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Chap.

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Caractérisation mécanique des matériaux
Chap1. Caractérisation mécanique des matériaux

1. Introduction
Pour fabriquer diverses structures, l’ingénieur à besoin de connaître le comportement mécanique
des matériaux utilisés. Ce sont les essais de caractérisation mécanique qui peuvent lui fournir ces
données nécessaires.

2. Essai de traction

2.1 Objectifs de l’essai

L’essai de traction est le moyen le plus couramment employé pour caractériser le comportement
mécanique d’un matériau sous une sollicitation progressive à vitesse de chargement faible ou
modérée. L’essai permet, en outre, l’étude et l’identification des mécanismes physiques de
déformation plastique. Cette dernière, gouverne le processus majeur de mise en forme, par ou
sans enlèvement de matière, des matériaux dans la plupart des procédés de fabrication utilisés
dans l’industrie mécanique.

2.2 Principe de l’essai

Des éprouvettes du matériau concerné, en forme de barreau cylindrique ou prismatique


comportant une partie centrale calibrée à section constante S0 et longueur L0 raccordée à chaque
extrémité à deux têtes de section plus importante, sont fixées dans une machine de traction. Sauf
indications contraires, l’essai est effectué à la température ambiante dans les limites comprises
entre 10°C et 35°C. Des essais de traction peuvent être effectués à des différentes températures
allant de la température cryogénique à celle des hautes températures inférieures à la moitié de
la température de fusion pour modéliser le comportement du matériau en fonction de la
température.

2.3 Eprouvette
La forme et les dimensions des éprouvettes dépendent de la forme et des dimensions des
produits dont on veut déterminer les caractéristiques mécaniques. L’éprouvette est
généralement obtenue par usinage d’un prélèvement d’un produit ou d’une ébauche moulée.
Cependant, les produits de la section constante (profilés, barres, files, etc.), ainsi que les
éprouvettes brutes de fonderie (par exemples : fontes, alliages non ferreux) peuvent être
soumises à l’essai sans être usinées.
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Dimension de l’échantillon pour l’essai de traction

On note : S0 : section initiale en mm2 Su : section finale après rupture

L0 : longueur initiale entre repères Lu : Longueur ultime après rupture

LC : longueur de la partie calibrée

Tous les paramètres qui sont déduits de l’essai de traction traduisent les propriétés du matériau
dans la direction de l'essai. Ces valeurs dépendent donc de la direction de prélèvement de
l'éprouvette par rapport à d'éventuelles directions d'anisotropie (par exemple en carrosserie, la
direction de laminage de la tôle mince). Pour les tôles laminées, la direction de prélèvement
doit donc toujours être précisée :

Sens long SL (repéré par l'indice 0°)

Sens travers ST (repéré par l'indice 90°)

Sens “oblique” (repéré par l’indice 45°).

Évaluation des caractéristiques d’un cordon de soudure


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Machine de traction
2.4 Exécution de l’essai
Une machine de traction est constituée d’un bâti rigide équipé d’un travers fixe à laquelle est
fixée l’une des têtes de l’éprouvette ; l’autre extrémité de l’éprouvette est fixée à une traverse
mobile. Le mouvement de la traverse mobile est assuré soit par une commande hydraulique,
soit des vis sans fin. La charge imposée à l’éprouvette est mesurée par un dynamomètre, et
l’allongement par un extensomètre. Ceci, permettra d’aboutir à des résultats d’enregistrement
de la courbe brut de traction, F=F(Δl), caractéristique de l’échantillon et de sa géométrie.

Rupture ductile

Schéma d’une éprouvette de traction cylindrique et de son évolution en cours d’essai.


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2.5 Exploitation des résultats de l’essai


2.5.1. Courbe conventionnelle de traction
Afin de pouvoir utiliser les courbes brutes de traction F(Δ1), on doit les modifier pour que les
résultats obtenus soient fonction que de matériau étudié et non de la géométrie de l’éprouvette.
Pour ce faire, on rapporte la charge F(N) à la section initiale S0 (mm2) de l’éprouvette en vue
d’obtenir la contrainte conventionnelle σC(MPa). Et on rapporte l’allongement Δ1 (mm) à
la longeur initiale lo, pour obtenir la déformation conventionnelle εc ;

N/mm2= MPa

Contrainte σ(MPa) = Résistance R (MPa)

Courbes conventionnelles typiques de traction

OA: allongement élastique linéaire, réversible.


