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le point sur…

Diabète insipide central :


diagnostic et prise en charge

Le diabète insipide central (DIC) est défini par une incapacité


à retenir de l’eau libre en raison d’une carence en hormone anti­
diurétique (ADH) liée à une atteinte des neurones hypothala­
miques. Il se manifeste par une polyurie, y compris nocturne, et
une polydipsie. Chez l’adulte, les étiologies les plus fréquentes
sont la forme dite «idiopathique» ou après une chirurgie de la
région hypophysaire et après un traumatisme crânien. Il peut
également s’inscrire dans le cadre d’une maladie systémique.
Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 2158-64
Le diagnostic du DIC repose sur le test de restriction hydrique
et le bilan étiologique comprend une IRM hypophysaire avec
B. Köhler Ballan un bilan clinique et biologique ciblé. Le traitement consiste
A. Hernandez essentiellement en une substitution par un analogue synthé­
tique de l’ADH, la desmopressine. La prise en charge et le suivi
E. Gonzalez sont généralement assurés par une équipe pluridisciplinaire.
Rodriguez
P. Meyer introduction
Drs Bettina Köhler Ballan, Le diabète insipide (DI) est défini par une incapacité à retenir
Angela Hernandez,
de l’eau libre et est dû soit à une libération insuffisante d’hor-
Elena Gonzalez Rodriguez
et Patrick Meyer mone antidiurétique (ADH, aussi appelée vasopressine), par
Service d’endocrinologie, diabétologie l’hypothalamus (= diabète insipide central – DIC), soit à une
et nutrition
HUG, 1211 Genève 14
résistance du rein à l’ADH (= diabète insipide néphrogénique).
bettina.kohler@hcuge.ch Il s’agit d’une maladie rare avec une prévalence de l’ordre de
angela.hernandez@hcuge.ch 1/25 000 cas. Le DIC est la forme la plus fréquente de diabète
elena.gonzalez@hcuge.ch
patrick.meyer@hcuge.ch insipide. Le but de cet article est de rappeler quelques no-
tions physiologiques et de faire le point sur les différentes
étiologies, le diagnostic et la prise en charge du DIC.

Central diabetes insipidus : rappel anatomophysiologique sur l’hormone


diagnosis and management
Central diabetes insipidus (CDI) is caused by
antidiurétique1,2
deficient secretion of antidiuretic hormone L’ADH est un nonapeptide sécrété principalement par les neurones magnocel-
(ADH) due to different conditions that can lulaires dont les corps cellulaires se trouvent dans les noyaux supraoptiques et
affect the hypothalamic neurons. It results in
paraventriculaires de l’hypothalamus. La prohormone-ADH est transportée par voie
an inability to retain normal quantities of free
water, which leads to polyuria, including at axonale via le tractus supra-optico-hypophysaire où elle est clivée en ADH, neuro-
night, and polydipsia. In adults, it is mostly physine et glycoprotéine C. L’ADH est finalement stockée dans des vésicules neuro-
due to the «idiopathic» form or present after sécrétoires de l’hypophyse postérieure. Ces axones contiennent des quantités
pituitary surgery or a traumatic brain injury. d’ADH suffisantes pour subvenir à une sécrétion basale d’ADH d’environ 30 jours
In rare cases, an underlying systemic disease et permettent une antidiurèse maximale pendant 5-10 jours.
is found. The diagnosis of CDI is based on the
Le principal stimulus de la sécrétion d’ADH est l’osmolalité plasmatique avec
water deprivation test. Pituitary MRI and spe-
cific clinical and biological work-up are recom-
une augmentation linéaire de l’ADH lorsque celle-ci dépasse 285 mOsm/kgH2O.
mended to precise etiology. Treatment of Les osmorécepteurs sont situés dans le groupe de noyaux antérieurs aux noyaux
choice is desmopressin, a synthetic analogue supraoptiques de l’hypothalamus et vont stimuler le centre de la soif ainsi que la
of the endogenous ADH hormone. A multi- production d’ADH par les neurones magnocellulaires.
disciplinary team generally provides manage- L’hypovolémie stimule également l’ADH mais seulement lorsqu’il y a plus de
ment and monitoring of CDI. 10% de perte de volume et prime alors sur l’osmolalité. A noter, d’autres facteurs
non osmotiques qui influencent la sécrétion d’ADH comme les nausées, les dou-
leurs, les opiacés et le stress.

