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Aimants permanents

Matériaux et applications
par François LEPRINCE-RINGUET
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Paris
Docteur ès Sciences

1. Grandes classes de matériaux pour aimants permanents ........... D 2 100 - 2


1.1 Caractéristiques générales.......................................................................... — 2
1.2 Propriétés magnétiques .............................................................................. — 3
1.3 Propriétés mécaniques................................................................................ — 4
1.4 Propriétés physico-chimiques .................................................................... — 4
1.5 Domaines d’applications............................................................................. — 4
2. Matériaux céramiques : ferrites durs ................................................. — 10
2.1 Élaboration du matériau ............................................................................. — 10
2.2 Ferrites isotropes ......................................................................................... — 13
2.3 Ferrites anisotropes..................................................................................... — 14
2.4 Aimants liés.................................................................................................. — 16
2.5 Autres matériaux céramiques .................................................................... — 17
2.6 Marchés en développement ....................................................................... — 17
3. Alliages à base d’éléments de terres rares....................................... — 18
3.1 Aimants samarium-cobalt........................................................................... — 18
3.2 Autres alliages de cobalt et d’éléments de terres rares ........................... — 20
3.3 Alliages néodyme-fer-bore ......................................................................... — 20
3.4 Alliage dysprosium-aluminium .................................................................. — 24
3.5 Nouveaux matériaux ................................................................................... — 24
3.6 Applications ................................................................................................. — 24
4. Alliages à base de fer-nickel-aluminium (alnico) ............................ — 26
4.1 Généralités ................................................................................................... — 26
4.2 Alliages isotropes ........................................................................................ — 26
4.3 Alliages anisotropes (orientés)................................................................... — 26
4.4 Alliages à cristallisation dirigée ou colonnaire ......................................... — 26
4.5 Alliages frittés .............................................................................................. — 27
4.6 Applications ................................................................................................. — 27
5. Autres matériaux pour aimants permanents ................................... — 27
5.1 Alliages ductiles........................................................................................... — 27
5.2 Aimants manganèse- aluminium-carbone ................................................ — 28
5.3 Aciers durs martensitiques ......................................................................... — 29
5.4 Aimants à base de micropoudres .............................................................. — 29
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 2 100
6 - 1996

e mot Aimant doit son origine au latin « Adamas » qui signifie fer, diamant.
L En effet, les premiers aimants connus, déjà du temps des Grecs, étaient à
base de fer ; c’était la pierre d’aimant au magnétite, oxyde de fer naturel utilisé
comme minerai. Vers le XII e siècle apparaissent en Europe les premiers
aimants artificiels en fer, et peu de progrès ont été faits dans ce domaine
D 2 100

jusque vers les années 30. Les matériaux utilisés étaient alors des aciers durs
martensitiques au chrome, au tungstène ou au cobalt, caractérisés par la tradi-
tionnelle forme en U.

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Les progès technologiques réalisés au cours des soixante dernières années


ont complètement révolutionné les possibilités des aimants permanents. De
nouveaux types ont été découverts, synthétisés et industrialisés, avec des per-
formances telles que les applications ont pu se multiplier dans de nombreux
domaines, de l’automobile à l’électroacoustique, de l’horlogerie à l’industrie
minière, de l’électroménager au jouet, etc. On estime en effet à l’heure actuelle
(1995) qu’un logement moderne utilise plus de cinquante aimants allant de la
fermeture de la porte du réfrigérateur au rotor du moteur du presse-citron. Il
en est de même pour l’automobile et certaines voitures comprennent plusieurs
kilogrammes d’aimants pour une centaine de fonctions différentes.
C’est ainsi qu’environ 300 000 t d’aimants permanents sont utilisés dans le
monde chaque année, entraînant une concurrence internationale sévère entre
les différents constructeurs, de plus en plus obligés de faire appel à l’automa-
tique et à la robotique pour rester compétitifs, en particulier dans le domaine
grand public.
Après avoir passé en revue les grandes classes de matériaux pour aimants
permanents, leurs propriétés et leurs domaines d’applications, l’article traite
chaque type plus particulièrement en mettant l’accent sur ses avantages et ses
inconvénients comparés aux autres matériaux. Il aborde également les appli-
cations de ces aimants, sans toutefois entrer dans les détails techniques pour
lesquels le lecteur se reportera aux articles correspondants dans les différents
traités de la collection.

1. Grandes classes Nous commencerons par citer ces matériaux avant de les étudier
plus en détail dans les paragraphes 2, 3, 4 et 5 :
de matériaux pour aimants — les ferrites durs, matériaux céramiques bon marché, très
stables, mais peu puissants et fragiles, sont les aimants les plus
permanents compétitifs et les plus utilisés ;
— les alliages à base d’éléments de terres rares, très stables,
très puissants mais chers, sont difficiles à usiner et sensibles à la
corrosion ;
1.1 Caractéristiques générales — les alliages à base de fer-nickel-aluminium (alnico), puissants
mais peu stables et relativement chers, deviennent de moins en
Les matériaux que l’on utilise pour leurs propriétés magnétiques moins compétitifs ;
peuvent se classer en deux grandes familles : — les alliages ductiles ne sont pas encore industrialisés à
— les matériaux magnétiques durs qui sont des aimants grande échelle malgré leurs excellentes propriétés mécaniques ;
permanents ; — les aimants manganèse-aluminium-carbone n’ont à ce jour
— les matériaux magnétiques doux qui ne présentent des pro- pas encore répondu aux grands espoirs qu’ils avaient suscités ;
priétés magnétiques qu’en présence d’une excitation extérieure. — les aciers durs martensitiques sont des vestiges du passé ;
En effet, quand un matériau est placé dans un champ électroma- — les aimants à base de micropoudres, généralement chers,
sont réservés à des applications spéciales.
gnétique extérieur H , il se crée une induction magnétique B
propre au matériau qui est due à la polarisation des domaines,
petites régions dans lesquelles les dipôles magnétiques s’orientent
localement. Lorsque l’on supprime le champ extérieur, il reste une
polarisation résiduelle dans le cas des matériaux magnétiques
durs, appelée rémanence , alors qu’il n’y en a pratiquement pas
dans les matériaux magnétiques doux.
La courbe B = f (H ) relative à chaque type de matériau est appe-
lée cycle d’hystérésis. La figure 1 montre la forme de ces courbes
dans les deux cas évoqués.
Nota : dans la suite de l’article, nous appellerons aimants tous les matériaux durs.
Il existe maintenant une grande variété de matériaux pour
aimants permanents dont les propriétés et les applications sont
très diverses. Ce sont soit des matériaux céramiques, soit des
matériaux métalliques qui sont caractérisés par leurs principales
propriétés magnétiques, l’induction rémanente B r et le champ
coercitif H c , et qui ont de plus des caractéristiques mécaniques ou
physico-chimiques qui influent largement sur les domaines d’appli-
cations.
Figure 1 – Cycles d’hystérésis

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1.2 Propriétés magnétiques


Les aimants sont principalement caractérisés par leurs cycles
d’hystérésis et plus particulièrement par le deuxième quadrant de
ce cycle appelé courbe de désaimantation (figure 2). Cette courbe
donne :
— l’induction rémanente B r , c’est-à-dire l’induction résiduelle en
circuit fermé ; c’est une indication de la puissance potentielle de
l’aimant ;
— le champ coercitif de l’induction H cB qui est le champ déma-
gnétisant annulant l’induction ; plus sa valeur est élevée et plus
l’aimant est stable ;
— le produit d’énergie volumique (BH )max , qui définit la valeur
énergétique de l’aimant par unité de volume ;
— les valeurs H m et B m du point de fonctionnement optimal M
correspondant à (BH )max. Figure 2 – Courbe de désaimantation d’un matériau pour aimant
On peut classer les différents types d’aimants en fonction de leur
champ coercitif de l’aimantation H cJ et de leur énergie volumique
(BH )max (figure 3) qui sont avec la rémanence B r les paramètres
principaux pour l’utilisateur et qui déterminent son choix.

Figure 3 – Choix des matériaux


en fonction des propriétés magnétiques

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Tableau 1 – Exemples de propriétés mécaniques et physico-chimiques des aimants


Température Coefficient Dureté Résistance Résistance
Température Masse
Type d’aimant limite de dilatation Résistivité HR : Rockwell à à
de Curie volumique
d’utilisation linéique HV : Vickers l’oxydation la corrosion
(oC) (oC) (en 103 kg · m–3) (en 10–6K–1) (Ω · m)

Ferrites 450 350 4,8 8 à 15 104 6,5 Mohs bonne bonne


Alnico (Ticonal) 740 à 860 450 à 500 7,3 13 60 · 10–8 45 à 55 HR bonne moyenne
Samarium-cobalt 50 HR
720 250 8,3 5 à 10 50 · 10–8 moyenne médiocre
500 HV
Néodyme-fer-bore 310 7,4 – 0,5 à 5,7 1,4 · 10–6 500 à 600 HV médiocre médiocre
Cunife 450 8,4 13 18 · 10–8 25 HR
Fer-chrome-cobalt 50 HR
650 500 7,7 10 70 · 10–8 bonne bonne
450 HV
Aciers martensitiques 850 7,8 13 29 · 10–8 62 HR moyenne moyenne
Manganèse-
aluminium-carbone 300 5,0 80 · 10–8 50 HR bonne bonne

Platine-cobalt 500 200 15,9 28 · 10–8 25 HR bonne bonne

1.3 Propriétés mécaniques 1.5 Domaines d’applications

Si les propriétés magnétiques sont les principaux critères de Les aimants permanents sont utilisés comme transducteurs
choix des utilisateurs, d’autres critères sont parfois déterminants d’une forme d’énergie en une autre forme d’énergie, sans perdre
pour des applications particulières. Du point de vue mécanique, les leur propre énergie. On peut classer les applications en fonction
aimants sont en général des matériaux difficiles. La plupart sont des types d’énergie considérés.
fragiles, tels les ferrites, qui sont des matériaux céramiques, mais
aussi les aimants métalliques les plus connus (samarium-cobalt,
néodyme-fer-bore et alnico), qui présentent, en plus, de grosses 1.5.1 Conversion d’énergie électrique
difficultés d’usinage. Ils sont en effet très durs, leur usinage néces- en énergie mécanique
sitant l’emploi de meules diamantées.
L’obtention de tolérances mécaniques serrées et d’un bon état de Il s’agit de systèmes à entrefer fixe.
surface revient alors très cher.
Le tableau 1 donne les valeurs de la dureté pour un certain nombre 1.5.1.1 Types d’applications
de types d’aimants. On retrouve, dans cette catégorie, les deux principales applica-
tions des aimants dans le monde, qui utilisent environ 90 % du ton-
nage des aimants fabriqués annuellement :
1.4 Propriétés physico-chimiques — les haut-parleurs ;
— les petits moteurs électriques.
Cette catégorie comprend également :
Ce sont des paramètres tels que masse volumique, résistivité
électrique, coefficient de dilatation linéique, température de Curie, — les appareils de mesure ;
résistance à la corrosion, etc. Le tableau 1 indique les valeurs de ces — les déviateurs de faisceaux de particules chargées ;
paramètres. — les spectromètres de masse.
On peut se rendre compte sur ce tableau de la grande diversité Bien que d’autres articles de la collection traitent de ces applica-
des aimants. tions, nous allons insister sur le côté aimants des haut-parleurs et
des moteurs électriques, en supposant connus les principes de fonc-
Les matériaux céramiques de type ferrite sont des isolants élec- tionnement des aimants [1].
triques et offrent une bonne résistance à la corrosion et à l’oxyda-
tion, alors que les alliages samarium-cobalt et néodyme-fer-bore y
1.5.1.2 Haut-parleurs
sont très sensibles.
Bien que les différences entre les coefficients de dilatation des Il existe deux types de structure de circuits magnétiques pour les
céramiques et des alliages métalliques ne soient pas très impor- haut-parleurs à bobine mobile [2] : la structure disque et la struc-
tantes, il faut en tenir compte dans les applications. ture bague (figure 5).
Un paramètre important est la masse volumique des matériaux On recherche une induction (ou densité de flux) magnétique
qui varie dans de fortes proportions et dont il faut bien tenir compte maximale dans l’entrefer, dans lequel est placée la bobine mobile
dans les applications. À volume égal d’aimant, la masse change reliée au pavillon ; cette dernière vibre en fonction des variations
donc selon les types. de courant qui lui sont appliquées (loi de Laplace).
Il est intéressant de comparer l’énergie spécifique des aimants ■ La structure disque est employée lorsque l’on utilise des aimants
rapportée à leur volume ou à leur masse ; l’ordre dans lequel ces à rémanence élevée, c’est-à-dire des aimants métalliques de type
matériaux sont placés par rapport à ces deux critères varie comme alnico, samarium-cobalt, néodyme-fer-bore ou manganèse-alumi-
le montre la figure 4. nium-carbone.

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Figure 4 – Énergie spécifique (BH)max des matériaux à aimants

Figure 5 – Haut-parleurs

Les avantages de cette structure sont :


— un très faible coefficient de fuite, intéressant dans le cas des
haut-parleurs de téléviseurs (l’image n’est pas perturbée par les
lignes de fuite de champ) ;
— un montage simple.
■ Cependant, le prix élevé de ces aimants a amené les constructeurs
à utiliser de plus en plus la structure bague avec des aimants de type
ferrite, de plus faible rémanence et de plus grande surface, malgré
les fuites inhérentes au système que l’on voit nettement sur la
figure 6 ; cette dernière représente les lignes d’induction superpo- Figure 6 – Haut-parleur : représentation des lignes d’induction
sées à la coupe du système à analyser, lignes obtenues à l’aide d’un
programme informatique [1]. Un système de blindage magnétique
doit être ajouté pour éviter ces fuites, en particulier lorsque le Dans cette application, l’aimant remplace l’inducteur et son bobi-
rayonnement magnétique perturbe l’environnement (cas des nage en cuivre, ce qui pour des moteurs de même puissance
haut-parleurs de téléviseurs). amène les avantages suivants :
— diamètre du moteur plus faible, de l’ordre de 15 à 30 % avec
1.5.1.3 Petits moteurs électriques à courant continu des ferrites et pouvant dépasser 50 % avec des aimants
néodyme-fer-bore ;
1.5.1.3.1 Généralités — diminution de la masse de 15 à 30 % avec des ferrites ; avec
des aimants néodyme-fer-bore la masse d’un moteur sans balais
Bien qu’un article de ce traité [3] soit consacré à ces moteurs, nous est le dixième de celle d’un moteur à induction bobiné ;
allons préciser ici les avantages des aimants et les types à utiliser. — consommation de courant moindre ;
— fiabilité accrue, car les risques de cassure de fil sont éliminés
pour l’inducteur ;

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Figure 7 – Comparaison des caractéristiques couple-vitesse Figure 9 – Augmentation du flux magnétique d’induit en fonction
pour les moteurs à aimants et à inducteur bobiné des longueurs d’aimants

Figure 8 – Coupe d’un moteur à aimants bipolaire

— montage simplifié et plus rapide ;


— rendement amélioré (de l’ordre de 10 à 15 %).
De plus, la courbe de la vitesse de rotation en fonction du couple
reste parfaitement linéaire (figure 7). Figure 10 – Lignes d’induction magnétique dans un moteur
La configuration de moteur la plus classique est celle utilisant
des aimants en forme de secteurs comme l’indique la figure 8.
La valeur du flux magnétique donné par l’aimant peut se calculer 1.5.1.3.2 Effet de la réaction d’induit
en tenant compte de ses dimensions (figure 8), de celles de l’entrefer La droite de travail de l’aimant, qui dépend non seulement des
et de la valeur de l’induction rémanente au point de fonctionnement : dimensions de l’aimant mais aussi des dimensions de l’entrefer, fait
Re–Ri un angle important avec l’axe B et, de plus, l’aimant subit l’effet
Φ = B r L a α ---------------------------------------------
Re Ri démagnétisant de la réaction d’induit H 0 qui éloigne le point de
In ------- + µ r In -------
Ri R0 fonctionnement encore plus de l’axe B .
La réaction d’induit, champ démangétisant créé par la bobine de
avec µr perméabilité relative de l’aimant,
l’induit lorsque le courant y passe, agit de façon inégale sur
L a longueur de l’aimant. l’aimant. La figure 10 montre le schéma d’un moteur et le chemi-
On peut utiliser la formule approchée : nement des lignes d’induction dues à l’aimant, et dues à l’induit.
La superposition des deux champs magnétiques est indiquée sur
e
Φ = B r L a α ------------ la figure 11. Elle montre que l’on a, dans la région A de la
e+ε figure 10, un abaissement notable de l’induction résultante, B res ,
avec e épaisseur de l’aimant, qui peut même être nulle ; dans la partie opposée de l’aimant, les
deux champs s’additionnent.
ε entrefer.
Pour un aimant homogène (c’est-à-dire qui donne le même champ
Afin d’optimiser le flux magnétique d’induit, il est d’usage d’avoir d’induction en tout point), cela veut dire que le point de fonction-
une longueur d’aimant supérieure à celle du rotor. La figure 9 nement P peut être ramené en P’ dans le cas où le champ H 0 créé
indique, sous forme d’abaque, l’augmentation de flux obtenue en par l’induit est supérieur au champ coercitif du matériau (figure 12).
fonction des longueurs et diamètres respectifs du rotor et de
l’aimant.

