermembranaire des cellules de l’épithélium intestinal
(voie paracellulaire)
3. Eventuellement la membrane cytoplasmique des cellules de l’épithélium intestinal du
côté de la bordure en brosse (voie transcellulaire)
4. Le milieu intracellulaire des cellules de l’épithélium intestinal
5. La membrane cytoplasmique des cellules de l’épithélium intestinal du côté basal
6. Le milieu interstitiel
7. La membrane cytoplasmique de la cellule endothéliale du capillaire sanguin ou
lymphatique du côté interstitiel
8. Le milieu intracellulaire de la cellule endothéliale
9. La membrane cytoplasmique de la cellule endothéliale du capillaire sanguin ou
lymphatique du côté capillaire
10. Le milieu intravasculaire.

2-2-1. Voie d’absorption paracellulaire


Visuel 3 : Télécharger un schéma structural de l’épithélium jenunal mettant en exergue les espaces
et les jonctions intercellulaires
Deux entérocytes voisines de l’épithélium intestinal sont collées entre elles à leur pôle apical par
une jonction serrée sur une longueur d’environ 80 nanomètres. L’espace intercellulaire au niveau de
la jonction est si réduit que ce ne sont que des molécules de très faible diamètre, comme l’eau, qui
peuvent y traverser. L’espace intercellulaire en dessous de la jonction est riche en ions Na+ qui
proviennent d’un transport actif couplé au transport actif secondaire du glucose et des acides
aminés. Le gradient local en Na+ ainsi créé permet l’osmose de l’eau dans le sens de la lumière
intestinale vers le pôle basal à travers la jonction serrée.

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2-2-2. Voie d’absorption transcellulaire
Le transport à travers la membrane plasmique peut être passif ou actif. Les mécanismes passifs
requièrent un gradient des deux côtés de la membrane. La substance migre du côté où elle est plus
concentrée vers le côté où elle est moins concentrée sans qu’une forme d’énergie spécifique soit
utilisée. Le transport actif quant à lui permet la migration d’une substance du côté où elle est moins
concentrée vers le côté où elle est plus concentrée avec consommation de l’énergie.
2-2-2-1. Les modalités de transport passif des molécules solubles
Visuel 4 : Télécharger les schémas sur les voies d’absorption
a)- Diffusion simple à travers la bicouche lipidique de la membrane plasmique
Les substances liposolubles peuvent se dissoudre directement dans la membrane et se retrouver de
l’autre côté. Les acides gras, les monoacylglycérols, le cholestérol sont transportés par cette voie.
b)- Diffusion à travers des canaux membranaires
Des protéines transmembranaires spécifiques peuvent modifier leur conformation de façon à créer
un canal qui se rempli d’eau. Les ions chargés (Na+, K+, Ca2+) peuvent diffuser à travers de tels
canaux qu’on qualifie alors de canaux ioniques. Quand un tel canal est dédié uniquement au passage
de l’eau on l’appelle aquaporine. Le diamètre de ces canaux est de l’ordre de 0,7 nanomètre si bien
qu’en plus de l’eau peuvent aussi y passer l’alcool, certains sucres et de petites molécules
hydrosolubles.
c)- Diffusion facilitée
La substance se fixe sur une protéine membranaire de transport. Cette protéine n’a pas besoin
d’ATP pour fonctionner. La substance va du côté de forte concentration vers le côté de faible
concentration. La diffusion facilitée est saturable et ces protéines de transport ont des affinités de
substrat, ce qui assure la sélectivité du transport.

2-2-2-2. Les modalités de transport actif des molécules solubles


Le transport actif est dit primaire lorsque l’ATP intervient directement dans le mécanisme de
transport. Ce type de transport est bloqué lorsqu’on inhibe l’ATP-ase. Des exemples des ATP-ase
catalysant de tels transports actifs sont : Na+-K+ ATP-ase, H+ ATP-ase, H+-K+ ATP-ase, Ca2+ ATP-
ase.
Dans le transport actif dit secondaire, la substance à transporter se fixe sur la protéine qui transporte
une autre substance par transport actif primaire et est entrainée comme un passager passif contre son

