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Andre´ D. ROBERT
L’école
et l’argent
Quels financements pour quelles finalités ?
www.editions-retz.com
1 rue du De´part, 75014 Paris
L’École – tout comme l’éducation – est l’objet de
multiples confrontations d’idées entre profes-
sionnels de l’enseignement, de la formation et
du travail social, responsables du système édu-
catif à tous les échelons, décideurs politiques,
experts, partenaires sociaux, parents… Ces confrontations trouvent
régulièrement un écho dans les médias au travers de « débats » dont
la récurrence ne signale pas toujours la pertinence par rapport aux
défis réels à relever : absence de diagnostics fiables, ignorance des
acquis réflexifs les mieux établis, cantonnement à des stigmatisa-
tions convenues…
Cet écho est insuffisant pour éclairer la communauté éducative et
élever le niveau des connaissances communes, si précieuses pour
l’action quotidienne. Les savoirs sur l’École et sur l’éducation ne
cessent pourtant de progresser et de se diversifier, ouvrant à une
meilleure compréhension des situations passées et contempo-
raines.
La collection « Défis d’éducation » vise à mieux faire connaître ces
savoirs sur l’École. Elle a pour objectifs d’aider à structurer la
réflexion collective en questionnant les perceptions immédiates
et les représentations dépassées, de faire partager repères et
références indispensables, de cerner les questions vives qui font
réellement débat.
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Avant-propos : y a-t-il vraiment un « trésor caché » dedans ?
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1. L’ investissement
« École » : comment le définir ?
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1. L’investissement « École » : comment le définir ?
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1. L’investissement « École » : comment le définir ?
* Au Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, les chefs de gouvernement se sont assigné
un nouvel enjeu stratégique à l’échéance de 2010. Ils coopéreront « pour créer l’économie de
la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, permettant une croissance
économique durable associée à une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et à une
plus forte cohésion sociale ».
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* Avec de fortes variations selon les secteurs professionnels, comme le montre l’enquête du
Cereq : « Génération 98 » in Alternatives économiques, hors-série, janvier 2005.
** Life skills, ou compétences nécessaires à la vie : on range sous cette appellation des dimen-
sions peu abordées au sein de l’école française, comme la compétence à préparer et prendre
une décision, à faire preuve d’esprit critique, à communiquer et travailler avec les autres, etc.
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1. L’investissement « École » : comment le définir ?
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1. L’investissement « École » : comment le définir ?
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2. La gratuité
de l’enseignement en France
* Sauf dans la conception de Condorcet, qui élargit le principe aux degrés supérieurs dont il
prévoit l’organisation.
** Les notes bibliographiques sont regroupées en fin d’ouvrage.
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2. La gratuité de l’enseignement en France
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2. La gratuité de l’enseignement en France
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2. La gratuité de l’enseignement en France
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l’enseignement du second degré, ainsi que pour les élèves des classes
préparatoires aux grandes écoles et à l’enseignement supérieur des
établissements d’enseignement public du second degré. » (article
L132-2) On se situe là au niveau de l’affirmation du principe en son
sens strict, à savoir que la prestation du service de l’enseignement dis-
pensé dans les établissements publics au-delà même de la période de
la scolarité obligatoire est entièrement à la charge de la collectivité.
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2. La gratuité de l’enseignement en France
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3. La gratuité dans
le monde : état des lieux
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3. La gratuité dans le monde : état des lieux
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sous le régime de la gratuité. Mais le Liban fait payer les familles pour
les manuels scolaires (comme l’Égypte et la Tunisie) et pour l’uni-
forme obligatoire (comme l’Égypte).
En Asie du Sud enfin, quatre pays perçoivent des droits de scola-
rité (Inde, Népal, Pakistan et Bhutan), bien que ce ne soit légal qu’au
Pakistan et au Bhutan. Les Maldives et le Bangladesh sont « gratuits »
de ce point de vue, les premières nommées faisant payer les livres (en
compagnie de l’Inde notamment) et l’uniforme (en compagnie du
Bhutan et du Pakistan).
