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pe Gestion du personnel | novembre 2008 | 04

Gestion du personnel
dans la petite entreprise

Prof. Dr. Urs Frey


La maîtrise des questions de conduite est pri- exemple
La culture classique de la gestion patriarcale, que mordiale. Comme le montre le schéma ci-des-
vivent la plupart des petites entreprises, a fait son sous, la conduite du personnel occupe une place Trois mesures à
temps. Sur les marchés dynamiques connaissant centrale dans la gestion du personnel. Les pro- mettre en œuvre
une forte pression concurrentielle et un haut ni- blématiques des quatre autres domaines (sélec- U
veau d’innovation, il convient d’exploiter toutes tion, développement, évaluation et rétribution du Les demandes des clients
les ressources de l’entreprise et des collabora- personnel) découlent de la conduite. Cette activi- importants doivent être
teurs, en communiquant ouvertement les infor- té clé de tout chef d’entreprise prend du temps. traitées plus rapidement
mations, en favorisant l’autonomie, en déléguant Il est notamment important que l’entreprise dis- et avec davantage de pro-
et en évaluant les collaborateurs en fonction de pose d’une vision, c’est-à-dire d’une idée direc- fessionnalisme. Pour at-
leur contribution au succès de l’entreprise. Or, trice. Pour convaincre quelqu’un, il faut savoir où teindre cet objectif, trois
tout cela ne peut se réaliser que si l’entrepreneur l’on va. De même, pour gérer efficacement son mesures (objectifs partiels)
opte pour une méthode de gestion systématique. personnel, il est important que les grands objec- sont définies:
Nous examinerons ci-après comment gérer de fa- tifs de l’entreprise soient clairement définis. La communication aux
çon moderne son personnel. vision peut être rédigée par écrit ou être simple- clients importants des
ment connue de chaque collaborateur, l’impor- numéros de télépho-
tant étant que l’objectif soit clair et compréhensi- ne portable des colla-
Systématique et composantes de
ble pour tous à moyen terme. borateurs, afin qu’ils
la gestion du personnel
puissent les atteindre
Composantes de la gestion du personnel. La ges- La gestion par objectifs. Les collaborateurs sont facilement;
tion du personnel comprend cinq composantes, davantage motivés s’ils savent quel est le but de mise en place d’un
qui couvrent des problématiques précises pour leur travail et quelle est leur contribution au suc- système de suivi des
le chef d’entreprise: cès de l’entreprise. Ils cherchent alors généra- clients permettant de
Conduite du personnel: comment conduire mon lement à respecter les objectifs et font des pro- savoir quel collabora-
personnel pour atteindre les objectifs de l’en- positions pour améliorer leurs performances. La teur est responsable
treprise? gestion par objectifs est donc un instrument de de quel client;
Sélection du personnel: comment sélectionner gestion efficace. formation des collabo-
les bonnes personnes pour mon entreprise? Le chef d’entreprise doit subdiviser les objec- rateurs responsables.
Développement du personnel: comment déce- tifs en objectifs partiels afin de les rendre clairs
ler le potentiel de mes collaborateurs? et compréhensibles aux yeux des co llaborateurs.
Evaluation du personnel: comment évaluer mon Les objectifs doivent être planifiés de manière réa-
personnel objectivement et le motiver? liste et pouvoir être atteints dans des délais rai-
Rétribution du personnel: comment fixer équi- sonnables.
tablement le salaire et les autres gratifications Pour être crédibles, les objectifs doivent être
du personnel? suivis avec engagement. Le chef d’entreprise doit
Vous retrouverez les termes
réagir en conséquence selon qu’ils sont réalisés en couleur dans le glossaire,
ou non. Si les collaborateurs n’ont pas l’impres- à la fin de ce numéro.

