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FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – CONTENTIEUX ADMINISTRATIF - MBENGUE - 2010/2011

QUESTIONS DE COURS DE CONTENTIEUX ADMINISTRATIF :

1) Quelle est l’utilité sociale du contentieux administratif ?


2) Quelle est l’utilité du contentieux administratif pour les sujets de Droit ?
3) Quels sont les privilèges dont jouit l’administration dans le règlement des
différends l’opposant aux administrés ?
4) Quelle est la définition large du contentieux administratif ?
5) Quelles sont les critiques apportées au sens large du contentieux administratif ?
6) Donner la définition étroite du contentieux administratif.
7) Quels sont les critères de définition du contentieux administratif ?
8) Quels sont les critères de définition du litige administratif ? (attention ce n’est pas
la même question que la précédente)
9) Exposer le critère organique de définition du litige administratif.
10) Quels sont les inconvénients du critère organique de définition du litige
administratif ?
11) Exposer le critère matériel de définition du litige administratif.
12) Qu’est ce qu’un litige administratif ? (attention ce n’est pas la même question
que celle du n°8)
13) Le seul recours au juge suffit-il pour imprimer à un contentieux une nature
purement administrative ?
14) Quel est l’avantage de la conception du litige administratif qui exige que ce
dernier soit réglé par la voie juridictionnelle ?
15) Quel est l’inconvénient de la conception du litige administratif qui exige que
ce dernier soit réglé par la voie juridictionnelle ?
16) En quoi consiste la classification des contentieux administratifs fondés sur la
nature et les pouvoirs du juge ?
(Question subsidiaire)
17) En quoi consiste le contentieux de l’annulation ?
18) En quoi consiste le contentieux de pleine juridiction ?
19) Quelle est la différence entre le contentieux de l’annulation et le contentieux
de pleine juridiction ? (contentieux objectif/contentieux subjectif).
20) En quoi consiste le contentieux de l’interprétation et de l’appréciation ?
21) Quelle est la différence entre l’interprétation et l’appréciation ?
22) Sur quel principe repose la détermination de la juridiction compétente pour
interpréter et apprécier la légalité des actes administratifs ?
23) Dans quels cas les juridictions judiciaires peuvent-ils être amenées à
interpréter et à apprécier les actes administratifs ? (ou bien : quelles sont les
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dérogations à la compétence de principe des juridictions administratives pour


interpréter et apprécier les actes administratifs ?)
24) En quoi consiste le contentieux de la répression ? (question subsidiaire)
25) En quoi consiste la classification des contentieux administratifs fondée sur la
nature de la question posée au juge ? (question subsidiaire)
26) En quoi consiste le critère objectif du contentieux?
27) Citer les différentes normes ressortissant de la légalité objective ?
28) Quel est le régime juridique du contentieux des contrats administratif ?
29) En quoi consiste le critère subjectif du contentieux ?
REPONSES AUX QUESTIONS DE COURS DE CONTENTIEUX ADMINISTRATIF :

1) Quelle est l’utilité sociale du contentieux administratif ?

L’utilité sociale du contentieux administratif peut être appréhendée à un triple niveau.


 D’abord, le contentieux administratif permet de solutionner juridiquement un
différent social en recourant à un juge qui lui-même offre
des garanties d’indépendance et de compétence technique pour statuer sur
toute question de Droit querellé par des parties en conflit.
 Ensuite, le contentieux administratif contribue au maintien de l’ordre public
en prévenant les désordres pouvant naître de litiges non résolus.
 Enfin, le contentieux administratif participe à la préservation de l’ordre juridique
en faisant prévaloir le respect par les parties en conflit de la sentence prononcée
par le juge et en réprimant les atteintes qui y sont
portées.

2) Quelle est l’utilité du contentieux administratif pour les sujets de Droit ?

Par rapport aux sujets de droit, le contentieux administratif permet au titulaire d’un
droit d’en jouir et le cas échéant de le défendre contre tous ceux qui veulent en
contester l’existence ou s’opposer à sa jouissance en tenant compte de l’inégalité des
parties.
Ainsi, l’aménagement du contentieux administratif est-il dans une large mesure
l’expression de la contrepartie du caractère inégalitaire de ces rapports juridiques
remplissant dès lors une

Fonction de protection des administrés contre l’administration.

