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CHAPITRE 5 : LES CREDITS BANCAIRES (crédits de trésorerie

et crédit de consommation)

1. LES BESOINS ÉLÉMENTAIRES DES PARTICULIERS

Les besoins de crédit des particuliers sont classiquement répertoriés en fonction de la cause
qui leur donne naissance. Globalement, un particulier se trouve confronté à trois situations de
base.
1.1. Le besoin passager : Il est engendré par une dépense imprévue (réparation d’une voiture,
remplacement d’un appareil électroménager, etc.) ou par le décalage d’une rentrée attendue (frais
de déplacement non encore remboursés, etc.). Le banquier apportera sa réponse à ce type de
besoin en proposant à sa clientèle des crédits de trésorerie.

1.2. Le besoin exceptionnel : Il est généré par l’acquisition de biens d’équipement divers (achat
d’une voiture, de mobilier, etc.) ou par une dépense importante (mariage d’un enfant, frais
médicaux, frais de rentrée scolaire). Considérant que le client pourra le rembourser
progressivement sur ses rentrées régulières, le banquier lui octroiera un concours parmi sa gamme
de crédits à la consommation.

1.3. L’investissement immobilier : Peu d’acquéreurs peuvent payer comptant, qu’il s’agisse de
l’acquisition d’un terrain, d’un appartement ou de la construction d’une maison individuelle à
destination de future résidence principale, secondaire ou locative. Le banquier proposera à sa
clientèle une gamme variée de crédits immobiliers.

2. CONNAITRE ET ANTICIPER LES BESOINS

 La connaissance du client par le dialogue


 Les opportunités du « calendrier » :
− rentrée scolaire,
− échéances fiscales,
− fêtes religieuses,
− constructions,
− etc.

3. LA MAITRISE DU RISQUE

Quand une banque réalise des opérations de crédit, elle ne peut oublier le rôle
d’intermédiation qui est le sien dans la distribution de crédits grâce aux ressources collectées
auprès de sa clientèle : quoi qu’il advienne des sommes prêtées, il lui faudra rembourser les
déposants. La conduite de l’analyse de toute demande de crédit (ainsi que nous l’examinerons en
détail au cours des séquences suivantes) doit reposer sur la maîtrise du risque qui s’obtient par la
réponse à deux questions fondamentales :

 avant toute autre considération : comment le client pourra-t-il rembourser son crédit ?
 ensuite : si un événement imprévu l’empêche de rembourser, comment récupérer les sommes
prêtées ?

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La réponse à la première interrogation devra être recherchée dans la détermination de la
capacité de remboursement du client, compte tenu à la fois de ses revenus et de ses habitudes de
consommation. Chaque établissement dirige sa propre approche pour déterminer cette capacité du
client emprunteur à faire face à ses échéances ; deux techniques sont couramment utilisées : La
détermination de la capacité de remboursement (elle s’effectue par la prise en compte des
charges et des revenus du futur emprunteur, afin d’extérioriser un taux d’endettement que l’on
jugera supportable ou non) et Le scoring (Cette technique intègre un certain nombre de critères,
qui permettent à chaque banque de déterminer un niveau de risque applicable à chaque client, à
partir d’un échantillon représentatif de la qualité attendue de sa clientèle, et symbolisé par
l’attribution d’une note de score. En fonction de cette évaluation du risque, le conseiller obtient un
indice de confiance, qui lui permet une étude sereine du prêt sans risque majeur (un « feu vert
»)).

4. LA PRISE DE GARANTIES

Lorsqu’il aura acquis la conviction que son client peut le rembourser sans difficulté majeure, le
banquier se posera la question de savoir comment il pourra récupérer les sommes prêtées en cas
de défaillance temporaire ou définitive de l’emprunteur. Cette préoccupation revient à évoquer le
choix des garanties pour se couvrir à la fois contre :

■ Se couvrir contre le risque d’immobilisation : Chronologiquement, le premier risque


probable est celui d’immobilisation et le banquier doit trouver la « parade » aux principales causes
qui justifient le non-paiement d’une ou de plusieurs échéances :

 la maladie, dont les conséquences seront atténuées par la souscription d’une assurance «
incapacité totale temporaire » qui prendra en charge les mensualités ;
 la perte de l’emploi, qui pourra faire l’objet d’une couverture partielle par une assurance
chômage ;
 la difficulté passagère, qui sera garantie par la signature d’une caution personnelle et
solidaire d’un proche de l’emprunteur, qui prendra le relais du débiteur défaillant jusqu’à ce
que sa situation se rétablisse.

