Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Audit Financier Immo Concession - Unlocked
Audit Financier Immo Concession - Unlocked
2004-2005
SOMMAIRE
INTRODUCTION
INTRODUCTION
L’apparition de l’intervention des entreprises étrangères comme concessionnaires au
Maroc remonte à 1906, année de la signature par le Maroc de l’acte d’Algesiras qui
fut un catalyseur de l’ouverture de l’économie marocaine sur l’étranger. Suite à
l’indépendance, la concession de service public a connu un certain recul, du
essentiellement à la reprise par le jeune Etat marocain des activités concédées à
travers les offices et les établissements à caractère public.
Suite aux recommandations formulées par la banque mondiale, incitant l’Etat
marocain à adopter une politique de décentralisation et de désengagement dans la
gestion des services dont il est responsable, on a assisté à une relance générale des
contrats de gestion déléguée, et en particulier les contrats de concession.
Ayant démontré son efficacité, ce mode de gestion est présent de nos jours dans
plusieurs secteurs : le transport en commun, l’exploitation des centrales thermiques,
les autoroutes, la distribution d’eau et d’électricité, l’assainissement du liquide,
collecte et évacuation des déchets solides…
- Intérêt et choix du sujet :
Le choix de « l’audit financier des immobilisations dans une concession de service
public » comme thème pour ce mémoire de fin d’études a été motivé par les raisons
suivantes :
- L’essor que prend la concession de service public au Maroc, puisque les autorités
ont admis les avantages qu’elle procure, en termes de coûts et en termes de qualité de
service.
- La parcimonie du cadre comptable et fiscal marocain, traitant spécifiquement de la
concession. D’où l’intéressement croissant des professionnels et chercheurs
marocains à ce domaine.
- La particularité du traitement comptable et fiscal des opérations relatives aux
immobilisations dans la concession de service public, ce qui implique une nouvelle
adaptation de la démarche et de l’approche de l’audit du cycle investissements chez
les entreprises concessionnaires pour une meilleure qualité de l’information
financière qui est devenue très prisée par les actionnaires et tiers de l’entreprise
Origine du bien
Concédant Concessionaire
1
« Concessions de service public : proposition d’une normalisation comptable du traitement des immobilisations
du domaine concédé », mémoire d’expertise comptable par M. Mehdi EL ATTAR, novembre 2004.
- Le bien doit d’abord appartenir à une collectivité publique. Il s’agit des biens
frappés d’une clause de retour obligatoire au concédant ;
- Le bien doit être affecté à une destination d’intérêt général.
modifier les tarifs appliqués aux abonnés (une redevance permet la répercussion des
coûts engagés par le concessionnaire).
3- L’équilibre financier à la fin du contrat
A la fin du contrat, le concédant devient mécaniquement propriétaire des biens de la
concession sans indemnités possibles (sauf si elles ont été prévues dans le contrat).
Le concessionnaire doit également veiller à rendre ces installations dans un parfait
état de fonctionnement et d’entretien.
Ces modalités doivent permettre au concessionnaire d’établir des plans
d’amortissement et de provisions sur la durée de la concession :
- pour couvrir l’ensemble des immobilisations produites et financées conformément
aux dispositions contractuelles (amortissement de caducité ou provision pour
reconstitution des capitaux investis) et n’ayant pas donné lieu aux amortissements
pour dépréciation ;
- pour mettre en œuvre les réparations nécessaires à la restitution des installations
dans un état correct de fonctionnement.
La constatation des provisions au cours de la concession permet d’étaler la charge
afin que la restitution des biens ne soit pas préjudiciable au concessionnaire
remettant en cause l’équilibre financier du contrat.
Ainsi, l’équilibre financier du contrat s’analyse comme étant un équilibre global sur
la durée totale de la concession. A partir du moment où le concessionnaire a récupéré
la totalité du financement des biens qu’il a mis dans la concession, la remise des biens
n’appauvrit pas sa situation financière, et la juste rémunération de l’exploitant doit
être analysée en tenant compte des résultats réels accumulés durant la concession.
d’un commun accord décider soit en cours du contrat, soit à l’expiration de sa durée,
de le renouveler ou de le changer par un avenant.
