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Section II 

: Les produits bruts imposables


Dans le temps, un produit est imposable au titre de l’exercice au cours duquel le
bien est livré ou le service est accompli. Pour les travaux d’entreprise, les produits
sont nés à la date de réception, de mise à la disposition, des factures de doit ou de
décompte…
Dans leur nature, tous les produits sont imposables, à leur montant brut et hors
taxe. Mais certains sont dispensés ou imposés de façon particulière. Ces exceptions
sont dans les produits d’exploitation (§ I), les produits financiers (§ II) et les plus-
values (§ III).

§ I : Les produits d’exploitation


Nous verrons les stocks (A), les subventions (B) et les annulations de charge (C).
A- Les stocks de biens (art. 8. I- 4 CGI)
Les stocks de biens sont évalués au prix de revient ou au cours du jour de la
clôture de l’exercice si ce cours est inférieur au prix de revient. Mais, les travaux en
cours sont impérativement évalués au prix de revient.
L’évaluation des stocks est d'autant obligatoire que leur variation agit
négativement ou positivement sur le bénéfice.

Application 15 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Un montant total de 20 000 000 F versé, au cours du premier trimestre 2020, par
des élèves pour rémunérer des cours dispensés au mois de décembre 2019, la
facture a été adressée aux élèves au mois de février 2020 ;

- Loyer annuel de 14 160 000 F TTC payés, à l’avance, par la société « Rectangle »,


ESP a mis à sa disposition un local à usage commercial à partir du 1 er mars 2020
pour un loyer mensuel de 1 180 000 F TTC ;

- Le comte de résultat ne comprend pas en compte la variation de stock, alors que


le stock de fascicules est de 6 500 000 F au 31/12/2020 et de 4 300 000 F au
31/12/2019 ;

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B- Les subventions (art. 8. I- 6 CGI)
Les subventions sont impérativement imposables. Mais, le montant à imposer par
exercice dépend de la nature de la subvention.
Les subventions d’exploitation sont imposées totalement à l'exercice au cours
duquel elles sont encaissées.
Les subventions d’équipement sont imposées aux exercices au cours desquels
l’équipement financé par ladite subvention sera utilisé. Ainsi :
- lorsque ledit équipement est amortissable, le montant de la subvention est réparti
sur sa durée d’amortissement,
- lorsque ledit équipement n’est pas amortissable, le montant de la subvention est
réparti sur sa durée d’inaliénabilité ou, à défaut, sur une durée de dix ans,
- en cas de cession de l’équipement avant la fin des durées précisées ci-dessus, le
montant non encore imposé de la subvention est soustrait de sa valeur comptable
pour le calcul de la plus-value ou de la moins-value.

Application 16 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Subvention de 49 500 000 F CFA HT reçue de l’État le 01/01/20 comprenant un
montant de 29 500 000 F TTC pour compenser l’insuffisance de la mensualité versée
par certains étudiants aux conditions modestes, et un montant de 20 000 000 F pour
l’acquisition d’un bus de transport des étudiants, le bus est acheté le 01/04/2020 au
prix de 47 200 000 F TTC et ne peut, selon le contrat de subvention, être vendu par
ESP avant la fin d’une période de 4 ans même s’il est amortissable sur 5 ans ;

C- Les annulations de charges


Une annulation de charge constitue un produit. Celui-ci est imposable si la charge
annulée était déductible au moment de son constat. A défaut, il n’est pas imposable.

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C’est le cas du dégrèvement qui annule une imposition. Il est rattaché à l’exercice
au cours duquel l’entreprise est avisée de la décision qui le lui accorde.
C’est aussi le cas d’une reprise de provision. Elle est rattachée à l’exercice au
cours duquel la provision est devenue sans objet.

