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CHAP 0

La comptabilité publique englobe l'ensemble des règles légales qui gouvernent les obligations et les
responsabilités des ordonnateurs, des comptables, et d'autres intervenants impliqués dans
l'exécution des budgets et des opérations financières des entités étatiques, des collectivités locales et
des établissements publics. Elle définit également les procédures d'enregistrement des transactions,
les documents comptables requis, ainsi que les normes de présentation des comptes publics.

Les objectifs de la comptabilité publique sont multiples : informer sur la performance du


gouvernement et sa capacité à honorer ses engagements, assurer une gestion saine et un contrôle
efficace des fonds publics, prévenir la fraude et le gaspillage, servir les missions de service public,
permettre aux autorités compétentes de prendre des décisions financières éclairées et de les ajuster
en fonction des résultats obtenus.

Elle contribue également à la prise de décision, à l'évaluation de la reddition des comptes, à l'analyse
de la performance des entités gouvernementales, et à garantir une allocation efficace des fonds
publics. Fondamentalement, la comptabilité publique favorise la bonne gouvernance, la transparence
et la redevabilité dans la gestion des ressources publiques.

Le cadre réglementaire de la comptabilité publique est vaste, comprenant un ensemble de lois, de


décrets et de codes qui définissent les règles et les procédures à suivre. Ces textes législatifs et
réglementaires déterminent les normes et les obligations auxquelles doivent se conformer les acteurs
de la comptabilité publique.

En outre, des instances compétentes telles que le Conseil National des Normes des Comptes Publics
(CNNCP) sont chargées d'établir des règles communes visant à uniformiser et rationaliser la
présentation des informations comptables, tout en contribuant à l'harmonisation et à l'amélioration
des pratiques comptables.

La Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Recouvrement (DGCPR) est l'entité principale


chargée du recouvrement des recettes gouvernementales, du contrôle et du paiement des dépenses
publiques, de la gestion des comptes publics et de la production d'informations financières et
comptables liées à l'exécution des budgets et à la trésorerie des entités publiques régies par le code
de la comptabilité publique.
Les principaux acteurs de la DGCPR incluent :

 Le Trésorier Général de la Tunisie, qui agit en tant que comptable central du trésor, gérant le
compte courant du trésor à la Banque Centrale de Tunisie, centralisant les opérations
budgétaires et de trésorerie, payant les dépenses publiques, et prenant en charge les titres et
valeurs de l'État.

 Le Payeur Général, responsable du paiement des dépenses de l'État, du contrôle comptable


des opérations effectuées par les comptables des postes diplomatiques et consulaires à
l'étranger, et de la vérification des comptes de gestion présentés par ces entités.

 Les Payeurs Départementaux, qui sont les comptables chargés de toutes les dépenses et
recettes budgétaires ainsi que des opérations de trésorerie dans leurs départements
respectifs.

 Les Trésoriers Régionaux des Finances, chargés du contrôle et de la vérification des


opérations comptables, des mouvements de fonds au niveau régional et de la gestion des
dépôts et consignations.

 Les Receveurs des Conseils de Régions, responsables de la gestion comptable des conseils
régionaux, du paiement des dépenses budgétaires et du recouvrement des recettes, ainsi que
de la tenue de leur comptabilité.

 Les Receveurs des Finances, qui recouvrent les impôts, taxes et revenus de l'État, effectuent
la liquidation et la perception des droits et sont les comptables des collectivités publiques
locales.

 Les Receveurs Municipaux, chargés de la gestion comptable des communes, du paiement des
dépenses budgétaires et du recouvrement des recettes municipales.

 Le garde magasin du Timbre, responsable de la gestion comptable des timbres et vignettes


destinés à la vente, et veillant à approvisionner les recettes des finances en timbres.

 84 Comptables auprès des postes diplomatiques et consulaires à l'étranger, responsables de


l'encaissement des recettes et du paiement des dépenses, ainsi que de la gestion des biens
mobiliers affectés aux postes.