Il est à signaler que le concessionnaire bénéficie la plupart du temps d’un droit de
préférence, si en cas d’expiration du contrat, si l’autorité concédante entend procéder
à la délivrance d’une concession nouvelle.
Le concessionnaire peut être amené à gérer de fait le service concédé lorsqu’il sera
amené à gérer le service malgré l’arrivée du terme du contrat sans qu’il fasse l’objet
de renouvellement ou d’avenant.
Conformément aux dispositions prévues par la convention, les biens de retour
reviennent au concédant le plus souvent gratuitement et ce dernier a le choix
d’exercer ou non son droit de rachat sur les biens de reprise. Les biens propres seront
repris par lui pour la restitution du domaine concédé dans son état initial.
2- La fin anticipée de la concession
Une fin anticipée de la concession peut être la résultante d’un rachat, d’une
résiliation ou d’une déchéance du concessionnaire.
2.1- Le rachat de la concession
Le rachat du contrat est une mesure qui permet à l’autorité concédante de mettre fin
au contrat de concession avant l’échéance contractuelle moyennant l’indemnisation
du concessionnaire.
Sous réserve du rachat légal instauré par un texte spécial, et du rachat amiable, le
rachat ne peut s’exercer que dans les conditions prévues par le contrat qui devrait
indiquer :
- Le délai à partir duquel le rachat est possible ;
- Le délai de préavis à respecter par le concédant.
La décision de rachat prend effet à la date où elle est prise par l’autorité compétente.
Lorsque la décision de rachat est soumise à l’approbation de l’autorité de tutelle, les
effets du rachat ne se trouvent pas reportés à la date à laquelle intervient
l’approbation, car celle-ci a pour seul effet de rendre définitive la décision de rachat
prise par l’autorité concédante.
Si le concédant exerce la faculté de rachat, elle doit s’accompagner de l’indemnisation
du concessionnaire suivant les conditions contractuelles.
Il s’agit des biens que le concessionnaire sera amené à acquérir par ses fonds propres,
au profit du concédant, et dont la durée de vie est inférieure à la durée de la
concession.
Le concessionnaire doit constater dans ses charges d’exploitation des dotations aux
amortissements des biens renouvelables. Cet amortissement correspond à l’étalement
du coût d’acquisition sur la durée de vie de l’immobilisation.
Cependant, le dernier bien renouvelé et qui sera restitué au concédant sans
indemnité en fin de contrat, ne peut faire l’objet d’un amortissement pour
dépréciation. Cet investissement sera récupéré par des techniques autres que celles
de l’amortissement industriel.
1.2.2- Les biens non renouvelables
Il s’agit des biens dont la durée d’utilisation est supérieure ou égale à la durée du
contrat. Ceux-ci appartiennent ab initio au concédant. Donc, le concessionnaire ne
peut effectuer sur ses charges d’exploitation des prélèvements au titre de
l’amortissement de biens appartenant à des tiers.
Cependant, des dispositions contractuelles peuvent permettre au concessionnaire de
constater l’amortissement du bien dans un souci de sauvegarde de l’image fidèle. Ces
amortissements viennent en diminution des biens concernés et des droits du
concédant.
1.2.3- Les biens remis en fin de concession au concédant contre une indemnité
Il s’agit des biens de reprise sur lesquels le concédant peut exercer le droit de reprise
contre paiement au concessionnaire d’une indemnité fixée par le contrat.
Que le bien soit renouvelables ou non, le concessionnaire pratique l’amortissement
pour dépréciation dans les conditions de droit commun, puisque les biens renouvelés
seront récupérés par le biais de l’amortissement pour dépréciation et la partie non
récupérée sera payée par le concédant au moment de la reprise du bien.
2- Amortissement de caducité
2.1- La justification de l’amortissement de caducité
La remise à titre gratuit par le concessionnaire au concédant de biens du domaine de
la concession est une des spécificités du contrat de concession. Le concessionnaire
n’est pas le véritable propriétaire des actifs de la concession. Les biens de retour
- Amortissement de l’immobilisation
L’amortissement des immobilisations reçues en début de concession n’est pas inscrit
en tant que charge chez le concessionnaire, vu que ces immobilisations ne sont pas sa
propriété absolue et que leur coût d’entrée est nul pour le concessionnaire. Ainsi,
l’amortissement est constaté en diminution du droit de l’autorité concédante.
