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UFR Biosciences
Laboratoire de Biotechnologies
Les métabolites secondaires sont des composés naturels synthétisés par tous les types
d’organismes vivants (les plantes, les champignons, les bactéries, les algues et les animaux). Ils
sont considérés par certains auteurs comme ne jouant pas à priori un rôle fondamental dans la vie
de l’organisme producteur. Cependant, différentes classes de ces molécules constituent pour les
plantes des moyens de défense contre les prédateurs, d’interaction entre plantes, de pollinisation
etc. Pour l’homme également, les métabolites secondaires constituent les principes bioactifs de
plusieurs épices, plantes médicinales, aromatiques, colorantes et des aliments fonctionnels. Ces
propriétés suscitent évidemment un réel intérêt pour la détection, l’isolement et la caractérisation
en vue d’une meilleure utilisation de ces métabolites.
Des milliers de métabolites secondaires ont déjà été caractérisés. Certains sont très répandus
tandis que l’existence d’autres est limitée à quelques centaines d’espèces ou même à un genre et
parfois une seule espèce. Pour une même espèce la composition chimique des métabolites
secondaires peut aussi varier selon qu’elle pousse dans des endroits différents, même si on ne le
voit pas du point de vue anatomique. On distingue classiquement plusieurs catégories de
métabolites secondaires en fonction de leur nature biochimique et de leur origine biosynthétique.
La classification proposée ici correspond à ce que proposent la plupart des auteurs (malgré
quelques variantes). Elle repartit les milliers de molécules de ce type déjà isolées en deux
principaux groupes qui sont :
- les métabolites secondaires contenant l’azote (N) (amines, alcaloïdes)
- les métabolites secondaires sans azote (composés phénoliques et terpènoïdes)
Cette classification présente évidemment des limites, car un certain nombre de composés
d’origines biosynthétiques mixtes (exemple : la condensation d’un groupement isoprénoïde avec
une structure de type « composé phénolique » pour la synthèse des tocophérols ou des
furocoumarines) ne trouvent pas forcément une place logique, de même que le groupe des
hétérosides qui pose un certain nombre de problèmes car certains n’y incluent pas les dérivés
glycosylés des composés aromatiques.
ALCALOÏDES
Définition
Les alcaloïdes sont des substances naturelles azotés agissant comme des alcalis (de l’arabe al
kaly = soude et du grec eidos = aspect), qui précipitent avec des réactifs iodométalliques (réactif
de Dragendorff) et qui sont pour la plupart biologiquement actifs en raison de leurs propriétés.
En effet, Ils représentent les principes actifs de nombreuses plantes médicinales ou toxiques
connues parfois depuis l'Antiquité. A l’état naturel, ils sont généralement salifiés par des acides
organiques (citrates, malates, tartrates, …). Groupe de substances naturelles d’intérêt
thérapeutique le plus important en termes de nombre, de diversité structurale et de l’éventail de
leurs activités pharmacologiques, cette famille de métabolites secondaires a été particulièrement
étudiée du fait des enjeux économiques qui leur sont associés.
Répartition
Selon les alcaloïdes concernés la distribution peut être large ou restreinte. Dans le cas d’une
distribution large, un même alcaloïde peut se retrouver dans des familles botaniques qui sont très
éloignées. (Ex : le caféier (Rubiacée), le théier (Ternstromiacée), le kolatier (sterculiacée),
synthétisent tous une même molécule qui est la caféine). Dans le cas de la distribution restreinte,
un alcaloïde se retrouve uniquement au niveau d’une famille, d’un genre et même d’une espèce.
(Ex : l’hyoscyamine qu’on trouve dans toutes les plantes de la famille des Solanacées, la
thébaïne est restreinte au genre Papaver, La morphine est uniquement synthétisée au niveau de
l’espèce Papaver somniferum).
La teneur en alcaloïdes est variable selon les organes. Pour le Cinchona par exemple, l’extraction
de la quinine se fait à partir de l’écorce car il n’y a pas de quinine dans les feuilles. Chez le
caféier, seules les graines contiennent la caféine. Les alcaloïdes les plus toxiques sont présents en
très faible quantité, de l’ordre du ppm.
Structure/diversité
Les alcaloïdes forment un groupe hétérogène, du point de vue de la structure, des propriétés
chimiques et des effets biologiques qu'ils manifestent. Il existe ainsi une très grande diversité de
sous-familles d’alcaloïdes, qui ont été classés en fonction de leurs origines biosynthétiques et de
la nature des hétérocycles azotés. Selon les origines biosynthétiques on distingue ainsi :
- Les alcaloïdes vrais
- Les proto-alcaloïdes
- Les pseudo-alcaloïdes.
