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La valeur

La valeur
Les transactions économiques ne sont possibles que lorsque le vendeur et l’acheteur tombent
d’accord sur la valeur du bien, objet de l’échange. Le calcul de la valeur utilise des notions
mathématiques abordées dans cette première partie et qui sont utilisées dans tous les outils
de finance d’entreprise évoqués ultérieurement.
De nombreux paramètres interviennent dans la détermination de la valeur : le temps, le risque
et l’information.

I. Introduction à la valeur ment par un capital placé aujourd’hui (calculs de


et à ses définitions capitalisation) ;

La valeur – la valeur d’un titre coté : il s’agit de la valeur fixée


Dans un contexte général, la valeur est ce que par le marché. Sa cote varie donc tous les jours
vaut un bien ou un droit selon l’estimation que l’on peut en fonction de l’offre et de la demande. Elles sont
en faire à un moment donné. elles-mêmes dépendantes de plusieurs paramètres.
Il s’agit de valeur de marché.
La valeur est une notion toute relative. Elle est attri-
buée à un instant donné à un bien ou à un actif finan- La valeur de marché est celle qui est déterminée
cier (titre, etc.) et varie selon plusieurs facteurs : par un marché ou à partir de données émanant du
marché.
– les individus : le bien évalué dépend de l’utilité
qu’il a pour chacun de nous. Or, nous sommes B. Les différentes expressions
tous différents et donc forcément cette valeur sera de la valeur
subjective (valeur d’usage) ;
Certaines expressions n’ont pas la même signification
– les périodes : la valeur sera fonction de l’état du selon le contexte employé.
marché pendant la période considérée. L’offre et la
demande sont fluctuantes et le prix d’équilibre est 1. La valeur dans le domaine comptable
en constante évolution (valeur de marché) ; et financier
– les informations dont les individus disposent. Elles a. Le domaine des mathématiques financières
peuvent contribuer à accroître la valeur ou, au La valeur acquise : valeur d’une somme dans le futur,
contraire, la réduire par rapport à une estimation comprenant le capital placé et les intérêts (ces intérêts
initiale (valeur historique). peuvent être simples ou composés).

A. La valeur d’un actif financier La valeur actuelle : c’est la somme qu’il faut placer
pour obtenir dans le futur une somme déterminée.
Il faut faire la distinction entre : Sachant que la somme future à recevoir comprend le
capital placé et les intérêts (ces intérêts peuvent être
– la valeur d’un capital : on considère que la valeur simples ou composés).
d’une somme dépend de l’époque où l’on pour-
ra en disposer. Ainsi, une somme indisponible b. Le domaine comptable (référentiel français)
aujourd’hui devra avoir une valeur plus élevée plus La valeur d’usage : valeur des flux de trésorerie
tard afin de compenser son indisponibilité. Il est futurs attendus à l’occasion de son utilisation et de sa
donc nécessaire de procéder à des calculs finan- cession. Ces flux de trésorerie attendus sont détermi-
ciers afin de déterminer la valeur présente d’un nés par un business plan dans lequel on fait notam-
capital futur (calculs d’actualisation) et la valeur ment état des chiffres d’affaires et des charges futures.
obtenue au terme d’une certaine durée de place-

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La valeur vénale : montant qui pourrait être obtenu, d. La valeur dans les autres définitions
à la date de clôture, de la vente d’un actif lors d’une comptables
transaction conclue à des conditions normales de La valeur d’acquisition : coût d’acquisition d’un actif,
marché, nets des coûts de cession. immobilisation ou stock.

La valeur actuelle : on compare la valeur vénale ou La valeur ajoutée : prix facturés aux clients moins
la valeur d’usage et on en retient la valeur maximum. l’ensemble des achats de biens et services effectués
auprès des fournisseurs.
La valeur amortissable : valeur brute des immobi-
lisations amortissables sous déduction de la valeur La valeur amortissable : valeur brute diminuée de la
résiduelle. valeur résiduelle.

La valeur brute : valeur d’entrée d’un actif dans le La valeur d’apport : valeur figurant dans le traité d’ap-
patrimoine ou valeur de réévaluation. port dans le cas d’opérations telle que la fusion ou
l’apport partiel d’actif.
La valeur nette comptable : valeur brute moins les
pertes de valeurs cumulées que constituent les amor- La valeur d’échange : valeur utilisée lors de l’échange
tissements et les dépréciations. d’un actif non monétaire contre un autre actif non
monétaire ou la combinaison d’un actif non moné-
La valeur résiduelle : valeur de cession d’un actif taire avec un actif monétaire.
diminué des coûts de vente à la fin de son utilisation.
La valeur d’émission : valeur à laquelle est émise une
c. La valeur dans les normes IFRS (référentiel action ou une obligation.
international)
La juste valeur : prix qui serait perçu à l’occasion La valeur d’entrée : valeur à laquelle un actif ou un
de la vente d’un actif ou le prix qui serait payé pour passif est comptabilisé à l’origine.
éteindre un passif, dans le cadre d’une opération
conclue à des conditions normales entre des interve- La valeur d’équivalence : terme utilisé dans le
nants de marché, à la date d’évaluation. contexte de la consolidation ; valeur à laquelle
peuvent être évalués des titres d’une société contrô-
La valeur actuelle : estimation de la valeur actualisée lée de manière exclusive égale à la quote-part des
des flux de trésorerie futurs nets dans le cours normal capitaux propres correspondant aux titres.
de l’activité.
La valeur d’inventaire : valeur à la clôture d’un
La valeur comptable : montant auquel un actif ou un exercice.
passif est comptabilisé au bilan.
La valeur de marché : prix de vente issu d’un marché.
La valeur d’utilité : valeur actualisée des flux de
trésorerie futurs susceptibles de découler d’un actif La valeur nominale : valeur sur laquelle se calcule
ou d’une unité génératrice de trésorerie. l’intérêt d’une obligation ou qui correspond à une
quote-part de capital pour une action.
La valeur nette de réalisation : prix de vente esti-
mé dans le cours normal de l’activité, diminué des La valeur de réévaluation : valeur estimée au moment
coûts estimés pour l’achèvement et des coûts estimés d’une réévaluation (réajustement de la valeur des
nécessaires pour réaliser la vente. immobilisations).

La valeur recouvrable : valeur la plus élevée entre le La valeur de remboursement : valeur à laquelle est
prix de vente net de l’actif et sa valeur d’utilité. remboursée une obligation.

La valeur d’utilité : valeur d’une participation repré-


sentant ce que l’entité accepterait de payer pour obte-
nir cette participation.

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La valeur

II. La valeur : concept ralisme. Il est réputé pour sa théorie de la main invi-
fondamental en finance sible. Elle consiste à la régulation naturelle du marché
par l’efficacité du marché à combler la demande,
Les théoriciens de la finance d’entreprise se posent les c’est-à-dire que « la recherche des intérêts particu-
questions suivantes à propos de la valeur : liers aboutit à l’intérêt général ». Dans cette situation
– Comment évaluer la valeur théorique d’une le prix naturel de la marchandise est égal à l’ensemble
action ? des coûts de productions comprenant également les
– De quelle manière le risque influence-t-il la profits du capital utilisé.
valeur ?
– Comment donner une valeur à une entreprise ? David Ricardo (1772-1823) était l’un des écono-
– De quelle manière optimiser la valeur de mistes classiques majeurs. Il partage un avis similaire
l’entreprise ? à celui d’Adam Smith avec sa théorie de la valeur.
– La valeur d’une entreprise est-elle dépendante de Elle ne repose pas sur l’offre et la demande, mais sur
son endettement ? les prix fixés selon le coût de production et non de
– Comment mesurer la rentabilité d’un son utilité.
investissement ?
Les économistes classiques considèrent que la
A. La théorie économique concurrence crée une déflation du taux de profits
sur la valeur commun à toutes les industries d’un même marché.
Ce qui crée des migrations d’investisseurs d’un
Il existe dans l’économie de nombreuses interpréta- marché peu rentable vers un autre plus fructifiant.
tions de la valeur. Elles varient alors d’un courant de Cela vient poser la question de la valeur des biens.
pensée à un autre. Pourtant, elles reposent toutes sur David Ricardo pose alors la question d’équilibre entre
l’interprétation de la relation entre la valeur et le prix. la valeur-travail et un taux de rentabilité uniformes
imposés aux entreprises. Cette théorie n’est pas viable
On retrouve alors deux types de conceptions : si les moyens de productions n’ont la même durée de
vie. Alors, ils considèrent que le concept de valeur-tra-
– la conception objective, qui considère que la vail ne peut pas s’appliquer dans l’économie de base.
valeur d’un bien résulte d’un calcul économique
comprenant les coûts et conditions de production b. Le cas de Karl Marx
du bien. Le prix et les valeurs sont alors similaires ; Karl Marx (1818-1883) était historien, journaliste,
philosophe, sociologue, économiste, essayiste,
– la conception subjective, qui considère que la théoricien de la révolution, socialiste et communiste
valeur d’un bien résulte de l’intérêt porté sur celui- allemand, il avait une conception matérialiste de
ci. La valeur est ainsi définie à partir d’un proces- l’histoire.
sus psychologique d’évaluation. Le prix et la valeur
sont alors dissemblables. Il partage l’opinion des économistes classiques
anglaises, les idées politiques des socialistes français
1. La conception objective de la valeur et les idées philosophiques allemandes. Ainsi, pour
lui il y a déséquilibre entre le travail fourni et la rému-
Cette conception prend en compte un facteur objectif nération. Sa théorie repose sur « la valeur des objets
et mesurable qui permet la valorisation d’un bien, à de première nécessité qu’il faut pour produire, déve-
savoir le travail. lopper, conserver et perpétuer la force de travail ».
Il se dissocie de Ricardo dans l’interprétation de la
Le courant de pensée le plus représentatif de cette valeur du travail. Pour Marx, le travail est à l’ori-
mouvance est celui des économistes classiques gine de toute valeur et non une simple « valeur du
anglais. travail ». Pour que cette conception puisse s’appli-
quer le marxisme propose une division du capital : le
a. Les économistes classiques anglais paiement des salaires, le capital variable, le reste, le
Adam Smith (1723-1790) était un économiste écos- capital fixe. Celle-ci serait alors compatible à un taux
sais précurseur de l’analyse économique et du libé- uniforme des profits.

