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Dr KASSOUM Kadidia
dermato-vénéréologue
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Objectifs
➢ Définir la syphilis;
➢La syphilis vénérienne est une maladie bénigne si traitée au début, grave si
négligée ou méconnue, à l’origine alors de redoutables localisations viscérales.
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I. Généralités
1-1. Modes de contamination
➢ Contamination vénérienne
Elle est décrite dans 99 % dont les facteurs en faveurs en faveur sont:
• La prostitution : important facteur de dissémination de la syphilis vénérienne ;
• La précocité des rapports sexuels, source de contamination de plus en plus précoce;
• L’homosexualité ;
• Les lacunes dans l’éducation sexuelle.
➢ La contamination accidentelle
• Qui entraine une syphilis secondaire sans chancre;
• Chancre de baiser.
➢ Contamination professionnelle
Médicale (au cours de l’examen médical);
Paramédicale (manipulation du tréponème pale au laboratoire). 5
I. Généralités
1-1. Facteurs favorisants
• La prostitution : important facteur de dissémination de la syphilis vénérienne ;
• La précocité des rapports sexuels, source de contamination de plus en plus
précoce;
• L’homosexualité ;
• Les lacunes dans l’éducation sexuelle.
➢ Dure 1 à 2 ans ;
c. Phase de latence
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II. Evolution naturelle (suite)
d. Période tertiaire (III)
➢ Les lésions cutanées sont limitées mais profondes associées à des lésions
viscérales essentiellement cardio-vasculaires (aortite-coronarite), neurologiques
(paralysie générale, tabès), rénale (protéinurie passagère, une néphrite ou un
syndrome néphrotique….
➢ Stade peu ou pas contagieux ; les réactions sérologiques sont positives sauf la
sérologie classique qui peut être négative ;
➢ C’est le stade qui fait le pronostic de la syphilis.
➢la syphilis tardive qui regroupe la syphilis tertiaire et la syphilis latente tardive
(non datable ou datant de plus d’un an).
3-1. La syphilis primaire
a. Le chancre
Le chancre apparaît après 3 semaines environ d’incubation silencieuse au point
d’inoculation du tréponème.
Classiquement c’est une exulcération ou une ulcération génitale :
➢ de 5 à 15 mm de diamètre en moyenne;
➢ unique plus souvent que multiple;
➢ induré (seul caractère sémiologique vraiment évocateur). Avec impossibilité de
plisser entre deux doigts la surface de l'ulcération qui ne fait qu'un bloc avec
l'induration sous-jacente;
➢ à fond propre, rosé;
➢ en général, indolore (différent de l'herpès +++) ;
Le chancre atteint son développement maximum (1 à 2 cm) en 1 à 2 semaines, puis
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régresse spontanément.
Image: Chancre syphilitique
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Image: Syphilis primaire : ulcération génitale à fond propre et à base indurée.
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3-1. La syphilis primaire (suite)
a. Le chancre (suite)
➢ Siège préférentiel : les parties muqueuses des organes génitaux externes :
• Chez l’homme : gland, sillon balano-préputial ;
• Chez la femme : petites lèvres, col (rarement le vagin où le chancre est de petite
taille dans un œdème énorme unilatéral).
➢ Non traité, il cicatrise en plusieurs semaines, alors que la maladie syphilitique
passe en phase systémique.
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3-1. La syphilis primaire (suite)
b. Aspects atypiques
➢Chancre ulcéreux d’emblée avec des bords nets, douloureux au palper protégé, le fond
est recouvert d’un enduit purulent;
➢ Chancre multiple favorisé par des lésions préexistantes (gale, herpès)
➢ Chancres atypiques par le siège:
- face profonde du prépuce;
- pubis, scrotum (il est croûteux, simulant une pyodermite);
- chancre endo-uréthral;
- chancre anal (simule une simple fissure anale).
- chancre de l’amygdale entrainant une amygdalite unilatérale de dureté ligneuse avec
ADP sous mentale ou sous-angulo-maxillaire unilatérale satellite
- chancre de la langue, des lèvres.
