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INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE

- BERCK SUR MER -

REEDUCATION D’UNE PERSONNE AGEE


APRES MISE EN PLACE D’UNE PROTHESE
TOTALE DE HANCHE

Etude d’un cas clinique effectuée dans le service de convalescence de l’hôpital de Denain.
Période du stage : du 6 septembre au 15 octobre 2004.

Encadrement médical : Madame le Docteur FABIANEK,


Encadrement masso-kinésithérapique : Monsieur FLAVIGNY, cadre de santé.

Julien DIEU
D.E. Session 2005
SOMMAIRE

RESUME
1) BILANS ET DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE page 1
1-1 Bilan initial du 16 septembre 2004
1-1-1 Anamnèse
1-1-2 Bilan algique
1-1-3 Inspection, Palpation
1-1-4 Bilan cutané
1-1-5 Bilan trophique circulatoire
1-1-6 Bilan articulaire
1-1-7 Bilan musculaire
1-1-8 Bilan fonctionnel
1-1-9 Bilan de l’autonomie
1-1-10 Bilan psychologique
1-2 Diagnostique Kinésithérapique
1-3 Objectifs thérapeutiques
2) TRAITEMENT KINESITHERAPIQUE page 6
2-1 Principes et précautions
2-2 Prévention des troubles thrombo-emboliques et lutte contre l’œdème
2-3 Traitement de la cicatrice
2-4 Lutte contre les douleurs lombaires
2-5 Dominante articulaire
2-6 Dominante musculaire
2-7 Education de la patiente
2-8 Dominante fonctionnelle
3) DISCUSSION page 12
3-1 Résumé des articles
3-2 Réflexion personnelle
CONCLUSION page 16
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME

Au cours d’un stage effectué à l’hôpital de Denain du 6 septembre au 15 octobre 2004, la


rééducation de Mme H. nous a été confiée.

Mme H., 78 ans, a bénéficié le 7 septembre 2004 de la mise en place d’une prothèse totale de
hanche gauche en raison d’une coxarthrose devenue invalidante. Notre prise en charge débute le 16
septembre 2004 soit 9 jours après l’opération.

Une fois le bilan du 16 septembre achevé, nous avons noté la présence de douleurs, d’une
cicatrice, d’un œdème veineux, d’une diminution des amplitudes articulaires et de la force
musculaire au niveau de la hanche opérée. La marche s’en trouve altérée avec la présence d’une
boiterie et d’aides techniques.

Nos objectifs principaux, mis à part la prévention des troubles thrombo-emboliques, sont un
retour à l’autonomie antérieure et une éducation de la patiente sur les règles à respecter dans les
activités de la vie quotidienne afin de prévenir les mouvements luxants [1].
Nos techniques de rééducation ont été basées sur des massages circulatoires et cicatriciels, du
renforcement musculaire analytique et fonctionnel, des mobilisations passives infra-douloureuses,
un important travail fonctionnel (activités supérieures de la marche et travail de l’équilibre), et sur
une dominante éducative théorique et pratique quotidienne.

Après 3 semaines de rééducation, le résultat fonctionnel est satisfaisant : Mme H. marche avec
une canne anglaise et sans boiterie. Les amplitudes articulaires sont fonctionnelles ; pourtant il
demeure une insuffisance du moyen-fessier gauche. L’éducation de la patiente a été globalement
bien intégrée tant d’un point de vue pratique que théorique.
Le pronostic fonctionnel semble donc bien engagé, tout en continuant une rééducation à domicile.

Mots-clés : prothèse totale de hanche, précautions, autonomie antérieure, éducation, kinésithérapie


fonctionnelle.

1) BILANS ET DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE


1-1 Bilan initial du 16 septembre 2004 :

1-1-1 Anamnèse :
Le 7 septembre 2004, Mme H. 78 ans a bénéficié de la mise en place d’une prothèse totale de
hanche gauche cimentée [2] (Annexe 1 et 2) suite à des douleurs engendrées par une coxarthrose
(Annexe 2).
La patiente vit seule dans une maison avec chambre à l’étage. Sa sœur vit à proximité et une aide
à domicile vient faire son ménage deux heures par semaine.
Madame H. fait partie d’un club du troisième âge.

L’appui total est autorisé par le chirurgien et il n’y a pas de trouble des sensibilités superficielle et
profonde du membre opéré.

