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CAPITAL ET CHOIX DE
LA STRUCTURE DU
CAPITAL
CHAPITRE 02 : COUT DE CAPITAL ET CHOIX DE LA STRUCTURE DU CAPITAL Page | 53
Ce modèle repose sur l’observation de la relation existante entre le revenu actuel d’un
actionnaire (assimilé aux dividendes) et la valeur de ses capitaux propres (assimilée au cours
de l’action). Ce modèle fait l’hypothèse que les dividendes sont croissants (taux de croissance
g) sur une période infinie.
d1, d2, d3, d4…dn : Les dividendes des années 1,2,3,4….n respectivement.
n +∞
C=d1 (1+k)-1 +d1(1+g) (1+t)-2 +d1 (1+g)2 (1+k)-3 +……+d1 (1+g)n-1 (1+k)-n
𝑛
C= 𝑖=0 d1 (1+g)i-1 (1+k)-i
Puisque n +∞
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C=d1/ (k-g) ce qui implique que : k (le cout des capitaux propres)=(d1/C)+g
Exemple : une société distribue un dividende d1 pour 30 (dividende par action), le taux de
croissance g du dividende est de 5 %, et la valeur du titre est de 555 DA. On calcule la
rentabilité attendue pour l’actionnaire à ces cours de la manière suivante :
MEDAF a pour objet de déterminer la rentabilité exigée rs d’un titre en fonction du risque (β)
qu’il présente.
Le modèle repose sur une relation logique entre trois taux de rendement :
rs = rf + βs (E(Rm) – rf)
Si le cours des actions était dans l’ensemble à la hausse il est probable que l’action S a
tendance à la hausse (ou inversement). Ainsi, la sensibilité du rendement de l’action par
rapport au marché diffère selon la spécificité de chaque action.
βs = COV(Rs ; Rm)/VAR(Rm)
Rappelons que :
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𝑛 𝑛
𝑖=1 XY 𝑖=1 XX
Cov (X,Y)= – E X E(Y) , V(X)= -E X E X
n n
Ainsi, l’investisseur, pour acheter l’action de l’entreprise S exige un taux de rendement égale
au taux de rendement sans risque majoré d’une prime de risque de marché (E(Rm) – Rf)
rémunérant le risque général sur le marché. Cette prime est ajustée par le coefficient Bs qui
reflète la façon par laquelle l’action de l’entreprise agit par rapport au marché.
Par contre, il existe aussi un risque spécifique (ou risque diversifiable) qui résulte des facteurs
propres à l’entreprise et qui n’affectent pas l’ensemble du marché. Il s’explique par une
meilleure ou une moindre compétitivité de l’entreprise. Ce risque n’est pas rémunéré car il
peut être éliminé par la diversification des titres.
Le coût des fonds propres par le MEDAF est égal au coût d’un actif sans risques augmenté
d’une prime de risque d’exploitation. Lorsque la société est endettée, un risque
supplémentaire lié à l’effet de levier financier apparaît. Ce risque entraîne une prime de
risque financier liée au niveau d’endettement et la formulation devient alors :
1
Le risque du marché résulte de l’évolution de l’ensemble de l’économie, de la fiscalité, des taux d’intérêts
…etc. Ce risque affecte tout le marché (tous les titres financiers).
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Où :
Cette expression quantifie l’accroissement du risque financier pour les actionnaires du fait de
l’endettement. La formule se décompose en trois membres :
Démonstration
rA représente le taux de rendement des actifs économiques qui est égal au taux de rendement
des capitaux propres en raison de l’absence de dettes ;
En remplaçant, dans l’expression (2), rA par sa valeur dans l’expression (1) et en supposant
que i= rf :
Dans une entreprise non endettée, les actifs économiques sont financés intégralement par les
capitaux propres.
Ainsi, le cout des capitaux propres (rc) est égal au cout des actifs économiques (rA). Le risque
des actionnaires est identique avec le risque d’exploitation des actifs économiques.
Ainsi : 𝛃𝐀 = 𝛃𝐜
Exemple : une entreprise envisage de réaliser le projet A. La covariance entre le rendement du projet
A et le rendement moyen du marché est estimé à 0.192%. Taux sans risque 6%. Sur le marché des
actions, le taux de rendement moyen espéré est de 15% avec une variance de 0.16%.