Application 17 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Dégrèvement de 2 300 000 F notifié à la société à la date du 15 décembre 2020
au titre de la contribution économique locale de l’année 2018, ESP a reçu le
remboursement de cet impôt au 17 avril 2021 ;

- Dégrèvement de 5 600 000 F notifié à la société à la date du 15 janvier 2020 au


titre de l’impôt sur les sociétés de l’année 2019,

- Reprise d’une provision de 6 000 000 F qui avait été passée au titre de l’exercice 2019
pour couvrir l’indemnité légale d’un salarié, cette provision avait été traitée correctement
sur le plan fiscal ;

§ II : Les revenus de capitaux mobiliers


Les revenus de capitaux mobiliers sont, en principe, soumis à une retenue à la
source qui doit être effectuée par le payeur.
En principe, la retenue n’est pas libératoire et ne dispense pas le revenu d’être
soumis à l’IS. Mais, quand la retenue est libératoire, elle dispense le revenu d’être
imposable à l’IS. La dispense d’imposition peut aussi être due à une exonération.
En tout état de cause, la retenue susvisée constitue un crédit d’impôt soustrait de
l’IS à payer quand le revenu est imposable à l’IS. Quand le revenu n’est pas
imposable, ladite retenue ne constitue pas un crédit d’impôt.
L’application de ces principes varie selon qu’il s’agit de produits de participation
(A) et des autres revenus de capitaux mobiliers (B).

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A- La dispense totale ou partielle des produits de participation
Les produits de participation sont soumis à une retenue de 10%. Même si cette
retenue est non libératoire, les produits sont exonérés s’ils viennent d’une filiale (1)
ou sont versés à une holding (2). Sinon, les produits sont imposés partiellement (3).
1. L’exonération des produits de participation dans une filiale (a. 21)
Une société est fiscalement une filiale d'une autre au respect de ces conditions :
- les deux sociétés doivent être imposables à l'IS,
- la société participante doit avoir son siège social au Sénégal,
- la société participante doit posséder, au moins, 10% du capital de l’autre société,
- les actions ou parts de la société participante doivent être souscrites ou attribuées
à l’émission,
- ces actions doivent être inscrites au nom de la société ou que celle-ci s’engage à
les conserver pendant deux années consécutives sous la forme nominative.
Le respect de ces conditions emporte les conséquences suivantes :
- le montant brut des dividendes provenant de la filiale est exonéré d'IS.
- les frais de gestion des participations ne sont pas déductibles. Mais, le montant à
réintégrer est une quote-part fixée à 5% du produit brut des participations sans
pouvoir excéder le montant total des frais et charges exposés par la société.
- la retenue opérée par la filiale n’est pas constitutive de crédit d’impôt.
2. L’exonération des produits bruts revenant à une holding (art. 23)
Les produits bruts de participations revenant à une holding sont exonérés, selon
les modalités du régime filial, au respect des conditions suivantes :
- la société holding doit être de droit sénégalais,
- la société holding doit être sous forme de SA ou de SARL,
- l’actif immobilisé de la société holding doit être constitué, pour au moins deux
tiers, de participations (actions, parts) respectant les conditions du régime
filial,
- la société holding ne doit, hors la gestion des participations, exercer que des
activités :
o de direction, gestion, coordination et contrôle des sociétés du groupe,
o de recherche et de développement au seul profit du groupe,
o d’assurer la gestion de la trésorerie du groupe.

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3. L’imposition partielle des autres produits de participations (a. 25)
Lorsque les conditions du régime filial ou du régime holding ne sont pas remplies,
les produits sont imposés sur une quote-part de 40% de leur montant brut. Dans ce
cas, le crédit d’impôt est égal à 40% de la retenue effectuée par la société versante.
Mais cette règle ne s'applique pas aux participations dans des sociétés non
soumises à l’IS. Dans ce cas, les produits de participation ne sont pas fiscalement
des produits. Et, la société participante doit, par une réintégration ou une déduction
extracomptable, rattacher à son résultat fiscal sa part du résultat fiscal réalisé dans
l’autre société non soumise à l’IS.