L’amortissement est étalé sur la durée de vie économique de l’immobilisation.
101. DAC. Financement concédant Y
280. Amortissement des immobilisations en Y
Concession, financement concédant
- Amortissement de caducité
L’amortissement de caducité a été développé afin de permettre aux concessionnaires
de récupérer les capitaux investis dans des biens de retour. Son montant correspond
au coût du dernier bien acquis diminué des provisions pour renouvellement. Ce
concept s’inscrit dans la logique de l’équilibre financier de la concession.
619. Dotation aux amortissements de caducité V
102. DAC, financement concessionnaire V
-
- Destruction ou sortie de l’immobilisation
A la fin de la durée de vie économique de l’immobilisation,elle est sortie du
patrimoine en contrepartie d’un compte d’amortissement.
- Renouvellement de l’immobilisation
Au renouvellement, la provision pour renouvellement est soldée en contrepartie du
crédit du droit de l’autorité concédante. L’entrée de la nouvelle immobilisation est
constatée de façon normale.
20.. Immobilisations mises en concession X+Z
par le concessionnaire (Bien 2)
155. Provision durable pour risques et charges Z
102. DAC, financement concessionnaire Z
44.. Fournisseur X+Z
- Amortissement de caducité
Cet amortissement est calculé sur la base du coût supporté par le concessionnaire
pour l’acquisition du bien. Cet amortissement de caractère financier traduit la
disparition progressive des moyens de financement des immobilisations plutôt que
la diminution de la valeur des biens qui seront remis en l’état au concédant.
619. Dotation aux amortissements de caducité X
102. DAC financement concessionnaire X
En conséquence, la TVA sur les biens de retour mis gratuitement en concession par le
concédant et non récupérée par lui à la date de la concession, ne peut ouvrir droit à
déduction chez le concessionnaire.
1.3- Taxe urbaine
Les immobilisations mises en concession par le concédant ou financés par lui sont
exclus du champ d’application de la taxe urbaine, vu la nature de la personne duc
concédant qui est généralement l’Etat ou les collectivités locales et qui sont exclus du
champ d’application de la taxe en vertu de l’article 3 de la loi sur la taxe urbaine.
Il est à signaler que la base imposable à la taxe d’édilité est celle de la taxe urbaine.
2- Les biens mis en concession par le concessionnaire
Comme développé au niveau de la première partie, les biens mis en concession par le
concessionnaire peuvent être scindés en trois catégories : les biens de retour, les biens
de reprise et les biens propres.
Le régime fiscal en matière d’impôt sur les sociétés, TVA, patente, taxe urbaine et
taxe d’édilité des biens de reprise et biens propres est celui de droit commun. Les
particularités qui seront détallées ci-après concernent les biens de retour.
2.1- Impôt sur les sociétés
Les biens de retour financés par le concessionnaire ne sont pas en principe éligibles
au droit à l’amortissement pour dépréciation, en absence d’une clause de propriété
de ces biens par le concessionnaire.
Néanmoins, l’usage et la doctrine administrative veut que le concessionnaire
pratique au titre de ces biens un amortissement financier de caducité déductible.
2.2- La taxe sur la valeur ajoutée
Conformément aux dispositions de l’article 8 de la loi 30-85, et de la doctrine
administrative, le concessionnaire peut acquérir les biens d’investissement en
exonération de la TVA. Cette position part du principe que puisque c’est le
concessionnaire qui a financé ces biens, alors la TVA qui a grevé leur prix de revient
ouvre droit à déduction entre ses mains.
Par ailleurs, si ces biens sont produits par le concessionnaire lui-même, ils sont
passibles de la TVA sur les livraisons à soi même au taux en vigueur.
2.3- L’impôt des patentes
Les biens de retour financés par le concessionnaire sont des éléments d’exploitation
entrant dans le champ d’application de cet impôt, tout autant que ceux mis en
concession par le concédant.
2.4- Taxe urbaine et taxe d’édilité
Juridiquement, les biens de retour sont la propriété, ab initio, du concédant. Le
concessionnaire n’a aucun droit de propriété sur ces biens.
En vertu de l’article 3 de loi sur la taxe urbaine, ces biens sont exclus du champ
d’application de la taxe urbaine, puisqu’ils sont la propriété de l’Etat ou des
collectivités locales.
