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PARTIE 1 : LES REGLES DE CONSTITUTION COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES
TITRE 1 : LE CONTRAT DE SOCIETE
CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS GENERALES DU CONTRAT DE SOCIETE
Section 1 : Les conditions de fond
Les conditions communes à tous types de contrats. En application de l’article 2 DOC, 4 conditions sont essentielles à la
validité du contrat de société. Les deux premières, attachées à la personne de l’associé, concernent son consentement (I)
et sa capacité à contracter (II). Les deux dernières exigent de la société qu’elle ait un objet mais aussi une cause licite
(III).
B. La simulation du consentement
Définition. La condition relative à l’existence du consentement se traduit, en droit des sociétés, par l’exigence d’un
consentement non simulé. La simulation consiste pour les associés à donner l’apparence de constituer une société alors
que la réalité est toute autre. La simulation consiste donc à conclure un contrat fictif. A cette occasion, une société est
créée, mais elle dissimule une exploitation personnelle. Pour les associés qui donnent leur consentement, ce
consentement n’est qu’apparent.
Formes de la simulation. La simulation peut prendre trois formes différentes. Elle peut porter sur l’existence du contrat
de société, sur la nature du contrat conclu, ou sur la personne d’un ou plusieurs associés : c’est l’hypothèse de
l’interposition de personne.
Simulation portant sur l’existence du contrat. Dans l’hypothèse où la simulation porte sur l’existence du contrat de
société, on dit que la société est fictive. L’acte de constitution est fictif. Une telle simulation se rencontre lorsque les
prétendus associés n’ont eu aucune intention de s’associer ni de coopérer, ni même de contracter, mais poursuivaient un
but étranger à la constitution d’une société.
La société ne répond pas aux critères distinctifs de la société comme la pluralité d’associés, ou encore l’affectio societatis
et n’a aucune existence juridique. Alors qu’une partie de la doctrine considérait que la sanction d’une société fictive
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était l’inexistence, la jurisprudence a tranché en faveur de la nullité, laquelle n’a pas d’effet rétroactif en droit des
sociétés. Dès lors, les tiers de bonne foi peuvent se prévaloir de l’existence, même très brève, de la société.
Simulation portant sur la nature du contrat. Cette hypothèse se rencontre lorsque la conclusion du pacte social dissimule
une autre opération, tenue secrète. Les parties donnent au pacte qu’ils concluent l’apparence d’un contrat de société,
alors qu’il s’agit, en réalité, d’une opération dont ils se gardent de révéler la véritable nature aux tiers. Souvent, la société
apparente cache une opération illicite, déguisant une volonté de fraude (généralement considérations fiscales,
successorales...). Ex. : un contrat de travail pour se soustraire aux lois sociales ; un contrat de vente pour bénéficier
d’une fiscalité moins lourde…
Simulation portant sur la personne de l’associé. Cette catégorie de simulation correspond à l’hypothèse de l’interposition
de personne. Celui qui se présente comme associé n’est en réalité que le prête-nom du véritable associé qui préfère agir
en « coulisse ». En pratique, deux contrats sont conclus : un contrat de société, le second étant un mandat conclu entre
le véritable associé et le prête-nom. Cette situation n’est sanctionnée qu’en cas d’existence d’une fraude.
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Atténuation. Plus grave est le cas d’une société pluripersonnelle qui devient unipersonnelle en cours de vie sociale. Il
en est ainsi lorsque toutes les parts sociales se trouvent réunies entre les mains d’un seul associé. Ce type de difficultés
peut se rencontrer dans les sociétés ayant un faible nombre d’associés. L’un des deux associés décède et n’a pas d’héritier
; l’un des associés rachète toutes les parts des autres associés. La société devient alors unipersonnelle, on parle de société
« à main unique ». En application de l’article 982 DOC, la société unipersonnelle devrait être dissoute car en vertu de
la théorie classique de l’unité du patrimoine, on admettrait qu’une seule et même personne puisse être à la tête de deux
patrimoines. Ce n’est pourtant pas la solution qui a été admise et il a été admis, comme tempérament, la survie temporaire
de la société unipersonnelle.
