Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ectoparasitoses
L. Dehen, O. Chosidow
Les pédiculoses et la gale sont des infections parasitaires extrêmement répandues. Elles sont cosmopolites
et contagieuses et ont une prévalence croissante. La pédiculose du cuir chevelu atteint surtout les enfants
et constitue une nuisance en milieu scolaire. La pédiculose corporelle est un témoin de précarité sanitaire
et sociale et est le vecteur de maladies infectieuses. La pédiculose pubienne est surtout transmise
sexuellement et doit faire rechercher une infection sexuellement transmissible associée. Les pyréthrines et
le malathion constituent le traitement de référence contre les poux. Cependant, le développement de
résistance des poux aux insecticides a modifié les stratégies thérapeutiques. La gale évolue par épidémies,
notamment dans les maisons de retraite et les hôpitaux gériatriques mais de plus en plus de cas
individuels et familiaux sont diagnostiqués. Les difficultés diagnostiques et thérapeutiques sont variables
selon l’âge et le terrain des patients. Le benzoate de benzyle et depuis peu l’ivermectine sont les
traitements de référence de la gale en France. La recherche de la chaîne de contamination et les mesures
de désinfection du linge associées aux traitements insecticides sont les garants de l’efficacité du
traitement et de la maîtrise de diffusion des ectoparasitoses.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Dermatologie 1
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
Tableau 1.
Caractéristiques parasitologiques des poux humains.
P. corporis P. capitis P. pubis
Taille (mm)
Femelle 2,4-4,00 2,4-3,3 1,0-1,2
Mâle 2,3-3,0 2,1-2,6 0,8-1,0
Taille des lentes 0,7-0,8 0,8 0,8
(mm)
Durée incubation 7-10 10-12 9-11
des œufs (j)
Longévité adulte (j)
Femelle 23-25 23-30 17-28
Mâle 23-32 23-30 17-28
Total des œufs 275-300 110-140 30-50
pondus
Survie en dehors 1-7 j 6-26 h 6-36 h
Figure 2. Pédiculose du cuir chevelu massive : impétiginisation et ec-
de l’hôte
zématisation de la nuque.
Mobilité adulte 6-30 cm/min 6-30 cm/min 10 cm/j
Habitat Vêtement et Cuir chevelu Poils pubiens,
corps abdominaux, thoraci-
ques, aisselles, cils,
etc.
2 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
Tableau 2.
Principales spécialités antipoux recommandées, commercialisées avec une autorisation en France.
Famille chimique Principe actif Substances associées Marque fabricant Forme galénique
Pyréthrines naturelles Pyréthrines naturelles Butoxyde de pipéronyle Spray-Pax® Solution
Pyréthrines de synthèse Dépalléthrine Butoxyde de pipéronyle Paraspécial poux® Solution pressurisée
®
Perméthrine Nix Crème
Butoxyde de pipéronyle Altopou® Lotion
Méthropène
Butoxyde de pipéronyle Pyréflor® Lotion
Énoxolone
Phénothrine Item® Lotion
Organophosphoré Malathion Prioderm® Lotion,
solution pressurisée
Butoxyde de pipéronyle Para plus® Solution pressurisée
Organochloré Lindane Amyléine Elenol® Crème
Tableau 3.
Principaux topiques pédiculicides et scabicides.
Principe actif Spécialité Galénique Efficacité Effets secondaires
®
Organochlorés Elénol Crème à 1 % Pédiculicide Neurologique
Lindane Lenticide ± scabicide Convulsions
Hématologique
Hépatique
®
Organophosphorés Prioderm Lotion à 0,5% Pédiculicide Irritation
Malathion Lenticide Pulmonaire
Digestif
Neurologique
Pyréthrines naturelles Cf. Tableau 2 Aérosols Pédiculicide Irritation
Lotions Lenticide ± Neurologique (faible)
Shampoings
Pyréthrines de synthèse Cf. Tableau 2 Aérosols Pédiculicide Irritation
Lotions Lenticide Neurologique (faible)
Shampoings
Les principales caractéristiques pharmacologiques des topi- Les organochlorés, représentés par le lindane, sont utilisés
ques pédiculicides sont résumées dans les Tableaux 2 et 3. Les dans la pédiculose depuis 40 ans avec une action pédiculicide
organophosphorés et les pyréthrines sont les plus utilisés mais faiblement lenticide. La toxicité neurologique potentielle
actuellement. du lindane et son efficacité moindre en a progressivement
Les pyréthrines naturelles ont une action pédiculicide connue limité l’utilisation et même la production puisque l’Aphtiria®,
depuis plus d’un siècle mais leur effet lenticide est partiel d’où puis le Scabecid ® ont été retirés dernièrement du marché
leur association dans les préparations commerciales au butoxide français.
de pipéronyle qui agit en synergie en augmentant leur efficacité. Enfin, des spécialités associant malathion et pyréthrines sont
Les pyréthrinoïdes, analogues de synthèse des pyréthrines, aussi disponibles.
destinées d’abord à la pratique vétérinaire, sont utilisées chez
Efficacité comparée des traitements
l’homme ; elles sont en théorie pédiculicides et lenticides.
Plusieurs principes actifs existent : la perméthrine, la phénoth- Malgré une littérature abondante, les études sur l’efficacité
rine, la dépalléthrine. Certaines spécialités associent le butoxide des insecticides antipoux sont en général de qualité insuffisante.
de pipéronyle à la perméthrine et d’autres à la dépalléthrine, Une revue systématique des essais randomisés utilisant un
l’association étant synergique. Les pyréthrines ont une durée topique pédiculicide a été publiée par Vander Stichele en
d’application variable selon les spécialités indiquées par le 1995 [3]. Une cotation en fonction de critères généraux a été
fabriquant, de l’ordre de quelques minutes à quelques heures. réalisée et a permis à son auteur d’identifier 28 essais dont sept
Le malathion, insecticide organophosphoré, est utilisé dans le à faible risque de biais (évaluation de la guérison à j7 ou j14).
traitement de la pédiculose du cuir chevelu depuis plus de Les résultats montrent l’intérêt de la perméthrine à 1 % et du
20 ans. Son efficacité pédiculicide et lenticide a été montrée malathion. Le lindane et les pyréthrines naturelles sont moins
dans divers essais cliniques [2]. Ce sont des dérivés anticholines- efficaces. Une autre étude systématique de la littérature améri-
térasiques irréversibles, bloquant la conduction synaptique du caine au cours de la période 1982-1992 a confirmé l’intérêt de
système nerveux des parasites. la perméthrine aux États-Unis et mis en évidence quelques effets
Dermatologie 3
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
secondaires sévères en cas d’application de lindane sur des quelques années, d’un bronchospasme mortel chez un enfant
surfaces étendues [4]. Plus récemment, une synthèse méthodique asthmatique au décours d’un traitement par spray a conduit
des essais portant sur le traitement de la pédiculose a été l’Agence française du médicament à contre-indiquer les aérosols
conduite par un groupe du réseau Cochrane [5]. Sur 71 essais sur ce terrain. Cette contre-indication est aussi valable pour le
publiés entre 1942 et 2000, seuls quatre ont été jugés de qualité parent utilisateur. Si un aérosol doit être utilisé, les pulvérisa-
suffisante par les auteurs pour conclure sur l’efficacité des tions doivent être effectuées dans une pièce bien aérée, en
insecticides utilisés mais ces critères sont discutables, ce qui évitant les yeux, le nez et la bouche. Des crèmes sont également
explique la critique faite à cette revue Cochrane par plusieurs disponibles, efficaces, mais moins faciles d’utilisation que les
auteurs. Les résultats de ces essais ont montré l’efficacité de la lotions. Les shampooings devraient être évités : ils sont en effet
perméthrine [6], du malathion [7, 8], de l’association de pyréthri- moins efficaces en raison d’un temps de contact insuffisant et
nes naturelles et de butoxyde de pipéronyle [9] . Malgré les d’une dilution immédiate du principe actif. En outre, leur
difficultés pour comparer les produits testés dans des essais utilisation à large échelle depuis des années pourrait avoir
différents, il semble que l’efficacité lenticide du malathion soit favorisé l’acquisition de résistance aux insecticides. Enfin, très
supérieure à celle de la perméthrine et que l’association d’une récemment, une enquête épidémiologique a montré que l’utili-
pyréthrine au butoxyde de piperonyle soit plus lenticide que la sation prolongée de shampoings antipoux pourrait être un
perméthrine. facteur de risque des leucémies de l’enfant [14].
Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté dans ces essais. Le développement de résistance aux insecticides a conduit
Les effets indésirables locaux sont fréquents et bénins : prurit, depuis quelques années à rechercher des nouvelles voies de
érythème, œdème, brûlure, irritation des yeux. Les solutions traitement. Le peignage méticuleux (30 minutes) et répété des
alcooliques, malathion en particulier, semblent plus irritantes. cheveux mouillés ou « bug busting », effectué tous les 3 ou
4 jours pendant 2 semaines a été comparé à deux applications
Apparition de résistances successives de malathion à 1 semaine d’intervalle [8]. L’élimina-
Le développement d’une résistance des poux aux différents tion des poux par cette technique a été capable d’éradiquer
insecticides utilisés a été signalé pour chacun des groupes. La l’infestation chez 38 % des patients versus 78 % pour le
résistance au lindane est connue depuis les années 1970 et a malathion dans un essai comparatif randomisé mené au
sans doute largement contribué au déclin de sa prescription. Royaume-Uni incluant 4 037 enfants d’âge scolaire. Plus
Depuis quelques années, des cas de résistance à la perméthrine récemment le « bug busting » a même eu une efficacité supé-
ont été rapportés dans divers pays ainsi qu’une résistance rieure aux insecticides à base de malathion ou perméthrine
croisée avec d’autres pyréthrinoïdes, notamment la phénoth- (57 % versus 13 %) dans une étude comparative randomisée
rine [2, 10, 11] . Une étude menée en 1992 dans des écoles menée chez 133 enfants au Royaume-Uni [15]. Si cette étude
primaires parisiennes a démontré la supériorité du malathion vient confirmer l’efficacité et l’innocuité du « bug busting » les
sur une spécialité à base de pyréthrine (d-phénothrine) (92 % vs taux très élevés d’échecs inhabituels des insecticides dans cette
40 % à j1) dans la pédiculose du cuir chevelu [12]. La différence étude ont été critiqués et des carences méthodologiques ont été
d’efficacité entre les deux molécules a été considérée comme soulevées [16, 17].
témoignant de l’acquisition d’une résistance aux pyrèthres. À la La diméticone, molécule de la famille de la silicone, immo-
suite de cette étude, l’utilisation systématique du malathion bilise les poux en 5 minutes in vitro. Cette molécule les tue en
dans les écoles primaires parisiennes a fait ainsi diminuer la les enduisant et en les empêchant ainsi de s’hydrater. Un essai
prévalence de la pédiculose du cuir chevelu chez les enfants de randomisé d’équivalence portant sur 253 sujets a récemment
50 %. Cependant, ces résultats ne peuvent pas être extrapolés à comparé l’efficacité de la diméticone lotion à 4 % versus la
l’ensemble de la France et des résultats inverses ont même été phénothrine lotion 0,5 % et montré une efficacité comparable
trouvés dans d’autres pays, comme en Grande-Bretagne, pays (70 % versus 75 %) dans le traitement des pédiculoses du cuir
ayant été dans le passé plus grand consommateur de malathion. chevelu. Cette nouvelle voie de traitement semble intéressante
En 1995, les premiers cas de résistance au malathion en France car la résistance aux insecticides ne peut l’affecter [18].
et en Grande-Bretagne ont été publiés, avec même la possibilité Une technique d’étouffement du pou par un pédiculicide
de double résistance pyréthrines-malathion. Aux États-Unis, suffocant est rapportée dans une étude ouverte non comparative
l’efficacité pédiculicide des produits antipoux a été évaluée dans avec 96 % d’efficacité [19], mais la méthodologie et les résultats
une étude in vitro [11] : le malathion 0,5 % était le plus efficace de cette étude ont été sévèrement critiqués [20].
tuant 100 % des poux à 20 minutes. Une pyréthrine synergisée Le peignage des cheveux imprégnés d’eau vinaigrée est
au butoxide de piperonyl tuait 60 % des poux à 20 minutes et toujours utilisé, mais non évalué. Un peigne « tue-poux » est
100 % à 3 heures mais une autre avec les mêmes principes actifs disponible sur le marché français mais sans évaluation disponi-
était beaucoup moins efficace. Une perméthrine à 1 % non ble. Quant aux répulsifs, ils ont été reconnus comme n’ayant
diluée ne tuait que 10 % des poux à 20 minutes et 74 % à aucune place dans la stratégie thérapeutique [21].
3 heures. Le lindane à 1 % ne tuait que 2 % des poux à L’application d’essence est souvent citée dans la littérature ;
20 minutes et 8 % à 3 heures. Ces différences d’efficacité étaient effectivement mortelle pour le pou, elle est susceptible d’être à
significatives. Elles ont été comparées à des souches de poux en l’origine de brûlures graves chez l’enfant.
provenance de Panama et du Sud de la Floride. Ces poux étaient L’ivermectine en application topique ou per os à été testée
beaucoup plus sensibles aux pyréthrines et même au lindane. dans de rares études [22]. Son intérêt dans les pédiculoses du cuir
Cette étude confirmait donc la variabilité de la sensibilité des chevelu reste à établir, des études étant en cours pour préciser
poux selon leur provenance géographique et l’acquisition de la place de l’ivermectine orale dans la stratégie.
résistance de certains poux américains aux pyréthrines et au
lindane. Deux mutations génétiques (T929L et L932F) sont à Modalités pratiques du traitement
l’origine de ces souches de poux résistants à la perméthrine, Elles ont fait l’objet de recommandations récentes du Conseil
empêchant l’action neurotoxique aux insecticides [13]. Il est supérieur d’hygiène publique de France [21].
intéressant de noter qu’il existe une bonne corrélation Au niveau individuel. Le sujet parasité est traité par un
phénotype-génotype des poux résistants (comparaison de la produit d’une des trois classes pharmacologiques reconnues
sensibilité des poux aux insecticides par les tests parasitologi- efficaces (Tableau 2) sous forme de lotion ou de crème. La
ques ex vivo et la détermination des gènes de résistance). lotion insecticide est appliquée raie par raie. Les durées d’appli-
cations mentionnées doivent être respectées. Pour les pyréthri-
Formes galéniques et alternatives aux insecticides
nes, le temps et la fréquence des applications (unique ou
Le rapport bénéfices/risques des différentes présentations renouvelée le lendemain et/ou 8 jours plus tard) sont variables
galéniques n’est pas identique. Sur le plan galénique, les lotions selon les spécialités et l’âge de l’enfant et sont indiquées par le
constituent aujourd’hui la forme la plus adaptée en délivrant le fabriquant. Le malathion est laissé en place 8 à 12 h avec une
maximum de produit sur la surface à traiter en prenant garde seule application sur cheveux secs. Après le temps d’application
d’éviter tout écoulement sur les muqueuses. La survenue, il y a recommandé, il faut éliminer le produit en effectuant un
4 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
shampoing doux. Les cheveux sont ensuite passés au peigne fin. Épidémiologie
Sur les cils, il est possible d’appliquer de la perméthrine à 1 %
ou de la vaseline. Chez le nourrisson les pyréthrines ne doivent La pédiculose corporelle est favorisée par la misère, le
pas être laissées en place plus de 10 minutes. Le malathion doit manque d’hygiène et la promiscuité [24] . Dans les sociétés
plutôt être évité avant 2 ans du fait de la teneur en alcool du occidentales, la pédiculose corporelle touche essentiellement les
produit. individus sans domicile fixe (SDF). Elle constitue ainsi un
Un examen de contrôle du cuir chevelu est recommandé à véritable témoin de précarité sanitaire et sociale. Une étude
2 et 12 jours du traitement. Si le sujet présente des poux à ces réalisée dans un service de dermatologie à Paris en 1996 a
examens, il faut traiter à nouveau : confirmé que les SDF étaient la population cible des pédiculoses
• en changeant de classe pharmacologique en présence de poux corporelles et que celles-ci représentaient 22 % des motifs de
vivants à 2 jours, la résistance étant alors probable ; consultation chez ces patients [25]. Dans une étude cas-contrôle
• avec le produit utilisé initialement en cas de présence de portant sur la population SDF de Marseille, une prévalence de
poux à 12 jours [21]. 19 % versus 0 % est aussi observée [26]. La transmission du
parasite s’effectue par l’intermédiaire des vêtements et de la
Il faut rechercher la présence de poux et de lentes chez toutes
literie. Les foyers d’hébergement d’urgence et la promiscuité
les personnes vivant dans le foyer du sujet parasité. Seuls les
contribuent à la diffusion du parasite, celui-ci étant capable
sujets parasités doivent être traités. Les collectivités doivent être
d’effectuer de courtes distances en rampant à la recherche d’un
informées afin de faciliter le dépistage. Il faut consulter un
hôte. Dans le monde, la pédiculose corporelle s’observe dans
médecin en cas d’échec répété des traitements. Les causes
toute situation humaine grave où les vêtements ne sont plus ni
d’échec du traitement sont résumées ci-dessous.
lavés, ni changés : réfugiés, victimes de guerre ou de catastrophe
naturelle.
