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Publications de l'Institut d'études

et de recherches interethniques et
interculturelles

Les premiers résultats d'une recherche. Le profil d'un coopérant : le


volontaire du Service national 1972
Denyse Harrari

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Harrari Denyse. Les premiers résultats d'une recherche. Le profil d'un coopérant : le volontaire du Service national 1972. In: La
formation des coopérants. Actes du colloque organisé par la Commission nationale pour les études interethniques et
interculturelles les 26 et 27 avril 1972 à Paris. Nice : Institut d'études et de recherches interethniques et interculturelles, 1973.
pp. 43-71. (Publications de l'Institut d'études et de recherches interethniques et interculturelles, 3);

https://www.persee.fr/doc/ierii_1764-8319_1973_act_3_1_858

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Les premiers résultats d'une recherche

Le profil d'un coopérant : le volontaire

du service national 1972

DENYSE HARRARI

(O.C.D.E., Centre de Développement, Division de la Recherche)

Introduction

Le Centre de développement a une vocation d'information et


d'étude au sein de l'O.C.D.E., orientée à la fois vers les problèmes
des pays en voie de développement et vers les problèmes des rap¬
ports de ces derniers avec ses pays membres. C'est dans cet esprit
qu'il a entrepris la description analytique du personnel français
d'assistance technique. Ce projet a une optique sociologique. Les
assistants techniques constituent une nouvelle classe de spécia¬
listes dans nos sociétés, un groupe professionnel qui mérite, en
raison de l'importance à la fois de ses effectifs et de leurs fonc¬
tions, d'être mieux défini.
Parallèlement à l'intérêt d'ordre scientifique qui anime le Centre,
celui-ci poursuit en s'engageant dans cette étude un objectif pra¬
tique : il contribue effectivement à la collecte de données de base
indispensables. Celle-ci doit en effet nécessairement précéder tout
examen comparatif des méthodes de sélection de personnel d'assis¬
tance technique que les pays donneurs d'aide, membres de
l'O.C.D.E., pourraient entreprendre. Or, un tel examen est bien
dans la ligne des activités d'harmonisation des politiques d'aide
44 Denyse Ha

renseignements collectés par les services de gestion.


Du fait du manque d'homogénéité de ces informations, les
nées utilisables pour une telle enquête se sont trouvées très
tées. Nous avons alors décidé de recourir à un sondage direc
nous réservant la possibilité d'exploiter plus tard, dans une p
ultérieure du projet, les données de base auxquelles nous a
eu accès grâce à l'obligeance du Centre de mécanographi
Secrétariat d'État aux Affaires étrangères chargé de la Coopéra
et à la Direction des Affaires culturelles et techniques du
d'Orsay.
Pour ce sondage, nous avons eu toutes facilités auprè
Bureau de liaison des assistants de la coopération tech
(B.L.A.C.T.).
Ainsi nous avons pu approcher directement, dans le cadr
stage que le Secrétariat aux Affaires étrangères organise ann
ment à l'intention du personnel enseignant que la France fo
aux États de l'Afrique francophone, et qui s'est tenu en j
1971 à Orléans, 360 volontaires du service national 1 auxquels
avons distribué notre questionnaire. Ils l'ont rempli sur pla
Les autorités compétentes du Secrétariat d'État ont égale
accepté de distribuer ce même questionnaire aux V.S.N. rec
en novembre 1971, qui n'avaient pas participé au stage d'Or
La distribution a eu lieu au moment où ils remplissaient au m
tère de la Coopération leaf formalités d'incorporation. Ces c
rants étaient affectés aux secteurs les plus divers : enseignem
secteurs techniques et administratifs. Sur les 630 questionn
distribués, 469 ont été remplis.
Parallèlement ont répondu à notre questionnaire :
a) les stagiaires civils, hommes et femmes, anciens et novic
coopération, qui participaient à la session d'Orléans, soit 140
gnants en tout ;
b) les encadreurs de ce groupe, eux-mêmes des anciens c
rants du secteur de l'enseignement, au nombre de 107 ;
c) trois petits groupes de coopérants des secteurs techniqu
administratifs en stage de recyclage à Paris, réunissant une
taine de personnes en tout.

1. En France, les jeunes appelés du service national ont le choix entr


Le volontaire du Service national 45

Enfin, nous avons eu accès à certaines des données recueillies


par la firme Marcomer, filiale de l'I.F.O.P. en Afrique, qui a pro¬
cédé en juin 1971, pour le compte du Secrétariat d'État chargé de
la Coopération, à une enquête auprès des coopérants de l'aide bila¬
térale française en poste en Afrique francophone. L'objet de l'en¬
quête Marcomer était de fournir à l'administration certaines don¬
nées sur les conditions de travail et de vie dans les différents pays
en vue d'un réajustement de l'échelle des rémunérations et des
indemnités de séjour dans ces pays. Bien que le but poursuivi ait
été très éloigné de celui de notre étude, les questions objectives
posées coincidaient avec celles de notre questionnaire. Les réponses
à ces questions ont donc pu être réunies pour les deux enquêtes.
L'enquête Marcomer a atteint 1 154 coopérants en poste dans
15 pays et 10 secteurs d'emploi. L'échantillon auquel elle s'adres¬
sait a été extrait du fichier des 11 000 coopérants environ gérés par
le Secrétariat d'État chargé de la Coopération, et il est repré¬
sentatif
68 °/o. de cette population. Le taux de réponses obtenu a été de

L'échantillon considéré dans ce rapport

Notre échantillon total se compose donc d'environ 2 400 coopé¬


rants français en poste au cours de l'année 1971-1972 dans les pays
d'Afrique noire et à Madagascar. Ce chiffre peut paraître modeste
comparé à celui de l'effectif total de personnel de coopération
technique français qui s'élevait en 1970 à 37 472 agents 2. Toutefois,
il inclut un groupe de 829 V.S.N., soit plus du tiers des 2 138 appe¬
lés du contingent affectés par la France en 1971 à la coopération
en Afrique. Et c'est essentiellement sur ce groupe de V.S.N. que
portera le présent rapport.

