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Comptabilité des instruments financiers

Chapitre 2 : Classification et Evaluation des Actifs


Financiers

Selon IFRS 9, la classification d'un actif financier dans chaque catégorie est fonction :
- Des modalités de gestion : modèle économique pour la gestion des actifs financiers («business
model») définies par l'entreprise (Section 1)
- Des caractéristiques de ses flux de trésorerie contractuels (critère du « Solely Payments of Principal
and Interest », ou « SPPI »). (Section 2)

En déduire, sur la base du modèle de gestion et des caractéristiques des flux contractuels la
classification et l’évaluation des actifs financiers (Section 3)

Section 1 : Business model


Les modalités de gestion sont relatives à la manière dont la société gère ses actifs financiers afin de
générer des flux de trésorerie et de créer de la valeur.
a. Le modèle économique est déterminé par les principaux dirigeants, conformément à l’IAS
24 « Information relative aux parties liées ».
b. Le modèle économique de l’entité est déterminé à un niveau qui reflète la façon dont les
groupes d’actifs financiers sont collectivement gérés en vue d’atteindre un objectif
économique donné.
c. Le modèle de gestion est fixé pour un portefeuille d’actifs et ne dépend pas des intentions de
la direction à l’égard d’un un actif financier isolé. Ainsi, la condition du modèle
économique ne consiste pas à déterminer le classement instrument par instrument, et son
application doit se faire à un niveau de regroupement supérieur.
d. Une même entité peut suivre plus d’un modèle économique pour gérer ses instruments
financiers. Le classement n’est donc pas nécessairement déterminé au niveau de l’entité
présentant l’information financière.

Par exemple, une entité peut détenir un portefeuille de placements qu’elle gère dans l’intention
de percevoir les flux de trésorerie contractuels et un autre portefeuille de placements qu’elle
gère à des fins de transaction pour tirer parti des variations de leur juste valeur.

e. Cette appréciation s’effectue dans le cadre d’une activité normale, hors situation
de crise ou le scénario de pire (B4.1.2A). Toutefois, en cas de changement de
« business model », l’entité doit reclasser ses instruments.

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f. lorsque l’entité apprécie le modèle économique auquel appartiennent les actifs


financiers nouvellement créés ou acquis, elle doit tenir compte de toutes les
informations sur la façon dont les flux de trésorerie ont été réalisés dans le passé,
de même que de toutes les autres informations pertinentes.

g. Le modèle économique que suit l’entité pour la gestion des actifs financiers est
une question de fait et non l’affaire d’une simple affirmation.

La norme IFRS 9 distingue trois modèles de gestion :


- La collecte des flux de trésorerie contractuels, soit le modèle de gestion « Collecte » (Hold To
Collect HTC) ;
- La collecte des flux contractuels et la vente des actifs, soit le modèle de gestion «Collecte et Vente»
(Hold To Collect and Sell HTCS) ;
- Les autres intentions de gestion, soit le modèle de gestion « Autre / Vente ».

Paragraphe 1 : La collecte des flux de trésorerie contractuels HTC


Détenir l’instrument pour en percevoir les flux de trésorerie contractuels (Held To Collect ou
HTC) signifie que l’intention de gestion est de conserver l’instrument jusqu’à échéance.
Cette intention de gestion doit se faire non pas instrument par instrument, mais à un niveau de
regroupement supérieur, au niveau d’un portefeuille (B4.1.2). Une même entité peut
cependant suivre plus d’un modèle économique pour gérer ses instruments financiers. Cette
appréciation s’effectue dans le cadre d’une activité normale, hors situation de crise (B4.1.2A).
D’éventuelles ventes ne remettent pas en cause cette condition.

