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Année universitaire :

2004-2005

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES SOUS LE THEME :

APPROCHE DE L’AUDIT FINANCIER


DES IMMOBILISATIONS DANS UNE
CONCESSION DE SERVICE PUBLIC

Préparé par : Ouassim AKIL

Encadré par : M. Abdou Souleye DIOP

Stage effectué au cabinet :

Période du stage : Du 15 janvier au 30 mars 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS JURIDIQUES, COMPTABLES


ET FISCAUX DE LA CONCESSION DE SERVICE PUBLIC
A- LES ASPECTS JURIDIQUES DU CONTRAT DE CONCESSION
I- Le contrat de concession
II- La formation du contrat de concession
1- Le choix du concessionnaire
2- Les règles de forme et de compétence
2.1- La décision de contracter
2.2- Conclusion et approbation du contrat
2.3- Les documents du contrat de concession
III- Les droits et obligations des contractants
1- Obligations et droits de l’autorité concédante
1.1- Les obligations du concédant
1.2- Les droits du concédant
2- Obligations et droits du concessionnaire
2.1-Les obligations du concessionnaire
IV- Le régime des biens de la concession
1- Problématique de la propriété des biens de la concession
1.1- Les biens de retour
1.2- Les biens de reprise
1.3- Les biens propres
2- Nature juridique des biens de la concession
V- Le régime financier de la concession
1- L’équilibre financier à la signature du contrat
2- L’équilibre financier pendant la période du contrat
3- L’équilibre financier à la fin du contrat
VI- La fin du contrat de concession
1- La fin normale du contrat

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2- La fin anticipée de la concession


2.1- Le rachat de la concession
2.2- La résiliation conventionnelle
2.3- La déchéance du concessionnaire
B- LES ASPECTS COMPTABLES RELATIFS AU CONTRAT DE CONCESSION
I- L’environnement comptable marocain
II- Instruments comptables spécifiques aux entreprises concessionnaires
1- Amortissement pour dépréciation
1.1-Les biens mis en concession par le concédant
1.2- Les biens mis en concession par le concessionnaire
1.2.1- Les biens renouvelables
1.2.2- Les biens non renouvelables
1.2.3- Les biens remis en fin de concession au concédant contre une
indemnité
2- Amortissement de caducité
2.1- La justification de l’amortissement de caducité
2.2- La base de l’amortissement de caducité
2.3- La durée de l’amortissement de caducité
3- Provision pour renouvellement
3.1- Justification de la provision pour renouvellement
3.2- Calcul de la provision pour renouvellement
4- Provision pour grosses réparations
4.1- Justification de la provision pour grosses réparations
4.2- Calcul de la provision pour grosses réparations
5- Provision pour amortissement de caducité
III- Comptabilisation des immobilisations du domaine concédé
1-Immobilisations mises en concession par le concédant
1.1-Biens apportés gratuitement
1.2- Biens apportés à titre onéreux
2- Immobilisations mises en concession par le concessionnaire
2.1- Immobilisations renouvelables remises gratuitement au concédant

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2.2- Immobilisations renouvelables remises au concédant contre


indemnité à la fin de l concession
2.3- Immobilisations non renouvelables remises gratuitement au
concédant
2.4- Immobilisations non renouvelables remises avec indemnité au
concédant
C- LES ASPECTS FISCAUX RELATIFS A LA CONCESSION
I- Régime fiscal des immobilisations de la concession
1- Les biens mis en concession gratuitement par le concédant
1.1- Impôt sur les sociétés
1.2 Taxe sur la valeur ajoutée
1.3- Taxe urbaine
2- Les biens mis en concession par le concessionnaire
2.1- Impôt sur les sociétés
2.2- La taxe sur la valeur ajoutée
2.3- L’impôt des patentes
2.4- Taxe urbaine et taxe d’édilité
II- Régime fiscal des amortissements et provisions des entreprises
concessionnaires
1- Les provisions
1.1- La provision pour renouvellement des immobilisations
1.1.1- Conditions de fonds de déductibilité de la provision pour
renouvellement
1.1.2- Position de l’administration fiscale
1.2- La provision pour grosses réparations
1.2.1- Conditions de fonds de déductibilité de la provision pour grosses
réparations
1.2.2- Position de l’administration fiscale
2- Les amortissements
2.1- Conditions de déductibilité fiscale de l’amortissement de caducité
2.1.1- Conditions de déductibilité de forme
2.1.2- Conditions de déductibilité de fonds

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2.1.3- Position de l’administration fiscale

DEUXIEME PARTIE : AUDIT DES IMMOBILISATIONS DANS UNE


CONCESSION DE SERVICE PUBLIC
A-OBJECTIF DES TRAVAUX DE COMMISSARIAT AUX COMPTES
B- ZONES DE RISQUES IDENTIFIES
I- L’évaluation et la connaissance des biens de la concession
1- L’exhaustivité de l’inventaire
2- L’évaluation des immobilisations
2.1- Biens financés par le concessionnaire
2.2- Biens apportant par le concédant
II- La connaissance et la prise en compte de la charge de renouvellement
1- Estimation des amortissements économiques
2- Prise en compte adaptée de la charge de renouvellement
2.1- Risques liés à la définition du renouvellement
2.2- Risques liés à la complexité du suivi comptable du renouvellement
III- L’estimation et la comptabilisation de la charge de caducité
1- Risque lié à l’évaluation de la charge de caducité
2- Risques liés à la comptabilisation de la charge de caducité
C- APPROCHE D’AUDIT PROPOSEE
I- Le contrôle de l’inventaire
1- L’analyse des règles comptables adoptées par l’entreprise
2- Le contrôle de la prise en compte de l’intégralité des contrats gérés dans
le cadre d’une concession
3- La justification de l’existence physique des biens
II- Le contrôle de l’évaluation des actifs
1-Analyse des méthodes utilisées pour évaluer les biens
2- Contrôle de la valorisation des biens
2.1- Biens financés par le concessionnaire
2.2- Biens apportés par le concédant
III- Le contrôle des provisions pour renouvellement
1- Contrôle de la correcte application des méthodes retenues
1.1-La revue détaillée de l’application des méthodes (tests de conformité)

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1.2- Analyse de l’évolution des provisions pour renouvellement


2- Contrôle a posteriori des hypothèses retenues pour déterminer les
provisions pour renouvellement
2.1- La mise à jour périodique du plan de renouvellement
2.2- Ratios qui peuvent mettre en évidence des évolutions anormales de
la charge effective de renouvellement
IV- Contrôle des amortissements de caducité
1- Analyse des modalités de détermination de la charge de caducité
2- Contrôle de cohérence de la charge annuelle de caducité
3-Contrôle de l’évolution du fond de caducité
V- Planning général d’audit
CONCLUSION

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INTRODUCTION
L’apparition de l’intervention des entreprises étrangères comme concessionnaires au
Maroc remonte à 1906, année de la signature par le Maroc de l’acte d’Algesiras qui
fut un catalyseur de l’ouverture de l’économie marocaine sur l’étranger. Suite à
l’indépendance, la concession de service public a connu un certain recul, du
essentiellement à la reprise par le jeune Etat marocain des activités concédées à
travers les offices et les établissements à caractère public.
Suite aux recommandations formulées par la banque mondiale, incitant l’Etat
marocain à adopter une politique de décentralisation et de désengagement dans la
gestion des services dont il est responsable, on a assisté à une relance générale des
contrats de gestion déléguée, et en particulier les contrats de concession.
Ayant démontré son efficacité, ce mode de gestion est présent de nos jours dans
plusieurs secteurs : le transport en commun, l’exploitation des centrales thermiques,
les autoroutes, la distribution d’eau et d’électricité, l’assainissement du liquide,
collecte et évacuation des déchets solides…
- Intérêt et choix du sujet :
Le choix de « l’audit financier des immobilisations dans une concession de service
public » comme thème pour ce mémoire de fin d’études a été motivé par les raisons
suivantes :
- L’essor que prend la concession de service public au Maroc, puisque les autorités
ont admis les avantages qu’elle procure, en termes de coûts et en termes de qualité de
service.
- La parcimonie du cadre comptable et fiscal marocain, traitant spécifiquement de la
concession. D’où l’intéressement croissant des professionnels et chercheurs
marocains à ce domaine.
- La particularité du traitement comptable et fiscal des opérations relatives aux
immobilisations dans la concession de service public, ce qui implique une nouvelle
adaptation de la démarche et de l’approche de l’audit du cycle investissements chez
les entreprises concessionnaires pour une meilleure qualité de l’information
financière qui est devenue très prisée par les actionnaires et tiers de l’entreprise

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- Problématique et réflexion suivie :


La problématique qui se pose quant à l’approche d’audit à suivre dans le cas des
immobilisations dans une concession de service public, résulte essentiellement d’une
confrontation entre une réalité économique qui découle des clauses du contrat de
concession, et un cadre comptable et fiscal marocain dont les règles ne permettent
pas de refléter de manière fidèle cette réalité économique.
Donc, les concessionnaires se livrent à des pratiques comptables et fiscales non
harmonisées, et qui dans la majorité des cas mènent à des points de désaccord entre
eux et l’administration fiscale.
Devant cette situation d’incertitude, le commissaire aux comptes ou l’auditeur
externe doit développer des outils de contrôle spécifiques pour parer à cette situation
et pouvoir dégager une opinion quant à la régularité, la sincérité et l’image fidèle des
états de synthèse de l’entreprise concessionnaire.
La première partie de ce mémoire sera réservée à l’étude de l’aspect juridique,
comptable et fiscal de la concession dans les entreprises marocaines. Il est à signaler
que la pratique des concessionnaires marocains, suit en général la pratique française
qui a prévu dans le plan comptable général de 1982 une partie dédiée au traitement
comptable des immobilisations de la concession.
Découlant de la première partie, la deuxième partie de ce mémoire traitera du rôle
du commissaire aux comptes ou de l’auditeur externe dans une concession de service
public, des zones de risques qui pourront être identifiées, pour enfin déboucher sur
une proposition de l’approche à suivre pour l’audit des immobilisations.

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A- LES ASPECTS JURIDIQUES DU CONTRAT DE


CONCESSION
I- Le contrat de concession
Devant la parcimonie de la littérature juridique marocaine concernant la concession
de services publics, la définition à retenir est celle donnée par MM. ROUSSET,
BASRI, BELHAJ et GARAGNON dans leur ouvrage « Droit administratif
Marocain » :
« La concession de service public est le contrat par lequel une collectivité publique
(autorité concédante) confie à une personne morale ou physique, (concessionnaire) le
soin d’exploiter un service public dans les conditions prévues dans un cahier des
charges, à ses risques et périls, pour une durée moyennant la perception d’une
rémunération versées par les usagers du service ».
La jurisprudence française retient la définition donnée par le Conseil d’Etat français :
« La concession est un contrat qui charge un particulier ou une société d’exécuter un
ouvrage public ou d’assurer une service public à ses frais, avec ou sans subvention,
avec ou sans garantie d’intérêt et que l’on rémunère en lui confiant l’exploitation de
l’ouvrage ou l’exécution du service public avec le droit de percevoir des redevances
sur les usagers de l’ouvrage ou ceux qui bénéficient du service public ».
Le Conseil National de la Comptabilité en France retient que « la concession est un
contrat par lequel une personne publique (concédant) confie à une personne
physique ou à une personne morale, généralement de droit privé (concessionnaire)
l’exécution d’un service public à ses risques et périls, pour une durée déterminée
généralement longue et moyennant le droit de percevoir des redevances sur les
usagers du service public. »
A partir des définitions précédentes on retient des particularités de la concession de
service public :
- Une relation contractuelle entre une personne de droit public et une personne de
droit privé.
- L’exclusivité d’exploitation donnée au concessionnaire.
- L’obligation pour le concessionnaire de remplir un service public.

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- Le risque lié à l’exploitation du service est supporté uniquement par le


concessionnaire.
- La perception directe par le concessionnaire des redevances sur les usagers du
service.

II- La formation du contrat de concession


La formation du contrat de concession comprend le choix du concessionnaire, les
règles de compétence et les documents de la concession.
1- Le choix du concessionnaire
Le concessionnaire n’est pas choisi par adjudication, contrairement aux marchés de
travaux publics. L’administration peut donc concéder le service public à la personne
de son choix sans être tenue de respecter les procédures d’adjudication et d’appel
d’offres prévues par la réglementation des marchés publics.
2- Les règles de forme et de compétence
2.1- La décision de contracter
Le pouvoir de décision chez les collectivités locales appartient à l’assemblée
délibérante, comme indiqué dans le Dahir du 30 septembre 1976 relatif à
l’organisation communale. Ainsi, toute conclusion ou signature du contrat doit être
préalablement autorisée par une délibération de l’assemblée compétente. Lorsque la
décision de contracter est prise par l’Etat, elle est approuvée par Décret.
2.2- Conclusion et approbation du contrat
Les contrats de concession de l’Etat son en principe, signés par le ministre intéressé.
Pour ce qui est des contrats de concession des collectivités locales, ils sont conclus
par le président du conseil communal ou municipal.
Les délibérations des assemblées des collectivités locales décidant la conclusion des
contrats de concession sont soumises à l’approbation de l’autorité de tutelle quant à
leur régularité.
2.3- Les documents du contrat de concession
Les documents de la concession sont constitués de la convention de concession, du
cahier de charges et ses annexes éventuellement.

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- La convention de concession : Elle représente la loi des contractants et traduit leur


volonté et liberté contractuelle. En principe, ce document est court car il se borne à
constater l’accord intervenu entre l’autorité administrative et le concessionnaire. La
convention précise les parties, la durée, l’objet et les conditions financières.
- Le cahier des charges : C’est un document important puisqu’il détermine l’objet de
la concession, les droits et obligations du concédant et du concessionnaire et le
contentieux du contrat. Il est donc le véritable référentiel de la concession.

