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SEMIOLOGIE DES TRAUMATISMES

DE L’EPAULE
Dr Alioune Badara DIOUF
Ancien Interne des Hôpitaux
Chirurgien Orthopédiste Traumatologue
Chef de Clinique Assistant
OBJECTIFS

1. Définir les termes «traumatisme» et «épaule»


2. Décrire les 5 signes d’inspection et les 3 signes de palpation de
la fracture du 1/3 moyen de la clavicule
3. Décrire les 5 signes d’inspection et les 3 signes de palpation de
la luxation scapulo-humérale dans sa variété antéro-interne
sous coracoïdienne
4. Énoncer l’histoire clinique et décrire les 2 signes radiologiques
de la luxation récidivante de l’épaule
5. Définir et expliquer sur le plan anatomopathologique la
luxation ancienne de l’épaule
PLAN
3. TRAUMATISMES ANCIENS
DE L’EPAULE

3.1. CALS VICIEUX


1. GENERALITES 3.2.

2. TRAUMATISMES RECENTSPSEUDARTHROSES
DE
L ’EPAULE 3.3. RAIDEURS ET
ANKYLOSES
2.1. FRACTURES
3.4. LUXATIONS
2.2. LUXATIONS
ANCIENNES
2.3. CONTUSIONS ET
4. CONCLUSION
GENERALITES

 Définition
o Sémiologie : «étude des symptômes et des signes, la façon de les relever
et de les présenter afin de poser un diagnostic» LITTRE (1801-1881)

o Traumatisme : ensemble des lésions osseuses et/ou capsulo-


ligamentaires et/ou cutanées et/ou vasculo-nerveuses causé par un agent
vulnérant extérieur

o Épaule : complexe articulaire regroupant


 3 articulations vraies :
 scapulo-humérale, acromio-claviculaire et sterno-claviculaire
 2 fausses articulations :
 scapulo-thoracique et sous deltoïdienne
GENERALITES

 Intérêt

o Articulation proximale du membre thoracique (membre de relation)

o Traumatismes dominés par les fractures et les luxations

o Traumatismes récents et traumatismes anciens


GENERALITES
 Rappel anatomique

Scapulo-humérale Suspendue Peu emboîtée Extrêmement mobile


GENERALITES
 Rappel anatomique

Articulation scapulo-humérale

3 degrés de liberté
6 mouvements élémentaires

Mobilité propre
Mobilité globale / Manœuvre de Dessault
TRAUMATISMES RECENTS DE
L’EPAULE

 FRACTURES
o Les fractures de la clavicule

o Les fractures de l’extrémité proximale de l’humérus

o Les fractures de la scapula ou omoplate

 LUXATIONS
o Les luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales

o Les luxations acromio-claviculaires

o Les luxations sterno-claviculaires


Fractures de la clavicule
TDD : fracture du 1/3 moyen

 Clinique
 Interrogatoire
- Traumatisme : date et heure, circonstance (AS) et mécanisme (chute sur
l’épaule)
- Traumatisé : âge (tout âge) – SF : douleur suivie d’une IFR

 Examen physique
- Inspection
o de face : saillie sous la peau fragment médial
léger abaissement moignon de l’épaule
raccourcissement distance acromio-sternale
o de dos : éloignement bord spinal scapula de la ligne des épineuses
tuméfaction secondaire
Fractures de la clavicule
TDD : fracture du 1/3 moyen

 Clinique
 Examen physique
- Inspection
- Palpation
o douleur exquise au niveau saillie du fragment médial
o mobilité anormale et douloureuse des 2 fragments
o mobilisation douce épaule possible

- Recherche de complications immédiates :


o Cutanées (rares)
o Vasculaires : blessure veine ou artère axillaire
o Nerveuses : atteinte du plexus brachial
o Pleuro-pulmonaires : blessure dôme pleural et sommet poumon
Fractures de la clavicule
TDD : fracture du 1/3 moyen

