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Dominique THEVENIN
Professeur de finance
Grenoble Ecole de Management
1. Séquence 1 : le circuit financier de la firme et l’analyse financière.................................................................2
1.1 Le circuit financier........................................................................................................................................2
1.2 Application:....................................................................................................................................................3
1.3 L’objet de l’analyse financière.....................................................................................................................4
1.4 La démarche de l’analyse financière...........................................................................................................6
1.5 Plan des séquences.........................................................................................................................................6
2. Séquence 2 : Le bilan financier...........................................................................................................................7
2.1 Les sources de financement..........................................................................................................................7
2.2 Les capitaux investis......................................................................................................................................8
2.3 La trésorerie...................................................................................................................................................9
2.4 Présentation du bilan financier....................................................................................................................9
3. Séquence 3 : Les soldes intermédiaires de gestion............................................................................................11
4. Séquence 4 : L’analyse par les ratios................................................................................................................16
4.1 ANALYSE DES MARGES ET DE LA RENTABILITE:........................................................................16
4.2 Les ratios d’endettement............................................................................................................................18
4.3 Analyse du BFR...........................................................................................................................................18
4.4 L’analyse de la trésorerie............................................................................................................................19
4.5 conclusion.....................................................................................................................................................19
5. Séquence 5 : L’Effet de levier de la dette, ou l’incidence de l’endettement.....................................................20
6. Séquence 6 : l’analyse par les flux....................................................................................................................23
7. Séquence 7 : Les niveaux d’information financière.........................................................................................23
7.1 Les informations générales sur le secteur d’activité et l’entreprise........................................................24
7.2 Les états comptables et financiers..............................................................................................................24
7.3 Les retraitements et reclassements nécessaires.........................................................................................25
7.3.1 Sur le bilan.............................................................................................................................................26
7.3.2 Le Compte de Résultat...........................................................................................................................28
7.4 Les comptes pro forma................................................................................................................................29
7.5 Les comptes consolidés................................................................................................................................29
8. Ouvrages à consulter.........................................................................................................................................30
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inance / 1 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
La finance a pour objet de déterminer des règles de décision et de gestion qui conduisent à
maximiser la richesse des individus. L’entreprise se situe au coeur du processus de création
de richesse, richesse ensuite distribuée entre différents acteurs économiques, dont les intérêts
sont souvent contradictoires.
La théorie financière, élaborée depuis les années 50’, privilégie le point de vue des
propriétaires de la firme, c’est-à-dire de ses actionnaires. Ce sont eux, en effet, qui apportent
les fonds, prennent les risques, et souhaitent être rémunérés en conséquence. Les actionnaires
sont, de droit, souverains dans leur entreprise.
La finance définit ainsi les principes de décision dont l’objectif est de maximiser la
richesse des actionnaires, donc de maximiser la valeur de la firme. Les ressources
financières dont disposent les entreprises étant rares, des règles de décision strictes doivent
être appliquées par les dirigeants d’entreprise.
Les rôles respectifs des actionnaires, créanciers et dirigeants, dans la firme doivent être
présents à l’esprit de chacun, car, en économie à frontières ouvertes, la culture colbertiste
française laisse la place au système libéral, dans lequel la firme est valorisée en permanence
par le marché financier.
Sur un plan purement financier, la firme est considérée comme un circuit qui relie trois
fonctions:
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ANALYSE FINANCIERE
le personnel,
les impôts.
D actionnaires
E Fonds
C propres
I
S
I dettes
investissement O
N
créanciers
R P
I R personnel
clients C O
H D
matières E U
premières S I
consommations S T
intermédiaires E E
ETAT FF
-
La richesse résiduelle est ensuite répartie entre créanciers et actionnaires. Les premiers
perçoivent une rémunération fixe, définie contractuellement; les seconds perçoivent un revenu
aléatoire, composé de la part de richesse créée qui n’a pas été dépensée au service de la dette.
1.2 Application:
Vous devez organiser une compétition de V.T.T dans un an. Le coût de viabilisation du terrain
est estimé à deux millions € (les travaux doivent commencer immédiatement).
La compétition doit générer 10 M€ de recettes publicitaires; les frais sont évalués à 1M€ pour
la gestion administrative, 4M€ de salaires (dont le vôtre), et 2M€ de frais de prospection
commerciale.
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ANALYSE FINANCIERE
Vos bénéfices ne sont pas imposés. Comme votre surface financière est limitée, vous avez
trouvé le financement des 2M€: 50% seraient apportés par un actionnaire qui exige 20% de
rémunération minimum, et 50% par une banque qui exige 10%.
L’affaire sera liquidée le lendemain de la compétition.
Explications:
L’investissement s’élève à deux millions, sa durée est un an. Son financement est
assuré par:
- le banquier qui apporte 1M€. Il faudra lui rembourser 1.1M€ dans un an.
- l’actionnaire, qui apporte 1M€. Il faudra lui verser 1.2M€ dans un an (20% de
rémunération).
Globalement, l’actionnaire et le banquier devront donc percevoir 2.3M€ dans un an.
Exploitation:
Recettes: 10M
- Frais: 7M
Flux dégagé: 3M dans un an.
