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Impôt des personnes

physiques et des sociétés


(2ème partie)
Formation 2021

Samuel MAGGI
Expert-comptable et conseiller fiscal

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DEUXIEME PARTIE : IMPOT DES SOCIETES

Le résultat fiscal, à l’impôt des sociétés, se détermine en 14 opérations :


1ère opération : mouvements des réserves + dépenses non admises + dividendes distribués
2ème opération : ventilation du résultat de la 1ère opération selon sa provenance géographique
3ème opération : déduction des éléments exonérés ou non imposables
4ème opération : déduction des revenus définitivement taxés (RDT)
5ème opération : déduction des revenus provenant des brevets
6ième opération : déduction des revenus d’innovation
7ième opération : déduction pour investissement
8ième opération : déduction des transferts intragroupes (à partir de l’ex. d’imposition 2020)
9ième opération : déduction des intérêts notionnels
10ième opération : déduction des RDT reportés
11ième opération : déduction des revenus d’innovation reportés
12ième opération : déduction des pertes professionnelles reportées
13ième opération : déduction des intérêts notionnels reportés (avec report illimité)
13ième opération : déduction des intérêts notionnels reportés (avec report limité)
Une fois ce résultat fiscal calculé, il ne reste qu’à appliquer le taux d’impôt des sociétés auquel
la société doit être soumise.

I. Première opération : mouvement des réserves + dépenses non admises + dividendes

A) Le mouvement des réserves


La première composante de la première opération consiste à reprendre le mouvement des réserves
comptables.
Ces réserves, qui font partie des capitaux propres de la société, sont les suivantes : la réserve légale, les
réserves indisponibles, les réserves disponibles et le résultat reporté.
Si le mouvement de ces réserves est positif, c’est-à-dire que les réserves à la fin de la période imposables
sont supérieures aux réserves de début de période, cela engendrera un bénéfice imposable.
A ces réserves issues de la comptabilité, sont joutés d’autres réserves qui n’apparaissent pas directement
à la lecture du bilan :
- Les provisions imposables : certaines provisions ne peuvent être fiscalement exonérées (voir
plus loin)

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- Les réserves occultes : il s’agit des réductions de valeur imposables, des excédents
d’amortissements ou des sous-évaluations d’actif et surestimations de passif. Ces données sont
généralement la conséquence d’un contrôle fiscal
Ensuite, le total des réserves obtenu, peut être diminué en majorant la situation des réserves de début de
période. Cette majoration s’applique principalement pour les revenus suivants :
- Plus-values ou reprise de réductions de valeurs sur actions et parts
- Tax Shelter
- Primes et subsides en capital et intérêts régionaux
- Bénéfices provenant d’un plan de réorganisation judiciaire
- Autres (par ex. : quote-part des plus-values sur voitures)
Certains bénéfices ont un régime d’exonération fiscale. Ceux-ci se retrouvent, dans la déclaration, dans
le cadre des « Bénéfices réservés exonérés ». Il s’agit des réserves suivantes :
- Réductions de valeurs sur créances commerciales : à condition d’être justifiées

- Provisions pour risques et charges : à condition d’être justifiées et d’être liées à des obligations
légales, contractuelles ou réglementaires existantes à la date du bilan

- Plus-values exprimées mais non réalisées : plus-values de réévaluation

- Plus-values exprimées suivantes :

o Taxation étalée des plus-values : pour les biens investis depuis au moins 5 ans au
moment de leur cession
o Plus-values sur véhicules d’entreprises
o Plus-values sur bateaux de navigation intérieure

- Tax Shelter

B) Les dépenses non admises


Comme vu dans le chapitre consacré à l’impôt des personnes physiques, il y a également des dépenses
non admises à l’impôt des sociétés. Voici la liste des principales DNA à l’impôt des sociétés avec leur
pourcentage de rejet :
- Impôts : 100%

- Amendes et pénalités : 100%

- Frais de voitures : le pourcentage des frais de voitures déductibles est fonction du taux de CO2
émis par ces voitures

- Frais de voiture à concurrence d’une quote-part de l’avantage en nature : si l’avantage en nature


est octroyé sous forme de rémunération. Elle est égale à 17% de l’ATN. Ce taux passe à 40% si
la société prend en charge le carburant « privé » de l’utilisateur (depuis le 1er janvier 2017)

