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Institut National des Sciences de Gestion Enseignant : Vincent de Pierre OKWE Ndong

Cours de Droit des Sociétés Commerciales Docteur en Droit Privé


Année-académi que : 2019-2020

B- Les sociétés de personnes non immatriculées

Il s’agit de la société en participation (1) et la société de fait ou créée de fait (2).

1- La société en participation

La société en participation est une société occulte. Elle n’est pas sujette aux formalités
de publicité ni à l’immatriculation, et n’existe qu’entre les associés et n’est révélée aux tiers.
C’est le cas, par exemple, d’une société créée par plusieurs personnes en vue de la prise de
contrôle d’une autre société.

a- Constitution

Le contrat de création de la société en participation est écrit. L’associé n’a pas la qualité
de commerçant. Par conséquent, lorsqu’il se livre à des opérations commerciales, il doit avoir
la capacité pour agir. Selon les dispositions de l’art. 854 de l’AU, la société en participation est
définie comme étant une société dans laquelle « les associés conviennent qu’elle ne sera pas
immatriculée au RCCM et qu’elle n’aura pas de personnalité juridique ». Par conséquent, la
société en participation n’est pas soumise à la publicité ; peut être prouvée par tous les moyens ;
elle est souvent utilisée comme un instrument de coopération à cause de la simplicité de sa
constitution et l’absence de tout formalisme. Lorsqu’elle est révélée aux tiers, ceux-ci peuvent
se tourner contre les participants directement.

Chaque associé conserve la propriété de l’apport qu’il apporte à la création de la société.


Il doit avoir vocation aux bénéfices et aux pertes. Les clauses léonines sont interdites.

b- Fonctionnement

Le fonctionnement de la société en participation suit les mêmes règles que celle


applicables à la SNC.

c- Dissolution

La société en participation est dissoute, selon les mêmes causes de dissolution


communes à toutes les sociétés, et celles propres à la SNC.

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2- La société de fait et la société créée de fait

Dans la société de fait, il y a la société constituée qualifiée de fait et la société de fait


non constituée. La société constituée qualifiée de fait se rencontre dans deux cas. D’une part,
une des sociétés reconnues par l’Acte uniforme est constituée, mais les fondateurs
n’accomplissent pas les formalités légales constitutives : ne pas accomplir les formalités de
publicité ou d’immatriculation. Selon les dispositions de l’art. 865 de l’AU : « lorsque deux ou
plusieurs personnes physiques ou morales ont constitué entre elles une société reconnue par le
présent Acte uniforme, mais n’ont pas accompli les formalités légales constitutives ou ont
constitué entre elles une société non reconnue par le présent Acte uniforme, il y a également
société de fait ». D’autre part, une société constituée, mais non reconnue par l’Acte uniforme.

La société de fait non constituée, c’est l’hypothèse des personnes qui se comportent
comme des associés sans avoir constitué entre elles une des sociétés prévues par l’Acte
uniforme. C’est le cas, par exemple, du concubinage qui allègue l’existence d’une convention
pour réclamer la répartition des bénéfices qu’une entreprise commune aurait généré.

On parle de société créée de fait, lorsque la société a été constituée sans faire l’objet
d’un écrit, et par conséquent elle ne peut être immatriculée. Remarquons que, les règles de la
société en nom collectif sont applicables à l’organisation et au fonctionnement des sociétés de
fait et créées de fait.

Section 2 : La Société à Responsabilité Limitée (SARL)

Elle est régie par les arts. 309 à 384 de l’AU. Avant la signature du traité de l’OHADA,
dans la plupart des pays africains membres à ce jour de l’Organisation, c’est la loi française du
7 mars 1925 et ses modifications qui régissaient la SARL, à l’exception du Sénégal, de la
Guinée, du Mali et de Madagascar. Peu coûteuse, et sans contraintes administratives et de
publicité comme dans les SA, la SARL est une société de dimension modeste (comme la SNC),
au statut hybride. Elle présente un certain nombre de spécificités (ses associés ne sont pas des
commerçants, son capital minime, elle peut se créer avec un seul associé personne physique ou
morale, etc.).