Intérêt du groupe des volontaires du service national

Les V.S.N. constituent en effet un groupe d'un intérêt particulier


dans une étude de la coopération française. Les raisons en sont
les suivantes :
46 Denyse Ha

1° Les autorités responsables fondent de grands espoir


cette source de recrutement pour rajeunir les cadres, car :
a) elle fournit, contrairement au marché de l'emploi sur l
sont recrutés les coopérants civils, un nombre de candidats
rieur au nombre de postes à pourvoir, situation qui est en pri
favorable à une meilleure sélection ;
b) elle constitue une réelle pépinière de coopérants ; selon
statistique du Secrétariat d'État, 15 % des V.S.N. recrutés
1964 et 1969 ont renouvelé leur contrat ;
c) le niveau de qualification des candidats est supérieu
niveau moyen des assistants techniques vétérans. Les prest
fournies par les V.S.N. pourraient donc être concentrées dan
domaines de spécialisation avancés. Leurs interventions
raient être limitées à des postes pour lesquels il est encore i
sible de trouver parmi les cadres locaux des agents du nive
qualification requis. Ceci favoriserait, en conformité avec l'
tation générale actuelle, une sélectivité plus poussée de l'assis
technique française et, parallèlement, l'africanisation accéléré
postes de moindre technicité pour lesquels les qualification
nationaux atteignent progressivement le niveau voulu.
- 2° Les V.S.N. qui ne renouvellent pas leur contrat rappo
\ tout de même de leur mission une image du tiers monde qui c

I rieur
bue
prête
ci
de
sursis


pourrait
servir
àLes
Enfin,
àle
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coopération
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coopérants.
s'étendre
problèmes.
V.S.N.
deoù
vers
futurs
ils
est
surle
manifestent
très
tiers
la
coopérants
période
largement
monde.le
dq

Estimation par catégorie du coût d'un coopérant pour l'évalu


du budget 1972 (en francs)

Secteur enseignement Secteurs techniques et administrat

Militaire
Civil V.S.N. hors cadre Civil V.S.
Le volontaire du Service national 47

Le tableau ci-après permet de situer l'importance des V.S.N. en


nombre et en pourcentage du total des coopérants français d'autres
statuts au 1er janvier 1972 :

Fonctionnaires Contractuels V.S.N.

6 112 3 031 2 138


66,8 °/o 33,2 °/o
Total 9 143
81 °/o 19 %

Description générale de l'échantillon des V.S.N.

Le questionnaire utilisé a été conçu en vue de recueillir deux types


de données.

1° Des données objectives relatives à :


a) l'identification du coopérant (état-civil, situation familiale) ;
b) sa période de pré-coopération :
— son origine géographique (propre, et celle de ses parents),
— son origine sociale (profession du père),
— le lieu de résidence où il a passé son enfance,
— son niveau et son type de qualification,
— ses contacts avec l'étranger ;
c) la période de coopération :
— son secteur d'emploi,
— son pays d'affectation.

2° Des données subjectives relatives à ses attitudes et à ses préoc¬


cupations concernant sa carrière, son rôle, la perspective dans
laquelle il situe ce rôle. Les questions touchent les points suivants :
a) La coopération dans le cadre de ses projets personnels :
— quels motifs l'ont incité à rechercher une expérience de
la coopération ?
— quelle place cette expérience occupe-t-elle dans ses plans
d'avenir ? S'agit-il d'une expérience qui s'insère dans une ligne
48 Denyse Harrari

b) Image prospective de la vie du coopérant concernant en


particulier :
— les difficultés à affronter,
— sa position au plan professionnel et dans l'environnement
du pays d'accueil (contacts, relations).
c) L'opinion du coopérant sur son rôle :
— le rôle de coopérant tel qu'il le conçoit idéalement,
— le cadre économique et politique de ce rôle.
Devant ces questions, le répondant se situe — suivant ses préoc¬
cupations personnelles — sur un plan matériel, professionnel ou
idéologique.

1. Présentation des données objectives

a) Identification
Des 829 V.S.N. interrogés et sursitaires pour la plupart, 40 % sont
âgés de plus de 24 ans. Plus du tiers (37 %) sont mariés, et 34 %
sont accompagnés de leurs femmes ; 10 % sont pères de famille.
Normalement, la coopération ne prend pas en charge les épouses
des V.S.N. Cependant, sur les 305 V.S.N. mariés, 285 sont accom¬
pagnés de leurs femmes, et 18 % d'entre elles ont obtenu un
contrat de coopération. Parmi les autres, 31 %, bien que non coopé¬
rantes, ont un emploi sur place.

Situation des épouses de coopérants (305 V.S.N. mariés)

Nombre %

Épouse coopérante 55 18
Accompagnent leur conjoint
mais ne travaillent pas 135 45
Épouse a un emploi, mais
n'est pas coopérante 95 31
Épouse n'accompagne pas le
coopérant 20 6
305 100
Le volontaire du Service national 49

b) Pré-coopération

La proportion des coopérants qui sont nés à l'étranger est de 8 %.


Elle est inférieure à celle des Parisiens de naissance, qui est de
12 %. 16 % ont un au moins de leurs parents né à l'étranger
ou dans un territoire d'outre-mer.
La résidence familiale de 25 % d'entre eux a changé de cadre
avant qu'ils n'atteignent l'âge de 14 ans. Pour 11 %, le déplacement
s'est effectué à travers une ou plusieurs frontières. 32 % ont passé
leur enfance dans une grande ville et 17 % en milieu rural. Les
autres ont vécu dans de petites villes françaises de moins de
100 000 habitants.
Pour ce qui est de l'origine sociale 3, 2% des répondants ont
refusé d'indiquer quelle avait été la profession de leur père celui-
ci était âgé de 40 ans. Pour les autres, suivant les professions
indiquées, ils ont été regroupés en trois classes, modeste, moyenne
et élevée (l'énumération des professions rangées dans chaque
classe est donnée en annexe) ; 31 % des répondants ont ainsi été
classés dans la classe supérieure et 18 % dans la classe la plus
modeste. Près de la moitié (49 %) sont de classe moyenne.

