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1
VIRALLY M. « Les grands secteurs d'intérêts des organisations internationales » in : Manuel sur les
organisations internationales, 2e éd., La Haye, Martinus Nijhoff, 1998, p.398.
2
OUMBA P. « L’effectivité du rôle du conseil de paix et de sécurité de l'union africaine dans la résolution des
conflits » in : NAP, n° 10 – août 2013, pp.1-27.
Au-delà de la symbolique d’une telle décision, les dirigeants africains
prenaient définitivement acte de leur volonté d’ouvrir une nouvelle page de
l’intégration de leur continent. À travers ce dernier aspect, la création du Conseil de
Paix et de Sécurité traduit la volonté de rompre avec la fatalité des guerres et de se
doter d’instruments aptes à relever les défis de la paix et à promouvoir une
politique africaine commune de défense et de sécurité visant à renforcer le rôle de
l’Organisation continentale en matière de gestion des crises politiques, militaires et
civiles3.
Par ses objectifs et les principes qui le guident, en tous points identiques
à ceux qui figurent dans l’Acte constitutif de l’Union, comme par ses modalités de
saisine et d’intervention ou encore les instruments sur lesquels elle s’appuie,
l’APSA marque une franche rupture avec l’organe central de l’ancien Mécanisme
auquel elle se substitue.
3
OUMBA P, op.cit. p.14.
4
CHOUALA Y-A., « Puissance, résolution des conflits et sécurité collective à l'ère de l'Union africaine. Théorie
et pratique" », Annuaire Français des relations internationales, 2005, volume VI, pp.286-308
A s’en tenir au texte du Protocole qui la crée, l’Union africaine dispose
donc d’un dispositif de sécurité qui s’impose aux mécanismes régionaux et
s’intègre dans la mission de maintien de la paix des Nations Unies, en vertu du
chapitre VIII de la Charte. Sur la suprématie des Nations Unies en la matière, le
Protocole souligne sans ambiguïté que le Conseil de paix et de sécurité « coopère et
travaille en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui
assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité »5.
5
OUMBA P. « L’effectivité du rôle du conseil de paix et de sécurité de l'union africaine dans la résolution des
conflits » in : NAP, n° 10 – août 2013, pp.1-27.
6
BASSOU A. « Architecture Africaine de Paix et de Sécurité : Pertinence dans la conception et difficultés dans
les réalisations » in : 'OCP Policy Center, 2017, pp.1-11
C’est dans ce sens que l’ONU et les organisations régionales se sont
dotées de mécanismes qui leur permettent de rassembler et d’actionner ces forces
chaque fois que nécessaire. La sauvegarde de la paix internationale se rappelle avec
insistance au monde d’aujourd’hui à un moment où la surface du globe est
traversée par une vague de conflits et de tensions qui plus que jamais menacent la
sécurité internationale7.
La MIAB a été autorisé pour une période initiale d’un an, en attendant le
déploiement d’une force de maintien de la paix de l’ONU. Son mandat a été
prorogé du 2 avril au 2 mai 2004. Le 01 juin 2004, les éléments de ladite mission
ont été transférés à la Mission des Nations Unies au Burundi. Elle se composait de
militaires et de civils venant d’Éthiopie, de Mozambique et d’Afrique du Sud et
placés sous la direction d’un chef de mission de l’UA, représentant spécial du
Président de la Commission de l’UA.
9
OUMBA P., op.cit. p.24.
En Somalie, l’UA, par le biais de son CPS, a chargé l’IGAD
(Intergovernmental Authority on Development)10, en 2005, de préparer le
déploiement d’une force de paix dans ce pays. Ce déploiement était toutefois
conditionné par une levée de l’embargo sur les armes imposées en janvier 1994 par
le Conseil de sécurité de l’ONU. La Conférence de l’UA a récemment demandé à
ce dernier de lever la sanction afin de faciliter le déploiement de l’IGASOM. Dans
le cadre de l’AMISOM (Mission de l’Union africaine en Somalie) sur les 8.000
soldats qui devaient être déployés, environ 1500 sont présents en Somalie. Le 5
janvier 2012, le CPS a approuvé le concept stratégique de l’AMISOM, en priant le
Conseil de sécurité de l’ONU d’examiner la question du soutien indispensable pour
permettre sa mise en œuvre immédiate11.