La SARL est proche de la SA par le statut des associés, mais diffère de celle-ci par son
fonctionnement, le petit nombre d’associés qui la constitue, et la dimension modeste de sa taille.
La SARL reste le régime préféré pour les PME et PMI, car ses règles de fonctionnement sont
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souples. Aux termes des dispositions de l’art. 309 de l’AU la SARL est : « Une société dans
laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports
et dont les droits sont représentés par les parts sociales ». L’AU précise que la SARL peut être
constituée par deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ou par une personne physique
ou morale. Elle connaît donc deux variantes : la SARL pluripersonnelle (I) et la SARL
unipersonnelle (II).

I- La SARL de type classique ou pluripersonnelle

Elle est constituée par deux associés au moins. C’est une société commerciale par la
forme (quel que soit son objet) soumise à l’impôt sur les sociétés. La SARL pluripersonnelle a
une nature mixte, car elle participe à la fois de la nature des sociétés de personnes et celle des
sociétés de capitaux.

A- La constitution

Elle doit remplir les conditions de fond et de forme de constitution de toutes sociétés
commerciales. Les associés n’ayant pas la qualité de commerçant, un mineur ou un majeur
incapable peuvent être associés dans une S.A.R.L. Ainsi, deux époux peuvent être associés dans
une S.A.R.L dans la mesure où la responsabilité des associés est limitée aux apports. L’Acte
uniforme notamment son art. 311 exige comme capital social la somme de un million au moins
et divisé en parts sociales. En principe, la SARL ne peut être définitivement constituée que si
toutes les parts ont été réparties entre les associés dans l’acte de société ou ont été intégralement
libérées et déposées en banque ou en l’étude d’un notaire (art. 313 de l’AU).

Les apports doivent être libérés au moment de la constitution de la société. La libération


et le dépôt des fonds doivent être constatés par un notaire au moyen d’une déclaration notariée
de souscription et de versement. Le capital social est divisé en parts sociales égales dont la
valeur nominale ne peut être inférieure à cinq milles francs. L’apport en nature est évalué par
tous les associés ou par un Commissaire aux Comptes, lorsque sa valeur est supérieure à cinq
millions francs (art. 312 de l’AU). Les apports en industrie y sont interdits à cause de leur
exécution successive.

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B- Le fonctionnement

Aux termes de l’acte uniforme, la SARL est gérée par une ou plusieurs personnes
physiques associées ou non. Les gérants peuvent être statutaires ou non. Leur fonction peut-être
gratuite ou rémunérée. Conformément à l’art. 326 de l’AU, le ou les gérants sont nommés ou
non par les statuts et sont révocables pour justes motifs. Toute clause contraire à cette
disposition est réputée non écrite. Le gérant est révoqué par une décision des associés
représentant plus de la moitié des parts sociales, ou par les juges. Le gérant associé qui possède
plus de 50% de parts sociales est irrévocable. Cependant, un associé peut solliciter sa révocation
judiciaire (art. 326, al. 2 de l’AU). La révocation du gérant sans justes motifs permet de
réclamer des dommages et intérêts. Le ou les gérants sont nommés pour une durée de quatre
ans, en l’absence de toute disposition statutaire. Ils sont rééligibles (art. 324 de l’AU). Le gérant
peut aussi démissionner. Qu’il s’agisse de la nomination, révocation ou démission du gérant,
elles doivent être publiées dans le RCCM.

Les clauses statutaires qui limitent les pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers.
En outre, la société est engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas de l’objet
social. L’engagement de la SARL, est cependant écarté si la preuve est rapportée que le tiers
savait que l’acte accompli par le dirigeant dépassait l’objet social ou qu’il ne pouvait l’ignorer
compte tenu des circonstances.

Conformément au droit commun, le ou les dirigeants de la SARL sont responsables


individuellement ou solidairement envers la société des fautes commises dans la gestion de la
société, mais aussi envers les tiers lésés par tout acte illicite. Dans leur mission, ils sont investis
des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société. A l’égard
des associés, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. Cependant,
il leur est interdit aussi qu’à leurs conjoints, descendants et ascendants de contracter sous
quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société ; de se faire consentir par elle un
découvert en compte-courant ou autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par elle
leurs engagements envers les tiers. Enfin, dans l’exercice de leur mission, les gérants engagent
leur responsabilité civile. L’action en responsabilité se prescrit par 3 ans.