Les poux de corps sont les vecteurs de diverses maladies
infectieuses. La « fièvre des tranchées », identifiée lors de la
“ Mise au point Première Guerre mondiale est liée à une infection à Bartonella
quintana dont la transmission par le pou de corps a été identi-
fiée beaucoup plus récemment [27]. Les symptômes associent
Causes d’échecs du traitement des pédiculoses du diversement fièvre, myalgies, douleurs osseuses, céphalées,
cuir chevelu adénopathies, méningoencéphalite, exanthème fugace, mais il
Facteur humain : incompréhension, coût des produits, n’y en a parfois aucun. L’émergence de la fièvre des tranchées
négligence. « urbaine » dans la population sans abri a été confirmée par
Réinfestation : environnement et/ou sujet contact non plusieurs études : aux États-Unis à Seattle en 1996 où 25 % des
traités. SDF testés pour la sérologie à Bartonella quintana sont positifs
Traitement insuffisant : versus 2 % chez les contrôles [28] ; en France, à Paris en 1997,
– durée et/ou fréquence insuffisantes ; où la séroprévalence pour Bartonella quintana chez des patients
SDF consultant en dermatologie était de plus de 50 % dans une
– forme galénique inappropriée (shampooing).
étude portant sur 57 sujets [29]. La positivité de la sérologie était
Utilisation d’un produit imparfaitement lenticide et/ou corrélée à la durée de la vie dans la rue et au nombre d’épisodes
hyperinfestation. d’infestation. À Marseille en 1997, 15 % des 71 patients sans
Résistance à l’insecticide utilisé. domicile avaient des hémocultures positives à Bartonella
quintana et 30 % un titre élevé d’anticorps, soit un total de
24 % d’infection récente [27] . Cette infection à Bartonella
quintana est, en outre, responsable d’endocardites dans cette
Au niveau de la collectivité. Les enfants du groupe de la population cible de SDF alcooliques [30, 31].
collectivité auquel appartient l’enfant parasité doivent être Le typhus épidémique ou typhus exanthématique est dû à
examinés au mieux par une personne formée pour le dépistage. Rickettsia prowazekii, bacille à Gram négatif transmis à l’homme
Les parents doivent être prévenus afin que les autres membres par le pou de corps. Le typhus épidémique a été responsable du
de la famille puissent être examinés et traités si besoin. décès de millions de personnes pendant la première moitié du
L’éviction scolaire n’est pas obligatoire, les parents doivent e
XX siècle. Il a refait sont apparition dans les années 1990 en
être informés des moyens de traitements à appliquer rapide- Éthiopie, au Niger, au Pérou. Une épidémie dramatique est
ment afin de rompre la chaîne de contamination. rapportée dans les années 1995-1997 au Burundi, touchant
La prophylaxie repose sur une bonne information en milieu initialement une centaine de prisonniers, puis s’étendant
scolaire et lors des réunions de parents d’élève en cas ensuite à quelques 45 000 personnes réfugiées [32]. Quelque cas
d’épidémie. épidémiques ont aussi été rapportés en ex-Union soviétique à
Au niveau environnemental. Les mesures environnementa- quelques centaines de kilomètres de Moscou en 1997 [33]. Les
les d’accompagnement sont centrées sur la décontamination des symptômes associent une fièvre élevée, des céphalées, une
bonnets, écharpes, peluches, draps et oreiller par simple lavage confusion mentale, un exanthème plus au moins purpurique,
à 50 ou 60 °C en machine [23]. Les peignes et brosses peuvent parfois une toux et de signes digestifs. Des résurgences tardives
être trempés dans l’insecticide ou isolés pendant 3 jours [21]. de typhus sont possibles (maladie de Brill-Zinsser).
Aucune mesure de désinfection de locaux n’est nécessaire. La fièvre récurrente cosmopolite est due à un spirochète du
genre Borrelia recurrentis responsable d’épidémies dévastatrices en
Pédiculose corporelle Afrique, en Asie et en Amérique du Sud au XXe siècle. Des
épidémies persistent dans les pays comme l’Éthiopie et le
Parasitologie Soudan [34]. La surveillance de l’infection éventuelle du pou de
corps par ces différents agents pathogènes est intéressante pour
Pediculus humanus, variété corporis, vit dans les vêtements et prévoir le risque d’épidémie, notamment dans les camps de
se nourrit sur le corps. Il est un peu plus grand que le pou de réfugiés [1].
tête et mesure en moyenne 3 mm de long et 1,15 mm de large. Une séroprévalence élevée pour Borrelia recurrentis et Rickettsia
Le pou de corps vit en moyenne 18 jours, la femelle pond prowazekii a récemment été retrouvée dans une population de
environ 300 œufs durant une vie. La ponte se fait dans les SDF à Marseille [35].
vêtements et particulièrement dans les coutures avec une
préférence pour les tissus naturels plutôt que synthétiques. Les
Diagnostic
lentes éclosent après 8 à 10 jours en donnant des nymphes qui
deviennent adultes en 2 semaines environ. Après un repas Le prurit est le symptôme majeur, le plus souvent intense et
sanguin, le pou peut vivre pendant plusieurs jours en dehors de généralisé. Il est secondaire à la réaction d’hypersensibilité de
son hôte [1]. l’hôte à la piqûre. En fonction du délai de consultation, on
Dermatologie 5
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
Traitement
En cas de pédiculose corporelle, la désinfection de la literie et
des vêtements est primordiale. Elle est suffisante pour certains
auteurs, associée à une douche et au lavage au savon. En effet,
les poux comme leurs œufs résident exclusivement dans les
vêtements. Quand les vêtements sont très infestés, la désinfec-
tion est illusoire et le change complet est préférable. Les poux
comme les œufs ne survivent pas à une température de 65 °C
pendant 15 à 30 minutes. Pour la literie et les sacs de couchage,
c’est un spray antiparasitaire du commerce qui est utilisé. Pour
d’autres, cette désinfection externe doit être associée à l’appli-
cation cutanée de perméthrine 5 % pendant environ 10 heures
dans l’idée de tuer jusqu’au dernier pou par exemple en cas
d’épidémie dans les camps de réfugiés. Enfin, d’autres appli-
quent une solution de benzoate de benzyle après la douche
pour traiter une gale éventuellement associée. Le lindane n’est
plus utilisé compte tenu des résistances rapportées, de la surface
importante à traiter avec son risque d’absorption percutanée sur
peau lésée et donc de neurotoxicité potentielle. Le dépistage
d’une pédiculose du cuir chevelu doit être réalisé : elle doit être
traitée de manière concomitante. Une surinfection bactérienne
éventuelle sera traitée par soins locaux et antibiothérapie orale
ayant un spectre d’activité bactérienne contre les cocci à Gram
positif. En cas d’épidémie, l’utilisation d’insecticides est
Figure 5. Pédiculose corporelle : lentes et poux dans les coutures des
nécessaire pour décontaminer l’environnement. En cas de fièvre
vêtements.
des tranchées ou de typhus, les cyclines à la posologie de
200 mg/j pendant 15 jours peuvent être utilisées (en cas
d’endocardite, un avis spécialisé est nécessaire).