 548 agents comptables chargés, en collaboration avec les receveurs des finances, de la
gestion comptable de 2092 établissements publics, agissant en tant que comptables payeurs
des dépenses budgétaires, recouvrant les recettes et tenant la comptabilité de ces
établissements.
D'autres intervenants au sein de la DGCPR incluent :

 La Direction Générale du Contrôle des Dépenses Publiques relève du Premier Ministère,


responsable du contrôle préalable des engagements et du contrôle des dépenses de l'État,
des établissements publics et des collectivités locales.

 Les commissions des marchés, chargées d'examiner la régularité des procédures de passation
des marchés et de veiller à la sincérité et à la transparence de ces procédures.

 Le Contrôle Général des Services Publics, responsable du contrôle supérieur des services de
l'État, des établissements publics et des collectivités locales, ainsi que de donner des avis sur
les mesures législatives ou réglementaires liées à l'organisation des services publics.

 Le Contrôle Général des Finances (CGF), chargé du contrôle financier des services de l'État,
des établissements publics et des collectivités locales, et effectuant des enquêtes à caractère
financier.

 Le Contrôle Général des Domaines de l'État et des Affaires Foncières, chargé du contrôle de la
gestion des biens meubles et immeubles de l'État et assurant le suivi auprès des collectivités
locales, établissements et entreprises publiques.

 Les inspections départementales, chargées de vérifier la gestion des services centraux et


régionaux des ministères et des organismes placés sous leur tutelle, ainsi que des comptables
publics.

 La cour de discipline financière, chargée de sanctionner les fautes de gestion commises à


l'égard de l'État, des collectivités locales, des établissements publics et des entreprises
publiques.

 Le Haut Comité du Contrôle Administratif et Financier, visant à coordonner les programmes


d'intervention des différentes instances de contrôle et à émettre des avis sur les projets de
textes législatifs ou réglementaires liés à l'action des organes de contrôle administratif et
financier.

 La cour des comptes, l'institution supérieure de contrôle des finances de l'État, des
collectivités locales et des établissements publics, disposant d'un pouvoir de juridiction sur
les comptables publics et d'un pouvoir de contrôle sur les ordonnateurs.

Les entités du secteur public (ESP) comprennent l'État, les collectivités locales et les établissements
publics soumis au code de la comptabilité publique, ainsi que d'autres organismes assujettis à une
comptabilité publique, avec des budgets liés à celui de l'État. Contrairement aux entreprises du
secteur privé, qui cherchent à réaliser des bénéfices, les ESP fournissent des biens et des services
publics, gérés et financés par l'État dans le but d'assurer une protection sociale et de préserver le
bien-être des citoyens. Ces entités ont des spécificités telles que leur rôle essentiel dans la reddition
de comptes, la performance publique, l'importance du budget, la nature des ressources et les
opérations sans contrepartie directe. Le budget de l'État est crucial pour traduire les orientations
politiques en termes financiers, reflétant l'effort financier consenti par l'État pour la gestion des
affaires publiques, défini par la loi de finances qui prévoit chaque année l'ensemble des ressources et
des charges de l'État, et arrête l'équilibre budgétaire conformément aux objectifs des programmes
prévus.

CHAP 1 PARTIE 1

Le budget de l'État est un document établi par le gouvernement contenant les prévisions des recettes
et dépenses publiques, voté annuellement par le parlement dans une loi de finances. Ce processus
est encadré par la constitution tunisienne et la loi organique du budget (LOB), qui définit les règles
d'élaboration du budget, tandis que le code de la comptabilité publique (CCP) détermine les règles
pratiques de son exécution. La loi de finances, acte législatif voté par le Parlement, autorise le pouvoir
exécutif à percevoir l'impôt et à engager des dépenses publiques, visant à prévoir et autoriser les
recettes et dépenses de l'État pour chaque année, définir les conditions de l'équilibre budgétaire et
financier, et arrêter le budget ainsi que faire un compte-rendu de son exécution.

Les catégories des lois de finance :

A) Loi de finances initiale (LFI) Appelé aussi loi de finances/budget de l’État, elle répond aux premiers
et deuxièmes objectifs précités. La LFI est établie avant le début de l’année concernée (session
automne).

B) Lois de finances rectificatives (LFR) Appelé aussi collectif budgétaire, permet de modifier en cours
d'année les dispositions de la LFI (ex : changement de conjoncture).

