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II.1.1.

Critique textuelle

La critique textuelle peut être comprise comme étant l’effort de reconstitution


du texte original1. Elle a pour objectif de « rétablir le texte authentique d’une œuvre
littéraire. Elle compare les variantes des manuscrits en vue de discerner le texte
original et authentique en éliminant les déformations, les ajouts, les gloses, les
corruptions et les commentaires ». Ceci étant, notre critique textuelle sera basée sur
l’étude de l’apparat critique du texte d’Ézéchiel 34 :24, dans l’optique de résoudre les
différents problèmes que pose le texte.

II.1.2. Exploitation de l’apparat critique

Selon Désiré NCHANKOU, l’apparat critique à proprement parler apparaît


comme des notes de bas de page d’un texte qui signalent des lectures différentes
d’un mot par d’autres manuscrits2.

 Lecture

Ce verset comporte trois notes d’apparat critique :

La note « a » signale que le tétragramme divin (YHWH) est omis dans les
fragments de la geniza du Caire.

La note « b-b » révèle que la septante ‘’première main’’ (texte grec supposé

originel) exclut le terme (‫עבְּדִ י‬


ַ ‫)ּדָ וִד ְו‬3 (we’avdî Dawidh) qui veut dire ‘’et mon serviteur
David’’ et propose plutôt « και Δαυιδ» signifiant ‘’et David’’.

La note « c-c » dans la version syriaque (peshitta), on note l’omission de la


dernière phrase du verset à savoir :

‫ֲאנִי יְהָה ּדִ ּב ְַרּתִ י‬ (‘ânî Adonaï dibartî).

 Discussion
1
Désiré NCHANKOU, Cours Inédits Exégèse Ancien Testament, cycle baccalauréat en théologie, 4éannée,
F.T.P.S.R.N, Année Académique 2014- 2015.

2
Désiré NCHANKOU, Cours Inédits Introduction à l’Ancien Testament, cycle licence, niveau I, F.T.P.S.R.N, 2013-
2014.
3
BIBLIA HEBRAICA STUTTGARTENSIA, Edition Deutsche Bibelgesellschaft, Germany, 1967, p.5.
Concernant la note « a », en dehors de la geniza du Caire qui signale

l’omission du tétragramme divin ( ‫ )י ְהוָה‬YHWH dans son texte, tous les autres
manuscrits supportent l’utilisation de cette expression. Ainsi, cette omission traduirait
pour la geniza du Caire, leur volonté de mettre en évidence la ponctuation
babylonienne caractérisée par son style araméen, sa sémantique, morphosyntaxe et
plus. Ceci dans le but d’éviter peut être les confusions entre l’utilisation du mot
seigneur qui renvoie à l’homme (pharaon), au supérieur et au Seigneur qui renvoie à
Dieu, l’absolu, le Tout-Autre. Or pour les hébreux, l’emploi de cette expression
voudrait traduire l’unicité de Dieu, celui qui est un et présent partout, à Jérusalem
comme en Egypte, omnipotent, et omniscient qu’importe leur condition. Dieu est le
même et ne change pas où que l’on soit.

De plus, dans la critique interne du texte, l’omission du tétragramme divin


rendrait le texte moins cohérent et moins harmonieux. Ainsi, au lieu de : ‘’moi le
seigneur, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux. Moi
le seigneur, j’ai parlé’’ ; on aurait plutôt ceci : ‘’moi, je serai leur Dieu, et mon
serviteur David sera prince entre eux. Moi, j’ai décidé.’’ Sur la base de cette analyse,
nous pensons qu’il s’agit d’une erreur volontaire et nous optons pour le texte
massorétique.

La note « b-b » porte sur l’expression ( ‫עבְּדִ י‬


ַ ‫)ּדָ וִד ְו‬ qui signifie « et mon
serviteur David ». La septante ‘’première main’’ bien qu’elle semble proche du texte
original, en proposant « και Δαυιδ» (et David) en lieu et place de cette expression,
fait face ici à un sérieux problème de correction volontaire de style en ce sens que la
personne de David, mieux encore son identité, doit passer avant ou primer sur sa
qualité de serviteur. Pour cette raison, elle (la septante première main) propose « και
Δαυιδ » une sorte de légitimation de David traduisant la reconnaissance de Dieu vis-
à-vis de son appartenance, de son choix. Au lieu de, «  et mon serviteur David ».
Ainsi, nous optons pour le texte de la septante ‘’première main’’ pour la correction
volontaire du style qui vaut son pesant d’or.

La note « c-c » dans la version syriaque (peshitta), révèle l’omission de la


dernière phrase du verset (moi, le seigneur j’ai parlé) qui pour ces témoins voudrait
traduire leur souci d’éviter la répétition de l’expression (moi, le Seigneur). Au-delà de
ceci, ne peut- on pas dire que l’omission de cette dernière phrase par la peshitta,
signifie pour elle aussi une remise en cause du prophétisme ?

Or, pour le texte massorétique, cette dernière phrase du texte (moi le seigneur
j’ai parlé) est une des caractéristiques les plus importantes de la prophétie de l’oracle
attestant que le prophète est le représentant de Dieu, son porte parole. Par
conséquent, cette répétition pour le texte massorétique a valeur d’insistance
traduisant leur désir de crédibiliser le message du Seigneur, de le rendre authentique
car le prophète n’est que son représentant, chargé d’annoncer son message au
peuple. Pour cela, nous maintenons le texte massorétique.

II.1.3. Traduction dynamique du texte d’Ezéchiel 34 :24

Moi, le Seigneur, je serai leur Dieu et David mon serviteur, sera prince au
milieu d’eux. Moi le Seigneur j’ai décidé.

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