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Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Titre III OBLIGATIONS DES PARTIES

Chapitre II

OBLIGATIONS DE L'ACHETEUR

Art. 262 L'acheteur s'oblige à payer le prix et à prendre livraison des marchandises.
[anc. art.
233 I. Paiement du prix : obligation essentielle de l'acheteur
mod.] Si la réalité des commandes de marchandises, leur livraison et leur réception effective par les clients
ne fait plus l'ombre d'aucun doute, ceux-ci se doivent d'en payer le prix, obligation essentielle de
l'acheteur. En l'espèce, les contestations des appelants relèvent de la pure mauvaise foi et il convient
de confirmer le jugement de condamnation au paiement. Le juge qui, après avoir reconnu qu'une
créance est fondée en son principe, a refusé la modification du quantum en se bornant à dire que les
documents produits ne sont pas « convaincants », sans démontrer en quoi lesdits documents ne le
sont pas, a exposé sa décision à la censure de la cour d'appel pour absence ou insuffisance de
motifs. Son jugement doit être infirmé sur ce point et statuant à nouveau, il y a lieu de prendre en
compte les modifications justifiées en l'espèce et de prononcer une condamnation au montant
approprié (CA Ouagadougou, ch. com., n° 21, 20-1-2017 : Transport Confort Voyageurs SA et 3
autres c/ Technical Mechanical Services SA, http://tribunal-commerce.justice.gov.bf/download/arret-
n21-du-20-01-2017-les-societes-tcv-et-tca-contre-sodifa-et-bmsi/).

II. Appréciation souveraine du paiement par les juges du fond


C'est par une appréciation souveraine des faits, échappant au contrôle de la CCJA, dans un
contentieux relatif à une vente commerciale, que par rapport au paiement du prix prévu aux articles
262 et suivants de l'AUDCG, un tribunal a retenu que, suivant un reçu délivré par la demanderesse
elle-même en date du 7 février 2013, elle restait devoir trois millions six cent mille (3 600 000) francs
CFA ; et que suite à divers versements un reliquat a été mis à la charge de l'acheteur. C'est donc à
tort qu'il est reproché au jugement attaqué d'avoir violé l'article 1315 du Code civil (CCJA, 2e ch., n°
182, 27-7-2017 : Sté SAM-E. Citadelle Voyages c/ Ouattara Amadou).

Section I

PAIEMENT DU PRIX

Art. 263 L'acheteur est tenu de payer le prix convenu. Le prix exprimé dans le contrat est présumé convenu
[anc. art. hors taxes.
235 S'il y a lieu à détermination du prix, les parties peuvent se référer à la valeur habituellement attribuée
mod.] au moment de la conclusion du contrat à des marchandises vendues dans des circonstances
comparables au sein de la même branche d'activité.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Paiement du prix : obligation principale de l'acheteur


Au sens de l'article 263 de l'AUDCG, l'obligation principale de l'acheteur est de payer le prix. C'est
donc à juste titre qu'un tribunal a condamné un acheteur au paiement du reliquat du prix de vente qu'il
n'a jamais contesté, les marchandises ayant été livrées (CA Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com.,
n° 019, 2-2-2018 : Nana Lamoussa Paul c/ AGENCIES, SARL, http://tribunal-
commerce.justice.gov.bf/download/arret-n-019-du-02-02-2018-nana-lamoussa-paul-contre-societe-js-
agencies/).