Cependant, certains alcaloïdes complexes font exception et associent dans leurs structures des
noyaux azotés dérivés d’acides aminés à des résidus terpènes (exemple : alcaloïdes indoliques
monoterpéniques de la pervenche de Madagascar).
Alcaloïdes vrais :
Ils ont une structure souvent complexe avec l’azoté (N) inclus dans un hétérocycle. Leur origine
biosynthétique est un acide aminé dont la nature va déterminer le noyau de base de l’alcaloïde.
Ils sont doués de propriétés pharmacologiques significatives. (exemples : la strychnine est un
dérivé du tryptophane et la nicotine dérive de l’acide aspartique.
Dioscorine Nicotine
Pseudo-alcaloïdes :
Ils présentent le plus souvent toutes les caractéristiques des alcaloïdes vrais sauf que les acides
aminés ne constituent pas leur origine biosynthétique. Ils dérivent dans la majorité des cas
d’isoprénoïdes et sont désignés dans ce cas alcaloïdes terpéniques comme l’aconitine (alcaloïde
diterpénique) de l’aconit mais certains proviennent du métabolisme de l’acétate (exemple : la
coniine ).
Coniine Cryptophorine
Proto-alcaloïdes :
Ce sont des amines simples dont l’azote n’est pas inclus dans un hétérocycle. Ils sont élaborés in
vivo à partir d’acides aminés (Exemples : la mescaline et la sérotonine).
Mescaline Sérotonine
Biogénèse
Les alcaloïdes sont élaborés dans tous les êtres vivants (végétaux, microorganismes et animaux)
à partir de précurseurs du métabolisme primaire qui, dans la majorité des cas, sont des acides
aminés. Ainsi, les alcaloïdes indoliques et la quinine dérivent du tryptophane, les tropaniques de
l'ornithine, les isoquinoléiques de la phénylalanine. Toutefois, d'autres unités métaboliques sont
simultanément incorporées, comme le mévalonate, précurseur des terpènes, dans la plupart des
alcaloïdes indoliques. Certains ont une autre origine, comme la coniine qui dérive d'un motif
polyacétique (−CH2−CO−)n. les grandes lignes de la biosynthèse des alcaloïdes indiquent que la
biosynthèse s'effectue par une suite de réactions enzymatiques. Cependant, certaines réactions
intermédiaires restent hypothétiques et des mécanismes chimiques restent à préciser. Les
exemples à titre d’illustration sont choisis parmi les mieux connus et les plus caractéristiques.
a) + + Pi
b)
c)
Définition
Les Terpènoïdes ou isoprénoïdes sont des composés organiques synthétisés par la condensation
d’unités isopréniques. Ils sont présents chez tous les organismes vivants, remplissent des rôles
physiologiques très divers et constituent la famille la plus large et la plus diversifiée des produits
naturels. Plusieurs molécules de la saveur et des arômes comme le menthol, le géraniol, le
caryophyllène sont formées de deux ou trois unités isopréniques. Cependant, les molécules
formées de 4, 6, 8 unités isopréniques et plus sont aussi des composés bioactifs. Les isoprénoïdes
regroupent donc à la fois des molécules de faibles poids moléculaires, volatiles et composants
principaux d’huiles essentielles et des molécules polymérisées de haut poids moléculaires
comme le caoutchouc.
a) voie de l’acétate/mévalonate
La plus ancienne connue. Elle débute par la condensation de 3 unités acétyl CoA, une série de
phosphorylations puis une décarboxylation qui aboutit à l’IPP. Celui-ci est finalement isomérisé
pour donner le diméthylallyl-diphosphate (DMAPP). Elle se déroule dans le cytosol.
Figure : Biosynthèse de l’Isopentenyl phosphate (IPP) par la voie du mévalonate
1: beta-cétothiolase; 2: 3-met-hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA synthase ; 3: 3-met-hydroxy-3-methylglutaryl-CoA
réductase; 4: mévalonate kinase; 5: 5-phosphomévalonate kinase; 6: 5-diphosphomévalonate décarboxylase;7 :
Isopentényl diphosphate isomérase ;
Taxadiène
Acide abiètique
Phytol
Figure : Structure de diterpènes
d) Triterpènes
Cette famille regroupe des composés dérivés d’une unité à 30 carbones le squalène, qui est lui-
même issu de la condensation de deux unités FPP. En fonction du nombre de cycles on distingue
les monoterpènes pentacycliques des monoterpènes stéroïdiens (tetracycliques). Bien que les
composés stéroïdiens soient largement représentés dans le monde animal, de nombreux
phytostérols sont spécifiques des végétaux. Les saponosides et les cardénolides sont des
hétérosides formés à partir d’un triterpène qui en constitue la génine (= fraction aglycone) et de
résidus glucidiques.
