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Infractions en matière de
répartition des résultats
2021-2022
Introduction
Il est impératif de souligner que la réalisation des bénéfices est alors un résultat
profitable non seulement à la société mais également à l'État. Ces derniers feront
d'abord l'objet d'un prélèvement fiscal, ensuite une partie sera réinvestie dans la
société sous forme de réserves et une troisième partie enfin sera distribuée au titre de
dividendes. Cette dernière étape joue un rôle déterminant dans la vie des sociétés
commerciales, ce qui justifie l’intérêt d’envisager cette thématique. Il convient donc
de définir la notion de distribution de dividende (résultat).
Juridiquement, la distribution est une opération consistant à attribuer à chacun ce qui
lui revient en vertu d'une répartition. En effet, il existe plusieurs types de
distribution : une distribution des deniers, une distribution des affaires, une
distribution des pouvoirs en faisant allusion à la séparation des pouvoirs, ou encore
une distribution des bénéfices qualifiés de dividendes.
Étymologiquement, le dividende correspond au terme latin dividendus qui signifie
« qui doit être divisé ». Ce terme est lui-même issu du verbe dividere, verbe
équivalant à partager, répartir ou encore séparer. Ordinairement, le dividende suggère
l'idée d’une compensation, ou alors de contrepartie. Il apparaît ainsi comme la
rétribution d'un effort, d'un sacrifice.
1 https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/lexique-juridique/dividende.html
1
La répartition des dividendes s’effectue d’office par la société. Cependant, cette
dernière doit respecter le cadre légal fixé par le législateur sous peine de sanctions.
Cela dit, il existe une panoplie de mécanismes qui sont mis à la disposition des
associés pour s'assurer que les dirigeants respectent l'égalité et la légalité de
l’opération de distribution. En effet, les dirigeants parfois soucieux de miroiter une
situation financière sociale qui n'est pas réelle, peuvent effectuer une gestion
frauduleuse destinée à tromper les associés ou les tiers2.
À cet effet, les associés sont capables de contrôler la gestion de leurs apports par les
moyens d'information dont ils disposent. Ils ont donc la possibilité d'être au courant
d'une éventuelle irrégularité dans la distribution des dividendes. Dans le même sens,
le commissaire aux comptes veille à la régularité de la distribution notamment à
travers la possibilité de révéler les faits délictueux qu'il constate lors de l'exercice de
ses fonctions, sous peine de mise en cause de sa responsabilité pénale. Il contrôle
aussi le respect de l'égalité entre les associés. On soulève alors la nécessité de
désigner un commissaire aux comptes dans toutes les sociétés commerciales.
Le non-respect du cadre légal donne lieu à des sanctions, ces dernières sont prévues
par l’article 384 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes. Ainsi, la distribution
irrégulière est un délit de distribution des dividendes fictifs. Il faut rappeler que cet
article prévoit également d’autres infractions notamment celle relative à la
présentation des comptes infidèles qui se rattache au résultat atteint par la société,
mais pour rester fidèle au choix de cette thématique, il conviendrait de cibler
uniquement le délit de la répartition de dividendes fictifs.
Bien qu'il ne soit pas direct, on peut dire qu'en sanctionnant la distribution de
dividendes ne résultant pas de la réalisation d'un bénéfice par la société, le législateur
protège dans le même temps les créanciers sociaux, les actionnaires mais aussi la
société notamment en ce qui concerne son patrimoine3.
La problématique qui apparait alors est la suivante : « Dans quelle mesure s’apprécie
la fictivité des dividendes ainsi que la responsabilité de ses auteurs ? »
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Plan :
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I- La répartition de dividendes fictifs : infraction pénale
La répartition de dividendes fictifs constitue un délit conformément à l’article 384
de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes. Cette infraction est de la même
manière prévue par l'article 107 de la loi nº 5-96 relative aux sociétés commerciales
autres que la société anonyme.
Ce délit nécessite obligatoirement la réunion de deux éléments : l’élément matériel
(A) et l’élément moral (B).
L’élément matériel qui apparaît à la lecture de l’article 384 est soit l’absence
d’inventaire, soit l’établissement d’inventaire frauduleux qui fait apparaitre des
bénéfices artificiels.