3. La répartition en 3 classes, modeste, moyenne, élevée, est faite selon


la profession, à l'âge de 40 ans, du père du coopérant.
Liste des professions énumérées dans le questionnaire
modeste
ouvrier ou employé agricole
ouvrier qualifié ou contremaître
employé
militaire
moyenne
employé (commerce, industrie, services, banque ou autre)
fonctionnaire
technicien
enseignant
artisan
exploitant agricole
petit commerçant
cadre moyen (commerce ou industrie)
élevée
haut fonctionnaire
profession libérale
ingénieur
industriel
cadre supérieur
50 Denyse Harrari

Lieu d'habitation jusqu'à l'âge de 14 ans

Nombre %

La famille s'est déplacée 206 25


Grande ville 265 32
Petite ville 214 26
Communauté rurale 144 17

829 100

Origine sociale

Nombre %

Origine modeste 149 18


Origine moyenne 404 49
Origine élevée 253 31
Non réponse 23 2
829 100

Les répondants ont tous un niveau d'instruction supérieur ou


équivalent au baccalauréat, condition nécessaire à l'agrément de
leur candidature au service de coopération. Du fait de leur âge,
certains n'ont pas complété leurs études universitaires. Ils repré¬
sentent 11 % de l'échantillon. Un petit pourcentage (7 %) ont
obtenu des diplômes techniques. Mais plus du tiers (35 %) sortent
d'une grande école ou ont obtenu leur diplôme de doctorat, tandis
que les 47 % restants sont des diplômés de l'université.
Parmi les répondants, on compte 60 % de scientifiques et 29 %
de littéraires. Les 10 % restants sont diplômés des facultés de
droit ou d'écoles de commerce.
Le niveau de connaissance des langues étrangères des répon¬
dants est moins brillant que la proportion de diplômés parmi eux
ne le fait supposer.
Près de la moitié (45 %) des répondants déclarent n'être capable
de parler aucune langue couramment. Les trois quarts d'ailleurs
n'ont jamais passé plus de six mois hors de France, ni pour y
poursuivre des études, ni professionnellement.
Le volontaire du Service national 51

Discipline de formation

Nombre %

Scientifiques 505 61
Littéraires 242 29
Commerce et droit 81 10
828 100

c) La période de coopération

Les coopérants ont à faire face, dans leurs pays d'accueil, à des
conditions de vie très différentes de celles auxquelles ils sont habi¬
tués. Celles-ci varient suivant les pays auxquels ils sont affectés.
Certains de ces pays ont atteint un niveau de développement plus
avancé que d'autres. Les pays auxquels sont affectés les V.S.N.
de notre échantillon sont les pays de l'Afrique noire francophone,
Madagascar et l'île Maurice. Nous avons distingué deux groupes
parmi ces pays, en nous basant sur leur niveau de développement,
et avons considéré individuellement un cas particulier. Les critères
sur lesquels est fondé notre regroupement sont ceux qui ont servi
de base au Comité de la planification des Nations unies pour éta¬
blir une liste des pays les moins développés4.
Parmi les pays d'affectation de notre échantillon, 6 ont atteint
un niveau de développement qui les place dans une catégorie au-
dessus des pays qui satisfont à ces critères.
Nous avons réuni dans nos tableaux, sous la rubrique « Pays
du groupe I », cinq de ces pays qui sont : le Cameroun, le Congo
Brazzaville, Madagascar, le Sénégal et le Zaïre.
Le sixième, la Côte d'Ivoire, présente, comme nous l'avons dit,
un cas particulier. A la fois en raison de sa croissance économique

4. Le Comité de la planification du développement des Nations unies a


établi une liste des pays les moins développés, en se basant sur les cri¬
tères suivants : le produit intérieur brut par habitant ne dépasse pas
52 Denyse Harrari

dont le taux a été exceptionnel au cours des 10 dernières années,


et des accords dits de « globalisation des charges financières »
signés avec la France dès 1966. Les accords prévoient que toutes
les dépenses de coopération qui dépassent un forfait de 42 millions
sont remboursées intégralement par la Côte d'Ivoire, disposition
qui permet de satisfaire les demandes croissantes que formule ce
pays sans grever le budget français au-delà de la limite fixée. Les
chiffres relatifs à la Côte d'Ivoire sont donc présentés séparément
dans nos tableaux.
Parmi les autres pays de l'Afrique francophone, 7 satisfont aux
trois critères qui définissent les pays les moins développés. Ces
pays
le Ruanda
sont leetBurundi,
le Tchad.le Dahomey, la Haute-Volta, le Mali, le Niger,

5 autres pays satisfont deux sur trois de ces critères et s'éloi¬


gnent de peu des limites fixées par le troisième. Ces pays sont :
la République centrafricaine, le Gabon, la Mauritanie, l'île Maurice
et le Togo.
Ce sont ces 12 pays que recouvre la rubrique « Pays du groupe
II » dans nos tableaux.
La répartition entre Côte d'Ivoire, pays du groupe I et pays
du groupe II des répondants de notre échantillon correspond assez
fidèlement à la ventilation de l'effectif total des V.S.N. dans ces
mêmes pays.