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La principale action de l’ADH est rénale avec une aug- (30% des cas sont associés à une autre maladie auto-immune).
mentation de la réabsorption de l’eau libre au niveau des Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion.3
cellules du tubule collecteur induisant une augmentation
de l’osmolalité urinaire. L’ADH se lie sur le récepteur V2, Diabète insipide central après chirurgie
situé dans la membrane baso-latérale, et va permettre hypophysaire, traumatisme crânien
l’exocytose des aquaporines 2 au niveau de la membrane ou hémorragie sous-arachnoïdienne
luminale. L’eau sera donc réabsorbée au niveau du tubule Même si le DIC est moins fréquent qu’un syndrome inap-
collecteur via les aquaporines 2 et rejoindra l’espace inter- proprié d’ADH (SIADH) dans les cas neurochirurgicaux, il
stitiel via les aquaporines 3 et 4 qui sont exprimées de est néanmoins l’une des complications à rechercher après
façon constitutionnelle et indépendante de la sécrétion une chirurgie hypophysaire, un TC ou une HSA.7 Après une
d’ADH. chirurgie hypophysaire transsphénoïdale, les pourcentages
de DIC transitoire et définitif sont de 20-30% et 2-10% res-
pectivement.8-10 Les chiffres sont du même ordre pour le
étiologies du diabète insipide central DIC post-TC ;11 un score de Glasgow initial bas influence de
Les causes les plus fréquentes de DIC chez l’adulte, détail- manière significative la survenue d’un DIC. Le DIC post-
lées ci-dessous, sont les formes dites idiopathiques et après HSA est, quant à lui, plus rare avec une incidence de 6,25%
chirurgie de la région hypophysaire, traumatisme crânien (TC) dans la phase aiguë et de 2,8% à long terme.12
ou hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA). Dans les causes Cliniquement, on décrit classiquement une réponse tri-
plus rares, on retrouve les germinones, l’histiocytose X, les phasique avec une phase polyurique survenant dans les
maladies granulomateuses (sarcoïdose, maladie de Wegener, 24 premières heures, d’une durée de 4-5 jours, sur dysfonc-
tuberculose), les métastases ou encore une origine génétique tion hypothalamique, suivie d’une phase transitoire de
(tableau 1).3-6 SIADH (J6-14) par libération de l’ADH accumulée dans l’hy-
La localisation de la lésion peut parfois prédire la durée pophyse postérieure en cours de dégénération. Plus rare-
du DIC. En effet, avec une lésion proximale (osmorécepteurs ment, on peut assister à une phase de DIC définitif qui cor-
hypothalamiques, noyaux supraoptiques ou paraventricu- respond à la déplétion des stocks d’ADH (figure 1). Il est à
laires ou tractus supra-optico-hypophysaire proximal), le DIC noter que la deuxième phase avec SIADH est retrouvée de
s’installera généralement en sept jours à un mois et sera façon isolée dans 30% des cas après TC ou chirurgie hypo-
définitif. Un DIC sur une lésion distale (tractus supra-optico- physaire.1 Un suivi clinique avec un bilan hydro-urinaire et
hypophysaire distal ou/et hypophyse postérieure) sera le biologique avec dosage de la natrémie et des osmolalités
plus souvent transitoire car l’ADH pourra être sécrétée après plasmatique et urinaire est donc nécessaire.
régénération des terminaisons axonales (quelques semaines
à mois) dans les vaisseaux portes de l’éminence médiane. diagnostic
Diabète insipide central dit «idiopathique» Clinique
Le mécanisme sous-jacent est une destruction progres- Le DI se manifeste par une polyurie supérieure à 40-50 ml/
sive des cellules des noyaux hypothalamiques, souvent as- kg par 24 heures ( 3 l/jour) associée à une nycturie et une
sociée à une infiltration lymphocytaire de la tige pituitaire soif persistante induisant une polydipsie qui peut être très
et de l’hypophyse postérieure (infundibulo-hypophysite importante (jusqu’à 20 l/jour). La vitesse d’installation de
lymphocytaire). Un mécanisme auto-immun est probable la polyurie permet généralement de différencier un DIC

