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Dépôts ioniques

par Jean MACHET


Professeur à l’Université de Limoges

1. Description ................................................................................................ M 1 663 - 2


1.1 Rôle de la décharge ..................................................................................... — 2
1.2 Influence de la présence d’un gaz à pression réduite .............................. — 2
2. Caractéristiques des dépôts ................................................................. — 2
2.1 Adhérence des dépôts................................................................................. — 2
2.1.1 Préparation de la surface avant dépôt .............................................. — 2
2.1.2 Formation de l’interface dépôt-substrat ........................................... — 3
2.2 Vitesse de croissance et pouvoir de recouvrement.................................. — 3
2.3 Structure des dépôts ................................................................................... — 3
3. Dispositif expérimental.......................................................................... — 4
3.1 Dispositif de vide ......................................................................................... — 4
3.2 Source de mise en phase vapeur ............................................................... — 4
3.3 Alimentations électriques ........................................................................... — 4
4. Principales applications......................................................................... — 5
4.1 Métallisations............................................................................................... — 5
4.2 Dépôts de matériaux composés................................................................. — 5
4.2.1 Dépôts de nitrure de titane ................................................................ — 5
4.2.2 Dépôts d’oxydes d’indium et d’étain ................................................ — 5
5. Conclusion ................................................................................................. — 5
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 1 663

es dépôts ioniques (ou ion plating) regroupent différentes techniques de


L dépôts sous vide dans lesquelles le matériau à déposer est mis en phase
vapeur en présence d’une décharge électrique, le substrat jouant le rôle de
cathode.
1 - 1986
M 1 663

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DÉPÔTS IONIQUES _____________________________________________________________________________________________________________________

1. Description Ces deux types de particules sont créés quel que soit le gaz
introduit. Si ce dernier est un gaz inerte chimiquement (l’argon en
général), seules les premières jouent un rôle. En première approxi-
Le dispositif expérimental le plus simple est schématisé sur la mation, on peut considérer que ces particules énergétiques sont
figure 1. Le corps à déposer est évaporé dans la nacelle N chauffée des ions. Ceux-ci sont créés dans la zone de lumière négative.
par effet Joule. Les substrats S sont disposés sous l’électrode C Accélérés dans la chute de tension cathodique, ils acquièrent de
appelée cathode, polarisée négativement par rapport au reste de l’énergie, ce qui leur permet de pulvériser le substrat avant le
l’enceinte reliée à la masse. L’introduction d’un gaz permet de faire début du dépôt ou le dépôt en croissance. En effet, avant de
remonter la pression dans l’enceinte et d’amorcer une décharge commencer la mise en phase vapeur du matériau à déposer, donc
électrique entre la cathode porte-substrats et le reste de l’enceinte. le dépôt, on amorce la décharge ; les ions pulvérisent alors direc-
Si l’on veut réaliser le dépôt d’un métal, le gaz utilisé est de l’argon. tement le substrat ce qui permet de le nettoyer, comme on le verra
Si l’on veut obtenir un dépôt d’un matériau composé, on introduit par la suite (§ 2.1.1). Puis, pendant la phase dépôt, on maintient
le ou les gaz correspondant à ce matériau. toujours la décharge et c’est le dépôt en croissance qui est soumis
à un bombardement ionique. Il faut remarquer que cette descrip-
Exemple : pour obtenir du nitrure de titane, le titane est évaporé en tion est très simplifiée et que les phénomènes réels sont plus
présence d’une décharge réalisée dans l’azote ou dans un mélange complexes. En particulier, en traversant la zone sombre, les ions
argon-azote. subissent des collisions avec échange de charge qui entraînent la
La présence de la décharge électrique et celle d’un gaz à pression création de particules neutres énergétiques qui vont, elles aussi,
réduite (p ≈ 6 × 10–2 à 6 Pa suivant les dispositifs) donnent naissance jouer un rôle important. Ces phénomènes sont décrits dans les
à un certain nombre de phénomènes qui permettent d’améliorer articles cités dans [1] [2] [3].
considérablement la qualité des dépôts. Lorsqu’on introduit un gaz réactif, les particules excitées
favorisent les réactions entre le gaz support de la décharge et le
matériau évaporé.
1.1 Rôle de la décharge
La décharge qui prend naissance est une décharge luminescente 1.2 Influence de la présence d’un gaz
de type anormal (article Spectroscopie de décharge luminescente à pression réduite
[P 2 715] dans le traité Analyse et Caractérisation). Son rôle est
double : Pour amorcer la décharge il faut maintenir dans l’enceinte une
— production de particules énergétiques ; pression de l’ordre de 2 Pa. Dans ces conditions le libre parcours
— production de particules excitées. moyen des atomes évaporés est inférieur à 5 mm. Ceux-ci diffusent
à travers le gaz support de la décharge, dans toutes les directions,
et arrivent sur le substrat suivant une incidence quelconque. Ceci
permet d’obtenir un dépôt sur tout le substrat quelle que soit sa
forme géométrique.