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On a alors une désaimantation partielle de l’aimant et une diminution


irréversible du flux.
Il existe des programmes informatiques [4] indiquant les lignes
de champ dans le circuit (figure 13). On remarque la forte densité
des lignes d’induction dans la partie de l’aimant où les champs créés
par l’aimant et par l’induit se superposent (point L de la figure 12,
ou maximum de B res de la figure 11 et la faible densité des lignes
d’induction dans la partie où les champs s’opposent (partie A des
figures 10 et 11).
Pour éviter la désaimantation de l’aimant et la diminution du
flux, il faut :
— soit utiliser un aimant possédant une coercitivité suffisante ;
— soit utiliser des aimants bi-qualité (§ 2.3.3).

1.5.1.3.3 Conception multipolaire


Si la conception bipolaire, avec deux aimants, est la plus répandue,
Figure 11 – Superposition des inductions dues à l’aimant et à l’induit on peut concevoir des moteurs à quatre, six, ou plus de pôles, ce qui
peut présenter un certain nombre d’avantages, mais aussi quelques
inconvénients.
On a vu au paragraphe précédent (§ 1.5.1.3.2) que l’effet déma-
gnétisant le plus important est la reaction d’induit. Ce champ inverse,
créé par l’induit, dépend de la proportion d’induit que recouvre
l’aimant.
Appliquons la formule donnant la force contre-électromotrice
induite E (en volts) du moteur à courant continu :
p
E = ----- N n Φ
a
avec 2a nombre de circuits en parallèle,
N (tr/s) vitesse,
n nombre de conducteurs,
2p nombre de pôles,
Φ (Wb) flux.
À performances égales, le produit n Φ doit rester constant et le
champ démagnétisant admis dépend du nombre de pôles 2 p. Ainsi,
avec quatre pôles, le champ inverse auquel chaque aimant est sou-
mis sera divisé par 2 et ainsi de suite pour 6 ou davantage de pôles.
Figure 12 – Déplacement du point de fonctionnement,
Cela permet une réduction de l’épaisseur de l’aimant et, donc, du
dû à la réaction d’induit
volume du moteur.
Un autre effet important de l’augmentation du nombre de pôles
est qu’il permet de réduire l’induction dans la culasse et, donc, de
réduire l’épaisseur de cette dernière qui est donnée par la formule :
Φ
e c = ----------------------
2pLaB

Une valeur pratique communément utilisée pour l’induction


magnétique est B = 1,5 T.
La figure 14 montre le gain en volume obtenu pour un moteur
de même puissance avec la conception à quatre pôles. Cette
conception est, en particulier, plus avantageuse pour les gros
moteurs.
Exemple : pour un moteur de 560 W (3/4 ch), le gain en masse
est de 35 % par rapport à la version à deux pôles.
Toutefois, la conception multipolaire présente aussi des
inconvénients :
— l’épaisseur de la culasse ne doit pas être inférieure à une cer-
taine valeur pour des questions de solidité, tout comme celle des
aimants, en particulier lorsqu’il s’agit d’aimants en ferrites ;
— le coût de montage est plus élevé.

Figure 13 – Conception assistée par ordinateur : visualisation


des lignes de champ magnétique dans un moteur électrique

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Figure 16 – Force d’attraction magnétique

— dynamos de cycles ;
— microphones ;
— têtes de lecture d’électrophone ;
— détecteurs magnétiques.
Figure 14 – Coupe de deux moteurs de même puissance

1.5.3 Conversion d’énergie mécanique


en une autre forme d’énergie mécanique

On a, dans ce cas, des systèmes à entrefer variable qui permettent :


— l’attraction et la répulsion ; ces fonctions sont notamment uti-
lisées dans :
• la retenue et le levage,
• les filtres magnétiques,
• les séparateurs de minerais,
• les thermostats,
• les rappels des touches des claviers,
• les loqueteaux et les fermetures de portes,
• les suspensions magnétiques,
• les prothèses dentaires, etc. ;
— la transmission de mouvement, qui a pour principale applica-
tion les accouplements magnétiques.

1.5.3.1 Attraction et répulsion

Figure 15 – Coût des moteurs en fonction de la puissance


■ Si l’on examine l’attraction due à un aimant, on remarque que la
et du type d’aimant (d’après R.J. Parker 1981)
seule position stable pour celui-ci est le collage où la force F = F max
est maximale, la valeur de F diminuant rapidement lorsque la dis-
tance x augmente (figure 16). Ce comportement, qui assure à
1.5.1.3.4 Utilisation optimale du matériau l’aimant une vitesse de collage élevée, est favorable dans les dispo-
En résumant les paragraphes précédents (§ 1.5.1.3.1, 1.5.1.3.2 et sitifs tels que relais, thermostats, interrupteurs, rappels des touches
1.5.1.3.3 ), on utilise l’aimant de façon optimale dans un moteur si : des claviers, fermetures de portes, etc.
— la longueur de l’aimant est supérieure à celle de l’induit ; La courbe donnant la force F en fonction de la distance dépend
— l’épaisseur de la culasse métallique est suffisante pour éviter de l’écartement des pièces polaires, mais également de la forme
les fuites ; des circuits magnétiques comme le montre la figure 17.
— le champ coercitif du matériau est supérieur au champ de Au collage, la force d’attraction est donnée (en newtons) par la
réaction d’induit. formule :
La structure sera bipolaire ou multipolaire en fonction de la puis- 2
B S
sance du moteur. F = --------------
2µ 0
En tenant compte de ces exigences, on peut classer les maté-
riaux les plus économiques à utiliser en fonction des moteurs à avec S surface de l’aimant,
réaliser. La figure 15 montre que, pour les moteurs de 20 W à µ0 perméabilité du vide.
5 kW, les aimants en ferrites restent les moins chers, ceux à base
d’éléments de terres rares (samarium-cobalt ou néodyme-fer-bore) ■ Dans le cas de la répulsion de deux aimants de même polarité,
pouvant être intéressants pour les faibles et fortes puissances. la figure 18 nous montre la courbe de la force F en fonction de la
distance.
Dans les aimants travaillant en répulsion, les forces mises en jeu
1.5.2 Conversion d’énergie mécanique sont rigoureusement opposées à celles que l’on aurait dans un sys-
en énergie électrique tème travaillant en attraction, mais chaque aimant subit un champ
démagnétisant de module considérable. Pour cette raison, les sys-
Comme dans le cas précédent (§ 1.5.1), il s’agit de systèmes à tèmes en répulsion utilisent obligatoirement les aimants modernes
entrefer fixe. les plus performants.
Fondée sur l’effet inverse de celui étudié au paragraphe 1.5.1, Les systèmes à répulsion ont moins d’applications que les
cette conversion concerne les dispositifs suivants : systèmes à attraction, les forces mises en jeu étant rélativement
— générateurs de courant continu ; faibles. Toutefois, ce principe est appliqué pour les suspensions
— alternateurs ; magnétiques, utilisées en particulier pour les glissières de fenêtres

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Figure 17 – Force d’attraction en fonction de la distance x


et de la forme des circuits magnétiques

Figure 19 – Transmission synchrone

Ce système de transmission synchrone a de nombreuses appli-


cations, car il permet de transmettre un mouvement à travers une
paroi de 2 à 10 mm d’épaisseur, non ferromagnétique, sans pas-
sage d’arbre ; citons :
— les compteurs d’eau ;
— les indicateurs de niveaux de liquide ;
— la transmission de mouvement d’agitateurs dans des cuves
étanches ou dans tous récipients contenant des liquides (industries
Figure 18 – Force de répulsion en fonction de la distance polaire x chimiques et biologiques) ;
— la rotation d’anode dans les tubes émetteurs de rayons X ;
— les mouvements de translation, par exemple dans les sys-
à coussin d’air et même pour certains projets de voies pour véhi- tèmes bistables de contacteurs et de vannes étanches.
cules à propulsion par moteur linéaire, la sustentation étant assurée L’intérêt de ce type de transmission, dans le cas d’un mouve-
par répulsion magnétique. ment de rotation, se résume ainsi :
— synchronisme parfait ;
1.5.3.2 Transmission de mouvement synchrone — décrochage par surcharge ;
— couple maximal constant et indépendant de la vitesse ;
Le système est constitué par un aimant A, à une ou plusieurs
— puissance transmise proportionnelle à la vitesse ;
paires de pôles, qui entraîne un autre aimant identique B placé à
— rendement en énergie transmise de 100 %.
une certaine distance (figure 19), ou simplement une pièce en fer
doux.
Le couple se développe s’il y a un décalage angulaire α entre la 1.5.4 Conversion d’énergie mécanique
position des deux aimants, c’est-à-dire s’il existe une composante en énergie thermique
tangentielle de la force d’attraction (figure 19). Cette composante
tangentielle est maximale pour un certain angle, ce qui correspond
Dans une transmission par courants de Foucault, une partie de
au couple maximal C max que peut fournir l’appareil. Si le couple
l’énergie mécanique est convertie en énergie thermique, l’autre par-
résistant est plus grand que le couple maximal, le décalage dépasse
tie l’étant en une autre forme d’énergie mécanique. On peut citer
l’angle α max et la force diminue : il y a glissement et décrochage
comme applications :
et le couple transmis devient nul.
— les compte-tours ;
On a ainsi une transmission rigoureusement synchrone. — les freins magnétiques de poids lourds ;
Ce phénomène de décrochage peut être intéressant dans cer- — les freins de compteurs d’électricité.
tains cas, car il a un rôle protecteur : la transmission est automati- La transmission par courants de Foucault fonctionne ainsi : un
quement coupée dès qu’une surcharge apparaît. aimant A tourne en regard d’un disque D non magnétique
(figure 20), mais bon conducteur électrique (cuivre le plus souvent) ;

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par suite du mouvement relatif entre le champ magnétique produit ■ Dispositifs d’amortissement d’oscillations (fléaux de balance,
par l’aimant et le disque, des courants de Foucault sont induits dans aiguilles d’appareils de mesure, etc.) : une palette de cuivre défile
le disque, courants dont l’intensité est proportionnelle à la vitesse dans l’entrefer de l’aimant avec, à l’équilibre, un couple d’amortisse-
de déplacement relatif. Ces courants induits créent des pôles ment nul ; il n’y a aucun contact risquant de modifier l’état d’équi-
magnétiques qui réagissent avec les pôles de l’aimant en produisant libre et le mouvement de l’organe mobile est rendu apériodique.
un couple. Ainsi le couple transmis est proportionnel à la vitesse
relative, c’est-à-dire au glissement entre l’arbre menant et l’organe ■ Dispositifs de freinage sans contact, donc sans pièces d’usure ;
mené. on peut citer :
— le freinage de l’élément rotatif de compteur d’énergie électrique
La transmission dans ce cas est toujours asynchrone et n’est pas
(le couple est proportionnel à la puissance électrique consommée ce
susceptible de décrochement. Si le couple résistant dépasse le
qui entraîne un nombre de tours proportionnel à l’énergie) ;
couple maximal, l’arbre mené s’arrête, mais redémarre seul dès que
— le freinage d’axes supports de bobines de magnétophone ;
le couple résistant diminue suffisamment (figure 20).
— le freinage de longue durée de véhicules routiers (la variation
Étant donné qu’une partie de l’énergie transmise est dissipée en de l’effort de freinage pouvant se faire par déplacement du circuit
énergie thermique, le rendement est inférieur à 100 %. Le couple magnétique par rapport au disque rotatif).
est d’autant plus grand que le champ magnétique dans le disque
est plus intense, ce qui conduit à réduire l’entrefer le plus possible ■ Compteurs de vitesse ou tachymètres : l’aimant est solidaire de
et à fermer le circuit magnétique derrière le disque par une pièce l’arbre menant dont on désire connaître la vitesse. Le disque en
B en fer doux. cuivre ou en aluminium peut tourner, mais il est immobilisé élas-
tiquement par un ressort spiral. Le couple s’exerçant sur le disque est
Ce principe de transmission est particulièrement intéressant car
proportionnel à la vitesse et produit une rotation du disque, à partir
il permet :
de sa position initiale, d’un angle qui varie linéairement avec la
— un démarrage sans précaution ; vitesse.
— un comportement réversible après une surcharge de blocage.
Tous les véhicules automobiles en particulier, sont équipés de
Les applications les plus courantes sont celles où la vitesse de compteurs fonctionnant selon ce principe.
l’organe mené, rendu immobile, est nulle (v 2 = 0). Le couple qui
s’oppose au mouvement de l’arbre est alors proportionnel à sa
vitesse. Ce principe est utilisé pour des dispositifs d’amortissement 1.5.5 Création d’un champ magnétique fixe
d’oscillations, des dispositifs de freinage sans contact et des
compteurs de vitesse.
Citons, dans cette catégorie, les applications utilisant :
— l’effet Hall [5] ;
— la résonance magnétique nucléaire (RMN) [6] ;
— les magnétrons [7] ;
— les systèmes de guide d’onde utilisant l’effet gyromagné-
tique [8] ;
— les résistances magnétiques ;
— l’influence d’un champ magnétique sur les phénomènes bio-
logiques ou botaniques, même si dans ce domaine on manque
encore de preuves scientifiques.

