Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
110
Transistors bipolaires et Applications
Pour cette jonction, les électrons du côté de la base constituent les porteurs
minoritaires dont le passage côté collecteur est fortement encouragé par le
champ important qui règne autour de cette jonction. Il en résulte la
circulation d’un courant important entre le collecteur et l’émetteur à travers
la base (Fig.8.4), ce phénomène est appelé effet transistor. Le courant de Fig.8.3 : NPN polarisé
l’émetteur est noté IE, celui de la base est noté IB et celui du collecteur est
noté IC. Ces trois courants obéissent aux relations suivantes :
I E = I B + IC
IC = β I B
IC = α I E
En réalité, le fonctionnement du transistor est légèrement plus complexe, il faut tenir compte des courants
inverses des jonctions. Si la base n’est pas polarisée (Fig. IV-3), le courant entre le collecteur et l’émetteur
n’est pas tout à fait nul mais il a une faible valeur, on le note ICEO. De la même façon si on laisse l’émetteur
ouvert et on polarise la jonction C-B en inverse, elle est traversée par un courant inverse qui sera noté ICBO.
La relation IC = β IB devient IC = β IB + ICEO, avec ICEO = βICBO.
I C = f (VCE ) I
B =C
te
Pour les valeurs importantes de IC, les courbes ne sont plus tout à fait horizontales mais légèrement inclinées.
Dans ce cas la relation IC + β IB devrait être remplacée par IC = β IB + 1/ρ VCE . ρ est la résistance interne de
sortie du transistor, elle varie d’un transistor à l’autre. D’une manière générale sa valeur est suffisamment
importante pour puisse négliger le terme 1/ρ VCE devant β IB. Dans les ouvrages anglophones, 1/ρ est souvent
noté h22 ou hoe
Exemple :
Soit un transistor de gain β=100, polarisé à l’aide d’une alimentation Vcc=12V, calculer RB, RE, et RC pour
obtenir le point de fonctionnement {VCE =5V, IC=1mA}
Si on écrit la loi d’Ohm dans les deux mailles d’entrée et de sortie, on s’aperçoit que nous n’avons pas
suffisamment de donnée pour calculer les trois résistances. Il faut fixer une donnée supplémentaire, fixons la
tension de l’émetteur à Ve = 2V.
IB= IC / β = 1mA / 100 = 0.01 mA, VB =Ve+0.7=2.7V
VCC − VB (12 − 2, 7)V V VE 2V
RB = = = 930 K Ω, RE = E = = = 1,98 K Ω
IB 0, 01mA I E I C + I B 1, 01mA
VCC − VCE − VE (12 − 5 − 2)V
RC = = = 5KΩ
IC 1mA
112
Transistors bipolaires et Applications
Rb 2
• Veq = VCC
Rb1 + Rb 2
Rb1 Rb 2
• Req = Rb1 // Rb 2 =
Rb1 + Rb 2
• Le courant IB est déterminé à partir de :
Veq = Req I B + 0.7 + RE ( I B + I C )
En remplaçant IC par β IB, on obtient :
Fig. 8.7 : polarisation par pont
Veq − 0.7
IB =
Req + ( β + 1) RE
• Le courant du collecteur est IC = β IB
• La tension VCE est obtenue en écrivant la loi d’Ohm dans la maille de sortie :
VCC = RC I C + VCE + RE ( I B + I C )
VCE = VCC − ( RE + RC ) I C − RE I B
Application numérique :
Vcc=12V, β=100, RB1 =56KΩ, RB2 =10KΩ, RE =2KΩ, RC =10KΩ.
Calculer le point de fonctionnement.
On trouve : Veq = 1.82 V, Req = 8 KΩ d'où
(1,82 − 0.7)V
IB = = 5, 3µ A, I C = 100 × 5,3µ A = 0, 53mA
8 K + 101× 2 K
VCE = 12 − (10 K + 2 K ) × 0, 53mA − 2 K × 5, 3µ A = 5, 6V
Vcc=12V, β=100, Calculer RB1, RB2, RE, et RC pour obtenir le point de Fig. 8.8
fonctionnement :
{VCE = 5.5V, IC = 1mA, Ve = 1V}.
Ces données ne suffisent pas pour calculer les deux résistances du pont, elle permettent seulement de calculer
Req . Pour lever cette indétermination, on se donne une des deux résistances et on calcule l'autre. Une deuxième
solution consiste à se donner le rapport entre le courant du pont IP et le courant de base IB. Si on note I1 le
courant dans R1 et I2 le courant dans R2, on a I1 = IB + I2, si I2 est grand devant IB, on peut négliger IB et on
obtient I1 = I2 = IP = courant du pont.