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Exemple :
Calculons les primes de risque de l’exemple précédent pour différents niveaux d’endettement
Le beta des capitaux propres d’une entreprise endettée peut être déterminé en fonction du beta
des actifs économiques ou, ce qui revient au même, en fonction de beta des capitaux propres
d’une entreprise non endettée.
Ainsi, selon MEDAF, le cout des capitaux propres de l’entreprise endettée est donné comme
suit :
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Donc :
Exemple :
Reprenant l’exemple précédent (βA =1.2) et supposant que l’entreprise décide de réaliser le
projet et de le financer à hauteur de 40% soit 4.000.000 DA par des dettes.
Ainsi :
βc = 1.73
Donc :
Exemple :
Probabilité (1) Rentabilité société (y) Écart moyenne société (2) Écart moyenne marché (3) COVAR
(marché, société)
(1) x (2) x (3)
Situation A 10 % 0,08000 0,05300 (b) 0,12850 (a) 0,000681050
Situation B 25 % 0,06000 0,03300 0,07850 0,000647625
Situation C 45 % 0,04000 0,01300 0 0,000049725
Situation D 20 % – 0,07000 – 0,09700 – 0,18150 0,003521100
Moyenne pondérée E(y) 0,02700
𝑛
Cov(X,Y)= 𝑖=1
pi (𝐗 − 𝐄(𝐗))(𝐘 − 𝐄 𝐘 ) = 0,004899500
Avec :
Rc = coût des fonds propres requis par les actionnaires pour le projet,
𝐂 𝐃
CMPC = Rc x + i (1-T) x
𝐂+𝐃 𝐂+𝐃
Plus le CMPC sera faible, plus la valeur des ressources de l’entreprise sera élevée, et donc
plus la valeur de l’entreprise sera élevée puisque l’on a : VE = VC + VD.
Existe –t-il une structure financière (D/C) optimale qui minimise le cout du capital et
maximise ainsi la valeur de l’entreprise ?
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Dans ce cas, et du fait de la déductibilité des intérêts, lorsque l’endettement augmente, la part
de l’État est réduite (en proportion), ce qui entraîne une augmentation des autres parts (en
proportion), i.e. les capitaux propres et les dettes financières
Le résultat de la proposition
Illustration :
On suppose deux entreprises strictement identiques, sauf en ce qui concerne leur structure
financière : l’une est endettée (ED), l’autre pas (END).
END ED
Résultat économique RE RE
Charges d’intérêts − iD
Résultat net RE (RE − iD)
Revenus distribués :
– aux actionnaires (a) RE (RE − iD)
– aux créanciers (b) iD
Total des revenus distribués (a) + (b) RE (RE − iD) + iD = RE
Les revenus sont identiques, les auteurs Modigliani et M. Miller (1958) indiquent que la
valeur d’un actif est indépendante de la manière dont on le finance. Ainsi, si
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effectivement en l’absence d’imposition « la taille d’une pizza ne dépend pas de la façon dont
on la coupe » (Modigliani et Miller, 1958).
Le résultat
- Le cout des fonds propres, RC, tant que la dette présente un risque faible, le cout des
fonds propres augmente avec le niveau d’endettement. Par contre, à partir du moment
où la dette devient risquée, Rc va s’inverser avec l’augmentation de la dette ;
- Le cout moyen pondéré des capitaux est indépendant des financements. Il est propre
aux actifs de l’entreprise (Ra) (le Rc est égal à Ra).
Démonstration
𝑅𝐸
RAE = soit : RE= RAE *(C+D)
𝐶+𝐷
𝑅𝐸− 𝑖D
RC =
𝐶
D’où :
RAE ∗(C+D)− 𝑖D
RC =
𝐶
On a alors que :
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D 𝑖D
RC = RAE + RAE * -
C C
D
RC = RAE + (RAE – i)*
C
Le coût du capital
En absence d’imposition, on a que :
𝐶 𝐷
CPMC= Rc +i
𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
D 𝐶 𝐷
CMPC= [RAE + (RAE – i) ]* +i
C 𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
1 D
CMPC= * [RAE C + (RAE – i) c + iD]
𝐶+𝐷 C
1
CMPC= * [RAE C + (RAE – i) D + iD]
𝐶+𝐷
1
CMPC= * [RAE C + RAE D – iD + iD]
𝐶+𝐷
1
CMPC= * [RAE C + RAE D]
𝐶+𝐷
1
CMPC= RAE ( C+D) = RAE
𝐶+𝐷
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Nous constatons ainsi que le CMPC est égal au taux de rendement des actifs et il est
indépendant de la structure du capital de l’entreprise.