Nous revenons ici (très) brièvement sur les origines de la mission, son
évolution jusqu’au début de l’année 2014, et enfin sur ce que la mission révèle des
bricolages politiques au sein de l’APSA.
Suite à la création des institutions de transitions somaliennes en 2004
(004- 2012), le président alors élu, Abdullahi Yusuf Ahmed, ne cesse de réitérer les
10
Autorité Intergouvernementale pour le Développement
11
MOULLOUL A., L’intégration économique et juridique en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2017, p.78.
12
OUMBA P., op.cit. p.24.
appels envers la communauté internationale. Ces appels lancés à l’ONU et à l’UA
visent à créer les conditions sécuritaires minimales qui permettraient aux
institutions de transition, formées au Kenya, de s’installer sur le territoire somalien.
En 2005, l’UA donne son feu vert à l’IGAD en vue de monter une telle
opération. La mission de l’IGAD en Somalie devait être déployée sous le nom
d’IGASOM. Une logique qui répondait au principe de l’APSA selon lequel les
interventions armées devaient être basées en priorité sur les communautés
économiques régionales. Néanmoins, le déficit de confiance de l’IGAD, mentionné
plus haut, la réticence de l’ONU à lever l’embargo international sur la Somalie
(1992), et la réticence des États-Unis à voir les pays limitrophes (Kenya, Éthiopie,
Djibouti) intervenir via cette mission en Somalie bloquent la mise en oeuvre de
l’opération13.
14
BACH J- N « La construction de l’APSA en Afrique de l’Est : un « outil adapté » pour qui ? in : l’architecture
de paix et de sécurité en Afrique. Bilan et perspectives, L’Harmattan, Paris, 2014, p.214-236.
15
Ibidem.
16
BACH J-N. & ESMENJAUD R., « Innovations normative, résilience des pratiques : à qui et à quoi sert
l’AMISOM ? », Sécurité Globale, Hiver 2011-2012, p. 67-83.
Mais malgré ces avancées, l’AMISOM est révélatrice des difficultés
rencontrées dans la construction d’une paix africaine et dans la mise en oeuvre des
principes de l’APSA adoptés en 2002. La mission demeure tout d’abord dans une
dépendance financière très forte vis-à-vis des acteurs non africains. La récente
intégration des troupes éthiopiennes qui seront désormais financées par la mission
montre bien le coût élevé de l’intervention pour les pays - rappelons que l’Éthiopie
menait cette guerre sur ses fonds propres depuis 2006, conservant ainsi son
indépendance politique17.
17
BACH J-N. & ESMENJAUD R., « Innovations normative, résilience des pratiques : à qui et à quoi sert
l’AMISOM ? », Sécurité Globale, Hiver 2011-2012, p. 67-83.
18
ESMENJAUD R., « Architecture de paix et de sécurité en Afrique : Evaluation et renforcement », Revue de
Défense Nationale, octobre 2013, p. 57-62.
En effet, les motivations des pays de la région ne peuvent être comprises
qu’à partir de leur propre conception de la sécurité, de leur stratégie régionale
propre, et de leurs ambitions politico-économiques internes. L’intervention
préventive de l’Éthiopie doit être comprise en ce sens. Lorsque le Front
démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) à la tête de l’Éthiopie
s’engageait en Somalie en 2006, il initiait tout juste un programme de
développement économique sans précédent qui ne supporterait pas l’escalade
éventuelle d’un conflit avec l’un de ses voisins. De plus, cette intervention est à
comprendre dans un contexte particulier au lendemain des élections générales de
2005 qui s’étaient soldées par un véritable bain de sang après que le FDRPE avait
décidé d’ouvrir le feu sur les manifestants contestant les résultats. La Somalie et la
« menace terroriste » pouvaient désormais occuper les unes des journaux officiels.
La question se pose donc de la stabilisation politique à long terme de la Somalie,
puisque cette stabilisation est reléguée au second plan à la faveur d’intérêts
nationaux économiques et sécuritaires et d’une paix régionale minimale19.
19
BACH J-N. & ESMENJAUD R., p. 70.
20
Ibidem.