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gradient de concentration. Lorsque les deux substances ainsi transportées concomitamment vont
dans le même sens on dit qu’il y a symportage (l’exemple est le Na+ et le Glucose). Si elles vont en
sens contraire l’une de l’autre on dit qu’il y a antiportage (l’exemple est le Na+ et le K+).
2-2-2-3. Les modalités de passage transcellulaire particulaire
Les entérocytes peuvent internaliser des particules par des processus d’endocytoses qui sont la
phagocytose pour les particules solides et la pinocytose pour des gouttelettes liquides.
2-3. Absorption des nutriments
2-3-1. Absorption des glucides
Le glucose et le galactose sont transportés à l’intérieure de la cellule intestinale du côté apical par
une protéine appelée SGLT-1 par transport actif secondaire couplé à la pompe Na+-K+ ATP-ase
active sur la membrane de la même cellule du côté baso-latéral. C’est le gradient électrochimique de
Na+ qui fournit l’énergie au glucose ou au galactose qui entre contre son gradient de concentration.
Une protéine appelée GLUT-2 située sur la membrane plasmatique baso-latérale de l’entérocyte
facilite la sortie du Glucose, du Galactose et même du Fructose de l’entérocyte par diffusion
facilitée.
Notons que l’entrée du Fructose dans l’entérocyte se fait par diffusion facilitée grâce à la protéine
GLUT-5 ainsi dénommée parce qu’elle facilite aussi le transport passif du Glucose.
2-3-2. Absorption des Acides aminés
Comme le glucose et le galactose, les acides aminés sont cotransportés avec le Na+ par transport
actif secondaire du côté de la bordure en brosse. Contrairement aux monosaccharides qui sortent de
l’entérocyte du côté basale par diffusion facilitée, les acides aminés y sortent par un transport actif
primaire.
2-3-3. Absorption des produits de la digestion des lipides
Les produits de la digestion des lipides forment des micelles qui permettent leur transfert vers la
membrane plasmique de l’entérocyte où elles éclatent, libérant leur contenu qui diffuse passivement
dans la membrane et les sels biliaires qui restent dans la lumière intestinale. Dans l’entérocyte, les
Acides gras à longue chaine et une partie du glycérol et des monoacylglycérols vont servir à
resynthétiser les triacylglycérols qui vont être incorporés dans les chylomicrons et vont être drainés
vers la lymphe. Les Acides gras à courte chaine et le glycérol sont drainés vers le sang de la veine
porte et pénètrent dans le foie.
2-3-4. Absorption de l’eau et des minéraux

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Le mouvement d’eau est passif et secondaire au gradient osmotique. Il est bidirectionnel. L’eau
passe par voies paracellulaire et transcellulaire.
Le Na+ est activement absorbé tout au long de l’intestin grêle et du côlon. Cette absorption permet
le cotransportage du glucose et du galactose.
K+ et cl- suivent passivement en sens contraire le mouvement du Na+
HCO3- est légèrement sécrété au niveau du duodénum et est activement absorbé dans le jéjunum.
Fe2+ est absorbé au niveau de l’intestin proximal par un mécanisme actif. Son absorption est
augmentée par la vitamine C.
Rendu à ce niveau de l’étude du tube digestif, nous pouvons retenir que le tube digestif est un
système d’organes situés à l’entrée de l’organisme dont leur organisation anatomique leur permet de
digérer les aliments pour absorber les nutriments dont l’organisme a besoin. Il est aussi une barrière
contre l’invasion de l’organisme par les microorganismes.

3. Maturation du tube digestif


3-1. Généralités sur la maturation du tube digestif
Le descriptif précédant du tube digestif se rapporte au tube digestif mature tel qu’on le trouve chez
les adultes et les enfants. Pour des besoins de maîtrise de l’alimentation et de la nutrition des enfants
prématurés et des nourrissons nous allons examiner l’évolution du fonctionnement du tube digestif
depuis l’embryon jusqu’à l’adulte.
La structure complexe et les fonctions du tube digestif se développent durant la vie intra-utérine de
façon à ce que l’enfant qui naît ait un système digestif mature capable d’assurer sa survie dès sa
naissance. Malheureusement, beaucoup d’enfants naissent avant terme avec un système digestif
incomplètement mature.
A la 4e semaine de grossesse, le tube digestif a une longueur de 4 mm de la bouche à l’anus. A
terme c’est-à-dire entre la 33e et la 40e semaine, il s’est allongé d’un facteur de 1000 et l’estomac a
un volume d’environ 30ml. L’intestin grêle est long de 2,5 à 3m et le colon de 0,3 à 0,4m.
Dès la 9e semaine, la différentiation de l’épithélium intestinal en villosités commence et se poursuit
jusqu’à terme
Dès la 10e semaine, les fonctions digestives et absorptives apparaissent et sont complètes entre la
26e et la 40e semaine

14
Certaines fonctions ne sont entières que pendant le 1er mois de la vie extra-utérine et la motilité du
tube digestif n’est à peu près normale qu’à partir de la 35e semaine.
Un enfant né entre la 23e et la 32e semaine est dit prématuré.