Castastérone Squalène
e) Tétraterpènes (caroténoïdes)
Ce sont des composés à 40C qui résultent de la condensation de deux unités diterpènes suivie de
diverses étapes de modifications. Parmi les tétraterpènes, on peut citer le bêta-carotène dont la
coupure donne d'abord le rétinal, puis sa forme réduite ou vitamine A. Le lycopène, contenu dans
la tomate est un produit très voisin des carotènes.
(A)
(B)
Figure : Structures des tétraterpènes (A : beta-carotène ; B : lycopène)
f) Polyterpènes :
Ce sont des polymères au-delà de 40 C ou 50 C comme le caoutchouc naturel. Le caoutchouc
naturel est un dérivé du latex (unités d’isoprène). Il provient de la coagulation du latex de
plusieurs plantes, principalement de l’hévéa (Hevea brasiliensis, famille des Euphorbiacées).
Toutes ses doubles liaisons sont Z (chaîne prioritaitre) et chaque molécule comporte de 1000 à
5000 motifs isoprèniques. Son isomère dont toutes les liaisons sont E est la gutta-percha, qui est
une matière dure et cassante.
Les molécules phénoliques sont des composés qui contiennent un groupe phénol (anneau aromatique
avec un groupe hydroxyle). Ils peuvent avoir un ou plusieurs autres substituants différents. Cette vaste
famille regroupe des molécules non azotées présentant des cycles aromatiques, le plus souvent solubles
dans l’eau et présentes sous forme de glycoconjugués. Elle comprend des petits composés
biologiquement actifs, volatils, des composés présents dans certaines huiles essentielles (en association
avec des terpènes à faible poids moléculaire) mais aussi des composés anti-nutritionnels comme les
tannins, et la lignine, un polymère de haut poids moléculaire formé de dérivés de l’acide cinnamique.
Comme les autres métabolites secondaires, chaque espèce produit un groupe spécifique de molécules.
Ils ont beaucoup de fonctions dans différentes plantes.
(A) (B)
b) la voie du shikimate
En plus des phénylpropanoïdes, les composés aromatiques regroupent également des composés issus
d’étapes de biosynthèse situées en amont de la synthèse des acides aminés aromatiques par la voie du
shikimate. Cette voie du shikimate est très spécifique des végétaux et conduit à la synthèse des trois
acides aminés essentiels suivants : tryptophane, phénylalanine et tyrosine.
4-hydroxyphenylpyruvate tyrosine
Figure : Biosynthèse de la tyrosine par la voie du shikimate
1 : shikimate kinase, 2 : EPSP synthase, 3 : chorismate synthase, 4: rearrangement de Claisen, 5:
deshydrogénase, 6 : transaminase.
b). Coumarines
Elles proviennent de la cyclisation du résidu C3 des dérivés du cinnamate. Les dérivés du noyau de base
qu’est la coumarine sont appelés coumarines. Les coumarines sont des composés souvent synthétisés
en réponse à des attaques pathogènes. Plusieurs coumarines ont des propriétés bactériostatiques et
représentent donc des phytoalexines chez un certain nombre de plantes (ex : la scopolétine qui
s’accumule chez le tabac au cours de la réaction hypersensible). La coumarine est une molécule
aromatique (au sens olfactif). Elle est présente sous forme glycoconjuguée chez certaines graminées
(ex : la flouve odorante), mais c’est lorsque les tissus sont endommagés par la coupe que les
glycosidases libèrent la coumarine libre à l’origine de l’odeur de foin coupé.
c). Flavonoïdes
Les flavonoïdes sont des dérivés phénylpropanoïdes solubles dans l’eau, souvent incolores ou jaunes
(sauf exceptions dont les anthocyanes). Ces composés sont des dérivés de la naringénine-chalcone, elle-
même issue de la condensation de trois résidus malonyl-CoA avec une molécule d’acide cinnamique. La
structure de base comporte deux cycles aromatiques à 6 carbones joints par un hétérocycle à oxygène.