Schéma 01 Acteurs et composantes de la gestion du personnel

La gestion du personnel d’une


Collaborateurs
entreprise n’est pas une tâche
isolée. Elle est en interaction avec
Sélection du l’environnement. Le marché du
personnel travail par exemple a une influen-
ce sur les solutions choisies par
l’entrepreneur dans les cinq
Rétribution Conduite du Développement composantes. Source: Hilb 2001
Environnement du personnel personnel du personnel Clients

Evaluation du
personnel

Propriétaires
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sion que le chef d’entreprise s’intéresse aux objec- L’environnement. Il s’agit des attentes de l’opi- tipp
info
tifs, ils ne les prendront pas au sérieux et ne feront nion publique: maintien des emplois dans la ré-
pas d’efforts pour respecter les délais. Ce sera le gion, comportement écologique des collabora- La gestion par
cas également si les objectifs changent trop sou- teurs (réduction ou tri des déchets), etc. objectifs
vent. Bien entendu, il peut arriver qu’il faille mo- U
difier des objectifs, notamment pour les adapter Le principe de la gestion
Importance et objectifs de
à la situation du marché. Si ces changements de par objectifs («Manage-
la gestion du personnel
cap restent exceptionnels et sont expliqués, les ment by Objectives»)
collaborateurs restent motivés. Un personnel motivé, facteur de succès. Un per- consiste à définir en com-
sonnel motivé est un atout concurrentiel de taille, mun des objectifs pour
Attentes des différents acteurs. Différents fac- particulièrement sur les marchés saturés présen- chaque unité d’organisa-
teurs internes et externes à l’entreprise influent tant une faible différenciation entre les prestatai- tion et pour chaque colla-
sur la gestion du personnel. Un concept global de res, comme c’est le cas notamment dans les sec- borateur, et de tout met-
gestion du personnel ne peut donc pas s’appuyer teurs de l’artisanat et du bâtiment. En termes de tre en œuvre pour les réa-
exclusivement sur les objectifs de l’entreprise. Il charges, le personnel ne peut pas non plus être liser. Ces objectifs doivent
doit également tenir compte des attentes des dif- ignoré. Dans le bâtiment, par exemple, les coûts être spécifiés, mesurables,
férents acteurs. de personnel représentent en moyenne 54% des accessibles, réalisables et
coûts globaux. Dans d’autres secteurs, ce pour- situés dans le temps.
On distingue quatre groupes d’acteurs: centage est même supérieur. Le personnel n’est
Les collaborateurs. Les collaborateurs ont cer- donc pas seulement un facteur important de suc-
taines attentes vis-à-vis de leur employeur: une cès, c’est aussi l’une des principales sources de
rémunération correspondant à leur travail, des coûts. La gestion du personnel doit donc être l’une
prestations sociales, un environnement de tra- des activités principales de toute entreprise. Ce-
vail intéressant, etc. pendant, dans la pratique, on remarque que les
Les clients. Les attentes des clients sont au cen- méthodes appliquées ne sont pas vraiment sys-
tre de toutes les décisions stratégiques de l’en- tématisées. Elles restent intuitives et spontanées.
treprise. Elles ne doivent pas être sous-estimées La gestion du personnel, par ailleurs, est souvent
non plus dans la gestion du personnel. Seul un négligée par manque de temps.
collaborateur compétent, motivé et engagé,
ayant du cœur à l’ouvrage, peut satisfaire cor-
rectement les besoins des clients.
Les propriétaires. Ils exigent la rentabilité né-
cessaire à la survie de l’entreprise à long terme.
Cela influe également sur les décisions prises en
matière de personnel, par exemple sur le plan
des moyens de production, du niveau des salai-
res, de la formation continue, etc.

Schéma 02 Insatisfaction au travail

Insatisfaction au La satisfaction ou l’insatisfaction


Climat de travail
travail
Augmentation des collaborateurs est le résultat d’une
désagréable du taux de chaîne d’actions qui découle des qualités
fluctuation
de gestion du supérieur hiérarchique.