III- Les droits et obligations des contractants


La signature d’un contrat de concession génère des droits et des obligations pour
chacune des parties contractantes.
1- Obligations et droits de l’autorité concédante
Puisque le délégant confie à un tiers l’exploitation d’un service public, il dispose de
droits (pour s’assurer de la correcte réalisation de la délégation) et d’obligations
(pour permettre au concessionnaire de réaliser son service dans les meilleures
conditions.
1.1- Les obligations du concédant
- L’autorité concédante doit respecter les engagements souscrits et ne pas prendre
des mesures en contradiction avec les obligations stipulées dans le contrat. Pour ce
qui est des sanctions encourues par le concédant, pour non respect de ses obligations,
elles ne peuvent être prononcées que par le juge. Le concessionnaire ne saurait s’en
prévaloir pour abandonner ses obligations.
Du fait que la concession reste un contrat de droit public, son contentieux relève des
juridictions administratives. Le recours à l’arbitrage se heurte au principe de
l’interdiction du recours à l’arbitrage pour les personnes de droit public. Cette
prohibition ne cède que dans la mesure où le contrat de concession revêt le caractère
d’un contrat international ou dans le cas où le concessionnaire est un investisseur
étranger.
- L’autorité concédante doit procéder à la remise des installations existantes en début
de concession : le concédant à l’obligation de remettre pour la durée de la concession
au nouvel exploitant les immobilisations qui vont lui permettre de réaliser
l’exploitation du service public.

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- L’autorité concédante est tenue de favoriser, dans la mesure du possible, l’action du


concessionnaire.
1.2- Les droits du concédant
L’autorité concédante détient un pouvoir de sanction et de contrôle technique et
financier.
Le concédant délègue la charge d’un service public à une entreprise privée.
Néanmoins, vis-à-vis des usagers, elle reste potentiellement le principal responsable
des problèmes survenus au cours de l’exploitation de la concession. A ce titre elle
dispose d’un pouvoir étendu de contrôle des services concédés. Il s’agit d’un pouvoir
de contrôle financier (Le concessionnaire doit réaliser un compte rendu financier
dont l’objectif est le suivi des recettes et des dépenses de la concession) mais aussi
technique (contrôle des services techniques de la collectivité).
2- Obligations et droits du concessionnaire
Le contrat de concession attribue au concessionnaire un droit d’exploitation. Il doit
toutefois se soumettre à certaines obligations imposées par le concédant.
2.1-Les obligations du concessionnaire
- Le concessionnaire est tenu d’exécuter correctement sa mission conformément au
contrat. Mais l’obligation ne se limite pas à cela, car s’agissant de la gestion d’un
service public, le concessionnaire doit respecter d’une part, les lois et règlements
prévus pour le secteur considéré et d’autre part les règles générales qui commandent
le fonctionnement d’un service public telles que :
+ assurer la continuité du service au même titre qu’une administration
publique, sans se délier se son obligation en invoquant des difficultés
matérielles ou pécuniaires.
+ respecter l’égalité des usagers comme se doit de le faire la collectivité
publique en charge de la gestion du service public concédé.
D’autre part, le concessionnaire doit maintenir en l’état le potentiel de production à
travers le renouvellement des immobilisations. C’est à partir de cette obligation que
naît la faculté de constituer des provisions pour renouvellement.
Le concessionnaire est également tenu de remettre gratuitement les biens concédés
en fin de contrat. C’est le caractère temporaire du contrat de concession et

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l’obligation fait au concessionnaire de remettre gratuitement certains de ces biens en


fin de contrat qui justifieront la comptabilisation d’un amortissement de caducité.

IV- Le régime des biens de la concession


1- Problématique de la propriété des biens de la concession
La concession crée une imbrication des patrimoines de la collectivité concédante et
du concessionnaire, ce qui demande une certaine rigueur pour la détermination du
régime de propriété des biens issus de la concession. Ainsi, on distingue trois
catégories qu’il conviendrait de rechercher dans l’origine des biens concédés et leur
destination en fin de contrat, à savoir les biens de retour, les biens de reprise et les
biens propres.
1.1- Les biens de retour
Les biens de retour sont les biens mis en concession par le concédant, ou par le
concessionnaire et qui doivent revenir au concédant au terme du contrat. En fait, il
s’agit de biens nécessaires et indispensables à la poursuite de l’exploitation du
service public et en leur absence l’exploitation serait entravée ou impossible. Cette
nécessité à la continuité du service et à son fonctionnement permet de comprendre la
volonté, sinon l’obligation de l’autorité concédante de les garder en fin de contrat.
Les biens de retour sont considérés comme la propriété de la collectivité concédante -
ab initio – c'est-à-dire dès la signature du contrat et sa mise en exécution même si ces
biens ont été acquis et exploités par le concessionnaire. Ils sont généralement
désignés dans le contrat et mis à jour régulièrement par les investissements du
concessionnaire en biens de retour.
1.2- Les biens de reprise
Les biens de reprise sont la propriété de l’entreprise concessionnaire. Ils sont affectés
durant la concession à l’exploitation du service concédé mais peuvent selon la
volonté du concédant lui revenir en fin de contrat, à charge pour lui de verser à son
concessionnaire une indemnité déterminée par le contrat.
Cette option de reprise est généralement prévue dans le cahier des charges. Ils restent
la propriété du concessionnaire jusqu’à la fin du contrat.
1.3- Les biens propres

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Ces biens sont la propriété exclusive du concessionnaire du début jusqu’à la fin du


contrat et qui ne sont grevés d’aucune option ou obligation de retour.
Voici un schéma explicatif de la différenciation des biens de la concession 1 :

Origine du bien
Concédant Concessionaire

Apport à titre gratuit ?


Oui Non

Le retour est prévu?


Est-il Oui Non
Obligatoire ?
Oui Non

Biens de retour Biens de reprise Biens de retour

2- Nature juridique des biens de la concession


Généralement, les biens exploités par le concessionnaire sont des biens publics, avec
toutes les conséquences juridiques qui découlent de cette qualification, notamment
en cas de dommage ou de destruction.
Ainsi, les dommages et accidents résultant de l’édification de l’entretien et du
fonctionnement normal et défectueux des ouvrages concédés sont des dommages
d’ouvrages publics.
Selon les critères de domanialité publique, deux conditions sine qua non sont à
remplir :

1
« Concessions de service public : proposition d’une normalisation comptable du traitement des immobilisations
du domaine concédé », mémoire d’expertise comptable par M. Mehdi EL ATTAR, novembre 2004.

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- Le bien doit d’abord appartenir à une collectivité publique. Il s’agit des biens
frappés d’une clause de retour obligatoire au concédant ;
- Le bien doit être affecté à une destination d’intérêt général.

V- Le régime financier de la concession


Le contrat de concession prévoit la perception par le concessionnaire de sa
rémunération sur les usagers. S’agissant de l’exploitation d’un service public, il
convient d’atteindre un équilibre cohérent entre une juste rémunération du
concessionnaire et la satisfaction de l’intérêt général.
L’équilibre financier, commun à tous les contrats administratifs, revêt un rôle
particulièrement important dans les concessions compte tenu de leurs durées. Il a
pour but de concilier l’intérêt du concessionnaire qui n’a pas à assumer la gestion du
service public pour s’y ruiner et les exigences inhérentes à tout service public, à
savoir la continuité et l’adaptation aux circonstances. Ceci signifie un droit au
rétablissement de l’équilibre financier, lorsque les agissements de l’autorité
concédante entraînent un déséquilibre pour le concessionnaire.
L’équilibre économique et financier du contrat peut être atteint à travers divers
moyens :
- Au niveau des tarifs : par la formule de révision pour le rattrapage économique.
- Au niveau des revues quinquennales : vérifier les résultats obtenus par le
concessionnaire et la possibilité de révision des programmes d’investissement.
- Au niveau des modifications des clauses contractuelles : tout évènement ou
imprévu et qui a pour conséquence d’altérer l’équilibre financier de la concession.
L’équilibre financier doit exister au cours des trois phases du contrat : à la signature,
pendant son déroulement et à la fin du contrat.
1- L’équilibre financier à la signature du contrat
Au moment de la rédaction du contrat, les parties n’ont qu’une visibilité réduite du
déroulement financier probable du contrat. Les tarifs sont fixés en fonction des
éléments fournis par l’autorité concédante. Les tarifs établis par le concessionnaire en
fonction des informations transmises par le concédant, doivent lui permettre
d’équilibrer son budget et de réaliser une marge qui doit être conforme à celle

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réalisée par la profession. L’autorité délégante a dans le cadre de son pouvoir de


contrôle a la possibilité de vérifier :
- l’équitable rémunération du concessionnaire : le concédant vérifie qu’il n y a pas
d’enrichissement anormal au détriment des usagers ;
- le respect de l’égalité des usagers : tous les usagers doivent bénéficier du même
service et à des conditions tarifaires identiques.
2- L’équilibre financier pendant la période du contrat
Les conditions tarifaires, déterminées par le contrat de concession, sont
théoriquement fixées pour toute la durée de la concession. Toutefois, il ne faut pas
créer des distorsions à l’occasion de l’évolution des conditions d’exploitation au
détriment du concessionnaire. Ainsi, le contrat prévoit des clauses contractuelles
couvrant les aléas économiques courants :
- des clauses d’indexation de prix : elles permettent en fonction des indices reconnus
de la profession de modifier les conditions de facturation. Ces clauses permettent un
ajustement à la hausse mais aussi éventuellement à la baisse des prix de vente
exercés. Ces clauses plafonnent généralement l’évolution de ces indices pour que, les
cas échéant, une augmentation trop importante et non justifiée n’enrichisse pas le
concessionnaire au détriment de l’intérêt général.
- des clauses de révisions de prix : ces clauses permettent de renégocier les tarifs. La
révision des prix est nécessaire lorsque les éléments nouveaux, indépendamment des
clauses d’indexation de prix, viennent modifier de manière importante les conditions
d’exploitation de la concession. Dans ces conditions, un avenant au contrat initial est
négocié entre les parties qui explicitent le contexte de révision de prix et fixe de
nouvelles conditions tarifaires.
L’autorité concédante peut unilatéralement modifier les conditions techniques
d’exploitation de la concession dans l’intérêt public. Ces modifications sont le
résultat d’évènements externes non prévus au contrat et peuvent remettre en cause
de manière significative l’équilibre général d’exploitation de la concession. Les coûts
économiques, supportés par le concessionnaire sont répercutés aux usagers (par
l’ajustement du prix facturé) ou à l’autorité délégante si celle-ci ne souhaite pas

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modifier les tarifs appliqués aux abonnés (une redevance permet la répercussion des
coûts engagés par le concessionnaire).
3- L’équilibre financier à la fin du contrat
A la fin du contrat, le concédant devient mécaniquement propriétaire des biens de la
concession sans indemnités possibles (sauf si elles ont été prévues dans le contrat).
Le concessionnaire doit également veiller à rendre ces installations dans un parfait
état de fonctionnement et d’entretien.
Ces modalités doivent permettre au concessionnaire d’établir des plans
d’amortissement et de provisions sur la durée de la concession :
- pour couvrir l’ensemble des immobilisations produites et financées conformément
aux dispositions contractuelles (amortissement de caducité ou provision pour
reconstitution des capitaux investis) et n’ayant pas donné lieu aux amortissements
pour dépréciation ;
- pour mettre en œuvre les réparations nécessaires à la restitution des installations
dans un état correct de fonctionnement.
La constatation des provisions au cours de la concession permet d’étaler la charge
afin que la restitution des biens ne soit pas préjudiciable au concessionnaire
remettant en cause l’équilibre financier du contrat.
Ainsi, l’équilibre financier du contrat s’analyse comme étant un équilibre global sur
la durée totale de la concession. A partir du moment où le concessionnaire a récupéré
la totalité du financement des biens qu’il a mis dans la concession, la remise des biens
n’appauvrit pas sa situation financière, et la juste rémunération de l’exploitant doit
être analysée en tenant compte des résultats réels accumulés durant la concession.

VI- La fin du contrat de concession


Le contrat de concession prend fin normalement en terme de celui-ci tel que prévu
par la convention. Le contrat peut également prendre fin par anticipation pour cause
de rachat de la concession, de résiliation du contrat ou de déchéance du
concessionnaire.
1- La fin normale du contrat
Selon le DOC, le contrat cesse de produire ses effets à l’égard des parties lorsque ce
dernier touche à son terme. Toutefois, le concessionnaire et le concédant peuvent

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d’un commun accord décider soit en cours du contrat, soit à l’expiration de sa durée,
de le renouveler ou de le changer par un avenant.
Il est à signaler que le concessionnaire bénéficie la plupart du temps d’un droit de
préférence, si en cas d’expiration du contrat, si l’autorité concédante entend procéder
à la délivrance d’une concession nouvelle.
Le concessionnaire peut être amené à gérer de fait le service concédé lorsqu’il sera
amené à gérer le service malgré l’arrivée du terme du contrat sans qu’il fasse l’objet
de renouvellement ou d’avenant.
Conformément aux dispositions prévues par la convention, les biens de retour
reviennent au concédant le plus souvent gratuitement et ce dernier a le choix
d’exercer ou non son droit de rachat sur les biens de reprise. Les biens propres seront
repris par lui pour la restitution du domaine concédé dans son état initial.
2- La fin anticipée de la concession
Une fin anticipée de la concession peut être la résultante d’un rachat, d’une
résiliation ou d’une déchéance du concessionnaire.
2.1- Le rachat de la concession
Le rachat du contrat est une mesure qui permet à l’autorité concédante de mettre fin
au contrat de concession avant l’échéance contractuelle moyennant l’indemnisation
du concessionnaire.
Sous réserve du rachat légal instauré par un texte spécial, et du rachat amiable, le
rachat ne peut s’exercer que dans les conditions prévues par le contrat qui devrait
indiquer :
- Le délai à partir duquel le rachat est possible ;
- Le délai de préavis à respecter par le concédant.
La décision de rachat prend effet à la date où elle est prise par l’autorité compétente.
Lorsque la décision de rachat est soumise à l’approbation de l’autorité de tutelle, les
effets du rachat ne se trouvent pas reportés à la date à laquelle intervient
l’approbation, car celle-ci a pour seul effet de rendre définitive la décision de rachat
prise par l’autorité concédante.
Si le concédant exerce la faculté de rachat, elle doit s’accompagner de l’indemnisation
du concessionnaire suivant les conditions contractuelles.