Antécédents chirurgicaux :
- Prothèse totale de hanche droite en 2002.
Antécédents médicaux :
- Tachycardie supra ventriculaire,
- Phlébite superficielle,
- Douleurs lombaires.
Traitement médical :
- Anticoagulants : Fraxiparine 0,2 mL, 1 fois par jour pendant un minimum de 3 semaines,
- Diantalvic : pour les douleurs lombaires.
Projet du patient [2] :
Madame H. souhaite retourner chez elle et retrouver son autonomie antérieure.

1-1-2 Bilan algique :


La patiente se plaint d’une douleur spontanée au niveau du pli de l’aine gauche, cotée à 2/10 sur
l’échelle visuelle analogique (EVA) qui atteint 6/10 lors de l’appui, ainsi que d’une douleur
chronique au niveau de la région lombaire cotée à 4,5/10 sur l’EVA.

1-1-3 Inspection, Palpation :


Au lit : Mme H. est installée avec un coussin sous le mollet, le membre inférieur gauche en
rotation interne.
Nous notons la présence de nombreux hématomes sur l’ensemble de la cuisse sauf au niveau de la
face antérieure. Un pansement masque la voie d’abord chirurgicale (postérieure), nous ne relevons
aucun signe de phlébite (Annexe 3).
Debout : la patiente porte des bas de contention, les membres inférieurs sont en rotation
neutre, il y a un report d’appui vers la droite, le tronc est légèrement fléchi (attitude en salutation).

1-1-4 Bilan cutané :


- A ce jour : la cicatrice est recouverte par un pansement. Du coté droit, nous remarquons
une cicatrice non adhérente suite à la première opération.
- Le 27/09 : les fils ont été enlevés, la cicatrice mesure 25 cm, elle est adhérente (incapacité
de faire un pli de peau), non boursouflée, non douloureuse.
- Les ongles des pieds ne présentent pas d’anomalies notables.

1-1-5 Bilan trophique circulatoire :


L’œdème localisé au niveau du segment jambier gauche est objectivé cliniquement par un signe
de Stemmer négatif et un signe du Godet positif : il s’agit donc d’un œdème veineux.
Cet œdème est quantifié par la périmétrie: +0,5/+1cm à 10/15cm en dessous de la base de la
patella (Annexe 4).

1-1-6 Bilan articulaire :


La mesure centimétrique épine iliaque antéro-supérieure -malléole interne ne fait pas apparaître
d’inégalité de longueur des membres inférieurs.
Articulation coxo-fémorale : (Annexe 5)
Les mesures goniométriques ont été réalisées sur le mode passif infra-douloureux, les rotations et
l’adduction sont contre indiquées par le chirurgien.
Nous notons une flexion de hanche de 70°, un flexum de 10°, une abduction de 5°.
Articulation du genou et de la cheville :
La patella est mobile, aucune limitation articulaire à noter au niveau du genou et de la cheville.

1-1-7 Bilan musculaire :


Evaluation manuelle de la force musculaire : le déficit de force musculaire au niveau du
membre inférieur gauche se retrouve au niveau du moyen-fessier coté à 2, du grand-fessier coté à
2+, du quadriceps coté à 4 et de l’ilio-psoas coté à 4 (Annexe 6).
Périmétrie : nous notons une fonte musculaire du quadriceps gauche de -1,5/-1cm à 5/10cm
au dessus de la base de la patella (Annexe 4).
Proprioception : lors de l’intervention chirurgicale, le chirurgien n’a conservé que la partie
antérieure de la capsule (Annexe 1). Nous avons donc un nombre réduit de mécanorécepteurs
sauvegardés : la proprioception de la hanche s’en trouve affectée.