Répartition par pays d'affectation des V.S.N. 1972

Échantillon O.C.D.E. Effectif total des


V.N.S. en 1972

Nombre % Nombre %
Côte d'Ivoire 147 18 369 17
Groupe I 329 40 825 39
Groupe II 318 38 933 44
Non réponse ou organismes
communs 35 4 11 —
629 100 2138 100

On remarquera que la Côte d'Ivoire à elle seule absorbe 18 %,


près du cinquième des effectifs de V.S.N. affectés à 18 pays.
Les répondants sont répartis entre 11 secteurs d'intervention.
Le volontaire du Service national 53

Ceux qui sont affectés à l'enseignement sont de loin les plus nom¬
breux : 435 coopérants, soit 52 % de l'échantillon (pourcentage cor¬
respondant à la proportion globale des enseignants à l'ensemble
des coopérants français) ; 89 coopérants sont versés dans l'admi¬
nistration générale et judiciaire, soit 11 %, et les autres sont rela¬
tivement éparpillés parmi les divers secteurs techniques, depuis le
secteur des infrastructures à celui des communications radiopho-
niques en passant par les secteurs de développement rural et indus¬
triel et du tourisme.

Répartition des répondants par secteur d'emploi


Nombre %

Administration générale et
judiciaire 89 11
Secteurs techniques :
Infrastructures 78 9
Transports 22 3
Tourisme 3 0
Développement industriel 58 7
Développement rural 68 8
Santé 51 6
Culture et information 11 1
Coopération radiophonique 5 1
296 "35
Enseignement et formation 435 53
Autres réponses 9 1
829 100

2. Présentation des données subjectives

Une seconde partie du questionnaire est orientée vers les aspects


spécifiques du rôle de l'assistant technique tels qu'ils apparais¬
sent à l'intéressé lui-même : l'environnement du rôle, l'image du
rôle, la finalité de son activité. Les question posées se rapportent
à 4 plans différents : les uns révèlent des préoccupations d'ordre
matériel ; d'autres ont trait au plan professionnel ; d'autres encore
concernent l'environnement social ; les dernières touchent à l'idéo¬
logie, à la conception globale que l'intéressé peut avoir du cadre
économique et politique de son activité.
54 Denyse Harrari

a) La coopération dans le cadre des projets personnels du


coopérant

Sur ce sujet, le questionnaire s'est d'abord intéressé aux raisons


pour lesquelles les V.S.N. ont choisi la coopération. Une liste de
8 motivations possibles était proposée5, le répondant étant prié
d'en classer 3 dans l'ordre décroissant de leur importance pour
lui. La première motivation énoncée, «éviter de servir dans les
forces armées » s'adresse spécifiquement aux V.S.N. On peut sup¬
poser que pour un grand nombre de ceux-ci elle constitue une
raison décisive pour choisir le service de coopération parmi les
formes de service national qui leur sont proposées. 35 % des répon¬
dants n'ont pas hésité à l'admettre. Les fréquences respectives des
autres réponses
couramment citées
ontdans
été les
plus
articles
dispersées.
et études
Celles-ci
consacrées
sont à
lesl'assis¬
plus

tance technique. Elles ont également été citées par les quelques
coopérants chevronnés et responsables du recrutement qui ont
été consultés à ce sujet lors de la préparation du questionnaire.
L'ensemble peut se résumer dans le tableau ci-contre.
La place importante accordée à la curiosité s'explique sans doute
par l'âge, relativement jeune, des répondants et le moment de leur
vie qu'ils traversent : la plupart d'entre eux ont complété leurs
études mais ne se sont pas encore engagés dans la carrière à
laquelle ils se destinent. Leur séjour en coopération est la pre¬
mière occasion qui leur est offerte de voir le monde. Mais la
réponse peut n'être qu'une échappatoire. C'est la réponse qui
engage le moins, la moins révélatrice.
Parmi les projets personnels du coopérant pour son séjour en
coopération, le questionnaire envisage ensuite la durée de l'expé¬
rience.

Plus de la moitié (53 %) de notre échantillon s'est prononcée sur


cette question, 8 % n'y ont donné aucune réponse et pour 39 %
elle reste ouverte : ils ne savent pas encore si leur curiosité, ou
toute autre motivation qui les pousse à partir, les animera encore
au-delà de la période de leur contrat actuel, et s'ils seront tentés
de renouveler leur engagement.
11 % seulement de notre échantillon envisagent, dès le départ,

5. Éviter de servir dans les forces armées, avantages financiers, désir


de sortir du pays natal, curiosité envers des horizons nouveaux, intérêt
pour les problèmes du tiers monde, acquérir une expérience professionnelle,
occasion d'exercer des responsabilités plus grandes, considérations humani¬
taires.
Le volontaire du Service national 55

Motivations Mentions en Ceux qui la Choix


1er choix mentionnent* pondéré**

Nombre % % %
Éviter de servir
dans l'armée 288 35 71 26
Curiosité 239 29 70 25
Recherche d'une expérience
professionnelle 98 12 42 14
Intérêt pour les problèmes
du tiers monde 86 10 36 12
Considérations humanitaires 53 6 27 8
Désir de sortir de chez soi 27 3 20 6
Désir des responsabilités
accrues 14 2 14 4
Avantages financiers 16 2 15 4
Autres réponses et
non réponses 8 1 3 1
829 100 100

* Pourcentage dans l'échantillon total des individus ayant mentionné cette


réponse (en 1™, en 2e ou en 3e position).
** Calculé par rapport au nombre total de mentions ; chaque mention a
un coefficient suivant sa position : 3 en premier choix, 2 en second choix
et 1 en troisième choix.

de consacrer une tranche de leur vie à la coopération : entre 4 et


10 ans — ce qui est presque une carrière 6.
17 % sont résolument « circonstantiels ». Ils savent qu'ils ne
prolongeront pas leur séjour au-delà de la durée légale du service
national. Il est à remarquer que ce pourcentage est inférieur à
celui des répondants pour lesquels « éviter de servir dans les
forces armées » est la motivation de départ. Ceci indique que quel¬
ques-uns des V.S.N. qui ont déclaré qu'ils avaient voulu « éviter
l'armée » avant toute autre considération sont néanmoins ouverts
à la possibilité d'un séjour en coopération prolongé au-delà de la
période obligatoire. Le pourcentage des V.S.N. qui ne rejettent pas
56 Denyse Harrari

l'idée de prolonger le contrat en cours, mais cependant se refusent


à passer plus de 4 ans au service de la coopération est de 25 %,
proportion déjà importante. Nous les avons classés sous la rubri¬
que « transitoires » dans le tableau suivant qui résume l'ensemble
des positions décrites.