 Radiologie :
 Technique : Rx poumons (face) et surtout défilé claviculaire par une incidence
oblique permettant de bien dégager la clavicule des autres reliefs de l’épaule
 Résultats :
- Trait de fracture
- Siège
- Déplacement
Fractures de la clavicule
TDD : fracture du 1/3 moyen

 Evolution
en général favorable après une immobilisation de 3 à 4 semaines
avec la constitution d’un cal solide mais souvent inesthétique

traitement chirurgical exceptionnel


Fractures de la clavicule
Formes cliniques
 Selon le siège
 Fractures du 1/3 latéral : déplacement fonction de l’atteinte des
ligaments coraco-claviculaires souvent associée

 Fractures du 1/3 médial : rares et peu déplacées du fait des


nombreuses attaches musculo-ligamentaires reliant la clavicule au
sternum et à la 1ère côte
Fractures de la clavicule
Formes cliniques

 Selon le trait de fracture


 Fractures sans déplacement : assez fréquentes objectivées par la
découverte d’un point douloureux exquis confirmé à la radiographie

 Fractures comminutives posent plus de problèmes thérapeutiques


que diagnostiques

 Formes associées : cause de graves troubles respiratoires


 Fractures des 2 clavicules
 Fractures des 1ères côtes
Fractures de la clavicule
Formes cliniques

 Selon l’âge :
 Fractures de l’enfant :
- très souvent des fractures incomplètes «en bois vert»
- Consolidation rapide
- Cal volumineux se remodelant par la suite

 Fractures obstétricales
- Après extraction tête dernière
- À la suite de certaines manœuvres
- Consolidation spontanée en quelques jours
Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
TDD : fracture engrenée du col chirurgical

 Clinique
 Interrogatoire
- Traumatisme : date et heure, circonstance (AL ou AD) et mécanisme (chute sur
le coude ou l’épaule)
- Traumatisé : âge (enfant ou femme âgée) – SF : douleur et IFA

 Examen physique
- Inspection : pas de déformation
grande ecchymose thoraco-brachiale de Hennequin tardive
- Palpation : douleur vive à face latérale moignon et dans aisselle
mobilisation passive possible peu douloureuse dans faibles amplitudes
pas de mobilité anormale

- Recherche de complications immédiates : négative


Bras écarté de plus de 45° : fractures en abduction

Bras écarté de moins de 45° : fractures en adduction


Atteinte exceptionnelle du nerf circonflexe
Désinsertion ou rupture rare du muscle supra-épineux
Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
TDD : fracture engrenée du col chirurgical

 Radiologie
 Technique : cliché de l’épaule de face et de profil
(transthoracique dit de Lamy)

 Résultats : trait (siège, type, déplacement) et lésions associées


Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
TDD : fracture engrenée du col chirurgical

 Evolution : avec ou sans réduction, la consolidation est

rapide (3 à 4 semaines

Bord inférieur
du muscle grand
pectoral
Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
Formes cliniques
 Fractures non engrenées du col chirurgical
- Tableau clinique de luxation d’épaule
o Bras en abduction réductible
o Pas de signe de l’épaulette ni de vide sous acromial
o Point douloureux exquis humérus proximal
o Complications vasculo-nerveuses immédiates possibles et fréquentes

- Pas d’engrènement avec déplacement du fragment distal dans


aisselle ou dans muscle deltoïde à la radiographie

 Fractures de l’enfant : suite à un choc direct ou à un mouvement


forcé d’ABD-RE réalisant un décollement épiphysaire pur ou mixte

 Fractures ouvertes : fractures de guerre avec lésions multiples


Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
Formes cliniques

 Fractures articulaires : engrenées, déplacées ou associées

à une luxation
 Fractures du col anatomique

 Fractures de la tête humérale


Fractures de l’extrémité proximale de l’humérus
Formes cliniques

 Fractures des tubérosités (trochiter – trochin)


 Fracture du trochiter :
- correspond à un arrachement du supra-épineux +/- de l’infra-
épineux
- souvent associée à une luxation scapulo-humérale