Après un début de campagne difficile à l’automne 2011, les troupes
kényanes ont finalement pris le contrôle du port stratégique de Kismayo dans le sud
de la Somalie. Mais l’opacité de la mission kényane, malgré son incorporation à
l’AMISOM en février 2012 (une intégration allégeant ses dépenses en matière de
paiement des soldes des soldats engagés) laisse aujourd’hui les observateurs et les
bailleurs quelque peu perplexes : les retombées du trafique du port de Kismayo sont
gérées de façon obscures par le Kenya, les zones « libérées » des « Shebab » ne
font pas l’objet d’un plan politique et administratif clair, et le nombre même de
soldats engagés réellement sur le terrain (officiellement 4 000) ne convainc pas les
partenaires, notamment européens. Mais la confiance est de mise envers un allié
régional indispensable que les partenaires étrangers ne pouvaient laisser
d’embourber21.
21
BACH J-N. & ESMENJAUD R., op.cit., p. 71.
22
BACH J- N « La construction de l’APSA en Afrique de l’Est : un « outil adapté » pour qui ? in : l’architecture
de paix et de sécurité en Afrique. Bilan et perspectives, L’Harmattan, Paris, 2014, p.214-236.
Fournir des troupes permet aussi de bénéficier, d’un point de vue
diplomatique (et en vue d’autres négociations), d’une image de faiseur de paix pour
des pays parfois en situation de fragilité en politique extérieure, voire intérieure.
L’Ouganda semble cumuler ces bénéfices escomptés en assumant à plein son rôle
de faiseur de paix : par l’envoi de contingents importants en Somalie dès le début
de la mission, Kampala assoit son statut de partenaires incontournable au sein de la
Corne de l’Afrique, de l’Afrique des Grands Lacs, mais aussi avec les partenaires
non africains - comme les États-Unis. Depuis la guerre lancée contre le « terrorisme
» dès les années 1990, et plus encore depuis 2001, l’Ouganda occupe une place de
partenaire privilégié dans une région sous tension. On comprend que le
déroulement contesté des élections ougandaises de 2011, ou encore éthiopiennes en
2010, n’ait guère suscité l’émoi des alliés.
23
Les défis auxquels l’APSA fait face actuellement sont multiples. Mais
ces défis peuvent être réunis en deux catégories : les défis d’ordre politique; et les
défis d’ordre financier et opérationnel.
24
NKALWO NGOULA, « L’Union Africaine à l’épreuve du terrorisme : forces et challenges de la politique
africaine de sécurité, » in : IRENEES, avril 2016, p.12-32
25
DE GENDT P., « L’Union Africaine face aux défis du continent », in :SIREAS, 2016/02 N°08 p.1-28
26
NKALWO NGOULA, op.cit. p.15.
Par ailleurs, depuis sa création, l’Union Africaine s’est surtout illustrée
dans des missions de maintien de la paix. Cependant, de ses missions se sont
soldées par un partenariat avec l’ONU et d’autres sont devenues des missions
onusiennes. Cette situation est due en raison de deux facteurs qui sont le manque
de moyens financiers et de matériels lesquels peuvent être combiné aussi, à
l’hostilité des gouvernements, ce qui empêche l’UA de mener à bien ses missions et
rendent inefficaces ses actions27.
Les actions entreprises par l’Union Africaine pour enrayer la menace que
fait peser les groupes terroristes sur ses États membres sont multiples mais
connaissent des lacunes. Ces lacunes consistent à la fois en l’absence d’une
approche globale, qu’il conviendrait de définir au préalable, et en des instruments
ou initiatives à adopter d’urgence pour renforcer le dispositif de lutte antiterroriste.
27
DE GENDT P., op.cit. p15.
28
NKALWO NGOULA, op.cit. p.18.
Quelques mesures se révèlent particulièrement importantes à adopter
pour accroître l’impact des efforts de l’institution panafricaine dans la lutte contre
le terrorisme afin de réussir la matérialisation de l’APSA. L’adoption de ces
mesures permettrait de réduire la menace terroriste. Ces mesures consistent
notamment à :
29
ABALAWI MPANGA L, Evaluation des actions de l’Organisation des actions des Nations-Unies et de
l’union africaine dans la lutte contre le terrorisme. Mémoire de Master, Faculté de droit, Université de
Montreal, 2015, p.87.