■ Se couvrir contre le risque de non-remboursement : Le risque de non-remboursement


pose des problèmes beaucoup plus délicats à résoudre, puisque sa couverture n’est souvent
rendue possible que par la vente forcée ou à l’amiable du bien financé. Le banquier doit faire en
sorte de trouver des solutions plus simples et rapides :

 la souscription d’une assurance « décès incapacité totale » lui assurera la récupération


intégrale du capital restant dû, en cas de décès ou d’invalidité définitive de son client ;
 la prise de caution, déjà envisagée pour la couverture du risque d’immobilisation, le
garantira aussi pour le risque de non-remboursement si toutes les conditions sont réunies
pour prononcer la déchéance du terme en cas de non-respect par l’emprunteur de clauses
du contrat justifiant l’exigence pour le banquier de récupérer son capital sans tarder
(incidents répétés, utilisation des fonds à un autre usage que celui prévu au contrat de
prêt, accord du banquier obtenu par la production de faux documents, etc.) ;
 les sûretés réelles (hypothèque pour un bien immeuble, gage ou nantissement pour un
bien meuble) qui s’apparentent au dernier recours du banquier qui ne doit pas se
méprendre sur la valeur d’une garantie réelle : si l’objet du financement est mal entretenu
ou en mauvais état, il ne se revendra pas facilement.
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5. LA RELATION COMMERCIALE CLIENT / CHARGÉ DE CLIENTÈLE

Proposer un crédit doit devenir un acte aussi exigeant mais également aussi ordinaire que
proposer une solution de placement. Loin de l’image traditionnelle du client respectueux face à son
banquier, le chargé de clientèle doit prendre conscience de l’évolution des rapports liant la banque
à ses clients. À l’instar de la qualité de ses conseils en matière de placements, l’adéquation des
crédits proposés au client est aussi une condition de sa fidélité à
long terme.

Nous nous souvenons des questions que doit se poser tout chargé de clientèle pour aboutir
à une bonne connaissance de son client en matière de découverte des besoins de placement :

• comment vit-il ?
• que gagne-t-il ?
• que dépense-t-il ?
• que possède-t-il ?
• que doit-il et à qui doit-il ?

Le chargé de clientèle doit se livrer à une approche similaire pour toute demande de crédit
s’il veut apporter la meilleure réponse à son client. Un rendez-vous pour le montage d’un dossier
de crédit se prépare avec le même soin que pour un placement et le chargé de clientèle mettra
tout en œuvre pour agir avec efficacité avant, pendant et après l’entretien.

6. LES DIFFÉRENTS TYPES DE CRÉDITS

Chaque établissement bancaire peut proposer des variantes de crédits de trésorerie, dont
l’essentiel réside dans : la facilité de caisse ; le découvert et l’utilisation de la carte bancaire.

CREDITS DE TRESORERIE

6.1. La facilité de caisse :

Définition : La facilité de caisse consentie à un particulier est une souplesse qui permet à
son compte de dépôt de présenter, sur de très courtes périodes de quelques jours, un solde
débiteur.
Qui peut l’obtenir ?: Tout particulier capable disposant de revenus réguliers et domiciliés
provenant d’une situation stable peut obtenir une facilité de caisse.
Comment obtenir ?: Le formalisme réduit peut permettre d’envisager l’obtention d’une
facilité de caisse sans le montage d’un dossier ; une simple demande écrite ou verbale et
préalable à toute émission de chèque ou autre opération génératrice de débit suffit dans la
plupart des cas.
Pour quel montant ?: Il n’existe pas de norme en la matière ; l’équivalent d’un mois de
salaire est un plafond absolu et la prudence dicte de réduire l’autorisation au strict besoin.
Sur quelle durée ?: Si le besoin est exceptionnel, la facilité est consentie pour quelques
jours ou semaines ; s’il se renouvelle périodiquement, le banquier mettra en place une
autorisation valable un an.
À quelles conditions ?: La facilité de caisse est consentie à un taux qui compte parmi les
plus élevés que proposent les banques. Cette rémunération, perçue trimestriellement ou
parfois mensuellement, est la contrepartie d’une grande souplesse d’octroi, d’utilisation et

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d’amortissement, ainsi que d’un risque plus élevé que pour les crédits à remboursements
échelonnés.
Comment l’utiliser ?: Tous les moyens de paiement mis à la disposition du client lui
permettent d’utiliser cette facilité à sa guise.
Comment rembourser ?: L’augmentation progressive ou exceptionnelle des mouvements
créditeurs supérieure à celle des débiteurs constitue la technique habituelle de
remboursement d’une facilité de caisse.
Quels sont les risques spécifiques à ce type de crédit ?: La facilité de caisse est le
crédit qui présente le plus de risques pour le banquier :
 pas d’amortissement progressif obligatoire ;
 pas de contrôle, si ce n’est a posteriori et donc trop tard, sur l’utilisation des fonds ;
 pas de garantie systématique ; la caution d’un tiers solvable sera parfois demandée ;
 les banques font rarement souscrire une assurance couvrant les risques de décès,
incapacité ou perte d’emploi.

