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Brigades rouges

organisation terroriste italienne

Le nom de Brigades rouges (it alien : Brigate Rosse, BR) désigne une organisat ion t errorist e
d'ext rême gauche it alienne, apparue durant les années de plomb. Visant part iculièrement les
policiers et les magist rat s, les Brigades rouges ont commis de nombreux at t ent at s et assassinat s,
not amment l'enlèvement et le meurt re, en 1978, de l'ancien chef du gouvernement it alien Aldo
Moro.
Brigades rouges

(it) Brigate Rosse

BR

Idéologie Marxisme-léninisme

Objectifs Révolution prolétarienne

Statut Inactif
Fondation
Date de formation 20 octobre 1970

Pays d'origine Italie

Fondé par Renato Curcio

Alberto Franceschini
France
Actions
Mode opératoire Attentats, assassinats, jambisme

Victimes (morts, blessés) 48 morts, 415 blessés jusqu'au début des années
1980[1]

Zone d'opération Italie

Période d'activité 1970-1988


Organisation
Chefs principaux Mario Moretti, Renato Curcio, Alberto
France
Franceschini

Financement Banditisme révolutionnaire

Sanctuaire France

Groupe relié Sinistra Proletaria (it), Lotta continua, Potere


operaio, BR-PGPM, BR-PCC, BR-UCC
Répression
Considéré comme terroriste par Italie

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Histoire

Art icles connexes : Hist oire cont emporaine de l'It alie et Années de plomb (It alie).
La format ion des Brigades rouges s'inscrit dans le cont ext e de lut t es sociales de la fin des années
1960. Des grèves ouvrières secouent les usines (Pirelli et Siemens en part iculier), ce qui conduit
une part ie du mouvement ouvrier à adopt er la « propagande armée » comme mét hode de lut t e. Les
premières act ions — dest ruct ion des véhicules de cont remaît res ou séquest rat ion de cadres —
reflèt ent la composit ion sociale des groupes armés. Parmi les mille t rois cent t rent e-sept
personnes condamnées pour appart enance aux Brigades rouges, on compt ait 70 % d’ouvriers,
d’employés du t ert iaire ou d’ét udiant s[2].

En juillet 1970, le Collect if polit ique mét ropolit ain (it) (Collettivo Politico Metropolitano) se
t ransforme en Sinistra proletaria (it) (« Gauche prolét arienne »). Peu de t emps après apparaissent
les Brigades rouges le 17 sept embre 1970 lors de l'incendie de la voit ure d’un cadre de Siemens[3].
Renat o Curcio et Albert o Franceschini
France fondent ce groupe à Reggio d'Émilie.

À leurs début s, les Brigades rouges se dist inguent d'aut res groupes polit iques d'ext rême gauche
(ou encore de la gauche ext ra-parlement aire), t els que Lotta Continua ou Potere Operaio. Ces
groupes, alors représent ant s de l'opéraïsme qui inspira en France le mouvement aut onome,
cont est aient l'hégémonie du Part i communist e it alien (PCI) sur le mouvement ouvrier et
prét endaient le dépasser par la gauche. A contrario, les BR prét endent reprendre le combat
« insurrect ionnel » abandonné par le PCI à la fin de la guerre ; en effet la résist ance armée ant i-
fascist e en It alie a combat t u dans le nord les armées allemandes et les fascist es it aliens de la
république de Salo jusqu'à la « capit ulat ion nazie » en mai 1945. Pour eux ce combat est
« suspendu » et doit reprendre. La sit uat ion polit ique it alienne des années 1960-1970 est
l'occasion de reprendre le combat int errompu et de créer un « Part i communist e combat t ant  » ; en
ce sens ils sont t rès éloignés de l'idéologie de groupes marqués par l'« opéraïsme ».