Toutefois, tel n’est pas l’avis de l’administration fiscale, qui confirme que les biens
mis en concession par le concessionnaire et financés par lui sont passibles de la taxe
urbaine.
Il est à signaler que selon les dispositions de l’article 4 de la loi sur la taxe urbaine, les
constructions nouvelles, les additions de constructions, ainsi que les nouveaux
équipements acquis à l’état neuf par le concessionnaire bénéficient de l’exonération
quinquennale de la taxe urbaine. Cette exonération n’est pas applicable à la taxe
d’édilité.
- Conditions de fonds : Il existe trois conditions de fonds qui doivent être réunies
pour qu’une provision soit fiscalement déductible :
+ La provision doit être destinée à faire face à une dépréciation, à une perte ou
à une charge déductible.
+ La perte ou la charge doit être nettement précisée quant à sa nature et son
montant
+ Les pertes et charges doivent trouver leur origine dans l’exercice.
- Conditions de forme : Pour être admises en déduction des résultats imposables de
l’entreprise, les provisions doivent être constatées dans les écritures comptables.
Autrement dit, si une provision, même justifiée, ne peut être admise en déduction, si
elle n’a pas été enregistrée dans les écritures de l’exercice.
1.1- La provision pour renouvellement des immobilisations
Quand le contrat de concession impose au concessionnaire de procéder à des
renouvellements d’immobilisations, ce dernier se trouve, en vertu du principe de
prudence, obligé de constater des provisions pour renouvellement.
La question à poser est si cette provision répond aux conditions de déductibilité ?
Pour ce qui est des conditions de forme, la provision doit bien entendu faire l’objet
d’une comptabilisation réelle, et ses mouvements doivent être portés sur l’état des
provisions de l’ETIC.
1.1.1- Conditions de fonds de déductibilité de la provision pour
renouvellement
La provision pour renouvellement est-elle destinée à faire face à une dépréciation
à une perte ou à une charge déductible ?
Cette condition de déductibilité semble concerner les provisions pour charges
inexistantes compte tenu de leur caractère immobilisable. Ce qui est le cas de la
provision pour renouvellement. Cette condition peut être considérée comme acquise
dès lors que ces immobilisations doivent à l’échéance du contrat être remises
obligatoirement au concédant.
La provision pour renouvellement est-elle nettement précisée quant à sa nature et
son montant ?
2- Les amortissements
L’amortissement pour dépréciation reste régi par des règles communes à toutes les
entreprises et ne correspond pas à une application spécifique aux entreprises
concessionnaires.
Donc, cette partie s’intéressera aux règles fiscales applicables à l’amortissement de
caducité.
2.1- Conditions de déductibilité fiscale de l’amortissement de caducité
On distingue à ce niveau des conditions de forme et des conditions de fonds :
2.1.1- Conditions de déductibilité de forme
Le concessionnaire doit constater l’inscription de la charge d’amortissement en
comptabilité en tant que dotation aux amortissements de caducité. Il est à signaler
que cette condition est applicable à toutes les charges de la société.
Aussi, il serait préférable que le concessionnaire établisse un tableau des
amortissements de caducité au niveau de l’ETIC.
2.1.2- Conditions de déductibilité de fonds
A partir des dispositions de la doctrine de l’administration fiscale, on relève trois
conditions de fonds pour la déductibilité des amortissements de caducité :
- Le bien doit faire partie des immobilisations de la concession : Les
immobilisations sur lesquelles porte l’amortissement de caducité sont les biens mis
en concession par le concessionnaire et qui doivent retourner gratuitement au
concédant en fin de concession.
- Le bien doit retourner gratuitement au concédant ou contre une valeur inférieure
à la valeur nette comptable : La clause de retour gratuit des biens au concédant
constitue le fondement même de l’existence des amortissements de caducité. L’actif
immobilisé concerné par cet amortissement est parfois dénommé « actif défectible »
en raison du retour obligatoire au concédant en fin de contrat.
Le fait de remettre des biens de retour pour une indemnité inférieure ou égale à la
valeur comptable réelle peut être qualifiée de gratuite et par conséquent ouvre droit à
l’amortissement de caducité.