6.2. Le découvert

 Qu’est-ce qu’un découvert ?: La définition du découvert est souvent assimilée à celle de


la facilité de caisse et beaucoup de clients ne perçoivent pas la nuance entre ces deux
appellations. Pour le banquier, le découvert est considéré comme un crédit de trésorerie
consenti à un client particulier sur une durée beaucoup plus longue que la facilité de caisse,
pouvant atteindre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
 Qui peut l’obtenir ?: Tout particulier capable disposant de revenus réguliers et domiciliés
provenant d’une situation stable peut obtenir un découvert.
 Comment l’obtenir ?: Voir facilité de caisse.
 Pour quel montant ?: Le découvert peut correspondre à un besoin plus important ou
plus long à résorber que celui justifiant la facilité de caisse ; le montant en sera déterminé
au coup par coup, aucune règle ne pouvant valablement être édictée.
 Sur quelle durée ?: Bien qu’un découvert puisse s’envisager sur une durée plus longue
qu’une facilité de caisse, il ne saurait avoir une utilisation trop étendue dans le temps sans
démontrer son inadéquation au besoin du client qui aurait dû bénéficier d’une forme d’aide
plus appropriée (prêt personnel par exemple).

7. L’UTILISATION DE LA CARTE

Il peut paraître surprenant de présenter l’utilisation d’une carte bancaire dans notre
inventaire des crédits de trésorerie. Pourtant, il s’agit là d’une évidence que le chargé de clientèle
doit avoir constamment à l’esprit : en délivrant une carte, il s’engage à régler toutes les factures
dont l’émission par le commerçant sera conforme aux conditions de garantie, quel que soit le solde
inscrit au compte à la date de présentation de la facture. Le banquier prend un risque en théorie
illimité, jusqu’à ce que son opposition puisse être diffusée à tout le réseau des affiliés.

Pour tenter de se prémunir, le chargé de clientèle examinera régulièrement les états


d’encours de factures reçues par le centre de traitement et non encore débitées. Toute
augmentation anormale de l’utilisation devra au minimum déclencher une interrogation auprès du
client, voire des mesures plus coercitives, comme le retrait immédiat de la carte qui, rappelons-le,
reste propriété de la banque.

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Pour le client, la carte à débit différé est bien une forme de crédit, gratuit de surcroît (le
banquier perçoit cependant une compensation via un tarif d’abonnement bien plus élevé que celui
de la carte classique) : le débit des achats n’étant opéré qu’en fin de mois, les transactions
peuvent être effectuées sans que la provision existe au compte à la date de l’utilisation.
Cette situation n’est pas sans danger pour le client, puisque le salaire de fin du mois risque
rapidement de devoir faire face aux achats du mois écoulé et non plus à ceux du mois à venir ; si
ce type de décalage (d’un mois, voire plus) s’instaure, il sera difficile de le résorber, dès lors que le
banquier décide de résilier le contrat de la carte bancaire.

CREDITS A LA CONSOMMATION

8.1 La liste des besoins de Consommation

Les actions personnelles du chargé de clientèle et le recours à la mercatique permettront


d’offrir la solution adaptée au cas de chaque client :

 Cas 1 - Achat d’un bien d’équipement défini avec précision qui doit être réglé en une seule fois.
 Cas 2 - Dépense importante ne se traduisant pas par un investissement matériel (mariage d’un enfant,
funérailles d’un parent, etc.).
 Cas 3 -Réalisation en plusieurs fois d’une dépense (travaux d’aménagement de l’appartement, etc.).
 Cas 4 - Apparition régulière de charges connues d’avance et en anticipation sur des rentrées d’argent
certaines.
 Cas 5 - Choix d’un véhicule neuf.
 Cas 6 - Financement du voyage prévu pour les prochaines vacances.

Cette liste de besoins n’est bien entendu pas exhaustive, mais elle correspond à une majorité
de cas soumis au banquier qui doit y répondre aussi parfaitement, aussi commercialement et
aussi rapidement que possible.

8.2 Les types de crédit de consommation

Définition Caractéristiques
Crédit Prêt non affecté. Les sommes Durée : 3 mois à 60 mois ; montant : pas de plafond
personnel peuvent être utilisées librement ; remboursement par mensualité
par l’emprunteur. Le prêt n’est constante. Toutefois le prêt peut être
donc pas lié à un bien en remboursé par anticipation sans que
particulier. la banque ne puisse percevoir d’indemnité.
Crédit affecté Prêt dédié à l’achat d’un bien Mêmes caractéristiques que le crédit
en particulier personnel. La différence tient dans le fait que
le contrat de prêt est lié à l’achat d’un bien
(véhicule par exemple). Le contrat de prêt
est annulé et inversement si le contrat
d’achat du bien est remis en cause.
Crédit Réserve d’un montant variable Utilisation souple (réserve souvent adossée
permanent (montant qui dépend de la à une carte de crédit : le paiement d’un
(revolving) qualité du dossier) dans achat avec ladite carte déclenche l’utilisation
laquelle le client va pouvoir de la réserve).
puiser selon ses besoins (voir La réserve se reconstitue au fur et à mesure
exemple ci-dessous) des remboursements de l’utilisateur.

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