Ouassim AKIL 19 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

2.2- La résiliation conventionnelle


La résiliation conventionnelle résulte tout simplement de l’accord des parties qui
décident de mettre fin au contrat avant l’expiration de la durée pour laquelle il avait
été conçu. Cette résiliation peut intervenir avec ou sans indemnité, au profit du
concessionnaire, selon les termes de l’accord.
En cas de disparition de l’objet de la concession, la résiliation peut avoir lieu de plein
droit. La résiliation peut également être prononcée par le juge, à la demande du
concessionnaire pour sanctionner les manquements de l’autorité concédante à ses
obligations contractuelles.
2.3- La déchéance du concessionnaire
Celle-ci est prononcée par le juge en cas de faute lourde à la demande de l’autorité
concédante. Les fautes visées sont, par exemple, le non respect des obligations
fondamentales liées à la signature d’un contrat de concession comme le maintien de
la continuité du service public.

Ouassim AKIL 20 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

B- LES ASPECTS COMPTABLES RELATIFS AU CONTRAT


DE CONCESSION
I- L’environnement comptable marocain
L’utilisation stricte des règles comptables de droit commun pour comptabiliser les
opérations spécifiques au contrat de concession posent les problématiques suivantes :
- faut-il inscrire les immobilisations appartenant à l’autorité concédante dans le bilan
du concessionnaire ?
- Peut-on envisager l’inscription à l’actif du concessionnaire de biens ne faisant pas
partie de son patrimoine, en tenant compte du fait que la comptabilité marocaine est
principalement basée sur une approche patrimoniale ? Ou bien, doit-on privilégier la
recherche de l’image fidèle qui concorde avec l’image économique qui tend à inscrire
ces biens au niveau du bilan du concessionnaire ?
- Comment traduire comptablement le de droit exclusif d’exploitation du service
public ? Quelle évaluation pour ce droit ?
- Quelles sont les modalités comptables et financières qui permettent la récupération
des capitaux investis par le concessionnaire dans des biens qui seront restitués
gratuitement au concédant à la fin de la concession ?
- Comment traduire les obligations du concessionnaire concernant l’entretien et le
renouvellement ?
Devant ces questions posées, le Code Général de Normalisation Comptable reste
muet et n’explicite pas d’aspect comptable relatif à la concession.
En France, la question a été réglée avec le Plan Comptable Général de 1982, quia
consacré cinq alinéas spécifiques aux entreprises concessionnaires et qui concernent :
- L’inscription pour mémoire du droit exclusif d’exploitation à l’actif du bilan du
concessionnaire ;
- L’inscription des biens concédés à l’actif du bilan de l’entreprise concessionnaire ;
- L’inscription d’une contrepartie au passif lorsque les biens sont mis gratuitement en
concession par le concédant ;
- Le maintien du potentiel productif des biens concédés par un jeu d’amortissements
et de provisions adéquates ;

Ouassim AKIL 21 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- La distinction de l’activité de chaque concession ou catégorie de concession dans


des comptes de résultat appropriés.
Il est à signaler qu’une commission marocaine « concession » a eu une première
réunion le 11 avril 2003 pour mettre en place des normes comptables marocaines
propres à la concession, et la tendance serait de suivre le PCG 1982.

II- Instruments comptables spécifiques aux entreprises


concessionnaires
1- Amortissement pour dépréciation
Selon le Code Général de Normalisation Comptable, l’amortissement est « la
répartition de la différence entre la valeur d’entrée et la valeur résiduelle sur la durée
d’utilisation de l’immobilisation ». Cette durée d’utilisation peut être soit la durée de
vie probable de l’immobilisation, laquelle est appréciée en fonction de facteurs
physiques et économiques, soit une durée d’utilisation propre à l’entreprise
inférieure à la durée de vie choisie en fonction de sa stratégie ou de sa politique.
L’amortissement pour dépréciation dans les entreprises concessionnaires présente
des particularités en fonction de la nature des biens mis en concession et leur régime
juridique de propriété. Ainsi, on distingue les biens mis en concession par le
concédant et les biens apportés par le concessionnaire.
1.1-Les biens mis en concession par le concédant
On distingue deux types de biens à ce niveau :
- Les biens non renouvelables qui par essence ne sont pas amortissable pour
dépréciation.
- Les biens renouvelables qui lorsque leur durée de vie est inférieure à la durée de la
concession, le concessionnaire se trouve dans l’obligation de procéder à un
amortissement pour dépréciation du bien.
1.2- Les biens mis en concession par le concessionnaire
Hormis le cas des immobilisations sur lesquels le concédant ne dispose d’aucun droit
et qui suivent les règles normales d’amortissement, on distingue trois cas qui se
posent :
1.2.1- Les biens renouvelables

Ouassim AKIL 22 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Il s’agit des biens que le concessionnaire sera amené à acquérir par ses fonds propres,
au profit du concédant, et dont la durée de vie est inférieure à la durée de la
concession.
Le concessionnaire doit constater dans ses charges d’exploitation des dotations aux
amortissements des biens renouvelables. Cet amortissement correspond à l’étalement
du coût d’acquisition sur la durée de vie de l’immobilisation.
Cependant, le dernier bien renouvelé et qui sera restitué au concédant sans
indemnité en fin de contrat, ne peut faire l’objet d’un amortissement pour
dépréciation. Cet investissement sera récupéré par des techniques autres que celles
de l’amortissement industriel.
1.2.2- Les biens non renouvelables
Il s’agit des biens dont la durée d’utilisation est supérieure ou égale à la durée du
contrat. Ceux-ci appartiennent ab initio au concédant. Donc, le concessionnaire ne
peut effectuer sur ses charges d’exploitation des prélèvements au titre de
l’amortissement de biens appartenant à des tiers.
Cependant, des dispositions contractuelles peuvent permettre au concessionnaire de
constater l’amortissement du bien dans un souci de sauvegarde de l’image fidèle. Ces
amortissements viennent en diminution des biens concernés et des droits du
concédant.
1.2.3- Les biens remis en fin de concession au concédant contre une indemnité
Il s’agit des biens de reprise sur lesquels le concédant peut exercer le droit de reprise
contre paiement au concessionnaire d’une indemnité fixée par le contrat.
Que le bien soit renouvelables ou non, le concessionnaire pratique l’amortissement
pour dépréciation dans les conditions de droit commun, puisque les biens renouvelés
seront récupérés par le biais de l’amortissement pour dépréciation et la partie non
récupérée sera payée par le concédant au moment de la reprise du bien.
2- Amortissement de caducité
2.1- La justification de l’amortissement de caducité
La remise à titre gratuit par le concessionnaire au concédant de biens du domaine de
la concession est une des spécificités du contrat de concession. Le concessionnaire
n’est pas le véritable propriétaire des actifs de la concession. Les biens de retour

Ouassim AKIL 23 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

appartiennent ab initio au concédant même s’ils ont été financés par le


concessionnaire.
Puisque généralement le concessionnaire ne peut prétendre à aucune indemnité en
fin de contrat, celui-ci a le droit de prélever sur ses produits d’exploitation, pour
reconstituer les capitaux investis pendant la durée de la concession. Cette
reconstitution s’opère au travers d’un amortissement appelé « amortissement
financier de caducité ».
Il est à signaler que cet amortissement de caducité est tout à fait différent de
l’amortissement financier du capital et de l’amortissement d’un emprunt.
En substance, on retient que l’amortissement de caducité est justifié par le caractère
temporaire de la concession et par l’obligation de remettre des biens financés par des
fonds propres, au concédant sans aucune indemnité.
2.2- La base de l’amortissement de caducité
Comme indiqué précédemment, l’amortissement de caducité a été développé pour
permettre aux concessionnaires de récupérer les capitaux investis dans des biens de
retour. Par conséquent, le montant amortissable correspond, au plus, à la totalité des
capitaux investis dans lesdits biens.
Le capital investi correspond au coût d’acquisition du bien ou de sa production par le
concessionnaire. Toutefois, si le bien a été financé par une subvention du concédant,
ladite subvention doit être diminuée à due concurrence de la base des
amortissements de caducité.
Suivant le même raisonnement, en cas de versement d’une indemnité par le
concédant lors de la reprise du bien, et que le montant de cette indemnité est
inférieur à la valeur nette comptable du bien, ladite indemnité doit être déduite de la
base des amortissements de caducité.
2.3- La durée de l’amortissement de caducité
La règle générale tend à étaler l’amortissement de caducité sans discrimination, à
chacun des exercices de la concession sa quote-part des charges d’amortissement de
caducité.
En conséquence, l’amortissement de caducité est à étaler sur toute la durée de la
concession. Cette règle reste applicable même si le bien est renouvelable et en

Ouassim AKIL 24 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

conséquence, seul le dernier renouvellement est susceptible d’amortissement de


caducité. Ainsi, suivant le principe de prudence, le concessionnaire devrait constater
dans les charges de chacun des exercices de la concession, une fraction de
l’amortissement de caducité qui sera opéré lors du dernier renouvellement.
L’amortissement de caducité peut donc être cumulé aussi bien avec l’amortissement
pour dépréciation qu’avec la provision pour renouvellement. Il est d’usager de
constituer pour cela une provision pour amortissement de caducité, ladite provision
sera décrite ultérieurement.
3- Provision pour renouvellement
3.1- Justification de la provision pour renouvellement
On définit le renouvellement comme étant « le remplacement d’un bien à l’identique
qui ne se traduit pas par une augmentation de l’actif immobilisé ». Il correspond
donc, au retrait d’un élément et son remplacement par un autre de même valeur sans
qu’il y ait une incidence dur l’actif.
Le renouvellement suppose une individualisation du bien à renouveler, ce qui
revient à dire que le concessionnaire, en concertation avec le concédant doit disposer
d’un plan de renouvellement annuel sur la base du cahier des charges.
Les entreprises concessionnaires, comme d’ailleurs toutes les entreprises, pratiquent
un amortissement pour dépréciation. Ce dernier correspond à la constatation de
l’amoindrissement de la valeur d’une immobilisation et permet à la reconstitution
des capitaux nécessaires au renouvellement. Néanmoins, ce renouvellement demeure
limité à la valeur d’origine sur laquelle porte l’amortissement pour dépréciation. A
cet effet et compte tenu de l’inflation et du progrès technologique, l’amortissement
pour dépréciation ne peut couvrir à lui seul, le coût du renouvellement dans sa
totalité. Ce phénomène prend de l’ampleur lorsque les biens possèdent une longue
durée de vie et c’est le cas généralement dans les concessions de service public.
En outre, l’évolution des besoins des usagers, oblige le concessionnaire à améliorer le
service. Tous ces éléments réunis font que, sauf cas exceptionnel, le nouveau bien
coûte plus cher que l’ancien bien ayant fait l’objet d’un amortissement pour
dépréciation.

Ouassim AKIL 25 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

En conséquence, en plus de l’amortissement pour dépréciation, le concessionnaire est


tenu de constater des provisions pour renouvellement calculées sur la différence
entre la valeur de remplacement d’un bien et la valeur d’origine du même bien.
Cette provision doit être constituée avec prudence et rigueur, puisqu’en cas
d’insuffisance de la provision, le différentiel entre le coût de remplacement et le
cumul de l’amortissement et de la provision se traduirait par une perte chez le
concessionnaire.
En substance, par ces provisions, le concessionnaire est censé épargner par avance, le
montant des disponibilités qui lui seront nécessaires pour remplir ses obligations.
Ainsi, le renouvellement d’une immobilisation de la concession s’opère donc en
partie par la provision pour renouvellement et en partie par l’amortissement pour
dépréciation.
3.2- Calcul de la provision pour renouvellement
Comme indiqué ci-dessus, la provision pour renouvellement est calculée sur la
différence entre la valeur de remplacement diminuée éventuellement de toute
subvention, et la valeur d’origine du même bien ou tout au moins de lavaleur
supportée par le concessionnaire.
Deux cas de figures se posent à ce niveau :
- Le bien renouvelable a été apporté à titre gratuit par le concédant : dans ce cas le
prix de revient est nul et la dotation portera sur la valeur totale du bien.
- Le bien a été apporté à titre onéreux par le concédant ou par le concessionnaire :
dans ce cas la dotation à la provision se calculera par différence comme indiqué ci-
dessus.
La provision pour renouvellement doit être étalée sur la durée de vie prévue pour
l’immobilisation concernée de façon linéaire.
Lors du remplacement du bien, la provision constituée est alors, reprise
annuellement par fractions égales sur la durée de vie du bien.
4- Provision pour grosses réparations
4.1- Justification de la provision pour grosses réparations

Ouassim AKIL 26 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

On définit les grosses réparations comme étant « des charges prévisibles de


maintenance importantes qui ne peuvent être rattachées à un seul exercice et qui ne
peuvent être assimilées à des frais courants d’entretien et de répartition ».
En général, la convention de la concession met à la charge du concessionnaire
l’obligation de maintenir les immobilisations concédées en bon état de
fonctionnement. Toutefois, toutes les charges d’entretien ne sont pas des dépenses
courantes parce qu’elles peuvent revêtir une périodicité pluriannuelle ou même
contractuelle.
Selon le principe comptable de prudence, le concessionnaire serait amené à
constituer des provisions pour grosses réparations qui permettent d’étaler la charge
sur plusieurs exercices et procurer les fonds nécessaires pour y faire face au moment
de la réparation.
Cette provision spécifique aux entreprises concessionnaires peut être classée parmi
les provisions pour risques et charges dans la rubrique des provisions pour charges à
répartir et qui sont définies par la norme comptable comme étant « une provision
évaluée à l’arrêté des comptes destinée à couvrir des risques et des charges que des
événements survenus au cours de l’exercice rendent probables, nettement précisés
quant à leur objet mais dont la réalisation est incertaine ».
4.2- Calcul de la provision pour grosses réparations
Le montant global de la provision pour grosses réparations correspond au coût
prévisible des travaux nécessaires à la remise en état initial du bien en question.
Une dotation est annuellement calculée suivant le plan prévu à cet effet. Le montant
total de la provision doit être réparti sur la durée totale du contrat ou le cas échéant
sur la durée restant à courir entre la date de mise en concession du bien, si celle-ci ne
correspond pas à l’origine du contrat et l’échéance prévue.
5- Provision pour amortissement de caducité
Cette provision se justifie quand le concessionnaire veut répartir l’amortissement de
caducité sur la durée totale de la concession et non sur celle restant à courir entre la
date d’acquisition du bien à renouveler et la fin de la concession.