Les flavonoïdes constituent en eux même une famille de composés extrêmement vaste dont la variété
est essentiellement liée au degré d’hydroxylation/methylation/glycosylation de chacun des trois cycles
des molécules de base. Ils jouent des rôles physiologiques importants (interactions
Légumineuses/Rhizobium, filtres UV…). Les principales catégories de flavonoïdes sont définies par :
- la présence ou l’absence d’une double liaison entre les carbones 2 et 3 du cycle C, qui déterminent la
planéité de la molécule. Les flavones, flavonols et dérivés présentent une double liaison et sont des
molécules planes, contrairement aux flavanes, flavanones et dérivés
- la présence de fonctions cétones, alcools et méthoxy.
* Les anthocyanes
Les anthocyanes sont des composés colorés (orange, pourpre à bleu) contrairement aux autres
flavonoïdes qui absorbent en général essentiellement dans le spectre ultra violet. Ils sont largement
impliqués dans la coloration des pétales mais on les retrouve également dans de nombreux tissus
(exemple du chou rouge). Leur synthèse dans les organes foliaires est souvent activée par des stress
(froid, carences, sénescence…). Ces composés sont beaucoup utilisés comme colorants alimentaires et
présentent des propriétés anti-oxydantes.
* Les flavan-3-ols
Composés phagodéterrants, ils ont la propriété de faire précipiter les protéines et ils sont impliqués
dans la défense contre les pathogènes et les phytophages. Ces propriétés font qu’on assimile parfois aux
tanins ces molécules de faible poids moléculaire.
Figure : Synthèse des flavonoïdes et de composés dérivés
* Les Tanins non-hydrolysables = Proanthocyanidines
Ce sont des polymères de 2 à 7 résidus flavan-3-ols reliés (catéchine, épicatéchine ; on parle également
de tanins catéchiques) par des liaisons C-C non-hydrolyables. sont des composés phagodéterrants
capables de faire précipiter les protéines (en particulier celles de la salive ; astringence conférée par les
tanins par exemple dans le vin). Cette propriété provoque une baisse d’appétence chez les animaux et
surtout une diminution de la digestibilité des protéines (les oiseaux aiment le sorgho blanc mais
détestent le sorgho rouge à cause des tanins qui lui confèrent cette couleur. La précipitation par les
tanins des enzymes secrétées par les champignons phytopathogènes nécrotrophes est une propriété qui
peut contribuer à la résistance chez certaines plantes. La synthèse des tanins est dans certains cas
induite par la perception de stress. L’oxydation des tanins dans certaines conditions, permet de libérer
des monomères colorés d’anthocyanes (d’où l’appellation synonyme assez courante de
proanthocyanidines).
Figure : Structure des proanthocyanidines du sorgho rouge (couleur rouge du sorgho avec n=1-30)
3. Tanins hydrolysables
Ces composés phénoliques présentent des propriétés semblables à celles des proanthocyanidines mais
ce ne sont pas des flavonoïdes. Il s’agit d’esters d’acide gallique ou d’acide élagique (dérivé du
shikimate) et de glucose. On retrouve des gallotanins accumulés dans certaines galles de végétaux qui
étaient utilisées pour la fabrication d’encres. Les tanins libérés dans le vin par les tonneaux de chênes
sont des ellagitanins, contrairement à ceux apportés par la peau des baies de raisin qui sont des tanins
non-hydrolysables.
(A) (B)
Figure : Représentation acide gallique (A) et tanins galliques (B)
Propriétés
-Défense contre les pathogènes
-Molécules de dissuasion alimentaire
-Attraction des pollinisateurs
-Protections des rayonnements UV
-Molécules qui donnent couleur, arômes, parfums aux plantes
-Rôle structurel ( ex. lignine, constituante du bois)
LES HETEROSIDES
INTRODUCTION
Les hétérosides sont des composés issus de la condensation d’un ose par son groupe réducteur
avec une molécule non-glucidique appelé la génine ou encore l’aglycone. Avec les alcaloïdes,
ils sont les substances les plus anciennement connues et constituent les principes actifs de
beaucoup de drogues végétales. La littérature anglo-saxone parle de glycosides, terme qu’on
peut retrouver dans certaines traductions. L’origine biosynthétique des génines est très
hétérogène (composés phénoliques, certains monoterpènes, triterpènes, alcaloïdes terpéniques,
composés soufrés…). Leur nature est donc très diverse en raison du mode de liaison entre la
génine et l’(les) ose(s) ainsi que de la structure des génines et celle du copule glucidique.