Plusieurs affaires, s'inscrivant dans la st rat égie de la t ension, sont à l'origine du passage à la lut t e
armée des Brigades rouges, qui s'inscrit également dans un cont ext e géopolit ique mondial, dont
not amment l'effervescence du mouvement ét udiant dans de nombreux pays (mai 68 français,
Mexique, Argent ine, Ét at s-Unis, et c.), lié à la cont est at ion de la guerre du Viêt Nam, et c. L'at t ent at
de la piazza Font ana, le 12 décembre 1969 (16 mort s et 98 blessés), en marque le début . Un
cheminot anarchist e, Giuseppe Pinelli, est à l'époque désigné par les aut orit és. Des milit ant s néo-
fascist es seront finalement mis en examen, en 1997 seulement  ; ils seront relaxés en mars 2004
par la cour d'appel de Milan, au t erme d'un verdict t rès cont roversé. En réact ion à l'at t ent at de la
piazza Font ana, de nombreux groupes it aliens d'ext rême gauche (dont le mouvement aut onome)
ent rent en effervescence.

La craint e d'un coup de force de l’ext rême droit e en It alie, à l'image de la dict at ure des colonels en
Grèce et de la dict at ure milit aire d'August o Pinochet au Chili, dans un pays encore marqué par son
récent passé fascist e, explique en part ie pourquoi le t errorisme d’ext rême gauche s'est développé
en It alie plus que dans aucun aut re pays d'Europe. [réf. nécessaire] « J’ai grandi avec l’idée qu’ils
préparaient un coup d’Ét at , comme en Grèce ou au Chili. Et qu’ils nous auraient t ués. D’ailleurs, ils
avaient déjà commencé », explique ainsi Sergio Segio, l'une des figures des années de plomb. De
fait , ent re 1969 et 1975, les at t ent at s et les violences polit iques sont surt out imput ables à des
groupes de droit e (à 95 % de 1969 à 1973, à 85 % en 1974 et à 78 % en 1975)[2].

Devant l'échec des act ions de propagande menées en milieu ouvrier, les Brigades rouges décident
de concent rer leur act ion sur ce qu'ils appellent la « propagande armée » [4] ou la « lut t e armée » et
les act ions violent es (séquest rat ions, blessures par balles aux jambes – appelées « jambisat ions »
–, assassinat s) cont re les « servit eurs de l'Ét at  » : policiers, magist rat s, hommes polit iques et
journalist es. Selon Albert o Franceschini
France , l'un des fondat eurs du groupe, la mort de l'édit eur
Giangiacomo Felt rinelli, le 15 mars 1972, les a laissés comme des « orphelins » et les a fait
basculer dans l'act ion violent e. Franceschini
France a également admis la part icipat ion des Brigades
rouges dans l'at t ent at de l'ambassade des Ét at s-Unis à At hènes en Grèce, que Corrado Simioni
aurait organisé.

En 1974, Albert o Franceschini


France et Renat o Curcio, principaux fondat eurs du groupe, sont arrêt és par
le général Carlo Albert o Dalla Chiesa et condamnés à dix-huit ans de prison. À part ir de cet t e dat e,
on parle des secondes Brigades rouges, dirigées par Mario Moret t i.

Le groupe t uera au t ot al 48 personnes et en blessera 415 jusqu'au début des années 1980[1]. Le
journalist e Sergio Zavoli, dans l'enquêt e La notte della Repubblica, avance que de 1974 (l'année des
premiers meurt res revendiqués) à 1988, les Brigades rouges ont revendiqué 86 meurt res,
principalement des agent s de la police d'Ét at et des carabiniers, des magist rat s et des
personnalit és polit iques. Parmi ceux-ci, on t rouve 85 hommes et une seule femme (Germana
St efanini, gardienne de prison)[5]. Leur armement provenait principalement des st ocks des part isans
de la Seconde Guerre mondiale [2].

L'assassinat d'Aldo Moro

Aldo Moro filmé durant sa captivité


Les secondes Brigades rouges, dirigées par Mario Moret t i, se sont principalement illust rées par
l'enlèvement du président du part i de la Démocrat ie chrét ienne, Aldo Moro, le 16 mars 1978, jour où
Giulio Andreot t i présent ait devant les Chambres un gouvernement de « compromis hist orique »
avec le Part i communist e (PCI), écart é du pouvoir depuis la crise de mai 1947. Aux élect ions de juin
1976, le PCI avait obt enu plus de 34 % des voix, cont re 38 % pour la DC, largement plus que t out e
aut re force polit ique.

