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1.1.

Ecole El Moutanabi
C’est une école publique située dans la ville de El Jadida. Elle est indépendante et ne fait donc pas
partie d’un groupe scolaire. Elle compte 1014 élèves au total dont 921 élèves en primaire et le reste en
préscolaire et 27 professeurs (11 hommes et 16 femmes), ainsi que le directeur, les assistants techniques
qui s’occupent du ménage et le gardien s’occupant de la sécurité. L’école compte 16 cas d’enfants à besoins
spécifiques qui sont accompagnés chacun par un proche ou un spécialiste.
L’école est composée de 16 salles destinées à l’enseignement, d’une bibliothèque inaugurée à la fin
de mon stage, d’une salle sportive, du bureau du directeur, des lieux sanitaires, de deux petites cours et
d’un terrain de football. Tout le complexe est entouré d’un mur d’enceinte qui le protège des vols entre
autres.
L’école compte 6 niveaux pour le primaire avec plusieurs groupes par niveaux et deux niveaux pour
le préscolaire (une classe de MS et deux classes de GS). Il y a 27 classes d’enfants au total, comme le
nombre d’enseignants. Chaque classe compte généralement entre 30 et 40 élèves. Tous les professeurs
sont censés être bilingues arabe-français : 13 enseignants s’occupent de l’arabe (langue arabe classique,
éducation islamique, histoire et géographie) et les 14 autres du français (langue française, math et
sciences). Les enseignants peuvent choisir leur niveau et la langue d’enseignement qu’ils vont donner. S’ils
ne s’entendent pas, c’est alors le directeur qui tranche.
Afin de construire les horaires et les groupes classe, le directeur a pris en compte le nombre de
salle et le nombre d’enseignants. Les enfants sont séparés en deux groupes : un groupe reprenant les
enfants de 1-2-3 et un autre ceux de 4-5-6. Lorsqu’un groupe est à l’école, l’autre est à la maison et
inversement. Les lundis, mercredis, jeudis et samedis, les deux groupes s’alternent et vont donc à l’école
deux fois sur la journée. Les mardis et vendredis, ils vont une demi-journée complète à l’école. En outre,
comme il y a généralement au moins deux classes par année, lorsqu’une classe est avec le professeur
d’arabe, l’autre est avec celui du français et après la pause ou au retour de la maison, ils échangent.
Lundi, mercredi, jeudi et samedi Mardi et vendredi
9h – 10h50 Groupe 1-2-3 ou 4-5-6 9h – 10h50 Groupe 1-2-3 ou 4-5-6
11h – 13h35 Groupe 4-5-6 ou 1-2-3 11h – 12h35 Groupe 1-2-3 ou 4-5-6
13h45 – 16h20 Groupe 1-2-3 ou 4-5-6 14h30 – 16h20 Groupe 4-5-6 ou 1-2-3
16h30 – 18h05 Groupe 4-5-6 ou 1-2-3 16h30 – 18h05 Groupe 4-5-6 ou 1-2-3
Dans les classes, les bancs sont généralement positionnés en rangées. Elles sont parfois décorées
par les enseignants, mais certains ont abandonné d’investir dans de la décoration parce qu’ils peuvent être
changés de salle d’une année à l’autre. Chaque enseignant possède dans la classe une petite armoire
sécurisée par un cadenas pour ranger son matériel, son tablier et s’il le souhaite les cahiers ou manuels des
élèves. Le matériel est assez limité et les enseignants utilisent surtout les craies blanches, parfois une latte.
Ils écrivent énormément au tableau. Les enseignants n’ont pas de matériel pour les activités artistiques ou
scientifiques. Certains ramènent parfois du matériel de la maison quand c’est possible ou encore utilisent
d’anciens projets réalisés et offerts par des élèves. En effet, certains enfants motivés et/ou accompagnés
par leurs parents réalisent tous les projets à la maison.