30
NKALWO NGOULA., op.cit. p.20.
Lutter contre les facteurs de sous-développement qui favorisent le
recrutement au sein des organisations internationales31 ;
Enfin, la médiation de l’Union Africaine doit être d’une grande
importance sur un dossier majeur, le cas du dossier libyen.
31
ABALAWI MPANGA L, op.cit. p.89.
32
NKALWO NGOULA,op.cit. p.21.
33
KEMOKO DIAKITE, Droit de l’intégration africaine : Rapports entre les organisations sous régionales,
l’Union Africaine et l’organisation des Nations Unies. Défis prioritaires de l’intégration en Afrique,
L’Harmattan, Paris, 2017.176.
34
idem., p.177.
Nous retenons sur ce point que même si la solution au maintien de la paix
a été trouvée et que la CEDEAO et la SADC connaissent des avancées
significatives, l’UA quant à elle n’a pas encore atteint son objectif. La volonté
politique des Etats devrait être renforcée pour l’effectivité de la FAA. Son avantage
est celle de pallier à la difficulté de l’ONU de trouver des contingents.
35
MULAMBA MBUYI B., Droit des organisations internationales, L’Harmattan, Paris, p.120
et, d’autre part, des activités fonctionnelles et opérationnelles de l’organisation,
telles les dépenses découlant de l’action humanitaire, l’aide au développement,
l’assistance technique ou encore les opérations de maintien de la paix36.
36
DIEZ DE VELASCO VALLEJO M., Les organisations internationales, Paris, Economica, 2002, p.98
37
DORMOY D., « Les opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies. Aspects récents de
la question de leur financement », in Annuaire français de droit international, vol. 39, 1993, p. 144.
38
ZOZIME TAMEKAMTA A, « L’architecture de paix et de sécurité de l’union africaine: articulations et
enjeux de la gouvernance sécuritaire au xxie siècle » in : Institut de Recherche et d’Enseignement sur la Paix,
NAP n° 24 – janvier 2015, p.21
L’UA peine à mobiliser les contributions annuelles des États membres
ainsi que des fonds spéciaux utiles pour le déploiement du CPS. Ces difficultés
financières se sont accrues avec la chute de KHADAFI (en 2011) dont le pays était
le principal contributeur39.
39
KEMOKO DIAKITE, op.cit.177
40
ZOZIME TAMEKAMTA A, op.cit. p.22.
De nouveaux fonds ont été engagés pour la réalimenter à hauteur de 300
millions d'euros pendant la période 2008-2010. Cette Facilité peut couvrir une
grande partie des coûts des opérations de la paix, mais pas tous. On peut citer aussi
les contributions financières fournies de façon ponctuelle, en réponse à des
demandes précises, ou enfin des contributions en nature (matériel, soutien
logistique et appui technique)41.
41
KEMOKO DIAKITE, op.cit. p.176
42
ESMENJAUD R., « Architecture de paix et de sécurité en Afrique : Evaluation et renforcement », Revue de
Défense Nationale, octobre 2013, p. 57-62.
L'insuffisance des ressources financières limite considérablement
l’action de l’APSA. En effet, chaque fois qu’une nouvelle opération, est décidée, il
faut transporter tout son personnel sur le théâtre d’opération. Une fois sur place, il
faut prévoir les logements, la nourriture, les soins médicaux, les transports, les
communications et les équipements qui lui sont nécessaires pour s’acquitter de ses
fonctions.
43
ESMENJAUD R., « Architecture de paix et de sécurité en Afrique : Evaluation et renforcement », Revue de
Défense Nationale, octobre 2013, p. 57-62.
44
Ibidem.
Partant, pour rendre effectif l’APSA, il incombe aux États africains
d'augmenter leurs contributions au financement des opérations de maintien de la paix
menées par l'Union africaine. Cependant, l'idée de la responsabilité collective des États
membres pour le financement des opérations de maintien de la paix n'interdit pas de
rechercher des ressources complémentaires ou additionnelles aux contributions
principales constituées par des contributions obligatoires auprès de ces mêmes États.
45
ESMENJAUD R, op.cit p.60