1-1-8 Bilan fonctionnel :


Transferts :
La patiente réalise ses transferts allongé-assis, assis-debout, et inversement seule à l’aide de la
potence, mais a tendance à ne pas les faire du bon coté : Mme H. fait son transfert allongé-assis du
coté droit.
Équilibre :
L’équilibre assis est acquis ainsi que les réactions parachutes antéro-postérieures et latérales.
L’équilibre debout bipodal est stable, l’équilibre unipodal droit est tenu au moins 4 secondes et le
gauche est impossible du fait de la douleur. Mme H. n’a pas de contrôle du bassin en position
debout [1]. La patiente n’a pas d’antécédent de chute.
Marche :
Avant l’opération, Mme H. marchait sans aide technique et se rendait à pieds jusqu’au centre ville
pour faire ses courses (150 mètres).
Actuellement Mme H. marche avec une canne anglaise à 3 temps, avec une esquive d’appui à
gauche, une diminution de la longueur du pas droit due au flexum de hanche gauche (lors du
passage du pas le pied droit dépasse à peine le pied gauche), une rotation neutre des membres
inférieurs [2].
Activités supérieures de la marche :
Mme H. sait monter et descendre les escaliers marche par marche mais les consignes ne sont pas
appliquées instinctivement : elle utilise toujours la jambe droite en premier, que ce soit pour monter
ou descendre les marches.
Connaissance des règles requises pour la prévention des mouvements luxants :
Les règles sont en partie acquises (Annexe 7).
1-1-9 Bilan de l’autonomie :
La patiente est autonome dans les activités de la vie quotidienne, il existe cependant une difficulté
pour la toilette des pieds.

1-1-10 Bilan psychologique :


La patiente est gaie et souriante malgré son désir de rentrer chez elle.

1-2 Diagnostic kinésithérapique :


A la suite de la mise en place d’une prothèse de hanche gauche, Mme H. présente comme
anomalies de structure : des douleurs à la hanche, une cicatrice masquée par un pansement, un
œdème veineux du segment jambier gauche, une diminution des amplitudes articulaires de la
hanche opérée avec un flexum de hanche, une diminution de force musculaire portant sur le moyen-
fessier, le grand-fessier, l’ilio-psoas et le quadriceps, une diminution de l’arrivée des informations
proprioceptives au niveau de la hanche gauche. Il en découle des anomalies de fonction : un report
d’appui vers la droite, une absence d’équilibre unipodal gauche, un manque de contrôle du bassin en
position debout, une marche à 3 temps avec une canne anglaise ainsi qu’une diminution de la
longueur du pas droit. La perturbation situationnelle est une hospitalisation à plein temps entraînant
une perte d’autonomie progressive [3].
Mme H présente en plus : - des douleurs lombaires depuis 40 ans,
- une connaissance incomplète des règles à respecter lors de la mise en
place d’une PTH dans les activités de la vie quotidienne.

1-3 Objectifs thérapeutiques : (classés par priorité)


1- Eduquer la patiente sur les règles à respecter dans les activités de la vie quotidienne pour
éviter les mouvements luxants [1],
2- Prévenir les troubles thrombo-emboliques et lutter contre l’œdème [1],
3- Retrouver l’autonomie antérieure et travailler les activités supérieures de la marche,
4- Récupérer les amplitudes fonctionnelles de la hanche : 90° de flexion, 0° d’extension, 20°
d’abduction,
5- Renforcer les muscles déficitaires, en insistant sur le moyen fessier [1],
6- Prévenir les chutes, entretenir l’équilibre,
7- Atténuer les douleurs lombaires,
8- Traiter la cicatrice, lors de l’ablation des fils.
2) TRAITEMENT KINESITHERAPIQUE

2-1 Principes et Précautions :


- Nous pratiquerons une séance de kinésithérapie par jour, 5 jours par semaine [4],
- L’âge et les antécédents médicaux de la patiente nous ferons aménager des temps de repos
fréquents, en surveillant la fréquence cardiaque,
- Lors de la mobilisation nous resterons infra-douloureux,
- Nous respecterons les amplitudes à ne pas dépasser lors de la mise en place d’une PTH et
interdirons le mouvement luxant de flexion-adduction-rotation interne,
- Nous surveillerons l’apparition de troubles thrombo-emboliques et Mme H portera des bas
de contention dès le lever du lit,
- « Tout faire pour la patiente mais ne rien faire à sa place »,
- Bouger c’est vivre, donner les moyens de faire seul, stimuler en permanence [3].
Remarque : nous décrirons le traitement suivant l’ordre dans lequel il a été réalisé lors des séances
de rééducation.