Mauvaise Supérieur Travail supplémen-


organisation hiérarchique taire pour chercher
incompétent des nouveaux colla-
borateurs

Heures Augmentation
supplémentaires des frais de
Horaires de personnel
travail flous
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L’objectif principal de la gestion du personnel Evolution des valeurs. La satisfaction procurée info
est d’amener les collaborateurs à penser et à par un travail qui a un sens est de plus en plus
agir pour l’entreprise: ils doivent exploiter leurs importante; la notion d’obligation à remplir est Une préoccupation
connaissances et leurs expériences, être constam- de moins en moins présente. L’aspect social du qui ne date pas d’hier
ment à la recherche de solutions d’optimisation travail et le sens qu’il a pour l’individu ainsi que U
et s’investir comme si l’entreprise leur apparte- la marge de manœuvre nécessaire à l’épanouis- Sous l’antiquité, les Egyp-
nait. Bien entendu, cette vision reste théorique. sement professionnel sont devenus des facteurs tiens s’interrogeaient déjà
Les employés ont des objectifs bien différents de prépondérants. sur la manière de diriger
ceux des propriétaires de l’entreprise, ce qui est Augmentation de la mobilité professionnelle. des hommes: «Si tu fais
tout à fait légitime. Les premiers recherchent en- Les employés ne restent pas leur vie entière dans partie de ceux qui reçoi-
tre autres un travail intéressant et varié récompen- la même entreprise. Aujourd’hui, on change de vent des doléances, écou-
sé par un salaire correspondant, des possibilités poste pour évoluer professionnellement ou pour te tranquillement tes in-
de formation continue, suffisamment de temps li- des raisons personnelles. terlocuteurs. Ne rejette
bre et de vacances. Les seconds sont préoccupés Evolution des attentes des collaborateurs. Les pas leurs demandes avant
avant tout, avec raison, par le succès et le déve- avantages immatériels sont de plus en plus re- de les avoir entendues.
loppement de l’entreprise. Certains conflits d’in- cherchés: épanouissement, sécurité de l’emploi, Il n’est pas nécessaire de
térêt sont donc inévitables. Toutefois, la gestion marge de manœuvre, variété et intérêt des pro- tout accepter, mais ton
du personnel doit permettre de récompenser et jets, responsabilités. Le premier critère de choix écoute attentive leur fera
d’encourager l’esprit d’entreprise. n’est plus le salaire au sens de revenus permet- du bien.»
tant de subvenir à ses besoins.
Citation: Ptah-Hotep, vizir du
Conditions-cadres de la gestion pharaon Asosi (env. 2700 avant
Facteurs d’insatisfaction. Avec l’évolution des at- J.-C.) et «chef de projet» dans
du personnel la construction des pyramides.
tentes des collaborateurs, les facteurs d’insatis-
Le personnel est constitué avant tout d’hommes faction changent également. En conséquence, le
et de femmes qui vivent dans la société et évo- taux de fluctuation augmente et entraîne un ac-
luent avec elle. Les transformations et les tendan- croissement des frais de personnel. Parmi les fac-
ces que connaît la société ont donc une incidence teurs d’insatisfaction, on peut citer notamment
sur la conduite du personnel dans une entrepri- le manque de compétences d’un supérieur hié-
se. Voici les principaux facteurs sociétaux qui rarchique, des horaires de travail flous, des heu-
influent sur la gestion du personnel dans les en- res supplémentaires trop importantes, un stress
treprises suisses: constant, un climat de travail désagréable ou en-
core des activités de routine trop nombreuses.
D’où l’importance de l’encadrement dans la ges-
tion du personnel.

Schéma 03 Ancienneté dans l’entreprise


Périodes 1991–1995 2001–2005
Total En 10 ans, l’ancienneté à un
poste s’est réduite d’une année.
Hommes
Cette tendance est le résultat de
Femmes
l’accroissement de la mobilité de
50–64 ans la population active. Les hommes
40–49 ans changent plus souvent de poste
30–39 ans que les femmes.
20–29 ans Graphique: Office statistique du
canton de Zurich, 2006
Métiers de l’artisanat Source: Office fédéral de la statistique,
ESPA, 2006
Ouvriers et employés de bureau
Métiers techniques et non techniques
Cadres et diplômés d’université
Services