 Fracture du trochin : correspond à un arrachement du


subscapulaire
Fractures de la scapula ou omoplate
TDD : fracture du col chirurgical
 Clinique
 Interrogatoire
- Traumatisme : date et heure, circonstance et mécanisme (choc sur le moignon
de l’épaule ou mouvement forcé du bras ou contraction musculaire
violente)
- Traumatisé : âge – SF : douleur modérée et IFR

 Examen clinique
- Signes évocateurs
o Signe de l’épaulette
o Vide sous acromial
o Abduction du bras réductible
o Epaule mobilisable
o Point douloureux précis au bord latéral scapula
o Déformation réductible à l’abduction du bras
o - recherche de complications immédiates vasculaires ou nerveuses
Fractures de la scapula ou omoplate
TDD : fracture du col chirurgical

 Radiologie
 Technique : cliché de face et de profil de l’épaule

 Résultats : trait – lésions associées


Fractures de la scapula ou omoplate
TDD : fracture du col chirurgical

 Evolution :

- Malgré une réduction souvent imparfaite car difficile

-- Consolidation en 8 à 10 semaines

-- Résultat fonctionnel en général bon


Fractures de la scapula ou omoplate
Formes cliniques
 Fractures de la glène ou du col anatomique
- Tableau clinique d’une contusion de l’épaule avec un
point douloureux exquis
- Radiographie indispensable montrant :
 Soit fracture partielle glène
 Soit fracture col anatomique
Fractures de la scapula ou omoplate
Formes cliniques

 Fracture de l’apophyse coracoïde :


 Reconnues grâce à 2 signes cliniques
- douleur à la palpation pointe de la coracoïde
- douleur à la flexion-supination contrariée avant-bras /
contraction muscle court biceps

 Confirmation radiographique
Fractures de la scapula ou omoplate
Formes cliniques

 Fracture du corps de la scapula


- Succède à un choc direct
- Tableau de contusion clinique
- Confirmation radiologique
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
TDD : luxation antéro-interne sous coracoïdienne

 Clinique
 Interrogatoire
- Traumatisme : date et lieu, circonstance (AS) et mécanisme (mouvement forcé
d’ABD-RP-RE ou rarement choc direct ou contraction musculaire violente)

- Traumatisé : âge (en règle adulte jeune) – SF : douleur et IFA

 Examen physique : sur un blessé nu jusqu’à la ceinture et comparativement au


côté sain
- Inspection :
classique attitude des traumatisés du membre supérieur
de face : signe de l’épaulette avec saillie de l’acromion
coup de hache externe haut situé
abduction et RE bras
de profil : comblement sillon delto-pectoral
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
TDD : luxation antéro-interne sous coracoïdienne

 Clinique
 Examen clinique
- Palpation : fournit la clé du diagnostic
vide sous acromial antérieur
signe de Berger : ABD irréductible du bras
présence tête humérale dans aisselle

- Recherche de complications immédiates : avant toute tentative de réduction


interposition musculo-tendineuse
fracture associée
compression, contusion ou rupture vasculaire
atteinte du nerf circonflexe (anesthésie moignon épaule)
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
TDD : luxation antéro-interne sous coracoïdienne
 Radiologie
 Technique : 2 clichés de l’épaule face et profil de Lamy

 Résultats : indispensable à 3 points de vue


- diagnostic et médico-légal
- variété de la luxation
- lésions osseuses associées
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
TDD : luxation antéro-interne sous coracoïdienne

 Evolution :
 Réduite en urgence et bien traitée, bon pronostic

 Récupération fonctionnelle en 1 mois après rééducation


Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
Formes cliniques

 Autres luxations antéro-internes

Extra-coracoïdienne

Sous-coracoïdienne

Intra-coracoïdienne

96 %
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
Formes cliniques

 Autres formes topographiques


 Luxation postérieure :
- position symétrique de la Supérieures
forme extra-coracoïdienne
- cliché de profil indispensable

 Luxation inférieure :
- Choc de haut en bas
- Bras en ABD
- MS en position erecta

 Luxation supérieure : possible


en association avec fracture
acromion Inférieures
Saillie de la tête
sous l’acromion