3-2. La digestion et l’absorption des glucides chez le prématuré


L’activité de la lactase, détectée dès la 10e semaine de vie intra-utérine, n’est maximale qu’à la 32e
semaine. Le lait étant riche en lactose, sa digestion pourrait être lente chez le prématuré. Cependant,
dans la pratique, l’activité lactasique est suffisante même chez les prématurés de très faible poids.
Les protéines de transport SGLT-1 et GLUT-5 sont maximalement actives dès la 25e semaine de
grossesse. Ainsi, l’absorption du glucose et du galactose ne pose pas de problèmes particuliers chez
le prématuré.
L’amylase pancréatique apparaît dès la 22e semaine et son activité maximale n’est atteinte qu’au 6e
mois de vie extra-utérine.
Ainsi, les prématurés et même les nouveaux nés à terme ne peuvent pas digérer de grandes quantités
d’amidon. De petites quantités peuvent toutefois être données aux prématurés car les enzymes
sucrase-isomaltase et maltase-glucoamylase qu’on trouve sur la bordure en brosse des entérocytes
peuvent hydrolyser l’amylose et l’amylopectine qui sont les composants de l’amidon.
3-3. La digestion et l’absorption des protides chez le prématuré
Les peptidases de la bordure en brosse, les protéines de transport des acides aminés apparaissent dès
la 10e semaine et atteignent leur maximum d’activité à la 25e semaine.
A la 24e semaine apparaissent les enzymes pancréatiques d’hydrolyse des protéines (Trypsine,
chymotrypsine, carboxypeptidases) ainsi que l’entérokinase qui active la forme proenzyme.
L’activité maximale de la trypsine est atteinte dès la 26e semaine.
Ainsi, un prématuré à 25 semaines n’a pas de problème de digestion et d’absorption des protéines.
3-4. La digestion et l’absorption des lipides chez le prématuré
Les lipases gastriques et pancréatiques, principales responsables de la digestion des lipides
apparaissent tardivement dès la 24e semaine. Leurs activités n’atteignent leur maxima d’activité
qu’au 4e mois de vie extra-utérine. La lipase du lait maternel, dont l’activité est déclenchée au
contact des sels biliaires renforce la digestion des lipides dans les premières semaines de vie.
Ainsi, la mauvaise motilité du tube digestif peut être le principal facteur explicatif des problèmes de
digestion chez un prématuré de moins de 35 semaines.

15
Chapitre II : Le foie : Anatomie, Physiologie et mécanismes biochimiques de son
implication dans la fonction de nutrition

Le foie est l’organe qui reçoit directement la majorité des nutriments absorbés au niveau de
l’intestin. Il est en effet situé entre le tronc de la veine porte et le tronc des veines sus-hépatiques qui
abouche dans la veine cave inférieure. Les veinules des organes de la partie sous-diaphragmatique
du tube digestif, ainsi que les veinules de la rate et du pancréas abouchent dans la veine porte qui se
ramifie pour irriguer les différentes parties du foie. La veine porte apporte les 2/3 du volume du
sang qui arrive au foie tandis que l’artère hépatique apporte le 1/3 restant. Que fait le foie sur les
différents nutriments apportés par le sang ?
Nous allons commencer par souligner les caractéristiques anatomiques et histologiques du foie qui
permettent de bien comprendre ses activités métaboliques.

I. Anatomie et histologie du foie


1. Anatomie
Nous nous basons sur le système d’irrigation et de drainage du foie pour comprendre son anatomie.
A la sortie du foie trois veines sus-hépatiques convergent en un tronc qui conduit le sang sortant du
foie à la veine cave inférieure. Les trois veines sus-hépatiques sont disposées de façon à délimiter 4
secteurs (Voir pour illustration la figure 1: segmentation hépatique. Source :
www.hepatoweb.com):
- Le secteur latéral gauche constitué des segments II et III
- Le secteur paramédian gauche constitué du segment IV
- Le secteur paramédian droit constitué des segments V et VIII
- Le secteur latéral droit constitué des segments VI et VII
A l’entrée du foie, se trouve le pédicule hépatique formé de l’ensemble veine porte, artère hépatique
et canal cholédoque. Ce pédicule se ramifie en 8 branches, chacune desservant un territoire appelé
segment. Le segment I est appelé lobe de Spiegel. Les autres segments sont numérotés de II à VIII
sur la face inférieure du foie en suivant le sens inverse des aiguilles d’une montre.
2. Histologie
2-1. Architecture hépatique
Les ramifications du pédicule hépatique abouchent dans les segments dans des espaces appelés
espaces portes. Chaque espace porte contient une branche de l’artère hépatique, une branche de la

16
veine porte et un ou deux canaux biliaires. Un ensemble de 6 espaces porte disposés en hexagone
constitue un lobule. Au centre du lobule se trouve une veine centrolobulaire (Voir figure 2).
Le parenchyme hépatique est constitué des hépatocytes disposées en travées monocellulaires
tendues de la zone périportale à la zone centrolobulaire. Ces travées cellulaires sont séparées les
unes des autres par les sinusoïdes. Le sang passe de l’espace porte à la veine centrolobulaire à
travers le parenchyme hépatique.

