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Introduction

1. INTRODUCTION

Le cours de système politique sénégalais complète et dépasse à la fois le cours de droit


constitutionnel. En effet, il complète le cours de droit constitutionnel parce qu’il étudie la
spécificité du droit constitutionnel sénégalais à côté des aspects des modèles
représentatifs du droit constitutionnel occidental. Il le dépasse parce qu’il permet
d’appréhender des considérations qui ne trouvent pas leurs fondements dans le droit.
Ces considérations sont de nature politique, économique ou sociale, mais ont
nécessairement des influences sur le droit, sur l’évolution même des institutions
constitutionnelles et sur leur fonctionnement. Pour une meilleure compréhension de ces
aspects, il faudra procéder aux précisions terminologiques qui sont nécessaires pour
saisir la réalité téléologique du cours.

I- PRECISIONS TERMINOLOGIQUES

Il convient d’apporter des éclaircissements relatifs aux notions de régime politique et de


système politique.

A- Le régime politique

Dans son Dictionnaire de la Science Politique, Guy Hermet définit le régime politique
comme étant le moyen de « rendre compte de la manière spécifique dont sont organisés
les pouvoirs publics, c'est-à-dire leur mode de désignation, leurs compétences
respectives et les règles juridiques et politiques qui gouvernent leurs rapports. »

Ces paramètres ne sont pas présumés. Ils sont nécessairement prévus par un texte : la
Constitution. Le régime politique est alors constitué de l’ensemble des règles
constitutionnelles relatives à la dévolution et à l’exercice du pouvoir au sein d’un Etat
ainsi qu’aux rapports qu’entretiennent les différents pouvoirs publics.

De cette définition, il faut d’abord relever que le régime politique est spécifique à l’Etat
qu’il concerne. C'est-à-dire qu’il est possible d’opérer une distinction entre le régime
politique sénégalais et les régimes politiques des autres Etats.

Ensuite, il faut relever que du fait du caractère mouvant de la Constitution qui peut faire
l’objet de révisions, le régime politique n’est pas immuable et peut faire de mutations. Il
faut simplement préciser que tout changement de Constitution n’entraine pas
obligatoirement un changement de régime politique. Mais un changement de régime
politique ne peut se faire que par le biais d’une révision constitutionnelle.

Pour toutes ces raisons, les régimes politiques sont étudiés dans le cours de droit
constitutionnel.

Au total, la lettre d’une Constitution permet d’identifier la nature du régime politique


qu’elle organise. Elle ne renseigne pas sur la nature du système politique.

B- Le système politique
Reprenant Guy Hermet, le système politique sera défini comme étant « un mode de
représentation conceptuelle des interactions politiques et des institutions qui, dans un
pays donné ou dans tout autre cadre de pouvoir, déterminent les décisions auxquelles
se soumettent la plupart des personnes ou entités collectives incluses dans ce pays ou
cadre. »

A la lumière de cette définition, le système politique apparait comme étant beaucoup


plus large que le régime politique. Il englobe en effet l’ensemble des institutions tant
politiques, sociales, culturelles et économiques que celles constitutionnelles, notamment
dans leur relation avec le pouvoir politique. Le système politique est alors
nécessairement ouvert sur son environnement dont il subit les influences. Il comporte
des inputs (entrées) que sont les demandes et les exigences des membres de la société
ou des autres systèmes. Il comporte aussi des outputs (sorties) que sont les réponses
que le système donne aux demandes formulées : ce sont les décisions politiques.

Il est alors nécessaire dans l’étude du système politique d’insister non seulement sur des
considérations juridiques, mais aussi sociologiques, historiques, politiques,
philosophiques ou économiques. D’ailleurs, contrairement au régime politique, le
système politique est l’objet d’étude des politistes.

II- PRECISIONS TELEOLOGIQUES

Au sortir de ce cours, qui se situe aux confins du droit constitutionnel et de la science


politique, l’étudiant en tant que futur juriste devra être capable de mener une analyse
approfondie des principes d’organisation du pouvoir politique au Sénégal en prenant en
compte l’ensemble des facteurs qui interviennent, de manière directe ou indirecte, sur
cette organisation. Il s’agira alors d’identifier les normes fondamentales qui organisent le
pouvoir politique sénégalais étant entendu qu’il faut avoir une vision large du concept
norme car, regroupant à la fois des considérations juridiques et non juridiques.

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’étudier les différents régimes politiques qui
se sont succédés au Sénégal en mettant en exergue l’évolution et l’influence des
différentes forces politiques sur chaque régime. Dans cette perspective, la démarche
historique trouve toute sa pertinence. Dès lors, après avoir retracé l’évolution politique
sénégalaise de la veille des indépendances à la 3ième République (1ière partie), la
3ième République fera l’objet d’une analyse spécifique (2ième partie).

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