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Introduction : « Les politiques sociales ont un sexe, elles favorisent les hommes. Elles ont
été construites pour protéger le salaire de l’homme « gagne-pain », elles continuent de
reposer sur la norme masculine de l’emploi et elles profitent largement du travail
invisible des femmes » Cette citation de Jean-Pierre Tabin nous montre bien qu’il existe
une réelle relation entre la conception du genre et de la famille qu’on les Etas
Providence et de la manière avec laquelle ils appliquent leurs politiques sociales. En
effet historriquement dans notre société occidentale on observe une prédominence du
modèle dit de « male breadwinner » grossièremment traduit par « homme gagne pain »
Cette expression désigne un modèle économique et social construit autour de la figure
du male breadwinner, qui travaille et apporte au foyer les ressources nécessaires pour
vivre. La femme joue ici un role plus passif et plus maternaliste. L Etat providence quand
à lui est une conception de l'É tat où celui-ci étend son champ d'intervention et de
régulation dans les domaines économiques et sociaux. Bien entendu ici on s’itéresse à la
question sociale. L’idée ici va alors être d’étudier cette dépendence inductive supposée
des femmes sur le plan économique par rapport aux hommes car aujourd’hui même si
l’Etat providence a tenté de s’adapter à cette évolution, la femme a pris une place
croissante dans la sphère publique et notamment sur le marché du travail, elle peut ainsi
subvenir seule a ses besoins. Pourtant le modèle patriarcal du male breadwinner reste
dans l’inconscient collectif et notamment au niveau de certaines politiques familiales et
salariales. La question est alors de comprendre l’impact sexué spécifique des politiques
sociales..
Auteurs feministres ont montré que le contrat social, entre le travail et le capital , sur
lequel repose l’Etat providence, repose en fait sur un deuxi ème contra,non explicité,
entre les sexes. En effet, l’Etat providence, tel qu’il s’est développé après guerre, était
conçu avant tout pour un travailleur masculin employé de facon stable, le but étant de
protéger le salaire de l’homme, pourvoyeur de revenu. Les femmes et les enfants ont
bénéficié d’une protection en tant que dépendants du mari ou du père. Ce modèle du
male-breadwinner, est basé sur certaines hypothèses concernant les contrivutions
respectives des hommes et des femmes au niveau du foyer, le role de la femme etant de
prodiguer les soins necessaires aux enfants et aux personnes dépendantes au sein de la
famille. De plus, ce modèle suppose des formes familiales stables. La dépendance des
femmes sur leur mari est donc inscrite dans le modèle, et soutenue par des politiques
comme le système d’imposition ( impot conjoint qui pénalise la valeure relatuve du
travail de la femme ), le salaire maternel, ou le fait que dans bien des cas, meme les
femmes qui travaillaient n’avaient accès aux prestations sociales que via leur mari, en
tant que dépendantes.
En effet, les prestations d’assistance sociale sont basées sur certains présupposés
concernant ce qui constitue un besoin et quelles personnes ‘méritent’ l’accès à ces
prestations. Cette idée de mérite est généralement liée à celle de devoir : le bénéficiaire
est censé se plier à un certain comportement en contrepartie de l’aide accordée. De plus,
les bénéficiaires de l’aide sociale sont considérés comme dépendant de l’Etat, donc un
poids pour la société, alors que les travailleurs qui perçoivent des prestations
d’assurance sociale (pension de retraite, etc.) sont perçus comme recevant ce qui leur
est dû . La dimension idéologique, normative et coercitive de l’É tat-providence est ainsi
montréedu doigt.
De plus il faut préciser que l’on observe d’importantes différences en fonction des
Etats-providence dans leurs manières de cerner cette dimension. Ainsi La mise en place
des É tats-providence, au milieu du XXe siècle, s’est faite sur la différenciation des rô les
masculins et féminins au sein de la famille et donc sur l’affectation prioritaire des
femmes aux activités maternelles et domestiques. La dépendance des femmes vis-à -vis
de l’homme gagne-pain se reflète dans les notions d’« ayant droit », de « droits dérivés »
ou encore dans l’expression « à charge », qui font dépendre l’accès aux droits sociaux des
femmes (ou à une partie d’entre eux) des contributions de leur conjoint. Les prestations
sociales destinées à la famille étaient souvent vues comme un complément au système
du salaire familial, un soutien au revenu de la famille.
Certains systèmes ont cependant intégré l’aspiration des femmes à l’emploi et ont
soutenu les mères dans leur « choix » de travailler ou de s’occuper des enfants. Alors
qu’en France, des mesures de soutien ont permis aux mères de combiner un emploi avec
des activités familiales (sans toutefois remettre en question le caractère « maternel » des
activités familiales), au Royaume-Uni, les politiques ont plutô t eu pour effet de renforcer
le modèle de l’homme gagne-pain par une spécialisation des activités au sein des
ménages (Pedersen, 1993 ; Lewis, 1992). Ce même renforcement a pu être observé en
Allemagne et aux Pays-Bas, où l’idéologie « maternaliste » est particulièrement bien
ancrée. En revanche, les pays nordiques se sont affranchis des instruments
« maternalistes »/« familialistes » de leur politique sociale, prô nant l’égalité des femmes
et des hommes à travers la participation au marché du travail, l’emploi étant considéré
comme le moyen de l’indépendance économique des femmes et le support de leur
citoyenneté sociale.
Selon Ruth Lister et al. (2007), le maternalisme identifie la maternité comme une
forme sexuée de la citoyenneté fondée sur la contribution des femmes à l’éducation des
générations suivantes de citoyens. Il revendique des droits pour les mères en
reconnaissance de leur rô le compassionnel d’aidantes, de soignantes et d’éducatrices,
complémentaire du rô le paternel de pourvoyeur de ressources économiques.
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La logique de droits dérivés prévaut dans les pays ayant un régime de protection
sociale de type bismarckien – c’est-à -dire fondé sur le travail, mais essentiellement sur
celui du chef de famille – et dans lesquels la famille est considérée comme une cellule de
base de la société, intermédiaire entre l’É tat et les individus. Ce régime de citoyenneté
sociale est peu favorable à l’activité professionnelle des femmes dont le rô le est d’abord
d’élever les enfants et de tenir le foyer, activité pour laquelle elles peuvent être
rétribuées sous des formes variables : allocations, « salaire maternel », bonifications,
avantages familiaux, pensions de réversion, etc. Les prestations de soutien aux parents
sont plutô t sous forme monétaire et de déductions fiscales qu’en nature. Ce modèle
familialiste commun aux pays de l’Europe continentale se réforme, parfois même de
façon radicale comme en Allemagne, afin d’intégrer les objectifs communautaires en
matière d’emploi et d’accueil des enfants. Toutefois, ces réformes restent des
adaptations de systèmes nationaux dont les bases familialistes / maternalistes ne sont
pas vraiment remises en question. L’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique et la France
relèvent de ce régime de genre, en dépit de différences notables concernant les
représentations du travail des mères, de l’éducation des enfants et du rô le de l’É tat dans
le soutien à la parentalité.
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En France, les revendications maternalistes, c’est-à -dire relatives à la protection des
mères et à la reconnaissance de droits sociaux liés à la maternité, ont été plus
développées que dans les autres pays, sans doute en raison de la légitimité plus grande
de l’É tat à intervenir dans les affaires familiales. Les mères ont ainsi pu bénéficier de
mesures visant à compenser certains effets de la maternité et de la parentalité sur leur
sécurité économique, par exemple des « avantages » familiaux dans les droits à retraite,
ou bien des droits à congés rémunérés
Conclusion :