J’ai découvert durant ce stage la richesse que peut procurer l’observation d’instituteurs variés et j’ai
beaucoup apprécié cette opportunité car, même si j’en étais consciente, j’ai découvert en direct grâce à
celle-ci la multiplicité des pratiques enseignantes et des personnalités des enseignants. Un enseignant n’est
pas l’autre. Un enseignant faisait preuve d’une grande bienveillance tout en marquant son autorité auprès
des élèves avec beaucoup de douceur, mais désirait trouver des méthodes pour alléger les apprentissages
et apporter des moments de plaisir à ses élèves. Un autre cherchait absolument à tenir le rythme très
soutenu prévu par le programme tout en maintenant ses classes d’une petite quarantaine d’élèves en
activité et en gardant la maitrise de celles-ci. Un enseignant se donnait hors de la classe en coachant les
élèves pour/ lors des compétitions sportives. J’ai eu l’occasion de l’accompagner à une compétition
d’athlétisme, une compétition de football féminin et une réunion entre directeur et coaches pour organiser
les prochaines rencontres de football féminin. J’ai aussi observé une enseignante pleine d’humour et de
dynamisme qui n’hésitait pas à réaliser des activités musicales ou des chorégraphies en fin de séance pour
détendre ses élèves. Un autre enseignant cherchait à responsabiliser ses élèves, à renouveler sa pratique, à
échanger avec les stagiaires afin de découvrir de nouveaux outils. Certains utilisaient davantage les cahiers
de travail/ devoirs/ exercices, d’autres les manuels ; certains corrigeaient en direct dans les documents,
d’autres reprenaient les cahiers et manuels ; certains respectaient à la lettre les fiches techniques, d’autres
s’en écartaient pour intégrer d’autres matières aux apprentissages, rappeler une notion vue ou encore
simplement amener les élèves à communiquer en français à l’oral ; etc. Tous, avec leurs points forts et leurs
difficultés, cherchaient avant tout à aider leurs élèves à progresser. C’est inspirant de voir toutes ces façons
différentes d’être et d’agir en classe et c’est aussi rassurant de voir que, même si on ne maitrise pas
parfaitement certains aspects du métier, on fait de son mieux et, au fond, ça fonctionne. Après tout,
l’important, c’est de faire preuve de bienveillance envers soi-même tout comme de ne pas hésiter à
questionner sa pratique pour s’améliorer et ainsi donner le meilleur de soi aux élèves.
Progressivement, durant ce stage, j’ai dû m’organiser seule. Ainsi, dès la fin de cette première
semaine, je m’arrangeais avec les enseignants afin de déterminer dans quelles classes j’allais observer. A
deux reprises durant cette semaine, des enseignants m’ont proposé de m’occuper de la classe. Il n’est en
effet pas rare qu’ils proposent sur le tas à des stagiaires marocains de reprendre une activité. Dans ce cas,
l’enseignant laisse quelques minutes au stagiaire pour observer l’exercice et puis celui-ci se lance. Pour ma
part, la première fois qu’on me l’a demandé, c’était parce que l’enseignant de sixième devait gérer une
conversation avec la direction et les parents à propos d’un enfant difficile et il m’a demandé de travailler la
communication en leur parlant et en les faisant parler : j’ai donc discuté pendant une heure avec eux sur les
différences entre la culture belge et la culture marocaine. La seconde fois, l’enseignante de troisième m’a
proposé de réaliser une activité de mon choix. Sur le moment, je me suis sentie un peu perdue, car je
n’avais rien préparé et ne savais donc pas quoi proposer : j’ai finalement décidé de proposer une petite
chanson avec de la gestuelle.
Pour mes deux semaines de stage actif dans cette école, j’allais trouver les enseignants afin de
déterminer dans quelles classes j’allais réaliser mes leçons. Parfois, j’allais observer dans leur classe, je leur
demandais si je pouvais réaliser une activité et ensuite je demandais ce que je pouvais faire comme activité.
D’autres enseignants, après une première activité dans leur classe, me proposaient d’en réaliser d’autres
ou encore de reproduire celle-ci dans la deuxième classe. De cette manière, j’ai pu me faire un petit horaire
de leçons actives pour la première semaine. Pour la deuxième semaine, je me suis arrangée avec
l’enseignant de sixième afin de donner cours dans sa classe toute la semaine ; à côté, j’ai réalisé encore
quelques leçons dans d’autres classes.
En ce qui concerne les leçons données, je prenais généralement ce qu’on me proposait. J’ai donné
principalement du français, car les autres leçons étaient surtout données en arabe. J’ai eu cela dit l’occasion
à deux ou trois reprises de réaliser des petits rappels de mathématiques sur les ardoises. Pour ce qui est du
français, j’ai donné des leçons de communication et de lecture dans la plupart des niveaux. En quatrième,
cinquième et sixième, j’ai fait de la grammaire, du lexique, de la conjugaison, de l’orthographe, une dictée…
Je partais des fiches techniques que les enseignants me partageaient et des manuels. Au début, je
retravaillais les fiches à l’ordinateur, mais ça me faisait perdre beaucoup de temps et ce n’était pas efficace.