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2. La conception subjective de la valeur c. L’école autrichienne
Crée en même temps que le marginalisme, cette
La conception subjective se concentre sur la concep- école refuse la mathématisation de l’économie. L’un
tion de l’utilité. de ses fondateurs fut Carl Menger dont la théorie fut
appuyée par Ludwig von Mises pour qui « l’économie
a. Les économistes classiques français commence là où la psychologie s’arrête ».
Pour les économistes classiques français, la valeur
d’usage est le fondement unique de la valeur. Pour cette école, la valeur est subjective car la valeur
donnée à un produit diffère selon chaque individu.
Jean-Baptiste Say (1767-1832) était l’un des princi- La théorie de l’école autrichienne part du principe
paux économistes classiques français. Il est réputé que l’économie est en mouvement perpétuel dont le
pour avoir créé la loi des débouchés, aussi appelé loi moteur serait l’entrepreneur. Il n’est donc pas possible
de Say. Elle repose sur le principe que toute offre crée de trouver un équilibre au sein de la valeur.
sa propre demande. La répartition du prix se faisant
sous forme de salaire pour les employés et de divi- d. Les facteurs sociétaux et leur impact
dendes pour les propriétaires. sur la détermination de la valeur
Comme on a pu le voir, l’interprétation de la valeur
b. L’école néoclassique peut varier d’un mouvement de pensée à un autre.
L’école néoclassique a été créée dans les années On retrouve également les institutionnalistes qui par
1870 et a été très influente jusqu’à la crise de 1929 des règles et de moyens déterminent les comporte-
et le développement du keynésianisme. Elle a mis en ments d’individus, ce qui influe sur la conception de
place la mathématisation de l’économie. L’une des valeur. Toutefois, André Orléan explique que cette
figures majeures de cette école est Alfred Marshall. théorie ne prend pas en compte les contraintes envi-
ronnementales, le mimétisme, ainsi que les inégalités
Dans le concept de valeur-utilité, la rareté devient un sociales qui influent directement sur le concept d’uti-
facteur premier. On prend alors en compte l’utilité lité et de travail liés à la valeur.
marginale qui consiste en la dernière unité consom-
mée d’un bien. Elle permet alors de définir la valeur B. La théorie du contrôle de gestion
de ce dernier. L’utilité côtoie donc la rareté. L’offre sur la valeur
d’un bien dépend alors des coûts de production
tandis que la demande détermine son utilité. De nos jours, la notion de valeur prend une impor-
tance croissante dans le management, au-delà de son
L’utilité marginale sens économique premier. La valeur concerne l’out-
William Stanley Jevons est à l’origine de l’utilité put et la structure de l’entreprise.
marginale, alors appelé degré final d’utilité, présenté
dans son ouvrage Theory of Political Economy. La valeur d’un output est la mesure subjective et
hypothétique, par la demande, de l’utilité apportée
Alfred Marshall (1842-1924) est à l’origine de l’uti- par les fonctions d’un output.
lisation de la politique de courbe de l’offre et de la
demande, majoritairement utilisée sur le marché La valeur d’un produit ne s’obtient pas seulement par
économique actuel. Cette théorie s’oppose à celle de l’activité de transformation de matières premières
Walras sur l’utilité marginale. Pour Marshall, toutes en biens ; elle découle aussi de l’apport de toutes les
choses égales par ailleurs, il diffère donc en intégrant activités principales et de soutien de l’organisation
au coût et à la valeur les facteurs d’utilité et de coûts comme l’analyse la notion de « chaîne de valeur » de
de production. Michael Porter.

Pour lui, la valeur des biens dépend de la demande à Selon cette analyse, la valeur d’un produit est la
court terme. À long terme, toutefois, elle dépend des combinaison d’activités prioritaires et d’activités de
coûts de production. soutien.

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La valeur

Les activités prioritaires sont essentiellement : Quelles sont les fonctions du produit qui permettront
– la logistique ; l’adéquation des besoins des clients à l’optimisation
– la production ; du coût des moyens ?
– le marketing et les ventes.
L’analyse de la valeur cherche à obtenir au moindre
Les activités de soutien sont essentiellement : coût les seules fonctions nécessaires et jugées utiles
– les activités de gestion de l’infrastructure de d’un produit, tout en améliorant la qualité, la sécurité,
l’entreprise ; la durée du produit.
– la gestion des ressources humaines ;
– le développement de la technologie ; C. La théorie de la finance
– la fonction approvisionnement. d’entreprise sur la valeur
La valeur de l’entreprise dépendra ainsi, en partie, de La théorie microéconomique néoclassique a long-
la valeur de ses produits et de ses activités. temps estimé que l’objectif fondamental de l’entre-
prise et de la finance était la maximisation des profits.
Le manager n’agit plus uniquement en fonction des Puis on estima que l’objectif était plutôt la maximi-
coûts mais doit gérer le couple valeur-coût. sation de la valeur de l’entreprise, c’est-à-dire de la
richesse des actionnaires.
L’approche en matière de valeur oblige donc à piloter
les activités, à remettre en cause éventuellement la 1. Évaluation d’entreprises
structure de l’entreprise et son système d’information.
Il existe plusieurs types d’opérations nécessitant une
C’est un outil d’amélioration visant une meilleure évaluation de la valeur de l’entreprise :
satisfaction du client, d’innovation, de rentabilité et – acquisition de titres ;
de compétitivité. C’est une méthode d’optimisation – transmission d’entreprise ;
lors de la conception des produits développée sous – restructuration pour réduire des coûts et optimiser
l’égide de l’association française de l’analyse de la les synergies ;
valeur (AFAV). – fusion ;
– succession ;
L’AFAV – évaluation dans le cadre de l’impôt sur la fortune
L’AFAV est créée en 1978 et vise à développer immobilière ;
l’utilisation de l’analyse de la valeur. Cette analyse – évaluation de fonds de commerce ;
est une méthode élaborée en 1946 aux États-Unis par – etc.
L. D. MILES et introduite en France dans les années 1960.
Elle sert à concevoir un produit, un service, ou une orga- Dans ces opérations très fréquentes dans la vie écono-
nisation parfaitement adaptés aux besoins de leurs mique contemporaine, l’approche comptable stricte
utilisateurs, tout en réduisant au strict nécessaire les dans laquelle les capitaux propres sont censés mesu-
ressources employées. rer la richesse des actionnaires ne peut pas être prise
pour argent comptant. Néanmoins, elle constitue un
La valeur est une grandeur qui augmente lorsque la point de départ et des corrections à la hausse et à la
satisfaction de la fonction pour laquelle le produit baisse viendront contribuer à la détermination de la
a été conçu augmente ou que le coût du produit valeur de l’entreprise :
diminue. – suppression des non-valeurs dans l’actif ;
– plus-values latentes ;
L’analyse de la valeur est une méthode rigoureuse – etc.
qui, à partir d’une expression formalisée du besoin
réel, conduit une équipe d’experts de plusieurs disci- Nous pouvons distinguer deux grandes techniques
plines à concevoir des solutions qui répondront de d’évaluation des entreprises.
façon optimale à l’ensemble des besoins recensés.