Prenons IP = 30 IB.
IB = IC / β = 1mA / 100 = 0.01 mA, VB =Ve+0.7=1.7V
VCC − VB (12 − 1, 7)V VE VE 1V
Rb1 = = = 34, 3 K Ω, RE = = = ≈ 1K Ω
I1 30 × 0, 01mA I E I C + I B 1, 01mA
VCC − VCE − VE (12 − 5,5 − 1)V V 1, 7V
RC = = = 5,5KΩ, Rb 2 = B = ≈ 5,9 K Ω
IC 1mA I 2 29 × 0, 01mA
113
Transistors bipolaires et Applications
c- L'opération d'amplification
Un amplificateur est un montage qui fournit à sa sortie une tension égale à
la tension d’entrée multipliée par une constante supérieure à l’unité. Cette
constante s’appelle le gain en tension de l’amplificateur, on la note souvent
AV. Fig. 8.9
114
Transistors bipolaires et Applications
IB = IB0 + ΔIB sin(ωt) = IB0 + ib Ic = β IB = β IB0 + β ΔIB sin(ωt) = IC0 + ΔIC sin(ωt) = IC0 + ic
Regardons maintenant comment varie la tension VCE. VCE = VCC - (RC + RE) IC , donc, si IC augmente, VCE
va diminuer, et si IC diminue, VCE va augmenter, on dit que VCE varie en opposition de phase avec IC (figure
8.12)
figure 8.13 illustre graphiquement la relation entre les variations de IB, IC et VCE. En effet, les courants et les
tensions dans un montage à transistor sont gérés par la loi d'Ohm et la relation IC = βIB. La loi d'Ohm dans la
maille de sortie {VCC = RC I C + VCE + RE I C } s'appelle la droite de charge, on l'écrit de sorte à ce qu'elle
VCE VCC
exprime IC en fonction de VCE : IC = − +
RC + RE RC + RE
Sur figure 8.13, la droite IC = β IB détermine les variations de IC à partir des variations de IB, et la droite de
charge permet de déterminer graphiquement les variations de VCE à partir des variations de IC.
115
Transistors bipolaires et Applications
∆vBE
h11 =
• h11 est l'impédance d'entrée du transistor : ∆iB vCE = C te
∆iC
h21 =
• h21 est le gain du transistor : ∆iB vCE = C te
• h12 est un terme de réaction interne, il donne la variation de VBE en fonction de celle de VCE :
∆vBE
h12 =
∆vCE iB = C te , sa valeur est très faible, il sera le plus souvent négligé.
116
Transistors bipolaires et Applications
• h22 est l'impédance de sortie du transistor, c'est la pente de la caractéristique IC = f(VCE) à IB = Cte.
∆iC
h22 =
∆vCE iB = C te . La caractéristique étant
s
Fig. 8.17 : Montage émetteur commun Fig. 8.18 : Schéma équivalent de l'émetteur commun
C'est le montage illustré sur Fig. 8.17. Son nom vient du fait que l'émetteur est relié à la masse (commun).
C'est le montage amplificateur le plus utilisé. Le schéma équivalent global (Fig. 8.17) est obtenu comme suit :
• Le transistor est remplacé par son schéma équivalent en dynamique simplifié.
• Les condensateurs de liaisons sont remplacés par des courts -circuits?
• L'alimentation VCC est remplacée par la masse, car ce montage est celui des variations et les variations
de VCC sont nulles car c'est une tension constante.
a- Gain en tension
D'après le schéma de Fig. 8.17 on peut écrire : ve = h11iB vs = − RC iC = − β RC iB d'où l'expression du gain en
β RC
tension du montage émetteur commun : Av =
h11
AN:
Avec VCC=12V et β = 100
Calculer la résistance RC pour avoir {VCE = 6V, IC = 1 mA} puis calculer le gain en tension AV
RC = 6V / 1 mA = 6 KΩ, h11 = 26 * 100 / 1 = 2600 Ω, AV = - 100 * 6000 / 2600 = 230
Le montage tel qu'il est présenté sur Fig. 8.17 présente l'inconvénient suivant : Sous l'effet du courant IC qui
traverse le transistor, la température de celui-ci augmente légèrement à cause la puissance dissipée par effet
joule. Cette augmentation de température augmente le nombre de porteurs par le mécanisme de création de
pairs électrons trou. La conséquence directe de l'augmentation du nombre de porteur est l'augmentation du
courant IB qui engendre une augmentation du courant IC qui à son tour va engendrer une augmentation
supplémentaire de la température du transistor et provoquer ce qu'on appelle un emballement thermique.