Tableau 1. Causes et bilan étiologique du diabète insipide central (DIC)

Causes du DIC A rechercher sur les plans clinique, biologique et radiologique

Idiopathique (40-50%) Maladie auto-immune associée (thyroïdite de Hashimoto, vitiligo, maladie cœliaque…)
Après chirurgie hypophysaire (40%) ou traumatisme Souvent associé à un panhypopituitarisme
crânien
Histiocytose X Atteintes osseuse (surtout mandibule), pulmonaire, ganglionnaire, hépatique, cutanée
et neurologique (ataxie)
Sarcoïdose Atteintes pulmonaire (dyspnée, toux sèche), ganglionnaire, cutanée (érythème noueux),
hépatique, oculaire (uvéite)
Maladie de Wegener Atteintes ORL (épistaxis), musculaire, articulaire, pulmonaire (hémoptysie),
neurologique (polyneuropathie), rénale (glomérulonéphrite focale segmentaire),
cutanée (purpura)
Tuberculose TB spot
Germinome α-foetoprotéine et β-HCG plasmatiques
LCR : α-fœtoprotéine et β-HCG, phosphatase alcaline placentaire, c-kit
Métastase Recherche de la néoplasie primaire
Génétique DIC isolé, anamnèse familiale positive

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A Triphasic response B Isolated second phase
Cell body Cell body
Nucleus of cell body Nucleus of cell body

Paraventricular nucleus Paraventricular nucleus


Capillary Capillary 3°
Supraoptic nucleus Supraoptic nucleus

Hypothalamo-hypophysial tract Hypothalamo-hypophysial tract


1° 1°
Axon Axon
Anterior lobe Axon terminal Anterior lobe Axon terminal
Neural lobe Neural lobe

2° ↑ pAVP 2°
↑ pAVP

Figure 1. Mécanisme du DIC-SIADH-DIC postchirurgie hypophysaire ou post-traumatisme crânien


(D’après réf.1).

Réponse triphasique classique :


1. Phase polyurique survenant dans les 24 premières heures pendant 4-5 jours (dysfonction hypothalamique) → DIC transitoire.
2. Phase antidiurétique à J6-14 par libération de l’ADH par l’hypophyse postérieure en cours de dégénération → SIADH transitoire qui est isolé dans
environ 30% des cas après chirurgie hypophysaire.
3. Phase de DI après déplétion des stocks → DIC définitif (très rare).
DIC : diabète insipide central ; SIADH : syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique.