2-2. Les cellules hépatiques


On distingue l’hépatocyte ou cellule parenchymateuse des cellules sinusoïdes (Cellule endothéliale,
cellule de Kupffer et Cellule étoilée du foie). Voir la topologie de ces cellules dans la figure 3.
2-2-1. Les hépatocytes
La figure 4 présente schématiquement la structure de deux hépatocytes dans une travée cellulaire.
C’est une volumineuse cellule polyédrique dont la taille varie de 20 à 30 µ en fonction de l’activité
métabolique. Elle a un grand noyau central de 8 à 10 µ entouré d’un cytoplasme riche en organelles
et inclusions. Du fait de l’arrangement en couches monocellulaires, la majeure partie des
hépatocytes ont 2 faces au contact des sinusoïdes et les autres faces au contact des hépatocytes
voisins. Les faces sinusoïdales sont tapissées de microvillosités. Sur le contact interhépatocytaires, 2
invaginations membranaires se font face, formant un sillon délimité de part et d’autre par un
Desmosome. L’espace ainsi délimité constitue un canalicule biliaire et la zone cellulaire entourant
ce canalicule est appelée pôle biliaire. Il existe à ce pôle de nombreuses formations (Appareil de
Golgi, lysosome, peroxysome …etc.) qui jouent des rôles important dans le métabolisme de
nombreux composés et dans le processus d’excrétion de la bile.
Les hépatocytes contiennent en moyenne 400 mitochondries dont le volume et la forme varient avec
l’état d’activité de l’hépatocyte. Le réticulum endoplasmique (RE) granuleux est abondant dans une
large zone autour du noyau. Il se prolonge par le RE lisse qui lui-même présente une certaine
continuité avec les membranes de l’appareil de Golgi. Le cytoplasme qui entoure le RE lisse est
riche en inclusions de glycogène.
On peut se résumer en disant que l’hépatocyte a une organisation fonctionnelle bipolaire à savoir un
pôle biliaire et un pôle sinusoïdal. De nombreux processus d’induction et de répression modulent la
répartition et le développement des organelles en fonction des activités métaboliques actuelles de
l’hépatocyte.

17
2-2-2. La cellule de Küpffer
La cellule de Küpffer a les caractéristiques histologiques d’un macrophage : un cytoplasme formant
de nombreuses expansions, la présence de plusieurs lysosomes. Elle est située dans la lumière du
capillaire sinusoïde, fixée au réseau du collagène de l’espace de Disse par des expansions
transendothéliales. Elle appartient au système réticulo-endothélial comme la rate et les ganglions
lymphatiques et a pour fonction d’épurer le sang sinusoïdal des impuretés comme les particules
virales, les endotoxines bactériennes, les particules minérales qui ont pu traverser la barrière
intestinale.

2-2-3. La cellule endothéliale


La cellule endothéliale limite le capillaire sinusoïdal, empêchant le sang de s’immiscer dans
l’espace de Disse. Sa membrane contient de nombreux pores permettant les échanges entre le
plasma sanguin et l’hépatocyte.

2-2-4. La cellule étoilée du foie


La cellule étoilée du foie (CEF) encore appelée cellule de ITO ou encore cellule péri sinusoïdale est
située dans l’espace de Disse. Elle stock la vitamine A et synthétise la matrice extracellulaire
hépatique.
En résumé sur l’histologie du foie, nous pouvons dire que les hépatocytes sont organisées en travées
monocellulaires séparées les unes des autres par une matrice appelée espace de Disse riche en
fibrilles de réticuline ou procollagène synthétisées par les cellules étoilées du foie. Cet espace est
riche en capillaires sinusoïdes dans lesquels circule le sang et dans lesquels se trouvent des
macrophages résidants appelés Cellules de Küpffer. Entre les membranes cytoplasmiques des
hépatocytes juxtaposés se trouvent des canalicules biliaires périhépatocytaires qui n’ont pas de paroi
propre mais sont simplement le résultat d’une invagination en rigole des membranes
cytoplasmiques accolées.

II. Fonctions du foie


Les fonctions du foie seront décrites des points de vue de la nutrition de l’organisme, de la
production de la bile et de la détoxification des substances nocives.