Ce rapide panorama permet de se faire une idée de la situation
relative au point qui nous occupe dans un nombre non négligeable
de pays pauvres, en voie de développement ou émergents ; il permet
aussi de saisir la difficulté du problème quand il s’agit de parler uni-
formément de la gratuité scolaire. Pour aller vite, réitérons la néces-
sité de distinguer : entre acception stricte (portant sur le principe de
la prestation d’enseignement) et acception élargie de la gratuité
(répondant à la question : qu’est-ce que financent réellement les
familles ?) ; entre affirmation légale du principe et application effec-
tive ; entre niveaux d’enseignement auxquels s’applique la gratuité.
Mais, au-delà de ces considérations, un certain nombre de données
relatives à la situation internationale ne doivent pas être oubliées.
D’après les chiffres de l’UNICEF (2001), 115 millions d’enfants (dont
3/5e de filles) ne fréquentent jamais une école primaire, sur 180 pays
où les données sont disponibles. Pour ceux qui sont inscrits dans une
école, un sur trois ne termine pas sa scolarité dans le primaire, et un
adulte sur six est analphabète. La fréquentation généralisée et com-
plète du cycle primaire, évidemment favorisée par la gratuité*, est
donc à juste raison un combat inclus dans les objectifs du Millénaire
de l’ONU pour l’horizon 2015, dans la perspective de voir s’atténuer
la cassure entre pays développés et pays pauvres.
* Les exemples du Kenya, du Malawi et de l’Ouganda déjà cités le montrent : la suppression
des droits de scolarité provoque un afflux d’inscriptions.
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3. La gratuité dans le monde : état des lieux
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4. Un principe de gratuité
pas toujours respecté
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* On ne propose pas ici d’analyse spécifique d’un autre financement scolaire autour des
Pupilles de l’École publique, qui proposent aussi depuis longtemps, à l’intérieur du système
de gratuité, un financement en direction d’enfants nécessiteux.
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4. Un principe de gratuité pas toujours respecté
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4. Un principe de gratuité pas toujours respecté
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4. Un principe de gratuité pas toujours respecté
* On peut citer le cas d’un lycée d’une ville des Bouches-du-Rhône fortement touchée par le
chômage où les autorités d’un lycée public proposaient, en 2005, un voyage en Australie au
prix de 1 700 €.
** On verra plus loin qu’existent des modalités d’aides aux élèves nécessiteux, mais certains
voyages outrepassent les aides disponibles, ou ne sont pas éligibles à ces aides. Surtout, il est
facile de trouver des élèves de familles modestes qui renoncent à participer « pour motifs per-
sonnels », ce qui permet aux responsables d’assurer régulièrement qu’aucun élève n’a été privé
de voyage pour un motif économique. Les pauvres n’aiment pas voyager, c’est bien connu.
*** Il faut préciser que les professeurs accompagnateurs ne paient pas leur voyage et sont parfois
rétribués par différentes modalités, comme des points à gagner pour des voyages personnels.
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Le voyage de « distinction »
Cela signifie que ces familles au moins montrent qu’en certaines
occasions elles ne tiennent plus à ce principe, et qu’elles sont prêtes
à y renoncer au bénéfice d’autre chose : dans le contexte de concur-
rence scolaire qui existe, il n’est pas difficile de comprendre que si
l’on accepte de payer si cher pour ce voyage en Australie, dont on
n’interrogera même pas l’efficacité, c’est parce que l’on y voit un avan-
tage qui n’a sans doute pas de prix (la recherche d’une « distinction »),
expression d’un rapport consumériste à l’école.
Un type de voyage qu’on observe fréquemment dans les établisse-
ments est le voyage en classe complète de « la » bonne cinquième,
celle qui est sociologiquement composée d’élèves qui ont déjà l’habi-
tude de voyager, ou bien le voyage à Naples des seuls élèves lati-
nistes : dans les deux cas, l’utilité marginale du voyage sera faible,
puisqu’il ne profitera pas aux élèves auxquels il pourrait apporter ce
dont ils ne bénéficieront pas par ailleurs ; en revanche, le confort des
professeurs accompagnateurs ainsi que le sentiment de connivence
sociale seront maximaux.
Comme il a été dit, le paradoxe est que ce type de dérive fréquente
survient alors même que les parents d’élèves et la plupart des politiques
ont l’habitude de s’insurger immédiatement contre toute dépense impo-
sée aux élèves en général. Le discours sur la gratuité scolaire non seu-
lement n’a plus d’ennemis, mais il est devenu indépassable,
indiscutable, comme si le contenu d’une loi votée il y a 120 ans dans
un contexte très différent et avec un champ d’application limité au seul
premier degré, repris dans le Préambule de la Constitution de 1946, ren-
dait impossible une autre attitude que la crispation intégriste.
