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Le leadership

« La difficulté n’est pas de


voir ce que personne n’a jamais vu mais
de penser comme personne n’a jamais
pensé au sujet de quelque chose que
tous voient » (Arthur Schopenhauer).
Force est de constater que, depuis

Le leadership
quelques années, émergent des
recherches scientifiques et des témoi-
gnages d’entreprises qui mettent en

efficace :
avant de nouvelles façons de gérer les
organisations centrées sur l’autono-
mie, la confiance et le collectif. Isaac

partage, Getz avec L’Entreprise libérée, Vineet


Nayar avec Les Employés d’abord
décrivent des situations de manage-

émotion et ment qui ont bouleversé les rapports


hiérarchiques et sont loin des codes
traditionnels des leaders charisma-

spiritualité tiques. Pourtant, même dans ces types


d’entreprises, la notion de leadership
n’a pas totalement disparu, elle évolue.
Ces nouvelles formes d’organisation,
qui sont d’ailleurs assez diverses (coo-
pératives, économie de partage, lean
management, entreprise agile etc.),
Le monde change, valorisent les capacités de réponse de
les organisations adoptent chaque individu et non plus unique-
ment la vision proposée par un leader
de nouveaux modes de clairvoyant. Cet article expose trois
fonctionnement, les structures nouveaux courants complémentaires
qui symbolisent des nouveaux styles
s’aplatissent et l’autonomie de leadership en phase avec l’évolu-
devient le maître mot. Dans ce tion des organisations : le leadership
partagé, qui prend naissance dans
contexte, s’affirme la nécessité l’économie collaborative ; le leader-
ship émotionnel, qui met en avant
de leaders d’un nouveau type, l’importance actuelle de la gestion des
à la fois moins providentiels émotions face au règne de la raison ;
et le leadership spirituel ou leadership
et plus collaboratifs, certes organique, nouveau courant porté
rationnels, mais sachant par L. W. Fry (2003, 2009, 2011) et
C. Voynnet-Fourboul (2014), qui permet
faire également parler leurs d’expliquer comment des dirigeants
émotions et s’appuyer sur sous tension prennent des décisions en
s’appuyant sur leur spiritualité.
> économie & management

une vraie spiritualité.


Les conceptions
classiques du leader

Auteur Traditionnellement, le leader est


Cécile Dejoux celui qui s’impose ou que l’on suit.
Maître de conférences, HDR Cnam, professeur ISC, Paris Business School Ainsi Hollender (1985) distingue deux

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> Le leadership efficace : partage, émotion et spiritualité