2. Matériaux céramiques :
ferrites durs
Ces matériaux ont été développés au début des années 50 et
industrialisés à la suite des publications et brevets de la société
Philips. Ce sont des céramiques d’oxydes qui présentent les pro-
priétés générales de l’ensemble des corps céramiques, par opposi-
tion aux corps métalliques.
Depuis 1970, la production de ces aimants type ferrite a dépassé
celle des autres types et, actuellement, ce produit est, de très loin,
le plus utilisé dans le monde pour les raisons suivantes :
— le matériau est bon marché ;
— les matières premières ne sont ni rares, ni stratégiques ;
— leurs propriétés magnétiques ont permis le développement
de nombreuses applications dans des marchés grand public.

2.1 Élaboration du matériau

Figure 20 – Transmission par courants de Foucault Ce matériau existe à l’état naturel sous forme de ferrite de plomb,
découvert dans les années 30 et appelé magnétoplombite. La struc-
ture cristallographique en est hexagonale et la formule chimique :
PbFe12O19.

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2.1.1 Fabrication des ferrites durs frittés

Ce sont des aimants synthétiques dans lesquels le plomb est


remplacé :
— soit par le baryum (Ba), pour les applications nécessitant une
induction rémanente élevée ;
— soit par le strontium (Sr), pour les matériaux soumis à un fort
champ démagnétisant, c’est-à-dire devant posséder un champ
coercitif élevé.
Les matières de base sont l’oxyde de fer et les carbonates de
baryum ou de strontium.
■ Préparation des poudres
Après mélange dans les proportions requises, la poudre est pré-
frittée dans des fours, afin d’effectuer à haute température (1 200
à 1 300 oC) la réaction à l’état solide entre les constituants :
Ba CO3 + 6 Fe2 O3 → Ba Fe12 O19 + CO2
ou Sr CO3 + 6 Fe2 O3 → Sr Fe12O19 + CO2
On obtient alors le ferrite qui sera broyé en phase humide. L’uti-
lisation de broyeurs à attrition pour le broyage fin en complément
des broyeurs à boulets permet d’obtenir une granulométrie de
l’ordre du micromètre, ce qui correspond à la dimension moyenne
théorique des domaines de Weiss représentant les aimants élémen-
taires. Ces poudres sont désagglomérées (démottées) et granulées
dans le cas du pressage à sec ou mises sous forme de barbotine
pour le pressage humide.
■ Mise en forme
Figure 21 – Ferrites durs
Elle se fait par pressage ou extrusion.
L’originalité des ferrites durs est la possibilité de faire un pres-
sage orienté. En effet, grâce à leur structure hexagonale, les cris- Étant donné les problèmes rencontrés (problèmes magnétiques
taux de ferrite présentent un axe de facile aimantation et il est et de montage), la plupart des pièces sont livrées non aimantées,
possible d’orienter les cristaux au cours de la mise en forme des l’aimantation étant en général effectuée après montage chez les
pièces, dans un champ électromagnétique [9]. On obtient ainsi des utilisateurs.
propriétés magnétiques supérieures dans la direction de l’orienta- ● La figure 22 schématise les différentes phases de la fabrication
tion (figure 21). Seuls les cristaux correspondant à des mono- des aimants type ferrite en fonction des procédés utilisés et des pro-
domaines de Weiss et ayant un certain degré de liberté les uns par duits obtenus.
rapport aux autres peuvent s’orienter.
Avec les techniques de broyage actuelles, on obtient un taux
d’orientation supérieur à 90 %, ce qui entraîne une augmentation 2.1.2 Propriétés intrinsèques des ferrites durs
de la rémanence.
Les ferrites ainsi préparés sont dit anisotropes, c’est-à-dire qu’ils Ce sont les propriétés du matériau terminé, qui intéressent donc
n’ont pas les mêmes propriétés dans toutes les directions. plus particulièrement l’utilisateur.
Si, au cours de la mise en forme, aucun champ extérieur n’est 2.1.2.1 Stabilité chimique
appliqué, on a des ferrites isotropes.
Les ferrites durs frittés sont des céramiques et, de ce fait, sont
■ Frittage très stables chimiquement, n’étant attaqués et difficilement dis-
Après mise en forme, au cours de la cuisson à des températures sous que par les acides forts.
de l’ordre de 1 200 oC, il permet d’obtenir une densification de 90 Leur stabilité dans le temps est illimitée, car les éléments qui
à 95 %. composent la formule chimique ont des états de valence saturés à
Pendant le frittage, les dimensions des pièces diminuent de leurs niveaux les plus stables et aucune réoxydation à l’air n’est
façon sensible ; c’est le phénomène du retrait qui est anisotrope possible. Il n’y a, par suite, pas de vieillissement des propriétés
dans le cas des ferrites anisotropes. On observe : magnétiques.
— un retrait de 30 % dans le sens de l’orientation des domaines ;
— un retrait de 15 % dans le sens perpendiculaire. 2.1.2.2 Coefficient de température
Dans le cas des ferrites isotropes, le retrait est isotrope de 20 à L’influence de la température sur les propriétés magnétiques des
22 %. ferrites durs est importante.
Avec les techniques de broyage actuelles, on obtient après frittage On a :
une microstructure plus fine donnant une plus grande coercitivité. — pour l’induction rémanente B r : – 0,2 %/K ;
— pour le champ coercitif H c :
■ Finition
• ferrite de strontium : 0,95 (kA/m)/K,
Pour les ferrites durs frittés, elle se fait par rectification à l’aide • ferrite de baryum : 0,80 (kA/m)/K.
de meules diamantées, étant donné la dureté du matériau (6,5
dans l’échelle de Mohs). Cette finition permet d’éliminer les aspé- Quand la température s’élève, B r diminue et l’aimant perd de sa
rités dues au procédé de fabrication et d’obtenir des tolérances puissance ; en revanche, il gagne en stabilité car H c augmente. La
pouvant atteindre 2/100 mm sur les faces rectifiées. figure 23 indique l’évolution de la courbe de désaimantation avec
la température.

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Figure 22 – Schéma de fabrication des ferrites durs frittés et liés

Figure 23 – Évolution de la courbe de désaimantation Figure 24 – Point de fonctionnement d’un aimant


avec la température en fonction de la température

Dans le cas d’une utilisation à basse température (inférieure à variations de température, alors que dans un circuit défini par la
0 oC), il faut prévoir un champ coercitif plus élevé qu’il serait droite de travail OQ la force magnétomotrice de l’aimant va dimi-
nécessaire à la température de 25 oC, pour que le point de nuer après passage à la température la plus basse θb . L’équation
fonctionnement de l’aimant reste au-dessus du coude de la courbe ci-après définit l’induction rémanente résiduelle B rr à θ = 25 oC
de désaimantation, quelle que soit la température (figure 24), afin après que cet aimant ait été refroidi à la température θb .
d’éviter une désaimantation partielle irréversible de l’aimant.
o B ( θb )
Dans le cas représenté sur la figure, un circuit magnétique défini B rr ( θ = 25 C ) = -----------------------------------------------------
par la droite de travail OP pourra subir de façon réversible les 1,0475 – 0,0019 θ b

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B (θb ) étant déterminée par l’intersection de la droite de travail du


système avec la courbe de désaimantation du matériau à la tem-
pérature θb exprimée en oC (point 1 ou point 2).
Les constantes tiennent compte des coefficients de température.

2.1.2.3 Dispersion des valeurs magnétiques et mécaniques


Les variations observées proviennent essentiellement du proces-
sus de fabrication.
■ Au cours du frittage à 1 200 oC qui permet de densifier les
aimants, les variations de la température maximale dans les fours
industriels sont de l’ordre de ± 10 oC. L’influence de telles variations
est sensible sur les valeurs magnétiques.
Exemple : pour ∆ θ = + 10 oC dans le four,
on a : ∆ B r = + 5 mT
et : ∆Hc = – 12 kA/m.

Au cours du pressage, il y a une dispersion des densités pres- Figure 25 – Abaque des coefficients de qualité K pour les nuances
sées qui entraîne une dispersion des valeurs magnétiques après de ferrite industrialisées
cuisson.
Les variations pour les pièces brutes de cuisson sont de l’ordre
de 2,5 % pour Br et de 5 % pour Hc . Le fabricant est ainsi amené
à ne garantir que des valeurs minimales.
L’automatisation du pressage et du frittage, avec l’utilisation de
presses informatisées et de fours maintenant des températures
plus homogènes, permet de réduire la dispersion de ces valeurs
magnétiques.
■ Pour les mêmes raisons, les tolérances mécaniques des pièces
brutes de cuisson sont de l’ordre de 2 % à cause du phénomène de
retrait que subissent les pièces au cours de la densification dans le
four.
Exemple : pour ∆θ = + 10 oC, on a sur le retrait R :
∆R = + 0,5 %.
La pièce sera alors mieux densifiée et plus petite.
■ Dans la pratique, les variations de retrait, donc de surface des
pièces, et de Br se compensent pour donner un flux à peu près
constant, car Φ = BS.

2.1.2.4 Coefficient de qualité


On peut déterminer un coefficient K de qualité pour caractériser
un matériau donné :
K = B r + 0,4 HcJ
Figure 26 – Courbes typiques de désaimantation
avec Br (mT) induction rémanente, de ferrites haut de gamme (K = 535) à 20 oC
HcJ (kA/m) champ coercitif de l’aimantation. (0)
La figure 25 donne les valeurs des coefficients de qualité K pour
la gamme des nuances de ferrite. La courbe supérieure (K = 535)
Tableau 2 – Exemples de valeurs magnétiques correspond aux nuances haut de gamme les plus récemment
de ferrites frittés anisotropes haut de gamme industrialisées (1995). Le tableau 2 et la figure 26 donnent les
valeurs magnétiques et les courbes de désaimantation de ces
Champ nuances.
Induction Champ Énergie
coercitif de
Nuance rémanente coercitif de volumique
l’aimantation
de ferrite Br l’induction HcB (BH )max
HcJ
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3) 2.2 Ferrites isotropes
I à rémanence
0,42 260 270 32,8
élevée Dans ces aimants, les domaines magnétiques sont statistique-
II à haute ment orientés. Dans une direction donnée, la rémanence est prati-
coercitivité 0,385 285 360 27,5 quement la moitié de celle obtenue dans un ferrite anisotrope.
Ces matériaux sont donc plus particulièrement adaptés aux appli-
cations pour lesquelles de hautes valeurs magnétiques ne sont pas
essentielles ou lorsqu’une isotropie des propriétés magnétiques est
demandée.
(0)

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Tableau 3 – Propriétés des ferrites isotropes (1) 2.3 Ferrites anisotropes


Valeur Ces aimants constituent le type le plus répandu et les applica-
Propriétés magnétiques et électriques tions en sont très nombreuses. L’orientation des domaines magné-
typique
tiques dans une direction donnée permet (par rapport aux ferrites
Induction rémanente Br .................................................(T) 0,220 isotropes) d’obtenir de hautes valeurs de Br dans la direction
Champ coercitif de l’induction Hc B ........................ (kA/m) 135 considérée, entre 0,35 et 0,45 T selon les qualités.
Champ coercitif de l’aimantation HcJ .................... (kA/m) 220
Énergie volumique (BH )max .................................. (kJ/m3) 7,6
Coefficient de température de Br (– 40 à + 200 oC) . (%/K) – 0,2 2.3.1 Matériaux à rémanence élevée
Coefficient de température de HcJ (– 40 à + 200 oC)(%/K) + 0,4
Intensité du champ d’aimantation à saturation.... (kA/m) 800 Cette catégorie comprend :
Résistivité ρ ..............................................................(Ω · m) 104 — d’une part, les ferrites de baryum caractérisés par un champ
Température de Curie ..................................................(oC) 450 coercitif Hc relativement faible (de l’ordre de 150 kA/m) ;
— d’autre part, les ferrites de strontium à coercitivité moyenne
Propriétés physiques (de l’ordre de 250 kA/m).
Masse volumique ....................................... (en 103 kg/m3) 4,9 Les courbes typiques de désaimantation sont représentées sur la
Coefficient de dilatation linéique (20 à 300oC)(en 10–6/K) 10 figure 28.
Dureté sur l’échelle de Mohs............................................. 6,5 Le tableau 4 donne les valeurs magnétiques d’un certain nombre
Module d’Young........................................... (en 103 MPa) 150 de nuances industrielles.
Résistance à la traction ............................................ (MPa) 50
Résistance à la compression ................................... (MPa) 700
Conductivité thermique ................................... [W/(m · K)] 5,5
(1) À moins qu’une autre température ne soit spécifiée, l’étalon est
à 25 oC ± 2 oC

Figure 27 – Courbe typique de désaimantation du ferrite isotrope

Figure 28 – Courbes typiques de désaimantation


Le procédé de fabrication simplifié (figure 22) rend ces aimants
de ferrites anisotropes à rémanence élevée
particulièrement bon marché.
La figure 27 indique la courbe de désaimantation typique d’un
tel matériau dont les propriétés magnétiques, électriques et physi- (0)
ques sont regroupées dans le tableau 3. Tableau 4 – Exemples de valeurs magnétiques
Les applications sont de deux types : de quelques ferrites anisotropes à rémanence élevée
— matériaux peu performants et bon marché pour jouets, gad-
gets, attractions de faible puissance, petits relais, pièces de réglage Champ Champ
Induction Énergie
des faisceaux dans les tubes de télévision, etc. ; Matériau coercitif coercitif de
rémanente volumique
— matériaux pour lesquels l’isotropie est nécessaire, afin de de l’induction l’aimantation
Br (BH )max
pouvoir disposer les pôles magnétiques dans des configurations HcB HcJ
diverses : bagues aimantées radialement et multipolaires pour (T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
petits moteurs pas à pas, rotors pour dynamos de bicyclettes à
configuration polaire radiale, cylindres magnétiques pour photoco- Ferrite de baryum 0,4 160 165 29,5
pieurs, etc. anisotrope
Ferrites de strontium 0,42 225 240 33
anisotropes à forte 0,41 265 275 41,5
rémanence 0,39 265 275 28,5

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Les ferrites de baryum sont bien adaptés aux applications sta-


tiques lorsqu’un champ coercitif élevé n’est pas nécessaire. C’est le
cas en particulier des haut-parleurs. Tous ceux de séries courantes
sont actuellement équipés d’aimants en ferrite de baryum en
forme de bague. La production mondiale des haut-parleurs,
concentrée en Extrême-Orient, est de plusieurs centaines de mil-
lions d’unités par an. Elle absorbe environ la moitié du tonnage
annuel d’aimants en ferrite.
Les ferrites de strontium ont des valeurs de champ coercitif plus
élevées et présentent une bonne résistance à la désaimantation.
Cela leur permet d’être utilisés dans des applications dynamiques
ou lorsque l’aimant doit subir un champ démagnétisant extérieur.
C’est le cas principalement des moteurs électriques, en particulier :
— tous les moteurs électriques à courant continu placés dans
les voitures (essuie-glaces, ventilateurs, lève-vitres, pompes à
Figure 29 – Exemple de séparateur essence, lave-glaces, etc.) ;
— les moteurs électriques pour l’électroménager, quand il est
possible d’utiliser un système redresseur de courant (machines à
laver, aspirateurs, pompes de cafetière, etc.).
Les autres applications que celles des haut-parleurs de séries
courantes et des moteurs électriques sont multiples et l’on utilise
telle ou telle nuance d’aimant en fonction du circuit considéré et du
prix de revient de l’aimant. Citons entre autres :
— les volants magnétiques pour cyclomoteurs ;
— certains systèmes d’attraction et de répulsion (loquetaux de
portes, etc.) ;
— les filtres magnétiques ;
— les relais ;
— les petits aimants pour l’horlogerie ;
— les gros blocs pour séparateurs de minerai ; cette application,
qui utilise, mondialement, plusieurs centaines de tonnes d’aimants
par an, est schématisée sur la figure 29. Ces blocs d’aimants de
2 kg sont empilés et collés suivant les deux configurations de la
figure 30 ;
— les bagues pour haut-parleurs de voitures ; ces haut-parleurs
utilisent des bagues très plates pour des raisons d’encombrement,
ce qui nécessite un champ coercitif important pour éviter leur
désaimantation partielle.
Figure 30 – Systèmes à aimants permanents en ferrite