Application 18 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Dividende brut de 9 000 000 F distribué par la SARL unipersonnelle « XAM XAM »,
les parts sociales de ESP ont été souscrites en son nom ;

- Dividende brut correspondant au montant de 6 500 000 reçu de la SA « SONATEL »


dont le capital est détenu à 11% avec des actions achetées à la bourse régionale,

- Dividende net de 5 000 000 F reçu de la société civile de copropriété immobilière


« SOUF » dont ESP détient sous forme nominative 75% des parts sociales, la société
civile a réalisé au titre de l’exercice 2020 un bénéfice fiscal de 30 000 000 F,

B- Les autres revenus de capitaux mobiliers


Certains de ces revenus sont totalement exonérés (1). L’imposition des revenus
non exonérés dépend du caractère libératoire ou non de la retenue (2).

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1. L’exonération de revenus de créances, dépôts et cautionnements
Les articles 12 et 105 exonèrent d’IS ces revenus de créances et de dépôts :
- les revenus des titres d'emprunts émis par l’Etat ou les collectivités territoriales,
- les revenus de comptes de dépôts ouverts dans la Banque de l’Habitat du
Sénégal, ainsi que des prêts et avances consentis à cet établissement,
- les intérêts des sommes inscrites sur les livrets d’épargne des personnes
physiques, servis par une banque, un système financier décentralisé, un
établissement financier ou une caisse d’épargne situés au Sénégal,
- les intérêts des prêts consentis aux coopératives ou unions des coopératives ou
des prêts qu’elles consentent,
- les intérêts des prêts consentis par la BCEAO,
- les intérêts des prêts consentis par l'Agence Française de Développement,
- les intérêts des prêts consentis à la Caisse Nationale de Crédit Agricole du
Sénégal,
- les revenus des prêts et avances consentis aux sociétés d’économie mixte qui ont
pour objet la promotion et le développement de la petite et moyenne entreprise,
- les revenus des emprunts contractés par la S.N.H.L.M et par les sociétés qui se
consacrent, avec l’agrément de l’Etat, au développement de l’habitat économique,
- les intérêts des valeurs d’état,
- les lots ainsi que les primes de remboursement rattachés aux bons et obligations
lorsqu’ils sont expressément exonérés,
- les revenus des prêts des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de
crédit ou d’associations créées et fonctionnant conformément à la loi organique
portant réglementation des systèmes financiers décentralisés et à leur objet,
- les revenus que les systèmes financiers décentralisés susvisés servent à leurs
clients dans la limite des montants fixés par arrêté du Ministre chargé des
finances,
- les revenus des fonds déposés en gestion, pour une durée minimale de trois (3)
ans, auprès des entreprises de capital risque,
- les produits, plus-values et transactions se rapportant aux titres émis par les Etats
membres de l’UEMOA en représentation des concours consolidés de la BCEAO.

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2. L’imposition des autres revenus suivant le caractère libératoire de
la RAS
Certains revenus sont soumis à une retenue libératoire qui les dispense d’être
imposables à l’IS. C’est le cas des :
- Revenus de bons de caisse : ils sont soumis à une retenue de 20% libératoire
(art. 173 du CGI)
- Revenus d’obligations émises au Sénégal à échéance d’au moins cinq ans : ils
sont soumis à une retenu de 6% libératoire (art. 203. 3 CGI).
Les autres revenus de capitaux mobiliers restent soumis à une retenue non
libératoire qui ne les dispensent pas d’être imposables à l’IS. C’est le cas des :
- Revenus d’obligations non émises au Sénégal et de celles à échéance de moins
de cinq ans : ils sont soumis à une retenu de 13% (art. 173 CGI).
- Revenus de créances, dépôts, cautionnements et comptes courants qui, en
principe, sont soumis à une retenue de 16%. Le taux est réduit à 8% pour les
revenus des comptes courants et de dépôt courants ouverts dans une banque, un
agent de change, un courtier en valeurs mobilières, un système financier
décentralisé, une société holding (fiscal), la Caisse des Dépôts et Consignations, et
chez les comptables du Trésor (art. 173 CGI).