Nombre %

Circonstantiels 137 17
Transitoires 205 25
Carrière 88 11
Indécis 322 39
Non réponses 77 8

Les projets d'avenir de ces jeunes gens expliquent sans doute les
raisons de leurs attitudes. Interrogés sur leurs projets d'avenir,
sur le lieu où ils envisagent de se fixer, le secteur d'emploi et le
type de carrière qu'ils embrasseront, 65 % des répondants indi¬
quent qu'ils ne pensent pas faire leur carrière ailleurs qu'en
France. La presque-totalité de ceux-ci (62%) continuent leur car¬
rière dans le secteur d'activité dans lequel ils effectuent leur mis¬
sion 7. 38 % des répondants se destinent à la fonction publique,
8 % envisagent de partir pour l'étranger et 7 % de s'établir dans le
tiers monde. Ces positions sont résumées dans le tableau suivant.

Projets d'avenir

Nombre %

secteur public 308 38


France
secteur privé 236 27
Étranger 65 8
Tiers monde 58 7
Ne sais pas 134 16
Non réponse 28 4
829 100

7. 16 % désirent changer de secteur après la coopération. Il s'agit très pro¬


bablement en grande partie d'ingénieurs et techniciens versés dans l'ensei¬
gnement des matières scientifiques.
Le volontaire du Service national 57

Deux dernières questions se posent. La première est relative aux


avantages que les V.S.N. pensent tirer de leur expérience. Cette
question a inspiré des commentaires à 25 % des répondants qui se
sont ajoutés aux réponses pré-codifiées du questionnaire8.

Bilan a priori de l'expérience en coopération

Nombre %

Plutôt utile 628 76


Ne sais pas 148 18
Plutôt préjudiciable 12 1
Non réponse 41 5
829 100

Si 12 répondants seulement (1,5 %) prévoient un bilan négatif


pour leur séjour en coopération, un nombre moins négligeable de
répondants craint d'être affecté par son séjour en coopération au
point d'éprouver au retour des problèmes de réadaptation.
La question était posée dans les termes suivants : « Vous sentez-
vous très rassuré, plutôt rassuré, plutôt inquiet ou très inquiet à
l'idée des problèmes de réadaptation qui pourront se poser à votre
retour, ou estimez-vous n'avoir aucun sujet d'inquiétude parce que
l'éventualité d'une réadaptation ne s'applique pas à votre cas ? »
La distribution des réponses est chiffrée ci-dessous :

8. Parmi les commentaires sur l'utilité de l'expérience en coopération, nous


ne citerons que les plus caractéristiques :
« Toute expérience se traduit sur le plan professionnel »;
« Cela m'apprendra à me débrouiller » ;
« Même une expérience ratée est enrichissante » ;
« Utile dans une optique de recherche » ;
« L'utilité de l'expérience dépendra de l'importance que prendra le tiers
monde » ;
« Trouver un emploi dans lequel je pourrai profiter de l'expérience acquise
en coopération risque de ne pas être facile » ;
« J'aurai appris à regarder au-dessous de moi » ;
« J'aurai perdu 2 ans à enseigner alors que je ne m'y destine pas, mais
58 Denyse Harrari

Nombre %

Très rassuré 124 15


Plutôt rassuré 211 25
Plutôt inquiet 102 12
Très inquiet 14 2
Ne s'applique pas 378 46

Cette question a été commentée par 25 % des répondants. Nous


reproduisons ci-après les commentaires les plus détaillés :
Très rassuré : « Les problèmes rencontrés sont très similaires.
Seule l'optique change et il est toujours profitable de voir une
même question sous tous ses aspects ».
« Je pense que s'il y a problème, il s'agit d'un problème d'adap¬
tation à l'égard des pays du tiers monde et non de réadaptation
au retour. En effet, si l'on possède la ' disponibilité ', 1' ' écoute '
... nécessaires à la première adaptation, il semblerait curieux que
l'on ne possède plus ces facteurs pour se 'réadapter' ».
« J'acquerrai l'habitude d'envisager outre-mer les problèmes de
façon globale et ouverte (alors que le Français est généralement
d'esprit mesquin et borné) ».
Plutôt rassuré : « Le problème serait plutôt celui de la réadap¬
tation psychologique. Ayant vu les problèmes du tiers monde, je
pense que mon attitude plus responsable de membre d'un pays
'riche' face à toutes les pauvretés et misères pourra avoir une
influence sur ma vie professionnelle ».
« La vie à l'étranger oblige à une adaptation permanente qui
favorisera certainement notre réadaptation en France ».
Nous avons classé les autres commentaires suivant que les
raisons de l'optimisme ou de l'inquiétude exprimées nous ont paru
basées sur des raisons individuelles ou s'accompagner d'un effort
de rationalisation.
Sur 92 commentaires traduisant une certaine inquiétude chez
les répondants, 39 justifient cette inquiétude en invoquant des
raisons qui ne s'appliquent en fait qu'à leurs cas individuels, 53 la
fondent sur des raisons objectives, 70 se montrent inquiets par
nature, 91 voient des raisons objectives à leur optimisme.
Le volontaire du Service national 59