approches complémentaires : celle des > placez la barre très haut et res- meilleur » plutôt que sur le « être
psychologues qui décrivent un leader ponsabilisez chacun pour atteindre bon ». Le potentiel n’est pas figé. Le
émergent (une personne qui focalise l’objectif ; voyage est aussi important que la
l’attention) et celle des gestionnaires > ne cédez jamais, au grand jamais, destination finale ;
qui valorisent le leader formel (celui le contrôle ; > ayez du cran, c’est-à-dire sachez
qui symbolise l’autorité grâce à son > faites passer le bon message au bon affronter les difficultés ;
pouvoir). Un point commun rassemble moment ; > musclez votre volonté en vous met-
ces deux points de vue : le leader > préparez vous à vaincre ; tant des défis accessibles ;
est reconnu pour ce qu’il fait (voir > misez sur le pouvoir de l’observation ; > ne tentez pas le sort, ne relevez pas
l’exemple de Ferguson ci-après). > ne cessez jamais de vous adapter. deux défis à la fois ;
Selon H. Grant Halvorson (2010), > focalisez-vous sur ce que vous ferez
Les secrets de Ferguson les recherches scientifiques ont mon- et non ce que vous ne ferez pas. Pour
tré que les personnes qui réussissent changer un comportement, demandez-
Sir Alex Fergusson a été pendant mieux que les autres atteignent leurs vous ce que vous devez faire à la place.
vingt-six ans le manager du club de buts non pas uniquement à cause de L’auteur conclut en une phrase à
football Manchester United, une des ce qu’ils sont, mais le plus souvent en méditer : « Vous n’avez pas besoin de
meilleures équipes au monde. Son raison de ce qu’ils font. Elle résume devenir une personne différente pour
rôle de leader a été l’un des facteurs ces recherches autour de neuf axes : devenir une personne qui réussit. »
décisifs des multiples succès rempor- > soyez précis dans l’énoncé de votre Le champ des recherches en leader-
tés par l’équipe. Anita Elberse (2013, objectif ; ship est très large (Plane, 2012) et il est
p. 88-89) a analysé les facteurs clés > trouvez le moment de vous consacrer intéressant d’en synthétiser les prin-
du succès de son management unique à l’accomplissement de vos objectifs ; cipaux courants (tableau ci-dessous).
et en a tiré huit leçons de leader- > sachez exactement quel chemin Trois approches émergentes
ship. Elles peuvent être appliquées il vous reste à parcourir en vérifiant méritent d’être développées car elles
au monde de l’entreprise et servir de régulièrement (chaque jour, chaque semblent correspondre aux évolutions
base de réflexion à ceux qui veulent semaine) l’état d’avancement ; des organisations et de leurs styles
devenir leader : > soyez un optimiste réaliste et ayez de management. Il s’agit des théories
> commencez par les fondations ; confiance en vous ; transformationnelles, émotionnelles
> osez rebâtir votre équipe ; > concentrez-vous sur le « devenir et spirituelles.

Synthèse des approches du leadership


Approches Questions/Focus Théories/Modèles
Approches par les traits Quels sont les traits caractéristiques du leader ? Strength-Based Leadership
Approche par Quelles sont les compétences caractéristiques du leader ? Skills Approach (Mumford)
les compétences
Quels sont les différents styles de leadership ? The Leadership Grid (Blake et Mouton)
LBDQ (Stogdill)
Approches par
Competing Values Framework (Cameron, Quinn,
les styles de leadership
Degraff et Thakor)
Globe (2004)
Théories situationnelles Comment adapter son leadership à la situation ? Situational Leadership (Hersey et Blanchard)
Théorie de l’échange Comment le leader et les followers échangent-ils et Leader Member Exchange Theory (Fiedler)
leader-followers (LMX) construisent-ils le leadership ?
Théories Comment le leadership/leader peut-il transformer Full Range Leadership Model (Bass)
transformationnelles les personnes et les organisations ? Charismatic Leadership Theory (Conger ; House)
À quoi/à qui sert le leadership ? Eagly, Gemmil et Oakley
Approche critique
Gender studies
Théories positives Quel est le fondement d’un leadership positif/éthique ? Authentic Leadership Theory (Avolio, Gardner)
En quoi les compétences émotionnelles des leaders Compétences émotionnelles des dirigeants (Dejoux
Théories émotionnelles sont-elles différentes de celles des managers ? et Wechtler, 2010)
Salovey et Meyer
Théories sur la spiritualité En quoi la communauté peut-elle remplacer le leader ? Voynnet-Fourboul (2014)
Source : adapté de Petit, 2013, p. 141 et Voynnet-Fourboul, 2014, p. 57.

