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CHAPITRE

6
Anesthésie d’un patient souffrant
d’insuffisance hépatocellulaire
et/ou d’hypertension portale
Guy Armando, Olivier Perus, Marc Raucoules-Aimé
Abréviations (février 2003)

ADH : hormone antidiurétique Sommaire


AG : anesthésie générale
ALR: anesthésie locorégionale
BPCO : bronchopneumopathie chronique
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
obstructive RAPPELS PHYSIOPATHOLOGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
CIVD : coagulation intravasculaire disséminée PRISE EN CHARGE PRÉANESTHÉSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
DPS : dérivations portosystémiques PRISE EN CHARGE PERANESTHÉSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
DSH : débit sanguin hépatique CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
E : coefficient d’extraction hépatique
ECG : électrocardiogramme
© Groupe Liaisons SA, février 2003. La photocopie non autorisée est un délit.

γ-GT : gamma-glutamyl-transférases
HEA : hydroxyéthylamidons
HTAP : hypertension artérielle pulmonaire
HTP : hypertension portale
IHC : insuffisance hépatocellulaire
OAP : œdème aigu pulmonaire
t-PA : activateur tissulaire du plasminogène
TCA : temps de céphaline activé
TIPPS : technique de dérivation
postosystémique intrahépatique
(acronyme de « transjugular intrahepatic
portosystemic stent shunt »)
TP : taux de prothrombine
Vd : volume de distribution

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 1
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

Introduction
L’anesthésie du patient porteur d’une insuffisance hépatocellulaire, aiguë ou chronique, et/ou d’une hypertension portale augmente de façon
significative la mortalité et la morbidité postopératoires [1]. La prise en charge anesthésique de ces patients doit commencer dès la consulta-
tion d’anesthésie afin d’évaluer le risque opératoire et d’optimiser la préparation des patients. L’insuffisance hépatocellulaire (IHC), isolée ou
associée à l’hypertension portale, retentit sur de nombreux organes autres que le foie. Elle justifie un bilan préopératoire complet en dehors
de la pathologie hépatique et une surveillance peropératoire étroite par un monitorage adapté. En peropératoire, l’anesthésie aura deux
objectifs : ne pas aggraver la maladie hépatique préexistante et prévenir les complications postopératoires.
Nous traiterons dans ce chapitre essentiellement de l’IHC chronique et de l’hypertension portale qui se rencontrent dans les hépatites chroni-
ques, qu’elles soient virales, médicamenteuses, auto-immunes et en particulier dans les cirrhoses, quelle que soient leurs causes (virale,
biliaire, alcoolique...).

Rappels physiopathologiques marquées selon la sévérité de la maladie hépatique et son étiologie,


sont principalement cardiovasculaires, pulmonaires, rénales, hémato-
logiques, et nutritionnelles.
DÉFINITIONS
L’insuffisance hépatocellulaire désigne l’ensemble des manifes- RÉPERCUSSIONS DE L’INSUFFISANCE
tations cliniques et biologiques en rapport avec une diminution des HÉPATOCELLULAIRE ET DE L’HYPERTENSION
fonctions hépatocytaires. Elle résulte de la diminution des fonctions PORTALE
de synthèse et d’épuration des hépatocytes associée à une altération

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de l’excrétion biliaire de ces derniers [2]. ■ Répercussions cardiovasculaires
L’hypertension portale (HTP) est définie par une élévation de la Les modifications cardiocirculatoires induites par l’IHC, souvent
pression portale telle que la différence de pression entre le territoire résumées sous l’appellation de « syndrome d’hypercinésie
porte et le territoire cave dépasse 5 mmHg. Elle est due à un bloc circulatoire », sont caractérisées par une vasodilatation systémique et
intrahépatique sinusoïdal associé à une augmentation du débit surtout splanchnique, une diminution de la pression artérielle et une
splanchnique [3]. augmentation du débit cardiaque.
L’augmentation de pression dans le système porte est
Cette vasodilatation est liée à l’HTP, à l’IHC elle-même, mais, le plus
responsable :
souvent, à la conjonction des deux phénomènes. En effet, une hyper-
– d’un hypersplénisme, cause d’anémie, de leucopénie et de tension portale, rapidement associée au développement de veines
thrombopénie ; collatérales portosystémiques, est liée à l’IHC, non seulement dans les
– d’anastomoses portocaves spontanées et de l’apparition de varices maladies chroniques du foie, mais aussi dans les hépatites aiguës ful-
œsophagiennes et gastriques, ainsi que d’une circulation collaté- minantes [4].
rale visible sur la paroi abdominale.
Les conséquences de l’HTP sont multiples : ● Vasodilatations artérielles systémique et splanchnique
– diminution du débit sanguin hépatique modifiant l’élimination de Cette vasodilatation [5] est caractérisée par :
certains médicaments ; – une élévation de la résistance vasculaire du système porte :
– survenue d’hémorragies digestives par rupture de varices œsopha- cette résistance vasculaire porte peut varier en fonction des cir-
giennes ou gastriques ; constances physiologiques ou d’interventions pharmacologiques
– apparition d’une hypertension artérielle pulmonaire. (endothéline-1, donneurs de monoxyde d’azote ou antagonistes
Ces deux syndromes des maladies chroniques du foie, insuffisance respectifs [6], prostaglandines) ;
hépatocellulaire et hypertension portale, ont des répercussions systé- – le développement de collatérales portosystémiques : elles
miques dont il faut tenir compte dans le bilan préopératoire et pour la peuvent drainer jusqu’à 90 % du sang porte, sans toutefois per-
prise en charge périopératoire. Ces répercussions, plus ou moins mettre la normalisation de la pression porte [7] ;

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VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
– une vasodilatation systémique et surtout splanchnique : elle
est liée à une production accrue de médiateurs de la vasodilatation Répercussions cardiovasculaires
et contribue au maintien de l’HTP. Ainsi, les débits sanguins intesti- de la cirrhose hépatique
nal, gastrique, pancréatique et splénique sont augmentés de 30 à • « Hypercinésie circulatoire » associant :
70 % au cours de la cirrhose. – une vasodilatation systémique et surtout splanchnique ;
Il en résulte : – une diminution de la pression artérielle ;
– une augmentation du débit cardiaque et une diminution des résis- – et une augmentation du débit cardiaque.
tances vasculaires systémiques d’autant plus importantes que l’IHC • Forte séquestration sanguine splanchnique (« pooling ») et aug-
est plus marquée [8] ; mentation de la compliance vasculaire systémique.
– des modifications de l’hémodynamique rénale qui sont précoces et • Tendance à l’hypovolémie sévère en cas de cirrhose décompen-
corrélées au degré d’IHC [9]. Il en résulte une vasoconstriction sée avec augmentation de la différence artérioveineuse en oxy-
intense de la corticale rénale avec diminution du débit de filtration gène et de la lactatémie, associées à une diminution de la
glomérulaire et du débit sanguin rénal. consommation d’oxygène.
• Évolution vers une dilatation des cavités cardiaques par cardio-
● Variations de la volémie et de la compliance systémique myopathie de causes multiples : rechercher systématiquement
Le volume sanguin circulant total est augmenté, d’autant plus que une atteinte cardiaque en préopératoire.
l’IHC est plus marquée. La séquestration splanchnique (« pooling »)
participe à cette élévation du volume circulant. En revanche, les varia- ■ Répercussions pulmonaires
tions du volume sanguin central (cavités cardiaques, poumon) sont Les anomalies des échanges gazeux sont fréquentes au cours des
discutées. Alors que le volume pourrait être normal chez les cirrho- cirrhoses, bien que sans lien étroit avec la sévérité de l’IHC. En dehors
tiques compensés [10], il pourrait être diminué chez les cirrhotiques de lésions spécifiques, propres à certaines pathologies, la constata-
décompensés [11]. La compliance vasculaire systémique, considéra- tion d’une hypoxémie est banale [23, 24]. L’atteinte pulmonaire se
blement augmentée chez les cirrhotiques, est corrélée au degré d’IHC traduit par une hypoxémie-hypocapnie chez 15 à 45 % des patients
[12, 13]. Ainsi, la perfusion d’un même volume induira une variation cirrhotiques [1]. L’hypoxémie relève de plusieurs mécanismes [1, 25].
de pression veineuse centrale environ trois fois moins importante
chez le patient porteur d’une IHC sévère. ● Syndrome hépatopulmonaire
L’existence d’un syndrome hépatopulmonaire se définit par la
● Anomalie de la réactivité vasculaire systémique[14] coexistence d’une hypertension portale, d’un élargissement du gra-
La réactivité vasculaire systémique est anormale en raison d’altéra- dient alvéolo-artériel et de dilatations vasculaires pulmonaires [26]. Il
tions fonctionnelles du système nerveux végétatif. Cette incapacité est suspecté cliniquement chez un malade souffrant de dyspnée, sou-
d’adaptation vasomotrice impose une surveillance hémodynamique vent avec orthopnée, et la présence d’angiomes stellaires. La préva-
peropératoire étroite, surtout en cas de baisse du débit cardiaque ou
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lence de ce syndrome croît avec le degré d’IHC : la prévalence d’une