Exemples de ventes qui ne remettent pas en cause le business modèle économique de l’entité :
 Modification du risque de crédit (B4.1.3A) ;
 Vente isolée, même importante (B4.1.3) ;
 Concentration du risque de crédit (B4.1.3B) ;
 Le produit de ces ventes correspond approximativement aux flux de trésorerie
contractuels qu’il reste à percevoir (B4.1.3B).
Ce modèle économique ne comporte cependant aucun seuil de fréquence ou de valeur des
ventes (B4.1.4B).
Toutefois, en cas de changement de « business model », l’entité doit reclasser ses instruments.

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Paragraphe 2 : La collecte des flux de trésorerie contractuels HTCS

L’objectif de gestion est double : la gestion de ce portefeuille est à la fois de détenir certains
instruments jusqu’à échéance, mais aussi de vendre d’autres actifs financiers au sein du même
portefeuille (Held to collect the contractual cash-flows and for sale ou HTCS). Dans ce type
de modèle économique, les principaux dirigeants de l’entité ont décidé que la perception des
flux de trésorerie contractuels et la vente d’actifs financiers étaient toutes deux essentielles à
l’atteinte de l’objectif.
Ce modèle économique est généralement associé à des ventes d’une fréquence et d’une valeur
plus élevées que dans le cas du modèle économique dont l’objectif est de détenir des actifs
financiers afin de percevoir des flux de trésorerie contractuels. Cela s’explique par le fait que
la vente d’actifs financiers est essentielle, et non simplement accessoire, à l’atteinte de
l’objectif du modèle économique. Ce modèle économique ne comporte cependant aucun seuil
de fréquence ou de valeur des ventes, la perception des flux de trésorerie contractuels et la
vente d’actifs financiers étant toutes deux essentielles à l’atteinte de son objectif (B4.1.4B).

La norme fournit un certain nombre d’exemples pouvant illustrer l’utilisation de ce


portefeuille :

 Exemple 1 : l’objectif du modèle économique pourrait être de gérer les besoins


quotidiens de liquidités, de maintenir un profil particulier de rendement des intérêts,
ou de faire correspondre la durée des actifs financiers et la durée des passifs que
financent ces actifs. Pour atteindre un tel objectif, l’entité doit à la fois percevoir des
flux de trésorerie contractuels et vendre des actifs financiers (B4.1.4A) ;
 Exemple 2 : une entité prévoit avoir à effectuer des dépenses d’investissement dans
quelques années. Elle place ses excédents de trésorerie dans des actifs financiers à
court et à long terme de sorte qu’elle puisse financier ces dépenses le moment venu.
Un bon nombre de ces actifs financiers ont une durée de vie contractuelle qui excède
la durée du placement prévue par l’entité. L’entité détiendra les actifs financiers pour
en percevoir les flux de trésorerie contractuels, et, lorsque l’occasion se présentera,
elle vendra ces actifs financiers pour réinvestir les fonds dans des actifs financiers au
rendement plus élevé. La rémunération des gestionnaires responsables du portefeuille
est fondée sur le rendement global qui en est tiré (B4.1.4C) ;

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 Exemple 3 : un établissement financier détient des actifs financiers pour répondre à


ses besoins quotidiens de liquidités. L’entité cherche à réduire au minimum les frais de
gestion de ses liquidités et gère donc activement le rendement du portefeuille. Ce
rendement se compose des paiements contractuels perçus ainsi que des profils et des
pertes réalisés sur la vente d’actifs financiers. En conséquence, l’entité conserve des
actifs financiers afin d’en percevoir les flux de trésorerie contractuels, et vend des
actifs financiers afin de réinvestir les fonds dans des actifs financiers dont le
rendement est plus élevé ou dont la durée concorde mieux avec celle de ses passifs.
Cette stratégie a donné lieu dans le passé à des ventes d’une fréquence élevée et d’une
valeur importante et on s’attend à ce que ce soit encore le cas dans l’avenir (B4.1.4C) ;
 Exemple 4 : un assureur détient des actifs financiers pour financer des passifs
d’assurance. Il utilise les flux de trésorerie contractuels qu’il tire des actifs financiers
pour régler les passifs d’assurance à mesure qu’ils deviennent exigibles. Afin de
s’assurer que les flux de trésorerie contractuels tirés des actifs financiers seront
suffisants pour régler ces passifs, l’assureur procède régulièrement à d’importants
achats et ventes pour rééquilibrer son portefeuille d’actifs et pour répondre aux
besoins de trésorerie à mesure qu’ils se présentent (B4.1.4C).