Ancienneté moyenne dans l’entreprise dans 0.0 2.5 5.0 7.5 10.0 12.5 15.0
le canton de Zurich
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Qu’est-ce que la conduite? Une Deux dimensions de la conduite: tipp


exemple
fonction qui dépend du supérieur la conduite structurelle et la
conduite interactive Marges de manœu-
La conduite est l’élément central de la gestion du vre: des limites
personnel, mais c’est également celui qui est le La conduite dans une entreprise s’effectue à dif- identiques pour tous
plus difficile à cerner. La conduite est fonction de férents niveaux, appelés «canaux de communi- U
la personnalité du supérieur et de celle de son col- cation». On distingue deux dimensions, repré- Un collaborateur ou une
laborateur. Ce domaine est constitué de nombreux sentées sur le schéma ci-dessous: la conduite collaboratrice qualifié(e)
«soft factors», ou «facteurs mous», et ne s’appuie structurelle et la conduite interactive. travaille de manière
que sur très peu de connaissances scientifiques et autonome et prend des
d’instruments universels. Sous-estimation de la conduite structurelle. La responsabilités dans le ca-
Malgré tout, ou peut-être justement pour cet- dimension structurelle de la conduite est souvent dre d’objectifs clairement
te raison, les hommes se sont toujours intéressés négligée dans la gestion du personnel au profit de définis. Les limites de la
à ce sujet. Les questions relationnelles issues de la dimension interactive, c’est-à-dire de l’influen- marge de manœuvre de
la conduite et les problèmes sous-jacents persis- ce directe du supérieur hiérarchique sur le colla- chacun doivent être défi-
teront tant qu’il y aura des hommes. borateur, par exemple via des instructions de ser- nies par l’entrepreneur à
vice. Pourtant, dans toute entreprise, les éléments l’identique pour tous les
Une multitude de définitions. Qu’est-ce que la de conduite structurels ont une influence sur les collaborateurs et commu-
conduite, très exactement? Il y a autant de défi- collaborateurs, souvent de manière inconsciente. niquées clairement (par
nitions que de chercheurs sur le sujet! Pour cer- Une culture d’entreprise bien vécue, une stratégie exemple via des instruc-
tains experts, la définition est concise: «La condui- élaborée en commun et bien communiquée, une tions de conduite).
te, c’est l’influence exercée sur quelqu’un en vue organisation logique et transparente ainsi qu’une
d’atteindre des objectifs.»1 structure du personnel de qualité pour constituer
D’autres mettent davantage en avant les inte- les équipes sont des éléments qui influent sur la
ractions entre le supérieur et son collaborateur: façon de penser et d’agir d’un collaborateur autant
«La conduite, c’est l’influence mutuelle exercée (et parfois plus) que les instructions et les conseils
par deux personnes de rang hiérarchique diffé- oraux d’un supérieur.
rent en vue d’atteindre des objectifs et de réaliser Une bonne association des quatre éléments
des tâches communes, dans une situation de tra- de la conduite structurelle (culture d’entrepri-
vail structurée.»2 se, stratégie, organisation et qualité du person-
Ici, la gestion du personnel n’est pas consi- nel) permet à l’entreprise de fonctionner même
dérée comme un système de communication à si l’entrepreneur ne peut pas ou ne veut pas exer-
sens unique mais comme un dialogue dans le- cer une influence directe sur ses collaborateurs,
quel le collaborateur et son supérieur écoutent par exemple par manque de temps ou en raison
tour à tour. d’une absence.