n° 155 > avril 2015 > 19


Le leadership

Les styles de qui atteignent voire dépassent leurs leadership du tout. » Il pense que
leadership aujourd’hui résultats, mais ceux qui ont une l’évolution des organisations ne peut
recherchés capacité d’influence sur les autres, plus se faire sous la houlette d’un seul
ceux avec qui on souhaite travailler. individu, elle nécessite un change-
Le contexte des organisations évo- Cette évolution remet en question le ment radical de culture dont l’essence
lue et transforme à la fois le métier de leadership en tant qu’attribut d’une repose sur le projet et le dévelop-
manager et le rôle personne, elle valorise un leadership pement d’individus responsables et
des leaders. Ainsi, collaboratif ou partagé. engagés. Dans ce contexte, le leader
Les le numérique joue ne peut être que collaboratif.
directement sur Le leadership partagé Cette prise de position est confir-
dysfonctionnements les relations hié- mée par d’autres auteurs qui mettent
émotionnels rarchiques, ce n’est Dans les organisations matri- en avant la même idée nommée « le
plus celui qui pos- cielles ou les coopératives, le leader- leadership partagé ». Dans La Pratique
peuvent altérer
sède l’information ship partagé s’est progressivement du leadership partagé : une straté-
les décisions qui a le pouvoir imposé. Symbole des organisations gie gagnante (2013), Edith Luc nous
mais celui qui la matricielles ou en projet (méthode explique que l’époque où le patron
fait circuler et sait Scrum, par exemple), il valorise le décidait seul est bel et bien révolue.
la trouver rapidement. Alors qu’hier travail d’équipe et la performance Les modèles traditionnels de mana-
de nombreuses entreprises évaluaient collective1. Son influence irrigue, à gement et de gouvernance sont de
les personnes par rapport à des résul- présent, de plus en plus d’organisa- moins en moins acceptés et le lea-
tats, des standards de performance, tions, mais il reste prédominant dans dership doit être envisagé comme un
aujourd’hui elles s’aperçoivent que l’économie collaborative 2 centrée processus d’influence réciproque entre
cela ne suffit pas à reconnaître les sur « le pouvoir par l’action », par- des personnes mobilisées pour une
talents. Ceux qui doivent être valo- fois appelé « do-ocracy » et où les cause commune. Elle affirme qu’en
risés ne sont plus seulement ceux décisions majeures se prennent par devenant un acteur influent et non
consensus ou consentement, comme plus un observateur dirigé, chaque
en sociocratie (A. Comte). individu doit prendre conscience que
L’exemple de l’association OuiShare Le leadership partagé ou colla- développer une compétence en lea-
OuiShare est une association qui met boratif se caractérise par un style de dership partagé n’est plus une option
en avant toute sorte de projets issus de leader qui ne va pas se mettre spé- mais une nécessité. L’auteur préco-
l’économie collaborative. Les membres
adhèrent à une conviction commune cialement en avant mais va valoriser nise sept stratégies pour que chacun
– « il faut passer à des relations pairs à les individus de son équipe. Le projet devienne un acteur du leadership
pairs1* » – et le numérique facilite cette passera avant le leader. Ce mode de partagé :
démarche. Créée en 2012, cette nou- fonctionnement est particulièrement > se libérer des divers conformismes ;
velle forme d’entreprise s’est construite présent dans les entreprises qui ont > appliquer l’apprentissage en T ;
autour de l’émergence d’une quarantaine
réalisé leur mue digitale, ont aplati > construire un sentiment d’efficacité ;
de leaders, appelés « connectors », qui
sont davantage reconnus pour leur réa- les lignes hiérarchiques et valorisent > renforcer sa résilience ;
lisation que pour leur charisme. L’objectif autonomie et collaboration. Dans son > apprendre des autres ;
est de donner à chacun de la visibilité et ouvrage Presence: Human Purpose > définir une vision ;
de la reconnaissance en s’appuyant sur and the Field of the Future (2004), > et, surtout, agir.
la réussite des projets. « La légitimité ne Senge soutient cette thèse : « Une Ces stratégies deviennent de
vient pas de l’élection mais de l’action. »
Ce mode d’organisation n’est pas fondé communauté de leaders ou pas de puissants catalyseurs lorsqu’elles
sur un leader fondateur, comme de nom- s’articulent autour d’aspirations per-
breuses start-up, mais sur l’émergence 1 > Le numéro spécial de la revue Personnel sonnelles ou collectives.
simultanée de leaders différents dans de février 2014 lui est consacré. Ce que change ce courant, ce
> économie & management

