Vous êtes sur la page 1sur 3

Chapitre 4 : Activité, emploi et chômage

Tout comme la croissance et le développement, la problématique de l’emploi


intéresse la majorité des pays. Un taux d’emploi élevé signifie que l’économie
est en bonne santé : une plus grande création de richesse, une consommation et
satisfaction des besoins, moins de pauvreté, plus de cohésion sociale.

Généralement, les crises économiques se traduisent par l’augmentation du taux


de chômage, ce qui aggrave la situation financière des agents économiques et
aboutit à la précarité et à l’exclusion sociale.

L’Etat intervient régulièrement sur le marché de travail pour réduire l’écart entre
l’offre et la demande de travail par différente mesures de création des emplois et
de lutte contre les effets chômage.

SECTION I : le marché du travail

Le travail est généralement défini comme l’activité rémunérée de l’Homme.

Selon l’économiste Jean Fourastié, l’oxygène est le seul produit naturel qui
permet à l’humanité de subsister sans travail. La nature ne fournit pas les
biens en abondance, il est nécessaire de la transformer grâce au travail
humain.

La société antique avait une vision dépréciée du travail, notamment manuel. Le


travail salarié est longtemps resté frappé d’indignité, dénué de valeur sociale
et situé au bas de la hiérarchie sociale.

L’invention du travail au sens moderne du terme est assez récente et correspond


au développement des activités capitalistes. En effet, l’invention du travail va
s’opérer au cours du XVIIIe et du XIXe siècle : le travail chez l’économiste
Adam Smith devient un étalon de mesure abstrait qui rend compatible les
marchandises entre elles.

Toutefois, au XIX siècle, les conditions de travail et de salaire pouvaient être


effroyables. Ce siècle était celui de la « question sociale » marqué par la
paupérisation de masse et la conflictualité sociale. La fin du XIX et surtout le
XX siècle vont être ceux de la reconnaissance progressive du droit du travail,
encadrant et protégeant le salariat (temps de travail, conditions de travail,
protection de l’emploi puis sécurité sociale…).
Dans la « société salariale » du XXe siècle, le travail salarié dépend de la
continuité et de la stabilité ainsi toute interruption du travail, pour cause de
maladie, d’accident, de vieillesse ou de chômage, fait sombrer
l’ouvrier et sa famille dans la pauvreté.

La prévoyance individuelle permet de dégager l’épargne nécessaire pour se


constituer une propriété, (la forme supérieure de protection). Mais toute la classe
ouvrière ne peut pas accéder à la propriété. Ainsi les assurances collectives vont
se développer pour compléter le contrat de travail de protections comme les
caisses de retraite, la protection de l’emploi, la sécurité sociale.

C’est ainsi que progressivement, le « rapport salarial» assure des droits, donne
accès à des prestations hors travail et permet une participation élargie à la vie
sociale : consommation, logements, instruction, loisirs.

Dans les sociétés contemporaines, le travail est à la fois un facteur de


production, et un système de distribution des revenus, des droits et des
protections. Le travail devient facteur d’effort et de création.

En un siècle, de condition indigne, le salariat est devenu l’état le plus désirable


qui permet à la fois l’émancipation et l’enrichissement individuel en augmentant
immédiatement la richesse collective.

Le travail devient une marchandise vendue sur un marché qui


obéit à la loi de l’offre du travail des salariés et de la demande du travail des
employeurs afin de déterminer un niveau d’emploi et un niveau de salaire. Les
relations entre particuliers relèvent du contrat.

Le marché du travail est constitué de l’ensemble des offres de travail et les


demande de travail: Tous les individus qui recherchent une activité
professionnelle et tous les besoins en main d’œuvre des entreprises.

Le marché du travail peut avoir une dimension locale pour la main-


d’œuvre peu qualifiée, ou une dimension mondiale pour les cadres
supérieurs très qualifiés, plongés dans la concurrence internationale.
Il existe un débat théorique central entre les libéraux et les marxistes sur la
nature du marché du travail dans le cadre du salariat. Pour les libéraux, le contrat
de travail exprime la liberté des individus dans une économie de marché
concurrentielle ; pour les marxistes, le rapport salarial permet au contraire une
liberté formelle trompeuse : la réalité de cette relation est fondée sur
l’exploitation puisque le salarié ne dispose que de sa force de travail tandis que
le capitaliste dispose des moyens de production. Le travailleur est forcé de louer
sa force qui rapporte davantage au capitaliste qu’il ne lui coûte : il y a
exploitation car le capitaliste réalise une plus-value sur la force de travail du
travailleur.

L’analyse statique du marché du travail montre qu’il est caractérisé par une
dynamique de transformation incessante de la structure des emplois qui
se mesure à partir des flux de main-d’œuvre. L’analyse des flux d’emploi
rappelle que l’économie de marché contemporaine est soumise au
processus de « destruction créatrice ».
Ce mécanisme explique le « déversement » sectoriel décrit par
l’économiste Alfred Sauvy : des emplois sont détruits dans les secteurs où
la productivité augmente plus vite que la production (dans l’industrie) et
d’autres sont créés dans les secteurs où la productivité augmente moins vite
que la production (dans les services). Le secteur tertiaire est
traditionnellement davantage créateur d’emplois en raison d’une demande
forte conjuguée à un rythme du progrès technique moins rapide.
Aussi, des réallocations d’emplois ont lieu avec des créations d’emplois
dans les secteurs les plus productifs par rapport aux secteurs les moins
productifs.
Le marché du travail est donc en perpétuel mouvement.

Le marché du travail est dualiste quand il est divisé en deux types de marchés
dont les modes de fonctionnement sont fondamentalement différents. Certains
emplois sont à vie, bien rémunérés, offrent une forte protection sociale ; tandis
que d’autres emplois sont faiblement rémunérés, avec de perspectives de
carrières limitées, les travailleurs sont peu protégés et passent alternativement de
l’emploi au chômage.

Vous aimerez peut-être aussi