b) Image prospective de la vie du coopérant

L'image des obstacles qu'un futur coopérant s'attend à rencontrer


est révélatrice à la fois de la nature de ses préoccupations, et de
l'esprit dans lequel il aborde son nouvel environnement. Les
obstacles prévus dans le questionnaire sont les suivants : l'éloigne-
ment et les difficultés de communications, les conditions clima¬
tiques et d'hygiène, l'équipement médical et sanitaire, le logement,
les conditions de travail, les équipements culturels et de loisir,
l'équipement commercial et les facilités d'achat, le climat social
du pays d'accueil, l'avenir professionnel. Il est demandé au répon¬
dant d'indiquer, s'il imagine devoir être incommodé ou préoccupé
par ces difficultés, d'en classer 3 dans leur ordre d'importance
décroissante pour lui, ou bien d'énoncer sous la rubrique « autres
problèmes » ses propres préoccupations, si elles ne sont pas pré¬
vues dans la liste. 145 répondants, 18 % de l'échantillon, n'ont
indiqué aucun obstacle ; 365, soit 45 % de l'échantillon, en ont
indiqué deux et 295, 35 % de l'échantillon, en ont indiqué trois.
684 répondants ont désigné chacun parmi les 8 obstacles énumérés,
celui qui effectivement occupait la première place dans ses préoc¬
cupations. Dans le tableau suivant les obstacles sont ventilés par le
nombre et le pourcentage des répondants. La dernière colonne
indique le pourcentage de l'échantillon total de V.S.N. qui a men¬
tionné cet obstacle (comme constituant sa préoccupation princi¬
pale, ou comme préoccupation de second ou de troisième rang,
indifféremment).

Obstacles 1er choix % de


Nombre % mentions

Climat et hygiène 284 42 48


Éloignement communications 103 15 22
Conditions de travail 91 13 21
Climat social 77 11 23
Logement 42 6 13
Avenir professionnel 34 5 10
Équipement médical et sanitaire 24 4 9
Culture et loisirs 24 4 11
60 Denyse Harrari

La première constatation qui frappe lorsque l'on considère ce


tableau est l'importance donnée aux conditions climatiques et
d'hygiène. En seconde position par le nombre de mentions la
crainte de l'éloignement vient bien après. Et alors que 48 % des
répondants expriment des craintes relatives aux conditions clima¬
tiques et d'hygiène, l'état du climat social n'inquiète que 23 % des
personnes interrogées.
Dans une autre question relative au climat social, ce pourcen¬
tage d'inquiets est encore réduit, comme l'indique le tableau en
haut de la page 61.
En ce qui concerne les conditions matérielles et psychologiques
des activités qu'ils auront à exercer, un grand nombre de répon¬
dants sont optimistes et s'attendent à les trouver satisfaisantes.
Ces conditions sont classées dans l'ordre décroissant du nombre
de répondants qui s'attendent à les trouver satisfaisantes dans le
tableau suivant :

Nombre de % de l'échantillon
Conditions de travail répondants total de
satisfaits 829 V.S.N.

Les relations professionnelles avec


vos collègues compatriotes 360 43
Les relations professionnelles avec
vos homologues africains 333 40
Les relations avec vos subordonnés
africains (ou vos élèves si vous
êtes enseignant) 312 38
Le climat psychologique général de
travail 282 34
Les relations avec vos supérieurs
immédiats africains 282 34
Les relations avec des représen¬
tants de l'administration du pro¬
gramme d'aide 265 32
Le confort et l'hygiène de votre
lieu de travail 243 29
L'équipement matériel mis à votre
disposition et la facilité d'obtenir
les fournitures nécessaires 184 22
Les possibilités d'information et
de documentation professionnelles 146 17
Le volontaire du Service national 61

Climat social Nombre %

Très satisfaisant 50 6
Plutôt satisfaisant 447 54
Difficile 89 11
Très difficile 5 1
Non réponses 238 28
829 100

Un pourcentage qui varie de 8 à 17 % des répondants déclare


d'avance être indifférent à l'égard de ces mêmes conditions. Nous
les avons classées une fois encore suivant l'ordre décroissant de
l'indifférence qu'elles suscitent :

Nombre de
répondants %

Les relations avec les représentants


de la coopération 79 17
Le confort et l'hygiène des conditions
de travail 72 16
Équipement matériel et fournitures 68 15
Relations professionnelles :
— avec les collègues compatriotes 49 10
— avec les supérieurs africains 47 10
Le climat psychologique de travail 45 10
Les relations professionnelles avec
les subordonnés africains 36 8
L'information et la documentation 34 8
Les relations professionnelles avec
les collègues africains 30 7

Au plan des contacts possibles, le futur coopérant est interrogé


sur ceux qu'il imagine être les plus utiles s'il veut s'acquitter de sa
mission d'une façon satisfaisante. 16 % refusent de se prononcer.
Parmi ceux qui consentent à exprimer une opinion, la grande
majorité (74%) donne la préférence aux contacts avec des Afri¬
cains.
62 Denyse H

Nombre de
Contact le plus important répondants

Collègues africains 187


Milieux africains 155
Subordonnés africains 95
Administration locale 87
Collègues européens 85
Mission d'aide et de coopération 43
Milieux européens 41
693
Non réponses 136
829

La moitié des futurs coopérants hésitent d'ailleurs à é


une opinion sur les occasions qui leur seront données d'avoi
tivement des contacts avec l'ambassade de leur pays, leu
lègues africains, les sociétés africaine ou européenne locales
qui se hasardent à un pronostic se classent de la façon sui

Occasion de contacts
( % des réponses établi par rapport à 400 répondants )

Jamais Parfois

Avec l'ambassade 32 58
Avec la société locale :
— européenne 13 39
— africaine 16 30
Avec les collègues africains 12 28

Les répondants qui s'attendent à n'avoir jamais aucun c


avec les représentants diplomatiques de la France cons
32 % de ceux qui ont répondu, alors que 10 % seulement p
au contraire que ces contacts seront fréquents. 58 % prévoie
contacts occasionnels.
A l'inverse, 30 % espèrent entretenir des contacts fréquen
leurs collègues africains et le pourcentage de ceux qui ne
Le volontaire du Service national 63