Soit schématiquement :
Source : Barnetto Pascal et Gregorio Georges, DSCG 2 Finance (corrigés du manuel), DUNOD, 6ème édition,
2017, p 408.
On a ainsi que :
D
D Rc +i C
Rc = RAE + (RAE – i) RAE = D
C 1+ C
Exemple :
Une entreprise peut s’endetter au taux de 6 %. Le taux de rentabilité des actifs économiques
est de 12 %.
Calculer le coût du capital dans les deux cas suivants :
- la structure financière est composée à hauteur de 60 % de capitaux propres et 40 % de
dettes financières ;
- la structure financière est composée à hauteur de 50 % de capitaux propres et 50 % de
dettes financières.
La fiscalité est négligée.
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Exemple 02 :
Soit deux entreprises, dont les structures financières sont respectivement de 100 % de
capitaux propres et de 80 % de capitaux propres et 20 % de dettes financières. L’entreprise
endettée s’endette au taux sans risque de 3,5 %. Le bêta de sa dette est de zéro. La prime de
risque du marché est de 4,5 %. Le bêta du secteur d’activité est de 1,3.
En l’absence d’imposition, le cout du capital est identique, quelle que soit la structure
financière.
V : valeur de l’entreprise,
t : le taux d’imposition
On suppose deux entreprises strictement identiques, sauf en ce qui concerne leur structure
financière : l’une est endettée (ED), l’autre pas (END).
END ED
Résultat économique RE RE
Charges d’intérêts − iD
Résultat avant Impôt RE RE − iD
Résultat net RE(1 − t) (RE − iD)(1 − t)
Revenus distribués :
– aux actionnaires (a) RE(1 − t) (RE − iD)(1 − t)
– aux créanciers (b) iD
Total des revenus distribués (a) + (b) RE(1 − t) (RE − iD)(1 − t) + iD
L’existence d’un surplus de bénéfice (iDt) représente l’économie d’impôts qui résulte de la
déductibilité des charges financières. Ce surplus de revenu profitera aux actionnaires puisque
la part des créanciers reste fixe et la part de l’état diminue suite à l’économie d’impôts.
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La valeur de l’entreprise endettée sera donc égale à la valeur de l’entreprise non endettée
augmentée de la valeur des économies d’impôts réalisés. On considère que les économies
d’impôts (EI) sont actualisées pour une période infinie :
EI=iDt/i=Dt
Donc: VD=VND+ Dt
VND=C +D(1-t)…………….(1)
RE (1−t) RE (1−t)
rA = La rentabilité des actifs économiques (après impôts) = =
C+D C
𝑅𝐸(1−𝑡)
rA = ……….……..…….(2)
𝑉𝑁𝐷
iD (1−t)
rc =rA ∗ C +D(1−t) -
C C
iD (1−t)
rc = rA ∗ (1 + D 1−t
C
)-
C
𝐷 1−𝑡
rc = rA +(𝑟𝐴 ∗ 𝐷 1−𝑡 ) – (𝑖 ∗ )
𝐶 𝐶
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D
rc = rA +( rA- i) ( ) (1-t)
C
Le taux de rendement requis des capitaux propres de l’entreprise endettée (ou cout des
capitaux propres) peut être déterminée en fonction du taux de rendement après impôts rA,
requis des actifs économiques de l’entreprise non endettée, ou, ce qui revient au même, en
fonction en fonction des capitaux propres de l’entreprise non endettée.
Exemple :
Une société envisage de réaliser un projet A. Cette société a son capital divisé en 20000
actions cotées de 300 UM. Ses dettes s’élèvent à 4000000 UM. Leur taux d’intérêt est égal
au taux sans risque 6%. Le taux de l’impôt sur les bénéfices est 33.33%.
Le taux de rendement requis pour le projet A s’il était entièrement financé par les capitaux
propres est de rA =16.8%.