(rapide) d’un diabète insipide néphrogénique (progressive). coll., en 1970.13 Les critères diagnostiques n’ont cependant
A l’anamnèse, les antécédents de TC et de neurochirurgie, jamais fait l’objet d’une approche prospective pour définir
l’histoire familiale et toute manifestation cutanée, oculaire, la sensibilité et la spécificité. Le dosage de l’ADH, et plus
ostéoarticulaire, pulmonaire et neurologique, doivent être récemment de la copeptine (glycoprotéine de la prohor-
recherchés pour déterminer l’étiologie du DIC (figure 1). mone d’ADH), est parfois utilisé comme mesure directe à
la place de l’osmolalité urinaire, mais sa place reste à être
Bilan biologique définie.14,15
Le bilan biologique comprend un dosage plasmatique L’interprétation du test de restriction hydrique n’est ce-
du Nar, Kr, Car, urée, créatinine, glucose et une mesure de pendant pas toujours simple : un DIC partiel est parfois hy-
l’osmolalité plasmatique et urinaire. Une osmolalité urinaire perréactif à ce test par surrégulation des récepteurs V2 avec
 200-300 mOsm/kg suggère un DI ou une polydipsie et, in- un test faussement en faveur d’une polydipsie primaire. Par
versement, une osmolalité  300 mOsm/kg oriente vers une ailleurs, une polydipsie primaire chronique peut supprimer
diurèse osmotique. Une natrémie  143 mmol/l parle plutôt partiellement l’ADH et mimer un DIC partiel. La réponse
en faveur d’un diabète insipide et une natrémie  137 mmol/l aiguë à l’administration de desmopressine lors d’un DIC
évoque plutôt une polydipsie primaire. Il faut cependant peut également être sous-maximale en présence d’un dé-
noter qu’en cas d’intégrité des osmorécepteurs et du centre ficit chronique en ADH.
de la soif, la natrémie est souvent normale. Un recueil
d’urine sur 24 heures est utile pour quantifier la diurèse. IRM hypophysaire
L’IRM hypophysaire s’effectue dès la confirmation du DIC
Test de restriction hydrique (figure 2) par le test de restriction hydrique et la réponse à la des-
Le test de restriction hydrique, avec mesure de la natré- mopressine. La perte du signal de la posthypophyse en T1
mie et de l’osmolalité urinaire, permet de donner une me- sans injection est présente dans  80% des DIC, mais est un
sure indirecte de l’activité de l’ADH et, par conséquent, de marqueur peu spécifique (diminution du signal avec l’âge
faire le diagnostic de DI. La réponse de l’osmolalité urinaire par exemple). L’élargissement de la tige pituitaire ( 3 mm)
à l’injection de desmopressine différencie un DIC, un dia- est pathologique et suggestif d’un DIC, mais non spécifique
bète insipide néphrogénique et une polydipsie primaire. pour une étiologie donnée. Par contre, une tumeur hypo-
Il s’agit d’un test décrit pour la première fois par Miller et physaire ou suprasellaire peut, dans la plupart des cas, être

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Confirmer polyurie/polydipsie
Si besoin, faire recueil des urines/24 heures
( 40-50 ml/kg par 24 heures – environ 3 l/j)
Oui Non

Na+, Osmp et Osmu Considérer autres diagnostics

Na+  143mmol/l
Osmp  295 mosmol/kg
Na+  143 mmol/l Osmu  Osmp
Osmp  295 mosml/kg
Osmu  Osmp

Test de restriction hydrique


Stop liquides dès minuit ou 7 heures
selon clinique
Mesures :
volume urinaire et Osmu 1 /heure
Na+ et Osmp, TA, poids 1 x/2heures
Critères d’arrêt :
•  Perte poids  5% ou hypoTA (TAS  90mmHg)
•  Osmu stable ( 10% de chgt ou  30 mOsm/kg)
sur 2-3 mesures malgré ↑ Osmp

Osmu maximale  300 mOmos/kg


Osmu  800 mOsmo/kg

Normal  300 à  800 mOsm/kg ↑ de l’Osmu post-


Polydipsie modérée desmopressine 2 mg IV

↑ de l’Osmu post-
desmopressine 2 mg IV  50%  50%

 50% DIC complet DIN complet

DIC/DIN partiel ou polydipsie primaire

Figure 2. Algorithme diagnostique du diabète insipide central


Osmp : osmolalité plasmatique ; osmu : osmolalité urinaire ; DIC : diabète insipide central ; DIN : diabète insipide néphrogénique ; Chgt : changement.

différenciée par ses caractéristiques d’un épaississement avec épaississement de la tige pituitaire (généralement
de la tige dans le cas d’un DIC idiopathique ou d’une mala-  7 mm) et extension suprasellaire, notamment pour ex-
die systémique (figures 3 et 4). clure un germinome.2

Bilan complémentaire en cas de diabète insipide


traitement
central
Un bilan hormonal fait partie des examens initiaux pour Déficit en hormone antidiurétique
exclure toute insuffisance antéhypophysaire associée. Par Le traitement du DIC repose essentiellement sur la subs-
ailleurs, un bilan large (chimie complète, FSC, VS…) asso- titution hormonale. La molécule de choix est la desmopres-
cié à une imagerie pulmonaire, un examen cutané, une re- sine (Minirin) qui est un analogue synthétique de l’ADH
cherche de maladie auto-immune, un TB-spot ainsi qu’un avec un effet antidiurétique puissant, mais sans activité va-
dosage de l’α-fœtoprotéine et de la β-HCG devront être sopressive. Parallèlement, il faut veiller à une hydratation
effectués en cas d’absence de tumeur hypophysaire, de adéquate. Dans une situation aiguë, en présence d’une hy-
chirurgie ou de TC (tableau 1). pernatrémie et d’une déplétion volémique (par exemple :
Une biopsie de la posthypophyse ou de la tige est rare- chez un patient intubé sans accès à l’eau), il convient d’ad-
ment recommandée en première intention au vu du risque ministrer une hydratation IV par du glucose 5% selon les
de panhypopituitarisme lié à ce geste. Toutefois, elle sera pertes et le bilan hydro-urinaire et de commencer par une
discutée pour de très rares cas de progression d’une lésion dose parentérale de Minirin, généralement 1-2 mg SC ou IV.