Au terme de la compétition, les flux dégagés seront répartis. Le banquier s’octroie 1.1M€, il
reste alors 1.9M€ pour l’actionnaire. Comme il exigeait 1.2M€, la richesse créée excède ses
prétentions. Il faut donc organiser la compétition.
Banque
1.1 M
Recettes: 10M
- Frais: 7M
Flux dégagé: 3M
Remarque
Si les recettes ne s’élèvent qu’à 9.2M€, le flux dégagé est de 2.2M€. La part revenant à
l’actionnaire est alors de 1.1M€. Certes, il aura gagné 0.1M€, mais ce surplus de richesse est
inférieur à ses exigences. Vous ne pouvez donc pas organiser la compétition.
Ainsi le dégagement de richesse en faveur de l’actionnaire repose sur les prises de décision
relatives aux investissements, au mode de financement, et au mode d’exploitation, dans un
contexte de risque.
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inance / 4 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
1/ d’évaluer la performance des firmes et leur niveau de risque: c’est l’objet de l’analyse
financière.
2/ de décider dans quel projet investir et comment financer la firme: c’est l’objet de
« corporate finance », ou finance d’entreprise.
3/ d’installer les dispositifs de contrôle des firmes, et s’assurer que les décisions sont prises et
exécutées dans l’intérêt de l’actionnaire. C’est l’objet d’une problématique récemment
apparue, la « corporate gouvernance », ou Gouvernement d’entreprise.
Cette analyse est menée à bien selon deux axes. Il a été montré ci-dessus que l’entreprise
devait dégager une rentabilité supérieure au coût des ses financements. Un premier axe
logique est donc constitué par l’analyse de la rentabilité et sa pérennité. Mais la stratégie pour
dégager des profits peut être conduite avec des prises de risques variées, que ce soit des
investissements hasardeux, ou un fort endettement. Le second axe est donc constitué de
l’étude des équilibres financiers, et des risques encourus.
L’analyse financière apparaît comme un outil d’aide à la décision. En effet, tout responsable
d'entreprise sera conduit tôt ou tard à évaluer le risque que présente un partenaire avec lequel
il entretient des relations, ou s'apprête à conclure des accords. De même, la situation
financière de la firme est examinée par de multiples acteurs économiques, dont évidemment
ses actionnaires, et ses créanciers.
Actionnaires
= propriétaires
Créanciers:
fournisseurs
défaillance
analyse
financière
Dirigeants:
clients Evaluation
management
salariés
Malgré ses imperfections et ses faiblesses, l'analyse financière est l'un des rares outils
utilisables pour établir un diagnostic. Car l’étude est effectuée à partir des informations
financières, donc des états comptables qu’elle publie, qui constituent les seuls éléments
certifiés par des professionnels qui engagent leur signature, donc leur réputation.
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ANALYSE FINANCIERE
Certes, certains scandales récents ont jeté le discrédit sur la qualité de l’information publiée.
En fait, il est préférable de conduire des analyses financières en gardant à l’esprit les limites
présentées par les états financiers publiés, établis en fonction de normes.
Pour établir une analyse financière sur une entreprise, l’opérateur doit suivre une démarche
rigoureuse.
Nous venons de voir qu’il s’agissait d’étudier le fonctionnement du cycle qui lie
l’investissement, le financement et l’exploitation à partir essentiellement des états financiers
publiés.
Naturellement, les comptes reflètent l’activité de l’entreprise, mais les performances doivent
être expliquées par la pertinence des décisions managériales, et le poids de l’environnement.
Par ailleurs, les comptes, établis selon des normes comptables, fournissent une information
parfois éloignée des besoins du financier, qu’il faut donc remettre en forme. Un gros travail
doit donc préparer l’analyse proprement dite.
La démarche judicieuse est donc la suivante :
se procurer des informations générales sur l’entreprise, qui éclairent les performances
financières,
se procurer les états financiers,
retraiter ces informations et les comptes si besoin,
Mettre sous une forme financière les informations comptables,
Mesurer, analyser, juger.
Le lecteur aura remarqué que les numéros de séquences ne suivent pas la démarche ci-dessus.
Nous avons fait le choix pédagogique de centrer le cours sur les mécanismes financiers et
l’analyse elle-même, plus que sur la phase de collecte et retraitement de l’information. Nous
commençons donc avec une information plus réduite, de manière à travailler dès que possible
sur l’information mise en forme.
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ANALYSE FINANCIERE
Pour les séquences suivantes, les comptes de l’Oréal, 2000, en euros, modifiés à des fins
pédagogiques, serviront d’illustration.
A partir du bilan, qui montre les ressources de l’entreprise, et les utilisations qu’elle en fait,
il est possible de mettre en évidence les financements de l’entreprise, et ses investissements.
Deux éléments de notre circuit sont donc isolés, et présentés sous la forme qui nous
intéresse, c’est-à-dire un bilan financier.
Ce bilan financier montre deux éléments fondamentaux sur lesquels reposera notre
diagnostic.
le financement à titre onéreux de l’entreprise, c’est-à-dire ses fonds propres et ses
dettes financières;
2/ les actifs économiques, ou capitaux investis, c’est-à-dire les actifs qu’elle doit
mobiliser pour dégager de la richesse: ce qu’elle a investi stricto sensu (ses
immobilisations), et les conséquences de ses investissements ( ses besoins liés à
l’exploitation et son argent frais).