3) Quels sont les privilèges dont jouit l’administration dans le règlement des différends
l’opposant aux administrés ?
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Parmi les privilèges dont jouit l’administration dans le règlement des différends
l’opposant aux administrés on peut citer :
 D’abord, l’existence d’une juridiction particulière excluant en principe les
juridictions de droit commun de la connaissance des litiges impliquant la
puissance publique incarnée par l’administration. Il s’y ajoute,

 le caractère exécutoire des décisions administratives qui dispense


l’administration de recourir au juge pour exercer sa volonté (l’administration n’a
pas besoin de titre exécutoire). Il y a en outre,

 le caractère non suspensif des décisions administratives attaquées devant le juge


ou enfin

 l’absence d’exécution forcée pour l’Etat et ses démembrements.

4) Quelle est la définition large du contentieux administratif ?

Dans son acception étymologique correspondant à son sens large, le contentieux


administratif désigne l’ensemble des litiges qui trouvent leur origine dans
l’activité des administrations publiques ainsi que des
procédés qui permettent de résoudre ces litiges.
Le contentieux administratif intègre de ce point de vue tous les litiges portant sur
des questions de fait ou de droit et qui peuvent ainsi donner lieu à l’intervention
d’une autorité juridictionnelle ou à des procédés non
juridictionnels de résolution des litiges.

5) Quelles sont les critiques apportées à la définition large du contentieux administratif ?

Deux critiques ont été apportées à la définition large du contentieux administratif :


 La première considère que le sens large du contentieux administratif n’est pas
un facteur de cohésion de la matière.
Les litiges peuvent ainsi porter sur des questions de droit ou de fait qui ne
requièrent nullement l’intervention du juge. Le contentieux administratif
apparait alors comme un fourre-tout voire un magma de procédés et de
mécanismes hétéroclites concourant tous à résoudre un différend administratif.

 La seconde critique considère que la définition large du contentieux


administratif ne rend pas compte de la spécificité des procédures et règles de
fond qui font l’originalité du droit administratif qui est un droit sur mesure
applicable à l’activité d’intérêts générales pris en charge par une administration
dotée à cet égard de prérogatives exorbitants de droit commun.
6) Quelle est la définition étroite du contentieux administratif ?
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Au sens étroit, le contentieux administratif est défini comme l’ensemble des règles
juridiques qui régissent la solution par voie juridictionnelle des litiges
administratifs.

7) Quels sont les critères de définition du contentieux administratif ?

Le contentieux administratif implique deux critères de définition à savoir :


 L’existence d’un litige administratif et
 L’exigence de la résolution du litige par voie juridictionnelle.

8) Quels sont les critères de définition du litige administratif ? (attention ce n’est pas la
même question que la précédente).

Le contentieux administratif ne recouvre pas tous les litiges auxquels est impliquée
l’administration. Il ne s’applique qu’à une catégorie particulière de litiges, ceux
présentant un caractère administratif.

Pour percer le caractère administratif d’un litige, deux critères ont été dégagés :
 Un critère organique et
 Un critère matériel.

9) Exposer le critère organique de définition du litige administratif.

Du point de vue organique, le litige administratif est défini comme le litige dans lequel
une personne publique au sens large est partie. Le litige administratif est
celui dans lequel la prétention ou l’opposition émane de représentants d’une
personne publique.

10) Quels sont les inconvénients du critère organique de définition du litige


administratif ?

Cette définition donne au contentieux administratif un domaine très large. Elle fait
entré les litiges portés devant les juridictions judiciaires sans considération du droit
applicable en vue de leur solution. Elle conduit à une confusion partielle
entre le contentieux administratif stricto sensu et le contentieux privé de
l’administration.

En effet, l’activité de la personne publique sur laquelle porte le litige n’est pas
nécessairement une activité administrative, elle peut ne pas concerner l’exercice
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d’une fonction administrative et ne pas donner


naissance à des litiges ressortissant au contentieux administratif. Par exemple, tout ce
qui concerne les relations entre un SPIC et ses usagers relève de la compétence
judiciaire TC - 10 octobre 1966 – Dame Veuve Canasse8.