observe plusieurs tableaux cliniques qui restent toutefois assez
peu spécifiques. Quand l’infestation est encore récente, on Pédiculose pubienne
constate de multiples papules de prurigo auxquelles s’ajoutent
rapidement d’importantes lésions de grattage. Lorsque l’infesta- Parasitologie
tion est massive et/ou prolongée, on observe un tégument
Pthirus pubis, le pou pubien ou « morpion » a une morpholo-
lichénifié, excorié alternant des zones cicatricielles et hyperpig-
gie et un habitat différents. Il est plus trapu, de plus petite taille
mentées : c’est la « mélanodermie des vagabonds » (Fig. 4). Les
et a un aspect de crabe d’où sa dénomination anglaise de « crab
lésions prédominent sur les régions couvertes, le tronc et les louse » (Fig. 6). Il possède de puissantes griffes lui permettant de
emmanchures postérieures. Les extrémités sont épargnées, à la se fixer aux poils. Elles sont adaptées à la préhension de poils
différence de la gale. La surinfection bactérienne est fréquente, de diamètre important. Il vit plaqué sur la peau de son hôte,
elle réalise un tableau d’impétigo puis d’ecthyma. La recherche une pièce buccale enfoncée dans le derme, dans un capillaire où
et la mise en évidence de poux et de lentes dans les vêtements, il se nourrit pendant un temps prolongé. Il est beaucoup moins
particulièrement dans les coutures, permet le diagnostic de mobile. Les larves éclosent après 1 semaine et deviennent
pédiculose corporelle (Fig. 5). Chez un patient consultant pour adultes en 15 jours environ. Une femelle pond environ 40 œufs
un prurit généralisé à prédominance nocturne, si l’infestation dans une vie moyenne de 3 semaines. La survie en dehors de
6 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
l’hôte humain n’excède pas 3 jours [2]. Il vit habituellement sur une lotion à base de pyrèthre et de butoxyde de pipéronyle
les poils du pubis et les poils adjacents : inguinofessiers, cuisses, (Spray-Pax ® ) spécifiquement indiquée pour la pédiculose
abdominaux et même thoraciques. Il peut toutefois de façon pubienne dans la monographie du dictionnaire Vidal® 2005.
non exceptionnelle établir aussi son habitat sur les poils Trois autres portent l’indication plus générale de « pédiculo-
axillaires, la moustache, la barbe, les cils et les sourcils. ses » : une à base de malathion (Prioderm®), une à base de
L’atteinte du cuir chevelu est décrite mais reste exceptionnelle, pyréthrine de synthèse (Item ® ), associée au butoxyde de
l’écartement des cheveux étant trop faible, il n’est pas adapté à pipéronyle (Pyreflor®). Il est préférable de traiter l’ensemble des
l’écartement des pinces situées de chaque côté du thorax du zones pileuses du tronc et des cuisses. Le traitement peut être
parasite [1]. difficile chez les individus poilus très infestés au-delà des zones
Épidémiologie péripubiennes. Le rasage des poils est nécessaire en cas de lentes
abondantes, en fonctions des zones atteintes et de l’acceptation
Le pou du pubis est cosmopolite. La transmission est en du patient. Les vêtements et la literie sont lavés à 60 °C. Le
général directe, par contacts sexuels. C’est à ce titre une traitement par ivermectine per os a été utilisé dans des séries
infection sexuellement transmissible (IST). La co-infection à une ouvertes avec une réponse favorable quasi constante en admi-
autre IST est fréquente [37] et en impose donc la recherche. Si nistrant une seconde prise à j7 car la molécule n’est pas active
l’usage du préservatif ne protège pas de l’infestation, il n’y a pas sur les lentes et n’a qu’une demi-vie de 16 heures [40].
de transmission du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) Les IST associées dépistées doivent être traitées. Dans tous les
par le pou pubien. Une transmission non sexuelle est actuelle- cas, la surinfection éventuelle est traitée localement par
ment admise. Elle a été montrée chez les personnes sans antiseptique et/ou antibiotique, si nécessaire par voie générale.
domicile fixe où elle est volontiers profuse, touchant aussi le L’atteinte ciliaire peut être traitée par une crème à la per-
dos, le cuir chevelu [2] . Chez l’enfant, la transmission est méthrine à 1 % ou même par de la vaseline simple (qui étouffe
possible par des contacts intimes mais non sexuels par un le pou).
parent infesté. Toutefois, la présence de ce type de pou chez un
enfant doit faire évoquer l’éventualité de sévices sexuels. Il est
désormais possible, dans un but médicolégal, d’authentifier le
patrimoine génétique de l’individu à partir du sang ingéré dans
■ Gale
le tube digestif du pou du pubis [38]. La contamination indirecte
est théoriquement possible par les serviettes ou la literie. Parasitologie
La gale est une parasitose cutanée commune et cosmopolite
Diagnostic
due à un acarien, Sarcoptes scabiei var. hominis, parasite humain
Le diagnostic est facile chez l’adulte. Le prurit pubien est le obligatoire. Le sarcopte n’est pas visible à l’œil nu. Après la
symptôme principal. L’examen clinique, aidé d’une loupe, fécondation, la femelle creuse un sillon dans la couche cornée
révèle la présence du parasite à l’œil nu et des lentes accrochées de l’épiderme et pond ses œufs. La femelle est alors gravide
aux poils pubiens (Fig. 7). Parfois s’y ajoutent des lésions de pour le restant de sa vie et pond approximativement trois à
grattage ou une folliculite de surinfection. Toutes les zones cinq œufs par jour pendant une durée de vie de 1 à 2 mois.
pileuses doivent être contrôlées, les localisations ectopiques Chaque œuf va éclore, donnant une larve qui va subir plusieurs
étant possibles (Fig. 8). Les partenaires sexuels doivent être mues et métamorphoses pour donner une nymphe puis un
examinés et un bilan d’infection sexuellement transmissible adulte en 20 jours. Les sarcoptes ont des préférences pour
proposé (VIH, syphilis, hépatite B, Chlamydiae, gonocoque, certains sites et évitent les zones pileuses. Le nombre de
Trichomonas, etc.). parasites femelles dans une gale classique est de 5 à 15. Il peut
Chez le jeune enfant et le nourrisson, le diagnostic peut être atteindre plusieurs centaines et même plusieurs milliers, voire
difficile devant une blépharite isolée. Un interrogatoire et un millions dans les formes profuses. Le sarcopte adulte ne survit
examen clinique à la recherche d’un abus sexuel sont indispen- pas plus de 1 à 2 jours en dehors de son hôte à température
sables même si cette éventualité n’est pas la situation la plus ambiante. Une hygrométrie élevée et une température basse (de
fréquente. Dans tous les cas, les sujets contacts proches de 20 °C) favorisent sa survie qui peut alors atteindre 5 jours. Il est
l’enfant doivent être examinés. détruit en quelques minutes à une température de 55 °C. En
revanche, les œufs peuvent vivre 10 jours en dehors de l’hôte,
Traitement mais l’infestation résulte de la transmission de femelle adulte et
La pédiculose du pubis nécessite un traitement du patient et très rarement de formes parasitaires immatures.
du(des) partenaire(s) sexuel(s). Les insecticides et les protocoles
d’application utilisés pour la pédiculose du cuir chevelu
constituent la base du traitement de la pédiculose pubienne [39].
Épidémiologie
L’indication de la plupart des préparations antipoux disponi- Le nombre d’individus infestés dans le monde est estimé à
bles en France est limitée à la pédiculose du cuir chevelu, sauf 300 millions (il est probablement surestimé). L’infection est
Dermatologie 7
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
Figure 9.
A, B. Gale : sillons et vésicules perlées.
ubiquitaire et touche tous les individus sans distinction de sexe confrontées à la gale sur une période de 1 an [49]. La gale est
ni d’ethnie [41, 42]. La dissémination du parasite est favorisée par d’ailleurs reconnue comme maladie professionnelle.
la vie en collectivité, le facteur de risque de transmission est la
cohabitation d’un grand nombre de personnes dans un espace Manifestations cliniques
restreint. La maladie est endémique dans de nombreux pays
tropicaux et subtropicaux [2, 43]. Dans certains pays comme
l’Inde ou le Bengladesh, la prévalence de la gale chez les enfants
Gale commune
a pu atteindre 100 % dans certaines études [44]. Dans les pays L’incubation de la gale de l’adulte est de 2 à 3 semaines,
tropicaux, la surinfection cutanée est fréquemment responsable réduite à quelques jours en cas de réinfestation. Le prurit
d’une glomérulonéphrite aiguë poststreptococcique [43]. Elle est généralisé, parfois intense, à recrudescence nocturne en est le
retrouvée jusqu’à 56 % de la population pédiatrique d’un signe majeur. La notion de contage et de prurit familial est un
service de Dakar [45]. Dans les îles Solomon, un programme de élément très évocateur. La topographie du prurit est caractéris-
lutte contre l’endémie de gale a permis de réduire la prévalence tique : espaces interdigitaux dorsaux des mains, face antérieure
de la gale de 25 % à 1 % en diminuant parallèlement significa- des poignets, zone axillaires antérieures, fesses, aréoles mam-
tivement les surinfections cutanées streptococciques et la maires chez la femme et organes génitaux chez l’homme. Le
proportion d’enfants atteints d’hématurie [46]. Dans les pays du dos, le cou et le visage sont en règle épargnés mais le cuir
Nord, la gale sévit sous forme d’épidémie dans les institutions chevelu peut être colonisé par le parasite. Les lésions spécifiques
(maisons de retraite, hôpitaux, prisons, etc.) et chez les indivi-
de gale sont les sillons, les vésicules perlées et les nodules
dus en situation de précarité sociale [25, 35]. Les petites épidémies
scabieux. Ils peuvent manquer ou être masquées par les lésions
familiales sont de plus en plus fréquemment observées. Le
de grattage. Les sillons (Fig. 9) et les vésicules perlées se
retard à la consultation favorise ensuite la diffusion de l’infes-
recherchent particulièrement dans les espaces interdigitaux et
tation. La transmission scolaire est inhabituelle.