- Le bien ne doit pas être non renouvelable : Toujours dans la logique de la
condition précédente, aucun amortissement de caducité ne pourrait être admis sur
les biens renouvelables. Par contre, le dernier renouvellement peut être assimilé à un
bien non renouvelable, et donc non susceptible d’amortissement pour dépréciation
mais d’amortissement de caducité.
2.1.3- Position de l’administration fiscale
Concrètement, il n’existe pas de réglementation fiscale spécifique qui traite des
amortissements de caducité.
Néanmoins, la note circulaire d’interprétation de la loi relative à l’impôt sur les
sociétés traite de l’amortissement financier rencontré dans le cadre des entreprises
concessionnaires. Ladite note circulaire traite de la distinction entre l’amortissement
pour dépréciation et l’amortissement financier et prévoit la déductibilité de ce
dernier afin de permettre au concessionnaire la récupération des capitaux investis.
- Prise en tant que charges décalées dans le temps de frais qui n’auraient pas du être
immobilisés sous la forme d’amortissements économiques ;
- Sous-évaluation de la provision pour renouvellement (si on compare une valeur
prévisionnelle de renouvellement correctement évaluée à une valeur actuelle
surestimée).
2.2- Biens apportant par le concédant
SI l’inscription de ces biens à l’actif du concessionnaire reste controversée, il est
nécessaire d’évaluer ces biens. En effet, le renouvellement de ces immobilisations est
souvent déterminé sur la base de la valeur actuelle de ceux-ci.
L’évaluation de cette catégorie de biens au bilan est réalisée à la valeur vénale au jour
de l’opération. Néanmoins, il est souvent nécessaire de mettre à jour
économiquement cette valeur afin de définir le coût probable de remplacement.
Ces techniques qui sont propres à chaque concessionnaire, doivent faire l’objet
d’investigations.
Il est à noter que seule la valeur de renouvellement a une incidence sur le résultat du
concessionnaire. Une sur/sous-évaluation des biens reçus à titre gratuit n’a
théoriquement qu’une incidence sur la présentation des immobilisations et de leur
contrepartie.
Toutefois, la plupart des méthodes d’estimation de la charge prévisionnelle de
renouvellement sont basées en partie sur la valeur bilantielle des biens concernés.
Ainsi, si ces biens sont surévalués au bilan, ceci entraînerait une surestimation du
coût de renouvellement prévisionnel.
Toutefois, pour ce qui est des biens du domaine concédé, quelques particularités
doivent être prises en considération :
- Le fait que les amortissements des biens du domaine concédé ne transitent pas par
un compte de résultat. Ils ne constatent que la dépréciation des biens en contrepartie
de la réduction du droit de l’autorité concédante. Bref, ces amortissements ne
constituent pas une charge pour le concessionnaire.
- La possibilité de constater des amortissements dérogatoires au titre de
l’investissement dans des biens donnant droit à un amortissement fiscal accéléré
n’est pas exclue par l’administration.
- Le fait qu’une surestimation de la durée de vie des biens entraîne une sous-
estimation de l’amortissement annuel. Egalement, ladite surestimation peut avoir
une incidence sur le montant de la charge de renouvellement.
Les erreurs les plus rencontrées dans l’audit de ce poste concernent essentiellement la
double prise en charge du financement des biens financés par le concessionnaire
ayant un caractère non renouvelable, une fois par l’amortissement économique et
une fois à travers l’amortissement de caducité.
2- Prise en compte adaptée de la charge de renouvellement
La révision des comptes de provisions de renouvellement est certainement l’élément
essentiel de l’audit des concessions de service public.
L’audit de ce poste demeure soumis à certaines difficultés liées essentiellement à :
- L’importance du poste au niveau du bilan, dans la mesure où généralement une
erreur de 10% sur ce poste pourrait absorber la totalité du résultat du
concessionnaire. Parfois, les provisions pour renouvellement sont plus importantes
que les capitaux propres.
- La difficulté d’estimation des coûts de renouvellement ultérieurs.
- L’évaluation différenciée des provisions selon le type d’immobilisation.
D’après ces éléments, l’estimation de la charge de renouvellement paraît être
indispensable pour la gestion et le suivi du contrat de concession. Les techniques
utilisées pour évaluer cette charge sont spécifiques à chaque entreprise et doivent,
par conséquent, être analysée.