Paragraphe 3 : Autres modèles économiques


Les actifs financiers sont évalués à la juste valeur par le biais du résultat net (JVRT) :
a. si leur détention ne s’inscrit ni dans un modèle économique dont l’objectif est de
détenir des actifs afin d’en percevoir les flux de trésorerie contractuels ni dans un
modèle économique dont l’objectif est atteint à la fois par la perception de flux de
trésorerie contractuels et par la vente d’actifs financiers.
b. Un modèle économique qui donne lieu à l’évaluation à la juste valeur par le biais du
résultat net est celui dans lequel l’entité gère des actifs financiers avec l’objectif de
tirer des flux de trésorerie de leur réalisation par voie de vente. L’entité prend des
décisions qui se fondent sur la juste valeur des actifs et gère ceux-ci de manière à
réaliser cette juste valeur. Dans ce cas, l’objectif de l’entité l’amène habituellement
à acheter et à vendre activement.
c. Bien que l’entité perçoive des flux de trésorerie contractuels pendant qu’elle détient
les actifs financiers, l’objectif d’un tel modèle économique ne réside pas à la fois dans
la perception de flux de trésorerie contractuels et dans la vente d’actifs financiers. La

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perception de flux de trésorerie contractuels n’est pas essentielle à l’atteinte de


l’objectif de ce modèle économique, mais plutôt accessoire
d. Le classement d’un actif en « Actifs au coût amorti » ou « Actifs en juste valeur par
OCI recyclable » (voir explication section 3) ne doit se faire que si l’actif répond à
deux conditions :
1. Business model (HTC ou HTCS).
2. Caractéristiques de l’instrument financier (test SPPI). (voir explication section 2)
Le non-respect de l’une de ces conditions entraine la classification de l’actif financier dans la
catégorie « Actifs en juste valeur par résultat ». Il s’agit donc de la classification par défaut.

En dehors des exceptions ultérieures (Section 3 : option juste-valeur par résultat, option juste
valeur par OCI non recyclable), le portefeuille « Actifs en juste valeur par résultat »
comprend :
 Les activités où l’intention de gestion est de vendre quasi-systématiquement les
instruments ayant l’échéance et donc de ne pas percevoir les flux de trésorerie
contractuels. Par exemple, les activités de trading peuvent comprendre des titres, des
prêts et des dérivés ;
 Les instruments non SPPI comme de nombreux instruments hybrides, les dérivés (en
dehors des dérivés de couverture) ;
 Les instruments de capitaux propres.

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Section 2 : SPPI
La norme IFRS 9 impose une analyse des clauses contractuelles des actifs de dette (obligations,
prêts bancaires, et créances commerciales) : si celles-ci sont qualifiées de basiques.