18
1. Fonction nutritionnelle du foie
Le foie qui reçoit les nutriments doit les distribuer aux différents organes. Chaque organe ayant des
besoins spécifiques qui sont d’ailleurs variables suivant le besoin général de l’organisme, le foie se
doit de manufacturer les produits à exporter vers les organes. Il est donc le siège d’une intense
activité de biosynthèse soumise à une régulation stricte. Il est ainsi le siège d’une importante
activité de synthèse du Glycogène à partir du Glucose, ce qui permet la normalisation de la
glycémie post prandiale et de disposer d’un stock à partir duquel le Glucose est mobilisé pour
alimenter le sang en période de jeun. Notons que le taux du Glucose baisse dans le sang du fait de
son prélèvement par les tissus et organes. Les Hématies, les Leucocytes, le cerveau, la médullaire
rénale, la rétine, la muqueuse intestinale sont presque totalement dépendants du Glucose comme
source d’énergie. Par contre, le cœur, le foie, le cortex rénal, le muscle squelettique en activité lente
préfèrent les Acides gras comme source d’énergie. En situation de jeun très prolongé, lorsque les
stocks de Glycogène sont complètement épuisés, certains organes glucodépendants utilisent des
intermédiaires métaboliques comme les corps cétoniques, l’acide lactique déversés par le foie dans
le sang.
1-1. Nutrition des organes en composés essentiellement énergétiques
La question ici est de savoir comment le foie alimente le sang en Glucose, en lipides, en corps
cétoniques afin que les organes qui en ont besoin ne soient pas en rupture d’approvisionnement.
1-1-1. Le foie dans l’homéostasie du glucose sérique
Dans la période post prandiale (qui dure 2 à 4H à partir d’un repas), le foie qui reçoit les oses, les
Acides aminés, les Acides gras à courte chaîne provenant de l’absorption intestinale tourne son
métabolisme propre vers la synthèse du Glycogène ou Glycogènogenèse et son accumulation dans
les hépatocytes. Il peut activer la séquence de néoglucogenèse à partir des Acides aminés
glucoformateurs. Les oses autres que le Glucose (Galactose, Fructose) vont être transformés en
Glucose. Au bout de la période post prandiale, la séquence de glycogénolyse hépatique est activée
et est couplée à l’action de la Glucose-6-Phosphatase pour introduire le Glucose dans le sang. Il a
été démontré qu’après une nuit de jeun et en absence de tout exercice physique, seuls les tissus
insulino-indépendants que sont le cerveau, la médullaire rénale, les cellules sanguines, consomment
le Glucose. La consommation de ces tissus, estimée à 150 à 200 mg de Glucose par minute,
correspond à la quantité de Glucose relarguée dans le sang par le foie. 70 à 75% de ce Glucose
proviennent de la Glycogénolyse et le reste de la néoglucogenèse. Le Lactate et Pyruvate représente

19
42% des précurseurs de la néoglucogenèse, le Glycérol 8% et les Acides aminés 50% dont 30%
d’alanine et 20% d’autres Acides aminés Glucoformateurs. Il est important de noter que deux
enzymes jouent un rôle central dans le prélèvement du Glucose du sang et dans le relarguage du
Glucose dans le sang par l’hépatocyte : la GlucoKinase, soluble dans le cytosol et la Glucose-6-
phosphatase située sur la membrane du Réticulum endoplasmique lisse dans la lumière duquel se
déverse le Glucose libre à destination du sang. Lorsque les activités de ces deux enzymes sont telles
que le flux d’entrée du glucose dans l’hépatocyte est égal au flux de sortie du glucose, l’hépatocyte
entretient un cycle futile de phosphorylation et de déphosphorylation du Glucose qui consomme de
l’ATP.

1-1-2. Le foie dans l’homéostasie des Acides gras sériques


Contrairement au Glucose qui est hydrosoluble et se solubilise donc dans le plasma sanguin qui est
constitué à près de 90% d’eau, les Acides Gras provenant de la digestion des lipides alimentaires ne
sont pas hydrosolubles. Pour qu’ils soient transportés dans le sang ils doivent se fixer à des
protéines qui soient comme des transporteurs. En fait, dès l’entrée des Acides gras dans la cellule
intestinale, cette cellule procède à la synthèse des lipides, notamment les triacylglycérols. Elle les
associe à des protéines pour obtenir des lipoprotéines appelées Chylomicrons. Les Chylomicrons
sont déversés dans le sang après un trajet lymphatique. Au niveau du tissu adipeux, une enzyme de
ce tissu appelée Lipoprotéine lipase adipocytaire hydrolyse 70 à 80% des Acides gras des
Chylomicrons qui entrent dans la cellule adipeuse pour la synthèse des lipides à mettre en réserve.
Le foie internalise le résidu du Chylomicron contenant les 20 à 30% d’Acides gras laissés par la
lipoprotéine lipase adipocytaire. Grâce à la lipase adipocytaire, les lipides mis en réserve dans
l’adipocyte vont être hydrolysés pour donner des Acides gras qui au sortir de l’adipocyte s’associent
à l’albumine sérique pour être transporté par le sang aux organes demandeurs des AG. Il se trouve
que la quantité d’AG relarguée par l’adipocyte et fixée sur l’albumine est toujours très supérieure au
besoin réel de tous les organes demandeurs d’AG. Le surplus d’AG fixé à l’albumine est alors
interné par l’hépatocyte et utilisé en conjonction avec le chylomicron résiduel dans la synthèse des
VLDL (Very low density lipoprotein) qui sont relargués dans le sang et conduit vers l’adipocyte où
la lipoprotéine lipase adipocytaire agit de la même façon que sur les chylomicrons pour internaliser
les AG. Dans les conditions basales, on estime que la quantité d’AG utilisée par tout l’organisme et
provenant du tissu adipeux est d’environ 160g /24H soit 1440 Kcal. Environ 250g d’AG /24H sont