LES GENINES
Elles sont des molécules de structures très variées. Cependant la plupart sont des composés
phénoliques, généralement toxiques et peu solubles qui sont ainsi détoxifiés et solubilisés. Les
terpènes donnent rarement des hétérosides. Dans ce groupe seuls les triterpènes se rencontrent
fréquemment sous forme d’hétérosides (hétérosides cardiotoniques, saponosides...) même si on
note quelques glucosides (acide loganique, iridoïdes des gamétopales). Certains acides gras
ramifiés et hydroxylés se trouvent sous forme d’hétérosides (jalapine de la résine des
convolvulaceae). Les glucosinolates et les hétérosides cyanogénétiques qui peuvent libérer de
l’acide cyanhydrique (toxique pour la cellule) sont toujours liés à des oses. Les alcaloïdes ne
forment pas de dérivés glycosylés. Les gluco-alcaloïdes qui paraissent faire exception ont une
génine qui, bien qu’azotée se rattache aux stéroïdes.
LES OSES
Ils sont aussi divers. Le plus fréquent est le D-glucose. Les hétérosides qui résultent d’une liaison
avec le seul glucose sont les glucosides. Les autres hexoses rencontrés sont le fructose, galactose,
sorbose, mannose). L’ose peut être aussi un pentose (arabinose, xylose, ribose), un
méthylpentose (rhamnose) ou un desoxysucre (digitoxose, cymarose, digitalose). Les oses sont
rattachés isoléméent à la génine en un point ou en plusieurs points. Ils peuvent formés une chaîne
de polyosidique longue de 2, 3, 4 parfois même 5-7 oses disposés les uns à la suite des autres.
BIOSYNTHESE
La partie osidique et la génine sont synthétisés isolement puis combinés entre elles. Cette
combinaison se fait parfois en utilisant une liaison osidique déjà existante par le jeu de
transférases. De façon générale, la combinaison ose-génine, puis la condensation éventuelle de
plusieurs oses sont réalisées par les NDP-oses.
Pour la biosynthèse du rutoside par exemple, la réaction est la suivante :
Quercétine (quercitoside) + UDP-L-Rahmnose ==► rutine (rutoside)
DEGRADATION
Plusieurs enzymes assurant la dégradation des polyosides sont capables d’hydrolyser les
hétérosides. Ce sont les -glucosidases, les -glucosidases. Cette hydrolyse est relativement
spécifique et parfois partielle comme dans le cas du copule osidique du rutoside. Des enzymes
spécifiques assurent la dégradation des hétérosides cyanogénétiques et des glucosinolates.
CLASSIFICATION
On distingue quatre principaux groupes :
- Les hétérosides à génines phénoliques
- Les hétérosides cyanogènes
- Les glucosinolates
- Les saponosides
Figure : rutoside
c) Les glucosinolates
Ce sont des hétérosides soufrés (thioglucosides) dont les génines sont dérivées d’acides aminés,
relativement caractéristiques des plantes de l’ordre des Brassicales et responsables du goût âcre
caractéristique des choux, de la moutarde. La majorité de ces composés dérivent d’acides aminés
spéciaux. Des mécanismes particuliers assurent l’allongement des chaînes suivis de réactions
d’oxydation, acylation, N-sulfonation etc. qui permettent la très grande variété des
glucosinolates. L’hydrolyse de ces composés par des enzymes spécifiques des plantes qui les
synthétisent produit différents composés toxiques: l’isothiocyanate, le thiocyanate et du nitrile.
Ces composés ont un effet goîtrogène lié à l’inhibition du métabolisme de l’iode dans la
thyroïde. Ces composés sont également des phagodéterrants puissants bien que certains insectes
spécialisés aient contourné le problème et même fait de la présence de glucosinolates un
déterminant de leur comportement alimentaire et reproducteur.
Remarque : la distribution taxonomique des glucosinolates est beaucoup plus restreinte que celle
des hétérosides cyanogènes.
d) Les saponosides
Ce sont des hétérosides formés d’une génine de type triterpène appelée sapogénine, et de
groupements osidiques. Ils ne se rencontrent que dans certains groupes voir un petit nombre de
familles ou une seule qu’ils caractérisent. Il s’agit de composés souvent amers, amphiphiles aux
propriétés tensioactives qui ont pu être mises à profit pour la confection de détergents. Ces
molécules ont également la propriété d’affecter la stabilité membranaire et ces composés sont
impliqués dans la résistance à des pathogènes (exemple de l’avécanine de l’avoine). On
distingue :
- les saponosides à génine triterpénique pentacyclique
- les saponosides à génine stéroïde
- les saponosides à alcaloïde stéroïdiens qui correspondent aux gluco-alcaloïdes qu’on retrouve
par exemple chez les Solanacées.
