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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 663 − 1
DÉPÔTS IONIQUES _____________________________________________________________________________________________________________________
1. Description Ces deux types de particules sont créés quel que soit le gaz
introduit. Si ce dernier est un gaz inerte chimiquement (l’argon en
général), seules les premières jouent un rôle. En première approxi-
Le dispositif expérimental le plus simple est schématisé sur la mation, on peut considérer que ces particules énergétiques sont
figure 1. Le corps à déposer est évaporé dans la nacelle N chauffée des ions. Ceux-ci sont créés dans la zone de lumière négative.
par effet Joule. Les substrats S sont disposés sous l’électrode C Accélérés dans la chute de tension cathodique, ils acquièrent de
appelée cathode, polarisée négativement par rapport au reste de l’énergie, ce qui leur permet de pulvériser le substrat avant le
l’enceinte reliée à la masse. L’introduction d’un gaz permet de faire début du dépôt ou le dépôt en croissance. En effet, avant de
remonter la pression dans l’enceinte et d’amorcer une décharge commencer la mise en phase vapeur du matériau à déposer, donc
électrique entre la cathode porte-substrats et le reste de l’enceinte. le dépôt, on amorce la décharge ; les ions pulvérisent alors direc-
Si l’on veut réaliser le dépôt d’un métal, le gaz utilisé est de l’argon. tement le substrat ce qui permet de le nettoyer, comme on le verra
Si l’on veut obtenir un dépôt d’un matériau composé, on introduit par la suite (§ 2.1.1). Puis, pendant la phase dépôt, on maintient
le ou les gaz correspondant à ce matériau. toujours la décharge et c’est le dépôt en croissance qui est soumis
à un bombardement ionique. Il faut remarquer que cette descrip-
Exemple : pour obtenir du nitrure de titane, le titane est évaporé en tion est très simplifiée et que les phénomènes réels sont plus
présence d’une décharge réalisée dans l’azote ou dans un mélange complexes. En particulier, en traversant la zone sombre, les ions
argon-azote. subissent des collisions avec échange de charge qui entraînent la
La présence de la décharge électrique et celle d’un gaz à pression création de particules neutres énergétiques qui vont, elles aussi,
réduite (p ≈ 6 × 10–2 à 6 Pa suivant les dispositifs) donnent naissance jouer un rôle important. Ces phénomènes sont décrits dans les
à un certain nombre de phénomènes qui permettent d’améliorer articles cités dans [1] [2] [3].
considérablement la qualité des dépôts. Lorsqu’on introduit un gaz réactif, les particules excitées
favorisent les réactions entre le gaz support de la décharge et le
matériau évaporé.
1.1 Rôle de la décharge
La décharge qui prend naissance est une décharge luminescente 1.2 Influence de la présence d’un gaz
de type anormal (article Spectroscopie de décharge luminescente à pression réduite
[P 2 715] dans le traité Analyse et Caractérisation). Son rôle est
double : Pour amorcer la décharge il faut maintenir dans l’enceinte une
— production de particules énergétiques ; pression de l’ordre de 2 Pa. Dans ces conditions le libre parcours
— production de particules excitées. moyen des atomes évaporés est inférieur à 5 mm. Ceux-ci diffusent
à travers le gaz support de la décharge, dans toutes les directions,
et arrivent sur le substrat suivant une incidence quelconque. Ceci
permet d’obtenir un dépôt sur tout le substrat quelle que soit sa
forme géométrique.
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de cette continuité entre les phases nettoyage et dépôt, on peut 2.2 Vitesse de croissance
rappeler que, pour une pression résiduelle égale à 4 × 10–4 Pa, il faut
moins d’une seconde pour former une couche monomoléculaire du et pouvoir de recouvrement
gaz constituant cette atmosphère résiduelle à la surface du substrat.