➢ Chancre mixte un chancre mou faisant le lit d’un chancre syphilitique
Image: Chancre syphilitique avec ulcération à fond sale du sillon balano-préputial
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3-1. La syphilis primaire (suite)
b. Adénopathie satellite
➢ Constante apparaissant quelques jours (4-8 jours) après le début du chancre;
➢ Elle siège dans le territoire ganglionnaire correspondant;
➢ le siège est inguino-crural pour les chancres génitaux.
➢ Classiquement, il s’agit d’un groupe de ganglions fermes, indolores et froids dont
l’un est plus gros : c’est le préfet de l’aine.
➢Quand le chancre est infecté, les ganglions deviennent empâtés+/- inflammatoires.
3-1. La syphilis primaire (suite)
c. Evolution
➢ En cas de traitement
• Le chancre traité guérit en 1 à 2 semaines ; l’ADP disparait en 1 mois.
• Si la sérologie était négative, elle restera négative ; si la sérologie était positive sa
négativation demandera 3 à 6 mois.
➢ En l’absence de traitement
• Le chancre disparait en 4 à 6 semaines habituellement sans cicatrice. L’ADP
persiste 3 à 8 mois avant de disparaitre mais la maladie évolue vers le stade de la
syphilis secondaire.
3-1. La syphilis primaire (suite)
d. Diagnostic
➢ Diagnostic positif
• Clinique (chancre et ADP satellite).
• Paraclinique
- Bactériologie : recherche de Tp dans la sérosité du chancre au microscope à
fond noir.
- Sérologie IFI (FTA abs) est positive dans les premiers jours.
FTA abs Test: Fluorescent Treponema Antibody absorption test.
3-1. La syphilis primaire (suite)
➢ Diagnostic différentiel
• Herpès génital : les lésions sont vésiculeuses, douloureuses donnant des érosions
ponctiformes ou polycycliques, mais l’herpès peut servir de porte d’entrée à la
syphilis.
• Chancre mou : d’incubation brève 2 à 5 jours, le chancre mou est une ulcération
douloureuse à base simple et à fond sanieux
• Ulcération traumatique.
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3-2. La syphilis secondaire
Elle correspond à la diffusion systémique du tréponème. Elle est marquée par une
éruption cutanée polymorphe (« la grande simulatrice ») associée à des signes
généraux et viscéraux.
a. Les manifestations cutanées
L’éruption cutanée évolue en deux phases : la roséole (première floraison) puis les
syphilides (deuxième floraison).
➢ La roséole syphilitique survient entre la 7ème et la 10ème semaine et dure 1 à 2
mois.
• L’éruption est faite de macules érythémateuses disséminées sur le tronc et la racine
des membres de couleur rose.
• La régression est spontanée après 1 à 2 mois, habituellement sans séquelle mais
possibilité de traces pigmentées.
Image: Macules rosées du cou et du tronc au cours d'une roséole syphilitique
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3-2. La syphilis secondaire (suite)
➢ Les syphilides papuleuses surviennent du 2ème au 4ème mois et durent 1 à 6 mois.
• Il s’agit d’une éruption de papules non prurigineuses, infiltrées au palper, de
couleur cuivrée (rouge-brun) particulières par certaines localisations
préférentielles :
- Palmo-plantaire : syphilides papulo-plantaires, squameuses faites de papules
fermes limitées par une collerette de desquamation appelée « la collerette de
Biett ».
- Visage (autour des orifices) syphilides élégantes de Brocq = dessin de figures
circulaires, arciformes comme tracées au compas.
- Dans les plis (mais aussi au niveau de la vulve, de la marge anale) papules
hypertrophiques et bourgeonnantes, humides et érosives réalisant des condylomes
plans.
Image: Syphilides papuleuses du dos
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3-2. La syphilis secondaire (suite)
b. Les manifestations muqueuses ou plaques muqueuses
➢ Les lésions muqueuses sont très riches en tréponème.
➢ Elles sont érosives ou ulcéreuses, indolores, non infiltrées, rouges suintantes qui
passent souvent inaperçues.