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a. L’approche patrimoniale Il est courant d’utiliser indifféremment le prêt et
On considère que la valeur de l’entreprise est égale l’emprunt.
à la valeur réelle de ses actifs diminuée des dettes
de l’entreprise. Cette optique est privilégiée lorsque Or un prêt est accordé par celui qui prête de l’argent,
l’outil de travail est important (industrie, etc.). On généralement le banquier. Un prêt est donc une
doit alors supprimer les postes comptables n’ayant créance qui apparaît à l’actif du bilan du prêteur (dans
pas de valeur marchande (non-valeurs) et rajouter les les immobilisations financières).
plus-values latentes éventuelles sur les actifs (en vertu
du principe de prudence, il est interdit, sauf excep- L’actif du bilan
tion, de faire état de ces plus-values dans le bilan). L’actif du bilan est composé des possessions de
l’entreprise : les immobilisations incorporelles, corpo-
b. L’approche par les revenus relles et financières, les stocks, les créances (clients,
On considère que la valeur de l’entreprise est mesu- fiscales, autres), les disponibilités (valeurs mobilières,
rée par la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs banque, caisse, etc.), les charges constatées d’avance.
que peut engendrer l’entreprise. Elle s’applique de
manière pertinente lorsque les actifs durables sont Celui qui reçoit l’argent du banquier souscrit un
faibles et les compétences élevées (entreprises de emprunt : cet emprunt est une dette qui apparaît au
services). passif du bilan de l’emprunteur.

Le passif du bilan
Le passif du bilan comptable est composé d’élé-
III. La valeur et le temps ments du patrimoine ayant une valeur économique
négative.

Un projet de création d’entreprise amène souvent


le créateur à solliciter un emprunt à son banquier
pour compléter son apport personnel. Le banquier
se rémunère en réclamant à l’emprunteur un intérêt
calculé en appliquant au montant de l’emprunt un
taux d’intérêt.

Ainsi, le montant total des remboursements effectués


par l’emprunteur sera supérieur au montant du prêt
accordé : la différence entre les deux correspond à
Fig. 1 Le temps © emiliau - Fotolia - EmiliaUngur l’intérêt.

Le premier paramètre influant sur la valeur est le La notion fondamentale du taux d’intérêt est essen-
temps. Si une proposition est faite de gagner 10 000 € tielle pour envisager au mieux les premiers calculs
immédiatement ou 10 000 € dans un an, peu d’hé- financiers.
sitation, la préférence ira sans nul doute au premier
choix : gagner la somme sans délai. Le problème Le taux d’intérêt
se complexifie lorsque la proposition est de gagner Le taux d’intérêt est le prix qu’il faut payer pour
10 000 € immédiatement ou 15 000 € dans un an : les emprunter de l’argent.
5 000 € supplémentaires promis ne méritent-ils pas
d’attendre un an ? La finance d’entreprise procure des Le prêteur ne peut pas utiliser immédiatement l’argent
outils pour répondre à cette question. qu’il vient de prêter. Au lieu de prêter cet argent, il
aurait pu l’investir dans une activité rentable, qui lui
A. Le taux d’intérêt aurait permis de dégager des bénéfices. Renoncer à
ces bénéfices est défini en économie comme un coût
Avant d’aborder la notion de taux d’intérêt, il est d’opportunité.
utile de rappeler un point important en termes de
vocabulaire.

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La valeur

Le taux d’intérêt d’un prêt varie en fonction de Prorata temporis


plusieurs paramètres. Les deux principaux paramètres Il s’agit de la proportion effectuée entre la
sont : période sur laquelle l’argent a été prêté par rapport à
une année entière.
– la durée du prêt ;
Par convention :
– l’évaluation du risque de non-remboursement à
l’échéance. Plus le prêteur a un doute sur la capa- – si la durée sur laquelle s’applique le taux d’intérêt
cité de l’emprunteur à rembourser la totalité de sa n’est pas précisée, il s’agit d’une durée annuelle.
dette, plus le taux d’intérêt qu’il demandera sera Si l’argent a été prêté sur une période qui n’est pas
élevé. d’un an, un prorata temporis sera à utiliser ;

Le remboursement de l’argent emprunté s’effectue – pour calculer ce prorata temporis, la finance d’en-
généralement en plusieurs fois, par annuités ou par treprise considère généralement, par simplifica-
mensualités. tion, qu’une année est composée de 12 mois de
30 jours, soit 360 jours au total. Sauf indication
Lors de chaque annuité (ou mensualité), l’emprunteur contraire dans l’énoncé d’un exercice, cette année
rembourse une partie du capital emprunté et ajoute de 360 jours sera utilisée pour le calcul des intérêts.
le montant de l’intérêt qui vient rémunérer le prêteur.
Le calcul des intérêts dus est donc simple lorsque
1. Calcul de l’intérêt l’argent est prêté sur une année, ou moins d’une
année. Les choses se compliquent lorsque l’argent
Pour calculer le montant d’intérêt qui est dû par l’em- est prêté sur plusieurs années.
prunteur, on multiplie le montant de la dette qui reste
dû à la date de paiement de l’annuité (ou mensualité) Exemple :
par le taux d’intérêt : On se place maintenant dans la situation de celui
qui a de l’argent à prêter et non plus dans la situation
Montant intérêt = Capital restant dû × taux d’intérêt de l’emprunteur, le raisonnement reste le même. Un
investisseur souhaite placer sur un compte rémunéré
Le taux d’intérêt peut être exprimé de plusieurs 10 000 € pendant deux ans à un taux d’intérêt de 3 %.
façons : À la fin de la première année, ce placement lui aura
– on utilise généralement un pourcentage, par rapporté un intérêt de 10 000 × 0,03 = 300 €.
exemple 3 % ;
– mais ce taux d’intérêt peut également être exprimé Pour la deuxième année, deux cas peuvent se
par un nombre décimal : 0,03 ; présenter :
– ou sous forme de fraction :
– si, en fin de première année, l’investisseur a reti-
Ce taux d’intérêt correspond à la rémunération du ré du compte rémunéré les 300 € d’intérêts qu’il
capital prêté sur une période déterminée, généra- vient de gagner, la deuxième année lui rapportera
lement sur l’année. Ainsi, un montant de 10 000 € des intérêts à hauteur de 10 000 × 0,03 = 300 €.
prêté pendant un an à un taux d’intérêt de 3 % par Ce mode de calcul, dans lequel on considère que
an coûtera à l’emprunteur : 10 000 × 0,03 = 300 €. le capital placé n’augmente pas chaque année du
Cet emprunteur devra rembourser au total 10 300 €, montant des intérêts gagnés, est appelé méthode
c’est-à-dire le capital prêté plus l’intérêt. de l’intérêt simple ;

Si le prêt a toujours un taux d’intérêt de 3 % par an, – si, en fin de première année, l’investisseur décide
mais qu’il ne porte que sur une durée de 6 mois, le cette fois de laisser sur le compte rémunéré les
montant de l’intérêt se calcule en effectuant un prora- 300 € d’intérêts qu’il vient de gagner, la deuxième
ta temporis : 10 000 × 0,03 × ( ) = 150 €. année lui rapportera des intérêts à hauteur de
10 300 × 0,03 = 309 €. Ce mode de calcul, dans
lequel on considère que le capital placé augmente
chaque année du montant des intérêts gagnés, est
appelé méthode de l’intérêt composé.

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a. Le taux annuel Exemple : pour le taux d’intérêt réel r d’un placement
Lors d’une opération financière, le taux communiqué à 3 % sachant que le taux d’inflation est de 1 % :
ou fixé est un taux annuel. Lorsque la période étudiée
est plus courte (mois, trimestre, etc.), le taux corres-
pondant se calcule proportionnellement au taux
annuel. Dans certains cas, il est également possible d. Les intérêts
d’utiliser un taux équivalent. Les intérêts sont calculés selon deux modes :