2.3.2 Matériaux à haute coercitivité


Ces matériaux possèdent des champs coercitifs de 300 à
500 kA/m et sont réalisés uniquement en ferrites de strontium avec
des additions plus ou moins importantes d’oxyde d’aluminium ou
d’oxyde de chrome qui permettent d’ajuster la valeur de Hc .
Les courbes de désaimantation sont représentées sur la figure 31
et les valeurs magnétiques de certaines nuances sont données dans
le tableau 5. On note qu’un fort champ coercitif de l’aimantation ne
peut être obtenu qu’au détriment de la rémanence. (0)

Tableau 5 – Exemples de valeurs magnétiques


de quelques ferrites de strontium anisotropes
à haute coercitivité
Champ Champ
Induction Énergie
coercitif de coercitif de
Matériau rémanente volumique
l’induction l’aimantation
Br (BH )max
HcB HcJ
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Ferrites de strontium 0,38 280 320 27,0
anisotropes à fort 0,34 265 335 21,5
champ coercitif 0,26 180 530 11,0
Figure 31 – Courbes typiques de désaimantation de ferrites
de strontium à haute coercitivité

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Ces matériaux de très haute coercitivité sont utilisés dans des les méthodes classiques de l’industrie des matières plastiques :
applications analogues à celles citées au paragraphe 2.3.1, mais extrusion, moulage par injection, laminage [10] (figure 22).
dans lesquelles la droite de travail fait un angle plus important Il est possible de réaliser ainsi :
avec l’axe B , ou lorsqu’ils sont soumis à des champs démagnéti- — des aimants souples lorsque l’agent liant est un thermoplas-
sants intenses. Citons : tique souple ;
— les moteurs électriques qui doivent répondre à des spécifica- — des aimants rigides lorsque l’on utilise des résines thermo-
tions au froid particulièrement exigeantes ; la droite de travail doit durcissables.
rester au-dessus du coude de la courbe de désaimantation à basse Comme pour les aimants frittés (§ 2.1.1), on peut obtenir une
température (figure 24) ; anisotropie magnétique au cours de la mise en forme :
— les aimants de faible épaisseur et de grande surface, pour les- — soit à l’aide d’un champ magnétique externe ;
quels l’angle de la droite de travail avec l’axe B est important ; — soit par l’action mécanique du laminage lorsque l’on réalise
— les aimants soumis à un champ démagnétisant extérieur des aimants en forme de bandes ou de rubans.
intense, en particulier les petits aimants insérés dans les circuits Leur procédé de fabrication permet d’obtenir des formes
magnétiques des transformateurs pour faciliter le passage des complexes avec des tolérances serrées. Il est possible de plier ces
lignes de flux dans une direction donnée. aimants et même de les couper avec des ciseaux dans le cas des
aimants souples.
2.3.3 Matériaux bi-qualité
2.4.2 Propriétés
Nous avons vu au paragraphe 1.5.1.3.2 que, dans un moteur
électrique, la réaction d’induit, créant un champ démagnétisant,
La proportion en masse de la poudre de ferrite peut varier de 75
n’intervenait que sur une partie de l’aimant.
à 94 % selon les qualités, ce qui entraîne pour ces matériaux des
En utilisant un aimant homogène, l’ensemble de la pièce doit masses volumiques variant de 2,5 · 10 3 à 3,9 · 10 3 kg /m 3, nette-
avoir un champ coercitif suffisamment élevé pour résister à la réac- ment inférieures à celles des aimants frittés (tableau 3).
tion d’induit, champ coercitif obtenu le plus souvent au détriment
Le tableau 6 résume les principales propriétés magnétiques qui
de l’induction rémanente, donc du flux. dépendent largement de la masse volumique.
Pour pallier cet inconvénient, il est possible de réaliser des aimants
La figure 32 indique les courbes de désaimantation corres-
à deux qualités :
pondantes.
— une nuance à champ coercitif élevé, pour la partie soumise à
la réaction d’induit ; Les tolérances dimensionnelles sans usinage sont de l’ordre de
— une nuance à forte induction rémanente et plus faible champ ± 0,5 % pour les aimants rigides et de ± 1 % pour les aimants
coercitif, pour améliorer le flux. souples.
Ce principe ne s’applique qu’aux moteurs électriques. Les propriétés chimiques et physiques sont liées à la qualité de
l’agent liant et à la densité de poudre ferrite du matériau.
On peut exécuter de tels aimants par collage de deux parties de
nuances différentes, ce qui est onéreux, ou faire ces pièces dans un Dans le cas des aimants liés, la stabilité chimique est celle de
même moule pour les grandes séries. l’élastomère ou celle de la résine. Si ces aimants résistent bien au
contact de l’eau et des huiles minérales, ils sont rapidement atta-
La fabrication de ces matériaux a été abandonnée en 1990 au qués par les solvants organiques classiques tels que l’acétone, le
profit des matériaux ferrites monoqualité haut de gamme. tétrachlorure de carbone et le toluol.
Les températures maximales d’utilisation ne dépassent pas
100 oC.
2.4 Aimants liés Ce sont des matériaux peu fragiles, contrairement aux aimants frit-
tés, et les résistances à la rupture sont garanties de 30 à 150 MPa
2.4.1 Élaboration du matériau selon les nuances, variations qui dépendent à la fois de l’agent liant
et de la charge en ferrite. (0)
Ces aimants sont fabriqués à partir de poudre de ferrite (préfrit-
tage et broyage en phase sèche) mélangée à des agents liants, par

Tableau 6 – Exemples de valeurs magnétiques de quelques aimants liés


Induction Champ coercitif Champ coercitif Énergie
rémanente d’induction de l’aimantation volumique Masse
Type d’aimant volumique
Br HcB HcJ (BH )max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3) en (103 kg/m3)
0,080 58 190 0,9 2,5
Aimant rigide isotrope
0,155 104 190 4,4 3,9
Aimant rigide anisotrope 0,240 175 240 11 3,5
Aimant souple isotrope 0,145 96 190 3,2 3,7

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Figure 33 – Diagramme ternaire FeO - Fe2O3 - BaO


Figure 32 – Courbes typiques de désaimantation de ferrites liés

inférieures à celles des ferrites de strontium ou de baryum avec un


2.4.3 Applications coût de matières premières trop élevé pour que l’industrialisation
en soit rentable.
Le flux magnétique donné par ces aimants étant nettement infé-
rieur à celui des aimants frittés, on les utilise principalement pour
leurs propriétés mécaniques.
2.6 Marchés en développement
■ Aimants souples
On les trouve : ■ Marché automobile
— dans les moteurs électriques à courant continu de faible puis- C’est le plus gros utilisateur d’aimants ferrites. Ainsi en 1991, on
sance utilisant l’aimant sous forme de plaquette cintrable logée estimait qu’aux États-Unis, il y avait en moyenne 12 moteurs élec-
dans la culasse avec disposition multipolaire ; triques à aimants et 4 haut-parleurs par automobile (figure 34),
— dans les systèmes de fixation magnétique de grandes surfaces alors qu’en 1970 on ne comptait que 2 moteurs à aimants par auto-
(plafonds magnétiques, panneaux de décoration, jeux, gadgets, fer- mobile et environ 5 au début des années 80.
metures de portes de réfrigérateurs, etc.) ; on améliore, dans ce cas,
la puissance d’attraction par une aimantation multipolaire avec, Les nuances haut de gamme (K = 525 à 540, cf. § 2.1.2.4) sont
éventuellement, une armature en fer au dos des feuilles d’aimant. largement utilisées pour les moteurs de démarreurs, remplaçant
ainsi, à un prix plus compétitif les aimants bi-qualité (§ 2.3.3) que
■ Aimants rigides l’on ne fabrique plus depuis 1990.
Ils sont utilisés dans le cas où une forte aimantation n’est pas ■ Marché industriel
nécessaire, mais où il est intéressant d’avoir une bonne précision
des cotes mécaniques, obtenue directement par moulage par Les ferrites durs sont utilisés également dans un certain nombre
injection ; citons : d’applications industrielles pour la réalisation de moteurs, pour les-
— les rotors à aimantation multipolaire radiale pour moteurs quels la puissance est le principal paramètre. On utilise des maté-
électriques sans balais (brushless ) ; riaux à K = 530 à 540 avec un champ coercitif élevé pour que
— les bagues de réglage du faisceau dans les tubes de téléviseurs ; l’aimant résiste à une forte réaction d’induit, mais l’induction réma-
— les pièces bon marché pour jouets, gadgets, etc. nente doit être suffisante pour obtenir le flux nécessaire. La forme
des aimants utilisés dans ces moteurs est importante : il faut des
secteurs épais, de 15 à 25 mm, pour que l’angle de la droite de tra-
2.5 Autres matériaux céramiques vail avec l’axe B soit le plus faible possible. En revanche, il faut que
l’angle polaire du secteur soit le plus grand possible (150o) avec des
Il existe d’autres types de ferrites qui peuvent être des aimants, pieds radiaux afin que l’utilisateur puisse remplir avec le maximum
ayant les propriétés magnétiques des matériaux durs. Dans le de matière magnétique l’espace réservé aux aimants en créant une
diagramme ternaire FeO - Fe2O3 - BaO (figure 33) on a mis en évi- couronne continue d’aimants dans la culasse.
dence un certain nombre de composés bien définis, en (B, M, S, W,
La maîtrise du pressage et du frittage permet en 1995 de réaliser
Y, Z), en particulier la phase W de composition BaFe18O27 . Ce maté-
ce type de pièce de façon économique, pour les applications
riau possède une aimantation à saturation supérieure à celle de
suivantes :
BaFe12O19 de 10 à 15 %, présentant un intérêt en particulier pour
les aimants liés. Il n’est toutefois pas industrialisé, à cause de la dif- — moteurs d’ouverture/fermeture des portes de wagons (TGV) ;
ficulté d’obtenir le composé pur. — chariots automoteurs ;
— fauteuils roulants pour handicapés ;
De même, il est possible de remplacer le strontium ou le baryum — moteurs de pompes industrielles ;
par des éléments tels que le lanthane (La) ou des mélanges — pétrins pour l’agro-alimentaire ;
lanthane-calcium. On obtient LaFe12 O19 ou (La, Ca) Fe12 O19 dont les — nettoyeurs de sols, etc.
propriétés magnétiques restent intéressantes, mais légèrement

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Figure 34 – Aimants ferrites dans l’automobile

■ Marché des appareils portables par rapport aux autres aimants existants, une très haute énergie
L’utilisation des aimants a permis de développer et d’introduire magnétique et une grande résistance à la désaimantation.
sur le marché un grand nombre d’appareils sans fil, dont on se sert Cette famille d’alliages comprend :
dans la vie de tous les jours. Ces appareils utilisent en général des — les aimants samarium-cobalt ;
piles rechargeables et servent d’outils pour le bricolage et les tra- — les aimants au cobalt avec d’autres éléments des terres rares
vaux du bâtiment : perceuses, visseuses, scies, ponceuses, etc. moins onéreux ;
On peut citer également les rasoirs à piles et les aspirateurs de — les aimants néodyme-fer-bore, dont l’industrialisation est en
table. plein essor suite à l’amélioration de leur stabilité dans le temps.
■ Marché du petit électroménager
L’aimant ferrite est utilisé dans le moteur sous forme d’un rotor,
ce qui évite les contacts d’alimentation électrique de la partie tour- 3.1 Aimants samarium-cobalt
nante : c’est le moteur sans balais ou brushless. On emploie soit
des rotors en ferrite fritté bipolaires à orientation diamétrale, soit
des ferrites liés multipolaires à orientation radiale. 3.1.1 Élaboration du matériau
On retrouve ce type de moteur dans les appareils domestiques :
presse-citrons, ouvre-boîtes, sorbetières, aiguiseurs, robots de cui- On fabrique, à l’heure actuelle (1995), deux alliages formant des
sine, batteurs à œufs, pompes de cafetière, etc. composés bien définis du système binaire Sm-Co (figure 35), ayant
pour formules :
SmCo5 et Sm2Co17
Ces composés sont préparés par coréduction des mélanges
3. Alliages à base d’éléments d’oxyde et fusion sous vide ou directement par fusion sous vide des
de terres rares métaux. Les pièces sont ensuite réalisées par les techniques de la
métallurgie des poudres : l’alliage broyé sous forme de poudre est
pressé en présence d’un champ électromagnétique pour orienter les
L’apparition de ces alliages métalliques vers les années 60 repré- domaines, puis fritté à des températures de l’ordre de 1 100 oC en
sente un énorme progrès dans le domaine des aimants perma- atmosphère inerte ou sous vide. Un palier de refroidissement vers
nents grâce à leurs propriétés magnétiques. Ils présentent, en effet, 850 oC permet d’optimiser les propriétés magnétiques.

