Au même titre que le cross-docking, la gestion partagée des
approvisionnements est aujourd'hui considérée comme une des méthodes phares de l'ECR. D'une certaine façon, on peut même dire qu'elle supplante le cross-docking dans la mesure où le besoin de collaboration entre industriels et distributeurs est encore plus indispensable à la réussite de cette nouvelle forme de logistique. Progressivement, avec la croissance du nombre total de références présentes en hypermarchés (entre soixante-dix mille et cent vingt mille), et malgré les progrès de l'informatique, il est devenu très difficile pour les distributeurs de bien gérer toutes leurs références. Pour certaines, ils devaient faire face à des stocks pléthoriques, pour d'autres, à des ruptures en linéaires. D'un côté, de très lourdes immobilisations financières et une gestion très délicate des stocks de marchandises souvent fragiles et/ou périssables, de l'autre, d'importants manques à gagner et des transferts de clientèle. Les industriels n'étaient guère mieux lotis. À cause de la présence des maillons situés en aval (grossiste, entrepôts, point de vente) et des stratégies d'achat de leurs clients, les producteurs avaient de plus en plus de mal à réguler la fabrication. Ainsi, les distributeurs ont eu l'idée de «décentraliser» la gestion de leurs références, en la transférant à l'industriel. Maîtrisant parfaitement son produit, désireux de réduire les ruptures en linéaire et de mieux planifier sa production, l'industriel y a aussi vite vu son intérêt.
1 Définition et fonctionnement général
Il est classique de distinguer deux grands types de GPA : celle qui unit deux entreprises souvent de grande taille, appelée GPA bilatérale, et celle qui réunit plusieurs fournisseurs souvent de taille plus modeste, appelée GPA mutualisée (ou GPA multifournisseurs). 1.1 La GPA bilatérale À son tour, la GPA bilatérale, encore appelée GPA «classique» ou tout simplement GPA, se divise en deux catégories, que l'on connaît surtout par leurs acronymes américains : - le CMI ou co-managed inventory: il s'agit d'une collaboration limitée où le distributeur doit confirmer la proposition de commande faite par l'industriel ; - le VMI ou vendor-managed inventory: il s'agit de la forme la plus aboutie, où le distributeur n'a pas besoin de confirmer la proposition de commande pour que celle-ci soit exécutée. Alors que dans le premier cas, le client a toujours le dernier mot, le VMI conduit les deux parties à se faire mutuellement confiance. L'expérience montre que le CMI est retenu lors de la première période de la collaboration, celle où les agents doivent apprendre à mieux se connaître. À l'issue de cette période de test, et si le pourcentage de commandes modifiées n'est pas trop fort, les deux entreprises choisiront certainement de passer en VMI. La chronologie du fonctionnement en GPA est la suivante (figure ici- bas). Grâce à ses liaisons informatiques, chaque point de vente (PdV) transmet quotidiennement au centre de distribution (CD) les sorties de caisse (1), qui peuvent aussi donner lieu à des commandes.
Fonctionnement général de la GPA
Deux cas peuvent alors se produire:
- appelée« GPA au centre de distribution», le CD fournit à 'industriel un état de ses stocks et de ses mouvements (2): livraisons en cours, expéditions vers les Pd V, produits périmés, transferts de produits entre entrepôts ... - appelée « GPA au point de vente», le CD fournit à l'industriel les sonies de caisse consolidées (2). Les PdV peuvent aussi envoyer directement les sorties de caisse à l'industriel, sans l'intermédiaire du CD. De nouveaux, deux cas peuvent se produire: - appelé CMI, l'industriel adresse une proposition de commande (3) au distributeur, qui la corrige éventuellement puis la valide et retourne au producteur une confirmation de proposition (4) ; - appelé VMI, l'industriel n'est pas tenu de demander l'aval du client pour définir les paramètres de la commande, et dans ce cas, les étapes (3) et (4) sont sautées. Les services chargés de gérer la GPA adressent à l'usine (ou à l'entrepôt de l'usine) un ordre de préparation de la commande (5), ainsi que des plannings prévisionnels qui devront servir au responsable de la production pour mieux organiser la fabrication. Les produits sont ensuite livrés au CD (6), puis aux différents PdV (7) en fonction de leurs demandes respectives. Lorsque les PdV adressent directement leurs sorties de caisse à l'industriel, ce dernier peut organiser des livraisons directes pour chaque PdV. De même, rien n 'empêche un distributeur de passer une commande normale» à l'industriel.