Schéma 04 Les deux dimensions de la conduite du personnel

Conduite La répartition directe des mandats et une


communication régulière avec le person-
nel ne sont pas les seules composantes de la
structurelle interactive conduite du personnel. Il est aussi possible,
dans de nombreux domaines de la direction,
d’avoir recours à des structures appliquées
au quotidien et communiquées à l’avance
Influence indirecte Influence directe (objectifs, directives, check-lists, instructions
de travail clairement définies, etc.). Le mé-
Culture d’entreprise Etablir des règles,
Stratégie négocier des objectifs
lange réussi de ces deux dimensions permet
Talent d’organisation Ecouter, conseiller, donner au supérieur et à ses collaborateurs de bien
Qualité du personnel des instructions s’entendre et de poursuivre les mêmes buts.
Motiver, développer, coacher
Source: Wunderer 2000
Evaluer et récompenser
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C’est dans les situations où une conduite interacti- ces de nombreuses petites entreprises est d’avoir exemple
ve n’est pas possible ou ne peut pas être suffisam- un propriétaire réellement présent.
ment appliquée que la conduite structurelle prend Quelle que soit la taille de l’entreprise, il Féliciter un
tout son sens. Le supérieur hiérarchique peut-il est essentiel qu’il y ait un bon équilibre entre collaborateur pour
prendre trois semaines de vacances ou partir en les dimensions structurelle et interactive de la ses résultats
déplacement professionnel sans que la qualité des gestion. U
prestations de l’entreprise n’en pâtisse? Féliciter spontanément
Les nombreuses heures de travail et le fai- un collaborateur pour les
La personnalité du responsable
ble nombre de jours de vacances des cadres, no- efforts qu’il a fournis à
hiérarchique
tamment dans les petites entreprises, sont le si- son retour de vacances
gne que les instruments structurels de conduite Qualités de gestion. Comme nous l’avons déjà par exemple montre que
ne sont pas suffisamment exploités. En règle gé- évoqué, explicitement ou implicitement, la per- le travail supplémentaire
nérale, plus la conduite structurelle est faible, plus sonnalité d’un responsable hiérarchique est dé- qu’il a effectué et les
il faut compenser par une conduite interactive, ce terminante dans la réussite de sa gestion. Les an- résultats qu’il a atteints
qui prend du temps. Les problèmes de gestion mo- nonces d’emploi pour cadres précisent souvent ont été appréciés.
bilisent alors trop l’entrepreneur, qui a bien du mal «qualités de gestion requises». De nombreuses
à sortir des tâches quotidiennes. études scientifiques ont cherché à identifier les
traits de personnalité nécessaires pour être un bon
La conduite interactive reste essentielle. Les dirigeant. Jusqu’à présent, cette démarche est res-
meilleurs instruments de conduite structurels ne tée vaine: il ne semble pas y avoir de profil type
remplacent néanmoins pas la dimension interac- idéal pour les responsables hiérarchiques.
tive, qui ne doit pas être négligée. Tout supérieur
doit fixer des règles et des objectifs, écouter ses On distingue quatre grands axes de compétences
collaborateurs, les conseiller et leur donner des qui se retrouvent de manière plus ou moins forte
instructions. Il doit les motiver, les aider à pro- dans tout poste à responsabilité.3 Ils sont repré-
gresser de manière ciblée, les coacher, évaluer sentés dans le schéma ci-dessous.
leurs prestations régulièrement et reconnaître la Toutes ces compétences ne peuvent bien sûr
qualité de leur travail à leur juste valeur. Le tout pas se retrouver chez une seule personne. L’im-
de préférence oralement, la méthode la plus sim- portant, c’est que le cadre soit conscient de ses
ple et la plus efficace. La conduite interactive est capacités, de ses points forts et de ses points
généralement marquée par la personnalité du su- faibles.
périeur hiérarchique. Ce type de conduite a beau-
coup plus de poids dans les petites entreprises que
dans les grandes: le contact fréquent et personnel
avec le chef, et la communication qui en découle
sont pour beaucoup de collaborateurs un facteur
de motivation et de performance. L’une des for-

Schéma 05 Compétences requises pour diriger une équipe

Les quatre grands axes de Qualités de gestion La capacité de convaincre, les


compétences de gestion compétences sociales, l’orientation
vers les objectifs, l’aptitude à analy-
ser rapidement et avec compéten-
Capacité à convaincre Aptitude à s’imposer,
confiance en soi ce les informations et à les traiter sont
des compétences essentielles pour une
fonction dirigeante. Ce sont des points
Compétences sociales Aptitude à collaborer
et à communiquer à vérifier lors d’une embauche ou
d’une promotion.
Source: Delhees 1995
Orientation vers les objectifs Esprit d’initiative, ambition,
persévérance