leurs projets et leurs personnalités mais 2 > L’économie collaborative désigne l’en-
semble des pratiques et modèles écono- n’est pas tant de dire qu’il n’y a plus
identiques quant à leur objectif : valoriser miques reposant sur une communauté, qui de leader, car il y aura toujours des
une économie collaborative. s’organise généralement autour de projets
et d’un lean management (c’est-à-dire plu- individus charismatiques qui influen-
* > Flore Berlingen, cofondatrice et connector tôt horizontal). Les trois grands axes sont la ceront les autres, c’est de dire que les
de OuiShare, « OuiShare, vers une gouvernance consommation collaborative (faire circuler
organique » in C. Dartiguepeyrou (dir.), Cahier de des biens et services), produire en commun
organisations attendent que chacun
la prospective : leadership et nouvelles expres- par le partage de ressources et de savoirs des individus développe un sens du
sions de pouvoir dans le numérique, Paris, Fon- (fab labs, makers, logiciels libres, coworking),
dation Telecom, 2014, p. 61-63.
collectif, de l’influence et de l’impact.
financer un projet (crowdfunding, prêts entre
particuliers, etc.). On ne peut plus travailler caché.

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> Le leadership efficace : partage, émotion et spiritualité

Modèle du leadership spirituel

Spiritual Leadership Spiritual Well-Being Individual & Organizational Outcomes

HOPE/ + +
VISION CALLING
FAITH Make a difference +
+ Life has meaning/Purpose
+
Organizational commitment & Productivity
INNER LIFE
+ Financial performance
Spiritual practice
Employee life satisfaction
Corporate social responsability
+
+
MEMBERSHIP +
ALTRUISTIC LOVE Be understood/Be appreciated
+

Source : d’après Fry et Cohen, 2009, p. 270.