Ouassim AKIL 27 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Lors du dernier renouvellement, les provisions précédemment constituées sont


virées pour solde au compte d’amortissement de caducité, ce dernier faisant l’objet
des dotations complémentaires.

III- Comptabilisation des immobilisations du domaine


concédé
Après avoir passé présenté le cadre juridique et les différents instruments comptables
liés à la concession, il convient à présent de voir les différentes comptabilisations des
immobilisations de la concession, selon la nature du bien.
1-Immobilisations mises en concession par le concédant
Au début de la concession, le concédant et le concessionnaire sont tenus d’effectuer
un inventaire contradictoire des biens apportés en concession .Théoriquement, cette
remise peut se faire soit à titre gratuit, soit à titre onéreux.
1.1-Biens apportés gratuitement
- Constatation de l’entrée de l’immobilisation
Les biens mis en concession par le concédant à titre gratuit font partie des biens de
retour. Ces biens sont inscrits parmi les immobilisations du domaine concédé,
distinctement des immobilisations du concessionnaire. La contrepartie de ces
immobilisations figure au passif permanent dans le compte « droit de l’autorité
concédante ».
20.. Immobilisations en concession X
101. DAC. Financement concédant X

- Amortissement de l’immobilisation
L’amortissement des immobilisations reçues en début de concession n’est pas inscrit
en tant que charge chez le concessionnaire, vu que ces immobilisations ne sont pas sa
propriété absolue et que leur coût d’entrée est nul pour le concessionnaire. Ainsi,
l’amortissement est constaté en diminution du droit de l’autorité concédante.
L’amortissement est étalé sur la durée de vie économique de l’immobilisation.
101. DAC. Financement concédant Y
280. Amortissement des immobilisations en Y
Concession, financement concédant

- Retour du bien à l’autorité concédante en fin de contrat

Ouassim AKIL 28 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Lors de la remise de l’immobilisation au concédant, les comptes d’immobilisations et


d’amortissements correspondants seront soldés en contrepartie du droit de l’autorité
concédante.

101. DAC financement concédant X-Y


280. Amortissement des immobilisations Y
en concession, financement concédant
20.. Immobilisations en concession X

1.2- Biens apportés à titre onéreux


- Constatation de l’entrée de l’immobilisation
Les biens reçus à titre onéreux font partie des biens de retour. Au même titre des
immobilisations reçues gratuitement, ces biens sont inscrits parmi les
immobilisations du domaine concédé, distinctement des immobilisations du
concessionnaire, en contrepartie du droit de l’autorité concédante.
20.. Immobilisations en concession X

101. DAC financement concédant X

- Constatation du droit incorporel relatif aux biens reçus à titre onéreux :


Lorsque le concessionnaire supporte au début du contrat l’acquisition des
immobilisations auprès du concédant, ce coût constitue un droit exclusif d’exécution
qui lui est accordé par le contrat de concession. Ce droit constitue un élément du
patrimoine du concessionnaire, qui doit être constaté comme actif incorporel.
La valeur de cet actif incorporel dépend des conditions selon lesquelles il a été
acquis. En cas d’échelonnement des flux financiers, une dette doit être constatée.
22.. Droit d’entrée dans la concession Z
5… Trésorerie Z
ou ou
4… Dette Z

- Amortissement du bien du domaine concédé


Etat un bien de retour, le concessionnaire ne peut constater de dotations aux
amortissements concernant le bien concédé à titre onéreux. Ainsi, l’amortissement est
constaté en diminution du droit de l’autorité concédant.
L’amortissement est étalé sur la durée de vie économique de l’immobilisation.

Ouassim AKIL 29 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

101. DAC financement concédant Y


280. Amortissement des immobilisations
en concession, financement concédant Y

- Amortissement du droit incorporel


L’actif incorporel relève du domaine privé et n’évolue pas avec l’âge des
immobilisations. Il doit être amorti sur la durée de la concession, puisqu’il n’est pas
renouvelable.
6192 DEA des immobilisations incorporelles V
282. Amortissement du droit d’entrée V

- Retour de l’immobilisation au concédant


Idem que pour les biens reçus gratuitement, la remise des immobilisations est
constatée par le solde des comptes d’immobilisations et d’amortissements en
contrepartie du droit de l’autorité concédante.
101. DAC financement concédant X-Y
280. Amortissement des immobilisations Y
en concession, financement concédant
20.. Immobilisations en concession X

- Retrait du droit incorporel en fin de concession


En fin de contrat, les droits incorporels rattachés à la concession ayant expirés, ke
bien incorporel correspondant est sorti de l’actif. Le retrait se fait par le crédit du
compte du droit incorporel et le débit du compte d’amortissement correspondant
pour solde.
282. Amortissement du droit d’entrée Z
22.. Droit d’entrée dans la concession Z

2- Immobilisations mises en concession par le concessionnaire


Suivant le principe de l’équilibre financier de la concession, le concessionnaire
devrait récupérer sur la durée de la concession l’ensemble des coûts engagés pour le
compte du concédant. Ceci est faisable grâce au jeu des amortissements et des
provisions.
2.1- Immobilisations renouvelables remises gratuitement au concédant
- Constatation de l’entrée de l’immobilisation en concession
L’entrée de l’immobilisation est constatée en contrepartie d’un compte de tiers ou de
trésorerie.

Ouassim AKIL 30 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

20.. Immobilisation mises en concession X


par le concessionnaire (Bien 1)
44.. Fournisseur ou X
51.. Trésorerie
- Amortissement pour dépréciation
L’amortissement pour dépréciation est appliqué dans les conditions normales, par le
débit d’un compte de dotation d’exploitation et le crédit du compte d’amortissement
de l’immobilisation concernée.
619. DEA pour dépréciation des immobilisations X
280. Amortissement des immobilisations en concession X
financement concessionnaire

- Provision pour renouvellement

Elle correspond au différentiel entre le coût du bien de remplacement et le coût du


bien remplacé. Elle doit faire l’objet d’un plan de renouvellement annuel en fonction
des ressources, fixant la date et le montant du renouvellement pour chaque bien avec
corrections ultérieures si les circonstances le justifient.
619. DEP pour renouvellement Z
155. Provision durable pour risques et charges Z

- Provision pour grosses réparations


Le concessionnaire a recours à la provision pour grosses réparations lorsque le cahier
des charges prévoit de remettre le bien en bon état à la fin de la concession. Quand la
provision devient sans objet, elle doit être rapportée au résultat.
619. DEP pour grosses réparations W
155. Provision durable pour risques et charges W

- Amortissement de caducité
L’amortissement de caducité a été développé afin de permettre aux concessionnaires
de récupérer les capitaux investis dans des biens de retour. Son montant correspond
au coût du dernier bien acquis diminué des provisions pour renouvellement. Ce
concept s’inscrit dans la logique de l’équilibre financier de la concession.
619. Dotation aux amortissements de caducité V
102. DAC, financement concessionnaire V

-
- Destruction ou sortie de l’immobilisation
A la fin de la durée de vie économique de l’immobilisation,elle est sortie du
patrimoine en contrepartie d’un compte d’amortissement.

Ouassim AKIL 31 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

280. Amortissement des immobilisations en concession X


financement concessionnaire
20.. Immobilisations mises en concession par le concessionnaire (Bien 1) X

- Renouvellement de l’immobilisation
Au renouvellement, la provision pour renouvellement est soldée en contrepartie du
crédit du droit de l’autorité concédante. L’entrée de la nouvelle immobilisation est
constatée de façon normale.
20.. Immobilisations mises en concession X+Z
par le concessionnaire (Bien 2)
155. Provision durable pour risques et charges Z
102. DAC, financement concessionnaire Z
44.. Fournisseur X+Z

En supposant que le bien 2 ne sera pas renouvelable, vu l’arrivée du contrat à son


terme, les écritures à constater se dérouleront comme suit :
- Amortissement pour dépréciation
Vu que la durée du contrat restant à courir est inférieure à la durée de vie
économique du bien, ce dernier ne sera pas totalement amorti en fin de concession.
619. DEA pour dépréciation des immobilisations U
280. Amortissement des immobilisations en concession U
Financement concessionnaire (Bien 2)

- Amortissement pour caducité


619. Dotation aux amortissements de caducité S
102. DAC financement concessionnaire S

- Remise de l’immobilisation à titre gratuit au concédant


A la fin de la concession la situation des comptes de bilans concernés est la suivante :
20.. 280. 155. 102.
X X X X Z Z V+Z+S V
X+Z U U U Z
V+Z+S S

Lors de la remise du bien, le compte d’immobilisation sera soldé en partie par le


compte d’amortissement du montant U, et par le compte du droit de l’autorité
concédant d’un montant de V+Z+S.
Donc, pour vérifier le respect de l’équilibre financier de la concession, on remarque
que :
- L’amortissement pour dépréciation du premier bien d’un montant de X a permis de
récupérer le premier investissement.

Ouassim AKIL 32 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- La provision pour renouvellement d’un montant de Z, a permis la récupération de


l’augmentation du coût d’investissement entre le premier et le deuxième bien ;
- L’amortissement de caducité pratiqué depuis le début de la concession d’un
montant de S+V, a couvert le coût du deuxième bien non amorti pour dépréciation.
Ainsi, le concessionnaire, n’accuse aucune perte en fin de concession et remet au
concédant un bien d’une valeur nette comptable de X+Z-U.
102. DAC financement concessionnaire V+Z+S
280. Amortissement des immobilisations en concession U
Financement concessionnaire (Bien 2)
20.. Immobilisations mises en concession V+Z+S+U
par le concessionnaire (Bien 2)

2.2- Immobilisations renouvelables remises au concédant contre indemnité à


la fin de l concession
Dans ce cas, l’amortissement de caducité ne doit pas être pratiqué. L’amortissement
pour dépréciation doit être constaté comme charge d’exploitation jusqu’à la fin du
contrat. Généralement, le contrat de concession prévoit que l’indemnité à payer est
égale à la valeur nette comptable des biens. Lors de la remise du bien, l’indemnité est
constatée comptablement comme un prix de cession d’immobilisation.
2.3- Immobilisations non renouvelables remises gratuitement au concédant
- Constatation de l’entrée de l’immobilisation en concession
L’entrée de l’immobilisation est constatée en contrepartie d’un compte de tiers ou de
trésorerie.
20. Immobilisations mises en concession X
par le concessionnaire
44.. Fournisseur X
51.. Trésorerie

- Amortissement pour dépréciation


Il est sans incidence sur le résultat, il est constaté par le crédit du compte de
l’amortissement de l’immobilisation concernée, en contrepartie du débit du droit de
l’autorité concédante.
102. DAC financement concessionnaire Y
280. Amortissement des immobilisations en concession Y
financement concessionnaire

- Amortissement de caducité

Ouassim AKIL 33 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Cet amortissement est calculé sur la base du coût supporté par le concessionnaire
pour l’acquisition du bien. Cet amortissement de caractère financier traduit la
disparition progressive des moyens de financement des immobilisations plutôt que
la diminution de la valeur des biens qui seront remis en l’état au concédant.
619. Dotation aux amortissements de caducité X
102. DAC financement concessionnaire X

- Remise de l’immobilisation au concédant


Lors de la remise du bien au concédant, le compte de l’immobilisation est soldé en
partie par l’amortissement pour dépréciation cumulé à la date de la remise, et par le
droit de l’autorité concédante.
102. DAC financement concessionnaire X-Y
280. Amortissement des immobilisations en concession Y
financement concessionnaire
20.. Immobilisations mises en concession X
par le concessionnaire

Ainsi, les comptes de bilans soldés, le concessionnaire a récupéré ses dépenses


d’investissement d’un montant X, et il remet au concédant une immobilisation d’une
valeur nette comptable de X-Y.
2.4- Immobilisations non renouvelables remises avec indemnité au
concédant
D’une façon générale, l’indemnité payée par le concédant est égale à la valeur nette
comptable du bien restitué. Dans ce cas, il ne doit être procédé à aucun
amortissement de caducité : le bien fait l’objet d’un amortissement pour dépréciation
dont les dotations constituent des charges d’exploitation. L’indemnité payée est
traitée en tant que prix de cession.

Ouassim AKIL 34 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

C- LES ASPECTS FISCAUX RELATIFS A LA CONCESSION


A travers ce chapitre, nous examinerons le régime fiscal des immobilisations de la
concession, selon s$qu’elles sont mises en concession par le concessionnaire ou par le
concédant, et également le régime fiscal afférant aux amortissements et provisions
propres à la concession.