La vitesse de croissance vc du dépôt en un point est fonction du
nombre N1 d’atomes qui tombent sur le substrat au point considéré
2.1.2 Formation de l’interface dépôt-substrat
pendant l’unité de temps et du nombre N2 d’atomes pulvérisés en
ce point pendant le même temps. On peut écrire :
Lorsque commence le dépôt, on trouve au voisinage du substrat :
des ions et des atomes du gaz support de la décharge, mais aussi vc = k (N1 – N2)
des ions et des atomes du matériau à déposer ainsi que des ions
et des atomes du substrat. La pression étant relativement élevée (de Cette vitesse dépend de nombreux facteurs tels que la vitesse
l’ordre de 2 Pa), le libre parcours moyen est inférieur à 5 mm. Une d’évaporation du matériau à déposer, la pression dans l’enceinte [4],
partie des atomes pulvérisés du substrat retombe sur ce dernier en l’intensité du courant de décharge, la forme géométrique du substrat
se mélangeant aux atomes du matériau à déposer comme l’indique et sa position par rapport à la source d’évaporation.
la figure 2. En outre les ions du matériau à déposer, accélérés dans Normalement des densités de courant de décharge de l’ordre de 1
la chute de tension cathodique, peuvent pénétrer dans le substrat à 2 A · m– 2 sont suffisantes pour obtenir des dépôts de bonnes
sur une profondeur de l’ordre du nanomètre. Il y a donc, sous l’action qualités. Dans ces conditions le nombre d’ions tombant sur le
conjuguée de ces deux phénomènes, formation d’une interface entre substrat est très faible devant le nombre d’atomes neutres, et l’effet
le dépôt et le substrat où se mélangent les atomes de ces deux de pulvérisation est négligeable.
matériaux. Enfin l’énergie libérée par les ions tombant sur le substrat
Exemple : pour un dépôt de cuivre réalisé dans les conditions
entraîne une élévation de la température de ce dernier, ce qui favorise
suivantes :
une interdiffusion entre le substrat et le matériau déposé.
• vc = 2 × 10– 8 m · s–1 ;
• densité de courant de décharge = 2 A × m–2 ;
• gaz support de la décharge : argon ;
le rapport du nombre d’atomes pulvérisés N 2 au nombre d’atomes N 1
tombant sur le dépôt en croissance est inférieur à 2 %.
Lorsque la pression décroît, la vitesse de dépôt croît. Pour pouvoir
amorcer la décharge il faut maintenir une pression minimale. La
vitesse de croissance du dépôt sera donc inférieure à celle que l’on
obtiendrait en évaporation simple à basse pression. Cette vitesse
reste cependant supérieure à celle que l’on obtient par les autres
techniques de dépôt physique en phase vapeur.
Le pouvoir de recouvrement du dépôt est bon. Il ne dépend
pratiquement que de la forme géométrique du substrat et de sa
position par rapport à la source d’évaporation [5]. Un problème
concret qui se pose souvent est celui des dépôts à l’intérieur de trous
borgnes. On peut avoir une idée de l’épaisseur obtenue à une
distance x du bord du trou en utilisant la relation :
e = e0 exp (– x / λm )
avec e0 épaisseur sur le bord du trou,
λm libre parcours moyen des atomes du matériau à déposer.
Lorsque le diamètre d du trou est inférieur à λm , la relation
précédente doit être remplacée par la suivante :
e = e0 exp (– x/d )
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3. Dispositif expérimental
Une installation classique comprend :
— une enceinte à vide et son groupe de pompage ;
— une source de mise en phase vapeur ;
— les alimentations électriques de la cathode et de la source de
mise en phase vapeur.
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4. Principales applications Parmi les dépôts qui sont les plus étudiés au laboratoire et qui
dans certains cas sont développés industriellement, on peut citer les
revêtements anti-usure de nitrure de titane et les couches d’oxydes
d’indium et d’étain.
Les dépôts ioniques semblent tout particulièrement désignés
pour :
— réaliser des dépôts métalliques très adhérents sur des substrats 4.2.1 Dépôts de nitrure de titane
de forme et de nature quelconques ;
— réaliser des dépôts de matériaux composés (matériaux Le titane est évaporé par bombardement électronique en présence
céramiques en particulier). d’une décharge réalisée dans l’azote pur. Afin de favoriser
l’adhérence du dépôt sur le substrat, on a intérêt, après avoir nettoyé
ce dernier dans la décharge obtenue dans de l’argon, à déposer une
4.1 Métallisations sous-couche de titane en commençant l’évaporation de ce matériau
en présence de la décharge réalisée dans l’argon. Puis on remplace
progressivement l’argon par l’azote.
Dans ce cas la décharge est réalisée dans un gaz inerte chimi- Pour obtenir des dépôts ayant une dureté supérieure à 2 000 HV,
quement, l’argon en général. il est nécessaire d’utiliser des densités de courant de décharge
Deux types de métallisations peuvent être envisagés : supérieures à 10 A × m– 2 et de maintenir une pression d’azote
comprise entre 0,2 et 0,6 Pa. Industriellement cette technique est
— dépôt d’un métal sur un autre métal ; utilisée au Japon et en Europe.