11) Exposer le critère matériel de définition du litige administratif.

On peut caractériser le litige administratif non par les parties mais par son objet et y
voir ceux concernant les activités administratives à savoir les activités
d’intérêt général soumises en tant que telles à un régime
exorbitant de droit commun.

12) Qu’est ce qu’un litige administratif ? (attention ce n’est pas la même question que
celle du n°8)

La relativité des critères organiques et matériels de définition du contentieux


administratif incline à les combiner. On entendra ainsi par litige administratif :
 D’une part, au point de vue organique, le litige dans lequel une personne
publique est partie réserve faite du cas où le litige concerne une activité non
administrative de cette personne.

 D’autre part, au point de vue matériel, le litige qui concerne une activité
administrative quelque soient les parties du litige.

13) Le seul recours au juge suffit-il pour imprimer à un contentieux une nature
purement administrative ?

Le seul recours au juge ne saurait suffire pour imprimer à un contentieux une nature
purement administrative. Le juge habilité à connaître les litiges administratifs est
différent du juge des particuliers. Il s’agit d’une juridiction de l’ordre administratif
devant être saisie en application des règles particulières de procédure et qui doit
appliquer un droit distinct de celui qui régie les rapports entre les sujets de droit privé.

14) Quel est l’avantage de la conception du litige administratif qui exige que ce dernier
soit réglé par la voie juridictionnelle ?

Cette conception du litige administratif a l’avantage d’éviter tous regroupement du


contentieux administratif et du contentieux privé.
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15) Quel est l’inconvénient de la conception du litige administratif qui exige que ce
dernier soit réglé par la voie juridictionnelle ?

L’exigence de la résolution du litige par la voie juridictionnelle présente l’inconvénient


d’écarter du contentieux administratif les nombreux litiges intéressant
l’administration qui relèvent de la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire qui
ont le pouvoir et le devoir de se référer aux règles et peuvent ainsi être amenée à
appliquer le droit public aux litiges administratifs. Cass. civ. 23 novembre 1956, Trésor
public c/ GIRY1

16) En quoi consiste la classification des contentieux administratifs fondés sur la nature et
les pouvoirs du juge ?
(Question subsidiaire)

Cette classification proposée par Laferrière à la fin du XIXème siècle repose sur les
pouvoirs du juge à l’occasion de la décision juridictionnelle qu’il peut être amené à
prendre.
Quatre types de contentieux peuvent être observés à partir de cette classification. Il
s’agit du
 Contentieux de l’annulation, du
 Contentieux de pleine juridiction, du
 Contentieux de l’interprétation et de l’appréciation, et du
 Contentieux de la répression.

17) En quoi consiste le contentieux de l’annulation ?

Dans le contentieux de l’annulation, le requérant en saisissant le juge, demande de


faire disparaître ou mieux d’anéantir une décision administrative ou un jugement
attaqué devant lui.
Les pouvoirs du juge se limitent à l’annulation des actes administratifs unilatéraux
par des motifs de droit. On trouve donc dans ce contentieux :
 le recours pour excès de pouvoir dirigé contre les actes administratifs
unilatéraux et
 le recours en cassation dirigé contre les décisions de justice rendues en dernier
ressort et à l’égard desquelles aucune autre ne voie de recours, notamment celle
de l’opposition, ne reste ouverte.
Le recours pour excès de pouvoir et le recours en cassation sont des recours de
droit commun.
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Le recours pour excès de pouvoir est ouvert même sans texte contre tout acte
administratif et a pour effet d’assurer, conformément aux principes généraux du
droit, le respect de la légalité
CE, ass. 17 février 1950, Ministre de l’agriculture c/ Dame Lamotte2.

Il en est de même du recours en cassation qui est toujours possible contre les
décisions des juridictions administratives statuant en dernier ressort, CE ass. 7 février
1947, D’aillières2.