117
Transistors bipolaires et Applications
Pour remédier à ce problème, on ajoute une résistance sur l'émetteur du transistor (Fig. 8.19). Cette résistance
joue un rôle de stabilisation de la température car, si IC augmente, alors la tension VE = RE IE augmente donc
la tension VBE diminue provoquant la diminution de IB et donc de IC.
Fig. 8.19 : montage avec résistance de stabilisation de Fig. 8.20 : Schéma équivalent du montage avec
température RE résistance de stabilisation thermique
Le schéma équivalent en dynamique devient celui de Fig. 8.20. Le gain en tension est donné par :
ve = h11iB + (1 + β ) RE iB = ( h11 + (1 + β ) RE ) iB
β RC R
vs = − RC iC = − β RC iB Av = − ≈ C , car 1 + β ≫ h11
h11 + (1 + β ) RE RE
b- Impédance d'entrée
RB h11
Il paraît évident d'après le schéma équivalent (Fig. IV-17) que : Z e = RB // h11 =
RB + h11
Pour s'en assurer il suffit d'écrire la loi d'Ohm dans la maille d'entrée, ve = Ze ie = (RB // h11 ) ie
c- Impédance de sortie
Là aussi, on voit bien sur le schéma équivalent que Z S = R C
Pour s'en assurer, vs(co) = - RC β ib , is (cc) = - β ib ZS = vs(co) / is (cc) = RC.
118
Transistors bipolaires et Applications
ve = h11iB + RE ( β + 1) iB RE ( β + 1)
Av = = ≈1
vs
vs = RE ( β + 1) iB h11 + RE ( β + 1)
ve
On remarque que le montage collecteur commun a un gain en tension voisin de l'unité, pour cette raison, on
l'appelle aussi, montage émetteur suiveur car la tension sur l'émetteur suit celle de la base.
Si le gain en tension est égal à 1, on peut se demander qu'elle est l'utilité de ce montage, c'est ce que nous
verrons un peu plus loin dans ce cours.
b- Impédance d'entrée
ve v RB i p
Ze = = e or
ie i p + iB h11iB + (1 + β ) RE iB = h11 + (1 + β ) RE iB = Z e′iB
Z'e est l'impédance d'entrée sans la résistance RB (vue à droite de RB)
ve RB Z e′ RB ( h11 + (1 + β ) RE )
Ze = = = RB // Z e′ Z e =
ve ve
+ RB + Z ′ RB + h11 + (1 + β ) RE
RB Z e′
AN: RB1 = 47 K, RB2 = 64 K, RE = 6 K ==> Veq ≈ 6.919 V, Req ≈ 27.1 K, IE ≈ 1.014 mA
RB ≈ 27 K, et h11 ≈ 5.13 K ⇒ Ze ≈ 26.5 K
c- Impédance de sortie
vs (CO )
Le courant d'entrée sera noté ii et le courant dans RB sera noté ip . Z s =
is (CC )
119
Transistors bipolaires et Applications
h11 RE
Zs = ≈ h11
h11 + ( β + 1) RE β
Fig. 8.24
Cette expression de ZS ne correspond pas au cas le plus
général car elle suppose que ve est issue d'un générateur
parfait de résistance interne Rg = 0.
Si le signal d'entrée ve est issu d'un générateur réel (Fig.
8.25), on va vérifier que l'impédance d'entrée du
montage CC dépend aussi de la résistance interne Rg du
générateur d'attaque.
Fig. 8.25
On peut simplifier le montage de Fig. 8.25 en utilisant le
théorème de Thévenin au point B, on obtient le schéma de Fig.
8.26.
Rb
Rgb = Rb // Rg , v′g = vg
Rb + Rg
Fig.8.26
( β + 1) RE v′g
vs (CO ) =
Rgb + h11 + ( β + 1) RE RE ( Rgb + h11 ) Rg + h11 Rg + h11
Zs = = RE // ≈
i (1+ β ) Rgb + h11 + ( β + 1) RE β +1 β
= v′g
s ( CC )
Rgb + h11
AN : Zs ≈ 28 Ω
On remarque d'après ce qui précède que le montage collecteur commun n'est pas un bon amplificateur car il a
un gain voisin de l'unité mais il a une impédance d'entrée élevée et une faible impédance de sortie. On s'en
sert comme adaptateur d'impédance.
− Soit on abaisse la tension d'émetteur à potentiel de base constant : c'est le montage base commune.