II. Détermination du prix de vente à payer


En matière commerciale, les pièces qui établissent la valeur d'une marchandise sont la facture et les
documents d'importation. En présence de plusieurs factures différentes émanant du vendeur et
concernant la même marchandise, il y a lieu de considérer le montant constaté dans la pièce qui a
servi aux formalités de dédouanement comme le prix conventionnel de la marchandise, dès lors que
le demandeur ne prouve pas que la minoration du prix en fraude à la douane fait suite à une demande
des acheteurs et du reste, parce qu'il ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Conformément aux
dispositions combinées des articles 263 de l'AUDCG (en vigueur à la date des transactions et selon
lequel l'acheteur est tenu de payer le prix convenu dans le contrat) et 1134 du Code civil (selon lequel
les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et doivent être
exécutées de bonne foi), il convient de réformer la décision attaquée et de prononcer une
condamnation à payer la somme totale de 3 792 286 FCFA (662 218 + 3 130 068) au titre du prix
reliquataire de la marchandise (CA Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com., n° 018, 19-1-2018 :
Kanon Souleymane c/ 1) Tonde Moussa, 2) Malcoubri Mahama et Frères SARL, http://tribunal-
commerce.justice.gov.bf/download/arret-n-018-du-19-janvier-2018-kanon-souleymane-contre-tonde-
moussa-et-societe-malcoubri-mahama-et-freres/).

Art. 264 L'acheteur est tenu de prendre toutes mesures nécessaires à l'accomplissement des formalités
[anc. art. préalables au paiement effectif du prix.
234
mod.] JURISPRUDENCE COMPAREE

I. France

Obligation au regard des formalités administratives


L'acheteur est fautif s'il n'accomplit pas les diligences voulues pour obtenir la réalisation de la
condition à laquelle la conclusion du contrat est subordonnée, notamment pour l'obtention d'une
autorisation administrative (cf. Cass. civ. 25-4-1968 : Bull. civ. I p. 96 ; Cass. com. 7-3-1972 : Bull. civ.
IV p. 80) ;

II. Haïti

A. Echéance
Il y a prorogation d'échéance quand un effet reste impayé après les termes convenus, sans poursuite
immédiate de la part du créancier (Cass. 19-11-1989).

B. Lieu du paiement
Le paiement d'une obligation doit avoir lieu à l'endroit désigné par la convention (Cass. 30-1-1969).

C. Intérêts
Quand il y a conventions, les intérêts ne peuvent se prélever que d'après le taux et le mode convenus
dans la loi des parties (Cass. 19-11-1987).

Art. 265
[anc. art. Lorsque le prix est fixé d'après le poids des marchandises, ce prix est déterminé, en cas de doute, à
236 partir de leur poids net.
mod.]

Art. 266
[anc. art. Le paiement du prix au vendeur est fait soit au siège de son activité, soit au lieu de la livraison si le
237 prix est payable comptant ou si la livraison est effectuée contre remise de documents.
mod.]
Art. 267 Lorsque le contrat de vente prévoit la remise des marchandises à un transporteur, le vendeur peut
[anc. art. subordonner leur expédition ou la remise à l'acheteur du document qui les représente au paiement
238 préalable du prix.
mod.] Les parties peuvent aussi prévoir que l'acheteur n'est tenu de payer le prix qu'après avoir été mis en
mesure d'examiner les marchandises.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

Paiement au moment de la délivrance

1° Fixation de la délivrance
La délivrance intervient à compter du mesurage s'il a lieu (Cass. req. 23-6-1941 : DC 1943.23 ; Cass.
com. 25-10-1961 : D. 1962.290 note Bigot).

2° Défaut de délivrance
La délivrance doit être complète ; ce n'est pas le cas si n'a pas été livré l'un des éléments faisant
partie de l'ensemble vendu dont il était indissociable, puisqu'il était nécessaire pour assurer l'une des
fonctions principales du système informatique vendu (Cass. civ. 19-11-1996 : RJDA 2/97 n° 193 ;
dans le même sens, CA Versailles 11-3-1999 : RJDA 7/99 n° 771).

3° Absence de présomption de paiement du prix attachée à la délivrance


La délivrance ne vaut pas présomption légale que le prix a été payé (Cass. req. 15-7-1942 : DC
1943.104).

Art. 268
[anc. art. L'acheteur doit payer le prix à la date convenue et ne peut subordonner son paiement à une démarche
239 du vendeur.
mod.]