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Figure 36 – Courbes typiques de désaimantation


des aimants Sm-Co frittés

Un certain nombre de paramètres influent sur les propriétés de


ces aimants, principalement leur composition : on obtient, pour
Sm2Co17, une induction rémanente plus élevée que pour SmCo5,
au détriment du champ coercitif et l’on peut ajuster les valeurs de
Figure 35 – Diagramme d’équilibre Sm-Co Br ou Hc par des additions métalliques spécifiques.
Les développements industriels les plus récents ont permis, en
Le procédé de fabrication des aimants Sm-Co est coûteux à particulier, d’obtenir des champs coercitifs de l’aimantation HcJ de
cause, principalement, des précautions à prendre pour éviter l’oxy- 2 000 kA/m dans le cas du SmCo5 et de 1 200 kA/m dans le cas du
dation du samarium qui, à l’état de poudre, est extrêmement réac- Sm2Co17.
tif à l’air, pouvant être pyrophorique dans certains cas. Les courbes de désaimantation sont représentées sur la figure 36.
Comme dans le cas des ferrites durs (§ 2.1.1), le frittage occa-
sionne un retrait, plus important dans le sens de l’orientation des 3.1.2.2 Autres propriétés
domaines, ce qui empêche l’obtention de tolérances serrées sur les Les alliages métalliques samarium-cobalt sont durs, cassants et
pièces brutes. Un usinage des surfaces, réalisé à l’aide de meules conducteurs de l’électricité. Bien que leur température de Curie soit
diamantées, est nécessaire pour avoir des tolérances dimension- élevée, ils ne peuvent pas être utilisés au-delà de 250 oC, en raison
nelles de 2/100 mm. de la grande activité chimique des composants.
Il est également possible d’obtenir des matériaux liés, comme Les principales propriétés des aimants samarium-cobalt frittés
pour les ferrites (§ 2.4), par mélange de poudres de samarium-cobalt sont données dans le tableau 8.
avec des résines thermodurcissables ou thermoplastiques. On
obtient alors des aimants ayant des propriétés magnétiques moins 3.1.2.3 Influence de la température
bonnes que celles des aimants frittés, mais possédant des propriétés
mécaniques intéressantes (tolérances serrées, élasticité). Lorsque la température augmente, l’induction rémanente subit
une diminution. Il faut distinguer alors deux types de chutes :
— chutes réversibles de Br dues aux propriétés intrinsèques du
3.1.2 Propriétés matériau et égales à – 0,05 % /K ; on remarque que ces chutes sont
quatre fois plus faibles que dans le cas des ferrites (§ 2.1.2.2) ;
3.1.2.1 Propriétés magnétiques — chutes irréversibles dues à l’instabilité chimique du matériau ;
en effet, ce dernier subit une oxydation à l’air qui augmente avec
Le tableau 7 indique les valeurs des principales propriétés magné- la température et qui occasionne un abaissement de la valeur de
tiques dans le cas des alliages SmCo5, Sm2Co17 et des aimants liés.
(0) Br à 100 oC, au bout de 100 h :
• SmCo5 subit une chute irréversible de 2 %,
• Sm2Co17 subit une chute irréversible de 7 %. (0)
Tableau 7 – Exemples de valeurs magnétiques
des aimants samarium-cobalt
Tableau 8 – Exemples de propriétés des aimants
Induction
Champ Champ
Énergie
samarium-cobalt frittés
coercitif de coercitif de
Type d’aimant rémanente volumique Caractéristique Sm Co5 Sm2 Co17
l’induction l’aimantation
Br (BH )max
HcB HcJ
Température de Curie.............................(oC) 720 820
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3) Température maximale d’utilisation .....(oC) 250 250
Aimants frittés Sm Co5 0,95 700 1 100 155 Résistivité ..............................(en 10–7 Ω · m) 5 8,6
Masse volumique................ (en 103 kg · m3) 8,3 8,5
Aimants frittés Sm2Co17 1,1 500 520 240 Dureté (Vickers)............................................. 500 550
Aimants liés 0,65 400 650 70 Module d’Young .......................(en 105MPa) 1,5 1,2

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De même, une élévation de température entraîne une diminution


du champ coercitif de l’aimantation HcJ. La variation relative de HcJ Tableau 9 – Exemples de valeurs magnétiques
est de l’ordre de – 2.10 –3 /K. C’est donc une évolution de signe d’alliages de cobalt et d’éléments de terres rares
contraire à celle que l’on observe dans le cas des ferrites (§ 2.1.2.2).
Champ Champ
Induction Énergie
coercitif de coercitif de
Alliage rémanente volumique
l’induction l’aimantation
Br (BH )max
3.2 Autres alliages de cobalt HcB HcJ
et d’éléments de terres rares (T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Ce (Co Fe Cu)5 0,7 320 350 80
De nombreux développements ont été réalisés sur ces matériaux Ce0,85 Sm0,15 (Co Fe Cu) 6 0,85 400 440 125
dans le but d’obtenir des aimants moins onéreux en particulier en
remplaçant le samarium par des éléments moins coûteux de la Sm0,5Ce0,5 (Co Cu Fe Zr) 7,4 1,03 400 440 190
même famille comme le cérium (Ce). (Sm0,5MM0,5) Co5 0,8 530 1 000 100
On peut aussi remplacer le samarium par un mélange d’éléments
de terres appelé Misch Metal (MM), dans lequel un certain nombre
d’éléments provenant de la même mine n’ont pas été séparés.
Le cobalt peut être également remplacé partiellement par le cuivre
ou le fer.
Les propriétés obtenues sont moins bonnes que celles des aimants
Sm-Co, mais un certain nombre de nuances sont industrialisées
(tableau 9).
D’un prix moins élevé que celui du samarium-cobalt, ces aimants
entrent dans quelques applications particulières telles que :
— la centrale de fermeture de portières pour automobiles ;
— les pièces polaires de moteurs pour les périphériques d’ordi-
nateurs, etc.
Figure 37 – Principe de l’hypertrempe des alliages Nd-Fe-B

3.3 Alliages néodyme-fer-bore ■ Aimants liés


Ils sont réalisés à partir de poudres obtenues par hypertrempe
d’alliages Nd2Fe14B. L’alliage liquide (figure 37) est éjecté à tra-
Ces alliages, de formule théorique Nd2 Fe14 B, ont vu le jour au
vers l’orifice d’une buse et solidifié rapidement par projection sur
début des années 80 à la suite des développements effectués pour
un support mobile en cuivre refroidi. On obtient une vitesse de
tenter de remplacer les aimants samarium-cobalt par des éléments
refroidissement d’environ 106 K · s–1. La vitesse linéaire du support
moins rares et moins coûteux.
ne doit pas être trop élevée afin d’éviter la présence de phase
La production industrielle d’aimants réalisés dans cet alliage a amorphe présentant une faible coercitivité. Elle est de l’ordre de
pris un essor considérable au début des années 90, la production 20 m/s.
annuelle mondiale des aimants frittés étant passée de 300 tonnes
L’alliage ainsi obtenu, sous forme de rubans de 30 à 60 µm
en 1987 à 2 400 tonnes en 1995 et celle des aimants liés de 100 à
d’épaisseur est broyé pour donner une poudre qui est mélangée à
1 000 tonnes.
un liant organique plastique ou thermodurcissable.
Un des liants thermodurcissable le plus utilisé dans le cas de pièces
3.3.1 Élaboration du matériau moulées par injection est le sulfure de polyphénylène PPS qui pré-
sente d’excellentes propriétés physiques et chimiques (§ 3.3.4). La
composition volumique de poudre ne doit alors pas dépasser 60 %.
■ Aimants frittés
● Fusion sous vide
Si l’aimant est soumis à des milieux moins agressifs, on utilise
une résine époxyde (liant plastique) et les pièces sont moulées par
C’est le procédé le plus utilisé. Il est réalisé dans des fours à compression, ce qui permet une proportion plus élevée de poudre.
induction par fusion des éléments de base pour donner des lingots Suivant le type de compression, plusieurs nuances sont obtenues :
d’alliage qui sont ensuite broyés en broyeur à jet d’azote, mis en
— par compression à froid à 600-700 MPa jusqu’à 85 % de la
forme par pressage dans un champ électromagnétique afin
densité théorique, on obtient des aimants isotropes appelés MQ I
d’assurer l’orientation des domaines, puis frittés en atmosphère
(MQ signifie Magnet Quench ) ;
inerte au-delà de 1 000 oC. Un traitement thermique de recuit vers
— par compression à chaud sous atmosphère inerte à une pres-
500-600 oC en atmosphère inerte est nécessaire pour obtenir les
sion de 140 MPa et une température de 720 oC, on obtient une struc-
propriétés magnétiques.
ture globalement isotrope dans laquelle le taux d’orientation des
● Calciométrie domaines magnétiques est de l’ordre de 10 %. Ces aimants isotropes
C’est la réduction par le calcium de l’oxyde de néodyme et de aux propriétés magnétiques améliorées (§ 3.3.3) sont appelés MQ II ;
fer-bore, suivant par exemple la réaction chimique, à 900-1 100 oC : — une deuxième compression à chaud (100 MPa et 700 oC) des
pièces MQ II permet d’obtenir par écoulement plastique latéral, un
8 Nd2O3 + 100 Fe + 20 Fe 0,6 B 0,4 + 24 Ca → 8 Nd2Fe14 B + 24 CaO taux d’orientation des domaines de 75 %. L’aimant résultant appelé
L’excès de Ca et de CaO est ensuite éliminé par lavage à l’eau. MQ III, présente alors une structure anisotrope qui a des propriétés
La suite des opérations est la même que dans le cas de la fusion magnétiques nettement meilleures (§ 3.3.3).
sous vide : broyage en broyeur à jet d’azote, mise en forme par Avec les résines époxydes, l’aimant est plus sensible à l’environ-
pressage dans un champ électromagnétique, frittage et recuit en nement, ce qui oblige à effectuer une opération de revêtement
atmosphère inerte, usinage. anticorrosion.

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3.3.2 Revêtement — l’étamage galvanique au tonneau qui convient pour les petites
pièces ;
Très sensibles à l’environnement, en particulier à l’humidité de — le dépôt galvanique d’autres métaux tels que le nickel, le
l’air, les alliages néodyme-fer-bore ne peuvent être utilisés que chromate de zinc ou une double couche de nickel et d’étain ;
protégés, sinon ils présentent des pertes magnétiques irréversibles — le depôt en phase vapeur d’aluminium ;
dans le temps. En fonction de l’environnement dans lequel des — le depôt ionique en phase vapeur par plasma de nitrure de
aimants sont utilisés, des revêtements différents [12] sont titane ;
appliqués : — le dépôt cathodique de peinture qui permet aux pièces de
— pour une protection anticorrosive, exigence qui prédomine résister 2 000 heures en brouillard salin.
lorsqu’il y a danger d’une détérioration des aimants en milieu Le tableau 10 donne les caractéristiques de ces différentes tech-
agressif ; nologies pour les aimants frittés.
— pour une simple mesure de propreté, afin d’éviter la présence Dans les cas des aimants liés, la qualité des résines joue un rôle
de particules détachables (pour les moteurs de lecteurs de disques important, comme l’indique le tableau 11 qui concerne les aimants
en informatique, par exemple). fabriqués à partir d’alliages hypertrempés.
Les principales techniques employées sont : (0)
— le revêtement de résine époxyde par électrophorèse (EPP)
pour les aimants de grandes dimensions ;

Tableau 10 – Revêtements de surface protecteurs des aimants Nd-Fe-B frittés


Température
Épaisseur Dureté Vickers Résistance maximale
Revêtement Méthode Couleur d’utilisation Applications
aux solvants
(µm) (HV) (oC)
Étain galvanique 15 à 30 gris-argent 20 très bonne 160 excellente résistance
aux atmosphères humides
Nickel galvanique 15 à 25 gris-argent 350 très bonne 160

Chromate de zinc galvanique 5 à 20 jaune 120 très bonne 80 très bonne résistance
aux brouillards salins

dépôt bonne résistance


Peintures 15 à 20 noir 4 très bonne 130 aux brouillards salins
cathodique et à l’atmosphère humide
Ni : 10 à 20 très bonne résistance
Ni + Sn galvanique gris 20 très bonne 160 à l’atmosphère humide
Sn : 10 à 25
dépôt ionique bonne résistance
Al en phase 8 à 15 gris ou jaune 40 très bonne 160 à l’atmosphère humide
vapeur et aux brouillards salins
dépôt ionique bonne résistance
en phase aux essais d’humidification
Nitrure de titane TiN vapeur 3à5 jaune-or 2 500 très bonne 160 accélérée
par plasma

(0)

Tableau 11 – Revêtements de surface protecteurs des aimants Nd-Fe-B liés


Résistance à la corrosion
Revêtement Type Épaisseur Résistance Résistance Résistance Humidité 85 % Autoclave 120oC
(méthode) d’aimant aux solvants aux chocs aux brouillards salins
85oC 105 Pa
(µm) (h) (h)
Résine époxyde
(électrophorèse) MQ I 13 à 33 bonne bonne bonne 200 0

Résine phénolique
(dépôt simple) MQ I 13 à 33 bonne très bonne bonne 2 000 24

Résine époxyde MQ II 13 à 33 bonne bonne excellente 500 12


(électrophorèse) MQ III
Nickel MQ II 13 à 35 excellente excellente mauvaise 2 000 60
(galvanisation) MQ III

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Figure 38 – Courbe typique de désaimantation d’aimants Nd-Fe-B


frittés à forte énergie volumique (BH )max = 300 kJ/m3

3.3.3 Propriétés magnétiques Figure 39 – Pertes magnétiques irréversibles en circuit ouvert


d’aimants Nd-Fe-B frittés à forte énergie volumique
(BH )max ≈ 300 kJ/m3
■ Aimants frittés
Une large gamme de nuances, qui permet de faire face aux exi-
gences de plus en plus contraignantes des utilisateurs, est mainte-
nant disponible.
La figure 3 montre l’étendue des propriétés magnétiques de ces
aimants. Pour des applications exigeant de très hautes densités de
flux à des températures peu élevées, on emploie des nuances
ayant une énergie volumique (BH )max importante (≈ 300 kJ/m3 ).
Les figures 38 et 39 montrent pour de telles nuances, les courbes
de désaimantation et les pertes magnétiques irréversibles en cir-
cuit ouvert, en fonction de la température et de la tangente de
l’angle de la droite de travail, soit B/ µ0 H.
Pour des applications devant supporter des températures plus
élevées, on utilise des nuances à très haute coercitivité obtenue au
détriment de l’induction rémanente Br et de l’énergie volumique
(BH )max . La figure 40 montre pour ces nuances les courbes de
désaimantation en fonction de la température. La figure 41 résume,
pour les aimants frittés, l’influence de la température sur la coer-
citivité. Quelques exemples de propriétés à 20 o C de nuances
commercialisées sont donnés dans le tableau 12
Certains fournisseurs développent des aimants dont les énergies
volumiques (BH )max peuvent atteindre 360 kJ/m3.
Exemple : l’influence de la composition chimique de ces allia- Figure 40 – Courbes typiques de désaimantation
ges sur les propriétés magnétiques est importante et en fonction des d’aimants Nd-Fe-B frittés à haute coercitivité
propriétés souhaitées, on peut ajouter un certain nombre d’éléments :
— aluminium Al, dysprosium Dy, terbium Tb, praséodyme Pr, hol-
mium Ho, niobium Nb, titane Ti, zirconium Zr, gallium Ga pour amé- ■ Aimants liés (0)
liorer la coercitivité au détriment de la rémanence ; Les propriétés magnétiques sont fonction du liant. Le tableau 15
— cobalt Co et vanadium V pour augmenter la température de donne les valeurs magnétiques obtenues avec différents
Curie Tc et réduire la sensibilité à la corrosion au détriment de la liants (§ 3.3.1).
coercitivité ; ainsi dans l’alliage Nd 2 (Fe1 – x Cox )14 B, pour x = 0,1, on
a ∆Tc = + 100 o C. La figure 44 permet la comparaison des propriétés magnétiques
des nuances MQ I, MQ II et MQ III obtenues par
La combinaison de ces ajouts a permis d’améliorer considéra- compression (§ 3.3.1)
blement la stabilité des aimants vis-à-vis de la température et de la cor-
rosion. Le tableau 13 donne à titre d’exemple les valeurs obtenues
pour des alliages avec ou sans ajouts.
La figure 42 montre les pertes magnétiques irréversibles en fonc-
tion de la température pour ces deux aimants, le second permettant
d’atteindre des températures opérationnelles de 180 oC.
Le tableau 14 indique leur stabilité temporelle.

