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ET n’16

Introduction :

Le passage étudié est extrait de la première partie de "La Peau de Chagrin" d'Honoré de Balzac, un
roman fantastique publié en 1831. Il met en scène Raphaël et l'antiquaire autour de la Peau de
Chagrin, un objet capable de réaliser les souhaits de son possesseur, mais qui se rétrécit à chaque
réalisation de désir, réduisant ainsi l'espérance de vie de son propriétaire. La problématique qui se
pose ici est la suivante : comment ce passage annonce-t-il les enjeux du roman ? Pour y répondre,
nous étudierons le développement des mouvements dans le texte ainsi que la problématique sous-
jacente à la discussion entre les deux personnages.

1er mouvement (lignes 1 à 7)

Le passage étudié est extrait de la première partie de "La Peau de Chagrin" d'Honoré de Balzac. Il
s'agit de la fin de l'exposé philosophique de l'antiquaire, en réponse à la demande de Raphaël, qui
vient d'entrer en possession de la Peau de Chagrin. Ce premier mouvement, qui s'étend des lignes 1 à
7, introduit l'objet central de l'intrigue : la Peau de Chagrin, un objet fantastique capable de réaliser
les souhaits de son possesseur, mais qui se rétrécit à chaque réalisation de désir, réduisant ainsi
l'espérance de vie de son propriétaire.

Le passage met en évidence le pouvoir de la Peau de Chagrin, présentée comme "le pouvoir et le
vouloir réunis", qui peut satisfaire les désirs les plus excessifs, même si ceux-ci sont susceptibles de
tuer leur propriétaire. Le champ lexical de l'excès, composé d'idées sociales, de désirs excessifs,
d'intempérances et de joies qui tuent, est énuméré pour montrer la fascination que cet objet exerce
sur la jeunesse, désignée par l'utilisation répétée du pronom possessif "vos".

Cependant, l'antiquaire cherche à contredire cette vision des jeunes, en s'interrogeant sur le point où
la volupté devient un mal, et où le mal est encore une volupté. Il souligne que la sagesse vient du
savoir, tandis que la folie est l'excès d'un vouloir ou d'un pouvoir. Cette phrase illustre l'interrogation
philosophique de Balzac sur la place de l'homme dans le monde, et la recherche du bonheur et de la
sagesse.

En somme, ce premier mouvement expose les enjeux du roman, en présentant la Peau de Chagrin
comme un objet fascinant mais dangereux, capable de satisfaire les désirs les plus excessifs, mais qui
réduit l'espérance de vie de son propriétaire. Le texte met également en avant l'opposition entre la
jeunesse, fascinée par l'excès, et la sagesse de l'âge mûr, qui cherche à comprendre la nature de
l'homme et du monde.
2eme mouvement (lignes 8 à 13)

Le deuxième mouvement du texte met en scène l'affrontement entre l'antiquaire et Raphael autour
de la Peau de chagrin. Raphael exprime son désir de vivre avec excès, alors que l'antiquaire tente de
le mettre en garde contre les dangers de la Peau de chagrin. Raphael rejette les mises en garde de
l'antiquaire et affirme sa volonté de prendre la peau de chagrin. Il souligne également que ses années
d'étude et de pensée n'ont pas réussi à lui procurer une vie satisfaisante.

Dans ce mouvement, Balzac utilise différents procédés pour mettre en avant les idées de ses
personnages. Il utilise une interjection et deux adverbes pour souligner la détermination de Raphael.
Il utilise également une proposition incise pour montrer l'action physique de Raphael en saisissant la
Peau de chagrin. L'apostrophe et l'impératif présent de l'antiquaire sont des moyens pour accentuer
la gravité de la situation. L'utilisation de l'analepse renforce l'idée que Raphael a eu une intention
sage, mais que cela ne lui a rien apporté.

La phrase négative "je ne veux être la dupe" exprime la détermination de Raphael à ne pas être
trompé par les discours de l'antiquaire. Les périphrases utilisées pour parler de la Peau de chagrin et
des charitables efforts de l'antiquaire soulignent la réticence de Raphael à suivre la voie de la sagesse.
La référence à la prédiction de Swedenborg renvoie à l'inscription sur la peau et souligne les
conséquences potentielles de la prise de la peau de chagrin.

Enfin, la conclusion de Raphael selon laquelle son existence est désormais impossible montre son
désespoir et son manque de perspectives. Il est prêt à tout tenter, car il n'a rien à perdre.

En somme, ce mouvement montre l'opposition entre les idées de l'antiquaire et de Raphael, ainsi que
la détermination de Raphael à poursuivre son désir, malgré les mises en garde. Balzac utilise
différents procédés pour mettre en avant les idées de ses personnages et souligner la gravité de la
situation.

3eme mouvement (lignes 14 à 23)

Le troisième mouvement du passage de La Peau de chagrin de Balzac présente la formulation des


désirs de Raphaël. Tout d'abord, il s'exclame "Voyons !" en serrant son talisman avec excitation,
montrant qu'il est prêt à voir ce qui va se passer. Il exprime ensuite son souhait d'avoir un dîner
splendide et extravagant, avec des convives jeunes, spirituels et sans préjugés, ainsi que des vins
incisifs et pétillants pour les enivrer pendant trois jours. Il veut que la nuit soit remplie de femmes
ardentes et que la Débauche les emporte dans son char à quatre chevaux au-delà des bornes du
monde, sur des plages inconnues. Il demande alors à ce pouvoir sinistre de fondre toutes les joies
dans une joie, pour qu'il puisse embrasser les plaisirs du ciel et de la terre dans une dernière étreinte
avant de mourir.

Dans ce mouvement, Balzac utilise divers procédés pour montrer les désirs excessifs de Raphaël, tels
que l'hyperbole avec des termes tels que "royalement splendide", "bacchanale", et "joyeux jusqu'à la
folie". De plus, la métaphore "par-delà les bornes du monde" montre l'impossibilité de son souhait.
Le champ lexical de la débauche, avec l'expression "Débauche en délire et rugissante", illustre la
volonté de Raphaël de se livrer à des plaisirs extrêmes. Enfin, la phrase "Oui, j'ai besoin d'embrasser
les plaisirs du ciel et de la terre dans une dernière étreinte pour en mourir" annonce la fin du roman,
suggérant que les désirs excessifs de Raphaël le conduiront à sa perte.

Conclusion :

Le passage étudié met en évidence les enjeux du roman en présentant la Peau de Chagrin comme un
objet capable de réaliser tous les désirs de son possesseur, mais qui se rétrécit à chaque réalisation,
réduisant ainsi l'espérance de vie de son propriétaire. Les mouvements du texte, en présentant
successivement la fascination de Raphaël pour la Peau de Chagrin, la mise en garde de l'antiquaire
contre les dangers de l'excès et la décision de Raphaël de vivre avec excès malgré tout, soulignent les
thèmes de la jeunesse, de la sagesse et de l'excès qui seront explorés tout au long du roman. Ainsi, ce
passage annonce les enjeux centraux de l'oeuvre, à savoir la quête de la jeunesse éternelle et la lutte
contre l'excès.

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