sur les poignets. Les nodules scabieux (Fig. 10) sont rouge-brun
Dans sa forme commune, la gale est essentiellement trans-
cuivré et infiltrés à la palpation. Ils siègent avec prédilection sur
mise par contact humain direct « peau contre peau », le plus
les organes génitaux masculins et dans les plis axillaires. Les
souvent au sein d’un couple ou d’une famille. À ce titre, elle est
lésions secondaires non spécifiques sont fréquentes et masquent
reconnue comme une maladie sexuellement transmissible.
les lésions spécifiques : stries de grattage, micropapules exco-
Beaucoup plus rarement, la contamination est indirecte en
riées, eczématisation, impétiginisation. Il faut alors savoir penser
raison de la possible survie du parasite quelques heures en
dehors de son hôte, par contact avec le linge ou surtout de la à la gale. Dans la gale eczématisée, le diagnostic peut être
literie. difficile parce que les lésions secondaires sont au premier plan.
La forme profuse de la gale touche préférentiellement les La présentation clinique est celle de lésions eczématiformes plus
patients âgés et/ou immunodéprimés. Dans les pays où le virus ou moins étendues, épargnant la face. Un eczéma récent chez
HTLV-1 a une forte prévalence, la gale hyperkératosique géné- un patient sans antécédent, l’atteinte des espaces interdigitaux
ralisée est un marqueur de l’infection [47]. La contagiosité de ces et des poignets, le contexte épidémique, la recrudescence
formes profuses de gale est extrême, notamment pour le nocturne du prurit aident à évoquer le diagnostic. Parfois, c’est
personnel médical et paramédical puisque le patient est porteur la surinfection cutanée qui est au premier plan, mais tout
de milliers de parasites. En France, la gale est un problème impétigo chez l’adulte est secondaire à une dermatose sous-
fréquent dans les centres de long séjour et les maisons de jacente. Si les signes spécifiques de gale sont masqués à la
retraite. Une enquête épidémiologique transversale a évalué la première consultation et en l’absence de contexte épidémiolo-
prévalence de la gale à 6,6 % pour les maisons de retraite et à gique évocateur, il faut savoir revoir le patient après le traite-
14 % pour les établissements de long séjour en 1996. Le ment antibiotique et rechercher à nouveau par l’interrogatoire
personnel soignant est aussi contaminé et les épidémies persis- et l’examen clinique les signes en faveur d’une gale éventuelle.
tent longtemps [48]. Au Canada, une autre étude souligne la Parfois c’est une gale « invisible » (gale des « gens propres »). Le
fréquence du problème puisque 20 % des 130 institutions patient consulte pour un prurit récent notable sans lésion
interrogées par questionnaire indiquaient qu’elles avaient été cutanée. C’est la notion d’un prurit conjugal et/ou familial ou
8 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
Gale hyperkératosique
C’est une forme rare de gale profuse. Elle s’observe volontiers
chez les patients immunodéprimés (traitement immunosuppres-
seur, infection VIH, HTLV-1) ou ayant un handicap mental.
Figure 11. Gale du nourrisson : lésions plantaires vésiculeuses. Parfois elle fait suite à un traitement dermocorticoïde prolongé
prescrit pour une authentique dermatose ou prescrit à tort pour
un contexte épidémique associé à un prurit généralisé à recru- un diagnostic erroné d’eczéma (ou de prurigo) alors qu’il s’agissait
descence nocturne qui permettent, là encore, d’évoquer le d’une gale eczématisée [44] . La prolifération parasitaire est
diagnostic. considérable, responsable d’une contagiosité extrême et de
La sémiologie peut varier selon l’âge et le terrain. difficultés thérapeutiques. Le prurit peut être discret, voire absent.
Cette forme de gale est suspectée devant une érythrodermie
Chez le nourrisson prurigineuse avec hyperkératose palmoplantaire « farineuse »
Le prurit se traduit par une agitation et des mouvements de (Fig. 12). L’atteinte du dos, du visage et du cuir chevelu est
contorsion pour se frotter. Les lésions vésiculeuses palmoplan- fréquente. La gale peut simuler alors diverses dermatoses
taires sont fréquentes et caractéristiques (Fig. 11). Les sillons squameuses comme le psoriasis, la dermite séborrhéique ou une
sont inconstants. L’atteinte du visage est possible, contrairement toxidermie. Les lésions se limitent parfois aux seules extrémités
à la gale commune de l’adulte. Les nodules scabieux de 5 à (Fig. 13). Ces formes de gales localisées sont décrites non
10 mm de diamètre et rouge-brun cuivrés sont fréquents. Ils se seulement chez des patients sous immunosuppresseurs par voie
Dermatologie 9
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
Traitement
10 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
Dermatologie 11
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
précéder l’application du produit scabicide pour favoriser sa Traitement par voie orale : ivermectine
tolérance et diminuer les risques d’absorption percutanée. La
recherche d’une protéinurie à la bandelette après 3 semaines est Pharmacologie
souhaitable chez l’enfant (glomérulonéphrite aiguë [GNA] L’ivermectine est une lactone macrocyclique semi-synthétique
poststreptococcique). dérivée de Streptomyces avermitilis. Son spectre d’activité antipa-
Dans la gale eczématisée, l’application d’émollients doit être rasitaire est extrêmement large, à la fois sur de nombreux
préférée aux dermocorticoïdes. La mise à disposition d’un nématodes et arthropodes. Elle est notamment active sur les
traitement per os (ivermectine) rend cette situation plus facile agents de l’onchocercose, de la loase, des filarioses lymphati-
à traiter désormais. ques, de l’anguillulose, de l’ascaridiase, de la dirofilariose du
Pour les épidémies de gale en collectivité : l’ivermectine chien et de la gale aussi bien chez l’homme que chez l’animal.
trouve ici une de ses meilleures indications (cf. infra). Une L’ivermectine est composée de l’association de deux avermecti-
déclaration du cas dans l’établissement de provenance est nes modifiées dont le mode d’action est le blocage de la
indispensable avec mise en place d’une stratégie de prise en neurotransmission glutamate ou gamma aminobutyrique
charge de la collectivité par le médecin traitant, le responsable dépendantes provoquant la paralysie et le décès du parasite.
de l’établissement et les autorités sanitaires [52]. Les cas de gale Chez le mammifère et donc l’homme, ces récepteurs et neuro-
profuses doivent être détectés et confirmés si possible par le transmetteurs sont confinés au système nerveux central (SNC),
prélèvement parasitologique. En fonction du nombre et de la mais la molécule ne traverse pas la barrière neuroméningée.
dissémination des cas dans la collectivité et de l’existence de Cette molécule a été largement employée dans plus de 30 pays
formes profuses ou hyperkératosiques de gale, on traitera au dans l’onchocercose et la filariose, et on estime que plus de
minimum toutes les personnes en contact avec le malade et au 60 millions de personnes ont bénéficié de cette molécule dans
maximum toutes les personnes vivant, travaillant ou visitant le monde depuis 1988 sans effets secondaires notables sauf la
l’institution et le cas échéant leur propre entourage, en privilé- réaction de Mazotti attribuée à la lyse brutale d’une grande
giant le traitement per os. quantité de microfilaires. Les effets secondaires rares et bénins
Les cas de gale profuse seront isolées (hospitalisation en sont les suivants : gastro-intestinaux (douleur abdominale : 1 %,
général nécessaire) et recevront conjointement au moins deux anorexie : 1 %, diarrhée : 1,5 %, nausée : 1 %, vomissements :
applications de scabicide topique et une cure d’ivermectine [52]. 1 %), neurologiques (fatigue : 3 %, somnolence : 1 %, vertige :
Dans la gale hyperkératosique : l’hospitalisation en milieu 1 %, tremblement : 1 %) et dermatologiques (prurit : 3 %, rash :
spécialisé dermatologique avec isolement est indispensable. Les 1 %, urticaire : 1 %) qui régressent en 48 heures. L’hypothèse
applications de scabicides sont répétées autant que nécessaire et d’une surmortalité liée à l’emploi de l’ivermectine dans la gale
que la tolérance cutanée le permet. L’application concerne tout chez les patients âgés a été soulevée dans une publication [58]
le tégument y compris le visage et les ongles qui sont des qui n’a pas été confirmé par les études suivantes [59, 60].