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Tableau 12 – Propriétés d’aimants Nd-Fe-B frittés


à 20 oC
Champ
Champ
Induction coercitif Énergie
coercitif de
Nuance rémanente de volumique
l’induction
Br l’aimantation (BH )max
HcB
HcJ
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
1,3 920 1 100 320
Rémanence élevée 1,2 900 1 000 270
0,96 750 3 000 185
Haute coercitivité 1,02 750 2 000 195
Figure 41 – Influence de la température sur le champ coercitif
à l’aimantation HcJ d’aimants Nd-Fe-B frittés

Tableau 13 – Valeurs magnétiques d’aimants


Nd-Fe-B frittés avec ou sans ajout

Composition atomique Br HcJ HcB à 20 oC HcB à 180 oC (BH)max


(%) (T) (kA/m) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Aimant 1
1,19 875 870 100 258
76,5 Fe 15 Nd 8 B 0,5 AI
Aimant 2
67,5 Fe 13,5 Nd 1,5 Dy 1,04 1 911 870 490 199
8B 5Co 4 V 0,5 AI

Tableau 14 – Stabilité temporelle des deux aimants


Nd-Fe-B frittés du tableau 13 avec un revêtement
de résine
Durée de vie en autoclave Température
(115 oC, 1,75 · 105 Pa, 100 % humidité) opérationnelle
(jours) (oC)
Aimant 1 4à6 60
Figure 42 – Pertes magnétiques irréversibles en circuit ouvert Aimant 2 40 180
d’aimants Nd-Fe-B frittés avec ajouts

(0)

Tableau 15 – Propriétés magnétiques d’aimants Nd2Fe14B liés en fonction du liant


Induction Champ coercitif Champ coercitif Énergie
rémanente de l’induction de l’aimantation volumique
Matériau Liant (avec procédé de mise en forme) Br HcB HcJ (BH)max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Isotrope Nylon ou PPS (moulage par injection) 0,41 à 0,57 290 à 342 560 à 1 200 35 à 50
Anisotrope Nylon ou PPS (moulage par injection) 0,83 à 0,86 540 à 600 1 035 à 1 200 110 à 135
Isotrope Polymère thermoplastique (moulage par compression) 0,58 à 0,72 380 à 415 600 à 1 100 55 à 70
Isotrope Résine époxyde (moulage par compression) 0,64 à 0,69 400 à 450 700 à 1 300 70 à 75

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Tableau 18 – Comparaison de propriétés


d’alliages à base d’éléments de terres rares

Caractéristique Sm2Fe17 Sm2Fe17Nx Nd2Fe14B

Aimanatation à saturation................ (T) 1 1,5 1,6


Champ d’anisotropie .................. (kA/m) planaire 17 750 6 000
Température de Curie ..................... (oC) 116 476 312

3.4 Alliage dysprosium-aluminium

Cet alliage de formule Dy3Al2 est intéressant, car ses propriétés


magnétiques en font l’aimant connu le plus puissant.
Malheureusement, ce matériau n’est coercitif qu’aux très basses
températures entre 4,2 et 20 K. Pour cette raison, il n’a pas d’appli-
cation pratique, mais il constitue un composé de laboratoire pour
l’étude des phénomènes de coercitivité.
Les propriétés obtenues à la température de l’hélium liquide
(4,2 K) sont :
— induction rémanente .............................. Br = 1,72 T
Figure 43 – Courbes typiques de désaimantation d’aimants Nd-Fe-B
— champ coercitif de l’aimantation .......... HcJ = 1 600 kA/m
liés obtenus par compression
— énergie volumique.................................. (BH )max = 570 kJ/m3

3.3.4 Autres propriétés


3.5 Nouveaux matériaux
Le tableau 16 donne des propriétés des aimants Nd-Fe-B frittés.
Le tableau 17 donne des propriétés d’aimants liés avec du sulfure
de polyphénylène (PPS). (0) De nouvelles compositions d’alliages à base d’éléments de terres
rares sont à l’heure actuelle (1995) en cours de développement et
pourront être commercialisées avant la fin du XX e siècle. Ce sont
des matériaux de formule Sm 2 Fe 17 N x avec atomes d’azote
Tableau 16 – Autres propriétés physiques interstitiels ; x est compris entre 0,4 et 27 et plus généralement fixé
des aimants Nd-Fe-B frittés à 15. Ces matériaux sont obtenus par nitruration des alliages
Sm2Fe17 . Ils possèdent des propriétés intrinsèques intéressantes,
Température de Curie ..................................... (oC) 310 en particulier une température de Curie et un champ d’anisotropie
Résistivité........................................(en 10–6Ω · m) 1,4 bien supérieurs à ceux de Nd2Fe14B, comme l’indique le tableau 18.
Ces matériaux présentent toutefois l’inconvénient de se décom-
Masse volumique .................................(en g/cm3) 7,4
poser entre 500 et 600 oC, suivant la réaction :
Dureté Vickers................................................. (HV) 500
Sm2Fe17Nx → 2 SmN + 17 Fe + Nx – 2
Coefficient de dilatation linéique :
// à l’aimantation ............................... (en 10–6 /K) +5,7 Les propriétés intrinsèques de ces alliages en font des matériaux
⊥ à l’aimantation ............................... (en 10–6/K) –0,5 très prometteurs, principalement pour la réalisation d’aimants liés.
Conductivité thermique ....................... [W/(m · K] 6,5
Module d’Young................................(en 105MPa) 1,7
3.6 Applications
Résistance à la flexion ............................(N/mm2) 280
Résistance à l’écrasement ......................(N/mm2) 940
Grâce à leurs propriétés magnétiques exceptionnelles, les maté-
(0) riaux à base d’éléments de terres rares ont considérablement étendu
le domaine des applications des aimants permanents en apportant
une solution à un grand nombre de problèmes magnétiques. Ils sont
plus particulièrement adaptés aux applications pour lesquelles le
Tableau 17 – Propriétés des aimants Nd-Fe-B liés volume, la masse ou un rendement élevé est important, mais de
avec du sulfure de polyphénylène nombreuses applications sont envisageables également là où la
réduction de la taille du produit apporte de substantielles économies.
Resistance à la flexion ................... (en 107 Pa) 14,5
La haute résistance à la désaimantation autorise l’emploi de pièces
Masse volumique ..................... (en g/cm3) 1,35 de faible épaisseur et la haute rémanence peut éviter l’utilisation de
pièces polaires en fer doux.
Température maximale d’utilisation ........ (oC) 220
Pour ces raisons, il est nécessaire de concevoir à nouveau chaque
résistance à l’eau système, lorsque l’on envisage de remplacer des aimants alnico ou
Propriétés chimiques ...................................... et à la poussière
ferrites par des aimants à base d’éléments de terres rares, car leur
substitution directe cote pour cote n’est ni économique, ni techni-
quement adaptée.

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Ces aimants peuvent être utilisés pour toutes applications et ce


sont des considérations économiques qui en limitent l’usage : les Tableau 19 – Comparaison de moteurs de 7,5 kW
aimants à base d’éléments de terres rares sont vendus 40 fois plus sans balais à aimants Nd2Fe14B frittés
chers que les ferrites. et à induction bobiné
Moteur
Caractéristique Moteur à induction
3.6.1 Aimants samarium-cobalt sans balais
Diamètre du moteur..................... (mm) 122,4 266
Citons parmi les applications industrielles : Longueur du moteur .................... (mm) 132,3 370,5
— les aimants de petits haut-parleurs avec la structure disque ; Masse du moteur ............................(kg) 3,82 42,0
— les pièces polaires de moteurs électriques de faible ou forte Densité de puissance
puissance, c’est-à-dire inférieure à 20 W ou supérieure à 5 kW (Puissance/masse) ................. (kW/kg) 1,96 0,18
(§ 1.5.1.3.4) ;
— les pièces polaires pour moteurs extra-plats ;
— les systèmes de préhension, les plateaux magnétiques ; Ce sont principalement les nuances de forte énergie volumique
— les freins à aimants permanents de type monodisque à (BH )max qui sont utilisées dans ces applications, car elles permet-
commande électromagnétique ; tent d’avoir des actionneurs à temps de réponses rapides et une
— les magnétrons ; miniaturisation des systèmes.
— les appareils de résonance magnétique nucléaire (RMN) pour
● On utilise les aimants à base d’éléments de terres rares pour
applications médicales ;
— les engrenages magnétiques pour couplages à faible frotte- certains types de moteurs industriels. En général, ce sont les
ment avec des aimants liés, etc. nuances à forte coercitivité qui sont employées, afin de pouvoir
résister à la température : les alliages Nd2Fe14B peuvent être utilisés
jusqu’à 180 oC.
3.6.2 Aimants néodyme-fer-bore Nota : pour des applications en milieu corrosif et à des températures dépassant 180 oC,
il convient d’utiliser des aimants en samarium-cobalt qui sont plus stables que les aimants
néodyme-fer-bore dans les conditions extrêmes.
■ Aimants frittés Les aimants frittés peuvent aussi être utilisés dans des moteurs
La production de ces aimants est répartie dans les domaines sans balais, sous forme de cylindres à orientation radiale. Cela
suivants : permet de réduire considérablement les dimensions et le poids du
— informatique................................ 57 % ; moteur, par rapport à un moteur à induction bobiné de même puis-
— moteurs-générateurs.................. 17 % ; sance, comme le montre le tableau 19.
— imagerie médicale ...................... 11 % ; ● En imagerie médicale, les appareils de résonance magnétique
— divers ........................................... 10 % ; nucléaire nécessitent des matériaux de très haute énergie afin d’amé-
— systèmes acoustiques .................. 5 %. liorer la résolution de l’image. La production d’aimants pour ce mar-
● En informatique, les aimants Nd2Fe14B sont utilisés dans les ché est actuellement (1995) concentrée au Japon.
ordinateurs pour : ● En acoustique, les aimants à base d’éléments de terres rares
— les actionneurs développés pour le mouvement des têtes de ne sont utilisés que pour des haut-parleurs très miniaturisés, à
lecture sur les mémoires à disques ou VCM (voice coil motors ) ; cause de leur prix élevé. Toutefois, on fabrique des bagues à orien-
— la focalisation du rayon laser de la tête de lecture (figure 44). tation radiale de haute énergie volumique [(BH )max de 240 à
280 kJ/m3] pour réaliser des haut-parleurs sans pièces polaires
métalliques. On obtient ainsi une réduction du poids, des dimen-
sions et des fuites magnétiques.
● Les aimants néodyme-fer-bore frittés sont employés dans de
nombreuses autres applications classiques : focalisation de
faisceaux, couplages magnétiques, relais et contacteurs, tachymé-
trie, équipements industriels utilisant le principe des courants de
Foucault (freins, séparateurs magnétiques), etc.
■ Aimants liés
Les aimants liés à base de Nd 2 Fe 14 B, qu’ils soient souples ou
rigides, sont utilisés dans des applications pour lesquelles les
problèmes de mise en forme des aimants, de montage dans les
systèmes, de tolérances des dimensions ne peuvent être résolus
avec des aimants frittés, et lorsque les propriétés magnétiques,
bien inférieures à celles des aimants frittés sont adaptées à ces
applications.
Les principaux marchés sont ceux des moteurs et des
générateurs :
— moteurs pas à pas pour la régulation de l’air conditionné ou
le réglage des sièges dans l’industrie automobile ;
— petits moteurs sans balais (brushless ) à aimant rotor ; outre
l’absence de charbons et de collecteur qui permet d’augmenter la
durée de vie, il y a davantage d’espace pour les bobinages qui sont
ainsi ainsi mieux refroidis (figure 45). Toutefois, étant donné le
coût de l’électronique associée, la puissance de ces moteurs est
limitée à environ 40 W (1995).
Figure 44 – Système de lecture laser Les aimants liés sont utilisés dans de nombreux autres secteurs
tels que celui des capteurs, de la préhension, du couplage magné-
tique, etc.

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Figure 45 – Comparaison de petits moteurs sans balais avec


des aimants Nd-Fe-B liés et de petits moteurs à aimants classiques

4. Alliages à base
de fer-nickel-aluminium
(alnico)
Figure 46 – Courbes typiques de désaimantation des aimants alnico
4.1 Généralités

Ces alliages, connus depuis les années 30, ont marqué un net pro- 4.3 Alliages anisotropes (orientés)
grès dans le domaine des aimants permanents à une époque où l’on
n’utilisait que les aciers durs martensitiques. Le point de départ fut
l’alliage NiAlFe2 qui a vu ses propriétés s’améliorer considérab- L’augmentation à 24 % de la teneur massique en cobalt pro-
lement grâce à un certain nombre d’ajouts tels que le cobalt et le voque une élévation de la température de Curie (tableau 20) qui
titane, ainsi que par des traitements thermiques. permet de procéder à un traitement thermomagnétique au cours
du refroidissement, au-dessous de la température de Curie. Après
Il existe trois familles d’aimants obtenues à partir de ces alliages fusion, les pièces coulées sont placées dans un four de recuit à
frittés ou fondus : 800 oC en présence d’un champ électromagnétique extérieur qui
— les alliages isotropes ; permet l’orientation des particules de la phase magnétique riche
— les alliages anisotropes ; en fer-cobalt dans la matrice riche en nickel-aluminium. Le champ
— les alliages à cristallisation dirigée ou colonnaire. appliqué est de l’ordre de 160 kA/m. On obtient un matériau aniso-
La préparation de ces aimants s’effectue par fusion et coulée trope dont les propriétés sont supérieures dans la direction de
pour donner des pièces de grande dureté et relativement fragiles, l’orientation.
dont l’usinage se fait par rectification à la meule diamantée ou par Le tableau 21 et la figure 46 indiquent les compositions, les
électro-érosion. valeurs magnétiques et les courbes de désaimantation de ces
Le tableau 20 indique quelques propriétés physiques de ces alliages orientés. L’ajout de titane permet d’améliorer sensiblement
alliages. la valeur du champ coercitif. (0)

4.2 Alliages isotropes 4.4 Alliages à cristallisation dirigée


ou colonnaire
Ces alliages, préparés par fusion et coulée directe, ne subissent
Un nouveau progrès, pour ces alliages, a été de superposer au
pas de traitement magnétique au cours de leur refroidissement.
traitement magnétique un traitement thermique permettant d’ali-
La composition de ces alliages peut varier en fonction des ajouts gner les axes de croissance des cristaux de la phase magnétique
métalliques, en particulier le titane qui améliore la valeur du Fe-Co, en utilisant un moule de coulée dont la base est refroidie
champ coercitif. La teneur en cobalt relativement faible de ces allia- tandis que la surface latérale est réchauffée.
ges (12 % en masse) leur donne une température de Curie trop
Sous l’effet conjugué de ces traitements, l’alignement des parti-
basse pour qu’un traitement thermomagnétique soit efficace. Leur
cules de Fe-Co devient complet et les caractéristiques de rémanence
composition et leur propriété figurent dans le tableau 21 et la
sont maximales. comme dans les cas précédents, les additions de
courbe de désaimantation correspondantes sur la figure 46.
titane améliorent considérablement la coercitivité (tableau 21 et la
figure 46).