d’administration d’agents vasomoteurs. hypoxémie significative (inférieure à 80 mmHg) en l’absence d’autre
cause que le syndrome hépatopulmonaire, est de l’ordre de 7 % chez
● Anomalie de la perfusion tissulaire les malades atteints de cirrhose de grade Child A, de 15 % en cas de
Les malades atteints de cirrhose sévère présentent une différence grade Child B, de près de 30 % en cas de grade Child C [8].
artérioveineuse en oxygène et une consommation d’oxygène systé- Le mécanisme de ce syndrome est étroitement lié à la diminution
mique plus basses, ainsi qu’une lactatémie plus élevée que les autres des résistances vasculaires pulmonaires observées chez les cirrho-
[15, 16]. Cette hypoxie tissulaire pourrait être liée à une limitation des tiques. La traduction anatomique de cette diminution de la résistance
capacités d’extraction tissulaire de l’oxygène, elle-même secondaire à est l’existence de dilatations capillaires pulmonaires. Le mécanisme
l’existence de shunts artérioveineux fonctionnels ou anatomiques. principal de ce syndrome est un trouble de « diffusion-perfusion » : la
diffusion de l’oxygène à l’intérieur du capillaire dilaté est limitée par le
● Cardiomyopathie calibre de ce vaisseau et la vitesse de circulation des globules rouges
Une dilatation des cavités cardiaques associée à une hypertrophie qui le traversent.
myocardique et à des anomalies de l’ultrastructure des cardiomyo- À côté des dilatations vasculaires, on peut observer des shunts
cytes a été mise en évidence chez des patients cirrhotiques [17]. Des anatomiques vrais, artérioveineux ou portopulmonaires, qui sont
anomalies électrocardiographiques, comprenant un allongement du responsables d’une hypoxémie réfractaire à l’épreuve d’hyperoxie.
segment Q-T ont été rapportées récemment [18] : ces altérations sont Leur importance n’est pas corrélée à la sévérité de l’IHC. Le syndrome
à mettre en relation avec les anomalies de la fonction des canaux cal- hépatopulmonaire est suspecté cliniquement chez un malade pré-
ciques et potassiques [19]. Il a également été observé une désensibili- sentant une dyspnée, souvent avec orthopnée et la présence d’angio-
sation des récepteurs β-adrénergiques chez des rats cirrhotiques [20]. mes stellaires. La scintigraphie au technétium permet de chiffrer le
Par ailleurs, l’état hypercinétique et l’augmentation du volume san- pourcentage du shunt. L’épreuve de ventilation en 100 % d’O2
guin total contribuent à la genèse de cette cardiomyopathie [21, 22]. permet aussi une estimation du shunt et a un intérêt pronostique. Le
En cas de cirrhose alcoolique associée, la présence d’une cardiomyo- seul traitement reconnu du syndrome hépatopulmonaire repose sur
pathie éthylique peut accentuer le risque opératoire. la transplantation hépatique [27].

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 3
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

● Hypertension artérielle pulmonaire


Répercussions ventilatoires de la cirrhose
Considérée comme une complication de l’hypertension portale,
l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) s’oppose au syndrome • Gravité du syndrome hépatopulmonaire caractérisé par la
hépatopulmonaire par sa fréquence, son mécanisme et sa relation à coexistence d’une hypertension portale, d’un élargissement du
l’IHC. L’HTAP apparemment primitive, en relation avec l’hypertension gradient alvéolo-artériel et de dilatations vasculaires pulmonaires.
portale, est un diagnostic d’exclusion, retenu seulement lorsque les • Il peut également exister des shunts anatomiques vrais, artério-
autres causes d’HTAP ont été exclues. Les critères hémodynamiques veineux ou portopulmonaires, qui sont responsables d’hypoxé-
retenus sont l’association d’une pression artérielle pulmonaire mie réfractaire.
moyenne ≥ 25 mmHg, avec une pression pulmonaire capillaire • Le seul traitement reconnu de ce syndrome repose sur la trans-
< 13 mmHg. plantation hépatique.
• Le diagnostic, trop souvent tardif, de l’HTAP est difficile. Il est
La prévalence de l’HTAP chez les cirrhotiques a été évaluée à 2 %
défini par l’association d’une pression artérielle pulmonaire
par des études prospectives [7]. Elle avait largement été sous-estimée
moyenne ≥ 25 mmHg, avec une pression pulmonaire capillaire
jusque-là car plus de la moitié des patients sont asymptomatiques.
< 13 mmHg.
L’HTAP peut être associée à l’hypertension portale en l’absence de
• L’HTAP est directement liée à la durée d’évolution de l’hyperten-
cirrhose [28] et semble être une complication tardive de l’hyperten-
sion portale et peut exister en l’absence de cirrhose. Sa prévalence
sion portale. De ce fait, elle est généralement reconnue plusieurs
est évaluée à 2 %. Une amélioration peut être obtenue après
années après l’hypertension portale, chez les malades qui ne sont pas
transplantation hépatique.
décédés d’insuffisance hépatocellulaire. Ainsi, le degré d’HTAP n’est
• L’hypoxémie est relativement fréquente, le plus souvent s’amé-
pas corrélé au degré d’IHC, à la pression portale ni au débit de la cir-
liorant sous oxygénothérapie. Elle est due soit à des causes méca-
culation collatérale portosystémique, mais plutôt à la durée d’évolu-
niques (ascite abondante, épanchements pleuraux), soit à des
tion de l’hypertension portale. Les mécanismes de constitution de
anomalies du rapport ventilation-perfusion.
l’HTAP au cours de l’hypertension portale ne sont pas connus mais
• L’importance du bilan respiratoire préopératoire est à souligner.
mettent probablement en jeu un trouble de la régulation de l’équilibre
entre vasoconstricteurs et vasodilatateurs (en particulier endothé-
line-1 et monoxyde d’azote). La transplantation hépatique pose des associés à une hyponatrémie avec natriurèse basse. Le mécanisme
problèmes particuliers chez ces patients en raison du risque opéra- exact de ces troubles reste mal connu, mais de nombreux facteurs
toire et postopératoire. Des cas de régression lente d’une HTAP pré- semblent impliqués :
opératoire ont été observés après transplantation hépatique [29]. – baisse du débit de filtration glomérulaire et du débit rénal ;
– activation du système rénine-angiotensine ;
● Phénomènes de restriction mécanique à la respiration – augmentation de la réabsorption ionique tubulaire ;
Ils participent aussi aux anomalies pulmonaires. L’ascite abondante – redistribution du débit rénal de la corticale vers la médullaire ;

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gêne la mécanique ventilatoire et les échanges gazeux. Présents – variations de sécrétions hormonales diverses [1].
dans 10 % des cas, les épanchements pleuraux ont les mêmes
conséquences. ● Syndrome hépatorénal
● Modifications du rapport ventilation/perfusion L’IHC sévère, et surtout celle d’origine éthylique, ou la présence
d’une HTP, peuvent se compliquer tardivement d’un syndrome
Plus rares, les modifications du rapport ventilation/perfusion hépatorénal. L’insuffisance rénale est de type fonctionnel ; elle
entraînent une hypoxémie qui pourra être corrigée par l’oxygéno- est réfractaire au remplissage et s’associe à une hypotension
thérapie. artérielle, une encéphalopathie hépatique, une hypercréatinémie,
une hyponatrémie et une oligurie avec natriurèse basse. Son
● Déviation vers la droite de la courbe
évolution est irréversible, ne répondant à aucun traitement, et
de dissociation de l’oxyhémoglobine aboutissant à une mortalité de 90 à 100 %. Des améliorations
L’existence d’une bronchopneumopathie chronique obstructive temporaires ont pu être obtenues avec des dérivés de la
par tabagisme souvent associé aggrave ces anomalies et augmente le vasopressine [30], la réalisation d’une anastomose portocave et la
risque de détresse respiratoire. transplantation hépatique. Son mécanisme de survenue, encore
mal connu, ferait intervenir une vasoconstriction rénale marquée,
conduisant à une réduction du débit sanguin rénal et de la filtration
■ Répercussions rénales et métaboliques glomérulaire, sans anomalie rénale morphologique [31]. De
nombreux évènements pré et peropératoires favorisent et augmen-
● Rétention hydrosodée tent la survenue de toutes ces complications rénales : hypovolémie,
L’insuffisance rénale complique fréquemment la cirrhose, même hypotension artérielle, hémorragie, sepsis, utilisation abusive de
modérée [1]. Elle s’exprime par divers tableaux clinicobiologiques diurétiques… L’hypokaliémie et l’hypomagnésémie sont fréquentes
dont le pronostic n’est pas le même. La manifestation clinique la plus à cause des diurétiques, de l’alcalose métabolique et de l’hyperaldos-
fréquente est la rétention hydrosodée qui se traduit par des œdèmes téronisme.