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inance / 7 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Ces fonds sont rémunérés de manière contractuelle, et déclenchent des sorties d’argent fixes.
L’endettement contribue donc à accroitre les risques.
Pour évaluer les fonds empruntés, il faut distinguer, dans le bilan, les financements dont
l’horizon excède un an, et ceux qui correspondent à des mobilisations court terme. Ce, pour
montrer les financements stables, et les financements précaires. La présentation change
souvent d’une entreprise à l’autre, aussi il convient d’être prudent en lisant les bilans.
les immobilisations:
L’investissement est le mécanisme par lequel une personne physique ou morale cherche à
accroître sa richesse. Il consiste en un engagement de ressources financières, réalisé dans
des délais brefs, pour percevoir des revenus ultérieurs sur de longues périodes.
Les immobilisations revêtent une forme immatérielle (R&D, fonds de commerce, licence,
etc), matérielle (terrains, bâtiments, agencements, installations techniques, etc), ou
financière (titres de participations, emprunts accordés, etc).
Au bilan, nous connaissons leurs valeurs nettes comptables, et leurs valeurs d’acquisition.
Lors de l’exercice de son activité, l’entreprise subit un décalage entre le moment où elle
facture à ses clients, le moment où elle perçoit le produit de ses ventes, et le moment où elle
règle ses fournisseurs.
- si elle octroie à ses clients un crédit de 90 jours, elle n’encaissera pas la totalité de
ses 12MF de ventes au cours de l’année, car elle doit attendre 3 mois pour que ses ventes soient
réglées. Ainsi, au terme de l’année, 9MF auront été encaissés et 3MF seront encore ‘dehors’ sous
forme de créances.
- il en est de même, dans l’autre sens, avec les fournisseurs, mais le crédit obtenu des
fournisseurs compense rarement le crédit octroyé aux clients.
Dans les services, si les stocks de matières premières sont limités, le stock se matérialise sous forme
d’en-cours dans les commandes. Il s’agit alors essentiellement des salaires versés pendant la
réalisation des études, que l’entreprise avance bien avant d’être réglée par son client.
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inance / 8 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Le BFR se crée dès lors que l’exploitation débute et il persiste tant que l’entreprise exploite
(le stock vendu est reconstitué aussitôt; lorsqu’une créance est payée, une nouvelle créance
naît). Il correspond donc à une somme d’argent immobilisée, qui ‘roule’ dans l’entreprise.
Comme le niveau du BFR évolue avec l’activité de l’entreprise, la manière la plus pertinente
de l’exprimer est de traduire le niveau de BFR en jours de C.A.
2.3 La trésorerie
Les ressources financières stables et les capitaux investis dans les immobilisations et le BFR
ne sont pas toujours parfaitement en phase. Cela peut provenir par exemple :
saisonnalité marquée,
ressources à long terme en phase d’investissement,
préparation d’un investissement par l’entreprise.
Ce résidu correspond donc à l’argent frais, qui est disponible, où, inversement, qui fait
défaut si l’entreprise a investi sans se soucier des ressources stables. Il s’agit de la
trésorerie.
Arithmétiquement, c’est la différence entre les capitaux permanents d’une part, et les
investissements ( immo + BFR) d’autre part.
Elle comprend donc dans le bilan les postes qui n’ont pas été retenus pour l’estimation des
grandes masses précédentes :
Les disponibilités à l’actif: valeurs mobilières de placement, la banque et la caisse,
Les financements à court terme au passif: soldes débiteurs des banques, etc., et les
EENE.
Le bilan financier est présenté de manière à montrer les capitaux investis et les financements
coûteux de l’entreprise, dans une perspective de court et long terme. Il tient en 6 ou 7
éléments.
D’un côté, on trouvera les actifs économiques, utilisés pour produire, qui comportent de toute
évidence les immobilisations nettes, et le besoin en fonds de roulement. Celui-ci est lié à la
structure de production de la firme, et au pouvoir de négociation des règlements:
l’exploitation absorbe donc des capitaux, mais elle en génère également par le biais du crédit
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inance / 9 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
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fournisseur. Le total de l’actif ne mesure donc pas correctement les capitaux mobilisés pour
produire. Il faut le corriger par les ressources que génère l’exploitation. A cela sont ajoutées
les disponibilités. Bien que ces dernières ne soient pas indispensables pour exploiter, elles
sont prises en compte dans l’actif économique, car elles constituent aussi un emploi, financé
par une ressource coûteuse.
A u passif financier se trouvent les ressources coûteuses de la firme : fonds propres, fonds
empruntés, et mobilisations court terme.
L’avantage de cette présentation est de mettre aussitôt en évidence les 2 modes de
financement possibles: fonds propres, fonds empruntés, puis le déséquilibre financier
éventuel: disponibilités abondantes et inutiles, ou excès de mobilisations court terme.