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Tableau 20 – Exemples d’alliages alnico : propriétés physiques


Température Masse Coefficient Dureté
Famille Résistivité
de Curie volumique de dilatation linéique Rockwell
(oC) (en 103 kg/m3) (en 10–6 K–1) (HR) (en 10–8 Ω · m)
Alnico isotrope
à 12 % en masse de Co 740 7 13 45 65

Alnico anisotrope 860 7,25 11,5 58 47


à 24 % en masse de Co

travail en circuit ouvert [1] ne fasse pas un angle trop important avec
Tableau 21 – Exemples d’alliages alnico : l’axe B et ne passe pas sous le coude de la courbe de désaimantation.
composition et valeurs magnétiques
En revanche, ils possèdent une température de Curie élevée
Champ (860 oC pour certaines nuances) qui permet des températures d’uti-
Induction Énergie lisation pouvant atteindre 500 oC. De même, la variation de l’induc-
coercitif de
Alliage Composition rémanente volumique tion rémanente Br avec la température est faible, voisine de
l’induction
Br (BH )max – 0,013 %/K soit plus de 10 fois inférieure à celle des ferrites, ce qui
HcB
rend ces aimants bien adaptés pour les applications dans les appa-
(% en masse) (T) (kA/m) (kJ/m3) reils de mesure.
I. Isotrope 10 Al - 18 Ni - La principale application fut longtemps les aimants pour
12 Co - 4 Cu - 0,7 50 13 haut-parleurs avec la structure disque. Ce sont maintenant les ferrites
56 Fe qui les remplacent pour des raisons économiques.
II. Anisotrope 8 Al - 14 Ni - Citons parmi les autres applications :
orienté 24 Co - 3 Cu - 1,2 55 40 — les écouteurs ;
51 Fe
— les dynamos et machines ayant des inducteurs tournants ;
III. Anisotrope 7 Al -15 Ni - — les pièces polaires pour moteurs de conception spéciale ;
orienté 36 Co - 4 Cu - 0,8 130 45 — les ventouses et plateaux magnétiques ;
6 Ti - 32 Fe — les aimants devant résister à haute température ;
IV. Colonnaire 8 Al - 14 Ni - — les aimants pour appareils de mesures à cadres mobile ou à
24 Co - 3 Cu - 1,4 60 60 aimant mobile ;
51 Fe — les magnétrons ;
— les pièces diverses.
V. Colonnaire 7 Al - 15 Ni -
36 Co - 4 Cu - 1,1 130 70
6 Ti - 32 Fe

5. Autres matériaux
4.5 Alliages frittés pour aimants permanents
Il est possible de réaliser ces alliages sous forme de poudre pres-
sée et frittée selon les techniques de la métallurgie des poudres. La 5.1 Alliages ductiles
porosité résiduelle (< 5 %) entraîne une légère baisse de l’induction
rémanente, proportionnelle à cette porosité, par rapport aux mêmes
compositions d’alliages fondus. 5.1.1 Propriétés générales
Le frittage est réalisé sous hydrogène ou sous vide à 1 300 oC et
les pièces subissent ensuite les traitements thermiques habituels. Les principaux matériaux pour aimants ont comme inconvénient
Ce procédé coûteux est recommandé lorsqu’il s’agit de réaliser des majeur d’être fragiles, durs et cassants. C’est bien sûr le cas des
petites pièces aux formes compliquées et en grandes séries. céramiques, mais aussi des alliages à base d’éléments de terres
rares et des alnico.
De même, il est possible de mélanger ces poudres à des résines
thermodurcissables ou thermoplastiques, comme dans le cas des Il existe un certain nombre d’alliages possédant les propriétés
ferrites. Ces aimants, qui ont été utilisés dans les années 60 pour magnétiques des matériaux durs qui ont l’avantage d’être ductiles,
réaliser les rotors de tachymètres, sont maintenant remplacés par c’est-à-dire facilement usinables, laminables ou tréfilables. Toute-
les ferrites qui sont moins chers. fois, leurs propriétés magnétiques, et plus particulièrement leur
champ coercitif, étant faibles et le coût des matières premières qui
les composent élevé, ils sont très peu répandus bien qu’étant, ou
ayant été, commercialisés.
4.6 Applications
Le tableau 22 résume leurs principales propriétés.

Ces alliages sont caractérisés par un champ coercitif relativement


faible comparé à ceux des ferrites et des alliages à base d’éléments 5.1.2 Alliages fer-chrome-cobalt
de terres rares, ce qui les empêche d’être utilisés dans les systèmes
Récemment développés, ces alliages sont comparables aux types
ayant de grands entrefers ou lorsqu’il y a des champs démagné-
alnico sans titane : leurs propriétés magnétiques proviennent de la
tisants importants (moteurs électriques). Pour la même raison, ces démixtion (séparation de phase) au sein d’une matrice amagnétique
aimants doivent avoir de fortes épaisseurs pour que leur droite de riche en chrome, de particules ferromagnétiques de fer-cobalt.

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Ils sont préparés, comme les alnico (§ 4.2 et 4.3), par fusion et 5.1.6 Alliage platine-cobalt
coulée avec traitement thermique pour les nuances isotropes et
traitement thermomagnétique pour les nuances anisotropes entre Cet alliage équiatomique Pt-Co contient en masse 77 % de pla-
600 et 700 oC. tine, ce qui le rend extrêmement coûteux. Il est obtenu par métal-
Leurs propriétés mécaniques sont tout à fait intéressantes : lurgie des poudres ou par fusion et recuit, et ne présente pas
— résistance à la traction .............. 600 MPa ; d’anisotropie.
— limite d’élasticité ........................ 400 MPa ; Ses bonnes propriétés magnétiques (tableau 22) en font un alliage
— allongement ................................ > 10 % ; très intéressant qui, malgré son prix, fut utilisé comme microaimant
— résistance à la corrosion analogue à celle des aciers inoxy- dans des circuits miniaturisés (horlogerie, espace), avant la décou-
dables. verte des aimants samarium-cobalt.
Ces alliages peuvent être utilisés comme aimants de récepteur Cet alliage est d’une grande résistance à la corrosion, ce qui le
téléphonique, de tachymètre et dans toute application où l’aimant rend bien adapté aux applications médicales : implants, prothèses
doit avoir une forme compliquée, difficile à obtenir autrement que dentaires.
par estampage, pliage ou découpage.

5.1.3 Alliage fer-cobalt-molybdène 5.2 Aimants


manganèse-aluminium-carbone
Commercialisé sous le nom de Remalloy, il est préparé par fusion,
puis chauffage vers 1 200-1 300 oC et trempé. Ses propriétés magné-
tiques, voisines de celles des aciers martensitiques (§ 5.3), en par- Les propriétés magnétiques de l’alliage équiatomique Mn-Al
ticulier la faible valeur du champ coercitif (tableau 22), en font un sont connues depuis la fin des années 50, mais les difficultés ren-
alliage désuet. contrées pour élaborer et stabiliser à basse température la phase
magnétique formée à haute température (> 800 oC) n’ont pas per-
mis son industrialisation. Ce n’est qu’à la fin des années 70 qu’une
5.1.4 Alliages cuivre-nickel-fer équipe de chercheurs japonais a trouvé le moyen d’améliorer les
et cuivre-nickel-cobalt performances de cet alliage par addition de carbone et traitements
thermomécaniques appropriés.
Appelés cunife et cunico, ces alliages sont mous et extrêmement
faciles à usiner. On peut aisément les laminer ou les étirer en bandes
ou en fil, avec une anisotropie provoquée par l’étirage qui accroît 5.2.1 Élaboration du matériau
les performances dans le sens axial.
Ils sont élaborés par fusion, trempés et recuits vers 600 o C. La composition massique de cet alliage est :
Utilisés dans les années 40, ils ont été remplacés par les alnico plus Mn 70 % ; Al 29,5 % ; C 0,5%.
performants magnétiquement, malgré leurs bonnes propriétés
Préparé par fusion, coulée et trempe limitée à 500 oC, il est recuit
mécaniques.
ensuite à 700 oC pour subir une opération d’extrusion.
Leurs compositions et leurs propriétés magnétiques sont données
Cette mise sous pression permet, d’une part, de stabiliser la
dans le tableau 22.
phase magnétique, d’autre part, d’aligner les domaines dans le sens
de l’extrusion, ce qui crée une anisotropie dans cette direction.
5.1.5 Alliage fer-cobalt-vanadium La pression exercée doit être de l’ordre de 800 MPa pour un rap-
port de réduction de surface de 7 à 8.
Commercialisé sous le nom de Vicalloy, cet alliage (tableau 22), (0)
est préparé par fusion, trempe, laminage à froid et revenu vers
600 oC. Il est utilisé sous forme de fils ou de bandes coupées pour
des aiguilles de boussole ou des aimants mobiles d’appareils de
mesure.

Tableau 22 – Exemples d’alliages ductiles : composition et valeurs magnétiques


Champ
Induction Énergie
coercitif
rémanente volumique
Alliage Composition de l’induction Température
Br (BH )max
massique HcB de Curie
(%) (T) (kA/m) (kJ/m3) (oC)
Fe-Cr-Co isotrope 30 Cr-10 Co-60 Fe 0,8 55 16 650
Fe-Cr-Co anisotrope 30 Cr-10 Co-60 Fe 1,1 55 32 650
Remalloy 12 Co-15 Mo-73 Fe 0,97 20 8
Cunife 60 Cu-20 Ni-20 Fe 0,55 35 14 450
Cunico 50 Cu-21 Ni-29 Co 0,34 57 6,8 860
Vicalloy 13 V-52 Co-35 Fe 1,05 41 28 850
Pt-Co 77 Pt-23 Co 0,68 340 75 500

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Tableau 23 – Exemples d’aciers durs martensitiques :


composition et valeurs magnétiques
Champ
Induction coercitif Énergie
rémanente de volumique
Type d’acier Composition Br l’induction (BH )max
HcB
(% en masse) (T) (kA/m) (kJ/m3)
au carbone 0,65 C-0,85 Mn-98,5 Fe 1 3,2 1,45
au tungstène 0,7 C-0,5 Mn-5 W-93,8 Fe 1,05 5,5 2,65
au chrome 1,1 C-0,4 Mn-6 Cr-92,5 Fe 0,95 6 2,4
au cobalt 0,7 C-5 W-4,25 Cr-40 Co- 1 19 8,2
50,05 Fe

Ils ne sont pratiquement plus utilisés à l’heure actuelle (1995) car


leurs propriétés magnétiques sont faibles comparées à celles des
autres types d’aimants. Ce sont des aciers au carbone dont les
propriétés ont été améliorées par addition soit de tungstène, soit
de chrome, soit encore de cobalt. Ils peuvent être employés
lorsqu’on désire un matériau à faible champ coercitif, facilement
saturable, pour les moteurs à hystérésis par exemple.
Le tableau 23 indique les compositions et propriétés de ces
Figure 47 – Courbes typiques de désaimantation d’alliages Mn-AI-C aciers.

5.2.2 Propriétés 5.4 Aimants à base de micropoudres


Les propriétés magnétiques et mécaniques de ce matériau sont
intéressantes et la figure 47 montre l’amélioration des performances Un certain nombre de compositions donne des matériaux ayant,
lorsque l’on effectue l’extrusion à chaud : à l’état de poudres, des propriétés magnétiques de matériaux durs,
lorsque la dimension des particules est de l’ordre de celle des
— la courbe I represente la courbe de désaimantation du maté-
monodomaines. C’est le cas des ferrites durs et des aimants sama-
riau fondu et trempé ;
rium-cobalt qui ont été largement développés (§ 2 et 3.1). Il existe
— l’opération d’extrusion à 700 oC augmente considérablement
d’autres alliages qui possèdent également des propriétés intéres-
les performances de ce matériau, comme indique la courbe II ;
santes et dont certains ont été commercialisés. Ce sont les aimants
— la coercitivité peut être, à nouveau, accrue par un recuit de
manganèse-bismuth, les aimants à base de fer ou de fer-cobalt, les
10 min à 700 oC (courbe III).
oxydes de fer et de cobalt.
Le meilleur matériau (courbe III) a les propriétés suivantes :
— induction rémanente ......................... Br = 0,6 T ;
— champ coercitif de l’induction ......... HcB = 215 kA/m ; 5.4.1 Aimants manganèse-bismuth
— champ coercitif de l’aimantation ..... HcJ = 240 kA/m ;
— énergie volumique ............................ (BH)max = 55 kJ/m3 ; Le composé équiatomique Mn-Bi, de structure hexagonale, pos-
— température de Curie........................................ 300oC ; sède une anisotropie cristalline élevée qui lui confère une bonne
— coefficient de température de Br ..................... – 0,12 %/K. coercitivité. Les particules, préparées par broyage de l’alliage à l’état
C’est un alliage qui peut aisément s’usiner (dureté Rockwell de de monodomaines, sont pressées sous champ magnétique à chaud
50 à 55 HR). (300 oC) pour donner des pièces brutes solides ayant des tolérances
mécaniques serrées. Leurs propriétés magnétiques sont indiquées
Les bonnes propriétés magnétiques et mécaniques de cet alliage
dans le tableau 24.
ainsi que le faible coût des matières premières qui le composent
en font un matériau potentiel pour toutes les applications des Dans la pratique, tout développement industriel a été abandonné
aimants. À ce jour (1995) les problèmes rencontrés pour stabiliser par suite des difficultés provoquées par l’oxydation de la poudre,
par contrainte à chaud la phase magnétique ne sont pas encore extrêmement sensible à la corrosion en atmosphère humide, par le
résolus et cet alliage reste encore au stade du laboratoire ou de prix élevé du bismuth et par la baisse des caractéristiques magné-
l’usine pilote et n’est pas commercialisé. Une application possible tiques aux températures inférieures à la température ambiante.
serait les petits haut-parleurs à structure disque (§ 1.5.1.2). (0)

5.4.2 Aimants à poudre de fer


5.3 Aciers durs martensitiques
D’après les théories de Néel, les poudres ultra-fines de fer et de
Ces aciers ont été pendant plus d’un siècle les seuls aimants arti- fer-cobalt, dispersées à l’état de monodomaines, conduisent à un
ficiels existants. Ce sont des aciers trempés dans lesquels l’austénite champ coercitif théorique de l’ordre de 850 kA/m.
est transformée en martensite, créant un état de tension interne res- On a pu, à partir, de poudres de fer ou de fer-cobalt de dimen-
ponsable de la coercitivité. sions comprises entre 10 et 100 nm, obtenues par réduction sous

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s’effectue sous champ magnétique dans une gaine de plomb par


Tableau 24 – Exemples d’aimants en poudres : compression dans une direction perpendiculaire à celle du champ.
composition et valeurs magnétiques Ces aimants ont été commercialisés aux États-Unis sous le nom de
Lodex, avec une concentration massique de 60 % en poudre de fer
Champ ou fer-cobalt. Bien que leur prix de revient soit élevé, ce qui a
Induction Énergie
coercitif de considérablement limité leur industrialisation, ces aimants sont
Composition rémanente volumique
Nom l’aimantation intéressants par la précision des cotes puisque aucun frittage n’est
(massique) Br (BH ) max
HcJ nécessaire.
(T) (kA/m) (kJ/m3)
Mn-Bi 80 % Mn-20 % Bi 0,43 270 34 5.4.3 Oxyde de fer et de cobalt
PF1 Fe-particules
isotrope sphériques 0,60 38 8,8 Les premiers aimants connus, dès l’antiquité, étaient des variétés
de magnétite Fe3O4 . On connaît d’autres minéraux qui possèdent
PF2 Fe-Co-particules également des propriétés magnétiques de matériaux durs tels que
isotrope sphériques 0,86 32,5 13
la fercolite (56 % Fe2O3, 44 % CoO en masse) ou la vectolite (30 %
Lodex Fe-particules ESD (1) Fe2O3 , 44 % Fe3O4 , 26 % Co2O3 en masse). Mais le matériau le plus
0,90 56 28
anisotrope répandu est l’oxyde de fer γ-Fe2O3 qui est utilisé comme matériau
Lodex Fe-Co-particules mémoire de bandes magnétiques et dont le chiffre d’affaires mon-
anisotrope ESD (1) 0,90 80 40 dial dépasse largement celui réalisé par les aimants permanents
pour les autres applications.
(1) ESD : Elongated Single Domain.
Les propriétés magnétiques sont :
— induction rémanente ........... Br = 0,2 T ;
— champ coercitif..................... Hc = 40 kA/m.
hydrogène à 500 oC de formiate de fer, puis pressées et frittées en
milieu réducteur à 400 oC, réaliser des pièces en aimant PF1 et PF2 Si on remplace le γ-Fe2O3 par une solution solide de γ-Fe2O3 et
ayant des propriétés voisines de celles des alnico isotropes de Co Fe2O4 (ferrite de cobalt), on atteint des champs coercitifs de
(tableau 24) 240 kA/m.
Leurs performances ont été améliorées en y associant une ani- Ces poudres d’oxyde, que l’on peut considérer comme de véri-
sotropie de forme. On a pu obtenir des particules allongées mono- tables matériaux magnétiques durs, ne sont utilisées que dans les
domaines ESD (Elongated Single Domain ) par électrodéposition bandes magnétiques.
de fer ou de fer-cobalt sur cathode de mercure. Leur mise en forme