4 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale
VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
■ Autres atteintes
Répercussions rénales et métaboliques
Troubles neuropsychiques dans le cadre de l’encéphalopathie
de la cirrhose
hépatique dont la gravité est classiquement classée en 4 stades. Elle
L’anesthésiste doit porter une attention toute particulière à la constitue le reflet de la gravité de l’HIC.
fonction rénale pour trois raisons : Ascite : témoin de la rétention hydrosodée, elle est en rapport
– l’intensité de la rétention hydrosodée et de l’atteinte fonction- direct avec l’IHC. L’HTP est une condition nécessaire, mais non suffi-
nelle rénale constitue un élément indirect d’évaluation de la fonc- sante, à son développement [38]. Elle peut être à l’origine de compli-
tion hépatocellulaire ; cations respiratoires par le biais des épanchements pleuraux
– un syndrome hépatorénal témoigne toujours d’une défaillance associés, ou d’une hyponatrémie évoluant dans le cadre d’un syn-
hépatique sévère et il est souvent déclenché par un évènement drome hépatorénal. Sur le plan physiopathologique, la formation de
périopératoire (stress, infections, hémorragies…) ; l’ascite est imparfaitement connue. Deux théories classiques s’oppo-
– la sensibilité particulière des cirrhotiques à l’insuffisance rénale sent [38] :
d’origine iatrogène (produits de contraste, aminosides…) doit – la première théorie classique de défaut de remplissage sup-
toujours être gardée en mémoire. pose que l’HTP sinusoïdale est responsable d’une sécrétion du sys-
tème lymphatique supérieure à sa résorption. Il en résulte un
déséquilibre des forces de Starling dans le territoire portal à l’ori-
■ Répercussions hématologiques gine de la formation d’ascite. Cette ascite entraîne une
« hypovolémie efficace », elle-même à l’origine de la rétention
L’IHC et/ou l’HTP peuvent être à l’origine de troubles de l’hémos-
hydrosodée ;
tase primaire, de la coagulation et de la fibrinolyse. Ces troubles sont
– la théorie de l’excès de débit voit dans la formation de l’ascite un
d’autant plus intenses que la fonction hépatique est altérée et qu’il
évènement secondaire, consécutif à une rétention hydrosodée pri-
existe une HTP. Ils se caractérisent par :
maire (des récepteurs intrahépatiques seraient incriminés) directe-
– une diminution de la plupart des facteurs de coagulation en ment dépendante de l’IHC.
particulier du fibrinogène, de la prothrombine (facteur II), de la Récemment, une troisième théorie qui réunit les arguments des
proconvertine, la pro-accélérine, du facteur X et IX et du facteur V deux premières a été proposée [39]. Cette théorie de la vasodilata-
dont la diminution est assez bien corrélée au degré d’IHC. Il en tion artérielle périphérique fait de la vasodilatation artérielle
résulte une chute du TP ; caractéristique du cirrhotique le désordre primaire. Initialement
– une thrombopénie par hypersplénisme ou par défaut de produc- splanchnique, elle induit une réduction du volume sanguin artériel
tion médullaire, retrouvée dans 30 à 80 % des cas ; efficace, entraînant des mécanismes compensateurs (activation des
– une thrombopathie avec allongement du temps de saignement systèmes vasoconstricteurs endogènes, du système rénine-angioten-
en cas d’IHC sévère [32, 33] ; sine, libération d’ADH…). Il s’ensuit une vasoconstriction rénale et
une rétention hydrosodée dont la résultante est une augmentation
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– une susceptibilité au développement d’une coagulation


intravasculaire disséminée (CIVD) en cas de complication infec- du volume sanguin circulant et, à plus ou moins long terme, la for-
tieuse ou d’insuffisance circulatoire [34] ; mation d’ascite. Ces mécanismes compensateurs, initialement effica-
ces, connaissent une faillite progressive au fur et à mesure que la
– une tendance à l’accélération de la fibrinolyse ;
– une augmentation de l’activateur tissulaire du plasmino-
gène (t-PA) pouvant résulter d’une activation de la coagulation
[35], ou des modifications circulatoires induites par l’HTP [36] ;
Autres répercussions cliniques
– une diminution de l’activité de l’inhibiteur spécifique rapide
et biologiques de la cirrhose
du t-PA (PAI-1) synthétisé par le foie. Cette diminution est
d’autant plus importante que l’IHC est sévère [35]. • Troubles neuropsychiques dans le cadre de l’encéphalopathie
hépatique qui reflète la gravité de l’insuffisance hépatocellulaire.
• Ascite : témoin de l’IHC, son mécanisme de survenue est impar-
■ Répercussions nutritionnelles et infectieuses faitement connu. Elle peut être responsable de complications res-
La dénutrition est fréquente, notamment au cours des IHC sévères. piratoires par les épanchements pleuraux associés ou d’une
Elle est souvent aggravée par un alcoolisme persistant ou par une hyponatrémie évoluant dans le cadre d’un syndrome hépatorénal.
ascite responsable de nausées et vomissement. Elle favorise la • Anémie : secondaire à un défaut de production médullaire et/ou
dépression des défenses immunitaires et la sensibilité aux infections. une hémolyse accrue.
La malnutrition protidique est, en général, d’autant plus sévère que la • Hypoalbuminémie : dont les causes sont diverses.
fonction hépatocellulaire est altérée. • Ictère à bilirubine conjuguée : reflet de l’altération de l’excrétion
de bilirubine, la conjugaison restant conservée.
Les infections chez les patients porteurs d’une IHC ou d’une HTP
• Troubles gastro-intestinaux à type d’hémorragies digestives par
sont également fréquentes et source de mortalité élevée. La suscepti-
rupture de varices œsophagiennes ou de nausées et vomisse-
bilité aux infections peut être en relation avec des anomalies de
ments augmentant le risque d’inhalation.
l’hémodynamique splanchnique [37].

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 5
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

maladie hépatique progresse ; la vasoconstriction rénale et la réten- ● Tableau 1 Classification de Child et Pugh [47]
tion hydrosodée s’intensifient, conduisant au stade ultime représenté
par l’ascite réfractaire et le syndrome hépatorénal. Critères Score = 1 Score = 2 Score = 3
L’anémie est fréquente au cours des IHC. Elle est en partie liée à Bilirubine < 20 20-30 > 30
un défaut de production médullaire, mais aussi à une hémolyse (mg/L)+
accrue.
L’hypoalbuminémie reflète assez bien le degré d’une IHC Albumine (g/L) > 35 30-35 < 30
chronique mais peut relever d’autres causes. Ascite absente modérée sévère
L’ictère à bilirubine conjuguée reflète l’altération de l’excrétion
de bilirubine, la conjugaison restant assez bien conservée. Encéphalopa- absente grades 1 et 2 grades 3 et 4
thie
Des troubles gastro-intestinaux à type d’hémorragies digestives
par rupture de varices œsophagiennes, d’ulcère peptique ou de Temps de > 70 50-70 < 50
nausées et vomissements augmentent le risque d’inhalation. prothrombine
(%)

Prise en charge préanesthésique Mortalité observée en fonction du score obtenu :