2-2 Prévention des troubles thrombo-emboliques et lutte contre l’œdème :


2-2-1 Prévention des troubles thrombo-emboliques :
Au début de chaque séance, nous recherchons les signes de phlébite qui sont : un mollet
douloureux à la palpation, chaud, rouge avec perte du ballant, une douleur à la flexion dorsale de
cheville. Ces signes seront systématiquement recherchés.
Nous posons les bas de contention au niveau des deux membres inférieurs chaque matin avant le
premier lever et nous les retirons la nuit pour dormir.

2-2-2 Lutte contre l’œdème :


Nous commençons la séance de rééducation par un massage circulatoire du membre inférieur
gauche que nous avons préalablement placé en déclive, la patiente est en position antalgique.
Le massage s’effectue en sept temps :
- pressions statiques au niveau du talon,
- pressions glissées sur la plante du pied,
- pressions statiques sur la tête des métacarpiens,
- pressions glissées sur le dos du pied au niveau des espaces inter-métatarsiens,
- pressions glissées en avant de la malléole médiale et en arrière de la malléole latérale,
- pressions glissées en bracelet face postérieure et postéro-médiale du mollet,
- pressions glissées en rouleau sur la partie interne de la cuisse.
On conseillera à Mme H. d’allonger les jambes sur un tabouret bas lors de la station assise.

Remarque : on évite de masser au niveau de la hanche.

2-3 Traitement de la cicatrice :


Le 27/09/04 : le pansement et les fils ont été enlevés, nous travaillons donc au niveau de la
cicatrice par des manœuvres de massage en rapprochement des berges, en associant de légères
frictions de part et d’autre de la cicatrice.

2-4 Lutte contre les douleurs lombaires :


Parallèlement au massage, nous appliquons de la parafango au niveau des vertèbres lombaires de
Mme H. La boue est appliquée le temps du massage, soit une quinzaine de minutes.

2-5 Dominante articulaire :


Sur table, nous positionnons Mme H. de façon à atténuer son mal de dos gênant lors de la
rééducation : nous l’installons donc les jambes en extension et le tronc redressé d’environ 40°. Cette
position sera appelée : position antalgique.
Le gain articulaire est réalisé au moyen de mobilisations manuelles passives infra-douloureuses.

2-5-1 Gain d’amplitude en abduction de hanche :


Mme H. est en position antalgique, nous utilisons une prise en berceau qui englobe le membre
inférieur gauche, notre contre-prise maintient la hanche droite en abduction, et nous amenons la
hanche gauche vers l’extérieur. Nous demandons à Mme H. de nous informer de ses sensations
douloureuses.

2-5-2 Gain d’amplitude en flexion de hanche :


Le but est de récupérer une flexion d’au moins 90° nécessaire à la station assise.
Mme H. est en position antalgique, la hanche droite est maintenue par une sangle contre la table.
Nous saisissons le membre inférieur gauche au niveau du talon et derrière la cuisse et nous réalisons
une triple flexion, toujours en interrogeant la patiente sur ses sensations algiques.
2-5-3 Gain d’amplitude en extension de hanche :
Mme H. ne supporte pas le décubitus ventral et le décubitus infra-latéral droit est contre indiqué
pour sa PTH droite ; c’est pourquoi la récupération de l’extension s’effectuera lors du travail du pas
postérieur gauche que nous traitons dans la dominante fonctionnelle.

2-6 Dominante musculaire :


Afin de soulager son mal de dos, Mme H. est installée sur la table les membres inférieurs en
rectitude et le tronc redressé de 40°, en position antalgique.
On réalise un renforcement global du membre inférieur gauche axé sur les abducteurs, les
fléchisseurs, les extenseurs de hanche ainsi que sur les extenseurs de genou.
Chaque exercice en concentrique est réalisé sur 2 séries de 10 mouvements avec un temps de
repos variant de 30 secondes à 1 minute entre chaque série. Les exercices en statique sont maintenus
6 secondes avec un temps de repos de 6 secondes.
Au fur et à mesure de la récupération, les résistances seront de plus en plus importantes.

2-6-1 Renforcement de l’éventail fessier :


Le moyen fessier, le tenseur du fascia-lata et le faisceau superficiel du grand fessier ont une
fonction stabilisatrice du bassin dans le plan frontal l’empêchant de s’abaisser lors de la marche.
Nous les travaillerons donc en concentrique et en statique afin de récupérer la force musculaire mais
surtout en excentrique dans leur composante fonctionnelle.