➢ Elles sont très contagieuses et siègent au niveau de :
• La cavité buccale ;
• La langue ;
• La commissure labiale ;
• Aux muqueuses génitales et anales.
➢ Les plaques muqueuses sont contemporaines soit de la roséole ou des syphilides
papuleuses.
Image : syphilis secondaire: érosions linguales en « plaques fauchées »
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3-2. La syphilis secondaire (suite)
c. Autres manifestations associées
Très diverses, traduisant un état septicémique. Il s’agit:
➢De poly-micro-adénopathies intéressant toutes les aires ganglionnaires surtout la
chaine occipitale postérieure, les ganglions épitrochléens;
➢D’une alopécie: temporale mais aussi des sourcils, de la barbe, des cils (elle se
répare toujours);
➢De céphalées intenses, à prédominance nocturne;
➢De fébricules.
3-2. La syphilis secondaire (suite)
e. Evolution
➢Traitées, les lésions de la syphilis secondaire s’effacent rapidement sans laisser de
cicatrices.
➢Non Traitées, elles persistent pendant quelques mois puis disparition spontanée
des lésions.
➢Devant toutes manifestations cutanées associant papules et lésions muqueuses non
accompagnées de prurit dans un contexte de bon état général, penser à la syphilis.
3-2. La syphilis secondaire (suite)
a. Diagnostic
➢ Diagnostic positif
• Clinique
La syphilis secondaire peut simuler toutes les dermatoses (grande simulatrice de Fournier).
• Paraclinique
- Bactériologique par recherche de Tp sur les plaques muqueuses ou les érosions.
- Sérologie : tous les examens sont positifs :
- BW (Bordet Wasserman)
- TPHA (Treponema palludum haemagglutination assey) ;
- FTA abs test (IFI) ;
- VDRL (Venereal disease reseach laboratory) ;
- TPI (Treponema palludum immobilization).
3-2. La syphilis secondaire (suite)
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel se fera avec :
➢Le lichen plan ;
➢Le PRG ;
➢Les dermatophyties ;
➢Les leishmanioses;
➢Le PRG (pityriasis rosé de Gibert);
➢La lèpre….
3-3. La syphilis latente
➢ C’est une phase asymptomatique qui fait suite à la phase secondaire.
➢ Elle peut durer de nombreuses années, elle comprend :
• une phase initiale contagieuse (syphilis latente précoce) et
• une deuxième phase non contagieuse (syphilis latente tardive).
3-4. La syphilis tertiaire
➢Elle est rare et est peu contagieuse.
➢Cette phase est marquée par des complications cutanéo-muqueuses,
neurologiques, cardiaques….
a. Les complications cutanéo-muqueuses
➢Tubercules
Ils sont isolés ou en nappes, profondément enchâssés dans le derme, ils dessinent
par confluence des segments de cercle, des cocardes à extension centrifuge.
➢ Gommes
Il s’agit des lésions dermo-hypodermiques, initialement fermes, qui se ramollissent
avant de s’ulcérer. Elles laissent couler une sérosité gommeuse avant de se
cicatriser.
3-4. La syphilis tertiaire (suite)
b. Complications osseuses
➢ Surviennent par extension du processus gommeux aux os ; en particulier atteinte :
• des os propres du nez ;
• des os du crâne ;
• du tibia.
➢ L’association des lésions osseuses avec celles des parties molles avoisinantes conduit à
de graves lésions destructives, à une déformation du nez, du tibia « en lame de sabre ».
c. Complications cardio-vasculaires
Elle touche l’aorte et se complique d’insuffisance aortique et d’anévrisme calcifié de
l’aorte thoracique.
3-5. La neurosyphilis
➢Elle correspond à la contamination du système nerveux central qui peut se faire à
différents stades de la maladie (syphilis secondaire, latente, tertiaire).
➢La neurosyphilis peut être asymptomatique ou se manifester par différents
syndromes :
• Méningite ;
• Accidents vasculaires cérébraux ischémiques ;
• Paralysie générale (troubles des fonctions supérieures évoluant vers une démence)
• Tabès ou ataxie locomotrice progressive.