ACTIF 2000
Immobilisations incorporelles 4 641
Autres immobilisations corporelles 1 612
Immobilisations fnancières 1 352
Total immos nettes 7 605
Stocks & en-cours 1 227
Clients et comptes rattachés 2 248
Autres créances d'exploitation 950
Valeurs mobilières de placement 1 082
é
tsise
lC
,p
b
a
o
d
in
i 506
Charges constatées d'avance
Ecart de conversion actif
Charges
PASSIF à répartir
CapitalACTIF
TOTAL social 135
13 618
Primes 953
Autres réserves, divers fonds propres 4 532
Résultat de l'exercice 970
Total fonds propres 6 590
les taux de marge brute : il s’agit de la différence entre le prix de vente et le prix
d’achat des marchandises, biens et services. On parle de marge brute commerciale pour les
activités de négoce, de marge brute sur production pour les activités de services ou
industrielles, et de marge brute totale pour l’entreprise elle-même.
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inance / 11 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
la valeur ajoutée = richesse créée par l'entreprise dans l'exercice de ses activités
courantes. C’est la différence entre son prix de vente et les consommations intermédiaires
incorporées dans les articles ou services vendus.
le résultat net: il correspond bien sur au résultat net de la comptabilité. Il est tributaire
de la politique de financement, et surtout de la volonté de lisser les résultats de la part des
dirigeants.
la capacité d'autofinancement ou CAF: c'est ce qui reste à l'entreprise une fois qu'elle
a fait face à ses obligations, notamment fiscales. Il est souhaitable de distinguer la CAF
d'exploitation, et la CAF hors éléments exceptionnels, car la CAF globale est un amalgame
et ne permet pas de voir les ressources récurrentes.
Nous joignons un tableau, non exhausitf, des SIG, pour des comptes français proches de la
liasse fiscale.
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inance / 12 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
+ Production vendue
+ Production stockée
+ Production immobilisée
= Production totale
- achat de matières premières
- var. de stocks de mat. prem.
= Marge sur production
+ marge commerciale
+ marge sur production
- consommations
= Valeur ajoutée
Valeur ajoutée
+ subvention d’exploitation
- impôts et taxes
- salaires et charges sociales
- frais de personnel intérimaire
- frais de sous-traitance (personnel)
= Excédent Brut d’Exploitation
EBE
+ reprises sur provisions
+ autres produits
- autres charges
- Dotations aux amort. & prov.
- quote part de crédit-bail équivalent aux dotations
= Résultat d’exploitation
+ produits financiers
- frais financiers autres qu’intérêts
= Résultat Economique avant IS (EBIT anglo-saxon)
- frais financiers (rémunération des dettes)
- quote part de crédit-bail équivalent aux frais financiers
= Résultat courant
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inance / 13 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
+ produits exceptionnels
- pertes exceptionnelles
= Résultat exceptionnel
Résultat courant
+ Résultat exceptionnel
- Participation des salariés
- impôt sur les sociétés (IS)
= Résultat net
rappel:
Vente de marchandises
+ Production vendue
= Chiffre d’affaires HT
CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT
Méthode descendante Méthode ascendante
CAF d’exploitation
+ Résultat financier = CAF (globale)
+ Résultat exceptionnel
= CAF (globale)
Les formules de calcul qui conduisent du compte de résultat au tableau de SIG sont jointes.
Il s’agit d’une grille type qui peut être modifiée en fonction des informations disponibles, et
du degré de précision souhaité par l’analyste. Nous vous conseillons de la reproduire sur un
tableur.
Comme nous l’avions proposé avec le bilan financier, nous communiquons les éléments pour
l’Oréal : compte de résultat déjà simplifié, et SIG.
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inance / 14 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
PRODUITS D'EXPLOITATION :
Production vendue 12 671
Production stockée 200
Total des produits d'exploitation : 12 871
CHARGES D'EXPLOITATION :
Achats matières premières et appro. 2 555
Variation de stocks de matières premières -48
Autres achats et charges externes 5 989
Impôts, taxes et versements assimilés 146
Salaires et traitements 2 218
Dotation aux amortissements 386
Dotation aux provisions 85
Autres charges 59
Total charges d'exploitation : 11 390
RESULTAT D'EXPLOITATION 1 481
Produits fnanciers (rémunération du capital) 1
Charges fnancières (fnancement de la frme) 158
autres produits fnanciers 0
autres charges fnancières 2
RESULTAT FINANCIER -159
RESULTAT COURANT AVANT IMPOTS 1 322
RESULTAT EXCEPTIONNEL 0
Impôts sur les sociétés 489
RESULTAT NET 833
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inance / 15 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Bilan financier et Soldes Intermédiaires de Gestion procurent une vision des masses
financières qui touchent l’entreprise étudiée. Les investissements, leur financement sont
mesurés, et la richesse dégagée est expliquée. Néanmoins, ces éléments ne suffisent pas pour
mesurer si le circuit financier fonctionne correctement. Un croisement des grandeurs à
l’intérieur des tableaux, ou entre les tableaux eux-mêmes s’impose.
Le travail en question consiste à calculer des ratios financiers, mettant en évidence les
caractéristiques économiques et financières de l'entreprise. Ces ratios sont comparés au
secteur d'activité (quand cela est possible), ou suivis dans une perspective temporelle.
Ils visent à déterminer comment l’entreprise assure sa rentabilité, et combien elle crée de
valeur pour les actionnaires, tout en conservant une structure financière cohérente, qui
limite les risques d'insolvabilité et d'illiquidité.