- en décharge :
La patiente est en position antalgique, l’opérateur soutient le membre opéré par une prise en
berceau et maintient le membre inférieur droit en abduction avec la main céphalique. Nous
demandons à la patiente de “pousser sa jambe gauche en dehors de la table”. La patiente réalise
également le travail en statique contre résistance manuelle. Notons que ce travail en flexion de
hanche préalable favorise le travail du tenseur du fascia-lata.

- en charge :
- En appui face aux barres parallèles : marche latérale vers la gauche avec un objet à pousser du
pied gauche de la patiente : le travail est concentrique,
- La patiente réalise également l’exercice du hanché-résisté : Mme H.
est debout et tient par la taille l’opérateur. Ce dernier se place à sa
droite et la pousse vers la gauche ; l’exercice est réalisé en statique, en
concentrique puis en excentrique (figure n°1).

figure n°1
2-6-2 Renforcement des fléchisseurs de hanche :
Patiente en position antalgique, nous sollicitons une chaîne de triple flexion du membre opéré en
plaçant notre main caudale sur le dos du pied et notre main céphalique au dessus du genou. Le
membre contro-latéral est maintenu contre le plan de la table par une sangle. Le travail est réalisé en
dynamique et en statique.

2-6-3 Renforcement du grand-fessier :


Comme nous l’avons évoqué précédemment, le décubitus ventral et infra-latéral droit ne sont pas
des positions envisageables pour le cas de Mme H. ; c’est pourquoi nous ne travaillons le grand
fessier de façon analytique que par le biais de l’exercice du ponté : la patiente est en position
antalgique les bras le long du corps, les membres inférieurs fléchis à 45°. Nous demandons à Mme
H. de décoller les fesses en prenant appui sur les talons, les membres supérieurs sont utilisés pour
maintenir l’équilibre. L’exercice est réalisé 3 fois en statique avec un temps de contraction de 6
secondes, un temps de repos équivalent.
D’un point de vu fonctionnel, nous solliciterons le grand-fessier lors du travail de la marche en
montée sur le parcours de marche extérieur et lors de la montée des escaliers.

2-6-4 Renforcement du quadriceps :


Mme H. est assise en bout de table, avec la main caudale nous appliquons une résistance sur la
tubérosité tibiale gauche et la main céphalique maintient la cuisse: nous demandons à la patiente de
tendre la jambe, l’exercice est effectué en statique et en dynamique.

2-7 Education de la patiente :


Dès le début de la prise en charge, un apprentissage des mouvements luxants est effectué : flexion,
adduction, rotation interne. Nous montrons, sur nous, les trois mouvements individuellement puis
en les associant. Nous remettons à la patiente un guide, qui lui a été lu et expliqué, intitulé :
“ Comment vivre avec sa prothèse ? ” [5] (Annexe) et à chaque séance nous nous assurons de la
compréhension des règles qui n’étaient pas acquises lors de la séance précédente. (Annexe)
A ce jour, nous insistons sur la réalisation des transferts allongé-assis et assis-allongé, les demi-
tours en soulevant les pieds, la station debout sans déhanchement, la monté-descente des escaliers,
la monté-descente d’une voiture, la façon de porter une charge (Annexe).

2-8 Dominante fonctionnelle :


C’est la partie la plus importante de la rééducation pour le retour à l’autonomie antérieure.

2-8-1 Travail du transfert de poids entre les barres parallèles :


En progression on demande à la patiente de s’appuyer le moins possible sur les barres. Tous les
exercices suivants visent à favoriser le report d’appui à gauche ; on propose :
- un travail sur deux balances qui permet à la patiente de
visualiser le poids qu’elle reporte sur les membres inférieurs (figure
n°2). Avec puis sans contrôle visuel, Mme H. essaie de retrouver un
appui équilibré sur les membres inférieurs.

figure n°2

- la poussée avec le pied droit d’un objet au sol,


- le franchissement par le membre inférieur droit d’obstacles de longueur et de hauteur
différentes et progressives.