Toute loi excluant l’exercice d’un recours pour excès de pouvoir ou l’exercice d’un
recours en cassation ne peut être interprétée comme excluant ces deux recours
devant le conseil d’Etat sauf volonté contraire clairement manifestée par le
législateur. Sauf dans le cas où l’auteur du texte a exprimé formellement sa volonté
d’exclure tout recours, le juge administratif tient peu compte de l’intention du
législateur au sens psychologique du terme.
Lorsque le texte est clair par lui-même, le Conseil d’Etat se borne à l’appliquer. S’il
laisse place à un doute, il préférera l’interpréter en fonction de sa propre jurisprudence
et des principes généraux du droit.
Le contentieux électoral bien que ne relevant pas du juge de l’excès de pouvoir sauf
pour ce qui concerne les opérations administratives détachables de l’élection, fait
partie du contentieux de l’annulation puisqu’il est demandé au juge d’annuler des
opérations d’un bureau de vote violant les dispositions de la loi. Mais en raison de sa
nature et de ses caractéristiques, il n’intègre pas le contentieux objectif de la légalité.
Le contentieux de l’annulation présente des effets absolus car l’acte ainsi annulé est
censé n’avoir jamais produit des effets juridiques et l’annulation vaut erga omnès.

18) En quoi consiste le contentieux de pleine juridiction ?

Le contentieux de pleine juridiction porte généralement sur des droits subjectifs c’est
à dire les privilèges ou prérogatives que le droit objectif reconnaît aux différents
sujets de droit. Il est demandé au juge de trancher un différend opposant des parties
en prenant toute décision utile.

Les pouvoirs du juge de plein contentieux sont plus étendus que ceux du juge de
l’annulation.

Il peut ainsi annuler un contrat, une élection, peut réformer une décision, il peut
prononcer une condamnation pécuniaire, il peut aussi réduire le montant d’une cote
d’imposition.
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Devant le juge de plein contentieux, tous les moyens de droit ou de fait ayant une
portée juridique peuvent être invoqués. On peut par exemple invoquer l’illégalité ou
la violation d’un contrat ce qui n’est pas possible à l’appui d’un recours pour excès de
pouvoir. On peut évoquer la faute qui peut ne pas résider dans une illégalité ou bien
la rupture du principe d’égalité.

19) Quelle est la différence entre le contentieux de l’annulation et le contentieux de


pleine juridiction ?

La différence entre le plein contentieux et le contentieux de l’annulation se situe à


quatre niveaux :
 D’abord, la nature de la question posée au juge diffère selon le type de
contentieux.
Le plein contentieux est un contentieux subjectif c'est-à-dire où le requérant
invoque devant le juge des droits faisant partie d’une situation juridique
individuelle subjective alors qu’en revanche le contentieux de l’annulation est un
contentieux objectif où le requérant invoque la violation d’une règle de droit ou
encore une atteinte à des droits faisant partie d’une situation générale et
impersonnelle c'est-à-dire d’une situation juridique objective.

 Ensuite, les pouvoirs du juge ne sont pas les mêmes d’un contentieux l’autre.
En effet, les pouvoirs du juge du plein contentieux sont plus étendus. Il peut ainsi
annuler un contrat, une élection, peut réformer une décision, il peut prononcer
une condamnation pécuniaire, il peut aussi réduire le montant d’une cote
d’imposition alors que les pouvoirs du juge de l’annulation se limitent à
l’annulation des actes administratifs unilatéraux.

 En outre, une autre différence est perceptible du point de vue de l’opposition.


En effet, le plein contentieux oppose des parties. C’est un procès entre parties et
non un procès contre un acte comme l’est le contentieux objectif de
l’annulation.

 Enfin, une différence réside dans les moyens susceptibles d’être invoqués dans
les deux types de contentieux.
Les moyens susceptibles d’être invoqués dans le plein contentieux sont plus
nombreux que dans le contentieux de l’annulation dans la mesure où tous les
moyens de droit ou de fait ayant une portée juridique peuvent être invoqués
alors que dans le contentieux de l’annulation, seuls les moyens de droit sont
recevables. On peut par exemple invoquer l’illégalité ou la violation d’un
contrat, la faute qui peut ne pas résider dans une illégalité ou bien la rupture du
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principe d’égalité ce qui n’est pas possible à l’appui d’un recours pour excès de
pouvoir.

20) En quoi consiste le contentieux de l’interprétation et de l’appréciation ?