A. L’apport en numéraire
Définition. L’apport en numéraire est l’apport que l’associé réalise par le versement de la somme à laquelle il s’est
engagé. Il est de loin le plus fréquent en pratique. La somme est transférée à la société et versée soit intégralement au
moment de la constitution de la société, soit successivement, à des époques fixées par les statuts. Le montant des apports
pour la SA par exemple est fixé à un minimum de 3 000 000 Dhs (si APE41). En contrepartie de son apport, l’associé
reçoit des droits sociaux (actions dans les sociétés par actions, parts sociales dans les autres sociétés).
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Régime juridique. Deux opérations distinctes président à la réalisation des apports : la souscription et la libération. La
souscription de l’apport s’analyse en une promesse de réaliser l’apport tandis que la libération est le versement effectif
de la somme d’argent promise. La totalité du capital prévu doit être souscrite au moment de la promesse car la société
ne sera créée qu’autant que le capital aura été souscrit. En outre, une fraction de l’apport doit obligatoirement être libérée
par chaque associé au moment de la souscription. En règle générale, il revient aux statuts de fixer le montant de cette
fraction ainsi que les modalités de la libération du reste, càd du solde des apports (notamment pour les sociétés de
personnes qui ne sont tenus par aucun délai légal).
Cette liberté statutaire disparaît néanmoins dans deux cas : dans les SA et les SARL, la loi exige la libération du quart
au moins de la valeur nominale des actions42 ou des parts souscrites43. La libération du surplus doit intervenir en une
ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder respectivement trois ans et cinq ans. Dans les SAS, le capital doit
être libéré en totalité dès la signature des statuts44.
A la date de libération du surplus, le versement effectif des fonds doit avoir lieu, par un versement d’espèces, remise
d’un chèque ou par ordre de virement.
Les fonds sont bloqués sur un compte bancaire au nom de la société en formation pour devenir disponibles après
l’exécution des formalités d’immatriculation.
Sanctions. Chaque associé est débiteur envers les autres associés de tout ce qu’il a promis d’apporter à la société (art.
995 DOC al. 1er). Par conséquent, les autres associés peuvent le contraindre à exécuter son engagement sans avoir été
mis au préalable en demeure de payer45. L’associé même de bonne foi peut être condamné à verser en outre des
dommages-intérêts moratoires (DI du fait du retard art. 997 DOC) pour le préjudice subi par la société du fait dudit
retard. Par ailleurs, les autres associés peuvent même faire prononcer son exclusion, sans préjudice des DI (art. 996 al.
2nd).
B. L’apport en nature
Définition. L’apport en nature consiste en tout bien attribué à la société, autre qu’une somme d’argent, susceptible d’une
évaluation pécuniaire et pouvant être exploité commercialement. Il peut s’agir de biens immobiliers (terrains et
immeubles bâtis), de biens meubles corporels (véhicules, matériel, outillage, mobilier, marchandise) ou incorporels
(fonds de commerce, droit au bail, droits de propriété industrielle, droits d’auteur, créances…). L’apport en nature peut
être fait selon trois modalités : en pleine propriété, en jouissance ou en usufruit.
L’apport en pleine propriété. Il se réalise par le transfert à la société de la propriété du bien et par sa mise à la disposition
effective de la société. Cet apport est assimilé à une vente, à cette différence près que la contrepartie n’est pas constituée
par le paiement d’une somme d’argent mais par l’attribution de droits sociaux. L’apporteur transfère à la société tous
les droits qu’il a sur ce bien, de même que les risques46. Néanmoins, ce transfert ne peut intervenir avant que la société
ait été immatriculée, date à laquelle elle acquiert la personnalité juridique47. Avant l’immatriculation, les risques
demeurent donc à la charge de l’apporteur. Le transfert de propriété doit être constaté selon les règles qui sont propres
au bien apporté : pour les immeubles immatriculés, il va falloir respecter les règles de la publicité foncière pour
l’opposabilité de l’opération aux tiers, pour un droit au bail, l’accord du bailleur, pour les droits de propriété
intellectuelle, l’inscription de l’apport sur le registre national de l’Office marocain de la propriété industrielle et
commerciale...