2-8-2 Apprentissage de la montée/descente des escaliers :


Au domicile, la rampe des escaliers se situe à gauche dans le sens de la montée. La patiente
montait les escaliers normalement à l’aide de la rampe, mais les descendait marche par marche.
- Face aux escaliers, Mme H. saisit la rampe avec sa main gauche et garde sa canne dans la
main droite.
- Pour la montée, nous lui apprenons à placer la jambe
non opérée sur la première marche, puis la canne et ensuite à
ramener la jambe opérée au même niveau et pour la descente
c’est le phénomène inverse : d’abord la canne, puis la jambe
opérée et enfin la jambe “ saine ” ( en positionnant cette fois la
canne dans la main gauche) (figure n°3). figure n°3

2-8-3 Travail de l’équilibre debout et du contrôle du bassin :


Les exercices sont réalisés dans les barres parallèles :
- Mme H. se tient debout, les pieds légèrement écartés, sans
s’appuyer sur les barres. Nous la déséquilibrons dans toutes les
directions en établissant une progression : auto-déséquilibre puis
déséquilibre provoqués par l’opérateur, avec puis sans avertissements,
yeux ouverts puis fermés, en diminuant le polygone de sustentation (figure
n°4).

figure n°4
- En unipodal droit, Mme H. essaie de garder le bassin horizontal sans s’appuyer sur les
barres. L’exercice est réalisé également en unipodal gauche, mais l’appui sur les barres est plus
important. La patiente tient la position 6 secondes.

2-8-4 Travail de la longueur du pas droit :


Nous disposons entre les barres parallèles des marques au sol. En progression
ces marques seront de plus en plus éloignées et l’appui sur les barres tendra à
disparaître. Mme H. doit placer les pieds sur les marques et effectuer des
allers et retours dans les barres (figure n°5).

figure n°5

2-8-5 Applications des règles lors des activités de la vie quotidienne :


L’appartement de réadaptation à la vie quotidienne est utilisé pour la réalisation des activités de la
vie courante en tenant compte des règles à respecter.

- Mme H. y réalise ses transferts : le transfert allongé-assis se


réalise du coté gauche du lit, le transfert assis-allongé se réalise du coté
droit (figure n°6). Ces techniques ont pour buts d’éviter l’adduction de la
jambe opérée.

figure n°6: transfert


allongé-assis
- La patiente utilise sa “pince” pour ramasser des objets en se
penchant latéralement du coté gauche (figure n°7), et on l’encourage à se
servir d’un balai et d’un ramasse poussière à long manche pour le ménage.
- Pour prendre une casserole dans le placard situé sous l’évier,
Mme H. s’appui sur la main droite et sur la jambe droite, puis elle incline
le corps en avant en même temps qu’elle lève la jambe opérée vers
l’arrière (technique du balancier).
figure n°7

2-8-6 Travail des activités supérieures de la marche :


Mme H travaille :

- la marche vers l’arrière,


- les changements brusque de direction,
- les accélérations soudaines,
- les demi-tours en soulevant les pieds,
- le parcours d’obstacles (figure n°8),
- le parcours extérieur de marche sur terrains variés, en
montée/descente.
figure n°8
3) DISCUSSION

3-1 Résumé des articles :


3-1-1 Encyclopédie pratique de masso-kinésithérapie : « L’arthroplastie de hanche. »
Après un rappel des principaux types d’interventions et des principes kinésithérapiques, les
auteurs distinguent 2 phases de rééducation, et décrivent pour chacune d’entre elles un bilan initial
et final ainsi que le traitement kinésithérapique. Dans le cadre de notre étude, notre attention se
portera principalement sur la voie d’abord postéro-externe sans trochantérotomie.
La rééducation durant la première phase (J+1 à J+12) est biquotidienne et réalisée 5 fois par
semaine. Le premier lever est réalisé à J+1. Les objectifs sont d’obtenir une flexion de hanche de
80°, une extension de quelques degrés, une tonicité musculaire et fonctionnelle satisfaisante ainsi
qu’une autonomie du patient avec les béquilles.
Lors de la seconde phase, la prescription kinésithérapique n’est plus systématique pour bon
nombre de chirurgiens. Les objectifs sont la récupération fonctionnelle, la stabilité pelvi-crurale,
l’indolence si possible, la récupération de la mobilité et de l’endurance musculaire.
Les auteurs abordent ensuite succinctement la rééducation dans les cas particuliers (après luxation,
descellement…)
En conclusion, il est dit que l’éducation du patient constitue le temps essentiel de la rééducation.