Il porte sur des actes administratifs mais ne conduit pas au même résultat que le
contentieux de l’annulation. En effet, il est demandé au juge d’interpréter c’est à dire
de donner un sens, d’éclairer ou de clarifier le sens et la portée d’une règle juridique
ou bien de déterminer la valeur juridique d’une décision contestée à d’autres niveaux
du recours en justice.

Dans l’interprétation et l’appréciation, le juge n’est pas appelé à prendre une


décision produisant des effets juridiques directs. Il fournit les éléments de la décision
qu’un autre juge pourra être amené à prendre ou à fixer la portée de la décision qu’il a
lui-même rendue.
Dans l’interprétation, tous les moyens de nature à éclairer la portée de l’acte à
interpréter sont recevables alors que dans l’appréciation de la légalité seule les
moyens à invoquer à l’appui d’un recours pour excès de pouvoir - les moyens de droit
- peuvent être soutenus à l’appui d’une demande visant à obtenir du juge une
déclaration d’illégalité.

21) Quelle est la différence entre l’interprétation et l’appréciation ?

La différence entre l’interprétation et l’appréciation se situe essentiellement à deux


points :
- La différence entre l’interprétation et l’appréciation se situe d’abord dans le niveau
d’intervention du juge : Dans l’interprétation, il est demandé au juge
d’interpréter c’est à dire de donner un sens, d’éclairer ou de clarifier le sens et la
portée d’une règle juridique alors que dans l’appréciation il lui est demandé de
déterminer la valeur juridique d’une décision contestée à d’autres niveaux du
recours en justice.

- Une seconde différence se site dans les moyens susceptibles d’être invoqués à
l’appui de la demande du requérant : En effet, si dans l’interprétation, tous les
moyens de droit de nature à éclairer la portée de l’acte à interpréter sont
recevables, il importe de distinguer que dans l’appréciation de la légalité, seuls les
moyens à invoquer à l’appui d’un recours pour excès de pouvoir peuvent être
soutenus à l’appui d’une demande visant à obtenir du juge une déclaration
d’illégalité, c'est-à-dire que seuls les moyens de droit peuvent être invoqués.

22) Sur quel principe repose la détermination de la juridiction compétente pour


interpréter et apprécier la légalité des actes administratifs ?
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Les juridictions administratives disposent d’une compétence de principe pour


connaître du contentieux de l’interprétation et de l’appréciation qui est avant tout du
ressort de la légalité des actes administratifs. C’est pour ainsi dire que les juridictions
administratives peuvent connaître du contentieux de l’interprétation et de
l’appréciation à partir du moment où la demande entre dans la clef des
compétences de la juridiction saisie.

C’est ainsi qu’au Mali, il résulte de l’article 8, 2ème tiret de la loi n°94 - 006 du 18
mars 1994 portant organisation et fonctionnement des tribunaux
administratifs que ces derniers connaissent des recours en interprétation et en
appréciation de la légalité des décisions qu’ils peuvent prendre en vertu des
compétences qui leur sont dévolues.

De même, en vertu de l’article 42 de la loi organique 96 - 071 du 16 décembre 1996


fixant l’organisation et les règles de fonctionnement de la Cour
Suprême et la procédure suivie devant elle, la section
administrative de la Cour Suprême connaît en premier et dernier ressort des recours
en interprétation et des recours en appréciation de la légalité des actes dont le
contentieux relève d’elle.

23) Dans quels cas les juridictions judiciaires peuvent-ils être amenées à interpréter et à
apprécier les actes administratifs ? (ou bien : quelles sont les dérogations à la
compétence de principe des juridictions administratives pour interpréter et apprécier
les actes administratifs ?)

Les juridictions judiciaires peuvent être amenées à interpréter et à apprécier la


légalité d’un acte administratif. Des précisions ont cependant été apportées par la
jurisprudence française selon la nature de la question soumise à la connaissance du
juge : ainsi ;

 En matière civile,
 Les tribunaux judiciaires chargés de l’application d’un acte réglementaire, sont
compétents pour en fixer le sens s’il se présente une difficulté d’interprétation
au cours d’un litige où ils sont compétemment saisis.