L'Ét at it alien refusa cat égoriquement de négocier avec les Brigades rouges, qui visaient à at t eindre
une sort e de reconnaissance similaire à celle obt enue par l'OLP de Yasser Arafat comme
mouvement insurrect ionnel, ainsi que la libérat ion de cert ains brigadist es incarcérés.

Après 55 jours de capt ivit é, Aldo Moro fut assassiné par les BR de Moret t i. Son corps fut ret rouvé
dans le coffre d'une aut omobile, via Caet ani, à proximit é des sièges de la DC (piazza del Gésu) et
du PCI (via delle bot t eghe oscure). Le chef du SISMI (les services secret s it aliens) reçut par la
suit e un blâme pour son at t it ude de fermet é lors des négociat ions.

Le t élégramme des Brigades rouges expédié après l'exécut ion d'Aldo Moro d'une balle dans la
nuque qualifie ce meurt re de « conclusion d'une bat aille. »

À l'époque, les Brigades rouges sont dénoncées par la t ot alit é de la classe polit ique it alienne et
apparaissent comme définit ivement isolées. Le monde syndical it alien les condamne, not amment à
la suit e de l'assassinat du syndicalist e Guido Rossa (it) le 24 janvier 1979, qui avait dénoncé un
t ravailleur coupable d'avoir dist ribué des t ract s des Brigades rouges.

Mesures législatives pour lutter contre le terrorisme

Pour faire face aux divers at t ent at s, imput ables aux deux ext rêmes du champ polit ique qui
marquent ces années de plomb, l'It alie adopt e des lois d'except ion. La loi Reale (it) du
22 mai 1975 aut orise la police à perquisit ionner et arrêt er une personne sans mandat du juge
d'inst ruct ion, sur seul soupçon. Puis le décret -loi Cossiga du 15 décembre 1979 allonge la
dét ent ion prévent ive pour les personnes soupçonnées d'act e t errorist e et aut orise les écout es
t éléphoniques.

La loi Gozzini (it) du 10 oct obre 1986, puis la loi sur la « dissociat ion » du 18 février 1987, qui
inaugure la figure du pentito (repent i ou collaborat eur de just ice) et les décret s-loi du 12 avril 1990
et du 22 décembre 1990, marqueront la fin de ces lois « spéciales », en réduisant la dét ent ion[6].

Les années 1980


À part ir de 1981, l'organisat ion se divise, ent raînant l'apparit ion de plusieurs groupes revendiquant
l'appellat ion Brigades rouges :

Brigades rouges-Part i Guérilla du Prolét ariat mét ropolit ain (Brigate rosse-Partito guerriglia del
proletariato metropolitano, BR-PGPM), le 16 décembre 1981, mené par Giovanni Senzani, un
criminologue. L'ancien chef adjoint de la police de Gênes, Arrigo Molinari, a prét endu qu'il ét ait un
agent du SISMI dirigé par Giuseppe Sant ovit o (it)[7]. Ce groupe a not amment enlevé le
démocrat e-chrét ien Ciro Cirillo, président de la Campanie (région de Naples). Les négociat ions
pour sa libérat ion, effect ive t rois mois plus t ard, ont impliqué la Camorra, le SISMI et la
Démocrat ie chrét ienne, et ont , ent re aut res, soulevé une quest ion myst érieuse : pourquoi l'Ét at
accept a de négocier pour ce not able local, alors que quat re ans avant , il avait cat égoriquement
refusé t out e négociat ion concernant Aldo Moro ?

Brigades Rouges pour la Const ruct ion du Part i communist e combat t ant (BR-PCC, Brigate rosse
per la costruzione del Partito comunista combattente), qui regroupa la majorit é des brigadist es
après la scission des BR-PGPM et s'alliera avec la Rote Armee Fraktion.

Union des communist es combat t ant s (BR-UCC, UdCC, Unione dei Communisti Combattenti),
issue d'une scission léninist e des BR-UCC qui apparaît officiellement en 1985[8].