A ce niveau, une définition préalable doit être faite concernant :
Une difficulté se pose lorsqu’un nouveau bien doit être financé en fin de période de
concession et qu’aucune indemnité ne sera versée lors de la remise du bien au
concédant. Dans ce cas, il conviendrait d’étaler préalablement le coût du nouveau
financement, dans la mesure où cette obligation de financement contractuelle n’est
pas amortie par les produits générés sur la durée résiduelle de la concession.
2- Risques liés à la comptabilisation de la charge de caducité
Les risques potentiels liés à la comptabilisation de la caducité sont au nombre de
trois :
- L’amortissement de caducité devrait de préférence être étalé sur la durée de la
concession. A ce niveau le risque reste faible, puisque sur le terrain, la majorité des
concessionnaires adoptent cette méthode.
- Un risque effectif existe par contre, et est lié à l’éventuelle double prise en charge du
coût de financement des biens qui ne seront plus renouvelés, une fois par le biais de
l’amortissement économique et une deuxième fois par l’intermédiaire de
l’amortissement de caducité. Donc, une vérification des principes de prise en compte
de la charge de caducité, dans ce cas précis.
- Pour ce qui est de la présentation, l’amortissement de caducité vient en contrepartie
du droit de l’autorité concédante. Toutefois, une attention est à prêter à ce niveau,
puisque quelques entreprises classent l’amortissement de caducité au niveau des
provisions pour risques et charges.
I- Le contrôle de l’inventaire
Le contrôle de l’inventaire des biens de la concession devrait suivre trois étapes :
- L’analyse des méthodes retenues par l’entreprise pour comptabiliser ses droits et
obligations ;
- Le recensement des contrats ;
- Le contrôle de l’existence d’éléments permettant de justifier la réalité des biens
figurant au bilan.
1- L’analyse des règles comptables adoptées par l’entreprise
Il est indispensable de s’assurer que l’ensemble des contrats de concession ont fait
l’objet d’une traduction comptable correcte dans les livres du concessionnaires.
Les contrôles qui seront effectués dépendront des options prises par chaque
concessionnaire pour la présentation des biens de la concession et des choix adoptés
pour l’évaluation des obligations de renouvellement, d’où la nécessité de réaliser un
inventaire plus ou moins développé
Dans ce sens, il paraît impératif de :
- analyser les méthodes suivies par le concessionnaire pour comptabiliser les droits et
obligations qui découlent des contrats gérés.
- analyser les modalités adoptées par chaque entreprise pour évaluer ses risques.
2- Le contrôle de la prise en compte de l’intégralité des contrats gérés
dans le cadre d’une concession
La vérification par sondage du contenu des contrats ayant donné lieu à une
facturation lors de l’exercice, doit viser l’assurance de la correcte traduction
comptable des droits et obligations relatifs aux biens de la concession. Cette
vérification portera sur :
Concernant les biens apportés par le concédant, plusieurs méthodes sont utlisées.Elle
se basent principalement sur une estimation de la valeur actuelle de ces biens. Cette
détermination de la valeur actuelle peut en particulier intégrer :
- la valeur à neuf des immobilisations ;
- des moyens techniques qui pertmettent de ramener la valeur des biens à leur valeur
actuelle, comme le recours à des coefficients de vetusté estimés par les ingénieurs, ou
encore, la durée résiduelle de vie des biens qui permet, en proratant la valeur à neuf
de ces biens en fonction de leur durée de vie normale, de déterminer leur valeur
actuelle.
Ce genre d’estimation en deux temps a un double avantage puisqu’elle permet,
d’une part, de présenter au bilan la valeur actuelle des biens par la prise en compte
d’une vétusté, et d’autre part d’estimer la valeur de remplacement des biens et
chemin faisant, d’évaluer la base de calcul des provisions pour renouvellement.
Toutefois, si la prise en compte des coefficients de vétusté permet d’avoir des valeurs
actuelles relativement proche de la réalité. Le contrôle des coefficients utilisés devient
très difficile à mettre en place. Ces coefficients deviennent difficiles à défendre si leur
détermination n’est pas fortement motivée.
2- Contrôle de la valorisation des biens
Les contrôles à effectuer différeront selon que les biens sont financés par le
concessionnaire ou qu’ils sont apportés par le concédant.