- Frais de réception et de cadeaux d’affaires : 50%

- Frais de restaurants : 31%

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- Frais de vêtements non spécifiques : 100%

- Avantage sociaux : 100% (sauf chèques-repas, voir chapitre IPP)

- Libéralités : 100%

C) Les dividendes
Il s’agit de la distribution des bénéfices aux associés de la société. Ces dividendes ne sont pas des charges
déductibles de la société mais font bien partie du bénéfice imposable.
Les dividendes reprennent également les intérêts sur comptes courants requalifiés en dividendes. Cette
situation est possible dans deux cas :
- Le taux d’intérêts qui rémunère le compte courant créditeur est supérieur au taux du marché
- Le compte courant est supérieur au montant des capitaux propres

II. Deuxième opération : répartition selon la provenance géographique


Le résultat issu de la première opération doit ensuite être réparti selon sa provenance :
- Bénéfice belge
- Bénéfice issu d’un pays avec convention préventive de la double imposition
- Bénéfice issu d’un pays sans convention préventive de la double imposition
Cette partie de la matière étant très complexe, elle ne sera pas abordée dans le courant de cette formation.

III. Troisième opération : Déduction des éléments exonérés ou non imposables


A l’impôt des sociétés, il existe plusieurs éléments qui constituent des bénéfices exonérés et qui peuvent
venir en déduction du résultat obtenu après les deux premières opérations :
- Certaines libéralités : celles d’un montant d’au moins 40,00 € effectuées à des organismes
reconnus. La déduction est cependant limitée à 5% du bénéfice imposable avec un maximum
absolu de 500.000,00 €
- Bonus de tutorat

IV. Quatrième opération : déduction des revenus définitivement taxés (ci-après R.D.T)
Certains dividendes perçus par les sociétés sont déduits du résultat fiscal. Il s’agit des
dividendes qui respectent les conditions suivantes :
- Ils sont issus d’une société dans laquelle la société bénéficiaire détient au minimum 10%
des parts ou des parts d’une valeur d’investissement d’au moins 2.500.000,00 €
- Les parts dans la société sont détenues depuis au moins un an
- La société qui distribue les dividendes doit avoir subi l’impôt des sociétés belge ou un
impôt analogue
Les dividendes qui respectent ces conditions sont intégralement déduits (applicable à partir de
2018).

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V. Cinquième opération : Déduction des revenus provenant des brevets
Non abordé dans le cadre de cette formation car abrogé en 2016.

VI. Sixième opération : Déduction pour revenus d’innovation


Non abordé dans le cadre de cette formation.

VII. Septième opération : Déduction pour investissements

Voir plus haut, chapitre impôt des personnes physiques.

VIII. Huitième opération : déduction des transferts intragroupes (à partir ex. imposition
2020)

Possibilité pour des sociétés d’un même groupe de transférer des pertes fiscales d’une société
vers une autre société qui présente un bénéfice fiscal, moyennant une compensation financière
équivalente au gain d’impôt réalisé par la société financière.
Attention il faut une convention signée par les sociétés.

IX. Neuvième opération : Déduction des intérêts notionnels


Depuis le 1er janvier 2018, elle n’est plus octroyée que sur le « capital incrémental ».
Il faut déterminer le montant des capitaux propres de la période imposable et le comparer au
montant des capitaux propres de la 5ièmé période imposable précédente (attention que les
capitaux propres doivent être corrigés dans certaines conditions).
Si la différence est positive, il faut la diviser par 5 pour obtenir la base de calcul des intérêts
notionnels.
Le taux de ces intérêts s’élève, pour l’année 2019 – exercice d’imposition 2020, à 0,726% pour
les grandes sociétés et à 1,226% pour les PME.

X. Dixième opération : Déductions des RDT reportés


Voir RDT.

XI. Onzième opération : Déduction pour revenus d’innovation reportés


Non abordé dans le cadre de cette formation.

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XII. Douzième opération : Déduction des pertes professionnelles reportées.
Les pertes professionnelles antérieures peuvent être déduites sans limites dans le temps.
Exception : en cas de changement de contrôle dans la société

XIII. XIII – XIV : Treizième et quatorzième opérations : Déduction des intérêts notionnels
reportés
Non abordé dans le cadre de cette formation.