Classe A = 5-6 points = 5 % de mortalité
Elle débute par la consultation d’anesthésie qui est primordiale et Classe B = 7-9 points = 10 % de mortalité
qui a deux objectifs : évaluer le risque opératoire et optimiser la pré- Classe C = 10-15 points = > 50 % de mortalité
paration du patient afin de prévenir les complications post-
opératoires. Cependant, si plusieurs de ces signes s’associent, le risque opératoire
augmente. Il en est de même pour les signes biologiques d’IHC, sauf
RISQUE OPÉRATOIRE pour les troubles de la coagulation. La sévérité des anomalies pré-
Le risque opératoire n’a été bien évalué qu’en chirurgie abdomi- opératoires de la coagulation conditionne largement la survie post-
nale réglée où la mortalité postopératoire globale du patient cirrho- opératoire du patient cirrhotique [1, 46].
tique est élevée, de 20 à 30 % [21, 40, 41]. Plus récemment, Sirinek et Au total, actuellement, les deux classifications les plus utilisées
coll. [42] ont rapporté des chiffres plus bas (7 %), expliqués par une pour l’évaluation préopératoire sont la classification de Child, et sur-
meilleure correction préopératoire des troubles de la coagulation. tout celle de Pugh [47] (Tableau 1) qui garde sa valeur prédictive
Plusieurs études mettent en évidence une différence majeure dans la même pour des interventions autres que les dérivations portocaves à
mortalité entre les grades A et B de Child d’une part, et C d’autre part propos desquelles elle avait été établie. En chirurgie réglée, le risque
[40-44]. Dans ce dernier groupe, la mortalité globale est souvent opératoire semble acceptable pour les patients de classe A. Il est plus
proche de 50 % en chirurgie abdominale. La morbidité postopéra- difficile à apprécier pour ceux de la classe B, où le facteur le plus pré-

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toire est également élevée : 30 à 50 % des cas [1, 21, 22, 40, 41, 42]. Les dictif le plus pertinent semble être la persistance d’un TP inférieur à
complications postopératoires les plus fréquentes sont surtout les 50 %, malgré l’administration de vitamine K. L’indication opératoire
complications septiques, hémorragiques et les défaillances cardio- pour un patient de classe C semble déraisonnable comparée au
respiratoires, hépatiques et rénales [22]. risque encouru [21].
Le risque opératoire dépend de trois éléments : la sévérité de l’IHC,
ses répercussions extrahépatiques et le type d’intervention chirurgi- ■ Évaluation des répercussions extrahépatiques de l’IHC
cale. L’évaluation préopératoire de ces patients doit donc porter sur
ces trois éléments. et de l’HTP
Cardiovasculaires : l’évaluation du statut cardiovasculaire est
difficile mais doit être complète. La consultation d’un cardiologue est
■ Évaluation de la gravité recommandée en cas de signe d’appel. L’échocardiographie apprécie
de l’insuffisance hépatique cellulaire la fonction myocardique ; elle est utile en cas de cardiomyopathie
L’évaluation de la gravité de l’IHC est difficile car le foie a de larges surajoutée, surtout en présence d’éthylisme. En revanche, elle est
réserves fonctionnelles et, de ce fait, les manifestations cliniques et normale si les troubles de contractilité sont absents à l’état basal et
biologiques de la maladie peuvent ne devenir patentes qu’à un stade n’apparaissent qu’au cours des modifications de pré- et de
avancé de celle-ci. C’est en 1964 que Child et Turcotte [45] ont décrit, postcharge, en phase peropératoire [1].
pour la première fois, les principaux facteurs hépatiques prédictifs du Pulmonaires : il faut rechercher une atteinte pulmonaire avec
risque opératoire chez les patients cirrhotiques bénéficiant d’une hypoxémie-hypocapnie. L’association fréquente d’une broncho-
dérivation portocave. De nombreuses études ont tenté, depuis, de pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sur un terrain
déterminer le(s) paramètre(s) le(s) plus précis d’évaluation du degré éthylo-tabagique nécessitera des explorations fonctionnelles respira-
de gravité de la cirrhose. L’hétérogénéité des différents travaux rend toires.
compte de l’absence de consensus [40, 41, 43]. Aucun signe clinique Rénales : l’exploration de la fonction rénale est indispensable, car
de décompensation hépatique pris isolément ne permet de préjuger elle conditionne largement le pronostic et, en partie, le choix des
du risque opératoire, sauf peut-être l’existence d’une ascite [46]. thérapeutiques de toute la période per- et postopératoire.

6 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale
VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
■ Évaluation en fonction du type de chirurgie quettaires sont indiquées en cas de thrombopénie inférieure à
La nature de l’acte opératoire, bien plus que l’anesthésie, condi- 50 000/mm3 et/ou d’allongement du temps de saignement ;
tionne très largement le risque opératoire du patient porteur d’une – le dosage des transaminases permet la recherche systématique
IHC sévère et/ou d’une HTP [41, 48, 49]. Lorsque l’intervention est d’une cytolyse qui conduit à reporter l’intervention si celle-ci est
réalisée en urgence, ce risque est multiplié par 4 ou 5 [41, 42]. La mor- majeure, car elle traduit l’existence d’un facteur inflammatoire
talité postopératoire est de 45-60 % contre 10 % pour la chirurgie d’agressivité [46] ;
réglée [21, 40, 41]. En France, en 1993, la mortalité postopératoire – le dosage de la bilirubine, des γ-GT, des phosphatases alcali-
était de 22 % pour la chirurgie abdominale en urgence contre 12 % nes et 5’nucléotidiques contribue au diagnostic d’ictère par
pour la même chirurgie réglée [46]. En dehors de l’urgence, la chirur- cholestase ;
gie du patient cirrhotique, longtemps dominée par le traitement de – une fibroscopie digestive haute peut être effectuée à la recher-
l’HTP et ses complications, fait place principalement à la cholécystec- che de varices œsophagiennes.
tomie, la chirurgie pariétale (hernie ombilicale), et à la chirurgie de la Il est recommandé d’obtenir un assèchement de l’ascite par restric-
pathologie ulcéreuse. tion hydrosodée et administration de diurétiques. On peut avoir
Une récente méta-analyse a mis en évidence une grande disparité recours, parfois, à une paracentèse, plus ou moins importante, en cas
de la mortalité et de la morbidité en fonction de l’acte chirurgical [50]. d’ascite abondante. Cependant, il ne faut pas oublier de compenser
Globalement, le risque opératoire en chirurgie abdominale extra- les pertes par de l’albumine sinon la détérioration hémodynamique et
hépatique chez le patient cirrhotique est d’autant plus élevé que l’acte rénale peut être préjudiciable.
opératoire est majeur, que l’ouverture du tube digestif et/ou
l’exploration de la voie biliaire principale sont nécessaires, que le ■ Bilan cardiorespiratoire
champ opératoire est proche du foie, que la chirurgie est hémorragi- Le bilan cardiorespiratoire comportera au minimum un ECG, une
que, et qu’il existe une ascite. radiographie pulmonaire et une gazométrie artérielle. S’il existe
En ce qui concerne la chirurgie hépatique, les deux grandes causes une insuffisance cardiaque patente ou préexistante, le bilan sera
d’intervention hépatique sont la chirurgie pour adénocarcinome et la complété par une échocardiographie et/ou une épreuve d’effort.
transplantation hépatique. L’exploration fonctionnelle respiratoire est nécessaire en cas de
L’hypovolémie pré- et postopératoire et le caractère hémorragique BPCO associée ou d’ascite importante à la recherche d’un syndrome
de ces interventions, contribuent aux nombreuses complications per- restrictif.
et postopératoires : insuffisance rénale, décompensation cardiaque,
ascite infectée ou non, encéphalopathie hépatique... ■ Bilans rénal, métabolique et nutritionnel
Pour conclure sur le risque opératoire, il est important de noter Le bilan rénal comportera un ionogramme sanguin et urinaire
qu’aucune étude n’a évalué ce risque en fonction des différentes tech- à la recherche de troubles hydroélectrolytiques. L’hyponatrémie avec
niques anesthésiques. œdèmes nécessite une restriction hydrosodée. L’administration de
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diurétiques doit être prudente et ne pas entraîner une hypovolémie