Taux mensuel proportionnel = taux annuel x ; – sur le capital uniquement, c’est-à-dire sur la
somme placée au départ. Les intérêts sont calcu-
(12 mois dans l’année) lés, chaque période, uniquement sur le capital. Ces
intérêts sont appelés intérêts simples ;
Taux trimestriel proportionnel = taux annuel x ;
– sur le total capital et intérêts : les intérêts sont
(4 trimestres dans l’année) rajoutés au capital à la fin de chaque période
(annuelle ou non). Les intérêts suivants sont ainsi
b. Le taux fixe ou variable calculés sur le total obtenu. On les appelle les inté-
Généralement, les opérations financières comportent rêts composés.
un choix entre :
En principe, le calcul se fait :
– un taux fixe : qui restera figé jusqu’à l’échéance de – à intérêts composés si les placements sont d’une
l’opération ; durée supérieure à un an ;
– à intérêts simples si les placements sont de durée
– un taux variable : en principe, le taux est révisé inférieure ou égale à un an.
chaque année en fonction d’un taux (monétaire ou
obligataire) de référence du marché. Les intérêts simples
Dans cette méthode, les intérêts sont calculés sur le
c. Taux nominal ou taux réel capital initial.
Le taux utilisé pour effectuer les calculs est toujours
un taux nominal. Mais ce taux « facial » peut être La formule de calcul est la suivante :
faussé par le jeu de l’inflation. Une somme exprimée
dans une devise donnée a un lien avec son pouvoir i = Co × i × n
d’achat à un moment donné. Ce qui signifie qu’au-de-
là du gain ou de la perte exprimée en devise, il faut Avec :
également comparer la variation du pouvoir d’achat – i : taux d’intérêt annuel exprimé en nombre déci-
entre deux dates. mal (par exemple 0,03 pour un intérêt de 3 %) ;
– Co : montant du capital initial ;
Le taux d’intérêt réel – n : durée du placement.
Le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt nomi-
nal corrigé de l’inflation. Exemple :
Il permet d’exprimer des sommes exprimées en euros L’entreprise Almata a placé 30 000 € à 4 % durant
courants en des sommes en euros constants. L’inflation cinq ans, avec un calcul des intérêts annuellement.
étant rarement négative, le taux d’intérêt réel est en
principe inférieur au taux nominal. Le calcul des intérêts simples relatifs à ce placement
sera 6 000 € :
Pour le calculer, on considérera, un montant de 1 € et
un placement d’un an : Dans le cas d’intérêts simples, les intérêts perçus
– t : taux d’intérêt nominal ; correspondent au même montant chaque année,
– r : le taux d’intérêt réel ; soit :
– i : le taux de l’inflation.
30 000 x 4 % x 5 = 6 000 € au bout des cinq ans.
(1 + r) x (1 + i) = 1 + t

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La valeur

Les intérêts composés À la fin de la 5e année, les intérêts sont de : (30 000
Dans cette méthode, les intérêts sont ajoutés au + 1 200 + 1 248 + 1 297,92 + 1 349,84) x 4 %
capital à la fin de chaque période pour produire de = 1 403,83.
nouveaux intérêts.
Le total des intérêts sur les cinq ans est de 30 000
La formule de calcul est la suivante : + 1 200 + 1 248 + 1 297,92 + 1 349,84 + 1 403,83
= 36 499,59 €.
Cn = Co (1 + i)n
Ou 30 000 (1 + 4 %)5 = 36 499,59 €.
Ou par la somme cumulée chaque année : (Co + Cn)
x i. Comme les intérêts d’une période entrent dans la
base de calcul des intérêts de la période suivante, il
Avec : est normal que le gain soit supérieur à celui obtenu
– Cn : valeur acquise par le capital au bout de n avec les intérêts simples.
périodes ;
– Co : capital initial ; e. La capitalisation
– i : taux d’intérêt annuel en pourcentage ;
– n : durée du placement (exprimée en nombre de La capitalisation
période). Le calcul de la valeur acquise par un capi-
tal au bout de n périodes de placement s’appelle la
Exemple : capitalisation.
L’entreprise Almata a placé 30 000 € à 4 % durant
cinq ans, avec un calcul des intérêts annuellement. Comme nous l’avons évoqué, tout placement
implique une rémunération. En effet, placer une
Les intérêts composés pour ce même placement pour somme implique de se priver d’une consommation
chaque année seront de : immédiate et l’exigence, en compensation, d’un
revenu.
À la fin de la 1re année, les intérêts s’élèvent à 30 000
x 4 % = 1 200 €. Capitaliser
Capitaliser signifie déterminer la valeur acquise
À la fin de la 2e année, les intérêts sont de : (30 000 par une somme, placée au taux t, au bout de n périodes.
+ 1 200) x 4 % = 1 248 €. La période en question peut être l’année, mais peut
être aussi une période plus petite telle que le mois, le
À la fin de la 3e année, les intérêts sont de : (30 000 trimestre, le quadrimestre, le semestre, etc.
+ 1 200 + 1 248) x 4 % = 1 297,92. Les intérêts de chaque période sont additionnés au
capital à la fin de cette période pour calculer les inté-
À la fin de la 4e année, les intérêts sont de : (30 000 rêts de la période suivante. Ils sont donc capitalisés : les
+ 1 200 + 1 248 + 1 297,92) x 4 % = 1 349,84. intérêts s’appellent intérêts composés.
Le placement peut être fait en une fois ou bien être
composé de plusieurs sommes qui sont versées à inter-
valles réguliers.

CALCUL DE LA VALEUR ACQUISE Cn PAR UN CAPITAL UNIQUE C (placé au taux t, pendant n périodes)

0 1 2 n-1 n

C Cn
Fig. 2 Schéma de valeur acquise Cn par un capital unique C © Philippe Sraiki

9
Calcul de la valeur acquise, à la fin de l’année n
Le taux utilisé dans le calcul de la valeur
Valeur acquise pour une période = C1 = C + (C x t) acquise par un capital unique
= C (1 + t) Taux usité = période de capitalisation retenue
En effet, le taux utilisé doit correspondre à la période de
Valeur acquise au bout de deux périodes = C2 = C (1 capitalisation retenue.
+ t) (1 + t) = C (1 + t)2 Ainsi, on retrouve :
– si on capitalise tous les ans : le taux annuel ;
La valeur de la somme acquise partie du montant – si la période est le mois : le taux mensuel
unique de C se transforme en fin du temps de place- proportionnel ;
ment (considéré comme n périodes) : – etc.

Cn = C (1 + t)n

CALCUL DE LA VALEUR ACQUISE Vn PAR UNE SUITE DE VERSEMENTS CONSTANTS a (versés en fin de
période, taux t)
0 1 2 n-1 n

a a a a
Fig. 3 Valeur acquise Vn par une suite de versements constants alpha © Philippe Sraiki

MONTANT VALEUR ACQUISE FIN N


PÉRIODE DE VERSEMENT DURÉE DU PLACEMENT
DU VERSEMENT PAR LE VERSEMENT
1 n-1 a a(1 + t)n-1
2 n-2 a a(1 + t)n-2
.. .. a ..
n-1 1 a a(1 + t)1
n 0 a a(1 + t)0 = a

Fig. 4 Détermination de la valeur actuelle Vn d’une suite de versements constants © Skill and You

La valeur acquise représente la somme des valeurs acquises de chacun des versements :

Cette expression correspond à une suite géométrique de raison (1 + t) de n termes et de premier terme a. La
somme de ces n termes est :

Exemple : des versements annuels de 50 000 € sont effectués en fin d’année pendant 15 ans. Taux d’intérêt de
3 %.

Quelle est la valeur acquise relative à ces versements à la fin de la 15e année ?

f. L’actualisation
Il est souvent nécessaire de procéder à l’opération inverse, c’est-à-dire de partir de la valeur acquise par un
capital et de déterminer le montant initial à placer pour obtenir ce capital au bout de n périodes. On parle alors
d’actualisation.

10
La valeur

L’actualisation Or, pour effectuer cette comparaison de manière


L’actualisation consiste en la détermina- pertinente, il faut comparer ce qui est comparable en
tion d’une valeur présente d’une somme future ou mettant face à face les différentes sommes en jeu à la
d’une suite de sommes futures versées à intervalles même date. C’est à ce stade qu’intervient le recours
identiques. à l’actualisation. En effet, les rentrées d’argent sont
Selon le contexte, le taux d’actualisation peut être attendues dans le futur et à des époques différentes.
connu ou bien il nécessitera des hypothèses de travail. Il faudra donc actualiser chacune de ces sommes,
en faire la somme, pour pouvoir en fin de compte la
Il existe de nombreux cas nécessitant des actuali- comparer avec le capital investi en général à l’époque
sations dans le domaine de la finance d’entreprise. zéro.
Voici les principaux :
Ce procédé sera également utilisé pour comparer
– pour connaître la valeur présente d’un capital différents projets d’investissement.
futur :
Il n’est pas identique de disposer d’un euro – afin de faire ressortir un taux de rentabilité
aujourd’hui ou de patienter pendant une période implicite :
dans le but d’obtenir cet euro. Nous avons évoqué plus haut le fait qu’un projet
d’investissement implique l’espérance d’une série de
Le capital présent aujourd’hui peut être consommé cash flows futurs. Se prononcer et prendre position
immédiatement ou bien représenter une capacité de sur le projet implique de mesurer sa rentabilité. Mais
financement que l’on peut placer dans l’espoir d’en cette dernière se détermine de plusieurs manières. Les
retirer un revenu, c’est-à-dire un avantage par rapport deux principales sont :
à une situation présente. Dans le cas du placement, – de mesurer l’avantage monétaire en euros procuré
la valeur acquise comportera l’euro placé plus les par le projet ;
intérêts. – déterminer le taux de rentabilité sous-jacent du
projet.
On peut exprimer cette idée en disant qu’un euro
obtenu dans un an représente moins d’un euro dans Ainsi, on pourra déterminer un avantage financier soit
le présent. en euros, soit en taux de rentabilité. Dans ce dernier
cas, on se prononcera quant à l’adoption du projet si
0 1 2 n
le taux ainsi déterminé est supérieur à un taux exigé
ou un taux actuellement appliqué sur le marché.
S
Valeur actuelle de S

Fig. 5 Représentation d’un capital futur sur une échelle de temps Les formules fondamentales de l’actualisation
© Philippe Sraiki L’actualisation consiste à répondre à la question :
Dans le cas d’un placement au taux de 4 %, il sera quelle somme faut-il placer à tel taux d’intérêt
équivalent d’avoir 15 000 euros dans un an ou pendant n périodes afin d’obtenir tel montant futur ?