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C- Dissolution de la SARL

En plus des causes communes de dissolution communes à toutes les sociétés (arrivée du
terme convenu, la réalisation ou l’extinction de l’objet social, l’annulation de la société, la
liquidation des biens, les causes statutaires, la dissolution anticipée, la renonciation, la réunion
de toutes les parts entre une seule main (pour certaines sociétés), la dissolution judiciaire, etc.),
la SARL comporte des causes propres de dissolution. Il s’agit, selon l’art. 368 de l’AU, de la
réduction du capital, en dessous du minimum légal (art. 371 de l’AU). En cas de dissolution
de la société, le partage de l’actif social se fait proportionnellement aux apports, sauf clause
contraire des statuts. S’il y a perte, la responsabilité des associés sera limitée au montant de
leurs apports. Dans ces divers cas, l’AU offre la possibilité de procéder à la régularisation de la
situation. Les événements qui atteignent personnellement les associés (l’interdiction, la faillite
ou l’incapacité d’un associé) n’entraînent pas la dissolution de la société, malgré l’intuitu
personae (art. 384 de l’AU). C’est aussi pourquoi, la mort d’un associé n’est pas, en principe,
une cause légale de dissolution.

II- La SARL unipersonnelle

A l’instar du législateur français du 11 juillet 1985 qui a créé l’entreprise unipersonnelle


à responsabilité limitée, le législateur de l’OHADA a institué la SARL d’un seul associé dans
le but de résoudre les problèmes des entreprises individuelles, sans qu’elles aient à se
transformer en société de façade et d’encourager la création d’entreprises. La SARL
unipersonnelle vient ainsi répondre au souci des professionnels qui ont toujours voulu avoir une
structure juridique qui limite leur responsabilité, assurer la pérennité de leur entreprise et leur
donner le statut fiscal plus attrayant. Autrement dit, limiter les effets de l’entreprise individuelle.

Le régime juridique de la SARL unipersonnelle reste celui appliqué à la SARL


classique. Toutefois, quelques adaptations inhérentes à sa constitution et son fonctionnement
sont nécessaires. Ceci étant, nous analyserons ses caractères généraux (A), sa constitution (B)
et son fonctionnement (C).

A- Caractères généraux

La SARL unipersonnelle est une personnalité morale, et l’associé unique a une


responsabilité limitée. Contrairement aux autres sociétés, elle est la résultante d’une seule
volonté. Par conséquent, il n’y a pas de contrat social – mais un acte unilatéral – ni d’affectio
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societatis. Sur le plan fiscal, si l’associé unique est une personne physique, il est assujetti à
l’impôt sur le revenu (I.R.), et s’il est une personne morale, il est assujetti à l’impôt sur les
sociétés (I.S.).

B- Constitution

Les conditions de constitution et de validité de la SARL unipersonnelle sont identiques


à celles de la SARL classique. Cependant, une personne physique ou morale peut créer plusieurs
SARL unipersonnelle. Une SARL unipersonnelle ne peut être associée unique d’une autre
SARL unipersonnelle. L’associé unique fait un apport en numéraire ou en nature de manière à
doter l’entreprise de capital minimum de 1.000.000 FCFA. La société doit également avoir une
dénomination sociale dans laquelle figure le nom de l’associé unique. Elle doit avoir un siège
social et une domiciliation précise.

C- Fonctionnement

La SARL unipersonnelle obéit aux mêmes règles de fonctionnement que celles de la


SARL classique. Dans le cadre de la gestion de la société, l’associé unique peut se verser des
appointements1 , mais ne doit pas confondre les deux patrimoines. Il a le statut social et fiscal
d’un non salarié. Lorsque la gestion est confiée à un tiers, juridiquement il est mandataire de la
société, mais sur le plan fiscal et social, il a le statut d’un salarié.