— dépôt d’un métal sur un isolant.
En ce qui concerne les premières, les études montrent que, quel
que soit le couple dépôt-substrat, l’adhérence est excellente. Comme 4.2.2 Dépôts d’oxydes d’indium et d’étain
application industrielle on peut citer les dépôts anticorrosion
d’aluminium. D’autres applications sont en cours de développement Ce sont des oxydes conducteurs et transparents. Les principales
dans le domaine de l’appareillage électrique (contacts électriques applications de ces dépôts sont :
par exemple).
— les électrodes conductrices et transparentes ;
La métallisation des isolants, que ce soit les matériaux céramiques — les écrans thermiques ;
ou polymères, est un domaine où les dépôts ioniques peuvent — les composants solaires.
apporter des solutions intéressantes tant sur le plan de la qualité
des dépôts (adhérence, faible porosité) que sur celui de la rentabilité. L’indium et l’étain sont évaporés séparément par effet Joule en
présence d’une décharge réalisée dans l’oxygène. Ceci permet de
En ce qui concerne les matériaux céramiques, l’expérience prouve
modifier à volonté les proportions d’indium et d’étain dans le dépôt.
qu’on peut réaliser sur l’alumine, sans sous-couche d’accrochage,
Le chauffage in situ des substrats pendant le dépôt permet
des dépôts d’or ou de cuivre ayant les mêmes caractéristiques que
d’améliorer les caractéristiques électriques des dépôts. Avec des
ceux obtenus par les métallisations classiques avec sous-couche
vitesses de croissance de l’ordre de 6 µm · h–1 on obtient des couches
d’accrochage. Dans le cas des matériaux polymères (polyépoxydes
ayant une résistivité de 2,5 × 10 – 6 Ω · m et une transparence dans
en particulier), le nettoyage du substrat dans la décharge
le visible supérieure à 90 % pour une épaisseur de 0,5 µm.
luminescente, avant le dépôt, permet d’éviter toutes les séquences
de nettoyages chimiques et de sensibilisations indispensables dans
les méthodes de dépôts galvaniques classiques. Ceci est
particulièrement intéressant dans le domaine de l’industrie des
circuits imprimés, d’autant plus que la métallisation des trous 5. Conclusion
d’interconnexion se fait facilement.
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que l’on peut réaliser des dépôts de matériaux composés très par des polymères pour la réalisation de certains composants tels
adhérents, très durs, possédant aussi de bonnes propriétés que les lentilles en les recouvrant d’une couche dure et transparente
chimiques et tribologiques. À l’heure actuelle le nitrure de titane (TiO2 par exemple).
semble être le matériau de choix pour ces applications. Il est utilisé Les applications des dépôts ioniques sont donc nombreuses et
pour la protection des outils de coupe, des moules, des poinçons, variées. Dans beaucoup de cas ils peuvent apporter des solutions
etc. Des épaisseurs de 3 à 4 µm sont souvent suffisantes pour très avantageuses tant sur le plan de la qualité des dépôts que sur
multiplier la durée de vie de ces outils par 3 ou 4. celui de la rentabilité. Il faut cependant être conscient que ces
La possibilité d’obtenir des métallisations très adhérentes aussi techniques sont encore récentes, qu’elles n’ont pas fait l’objet
bien sur le verre que sur les polymères permet d’envisager d’études approfondies dans tous les cas et que tous les mécanismes
l’utilisation des dépôts ioniques en optique, en particulier pour la mis en jeu ne sont pas clairement connus. De ce fait elles peuvent
réalisation de miroirs. On peut aussi envisager de remplacer le verre parfois être difficiles à mettre en œuvre. Il est souhaitable que tout
projet d’installation soit précédé d’une étude sérieuse et
approfondie.
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Dépôts ioniques R
E
par Jean MACHET N
Professeur à l’Université de Limoges
Bibliographie S
Articles spécialisés
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of the porosity of ion plated films on the
+ historique de la question ∗ étude théorique de la question ∆ comporte des résultats d’essais de laboratoire P
Constructeurs. Fournisseurs L
Matériels de vide et dépôts sous vide en général
(Liste non limitative)