C) Loi de règlement (LR) Appelé aussi Loi d’exécution, elle répond au 3 -ème objectif précité et sert à
constater les différences entre les résultats enregistrés et les prévisions après la fin de l'exercice.

Structure du budget (recettes, dépenses, Les comptes spéciaux) :

Recettes : Les recettes comprennent

Les recettes fiscales, telles que l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés, la TVA.

Les recettes non fiscales, Revenus de la propriété (ex : location de la cité des sciences), vente des
biens et services de l'État, amendes, pénalités et confiscation.

Dons, Il s'agit des fonds octroyés volontairement par d'autres administrations publiques tunisiennes
ou étrangères, ou par des organisations internationales, destinés à être utilisés par les
administrations publiques ou l'État pour financer des projets spécifiques.

Dépense :
La LOB, établie en 1967 et révisée en 2004 et 2019, définit la structure des dépenses budgétaires de
l'État.

A)Selon la LOB de 2004 :(1) Les dépenses de fonctionnement (rémunérations publiques, dépenses de
gestion des imprévues, intérêts de la dette publique)

(2) Les dépenses de développement (investissements directs, dépenses de


développement, remboursement du principal de la dette publique)

Selon la LOB de 2004, les dépenses sont classées en fonction de leur nature (investissements directs,
rémunérations publiques) et de leurs sources de financement (dépenses financées sur emprunts
extérieurs, dépenses financées sur fonds spéciaux de trésors).

B) Selon la LOB de 2019 La GBO, introduite en 2020, propose une approche axée sur les résultats
pour une gestion efficace des ressources publiques, elle vise à assurer une gestion financière saine, à
améliorer l'efficacité des politiques publiques et à renforcer le contrôle budgétaire.

La GBO classe les dépenses selon :

La destination (missions, programmes, sous-programmes et activités)

La nature économique (dépenses de rémunération, dépenses d'investissement …)

C) Les crédits d'engagement et les crédits de paiement : Les crédits d'engagement permettent à
l'ordonnateur d'engager des dépenses sans décaisser les fonds de l'État dans l'année budgétaire.
Pour les dépenses d'investissement, ces crédits restent valides sans limite de temps. Les crédits de
paiement sont utilisés pour effectuer les paiements réels dans la limite des crédits d'engagement
correspondants. Les crédits de paiement non dépensés à la fin de l'exercice budgétaire sont annulés.

Les comptes spéciaux

Ils sont créés pour utiliser des recettes spécifiques pour financer des programmes liés à ces recettes,
sans nécessiter d'allocation de crédits budgétaires de l'État. Ils sont alimentés par des contributions
volontaires pour soutenir des initiatives d'intérêt public. Ces comptes ne peuvent pas être financés
par des recettes fiscales. Par exemple, on trouve le Fonds de Garantie pour les Crédits à l’Habitat, le
Fonds National de Promotion de l’Artisanat et des Petits Métiers, ainsi que le Fonds Spécial de
Développement Agricole et de la Pêche.
II) Les grands principes budgétaires

A) Principes Classiques :

1. Unité :
Toutes les recettes et dépenses sont consignées dans un document unique.

2. Annualité :
Les autorisations de perception et de dépenses sont limitées à une année.

3. Universalité :
Le budget décrit l'ensemble des recettes et dépenses sans compensation entre elles.

4. Spécialisation :
Les dépenses sont affectées à des fins spécifiques et ne peuvent être utilisées autrement.

B) Nouveaux Principes :

1. Transparence :
Clarifie le rôle des structures étatiques, fournissant des informations sur le budget et sa performance.

2. Sincérité :
Interdit la sous-estimation des dépenses ou la surestimation des recettes, exigeant l'exactitude des
informations financières.

Dérogations aux Principes :

- Dérogations au Principe d’annualité :


Pluri annualité des dépenses d’investissement, report des crédits.

- Dérogations au Principe d’unité :


Budget des Établissements Publics Non Administratifs, caisses sociales, collectivités locales.

- Dérogations au Principe d’universalité :


Comptes spéciaux, emprunts extérieurs, revenus des ressources naturelles.