Les fournitures de rentrée et les cahiers d’exercices
Cette crispation est manifeste, par exemple, lorsque les associations
de consommateurs et de parents d’élèves confrontent avec des ser-
vices officiels leurs chiffres à propos du « coût de la rentrée », la presse
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4. Un principe de gratuité pas toujours respecté
* Estimer le montant approximatif de cette dépense n’est pas chose facile. On se reportera à
l’étude de Sophie Genelot : « Les dépenses et pratiques éducatives familiales », IREDU, Dijon,
2001. Celle-ci s’attache en fait au coût de l’année civile dans son entier, y compris les vacances,
et non à la seule rentrée. Pour l’année 2001, les coûts totaux s’établissent ainsi, et en moyenne :
école maternelle = 106,75 € ; école élémentaire = 244,94 € ; collège = 706,27 € ; lycée =
847,12 € .
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* CFC : Centre français d’exploitation du droit de copie. Un accord intervenu en mai 2005 a
forfaitarisé les versements pour l’enseignement primaire.
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5. Les familles
sont-elles « gagnantes » ?
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5. Les familles sont-elles « gagnantes » ?
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5. Les familles sont-elles « gagnantes » ?
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6. La concurrence
dans l’école : jusqu’où ?
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6. La concurrence dans l’école : jusqu’où ?
* Pays où la population est majoritairement urbaine, avec la Grande-Bretagne, ces pays sont
aussi ceux où les fonds publics qui financent la scolarité sont attachés à la tête de l’élève : un
élève qui change d’école, pour le public ou le privé, voyage avec sa subvention. Ce n’est pas
le cas en France.
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6. La concurrence dans l’école : jusqu’où ?
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* En fait et non en droit : l’intérêt bien compris des éditeurs privés de manuels est de se confor-
mer aux programmes officiels pour être choisis par les enseignants.
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7. Le financement et la place
des manuels scolaires
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7. Le financement et la place des manuels scolaires
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7. Le financement et la place des manuels scolaires
Chaque fois qu’il s’agit d’un prêt organisé dans l’établissement, sou-
vent par les documentalistes du CDI, les exigences du nombre font
que les livres ne sont distribués qu’après la rentrée scolaire et sont
repris aux élèves souvent jusqu’à deux semaines avant la fin des
classes, ce qui veut dire, par exemple, que les élèves parviennent aux
dates de leurs examens en étant privés de leurs manuels. Une part du
succès des ouvrages parascolaires de bachotage s’explique par cette
indisponibilité des manuels.
Autre inconvénient : l’élève ne garde pas les livres. La conséquence
en est que, dans les familles les plus modestes, où n’existent pas de
livres de référence, l’élève ne garde rien et n’a donc, au-delà de l’an-
née scolaire en cours, aucune possibilité de se reporter à un livre por-
teur de contenus dont il pourra avoir besoin ultérieurement. Cet état
des choses comme le fait qu’il ne semble pas poser problème aux
enseignants ni aux familles sont particulièrement étonnants à une
époque où la société semble demander plus nettement à l’école d’as-
surer les fondamentaux de la connaissance et des références cultu-
relles durables. Si l’efficacité de l’école passe par sa capacité à préciser
les grands objectifs à atteindre au-dessus de la simple succession des
années scolaires, on voit mal comment on pourrait négliger plus long-
temps la question de l’outillage des élèves, notamment en livres qui
contiennent effectivement ce qu’on peut exiger d’eux, et qu’ils puis-
sent conserver ces livres d’une année sur l’autre. Le système du prêt
annuel, s’il était maintenu, serait alors particulièrement absurde et
contre-productif.