Affaissement du
deltoïde antérieur
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
Formes cliniques
 Formes associées : fractures-luxations
 Soit à :
- Fracture du col anatomique ou du col chirurgical
- Fracture de la glène
- Fracture d’une tubérosités
 Diagnostic clinique difficile
 Complications immédiates vasculo-nerveuses fréquentes
 Radiographie indispensable :
- variété de la luxation
- type de fracture associée
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
Formes cliniques

 Luxations récidivantes

 Histoire clinique évocatrice :

- Après une première luxation


- Série de luxations à intervalles variables
- Mais pour un traumatisme de plus en plus minime
- Parfois luxation pendant le sommeil
- Facile à réduire même par le patient
Luxations scapulo-humérales ou gléno-humérales
Formes cliniques

 Luxations récidivantes

 Radiographie : anomalies osseuses

- malformation de la glène :
atrophie globale
éculement rebord antéro-inférieur
- malformation de la tête humérale : encoche de Malgaine
Luxations acromio-claviculaires

 Relativement fréquente succédant à une chute sur épaule ou coude

 Mouvement d’ABD (actifs et passifs) limités et douloureux

 Diagnostic clinique facile devant :


- Saillie anormale 1/3 latéral clavicule
- Point douloureux exquis au même endroit
- Mobilité «en touche de piano» et mobilité antéro-postérieure
Luxations acromio-claviculaires

 Radiologie (cliché épaule de face, rayon ascendant)

- confirmation diagnostique : écart anormal entre acromion et


extrémité latérale clavicule
- diagnostic différentiel : entorse acromio-claviculaire
fracture 1/3 latéral clavicule
Luxations sterno-claviculaires

 Beaucoup plus rares

 2 variétés :

- Luxation antérieure ou présternale

 Douleur 1/3 médial clavicule et IF limitant l’ABD


 Radiographie standard (incidence de Hening)
 Confirmation au TDM
- Luxation postérieure ou rétrosternale :

 Clavicule s’enfonce dans plans musculaires base du cou


 Compression possible gros vaisseaux et/ou trachée
Entorses et contusions
 Entorses

- beaucoup rares / ligaments lâches

- Tableau clinique d’épaule douloureuse

- Sans modifications des rapports anatomiques à la radiographie

 Contusions

- Même tableau clinique

- Diagnostic d’élimination

- À exclure :

 Fracture parcellaire humérus proximal


 Fracture scapula
 Rupture traumatique coiffe des rotateurs
TRAUMATISMES ANCIENS DE
L’EPAULE

 CALS VICIEUX

 PSEUDARTHROSES

 RAIDEURS ET ANKYLOSES

LUXATIONS ANCIENNES
CALS VICIEUX

 Au niveau de la clavicule
- Relativement fréquents

- Réduction anatomique difficile

- Consolidation avec raccourcissement, baïonnette

- Retentissement fonctionnel minime voire nul

 Au niveau du col chirurgical humérus

- Très fréquents

- Entraine une désorientation tête humérale


- Gêne fonctionnelle minime
- Mobilité scapulo-thoracique compense raideur scapulo-humérale
PSEUDARTHROSES

 Très rares

 Plus au niveau clavicule que col chirurgical humérus

 Gêne fonctionnelle
RAIDEURS ET ANKYLOSES

 Ankyloses exceptionnelles

 Raideurs très fréquentes

 Clinique :

- Diminution globale mobilité surtout ABD (< 60°)

- Manœuvre de Dessault : mobilité propre


LUXATIONS ANCIENNES

 Rares par négligence du patient

 Luxation dite «ancienne» si :


- Irréductible par manœuvres externes habituelles

- Si vue au-delà de 3 semaines

 Nouvel état anatomique :


- Comblement glène par tissu fibreux

- Création d’une néo-glène

- Rétraction musculo-capsulo-ligamentaire
CONCLUSION

Fréquence en traumatologie quotidienne

Urgence traumatologique

Diversité des lésions

Traitement adapté pour limiter les séquelles

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