3-1-2 « Evaluation de l’intégration de l’éducation prophylactique des luxations pour les


patients porteurs d’une prothèse totale de hanche. »
Cette étude réalisée sur 89 patients porteurs de prothèse totale de hanche a permis de contrôler à
J+45 l’intégration des règles à respecter dans les activités de la vie quotidienne pour éviter les
mouvements luxants.
L’étude est composée de 2 questionnaires distribués lors de la consultation post-opératoire à
J+45 : l’un, distribué par la secrétaire, est remplit par le patient et teste les connaissances théoriques,
l’autre est remplit par le chirurgien alors qu’il observe le patient lors de l’application pratique des
règles à respecter.
Les auteurs jugent que les bonnes réponses données en pratique ont plus de valeur que les
réponses théoriques.
En conclusion, les auteurs démontrent que les conseils les plus difficiles à appliquer sont le demi-
tour et le lever du lit. Malgré des conseils clairement énoncés durant l’hospitalisation, certains
patients ont du mal à les appliquer. Faut-il donner des conseils sous une autre forme ? Peut-on
vraiment diminuer le risque de luxation ?

3-1-3 « Epistémologie de la rééducation fonctionnelle.»


Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, l’homme « infirme » n’est pas reconnu voire même
rejeté par la société. Au cours du temps, les guerres, le vieillissement de la population et les progrès
médicaux ont généré un nombre croissant de personnes nécessitants des soins. Petit à petit, la notion
de « fonction » apparaît. Les rééducateurs ne se contentent plus seulement de traiter les symptômes,
ils se préoccupent également de la nécessité de restaurer l’autonomie du patient.
Les mots « incapacité », « déficience » et « handicap » sont définis et différenciés.
Par la notion de « handicap », il ne s’agit plus de séparer l’individu de son contexte. Autour du
mot « handicap » se créé une dynamique rééducative de recherche de tous les moyens permettant de
minimiser l’incapacité d’un patient dans le plus grand nombre de ses activités de la vie quotidienne.
De nos jour, le « handicap » n’est plus une fatalité.

3-2 Réflexion personnelle


Lors de la rééducation de Mme H., nous avons dû tenir compte du fait que la patiente possédait
déjà une PTH droite.
Nos 2 objectifs principaux de rééducation étaient : le retour à l’autonomie antérieure et la
prévention des luxations par une éducation quotidienne.
Dans le premier article sur l’arthroplastie de hanche, les auteurs prônent une rééducation
biquotidienne 5 jours par semaine jusqu’au douzième jour post opératoire. De J+9, date du début de
notre prise en charge, à J+12 Mme H., quant à elle, n’a bénéficié que d’une séance par jour. En
effet nous pensons qu’étant donné l’âge de la patiente, il était plus raisonnable de faire une séance
le matin avec temps de repos adaptés à l’état de fatigue et ensuite de laisser la patiente se reposer.
Pendant l’unique séance journalière les temps de repos étaient adaptés, et nous avons associé
l’analytique, le fonctionnel et l’éducation.
Comme nous l’avons vu dans l’article, pour beaucoup de chirurgiens, la kinésithérapie n’est plus
systématique après J+12 pour un bon nombre de patients. C’est sans doute vrai pour certains
patients, mais dans le cas de Mme H. les règles pour éviter les luxations n’étaient pas encore bien
connues, et les amplitudes articulaires n’étaient pas suffisantes (persistance d’un flexum de hanche
et abduction très limitée) pour permettre un arrêt de la rééducation.
Rappelons que la base de la rééducation en gériatrie est la marche qui est essentielle au maintient de
l’autonomie en luttant contre le syndrome de régression psychomotrice. De plus, la restriction
d’activité, quelque’en soit le motif, conduit rapidement par le biais de la non-utilisation à une
dégradation de la stabilité du patient pouvant entraîner un risque de chute accru. C’est pourquoi le
premier lever devra être réalisé le plus précocement possible, afin que la remise à la marche puisse
être effectuée dans les plus brefs délais.
Les auteurs insistent sur le fait que l’éducation du patient constitue un temps essentiel de la
rééducation. Nous sommes tout à fait de cet avis considérant que chez la personne âgée il faut éviter
au maximum les hospitalisations source de perte d’autonomie. Chez les patients porteurs d’une
PTH, l’un des risques de retour à l’hôpital : c’est la luxation. Prévenir les luxations est donc un rôle
essentiel du rééducateur qui ne peut être réalisé qu’en partenariat avec le patient.
Dans l’article sur l’intégration de l’éducation prophylactique des luxations, les auteurs parviennent
à la conclusion que certains conseils comme le demi-tour et le lever du lit sont difficilement
appliqués chez les patients porteurs d’une PTH. Leur éducation est basée sur une unique séance
collective réalisée entre J+5 et J+10 post-opératoire. Nous pouvons nous demander si cette unique
séance collective est suffisante et s’il ne vaudrait pas mieux faire une éducation quotidienne
individuelle parallèlement aux séances de rééducation. Pour notre part, la patiente a suivi ce type de
séance durant toute la durée du traitement kinésithérapique et nous sommes parvenus à des résultats
plus satisfaisants en théorie, mais pas parfaits d’un point de vue pratique. Peut être les moyens mis
en œuvre lors de la rééducation ont-ils été insuffisants ou alors faudrait-il trouver une autre méthode
d’éducation?
L’article intitulé : « Epistémologie de la rééducation fonctionnelle », bien que non spécifique à
notre étude, est très intéressant car il met en évidence le fait que deux individus ayant des
incapacités (anomalies de fonction) égales, présentent des handicaps (perturbations situationnelles)
différents suivant le contexte précis dans lequel ils se trouvent. En effet, le handicap est issu de
l’interaction entre le déficit fonctionnel et une situation particulière. Ceci nous prouve donc bien
que pour palier à la perte d’autonomie de Mme H., c’est sur la restauration de la fonction que doit se
concentrer la plus grande partie de nos efforts.
Il existe une littérature importante sur la prothèse totale de hanche, cependant nous avons été
frappé par le fait que la plupart des articles traitent de la rééducation après PTH sans se pencher
vraiment sur « le type de patient » auquel se destine cette intervention: en règle générale ce sont des
patients relevant plus de la gériatrie que de la simple traumatologie, c’est pourquoi aurait-il peut être
mieux valu mettre l’accent sur le coté fonctionnel de la rééducation plutôt que sur le coté analytique.
En effet, chez les personnes âgées la rééducation a une visée fonctionnelle, l’analytique n’étant
réalisé que dans un but de gain fonctionnel.