Classement des qualités de l'assistant technique

Nombre de
Qualité V.S.N. qui l'ont % de
mentionnée l'effectif

Faculté d'adaptation 640 77


Pas de préjugés raciaux 544 66
Tact de compréhension 442 53
Contact facile 408 49
Compétence technique 406 49
Excellente santé 394 47
Réalisme 312 38
Sens pratique 295 36
Sens pédagogique 294 35
Maturité d'esprit 291 35
Esprit d'équipe 286 34
Diplomatie 272 33
Persévérance 240 29
Enthousiasme 210 25
Optimisme 201 24
Connaissance coutumes locales 199 24
Objectivité 191 23
Désintéressement 178 21
Bonne humeur 175 21
Imagination 171 21
Sens de l'humour 149 18
Sang-froid 147 18
Courage 118 14
Autorité 113 14
Esprit critique 110 13
Sens du devoir 82 10
Don de persuasion 73 9
Don d'expression 65 8
Flexibilité 42 5
Idéalisme 41 5
Sens du théâtre 15 2

3—1
64 Denyse Harrari

c) L'opinion du coopérant sur son rôle

Enquêter sur les opinions des V.S.N. relatives au rôle du coopé¬


rant, c'est chercher à :
— préciser les qualités qui caractérisent, à l'avis du groupe, le
coopérant bien équipé pour exercer son rôle ;
— définir le rôle du coopérant tel que les membres du groupe
l'imaginent ;
— situer ce rôle par rapport à la finalité de l'assistance techni¬
que telle qu'ils la conçoivent.
En vue de préciser les qualités du coopérant, une liste de 31 qua¬
lités a été établie. Elle propose, sans ordre, au choix du répondant,
les qualités les plus diverses caractérisant aussi bien la person¬
nalité individuelle, que l'aisance dans la vie sociale, et l'exercice de
la profession. Parmi ces qualités, il est demandé d'en sélectionner
dix, considérées comme souhaitables, et d'en classer les trois prin¬
cipales. Nous pouvons ainsi obtenir dans l'ordre décroissant de
leur mention un classement des 31 qualités qui dessine le profil
de l'assistant technique idéal aux yeux du groupe considéré.
La simplicité de cette méthode permettrait aussi bien de com¬
parer, soit des groupes divers à l'intérieur d'un même échantillon,
soit encore, à une échelle plus large, des représentants de pays
donneurs différents avec ceux de pays receveurs d'aide.
Notre échantillon de V.S.N. a donné le classement sur la page 63.
Deux qualités, la faculté d'adaptation et l'absence de préjugés
raciaux, sont mentionnées par les deux tiers au moins des V.S.N.
Pour quatre autres qualités, le pourcentage de l'échantillon total
de ceux qui les mentionnent se situe aux alentours de 50 %. On
constate ensuite, pour les autres qualités, qu'elles sont mention¬
nées par un pourcentage très graduellement décroissant de répon¬
dants.
Les qualités les moins mentionnées semblent sans liens entre
elles. Elles comprennent aussi bien la flexibilité que l'idéalisme.
Et pourtant la faculté d'adaptation, qualité qui vient largement en
tête du classement, exige bien une certaine flexibilité.
Dans une question suivante, diverses définitions du rôle de
l'assistant technique sont proposées aux V.S.N. Il est demandé au
répondant, pour chacune de ces définitions, d'indiquer si elle
s'accorde avec celle qu'il en donnerait lui-même, ou de la rejeter.
Les divers aspects du rôle de l'assistant technique énumérés ne
sont d'ailleurs pas exclusifs. Ils sont formulés dans le question¬
naire, et classés dans l'ordre d'approbation, de la façon suivante :
Le volontaire du Service national 65

Nombre
Nombre % d'absten-
de oui de oui tions*

L'assistant technique doit :


Mettre l'accent sur la formation
d'homologues plutôt que sur la
rentabilité des interventions tech¬
niques 706 93 70
Chercher à se rendre utile, même
au-delà des strictes limites de sa
mission 695 90 55
S'effacer devant les aspirations
nationales des pays hôtes 691 91 72
Chercher à faire cadrer ses activités
techniques dans une politique
d'ensemble 648 89 102
S'efforcer de présenter une image
favorable de son propre pays par
sa conduite personnelle 622 86 102
Ne pas intervenir personnellement
mais susciter les initiatives de son
homologue local 578 78 89
Savoir faire adopter les mesures
qu'il estime indispensables à la
réalisation de sa mission 558 77 107
Servir de médiateur entre deux
cultures 495 68 98
Faire bénéficier le pays d'accueil
de l'expérience acquise au cours
des siècles par la culture qu'il
représente 479 69 137
En cas de difficultés techniques ou
de conflit de personnes, ne jamais
perdre de vue les objectifs d'un
programme bien déterminé 473 69 141
Chercher à améliorer les techniques,
sans prétendre changer les hommes 377 52 105
Savoir traduire le modèle de déve¬
loppement économique qu'il pro¬
66 Denyse Harrari

On remarque que les définitions classées en tête de liste ont été


choisies par plus de 80 % des répondants.
Les deux définitions classées à la suite ont satisfait un nombre
de répondants très voisin du précédent.
A partir de la huitième définition, les avis sont plus partagés,
mais
78 %. le pourcentage de répondants favorable est encore de 68 à

C'est seulement sur les deux dernières définitions que les avis
sont à peu près également répartis.
Ils sont nettement défavorables à trois dernières définitions qui
sont formulées et classées de la manière suivante :

Nombre
Nombre % d'absten-
de oui de oui tions

L'assistant technique doit :


S'en tenir strictement à la réalisa-
tion d'un programme bien délimité 545 75 101
Diffuser les bienfaits et la culture
de son pays 439 60 95
Prendre fait et cause pour le pays
hôte 330 62 295