Traitement de l’information Intelligence, aptitude à


prendre des décisions,
esprit critique
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Les qualités de gestion: Les collaborateurs ayant un faible niveau de ma- exemple
une question de personnalité turité (p. ex.: les nouveaux) ont besoin d’être for-
tement encadrés et de recevoir des ordres clairs. Intégration dans
Il est difficile de changer la personnalité d’un ca- Au fur et à mesure, ils deviennent plus autonomes un nouvel environne-
dre. Comme l’a dit Goethe, chacun reste celui qu’il et l’encadrement cède la place à la collaboration. ment de travail
est. Ce qui est plus facile à changer, en revanche, Les supérieurs ne peuvent plus leur donner d’or- U
c’est la façon d’encadrer les personnes, c’est-à- dres aussi facilement: ils doivent «vendre» leurs Un nouveau collabora-
dire le style de conduite. Celui-ci doit même être décisions, afin que les collaborateurs les com- teur, qui vient tout juste
adapté en fonction de la situation, afin d’augmen- prennent et les acceptent. de terminer son appren-
ter les chances de succès de la gestion. Par exem- Le niveau suivant est celui du management tissage professionnel, doit
ple, un chef d’entreprise ne peut pas se comporter participatif: les collaborateurs sont consultés recevoir des instructions
de la même manière avec un apprenti en produc- avant les prises de décision. Quant aux collabo- claires pour s’intégrer
tion qu’avec un employé de bureau. Le choix du rateurs du dernier niveau (p. ex. chefs de projet dans son nouvel environ-
style de gestion doit être guidé par trois critères, ou employés de bureau expérimentés en poste nement de travail. Son su-
comme le montre le schéma ci-dessous: la person- depuis de nombreuses années), leurs supérieurs périeur doit lui prodiguer
nalité du supérieur hiérarchique, la problémati- peuvent pratiquement tout leur déléguer. des conseils concrets du
que posée et la personnalité du collaborateur. Concrètement, le manager doit opter pour la style: «A ta place, je ferais
Tout d’abord, sur des détails peu importants, délégation, c’est-à-dire la répartition des respon- comme cela.» Ce style de
un supérieur peut prendre seul des décisions, qui sabilités avec des objectifs clairs. management permet aux
seront acceptées sans problème par les collabo- nouveaux collaborateurs
rateurs. En revanche, pour des questions plus dé- de se familiariser très vite
Réflexion sur votre style
licates, pour lesquelles toutes les informations ne avec les habitudes de l’en-
de conduite
sont pas encore disponibles et dont l’issue peut treprise et de s’intégrer
générer des conflits et des oppositions dans cer- Notre but n’est pas ici de présenter une recette mi- rapidement à l’équipe.
taines circonstances, il est préférable d’user d’une racle de management, mais de vous aider à réflé-
méthode participative pour prendre les décisions. chir sur votre style de conduite et à l’évaluer.
Enfin, la personnalité du collaborateur est impor- Déléguer des tâches à responsabilité et travailler
tante dans le choix du style de conduite. Le mo- avec des collaborateurs autonomes n’est pas for-
dèle de Hersey et Blanchard est très intéressant cément la forme d’organisation qui convient à
à ce titre: il distingue quatre niveaux de maturi- toutes les petites entreprises ni à toutes les situa-
té, définis par les compétences et connaissances tions. Cependant, pour les modèles de gestion in-
ainsi que par la motivation des collaborateurs. Le tégrant des organisations de projet et des colla-
style de conduite doit s’adapter au niveau de cha- borateurs qualifiés, les outils simples de gestion
que collaborateur.4 du personnel présentent de grands avantages
par rapport aux instruments traditionnels patriar-
caux, fortement interactifs et chronophages. Ils
impliquent toutefois que le chef d’entreprise soit

Schéma 06 Le bon style de conduite

Volonté du supérieur Volonté des collaborateurs

1 2 3 4 5 6 7
Le supérieur dé- Le supérieur déci- Le supérieur dé- Le supérieur infor- Les collaborateurs/ Les collabora- Les collabora-
cide sans consul- de, mais il essaie, cide mais il per- me ses collabora- le groupe font/fait teurs/le groupe teurs/le groupe
ter ses collabora- avant de pren- met à ses collabo- teurs des décisions des propositions; décide(nt) après décide(nt); le su-
teurs. dre une décision, rateurs de poser qu’il souhaite le supérieur choi- que le supérieur a périeur est simple
de convaincre ses des questions afin prendre. Les colla- sit la solution qu’il précisé les problè- coordinateur in-
collaborateurs du d’obtenir leur ac- borateurs peuvent préfère. mes et fixé les li- terne et externe
bien-fondé de cel- cord. donner leur avis mites de la marge
le-ci. avant que les déci- de manœuvre dé-
sions soient enté- cisionnelle des col-
rinées. laborateurs.