= 14 423,08 € aujourd’hui. Actualisation d’un montant isolé

– afin d’effectuer des comparaisons entre plusieurs Quelle somme faut-il placer pour obtenir à la fin
valeurs dans le futur : du placement un montant déterminé ? Dans un
Dans le cas où on analyse un projet d’investissement, premier, l’hypothèse est faite que la somme à trouver
il faudra mesurer quels seront les cash flows prévi- a été investie à intérêts composés pendant un certain
sionnels attachés à cet investissement. temps.

Pour prendre position quant à l’adoption d’un projet, Exemple : soit un capital de 5 000 € à percevoir dans
il faudra étudier sa rentabilité. Celle-ci peut se défi- sept ans.
nir comme le supplément financier procuré par cet
investissement comparativement à son coût. Quelle est la valeur de ce capital aujourd’hui (à la date
zéro) si l’on retient un taux d’actualisation de 4 % ?

11
0 1 2 3 4 5 6 7
DURÉE DE
L’ACTUALISATION VALEUR ACTUELLE
PÉRIODE
? 5 000
(EN NOMBRE À LA DATE ZÉRO
Fig. 6 Représentation du capital dans le temps avec un taux d’actualisation DE PÉRIODES)
à 4% © Philippe Sraiki
1 1 a(1 + t)-1
La valeur présente, dénommée C0, placée à 4 % doit 2 2 a(1 + t)-2
donner 5 000 au bout de sept ans, d’où : .. .. …
n-1 n-1 a(1 + t)-(n-1)
C0 x 1,047 = 5 000
n n a(1 + t)-n

C0 = 5 000 x 1,04–7 = 3 799,59 Fig. 8 Détermination de la valeur actuelle Vo d’une suite de versements
constants © Skill and You

En fixant un taux de 4 % il est identique de posséder La valeur actuelle globale de ces n versements
3 799,59 € aujourd’hui ou de 5 000 € dans sept ans. constants est la somme de chacune de ses valeurs
Cela revient à admettre que si l’on place 3 799,59 € actuelles :
aujourd’hui pour obtenir 5 000 € dans sept ans, cela
équivaut à effectuer un placement dont le taux de
rendement est de 4 %.
Cette expression est présentée ainsi après simplifica-
Généralisation de la formule : soit t le taux d’actuali- tions mathématiques :
sation, la valeur actuelle d’un capital unique à obtenir
après n périodes, est déterminé par la formule :

C0 = Cn x (1 + t)–n Emprunts et versements constants (versées en fin de


période)
La valeur actuelle est une fonction décroissante
de la durée d’actualisation ainsi que du taux Pour réaliser un tableau d’amortissement d’em-
d’actualisation. prunt (tableau de remboursement) avec annuités
constantes, on utilise la formule précédente. À
Actualisation d’une suite de versements constants chaque annuité, l’emprunteur verse en une fois par
versés en fin de période période à la fois une partie du capital prêté et une
partie d’intérêts (calculés sur le capital restant).
Un versement constant est effectué à la fin de chaque
période (qui, rappelons-le, n’est pas forcément l’an- Exemple : Soit un emprunt de 200 000 € au taux de
née mais en tout cas constitue un intervalle de temps 1,5 % remboursable par annuités constantes de fin de
fixe). Le schéma est le suivant pour n versements : période pendant neuf ans. Chaque annuité représente
une année (parfois, on utilise le terme annuité sans
0 1 2 n forcément qu’il s’agisse d’une année, c’est un terme
général).
=? a a a

Fig. 7 Représentation d’une actualisation d’une suite de versements Calculer le montant de l’annuité constante.
constants versés en fin de période © Philippe Sraiki

Détermination de la valeur actuelle V0 d’une suite de Annuité constante :


versements constants :

Cas particulier : que se passe-t-il en cas d’horizon


infini ?

Parfois, les revenus obtenus d’un actif financier durent


aussi longtemps que l’on détient cet actif financier.

12
La valeur

C’est le cas de l’action dans le cas où l’on suppose Le taux de rendement actuariel de ce prêt compte
qu’elle ne sera pas cédée (ou qu’elle sera cédée après tenu d’un calcul annuel d’intérêt et à intérêts compo-
une très longue durée). On analysera ce cas si le divi- sés est de 8,77 %.
dende d versé chaque année reste constant.
Soit t le taux annuel cherché. On peut poser l’équa-
Dans ce cas, on est en présence d’une rente. tion suivante :

La valeur d’une action distribuant à l’infini un divi- 15 000 = 21 000 x (1 + t)–4


dende constant est (avec t le taux de rentabilité des
capitaux propres) : 1,4 = (1 + t)4

Exemple : Monsieur DURAND possède une action t = 1,41/4 – 1


dont le dividende annuel s’élève à 9 €. Ce dividende
devrait rester stable sur le long terme. t = 8,77 %

Que vaut cette action si l’on prend l’hypothèse d’un Exemple 2 :


taux d’actualisation de 2 % ? Un capital de 3 500 € est placé pour une durée de
trois ans. Les intérêts sont calculés chaque année à
Pour un horizon infini, la valeur de cette action, sa intérêts simples. Sachant que la valeur acquise au
valeur actuelle, représente le capital qu’il faudrait bout des trois ans est de 4 000 €, quel est le taux de
placer à 2 % pour obtenir un dividende de 9 € : rendement actuariel t ?
0 1 2 3

3 500 166,67 166,67 3 500 + 166,67

B. Le taux de rendement actuariel Fig. 9 Exemple 2 Taux de rendement actuariel dans le temps
© Philippe Sraiki

À présent, prenons l’hypothèse que nous connaissons On écrit la relation d’équivalence entre le montant
toutes les données du problème, sauf le taux d’intérêt. placé à la date 0 et les versements reçus en contrepar-
Cela revient à résoudre une équation à une inconnue, tie, actualisés au taux t :
ce qui dans l’absolu est très facile.
C0 = (C0 x t) x (1 + t)–1 + (C0 x t) x (1 + t)–2 + (C0 + (C0
Le taux de rendement actuariel x t)) x (1 + t)–3
Le taux de rendement actuariel permet d’éga-
liser la valeur actuelle d’une obligation et la somme des On peut également partir de la valeur acquise Cn :
flux futurs perçus.
Cn = C0 + (C0 x t) + (C0 x t) + (C0 x t)
Le taux de rendement actuariel d’un placement est
égal au taux d’intérêt pour lequel on obtient un gain Cn = C0 x (1 + n x t)
donné compte tenu d’un capital placé défini ainsi que
d’une durée de placement déterminée. Il s’agit donc 4 000 = 3 500 x (1 + n x t)
d’un pourcentage qui est périodique, c’est-à-dire qui
correspond à la périodicité de calcul des revenus 4 000 = 3 500 x (1 + 3 x t)
comme nous l’avons expliqué plus haut.

Il se calcule en obtenant le taux pour lequel il y a équi-


valence entre le capital placé (ou investi) et la valeur
actuelle des cash flows futurs obtenus.

Exemple 1 :
Monsieur MARTIN prête 15 000 € à un ami. Ce t = 4,76 %
dernier lui propose de lui verser 21 000 € dans quatre
ans.