2. Caractéristiques des dépôts


2.1 Adhérence des dépôts
L’adhérence est en général excellente, et elle est supérieure à
celle que l’on peut obtenir par les autres techniques quel que soit
le couple dépôt-substrat. Ceci est dû :
— à la préparation de la surface du substrat avant dépôt ;
— à la formation d’une interface dépôt-substrat où se mélangent
le matériau constituant le substrat et celui du dépôt.

2.1.1 Préparation de la surface avant dépôt


Quelle que soit la technique de dépôt utilisée, l’état de surface du
substrat avant le dépôt joue un rôle fondamental sur l’adhérence de
ce dernier. Ceci explique les nombreux procédés de nettoyage ou
d’activation chimiques du substrat avant la réalisation du dépôt dans
les méthodes classiques. Ces techniques, qui apportent souvent des
améliorations importantes au niveau de l’adhérence, sont aussi,
dans de nombreux cas, de portée limitée car elles ont lieu, en général,
à l’air libre, en dehors de l’enceinte où a lieu le dépôt. Le substrat
a alors le temps de se polluer à nouveau, entre la phase nettoyage
et la phase dépôt. Dans la technique des dépôts ioniques, ce
phénomène peut être évité en opérant de la manière suivante : avant
de commencer l’évaporation on amorce une décharge électrique
Figure 1 – Schéma de principe d’une installation de dépôt ionique dans un gaz, neutre en général. Les ions créés dans cette décharge
pulvérisent le substrat ce qui permet de le débarrasser de ses impu-
retés de surface (oxydes, vapeur d’eau, etc.). En commençant ensuite
l’évaporation tout en maintenant la décharge, on peut réaliser un
dépôt sur une surface parfaitement propre. Pour montrer l’intérêt

