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DÉTERMINATION DU POTENTIEL Date
MÉTHODE D’ESSAI DE SÉGRÉGATION DES SOLS 2006 12 15
LC 22-331
1. Objet
Cette méthode d’essai consiste à déterminer le potentiel de ségrégation des sols et des
matériaux granulaires fins. Le potentiel de ségrégation est une mesure de la déformation d’un
sol (soulèvement) sous l’effet du gel.
2. Références
La présente méthode d’essai renvoie à l’édition la plus récente des documents suivants :
NORMES :
AUTRE DOCUMENT :
3. Principe de l’essai
L’essai de gel est basé sur le concept du potentiel de ségrégation qui a été élaboré par
Konrad et Morgenstern (1980), afin de caractériser la susceptibilité des sols sous l’effet du gel,
c’est-à-dire la tendance qu’a un sol à se soulever par la formation de lentilles de glace lorsqu’il
est exposé à des conditions de gel.
Le potentiel de ségrégation SP se définit comme étant le rapport de la vitesse d’écoulement
de l’eau interstitielle (ν) vers le front de gel sur le gradient thermique ou profil de température
(Φ) qui se développe au niveau du front de gel (limite chaude de la frange gelée) lorsque le
taux de croissance de la lentille de glace est constant. Cela correspond en fait à la fin du régime
thermique transitoire et au début du régime thermique permanent :
SP = N
Φ (équation 1)
L’essai consiste à faire geler, du sommet vers la base, une éprouvette de sol ou de matériau
granulaire fin compacté à une teneur en eau proche de la saturation. Le soulèvement, ainsi que
le profil de température, sont mesurés durant toute la durée de l’essai au moyen d’un système
d’acquisition.
4. Appareillage
– Une cellule de gel de 100 mm de diamètre composée d’un matériau rigide de grande
résistivité thermique, tel que le chlorure de polyvinyle ou PVC. Si la résistivité thermique
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n'est pas suffisante, la cellule doit être isolée de préférence avec un isolant rigide tel que
le néoprène ou la mousse de polystyrène.
La cellule doit être suffisamment rigide pour ne pas se déformer sous la pression de la glace
qui se formera à l’intérieur de l’éprouvette. Pour une cellule de chlorure de polyvinyle, une
paroi d’une épaisseur minimale de 20 mm est suffisamment rigide pour contrer les défor-
mations.
La hauteur minimale de la cellule doit être de 200 mm, afin de tenir compte d’une éprouvette
de sol pouvant atteindre 120 mm de hauteur et du soulèvement subséquent de cette dernière
sous l’effet du gel. Il est préférable que la cellule puisse se séparer verticalement en deux
parties (demi-gaines ou demi-cylindres), afin de faciliter le démontage de l’échantillon à la
fin de l’essai.
– Un capteur de déplacement d’une précision de ± 0,1 mm et ayant une course d’au moins
50 mm, tel qu'un capteur inductif (mieux connu sous l'acronyme anglais de LVDT pour Linear
Voltage Displacement Transducer), pour mesurer le soulèvement du sol lors de l’essai.
– Un minimum de dix sondes de température d'une précision de ± 0,05 °C installées au travers
de la paroi de la cellule, suivant un espacement vertical n'excédant pas 1 cm. Ces sondes
peuvent être de type thermocouple (généralement moins précises) ou de type thermistance
(généralement plus précises). Il est conseillé que les sondes puissent se démonter facilement
de la cellule pour simplifier les manipulations. Les sondes doivent avoir une résistance à
l’abrasion suffisante pour résister à la pression lors de la formation des lentilles de glace,
et lors du soulèvement du sol qui se déplace le long de la paroi interne de la cellule.
Il est suggéré d'ajouter des sondes de température pour le suivi et le contrôle de l’essai
dans les plateaux inférieur et supérieur, les unités de contrôle de la température du liquide
caloporteur, ainsi qu’à l'intérieur de l'enceinte.
Un croquis présente à l’annexe G un exemple du montage d’une cellule de gel avec ses
différentes composantes.
– Un appareil pour alimenter et maintenir une nappe d'eau à un niveau constant, soit à une
hauteur d’environ 0,5 cm au-dessus de la base de l’échantillon.
– Deux pierres poreuses.