Le calcul de ces ratios met en évidence nombre de grandeurs significatives qui doivent être
interprétées.
Il est possible de calculer une infinité de ratios; mail il conviendra d'en calculer le minimum,
et surtout de cerner quelles en sont leurs limites.
Le cas de l’entreprise L’Oréal en 2000 sert encore d’illustration, et nous vous invitons à jeter
un œil dans les pages précédentes, où sont disponibles bilan financier et SIG.
Il s’agit d’une mesure évidemment très sensible à la politique de « lissage » des résultats, et il
est prudent de la considérer sur plusieurs années.
Ce gain, revenant à l’actionnaire, est obtenu par la capacité du management à maitriser les
trois grandes composantes citées ci-dessus.
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inance / 16 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
un « taux de marge » = il mesure combien l’entreprise gagne chaque fois qu’elle vend 100 €.
On peut le mesurer par Res net soit 833 / 12671 = 6,6% chez L’Oréal.
CA
Néanmoins, cette grandeur, dite « taux de marge nette », est tributaire de la politique de
provisions de la firme, de son mode de financement, et d’acquisitions. Il s’agit d’une mesure
globale, qu’il faut analyser, et expliquer, notamment en mesurant l’efficacité de l’exploitation
courante.
La mesure la plus pertinente de l’efficacité est l’EBE, car indépendante des investissements
et du financement : EBE soit 2011 / 12671 = 16% chez L’Oréal.
CA
Appelée souvent, à tort, « rentabilité commerciale », elle indique combien l’exploitation
récurrente dégage pour 100 € investis, qui serviront ensuite à payer les impôts, les intérêts des
emprunts, etc.
Un autre indicateur de marge pertinent est Résultat Economique/ CA, ici 1482 / 12671 =
11,7%, avant impôt naturellement. Il est souvent appelé marge opérationnelle dans les
entreprises.
Si le taux de marge indique combien l’entreprise gagne par rapport à ses ventes, il ne faut pas
oublier qu’au préalable, elle a du investir pour produire, donc engager des capitaux. Ce sont
ces capitaux que les revenus dégagés par l’exploitation doivent rémunérer. Il faut donc
déterminer combien l’entreprise est capable de vendre chaque fois qu’elle engage 1 €. Cette
mesure est appelée rotation :
CA =12671 / 10726 = 1,1813
Actifs économiques
Elle varie énormément d’un secteur d’activité à un autre. Les capitaux engagés dans les
services ou la distribution n’ont rien à voir avec des équipements lourds et durables.
Lorsque l’on combine un taux de marge (établi par Résultat économique / CA) et la rotation,
on obtient le taux de rentabilité économique :
Réco mesure l’efficacité des actifs investis, c’est-à-dire combien gagne l’entreprise pour 100 €
investis. Elle indique la richesse dégagée à la fois par l’exploitation, les investissements
financiers et le produit de la gestion de la trésorerie. Le ratio est indépendant du mode de
financement. On le calcule avant impôts, mais il est aisé de l’évaluer théoriquement après
impôts. On le notera dans ce cas réco.
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inance / 17 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Après avoir expliqué la formation de la rentabilité, évaluer les risques de l’entreprise est
indispensable. Ce risque provient essentiellement de l’endettement, de l’ampleur des capitaux
investis, donc du BFR, et de la trésorerie.
Les ratios suivants se proposent de vérifier que la politique d’endettement de la firme est
judicieuse.
On distingue souvent deux leviers, l’un calculé sur la base de la dette financière totale, l’autre
incluant seulement la dette long terme. Il est préférable de prendre la dette financière
totale, dans la mesure où elle génère les intérêts, et estime mieux l’effet de levier.
Ce ratio a été calculé pour l’Oréal, 0,47.
Selon les secteurs, les périodes, les limites peuvent fluctuer, mais dans de nombreux secteur,
le levier ne doit pas excéder 1, seuil au-delà duquel la plupart des banques et analystes
considèrent que la dette fait peser un risque trop fort.
Un ratio, couramment dit d’endettement (Dette totale / Passif) ne signifie pas grand chose,
bien que très apprécié des comptables, dans la mesure où il intègre les comptes fournisseurs
qui viennent eux-mêmes compenser des comptes-clients.
Le poids de la dette Frais fi indique quelle part de l’EBE est utilisée pour
EBE rémunérer la dette. 7,9% chez l’Oréal.
Dans la mesure où l’EBE doit encore financer les impôts, l’usure des installations, les
dividendes, il est prudent de limiter ce ratio à 25%.
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inance / 18 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Ces éléments indiquent le rapport de force entre l’entreprise, ses clients et ses fournisseurs, et
reflètent les processus techniques de son métier.
Ratios de rotation:
Il est préférable d’utiliser ces ratios exprimés en j de CA, plutôt que les montants absolus, ou
en jours d’achats. Chez l’Oréal, on calcule aisément que les stocks représentent 35 jours de
CA, les clients dont on attend le règlement 91 jours, et les fournisseurs sont payés sur une
base de 49 j de CA.
De même, on exprime le BFR en jours de CA, et l’on peut suivre son évolution.