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de cette continuité entre les phases nettoyage et dépôt, on peut 2.2 Vitesse de croissance
rappeler que, pour une pression résiduelle égale à 4 × 10–4 Pa, il faut
moins d’une seconde pour former une couche monomoléculaire du et pouvoir de recouvrement
gaz constituant cette atmosphère résiduelle à la surface du substrat.
La vitesse de croissance vc du dépôt en un point est fonction du
nombre N1 d’atomes qui tombent sur le substrat au point considéré
2.1.2 Formation de l’interface dépôt-substrat
pendant l’unité de temps et du nombre N2 d’atomes pulvérisés en
ce point pendant le même temps. On peut écrire :
Lorsque commence le dépôt, on trouve au voisinage du substrat :
des ions et des atomes du gaz support de la décharge, mais aussi vc = k (N1 – N2)
des ions et des atomes du matériau à déposer ainsi que des ions
et des atomes du substrat. La pression étant relativement élevée (de Cette vitesse dépend de nombreux facteurs tels que la vitesse
l’ordre de 2 Pa), le libre parcours moyen est inférieur à 5 mm. Une d’évaporation du matériau à déposer, la pression dans l’enceinte [4],
partie des atomes pulvérisés du substrat retombe sur ce dernier en l’intensité du courant de décharge, la forme géométrique du substrat
se mélangeant aux atomes du matériau à déposer comme l’indique et sa position par rapport à la source d’évaporation.
la figure 2. En outre les ions du matériau à déposer, accélérés dans Normalement des densités de courant de décharge de l’ordre de 1
la chute de tension cathodique, peuvent pénétrer dans le substrat à 2 A · m– 2 sont suffisantes pour obtenir des dépôts de bonnes
sur une profondeur de l’ordre du nanomètre. Il y a donc, sous l’action qualités. Dans ces conditions le nombre d’ions tombant sur le
conjuguée de ces deux phénomènes, formation d’une interface entre substrat est très faible devant le nombre d’atomes neutres, et l’effet
le dépôt et le substrat où se mélangent les atomes de ces deux de pulvérisation est négligeable.
matériaux. Enfin l’énergie libérée par les ions tombant sur le substrat
Exemple : pour un dépôt de cuivre réalisé dans les conditions
entraîne une élévation de la température de ce dernier, ce qui favorise
suivantes :
une interdiffusion entre le substrat et le matériau déposé.
• vc = 2 × 10– 8 m · s–1 ;
• densité de courant de décharge = 2 A × m–2 ;
• gaz support de la décharge : argon ;
le rapport du nombre d’atomes pulvérisés N 2 au nombre d’atomes N 1
tombant sur le dépôt en croissance est inférieur à 2 %.
Lorsque la pression décroît, la vitesse de dépôt croît. Pour pouvoir
amorcer la décharge il faut maintenir une pression minimale. La
vitesse de croissance du dépôt sera donc inférieure à celle que l’on
obtiendrait en évaporation simple à basse pression. Cette vitesse
reste cependant supérieure à celle que l’on obtient par les autres
techniques de dépôt physique en phase vapeur.
Le pouvoir de recouvrement du dépôt est bon. Il ne dépend
pratiquement que de la forme géométrique du substrat et de sa
position par rapport à la source d’évaporation [5]. Un problème
concret qui se pose souvent est celui des dépôts à l’intérieur de trous
borgnes. On peut avoir une idée de l’épaisseur obtenue à une
distance x du bord du trou en utilisant la relation :
e = e0 exp (– x / λm )
avec e0 épaisseur sur le bord du trou,
λm libre parcours moyen des atomes du matériau à déposer.
Lorsque le diamètre d du trou est inférieur à λm , la relation
précédente doit être remplacée par la suivante :
e = e0 exp (– x/d )

2.3 Structure des dépôts

Les dépôts sont, en général, très denses et de porosité faible. Ceci


est dû au bombardement ionique continu de la couche en croissance
qui a plusieurs rôles. Entre autres il provoque la pulvérisation des
atomes mal intégrés dans la couche en croissance. Il entraîne aussi
une diffusion latérale des sites de croissance ce qui évite la crois-
sance en colonnes souvent rencontrée en évaporation simple et
Figure 2 – Mécanisme de formation de l’interface dépôt-substrat même en pulvérisation [6]. En jouant simultanément sur la pression,
l’intensité du courant de décharge et la vitesse d’évaporation on peut
notablement diminuer la porosité [7].

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3. Dispositif expérimental
Une installation classique comprend :
— une enceinte à vide et son groupe de pompage ;
— une source de mise en phase vapeur ;
— les alimentations électriques de la cathode et de la source de
mise en phase vapeur.