Section II

PRISE DE LIVRAISON

Art. 269 L'acheteur doit prendre livraison en accomplissant les actes permettant au vendeur d'effectuer la
[anc. art. livraison, puis il doit retirer les marchandises.
240
mod.] JURISPRUDENCE COMPAREE

I. France

A. Prise de la détention de la chose


L'acquéreur n'a pas retiré la chose vendue tant qu'il n'en a pas pris la détention (Cass. com. 9-3-1949
: JCP G 1949.II.5075 obs. Becqué ; Cass. com. 8-7-1965 : Bull. civ. III p. 396).

B. Application de la convention des parties


Les parties peuvent convenir du retirement dans le magasin du vendeur bien que la marchandise
doive être expédiée par navire et que le prix soit payable à compter de la mise à quai (Cass. com. 17-
11-1966 : Bull. civ. III p. 388).

II. Irak

Refus de prise de livraison par l'acheteur


Une partie au contrat ne saurait modifier unilatéralement les stipulations contractuelles pour refuser la
prise de livraison des biens vendus. Ainsi, lorsque le vendeur s'engage à fournir un produit (huile de
tournesol), l'acheteur ne peut pas prétendre que le fournisseur n'a pas respecté la nouvelle date
d'expiration pour refuser de recevoir la quantité convenue car le contrat doit être exécuté conforment à
son contenu, d'une manière répondant aux exigences de la bonne foi (C. civ. art. 150). De plus,
faisant la loi des parties, le contrat ne peut être modifié que de leur consentement mutuel, ou pour les
causes prévues par la loi. (C. civ. art. 146). Le rapport d'expertise a par ailleurs établi que les
marchandises fournies sont conformes et propres à la consommation humaine. Dès lors, le refus de
prise de livraison par l'acheteur constitue un manquement à ses obligations contractuelles permettant
à l'autre partie de demander la résolution du contrat avec dommages-intérêts, le cas échéant (Cass.
féd. 24-6-2013, pourvoi 851-852, Revue Législation et jurisprudence, n° 2, 2014, p. 158-161).

Art. 270 L'acheteur doit examiner les marchandises ou les faire examiner dans un délai aussi bref que
[anc. art. possible. Lorsque le contrat de vente prévoit la remise des marchandises à un transporteur, l'examen
227 peut être différé jusqu'à l'arrivée de ces marchandises à leur destination.
mod.] Si les marchandises sont déroutées ou réexpédiées par l'acheteur sans que celui-ci ait eu
raisonnablement la possibilité de les examiner, et si au moment de la conclusion du contrat le vendeur
connaissait ou aurait dû connaître la possibilité de ce déroutage ou de cette réexpédition, l'examen
peut être différé jusqu'à l'arrivée des marchandises à leur nouvelle destination.

JURISPRUDENCE OHADA

Obligation d'examiner la marchandise


L'article 227 [devenu 258 al. 1 et 270 al. 1] de l'AUDCG met à la charge de l'acheteur une obligation
explicite d'examiner la marchandise. Il doit s'assurer que le bien qui lui est remis correspond à celui
qui est prévu au contrat (CA Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com., n° 040, 16-4-2010 : S. N. M. c/
SCIMI et SOBFI, Ohadata J-12-183).

Obs. : si le vice est apparent, l'acheteur n'a qu'un mois pour réagir ; et il a un bref délai seulement dans le cas où le vice
n'est pas apparent. Voir sous l'art. 258.

JURISPRUDENCE COMPAREE

Examen des marchandises dans un bref délai

Obs. : exemples tirés de la convention de Vienne du 11 avril 1980 sur la vente internationale de marchandises, comportant
des sentences et des décisions indiquant les pays d'origine.