2.1- Biens financés par le concessionnaire
Les diligences à respecter ne sont pas différentes de celles réalisées dans le cadre
d’un audit classique des immobilisations
Donc, il convient de valider lors de ces contrôles :
- le taux d’amortissement retenu avec les normes de la société ;
- la correcte codification au niveau du système d’information permettant de
déterminer s’il convient de calculer des amortissements de caducité et les provisions
pour renouvellement. Ces informations sont souvent intégrées dans le fichier
principal des immobilisations.
Un test de cohérence au niveau de l’évolution annuelle des amortissements pour les
biens initialement financés par le concessionnaire, s’avérerait très intéressante. Une
Dans la pratique, la méthode souvent utilisée est celle qui se base sur l’estimation de
la valeur actuelle du bien en fonction de sa durée de vie habituelle.
La durée moyenne pourrait être déterminée par requête informatique des fichiers
quand ceux-ci sont correctement renseignés. Il convient donc de garder l’historique
des biens renouvelés. Cet historique devrait intégrer la référence du contrat, le type
de biens, la date d’investissement initial et la date de renouvellement.
Ces travaux, plus ou moins développés, s’ils ne servaient qu’à l’évaluation de la
valeur bilantielle des biens apportés gratuitement, ont en partie, pour but d’évaluer
avec des éléments tangibles, les provisions pour renouvellement.
Ces rapprochements étant faits, une analyse des écarts avec les responsables de la
société s’impose.
1.2- Analyse de l’évolution des provisions pour renouvellement
Cette revue doit viser la validation de l’évolution globale du poste des provisions
pour renouvellement. Elle devra être réalisée de manière séparée pour les biens
apportés par le concédant et pour ceux financés par le concessionnaire. En effet, le
cadre comptable prévoit un impact très différent selon le type de bien. Ainsi, dans le
cas des immobilisations financées par le concessionnaire, il conviendra de réaliser
une analyse globale de la charge d’amortissement économique et de la charge de
renouvellement. Par contre, dans le cas des biens apportés par le concédant, l’analyse
de la seule charge de renouvellement permet de suivre correctement les hypothèses
retenues.
Dans les deux cas qui se posent, les éléments à prendre en compte sont :
- la revalorisation (évolution des coûts) des biens dont le renouvellement est
prévisible. Il s’agit souvent du facteur qui explique l’évolution la plus importante des
provisions pour renouvellement. Une faible évolution des prix peut engendrer une
évolution de la dotation aux provisions d’un montant beaucoup plus élevé. Ceci
s’explique par le rattrapage qui sera fait sur les dotations antérieures, qui ont été
calculées sur la base d’un prix sous évalué par rapport au marché actuel.
- la prise en compte de l’impact des entrées, sorties et renouvellement de contrats par
le biais d’une revue de leur exhaustivité. Ceci peut se faire à partir des dates
d’échéance des contrats (par tri informatique ou revue du dossier permanent) pour
ceux dont la sortie était prévisible. Les entrées peuvent faire l’objet d’une revue par
sondage, réalisée à partir des nouvelles sources de produits pour la société.
2- Contrôle a posteriori des hypothèses retenues pour déterminer les
provisions pour renouvellement
Cette revue a posteriori est nécessaire. Elle l’est d’autant plus que la charge de
renouvellement est généralement déterminée sur la base d’hypothèses récurrentes
(durée de vie des biens…) qui conditionnent l’ensemble des provisions futures.
Cette vérification peut se faire de deux façons :
- d’une façon détaillée, par une revue périodique des dépenses de renouvellement
initialement estimées par contrat afin de s’assurer que du point de vue économique,
celles-ci gardent leur caractère cohérent.
- d’une façon générale, par une revue sur plusieurs exercices de l’évolution de
quelques ratios qui permettent d’avoir une idée sur la politique de l’entreprise et sur
la cohérence des provisions constituées.
2.1- La mise à jour périodique du plan de renouvellement
Cette mise à jour est nécessaire. En effet, le plan de renouvellement déterminé lors de
la conclusion du contrat de concession est établi sur la base d’estimations et
d’hypothèses qui doivent être vérifiées périodiquement.