3.1 Dispositif de vide

Le dispositif de pompage utilisé dépend de la nature du matériau


à déposer. Si ce matériau est peu sensible à l’oxygène ou à l’azote,
le pompage peut être assuré par des pompes Roots qui permettent
d’obtenir une évacuation rapide et une pression limite suffisante
(p ≈ 1,5 × 10–2 Pa). Cependant dans la majorité des cas les dépôts
sont sensibles aux gaz résiduels et on a intérêt à avoir un bon vide
limite (p ≈ 10–4 à 10–5 Pa). Pour ceci on peut utiliser des pompes à
diffusion d’huile en ayant soin de placer entre l’enceinte et la pompe
une vanne d’étranglement qui limite le débit de cette dernière. Les
pompes turbomoléculaires sont, aussi, bien adaptées à ce type
d’application (article Pompes à transfert de gaz. Pompes cinétiques
[BM 4 272] dans le traité Génie mécanique). Il faut remarquer qu’en
limitant le débit de la pompe on diminue la vitesse de pompage des
gaz résiduels provenant du dégazage permanent des parois. Leur
pression partielle peut augmenter d’une manière sensible, ce qui
peut entraîner une pollution importante du dépôt. Pour éviter ceci
il faut s’assurer que le flux gazeux support de la décharge est
suffisant (de l’ordre de 5 × 10–2 à 10–1 Pa · m3 · s–1). En outre si on
veut obtenir des dépôts ayant des qualités reproductibles on a intérêt
à contrôler ce débit.

3.2 Source de mise en phase vapeur Figure 3 – Dispositif de dépôt ionique


avec évaporation au canon à électrons

L’évaporation par chauffage par effet Joule est simple à mettre


en œuvre. Ses limites sont cependant bien connues et son utilisation
industrielle ne peut être envisagée que pour des matériaux ayant Comme source de mise en phase vapeur on peut utiliser des cibles
une température d’évaporation basse. de pulvérisation magnétron. Ces sources permettent de déposer
pratiquement tous les matériaux, simples ou composés, et ce, sur
Le canon à électrons est, dans les conditions actuelles, la principale des substrats de grandes dimensions [9].
source d’énergie pour l’évaporation thermique. Il faut prendre soin
d’isoler le canon de l’enceinte où a lieu le dépôt et où règne une Au laboratoire le laser est aussi utilisé pour mettre en phase vapeur
pression voisine de 2 Pa pour éviter tout amorçage entre les diverses le matériau à déposer. Cependant son utilisation dans ce domaine
électrodes du canon et pour ne pas réduire d’une manière excessive ne semble pas encore être passée au stade industriel.
la durée de vie des filaments. Le filament et la partie haute tension
du canon sont situés du côté évacué par les pompes. Le creuset et
le substrat sont dans l’autre partie où a lieu le dépôt. Le montage 3.3 Alimentations électriques
est schématisé sur la figure 3.
La vanne V est fermée pendant le dépôt. Les deux enceintes ne
communiquent alors entre elles que par le trou de l’anode du canon Les alimentations électriques pour les sources de mise en phase
à électrons. Le rapport des pressions régnant dans les deux parties vapeur dépendent du type de source utilisée. Elles sont classiques.
de l’enceinte est de l’ordre de 10. Si la pression dans la partie supé- En ce qui concerne la polarisation du substrat, il faut distinguer
rieure est égale à 2 Pa, dans la partie inférieure elle vaut 0,2 Pa. Cette deux cas, suivant que celui-ci est un conducteur électrique ou un
valeur est encore élevée et elle n’est pas toujours compatible avec isolant. Dans le premier cas une alimentation redressée simple
un bon fonctionnement du canon. Il faut donc chercher à diminuer délivrant une tension de l’ordre de 3 à 4 kV suffit. Pour déterminer
la pression côté dépôt tout en maintenant une intensité de courant sa puissance on peut admettre qu’une densité de courant ionique
de décharge suffisante. L’utilisation d’une électrode intermédiaire tombant sur le substrat de l’ordre de 10 A · m–2 est suffisante dans
placée entre le substrat et la source d’évaporation permet de la majorité des cas. Si le substrat est un isolant, il faudra utiliser une
diminuer la pression côté dépôt dans un rapport voisin de 10 [8]. polarisation radiofréquence (13,56 MHz en général).
La pression côté canon est alors de l’ordre de 2,5 × 10–2 à 5 × 10–2 Pa,
ce qui permet un fonctionnement stable de ce dernier. Enfin si on
veut diminuer l’influence des gaz résiduels pendant le dépôt, on a
intérêt à placer sur l’enceinte supérieure un second groupe de
pompage.