A. Respect du bref délai


L'acheteur a été tenu pour avoir agi à bref délai :
- même s'il n'a pas réagi rapidement dès lors que le défaut de conformité porte sur des faits que le
vendeur connaissait ou ne pouvait ignorer et qu'il n'a pas révélés à l'acheteur (Sentence CCI n° 5713
1989, chr. J.-P. Beraudo, DPCI 1994 p. 96) ;
- lorsqu'il y a procédé dans un délai de dix jours eu égard à la grande quantité des marchandises, à
leur empaquetage dans des cartons et à la nature durable des biens concernés (T. supérieur du
Canton de Lucerne 6-1-1997 : D. 1998.som.315 obs. Cl. Witz).
- s'il a agi dans un délai de trois à quatre jours pour des denrées non périssables (T. régional
supérieur de Karlsruhe 25-6-1997, D. 1998.som.310 obs. Cl. Witz) ;
- si, étant un acheteur-fournisseur, il a, après avoir reçu des réclamations d'un client, examiner
immédiatement les marchandises et, en tout cas, transmis les réclamations au vendeur (Hoge Raad
20-2-1998 : D. 1998.som.313 obs. M.-Fr. Papandréou-Deterville).

B. Validité d'un délai conventionnel d'examen de la conformité


Il a été jugé qu'il était valable de prévoir que l'acheteur devait dénoncer les défauts de conformité de la
marchandise dans le délai d'un mois à compter de la livraison dès lors que le défaut de conformité
pouvait être facilement établi (Sentence rendue en 1994 n° 7331, Clunet 1995.1001).

Un délai conventionnel de dénonciation de deux semaines a été admis en Allemagne (T. régional supérieur de Munich 11-
3-1998 : D. 1999.som.356 obs. Cl. Witz).
Art. 271 Lorsque le paiement est prévu au jour de la livraison et que l'acheteur tarde à prendre livraison des
[anc. art. marchandises ou n'en paie pas le prix, le vendeur, s'il a les marchandises en sa possession ou sous
241 son contrôle, est fondé à les retenir jusqu'à leur complet paiement.
mod.] Le vendeur doit cependant prendre les mesures raisonnables, eu égard aux circonstances, pour
assurer la conservation des marchandises et l'acheteur doit lui en rembourser les frais.

JURISPRUDENCE COMPAREE

France

Droit de rétention du vendeur jusqu'au paiement du prix


Livraisons successives : existence. En cas de livraisons successives, le défaut de paiement d'une
livraison autorise le vendeur à refuser les livraisons suivantes (CA Limoges 24-6-1922 : DP 1924.2.8),
a fortiori lorsqu'il a été stipulé que le paiement dès réception de la facture serait une condition
déterminante des livraisons ultérieures (CA Grenoble 23-1-1961 : D. 1961.300).

Art. 272 Si l'acheteur a reçu les marchandises et entend les refuser, il doit prendre les mesures raisonnables,
[anc. art. eu égard aux circonstances, pour en assurer la conservation. Il est fondé à les retenir jusqu'à ce qu'il
242] ait obtenu du vendeur le remboursement des frais de conservation qu'il a engagés.

Art. 273
La partie tenue de prendre des mesures pour assurer la conservation des marchandises peut les
[anc. art.
déposer dans les magasins d'un tiers aux frais de l'autre partie mais est tenue de supporter les frais
243
excessifs qui pourraient résulter de ce dépôt.
mod.]

Art. 274 La partie qui doit assurer la conservation des marchandises peut les vendre par tous moyens
[anc. art. appropriés si l'autre partie tarde à en prendre possession, à en payer le prix, ou à rembourser les frais
244 de leur conservation. Elle doit préalablement notifier à l'autre partie son intention de vendre ces
mod.] marchandises.
La partie qui vend les marchandises peut retenir sur le produit de la vente un montant égal à ses frais
de conservation, et elle doit le surplus à l'autre partie.

Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Titre III OBLIGATIONS DES PARTIES
(c) 2020 Editions Francis Lefebvre

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