Le leadership émotionnel C’est avec son ouvrage L’Erreur ainsi à faire face à des situations dif-
de Descartes (1994) que Damasio ficiles… mais les émotions ne jouent
En complément du courant pré- met en lumière les ressorts de la pas nécessairement contre la rationa-
cédent, dans lequel les organisations prise de décision dans l’activité du lité, et la rationalité n’exclut pas les
créent les conditions pour que chacun dirigeant. Il montre que les dysfonc- émotions ». Les auteurs montrent que
développe des capacités de leader- tionnements émotionnels peuvent l’état émotionnel des dirigeants influe
ship dans une logique de valorisation altérer les décisions et qu’à l’inverse, sur la qualité des décisions. Selon Isen
du collectif, celui du leadership émo- les émotions peuvent accélérer la (2004), celles-ci sont en général meil-
tionnel se centre sur l’individu et prise de décision car l’organisme peut leures lorsqu’elles sont prises dans un
sa capacité introspective. Il renvoie réagir inconsciemment. Romelaer état émotionnel modéré.
à la capacité du leader à gérer ses et Lambert (2001) démontrent que les
propres émotions et celles des autres. émotions sont une aide à la rationa- Le leadership spirituel
En d’autres termes, il place le concept lité ; Haag et Laroche (2009) exposent
de « compétences émotionnelles » au une étude qui prouve l’influence du Il revient à Fry de poser les pre-
cœur de la définition du leadership. leader sur les émotions de ses col- mières bases du courant du leadership
Bien qu’il soit toujours controversé, laborateurs ; Sanchez et Huy (2009) spirituel. En France, c’est Catherine
le courant des compétences émotion- montrent que c’est en fonction de Voynnet-Fourboul qui réalise les
nelles continue de susciter de nom- leur propre capacité émotionnelle que premières recherches sur ce thème
breux travaux. les leaders sont plus ou moins atten- en 2009 et les présente en 2010 à
Le concept d’intelligence émo- tifs aux émotions d’un groupe dans l’Academy of Management. Depuis,
tionnelle permet de mesurer l’ap- le cas d’un changement stratégique. de nombreuses recherches ont été
titude d’une personne à gérer ses Dejoux et al. (2006) exposent que menées3.
émotions et celles des autres. Deux les compétences émotionnelles des Fry (2003, 2005) a conduit plus
courants existent pour la repré- dirigeants et des managers sont dif- d’une centaine de recherches dans
senter et la mesurer : les modèles férentes. Haag et Laroche (2009) ont différentes organisations (écoles,
«  mixtes  » (Bar-On, 1997  ; Gole- étudié les compétences émotionnelles unités militaires, petites et grandes
man, 1995) et le modèle de Mayer des dirigeants à partir de leurs dis- organisations publiques, privées et
et Salovey (1997) qui repose sur des cours au sein de comité de direction, sociales) et ses résultats montrent
habiletés ou capacités cognitives. Il lorsqu’ils sont face à des situations qu’il existe une influence très posi-
comporte quatre branches corrélées de crise. Il en ressort que les leaders, tive du leadership spirituel sur la
entre elles : la capacité de perce- conscients de leurs compétences qualité de vie au travail, l’engage-
voir et d’exprimer des émotions, la émotionnelles, arrivent, à travers leur ment, la productivité et la croissance
capacité d’accéder à ses émotions, communication verbale, à réaliser une
la capacité de comprendre et de rai- contagion émotionnelle vers les sui- 3 > Fry 2003, 2005, 2009; Malone et Fry,
sonner avec ses émotions, la capa- veurs. À l’inverse, les leaders insen- 2003 ; Fry et Matherly, 2006 ; Fry et Slocum,
cité à réguler ses émotions et celles sibles aux émotions « préserveraient 2008 ; Fry et Cohen, 2009 ; Korac-Kakabadse,
Kouzmin et Kakabadse, 2002 ; Giacalone et
des autres. leur capacité à être rationnels et Jurkiewicz, 2003.