L’apport en jouissance. Dans le cas d’un apport en jouissance d’un bien, l’apporteur conserve la propriété de la chose,
mais il est tenu de la mettre à disposition de la société pour une durée déterminée. La société dispose ainsi du libre usage
du bien apporté pour une période déterminée ou pour toute la durée de vie de la société. Par conséquent, à la dissolution
de la société, l’apporteur reprend, en qualité de propriétaire, le bien qu’il a apporté. Toutefois, si le bien porte sur des
biens fongibles48 (marchandises ou valeurs mobilières), la société devient propriétaire du bien apporté et devra, à
l’expiration du délai convenu, en rendre une quantité et une valeur égales. Ce type d’apport est assimilable à une
location, à cette différence près que l’apport en jouissance permettra l’attribution de parts sociales et une fraction des
bénéfices, non le paiement d’un loyer. La perte de l’apport en jouissance entraîne la dissolution de la société à l’égard
de tous les associés (art. 1052 DOC) puisque l’apporteur se trouve dans l’impossibilité de réaliser son apport.
L’apport en usufruit. Cet apport confère à la société, outre l’usage et la perception des fruits, un droit réel sur le bien
apporté, même si elle n’en a pas la propriété. À la différence de l’apport en jouissance, l’apport d’un usufruit repose sur
un démembrement du droit de propriété. Il entraîne le transfert en pleine propriété à la société d’un droit réel dont se
dépouille l’apporteur. L’apport en usufruit de biens immobiliers est réglementé par l’article 79 et suivants du Code des
droits réels. La loi permet ainsi à l’usufruitier de constituer des hypothèques sur l’immeuble dont il a l’usufruit. Cet
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apport s’opère donc par transmission d’un droit réel, mais le droit transféré n’est qu’un droit de jouissance. La société
n’acquiert pas le droit de disposer du bien.
Régime juridique des apports en nature. L’apporteur reçoit des droits sociaux à hauteur de la valeur du bien mis à la
disposition de la société. Les apports en nature soulèvent par ailleurs la difficulté particulière de leur évaluation. Il
revient à l’apporteur de faire cette évaluation mais, il y a lieu de craindre que le bien ne soit surévalué. Ce serait là une
source d’erreur pour les créanciers sociaux sur la solvabilité de la société. Une telle erreur peut également avoir des
conséquences particulièrement graves dans les sociétés où les associés ne répondent pas personnellement du passif de
la société. La surévaluation est également préjudiciable à l’égalité entre associés. En effet, les parts ou actions sont
attribuées à chacun en proportion des apports effectués et toute majoration gonflerait artificiellement la participation de
l’apporteur. De la même manière, toute sous-évaluation de l’apport aurait des conséquences néfastes sur la situation de
l’apporteur. C’est pourquoi l’intervention d’un commissaire aux apports est obligatoire pour tout apport en nature dans
les SA ainsi que pour les apports d’un montant important dans les SARL. Dans les SARL, les associés ne sont pas liés
par l’évaluation du commissaire aux comptes. S’ils décident de s’en écarter, ces derniers deviennent alors responsables
solidairement de leur propre évaluation.
C. L’apport en industrie
Définition. L’article 982 DOC vise, sous le nom d’apport en industrie, une troisième catégorie d’apports. Le terme d’«
industrie » doit être pris dans son sens étymologique de travail. L’apport en industrie est donc en premier lieu un apport
de travail : l’apport par un individu de son activité, de sa compétence, de son expérience professionnelle. L’apport en
industrie ne se limite toutefois pas à ce type d’apport. En effet, cet apport peut également consister en un apport
d’influence lorsque l’associé fait bénéficier la société de son nom, de sa réputation, de ses relations. Quoi qu’il en soit,
le travail effectué doit l’être de manière indépendante sans que l’apporteur ne soit subordonné à la société ou aux autres
associés.
L’apport en industrie reste rare en pratique. Le statut de salarié est souvent préféré aussi bien par celui qui apporte son
activité que par la société elle-même. Lorsqu’un associé fait un apport en industrie, celui-ci est rémunéré par l’attribution
de parts sociales et l’apporteur est considéré comme un associé à part entière. Néanmoins, ce type d’apport ne contribue
pas à former le capital social et cette particularité fait son originalité par rapport aux autres types d’apport.
L’apport en industrie n’est pas saisissable et ne peut conférer à son titulaire de parts sociales. Ce type d’apports n’est
possible que dans les sociétés de personnes dans lesquels les associés sont tenus indéfiniment sur leurs biens personnels.
On parle alors non pas de parts sociales mais de parts d’ « intérêts » ou parts d’ « industrie », càd la contrepartie d’un
apport non constitutif du capital social. Ces parts donnent droit à une quote-part dans les bénéfices, évaluée en fonction
et d’après l’importance de l’apport effectué pour la société (art. 1033 al. 4 DOC).