Une autre conséquence de la préaffectation des budgets aux
manuels, comme c’est le cas au collège, réside dans la rigidité de l’or-
ganisation du renouvellement : une fois un manuel « en service » dans
la collectivité, il doit servir plusieurs années de suite, en général à tous
les élèves, quels que soient les différences des classes et leurs besoins
individuels. En outre, comme les outils sur papier « consommables »,
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7. Le financement et la place des manuels scolaires
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8. L’enseignement
privé sous contrat :
un choix et une émulation
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
locales est plus fort. Sur la base du « besoin scolaire reconnu1 », leurs
locaux et installations étant appropriés, les établissements contractant
sous cette modalité doivent appliquer les règles et programmes de
l’enseignement public. À partir des lois de décentralisation (1983-
1985), intervient pour les établissements contractants la notion de
compatibilité avec les schémas prévisionnels de formation et les plans
régionaux. Les enseignants, recrutés par concours, rémunérés par
l’État, sont nommés par l’autorité académique « sur proposition » du
directeur de l’établissement privé ; depuis 1995, ils sont formés dans
les IUFM pour le second degré, le premier degré disposant de ses
propres centres de formation. Outre la rémunération des enseignants,
l’État assure un contrôle des établissements sous contrat, plus appro-
fondi dans le cadre de l’association, incluant notamment l’inspection
pédagogique. Les établissements conservent, quant à eux, ce que la
loi de 1959 a appelé leur « caractère propre », c’est-à-dire leur per-
sonnalité exprimée par un projet, dans le respect de la « liberté de
conscience » de leurs élèves.
* C’est-à-dire : entretien des locaux, frais de chauffage, d’eau, d’éclairage et de nettoyage, rem-
placement du mobilier scolaire et du matériel collectif d’enseignement n’ayant pas le caractère
de biens d’équipement ; rémunération des agents de service.
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
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* Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie : enquête réalisée par
téléphone pour le compte de l’UNAPEL auprès d’un échantillon de 800 familles.
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
une très large majorité d’élèves issus de familles favorisées, bien que
toutes les catégories sociales soient représentées dans ce secteur, mais
le choix du privé ne correspond plus majoritairement, même s’il existe
encore, à un choix religieux ou philosophique. Ce que Langouët et
Léger appellent le « tout privé » (toute la scolarité d’un ou des enfants
exclusivement dans le privé) aussi bien que ce qu’ils nomment en
parallèle le « tout public » ont sensiblement régressé. Au début des
années 1990, moins de six élèves sur dix font une scolarité (jusqu’à la
fin des études secondaires) « tout public ». De même, les scolarités
« tout privé » ont nettement décru. Quant à eux, les enquêteurs du
CREDOC distinguent les parents « convaincus » (46 %) de la supériorité
du privé, mais qui n’avancent pas en totalité ni prioritairement des
motifs religieux, des « pragmatiques » (35 %), et des « autres » (19 %).
Est donc apparu au grand jour un phénomène de « zapping » entre
public et privé, qui concerne aujourd’hui près d’une famille française
sur deux : 45 % au moins des familles françaises utilisent tantôt les ser-
vices du public, tantôt ceux du privé, pour un même enfant, ou les
deux simultanément pour plusieurs enfants, au cours de la scolarité.
Il y a donc bien eu atténuation des clivages idéologiques entre les
deux écoles dans la perception d’une partie importante de la popula-
tion, confirmant dans les faits les intentions initiales de la loi Debré.
Parmi les raisons invoquées par les parents optant tantôt pour un sec-
teur, tantôt pour l’autre, émergent des raisons consuméristes ou de
calculs d’intérêt en vue de ce qui est estimé recéler la meilleure pos-
sibilité de réussite des enfants : commodités, mais aussi et surtout
choix stratégiques et tactiques, sensibilité à la réputation d’un établis-
sement, préjugés sociaux, raisons sociopédagogiques (discipline), rai-
sons expressément pédagogiques. Selon l’enquête du CREDOC, les
critères cités parmi les plus importants dans le choix du privé sous
contrat sont : la bonne réputation de l’établissement (87 %), le projet
éducatif (80 %), le « niveau » scolaire (79 %) et la proximité géogra-
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
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8. L’enseignement privé sous contrat : un choix et une émulation
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9. L’enseignement privé
hors contrat
et le soutien scolaire
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9. L’enseignement privé hors contrat et le soutien scolaire
au niveau du second cycle (« boîtes à bac »). Il est surtout fort dans
les formations post-bac (classes de BTS et préparatoires aux grandes
écoles) et dans le secteur professionnel. À Paris – comme ailleurs –,
cet enseignement reçoit en grande partie, du moins dans le cycle
général, des élèves ayant des difficultés scolaires (les taux d’élèves
« en retard » dans les premier et second cycles secondaires sont systé-
matiquement plus élevés que ceux du public et du privé sous contrat),
dont les parents peuvent payer. Les formations au baccalauréat géné-
ral – où les taux de réussite se révèlent sensiblement inférieurs à ceux
des autres secteurs, public et privé sous contrat – tendent à privilégier
la série ES (économique et social), celles du secteur technologique, la
filière STT (principalement : action commerciale et communication,
comptabilité-gestion). Quant aux formations post-bac, elles sont majo-
ritairement orientées vers le domaine des services, le commerce, la
comptabilité, la gestion, la communication des entreprises. Dans le
secteur professionnel, les pôles dominants à Paris sont constitués par
les soins aux personnes, la coiffure, l’esthétique et la cosmétique,
le soin, le conseil, la vente. Certains établissements présentent la
particularité d’être intégrés à une grande école, en relation avec leurs
sections de techniciens supérieurs ; d’autres, des lycées profession-
nels, d’être adossés à une marque (par exemple Yves Rocher dans le
domaine du cosmétique) ; d’autres enfin sont en lien direct avec les
chambres de commerce et d’industrie.