Au-delà de A : déformation plastique permanente + déformation élastique : comportement
élastoplastique
La suppression de la force appliquée (BC) laisse apparaître un allongement plastique
rémanent (OC). Une remise en charge conduit à une nouvelle limite d’élasticité (CB).
Re = Fe/ S0 : limite apparente d’élasticité (MPa) :
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Rp0,2 : limite conventionnelle d’élasticité à 0,2 % d’allongement plastique; sa détermination


nécessite souvent l’usage d’un extensomètre.
AD : allongement élastique + allongement plastique réparti.
Rm = Fm/S0 : résistance à la traction (MPa) ou résistance maximale de traction
DF : apparition et progression d’une striction (réduction de section localisée) dans les
matériaux ductiles. En F : la rupture de l’éprouvette.
Z% : Coefficient de Striction, Avec Su : la section à la rupture :

A % = ΔLu/Li : allongement pour cent après rupture (%) :

E = Re/εe, Re= E* εe : module de Young. En pratique, seule l’utilisation d’un dispositif


extensométrique très précis permet d’exploiter la pente de la montée élastique pour la mesure
de E.

Cas d’un à comportement fragile : Dans le cas d'un matériau fragile, la rupture survient
en fin de domaine élastique. L'allongement à la rupture est nul ou très faible. On ne peut
déduire de la courbe que le module de Young E, et la résistance à la traction Rm.

Détail pour le calcul de E (pente de la partie élastique) et Rp0.2


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La courbe conventionnelle est donc obtenue à partir d’enregistrement F-Δl effectué lors de
l’essai en rapportant la force à la section initiale pour raisonner en terme de contrainte, et en
rapportant l’allongement à la longueur initiale pour raisonner en termes d’allongement relatif.
On obtient ainsi une courbe intrinsèque au matériau, indépendante des dimensions de
l’éprouvette utilisée.

2.5.2. Déformation élastique et rigidité


Le module de Young ou module d’élasticité (longitudinale) ou, noté « E », encore module de
traction est la constante mesurable et qui relie la contrainte de traction (ou de
compression) et le début de la déformation d'un matériau élastique. Le module d’Young E
décrit le comportement en traction et en compression.
Pour de faibles déplacements, la foce de rappel peut être considérée comme proportionnelle au
déplacement :d-d0 (pour le cas d’une éprouvette cylindrique par exemple). Les allongements
(ou raccourcissements) relatifs ou déformations ε du solide (sans dimension), sont alors
proportionnels à la densité surfacique de force, ou contrainte σ, ce qui traduit la loi de Hooke :

σ = E.ε
Les contraintes s’exprimant en MPa (ou N/mm2) et les déformations étant sans dimensions, le
coefficient E, appelé module d’élasticité à la traction ou module de Young du matériau,
s’exprime en MPa.

Le coefficient de Poisson (aussi appelé coefficient principal de Poisson) permet de caractériser


la contraction de la matière perpendiculairement à la direction de l'effort appliqué.
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ν = retrecissement/allongement

Le coefficient de Poisson fait partie des constantes élastiques.

La valeur du rapport de Poisson est le négatif du rapport entre la souche transversale et la souche
axiale. Pour les petites valeurs de ces changements, c’est la quantité d’expansion transversale
divisée par la quantité de compression axiale. La plupart des matériaux ont des valeurs de ratio
de Poisson allant de 0,0 à 0,5. Les matériaux incompressibles tels que le caoutchouc, ont un
rapport près de 0,5.

(Généralement ν compris entre 0,25 et 0,35)


Cours Matériaux Chapitre 2

Récapitulatif

Courbe de traction :

C’est la courbe obtenue à partir de l’enregistrement F x ΔL effectué au cours d’essai en rapportant


la force à la section initiale pour raisonner en termes de contrainte σ = F/S0, et en rapportant
l’allongement à la longueur initiale pour raisonner en termes d’allongement relatif ou déformation
ε = ΔL/L0. On obtient ainsi une courbe intrinsèque au matériau, indépendante des dimensions de
l’éprouvette utilisée.

Pour un grand nombre de matériaux, comme les métaux et les alliages, les courbes obtenues
présentent une zone, appelée domaine élastique, où le graphe est une droite (segment OA). Pour tous
les points de cette droite la déformation est proportionnelle à la contrainte et le matériau est
parfaitement élastique se comporte comme un ressort parfait). Physiquement, la contrainte modifie
très légèrement, et de manière réversible, les distances entre les atomes du matériau.

Loi de Hooke (σ = E ε) : cette loi, ou équation, traduit la proportionnalité précédente.


Module d’élasticité ou Module de Young E (N/mm2 ou MPa) : il caractérise la pente de la droite de
proportionnalité précédente et l’élasticité du matériau testé. Plus E est grand, plus le matériau est
rigide et inversement.

Coefficient de Poisson ν : autre constante caractéristique du comportement élastique du


matériau. C’est le rapport entre la déformation latérale et la déformation longitudinale.( cas de la
traction)

Limite élastique Re (MPa) : elle marque la fin du domaine élastique (point A). Pour les
valeurs supérieures le matériau ne se déforme plus élastiquement mais plastiquement (l’éprouvette
ne retrouve plus ses dimensions initiales après déchargement, il subsiste un allongement permanent).
Physiquement, la contrainte atteint une valeur critique permettant d’activer un mécanisme
élémentaire de déformation irréversible.