BILAN, PRÉPARATION DU PATIENT efficace. La correction d’une hypokaliémie par recharge potassique
ET PRÉVENTION DES COMPLICATIONS s’impose en préopératoire car le patient s’expose à des troubles du
POSTOPÉRATOIRES rythme peropératoires et à la survenue d’une encéphalopathie hépa-
Le bilan préopératoire découle des données de la consultation pré- tique.
anesthésique. Il a pour but de détecter et de quantifier la sévérité des L’évaluation de la fonction rénale se fait par le dosage de la
troubles engendrés par l’IHC et/ou l’HPT. À partir de ce bilan s’effec- créatinine plasmatique et urinaire et le ionogramme urinaire. La sur-
tuera la préparation du patient, de manière à corriger les différents fac- venue d’une insuffisance rénale postopératoire est prévenue par la
teurs de risque et, ainsi, prévenir l’apparition des complications correction d’une hypovolémie. Les médicaments néphrotoxiques ne
postopératoires. Si celle-ci est soigneuse, elle permettra de réduire la seront utilisés que s’ils sont irremplaçables [22].
mortalité et la morbidité de l’intervention, quelle qu’elle soit [42]. L’état nutritionnel est principalement évalué sur la concentration
plasmatique d’albumine et de globuline. En cas de dénutrition sévère,
le patient sera préparé par un régime hypercalorique, hyperproti-
■ Bilan hépatique
dique et polyvitaminé. Les perfusions d’albumine ne sont indiquées
Le bilan hépatique comprend : que si l’albuminémie est très basse (< 30 g/L).
– un bilan de coagulation : au minimum TP, TCA, numération des En dehors du contexte chirurgical, il a été montré qu’un support
plaquettes [1, 25]. En cas de chirurgie majeure, le bilan sera com- nutritionnel entéral entraîne une diminution de la mortalité hospita-
plété par le dosage du fibrinogène, des facteurs de coagulation et lière à cours terme, une augmentation de l’albuminémie et une amé-
la recherche d’une CIVD. Si la thrombopénie est inférieure lioration du score de Pugh [51].
100 000/mm3, le temps de saignement doit être contrôlé. Si le TP
est inférieur à 50-60 %, la correction s’effectue par administration
parentérale de vitamine K dans les 24 à 48 heures préopératoires. ■ Bilan hématologique
Si le traitement est insuffisant ou l’acte urgent, la préparation du La numération formule sanguine recherche une anémie ou une
patient fait appel aux plasmas viro-inactivés. Les transfusions pla- hyperleucocytose en rapport avec une HTP ou une hyperleucocytose

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 7
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

témoin d’une infection bactérienne latente. S’il y a hyperleucocytose, contre-indiquée chez le patient cirrhotique et l’indication d’une anes-
le bilan sera complété par des hémocultures, un examen cytobacté- thésie générale (AG) ou d’une anesthésie locorégionale (ALR) dépend,
riologique des urines et, au moindre doute, la mise en culture d’une comme toujours, en premier lieu de la nature de l’intervention [21].
ascite. Cependant l’ALR est bien souvent contre-indiquée, non pas à cause
de la maladie hépatique, mais à cause des troubles de la coagulation
■ Prévention des hémorragies digestives et des infections consécutifs à la cirrhose. De ce fait, les techniques les plus fréquem-
ment proposées sont les techniques d’AG [55]. Idéalement, le choix
De nombreux auteurs préconisent la prévention systématique des
des agents anesthésiques portera sur :
hémorragies digestives par ulcère [1, 22]. Le risque accru de pneumo-
– ceux susceptibles de ne pas aggraver la maladie hépatique par
pathies nosocomiales ferait préférer les agents n’alcalinisant pas le
anoxie ou hypoxie hépatocytaire consécutive à une baisse du débit
contenu gastrique (sucralfate) aux antiacides ou inhibiteurs de la
hépatique ou par phénomène de toxicité propre ;
sécrétion acide qui sont, en plus, inducteurs enzymatiques [1].
– ceux dont la durée d’action et les effets sont les moins perturbés
Une infection doit être systématiquement recherchée et traitée, en
par la cirrhose, de manière à éviter tout surdosage ou retard de
particulier en cas d’infection du liquide d’ascite (utilisation d’agents
réveil.
diffusant bien dans le liquide d’ascite : céphalosporine de 3e généra-
Nous ne reviendrons pas sur les bases physiologiques concernant
tion, fluoroquinolones [52]). Une antibiothérapie préventive est
la circulation hépatique ni la pharmacologie des agents anesthési-
indiquée en cas d’hémorragies digestives chez les patients cirrho-
ques traités dans d’autres chapitres de l’ouvrage (sections
tiques de grade C de Child-Pugh et en cas de récidive hémorragique
« Physiologie » et « Pharmacologie »).
[53]. En cas de scléroses de varices œsophagiennes en urgence, une
antibioprophylaxie ciblée sur les germes digestifs est indiquée [54].
L’antibioprophylaxie préventive pour les scléroses est discutée,
■ Prémédication
mais la fréquence des inhalations motive la prophylaxie vis-à-vis des
germes digestifs. Pour le reste des actes chirurgicaux, il n’y a pas L’utilisation d’anxiolytiques, sédatifs ou morphiniques en prémédi-
d’antibioprophylaxie spécifique du cirrhotique. Enfin, il ne faut pas cation peut entraîner des troubles importants de la vigilance dus aux
oublier d’adapter les doses et d’éviter, si possible, les antibiotiques conséquences pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de
potentiellement néphrotoxiques tels les aminosides et la vancomy- l’IHC.
cine. L’utilité de la prémédication doit donc être pesée en regard des
conséquences potentiellement néfastes qu’elle peut avoir, en particu-
lier chez les malades ayant une cirrhose sévère (grades B et C de
Contre-indications à la chirurgie Child-Pugh). Elle est inutile et dangereuse chez les patients sujets à
chez le cirrhotique des épisodes d’encéphalopathie.
Si une prémédication est jugée utile chez un patient cirrhotique
• Au terme de la consultation d’anesthésie et à l’exclusion de
compensé, il faut tenir compte des différentes formes de biotrans-

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l’urgence, l’anesthésiste doit pouvoir déceler les contre-indica-
formation. Les biotransformations de phase II (notamment gluco-
tions représentées par :
ronoconjugaison) sont en général plus tardives que les
– l’hépatite aiguë ;
biotransformations de phase I. Ainsi, la clairance des benzodiazépi-
– l’hépatite chronique en décompensation aiguë ;
nes détoxifiées principalement par biotransformation de phase II,
– la persistance des troubles de coagulation majeurs (TP < 50 %)
comme le lorazépam, est relativement préservée en cas de cirrhose
malgré un traitement adapté par vitamine K ;
[56, 57] alors qu’elle est très altérée pour d’autres types de benzodia-
– l’appartenance à la classe C de Child-Pugh.
zépines [58].

Prise en charge peranesthésique ■ Induction anesthésique


En période peropératoire, le rôle de l’anesthésiste consiste à : Une séquence d’induction rapide et intubation trachéale est con-
– choisir la technique anesthésique et les agents anesthésiques seillée en cas d’ascite volumineuse, de façon à prévenir le risque
appropriés ; d’inhalation du contenu gastrique par incompétence du sphincter du
– éviter la majoration des répercussions extra-hépatiques de l’IHC bas œsophage. Ces précautions de protection des voies aériennes
et/ou de l’HTP en maintenant l’oxygénation tissulaire globale et sont impératives en cas de procédure endoscopique en situation
régionale grâce à un monitorage adapté ; d’hémorragie digestive haute.
– prévenir les complications postopératoires par une réanimation
per- et postopératoire adaptée. ■ Choix des agents anesthésiques
Le principal mode d’élimination de la plupart des agents anesthési-
CHOIX DE L’ANESTHÉSIE ques est une biotransformation libérant des métabolites inactifs. Il est
Le choix de la technique d’anesthésie sera adapté à l’acte opéra- logique de s’attendre à ce que la pharmacocinétique de ces agents
toire. Aucune technique anesthésique n’est, à proprement parler, soit modifiée chez les patients ayant une IHC. La pharmacocinétique