Application 19 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Intérêts bruts de 715 000 F revenant à ESP en rémunération d’un compte courant
détenu dans la SARL « XAM XAMA » dont le capital est détenu totalement par ESP ;

- Intérêts bruts correspondant au montant de 500 000 F viré au compte de ESP en


rémunération de bons de caisse : 500 000 F ;

- Intérêts versés par la Caisse Nationale de Crédit agricole : 957 460 F ;

- intérêts bruts correspondant au montant net de 800 000 F versé par la banque


CBAO (dépôts à terme) ;

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- intérêts bruts d’une obligation contractée le 1 er janvier 2018 et dont l’échéance de
remboursement est fixée au 2 janvier 2023 : 650 000 F ;

§ II : Les autres produits à caractère financier


Il s’agit des écarts de conversion-passif (A) et des abandons de créance (B).
A- Les écarts de conversion-passif
Suivant l'article 8. I. 5 du CGI, les écarts de conversion des devises ainsi que des
créances et dettes libellées en monnaies étrangères doivent être déterminés à la
clôture de chaque exercice en fonction du dernier cours de change.
Alors, les gains probables sont imposables et doivent être réintégrés au bénéfice.
Les pertes probables sont déductibles et ne donnent lieu à aucune correction.

Application 20 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Gain de change réalisé au paiement par le client Davies, au 11 avril 2020, d’une
créance de 100 000 dollars (cours du dollar à 530 F). Cette créance est née d’une
prestation de conseil exécutée au 9 mai 2018 (cours du dollar à 450 F). Les cours du
dollar sont de 475 F au 31 décembre 2018 et de 500 F au 31 décembre 2019. Aux
années 2018 et 2019, rien n’a été enregistré au compte de résultat, mais l’opération
a été traitée correctement sur le plan fiscal ;

B- L’exonération des abandons de créances (art. 24 CGI)


Les abandons de créances constituent pour, la société débitrice, des produits
imposables. Mais, ils peuvent être exonérés provisoirement (A), et définitivement (B).
1. L’exonération provisoire des abandons de créances
Le bénéfice de cette exonération est soumis au respect des conditions suivantes :
- la société débitrice doit avoir le statut fiscal de filiale (conditions mère-filiale),
- les abandons ne doivent pas être des charges déductibles dans la société
créancière,

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- la société débitrice doit s’engager, par une lettre jointe à la déclaration de
résultat, à augmenter son capital selon les modalités prévues par la loi.
2. L’exonération définitive des abandons de créances
L’exonération est définitive si la société débitrice augmente son capital comme
suit :
- l’augmentation doit être réalisée avant la clôture du second exercice suivant celui
au cours duquel les créances sont abandonnées,
- le montant de l’augmentation doit, au moins, être égal à celui des abandons,
- la société créancière doit être la seule bénéficiaire de l’augmentation de capital,
- l’augmentation doit être effectuée en numéraire ou par conversion de créance.
A défaut, l’exonération est annulée et les abandons doivent être réintégrés au
bénéfice.

Application 21 : Analysez l’imposabilité de ces produits enregistrés par ESP :


- Produit de 20 000 000 F après que la S.A. UCAD ait abandonné, à la date du 10
juin 2020, la créance détenue sur ESP depuis le 6 avril 2019. HARVARD détient, à
son nom, 18% du capital de ESP depuis sa création. ESP souhaite bénéficier de
l’exonération de cet abandon de créance ;
TAF : l’abandon de créances est-il ou non une charge chez UCAD SA ? Pourquoi ?
dans quelle mesure la déductibilité de cette charge influe sur le bénéfice de
l’exonération ?