n° 155 > avril 2015 > 21


Le leadership

forte d’expertise ; le leader spirituel Conclusion


« Google Program » ou comment
préfère lâcher prise plutôt que de
devenir des leaders émotionnels ?
détenir ou retenir, éclairer plutôt que Il semble que le leadership effi-
Chade-Meng Tang (2012), ingénieur chez
Google, a créé au sein de cette entreprise, faire lui-même4. » cace repose sur la synthèse de ces trois
en 2007, un programme nommé « Search Les résultats de cette recherche courants : le partage, la gestion des
inside Yourself » qui met en œuvre les montrent que le leader spirituel puise émotions et le développement d’une
principes de développement des compé- ses ressources dans son éducation et spiritualité. Ces courants dépeignent
tences émotionnelles et s’appuie sur trois les valeurs professionnelles auxquelles un leader qui, d’une part, ressent le
axes : prise de conscience, entraînement
il croit. Plus précisément, il tire sa force besoin de se connaître, de gérer ses
individuel, mise en œuvre de routines et
d’habitudes mentales. Ce programme est du pardon, de la charité, du soin de soi émotions, de puiser dans sa spiritualité
décliné dans l’entreprise afin que chacun et des autres, du dévouement créatif en cas de stress ou face à une situation
développe un leadership émotionnel qui et de l’accueil des autres. Pourtant, les difficile et, d’autre part, un leader qui
lui permette d’optimiser le travail colla- auteurs soulignent que parler de spi- possède la capacité à lâcher prise pour
boratif et d’éviter le burn out. ritualité dans l’entreprise reste un défi. ne pas mettre en avant uniquement
En 2011, Voynnet-Fourboul fait son ego mais l’intérêt du collectif. Ces
état, dans une autre étude qualita- nouveaux types de leadership viennent
des ventes (Fry et Matherly, 2006 ; tive sur les dirigeants, du fait que compléter la large palette des théories
Fry et Slocum, 2008, Malone et Fry, la rationalité peut limiter le déve- qui se sont succédé dans ce domaine.
2003). Fry (2005) étend sa théorie au loppement de la spiritualité, que Ces leaders sauront trouver à l’exté-
concept de la santé positive, du bien- le contexte culturel et social de la rieur de l’entreprise des réponses à
être psychologique et à la responsa- France ne favorise pas l’éclosion de leur questionnement existentiel et à
bilité sociale de l’entreprise. Selon lui, la spiritualité, que les femmes sont l’intérieur, ils exprimeront un nou-
la source du leadership spirituel réside plus intéressées que les hommes veau type de pouvoir accepté car
dans la vie personnelle et provient par les techniques de spiritualité, reconnu par l’efficacité de leur action.
soit d’inspirations et d’influences que faire confiance à son intuition Ne sommes-nous pas face à l’expres-
positives, soit d’une foi, soit de valeurs demeure un gage pour accéder sion d’une nouvelle forme d’influence
altruistes. plus facilement à une spiritualité. qui s’ancre dans les nouvelles formes
Selon Kurth (2003), pour renfor- d’organisation plus horizontales, plus
cer sa spiritualité, il est important 4 > Voynnet-Fourboul et Lefebvre, 2010, p. 97. digitales, plus partenariales ? •
d’œuvrer dans quatre directions :
> se connaître soi-même ;
> respecter et honorer les croyances > bibliographie
des autres ; Bennis W. et Nanus B., Diriger : les Secrets des meilleurs leaders, Paris,
> être de confiance ; InterEditions, 1985.
> maintenir une pratique spirituelle Boyatzis R. et McKee A., Les Nouveaux Défis du leadership, Montreuil, Village
(passer du temps dans la nature, mondial, 2006.
méditer, lire des livres inspirants, faire Dejoux C., Management et Leadership, Paris, Dunod, 2014.
du yoga, écrire un journal). Forasacco C. et Voynnet-Fourboul C., « Les vertus du leadership fondé sur la
En 2009, Voynnet-Fourboul et Spiritualité », in J.-M. Peretti (dir.), Tous vertueux, Paris, Éd. d’Organisation, 2009.
Lefebvre réalisent une recherche qua- Fry L., « Toward a Theory of Spiritual Leadership », Leadership Quarterly,
vol. 14, issue 6, 2003, p. 693-728.
litative auprès de vingt dirigeants qui
connaissent des situations de forte Haag C. et Laroche H., « Dans le secret des comités de direction, le rôle des émo-
tions : proposition d’un modèle théorique », M@n@gement, vol. 12, n° 2, 2009.
pression. Ils font l’hypothèse qu’en
Kets de Vries M., Mindful Leadership Coaching: Using Mindfulness to Develop
situation d’épreuve ou d’activité
Leaders and Transform Teams, Londres, Palgrave Macmillan, 2014.
managériale sous tension, le leader
> économie & management

Luc E., Le Leadership partagé, Montréal, les Presses de l’université de Montréal,


a recours à la spiritualité pour l’aider à 2010.
décider. « Le leader spirituel approche
Luc E. et Le Saget M., La Pratique du leadership partagé : une stratégie
les situations avec une attitude de gagnante, Montréal, les Presses de l’université de Montréal, 2013.
recul et discernement plutôt qu’en Plane J.-M., Théories et management des organisations, Paris, Dunod, 2012.
intervenant directement. Il adopte Thévenet M., Le Leadership pour l’entreprise, kindle, Amazon, 2013.
une posture d’ouverture et d’ac-
Voynnet-Fourboul C., « La spiritualité des dirigeants en situation de passage
ceptation plutôt que de contrôle, de leadership », Management & Avenir, n° 48, 2011, p. 202-220.
d’humilité plutôt que d’expression

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