 Toujours en matière civile, l’appréciation de la légalité de l’acte administratif


unilatéral par voie d’exception peut être de la compétence des juridictions
judiciaires lorsque l’acte en question porte gravement atteinte au droit de
propriété, à la liberté individuelle TC, 30 octobre 1947, Barinstein4.
Cette compétence dérogatoire s’explique par le fait que la juridiction judiciaire
est le gardien de la liberté individuelle ainsi que le respect du droit de propriété
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sur lequel se greffe également les théories de l’emprise : TC, 2 décembre 1902,
Société Immobilière Saint Just5.

 En matière répressive, la compétence du juge a été étendue plus largement, le


tribunal répressif a en principe plénitude de juridiction sur tous les problèmes d’où
dépend l’application ou la non application des peines.
Cette compétence de principe ne connaissait de limite qu’en ce qui concerne
l’appréciation de la légalité des actes administratifs non réglementaires qui
relevaient des seules juridictions administratives.
TC 5 juillet 1951, Avranche et Desmarets6)

Cette restriction de la compétence des juridictions répressives a été levée en France


depuis l’article 111 – 5 du nouveau code pénal entré en vigueur le 1er mars 1994
disposant que les juridictions pénales sont compétentes pour interpréter les actes
administratifs individuels ou réglementaires et à en apprécier la légalité lorsque de
cet examen dépend la solution du procès pénal qui lui est soumis.
24) En quoi consiste le contentieux de la répression ? (question subsidiaire)

Il est destiné à assurer la répression des contraventions de grande voierie c'est-à-dire


des atteintes ou dégradations volontaires ou non à l’intégrité du domaine public.

Actuellement ce type de contentieux intègre de plus en plus les sanctions


disciplinaires prononcées par les juges de l’ordre administratif tels par exemple les
ordres professionnels ou le conseil disciplinaire statuant en matière disciplinaire.

25) En quoi consiste la classification des contentieux administratifs fondée sur la nature
de la question posée au juge ? (question subsidiaire)

Cette classification proposée par le doyen Léon Dugit prend en considération la nature
de la question posée au juge par le recours dont il est saisi.

Elle conduit à distinguer le contentieux objectif et les situations juridiques


objectives correspondant au contentieux de la légalité d’une part et le contentieux
subjectif et les situations juridiques subjectives correspondant au contentieux des
droits.

26) En quoi consiste le critère objectif du contentieux?

Le contentieux est dit objectif lorsque le requérant invoque la violation d’une règle de
droit ou encore une atteinte à des droits faisant partie d’une situation générale et
impersonnelle c'est-à-dire d’une situation juridique objective.
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Le contentieux objectif pose au juge une question de droit objectif celle d’apprécier
la conformité d’un acte administratif à la légalité entendue au sens large comme
l’ensemble des règles qui s’imposent à l’activité normative de l’administration.

27) Citer les différentes normes ressortissant de la légalité objectif ?

Généralement on considère comme ressortissant à la légalité objective :


 l’ensemble des normes d’origine constitutionnelle, législatives ou
jurisprudentielle ainsi que
 les Traités internationaux régulièrement intégrés dans l’ordre juridique interne.
S’ajoute également à cette légalité objective,
 les normes édictées par l’administration qui doit respecter ses propres règles.

28) Quel est le régime juridique du contentieux des contrats administratif ?

Les actes de nature contractuelle ne sauraient être attaqués par la voie du recours
pour excès de pouvoir parce qu’il s’agit d’actes bilatéraux pour lesquels les requérants
disposent d’un recours parallèle devant le juge du plein contentieux.

Les moyens de légalité qui sont seules recevables à l’appui d’un recours pour excès
de pouvoir sont excluent pour les contrats administratifs.

Toutefois, la jurisprudence considère que les actes détachables du contrat peuvent


être attaqués par les tiers par la voie du recours pour excès de pouvoir CE, 4 août
1905, Martin7.

29) En quoi consiste le critère subjectif du contentieux ?

Le contentieux est dit subjectif lorsque le requérant invoque des droits faisant partie
d’une situation juridique individuelle subjective. Le contentieux subjectif porte sur
une question de droit subjectif c'est-à-dire sur l’étendue et les limites des privilèges
ou prérogatives qui sont reconnus aux différents sujets de droit.