Pour sonder les opinions des V.S.N. relatives à la finalité de


l'assistance technique, une liste de thèses a été réunie. Ces thèses
expriment des opinions diverses, délibérément choisies en raison
de leur variété, et qui sont communément exprimées dans la
presse écrite et parlée.
Les tableaux suivants reproduisent ces thèses, telles qu'elles sont
formulées dans le questionnaire, et leur classement dans l'ordre
d'approbation :
Le volontaire du Service national 67

Opinions suscitant l'approbation de plus de 80 % des répondants

Nombre °/o Absten¬


de vrai de vrai tions

Le développement de l'Afrique
dépend surtout de la volonté des
pays concernés 688 92 84

Sans l'aide des pays industrialisés,


l'Afrique n'est pas en mesure
d'atteindre un degré de dévelop¬

pement social et économique suffi¬


sant 631 84 79

Le développement de l'Afrique
dépend surtout de la volonté des
grandes puissances 617 84 96

Opinions suscitant l'approbation de plus de 75 % des répondants

Nombre % Absten¬
de vrai de vrai tions

La colonisation des pays du tiers


monde a créé pour leurs coloni¬
sateurs l'obligation de les aider 588 78 73

Au rythme des efforts actuels, il est


très peu probable que nous assis¬
tions, dans les prochaines 30 an¬
nées, au décollage des pays

d'Afrique, sauf peut-être pour quel¬


ques cas exceptionnels 561 76 92

L'assistance technique est un moyen


68 Denyse Harrari

Opinions suscitant l'approbation de plus de 70 % des répondants

Nombre
de vrai de %vrai Absten-
tions

L'assistance technique a son fonde¬


ment dans la structure actuelle des
échanges internationaux. Les pays
d'Afrique ne réussiront à progresser
que si des modifications profondes
de cette structure interviennent 478 73 170
Si la France ne se charge pas du
développement de l'Afrique, celle-ci
risque de tomber sous l'influence
d'une autre nation 295 74 430

* Ce nombre d'abstentions (supérieur au pourcentage d'approbation) dénote


une indifférence à l'égard du maintien de l'influence française dans le monde
qui contraste avec l'affirmation largement soutenue des responsabilités qui
pourraient incomber à la France du fait de son passé colonial (voir page pré¬
cédente).

Opinions soutenues par plus de 60 % des répondants

Nombre % Absten-
de vrai de vrai tions

Le développement de l'Afrique
dépend du volume de l'assistance
fournie 463 66 126
L'assistance technique ne peut être
efficace que si l'attitude globale de
la France vis-à-vis de l'Afrique
change 392 61 182
En raison de l'imperméabilité des
cultures, l'assistance technique ne
peut que se limiter à apporter des
changements techniques sans cher¬
cher à infléchir les mentalités 425 62 145
Le volontaire du Service national 69

Opinions sur lesquelles les avis sont partagés

Nombre % Absten¬
de vrai de vrai tions

L'aide a principalement pour but


d'ouvrir aux pays industrialisés
de nouveaux marchés 398 54 95
La politique française, en réalité,
n'est pas orientée vers les pro¬
blèmes du développement 332 52 200
L'assistance technique a pour but
d'aider les mentalités à se convertir
au monde technique 341 49 129
La politique de coopération sert
de support au néo-colonialisme 366 55 161

Opinions rejetées

Nombre % Absten¬
de vrai de vrai tions

Si la France ne se charge pas du


développement de l'Afrique, celle-ci
risque de devenir communiste 151 26 214
La seule action individuelle possible
en faveur du progrès de l'Afrique
est l'action militante en vue d'une
modification de la structure des
échanges 141 36 434

La responsabilité des peuples concernés à l'égard de leur pro¬


pre développement n'est mise en doute que par un très petit
pourcentage de répondants (8 %). Nombreux sont ceux qui pen¬
sent néanmoins que l'aide des pays industrialisés est indispen¬
sable et ceux qui croient à l'influence décisive de la volonté des
70 Denyse Ha

est assez largement reconnue (478 répondants) et il semble


le rejet de la dernière thèse formulée s'adresse principaleme
« l'action militante » qu'elle préconise ; le nombre d'absten
à son sujet (plus de 50 % de l'échantillon) fait qu'il est hasar
d'évaluer les sentiments qu'elle suscite. Pour certains répond
il ne semble pas y avoir de contradiction à ce que l'assis
technique « ne cherche pas à infléchir les modèles nationau
développement » et « aide les mentalités à se convertir au m
technique ».

Conclusion provisoire et projets d'étude complémentaire

Cette première description générale d'un échantillon de V


n'est que le préambule d'une étude systématique des carac
tiques fournies par les répondants. Parmi les données réu
cette étude s'efforce de déterminer les variables qui départ
effectivement l'échantillon considéré en groupes d'origines, d'
tations et d'opinions diverses. Leur analyse doit permettre de
tre en évidence l'influence de certains facteurs sur d'autre
dégager de ce fait une information utile aux services de rec
ment.
En plus de ces 829 V.S.N. (qui constituent 36,5 % de l'é
tillon total considéré), d'autres groupes caractéristiques du
des coopérants français sont étudiés parallèlement dans ce p
en particulier celui des enseignants (1 424 répondants, 62,7
l'échantillon). On sait, en effet, la part importante du secte
l'enseignement dans la politique française de coopération.
D'autre part, après examen de ces deux groupes caractérist
de l'aide française, des renseignements que fournirait l'Ove
Development Administration du Foreign and Commonwealth
pourraient être traités selon le même schéma.
Enfin, l'Institute of Developing Economies de Tokyo est en
d'étudier la possibilité d'effectuer une recherche parallèle s
personnel d'assistance technique japonais en suivant le canev
notre étude.
Ces travaux sont centrés sur les conceptions de quelques
donneurs en matière d'assistance technique. Il serait souha
de comparer celles-ci à la demande des pays receveurs. Le p
dépasserait le cadre de notre recherche. Cependant, dans la
Le volontaire du Service national 71

vue des deux parties : il suffirait de soumettre à des représentants


de l'une ou de l'autre les mêmes questions sur l'image de la
coopération.

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