Limite conventionnelle d’élasticité Re0,2 ou Rp0,2 (MPa) : lorsqu’il est difficile de


déterminer la limite élastique de manière précise, on tolère une légère déformation permanente de
0,2 % (déformation de 0,002).
contrainte

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Cours Matériaux Chapitre 2

Phénomène d’écrouissage : Dans un premier temps, le matériau est déformé plastiquement


(avant point C : chemin OAB). Au relâchement le déchargement se fait la droite BO’, parallèle à
OA. A la remise en charge la nouvelle courbe caractéristique du matériau est devenue O’BC
avec Reb comme nouvelle limite élastique.

Résistance à la traction Rm (MPa) : correspond au moment où la force passe par un


maximum (point C).
Zone de striction : dans cette zone, l’aire de la section de la partie utile de l’éprouvette ne
reste pas constante le long de l’éprouvette et la déformation se concentre, plus ou moins vite.

Allongement A% : allongement pour cent après rupture. A% = 100. (ΔLu/L0). (avec ΔLu
allongement ultime rémanent mesuré après rupture).

Ductilité : c’est l’aptitude qu’a un matériau à se déformer plastiquement sans se rompre. Elle
est caractérisée par l’allongement A% (plus A% est grand, plus le matériau est ductile). Si A%
≥ 5% le matériau est considéré comme ductile. Si A% < 5% le matériau est considéré comme
fragile.
contrainte (MPa)

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Cours Matériaux Chapitre 2

Application
Sur la figure ci‐dessous est représentée la courbe de traction d’un alliage métallique.
Déterminer :
[1] Le module de Young E
D’après la loi de Hook σ= E.ε, donc E n’est autre que la pente de la partie élastique de la
courbe, Au point de la limite élastique Re= E. εe donc E= Re /εe

On a Re=190Mpa et εe= 0.0021 , ça donne E=90476MPa=90,5 GPa


[2] La limite conventionnelle d’élasticité Rp0,2.
D’après la courbe Rp0.2 = 250 MPa
[3] La résistance à la traction Rm. En déduire la valeur de l’effort maximal supporté par
une éprouvette cylindrique de diamètre initial 12,8 mm.
D’après la courbe Rm= 450 MPa
On a Rm= F/S0 donc F=Rm.S0 on a Rm= 450 MPa et S0=π R2=π d2/4= 3,14. (12,8)2 /4
Donc Fm= 57905N = 57,9 kN
[4] La variation de la longueur d’une éprouvette de longueur initial 250 mm soumise à
une contrainte de traction de 345 MPa.
On cherche Δl à 345MPa ? On σ= E.ε , ε= Δl/lo
ε=σ/E=345 /90,5 103=0,00381 , donc Δl= ε. Lo=0,00381. 250=0.95mm
[5] L’allongement A%. S’agit-il d’un matériau ductile ou fragile ?
A% est nettement inférieure à 5% donc c’est un matériau fragile.

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3. Essai de compression
Un essai de compression mesure la résistance à la compression d'un matériau sur une machine
d’essais mécanique suivant un protocole normalisé. Les essais de compression se font souvent sur le
même appareil que l'essai de traction mais en appliquant la charge en compression au lieu de l'appliquer
en traction.

L’essai de compression consiste à soumettre une éprouvette de forme cylindrique, placée entre les
plateaux d’une presse, à deux forces axiales opposées.

Si le matériau étudié est ductile, la rupture ne peut être atteinte avec ce test.
L’essai de compression est surtout utilisé pour déterminer la contrainte de rupture des matériaux fragiles
(comme les céramiques) qui sont difficiles à usiner pour un essai de traction.

Pendant l'essai de compression, l'échantillon se raccourcit et s'élargit. La déformation relative est


« négative » en ce sens que la longueur de l'échantillon diminue. La compression tend de plus à amplifier
les irrégularités latérales de l'échantillon et, au-delà d'une contrainte critique, l'échantillon peut fléchir
et la flèche peut s'accentuer jusqu'au flambage.

Courbe de compression
L'essai de compression commence par une région linéaire où la déformation est proportionnelle à la

contrainte suivant la loi de Hooke σ = E ε où E est le module de Young.


Dans cette région linéaire, le matériau se déforme élastiquement et revient à sa longueur initiale lorsque
la contrainte est supprimée.

La région linéaire se termine au point limite d'élasticité. Au-dessus de ce point, le matériau subit
une déformation plastique et ne revient pas à sa longueur initiale une fois que la charge est retirée.

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