XIV. Taux de l’impôt


Une fois les 14 opérations effectuées, on obtient la base imposable, sur laquelle il faut appliquer le taux
d’imposition à laquelle la société peut prétendre.
En société, il existe 2 taux d’impositions distincts :
- Le taux commun nominal, ou taux plein, de 29,00 % (applicable à partir du 1er janvier 2018 et
qui est passé à 25% depuis le 1er janvier 2020), qui doit être majoré de 2,00 % de Contribution
Complémentaire de Crise (applicable à partir du 1er janvier 2018 et qui est annulée depuis le 1er
janvier 2020), ce qui donne un taux final de 29,58 % ou 25% depuis le 01/01/2020.

- Le taux réduit qui ne s’applique que sur la 1ère tranche de base imposable de 100.000,00 € et qui
s’élève à 20% (applicable depuis le 1er janvier 2018), auquel il faudra également ajouter la
Contribution Complémentaire de Crise. Ce taux n’est applicable qu’aux conditions suivantes :

o Etre une PME

o Le bénéfice imposable ne peut excéder 322.500 €

o La société doit avoir attribué, à au moins un dirigeant, une rémunération brute d’au
moins 45.000 € au cours de la période imposable (45.000 € à partir de 2018), ou au
moins égale au bénéfice imposable. En cas de non-respect de cette condition, une
cotisation distincte de 5% sera appliquée sur la différence entre la rémunération
réellement octroyée et la rémunération attendue (sauf au cours des 4 premiers exercices
en ce qui concerne les PME)

o La société doit être détenue par des personnes physiques à hauteur d’au moins 50%.

o La société ne peut être considérée comme une société financière, c’est-à-dire avoir
acquis des actions ou parts pour plus de 50% du montant des fonds propres de la société
(sans tenir compte des parts ou actions qui représentent au moins 75% des parts ou
actions de la société dans laquelle les actions ou parts ont été acquises).

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XV. Versements anticipés
Comme pour l’impôt des personnes physiques, il est recommandé d’effectuer des versements anticipés
en matière d’impôt des sociétés.
Par contre, même si il y a un risque de majoration en cas d’insuffisance de versements anticipés, aucune
bonification n’est accordée à l’impôt des sociétés.
Comme pour l’IPP, aucune majoration n’est appliquée au cours des trois premières années.

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Autres nouvelles mesures fiscales importantes à partir du 1er janvier 2018.

A) Les réductions de capital.


Les réductions de capital effectuées depuis le 1er janvier 2018 sont imputées proportionnellement sur le
capital libéré, les réserves taxées et les réserves exonérées incorporées au capital.
Cela a pour conséquence d’assimiler, en ce qui concerne les imputations sur les réserves, ces réductions
de capital à des distributions de dividendes. Il faudra donc procéder à une retenue de précompte mobilier
sur ces montants.

B) Base minimale d’imposition.


En cas de non-dépôt de la déclaration à l’impôt des sociétés, ou en cas de dépôt tardif, la base minimale
d’imposition passe de 19.000,00 € à 34.000,00 € (40.000,00 € à partir du 1er janvier 2020).
Ce montant sera en outre majoré de paliers allant de 25% à 200% en cas d’infractions répétées.

C) Imposition effective en cas de contrôle fiscal.


En cas d’imposition supplémentaire suite à un contrôle, il ne sera plus possible de déduire de la base
imposable supplémentaire, les divers éléments déductibles en matière d’impôt des sociétés (pertes
fiscales, reports de RDT).

D) Perte des RDT reportables en cas de réorganisation de sociétés.


Comme pour les pertes fiscales reportables, les RDT reportables seront perdus en cas de changement de
contrôle de la société.

E) Modification des règles d’amortissement (à partir de 1er janvier 2020).


La méthode dégressive n’est plus autorisée d’un point de vue fiscal.
Les amortissements ne peuvent plus être pris en compte pour une année complète pour les
investissements réalisés au cours de l’exercice. Il faut appliquer le prorata temporis.
Pour les petites sociétés qui décident investir les frais accessoires au principal, il sera obligatoire de les
amortir au même rythme que le principal.

F) Suppression des déductibilités à 120% (à partir du 1er janvier 2020).


Les frais déductibles à 120% seront limités à une déduction de 100%.

G) Pourcentage de déductibilité des frais liés au transport collectif (à partir du 1er janvier 2020).
Ces frais seront déductibles à 120% au lieu de 100%.

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