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4. Principales applications Parmi les dépôts qui sont les plus étudiés au laboratoire et qui
dans certains cas sont développés industriellement, on peut citer les
revêtements anti-usure de nitrure de titane et les couches d’oxydes
d’indium et d’étain.
Les dépôts ioniques semblent tout particulièrement désignés
pour :
— réaliser des dépôts métalliques très adhérents sur des substrats 4.2.1 Dépôts de nitrure de titane
de forme et de nature quelconques ;
— réaliser des dépôts de matériaux composés (matériaux Le titane est évaporé par bombardement électronique en présence
céramiques en particulier). d’une décharge réalisée dans l’azote pur. Afin de favoriser
l’adhérence du dépôt sur le substrat, on a intérêt, après avoir nettoyé
ce dernier dans la décharge obtenue dans de l’argon, à déposer une
4.1 Métallisations sous-couche de titane en commençant l’évaporation de ce matériau
en présence de la décharge réalisée dans l’argon. Puis on remplace
progressivement l’argon par l’azote.
Dans ce cas la décharge est réalisée dans un gaz inerte chimi- Pour obtenir des dépôts ayant une dureté supérieure à 2 000 HV,
quement, l’argon en général. il est nécessaire d’utiliser des densités de courant de décharge
Deux types de métallisations peuvent être envisagés : supérieures à 10 A × m– 2 et de maintenir une pression d’azote
comprise entre 0,2 et 0,6 Pa. Industriellement cette technique est
— dépôt d’un métal sur un autre métal ; utilisée au Japon et en Europe.
— dépôt d’un métal sur un isolant.
En ce qui concerne les premières, les études montrent que, quel
que soit le couple dépôt-substrat, l’adhérence est excellente. Comme 4.2.2 Dépôts d’oxydes d’indium et d’étain
application industrielle on peut citer les dépôts anticorrosion
d’aluminium. D’autres applications sont en cours de développement Ce sont des oxydes conducteurs et transparents. Les principales
dans le domaine de l’appareillage électrique (contacts électriques applications de ces dépôts sont :
par exemple).
— les électrodes conductrices et transparentes ;
La métallisation des isolants, que ce soit les matériaux céramiques — les écrans thermiques ;
ou polymères, est un domaine où les dépôts ioniques peuvent — les composants solaires.
apporter des solutions intéressantes tant sur le plan de la qualité
des dépôts (adhérence, faible porosité) que sur celui de la rentabilité. L’indium et l’étain sont évaporés séparément par effet Joule en
présence d’une décharge réalisée dans l’oxygène. Ceci permet de
En ce qui concerne les matériaux céramiques, l’expérience prouve
modifier à volonté les proportions d’indium et d’étain dans le dépôt.
qu’on peut réaliser sur l’alumine, sans sous-couche d’accrochage,
Le chauffage in situ des substrats pendant le dépôt permet
des dépôts d’or ou de cuivre ayant les mêmes caractéristiques que
d’améliorer les caractéristiques électriques des dépôts. Avec des
ceux obtenus par les métallisations classiques avec sous-couche
vitesses de croissance de l’ordre de 6 µm · h–1 on obtient des couches
d’accrochage. Dans le cas des matériaux polymères (polyépoxydes
ayant une résistivité de 2,5 × 10 – 6 Ω · m et une transparence dans
en particulier), le nettoyage du substrat dans la décharge
le visible supérieure à 90 % pour une épaisseur de 0,5 µm.
luminescente, avant le dépôt, permet d’éviter toutes les séquences
de nettoyages chimiques et de sensibilisations indispensables dans
les méthodes de dépôts galvaniques classiques. Ceci est
particulièrement intéressant dans le domaine de l’industrie des
circuits imprimés, d’autant plus que la métallisation des trous 5. Conclusion
d’interconnexion se fait facilement.