I- Régime fiscal des immobilisations de la concession


1- Les biens mis en concession gratuitement par le concédant
Les biens mis en concession gratuitement par le concédant sont des biens de retour.
Ils sont la propriété inaliénable du concédant, et comme précisé au niveau de des
aspects juridiques et comptables de la concession, le concessionnaire n’a sur ces biens
que d’un droit de jouissance.
1.1- Impôt sur les sociétés
Il est à signaler que pour ces biens acquis gratuitement, le concessionnaire n’est pas
propriétaire, et par conséquent tout amortissement pour dépréciation ou de caducité
qui leur serait rattaché est réputé être non déductible du résultat fiscal du
concessionnaire.
En principe la cession de ces biens par le concessionnaire est interdite. Toutefois, en
cas d’autorisation de cession par le concédant, les produits de cession ne constituent
pas un produit taxable chez le concessionnaire, puisqu’il agit en tant que mandataire
du concédant. Le produit de cession est soit versé au concédant.
1.2 Taxe sur la valeur ajoutée
Dans un contrat de concession, il ne peut y avoir de transfert de droit à déduction
puisque l’instruction générale de la TVA a limité les cas de transfert du droit à
déduction pour :
- les entreprises liées par un contrat de réalisation de travaux clef en main ;
- les opérations de fusion, scission, apports en société ou de transformation de la
forme juridique de l’entreprise
- Le cas des biens constituant des immobilisations.

Ouassim AKIL 35 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

En conséquence, la TVA sur les biens de retour mis gratuitement en concession par le
concédant et non récupérée par lui à la date de la concession, ne peut ouvrir droit à
déduction chez le concessionnaire.
1.3- Taxe urbaine
Les immobilisations mises en concession par le concédant ou financés par lui sont
exclus du champ d’application de la taxe urbaine, vu la nature de la personne duc
concédant qui est généralement l’Etat ou les collectivités locales et qui sont exclus du
champ d’application de la taxe en vertu de l’article 3 de la loi sur la taxe urbaine.
Il est à signaler que la base imposable à la taxe d’édilité est celle de la taxe urbaine.
2- Les biens mis en concession par le concessionnaire
Comme développé au niveau de la première partie, les biens mis en concession par le
concessionnaire peuvent être scindés en trois catégories : les biens de retour, les biens
de reprise et les biens propres.
Le régime fiscal en matière d’impôt sur les sociétés, TVA, patente, taxe urbaine et
taxe d’édilité des biens de reprise et biens propres est celui de droit commun. Les
particularités qui seront détallées ci-après concernent les biens de retour.
2.1- Impôt sur les sociétés
Les biens de retour financés par le concessionnaire ne sont pas en principe éligibles
au droit à l’amortissement pour dépréciation, en absence d’une clause de propriété
de ces biens par le concessionnaire.
Néanmoins, l’usage et la doctrine administrative veut que le concessionnaire
pratique au titre de ces biens un amortissement financier de caducité déductible.
2.2- La taxe sur la valeur ajoutée
Conformément aux dispositions de l’article 8 de la loi 30-85, et de la doctrine
administrative, le concessionnaire peut acquérir les biens d’investissement en
exonération de la TVA. Cette position part du principe que puisque c’est le
concessionnaire qui a financé ces biens, alors la TVA qui a grevé leur prix de revient
ouvre droit à déduction entre ses mains.
Par ailleurs, si ces biens sont produits par le concessionnaire lui-même, ils sont
passibles de la TVA sur les livraisons à soi même au taux en vigueur.
2.3- L’impôt des patentes

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Les biens de retour financés par le concessionnaire sont des éléments d’exploitation
entrant dans le champ d’application de cet impôt, tout autant que ceux mis en
concession par le concédant.
2.4- Taxe urbaine et taxe d’édilité
Juridiquement, les biens de retour sont la propriété, ab initio, du concédant. Le
concessionnaire n’a aucun droit de propriété sur ces biens.
En vertu de l’article 3 de loi sur la taxe urbaine, ces biens sont exclus du champ
d’application de la taxe urbaine, puisqu’ils sont la propriété de l’Etat ou des
collectivités locales.
Toutefois, tel n’est pas l’avis de l’administration fiscale, qui confirme que les biens
mis en concession par le concessionnaire et financés par lui sont passibles de la taxe
urbaine.
Il est à signaler que selon les dispositions de l’article 4 de la loi sur la taxe urbaine, les
constructions nouvelles, les additions de constructions, ainsi que les nouveaux
équipements acquis à l’état neuf par le concessionnaire bénéficient de l’exonération
quinquennale de la taxe urbaine. Cette exonération n’est pas applicable à la taxe
d’édilité.

II- Régime fiscal des amortissements et provisions des


entreprises concessionnaires
Cette partie traitera du régime fiscal applicable aux amortissements et aux provisions
par référence à la loi 24-86 instituant l’impôt sur les sociétés. Cette loi n’a pas prévu
des dispositions propres aux produits et charges des entreprises concessionnaires,
comme si celles-ci rentraient dans le cadre du régime de droit commun.
Devant cette insuffisance du cadre fiscal marocain, nous nous appuierons dans cette
partie sur les divers points de vue de professionnels (experts comptables,
fiscalistes …) et sur les attitudes et décisions antérieures de l’administration fiscale.
1- Les provisions
Avant d’entamer les particularités des provisions chez les concessionnaires, il
convient de rappeler les conditions prévues par l’administration fiscale selon
lesquelles une provision est réputée être fiscalement déductible.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- Conditions de fonds : Il existe trois conditions de fonds qui doivent être réunies
pour qu’une provision soit fiscalement déductible :
+ La provision doit être destinée à faire face à une dépréciation, à une perte ou
à une charge déductible.
+ La perte ou la charge doit être nettement précisée quant à sa nature et son
montant
+ Les pertes et charges doivent trouver leur origine dans l’exercice.
- Conditions de forme : Pour être admises en déduction des résultats imposables de
l’entreprise, les provisions doivent être constatées dans les écritures comptables.
Autrement dit, si une provision, même justifiée, ne peut être admise en déduction, si
elle n’a pas été enregistrée dans les écritures de l’exercice.
1.1- La provision pour renouvellement des immobilisations
Quand le contrat de concession impose au concessionnaire de procéder à des
renouvellements d’immobilisations, ce dernier se trouve, en vertu du principe de
prudence, obligé de constater des provisions pour renouvellement.
La question à poser est si cette provision répond aux conditions de déductibilité ?
Pour ce qui est des conditions de forme, la provision doit bien entendu faire l’objet
d’une comptabilisation réelle, et ses mouvements doivent être portés sur l’état des
provisions de l’ETIC.
1.1.1- Conditions de fonds de déductibilité de la provision pour
renouvellement
La provision pour renouvellement est-elle destinée à faire face à une dépréciation
à une perte ou à une charge déductible ?
Cette condition de déductibilité semble concerner les provisions pour charges
inexistantes compte tenu de leur caractère immobilisable. Ce qui est le cas de la
provision pour renouvellement. Cette condition peut être considérée comme acquise
dès lors que ces immobilisations doivent à l’échéance du contrat être remises
obligatoirement au concédant.
La provision pour renouvellement est-elle nettement précisée quant à sa nature et
son montant ?

Ouassim AKIL 38 ISCAE 2005


Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

En général, les contrats de concession prévoient des plans de renouvellement. Par


ailleurs, l’administration fiscale ne donne pas de manière pratique de modèle pour
ces plans. Ce qui est à retenir, à ce niveau, c’est que ce plan doit contenir le maximum
d’informations pertinentes (date d’acquisition, nature des biens, leur durée de vie, la
durée de renouvellement, le prix de remplacement à l’identique, etc).
Le concessionnaire devrait opérer un suivi du plan de renouvellement, qui consistera
tout d’abord à engager les dépenses initialement prévues et à procéder à des
ajustements annuels en fonction des nouvelles informations dont elle disposera sur
l’état des immobilisations, objet du renouvellement. Ces dotations se traduiront,
concrètement, par des dotations ou des reprises complémentaires sur les provisions
précédemment constituées.
A priori, un plan de renouvellement mis à jour régulièrement, et appliqué par le
concessionnaire constitue une preuve suffisante pour déduire fiscalement les
provisions pour renouvellement.
La provision pour renouvellement trouve-t-elle son origine dans l’exercice ?
Le contrat de concession est réputé être la loi des parties et ses clauses représentent
pour l’entreprise des obligations auxquelles, il ne peut échapper. Par conséquent, la
provision pour renouvellement se rattache bien à l’exercice de sa comptabilisation, si
le cahier de charges le prévoit.
1.1.2- Position de l’administration fiscale
L’administration fiscale ne semble pas admettre le principe de la déductibilité
automatique des provisions pour renouvellement, puisque le traitement fiscal du
renouvellement ne semble de poser que lorsque le renouvellement est opéré.
Pour étayer sa position, l’administration fiscale précise que « les investissements
seront amorties selon la technique de caducité à moins que le remplacement effectué
ne soit lui-même appelé à être renouvelé au cours de la concession, auquel cas, le
premier remplacement fera l’objet d’un amortissement pour dépréciation ».
1.2- La provision pour grosses réparations
1.2.1- Conditions de fonds de déductibilité de la provision pour grosses
réparations

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

La provision pour grosses réparations est-elle destinée à faire face à une


dépréciation, à une perte ou à une charge déductible ?
Les grosses réparations constituent des travaux non annuels qui sont nécessaires afin
de pouvoir remettre au concédant des installations en bon état de fonctionnement,
qui n’ont pas le caractère de travaux courants d’entretien. Toutefois, il est nécessaire
que les travaux pour lesquels le concessionnaire pratique une provision pour grosses
réparations, soient liés au contrat de concession pour prétendre à leur déductibilité
fiscale et avoir les caractéristiques suivantes :
- Ne pas constituer l’entrée d’un nouvel élément dans l’actif immobilisé ;
- Ne pas entraîner une augmentation de la valeur pour laquelle un élément de l’actif ;
- Ne pas avoir pour effet, la prolongation de la durée probable d’utilisation d’un
élément de l’actif immobilisé.
La provision pour grosses réparations est-elle précisée quant à sa nature et son
montant ?
Généralement, les cahiers de charges des concessions prévoient une liste énumérative
des immobilisations objet des grosses réparations, ainsi qu’un plan pluriannuel de
grosses réparations précisant leurs périodicités. Cette approche répond tout a fait à
l’obligation de précision de la nature des charges, puisqu’elle permet une
individualisation des immobilisations objets de la grosse réparation ainsi que la
périodicité des interventions, ainsi qu’une précision de leur montant.
Par ailleurs, comme le plan des grosses réparations répond à une condition de
déductibilité fiscale, l’administration fiscale serait en droit d’exiger l’obligation pour
le concessionnaire de se conformer au plan prévu.
La provision pour grosses réparations résulte-t-elle d’événements de l’exercice ?
Au même titre que la provision pour renouvellement, la constatation d’une provision
pour grosses réparations ne peut résulter que d’une obligation contractuelle.
1.2.2- Position de l’administration fiscale
L’administration fiscale ne paraît pas accepter la déductibilité par avance des
dépenses de grosses réparations et semble privilégier leur activation, en assimilant
les grosses réparations à des charges à répartir sur plusieurs exercices.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

2- Les amortissements
L’amortissement pour dépréciation reste régi par des règles communes à toutes les
entreprises et ne correspond pas à une application spécifique aux entreprises
concessionnaires.
Donc, cette partie s’intéressera aux règles fiscales applicables à l’amortissement de
caducité.
2.1- Conditions de déductibilité fiscale de l’amortissement de caducité
On distingue à ce niveau des conditions de forme et des conditions de fonds :
2.1.1- Conditions de déductibilité de forme
Le concessionnaire doit constater l’inscription de la charge d’amortissement en
comptabilité en tant que dotation aux amortissements de caducité. Il est à signaler
que cette condition est applicable à toutes les charges de la société.
Aussi, il serait préférable que le concessionnaire établisse un tableau des
amortissements de caducité au niveau de l’ETIC.
2.1.2- Conditions de déductibilité de fonds
A partir des dispositions de la doctrine de l’administration fiscale, on relève trois
conditions de fonds pour la déductibilité des amortissements de caducité :
- Le bien doit faire partie des immobilisations de la concession : Les
immobilisations sur lesquelles porte l’amortissement de caducité sont les biens mis
en concession par le concessionnaire et qui doivent retourner gratuitement au
concédant en fin de concession.
- Le bien doit retourner gratuitement au concédant ou contre une valeur inférieure
à la valeur nette comptable : La clause de retour gratuit des biens au concédant
constitue le fondement même de l’existence des amortissements de caducité. L’actif
immobilisé concerné par cet amortissement est parfois dénommé « actif défectible »
en raison du retour obligatoire au concédant en fin de contrat.
Le fait de remettre des biens de retour pour une indemnité inférieure ou égale à la
valeur comptable réelle peut être qualifiée de gratuite et par conséquent ouvre droit à
l’amortissement de caducité.
- Le bien ne doit pas être non renouvelable : Toujours dans la logique de la
condition précédente, aucun amortissement de caducité ne pourrait être admis sur

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

les biens renouvelables. Par contre, le dernier renouvellement peut être assimilé à un
bien non renouvelable, et donc non susceptible d’amortissement pour dépréciation
mais d’amortissement de caducité.
2.1.3- Position de l’administration fiscale
Concrètement, il n’existe pas de réglementation fiscale spécifique qui traite des
amortissements de caducité.
Néanmoins, la note circulaire d’interprétation de la loi relative à l’impôt sur les
sociétés traite de l’amortissement financier rencontré dans le cadre des entreprises
concessionnaires. Ladite note circulaire traite de la distinction entre l’amortissement
pour dépréciation et l’amortissement financier et prévoit la déductibilité de ce
dernier afin de permettre au concessionnaire la récupération des capitaux investis.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