A. Définition
Confusion du législateur marocain entre capital et actif social. Selon l’article 992 DOC alinéa 1er, « le capital est
constitué de l’ensemble des apports des associés et des choses acquises moyennant ces apports, en vue des opérations
sociales ». Vraisemblablement, le DOC semble confondre capital et actif social. En effet, le capital social est composé
du total du montant des apports en numéraire et des apports en nature, à l’exclusion des apports en industrie. L’actif
quant à lui est constitué en revanche des choses corporelles et incorporelles acquises moyennant ces apports. L’alinéa 4
du même article opère une autre déplorable confusion, lorsqu’il assimile le capital au « fonds commun des associés qui
y ont chacun une part indivise proportionnellement à la valeur de son apport ». Le législateur marocain ici a purement
et simplement confondu la société dotée de la PM et l’indivision.
Règle de la fixité du capital social. En effet, le capital social est la propriété exclusive de la société et non des associés
qui n’y ont, à terme, qu’un simple droit de créance, lequel est au surplus aléatoire au moment de la dissolution de la
société.
D’un point de vue économique et financier, le capital représente la richesse de la société. Mais cette affirmation n’est
vraie qu’au moment de la constitution de la société, càd au moment où celui-ci équivaut à l’actif net de la société. Cet
actif net de la société est constitué principalement, outre des apports des associés, des résultats accumulés et conservés
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dans la société depuis sa création. C’est donc ce dernier qu’il convient de consulter pour connaître la véritable valeur de
la société en cours de vie sociale.
En revanche, le capital social représente la valeur portée au bilan indiquant le montant de l’actif en dessous duquel les
associés s’interdisent tout prélèvement à leur profit. En effet, le capital social est régi par la règle de la fixité selon
laquelle toute modification de cette valeur en cours de vie sociale est en principe interdite. Le capital social joue dès lors
une fonction essentielle dans la société.
I. L’objet de la participation
La participation aux résultats consiste soit à partager les bénéfices résultant de l’exploitation (A) ou à contribuer
éventuellement aux pertes (B).
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au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Ce serait augmenter leurs engagements, ce que la loi ne permet pas51. La
contribution aux pertes sera déterminée normalement à la fin de la société et elle ne concerne que les rapports entre
associés. Elle se distingue de l’obligation aux dettes sociales qui se caractérise par l’engagement des associés à l’égard
des créanciers sociaux et détermine le droit de poursuite des seconds sur les premières.
Dans les sociétés à l’occasion desquelles la responsabilité des associés est illimitée, l’obligation au passif social des
associés est indéfinie, conjointe ou solidaire selon les cas. Dans ce type de sociétés, les associés peuvent être poursuivis
pour l’ensemble des dettes sociales (en cas de solidarité) ou une fraction d’entre elles (en cas d’obligation conjointe).
Ils sont en quelque sorte garants de la société. A l’inverse, pour les associés qui voient leur responsabilité limitée à leurs
apports (SA), chacun n’est tenu qu’à la seule contribution aux pertes52, limitée au montant de son apport (car la société
seule est obligée à la dette). Une fois qu’il a libéré celui-ci, ni la société, ni les créanciers sociaux ne peuvent plus rien
exiger de lui.
La contribution aux pertes permet ainsi de déterminer qui supportera définitivement le poids des pertes de la société, et
dans quelle proportion il le fera. En effet, les associés doivent contribuer aux pertes en respectant la règle de la
proportionnalité, càd selon la part de capital détenue dans la société.
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Cependant, cette règle n’est pas d’OP et admet les clauses statutaires contraires. Une telle souplesse s’explique par le
souci du législateur de permettre que certains associés soient favorisés par rapport à d’autres, suivant l’intérêt qu’ils
portent à la société. Dès lors, la loi réserve aux associés le droit de fixer un autre mode de répartition des bénéfices et
des pertes.
La validité des clauses d’inégalité de traitement. Plusieurs hypothèses sont envisageables, tel le retour à la règle de
l’égalité. En effet, les statuts peuvent prévoir un partage égal des bénéfices et des pertes malgré des apports de valeur
inégale. Chacun recevra la même quotité de dividende, indépendamment de sa participation initiale. A l’inverse, se
trouve le cas de partage inégal, en dépit d’apports de même valeur. Par ailleurs, les statuts peuvent décider de favoriser
certains associés en leur attribuant une part plus importante des bénéfices. Ce type de partage non proportionnel est
d’ailleurs légalement organisé dans certains types de société. Par exemple, dans les SA notamment, le législateur permet
de créer des actions de priorité qui peuvent conférer à leurs titulaires des droits patrimoniaux plus importants qu’aux
titulaires d’actions ordinaires. On compte aussi les actions à dividendes prioritaires sans droit de vote57.