Malgré leur isolement sur la scène polit ique, les différent es BR cont inuent leurs campagnes
d'at t ent at s et d'assassinat s. En 1981, les Brigades rouges assassinent Robert o Peci (it), frère de
Pat rizio Peci (it), collaboratore di giustizia (accusé passé aux aveux qui collabore avec la just ice
en échange d'une réduct ion de peine). Cet t e vengeance « t ransversale », qui rappelle les crimes de
la Mafia, aura aussi des conséquences t rès graves pour les Brigades. En 1988, les BR-PCC s'allient
à la Fract ion armée rouge (RAF) de RFA.

En 1992, apparaissent les Noyaux communist es combat t ant s (it) pour la const ruct ion du Part i
communist e combat t ant (NCC-PCC, Nuclei comunisti combattenti per la costruzione del Partito
comunista combattente), proche des BR-PCC[3].

Une nouvelle génération de terroristes


Art icle dét aillé : Nouvelles Brigades rouges.

Dans les années 1980, alors que la plupart des « brigadist es » de la première heure ont abandonné
la lut t e, une nouvelle générat ion cont inue de commet t re sporadiquement des act ions violent es. À
la suit e du démant èlement en 1988 de cet t e nouvelle bande, les Brigades rouges connaissent une
période de sommeil avant de reprendre leurs act ions à la fin des années 1990.

Le 1er juin 2005, cinq membres des « Nouvelles Brigades rouges », accusées d'avoir organisé
l'assassinat en mars 2002 du professeur Marco Biagi, un consult ant du gouvernement , sont
condamnées à la perpét uit é par la cour d'assises de Bologne. Les assassinat s de Marco Biagi et de
Massimo D'Ant ona (it), t ué à Rome en 1999, avaient ét é revendiqués par les BR-PCC[9].
En février 2007, quinze t errorist es présumés sont arrêt és dans le Nord de l'It alie, alors qu'ils se
préparaient selon la police à commet t re des at t ent at s et des assassinat s. Le groupe se compose
de jeunes recrues, mais également de vét érans du t errorisme, comme Alfredo Davanzo, réfugié en
France durant plusieurs années et rent ré clandest inement en It alie [10]. En oct obre 2007, Crist oforo
Piancone, un ancien membre des Brigades rouges passé en 2004 en régime de semi-libert é, est
arrêt é pour at t aque de banque [11].

Le 11 juin 2009, six personnes soupçonnées d'appart enir aux Nouvelles Brigades rouges sont
arrêt ées et accusées d'avoir projet é un at t ent at cont re le sommet du G8 à L'Aquila (8 au
10 juillet 2009). Des armes sont saisies ainsi que les plans du syst ème de vidéo-surveillance du
sommet [réf. nécessaire].

Composition

Les Brigades rouges se composaient au minimum d'une cinquant aine de cadres et de nombreux
sout iens act ifs et passifs. En 1981, 1 523 t errorist es proches ou membres des Brigades rouges
ét aient dét enus en It alie. Selon Le Monde diplomatique, les prisons it aliennes compt aient
4 000 dét enus pour des affaires de « t errorisme » en 1980. Selon Albert o Franceschini
France , après son
arrest at ion en 1974 ainsi que celle de la plupart des membres du groupe d'origine, les premières
Brigades ont laissé la place à un second groupe plus dur. France
Franceschini a émis des réserves quant à
la confiance à accorder à Mario Moret t i.

La stratégie de la tension

Dès les années 1970, on parle dans les milieux d'ext rême gauche d'une myst érieuse organisat ion
secrèt e, financée par la CIA, qui aurait manipulé, voire infilt ré, le groupe de Mario Moret t i. Albert o
Franceschini, le fondat eur des Brigades rouges, maint iendra cet t e t hèse dans ses mémoires,
France
publiés en 2005 à sa sort ie de prison. Depuis les révélat ions du premier minist re Giulio Andreot t i le
24 oct obre 1990, on sait alors qu'une t elle organisat ion, appelée Gladio, a réellement exist é. Un
rapport parlement aire de 2000 dénonça la « st rat égie de la t ension » qui visait alors, par le biais
d'at t ent at s sous faux pavillon false flags, mis sur le dos de l'ext rême gauche, à « empêcher le PCI
et , dans une moindre mesure, le Part i socialist e it alien, d'accéder au pouvoir ». Le cont rôle effect if
des Brigades rouges dans le cadre d'une st rat égie de ce t ype n'a cependant jamais ét é prouvé.