Pour le contrôle de la société, les attributions de l’assemblée générale, dans le cas de la


SARL unipersonnelle, sont exercées par l’associé unique. Toutefois, il n’a pas l’obligation de
se convoquer. Les décisions sont, à peine de nullité, consignées dans un registre. Les
conventions passées entre le gérant et la société, sont soumises aux mêmes règles que dans une
SARL pluripersonnelles et doivent être mentionnées dans le registre des délibérations.
L’associé doit approuver les conventions réglementées2 . L’intervention d’un Commissaire aux
Comptes est possible si les seuils fixés par la loi sont atteints.

Enfin, les causes de dissolution sont, à l’exception de la réunion de toutes les parts en
une seule main, celles de la SARL pluripersonnelle.

1 Salaire fixe attaché à un emploi régulier


2 Contrat entre la société et son gérant ou l’un de ses associés

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Section 3 : Les sociétés de capitaux

Dans le droit communautaire, on distingue deux types de sociétés de capitaux : la


Société Anonyme (sous-section 1) et la Société par Action Simplifiée (sous-section 2).

Sous-section 1 : La Société Anonyme (SA)

La SA est l’une des sociétés par actions. Selon les dispositions de l’art. 385, al. 1 de
l’AU, la société anonyme est « une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables
des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont
représentés par des actions ». La SA est ainsi une société de capitaux dont l’actionnaire a une
responsabilité limitée à l’égard de la dette sociale, et dont les droits des associés sont représentés
par des actions.

De fait, c’est au XIXème que la SA s’est développée notamment lorsque l’industrie a eu


besoin de capitaux davantage importants qu’un individu, pris isolément, ne pouvait posséder.
En France, par exemple, la suppression en 1867 de l’autorisation gouvernementale, jusque-là
nécessaire, a de plus facilité sa création. C’est dans cette optique, que Ripert l’a considérée
comme étant « le merveilleux instrument juridique du capitalisme moderne ». Depuis la
législation française de 1966, se sont développées les SA avec directoire, dont la direction est
collégiale. Cette forme a été empruntée au droit allemand comme la SARL.

A l’origine adaptée à la gestion des grandes entreprises, de nombreuses PME choisissent


désormais cette forme, avec notamment le concours du nouveau droit qui préconise la création
d’une SA unipersonnelle. Contrairement à toutes les autres formes de sociétés, la SA reste la
forme qui a été le plus profondément modifiée par l’AU de l’OHADA. Auparavant, dans la
plupart des pays africains, y compris le Gabon, c’est la loi française du 24 juillet 1867,
complétée par la loi du 4 mars 1943 qui régissait la SA. En revanche, après avoir supprimé la
société en commandite par action et instauré la SA unipersonnelle, l’AU de l’OHADA a apporté
d’importantes innovations sur la constitution et son fonctionnement, et très peu de dispositions
nouvelles ou particulières sur sa dissolution. Ainsi, après un examen de la constitution (A) de
la SA, nous verrons son fonctionnement (B), son contrôle (C) et sa dissolution (D).

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A- Constitution de la SA

Les conditions de fond et de forme de la constitution de la SA sont les mêmes que pour
toutes les sociétés commerciales. L’AU impose un capital social d’au moins 10.000.000 FCFA,
divisé en action dont le montant nominal ne peut être inférieur à 10.000 FCFA. Les actions
souscrites en numéraires doivent être libérées du quart au moins de leur montant nominal lors
de la souscription, le solde devant être libéré dans les trois ans qui suivent, à compter de
l’immatriculation de la société au RCCM. Les sommes libérées et remises aux fondateurs
doivent être déposées soit en l’étude d’un notaire, soit dans une banque avec la liste des
souscripteurs et le montant versé par chacun d’eux sur un compte spécial ouvert au nom de la
société en formation et cela dans un délai de 8 jours à compter de la réception des fonds.

Cependant, lorsque la société fait appel public à l’épargne ou lorsque ses titres sont
inscrits à la bourse de valeurs, le capital minimum exigé est de 100.000.000 de FCFA. Aux
termes de l’Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales, sont réputées faire publiquement
appel à l’épargne, les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d’un État partie
à dater de l’inscription de ces titres ; les sociétés qui, pour offrir au public d’un État partie des
titres quels qu’ils soient, ont recours soit à des établissements de crédit ou agents de change,
soit à des procédures de publicité quelconque, soit au démarchage.