L’étude du montage de base commune montre tout de
suite le défaut que va présenter ce montage : vu qu'on
attaque côté émetteur, il faudra faire varier un courant
important, donc, l'impédance d'entrée sera sûrement
beaucoup plus faible que pour l'émetteur commun, qui
n'était déjà pas brillant sur ce point. En fait, ce
montage sera peu utilisé, sauf dans des applications
hautes fréquences où il trouvera son seul avantage. Fig.8.28 : Schéma équivalent base commune
Le fonctionnement intuitif a déjà été ébauché dans le paragraphe relatif à la polarisation : il est rigoureusement
le même que pour l'émetteur commun sauf qu'on attaque l'émetteur pour imposer les variations VBE, avec un
potentiel de base fixe.
On aura juste une différence de signe provenant du fait que quand on augmente la tension de base à potentiel
d'émetteur constant, la tension VBE augmente, et quand on augmente la tension d'émetteur à potentiel de base
constant, elle diminue : une tension d'entrée positive dans les deux cas aura donc des effets contraires.
a- Gain en tension.
Du schéma Fig. 28., on tire les équations suivantes :
ve = −h11ib vs = −β RC ib
Ce gain (au signe près) est le même que pour l'émetteur commun, ce qui est normal, vu que le fonctionnement
est identique.
b-Impédance d'entrée
ve
Du circuit d'entrée, on tire l'équation suivante : ie = − (β + 1)ib
RE
ve v v
Si on tire ib = − et qu'on le remplace par sa valeur, on obtient : ie = e + ( β + 1) e
h11e RE h11
ve h
On en tire l'impédance d'entrée : Z e = = RE // 11e
ie (β + 1)
h11e
RE étant du même ordre de grandeur que h11e , le terme prépondérant est . Cette impédance d'entrée
( β + 1)
est très faible, environ β fois plus faible que celle de l'émetteur commun : ce montage, sauf cas très spécial,
est inexploitable tel quel, il faudra un étage adaptateur d'impédance en entrée pour l'utiliser.
On peut remarquer que cette impédance d'entrée est quasiment la même que l'impédance de sortie du montage
collecteur commun : si on se rappelle de ce qui a été dit à ce propos, l'impédance vue de l'émetteur est égale à
tout ce qui est en amont divisé par le gain en courant : c'est exactement le cas ici, et on aurait donc pu prévoir
facilement la valeur de l'impédance d'entrée sans calculs.
121
Transistors bipolaires et Applications
c- Impédance de sortie
Pour éviter de longs calculs inutiles, on ne tiendra pas compte de la résistance du générateur d'attaque Rg.
Du circuit de sortie, on peut tirer l'équation suivante : vs = RC ( is − β ib )
ve β RC
ib = − vs = RC is + ve
h11e h11e
C'est l'équation du générateur de Thévenin de sortie : on en déduit que Zs = Rc.
Si on fait le calcul en tenant compte du générateur d'entrée, on démontre que le résultat reste le même, seul le
terme multiplicatif de eg va changer dans l'expression de la tension de sortie du générateur de Thévenin, et le
terme multiplicatif de is reste Rc.
On aurait pu prévoir ce résultat, car l'entrée est séparée de la sortie par un générateur de courant qui présente
une impédance infinie (en pratique égale à 1/h22e, qui est très grand) : du point de vue des impédances, on se
retrouve avec l'entrée séparée de la sortie.
Bilan. Utilisation du montage.
Les caractéristiques sont donc les suivantes :
- même gain en tension que pour l'émetteur commun (plusieurs centaines).
- impédance d'entrée très faible : quelques dizaines d'Ω.
- impédance de sortie moyenne : quelques k Ω, la même que pour l'émetteur commun.
En pratique, ce montage sera très peu utilisé, sauf en haute fréquence où il va présenter une bande passante
supérieure à celle du montage émetteur commun.
Remarques fondamentales.
Il faudra garder à l'esprit ces deux remarques fondamentales, qui permettront d'évaluer grossièrement mais
sans calculs les impédances des montages à transistors :
- tout ce qui est vu de la base et situé en aval de l'émetteur est multiplié par le gain en courant.
- tout ce qui est vu de l'émetteur et situé en amont de celui-ci est divisé par le gain en courant.
Ces remarques sont fondamentales par le fait qu'on peut évaluer très rapidement les potentialités d'un montage
sans faire de calculs sur le schéma alternatif petits signaux, qui, on l'a vu, sont particulièrement pénibles, et ne
donnent pas beaucoup plus de précision que ce que l'on peut déterminer très simplement.
Cette façon d'appréhender les choses permet à l'électronicien de bâtir un schéma rapidement sans se noyer
dans les calculs, et aussi, permettent de mieux comprendre le fonctionnement d'un étage à transistor, autrement
que par le biais d'équations.
122