8 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale
VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
de la plupart des agents anesthésiques a été évaluée chez les patients ● Morphiniques
ayant une IHC et notamment une cirrhose. Cependant, les résultats Chez le cirrhotique compensé, la pharmacocinétique de la mor-
des études sont parfois discordants, voire contradictoires. Ceci est dû phine (coefficient d’extraction E élevé) est comparable au sujet sain.
au fait que les patients étudiés n’ont pas toujours le même degré En revanche, si la cirrhose est décompensée, les effets de la mor-
d’atteinte hépatique et que la plupart des cirrhotiques ne sont pas phine sont prolongés du fait d’un allongement de sa demi-vie
opérés à un stade ultime de leur maladie. d’élimination [66]. Il est donc conseillé, dans ces situations, d’espacer
les intervalles de réinjections de 1,5 à 2 fois. De plus, il existe une
● Barbituriques hypersensibilité du système nerveux central par augmentation de la
Tous les barbituriques sont métabolisés par des réactions de liaison aux récepteurs opioïdes, et donc une majoration des effets de
phase I, aboutissant à un métabolite hydrosoluble. Les barbituriques la morphine [66].
à coefficient d’extraction hépatique (E) faible, du type thiopental, sont Le métabolisme de la péthidine (Dolosal®) et de la pentazocine
très liposolubles et fortement liés aux protéines plasmatiques. En cas (Fortal®) est fortement perturbé avec allongement de la demi-vie
de cirrhose compensée, leur demi-vie d’élimination est modérément d’élimination et augmentation de la biodisponibilité.
augmentée et leur fraction libre l’est également. Ainsi, la clairance Les paramètres pharmacocinétiques du fentanyl chez le cirrho-
plasmatique varie peu. Si la cirrhose est décompensée, la demi-vie tique compensé sont comparables à ceux du sujet sain [67]. Ainsi, le
d’élimination est allongée et les effets prolongés [59]. La cirrhose, fentanyl est un agent pouvant être utilisé en toute sécurité dans cette
quelle que soit sa gravité, entraîne des modifications pharmacodyna- pathologie, sauf si l’IHC est sévère. Son élimination peut également
miques de tous les barbituriques avec amplification des effets. Ceci être perturbée si on l’administre avec de la cimétidine qui se lie au
est dû à l’augmentation de la fraction libre plasmatique, mais aussi à cytochrome P450 et diminue le débit sanguin hépatique.
une sensibilité accrue du système nerveux central [59]. Les modifications pharmacocinétiques de l’alfentanil chez le
En pratique donc, quel que soit le barbiturique, il est forte- patient cirrhotique sont importantes : augmentation de la demi-vie
ment conseillé de diminuer les doses initiales et d’apprécier la d’élimination par réduction de la clairance hépatique intrinsèque et
susceptibilité clinique individuelle de chaque patient. du débit hépatique, mais aussi augmentation importante de la frac-
tion libre [68]. On peut donc craindre des effets prolongés et exacer-
● Benzodiazépines bés, incitant au moins à proposer une adaptation posologique.
Le sufentanil, agent à E élevé, présente une pharmacocinétique
Les benzodiazépines à E faible sont celles dont le métabolisme est
non modifiée dans la cirrhose compensée [69].
le plus intensément altéré par la cirrhose [58, 60]. L’augmentation de
leur demi-vie d’élimination, de leur volume de distribution (Vd) ainsi Le rémifentanil, qui possède un métabolisme différent des autres
que l’élimination retardée de leurs métabolites actifs conduisent à des morphiniques (hydrolyse par des estérases plasmatiques et tissu-
effets prolongés. Dans le cas de molécules fortement liées aux protéi- laires [70]), présente également une pharmacocinétique non modifiée.
nes plasmatiques, l’élévation de la fraction libre entraîne également En revanche, il existe une sensibilité accrue avec risque de dépression
respiratoire qui reste cependant très théorique en pratique clinique
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une amplification des effets. Il est donc nécessaire de diminuer les


doses de deux à trois fois et leur rythme d’administration surtout du fait de la courte durée d’action de ce morphinique.
après utilisation prolongée. Les benzodiazépines à E élevé comme le ● Curares
midazolam ont des paramètres pharmacocinétiques peu modifiés
par la cirrhose compensée, si elles sont administrées en dose unique Succinylcholine : malgré une dégradation par les cholinestérases
ou orale [61]. En cas d’administration IV répétée et quelle que soit la plasmatiques hépatiques, la succinylcholine a un métabolisme peu
gravité de la cirrhose, les effets sont à la fois amplifiés et prolongés perturbé par la cirrhose lorsqu’elle est administrée en bolus unique.
avec des doses moindres et des temps de réveil toujours allongés par En revanche, son utilisation en perfusion continue est fortement
rapport au sujet sain [62]. déconseillée à cause d’effets prolongés [1, 49].
Pancuronium : c’est une molécule hydrosoluble faiblement liée
Les benzodiazépines à biotransformation en réaction de phase II
aux protéines plasmatiques. La cirrhose a pour conséquences phar-
ont un métabolisme non modifié chez le patient cirrhotique même
macocinétiques d’allonger sa demi-vie d’élimination de 50 % et
sévère [57, 58].
d’augmenter son volume de distribution (Vd) [71]. Ceci se traduit clini-
L’utilisation des benzodiazépines en pratique courante ne quement par un phénomène de résistance (augmentation de la dose
semble donc pas recommandée chez le patient cirrhotique. active 50 et diminution de la vitesse d’installation du bloc), et un
allongement important des effets.
● Propofol et étomidate Vécuronium : sa pharmacocinétique dépend de la dose
La cirrhose modérée n’entraîne pas de modification pharmacoci- administrée ; pour une dose de 0,1 mg/kg, sa durée d’action est rac-
nétique significative du propofol, que celui-ci soit administré en injec- courcie par rapport au sujet normal car la récupération du bloc
tion unique ou en perfusion continue [63, 64]. Chez le cirrhotique, neuromusculaire est concomitante de la phase de distribution et le
l’étomidate en perfusion continue est contre-indiqué car sa clairance Vd est augmenté [72, 73] ; lorsque la dose est de 1,5 mg/kg, sa durée
hépatique diminue et sa demi-vie d’élimination augmente considéra- d’action est comparable à celle du sujet normal, car le retentissement
blement [65]. Cet agent se conduit de plus comme un inhibiteur enzy- de l’élévation du Vd est compensé par la diminution de la clairance
matique sur le cytochrome P450. hépatique intrinsèque ; à partir de 0,2 mg/kg ou dans les cirrhoses

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 9
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

sévères, les effets sont prolongés car totalement dépendants de la Eger recensait 15 hépatites par toxicité de l’enflurane [87]. Ainsi, tous
demi-vie d’élimination qui est augmentée de 60 % [73, 74]. les auteurs s’accordent sur le principe d’une exclusion de l’enflurane
Atracurium : il semble être l’agent de choix car il n’est pas méta- au même titre que l’halothane, chaque fois qu’une réaction suspecte
bolisé par le foie, mais par la voie d’Hoffman et les pseudocholinesté- est notée dans les antécédents anesthésiques [88].
rases plasmatiques. Chez les cirrhotiques, sa demi-vie d’élimination Isoflurane : c’est un isomère de l’enflurane et son métabolisme
n’est pas modifiée, donc ses effets ne sont pas prolongés [75]. par le foie est de l’ordre de 0,2 %. Même s’il n’a été responsable
Comparé au sujet normal, il existe cependant une résistance due à d’hépatites aiguës qu’exceptionnellement, son hépatotoxicité n’est
l’augmentation du Vd qui se traduit cliniquement, pour une dose pas nulle en raison de la production de métabolites pouvant se
donnée, par un bloc neuromusculaire moins profond, d’installation comporter comme des haptènes [89].
plus lente et d’une durée moins longue [72, 75]. Il est important aussi Desflurane : c’est l’halogéné qui a le plus faible métabolisme
de considérer l’évolution du principal métabolite actif de l’atracurium, hépatique (0,01 %). Il est donc potentiellement moins hépatotoxique
la laudanosine, qui possède, elle aussi, des propriétés myorelaxantes. que les autres halogénés.
La pharmacocinétique de l’atracurium chez le cirrhotique reste
Sévoflurane : le métabolisme du sévoflurane se distingue des
controversée : augmentation du Vd et de la demi-vie d’élimination
autres halogénés par l’absence de formation de l’acide trifluoroacé-
sans modification de la clairance hépatique pour certains [75], dimi-
tique [90]. Ainsi, il semblerait dépourvu de toute hépatoxicité, mais
nution de la clairance pour d’autres [76].
des dysfonctions hépatiques après administration de sévoflurane ont
L’atracurium constitue donc le curare de choix pour le
été rapportées sans qu’une relation de cause à effet ait pu être établie
patient cirrhotique. La même remarque s’applique à son iso-
avec le métabolisme de ce dernier [91, 92].
mère, le cisatracurium.
Rocuronium : la durée d’action du rocuronium au cours de la cir-
rhose est prolongée du fait d’un allongement de plus de 50 % de sa Choix de la technique
demi-vie d’élimination et d’une augmentation de son Vd [77]. La et des agents anesthésiques chez le cirrhotique
durée d’installation du bloc est allongée ou peu modifiée selon les
travaux [72, 78]. • L’ALR n’a une place chez le patient cirrhotique qu’en l’absence
Mivacurium : le mivacurium est dégradé par la pseudocholinesté- de troubles de l’hémostase.
rase plasmatique. L’activité de cette enzyme est diminuée chez les • La prémédication à l’aide de benzodiazépines doit être évitée ou,
cirrhotiques, ce qui explique que la durée d’action du mivacurium soit si elle est jugée nécessaire, fera appel aux benzodiazépines dont la
prolongée chez ces patients [79, 80]. Le délai d’installation de la cura- biotransformation est de type II (lorazépam, oxazépam, témazé-
risation n’est pas modifié. pam, flunitrazépam ).
• Les morphiniques et le propofol ont des effets peu modifiés par
● Halogénés la cirrhose sauf en cas d’atteinte sévère.
Le problème de l’hépatotoxicité des agents anesthésiques est cen- • Le thiopental doit être administré par titration car sa pharmaco-