Dans le bilan financier, nous avons montré que la trésorerie de l’entreprise correspondait à
son potentiel d’argent frais disponible. On le retrouvait en faisant la différence arithmétique
des postes de bas de bilan. Cette approche montre le net de trésorerie comme un constat, qui
conduit souvent des responsables d’entreprise à évoquer des « problèmes de trésorerie ».
En fait, il est préférable d’utiliser l’autre approche, plus explicite, qui montre la trésorerie
comme la différence entre les ressources stables et les capitaux investis en Immobilisation et
BFR. Sous cet angle, la trésorerie apparaît comme la conséquence des décisions de
financement et d’investissement.
L’analyse de trésorerie est importante, car ce résidu est dangereux. Trop abondant en
permanence, il détériore la rentabilité de l’entreprise. Trop rare, il est la source de défaillance.
C’est par là en effet que vient la faillite.
4.5 conclusion
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inance / 19 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Nous ne conseillons pas l’utilisation des ratios dits de solvabilité présents dans de nombreux
manuels. Confrontant les passifs exigibles à court terme avec les actifs à court terme, les
mesures sont censées indiquées si l’entreprise peut faire face à ses engagements à court terme.
Cela suppose d’abord que les actifs soient liquidables à cette valeur, qu’ils soient
suffisamment liquides, et surtout que leur liquidation n’entraine pas l’arrêt de l’exploitation !
Ces ratios sont pertinents dans une perspective de liquidation, mais en aucun cas de continuité
d’exploitation.
A partir de l’analyse par les ratios, de nombreux analystes ont tenté d’élaborer des méthodes
de prédiction de défaillance. Deux approches doivent prises avec la plus grande précaution:
2/ Le score: il s’agit d’appliquer des formules où certains ratios sont pondérés. La note
obtenue serait capable de prédire les défaillances. Très appréciées des banques pour les études
de crédit, car le traitement informatique procure des gains spectaculaires de productivité, ces
méthodes sont peu fiables. Rien ne vaut l’oeil d’un analyste averti !
Nous tenons une fois encore à mettre en garde contre une utilisation non réfléchie de l’analyse
par les ratios, qui conduit à une vision purement obscurantiste de la firme.
Si l’on prend le cas d’une entreprise sans dette, par définition, sa rentabilité économique après
impôts, modulo modifications mineures, est égale à la rentabilité financière. Ainsi, ce qui
revient aux actionnaires est égal à ce qui est dégagé par les actifs.
Néanmoins, la plupart des entreprises s’endettent, et la seule explication possible de la
différence entre rentabilité économique et rentabilité financière provient de la dette.
Imaginons, ceteris paribus, L’Oréal se finançant sans dette, et établissons ses bilans financiers,
et SIG. Il vient :
ctx
investis fnancement
FP
10 726 10 726
_________________________________________________________________________________________F
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ANALYSE FINANCIERE
13,8%
8,7%
8,7%
après IS
Les capitaux investis restent les mêmes, car ils sont évidemment indépendants du mode de
financement, et les fonds propres financent intégralement l’entreprise.
Pour les SIG, le résultat économique ne change pas. Par contre, les 158 d’intérêts
disparaissent, et les économies fiscales générées par les intérêts aussi. Nous avons calculé le
taux d’imposition moyen de l’Oréal, qui s’élève à 37%. Il convient donc de rehausser le
résultat net de 158* (1-37%) = 100, ce qui porte le résultat net de l’Oréal à 933 au lieu de 833.
Les capitaux investis dégagent un résultat économique avant IS de 1482, et après impôts de
933. Ces 933 reviennent intégralement à l’actionnaire, et on l’obtient donc que la rentabilité
financière = 8,7% = 933 / 10 726 = rentabilité économique après IS.
FP
10 726 7 302
11,4%
8,7% D
après IS 3 424
Ainsi, si réco désigne la rentabilité économique après IS, et i le taux d’intérêt de la dette,
RFP
Part reven ant aux ac tionnaires R iD 1 TIS
Eco
Part inves tis par le s actionna ires FP
_________________________________________________________________________________________F
inance / 21 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
REco FP D
iD 1 TIS
1 TIS
RFP
FP
D
et donc, RFP rEco
FP
rEco i 1 TIS
Pour l’Oréal, le taux d’intérêt des emprunts peut être estimé par les intérêts versés divisés par
la dette : 158 / 3424 = 4,6%, le levier D/ FP = 3424 / 7302 = 0,47. Pour un taux d’imposition
moyen de 37%, il vient alors un effet de levier = 0,47 * ( 13,8% - 4,6%) * (1-37%) = 2,7%.
Nous vérifions au passage que le coût de la dette est très inférieur au taux de rentabilité
économique dégagé par les capitaux investis.
Au cours des années 70’, beaucoup d’entreprises en France ont utilisé le mécanisme. Celui-ci
n’est pourtant pas sans risque. En effet, si le résultat économique se détériore, et tombe à 320 :
la rentabilité économique R a chute à 3%, et à 2% après impôts.
Si L’Oréal n’a pas de dette, R FP tombe à 2% également. Avec la dette, par contre, le résultat
net passe à 100 car les intérêts ne changent pas, soit Rfp = 1,4%. L’effet de levier est devenu
négatif, et ampute donc les gains générés par le business.