20
relargués dans le sang par le tissu adipeux. Ce sont donc 90 à 100g d’AG qui sont retournés au tissu
adipeux dans les VLDL synthétisés par le foie.
Notons que la synthèse des VLDL comporte la synthèse des fractions lipidiques (TAG, PL,
Cholestérol), la synthèse des apolipoprotéines et l’assemblage de ces différentes fractions. Toutes
ces étapes ont lieu dans le Réticulum endoplasmique. Les VLDL assemblés se trouvent dans la
lumière du RE et se retrouvent ensuite dans les vésicules de l’Appareil de Golgi pour être secrétés
dans l’espace de Disse où ils rejoindront la circulation. La perturbation de la synthèse des VLDL
dans le foie (par exemple lorsque le foie est en train de cataboliser l’éthanol) ou la saturation des
capacités de synthèse des VLDL se manifeste dans l’hépatocyte par une stéatose c’est-à-dire un
envahissement du cytoplasme de cette cellule par des gouttelettes lipidiques. Cette condition est
réversible grâce à la présence de la TAG lipase.

1-1-3. Le foie dans l’approvisionnement du sang en Corps cétoniques


Lorsqu’un jeun est prolongé au-delà de 12H, le foie synthétise entre 80 et 120g de corps cétoniques
par 24H. Ces corps cétoniques sont synthétisés à partir de l’AcétylcoA issu de la -oxydation des
Acides gras. Il est vrai que la dégradation de certains Acides aminés donne de l’AcetylcoA mais la
quantité est insignifiante comparativement à ce que produit la -oxydation. Les corps cétoniques
sont l’acétoacétate, le D--OH-butyrate et l’acétone. Le D--OH-butyrate est considéré comme une
forme moins agressive de transport de l’AcétylCoA dans le sang. Sa conversion en Acétoacétate se
fait sur la face interne de la membrane mitochondriale des tissus utilisateurs (muscles, cœur) grâce à
l’enzyme D--OH-butyrate déshydrogénase.
On considère que le foie, en synthétisant les corps cétoniques utilisés par des organes pour leur
besoin énergétique, épargne le Glucose que ces organes auraient dus utiliser, le rendant disponible
un peu plus longtemps aux organes glucodépendants.
Dans le stade précoce des 6 premières heures d’un jeun prolongé, le Glycogène hépatique est
dégradé pour fournir du Glucose aux tissus extra-hépatiques.
De la 6e à la 12e H, la lipogenèse dans les cellules adipeuses décroît car l’adipocyte manque le
Glucose nécessaire à la synthèse de l’-glycérophosphate, substrat de la synthèse des lipides. A ce
même moment il y a une hypo insulinémie qui lève le frein que l’insuline exerce sur la lipolyse.
Une lipolyse accrue produit alors des AG et le Glycérol qui gagnent le plasma pour être captés par
les muscles ou par le foie. Les AG captés par le foie sont oxydés en AcétylCoA qui active la

21
cétogenèse. Notons qu’il est établi que la cétogenèse n’est activée que lorsque l’AG qui entre dans
l’hépatocyte pénètre dans la mitochondrie grâce à l’enzyme Acylcarnitine transférase et que la
cétogenèse va de pair avec le taux intrahépatique de la carnitine. Ce taux de carnitine est élevé en
situation d’hypoinsulinémie.
Après la 12e H de jeun, la cétonémie s’élève et les corps cétoniques sont utilisés par les muscles et
surtout par ceux qui sont au repos. Le cerveau commence aussi à ce moment à utiliser les corps
cétoniques. Les réserves de Glycogène sont effondrées et le Glucose provenant de la seule
néoglucogenèse est capté par les tissus glucodépendants.
On peut conclure en disant que l’hypercétogenèse apparaît comme un processus d’adaptation à la
carence en glucose intracellulaire. Elle s’observe donc dans des circonstances comme la grève de la
faim, le diabète insulineprive, les exercices physiques violents et prolongés, les états fébriles surtout
chez l’enfant puisque ses réserves en glycogène sont faibles.