Liens avec des services secrets et spéculations diverses

Il est avéré que l'Union soviét ique apport a un sout ien logist ique aux Brigades rouges : plusieurs de
leurs membres séjournèrent clandest inement en Tchécoslovaquie et y reçurent un ent raînement  ;
une t elle assist ance impliquait nécessairement l'accord du gouvernement soviét ique. Albert o
Franceschini affirma êt re convaincu que Mario Moret t i avait ét é un agent , soit de la CIA, soit du
France
KGB[12].

Selon Franceschini,
France Corrado Simioni aurait inst allé un groupe secret à l'int érieur des Brigades rouges,
le « Superclan (it) ». France
Franceschini a allégué que Simioni fonct ionnait pour le compt e de l'OTAN
dans l'opérat ion sous faux pavillon (false flag), cit ant la proposit ion insist ant e de celui-ci
d'assassiner Junio Valerio Borghese en novembre 1970 ou d'aut res agent s de l'OTAN. Mario Moret t i
a alors pris la t êt e des Brigades rouges, et organisé en mars 1978 l'enlèvement d'Aldo Moro.
Moret t i est suspect é d'êt re un espion par Franceschini
France et Curcio.

Les t hèses d'infilt rat ion des Brigades rouges par cert aines branches des services secret s it aliens
n'ont pas ét é confirmées à ce jour.

Fuites en France
France : la « doctrine Mitterrand »

Au cours des années 1980, de nombreux membres des Brigades rouges et d'aut res groupes
t errorist es ont pu se réfugier en France en vert u de ce qu'il est convenu d'appeler la « doct rine
Mit t errand » : sous réserve de ne pas se servir de leur refuge en France comme base arrière pour
des act ions violent es, ils avaient la garant ie de ne pas êt re ext radés. Cet t e doct rine ne concernait
pas néanmoins les personnes coupables de crimes de sang, ainsi qu'il ressort d'une déclarat ion du
président Mit t errand :

« Nous avons environ 300 Italiens réfugiés en France depuis 1976 et qui,


depuis qu’ils sont chez nous, se sont « repentis » et auxquels notre police
n’a rien à reprocher. Il y a aussi une trentaine d’Italiens qui sont
dangereux mais ce sont des clandestins. Il faut donc d’abord les
retrouver. Ensuite, ils ne seront extradés que s’il est démontré qu’ils ont
commis des crimes de sang. Si les juges italiens nous envoient des
dossiers sérieux prouvant qu’il y a eu crime de sang, et si la justice
française donne un avis positif, alors nous accepterons l’extradition.(…)
Nous sommes prêts à extrader ou à expulser à l’avenir les vrais criminels
sur la base des dossiers sérieux. »

— compt e-rendu d'un déjeuner de t ravail avec le président du Conseil it alien Bet t ino
Craxi en 1985.

Cet t e doct rine se fonde sur l'idée que les lois spéciales (incarcérat ions sur la base de seul
soupçon, int errogat oires se déroulant sans la présence d’un avocat , égalit é de peine pour les
individus appart enant au même groupe quelle que soit la nat ure des délit s commis
individuellement , et c.) adopt ées par les aut orit és it aliennes pour combat t re les t errorist es allaient
à l’encont re de la concept ion française du droit [13].

Selon cert ains, la posit ion de la France aurait cont ribué à apaiser la t ension en It alie. La « doct rine
Mit t errand » n'a cependant pas de valeur juridique sur le fond : ce que peut dire un président durant
son mandat n'est pas une source de droit en France.
France

Il y eut seulement deux expulsions vers l'Afrique (Burundi) de milit ant s it aliens : le 9 mai 1985 deux
réfugiés it aliens : Enrico Fedele et Giovanni Di Giuseppe. (cont rairement à l'ETA basque qui a
beaucoup plus de milit ant s expulsés vers des pays africains)[14] [source insuffisante].