13
Ou tout simplement considérer que puisqu’il s’agit 2. Taux équivalents
d’intérêts simples annuels, le montant des intérêts
est identique chaque année. Or dans notre exemple, Taux équivalents
ce montant est déjà donné : 500 € sur trois ans On parle de taux équivalents quand deux taux
= 166,67 € par an. sont appliqués au même capital, pendant la même
durée. Ils ont alors des valeurs acquises égales.
On peut donc le déterminer sans faire de gros calculs !
Le taux équivalent est le taux qui donne le même
En effet, 166,67 = 3 500 x t soit t = = 4,76 %. résultat que le taux annuel lorsqu’on utilise la
méthode des
Le cas est plus compliqué lorsque les revenus pério-
diques ne sont pas identiques : dans ce cas, il faut intérêts composés sur toutes les périodes de l’année.
avoir recours à plusieurs techniques : essais succes-
sifs (tâtonnements), machine à calculer financière, Taux équivalent = (1 + taux annuel) –1
Solveur de Microsoft Excel. Généralement, on utilise
la technique de l’interpolation linéaire. Exemple : le taux mensuel équivalent à un taux annuel
t est donné par :
C. Les taux proportionnels
et les taux équivalents (1 + tm)12 = 1 + t

1. Taux proportionnels tm = (1 + t)1/12 – 1

Les taux proportionnels Pour un taux annuel de 8 %, le taux mensuel équiva-


Le taux proportionnel correspond au taux rela- lent est donc :
tif à une période inférieure au taux de référence de sorte
que ce taux multiplié par le nombre de périodes équi- tm = 1,081/12 – 1 = 0,64 %
vaut au taux de référence.
Les périodes des taux équivalents
Lorsqu’un taux annuel est communiqué, il peut être
nécessaire de le convertir en taux mensuel, ou en taux – Pour une période donnée, le taux équivalent est
trimestriel. En fonction de la méthode utilisée pour inférieur au taux proportionnel car les intérêts sont
le calcul des intérêts, on utilisera les notions de taux calculés à chaque période intermédiaire.
proportionnel (intérêts simples) ou de taux équivalent
(intérêts composés). – Pour calculer les paiements correspondants à
des périodes inférieures à l’année, les banques
Le taux proportionnel est le taux qui donne le même appliquent des taux proportionnels aux taux annuels.
résultat que le taux annuel lorsque l’on utilise la Cet usage équivaut à utiliser un taux annuel équiva-
méthode des intérêts simples sur toutes les périodes lent supérieur à celui qui a été convenu et engendre
de l’année. un supplément d’intérêts.

Taux proportionnel = D. Les annuités


Exemple : comme il y a 12 mois dans une année, un Lorsque les annuités sont constantes, des formules de
taux mensuel proportionnel à un taux annuel de 9 % mathématique financière permettent de calculer :
revient à :
– la valeur acquise d’une suite d’annuités
constantes : dans le cas de versements sur un
compte d’annuités constantes pendant n périodes,
à un taux d’intérêt i, la valeur acquise correspond
au montant présent sur le compte à la fin des n
périodes ;

14
La valeur

– la valeur actuelle est le montant placé (ou emprun- b. Versements à échoir


té) au départ pour obtenir la valeur acquise au Les versements peuvent également intervenir en
bout des n périodes. La valeur actuelle d’une suite début de période : on parle alors de versement à
d’annuités constantes est fréquemment utilisée échoir.
pour déterminer le montant de l’annuité constante
à verser pendant n périodes pour rembourser Exemple :
un capital emprunté (qui correspond à la valeur Une entreprise place chaque année, pendant cinq
actuelle). ans, 10 000 € sur un compte rémunéré à 3 %. Les
versements sont effectués au début de chacune des
1. Valeur acquise d’une suite d’annuités cinq années. Il s’agit donc de versements à échoir.
constantes
Représentation graphique de la valeur acquise des
Deux cas peuvent se présenter : versements à échoir de A1 à A5 :
– soit le versement de l’annuité intervient à la fin de Valeur acquise
chacune des périodes ;
– soit le versement de l’annuité intervient au début
de chacune des périodes. A1 A2 A3 A4 A5

Fig. 11 Représentation graphique de la valeur acquise des versements


a. Versements à terme échu a échoir de A1 à A5 © Skill and You

Les versements peuvent intervenir en fin de période : Pour calculer le montant présent sur le compte à la fin
on parle alors de versement à terme échu. des 5 ans de placement, c’est-à-dire la valeur acquise
des différents versements, on utilise la formule
Exemple : suivante :
Une entreprise place chaque année, pendant cinq
ans, 10 000 € sur un compte rémunéré à 3 %. Les Valeur acquise = A(1 + i) ×
versements sont effectués à la fin de chacune des cinq
années. Il s’agit donc de versements à terme échu. Avec A, le montant de l’annuité versée au début de
chaque année.
Pour calculer le montant présent sur le compte
à la fin de la période de placement, c’est-à-dire la Cn – (A × n) = 10 000 (1 + 0,03) × = 54
valeur acquise des différents versements, on utilise la 684 €
formule suivante :
Le montant des intérêts perçus sur l’ensemble de la
Valeur acquise = A × période dans cette hypothèse des versements à échoir
s’élève donc à : 54 684 – (10 000 × 5) = 4 684 €.
Avec A, le montant de l’annuité versé à la fin de
chaque année. 2. Valeur actuelle d’une suite d’annuités
constantes
Cn – (A × n) = 10 000 ×
On distingue ici aussi les versements à terme échu
Représentation graphique de la valeur acquise des (en fin de période) des versements à échoir (en début
versements à terme échu A1 à A5 : de période).
Valeur acquise
a. Versements à terme échu
La valeur actuelle des versements à terme échu d’une
A1 A2 A3 A4 A5 annuité constante A pendant n périodes à un taux
Fig. 10 Représentation graphique de la valeur acquise des versements d’intérêt i se calcule de la manière suivante :
a terme échu A1 à A5 © Skill and You

Le montant des intérêts perçus sur l’ensemble de la Valeur actuelle = A ×


période dans cette hypothèse des versements à terme
échu s’élève donc à : 53 091 – (10 000 × 5) = 3 091 €.

15
Dans le cas de versements perpétuels IV. La valeur et le risque
Dans le cas où le nombre de versements n’est
pas défini, c’est-à-dire dans le cas de versements d’an-
nuités constantes perpétuelles, la valeur actuelle se
calcule de la manière suivante :
Valeur actuelle = A/t

Représentation graphique de la valeur actuelle des


versements à terme échu de A1 à A5 :

Valeur actuelle

A1 A2 A3 A4 A5
Fig. 14 La prise de risque © Warakorn - stock.adobe.com
Fig. 12 Représentation graphique de la valeur actuelle des versements
a terme échu de A1 à A5 © Skill and You Le deuxième paramètre influant sur la valeur est le
Cette formule est principalement utilisée pour calcu- risque. Dans un contexte économique stable, sur
ler le montant de l’annuité constante à verser lors- un marché en situation de monopole, ce paramètre
qu’on connaît le montant emprunté (qui correspond pourrait être négligé. Mais dans un contexte écono-
à la valeur actuelle), le taux d’intérêt et le nombre de mique ponctué par de nombreuses crises, avec des
périodes : marchés ouverts à la concurrence, cette notion de
risque devient primordiale.
A = Valeur actuelle ×
Les prévisions de vente pour l’année prochaine se
Exemple : révéleront-elles exactes ? Si elles sont inférieures
Une entreprise emprunte 100 000 € pendant cinq ans aux prévisions, sera-t-il possible de rembourser les
à un taux de 3 %. Dans le cas d’un remboursement de emprunts souscrits ? Comment mesurer le risque de
cet emprunt par des annuités constantes, le montant non-paiement des clients lorsque des délais de règle-
de l’annuité est égal à : ment importants leur sont proposés ?

A = 100 000 × = 21 835,46 A. Définition du risque


et lien entre risque et rentabilité
b. Versements à échoir L’existence du risque dans toute activité économique
La valeur actuelle des versements à échoir d’une est l’une des raisons même de l’analyse financière. En
annuité constante A pendant n périodes à un taux effet, celle-ci vise notamment à évaluer le risque que
d’intérêt i se calcule de la manière suivante : prendrait un investisseur (ou un banquier) en plaçant
de l’argent dans une entreprise.
Valeur actuelle = A(1 + i) ×
Les comptes de résultat prévisionnels cherchent à
Représentation graphique de la valeur actuelle des déterminer quels seront les résultats de l’entreprise sur
versements à échoir A1 à A5 : les années à venir. Des outils performants permettent
d’effectuer ces prévisions, en tenant compte de
Valeur actuelle
nombreuses variables. Cependant, il existe toujours
un risque qu’une variable ait été omise, ou qu’une
A1 A2 A3 A4 A5 variable influe plus que prévu sur l’activité. Le résul-
Fig. 13 Représentation graphique de la valeur actuelle des versements tat réalisé pourra alors se révéler différent du résultat
a échoir A1 à A5 © Skill and You prévisionnel. La prévision devra donc évaluer le résul-
tat des exercices futurs, mais également le risque que
le résultat réalisé soit éloigné du résultat prévisionnel.