A la fin, je les annotais simplement. Pour chaque activité, je vérifiais le vocabulaire et les notions qui
pouvaient poser des difficultés aux élèves et je réfléchissais à des manières d’y pallier : une gestuelle, des
illustrations… Durant ces deux semaines, je me suis beaucoup adaptée au fonctionnement de
l’enseignement marocain et j’ai découvert comment travaillaient les instituteurs marocains, mais je n’ai pas
proposé beaucoup d’activités telles qu’on nous les a enseignées à la HE Vinci. Les seules que j’ai réellement
produites de A à Z était une activité musicale en deuxième année et l’activité d’inauguration de la
bibliothèque que monsieur Benkaddour m’avait demandé d’organiser. Pour ces deux activités, je me suis
inspirée de nos cours de la HE Vinci. Ainsi, pour la première, l’enseignant qui ne faisait jamais de chansons
dans sa classe m’a demandé, si je voulais bien en proposer une. Il m’a donné des thèmes et j’ai préparé une
leçon avec une chanson simple trouvée sur Youtube. Pour l’activité de la bibliothèque, j’ai décidé de
réaliser un jeu de dominos en lecture qui associait une couverture et un résumé. Ces activités ont beaucoup
plu aux enseignants. Je pense que j’aurais vraiment pu oser proposer davantage d’activités inédites,
inspirées des méthodologies socioconstructivistes et des cours de la HE Vinci. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ?
Peut-être ne me sentais-je pas encore assez à mon aise dans l’enseignement marocain. J’avais également
peur de faire perdre du temps aux enseignants dans des programmes déjà trop chargés. Cela dit, comme
me l’avait précisé un enseignant, si on ne fait pas une leçon un jour, on la reporte et ce n’est pas un
problème... Je pense en outre que les enseignants auraient appréciés ces apports.
Durant ce stage à l’école El Moutanabi, j’ai également eu l’occasion de réaliser à 5 reprises des
remplacements d’enseignants en dernière minute. Ma gestion du groupe classe laissait à désirer dans la
plupart des cas. En effet, je devais trouver des idées à l’improviste pour occuper les élèves. Dans la classe
de 6e, c’était assez facile parce qu’il était prévu que je leur donne des leçons ce jour-là. En outre,
l’enseignant qui m’accompagnait dans cette classe se trouvait dans la classe d’à côté, ce qui aidait
beaucoup. En ce qui concerne les 5 e, ils m’ont eux-mêmes proposé quelques activités et puis je faisais avec
des petites idées que j’avais eues au préalable : j’ai donc, par exemple, proposé des petites énigmes orales
pour travailler des inférences simples et des petites activités de mathématiques sur ardoises. Cependant,
déjà dans cette classe, la gestion du groupe a été plus complexe, car certains enfants ne s’expriment pas en
français, se disputaient, etc. J’ai finalement eu l’occasion de m’occuper de la classe des 3 e et là j’ai passé
presque l’entièreté de la séance à faire la police. J’avais beau tenter différentes activités de rupture,
proposer d’autres activités, rien n’y faisait. Une des principales raisons à cette difficulté est que je ne parlais
pas l’arabe et que je devais demander à une petite fille de la classe de me faire la traduction. Une autre
raison est que je ne connaissais pas bien les élèves et la classe. Je pense également que je dois encore
apprendre à mieux cerner quelles activités de ruptures aideront dans quelles situations.
Durant ce stage, j’ai aussi participé à quelques soupers organisés en l’honneur des enseignants et
j’ai pu également apprécier l’ambiance conviviale qui se dégageait de l’équipe professorale. On sent en
effet que les enseignants se sentent à l’aise dans cette école et qu’ils y a une relation de confiance et de
respect entre les enseignants et la direction. Le directeur est d’ailleurs preneur d’idées nouvelles qu’il
cherche lui-même à les mettre en place ou qu’elles proviennent d’initiatives des enseignants.
Une classe décorée par une institutrice.

Compétitions d’athlétisme et de football féminin

Inauguration de la bibliothèque

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