Cette règle d’un partage égal ou inégal des bénéfices existe également pour la contribution aux pertes. Les statuts
peuvent ainsi prévoir que les pertes seront, elles aussi, soient également partagées, ou l’être de manière inégale. Une
certaine liberté est donc laissée aux associés. Elle a toutefois une limite.
La prohibition des clauses léonines. Toute stipulation en vertu de laquelle il serait attribué à un associé la totalité du
profit58 procuré par la société ou l’exonérant de la totalité des pertes59, ou encore celle excluant un associé de la totalité
du profit ou mettant à sa charge la totalité des pertes doit être réputée non écrite. Une telle clause vide le contrat de
société de son essence. En effet, l’interdiction repose sur l’idée qu’il est contraire à la nature de la société que certains
associés puissent participer aux bénéfices et ne rien risquer quand d’autres, au contraire, subissent l’aléa social sans
contrepartie.
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de recevoir les dividendes. Néanmoins, l’égalité reconnue entre associés ou actionnaires doit permettre de reconnaître à
tous les associés le droit de contrôler, de critiquer le déroulement des affaires sociales, voire d’y participer.
Vraisemblablement, l’affectio societatis ne se conçoit pas à propos de la société unipersonnelle. Seul un acte unilatéral
de volonté préside à l’existence de ce type de société.
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II. Le régime juridique de la société en participation
Dans les rapports des associés entre eux. La liberté statutaire est la règle dans les sociétés en participation. Les associés
conviennent donc librement de l’objet social, de leurs droits et obligations respectifs et des conditions de fonctionnement
de la société69. Si l’objet de la société est civil, ce sont les règles du DOC qui s’appliquent ; s’il est commercial, ce sont
les règles relatives à la société en nom collectif qui sont appliquées.
Pourtant, certaines règles impératives relatives à la constitution et au fonctionnement des sociétés doivent être
respectées. Notamment, lorsque la société a un objet commercial, les associés gérants doivent avoir la capacité
commerciale si la société est occulte. Si la société est révélée, tous les associés doivent avoir cette capacité.
Les statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants ; à défaut, tous les participants sont gérants et chacun d’eux engage
sa responsabilité personnelle à l’égard des tiers avec lesquels il a traité.
La société n’étant pas dotée d’un patrimoine propre, seuls des apports en jouissance sont possibles et les biens en nature
mis à sa disposition restent donc la propriété personnelle ou indivise des associés. Il est également interdit d’augmenter
les engagements des associés en cours de vie sociale sans leur consentement unanime. L’accord unanime des associés
est en principe nécessaire avant toute cession de parts sociales, sauf disposition statutaire contraire.
Au moment de la dissolution de la société en participation, chaque associé a droit au paiement de ses dettes, au
remboursement de ses apports et à une part de l’actif subsistant proportionnellement à ses apports. En l’absence de
dispositions statutaires contraires, sont applicables les règles régissant la société en nom collectif ou la société civile,
suivant que la société en participation a un objet commercial ou civil.
Dans les relations avec les tiers. Lorsque la société en participation est occulte, les tiers ne sont en rapport qu’avec le
gérant. Ils ne connaissent que ce dernier lorsqu’ils ont traité avec lui et cela s’explique du fait que la société n’a aucune
existence juridique pour eux (pas d’immatriculation). En effet, le gérant agit en son nom personnel et pour son propre
compte (rappelez-vous, la SEP n’a pas la personnalité morale donc pas d’écran entre son gérant et les tiers). Il est donc
seul engagé, même lorsqu’il révèle le nom des autres associés70, et les opérations qu’il effectue ne produisent effet que
sur son patrimoine personnel. S’il n’honore pas ses engagements envers les tiers, il peut être déclaré en règlement ou en
liquidation judiciaire. Les associés du gérant ne peuvent être poursuivis par les créanciers de ce dernier et, de la même
manière, les débiteurs de la société ne sauraient être poursuivis que par le gérant lui-même, à titre personnel (la société
n’est pas habilitée à ester en justice faute de personnalité morale). On peut dire, au demeurant, que le gérant d’une SEP
est l’ « écran » entre les associés et les tiers. En revanche, lorsque la société est ostensible, càd lorsque les participants
agissent publiquement en qualité d’associés au vu et au su des tiers, chacun est tenu indéfiniment des engagements
souscrits par le gérant71. La révélation de la société aux tiers peut se faire de plusieurs manières : publicité, papiers à
entête, ouverture d’un compte bancaire au nom de la société…bref, tout acte révélant l’existence de la société.