Les apports en nature doivent être intégralement libérés à la souscription et leur valeur
vérifiée par un Commissaire aux apports. La SA peut comprendre qu’un seul actionnaire : la
SA unipersonnelle (art. 385, al. 2 de l’AU).

La constitution d’une SA requiert également l’établissement des statuts établis par un


acte notarié, ou par tout acte offrant les garanties d’authenticité déposé avec reconnaissance
d’écriture de toutes les parties au rang des minutes d’un notaire. Elle nécessite des bulletins de
souscription, de dépôt (chez un notaire ou dans une banque domiciliée dans l’État où se situe
le siège social de la société) de fonds et la déclaration notariée de souscription et de versement,
l’immatriculation au RCCM.

Dès l’immatriculation, les administrateurs peuvent retirer les fonds en dépôt et débuter
l’activité de la société. Le bulletin de souscription est établi par les fondateurs de la société en
deux exemplaires, l’un pour la société, et l’autre pour le notaire. Ce bulletin comprend
l’indication du dépositaire chargé de conserver les fonds jusqu’à l’immatriculation de la société

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; l’indication du notaire chargé de dresser la déclaration de souscription et de versement. Quelle


que soit la forme choisie, SA classique ou unipersonnelle, les statuts doivent contenir certaines
mentions obligatoires, notamment la dénomination sociale, l’objet de la société, son siège, sa
durée et le montant des apports en numéraire et l’identité des apporteurs, l’évaluation des
apports en nature, le montant du capital social.

B- Organisation et fonctionnement de la SA

L’organisation et le fonctionnement de la SA se distingue à travers trois organes, à


savoir les organes de gestion, de délibération et les organes de contrôle. De manière générale,
la gestion de la SA peut être confiée soit au Conseil d’administration et à son président (SA
avec conseil d’administration), soit un administrateur général (SA avec administrateur général),
ou par l’Assemblée générale.

1- La SA avec Conseil d’administration.

Un Conseil d’administration assure l’administration de la société. Le CA est composé


d’administrateurs qui vont nommer les dirigeants sociaux. Les premiers administrateurs sont
nommés par les statuts ou par l’assemblée générale constitutive. En cours de vie sociale, ils sont
désignés par l’assemblée générale ordinaire. Ils sont soit actionnaires ou non. Le nombre
d’administrateur est de trois (3) au moins et de douze (12) au plus. Lorsque la SA fait appel
public à l’épargne, le CA est composé au moins de trois (3) membres et de quinze (15)
membres au plus, lorsque ses actions sont admises en bourse de valeur.

Par ailleurs, un administrateur peut appartenir simultanément à plus de cinq (5) conseils
d’administration de société anonyme ayant leur siège sur le territoire d’un Etat membre de
l’OHADA. C’est l’assemblée générale ordinaire qui révoque les administrateurs. Ceux-ci
peuvent également démissionner. Les fonctions d’administrateurs ne sont pas gratuites. Outre
la rémunération perçue dans le cadre d’un contrat de travail, les administrateurs perçoivent deux
catégories de rémunération : une somme fixe annuelle à titre d’indemnité de fonction
déterminée souverainement par l’assemblée générale ordinaire. Des rémunérations
exceptionnelles pour les missions et mandats qui leur sont confiées, ou à des remboursements
pour les frais de voyage, de déplacement et dépenses engagées dans l’intérêt de la société. Les
administrateurs sont révocables à tout moment par l’assemblée générale ordinaire.

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a- Les pouvoirs du CA

Le CA est présidé par le président du Conseil d’administration (PCA). Celui-ci,


convoque et préside les réunions du conseil et les assemblées générales des actionnaires. Sous
réserve des pouvoirs qui sont reconnus aux autres organes de la société, le CA dispose des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société (art. 435 de
l’AU). Ainsi, le CA indique les objectifs de la société et l’orientation de son administration. Il
exerce un contrôle permanent de la gestion qui est assurée par la direction. Il arrête les comptes
de chaque exercice. Le CA peut également confier à un ou plusieurs de ses membres, tous
mandats spéciaux pour un ou plusieurs objets déterminés (art. 437 de l’AU).