La qualité des biens apportés, les estimations de durée de vie des biens, les
incertitudes liées à l’étendue du renouvellement nécessitent généralement une revue
périodique des risques relatifs à l’obligation de renouvellement.
Une revue par des experts de l’activité concédée, des dépenses prévisionnelles est la
meilleure garantie interne de suivi de ces dépenses.
Cette revue peut également être réalisée par analyse générale des hypothèses qui ont
pu être retenues pour l’établissement des provisions pour renouvellement. Ainsi, la
durée de vie prévisionnelle des biens est souvent prise en compte pour déterminer
ces provisions. Un tri informatique peut être envisagé si les informations concernant
la date de renouvellement et de mise en service sont contenues et conservées sur les
fichiers.
Pour ce qui est des risques effectifs qui peuvent toucher les biens financés par le
concessionnaire, on retrouve :
- l’erreur d’estimation du coût de renouvellement. Cette erreur d’estimation
entraînera une erreur significative pour un bien donné. En effet, la provision pour
renouvellement n’enregistre que l’écart entre le coût prévu du bien et le coût
historique de financement de celui-ci.
- l’erreur d’appréciation sur l’existence d’un renouvellement. Cette erreur se traduira
par une imputation de la charge d’amortissement du bien sur les fonds de
l’amortissement de caducité. Ainsi, pour les biens mis en concession par le
concessionnaire, l’appréciation du risque d’erreur passe par une revue globale des
CONCLUSION
Quatre conclusions principales ressortent de ce mémoire :
- La démarche de l’audit des immobilisations dans une concession de service public
dépendra de manière importante des modalités retenues par la société pour évaluer
ses risques et présenter ses actifs.
- Dans la pratique, il reste extrêmement difficile de valider a priori les évaluations
des risques de renouvellement réalisées par les entreprises. Des tests de cohérence,
basés sur l’analyse postérieure des dénouements de contrats et de quelques ratios,
permettent de valider les options prises par les entreprises pour évaluer ces risques.
Ces tests, souvent complexes et nécessitant toujours un suivi comptable approprié,
permettent de se forger une opinion sur les hypothèses retenues par chaque
concessionnaire. Donc, il va de soit que l’organisation comptable doit être élaborée
pour permettre une gestion organisée des risques liés aux immobilisations dans les
concessions.
- Les préconisations de Plan comptable général français de 1982, qui inspire le projet
de loi marocain, permettent d’avoir une assurance quant à la prise en compte
préalable des risques liés à la gestion des immobilisations dans la concession de
service public. Sauf éléments exceptionnels, la charge globale relative à la gestion des
immobilisations sera constatée en grande partie pendant les premières années de la
concession. On relève également que le Plan comptable général 1982, et le guide
comptable des concessionnaire 1975, ont privilégié le principe comptable de
prudence sur la notion d’image fidèle.
Dans certains cas, l’auditeur ou le commissaire aux comptes peut se retrouver devant
une situation de non respect d’un principe comptable. Si la dérogation est justifiée
économiquement, il n’est pas possible de refuser la certification des comptes du
concessionnaire. Toutefois, il faudrait vérifier dans ce cas, si l’entreprise a évalué :
+ sa charge de renouvellement, ainsi que son étalement sur le temps ;
+ la charge liée à la remise gratuite des biens financés par le concessionnaire.
Le commissaire aux comptes devrait prendre ces dérogations avec prudence. Une
justification de toutes les dérogations est nécessaire au niveau de l’ETIC, et la mise en
place de suivis très élaborés devient indispensable pour pouvoir valider les
hypothèses initialement retenues.
- Il est indispensable de mettre en place des suivis internes spécifiques à la gestion
des immobilisations. Indépendamment des méthodes comptables retenues, l’analyse
du coût général de renouvellement et de financement des immobilisations est
indispensable :
- pour l’auditeur, puisqu’elle permet un suivi, tout au long de la durée de la
concession, des coûts de financement et de renouvellement enregistrés par le
concessionnaire. Un rapprochement entre les coûts initialement prévus, et ceux
provisionnés est nécessaire.
- pour l’entreprise, dans la mesure où cette analyse permet d’apprécier de manière
détaillée la charge de renouvellement prévisionnelle de nouveaux contrats de
concession.
BIBLIOGRAPHIE