Il oppose des parties. C’est un procès entre parties et non un procès contre un acte
comme l’est le contentieux objectif.

PETITES FICHES DE JURISPRUDENCE DU COURS DE CONTENTIEUX ADMINISTRATIF


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1 – CASSATION, DR GIRY 1956

Un médecin avait été appelé pour soigner quelqu'un dans une maison, mais au moment où
il entrait, la maison explosait (gaz). Le médecin a intenté une action devant les tribunaux
judiciaires puisque réquisitionné par les services de police. Mais la Cour de cassation a
estimé que la Cour d'appel s'est appuyée, à tort, sur les dispositions de droit privé relatives
aux délits et quasi-délits, qui ne peuvent être invoquées pour fonder la responsabilité de
l'État; qu’elle avait, en revanche, le pouvoir et le devoir de se référer, en l'espèce, aux règles
du droit public. Le juge judiciaire est donc compétent pour le service public de la justice, de
la PJ mais il applique le droit public.

2 - CE, 17 FEVRIER 1950 DAME LAMOTTE

Aux termes d’un raisonnement très audacieux mais incontestablement indispensable pour
protéger les administrés contre l’arbitraire de l’État, le Conseil d’État juge qu’il existe un
principe général du droit selon lequel toute décision administrative peut faire l’objet, même
sans texte, d’un recours pour excès de pouvoir et que la disposition de la loi du 23 mai
1943, faute de l’avoir précisé expressément, n’avait pas pu avoir pour effet d’exclure ce
recours. Le même raisonnement prévaut s’agissant du droit au recours en cassation (CE,
ass. 7 février 1947, D’AILLIERES).

3 - TC, 16 JUIN 1923, SEPTFONDS

Mots-clés : Interprétation des règlements par la juridiction civile.


Faits : Le sieur Septfonds avait voulu faire expédier 43 sacs de sucre par chemin de fer, sous
le régime spécial de l’arrêté du 31 mars 1915 relatif aux transports en temps de guerre. Les
sacs ayant été perdus, il saisit le tribunal de commerce de la Seine d’une demande en
réparation.
Question de droit : Est-ce que le transport, effectué au titre d’une relation contractuelle,
mais dans le cadre de l’arrêté du 31 mars 1915 qui donne compétence au ministre de la
guerre pour prendre certaines décisions relatives à l’organisation du transport ferré, est de
la compétence de la juridiction civile ou administrative ?
Motifs : Les tribunaux civils sont compétents pour interpréter les règlements quand ils en
font application ; les tribunaux administratifs peuvent en apprécier la légalité.

4 – CE, BARINSTEIN 1947


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L'interprétation de la légalité d'un acte est une question préalable pour le juge civil
seulement s’il y a atteinte à une liberté individuelle ou à la propriété.

5 – TC, SOCIETE IMMOBILIERE DE ST JUST 1902

Possibilité de recourir à l'exécution forcée (=d'office) d'une décision si et seulement si :


Nécessité d'y recourir et sous réserve que les mesures prises soient celles qui sont
strictement nécessaires au respect de la loi. (Aucune autre voie de droit, ou en cas
d'urgence et sans atteinte au droit de propriété ou à la liberté individuelle)

6 – TC, AVRANCHES ET DESMARETS 1951

Devant le juge pénal, question de la légalité d'un acte est toujours une question préalable.
C'est la loi.

7 – CE, 1905, Martin

Cet arrêt établit la théorie des actes détachables. L’ensemble des actes relatifs à un contrat
était, en vertu de la théorie du « tout indivisible » insusceptible de REP jusqu’à cette
décision. Le CE, adoptant les conclusions du commissaire du gouvernement Romieu,
d’examiner un acte préparatoire au contrat. Le contrat demeure insusceptible de REP, mais
les actes qui en sont détachables peuvent faire l’objet d’un contrôle de légalité.

8 – TC, 10 OCTOBRE 1966, DAME VEUVE CANASSE

En cas de SPIC, la compétence des juridictions administratives est limitée aux dommages de
travaux publics causés par un SPIC à des tiers. En effet, aux termes de cet arrêt, tout ce qui
concerne les relations entre un SPIC et ses usagers relève de la compétence judiciaire.

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