Cela dit, trois éléments ressortent à la lecture de cet article :
4 https://www.upsilon-consulting.com/2021/02/responsabilite-penale-des-dirigeants-maroc/
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Quant à la minoration du passif, elle peut se traduire par l’omission de l’inscription
d’une charge, en reportant une partie des frais généraux sur le compte de l’exercice
suivant. On peut également sous-évaluer le montant d’une dette5.
2. Dividendes fictifs :
L’article 331 de la loi 17-95 prévoit que : « Tout dividende distribué en
violation des dispositions de l'article 330 précédent est un dividende fictif ». Cet
article détermine clairement le caractère fictif des dividendes par renvoi à l’article
330.
À la lecture de l’article 330, on s’aperçoit qu’il s’agit des « bénéfices nets de
l’exercice, diminué des pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve
par application de l’article 329 et augmenté du report bénéficiaire des exercices
précédents ». Il s’agit ici de réserve légale qui correspond, d'après l’article 329 à un
prélèvement de 5% affecté à la formation d’un fond de réserve. Il faut rappeler qu’il
existe différents types de réserves et que la distribution de ces réserves, constituant
une garantie pour la défense des créanciers, des actionnaires, et des tiers en général,
aurait le caractère de dividendes fictifs distribués.
Pour résumer, la loi 17-95 interdit la distribution dans deux cas :
Il s’agit tout simplement d’une distribution qui va porter sur des sommes
prélevées sur le bénéfice net et attribuées aux bénéficiaires en leur qualité
d’actionnaires. Le délit se trouve donc consommé au moment où le conseil
d’administration ou la gérance a décidé de mettre d’une manière effective les
dividendes en distribution. Il est impératif de rappeler que cette distribution des peut
être effectuée par tout moyen (chèque, espèces…)
En effet, d’après l’arrêt de la Cour de Cassation française du 28 mars 1936, le délit de
distribution de dividendes fictifs est consommé dès que le dividende a été mis à la
disposition des actionnaires par une décision ouvrant à leur profit un droit
privatif dont la valeur entre aussitôt dans leur patrimoine.
55 https://www.village-justice.com/articles/delit-distribution-des-dividendes-fictifs-droit-des-societes-ohada,26386.html
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B- L’élément moral de l’infraction
6 https://www.upsilon-consulting.com/2021/02/responsabilite-penale-des-dirigeants-maroc/
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II- La responsabilité des personnes impliquées :
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En ce qui concerne les sanctions de ce délit, le législateur prévoit d’une part, une
peine d’emprisonnement d’un à six mois et une amende de 100.000 à 1.000.000 DHS
ou de l’une de ces deux peines seulement. Notons que la jurisprudence française
prévoit également la possibilité d’intenter une action civile mais seulement lorsque
deux conditions sont réunies, d’abord la distribution doit avoir été faite en violation
des articles relatifs au bénéfice distribuable, ensuite la société ou ses créanciers ayant
subi le préjudice doivent prouver que les bénéficiaires avaient connaissance du
caractère irrégulier de cette distribution au moment de celle-ci, ou ne pouvaient
l’ignorer compte tenu des circonstances. Ainsi si le tribunal ordonne la restitution des
dividendes, les actionnaires seront tenus de les restituer avec l’intérêt de ces sommes.
Suivant la logique juridique, il est à noter que le délit de distribution de dividendes
fictif est une infraction instantanée, même si ses effets se prolongent dans le temps,
ce délit est donc prescrit par cinq ans à compter du jour ou le délit été commis.
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La seconde infraction concerne la révélation de faits délictueux, dans la mesure où le
commissaire aux comptes est tenu par une obligation d’information, en effet, les
organes doivent être informés de tout fait délictueux. Il est à noter que le législateur
marocain par le biais de l’article 180 de la loi 17-95, a également prévu des sanctions
à l’encontre du commissaire aux comptes ayant commis des fautes ou des
négligences dans l’exercice de ses fonctions. Cela nous permet donc d’affirmer que le
commissaire aux comptes peut être tenu responsable des dommages causés s’il na pas
révélé des faits délictueux qu’il savait ou qu’il aurait dû savoir dans l’exercice de
ses fonctions. Par ailleurs, contrairement à son homologue français, le législateur
marocain n’a pas prévu une disposition imposant au commissaire aux comptes
d’informer le Procureur du Roi des faits délictueux qu’il aurait constaté lors de
l’exercice de ses fonctions.