sanctuaires de sarcoptes. Les ongles sont coupés puis brossés
avec l’antiscabieux. L’hyperkératose est traitée par de la vaseline Efficacité
salicylée, au minimum à 10 %. Ce traitement topique est Des observations isolées au cours des années 1980 rappor-
associé à des doses répétées d’ivermectine qui est une indication taient de façon anecdotique que des patients traités pour
de choix dans cette situation [52]. La guérison est obtenue après onchocercose étaient également guéris de leur gale. Cinq essais
une durée moyenne de 3 semaines de traitement. La définition comparatifs utilisant l’ivermectine dans la gale commune ont
des sujets contacts à traiter doit être large en raison de la très été rapportés. Une première étude en double aveugle contre
forte contagiosité. placebo, menée en 1993 au Mexique sur 55 patients, suggérait
Pour les nodules postscabieux, le crotamiton (Eurax®) trouve une efficacité remarquable de l’ivermectine administrée par voie
là sa meilleure indication. orale en dose unique à 200 µg/kg, sans effet secondaire notable :
La persistance d’un prurit après traitement antiscabieux doit 26 des 29 patients traités par ivermectine (79 %) étaient guéris
faire évoquer une réaction d’irritation ou allergique, une à j7 versus 4 patients sur 26 (16 %) dans le groupe placebo (p
recontamination, un traitement insuffisant ou mal réalisé, une < 0,001) [61]. Glaziou et al. [62] dans un essai randomisé de
résistance à l’insecticide utilisé, un prurit psychogène ou parfois 44 patients cliniquement atteints de gale compare une dose
une autre cause dermatologique masquée par la gale. orale unique de 100 µg/kg à deux applications successives d’une
solution de benzoate de benzyle à 10 % à 12 heures d’intervalle.
L’évaluation était faite par un dermatologue ignorant le traite-
ment suivi. À j30, 70 % des patients du groupe ivermectine
“ Mise au point étaient guéris versus 48 % du groupe benzoate de benzyle, la
différence n’étant pas significative. Un autre essai a comparé en
double aveugle une dose unique de 150 à 200 µg/kg d’ivermec-
Causes de prurit postscabieux (après 15 jours) tine à l’application d’une solution de lindane à 1 % chez
Traitement topique : irritation cutanée, eczéma de 53 adultes atteints de gale [63]. Un nouveau traitement identique
contact. au premier était donné en cas d’échec à j14. À j15, 74 % des
Réinfestation précoce : sujet contact non traité, cuir patients traités par ivermectine étaient guéris versus 54 % dans
chevelu non traité. le groupe lindane. À j29, respectivement 95 versus 96 % résultat
Traitement insuffisant : défaut de compréhension – temps jugé sans différence significative avec, toutefois, 19 % de perdus
de pose non respecté (lavage des mains), erreur de de vue dans l’étude. Plus récemment, une autre étude a montré
désinfection du linge et de la literie –, durée d’application une efficacité supérieure de l’ivermectine au lindane de 1 % [64].
trop brève (nourrisson, femme enceinte), gale profuse Un essai comparatif randomisé non aveugle a inclus 85 patients
atteints de gale commune qui ont reçu soit 200 µg/kg d’iver-
(traitements non répétés), résistance au traitement.
mectine, soit la perméthrine crème à 5 % pendant une nuit [65].
Prurit psychogène (acarophobie). À j7 et j14, respectivement 50 et 70 % des patients du groupe
ivermectine étaient guéris versus 84,5 et 97,8 % dans le groupe
perméthrine. La différence est significative en faveur de la
Dans la pratique, il est très fréquent que les patients aient, perméthrine. Un second traitement a alors été appliqué à tous
par erreur ou incompréhension, rincé le produit en se lavant les les patients non répondeurs ; 2 semaines plus tard, donc à j28,
mains pendant la durée supposée de l’application. La mention 95 % des patients du groupe ivermectine étaient guéris (absence
sur l’ordonnance « ne pas toucher l’eau pendant 24 h » et « en de différence significative avec le groupe perméthrine). Un
cas de lavage de main, réappliquer immédiatement le produit » dernier essai thérapeutique randomisé a comparé l’efficacité de
semble à ce titre indispensable. Toutefois, le prurit peut persister l’ivermectine orale (150-200 µg/kg) versus deux modalités
pendant environ 2 semaines après un traitement antiscabieux d’applications du benzoate de benzyle à 12 % : une application
topique bien conduit. de 24 heures ou deux applications successives de 24 heures
12 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
chacune chez 181 patients [66]. À j14 : les guérisons étaient comparatifs mais on dispose de nombreuses études en faveur de
respectivement de 29, 62 et de 84 %. En cas d’échec, le traite- l’efficacité de l’ivermectine à maîtriser l’épidémie par une dose
ment était alors renouvelé. À j28, la supériorité du benzoate de de 200 µg/kg qui, selon les études, doit être renouvelée systé-
benzyle appliqué deux fois 24 heures demeurait. On peut matiquement après 2 semaines [71, 72, 75] . Dans une prison
toutefois reprocher à cette étude la posologie d’ivermectine tanzanienne, 1 153 prisonniers ont reçu une dose de 150 µg/kg
choisie (parfois inférieure à 200 µg/kg). d’ivermectine pour juguler une épidémie qui touchait 818 per-
En résumé, les résultats de ces différentes études montrent sonnes (71 %). Les matelas étaient exposés au soleil 1 heure et
globalement une efficacité comparable des traitements topiques les sols et les murs étaient désinfectés. À 4 semaines, 12 % des
scabicides et de l’ivermectine. prisonniers traités présentaient encore des signes de gale ; après
8 semaines, ils n’étaient plus que 4,5 %, ces derniers cas ont
Indications alors été traités par lindane 1 %. Les auteurs insistent sur le fait
Toute gale de l’adulte et de l’enfant de poids supérieur à que s’ils avaient utilisé le benzoate de benzyle comme d’habi-
15 kg peut être traitée par ivermectine orale. tude, il en aurait nécessité au moins 66 litres sans compter tous
Toutefois, certaines formes cliniques de gale sont apparues les problèmes de mise en œuvre ajoutés [73].
comme des indications privilégiées de l’ivermectine : la gale des En pratique, faut-il recommander un traitement topique ou
patients infectés par le VIH [67-69], la gale profuse hyperkérato- systémique ? Il n’existe pas de niveau de preuve actuellement
sique [70] et la gale épidémique [71-74]. suffisant pour recommander tel ou tel traitement [52]. L’iver-
Dans la gale hyperkératosique, volontiers associée à un terrain mectine per os est un progrès considérable mais il est prématuré
immunodéprimé ou chez des patients traités par corticoïdes de considérer les traitements topiques comme obsolètes [74].
topiques ou systémiques, les traitements topiques scabicides, Toutefois, outre sa commodité d’emploi et son rembourse-
même répétés et prolongés, ne permettent pas toujours la ment, l’ivermectine apporte un « plus » dans les situations
guérison. Le protocole le plus efficace semble être l’association cliniques suivantes (Fig. 16) :
de doses répétées d’ivermectine (200 µg/kg) à 14 jours d’inter- • traitement topique difficile à appliquer : patient isolé,
valle et d’applications répétées de scabicides topiques. Cepen- difficultés de compréhension, dermatose associée ou état
dant, aucun essai n’est disponible. L’association aux cutané trop délabré (gale eczématisée et/ou surinfectée) ;
kératolytiques (vaseline salicylée) est parallèlement indispensa- • gale profuse hyperkératosique (en association au traitement
ble. Chez les sujets séropositifs pour le VIH, l’association topique) ;
ivermectine orale et benzoate de benzyle topique est plus • gale épidémique en collectivité ;
efficace que l’ivermectine seule dans la gale hyperkératosique • échec du traitement topique.
mais aussi commune [69].