Les techniques des dépôts ioniques qui permettent d’obtenir,


avec une bonne vitesse de croissance, des couches :
4.2 Dépôts de matériaux composés — très adhérentes ;
— ayant un bon pouvoir de recouvrement ;
— présentant une faible porosité ;
Grâce à la présence de la décharge qui entraîne la création de
particules excitées particulièrement réactives, les dépôts ioniques peuvent être considérées comme des techniques de choix dans
permettent d’obtenir dans de bonnes conditions des dépôts de certains domaines de l’électronique et dans les traitements de
matériaux composés. surface en mécanique.
L’indépendance de tous les paramètres, que ce soit la vitesse En électronique ils doivent pouvoir remplacer les dépôts
d’évaporation, l’intensité du courant de décharge, la tension de chimiques pour la métallisation des supports polyépoxydes utilisés
décharge, la pression et la composition du mélange gazeux, permet pour la réalisation des circuits imprimés. Ils peuvent aussi être
d’obtenir des dépôts quelconques ayant les qualités désirées [8]. Il utilisés en microélectronique hybride pour la métallisation des
faut cependant remarquer que cette indépendance qui est substrats céramiques ou la réalisation d’éléments passifs.
extrêmement intéressante peut s’avérer dans certains cas être un Dans le domaine des traitements de surface ils peuvent être utilisés
handicap certain. En effet le rôle de ces paramètres n’est pas encore pour réaliser en particulier des dépôts anticorrosion ou anti-usure.
toujours clairement connu. En outre il faut savoir les mesurer et les La première application est liée au bon pouvoir de recouvrement
contrôler en permanence, ce qui n’est pas toujours facile. Il faut aussi du dépôt, à sa continuité, quelle que soit la forme géométrique du
savoir contrôler en permanence la nature et le flux des gaz résiduels substrat, et à sa porosité faible. Les dépôts ioniques d’aluminium
qui peuvent très rapidement entraîner des dégradations des qualités peuvent par exemple remplacer dans de nombreux cas le cadmiage
des dépôts. électrolytique. L’application à la protection anti-usure est liée au fait

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que l’on peut réaliser des dépôts de matériaux composés très par des polymères pour la réalisation de certains composants tels
adhérents, très durs, possédant aussi de bonnes propriétés que les lentilles en les recouvrant d’une couche dure et transparente
chimiques et tribologiques. À l’heure actuelle le nitrure de titane (TiO2 par exemple).
semble être le matériau de choix pour ces applications. Il est utilisé Les applications des dépôts ioniques sont donc nombreuses et
pour la protection des outils de coupe, des moules, des poinçons, variées. Dans beaucoup de cas ils peuvent apporter des solutions
etc. Des épaisseurs de 3 à 4 µm sont souvent suffisantes pour très avantageuses tant sur le plan de la qualité des dépôts que sur
multiplier la durée de vie de ces outils par 3 ou 4. celui de la rentabilité. Il faut cependant être conscient que ces
La possibilité d’obtenir des métallisations très adhérentes aussi techniques sont encore récentes, qu’elles n’ont pas fait l’objet
bien sur le verre que sur les polymères permet d’envisager d’études approfondies dans tous les cas et que tous les mécanismes
l’utilisation des dépôts ioniques en optique, en particulier pour la mis en jeu ne sont pas clairement connus. De ce fait elles peuvent
réalisation de miroirs. On peut aussi envisager de remplacer le verre parfois être difficiles à mettre en œuvre. Il est souhaitable que tout
projet d’installation soit précédé d’une étude sérieuse et
approfondie.

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Dépôts ioniques R

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par Jean MACHET N
Professeur à l’Université de Limoges

Bibliographie S
Articles spécialisés
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Consultants Edinburgh, p. 1-10, bibl. [5]
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of the porosity of ion plated films on the

+ historique de la question ∗ étude théorique de la question ∆ comporte des résultats d’essais de laboratoire P
Constructeurs. Fournisseurs L
Matériels de vide et dépôts sous vide en général
(Liste non limitative)

En ce qui concerne plus spécialement les dépôts ioniques, seuls Balzers,


U
CIT Alcatel.
Balzers SA.
Leybold et Electrotech semblent travailler dans ce domaine.
Il faut signaler que ULVAC, firme japonaise, vend des installations de dépôts
S
Eta Electrotech (Sté). ioniques. Cette société doit avoir une succursale en Allemagne.
Leybold Heraeus Sogev SA.
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