Chez l’Oréal, il existe une bonne marge de sécurité, entre les 13,8% dégagés par le business et
les 4,6% du coût des dettes. Mais il est envisageable que le résultat économique ne permette
plus de payer les intérêts de la dette... Il n’y a plus d’économie d’IS, l’entreprise perd alors sur
les deux tableaux.
L’effet de levier se transforme alors en ‘effet de massue’.
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inance / 22 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
L’endettement accroît donc considérablement le risque de faillite, et le risque qui pèse sur les
fonds propres.
Ce mécanisme d’effet de levier est trompeur. Au-delà de l’incitation à l’endettement, il faut
bien comprendre que la comptabilité crée une sorte de mirage. En apparence, la rentabilité
servie à l’actionnaire augmente avec l’endettement, et certains ont pu voir un bon moyen
d’atteindre les sacro saints 15% de rentabilité financière. En fait, cette rémunération
supplémentaire servie à l’actionnaire n’est que la contrepartie d’une prise de risque plus
élevée !
Une vision complémentaire à l’analyse par les ratios peut être apportée par l’étude des flux
qui affectent la firme pendant les périodes écoulées.
Par flux, nous entendons une entrée ou une sortie d’argent de la firme. Tout flux affectant le
bilan et/ ou le compte de résultat, les tableaux de SIG et le bilan financier permettent de
reconstituer les causes de l’évolution de la trésorerie de l’entreprise. Toutefois, les comptes
publiés distinguent mal ce qui est flux et ce qui n’en est pas. Aussi la tâche est-elle fastidieuse
ou impossible lorsque l’entreprise ne publie pas de tableau de flux.
Le tableau de flux est obligatoire dans les états financiers anglo-saxons, et systématique dans
les sociétés françaises cotées. En 2005, les normes IFRS l’ont rendu obligatoire. La question
des « liasses fiscales » demeure.
Un tableau recense les flux selon ces catégories, année par année.
Investissement désinvestissement
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ANALYSE FINANCIERE
Cette première démarche à mettre en oeuvre, pour établir un jugement sur la rentabilité et le
risque présentés, doit donc être suivie d’un tri, d’un retraitement des informations pour les
formater sous une forme plus financière. L’analyste se heurte très vite à des difficultés.
il est bon de se procurer des études sectorielles, études du marché; passé et
perspectives. La concurrence, les points clés de l’actualité sur la période étudiée.
Cf études spécialisées, magazines, presse économique et financière.
Nous recommandons plus particulièrement Les Echos, la Tribune, Investir, et Option
Finance.
Des progrès ont été constatés en France dans ce domaine, notamment dans les firmes cotées
sur le marché. En dépit des scandales récents, en particulier aux Etats-Unis, la contrainte
que le marché exerce sur les dirigeants des firmes les dissuade normalement de pratiquer le
« moral hasard », et de duper les acteurs du marché. De nombreux progrès restent
néanmoins à faire dans ce domaine.
Pour assurer une gestion financière efficace, et pour des raisons fiscales et informatives, les
firmes se doivent de tenir une comptabilité au jour le jour de leurs transactions. Elle permet
de rendre périodiquement compte de la situation financière de l'entreprise aux apporteurs de
2
BALO/ Bulletin des Annonces Légales et Officielles
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inance / 24 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
fonds (une obligation légale et contractuelle) et aux autorités fiscales (une obligation
légale).
La tenue de la comptabilité des transactions en France est résumée dans deux types de
documents:
- la liasse fiscale, document destiné aux autorités fiscales
- le rapport annuel, document destiné principalement aux actionnaires,
Les états comptables constituent le point de départ de toute analyse financière. Sans eux, il
est inutile de commencer les travaux: ce sont les seules pièces officielles qui communiquent
des chiffres financiers. Il est nécessaire de se procurer au moins les 3 derniers états
comptables pour autoriser une analyse et un jugement adéquats. Ils peuvent être obtenus
de plusieurs manières:
dans les rapports annuels des sociétés (destinés principalement à l'information des
actionnaires (seules les sociétés cotées en Bourse sont tenues de les publier),
dans des bases de données type Diane, sur Internet (sociétés.com),
auprès de sociétés de renseignements commerciaux,
au Greffe du Tribunal de Commerce, en forme de liasse fiscale établie à l'intention
des autorités fiscales3.
Sur les sites web de la plupart des sociétés cotées.
Seule la liasse fiscale est soumise à un formalisme précis, établis aux normes du Plan
Comptable 1982. Les rapports annuels des sociétés peuvent donc présenter des niveaux de
précision très variés.
L’inconvénient avec la liasse fiscale est que ses informations sont purement patrimoniales,
coupent les cheveux en quatre, et sont peu financières. Son utilisation nécessite donc un
long travail de retraitements, qui peut être accéléré par un logiciel ou un tableur.
Inversement, les rapports d’activités des sociétés cotées sont moins normés, mais leur cible
de communication est le marché financier. Les informations sont plus financières, et
nécessitent en principe moins de retraitements. Les entreprises françaises cotées utilisent
des présentations assez proches des pratiques internationales, largement inspirées de la
culture anglo saxonne. On peut donc utiliser rapidement les informations, en allant chercher
des précisions dans les notes d’information.