a. Les conditions contractuelles de l’actif financier donnent lieu, à des dates spécifiques, à des
flux de trésorerie qui correspondent uniquement à des remboursements de principal et à des
versements d’intérêts sur le principal restant dû. On parle d’instrument « basique ». Le terme
anglais est fréquemment utilisé, « Solely Payments of Principal and Interests » ou SPPI.
b. Le critère « SPPI » s’analyse au niveau du contrat. Le test est satisfait lorsque le
financement donne droit seulement au remboursement du principal et lorsque le versement des intérêts
perçus reflète la valeur temps de l'argent, le risque de crédit associé à l'instrument, et d’autres éléments
“accessoires” comme le risque de liquidité, des coûts administratifs ou une marge bénéficiaire.
c. Si contractuellement, le produit financier comporte des clauses modifiant les dates de
versement des flux ou le montant de ces flux, une analyse approfondie doit être menée.
A titre d’exemples sont mentionnées comme non qualifiées SPPI, les obligations convertibles et les
obligations dont les coupons sont inversement corrélés aux taux d’intérêt. Alors que sont qualifiées
SPPI, les obligations dont les coupons sont indexées sur l’inflation, ou les obligations à taux flottant,
dont les coupons sont indexés sur une référence interbancaire x mois correspondant à la devise
d’émission, même avec un cap.
Exemples d’instruments SPPI
- Obligation comportant une date d’échéance stipulée. Les remboursements de principal et les versements
d’intérêts sur le principal restant dû sont liés à un indice d’inflation de la monnaie dans laquelle l’instrument est
libellé. Le lien avec l’inflation ne comporte aucun effet de levier et le principal est protégé : l’instrument est
SPPI ;
- Obligation à taux variable capé : l’instrument est SPPI ;
- Un taux d’intérêt variable (EONIA, IBOR) majoré d’une marge de crédit et d’une marge commerciale :
l’instrument est SPPI (B4.1.11).
Exemples d’instruments non SPPI
- Obligation convertible en action : l’instrument n’est pas SPPI ;
- Obligation versant un taux d’intérêt variable inversé : l’instrument n’est pas SPPI ;
- Instrument de dette dont la rémunération est liée à un index non représentatif de la valeur temps.

e. Modalités contractuelles qui modifient l’échéancier ou le montant des flux de


trésorerie contractuels
Lorsqu’il existe un droit de remboursement anticipé ou d’extension de la durée de
remboursement, il existe des critères pour déterminer si l’instrument est ou pas SPPI.

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Si un actif financier est assorti de modalités contractuelles qui pourraient modifier


l’échéancier ou le montant des flux de trésorerie contractuels (par exemple, l’actif peut faire
l’objet d’un remboursement anticipé ou sa durée peut être prolongée), l’entité doit déterminer
si les flux de trésorerie contractuels qui pourraient résulter de telles modalités contractuelles
sur la durée de vie de l’instrument correspondent uniquement à des remboursements de
principal et à des versements d’intérêts sur le principal restant dû (B4.1.10) :
 Instrument financier assorti d’un taux d’intérêt révisé à la hausse lorsque le débiteur
est en défaut, il est plus probable que les flux de trésorerie correspondront uniquement
à des remboursements de principal et à des versements d’intérêts sur le principal
restant dû, en raison de la relation entre les défauts de paiement et l’augmentation du
risque de crédit. L’instrument est SPPI ;
 Une modalité contractuelle qui permet au débiteur ou au créancier d’effectuer le
remboursement anticipé de l’instrument. Si le montant du remboursement anticipé
représente essentiellement le principal restant dû et les intérêts y afférents et
éventuellement un supplément raisonnable pour compenser l’annulation avant terme
du contrat : l’instrument est SPPI ;
 Une modalité contractuelle qui permet au débiteur ou au créancier de prolonger la
durée contractuelle de l’instrument (une option de prolongation) et qui se traduit,
durant la prolongation, par des flux de trésorerie contractuels qui correspondent
uniquement à des remboursements de principal et à des intérêts sur le principal restant
dû, ce qui peut comprendre éventuellement un supplément raisonnable pour
compenser la prolongation du contrat : l’instrument est SPPI.
 Un contrat de prêt peut contenir un « covenant ». un covenant est une clause intégrée
dans un contrat de prêt ; il impose au débiteur de remplir certaines conditions comme
le respect de ratios financiers. Si la condition n’est pas respectée, l’entreprise doit en
général rembourser le montant de l’emprunt. Un covenant n’est pas en tant que tel un
critère de SPPI ou non-SPPI. On doit analyser l’actif financier en fonction des critères
SPPI définis par IFRS 9.

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