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tré sur les halogénés qui ont fait l’objet de nombreuses études. Théo- cinétique est modifiée par l’IHC.
riquement, ces agents peuvent induire une toxicité hépatique par • L’atracurium et le cisatracurium semblent être les curares de
deux mécanismes : choix car ils sont peu modifiés par l’IHC.
• L’halothane ne doit pas être administré aux patients cirrhotiques
– indirect, par anoxie tissulaire en diminuant le débit et l’oxygénation
du fait de son potentiel hépatoxique.
hépatiques ;
• À cause du risque de sensibilité croisée, l’enflurane et l’isoflurane
– direct, par toxicité propre de certains métabolites.
doivent être évités à chaque fois qu’il existe un antécédent de
La majorité des travaux a été réalisée sur des foies sains et les
réaction à l’halothane ou une administration d’halogéné datant de
résultats ont été extrapolés aux foies cirrhotiques.
moins de 28 jours.
Halothane : Parmi tous les halogénés, c’est l’halothane qui pos- • Les modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques
sède le potentiel hépatotoxique le plus développé [81]. Il peut induire observées chez les cirrhotiques sont difficiles à évaluer précisé-
deux types d’atteintes hépatiques, très différentes sur le plan pronos- ment. Le maniement des agents anesthésiques doit s’effectuer
tique. La première, bénigne et fréquente, se traduit par une élévation avec prudence, en pratiquant une titration de leurs effets. Une sur-
postopératoire transitoire et modérée des enzymes hépatiques. La veillance accrue de leur intensité et de leur durée est nécessaire.
seconde, exceptionnelle, se manifeste par une hépatite aiguë sévère
survenant surtout chez la femme obèse et après exposition répétée
[82-85]. Le mécanisme exact de l’hépatotoxicité de l’halothane reste
controversé : il s’agit probablement d’une cause d’origine multifacto- RÉANIMATION PEROPÉRATOIRE
rielle, à la fois métabolique et immunologique, liée à la formation d’un
métabolite principal, l’acide trifluoroacétique. Chez l’animal avec cir- ■ Monitorage
rhose, l’halothane serait plus toxique que sur foie sain [86]. En dehors du choix de la technique anesthésique, les objectifs de
Enflurane : il est moins hépatotoxique que l’halothane car sa l’anesthésiste face à un patient cirrhotique seront :
métabolisation par le foie est moindre (environ 2 % contre 20 % pour – d’optimiser les fonctions hépatiques et extrahépatiques en mainte-
l’halothane) et sa liposolubilité est plus faible. Cependant, en 1986, nant l’oxygénation tissulaire ;

10 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale
VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
– de surveiller par des examens complémentaires la survenue hémorragique augmenté pour d’autres [97]. Chez le cirrhotique, les
d’éventuelles complications surtout hémorragiques par troubles de conséquences sont inconnues : les altérations potentielles de la coa-
la coagulation ; gulation liées aux HEA sont à prendre en compte dès lors qu’il existe
– de surveiller et évaluer les effets cliniques des agents anesthésiques déjà des anomalies de l’hémostase, de la coagulation et de la lyse du
qui peuvent être considérablement modifiés par la maladie. caillot.
Tout cela est possible grâce à un monitorage clinicobiologique Le traitement des saignements microvasculaires, en relation avec
peropératoire, dont l’importance dépend de la sévérité de la cirrhose des désordres toujours complexes de l’hémostase, est mal codifié.
mais surtout du type de chirurgie [25]. L’habitude la plus répandue répond au souci de maintenir les seuils
minimaux de facteurs hémostatiques habituellement recommandés
dans le domaine de la transfusion massive (TP > 35-40 %,
Monitorage et surveillance biologique plaquettes > 50 000/mm3, fibrinogène > 0,8-1 g/L). L’apport de fac-
teurs déficients est assuré par la transfusion de plasma et de concen-
• Monitorage des interventions mineures trés plaquettaires. L’utilisation d’antifibrinolytiques (aprotinine) peut
– électrocardioscope ; être indiquée en cas de saignement anormal avec signes biologiques
– pression artérielle non sanglante ; de fibrinolyse.
– oxymètre de pouls : SaO2 ;
En chirurgie abdominale, la diminution pharmacologique de la
– capnographe : FECO2.
pression portale par la vasopressine ou ses analogues a été utilisée
• Monitorage des interventions majeures
pour réduire les pertes sanguines [42, 98]. Le rapport bénéfice/risque
– pression artérielle sanglante ;
n’ayant été pas évalué, cette approche ne peut être actuellement
– pression veineuse centrale ± pression capillaire pulmonaire
recommandée.
(Swan-Ganz) ;
– température ;
– diurèse horaire ; ■ Préservation du débit sanguin hépatique (DSH)
– système de perfusion rapide avec au moins un gros cathéter Le maintien de conditions d’oxygénation hépatique satisfaisantes
périphérique ou un désilet brachial ou fémoral ; revêt une importance particulière et doit être une préoccupation
– moniteur de la curarisation. constante. Plusieurs éléments sont susceptibles d’altérer le DSH en
• Surveillance biologique pour les interventions majeures phase peropératoire mais le principal déterminant est l’acte chirurgi-
– ionogramme sanguin : K, Ca ; cal lui-même [99]. C’est essentiellement lors d’interventions de chirur-
– gaz du sang ; gie abdominale sus-mésocolique que s’observent les réductions les
– hémoglobine, hématocrite ; plus marquées du DSH. D’autres facteurs de réduction de DSH sont
– numération des plaquettes ; contrôlables par l’anesthésiste :
– TP, TCA, ± fibrine, PDF, facteurs de coagulation. – contrôle hémodynamique : prévention de toute chute du débit car-
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diaque et de toute hypotension artérielle prolongée car le débit


sanguin splanchnique est étroitement lié à ce dernier [100] ;
■ Remplissage et transfusion – paramètres de ventilation : le DSH diminue sous l’effet de la venti-
En chirurgie périphérique ou mineure, les apports hydroélectrolyti- lation en pression positive, surtout si elle s’accompagne d’une
ques de base ne doivent pas différer par rapport au sujet sain, mais il pression expiratoire positive (PEP) [100-102] ;
faut éviter une inflation hydrosodée postopératoire. – contrôle de l’hémostase : l’hémorragie avec hypovolémie sévère de
plus de 30 % diminue le DSH [103]. Pour une hypotension compa-
En cas de laparotomie ou de thoracotomie, le problème est diffé-
rable, l’oxygénation hépatique est moins bonne lorsque l’hypoten-
rent. Il existe, en cas d’HTP, une transsudation péritonéale perma-
sion est consécutive à une hémorragie plutôt qu’à l’administration
nente et une vasodilatation veineuse, sources de difficultés
de produits anesthésiques [93].
chirurgicales et de saignements. Ainsi, les pertes sanguines et les
transfusions sont des facteurs clairement associés à une morta-
lité/morbidité accrue [40-42, 46, 96]. Ainsi, une attention particulière RÉANIMATION POSTOPÉRATOIRE
doit être portée à l’hypovolémie et il est inutile d’instituer une restric- Les complications postopératoires pouvant survenir chez l’IHC
tion hydrosodée préventive de l’ascite postopératoire. sont nombreuses et graves. Elles jouent un rôle déterminant dans le
Les apports doivent donc être guidés par la quantification des pronostic [94, 95]. De plus, les perturbations hémodynamiques qui
pertes, les données biologiques et surtout par les indicateurs de risquent de survenir vont avoir des conséquences délétères sur le
l’hypovolémie. Le schéma de compensation des pertes sanguines et débit sanguin hépatique pouvant à terme conduire à une détériora-
liquidiennes fait appel aux cristalloïdes, aux substituts colloïdaux du tion de la fonction hépatocytaire.
plasma et aux produits sanguins.
Les solutions d’hydroxyéthylamidons doivent être utilisées avec ■ Infections
prudence en raison du risque potentiel d’altérations de l’hémostase. Garrisson [41] a souligné que l’infection est la première cause de
Les données existantes chez le sujet sain sont contradictoires, nulles mortalité postopératoire du cirrhotique. Même en l’absence d’inter-
pour certains, purement biologiques ou associées à un risque vention chirurgicale, l’incidence des complications septiques est de

Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale 11
6 VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