Il faut noter que l’augmentation de capital du 1 er novembre 2020 d’un montant de


20 000 000 F a été réalisée, par l’incorporation d’une créance de 3 000 000 F détenu
par la SA « UCAD » et des versements de 15 000 000 F faits par la SA « UCAD » et
de 2 000 000 F par Jeannot, pour consolider l’exonération provisoire de l’abandon de
créance de 19 000 000 F consenti à ESP le 20 juin 2018 par la SA « UCAD ».
TAF : est-ce que ESP peut se prévaloir d’une exonération définitive ? Pourquoi ?

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§ III : Les plus-values
Les plus-values constatées à la suite d’une réévaluation sont imposées à l'exercice
de constatation.
L’imposition des plus-values réalisées suite à la sortie d’une immobilisation varie
suivant qu'elles sont réalisées en cours d’exploitation (A) ou en fin d’exploitation (B).
A- L’imposition différée des plus-values en cours d’exploitation (art. 19)
La plus-value doit être imposée à sa réalisation. Mais, elle peut être différée en
passant par l’exonération provisoire (1), la consolidation (2) et l’imputation (3).
1. L’exonération provisoire de la plus-value en cours d’exploitation
Le bénéfice de cette exonération provisoire est soumis aux conditions suivantes :
- la plus-value doit résulter d’une cession réalisée en cours d’exploitation,
- la cession doit porter sur une immobilisation. Mais, les valeurs mobilières ne
peuvent permettre l’exonération que si elles sont détenues pendant cinq ans au
moins,
- le contribuable doit s’engager, par lettre annexée à la déclaration de résultat, à
réinvestir la totalité de la plus-value selon les modalités prévues par la loi.
2. L’exonération définitive de la plus-value
L’exonération est définitive quand le réinvestissement est effectué comme suit :
- le réinvestissement doit être effectué dans un délai de trois ans à compter de la
clôture de l’exercice au cours duquel la plus-value a été réalisée,
- le réinvestissement doit être effectué en immobilisations autres que financières
(sauf les actions ou parts acquises suite à l’augmentation du capital d’une société
à caractère industriel installée au Sénégal),
- le réinvestissement doit correspondre à une somme supérieure ou égale au total
de la plus-value et du prix de revient de l’élément cédé,
- le réinvestissement doit être financé par des fonds propres et non par un
emprunt.
Lorsqu’une de ces modalités n’est pas suivie, l’exonération est perdue. Et, la plus-
value qui avait été déduite du bénéfice doit être réintégrée immédiatement.
Mais quand toutes ces modalités sont suivies, la plus-value est définitivement
exonérée et ne peut pas être réintégrée. Mais, elle doit faire l’objet d’une imputation.

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3. L’imputation de la plus-value exonérée définitivement
La consolidation de l’exonération entraîne une diminution fiscale du prix de
revient des immobilisations réinvesties par le montant de la plus-value exonérée.
Cette diminution est destinée à réduire les amortissements déductibles au titre
des immobilisations réinvesties. Elle sert aussi à augmenter la plus-value imposable,
ou à réduire la moins-value déductible, en cas de cession desdites immobilisations.
Ainsi, la plus-value naguère déduite est progressivement reprise dans les
bénéfices. L’exonération consiste seulement à différer l’imposition de la plus-value.
B- L’imposition des plus-values réalisées en fin d’exploitation
Deux régimes coexistent : l’imposition partielle et le transfert d’imposition.
1. Le régime de l’imposition partielle (art. 259 CGI)
Les modes d’imposition partielle dépendent de la durée de vie de l’entreprise :
- si la fin d'exploitation a lieu moins de cinq (5) ans après la création ou l’achat
de l’entreprise, les plus-values sont imposables pour la moitié de leur montant,
- si la fin de l'exploitation a lieu cinq (5) ans au moins après la création ou
l’achat de l’entreprise, les plus-values sont imposables pour le tiers de leur
montant.
Mais, l’imposition partielle ne bénéficie pas à la plus-value provenant de la cession
de titres détenus dans des sociétés non cotées et à prépondérance immobilière. Dans
ce cas la plus-value est totalement imposée, sous réserve du transfert d’imposition.
2. Le régime de l'imposition transférée (art. 20 du CGI)
Les plus-values en fin d'exploitation sont exonérées au respect de ces conditions :
- les plus-values doivent provenir de la cession d'éléments de l’actif immobilisé,
- la cession doit résulter d’une fusion, d’une scission ou d’un apport partiel d’actif,
- ces opérations doivent concerner des sociétés sous forme de SA ou SARL,
- la société bénéficiaire de l’apport doit avoir son siège social au Sénégal,
- l’acte de fusion, de scission ou d’apport partiel d’actifs doit mentionner l’obligation
pour la société bénéficiaire de calculer les amortissements ainsi que les plus-
values relatifs aux biens apportés sur la base de leur valeur nette comptable au
jour de l’apport (et non de leur valeur d’apport). Le respect de cet engagement
entraîne le transfert de l’imposition de la plus-value à la société bénéficiaire de
l’apport.