- Dérogations au Principe de spécialité :


Transfert des crédits entre missions, redéploiement des crédits, crédits complémentaires.

IV) La procédure budgétaire


Élaboration (préparation du budget)

 Le ministère des finances prépare, sous l’autorité du chef du gouvernement, le projet de loi
de finances de l’année conformément à un calendrier précis.

 Avant fin juillet, le gouvernement présente les hypothèses et orientations budgétaires à l'ARP.

 Le chef du gouvernement soumet le projet de loi de finances avec les documents requis avant
le 15 octobre.

Approbation du budget (vote)

 Avant le 15 octobre, le chef du gouvernement présente le PLF au conseil des ministres.

 L'ARP examine, discute et modifie le PLF, puis vote pour son adoption au plus tard le 10
décembre.

 Le PLF adopté est transmis au président de la république pour approbation.

Exécution du budget

 L'exécution débute après l'adoption par l'ARP, impliquant l'ouverture des crédits et la mise en
œuvre par les différentes administrations publiques.

 Les opérations sont réalisées en suivant le principe de séparation des ordonnateurs et des
comptables, régies par la loi relative à la comptabilité publique (CCP).

Contrôle du budget

 Le contrôle vise à évaluer la gestion financière de l'État et le fonctionnement des


administrations publiques.

 Trois institutions majeures assurent ce contrôle : le Contrôle Général des Finances, la Cour
des Comptes et le Parlement.

 Le Contrôle Général des Finances assure un contrôle administratif et financier.

 La Cour des Comptes exerce un contrôle juridictionnel et prépare un rapport annuel à


l'ARP.

 Le Parlement exerce un contrôle parlementaire lors de l'élaboration et de


l'approbation des lois budgétaires.

V) Les principes (spécificités) de la comptabilité publique


1) Principe de la séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable

a) Procédure d’exécution des dépenses :

 L’engagement : Acte juridique créant une obligation de dépense pour l'AP, respectant les
limites budgétaires.

 La liquidation : Vérification de la dette envers le créancier et calcul du montant de la


dépense.

 L’ordonnancement : Ordre de paiement donné par l'ordonnateur au comptable, matérialisé


par un titre de paiement.

 Le paiement : Acte effectué par le comptable public pour libérer l'État de sa dette,
conformément à l'exécution du service fait.

b) Procédure d’exécution des recettes :

 L’établissement des recettes : Constater la créance sur un tiers.

 La liquidation : Calculer le montant de la créance détenue par l'administration.

 La mise en recouvrement des recettes : Émission d'un ordre de recette (titre de perception)
contraignant le débiteur au paiement.

 Le recouvrement de la recette : Responsabilité du comptable public, après divers contrôles,


pour recueillir les recettes publiques.

 Principes de séparation : Contrôle et probité, empêchant les irrégularités et les tentations de


déviation des règles, grâce à la distincte responsabilité de l'ordonnateur et du comptable.

2) Principe de la distinction entre opportunité et régularité

 Régularité : Les actions conformes aux lois et aux budgets sont considérées comme
régulières, assurant ainsi la conformité avec le cadre préétabli du budget.

 Opportunité : Les décisions discrétionnaires laissées aux fonctionnaires relèvent de


l'opportunité, permettant des interventions au moment jugé le plus approprié.

3) Principe de la non-affectation des recettes aux dépenses

 Centralisation des recettes : Toutes les recettes de l'État sont centralisées dans une caisse
unique pour financer toutes les dépenses, sans affectation spécifique.
 Contrôle des recettes : Ce principe permet de contrôler l'utilisation de l'ensemble des
recettes de l'État pour assurer leur conformité aux priorités définies.

4) Principe du service fait

 Condition de paiement : Les dépenses publiques ne sont payées qu'après la réalisation des
prestations correspondantes, vérifiée par l'ordonnateur.

5) Dérogations au principe de séparation

 Procédures dérogatoires : Certaines procédures dérogent au principe de séparation, telles


que le paiement au comptant de certaines impositions et les régimes de recette où un
régisseur effectue des opérations d'exécution de recettes publiques avant l'intervention de
l'ordonnateur et du comptable.

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