Dans la gale épidémique, notamment en institution, l’iver- Modalités pratiques
mectine a un intérêt incontestable compte tenu de la facilité L’ivermectine ayant une autorisation de mise sur le marché
d’utilisation quand un grand nombre de personnes doivent être (AMM) en France pour la gale est actuellement commercialisée
traitées. L’éradication de la gale est souvent difficile en cas sous le nom de Stromectol®. Elle est remboursée par la Sécurité
d’épidémie dans les institutions : établissements d’hébergement sociale. Les comprimés sont dosés à 3 mg. Elle est administrée
pour personnes âgées, établissements de soins, milieu carcéral. en prise orale unique à jeun (à 2 heures de toute prise alimen-
Le traitement de ces épidémies n’a pas fait l’objet d’essais taire) à la dose 200 µg/kg soit 12 mg ou quatre comprimés pour
Dermatologie 13
98-395-A-20 ¶ Ectoparasitoses
un adulte de 60 kg. Sa sécurité d’emploi n’ayant pas été établie [14] Menegaux F, Baruchel A, Bertrand Y, Lescoeur B, Leverger G,
chez l’enfant de moins de 15 kg ni chez la femme enceinte, le Nelken B, et al. Household exposure to pesticides and risk of childhood
médicament est contre-indiqué chez ces patients. acute leukemia. Occup Environ Med 2006;63:131-4.
Les sujets contacts intimes sont tous traités simultanément. [15] Hill N, Moor G, Cameron MM, Butlin A, Preston S, Williamson MS,
Le linge et la literie décontaminés parallèlement comme avec le et al. Single blind, randomised study of the Bug Buster kit and over the
traitement topique. counter pediculicide treatments against head lice in the United Kindom.
Les modalités de prescription de l’ivermectine ne sont pas BMJ 2005;331:362-3.
formellement établies : si la posologie de 200 µg/kg semble [16] Dawes M. Combing and combating head lice. BMJ 2005;331:362-3.
actuellement consensuelle, le problème de la dose unique ou [17] Chosidow O. Bug Busting for head lice. Is it effective? Arch Dermatol
répétée à 1 ou 2 semaines d’intervalle reste entier. En effet, 2006 (in press).
l’efficacité de l’insecticide sur les œufs est mise en doute, cela [18] Burgess IF, Brown CM, Lee PN. Treatment of head louse infestation
with 4% dimeticone lotion: randomised controlled equivalence trial.
étant une source d’échec possible du traitement. En revanche,
BMJ 2005;330:1423.
deux doses à 2 semaines d’intervalle sont efficaces à 100 %. Elle
[19] Pearlman DL. A simple treatment for head lice: dry-on, suffocation-
est à ce titre recommandée par les professionnels [76]. Une dose
based pediculicide. Pediatrics 2004;114:275-9.
répétée d’ivermectine est en tout cas recommandée par le [20] Roberts RJ, Burgess IF. New head-lice treatments: hope or hype?
Conseil supérieur d’hygiène publique de France dans les gales Lancet 2005;365:8-99.
profuses [52]. Des premiers cas de résistance chez des animaux [21] Avis du CSHP de France du 27 Juin 2003, relatif à la conduite à tenir
recevant cet antiparasitaire de façon systématique et plus devant un sujet atteint de pédiculose du cuir chevelu. Ann Dermatol
récemment chez l’homme ont été rapportés [77]. Venereol 2004;131:1122-4.
[22] Burkhart K, Burkhart CG, Burkhart CN. Update on therapy: ivermectin
is available for use against head lice. Infect Med 1997;14:689-700.
[23] Arezki I, Chosidow O. Efficacy of machine launderring on head lice:
“ Points forts recommendations to decontaminate washable clothes, linens and
fomites. Clin Infect Dis 2006;42:e9-e10.
[24] Moy JA, Sanchez MR. The cutaneous manifestations of violence and
Reconnaître et traiter la gale poverty. Arch Dermatol 1992;128:829-39.
Évoquer la gale devant un prurit généralisé à [25] Arfi C, Dehen L, Benassaia E, Faure P, Farge D, Morel P, et al. Consul-
recrudescence nocturne, récent ou persistant. tation dermatologique en situation de précarité : étude prospective
S’interroger sur l’existence d’un prurit conjugal ou familial médicale et sociale à l’Hôpital Saint-Louis à Paris. Ann Dermatol
associé. Venereol 1999;126:682-6.
[26] Badiaga S, Menard A, Tissot Dupont H, Ravaux I, Chouquet D,
Penser à la gale devant une éruption eczématiforme. Graveriau C, et al. Prevalence of skin infections in sheltered homeless.
Connaître les différentes formes de gale. Eur J Dermatol 2005;15:382-6.
Faire un prélèvement parasitologique dans les cas [27] Brouqui P, Lascola B, Roux V, Raoult D. Chronic Bartonella quintana
difficiles. bacteremia in homeless patients. N Engl J Med 1999;340:184-9.
Traiter simultanément tous les sujets contacts intimes. [28] Jackson LA, Spach DH, Kippen DA, Sugg NK, Regnery RL,
Désinfecter parallèlement le linge et la literie. Sayers MH, et al. Seroprevalence to Bartonella quintana among
patients at a community clinic in downtown Seattle. J Infect Dis 1996;
S’assurer de la bonne compréhension du traitement. 173:1023-6.
.
[29] Guibal F, de La Salmonière P, Rybojad M, Hadjrabia S, Dehen L,
Arlet G. High seroprevalence to bartonella quintana in homeless
■ Références patients with cutaneous parasitic infestations in downtown Paris. J Am
Acad Dermatol 2001;44:219-23.
[1] Ko CJ, Elston DM. Pediculosis. J Am Acad Dermatol 2004;50:1-2. [30] Drancourt M, Mainardi JL, Brouqui P, Vandenesch F, Carta A,
[2] Meinking TL. Infestations. Curr Probl Dermatol 1999;11:75-118. Lehnert F, et al. Bartonella (Rochalimaea) quintana endocarditis in
[3] Vander Stichele RH, Dezeure EM, Bogaert MG. Systematic review of three homeless men. N Engl J Med 1995;332:419-23.
clinical efficacy of topical treatment for head lice. BMJ 1995;311: [31] Raoult D, Fournier PE, Drancourt M, Marrie TJ, Etienne J, Cosserat J,
604-8. et al. Diagnosis of 22 new cases of Bartonella endocarditis. Ann Intern
[4] Brown S, Becher J, Brady W. Treatment of ectoparasitic infections: Med 1996;125:646-52.
review of the english language literature, 1982-1992. Clin Infect Dis [32] Raoult D, Ndihokubwayo JB, Tissot-Dupont H, Roux V, Faugere B,
1995;20(suppl1):S104-S109. Abegbinni R, et al. Outbreak of epidemic typhus associated with trench
[5] Dodd CS. Interventions for treating head lice. Cochrane Database Syst fever in Burundi. Lancet 1998;351:353-8.
Rev 2001(2) (CD001165). [33] Tarasevich I, Rydkina E, Raoult D. Outbreak of epidemic typhus in
[6] Taplin D, Meinking TL, Castillero PM, Sanchez R. Permethrin 1 % Russia. Lancet 1998;352:1151.
creme rinse for the treatment of Pediculus humanus var capitis [34] Sundnes KO, Haimanot AT. Epidemic of louse-borne relapsing fever in
infestation. Pediatr Dermatol 1986;3:344-8. Ethiopia. Lancet 1993;342:1213-5.
[7] Taplin D, Castillero PM, Spiegel J, Mercer S, Rivera AA, Schachner L. [35] Brouqui P, Stein A, Dupont HT, Gallian P, Badiaga S, Rolain JM, et al.
Malathion for treatment of Pediculus humanus var capitis infestation. Ectoparasitism and vector- borne diseases in 930 homeless people from
JAMA 1982;247:3103-5. Marseilles. Medicine 2005;84:61-8.
[8] Roberts RJ, Casey D, Morgan DA, Petrovic M. Comparison of wet [36] Mumcuoglu KY, Miller J, Manor O, Ben-Yshai F, Klaus S. The
combing with malathion for treatment of head lice in the UK: a prevalence of ectoparasites in ethiopian immigrants. Isr J Med Sci
pragmatic randomised controlled trial. Lancet 2000;356:540-4. 1993;29:371-3.
[9] Burgess IF, Brown CM, Burgess NA. Synergized pyrethrin mousse, a [37] Pierzchalski JL, Bret DA, Matson SC. Phtirus pubis as a predictor for
new approach to head lice eradication: efficacy in field and laboratory chlamydiae infections in adolescents. Sex Trans Dis 2002;29:331-4.
studies. Clin Ther 1994;16:57-64. [38] Lord WD, DiZinno JA, Wilson MR, Budowle B, Taplin D,
[10] Burgess IF, Brown CM, Peock S, Kaufman J. Head lice resistant to Meinking TL. Isolation, amplification, and sequencing of human
pyrethroid insecticides. BMJ 1995;311:752. mitochondrial DNA obtained from human crab louse, Pthirus pubis
[11] Meinking TL, Serrano L, Hard B, Entzel P, Lemard G, Rivera E, et al. (L.), blood meals. J Forensic Sci 1998;43:1097-100.