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Application 22 : Analysez fiscalement ces opérations enregistrées par ESP :
- Plus-value de 30 000 000 F née de la cession des actions que ESP détient dans le
capital de la société anonyme « COURS », les actions sont cédées à le 15 novembre
2020 à 100 000 000 F alors qu’elles ont été acquises le 20 novembre 2015 ;

- Amortissement (2 500 000) d’une machine acquise le 1er juin 2019 (DUP 10 ans), sur
fonds propre, à 29 500 000 F TTC (TVA récupérable) pour réinvestir une plus-value de
4 000 000 F exonérée à la cession, le 1er mai 2016 au prix de 18 160 000 F, d’une
voiture achetée le 1er mai 2014 à 20 000 000 F HT (TVA récupérable, DUP 5ans).

Outre les corrections relatives aux charges et aux produits, le bénéfice peut subir
d’autres déductions extracomptables non liées à ces charges et produits.
Section III : Les déductions extracomptables (hors charges et produits)
Il s’agit des reports déficitaires (§ I) et des avantages fiscaux incitatifs (§ II).
§ I : Les reports déficitaires (art. 16 CGI)
Le déficit fiscal d’un exercice est imputé sur les bénéfices des exercices ultérieurs.
Mais, le délai d’imputation varie suivant l’origine du déficit. Celui-ci est constitué de :
- la part correspondant aux amortissements comptabilisés : les amortissements
réputés différés (ARD) qui sont imputables de façon illimitée,
- la part ne correspondant pas aux amortissements : le déficit ordinaire imputable
sur une durée de trois exercices suivant le terme de l’exercice déficitaire.
Alors, les déficits ordinaires sont imputés en priorité. Et le déficit ordinaire le plus
ancien est imputé en priorité.

Application 23 : Déterminez le résultat fiscal de ESP après report déficitaire


sachant que ESP a réalisé les résultats fiscaux suivants :
- 2015 : déficit fiscal de 75 543 121, amortissements comptabilisés de 15 030 208,

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- 2016 : bénéfice fiscal (avant imputation déficit) de 22 435 189 F,
- 2017 : déficit fiscal de 31 235 125, amortissements comptabilisés de 21 235 125,
- 2018 : déficit fiscal de 16 181 003, amortissements comptabilisés de 21 205 033,
- 2019 : bénéfice fiscal (avant imputation déficit) de 417 921 828 F,

