Avant de discuter des clés d’une bonne interprétation de cette méthode de mesure de la
PA, rappelons les avantages et les indications de la MAPA.
Elles sont multiples et bien reconnues tant au niveau national (Haute Autorité de Santé)
qu’européen (ESH-ESC) ou nordaméricain (JNC7).
• Éliminer une HTA blouse blanche. Celle-ci est définie par une PA clinique > 140/90
mmHg mais une PA normale (< 135/85 mmHg) en MAPA de jour ou en automesure. La
prévalence de l’HTA blouse blanche est d’environ 20 %. Elle est plus fréquente chez les
sujets âgés et les femmes, et lorsque l’HTA clinique est de grade I ou II et/ou récente.
Elle est associée à une morbi-mortalité cardiovasculaire faible.
• Étudier la PA des 24 heures chez une femme enceinte présentant des chiffres de
PA clinique élevés ou suspectée de prééclampsie.
Ceci permet une meilleure prise en charge de l’HTA sur ce terrain spécifique, en ne
méconnaissant pas une HTA (en particulier nocturne), mais également en éliminant une
HTA blouse blanche. Compte tenu de la durée du suivi de la PA au cours d’une
grossesse, l’automesure semble être à privilégier, la MAPA gardant cependant quelques
indications.
• Mieux apprécier le niveau tensionnel chez les patients ayant une grande
variabilité de leur PA et dépister des HTA épisodiques, voire
paroxystiques. De nombreux patients, en particulier âgés, ont une grande variabilité de
leur niveau tensionnel. Il est parfois difficile de prendre en charge sur le plan
thérapeutique ces anomalies de la PA : risque de sur-traiter un patient ou à l’inverse de
méconnaitre une HTA plus sévère. Cette variabilité tensionnelle explique en grande
partie la pseudo hypertension. Quant à la détection d’une HTA paroxystique, elle est
particulièrement intéressante chez les sujets très symptomatiques ou lorsqu’un
phéochromocytome est suspecté.
Une entité particulière découverte grâce à la MAPA (et à l’automesure tensionnelle) est
l’HTA masquée. Elle est définie par une PA clinique normale mais une HTA ambulatoire.
Son pronostic est proche de celui de l’HTA avérée mais sa prise en charge reste encore
mal définie.
Un préalable indispensable avant d’interpréter une MAPA est que les appareils utilisés
soient validés (AFFSAPS) et que la taille du brassard soit adaptée à la circonférence du
bras.
De plus, toujours sur le plan technique, la différence entre la mesure MAPA à la pose et
celle de la mesure concomitante avec un appareil électronique validé doit être < 10
mmHg (étalonnage), la durée de l’enregistrement doit être d’au moins 24 heures et
comprendre au moins 48 mesures valides et au maximum deux tranches horaires
manquantes, non consécutives (figure 1). En cas de non-validation, il peut être proposé
au patient la repose de l’appareil.
Figure 1. MAPA sur 24 heures. Examen non valide du fait d’un manque de mesures
en fin d’enregistrement (après 4 heures).
Les périodes de jour (souvent de 7 h à 22 h) et de nuit (souvent entre 22 h et 7 h) sont le
plus souvent déterminées lors de la pose, le mieux étant bien sûr de traiter les données
a posteriori à partir des heures exactes d’endormissement et de réveil du patient.
L’intérêt et les éventuelles contraintes liées à la pose de l’appareil doivent être bien
expliqués au patient qui doit remplir un carnet de bord, où sont notées en particulier les
activités réalisées au cours de l’enregistrement, les heures de sommeil et celles de prise
de médicaments antihypertenseurs. L’enregistrement doit avoir lieu un jour d’activité
normale, si possible en dehors d’un week-end ou de congés.
Il faut bien sûr connaitre les valeurs de référence déterminant l’HTA en MAPA : PA des
24 heures ≥130/80 mmHg, PA de jour ≥135/85 mmHg et PA de nuit ≥120/70 mmHg. À
partir des données de PA de jour et de nuit, un statut dipper ou non est retenu : dipping
physiologique si chute de PA la nuit ≥10 % par rapport au jour (extrême dipping si ≥20
%). Certains patients baissent insuffisamment leur PA la nuit (non dippers), voire
l’augmentent par rapport à la journée. Dans ce dernier cas, il faut bien vérifier la
présence d’un sommeil (absence de ce dernier si travail posté) et la qualité de celuici
(nuit blanche ?). La présence d’un non-dipping doit faire évoquer, entre autres, un SAOS
ou une dysautonomie (figure 2).
La présence d’un non-dipping doit faire évoquer, entre autres, un SAOS ou une
dysautonomie (figure 2).
Compte tenu du grand nombre de mesures automatiques faites par la MAPA, une HTA
blouse blanche est à évoquer non seulement du fait d’une PA ambulatoire normale en
moyenne alors que la PA clinique est élevée mais aussi par la présence de valeurs
élevées de PA à la pose et/ou à la dépose de l’appareil (parfois seules celles-ci sont
élevées). Ce grand nombre de mesures permet également à la MAPA de fournir des
renseignements intéressants sur la fréquence cardiaque et ses variations jour-nuit.
Pour les valeurs de PA les plus basses enregistrées, surtout en cas d’hypotension, il est
intéressant de demander au patient les symptômes ressentis durant ces périodes et la
position lors des mesures (hypotension orthostatique ?). Un élément à ne pas oublier est
de rappeler au patient la possibilité de déclenchement par lui-même de mesures
supplémentaires en cas de symptômes (hypotension, HTA paroxystique ?). Pour les
valeurs les plus élevées de PA, bien penser à rechercher sur le tracé si elles sont isolées
ou successives. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une HTA paroxystique (contexte à
déterminer) pour laquelle on parle volontiers de pic tensionnel sans que celui-ci ait de
définition consensuelle (PA > 50 % de la moyenne de PA ?).
En pratique
La MAPA est la source d’un grand nombre de données qui doivent être analysées
soigneusement, l’analyse des seules moyennes de PA ne pouvant suffire