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A
A

Figure 3. IRM hypophysaire chez un patient avec Figure 4. IRM hypophysaire chez un patient avec
diabète insipide central idiopathique diabète insipide central aigu idiopathique
A. «Light spot» de la posthypophyse en T1 non injecté en phase précoce. A. Epaississement nodulaire de la tige pituitaire (coupe sagitale en T1 in-
B. Absence de «light spot» de la posthypophyse en T1 non injecté six mois jecté). B. Epaississement nodulaire de la tige pituitaire (coupe coronale
après le début des symptômes. en T1 injecté).

En l’absence d’hypernatrémie sévère, le Minirin est géné- diminution de la lésion ainsi qu’une récupération du défi-
ralement débuté au coucher pour soulager la nycturie puis cit hormonal antéhypophysaire et posthypophysaire ont été
la dose est adaptée en fonction de la clinique, la natrémie et rapportées sous de hautes doses de corticostéroïdes.17 Ce
l’osmolalité plasmatique et urinaire. En situation chronique, traitement semble toutefois réservé aux rares cas avec pro-
le Minirin s’administre par voie nasale (10-20 mg 1-2 x/jour) gression rapide d’une lésion neuro-infundibulaire avec in-
ou orale (0,1-1,2 mg/jour en 2-4 prises). Le principal risque suffisance antéhypophysaire et compression des voies op-
du traitement est une hyponatrémie en cas d’inadéquation tiques. Une récupération spontanée du DIC idiopathique a
entre la prise de desmopressine et les apports hydriques.16 également été décrite.18 Un essai de sevrage du Minirin à
Le patient doit donc être informé des symptômes (cépha- distance du diagnostic permet de déterminer l’éventuelle
lées, nausées, vomissements) d’hyponatrémie. réversibilité.
Lorsque le DIC est associé à une maladie de système,
Traitement étiologique oncologique ou infectieuse, il s’agira de cibler le traitement
Pour les cas de DIC sur tumeur hypophysaire ou de la sur la pathologie sous-jacente.
région sellaire, un traitement neurochirurgical, de radiothé-
rapie ou de chimiothérapie est indiqué en fonction du type
de tumeur et du risque pour les structures avoisinantes, suivi
notamment les voies optiques. Hormis la substitution en des- Au vu de la faible prévalence du DIC, il n’existe pas de
mopressine, le DIC idiopathique est rarement traité. Une recommandations validées dans la littérature concernant le

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suivi des patients atteints de DIC. Il est toutefois conseillé
Implications pratiques
d’effectuer, 1-2 x/an, un suivi clinique et biologique de la
substitution en Minirin. Par ailleurs, un suivi clinique (re-
> Le diabète insipide central (DIC) se manifeste rarement par
cherche de symptômes/signes pour une maladie systé- une hypernatrémie avec déshydratation si le centre de la soif
mique) et radiologique (recherche d’un épaississement de est préservé et le patient a accès à l’eau librement
la tige) mérite d’être réalisé pendant au moins trois ans
pour exclure une maladie systémique ou un germinome.2 > Le DIC se diagnostique par le test de restriction hydrique et
la réponse de l’osmolalité urinaire à la desmopressine (Mi-
nirin) dont l’interprétation n’est pas toujours simple

> Les suites d’une chirurgie hypophysaire ou d’un traumatisme


crânien peuvent se manifester par une alternance de DIC-
SIADH-DIC

> Le traitement est symptomatique (desmopressine), avec un


traitement spécifique selon la cause sous-jacente

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