Le cout des capitaux propres de l’entreprise compte tenu de l’endettement (le taux de
rendement requis des capitaux propres compte tenu de l’endettement) est :
𝐷 4000000
rc = rA +( rA- i) (𝐶 ) (1-t)= 16.8% +( 16.8%- 6%) (6000000 ) (1-33.33%)= 21.60%
B-2/ Le cout moyen pondéré des capitaux (CMPC) (le cout de capital) de l’entreprise
endettée
Dans la mesure où les intérêts sont déductibles du résultat imposable, le cout de capital se
calcule en tenant compte du cout de la dette après impôt, soit de manière classique :
𝐶 𝐷
CPMC= rc + i (1-t)𝐶+𝐷
𝐶+𝐷
𝐷
Or, on sait que RC = RA + (RA – i) (1-T)
𝐶
𝐷 𝐶 𝐷
CMPC = [RA + (RA – i) (1-T)] x + 𝑖 1−𝑇
𝐶 𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
𝐶 𝐷 𝐶 𝐷
Soit : CMPC = RA x + (RA – i) (1-T) x + 𝑖 1−𝑇
𝐶+𝐷 𝐶 𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
𝐶 (RA – i) D (1−T) 𝐷
CMPC = RA x + + 𝑖 1−𝑇
𝐶+𝐷 𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
𝐶 R A D (1−T)
Soit : CMPC = RA x +
𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
R A (C+D) R A TD
D’où : CMPC = -
𝐶+𝐷 𝐶+𝐷
𝑇𝐷
Ce qui donne donc que : CMPC = RA [1- ]
𝐶+𝐷
Cette relation montre que, à partir d’un certain niveau d’endettement, un supplément de dette
n’entraîne qu’une baisse très faible du CMPC. Par conséquent, il n’existe pas de minimum
pour le coût du capital.
En effet, il est démontré que la courbe des variations de celui-ci en fonction de l’endettement
a la forme suivante :
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Source : Barnetto Pascal et Gregorio Georges, DSCG 2 Finance (corrigés du manuel), DUNOD, 6ème édition,
2017, p411.
Il n’existe donc pas de structure financière qui minimise le coût du capital. Par conséquent,
l’entreprise peut simplement se fixer un niveau d’endettement qu’elle juge inintéressant de
dépasser.
Conclusion
Dans le cadre d’une imposition, l’entreprise endettée a une valeur majorée de l’économie
d’impôt par rapport à l’entreprise non endettée.
Soit schématiquement :
Source : Barnetto Pascal et Gregorio Georges, DSCG 2 Finance (corrigés du manuel), DUNOD, 6ème édition,
2017, p 412.
CHAPITRE 02 : COUT DE CAPITAL ET CHOIX DE LA STRUCTURE DU CAPITAL Page | 72
Exemple
Reprendre l’application précédente et calculer le coût du capital en supposant par
simplification un taux d’IS de 30 %.
Cout du capital dans l’entreprise non endettée :
βc = βa = 1,3
Le risque de faillite va engendrer des coûts directs (honoraires des avocats, frais de
procédure…) et indirects (perte de notoriété, diminution des commandes…). Ces coûts
prennent plus d’importance avec l’augmentation de l’endettement.
Soit schématiquement :
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Source : Barnetto Pascal et Gregorio Georges, DSCG 2 Finance (corrigés du manuel), DUNOD, 6ème édition,
2017, p413
Ainsi si la théorie de (Modigliani et Miller, 1963) propose une relation positive entre le
niveau d’endettement et la valeur de l’entreprise de l’entreprise endettée (VD) grâce aux
économies d’impôts générées par la déductibilité des intérêts, la prise en compte des couts de
faillite nuance cette conclusion. Ainsi, La valeur des actifs « récupérés » (i.e. à risque élevé)
est inférieure à celle des actifs et des économies d’IS (i.e. à risque faible). On a donc :
La théorie du compromis
Dans cette construction théorique, on part de l’égalité précédente, à savoir que la valeur de
l’entreprise endettée est :
Cette théorie se focalise sur la résolution des conflits d’agence entre les actionnaires et les
dirigeants de l’entreprise. Ces conflits naissent de la séparation des fonctions de propriété et
de direction, et à l’opportunisme des dirigeants. Ces derniers, du fait de leur espace
discrétionnaire, cherchent à poursuivre leurs intérêts personnels au détriment des intérêts de
l’entreprise.
Cette théorie s’intéresse aussi aux conflits entre les dirigeants et les créanciers de l’entreprise.
Ainsi on s’inscrit dans le cadre de la résolution de conflits entre les actionnaires, les dirigeants
et les créanciers de la firme dont les intérêts ne sont pas nécessairement compatibles. Les
couts d’agence représentent les couts de contrôle engagés par les actionnaires et par les
créanciers à l’égard des dirigeants.