A-OBJECTIF DES TRAVAUX DE COMMISSARIAT AUX


COMPTES
La loi 17-95 sur les sociétés anonymes a investi l’expert comptable d’une mission de
contrôle légal dite commissariat aux comptes, qui constitue une caution pour
l’autorité concédante, ainsi que pour les tiers.
Dans le cadre des normes de la profession, le commissaire aux comptes sera amené à
diligenter des procédures internes pour se forger une opinion appropriée avec
l’assurance raisonnable requise sur des états de synthèse.
En outre, le commissaire aux comptes doit s’imprégner des spécificités juridiques,
comptables et fiscales de la concession de service public, tout en les déclinant aux
travaux standards, pour pouvoir mener sa mission à bien.
En termes pratiques, le commissaire aux comptes devrait suivre les objectifs
suivants :
- mettre en œuvre les diligences nécessaires pour l’appréciation des informations
contenues dans les états de synthèse, par la maîtrise des clauses contractuelles et leur
traduction au niveau de l’ETIC ;
- vérifier la réalité des mouvements des immobilisations ;
- S’assurer de la bonne tenue du fichier des immobilisations ;
- S’assurer du respect des clauses contractuelles, et de la traduction convenable dans
les comptes de tous les litiges potentiels, par le biais des provisions ;
- Vérifier que les amortissements nécessaires ont été pratiqués dans le respect du
principe de prudence ;
- S’assurer que le traitement fiscal des différents amortissements et provisions ne
prête pas à des litiges potentiels ;
- S’assurer que les provisions nécessaires ont été constatées en vertu des dispositions
contractuelles ;
- Vérifier que le mode de calcul des provisions est pertinent et en conformité avec le
contrat de concession ;
- S’assurer que les informations nécessaires sont fournies au niveau de l’ETIC

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

B- ZONES DE RISQUES IDENTIFIES


Les risques identifiés qui concernent les immobilisations peuvent être classées sous
les rubriques suivantes :
- L’évaluation et la connaissance des immobilisations de la concession ;
- Le calcul et la prise en compte de la charge de renouvellement pendant la période
du contrat ;
- La prise en compte de la charge de caducité relative à la remise gratuite en fin de
concession des biens.

I- L’évaluation et la connaissance des biens de la concession


La connaissance et l’évaluation des biens de la concession pose un problème surtout
lorsqu’il s’agit des immobilisations apportées par le concédant. S’il est aisé de suivre
comptablement les biens financés par le concessionnaire, la connaissance des biens
remis par le concédant (aussi bien leur inventaire que leur évaluation) peut poser de
véritables difficultés.
1- L’exhaustivité de l’inventaire :
-L’inventaire est un impératif, parce qu’il permet de :
- identifier les biens sur lesquels porte l’obligation de renouvellement ;
- porter à l’actif du concessionnaire, d’une façon individualisée, les immobilisations
financées par le concessionnaire, ainsi que celles apportées par le concédant ;
- prendre en charge le coût de financement initial de ces biens ;
- étaler la charge liée à la remise gratuite de certains biens à la fin de la concession.
Dans certaines concessions (distribution d’eau et d’électricité), l’entreprise peut
omettre de comptabiliser certaines immobilisations à cause de la difficulté de leur
identification.
Cependant, quelque soit la méthode utilisée par le concessionnaire, il est important
de suivre d’une manière extra-comptable les biens de la concessions et surtout les
biens renouvelables. A défaut, la non connaissance de ces immobilisations peut
remettre en cause le suivi comptable des contrats de concession. Les risques relatifs à
l’absence d’inventaire différent selon le type du bien.
- Les biens financés par le concessionnaire :

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Les risques relatifs à la mauvaise connaissance des actifs sont :


- L’erreur de présentation et d’estimation des actifs ;
- L’erreur dans la prise en compte de l’amortissement économique ;
- L’erreur dans la détermination de la charge de caducité ;
- L’erreur dans l’estimation du coût de renouvellement ;
- L’erreur lors de la constations comptable du renouvellement.
- Les biens apportés par le concédant :
Pour ce qui est de cette catégorie de biens, les risques sont plus limités puisque aucun
amortissement économique ou de caducité n’est constaté. Il est à noter que pour les
biens dont le renouvellement est prévu, la charge constatée comptablement est
globalement identique quelque soit le type d’immobilisation (la somme de
l’amortissement industriel et de la provision pour renouvellement d’un bien
initialement financé par le concessionnaire doit être égal à la provision pour
renouvellement d’un même bien apporté par le concédant).Aussi, la connaissance
des biens renouvelables est absolument essentielle. L’inventaire devient alors
indispensable.
Les modalités de réalisation de l’inventaire et son contenu (le détail, durée de vie
prévisible de l’immobilisation…) peuvent être discutés. Toutefois, l’inventaire est
actuellement le meilleur moyen tangible pour justifier comptablement et fiscalement
les provisions constituées. En l’absence d’inventaire, une incertitude réelle peut
exister et cela quelque soit la méthode retenue pour la présentation des actifs.
2- L’évaluation des immobilisations :
Si l’évaluation des biens financés par le concessionnaire ne pose pas généralement de
problème, l’évaluation des biens mis gratuitement en concession par le concédant est
plus complexe.
2.1- Biens financés par le concessionnaire
Les règles applicables en matière d’évaluation sont celles du domaine privé. Aucune
spécificité n’est à relever.
Une erreur dans l’évaluation peut avoir plusieurs effets de sens contraire. Ainsi, une
surévaluation de la valeur du bien peut avoir les conséquences qui suivent :

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- Prise en tant que charges décalées dans le temps de frais qui n’auraient pas du être
immobilisés sous la forme d’amortissements économiques ;
- Sous-évaluation de la provision pour renouvellement (si on compare une valeur
prévisionnelle de renouvellement correctement évaluée à une valeur actuelle
surestimée).
2.2- Biens apportant par le concédant
SI l’inscription de ces biens à l’actif du concessionnaire reste controversée, il est
nécessaire d’évaluer ces biens. En effet, le renouvellement de ces immobilisations est
souvent déterminé sur la base de la valeur actuelle de ceux-ci.
L’évaluation de cette catégorie de biens au bilan est réalisée à la valeur vénale au jour
de l’opération. Néanmoins, il est souvent nécessaire de mettre à jour
économiquement cette valeur afin de définir le coût probable de remplacement.
Ces techniques qui sont propres à chaque concessionnaire, doivent faire l’objet
d’investigations.
Il est à noter que seule la valeur de renouvellement a une incidence sur le résultat du
concessionnaire. Une sur/sous-évaluation des biens reçus à titre gratuit n’a
théoriquement qu’une incidence sur la présentation des immobilisations et de leur
contrepartie.
Toutefois, la plupart des méthodes d’estimation de la charge prévisionnelle de
renouvellement sont basées en partie sur la valeur bilantielle des biens concernés.
Ainsi, si ces biens sont surévalués au bilan, ceci entraînerait une surestimation du
coût de renouvellement prévisionnel.

II- La connaissance et la prise en compte de la charge de


renouvellement
La prise en charge du coût de renouvellement est relative à deux éléments :
l’amortissement économique et la provision pour renouvellement.
1- Estimation des amortissements économiques
Les amortissements économiques sont évalués dans le cadre habituel retenu par les
sociétés pour leurs biens de domaine privé.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Toutefois, pour ce qui est des biens du domaine concédé, quelques particularités
doivent être prises en considération :
- Le fait que les amortissements des biens du domaine concédé ne transitent pas par
un compte de résultat. Ils ne constatent que la dépréciation des biens en contrepartie
de la réduction du droit de l’autorité concédante. Bref, ces amortissements ne
constituent pas une charge pour le concessionnaire.
- La possibilité de constater des amortissements dérogatoires au titre de
l’investissement dans des biens donnant droit à un amortissement fiscal accéléré
n’est pas exclue par l’administration.
- Le fait qu’une surestimation de la durée de vie des biens entraîne une sous-
estimation de l’amortissement annuel. Egalement, ladite surestimation peut avoir
une incidence sur le montant de la charge de renouvellement.
Les erreurs les plus rencontrées dans l’audit de ce poste concernent essentiellement la
double prise en charge du financement des biens financés par le concessionnaire
ayant un caractère non renouvelable, une fois par l’amortissement économique et
une fois à travers l’amortissement de caducité.
2- Prise en compte adaptée de la charge de renouvellement
La révision des comptes de provisions de renouvellement est certainement l’élément
essentiel de l’audit des concessions de service public.
L’audit de ce poste demeure soumis à certaines difficultés liées essentiellement à :
- L’importance du poste au niveau du bilan, dans la mesure où généralement une
erreur de 10% sur ce poste pourrait absorber la totalité du résultat du
concessionnaire. Parfois, les provisions pour renouvellement sont plus importantes
que les capitaux propres.
- La difficulté d’estimation des coûts de renouvellement ultérieurs.
- L’évaluation différenciée des provisions selon le type d’immobilisation.
D’après ces éléments, l’estimation de la charge de renouvellement paraît être
indispensable pour la gestion et le suivi du contrat de concession. Les techniques
utilisées pour évaluer cette charge sont spécifiques à chaque entreprise et doivent,
par conséquent, être analysée.
A ce niveau, une définition préalable doit être faite concernant :

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- La distinction entre les dépenses de renouvellement et les nouveaux


investissements ;
- Les modalités de comptabilisation des actifs financés (inscription à l’actif,
constatation ou non d’un amortissement industriel…).
2.1- Risques liés à la définition du renouvellement
Les risques relatifs à la définition de la charge de renouvellement sont relatifs à la
difficulté qui peut être rencontrée pour distinguer entre les dépenses d’entretien, le
renouvellement et le nouvel investissement ;
Comptablement, l’entretien est constaté comme charge dans l’exercice. La charge de
renouvellement est imputée sur la provision créée à cet effet. Le nouvel
investissement sera immobilisé.
Il convient donc de s’assurer que les éléments intégrés pour estimer la charge de
renouvellement sont conformes aux règles en vigueur, et qu’ils concordent avec les
éléments de suivi interne permettant de préciser les dépenses imputables à la
provision pour renouvellement.
En substance, une définition du traitement comptable de chaque type de dépense
devrait être clarifiée au préalable.
2.2- Risques liés à la complexité du suivi comptable du renouvellement
Cette complexité a trait à trois principaux aspects :
- La difficulté d’estimation des dépenses à venir : On se trouve à ce niveau devant
le risque essentiel. Dans la pratique, il est difficile d’estimer a priori la charge de
renouvellement liée à un contrat de concession. L’auditeur ne pourra valider
l’estimation qu’a posteriori.
- La difficulté d’analyse des écarts constatés entre les dépenses réalisées et les
dépenses prévues : De nombreux éléments peuvent venir modifier les prévisions
initialement établies relatives à la charge de renouvellement. Une mise à jour
continue du plan de renouvellement des actifs s’avère indispensable.
Le décalage existant entre les dépenses prévues et les dépenses réelles peut être du à
plusieurs aléas, entre autres :
- un report de l’investissement pour une raison ou une autre ;

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

- un allongement de la durée de vie des immobilisations et par conséquent, une


réduction globale de la charge prévisible de renouvellement ;
- La différenciation des suivis comptables des biens apportés ou financés : Sur le
terrain, nous remarquons que les modalités de prise en charge des dépenses de
renouvellement sont différentes selon que les biens sont financés par le
concessionnaire ou qu’ils sont apportés par le concédant. Dans ces conditions, le
prise en compte de la charge prévisible de renouvellement doit faire l’objet d’une
classification par catégorie de bien. Cette classification s’avère indispensable lors de
l’estimation de la provision pour renouvellement, lors de la comptabilisation de
l’opération de renouvellement et lors de l’analyse des suivis de gestion des
opérations de renouvellement.
En conclusion, en cas b’absence de mise en place de procédures de suivi de la charge
de renouvellement, l’auditeur peut se retrouver devant des anomalies telles que la
prise en charge de dépenses immobilisées à tort ou encore, la sous/surévaluation de
la provision pour renouvellement.

III- L’estimation et la comptabilisation de la charge de


caducité
On relève deux sources de risques d’erreurs à ce niveau : un risque lié à l’évaluation
de la charge et un risque relatif aux modalités de prise en compte du coût de
caducité.
1- Risque lié à l’évaluation de la charge de caducité :
Le niveau de risque lié à l’évaluation de la charge de caducité demeure relativement
faible, puisque cette charge demeure facilement déterminable. En effet, elle est
calculée sur la base de l’investissement réalisé et financé par le concessionnaire.
Donc, aucune incertitude n’existe quant à la base de calcul de cette provision, sauf
pour le cas des biens apportés en concession, et dont la valeur est incertaine.
Les anomalies principales qui peuvent être constatées à ce niveau sont relatives à :
- la non constatation de la charge pour raison d’oubli ;
- la constatation d’une charge de caducité alors que la remise du bien aura lieu contre
indemnité en fin de concession.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Une difficulté se pose lorsqu’un nouveau bien doit être financé en fin de période de
concession et qu’aucune indemnité ne sera versée lors de la remise du bien au
concédant. Dans ce cas, il conviendrait d’étaler préalablement le coût du nouveau
financement, dans la mesure où cette obligation de financement contractuelle n’est
pas amortie par les produits générés sur la durée résiduelle de la concession.
2- Risques liés à la comptabilisation de la charge de caducité
Les risques potentiels liés à la comptabilisation de la caducité sont au nombre de
trois :
- L’amortissement de caducité devrait de préférence être étalé sur la durée de la
concession. A ce niveau le risque reste faible, puisque sur le terrain, la majorité des
concessionnaires adoptent cette méthode.
- Un risque effectif existe par contre, et est lié à l’éventuelle double prise en charge du
coût de financement des biens qui ne seront plus renouvelés, une fois par le biais de
l’amortissement économique et une deuxième fois par l’intermédiaire de
l’amortissement de caducité. Donc, une vérification des principes de prise en compte
de la charge de caducité, dans ce cas précis.
- Pour ce qui est de la présentation, l’amortissement de caducité vient en contrepartie
du droit de l’autorité concédante. Toutefois, une attention est à prêter à ce niveau,
puisque quelques entreprises classent l’amortissement de caducité au niveau des
provisions pour risques et charges.