– Deux plateaux à l'intérieur desquels circule un liquide caloporteur. Le plateau inférieur est
fixe dans la base, ou le piédestal, de la cellule de gel, alors que le plateau supérieur doit être
mobile pour suivre le soulèvement du sol dans l'éprouvette. De plus, le plateau supérieur
doit être muni d'un support pouvant soutenir les poids nécessaires à la consolidation de
l'éprouvette. Le plateau inférieur doit être muni d'un tuyau de drainage qui permet la sortie
de l’eau lors de la consolidation de l'éprouvette. Le tuyau de drainage doit passer par un
point légèrement plus élevé que le niveau de la nappe d'eau, afin de ne pas drainer l'eau
de la nappe vers l'extérieur de l'éprouvette.
– Deux unités de contrôle de température (bain réfrigérant) pouvant maintenir le liquide
caloporteur à une température déterminée entre - 10 °C et + 10 °C avec une précision de
± 0,05 °C.
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– Une quantité suffisante de liquide caloporteur pour faire le lien entre les unités de contrôle
de température et les plateaux. Un liquide à base d'éthylène glycol fait habituellement
l'affaire.
– Une enceinte à température contrôlée pouvant maintenir une température légèrement
au-dessus du point de congélation avec une précision de ± 1 °C, à l’intérieur de laquelle est
installée la cellule de gel. La température doit être sélectionnée de façon que le système
de contrôle de la température ne provoque pas une mise en gel non contrôlée.
– Un système d'acquisition de données pouvant prendre les lectures de température et de
soulèvement à intervalles réguliers.
Note :
La fréquence des lectures doit être ajustée en fonction de la durée de l’essai et de la capa-
cité du système d’acquisition de données. Le nombre de lectures doit être suffisant pour
pouvoir tracer des courbes de température et de soulèvement en fonction du temps avec
une bonne définition.
– Une balance précise à ± 0,01 g.
– Une étuve à 110 °C ± 0,5 °C.
5. Préparation de l’échantillon
Avant d’entreprendre la fabrication de l’éprouvette, certaines caractéristiques du sol doivent
être connues, soit :
– la granulométrie (par tamisage et sédimentation selon la norme NQ 2501–025);
– les limites de liquidité et de plasticité (selon la norme NQ 2501–092);
– la valeur au bleu de méthylène (selon la méthode LC 21–255).
Le sol ou le matériau granulaire fin doit être écrêté au tamis de 5 mm, c’est-à-dire que toutes
les particules dont les dimensions dépassent 5 mm doivent être retirées. Une masse d’environ
2 kg est suffisante pour un essai.
Le sol est humidifié dans un récipient à la teneur en eau désirée. Il est recommandé d’ame-
ner le sol à une teneur en eau légèrement inférieure à sa limite de liquidité. Bien mélanger afin
de bien uniformiser l’humidité dans le sol.
Laisser reposer le sol en s’assurant de minimiser la perte d’eau par évapotranspiration
pendant au moins 24 heures à la température ambiante avant de procéder à la mise en place
du sol dans la cellule. Noter la masse de l’échantillon humide dans le récipient.
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Graisser également le joint à la base de la cellule. Le joint entre la face verticale du pié-
destal et la paroi intérieure de la cellule est celui qui doit être le plus étanche. Un joint torique
peut également être installé sur le pourtour du piédestal sur lequel vient se refermer la paroi
intérieure de la cellule.
Saturer le conduit d’alimentation en eau, qui simule la présence de la nappe d’eau à la base
de l’échantillon soumis à l’essai.
Placer la pierre poreuse inférieure et le papier-filtre.
Mettre en place les deux demi-gaines.
Placer au moins deux collets de serrage autour de la cellule afin que les joints soient bien
étanches et pour éviter que les deux parties de la cellule ne se séparent sous l’effet des pres-
sions générées par la formation des lentilles de glace.
Mettre en place les sondes de température le long de la cellule de gel. Bien graisser le
pourtour des sondes de température afin de prévenir toute fuite d’eau par ces endroits.
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Un autre graphique doit être préparé pour présenter la progression du front de gel (isotherme
0 °C) dans le sol en fonction du temps, qui est établie à partir du graphique de l'évolution de la
température en fonction du temps (annexe C). Le passage de l’isotherme 0 °C vis-à-vis chacune
des sondes de température dont l’élévation par rapport à la base de l’échantillon est connue
permet déjà de déterminer quelques points du graphique. L’interpolation des résultats entre
les mesures de température de deux sondes voisines (l’une au-dessous du point de congé-
lation et l’autre au-dessus du point de congélation) permet de placer les autres points sur le
graphique. La profondeur du front de gel à un temps donné doit être calculée en tenant compte
du soulèvement accumulé du sol à ce même instant (ex. : profondeur initiale de la sonde de
température par rapport à la surface de l’échantillon + le soulèvement accumulé dans le sol
au temps donné).