Les dirigeants peuvent agir dans l’intérêt des actionnaires au détriment des créanciers :
distribuer des dividendes en réduisant les investissements, menaçant par là même la
compétitivité de l’entreprise, accepter des projets risqués financés par emprunts et non par
augmentation de capital.
Les créanciers, pour pallier ces pratiques, augmentent le cout de la dette et exigent des
garanties supplémentaires dans leurs contrats.
Les dirigeants peuvent agir dans leurs propres intérêts au détriment des actionnaires :
privilégier les excédents de trésorerie, au détriment des distributions de dividendes, en vue de
réduire l’endettement et le risque de faillite de l’entreprise.
Les actionnaires, pour pallier ces pratiques, mettent en place un système de surveillance, aussi
bien au niveau externe (commissariat aux comptes) qu’au niveau interne (modification des
statuts de la société).
Plus l’entreprise est endettée à risque, plus les couts d’agence augmentent. Du fait de
l’imposition des sociétés, ces couts annulent la baisse du cout du capital et diminuent la valeur
de l’entreprise. Lorsque les couts d’agence sont au minimum, l’endettement optimal est
atteint. Il existe donc une structure optimale des financements. Une structure optimale de
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capital peut être obtenue grâce à un arbitrage entre les couts d’agence entre actionnaires et
dirigeants d’une part, et entre dirigeants et créanciers d’autre part.
Dans ce contexte, Bodie et Merton (2011) évoquent l’incidence des décisions de financement
dans le cadre de deux types de conflits à savoir les conflits dirigeants-actionnaires et les
conflits actionnaires-créanciers financiers.
Les dirigeants disposent une latitude pour affecter les cash flows de l’entreprise. De surcroit,
si l’entreprise disposent des free cash flows, définis comme « les cash flows excédentaires
après le financement des projets disposant une valeur actuelle nette (VAN) positive » les
dirigeants seront en mesure d’investir dans des projets qui sont en contradiction avec l’intérêt
des actionnaires. On peut citer, par exemple, des investissements à VAN négative qui
augmentent le pouvoir et le prestige des dirigeants. Par conséquent, l’endettement constitue
un bon moyen pour réduire le problème des free cash flows.
En effet, l’endettement conduit à distribuer une partie des free cash flows aux créanciers.
Ainsi, l’endettement contre le rachat d’une partie des actions peut être un moyen pour créer de
la valeur au sein de l’entreprise en réduisant le montant des free cash flows gérés par les
dirigeants.
Ce conflit existe parce que les actionnaires ont peu (voire pas) d’incitation à limiter les pertes
de l’entreprise en cas de faillite. Aussi les actionnaires qui cherchent à maximiser la richesse
des actionnaires ont tendance à choisir des investissements plus risqués pour augmenter la
richesse des actionnaires au détriment des créanciers. Ainsi, Cette conclusion est très adaptée
au contexte utilise un niveau d’endettement élevé conduisant à ce que les créanciers financiers
supportent la plupart du risque de la perte de l’investissement, tandis que les actionnaires
profitent de la majorité du gain potentiel. Cette situation crée ainsi un problème d’aléa moral
entre les actionnaires (et les dirigeant qui travaillent pour les actionnaires) et les créanciers.
Par conséquent, les créanciers veillent à limiter à limiter le montant des dettes étant donnée
que les dirigeants cherchent à les estamper.
CHAPITRE 02 : COUT DE CAPITAL ET CHOIX DE LA STRUCTURE DU CAPITAL Page | 76
Étant donné que les sources de financement ont un coût, cette théorie indique que les
dirigeants choisissent, en priorité, les sources de financement qui ont le coût le plus faible.
Selon la théorie du financement hiérarchique, et en particulier selon le modèle de S. Myers et
N. Majluf (1984), les dirigeants favoriseraient l’autofinancement à l’endettement et ne
procèdent à une augmentation du capital qu’en dernier ressort.
- autofinancement ;
- dettes non risquées ;
- dettes risquées et titres hybrides;
- augmentation de capital.
Les dirigeants cherchent à conserver leur indépendance vis-à-vis des tiers et à éviter la
dilution de la structure d’actionnariat ; ils privilégient donc l’autofinancement (dividendes
limités). Si le financement interne (autofinancement) s’avère insuffisant, ils privilégient la
dette à l’augmentation de capital afin de conserver le contrôle du capital et, par conséquent,
le pouvoir de décision.