22
1-2. Nutrition des organes en nutriments non énergétiques
1-2-1. Le foie dans l’approvisionnement des organes en Acides Aminés
Des faits expérimentaux démontrent que le foie fixe les Acides aminés et les relargue dans le sang
pour stabiliser l’aminoacidémie. En effet, si on fait une injection d’acides aminés dans une veine
d’un animal, on constate au bout de quelques minutes que ces acides aminés sont fixés
principalement par le foie et aussi subsidiairement par les muscles et les reins. Lorsque cette
injection se fait chez un animal dont le foie est excisé, on observe une excrétion importante de ces
acides aminés dans l’urine. En dosant les acides aminés dans le sang de la veine porte et dans le
sang d’une veine sus-hépatique en période de digestion, on constate un taux relativement bas dans
la veine sus-hépatique, ce qui démontre aussi l’action du foie dans l’arrêt des acides aminés.
Certains de ces acides aminés vont être convertis en d’autres acides aminés grâce à la réversibilité
de certaines réactions du métabolisme intermédiaire afin d’alimenter le sang sus-hépatique en
acides aminés non indispensables déficients dans l’alimentation. Exemple :
Certains de ces acides aminés vont servir à la synthèse dans le foie de composés devant alimenter
d’autres organes. C’est par exemple le cas de la créatine et de la taurine. La créatine est synthétisée
exclusivement par le foie à partir de la Glycine, l’Arginine et la Méthionine avant d’être exportée
dans le muscle où elle est phosphorylée en un composé à haut potentiel énergétique capable
d’approvisionner la cellule musculaire en ATP par phosphorylation au niveau du substrat. La
Taurine qui intervient dans la synthèse des sels biliaires est synthétisée dans le foie ainsi que dans
les muscles, le cœur et le système nerveux central à partir de la Cystéine.
Exercice : Etablir les séquences de synthèse de la créatine et de la taurine dans le foie

1-2-2. Le foie dans l’approvisionnement des organes en vitamines


Exemple 1 : Approvisionnement en Vitamine A
Le foie est l’unique site de stockage de la VitA dans l’organisme. Sa concentration y est de l’ordre
de 150µg/g alors que dans d’autres tissus elle est présente à environ 1µg/g. Elle y est stockée dans
la cellule de Kupffer, la Cellule étoilée du foie ainsi que dans l’hépatocyte sous une forme
estérifiée. En effet, la VitA arrive au foie sous forme libre associée aux chylomicrons synthétisés
dans l’entérocyte. Lorsque le résidu de chylimicron est épuré du sang par la cellule de Kupffer, la
VitA est estérifiée et stockée sous cette forme. La vitA est relarguée dans le plasma sous forme non
estérifiée associée à des protéines synthétisées par le foie : la Préalbumine et la Retinol binding

23
protein (RBP). Ainsi, le rôle du foie dans ce processus de sécrétion consiste à hydrolyser les esters
de rétinol, à synthétiser les protéines impliquées dans le transport du rétinol non estérifié. Lorsque le
rétinol se fixe sur la RBP, le complexe obtenu migre dans le plasma où il se fixe sur la Préalbumine.
Les tissus qui ont besoin de VitA possèdent sur leurs membranes des récepteurs du complexe RBP-
Rétinol-Préalbumine ou du complexe RBP-Rétinol. Le complexe fixé pénètre dans la cellule cible
où la VitA se fixe à un récepteur intracellulaire tandis que le RBP est dégradé par les enzymes
lysosomiales de la cellule.
Exemple 2 : Approvisionnement en Vitamine B12

La Vit B12 d’origine alimentaire se lie dans la lumière du tube digestif à une glycoprotéine appelée

Facteur intrinsèque secrétée par les cellules de l’estomac. Ce facteur reconnaît les récepteurs fixés à

la surface de la portion terminale de l’Iléon ce qui facilité l’absorption iléale de cette vitamine. Une

protéine synthétisée par le foie appelée Transcobalamine II (TCII) est indispensable à cette

absorption iléale. De nombreux tissus de l’organisme synthétisent des TCI et TCIII qui ont pour

rôle le transport de la VitB12 du tissu en voie de nécrose vers le foie qui possède seul les récepteurs

de ces protéines vectrices. Dans le foie, la VitB12 est stockée liée à des protéines qui sont des

enzymes ayant un dérivé de cette vitamine comme coenzyme comme à titre d’exemple la

MéthylmalonylCoA mutase, la Méthionine synthétase. Le foie délivrera ensuite la VitB12 aux

tissus qui en ont besoin grâce à la TCII qu’il synthétise.

2. Fonction biliaire du foie

La plus importante fonction du foie pour la digestion est la sécrétion de la bile. Produite par les

hépatocytes, la bile est composée d’acides biliaires, de cholestérol, de phospholipides, de pigments

biliaires et d’autres constituants comme la bilirubine, les protéines.

2-1. Les acides biliaires

On distingue les acides biliaires primaires (Acide cholique, Acide chénodéoxycholique), synthétisés

par le foie à partir du cholestérol, des acides biliaires secondaires provenant de la deshydroxylation

24
des acides biliaires primaires par les bactéries intestinales (Acide déoxycholique, acide

lithocholique).