La dissolution de la SEP. La dissolution de la SEP intervient soit après la réalisation de l’objet social, soit pour une
cause personnelle à l’un des associés (incapacité ou décès). Lorsqu’elle est à durée indéterminée, tout participant peut,
à tout moment, demander la dissolution via une notification adressée aux autres associés72. Faute de personnalité
morale, la dissolution de la SEP consiste en un règlement de comptes entre participants. Les participants ayant conservé
la propriété de leurs apports les reprennent, soit en nature ou en valeur, et les biens indivis sont partagés entre les
associés. Les bénéfices et les pertes sont liquidés selon les clauses statutaires si celles-ci ont été prévues, dans le respect
du principe de proportionnalité à défaut73.
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envisagent de s’associer, mais elles ne sont pas encore parvenues à s’accorder sur les éléments essentiels de la future
société. Il ne s’agit que d’une invitation à entrer en pourparlers et, juridiquement, le projet de société n’engendre aucune
obligation à la charge des parties qui restent libres de poursuivre, ou non, les négociations. Ce n’est que si les
négociations progressent que le projet se transforme en promesse de société. Les fondateurs ou les futurs associés ont,
à ce stade, pu envisager la forme de la société, le montant de son capital, le lieu de son siège et la répartition des pouvoirs
et fonctions. En cas de rupture de la promesse, l’exécution forcée ne pourra être exigée et la sanction ne pourra consister
qu’en l’octroi de dommages-intérêts sur le fondement de la responsabilité civile délictuelle. Si en revanche, les parties
se sont mises d’accord sur tous les éléments et poursuivre leur projet, l’étape qui suivra est celle de l’établissement et
de la signature81 de l’acte social appelé « statuts ».
La rédaction et la signature des statuts. Pour toutes les sociétés destinées à être dotées de la personnalité morale, la loi
prescrit la rédaction de statuts82. Un certain nombre de mentions obligatoires doivent y figurer, qui comprennent
l’indication du montant des apports de chaque associé, la forme juridique de la société, sa durée, sa dénomination, son
siège et son objet. Ils doivent préciser les modalités de fonctionnement de la société83.
Les statuts peuvent être rédigés par acte authentique ou sous seing privé et doivent être signés par tous les associés. Les
statuts constituent non seulement le support nécessaire à la publicité84 eu Registre du commerce mais aussi le fondement
du pacte social : c’est à la date de leur signature que l’on apprécie les conditions requises pour la validité du contrat.
L’importance des statuts est telle qu’ils vont régir l’ensemble de la vie sociale et leur modification ne pourra avoir lieu
en cours de vie sociale que selon une procédure lourde et complexe.
Outre les statuts, l’acte de société (statuts) comporte des « annexes » qui précisent les décisions relatives aux premiers
dirigeants, et contiennent le rapport des commissaires aux apports (lorsqu’il y en a eu, en cas d’apports en nature85),
ainsi que l’état des actes accomplis par les fondateurs pendant la période où la société est dite « en formation »86. C’est
cet état des actes accomplis avant que la société ne soit immatriculée qui fera l’objet d’une reprise ultérieure87, par la
société nouvellement constituée, pour lui être pleinement imputable.
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échéance, dans la société en participation, les associés conviennent entre eux de ne pas immatriculer le groupement
social.
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B. Le défaut de reprise
Règle. En l’absence de reprise, c’est le principe de la responsabilité personnelle des personnes qui ont agi au nom de la
société en formation qui s’applique. Cette responsabilité est solidaire si la société est commerciale, sans solidarité si la
société est civile.
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En contrepartie de ces attributs, qui sont en réalité des droits, la personne morale acquiert, à l’instar des personnes
physiques, des devoirs dont le non-respect engage sa responsabilité.
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