Tout efois, Sergio Tornaghi, membre de la colonne milanaise Walter Alasia (it)[15](du nom d'un
« brigadist e » qui t ua deux policiers avant d'êt re abat t u[16]), condamné par cont umace à la prison à
perpét uit é pour « part icipat ion à bande armée » et « assassinat  » et arrêt é en France en 1998, a
obt enu gain de cause devant la cour d'appel de Bordeaux. Celle-ci a refusé l'ext radit ion en raison de
la procédure it alienne qui ne permet t ait pas à l'époque à un condamné par cont umace d'êt re à
nouveau jugé en cas de ret our, comme le prévoit la Cour européenne des droit s de l'Homme [17].

Un cert ain nombre d'ent re eux rent rent dans la légalit é et parviennent à refaire leur vie en France :
France
Cesare Bat t ist i devient gardien d'immeuble puis écrivain. Marina Pet rella est assist ant e sociale
dans le Val-d'Oise. Menacée d'une arrest at ion en 2007, elle ent ame une grève de la faim, qui mène
au refus de cet t e demande d'ext radit ion ent re aut res grâce au sout ien de Dominique Voynet [18], de
Pat rick Braouezec [19].

En 2002, Paolo Persichet t i, « brigadist e » non repent i, condamné à 22 ans de prison pour
part icipat ion à l'assassinat d'un général de l'aviat ion, qui enseignait la sociologie polit ique à
l'universit é Paris-VIII, est ext radé en It alie. Paris semble alors rompre avec l'engagement pris par
François Mit t errand en 1985[20]. Ainsi, en 2019, l’incarcérat ion de Cesare Bat t ist i relance les
demandes it aliennes pour ext rader les anciens t errorist es repliés en France
France, afin de juger quat orze
personnes[21].

Le 8 avril 2021, la minist re de la Just ice it alienne Mart a Cart abia t ransmet une requêt e au minist re
de la Just ice français Éric Dupond-Moret t i « pour ne pas laisser impunis les at t ent at s des Brigades
rouges ». Plusieurs médias it aliens affirment que cet t e demande aurait ét é suivie d'un ent ret ien
t éléphonique ent re le président français Emmanuel Macron et le président du Conseil it alien Mario
Draghi. Le 28 avril, les ex-brigadist es Marina Pet rella, Robert a Capelli, Enzo Calvit t i, Giovanni
Alimont i et Sergio Tornaghi sont arrêt és sur décision du président , ainsi que Giorgio Pet riost efani,
l'un des leaders de Lot t a cont inua et Narciso Manent i, membre de Nuclei Armat i per il
Cont ropot ere Territ oriale (it). Trois aut res anciens brigadist es — Maurizio Di Marzio, Lauigi
Bergamin et Raffaele Vent ura — rest ent alors recherchés. L'Élysée affirme que cet t e décision
s'inscrit dans le cadre de la « doct rine Mit t errand » t andis qu'en It alie, le minist re des Affaires
ét rangères Luigi Di Maio, le minist re de l'Int érieur Carlo Sibilia ainsi que Mario Draghi saluent
l'opérat ion[22]. Irène Terrel, avocat e de cinq des sept personnes arrêt ées, dénonce quant à elle une
« t rahison innommable de la France »
France et affirme que « c'est la France qui leur a donné l'asile, les
aut orit és, droit e et gauche confondues, et non pas François Mit t errand », t out en ent endant
cont est er les procédures d'ext radit ion[23],[24].

Bibliographie

Aldo Moro, Mon sang retombera sur vous. Lettres retrouvées d’un otage sacrifié, mars-mai 1978,
édit ions Tallandier.

Gianfranco Sanguinet t i, Du terrorisme et de l'État, la théorie et la pratique du terrorisme divulguées


pour la première fois, t raduit de l'it alien par Jean-François Mart os, Le Fin Mot de l'Hist oire, 1980
(ISBN 2-903557-00-4).

Leonardo Sciascia, L'Affaire Moro, Grasset , 1978 (ISBN 2246006953).