TAF : Ecrire les structures des acides biliaires et des sels biliaires

2-2. Le cholestérol

Le cholestérol existe dans le plasma sanguin ainsi que dans les globules et les tissus cholestérogènes

que sont la rate, le foie, les glandes surrénales. Il est récupéré par le foie lors de la destruction des

globules rouges usés ou vieillis. Le foie en fait aussi une synthèse à partir des AG ou de molécules

d’acide acétique. Son élimination se fait par excrétion biliaire sans transformation ainsi que par sa

transformation en acides biliaires.

2-3. Les pigments biliaires

Les pigments biliaires sont les produits de dégradation de l’hémoglobine des vieux globules rouges.

La bilirubine est le pigment biliaire le plus abondant. La biliverdine est souvent présente en faible

concentration.

Les globules rouges vieillis ou endommagés sont dégradés et dépouillés de leur fer dans le système

réticuloendothélial principalement dans la rate mais aussi dans les Cellules de Kupffer du foie. Le

précurseur de la bilirubine est la biliverdine qui se fixe sur la globine pour donner un complexe

soluble dans le sang. Au niveau du foie, l’hépatocyte sépare ce complexe, libérant la globine dans le

sang et absorbant la biliverdine qui est convertie en bilirubine secrétée dans la bile.

L’hyperbilirubinemie est l’une des caractéristiques majeure de l’Ictère. Si l’hyperbilirubinemie est

due à une concentration élevée du complexe Globine-biliverdine, on dit qu’on est en présence d’un

Ictère hémolytique lié à une destruction massive des globules rouges. Par contre, les canalicules

biliaires peuvent être bouchés si bien que la bile n’est pas normalement évacuée. Dans ce cas, la

bilirubine présente dans la bile peut revenir dans le sang et être fixée sur la sérumalbumine, causant

25
un Ictère dit Ictère de rétention. C’est l’excrétion urinaire de cette bilirubine réabsorbée qui colore

en jaune les urines du sujet. La bilirubine de la bile, comme les autres constituants de la bile est

recyclée dans l’intestin grâce au cycle entérohépatique. Cependant une partie est transformée en

pigments bruns qui colorent les feaces sous l’action des enzymes des bactéries de l’intestin.

3. Fonction antitoxique du foie

La fonction antitoxique du foie se manifeste par l’arrêt des substances anormales ou en excès dans

la circulation, par leur transformation en substances moins toxiques qui sont ensuite

progressivement éliminées par la bile et surtout par les reins. Plusieurs procédés expérimentaux

permettent de mettre en évidence la fonction antitoxique du foie.

- Si après avoir intoxiqué un animal, on dose le poison dans les différents organes ou tissus, on

constate que c’est le foie qui a la plus grande teneur en ce poison.

- Si on détermine la dose mortelle d’un poison chez un animal, on constate que la dose est faible

lorsque ce poison est injecté dans une veine périphérique alors qu’elle est presque doublée lorsque

l’injection est faite dans la veine porte.

- Si le foie d’un animal est malade ou exclu, la dose mortelle d’un poison se trouve être très réduite.

- Si on perfuse le foie avec un liquide chargé de toxine, le liquide de perfusion qui s’écoule dans les

veines sus-hépatiques a une teneur faible en toxine.

Les procédés utilisés par le foie pour neutraliser les poisons sont différents vu la diversité des

substances toxiques. Quelques exemples :

- La synthèse de l’Urée par le foie est un procédé de détoxification de l’ammoniaque provenant de

la dégradation des acides aminés

26
- Dans l’intestin, les bactéries présentes entrainent une putréfaction des albumines surtout d’origine

animale donnant des composés toxiques qui arrivent au foie par la veine porte. Le foie les neutralise

en les transformant par désamination, par glycuroconjugaison, par sulfoconjugaison et autres

mécanismes. Ainsi, les phénols donnent les acides phénylglycuroniques ; les scatols donnent les

acides crésylglycuronique ou crésylsulfurique ; les Indols donnent les indoxyglycuronique. Ces

produits conjugués sont éliminés dans les urines.

Il existe une corrélation étroite entre la richesse du foie en Glycogène et son pouvoir antitoxique car

l’acide glycuronique qui permet de faire les conjugaisons provient du métabolisme des glucides. On

comprend pourquoi les intoxications sont plus gravent chez les sous-alimentés et la nécessité d’une

alimentation riche en glucides lors des maladies infectieuses.

Conclusion

Placé en dérivation sur la circulation intestinale, le foie est la première barrière que rencontrent les

éléments absorbés. Il élabore les formes de réserve des nutriments et les relargue sous des formes

appropriées dans le sang en fonction des besoins des différents tissus de l’organisme. Du fait de la

bile qu’il élabore et secrète, il est considéré comme une glande digestive. Par ses fonctions

antitoxiques, il est l’un des organes essentiels chargés de la défense de l’organisme.

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