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C- APPROCHE D’AUDIT PROPOSEE


L’approche d’audit que nous proposons, découle essentiellement des risques
identifiés lors de la partie précédente. Ainsi, les contrôles relatifs aux immobilisations
de la concession porteront sur l’inventaire de ces biens, leur évaluation, les
provisions pour renouvellement et les amortissements de caducité, pour enfin
aboutir à un planning général d’audit.

I- Le contrôle de l’inventaire
Le contrôle de l’inventaire des biens de la concession devrait suivre trois étapes :
- L’analyse des méthodes retenues par l’entreprise pour comptabiliser ses droits et
obligations ;
- Le recensement des contrats ;
- Le contrôle de l’existence d’éléments permettant de justifier la réalité des biens
figurant au bilan.
1- L’analyse des règles comptables adoptées par l’entreprise
Il est indispensable de s’assurer que l’ensemble des contrats de concession ont fait
l’objet d’une traduction comptable correcte dans les livres du concessionnaires.
Les contrôles qui seront effectués dépendront des options prises par chaque
concessionnaire pour la présentation des biens de la concession et des choix adoptés
pour l’évaluation des obligations de renouvellement, d’où la nécessité de réaliser un
inventaire plus ou moins développé
Dans ce sens, il paraît impératif de :
- analyser les méthodes suivies par le concessionnaire pour comptabiliser les droits et
obligations qui découlent des contrats gérés.
- analyser les modalités adoptées par chaque entreprise pour évaluer ses risques.
2- Le contrôle de la prise en compte de l’intégralité des contrats gérés
dans le cadre d’une concession
La vérification par sondage du contenu des contrats ayant donné lieu à une
facturation lors de l’exercice, doit viser l’assurance de la correcte traduction
comptable des droits et obligations relatifs aux biens de la concession. Cette
vérification portera sur :

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- la prise en compte des obligations de renouvellement. Existe-il une clause


conventionnelle qui prévoit l’étendue de cette obligation ?
- la nécessité d’inscrire au bilan les biens gérés dans le cadre du contrat (s’agit-il
d’une concession ?)
Une revue des contrats relatifs aux comptes de produits représentant une grande
partie du chiffre d’affaires permet de valider contrat par contrat le fait que les droits
et obligations ont été évalués.
Un test de cohérence peut être envisagé pour s’assurer que tout contrat donnant lieu
à une facturation et dont le libellé du compte de produit indique qu’il s’agit d’un
contrat de concession est correctement représenté à l’actif et au niveau des provisions
pour renouvellement.
3- La justification de l’existence physique des biens
La vérification de la justification de l’existence des immobilisations porte plusieurs
types de biens :
- Ceux inscrits au bilan : les moyens de vérification diffèrent de manière importante.
(inventaire réalisé par le concessionnaire, certificat de remise des biens…)
- Ceux sur lesquels porte une obligation de renouvellement : Il s’agit en particulier
des biens remis gratuitement par le concédant lorsque l’entreprise a décidé de ne pas
les inscrire à son bilan.

II- Le contrôle de l’évaluation des actifs


Suivant la même logique que pour le contrôle de l’inventaire, tout programme de
vérification nécessite une revue préalable des méthodes adoptées par chaque
entreprise pour estimer la valeur d’actif des biens mis en concession et pour évaluer
ses obligations de renouvellement. Par conséquent, le niveau de diligences à observer
variera alors de manière considérable.
1-Analyse des méthodes utilisées pour évaluer les biens
Pour les biens financés par le concessionnaire, les méthodes d’évaluation utilisées ne
devraient pas différer de celles habituellement utilisées pour les biens du domaine
privé.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Concernant les biens apportés par le concédant, plusieurs méthodes sont utlisées.Elle
se basent principalement sur une estimation de la valeur actuelle de ces biens. Cette
détermination de la valeur actuelle peut en particulier intégrer :
- la valeur à neuf des immobilisations ;
- des moyens techniques qui pertmettent de ramener la valeur des biens à leur valeur
actuelle, comme le recours à des coefficients de vetusté estimés par les ingénieurs, ou
encore, la durée résiduelle de vie des biens qui permet, en proratant la valeur à neuf
de ces biens en fonction de leur durée de vie normale, de déterminer leur valeur
actuelle.
Ce genre d’estimation en deux temps a un double avantage puisqu’elle permet,
d’une part, de présenter au bilan la valeur actuelle des biens par la prise en compte
d’une vétusté, et d’autre part d’estimer la valeur de remplacement des biens et
chemin faisant, d’évaluer la base de calcul des provisions pour renouvellement.
Toutefois, si la prise en compte des coefficients de vétusté permet d’avoir des valeurs
actuelles relativement proche de la réalité. Le contrôle des coefficients utilisés devient
très difficile à mettre en place. Ces coefficients deviennent difficiles à défendre si leur
détermination n’est pas fortement motivée.
2- Contrôle de la valorisation des biens
Les contrôles à effectuer différeront selon que les biens sont financés par le
concessionnaire ou qu’ils sont apportés par le concédant.
2.1- Biens financés par le concessionnaire
Les diligences à respecter ne sont pas différentes de celles réalisées dans le cadre
d’un audit classique des immobilisations
Donc, il convient de valider lors de ces contrôles :
- le taux d’amortissement retenu avec les normes de la société ;
- la correcte codification au niveau du système d’information permettant de
déterminer s’il convient de calculer des amortissements de caducité et les provisions
pour renouvellement. Ces informations sont souvent intégrées dans le fichier
principal des immobilisations.
Un test de cohérence au niveau de l’évolution annuelle des amortissements pour les
biens initialement financés par le concessionnaire, s’avérerait très intéressante. Une

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réduction de ce montant annuel global signifie généralement une sous-estimation de


la durée de vie des biens. Forcément, il en résultera également une surestimation des
provisions pour renouvellement. Cet indicateur pourra être obtenu par tri sur le
fichier informatique des immobilisations.
2.2- Biens apportés par le concédant
Les diligences à respecter à ce niveau concernent essentiellement le contrôle de
cohérence global du domaine concédé. Toutefois un certain nombre de travaux
complémentaires s’impose.
- Le contrôle de la cohérence du domaine concédé : Il s’agit d’un contrôle global
ayant pour but de s’assurer que les biens du domaine concédé figurent pour la même
valeur à l’actif (valeur nette) et au passif (droit de l’autorité concédante). Ceci permet
de valider l’absence de risque global sur ce poste (hormis les provisions pour
renouvellement). Toutefois, ces travaux ne permettent pas de valider la correcte
évaluation de ces actifs. Seule l’absence d’anomalie dans les comptes de contrepartie
peut être vérifiée.
- Les travaux complémentaires : Ces travaux varieront selon les méthodes adoptées
par le concessionnaire. Ils ne sont absolument nécessaires que dans la mesure où les
provisions pour renouvellement constatées dépendent de la valeur des actifs figurant
au bilan. Dans l’hypothèse où la condition précédente soit vérifiée, les travaux
suivants pourront être effectués :
+ Une revue périodique de la cohérence des valeurs standards retenues pour la
détermination de la valeur à neuf des biens. Cette revue pourrait se faire en fonction
des catalogues de prix des fournisseurs en usage. Néanmoins, cette évaluation
devrait tenir compte des rabais habituellement consentis et du coût d’installation
desdits biens. L’auditeur peut se baser sur la valeur d’investissement constatée dans
l’année par l’entreprise pour le même type de biens. Une codification précise des
biens permettrait par sélection informatique du fichier des investissements réalisés
par l’entreprise de déterminer par type d’investissement des valeurs moyennes pour
les biens.
+ Une revue des coefficients utilisés pour déterminer la valeur actuelle des biens.

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Dans la pratique, la méthode souvent utilisée est celle qui se base sur l’estimation de
la valeur actuelle du bien en fonction de sa durée de vie habituelle.
La durée moyenne pourrait être déterminée par requête informatique des fichiers
quand ceux-ci sont correctement renseignés. Il convient donc de garder l’historique
des biens renouvelés. Cet historique devrait intégrer la référence du contrat, le type
de biens, la date d’investissement initial et la date de renouvellement.
Ces travaux, plus ou moins développés, s’ils ne servaient qu’à l’évaluation de la
valeur bilantielle des biens apportés gratuitement, ont en partie, pour but d’évaluer
avec des éléments tangibles, les provisions pour renouvellement.

III- Le contrôle des provisions pour renouvellement


Le contrôle des provisions pour renouvellement est l’élément central de l’audit des
immobilisations dans les concessions de service public. En effet, la gestion et le
contrôle de ce poste demeurent complexes vu la difficulté qu’ont les entreprises à
évaluer la charge de renouvellement, ainsi que la possibilité de modifier de manière
significative cette charge en faisant varier de quelques points certains éléments
entrants dans le calcul de ces provisions. On recense également l’existence du risque
d’oubli de prise en compte de l’obligation contractuelle de renouvellement.
Par conséquent, le suivi de gestion créé à ce titre doit donc être particulièrement
élaboré. Le niveau de détail du suivi pouvant varier selon les systèmes et les
hypothèses retenues par les sociétés. Il est souhaitable qu’il permette :
- un suivi général pour valiser a posteriori les hypothèses ayant abouti au calcul des
provisions pour renouvellement ;
- un suivi en détail pour justifier les provisions comptabilisées annuellement (identité
des méthodes, cohérence de la charge de renouvellement constatée par rapport à
celle comptabilisée l’année précédente …).
Il est à noter que ces analyses ne peuvent se concevoir que par référence à un manuel
définissant le contenu et la comptabilisation de la charge de renouvellement.
Le contrôle d’un système de suivi de ces provisions passe par trois étapes
essentielles :

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- La validation des principes adoptés par l’entreprise pour définir le contenu de la


charge de renouvellement, son mode de prise en charge et les modalités de
détermination et ‘imputation des dépenses constatées ;
- Le contrôle de systèmes permettant la vérification de l’application des méthodes
précisées ;
- Le contrôle du système de validation a posteriori des hypothèses initialement
retenues pour l’évaluation de ces provisions.
1- Contrôle de la correcte application des méthodes retenues
L’auditeur devrait recourir à deux moyens principaux pour valider les provisions
pour renouvellement : la revue détaillée par tests de conformité et la revue générale
de l’évolution des provisions.
1.1-La revue détaillée de l’application des méthodes (tests de conformité)
Les vérifications réalisées à ce titre doivent être orientées. La multiplicité des
contrats gérés et des biens sur lesquels portent les obligations de renouvellement
nécessite une sélection des contrats revus. Cette sélection devrait comprendre les
contrats les plus importants en chiffre d’affaires.
Ces analyses devront reprendre point par point l’application des principes validés
lors de la revue des méthodes adoptées par l’entreprise ;
Il conviendra en particulier, d’analyser les écritures passées par la société lors du
renouvellement des biens. L’auditeur devrait dissocier entre les écritures à passer
pour les biens initialement financés par le concessionnaire et celles qui concernent les
biens apportés par le concédant.
Par ailleurs, il pourrait être intéressant de vérifier que le coût global de financement
affectable à un contrat particulier, c'est-à-dire le coût du premier financement,
augmenté des renouvellements prévisible, n’est pas incohérent avec les éléments
ayant abouti à la tarification des prestations. Cette vérification n’est pas toujours
aisée, puisqu’il faudrait obtenir les éléments ayant abouti à la formation des tarifs et
de valoriser sur la période, la partie du prix correspondant au financement.
Egalement, il conviendrait de valoriser le plan de renouvellement de l’ensemble des
actifs sur la durée prévisionnelle de la concession et d’y ajouter le coût de
financement initial des biens mis en concession par le concessionnaire.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Ces rapprochements étant faits, une analyse des écarts avec les responsables de la
société s’impose.
1.2- Analyse de l’évolution des provisions pour renouvellement
Cette revue doit viser la validation de l’évolution globale du poste des provisions
pour renouvellement. Elle devra être réalisée de manière séparée pour les biens
apportés par le concédant et pour ceux financés par le concessionnaire. En effet, le
cadre comptable prévoit un impact très différent selon le type de bien. Ainsi, dans le
cas des immobilisations financées par le concessionnaire, il conviendra de réaliser
une analyse globale de la charge d’amortissement économique et de la charge de
renouvellement. Par contre, dans le cas des biens apportés par le concédant, l’analyse
de la seule charge de renouvellement permet de suivre correctement les hypothèses
retenues.
Dans les deux cas qui se posent, les éléments à prendre en compte sont :
- la revalorisation (évolution des coûts) des biens dont le renouvellement est
prévisible. Il s’agit souvent du facteur qui explique l’évolution la plus importante des
provisions pour renouvellement. Une faible évolution des prix peut engendrer une
évolution de la dotation aux provisions d’un montant beaucoup plus élevé. Ceci
s’explique par le rattrapage qui sera fait sur les dotations antérieures, qui ont été
calculées sur la base d’un prix sous évalué par rapport au marché actuel.
- la prise en compte de l’impact des entrées, sorties et renouvellement de contrats par
le biais d’une revue de leur exhaustivité. Ceci peut se faire à partir des dates
d’échéance des contrats (par tri informatique ou revue du dossier permanent) pour
ceux dont la sortie était prévisible. Les entrées peuvent faire l’objet d’une revue par
sondage, réalisée à partir des nouvelles sources de produits pour la société.
2- Contrôle a posteriori des hypothèses retenues pour déterminer les
provisions pour renouvellement
Cette revue a posteriori est nécessaire. Elle l’est d’autant plus que la charge de
renouvellement est généralement déterminée sur la base d’hypothèses récurrentes
(durée de vie des biens…) qui conditionnent l’ensemble des provisions futures.
Cette vérification peut se faire de deux façons :