PROPRIETES
Bon nombre d’hétérosides correspondent à des formes biologiquement inactives accumulées
dans les tissus végétaux, souvent stockées dans les vacuoles (hétérosides cyanogènes,
glucosinolates). Lors de la rupture des tissus (consommation humaine ou animale, attaques
pathogènes), ces composés sont mis en présence avec des enzymes cytoplasmiques qui libèrent
les formes toxiques.
Au contraire, dans le cas des saponosides et des hétérosides cardiotoniques, les résidus
glucidiques peuvent être indispensables aux propriétés biologiques des composés.
B) SYNTHESE ET ACCUMULATION DES METABOLITES SECONDAIRES
Les métabolites secondaires sont pour la plupart des toxiques pour les cellules végétales elle
mêmes. Leur accumulation à des teneurs pouvant atteindre plusieurs % de la masse de MS
suppose des mécanismes particuliers pour limiter leur toxicité. On peut citer :
1. La sécrétion extracellulaire
Elle concerne des métabolites secondaires peu solubles dans l’eau (essentiellement des terpènes
mais pas uniquement) :
- accumulation sous-cuticulaire des huiles essentielles au niveau de poils (trichomes) glanduleux
(exemples nombreux chez les Lamiacées)
- accumulation dans des poches à essence (exemple de la famille des Rutacées)
- diffusion des composés volatiles qui traversent les structures cellulaires pour passer dans l’air.
3. L’accumulation intracellulaire
Les métabolites sont conservés dans des tissus ou cellules très spécialisés
- laticifères : exemple du latex riche en alcaloïdes chez le pavot
- idioblastes : exemple de la synthèse des alcaloïdes chez la pervenche de Madagascar
- trichomes
4. La compartimentation
La contention des enzymes responsable de la conversion d’un précurseur en un produit toxique
(exemples de la juglone, des glucosinolates et des composés cyanogénétiques) est également une
stratégie largement répandue.
Enfin, bon nombre de composés phénoliques s’accumulent dans l’apoplaste au niveau des parois
végétales où ils jouent à la fois des rôles structuraux (lignine et pontages d’hémicelluloses) mais
également dans la limitation de la progression des pathogènes.
C) MODES DE PRODUCTION DES METABOLITES SECONDAIRES
La conjonction de tous ces facteurs fait que dans certains cas la culture in vitro donne un rapport
de gain favorable comparé à la production au champ (2 :Nicotine/N. tabacum ; 5 : acide
rosmarinic/ Coleus blumei). Mais, pour des composés comme la morphine et la vinblastine les
rendements (respectivement <<1 et 0) de la culture in vitro sont encore très faibles et même nuls
par rapport à ceux du champ.
1. Plantes à traire
La diversité chimique des racines est moins étudiée et moins exploitée que celle des parties
aériennes, alors qu'une grande diversité de molécules y est produite, accumulée et excrétée (5 à
30% du carbone fixé par la photosynthèse des plantes est restitué au sol par les racines). La
technologie brevetée* PAT « Plantes à Traire »® permet d'accéder aux composés bio actifs
racinaires en cultivant les plantes en hydroponie.
C'est un procédé continu et non destructif, qui permet des récoltes répétitives de ces composés en
réutilisant les mêmes plantes.
2. Autres
Les tiges feuillées, les racines et la co-culture d’organes et/ou de cellules sont autant d’autres
possibilités. Ces nouvelles approches s’ajoutent au génie métabolique des végétaux qui vise à
contrôler le métabolisme des cellules pour la production de métabolites secondaires.
Relations entre métabolisme secondaire et métabolisme primaire
Les jonctions entre métabolisme primaire et secondaire sont nombreuses et parfois complexes.
Les principales sont synthétisées dans le schéma suivant qui indique également l’origine
biosynthétique des principales phytohormones. Les étapes enzymatiques les plus représentatives
sont :
- la phénylalanine ammonia lyase (PAL) qui initie la synthèse de la plupart des composés
phénoliques à partir d’un acide aminé
- la chalcone synthase qui initie la synthèse des flavonoïdes à partir du malonyl CoA et d’un
élement phénylpropane
- la voie mévalonate indépendante de biosynthèse de l’isopentényl diphosphate (IPP), à l’origine
de la synthèse de plus grande partie des terpenoïdes.