§ II : Les avantages fiscaux incitatifs


Ce sont le crédit d'impôt pour investissements (A), la réduction d'impôt pour
exportation (B) et celle pour la promotion des énergies renouvelables (C).
A- Le crédit d’impôt pour investissements au Sénégal (art. 249 CGI)
Le crédit bénéficie aux entreprises investissant dans les conditions suivantes :
- les investissements doivent être supérieurs ou égaux à 100 000 000 F CFA,
- les investissements doivent tendre à la création ou l'extension d'établissements
dans des secteurs déterminés tels que l'agriculture, la pêche, la production, le
tourisme, à l’exclusion des reventes en l’état,
- les investissements doivent être des biens mobiliers neufs à usage professionnel,
matériels neufs, ainsi que des terrains à usage professionnel et biens immatériels.
Au respect de ces conditions, le crédit correspond à la déduction d’un montant
égal à 40% des investissements pour les entreprises nouvelles, et à 30% pour les
entreprises procédant à une extension. La déduction est limitée à 50% du bénéfice
imposable. Ce plafond est de 70% du bénéfice si l'entreprise est implantée hors de la
région de Dakar.
Le crédit débute à l’année suivant la clôture du programme d'investissements (sur
le bénéfice de l’exercice de clôture du programme) et peut s'étaler jusqu’à la
cinquième année. L'étalement est porté jusqu’à la dixième année pour les

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investissements excédant 250 milliards de francs. Le reliquat non imputé au terme de
la période est caduc et perdu.
B- La réduction d’impôt pour exportation (art. 253 CGI)
Seules les entreprises industrielles (sauf minières et pétrolières), agricoles et de
télé-services exportant au moins 80% de leur production peuvent bénéficier de cette
réduction.
La réduction se traduit par la déduction d’un montant égal à 50% du bénéfice.
C- La réduction d’impôt pour promotion des énergies renouvelables
(art. 253 bis)
Cette réduction bénéficie aux entreprises fabricant localement et exclusivement
des biens (listés par arrêté) destinés à la production d'énergies renouvelables ainsi
qu’aux entreprises de production d’énergies renouvelables.
La réduction se traduit par la déduction d’un montant égal à 30% du bénéfice.

D- Cas de cumul des avantages fiscaux incitatifs (art. 254 CGI)


La déduction du cumul des avantages fiscaux dont bénéficie une entreprise est
limitée à 50% du bénéfice imposable. Alors, le reliquat peut être déduit sans
limitation de durée.
Après avoir calculé le bénéfice net imposable, on peut liquider l'impôt à payer.

Application 24 : Déterminez le résultat fiscal définitif de ESP qui veut profiter
de tous les avantages fiscaux auxquels elle a droit sachant que :
- Au 15 août 2018, ESP a, conformément aux articles 249 et 250 du code général
des impôts, clôturé un programme d’investissements de 952 480 363 F pour la
construction de nouvelles salles de classe destinées à l’enseignement à distance ;
- Les cours à distance à destination de l’étranger représentent 79,99% du chiffre
d’affaires d’ESP de l’exercice 2019 et 80,01% du chiffre d’affaires de l’exercice 2020.

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Chapitre III : La liquidation et le recouvrement de l’impôt
Liquider l'impôt sur les sociétés dû, c'est multiplier le bénéfice imposable (arrondi
au millier de franc inférieur) par le taux de 30% (ou le taux de 15% pour les
entreprises franches d’exportation). Mais, les entreprises du régime du réel simplifié
qui adhèrent à un centre de gestion agréé bénéficient d'un abattement de 15% du
bénéfice imposable.
L’impôt à payer est obtenu en diminuant l’impôt dû des crédits d’impôt attachés
aux revenus de capitaux mobiliers et des acomptes provisionnels (section II).
Mais, l’impôt n’est dû que si la société réalise un bénéfice imposable minimum. A
défaut, la société est redevable de l’Impôt Minimum Forfaitaire (section I).
Section I : L’Impôt Minimum Forfaitaire sur les sociétés (IMF)
Il faut voir le champ d’application (§ I) avant la liquidation et le paiement (§ II).
§ I : Le champ d’application de l’IMF (art. 38 et 39 CGI)
L’IMF est dû par les personnes soumises à l’IS et dont les résultats sont
déficitaires ou ne génèrent pas un montant d’IS supérieur au tarif de l’IMF.
Toutefois, sont exonérées de l’IMF :
- les sociétés qui ont commencé leurs opérations à l’année précédant celle de
l’imposition et qui ont clos leur premier bilan à cette année,
- les sociétés ayant cessé toute activité professionnelle avant l’année d’imposition,
- les sociétés ayant pour objet exclusif l’édition, l’impression ou la vente de feuilles
périodiques,
- les titulaires de permis de recherche minière ou pétrolière pendant la validité du
titre de recherche et une durée de trois années à compter de celle de la première
production.
§ II : La liquidation et le paiement de l’IMF (art. 40 CGI)
En principe, le montant de l’IMF est égal à 0,5% du chiffre d’affaires hors taxes
réalisé l’année précédant celle de l’imposition. Mais, l’IMF ne peut être ni inférieur à
500 000 F, ni supérieur à 5 000 000 F. L'IMF est payé à l’occasion des acomptes
provisionnels.
Section II : Les acomptes
Il s'agit des acomptes provisionnels (§ I) et de l'acompte sur les importations (§
II).