b- La direction de la société

La direction de la SA peut être assurée par un directeur général (DG) distinct du


président du CA ou par le président du Conseil d’administration (PCA) qui est alors président
directeur général (PDG). Le PDG est un administrateur nommé par le CA. La durée de son
mandat est limitée à trois (3) ans. Il préside les réunions des conseils d’administration et des
assemblées générales. Il peut être rémunéré à travers un contrat de travail le liant à la société.
Quant au DG, il est également nommé par le CA, mais à la différence du PDG, il peut ne pas
être un administrateur ou un associé de la société. Tout comme le PDG, le DG assure la direction
générale de la société. Le PDG ou le DG bénéficie des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toutes circonstances au nom de la société.

A l’égard des tiers, la société est engagée même par des actes de la direction qui ne
relèvent pas de l’objet social. Les limitations statutaires de pouvoirs ou celles décidées par le
CA ou les assemblées sont inopposables aux tiers de bonne foi.

2- La SA avec administrateur général

Si la société est unipersonnelle ou est constituée au plus de trois (3) personnes, elle ne
peut constituer un conseil d’administration. Dans ce cas, il sera nommé un administrateur
général assisté ou non d’un adjoint. Il est désigné soit dans les statuts ou par l’assemblée
générale constitutive pour un mandat qui ne peut excéder deux (2) ans, soit par l’assemblée
générale ordinaire pour un mandat ne pouvant excéder six (6) ans.

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La SA avec un administrateur général a été instituée par le législateur pour attirer des
investisseurs étrangers en Afrique et ce en assouplissant des structures de gestion de la société.
L’Administrateur général assure l’administration et la direction générale de la société et la
représente dans ses rapports avec les tiers. Il convoque et préside les assemblées générales des
actionnaires. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir, en toutes circonstances, au
nom de la société. L’administrateur général peut être rémunéré à travers un contrat de travail.
Il lui est alloué une indemnité annuelle fixe de fonction, des rémunérations exceptionnelles pour
les déplacements pour le compte de la société et des avantages.

L’Acte uniforme a prévu des sanctions pour les fautes que pourraient commettre les
dirigeants de la société aussi bien au plan civil qu’au plan pénal, ainsi qu’en cas de redressement
judiciaire et liquidation des biens.

Sur le plan civil et pénal, et indépendamment de la responsabilité éventuelle de la


société, les administrateurs sont responsables individuellement ou solidairement des dommages
causés par leur faute. Au plan civil, toute personne actionnaire ou non, qui subit un préjudice
par la faute d’un dirigeant social, dispose d’une action individuelle pour faire sanctionner son
droit lésé. L’action se prescrit par trois (3) ans pour les délits et dix (10) ans pour les crimes.
Aussi, si le préjudice est causé à la société elle-même, l’action sera intentée par les représentants
de la société ou les actionnaires. Au plan pénal, la loi sanctionne les délits relatifs à
l’administration de la société, ceux relatifs au bilan et aux dividendes, à la tenue des assemblées
générales, au mouvement du capital social et à la dissolution de la société.

S’agissant de la responsabilité des Administrateurs en cas de redressement judiciaire et


de liquidation des biens, l’Acte uniforme relatif aux procédures collectives d’apurement du
passif retient la responsabilité des dirigeants. En effet, dans l’hypothèse d’un règlement
judiciaire ou d’une liquidation des biens, lorsque la procédure fait apparaître une insuffisance
d’actif, le juge peut décider que les dettes de la société seront supportées par les dirigeants en
cas de faute de gestion ayant contribué à cette insuffisance d’actif (arts. 180 et suiv. de l’AU).
C’est dans cette optique, que certaines conventions avec la société sont permises, d’autres non.
Par exemple, il est interdit à l’Administrateur général ou à son adjoint, ainsi qu'à leur conjoint,
ascendant, descendant et à toute personne interposée de contracter sous quelque forme que ce
soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte

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courant ou autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements
envers les tiers.

Exercice d’application n° 3

Causes de dissolution communes des sociétés.

Causes spécifiques de dissolution de la SNC et la SCS.

Responsabilité des associés d’une SCS.

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