Autoritarisme Patriarcat Information Conseil Coopération Délégation Autonomie


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Gestion du personnel dans la petite entreprise

prêt à déléguer des responsabilités et à commu- Check-list: «Quelle est ma vision


niquer ouvertement. Ce serait une erreur de pen- de la gestion du personnel?»
ser que le fait de déléguer et de fonctionner avec
des équipes autonomes allège la charge de tra- Répondez spontanément aux questions suivantes:
vail du chef d’entreprise: les tâches sont simple- 1. Je conserve systématiquement toutes les données sur mes collaborateurs
ment différentes. (diplômes, demandes de formation, cours suivis, notes d’entretien).
Enfin, ce système accroît les chances de dé-
veloppement de la petite entreprise car ses colla- 2. J’ai un entretien avec tous mes collaborateurs systématiquement
au moins une fois par an.
borateurs mettent davantage leurs atouts à la dis-
position de l’entreprise. 3. Je ne me contente pas de juger les prestations de mes collaborateurs,
j’évalue également leur potentiel et je conserve les preuves de ce potentiel.
1
Lutz v. Rosenstiel, Grundlagen der Führung, 1993.
2
Voir aussi R. Wunderer, Führung und Zusammenarbeit, 2003.
4. Je mets en place avec mes collaborateurs un plan de
3
D’après K.-H. Delhess,
Führungstheorien – Eigenschaftstheorie, 1995.
développement basé sur leurs besoins.
4
P. Hersey et K.-H. Blanchard, Das situative Führungsmodell, 1992.
5. Je prends en compte toutes les demandes de mes collaborateurs,
je les étudie et y réponds en temps utile.

6. J’accorde à tous mes collaborateurs la même attention,


j’applique à tous les mêmes critères pour les féliciter et pour sévir.

7. J’essaie de proposer à mes collaborateurs des projets ambitieux


afin qu’ils acquièrent de l’expérience.

8. J’anticipe mes besoins en personnel et j’adapte la planification


aux objectifs (stratégiques) de mon entreprise.

9. Quand l’un de mes collaborateurs quitte l’entreprise,


j’analyse d’abord ses tâches pour voir s’il est possible de les répartir
entre les autres collaborateurs avant le recrutement.
10. Je veille à ce que chaque collaborateur ait une marge de manœuvre
avec des limites clairement définies lui permettant de remplir ses fonctions
de manière autonome.
Signification des cases: oui oui partiellement non
Evaluation: comptez le nombre de phrases pour lesquelles vous avez coché oui.
Entre 8 et 10: vous avez une vision moderne du management et vous êtes conscient
de la valeur de vos collaborateurs pour votre entreprise.
Entre 5 et 7: vous comprenez l’importance du management, mais vous avez
encore des lacunes qui doivent être comblées.
Entre 0 et 4: vous avez d’importantes lacunes en matière de management et vous devez
absolument les combler dans les années qui viennent. Procédez par étapes.

Schéma 07 les niveaux de maturité de Hersey et Blanchard

Comme nous l’avons déjà mentionné, le style de


important

conduite dépend de la personnalité (niveau de matu-


rité) du collaborateur. Selon ce niveau de maturité, la
Style de conduite: Style de conduite: gestion du collaborateur par son supérieur est centrée
participation intégration
Priorité aux personnes

davantage sur la tâche ou sur la personne. Il en résulte


Style de conduite

des styles de conduite différents, adaptés à chaque col-


laborateur.

La courbe du schéma ci-contre indique le style de


conduite optimal en fonction du niveau de maturité.
Style de conduite: Style de conduite: Source: Hersey/Blanchard (d’après Jung 1999)
délégation autoritarisme
faible

faible important
Priorité aux tâches

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