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P
O
U
Aimants permanents R
Matériaux et applications E
par François LEPRINCE-RINGUET N
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Paris
Docteur ès Sciences

S
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P AIMANTS PERMANENTS ________________________________________________________________________________________________________________
O
Production et coûts
U L’industrie des aimants permanents est maintenant devenue majeure,
Tableau A – Coût, production et chiffre d’affaires
R concentrée principalement au Japon, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.
Si les alnico ont tenu la première place des matériaux pour aimants perma-
nents jusqu’au début des années 70, leur production mondiale ayant atteint à
des différents types d’aimants en 1995

Nd - Fe - B
cette époque 25 000 t/an, ils sont maintenant relégués à la troisième place der- Ferrites
rière les ferrites et les aimants à la base d’éléments de terres rares. Les années Alnico Sm-Co
durs
70 ont vu le développement industriel des ferrites, les années 80 marquent la frittés liés

E forte expansion des aimants samarium-cobalt et les années 90 l’essor des


aimants néodyme-fer-bore. Production.............. (t/an) Quelques
milliers
300 000 1 800 2 400 1 000
On estime en 1995 que la production mondiale annuelle des ferrites durs
N s’est située entre 250 000 et 300 000 t, que celle des aimants samarium-cobalt
atteint 1 800 t. Quant au néodyme-fer-bore, la production est de 2 400 t pour
Coût ........................(F/kg)
Chiffre d’affaires ..... (MF)
200
1 000
20
6 000
1 300
2 300
1 000
2 400
800
800
les aimants frittés et de 1 000 t pour les aimants liés.
Les aimants alnico sont maintenant en perte de vitesse ; on n’en fabrique
plus que quelques milliers de tonnes par an.
La comparaison des prix montre qu’en masse, le samarium-cobalt est
S Les prix de vente des différents types d’aimants en 1995 sont donnés dans
le tableau A. (0)
40 fois plus cher que les ferrites et 8 fois plus cher que les alnico. Cependant,
si l’on tient compte des puissances magnétiques, le rapport des prix des fer-
rites et des aimants samarium-cobalt n’est plus que de 1 à 8.
A
V Évolution
O ● On ne voit pas, à l’heure actuelle, de matériau pouvant remplacer les
ferrites ; au contraire, leur production continuera de croître dans les années à
été considérablement améliorée, ils sont utilisés dans tous les nouveaux déve-
loppements à caractère professionnel.
venir car les marchés grand public sont en expansion, en particulier dans le
I domaine des moteurs électriques.
● Les aimants samarium-cobalt, à cause de leur prix élevé, ont des appli-
● Parmi les autres types d’aimants, les alliages manganèse-aluminium-car-
bone pourraient concurrencer à la fois les ferrites haut de gamme et les sama-
rium-cobalt, si l’on réussit un jour leur industrialisation.

R cations beaucoup plus professionnelles. On prévoit une augmentation de


l’ordre de 10 % par an de leur production.
● Ces aimants sont concurrencés par les aimants néodyme-fer-bore dont le
● L’alliage fer-chrome-cobalt sera un bon matériau ductile, une fois son
développement achevé.

coût est sensiblement inférieur. Maintenant que leur stabilité dans le temps a

P Perspectives d’avenir
L Dans l’état actuel des connaissances, en 1995, il apparaît que les aimants
permanents ont d’excellentes perspectives d’avenir avec de nouvelles applica-
on prévoit des moteurs classiques à ferrites ou des moteurs sans balais en
Nd2Fe14B lié, pouvant atteindre des puissances de l’ordre de 50 W.

U tions, en particulier dans les industries automobile et aéronautique avec :


— la conduite assistée à commandes électriques ou conduite par fils ;
— la suppression active du bruit ;
■ Voitures électriques non polluantes
L’un des challenges du XXIe siècle sera certainement de diminuer la pollution

S — les voitures électriques non polluantes ;


— les applications utilisant les courants de Foucault.
due aux automobiles, sachant que 80 % de la production des oxydes d’azote
et de carbone provient de l’échappement des gaz d’automobiles. Cela va
permettre à la voiture électrique de prendre un développement important. Dans
■ Conduite par fils (Drive by Wire ) cette optique, l’État de Californie, aux États-Unis, a déjà voté une loi édictant
Ce concept s’applique aussi bien à l’avionique qu’à l’automobile pour qu’en 1998, 2 % des véhicules devraient être électriques, puis 5 % en 2001 et
remplacer les commandes de vol ou de direction qui sont à l’heure actuelle 10 % en 2003.
(1996) hydrauliques ou mécaniques. Deux approches technologiques pour la propulsion sont actuellement en
● Avionique concurrence : les moteurs à induction et les moteurs sans balais à courant
continu utilisant des rotors en Nd2Fe14B fritté. Cette dernière technologie per-
Les gouvernes des avions actuellement commandées hydrauliquement,
met une réduction du poids et des dimensions des moteurs comme l’indique
pourront à l’avenir être actionnées par des moteurs électriques à aimants, ce
le tableau 19 [D 2 100] dans le cas d’un moteur de 7,5 kW avec une moindre
qui apporte les avantages suivants :
consommation électrique.
— la suppression des intermédiaires de commandes mécaniques tels que
les tringles, les câbles et les biellettes qui se déforment sous l’effet des efforts Toutes les grandes firmes automobiles ont déjà réalisé des prototypes avec
et de la température ; 4 moteurs pour 4 roues motrices ou seulement 2 moteurs pour 2 roues motrices.
— de nouvelles perspectives offertes par le concept du contrôle actif du vol Pour cette application, on fabrique des rotors sous forme de bagues à orientation
qui consiste à commander l’avion par des calculateurs de vol ; c’est le pilotage radiale pouvant atteindre 225 mm de diamètre et 100 mm de hauteur.
tout électrique ; Le procédé de mise en forme de ces bagues est le suivant :
— une économie de kérosène qui ne servira plus que pour les moteurs de — pressage à chaud d’une préforme en Nd2Fe14B de qualité MQ II avec
propulsion. une presse hydraulique de 300 t ;
Les nuances les plus performantes de Nd2Fe14B, utilisables jusqu’à 180 oC, — extrusion à chaud de la préforme.
pourront convenir pour ces moteurs et actionneurs. L’ensemble est réalisé sous atmosphère d’argon pour éviter toute oxydation.
De plus, en avionique, les moteurs électriques de ventilation, refroidisse-
■ Suppression active du bruit
ment, conditionnement d’air, avec des puissances de 40 à 2 000 W, représentent
un important débouché pour les aimants néodyme-fer-bore et également Ce principe consiste à supprimer un bruit, c’est-à-dire une vibration, par une
samarium-cobalt au-delà de 180 oC. Il faut dans ces applications des moteurs interférence destructive, de même fréquence et d’amplitude opposée. Cette
compacts tournant à grande vitesse, tels que des moteurs sans balais, dont la onde miroir est créée artificiellement par un système de capteurs et d’action-
vitesse peut dépasser la limite des 24 000 tr / min des moteurs à induction neurs. Il sera ainsi possible d’avoir des voitures ou des machines silencieuses.
traditionnels. L’une des technologies pour réaliser la suppression active du bruit utilise des
● Automobile actionneurs électrodynamiques avec des haut-parleurs, et représente un
marché potentiel important pour les aimants néodyme-fer-bore, qui per-
Le même concept peut être appliqué à l’automobile avec en particulier la mettrait, d’ici l’an 2000, de doubler le tonnage de ces aimants utilisés dans les
conduite par fils ou direction assistée à commande électrique, pour laquelle haut-parleurs classiques pour le marché automobile.

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________________________________________________________________________________________________________________ AIMANTS PERMANENTS
P
O
■ Applications utilisant les courants de Foucault aimants permanents utilisant ce principe. On obtient ainsi une réduction de
U
● Séparateurs à courants de Foucault
Ce type de séparateur sera à l’avenir de plus en plus employé pour le trai-
poids très importante par rapport au système électromagnétique comme le
montre le tableau B.Ce principe de freinage, qui donne plus de sécurité, de fia-
bilité et moins de maintenance, constitue un marché potentiel pour tous les
R
tement des ordures ménagères afin de séparer, pour les recycler, tous les gros véhicules tels que les cars, bus, camions et engins. Comme dans le cas
métaux conducteurs non magnétiques, c’est-à-dire les boîtes de conserve, des séparateurs, ce sont des nuances d’énergie volumique
copeaux ou tout autre déchet métallique. (BH)max > 300 kJ/m3 qui doivent être utilisées. (0)
Il est possible de réaliser de tels séparateurs grâce aux aimants
néodyme-fer-bore de très haute énergie. Un rotor multipolaire crée des courants
d’induction dans le matériau conducteur qui est alors repoussé par le champ Tableau B – Comparaison de système de freinage
E
créé par ces courants et éjecté du champ magnétique. Les aimants utilisés pour
cette application doivent avoir une énergie volumique (BH )max > 300 kJ/m3.
● Freinage par courants de Foucault Freinage
à courants de Foucault

Électromagnétique Aimants Nd2Fe14B


N
Le principe d’interaction entre le champ magnétique et le courant induit est Masse..........................(kg) 300 40
déjà appliqué dans certains gros véhicules à l’aide d’électroaimants pouvant
peser jusqu’à 300 kg, ce qui nécessite un renforcement des structures du véhi- Puissance
cule.
L’avantage de ce type de freinage est qu’il ne demande pratiquement aucun
électrique .................. (kW)
Renforcement
3 pas nécessaire
S
entretien et permet de limiter l’usure des freins classiques auxquels il est
associé, en particulier dans les descentes. La disponibilité d’aimants
néodyme-fer-bore de haute énergie permet le développement de freins à
des structures
du véhicule ............... (MF)
nécessaire pas nécessaire
A
V
Fabricants d’aimants
PHILIPS Composants et semiconducteurs TDK
O
UGIMAG
ARELEC
HITACHI
SUMITOMO
I
GIFFREY-PRETRE
CBB.-MAGNET
SHIN ETSU
COOKSON MAGNETS
R
BOSCH-TDK CRUCIBLE MAGNETICS
VACUUMSCHMELZE STACKPOLE MAGNET DIVISION
MAGNETFABRIK BONN
ARNOLDS ENGINEERING COMPANY
DAIDO STEEL
MAGNETQUENCH DELCO REMY P
Organismes et laboratoires
L
Chambre syndicale des producteurs d’aciers fins et spéciaux. Laboratoire d’électrostatique et de physique du métal du Centre national
U
de la recherche scientifique.
LABORATOIRES DE RECHERCHES RÉPONDANT AUX DEMANDES
DES USAGERS POUR LES QUESTIONS GÉNÉRALES :
Laboratoire de chimie générale de la faculté des sciences de Toulouse.
Laboratoire de magnétisme de l’institut de physique de la faculté
des sciences de Grenoble.
S
Laboratoire de chimie minérale de la faculté des sciences d’Orsay. Laboratoire de magnétisme de l’institut de physique de la faculté
des sciences de Strasbourg.
Laboratoire de chimie physique de la faculté des sciences de Lyon.
Laboratoire de magnétisme et de physique du solide du Centre national
Laboratoire de chimie physique de l’institut de magnéto-chimie de la recherche scientifique.
de la faculté des sciences de Bordeaux.
Laboratoire central des industries électriques (LCIE).

Normes françaises et étrangères


France : NF 50 470 Prüfung von Dauermagneten, Bestimmung der magne-
X 02-002 8.86 Unités et symboles. Mise en pratique des définitions des tischen Flusswerte im Arbeitsbereich.
principales unités. 42 026 Magnetsegmenten für kleinen Motoren.
X 02-004 8.85 Noms et symboles des unités de mesure du système SI. International
X 02-205 8.85 Grandeurs, unités et symboles d’électricité et de magné- CEI 404 Matériaux magnétiques.
tisme.
404-1 1979 Classification.
A 95-431 3.71 Métaux durs : détermination du champ coercitif.
404-5 1982 Méthodes de mesure des propriétés magnétiques des
A 95-432 6.71 Métaux durs : détermination de l’aimantation massique matériaux durs (aimants permanents).
à saturation.
404-8 1986 Matériaux magnétiques : spécifications normales de
République fédérale d’Allemagne : DIN matériaux magnétiquement durs.
17 410 1.63 Dauermagnetwerkstoffe, technische Lieferbedingungen. ISO 3326 1975 Métaux durs : détermination de la coercitivité (d’aimanta-
50 470 11.64 Prüfung von Dauermagnetwerkstoffen, Induktives tion).
Verfahren. Grande-Bretagne : BS
50 471 8.67 Prüfung von Dauermagnetwerkstoffen, magnetistatis- 406 1931 Apparatus for workshop testing of permanent magnets.
ches Verfahren.

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P AIMANTS PERMANENTS ________________________________________________________________________________________________________________
O
Brevets
U Fr. 1 048 792 du 23.12.1953 U.S. 2 762 778 du 11.9.1956 Making anisotropic permanent magnets.

R N.V. PHILIPS Gloeilampenfabrieken.


Matière ferromagnétique, corps en cette
E.W.
STUYTS
GORTER, W. RATHENAU et A.L. U.S. 4 279 763 du 21.7.1981
J.M. BŒUF, P. GEREST et H. LEMAIRE
matière et procédé de préparation de cette Method of making magnetically anisotropic Aimants UGIMAG-S.A.
matière et de fabrication de ces corps. permanent magnets.
Ferrites Powders
Fr. 1 080 5 14 du 9.12.1954 U.S. 2 900 344 du 18.8.1959

E N.V. PHILIPS Gloeilampenfabrieken.


Aimant permanent et son procédé de fabrica-
A.L. STUYTS, A.H. HOEKSTUZ, G.H. WEBER
et G.W. RATHENAU
GES. OFFEN 25 27 461 du 13.1.1977
F. ODOR, A. MOHR et K. BELENZ
Procédé de préparation et application de sec-
N tion. North american Philips Co. Inc.
teurs aimantés

S
A
V
O
I
R

P
L
U
S

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