Moins de 1 %, dira-t-on, c’est peu de choses dans le paysage natio-
nal. Mais on constate que, depuis quelques années, le privé hors contrat
accueille 6 % des élèves de la capitale (six fois plus donc qu’en
moyenne nationale) contre 66 % au public et 28 % au privé sous
contrat3. Si on émet l’hypothèse que Paris anticipe un certain nombre
de phénomènes qui se diffusent ultérieurement sur l’ensemble du terri-
toire, le phénomène parisien peut s’avérer révélateur d’un courant qui
n’est certes pas nouveau (il y a toujours eu des « boîtes » privées plus
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ou moins chères pour des élèves plus ou moins cancres*) mais qui tend
à s’amplifier assez considérablement : la recherche de solutions sco-
laires privées, y compris hors toute aide et tout contrôle étatiques, abou-
tissant à une sélection par l’argent encore plus marquée.
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9. L’enseignement privé hors contrat et le soutien scolaire
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9. L’enseignement privé hors contrat et le soutien scolaire
Mais la publicité met l’accent sur le fait que, après déduction d’im-
pôt, le prix d’un cours revient effectivement à la moitié moins et que,
sur la base de 27 € par exemple, le total d’un soutien trimestriel de
24 heures coûte en réalité 324 €. Malgré ces dispositions, il est clair
que ce type de services n’est accessible aux familles à faibles revenus
qu’au prix d’énormes sacrifices et que, par là même, il concerne
essentiellement les familles des catégories moyennes et supérieures,
qui sont d’ailleurs les seules à bénéficier de la déduction d’impôt. Le
fait relativement nouveau est, nous l’avons noté, que désormais y
compris les bons élèves y recourent, et pensent devoir y recourir,
pour obtenir ce « plus » qui les distinguera.
Ce qui se passe dans certains secteurs de l’enseignement supérieur,
le droit et la médecine particulièrement, en est la confirmation. Le
phénomène là encore n’est pas nouveau, mais a pris, ces dernières
années, une ampleur sans précédent. Il devient en effet de plus en
plus admis que, pour réussir son passage en deuxième année de
médecine, en deuxième année de droit, pour entrer à Sciences Po ou
à l’École nationale de la magistrature (ENM), il faut recourir à des
« prépas » privées cher payées (environ 2 500 € annuels en médecine,
1 800 € en droit pour une préparation parallèle complète). Il n’est pas
rare que les mêmes enseignants dispensant leur science dans le sec-
teur public arrondissent leurs fins de mois en réservant la délivrance
de trucs, recettes et meilleures façons de travailler aux étudiants ins-
crits dans le secteur privé. Celui-ci affiche, en médecine, des taux de
réussite plus de deux, voire trois fois supérieurs à ceux de la seule
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université. Il n’est donc pas étonnant que 20 000 étudiants, sur les
38 000 en médecine, fréquentent une prépa privée. À l’ENM, 40 % des
reçus sont passés par une prépa payante, l’ISP (l’institut supérieur de
préparation, 2 400 € pour 137 heures de cours, répartis sur toute l’an-
née, souvent le week-end)5. C’est tout le sens du service public d’en-
seignement qui se trouve dénaturé par ces pratiques, dont on ne sait
trop à qui imputer l’origine (vieille histoire de l’œuf et de la poule) :
besoin artificiellement créé par les marchands ? réponse à une demande
sociale existante et n’attendant que d’être satisfaite ? L’esprit de com-
pétition exacerbé, l’étroite dépendance entre le niveau de diplôme et
l’emploi en période de chômage chronique, l’angoisse généralisée liée
aux études dans un contexte de « pédagogisation » de la société, la
marchandisation de toutes formes d’activités en sont des causes bien
manifestes. Tout cet ensemble de prestations privées, de la maternelle
aux plus hauts niveaux du supérieur, génère un marché qui dépasse
certainement un milliard d’euros en France aujourd’hui, et dont sont
forcément exclus les plus pauvres, voyant ainsi se creuser un peu plus
la fracture sociale par le renforcement du lien entre argent et accès
privilégié à certains savoirs et savoir-faire scolaires.