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§ I : Les acomptes provisionnels (art. 213 à 219 CGI)
Par exception au régime des impôts directs payables sur rôle, le paiement de
l’impôt sur les sociétés passe par le versement obligatoire :
- d’un premier acompte exigible au plus tard le 15 février de chaque année,
- d’un deuxième acompte exigible au plus tard le 30 avril de chaque année,
- et du solde de l’IS exigible au plus tard le 15 juin de la même année,
Chacun des deux acomptes est égal au tiers de l’impôt dû l’année précédente sur
le bénéfice du dernier exercice imposé. Mais, le premier acompte ne peut être
inférieur au montant de l’IMF. Le solde à payer est égal à la différence entre, d’une
part, l’IS dû et, d’autre part, la somme des crédits d’impôt et des acomptes.
Mais, le contribuable peut se dispenser de verser le second acompte s’il estime
que le montant du premier acompte versé est égal ou supérieur à l’impôt dû. Il doit,
au plus tard le 30 avril, remettre la lettre au Chef du Bureau du recouvrement.
Aussi, quand le contribuable estime que le total du premier acompte, des
acomptes sur les importations et du montant du deuxième acompte en cours excède
l'IS dû, il peut se dispenser de verser cet excédent en remettant la même lettre au
30 avril.
Lorsque l’impôt mis en recouvrement est inférieur au total des acomptes versés,
l’excédent est imputé sur les années suivantes ou remboursé si le redevable cesse
son activité, quitte le Sénégal ou si l’exploitation reste déficitaire pendant deux
exercices consécutifs d’au moins 12 mois. Aussi, l’excédent peut être utilisé pour le
paiement de tout autre impôt direct ou taxes assimilées dont le contribuable est
redevable.
§ II : L'acompte sur les importations (art. 220 CGI)
Les importations de produits de consommation fixés par arrêté du Ministre chargé
des finances sont soumises à un acompte égal à 3% de la valeur en douane majorée
des droits d'entrée et à l'exclusion de la TVA, des droits d'enregistrement et de
timbre.

Application 25 : Déterminez les montants à payer par ESP au titre de l’impôt
sur les sociétés aux dates du 15 février 2021, du 30 avril 2021 et du 15 juin 2021.

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Conclusion : les obligations déclaratives (art. 30 à 33 du CGI)
Les sociétés et personnes morales passibles de l’IS sont tenues de déclarer leur
résultat fiscal de l’année au plus tard le 30 avril de l’année suivante. En outre, elles
sont tenues de fournir les documents comptables prévus par le SYSCOA.
Les assujettis doivent aussi produire un relevé des amortissements et des
provisions indication précisément leur objet, ainsi qu’un relevé détaillé des frais
généraux.
Les sociétés dont le siège social est situé hors du Sénégal remettent, en plus des
documents sus visés, un exemplaire de leur bilan général.
Les sociétés vendant en gros ou demi-gros sont tenues de fournir la liste des
clients avec lesquels ils ont réalisé un chiffre d’affaires d’au moins 1 000 000 F.

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