Par la suite, il faut déterminer le moment « Tp » lorsque le régime thermique permanent
s’installe dans l’échantillon. Ce moment est déterminé à l’aide du graphique de l’évolution de
la température en fonction du temps et correspond aux premiers moments où la température
se stabilise dans l’échantillon pour toutes les sondes de température (annexe D). Il est possible
de valider la détermination de « Tp » au moyen du graphique de la progression du front de gel
dans l’échantillon. Ce point représente le passage entre le régime thermique transitoire et le
régime thermique permanent.
C’est à ce point « Tp » que doit être calculé le potentiel de ségrégation SP d’un sol ou d’un
matériau granulaire fin.
Le potentiel de ségrégation est défini par l’équation suivante :
N • 24 (équation 2)
SP =
Φ
où
SP : le potentiel de ségrégation du sol (mm²/°C • jour);
ν : la vitesse d’écoulement de l’eau interstitielle vers le front de gel (mm/h);
Φ : le gradient thermique dans le sol (°C/mm).
Il est à noter que la vitesse d’écoulement de l’eau interstitielle « ν » vers le front de gel
est particulièrement difficile à mesurer directement lors de l’essai, mais cette valeur peut être
déduite à partir du taux de soulèvement du sol dans l’éprouvette « Tsoul ». Étant donné que l’eau
augmente de volume d’environ 9 % lorsqu’elle gèle, la vitesse d’écoulement de l’eau interstitielle
vers le front de gel est calculée par l’équation suivante :
T (équation 3)
N = soul
1,09
où
ν : la vitesse d’écoulement de l’eau interstitielle vers le front de gel (mm/h);
Tsoul : taux de soulèvement du sol (mm/h).
La taux de soulèvement du sol « Tsoul » est équivalent à la pente de la courbe du soulève-
ment du sol en fonction du temps au temps « Tp » (voir annexe E) :
S1 − S 2 (équation 4)
Tsoul =
H 1 − H2
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13. Approbation
La présente méthode d’essai a été approuvée par le responsable du secteur sols et fonda-
tions de la Direction du laboratoire des chaussées.
Signature
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Annexe A
Graphique de l’évolution de la température à l’intérieur
de l’échantillon en fonction du temps
3
2,5
1,5
Thermis, 1
Thermis, 2
Température (°C)
1
Thermis, 3
0,5
Thermis, 4
0 Thermis, 5
Thermis, 6
-0,5
Thermis, 7
-1 Thermis, 8
Thermis, 9
-1,5
Thermis, 10
-2
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84 88 92 96 10
0
Temps (heures)
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Annexe B
Graphique du soulèvement du sol en fonction du temps
10
8
Soulèvement (mm)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (heures)
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Annexe C
Graphique de la progression du front de gel dans le sol
en fonction du temps
20
Profondeur de gel (mm)
40
60
80
100
120
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (heures)
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Annexe D
Détermination du temps « Tp », où le régime thermique
permanent s’installe dans l’échantillon de sol
2,5
1,5
Thermis, 1
Thermis, 2
Température (°C)
1
Thermis, 3
0,5
Thermis, 4
0 Thermis, 5
Thermis, 6
-0,5
Thermis, 7
-1 Thermis, 8
Thermis, 9
-1,5
Thermis, 10
-2
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84 88 92 96 10
0
Tp = 32 Temps (heures)
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Annexe E
Détermination du taux de soulèvement « Tsoul » au temps « Tp = 32 »
à partir du graphique du soulèvement du sol en fonction du temps
10
S2 - S1 4,08 - 3,06
8 Tsoul = = = 0,073 mm/h
H2 - H1 40 - 26
Soulèvement (mm)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Tp = 32 Temps (heures)
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Annexe F
Détermination du gradient thermique « Φ » à partir du profil
des températures dans l'échantillon au temps « Tp = 32 »
20
40
& = T2 - T1 = 0,35 - (-0,32) = 0,034 °C/mm
P2 - P1 106 - 86
Profondeur (mm)
60
80
(T1, P1)
100 (T2, P2)
120
140
-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
Température (°C)