16
La valeur

Plus le risque est élevé, plus l’investisseur (ou le En finance, de nombreuses décisions sont fondées sur
banquier) cherchera à compenser ce risque au moyen le taux de rendement (ou de rentabilité). Ce dernier
d’une rentabilité élevée. Il existe donc un lien fort est calculé en divisant le gain produit par un actif à
entre le risque et la rentabilité. sa valeur. À noter également que l’on peut mesurer
la rentabilité des capitaux propres (rentabilité finan-
Les différentes étapes du raisonnement d’un investis- cière) qui intéresse les actionnaires.
seur peuvent être résumées de la manière suivante :
Taux de rendement =
– détermination de la rentabilité procurée par un
placement sans risque, comme l’achat de bons du
trésor (considérés sans risque car l’État, qui émet Le taux de rendement peut être calculé pour une
les bons du trésor, ne peut pas être mis en faillite) ; période passée (exemple : taux de rendement d’une
obligation à taux fixe) ou pour une période future
– évaluation de la rentabilité attendue pour les (taux de rentabilité prévisionnel). Dans ce dernier cas,
actions de la société S, ainsi que le risque pris en le calcul du taux repose sur des hypothèses ou anti-
achetant les actions de cette société (c’est-à-dire cipations. Les paramètres qui définissent le taux de
le risque que les dividendes versés par cette socié- rentabilité peuvent être particulièrement changeants.
té soient inférieurs aux dividendes attendus, ou le
risque de perdre le montant du placement si l’en- C. Mesure de la rentabilité :
treprise fait faillite) ; l’espérance mathématique
– la rentabilité procurée par l’action S est ensuite Si l’on considère que la rentabilité de l’entreprise est
mise en lien avec la prise de risque. Si l’investisseur une variable aléatoire, on peut mesurer cette rentabi-
juge que le surplus de rentabilité (rentabilité action lité grâce à l’outil fourni par les probabilités : l’espé-
S – rentabilité bons du trésor) rémunère le risque rance mathématique.
de façon satisfaisante, il investira dans cette société
S. S’il juge le surplus de rentabilité trop faible, il L’éspérance mathématique
réclamera à la société S une rentabilité plus élevée L’espérance mathématique d’une variable
ou il achètera des bons du trésor. aléatoire est la valeur que l’on s’attend à trouver, en
moyenne, si l’on répète de nombreuses fois la même
Le risque expérience aléatoire.
Le risque en finance mesure l’éloignement La variable aléatoire étant une variable dont il est
entre la réalité et la prévision, que cet éloignement soit impossible de connaître à l’avance la valeur qu’elle va
pénalisant ou bénéfique pour l’investisseur. prendre.

L’application de la notion de risque Exemple :


La notion de risque s’applique aussi bien aux Un investisseur souhaite connaître la rentabilité d’une
situations où la rentabilité réalisée est inférieure à la action de l’entreprise A. Il dispose pour cela des infor-
rentabilité espérée (l’investisseur a moins gagné que ce mations suivantes :
qu’il prévoyait) qu’aux situations où la rentabilité réali-
sée est supérieure à la rentabilité espérée (l’investisseur ACTION A
a plus gagné que ce qu’il espérait). Probabilité (Pi) Rentabilité (Ri) Pi × Ri
30 % 4% 1,2 %
B. La valeur et le rendement 50 % 10 % 5%
(ou la rentabilité) 20 % 15 % 3%
E (R) = ∑PiRi 9,2 %
En général, on parle de rendement lorsque les
données du calcul sont connues et portent sur le Fig. 15 Espérance de rentabilité d’une action de l’entreprise A
passé. On parle de rentabilité dans un contexte prévi- © Skill and You

sionnel ou aléatoire.

17
Ce tableau peut se lire de la manière suivante : l’en- L’espérance de rentabilité de l’action B est au même
treprise A a une probabilité de 30 % de réaliser une niveau que pour l’action A : 9,2 %.
rentabilité de 4 %, une probabilité de 50 % de réaliser
une rentabilité de 10 % et une probabilité de 20 % de Le profil des deux actions est pourtant sensiblement
réaliser une rentabilité de 15 %. différent :

On peut donc considérer qu’en moyenne cette entre- – pour l’action A, l’écart entre la rentabilité la plus
prise pourra réaliser une rentabilité de 9,2 %. faible (4 %) et la rentabilité espérée (9,2 %) est de
5,2 %. Pour l’action B, l’écart entre la rentabilité la
D. Mesure de risque : l’écart type plus faible (–4 %) et la rentabilité espérée (9,2 %)
est plus élevé : 13,2 % ;
L’espérance de rentabilité n’est pas un indicateur
suffisant pour appuyer la décision d’investissement. – pour l’action A, l’écart entre la rentabilité la plus
Cet indicateur de position doit être complété par un forte (15 %) et la rentabilité espérée (9,2 %) est de
indicateur de dispersion. 5,8 %. Pour l’action B, l’écart entre la rentabilité la
plus forte (24 %) et la rentabilité espérée (9,2 %) est
Exemple : également plus élevé : 14,8 %.
Différence entre ces deux types d’indicateurs.
En investissant dans l’action B, l’investisseur peut
Durant les huit dernières années, une entreprise a espérer une rentabilité plus élevée que celle procurée
toujours présenté le même niveau de rentabilité : par l’action A, mais il prend aussi le risque de subir
10 %. Son espérance de rentabilité est donc de 10 %. une rentabilité beaucoup plus faible. Le calcul de
l’écart-type permet de le démontrer.
Durant les mêmes huit années, une autre entreprise
a présenté pendant quatre ans une rentabilité de Ce calcul débute par la détermination de la variance,
0 %, puis une rentabilité de 20 % durant les quatre qui correspond à la moyenne des carrés des écarts à
années suivantes. L’espérance de rentabilité est donc la moyenne.
également de 10 %. Cependant, sur aucune des huit
années la rentabilité n’a été de 10 % : soit elle était Calcul de l’écart-type de la rentabilité pour l’action
10 points en dessous, soit elle était 10 points au-des- A:
sus. Alors que l’espérance est identique, la dispersion
des rentabilités est donc beaucoup plus élevée pour Tableau n°1 Calcul de l’écart-type de la rentabilité pour l’action A
cette deuxième entreprise.
ACTION A
Cette dispersion des rentabilités correspond à la Probabilité Rentabilité
Ri2 Pi x Ri2
notion de risque. L’indicateur de dispersion utilisé (Pi) (Ri)
pour mesurer le risque est l’écart-type. 30 % 4% 0,0016 0,00048
50 % 10 % 0,01 0,005
Pour montrer la construction de cet indicateur, l’es- 20 % 15 % 0,0225 0,0045
pérance de rentabilité de l’action A présentée précé- ∑ PiRi 2
0,00998
demment va être comparée avec l’espérance de
rentabilité d’une action B :
Variance (RA) = 0,00998 – 0,0922 = 0,00152
ACTION B
Probabilité (Pi) Rentabilité (Ri) Pi × Ri Écart-type (RA) = = 3,89 %
40 % -4 % -1,6 %
40 % 15 % 6%
20 % 24 % 4,8 %
E (R) = ∑PiRi 9,2 %

Fig. 16 Espérance de rentabilité d’une action B © Skill and You

18
La valeur

Calcul de l’écart-type de la rentabilité pour l’action B : – l’investisseur qui a défini un niveau de rentabili-
té minimum qu’il souhaite atteindre cherchera
ACTION B l’action qui, sans être en dessous de ce niveau de
Probabilité (Pi) Rentabilité (Ri) Ri2 PiRi2 rentabilité, présentera le risque le plus faible.
40 % -4 % 0,0016 0,00064
40 % 15 % 0,0225 0,009 E. Introduction à la diversification
20 % 24 % 0,0576 0,01152
La diversification consiste à acheter un portefeuille de
∑PiRi 2
0,02116
différentes actions plutôt qu’acheter des titres d’une
Fig. 17 Calcul de l’écart-type de la rentabilité pour l’action B © Skill and You seule et même action.

Variance (RB) = 0,02116 – 0,0922 = 0,0127 Les mêmes outils statistiques que ceux utilisés
pour mesurer l’espérance de rentabilité et le risque
Écart-type (RB) = = 11,27 % permettent de démontrer que l’acquisition de deux
actions A et B :
L’écart-type de la rentabilité de l’action B (11,27 %) – permet d’espérer une rentabilité moyenne égale à
est plus élevé que l’écart-type de la rentabilité de l’ac- la rentabilité des actions A et B ;
tion A (3,89 %). Le risque lié à un achat des actions – mais que le risque de ce portefeuille est inférieur à
B est donc plus élevé que le risque lié à un achat des celui des actions A ou B prises séparément.
actions A.
La diversification diminue ainsi le risque sans dimi-
La rentabilité espérée pour les deux actions A et B nuer la rentabilité.
étant identiques, un investisseur rationnel achètera
sans hésiter les titres A, moins risqués. L’effet de la diversification dépend de la corrélation
entre les deux actions.
Le choix serait plus difficile si l’action B présentait
une espérance de rentabilité plus élevée : 18,4 % par La corrélation est forte et positive si, lorsqu’une
exemple. action voit son cours bouger, l’autre action voit aussi
immédiatement son cours bouger, dans le même sens.
Dans ce cas, l’investisseur devrait réaliser un arbitrage
entre rentabilité et risque. La corrélation est forte et négative si, lorsqu’une
action voit son cours bouger, l’autre action voit
Un investisseur qui présente une aversion au risque immédiatement son cours bouger, en sens inverse.
choisira l’action A. Cet investisseur pourrait être, par Cette situation est idéale pour la diversification car
exemple, un individu qui place en Bourse de l’argent elle permet de neutraliser le risque sans diminuer la
pour se constituer un capital retraite : ne pouvant rentabilité : l’effet à la baisse sur l’une des actions sera
prendre le risque de perdre ce capital, il cherchera effectivement compensé par un effet symétrique à la
des placements à risque faible. hausse de l’autre action.