Corrado Augias & Vladimiro Polchi, Aldo Moro. Une tragédie italienne (pièce de t héât re).

Gianni Cipriani, Brigate rosse, la minaccia del nuovo terrorismo, Édit ions Sperling & Kupfer (en
it alien).

Marco Baliani, Corpo di stato. Il delit t o Moro, Milano, Rizzoli, 2003. Traduct ion française
disponible dans le fonds de la maison Ant oine Vit ez.

Amedeo Benedet t i, Il linguaggio delle nuove Brigate Rosse, Genova, Erga, 2002
(ISBN 88-8163-292-6).

Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du spectacle », Champ libre,
Paris, 1979 ; Gallimard, Paris, 1992.

Ouvrages des anciens membres des Brigades rouges :

Renat o Curcio, À visage découvert, ent ret ien avec Mario Scialoja, Lieu commun, 1993
(ISBN 2867051827).

Anna Laura Braghet t i et Paola Tavella, Le Prisonnier, 55 jours avec Aldo Moro, Denoël, 1999.

Albert o Franceschini,
France Brigades rouges : L'histoire secrète des BR racontée par leur fondateur,
ent ret ien avec Giovanni Fasanella, édit ions Panama, 2005 (ISBN 2755700203).

Paolo Persichet t i, Exil et Châtiment : coulisses d'une extradition, édit ions Text uel, 2005
(ISBN 2845971435).

Enrico Fenzi, Armes et bagages. Journal d'un brigadiste, édit ions les Belles Let t res, janvier 2008.

Barbara Balzerani, Camarade Lune, édit ion Cambourakis, 2017.


Mario Moret t i, Brigades rouges. Une histoire italienne, ent ret ien avec Caria Mosca et Rossana
Rossanda, t raduit de l'it alien par Olivier Doubre, édit ions Amst erdam, 2018.

Filmographie

L'Affaire Aldo Moro, de Giuseppe Ferrara, 1986 ;

Year of the Gun, l'année de plomb, de John Frankenheimer, 1991 ;

La Seconde Fois, de Mimmo Caloprest i, 1995 ;

L'Affaire des cinq lunes, de Renzo Mart inelli, 2003.

Nos Meilleures années, de Marco Tullio Giordana, 2003 ;

Buongiorno, notte, de Marco Bellocchio, 2003 ;

Guido che sfidò le Brigate Rosse (it), de Giuseppe Ferrara, 2005 ;

Mon frère est fils unique, de Daniele Luchet t i, 2007 ;

Anni Spietati - Una Città e il Terrorismo: Torino 1969-1982, de Igor Mendolia (it), 2008 ;

Aldo Moro - Il presidente (it), de Gianluca Maria Tavarelli (it), miniserie TV, 2008 ;

Il sol dell’avvenire, de Gianfranco Pannone (it), 2008 ;

Il sorteggio (it), de Giacomo Campiot t i, 2010 ;

Ils étaient les Brigades rouges, film document aire de Mosco Levi Boucault , 2011 ;

Sangue, de Pippo Delbono, 2013.

Notes et références

1. Selma Riche, « Sept anciens membres des Brigades rouges arrêt és en France :
France ret our sur le
groupe t errorist e it alien » (https://www.franceinter.fr/justice/sept-anciens-membres-des-brigad
es-rouges-arretes-en-france-retour-sur-le-groupe-terroriste)  [archive], sur www.franceinter.fr
france ,
28 avril 2021 (consulté le 19 janvier 2022)

2. Laurent Bonelli, « Sur les sent iers escarpés de la lut t e armée » (https://www.monde-diplomati
que.fr/2011/08/BONELLI/20854)  [archive], sur Le Monde diplomatique, 1er août 2011

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Annexes

Articles connexes
Années de plomb (It alie)

Hist oire de l'It alie

Guerre asymét rique

Liens externes
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« Chronologie : L'It alie des années de plomb » (ht t p://www.lexpress.fr/act ualit e/monde/europe/l
-it alie-des-annees-de-plomb_ 492806.ht ml)  [archive] – Mat hieu Lebeau, L'Express, 25 mars
2002.

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