La théorie du signal a été développée par Stephen Ross pour pallier les insuffisances de la
théorie des marchés à l’équilibre. Elle est fondée sur le fait que l’information est inégalement
partagée et asymétrique : l’information n’est pas partagée par tous au même moment et, même
si elle l’est, la même information ne sera pas perçue de la même façon. Ainsi, les dirigeants
d’une société peuvent disposer d’informations que n’ont pas les investisseurs, ce qui peut
conduire à une sous-évaluation de l’entreprise par les investisseurs ou à une politique
d’investissement non optimale. Les dirigeants doivent donc émettre des signaux afin de
prendre des décisions justes mais aussi de convaincre le marché.
La théorie du signal peut expliquer le poids de l’endettement dans une société. Le dirigeant,
souhaitant recourir à un emprunt, a intérêt à transmettre l’information à sa banque par le biais
d’un signal. Ce signal est considéré comme positif car il repose sur le fait, qu’une entreprise
ayant un niveau d’endettement élevé, est une entreprise qui entreprend des projets
d’investissement rentables.
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Lors du choix de ses moyens de financement l’entreprise doit tenir compte de certains
équilibres. Ces derniers représentent ainsi des contraintes dans le cadre du choix de la
structure du capital et de financement au sein de l’entreprise. On va s’intéresser, entre autres,
aux éléments suivants : (Guyvarch et al, 2017)
Dans le cadre de l’analyse fonctionnelle du bilan, l’entreprise doit financer ses emplois
stables par des ressources durables afin d’éviter le recours aux découverts bancaires coûteux et non
automatiques. Par conséquent, le fond de roulement net global (FRNG) doit être positif et
supérieur au besoin en fond de roulement (BFR), ce qui engendre une trésorerie positive.
Le ratio dit « de couverture des emplois stables » doit donc toujours être supérieur à 1.
Ressources stables
Ratio de couverture des emplois stables = >1
Emplois stables +BFRE
La solvabilité traduit la capacité de l’entreprise à rembourser ses dettes en utilisant ses actifs
dans une optique de cessation de l’activité. Elle mesure la capacité de l’entreprise à honorer
ses dettes et implique que les actifs à moins d’un an soient supérieurs aux dettes à moins d’un
an.
Il convient de bien noter que le ratio dit « d’autonomie financière » n’est pas défini de
manière homogène. Par ailleurs, l’endettement peut être considéré dans sa globalité ou
uniquement en prenant en compte les dettes financières. De même, l’acception du terme
ressources propres peut se limiter aux capitaux propres ou concerner l’ensemble des fonds
propres (capitaux propres, provisions pour risques et charges, autres fonds propres).
Ce ratio devrait être inférieur à 1. En effet, dans le cas contraire, les dettes financières sont
supérieures aux capitaux propres. Cela implique un risque important pour les prêteurs de
l’entreprise qui s’impliquent alors dans la gestion de l’entreprise et mettent en cause son
autonomie.
Les établissements de crédit peuvent limiter leur risque en exigeant des garanties de la part
des emprunteurs au moment de l’octroi des fonds.
Sur le plan juridique, les garanties personnelles se distinguent des garanties réelles. Dans le
cas de garanties personnelles, un tiers, dit « le garant », s’engage à honorer la dette à la place
du débiteur en cas de défaillance. Les garanties réelles portent, quant à elles, sur un bien.
Le garant s’engage à payer à la place du débiteur les sommes dues. C’est souvent le dirigeant
de l’entreprise qui se porte caution pour les dettes de celle-ci.
Dans le cas d’un cautionnement simple, le créancier se retourne d’abord vers le débiteur avant
de poursuivre la caution. Dans le cas d’un cautionnement solidaire, le débiteur et la caution
peuvent être poursuivis simultanément pour la totalité de la dette restant due.
Le gage ou nantissement : si à l’échéance, le débiteur ne paye pas son créancier, celui-ci peut
obtenir la vente du bien pour être payé sur le prix ou en acquérir la propriété. Le nantissement
et le gage se distinguent par la nature du bien mis en garantie. Seul un bien meuble corporel
disposant d’une réalité matérielle et d’une visibilité peut être donné en garantie d’un gage.
Pour le nantissement, le bien donné en garantie est nécessairement un bien meuble
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incorporel, comme une créance, une part sociale, une part de société civile, un fonds de
commerce ou un fonds artisanal par exemple.