Un investisseur qui accepte de prendre des risques Il n’y a pas de corrélation entre les deux actions si
pourra choisir l’action B, attiré par une espérance de l’évolution du cours d’une des actions n’a aucune
rentabilité deux fois plus élevée. incidence sur l’évolution du cours de l’autre action.
Ce dernier cas est assez rare : il existe des phénomènes
Sur un marché où un investisseur a accès à de de hausse ou de baisse qui touchent l’ensemble des
nombreuses actions, son choix va reposer sur le marchés, créant ainsi une corrélation positive (pas
critère d’efficience : forcément forte, mais positive) entre les actions.

– l’investisseur qui a défini un niveau de risque


maximum – et qu’il est prêt à prendre – cherchera
l’action qui, sans dépasser ce niveau de risque, lui
permettra d’espérer la rentabilité la plus élevée ;

19
V. La valeur et l’information Le terme générique de marché des actifs financiers
regroupe plusieurs marchés distincts :
– le marché financier ou des capitaux ;
– le marché monétaire ;
– le marché des changes.

1. Le marché financier
ou marché des capitaux
Sur ce marché s’échangent les actions et les obliga-
tions, c’est-à-dire des capitaux à long terme.

On distingue :

Fig. 18 L’information à la loupe © Michael Nivelet - Fotolia – le marché primaire, où sont proposés les nouveaux
titres. Lorsqu’une entreprise décide de mettre une
Le troisième paramètre influant sur la valeur est partie de ses actions en Bourse, c’est sur ce marché
l’information. Dans la théorie économique de la que cela se réalise. Les banques jouent ici un rôle
concurrence pure et parfaite des marchés, il existe d’intermédiaire. Le prix d’émission d’une action
une hypothèse qui suppose que les parties prenantes est librement déterminé par l’entreprise (cepen-
à l’échange disposent d’une information parfaite dant, en tenant compte des conditions de marché) ;
et immédiate pour fixer le prix en connaissance de
cause. – le marché secondaire, aussi appelé le « marché
de l’occasion », sur lequel les titres acquis sur le
A. Le marché des actifs financiers marché primaire peuvent être revendus. C’est sur
ce marché que le cours de Bourse est détermi-
Un marché est un lieu de rencontre, physique ou né. Cette évaluation permanente de l’entreprise
virtuel, de l’offre et de la demande. Depuis les que permet le cours de Bourse est un indicateur
années 1980, le marché des actifs financiers est important pour valoriser une entreprise. Le fait de
mondialisé, permettant ainsi aux entreprises qui solli- pouvoir revendre facilement les titres financiers
citent des capitaux de faire jouer la concurrence pour sur ce marché est un stimulant fondamental pour
obtenir les meilleures conditions. En contrepartie, ce la mobilité des capitaux. Cela offre une liquidité
décloisonnement entraîne une contagion des crises rassurante pour les épargnants.
financières apparaissant sur un marché et se propa-
geant à l’ensemble des autres marchés. 2. Le marché monétaire

Pendant longtemps, le marché financier a été C’est le marché de l’argent à court terme (moins
physique. d’un an). Ce marché est lui-même composé de deux
marchés :
Exemple : la Bourse de Paris.
– le marché interbancaire : réservé aux institutions
Le développement des technologies de l’informa- financières, c’est sur ce marché que se fixent les
tion et une réglementation favorable ont permis de taux d’intérêt courts et principalement le taux
dématérialiser les ordres d’achat et de vente et offrent directeur ;
maintenant la possibilité d’intervenir sur un marché
financier à partir de n’importe quelle localisation, – le marché des titres de créances négociables à
seul un ordinateur connecté à Internet étant requis. court terme, qui, parallèlement au marché inter-
bancaire, permet l’accès direct du marché de
Des intermédiaires financiers permettent de faciliter l’argent aux grandes entreprises.
le lien entre les épargnants et les entreprises.

20
La valeur

3. Le marché des changes C. Instances de régulation


des marchés financiers
Sur ce marché s’échangent les devises. La confronta-
tion de l’offre et de la demande d’une devise sur ce Les marchés financiers sont supervisés, en France,
marché permet de déterminer son taux de change. par une autorité administrative indépendante : l’AMF
(Autorité des marchés financiers), qui vise principa-
Autre critère de différenciation des marchés finan- lement à sécuriser les transactions et à informer les
ciers : la date d’échéance des transactions. On investisseurs.
distingue ainsi :
Il existe également des agences de notation, qui
– les marchés au comptant, sur lesquels les titres permettent de mesurer, pour un emprunteur donné,
sont achetés et livrés quasi immédiatement ; le risque de non-remboursement de ses dettes. Les
trois principales agences de notation sont : Standard
– les marchés à terme, sur lesquels la livraison et & Poor’s, Moody’s et Fitch.
le paiement ont lieu à terme, c’est-à-dire à une
échéance convenue lors de la transaction. Des indices sont utilisés pour refléter la tendance
des cours sur chaque marché : le principal indice
B. Les facteurs liés à la valeur du marché Euronext (qui comprend notamment la
d’un actif financier Bourse de Paris) est le CAC40 (indice regroupant les
40 principales entreprises selon leur capitalisation).
La valeur d’un actif financier sur un marché est fonc-
tion principalement des facteurs suivants : 1. L’efficience des marchés financiers

– le temps : la valeur d’un capital aujourd’hui ou Le cours de Bourse est considéré comme un bon indi-
dans le futur va fluctuer. Les investisseurs vont cateur de la valeur de l’entreprise. La qualité de cet
s’efforcer d’exploiter des anticipations de gains en indicateur dépend de l’efficience du marché finan-
plaçant leurs capitaux ou au contraire s’abstenir cier, c’est-à-dire de la capacité du marché à prendre
d’effectuer un placement qu’ils jugent risqué ou en compte immédiatement toutes les informations
non rentable. En outre, la valeur des titres cotés, et pertinentes pour apprécier la valeur de l’entreprise.
plus particulièrement des actions, subit des fluc-
tuations quotidiennes ; Le cours de la Bourse
Le cours de Bourse est la valeur accordée à un
– le risque : le niveau de risque a un impact direct sur titre financier sur un marché présent en Bourse (marché
la valeur. En effet, quand le risque augmente, géné- boursier). Il est représentatif du prix lié à la loi de l’offre
ralement la rentabilité s’accroît faisant diminuer la et de la demande d’un titre boursier à un instant donné.
valeur du capital placé (et inversement) ;
On distingue dans la théorie trois formes d’efficience
– la qualité et la fiabilité de l’information : sur un des marchés :
marché, la communication financière est cruciale
car elle permet à la communauté financière de – efficience faible : les cours sur les marchés ne
prendre position quant à une action à effectuer sur dépendent ici que des statistiques basées sur les
des titres ou des placements. La qualité de l’infor- informations historiques de l’entreprise ;
mation, définie par sa disponibilité, la fréquence
de sa publication et surtout sa fiabilité auront un – efficience semi-forte : en plus des informations
impact sur la valeur des supports de placements. historiques, les cours prennent ici également
Si la qualité de la communication est élevée, on en compte les informations que les entreprises
peut s’attendre a priori à une valeur élevée de l’ac- rendent publiques (la politique de distribution des
tif (nonobstant les informations propres à la perfor- dividendes, par exemple) ;
mance de l’entité).
– efficience forte : cette forme d’efficience intègre
également les informations confidentielles.

21
2. Le Price Earning Ratio (PER) Le PER est utilisé pour identifier, sur les marchés finan-
ciers, les actions surcotées ou sous-cotées. Pour cela,
Un ratio est couramment utilisé pour apprécier la l’entreprise compare son PER à celui de son secteur
valorisation d’une entreprise à partir de son cours de d’activité :
Bourse : il s’agit du Price Earning Ratio (PER). Le PER
correspond au rapport entre la capitalisation bour- – lorsque le PER est supérieur à celui de son secteur,
sière d’une entreprise et son résultat net. cela signifie que la rentabilité du titre est plus faible
que la rentabilité moyenne du secteur. Cette entre-
Calcul du PER : on peut calculer le PER à l’aide d’une prise est donc sur-cotée ;
des deux formules suivantes :
– lorsque le PER est inférieur à celui du secteur, la
PER = rentabilité du titre est plus élevée que la rentabi-
lité moyenne du secteur. L’entreprise est donc
PER = sous-cotée.

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