De nombreuses sociétés cotées publient leurs comptes en monnaie étrangère, et aux normes
américaines. Au-delà des bilans présentés la tête en bas, et des comptes de résultat présentés
par destinations, les principales grandeurs ont leurs correspondances dans les bilans
financiers et SIG. En général, le bilan financier est même carrément publié !
A partir de 2005, les entreprises cotées européennes devront présenter leurs comptes aux
normes IFRS. Aux antipodes des principes franco français, ces normes privilégient la « juste
valeur », c’est-à-dire la valorisation des bilans en valeurs de marché.
3
Toutes les sociétés commerciales sont en effet tenues de déposer leurs comptes au Greffe dans les 3 mois qui
suivent la clôture de leur exercice. Les amendes étant modiques, presque 1/3 des entreprises ne déposent pas
leurs comptes au Greffe ... qui constitue par ailleurs la source d'alimentation des bases de données type Diane.
Les seuls lieux où figurent à coup sûr les comptes des entreprises sont, et pour cause, les centres des impôts, et
les banques, qui n'ont pas le droit de les communiquer à des tiers.
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inance / 25 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
En raison de la diversité des formes de publication, il est difficile de fournir ici une liste
exhaustive des informations à reformater. Certaines le seront déjà dans les comptes que
vous aurez entre les mains. Nous donnons ici les principales manipulations à effectuer.
ACTIF
Frais d'établissement Ils constituent ce qui est communément appelé
Frais de recherche et "actif fictif" ; en effet, ces postes sont dépourvus
développement de toute valeur vénale.
Charges à répartir Il s'agit en fait de charges qui sont inscrites au
Primes de remboursement des bilan dans le seul but d'être étalées dans le temps.
obligations En ce qui concerne notamment les frais de
recherche et développement, l'activation peut
d'ailleurs traduire des difficultés de l'entreprise, et
servir à masquer des pertes.
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inance / 26 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
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inance / 27 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Nota :Le crédit-bail est maintenant retraité dans les comptes publiés par les sociétés cotées.
Sous-traitance: elle fait partie comptablement des achats, alors qu’il s’agit d’externaliser
des coûts de main d’oeuvre. On rectifie aisément dans les SIG.
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inance / 28 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Crédit-bail: un bien acquis en crédit-bail ne donne pas lieu à amortissement, et donc à une
diminution d’IS liée à l’amortissement; en revanche, il génère des loyers déductibles que le
comptable traite en “ autres achats et charges externes ”, mélangeant ainsi l’exploitation et
le mode de financement. Le retraitement consiste donc à supprimer le loyer de crédit-bail de
ce poste, et répartir son montant forfaitairement pour un 1/3 en frais financiers, et 2/3 en
amortissements équivalents. On obtient ainsi une meilleure estimation de l’EBE, et du coût
du financement.
Le crédit bail est déjà retraité dans les comptes publiés des sociétés cotées.
En conclusion, il est indispensable que l'analyste ait un regard critique sur toutes les
informations qu'il parvient à obtenir. Une ou plusieurs visites (s’il n’est pas de l’entreprise)
avec l'entreprise ou des entretiens avec les services opérationnels (s’il est de l’entreprise) est
un bon moyen de valider ou infirmer les premières interrogations que l'analyse ne manquera
pas de susciter.
Lorsque la société étudiée comporte plusieurs filiales, il est indispensable de se procurer ses
comptes consolidés, qui reflètent l’activité et les engagements extérieurs de la firme.
En effet les comptes traditionnels, dits comptes sociaux, mesurent uniquement la société de
la tête du groupe. Généralement, il s’agit d’une holding qui détient les titres, ne vend pas de
prestations, finance ses filiales ou se refinance auprès d’elle, etc. Souvent, les comptes de la
société mère ne sont pas pertinents.
Il faut alors établir des comptes consolidés, qui incorporent le périmètre des sociétés sur
lesquelles la mère exerce une forte influence, soit par :
détention directe de titres,
un mandat de gestion, comme les syndic de copropriété.
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inance / 29 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN
ANALYSE FINANCIERE
Il reste enfin à exposer la question des Goodwills ou écarts d’acquisition. Ces éléments
apparaissent en actifs incorporels après des fusions ou des acquisitions. En général, le prix
d’achat des filiales est > valeurs comptables. La différence apparaît donc dans la
consolidation, et génère un goodwill. Ce prix payé élevé est ensuite amorti sur longue
période : jusqu’à 40 ans aux USA ! On en trouve donc la trace dans les états financiers.
Le retraitement consiste à conserver en immobilisations le goodwill en question, mais son
amortissement ne correspond pas à un amortissement classique. Il est donc préférable de
l’isoler.
Dans le tableur fourni par nos soins aux étudiants de GEM, les retraitements de la
consolidation sont effectués automatiquement.
8. Ouvrages à consulter
ALBOUY Michel, décisions financières et création de valeur
CHARREAUX : Gestion Financière, Litec
LEVASSEUR et QUINTARD: Gestion Financière, Economica
SOLNIK: Gestion financière, Litec
TONDEUR et TOURON, Comptabilité en IFRS, Editions d’Organisation
VERNIMEN: Finance d’entreprise, analyse et gestion. Dalloz
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inance / 30 Grenoble Ecole de Management 2005 Dominique THEVENIN