3-6. La syphilis congénitale
➢ La syphilis congénitale est la conséquence du passage transplacentaire de Tp (pendant
les deux derniers trimestres de la grossesse). On distingue :
a. La syphilis fœtale:
➢Elle se révèle à la naissance et associe une hépatosplénomégalie, une pneumonie, une
hydrocéphalie, une ostéochondrite et une pancytopénie.
➢L’évolution est habituellement mortelle.
b. La syphilis congénitale précoce :
Elle se révèle de la naissance à 2 ans (c’est l’équivalent congénital de la syphilis
secondaire).
c. La syphilis congénitale tardive :
Elle se révèle après l’âge de 2 ans (c’est l’équivalent congénital de la syphilis tertiaire).
3-6. Examens complémentaires
Conduite à tenir devant une sérologie syphilitique positive isolée.
➢Un sérodiagnostic positif peut être observé chez des patients asymptomatiques et découvert à
l’occasion d’un examen biologique systématique (examen prénuptial, grossesse, service-
militaire).
➢On distingue trois situations :
1). TPHA - / VDRL +
• Le TPHA étant un test spécifique, sa négativité témoigne de l’absence de syphilis.
• Le VDRL positif correspond alors à un faux positif.
2).TPHA + / VDRL -
• Il s’agit d’une syphilis traitée
• Le VDRL peut en effet se négativer 1 à 2 ans après le traitement d’une syphilis.
3). TPHA + / VDRL +
Ce résultat peut s’observer au cours des différents stades de la syphilis.
3-6. Examens complémentaires (suite)
➢ Lorsque le patient est asymptomatique, cela correspond à une syphilis latente qui
peut être soit précoce soit tardive.
➢ En l’absence de renseignement concernant l’ancienneté de la syphilis on
considère qu’il s’agit d’une syphilis latente tardive dont le traitement repose sur 3
injections d’ExtencillineR à une semaine d’intervalle.
V. Traitement
➢ Le traitement doit être instauré à la phase primaire et secondaire
➢Le plus précocement possible, car s’il est tardif, il risque de ne pas empêcher les
manifestations tardives de la syphilis.
➢Les partenaires sexuels doivent être traités aussi ;
➢Principes du traitement : maintenir pendant une quinzaine de jours une
pénicillinémie suffisante et constante sup. 0,03u/ml de sérum : d’où utiliser les
pénicillines couvrant 24 h ou plus.
➢Surveillance sérologique tous les 3- 6 mois afin d’observer une diminution de la
sérologie jusqu’à sa négativité éventuelle.
V. Traitement (suite)
d. Syphilis congénitale
➢En cas de syphilis congénitale virulente : Penicilline G aqueuse
➢Des doses minimes les tous premiers jours sont conseillées :
5 UI/kg 1er jour, 10 UI/kg 2ème jour, 100UI le 3ème jour, 1000 UI 4ème jour puis
50000 UI/kg/jour pendant 10 jours jusqu’à 3ans.
V. Traitement (suite)
5-3. Les accidents du traitement
a. Réactions allergiques
➢Immédiates dont certaines sont mortelles: choc anaphylactique ou ;
➢Retardées (urticaire, syndrome de Lyell).
V. Traitement (suite)
b. Réaction d’Herxheimer
➢ Il s’agit d’une exacerbation des lésions syphilitiques associée à une poussée inflammatoire
provoquée par le traitement entrainant une lyse brutale des Tp.
➢ Manifestations cliniques:
• Signes généraux plus ou moins sévères : fièvre minime ou supérieure à 40° avec syndrome
pseudo-palustre.
• Signes focaux : exacerbation passagère des phénomènes congestifs au niveau des foyers de la
maladie.
- Foyer cutané : œdème péri-chancreux, accentuation de la roséole ou de la papulose.
- Localisations viscérales graves et mortelles, surtout le foyer cardiaque qui entraine une
obstruction brutale des coronaires.