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- d’une façon détaillée, par une revue périodique des dépenses de renouvellement
initialement estimées par contrat afin de s’assurer que du point de vue économique,
celles-ci gardent leur caractère cohérent.
- d’une façon générale, par une revue sur plusieurs exercices de l’évolution de
quelques ratios qui permettent d’avoir une idée sur la politique de l’entreprise et sur
la cohérence des provisions constituées.
2.1- La mise à jour périodique du plan de renouvellement
Cette mise à jour est nécessaire. En effet, le plan de renouvellement déterminé lors de
la conclusion du contrat de concession est établi sur la base d’estimations et
d’hypothèses qui doivent être vérifiées périodiquement.
La qualité des biens apportés, les estimations de durée de vie des biens, les
incertitudes liées à l’étendue du renouvellement nécessitent généralement une revue
périodique des risques relatifs à l’obligation de renouvellement.
Une revue par des experts de l’activité concédée, des dépenses prévisionnelles est la
meilleure garantie interne de suivi de ces dépenses.
Cette revue peut également être réalisée par analyse générale des hypothèses qui ont
pu être retenues pour l’établissement des provisions pour renouvellement. Ainsi, la
durée de vie prévisionnelle des biens est souvent prise en compte pour déterminer
ces provisions. Un tri informatique peut être envisagé si les informations concernant
la date de renouvellement et de mise en service sont contenues et conservées sur les
fichiers.
Pour ce qui est des risques effectifs qui peuvent toucher les biens financés par le
concessionnaire, on retrouve :
- l’erreur d’estimation du coût de renouvellement. Cette erreur d’estimation
entraînera une erreur significative pour un bien donné. En effet, la provision pour
renouvellement n’enregistre que l’écart entre le coût prévu du bien et le coût
historique de financement de celui-ci.
- l’erreur d’appréciation sur l’existence d’un renouvellement. Cette erreur se traduira
par une imputation de la charge d’amortissement du bien sur les fonds de
l’amortissement de caducité. Ainsi, pour les biens mis en concession par le
concessionnaire, l’appréciation du risque d’erreur passe par une revue globale des

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

éléments intervenants dans le financement des actifs concernés et pas uniquement


par une analyse de la provision pour renouvellement.
Cette analyse pourrait s’effectuer de la façon suivante :
Valeur des biens renouvelé – amortissements industriels des biens remplacés-
provisions pour renouvellement constituées=erreur d’appréciation de la charge de
renouvellement.
Toutefois, cette approche demande la mise en place de suivis spécifiques afin
d’apprécier les erreurs d’estimation relevées. En effet, la détermination du total des
renouvellements réalisés, du montant cumulé des amortissements prélevés par
résultat et des provisions pour renouvellement constituées depuis le début du
contrat nécessitent la mise en place de suivis très particuliers, qui peuvent être
intégrés à une application informatique.
Dans la pratique, on privilégiera à ce suivi relativement complexe, un suivi plus
simplifié qui se base uniquement sur la notion de renouvellement. Celui-ci est
détaillé lors de l’analyse du ratio dépenses de renouvellement/plan de
renouvellement.
2.2- Ratios qui peuvent mettre en évidence des évolutions anormales de la
charge effective de renouvellement
Parallèlement à l’analyse globale de l’évolution des provisions pour renouvellement,
il est intéressant de suivre le niveau annuel des charges effectives de renouvellement.
Dans ce sens, en cours de contrat, l’analyse de divers ratios (dépendants des suivis
comptables des sociétés) doit être envisagé et en particulier :
- le niveau des dépenses dotées par rapport à la charge globale de renouvellement :
Amortissements économiques+provisions pour renouvellement
Charge globale de renouvellement
- l’évolution des tarifs des biens de même nature (fichier des tarifs fournisseurs) qui
permettent d’avoir une idée sur l’évolution des prix et donc entraîner un gonflement
de la provision pour renouvellement.
- le rapport entre le coût de renouvellement effectivement constaté et le coût prévu à l
même date. Ce ratio demeure essentiel.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Coût de renouvellement réel en t


Coût de renouvellement prévu en t
- Si la détermination des provisions pour renouvellement repose sur la valeur des
biens et sur leur durée de vie prévisionnelle, le coût prévu correspond à la
valorisation à une date t, du plan de renouvellement réalisé. Des tris informatiques
par types de bien peuvent être réalisés à ce niveau.

IV- Contrôle des amortissements de caducité


A ce niveau, le contrôle est généralement plus simple et les risques sont plus limités
que ceux relatifs à la détermination des provisions pour renouvellement.
1- Analyse des modalités de détermination de la charge de caducité
La détermination de cette charge ne pose en général pas de problème, dans la mesure
où elle ne concerne que les biens financés par le concessionnaire. L’amortissement
doté annuellement correspond au rapport existant entre la valeur initiale de
l’investissement et la durée de la concession. Cependant, certaines positions
dérogatoires justifiées peuvent être rencontrées. Elles nécessitent alors des analyses
spécifiques.
2- Contrôle de cohérence de la charge annuelle de caducité
L’auditeur pourrait recourir à une vérification globale visant à s’assurer que le
montant de la charge annuelle est cohérent avec le montant de l’investissement
initial.
Quelques tests de cohérence permettront à ce niveau de s’assurer :
- qu’aucune charge de caducité n’est relative à un bien apporté par le concédant ;
- que la charge de caducité est calculée sur la base de la valeur initiale du bien, et non
sur la base de la valeur du nouveau bien.
3-Contrôle de l’évolution du fond de caducité
Le fond de caducité, tel que précisé au niveau des aspects comptables de la
concession, doit en fin de contrat contenir la valeur des biens financés par le
concessionnaire et remis au concédant. Cette valeur correspond à la valeur du
dernier bien financé diminué des amortissements représentatifs de la dépréciation du
bien.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Par conséquent, l’évolution du fond de caducité ne peut correspondre uniquement à


la somme des dotations aux amortissements de caducité.
Ainsi, les éléments qui doivent être pris en compte pour contrôler cette évolution
sont :
- Le solde du fond de caducité à la fin de l’exercice précédent ;
- La dotation aux amortissements de caducité ;
- L’utilisation des provisions pour renouvellement pour les biens financés par le
concessionnaire ;
- L’utilisation du fond de caducité relative à la fin du contrat.

V- Planning général d’audit


A partir des risques précédemment identifiés et des contrôles proposés pour les
cerner, on aboutit à un planning de l’audit des immobilisations dans une concession
de service public.
Ce planning permet une répartition dans le temps des travaux relatifs au contrôle des
immobilisations dans les concessions, que ce soit dans le cadre du commissariat aux
comptes ou de l’audit externe.
Travaux à réaliser Période
Analyse des méthodes utilisées : Préparation
- Revue du contrat, de la convention et des annexes éventuelles de la mission
- Modalités d’inscription des immobilisations a bilan
- Contrôle de cohérence des schémas comptables
- Définition du renouvellement
Analyse des possibilités d’intervention informatique :
- Cette revue ne s’avère nécessaire qu’en cas de multiplicité des
contrats. En effet, il n’est pas envisageable d’analyser chaque
contrat. Des sondages sont indispensables. Par ailleurs, il devient
possible de réaliser quelques statistiques.
- Sélection de contrats (nouveaux, arrivant à terme) Interim
- Revue des schémas des fichiers informatiques Interim
- Recalcul des provisions et totalisations de fichiers Interim/final
- Cohérence des valeurs standards des biens et de l’évolution du

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prix des actifs Interim


- Cohérence des durées de vie des biens Interim
Contrôle de l’application des méthodes retenues
Ces tests de conformité seront extrêmement limités en nombre. Ils
seront documentés dans le dossier permanent.
- Vérification de l’application des schémas comptables selon le type Interim
du bien à travers les différentes étapes de la vie du bien (achat,
renouvellement, fin de contrat, amortissement du bien renouvelé).
- Contrôle de l’évaluation des actifs soumis à l’obligation de Interim
renouvellement (évaluation au bilan et valeur actuelle).
- Contrôle de la détermination de l’amortissement de caducité Interim
Contrôle de l’inventaire et des évaluations
Ces tests porteront sur les sources les plus significatifs d’évolution
des postes.
- Cohérence de l’évolution annuelle des amortissements Final
économiques.
- Vérification des bases de calcul des provisions pour Interim/final
renouvellement.
- Analyse des évolutions de valeur des biens gérés sur des contrats Interim
existants.
- Revue de nouveaux contrats afin de s’assurer de l’existence de Interim
clauses de renouvellement et de la nécessité d’inscrire les biens à
l’actif.
- Revue de la cohérence des durées d’amortissement. Interim
- Vérification de l’égalité entre l’actif (brut et amortissement) et au Final
passif (droits de l’autorité concédante) pour les biens initialement
apportés par le concédant.

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

Contrôle de l’évolution de la provision pour renouvellement


Ces tests auront pour objectif de valider la cohérence de la politique
de l’entreprise.
- Analyse des suivis permettant de déterminer les résultats à la fin Interim
des contrats afin de valider les hypothèses retenues.
- Analyse des écarts significatifs existant entre les prévisions de Interim
renouvellement et les éléments ayan abouti à la charge réelle de
renouvellement.
- Revue de ratios généraux (dépenses dotées/dépenses réelles). Final
- Vérification de la cohérence des coefficients de revalorisation des Final
valeurs des biens à renouveler.
- Tableau d’analyse de l’évolution de la provision (bouclage avec les Final
contrats revus à l’interim et avec les tris informatiques, impact des
fins de contrats sur le résultat).
Contrôle de l’évolution du fond de caducité
Les travaux réalisés à ce niveau ont pour objectif de faire apparaître
des évolutions générales anormales.
Final
- Contrôle de cohérence sur la charge annuelle de caducité.
Final
- Bouclage général des sources d’évolution du fond de caducité.
Impact des fins de contrats sur le résultat.

Contrôle de la concordance entre l’ETIC et les comptes sociaux Interim/Final

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Approche de l’audit financier des immobilisations dans une concession de service public

CONCLUSION
Quatre conclusions principales ressortent de ce mémoire :
- La démarche de l’audit des immobilisations dans une concession de service public
dépendra de manière importante des modalités retenues par la société pour évaluer
ses risques et présenter ses actifs.
- Dans la pratique, il reste extrêmement difficile de valider a priori les évaluations
des risques de renouvellement réalisées par les entreprises. Des tests de cohérence,
basés sur l’analyse postérieure des dénouements de contrats et de quelques ratios,
permettent de valider les options prises par les entreprises pour évaluer ces risques.
Ces tests, souvent complexes et nécessitant toujours un suivi comptable approprié,
permettent de se forger une opinion sur les hypothèses retenues par chaque
concessionnaire. Donc, il va de soit que l’organisation comptable doit être élaborée
pour permettre une gestion organisée des risques liés aux immobilisations dans les
concessions.
- Les préconisations de Plan comptable général français de 1982, qui inspire le projet
de loi marocain, permettent d’avoir une assurance quant à la prise en compte
préalable des risques liés à la gestion des immobilisations dans la concession de
service public. Sauf éléments exceptionnels, la charge globale relative à la gestion des
immobilisations sera constatée en grande partie pendant les premières années de la
concession. On relève également que le Plan comptable général 1982, et le guide
comptable des concessionnaire 1975, ont privilégié le principe comptable de
prudence sur la notion d’image fidèle.
Dans certains cas, l’auditeur ou le commissaire aux comptes peut se retrouver devant
une situation de non respect d’un principe comptable. Si la dérogation est justifiée
économiquement, il n’est pas possible de refuser la certification des comptes du
concessionnaire. Toutefois, il faudrait vérifier dans ce cas, si l’entreprise a évalué :
+ sa charge de renouvellement, ainsi que son étalement sur le temps ;
+ la charge liée à la remise gratuite des biens financés par le concessionnaire.
Le commissaire aux comptes devrait prendre ces dérogations avec prudence. Une
justification de toutes les dérogations est nécessaire au niveau de l’ETIC, et la mise en

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place de suivis très élaborés devient indispensable pour pouvoir valider les
hypothèses initialement retenues.
- Il est indispensable de mettre en place des suivis internes spécifiques à la gestion
des immobilisations. Indépendamment des méthodes comptables retenues, l’analyse
du coût général de renouvellement et de financement des immobilisations est
indispensable :
- pour l’auditeur, puisqu’elle permet un suivi, tout au long de la durée de la
concession, des coûts de financement et de renouvellement enregistrés par le
concessionnaire. Un rapprochement entre les coûts initialement prévus, et ceux
provisionnés est nécessaire.
- pour l’entreprise, dans la mesure où cette analyse permet d’apprécier de manière
détaillée la charge de renouvellement prévisionnelle de nouveaux contrats de
concession.

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BIBLIOGRAPHIE

- « Concessions de service public : proposition d’une normalisation


comptable du traitement des immobilisations du domaine concédé »,
mémoire d’expertise comptable par M. Mehdi EL ATTAR, novembre
2004.

- « La concession de service public dans l’environnement marocain »,


mémoire d’expertise comptable par M. Abdenbi BENCHRIF, novembre
1999.

- Mémento comptable Francis Lefèbvre- 1998.

- « Le droit administratif marocain », Michel ROUSSET, Driss BASRI,


Ahmed BELHAJ, Jean GARAGNON, 1994.

- Plan comptable des concessionnaires approuvé par le CNC en 1975.

- « La gestion publique », R le DUFF et J.C PAPILLON, Editions Vuibert,


1988.

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