Dans le cas d’une hypothèque, la garantie est prise sur un bien immeuble identifié. Elle doit
faire l’objet d’un acte authentique chez un notaire. Le prêteur a un droit de préférence, et sera
remboursé avant tous les autres créanciers. Il peut faire saisir le bien et le faire vendre pour
récupérer son capital et les intérêts dus par le débiteur.
Série d’exercices :
Chapitre 02
CHAPITRE 02 : COUT DE CAPITAL ET CHOIX DE LA STRUCTURE DU CAPITAL Page | 81
Elles ne sont différentes que par leurs niveaux d’endettement : A est endettée à hauteur de
Le taux de rentabilité espéré par le marché des actifs risques est de 3,5 %.
Le taux de rendement des obligations assimilables du Trésor est de 1,5 %.
Travail à faire :
La société MED envisage de réaliser un nouvel investissement pour 100 M DA qui serait
financé a hauteur de 70 % par endettement.
Le beta du projet est de 1,3. La réalisation du projet ne modifiera pas de façon significative la
structure financière.
L’emprunt financerait 45% de l’investissement, le reste du financement étant assuré par les
capitaux propres. La société FINA choisira entre un emprunt A et un emprunt B (annexe 1).
Le matériel pourrait être financé en totalité par le crédit bail (annexe 2).
Emprunt A Emprunt B
Nominal 100
Prix d’émission Au pair 99 DA
Prix de remboursement Au pair 105 DA
Taux nominal 8% 6.8%
Durée 5 ans
Remboursement En fin d’emprunt
Prime de remboursement Amortie en 5 fractions égales
EXERCICE 02 :
La société par action Logos a décidé d'acquérir une machine-outil à commande numérique,
d'un montant de 900 000, qui lui permet de réaliser un chiffre d'affaires de 750 000 la
première année, en progression de 10 % dans les deux années restantes (la durée du projet est
de 3 ans).
Ce matériel est amorti en Trois ans, le taux d'impôt est de 33,33 %, les charges variables
représentent 30 % du montant du chiffre d'affaires et les charges fixes (hors amortissement)
sont de 220 000 durant les quatre années. La valeur résiduelle en fin de contrat est nulle.
TAF :
Annexe 1 :
Le taux de rendement (du marché ou de l’entreprise Logos) est égal au taux de variation de
cours de l’action d’une période à l’autre (l’indice du marché p.ex. CAC 40 ou de l’entreprise
logos).
Travail à faire :
quatrième ligne de production qui serait opérationnelle dès 2007, l’horizon de prévision
retenu étant de 5 ans.
–– l’acquisition d’un ensemble immobilier constitué d’un terrain (30 500 KDA) et d’un
bâtiment (76 300 KDA) qui sera amorti sur 20 ans en linéaire ;
–– un besoin en fonds de roulement initial évalué à 15 000 KDA et qui devrait se stabiliser
ensuite (chiffre d’affaires constant sur les 5 années).
L’ensemble des investissements doit être opérationnel dès le début de la première année.
L’opportunité de réaliser le projet a donné lieu aux calculs suivants :
–– l’excédent brut d’exploitation net d’IS est constant sur la période, et égal à 35 000 KDA
par an ;
–– pour la 5e année, la valeur résiduelle des investissements retenue dans le calcul est la
valeur nette comptable.
1) Un emprunt de 42 000 KDA sur 5 ans au taux de 6 %. Les fonds seraient disponibles au
début de la première année. Les frais relatifs à cet emprunt s’élèveraient à 2 000 KDA HT et
constitueraient des charges réparties sur 5 ans.
Le coût des capitaux propres de SOCOTEC est de 12 % et le coût moyen pondéré du capital
est de 10 %. Le taux d’intérêt normal de l’endettement à retenir est de 8 %.
SERIE D’EXERCICES CHAP 02 ET CHAP 03 Page | 89
TRAVAIL À FAIRE
1. Après avoir justifié le choix des taux d’actualisation à utiliser, calculer la valeur actuelle
nette (VAN) de l’investissement et montrer que SOCOTEC peut envisager favorablement ce
projet.
2. Calculer la valeur actuelle nette des flux de trésorerie liés aux sources de financement pour
les deux possibilités et conclure.
3. Confirmer le résultat précédent par le calcul de la VAN des capitaux investis (projet +
financement).