Comparative in vitro pediculicidal efficacy of treatments in a resistant [39] Clinical Effectiveness Group (Association of Genitourinary Medicine
head lice population in united states. Arch Dermatol 2002;138:220-4. and the Medical Society of the Study of Venereal Diseases). National
[12] Chosidow O, Chastang C, Brue C, Bouvet E, Izri M, Monteny N, et al. guideline for the management of Phthirus pubis infestation. Sex Transm
Controlled study of malathion and d-phenothrin lotions for Pediculus Inf 1999;75(suppl1):78-9.
humanus var capitis-infested school children. Lancet 1994;344:1724-7. [40] Burkhart CG, Burkhart CN. Oral ivermectin for Phthirus pubis. J Am
[13] Lee SH, Yoon KS, Williamson MS, Goodson SJ, Takano-Lee M, Acad Dermatol 2004;51:1037-8.
Edman JD, et al. Molecular analysis of kdr-like resistance in [41] Orkin M. Scabies: what’s new? Curr Probl Dermatol 1995;22:105-11.
permethrin-resistant strains of head lice, pediculus capitis. Pestic [42] Walker GJ, Johnstone PW. Interventions for treating scabies. Cochrane
Biochem Physiol 2000;66:130-43. Database Syst Rev 2000(3) (CD000320).
14 Dermatologie
Ectoparasitoses ¶ 98-395-A-20
[43] Heukelbach J, Wilcke T, Winter B, Feldmeier H. Epidemiology and [62] Glaziou P, Cartel JL, Alzieu P, Briot C, Moulia-Pelat JP, Martin PM.
morbidity of scabies and pediculosis capitis in resource-poor Comparison of ivermectin and benzyl benzoate for treatment of scabies.
communities in Brazil. Br J Dermatol 2005;152:150-6. Trop Med Parasitol 1993;44:331-2.
[44] Chosidow O. Scabies and pediculosis. Lancet 2000;355:819-26. [63] Chouela EN, Abeldano AM, Pellerano G, La Forgia M, Papale RM,
[45] Dieng MT, Ndiaye B, Ndiaye AM. Scabies complicated by acute Garsd A, et al. Equivalent therapeutic efficacy and safety of ivermectin
glomerulonephritis in children: 114 cases observed in two years in a and lindane in the treatment of human scabies. Arch Dermatol 1999;
pediatric service in Dakar. Dakar Med 1998;43:201-4. 135:651-5.
[46] Lawrence G, Leafasia J, Sheridan J, Hills S, Wate J, Wate C, et al. [64] Madan V, Jaskiran K, Gupta U, Gupta DK. Oral ivermectin in scabies
Control of scabies, skin sores and haematuria in children in the patients: a comparison with 1% lindane lotion. J Dermatol 2001;28:
Solomon Islands: another role for ivermectin. Bull World Health Organ 482-4.
2005;83:34-42. [65] Uscha V, Gopalakrishnan Nair TV. A comparative study of oral
[47] Del Guidice P, Sainte Marie D, Gérard Y, Couppié P, Pradinaud R. Is ivermectin and topical permethrin cream in the treatment of scabies.
crusted (Norvegian) scabies a marker of adult T cell J Am Acad Dermatol 2000;42:236-40.
leukemia/lymphoma in human T lymphotropic virus type 1 [66] Ly F, Mahé A, Caumes E. Essai thérapeutique randomisé comparant
seropositive patients? J Infect Dis 1997;176:1090-2. l’efficacité de l’ivermectine orale et de deux modalités d’application du
[48] Ancelle T. La gale dans les établissements pour personnes âgées en benzoate de benzyle dans le traitement de la gale commune à Dakar.
France en 1996. Bull Epidémiol Hebd 1997(n°7):27-9. Ann Dermatol Vénéréol 2005;132:9S67.
[49] Holness DL, DeKoven JG, Nethercott JR. Scabies in chronic health [67] Meinking TL, Taplin D, Hermida JL, Pardo R, Kerdel FA. The
care institutions. Arch Dermatol 1992;128:1257-60. treatment of scabies with ivermectin. N Engl J Med 1995;333:26-30.
[50] Argenziano G, Fabbrocini G, Delfino M. Epiluminescence microscopy. [68] Taplin D, Meinking TL. Treatment of HIV-related scabies with
A new approach to in vivo detection of Sarcoptes scabiei. Arch
emphasis on the efficacy of ivermectin. Semin Cutan Med Surg 1997;
Dermatol 1997;133:751-3.
16:235-40.
[51] Dupuy A, Dehen L, Bourrat E, Lacroix C, Benderdouche M,
[69] Alberici F, Pagani L, Ratti G, Viale P. Ivermectin alone or in
Dubertret L, et al. Accuracy of standard dermoscopy for diagnosing
combination with benzyl benzoate in the treatment of human
scabies. J Am Acad Dermatol 2007;56:53-62.
immunodeficiency virus-associated scabies. Br J Dermatol 2000;142:
[52] Avis du Conseil Supérieur d’hygiène publique de France, section des
maladies transmissibles, relative à la conduite à tenir en cas de gale 969-72.
(séance du 27 juin 2003). Ann Dermatol Venereol 2004;131:1119-21. [70] Huffam SE, Currie BJ. Ivermectin for sarcoptes scabiei
[53] Drugs used in skin diseases. Geneva: OMS; 1997 (p. 99-101). hyperinfestation. Int J Infect Dis 1998;2:152-4.
[54] Center for disease control and prevention 1998. Guidelines for [71] Sullivan JR, Watt G, Barker B. Successful use of ivermectin in the
treatment of sexually transmitted diseases. MMWR 1998;47:84-5. treatment of endemic scabies in a nursing home. Aust J Dermatol 1997;
[55] Franz TJ, Lehman PA, Franz SF, Guin JD. Comparative percutaneous 38:137-40.
absorption of lindane and permethrin. Arch Dermatol 1996;132:901-5. [72] Vasseur E, Fleury L, Bougnoux ME, Moussally S, Vilmur V, Cassou B,
[56] Walker GJA, Johnstone PW. Interventions for treating scabies. et al. Évaluation de l’efficacité et de la tolérance de l’ivermectine au
Cochrane Database Syst Rev 2000(3) (CD000320). cours d’une épidémie de gale en hôpital de long séjour. Ann Dermatol
[57] Parasiticidal preparations. In: “British National Formulary “British Venereol 1998;125(suppl3):202.
Medical Association. London march: Royal Pharmaceutical Society of [73] Leppard B, NaburiAE. The use of ivermectin in controlling an outbreak
Great Britain; 2002. p. 569-71 (43). of scabies in a prison. Br J Dermatol 2000;143:520-3.
[58] Barkwell R, Shields S. Deaths associated with ivermectin treatment of [74] Del Giudice P. Traitement de la gale : traitement topique ou systémique?
scabies. Lancet 1997;349:1144-5. Ann Dermatol Venereol 2004;131:1045-7.
[59] Alexander ND, Bockarie MJ, Kastens WA, Kazura JW, Alpers MP. [75] Marty P, Gari-Toussaint M, Le Fichoux Y, Gaxotte P. Efficacy of
Absence of ivermectin-associated excess deaths. Trans R Soc Trop Med ivermectin in the treatment of an epidemic of sarcoptic scabies. Ann
Hyg 1998;92:342. Trop Med Parasitol 1994;88:453 [letter].
[60] Del Giudice P, Marty P, Toussaint-Gari M, Le Fichoux Y. Ivermectin in [76] Chosidow O. Scabies. N Engl J Med 2006;354:1718-27.
eldery patients. Arch Dermatol 1999;135:351-2. [77] Currie BJ, Harumal P, McKinnon M, Walton SF. First documentation of
[61] Macotela-Ruiz E, Pena-Gonzalez G. The treatment of scabies with oral in vivo and in vitro ivermectin resistance in sarcoptes scabiei. Clin
iveremectin. Gac Med Mex 1993;129:201-5. Infect Dis 2004;39:e8-e12.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Dehen L., Chosidow O. Ectoparasitoses. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Dermatologie, 98-395-A-20,
2007.
Dermatologie 15