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Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Livre VIII VENTE COMMERCIALE

Titre IV

EFFETS DU CONTRAT

Chapitre I

TRANSFERT DE PROPRIETE

Art. 275 La prise de livraison opère transfert à l'acheteur de la propriété des marchandises vendues.
[anc. art.
283 JURISPRUDENCE COMPAREE
mod.]
Etats-Unis

Transfert de propriété et transfert des risques de marchandises stockées en entrepôt : clause


subordonnant la vente au changement de nom du propriétaire sur les livres de l'entrepôt
Lors d'une vente de marchandises stockées dans un entrepôt indépendant et devant être réalisée par
le simple changement du nom du propriétaire des marchandises sur les livres de l'entrepôt, les juges
ont considéré que le transfert de propriété était intervenu lors du changement effectif du nom de la
personne propriétaire des marchandises alors que le transfert des risques n'était intervenu que
lorsque l'acheteur avait eu connaissance de ce transfert, soit plusieurs jours plus tard (Jason's foods,
INC. V. Peter Eckrich & sons, INC., 774 F2d 214 (7th cir.1985)).

Art. 276 Les parties peuvent, toutefois, convenir de différer le transfert de propriété en application d'une clause
[anc. 284 de réserve de propriété régie par les articles 72 à 78 de l'Acte uniforme portant organisation des
mod.] sûretés.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Application de la clause subordonnant la formation de la vente à la livraison des


marchandises
Lorsqu'il résulte de la convention liant les parties, que « le contrat de vente n'est réputé formé entre
les parties qu'à la livraison de la marchandise par la [venderesse] dans les locaux de l'acheteur », que
l'acheteur ne conteste pas avoir reçu les marchandises, signé des reconnaissances de dette et
proposé un échéancier de remboursement qu'il n'a pas respecté et dont il n'a payé que 245 000
FCFA, ces éléments prouvent suffisamment que les marchandises ont été livrées, que le contrat de
vente est régulièrement formé, et que par conséquent, la clause de réserve de propriété ne pouvait
plus empêcher que lesdites reconnaissances de dette, appuyées par un début de paiement,
produisent leur plein et entier effet. En considérant « qu'il est aisé de dire, sans violer la clause de
réserve de propriété, qui ne sert en réalité qu'à protéger les droits du créancier qui s'est dessaisi des
marchandises, que le contrat de vente a été formé à la livraison des marchandises, conformément à la
volonté des parties, et ce, en application de l'article 283 [devenu 275] de l'[AUDCG] », la cour d'appel
ne viole en rien les dispositions sus-énoncées et le moyen unique de cassation qui n'est pas fondé
doit être rejeté (CCJA, 1e ch., n° 018, 24-4-2008 : Docteur A. c/ DPCI-SA, Le Juris-Ohada n° 2, avr.-
juin 2008, p. 21, Le recueil de jurisprudence de la CCJA, n° 11, janv.-juin 2008, p. 51, Ohadata J-09-
32, Ohadata J-09-315, Actualités juridiques, n° 60-61, p. 427, note anonyme. Décision confirmée : CA
Daloa, 2e ch. civ. et com., n° 53, 23-2-2005 : A c/ La sté DPCI, Le Juris-Ohada, n° 1/2006, p. 33,
Ohadata J-07-01).

Obs. : sur une décision rendue en application de la version ancienne de l'AUDCG, transposable sous le nouveau texte qui
ne modifie pas les conditions d'efficacité de la clause de réserve de propriété, qui a retenu que cette clause stipulée dans
un contrat ne peut en aucun cas opérer faute de publicité dans les conditions des articles 59, 60 et 63 [de l'AUDCG
abrogé, remplacés par les art. 71 et 72 de l'AUS], voir (TRHC Dakar, n° 117, 15-1-2002 : A. M. c/ Sté ULMAN, J. S., Me N.
T. F. L. et Me M. G., Ohadata J-04-159, obs. Ndiaw DIOUF).

II. Vente sous condition suspensive


La clause de réserve de propriété caractérise une vente sous condition suspensive. L'absence de
toute vente commerciale exclut même l'existence de cette clause et toute obligation de paiement de
prix de vente. C'est donc à tort qu'il est reproché à un arrêt attaqué d'avoir violé l'article 72 de l'AUS au
motif que la cour d'appel a retenu que « la [demanderesse] qui reste propriétaire des produits ne peut
faire obligation à la [défenderesse] d'en payer le prix » alors que, par l'effet d'une clause de réserve de
propriété, la propriété d'un bien mobilier peut être retenue en garantie jusqu'au complet paiement. Il en
est ainsi dès lors que, les juges du fond ont souverainement conclu qu'il n'y a pas eu vente
commerciale entre les parties (CCJA, 3e ch., n° 084, 28-4-2016 : Sté SIEMENS c/ SARITEL, Ohadata
J-17-32).

JURISPRUDENCE COMPAREE

I. Belgique

Concours du vendeur avec réserve de propriété avec les créanciers de l'acheteur


Il n'existe pas de principe général du droit de l'opposabilité de la clause de réserve de propriété en cas
de concours des créanciers et la clause par laquelle les parties conviennent de retarder le transfert de
propriété d'un effet mobilier n'est pas opposable aux créanciers de l'acheteur en cas de concours avec
le vendeur lorsque l'acheteur a été mis en possession de la chose vendue (Cass. Belgique 7-5-2010,
C.09.0317.F : Juricaf).

II. Irak

A. Vente avec réserve de propriété : droit de revendication au profit du vendeur non payé
La stipulation selon laquelle l'acheteur ne devient propriétaire qu'après paiement de tous les
acomptes, doit être analysée comme un transfert de propriété sous condition suspensive du paiement
intégral du prix. En conséquence, le vendeur, resté propriétaire des machines vendues sous réserve
de propriété, est fondé à exercer l'action en revendication en cas de non-paiement par l'acheteur
(Cass. civ. 23-5-1970 : Revue Al-Qada, 1970, 3, p. 234).

B. Clause de réserve de propriété : opposabilité aux tiers


Le vendeur qui s'est réservé la propriété de la machine est en droit de la suivre, en cas de revente,
dans n'importe quelle main (Cass. civ. 10-10-1975, majmoat'al-ahkam al-adlyiah', 1975, 4, p. 12.)
Il a le droit de demander la saisie de la chose vendue, même détenue par un tiers, car sa réserve de
propriété interdit à l'acheteur de disposer de la chose sans l'autorisation du vendeur (Cass. 29-10-
1969 : Recueil de la Cour de cassation, 1969, vol. 6, p. 248).

C. Exclusion de la clause de réserve de propriété dans une vente au comptant


Dans la vente au comptant, le vendeur ne peut se prévaloir de la clause de réserve de propriété du
bien vendu jusqu'à son paiement intégral. Il s'agit d'une vente de voiture dont le prix a été payé par
quatre chèques à l'ordre du vendeur. L'un des chèques s'étant révélé sans provision le vendeur a
intenté une action en revendication contre l'acheteur pour restituer la voiture. Cette vente n'est pas
une vente à crédit, estime la Cour de cassation. Il s'ensuit que le vendeur ne peut stipuler que le
transfert de propriété est soumis au paiement intégral du prix (C. civ. art. 534 ; Cass. 25-1-1971 :
Revue al-Qada, n° 2, 1971, p. 252-254).

Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Livre VIII VENTE COMMERCIALE


(c) 2020 Editions Francis Lefebvre

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