Lors de la prise en charge de Mme H., nous nous sommes retrouvés confrontés à l’existence
de douleurs lombaires qui nous ont gênées lors de la rééducation. Il a également fallu tenir compte
de la présence d’une deuxième PTH. C’est pourquoi, nous retiendrons de cette expérience que nous
ne rééduquons pas une pathologie, un cas clinique, mais une personne porteuse de cette pathologie
dans le sens où nous devons perpétuellement adapter notre rééducation au patient et ne pas chercher
à tout prix à appliquer des techniques enseignées mais plus ou moins irréalisables hors contexte.

CONCLUSION
Après 3 semaines de rééducation, soit 30 jours après son opération, Mme H. retourne chez elle et
bénéficie de 15 séances de rééducation à domicile.

Le 07 octobre 2004, les amplitudes articulaires de la hanche gauche sont fonctionnelles, il


demeure un déficit important du moyen fessier (cotée à 2+).
Mme H. est autonome et marche seule avec une canne anglaise sur une distance supérieure à 100
mètres à l’extérieur. Les escaliers sont montés et descendus correctement marche par marche.

La poursuite de la prise en charge de kinésithérapie libérale devra s’attarder sur :


- un gain en extension de hanche,
- un renforcement du moyen fessier,
- un travail de proprioception de la hanche gauche une fois que les douleurs auront
totalement disparues,
- une ablation de l’aide technique à la marche qui devra se faire progressivement en s’étalant
sur plusieurs jours. Pour éviter les séquelles de boiterie, l’ablation de la canne anglaise s’effectuera
lorsque les douleurs à l’appui au niveau de la hanche auront totalement disparues.
- le travail de l’équilibre et des réactions parachutes qui reste le premier rempart dans la
prévention des chutes.

A long terme, une fois que la hanche sera « oubliée », nous espérons une reprise totale des activités
antérieures, un maintient de l’autonomie le plus longtemps possible et ainsi permettre à Mme H. de
donner de la vie aux années.

BIBLIOGRAPHIE
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un rapport de consensus. KS. 1996, n° 357, pp. 58-59.

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