46 % [104]. Pour un diagnostic d’admission identique, le cirrhotique a Parmi les hémorragies non chirurgicales, les hémorragies digesti-
quatre fois plus de risques de développer une infection nosocomiale ves sont les plus fréquentes.
que le patient à foie sain [104]. Ces infections sont dues, en majorité, La rupture de varices œsophagiennes représente la cause de mort
à des bactéries à Gram négatif d’origine le plus souvent digestive de la moitié des cirrhotiques. Leur prise en charge impose une réani-
endogène. mation symptomatique et l’identification du site de l’hémorragie. La
correction de l’hypovolémie évite la survenue d’une insuffisance
■ Décompensation ascitique postopératoire rénale, mais l’augmentation de la pression portale est directement
proportionnelle à la volémie. L’endoscopie doit être effectuée le plus
Elle est fréquente et à l’origine de nombreux problèmes, en particu- tôt possible après correction de l’hypovolémie.
lier après chirurgie digestive [105, 106].
Son traitement fait appel aux diurétiques (spironolactones, diuré- ■ Thérapeutiques médicamenteuses de la rupture de varices
tiques de l’anse) et à la ponction d’ascite évacuatrice avec éventuelle-
ment compensation des pertes. Le risque majeur est de provoquer
œsophagiennes
une hypovolémie avec pour conséquences des troubles métaboli- Plusieurs médicaments sont utilisés dans le traitement des ruptures
ques, une aggravation de l’insuffisance rénale et la défaillance hépati- de varices œsophagiennes [95, 108]. La vasopressine réduit la pres-
que avec encéphalopathie. sion portale par vasoconstriction splanchnique. En France, la terli-
pressine (Glypressine) est employée par voie intraveineuse. La
De plus, lorsqu’il existe une surinfection d’ascite après chirurgie
somatostatine agit également par réduction du flux portal. Elle a peu
digestive, le problème est alors de différencier une surinfection
d’effets hémodynamiques systémiques. Son efficacité semble compa-
« spontanée » d’une péritonite postopératoire. L’analyse du liquide
rable à celle de la vasopressine.
d’ascite peut aider à répondre à cette question [107].

■ Syndrome hépatorénal
Principales causes de décompensation ascitique Ce syndrome associe oligurie et réduction de la natriurèse. Les
postopératoire données expérimentales montrent une réduction « paradoxale » glo-
bale du débit sanguin rénal, surtout cortical. Son traitement est limité :
• Cardiovasculaires – correction de l’hypovolémie ;
– diminution du retour veineux par compression de la VCI ; – emploi de dopamine à faibles doses ;
– compression du ventricule droit par ascension diaphragmatique ;
– traitement étiologique par anastomose portocave et transplanta-
– augmentation de la postcharge ;
tion hépatique.
– réduction des débits splanchniques.
• Rénales Le pronostic de cette complication est défavorable dans la majorité
– réduction du débit sanguin rénal ; des cas.

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– réduction de la filtration glomérulaire.
• Pulmonaires ■ Troubles de la conscience : encéphalopathie hépatique
– augmentations des pressions intrathoraciques ; L’encéphalopathie hépatique peut survenir en postopératoire car
– diminution des volumes pulmonaires ; les facteurs déclenchants sont nombreux : hémorragie digestive,
– diminution de la compliance totale ; déshydratation, agents sédatifs, sepsis, constipation, anastomose
– ventilation des zones proclives. portocave… À la différence du coma hépatique de l’IHC aiguë,
• Autres l’encéphalopathie portocave ne s’accompagne pas d’œdème cérébral
– augmentation de la pression portale ; et est réversible si le traitement étiologique est instauré.
– anorexie ; Le traitement est fondé sur trois éléments :
– hernies ombilicales et inguinales. – arrêt du facteur déclenchant ;
– contrôle des voies aériennes et prévention de l’inhalation ;
– arrêt de l’absorption intestinale de métabolites azotés. Le lactulose
■ Hémorragies induit une acidification du contenu digestif, un blocage de la pullu-
Dans les suites d’une intervention, le risque hémorragique est par- lation bactérienne et de l’absorption d’azote.
ticulièrement élevé chez l’IHC où se trouvent associées :
– des perturbations de l’hémostase ; ■ Ictères postopératoires
– des affections chirurgicales susceptibles de saigner. La survenue d’ictères en postopératoire est fréquente et doit
L’origine du saignement doit toujours être recherchée. Cela peut imposer une démarche étiologique rigoureuse et ne pas se contenter
être un défaut d’hémostase chirurgical, même s‘il existe d’importantes du diagnostic de décompensation ictéro-ascitique. La démarche dia-
perturbations de la crase sanguine. De plus, la persistance de gnostique impose un examen clinique, un bilan biologique et une
l’hémorragie ne fait qu’accentuer les perturbations de l’hémostase, du échographie abdominale. Les causes sont multiples : hémolyse,
fait de l’inévitable dilution et de la réduction des possibilités de syn- résorption d’hématome, cholestase posthépatique, complication de la
thèse hépatique endogène. chirurgie, sepsis, exceptionnelle hépatite aux halogénés.

12 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale
VII – 6 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 6
■ Troubles métaboliques ■ Dérivations péritonéoveineuses
Les perturbations métaboliques sont fréquentes et parfois de trai- Elles sont destinées à traiter des ascites réfractaires chez des
tement difficile, une part importante de celles-ci étant d’origine iatro- cirrhotiques ayant une IHC modérée sans antécédent d’hémorragie
gène [94, 95] : variqueuse. Il s’agit le plus souvent d’une dérivation péritonéojugu-
– hyponatrémie : le plus souvent par dilution dans le cadre d’un laire avec une valve unidirectionnelle de type Le Veen, qui permet le
hypervasopressinisme ou bien par déplétion, dans le cadre de passage du liquide d’ascite dans le secteur vasculaire. Il existe des
diarrhées profuses ou par excès de diurétiques ; complications à type de surcharge volémique avec œdème pulmo-
– hypokaliémie : secondaire aux pertes digestives et rénales naire, coagulopathie de consommation, embolie gazeuse et infec-
(diurétiques) ; tion… [112, 113].
– anomalie de l’équilibre acidobasique : avec souvent une alca-
lose mixte à la fois respiratoire (hyperventilation hypoxique) et
métabolique (hypokaliémie, vomissements, hypovolémie) ; Conclusion
– hypomagnésémie secondaire aux diurétiques de l’anse ;
– hypercalcémie à un stade avancé de la cirrhose. Du fait des multiples fonctions assurées par le foie, l’anesthésie
d’un patient porteur d’une IHC et/ou d’une HTP est un véritable défi.
■ Prise en charge nutritionnelle La prise en charge de ces patients doit donc commencer en phase
préopératoire par une évaluation en consultation préanesthésique,
On admet que l’apport nutritionnel calorique quotidien du cirrho-
gardant à l’esprit la grande susceptibilité de ces patients à la patholo-
tique doit être limité à 2000 kcal. L’apport protéique initial ne doit pas
gie iatrogène, et une préparation hépatique et extrahépatique minu-
dépasser 0,6 g/kg. Il peut ensuite être augmenté par paliers jusqu’à
tieuses. Théoriquement, le choix de l’anesthésie doit porter sur des
1,5 g/kg.
agents non hépatotoxiques, ne diminuant pas le débit et l’oxygéna-
Dans la mesure du possible, l’alimentation entérale doit être réin- tion hépatique. Ces agents « idéaux » n’existent pas et le choix est
troduite le plus tôt possible car elle évite la translocation bactérienne d’autant plus difficile qu’il n’existe aucun moyen de prédire les effets
et la cholestase de jeûne. L’apport d’oligo-éléments et de vitamines de la maladie sur la pharmacologie des médicaments. Ainsi, quel que
(groupe B, folates) sera systématique. soit l’agent choisi, il faut toujours réduire les doses administrées par
rapport au sujet normal et en surveiller les effets cliniques. Enfin, la
INTERVENTIONS CHIRURGICALES SPÉCIFIQUES prise en charge peropératoire ne doit pas se cantonner à choisir la
Elles concernent essentiellement le traitement de l’hypertension technique anesthésique, mais il faut aussi optimiser les moyens de
portale. monitorage en fonction de l’importance de l’acte opératoire.

■ Dérivations portosystémiques (DPS)


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Elles ont pour but de réduire la pression portale, de prévenir les


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effectuée sous anesthésie générale ou sous sédation. Elle s’accom- nisms in portal hypertension. Hepatology 1987;7:644-7.
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Elle consiste en une mise en communication des veines sus-hépa- 1997;27:492-5.
tiques avec un territoire veineux dépendant de la veine porte, ce qui [9] Moreau R, Gaudin C, Hadengue A, et al. Renal hemodynamics in patients
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16 Chapitre 6 – Anesthésie d’un patient souffrant d’insuffisance hépatocellulaire et/ou d’hypertension portale

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