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9. L’enseignement privé hors contrat et le soutien scolaire
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10. Le marché
parascolaire traditionnel
et l’aide « en ligne »
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10. Le marché parascolaire traditionnel et l’aide « en ligne »
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en partie grâce à cette nouveauté qui fait l’objet d’une véritable créa-
tivité éditoriale (alors que les annales et autres outils de révision des
examens de fin d’études sont tenus à plus de convention), le chiffre
d’affaires global du parascolaire augmenter jusqu’à approcher les 100
millions d’euros en 2004.
Si l’on considère la diversité des produits, la multiplicité des niveaux
et des filières scolaires qui sont à satisfaire, les besoins sans cesse accrus
qu’expriment les familles en matière d’appui ou de compensation à la
scolarité « officielle », on conçoit l’intérêt que représente pour les édi-
teurs ce secteur du parascolaire restant, malgré tout, traditionnel.
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10. Le marché parascolaire traditionnel et l’aide « en ligne »
mier rang le livre (sous la forme des « classiques », par exemple), pour
des raisons d’argent et tout autant pour des raisons culturelles, entiè-
rement entremêlées. Si les cahiers de vacances distribués principale-
ment dans les grandes surfaces sont en effet de prix tout à fait
modiques, de même que les « classiques », il n’en est pas exactement
de même concernant d’autres ouvrages du secteur : la dépense reste
toutefois souvent fondée, notamment quand on prend en considéra-
tion l’achat d’auxiliaires pédagogiques caractérisés par leur durabilité,
tels une grammaire ou un dictionnaire. La difficulté vient de ce que,
outre le fait qu’elle doive être à l’évidence limitée par des contraintes
de budget familial – là où, pour d’autres milieux, on ne regardera pas
à acheter beaucoup de livres et autres biens culturels de haute renta-
bilité scolaire –, la dépense dans cette direction n’est nullement
acquise de manière spontanée pour certaines familles non familiari-
sées avec l’univers du livre et son environnement. C’est donc une frac-
ture culturelle, superposée dans la majorité des cas à une fracture
socio-économique, qu’il faut incriminer en l’occurrence, avant d’im-
puter la cause des risques d’inégalités accrues à l’école en elle-même
(quoique non prescriptrice de la plupart de ces achats, elle en est bien
sûr inductrice, sans qu’on puisse entièrement le lui reprocher) ou au
secteur parascolaire lui-même, sauf à opérer le même type de raison-
nement pour tous les biens mis sur un marché.
À la fracture culturelle risquent de se rajouter les effets de la « frac-
ture numérique ». En effet, de plus en plus, ces livres et cahiers d’exer-
cices sont associés à l’édition de CD-Rom complémentaires (produits
électroniques dits « hors ligne »), et des tentatives sont également faites
pour vendre dans le même mouvement des services Internet (produits
« en ligne »).
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10. Le marché parascolaire traditionnel et l’aide « en ligne »
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* Même si le code de l’éducation stipule que « l’instruction obligatoire est assurée prioritaire-
ment dans les établissements d’enseignement » (art. L.122-1).
** S. Papert, mathématicien, est un pionnier des recherches sur l’intelligence artificielle et sur
les apports de celle-ci aux processus d’apprentissage. Parmi ses ouvrages traduits en français :
L’Enfant et la machine à connaître : repenser l’école à l’ère de l’ordinateur (Paris, Dunod, 1994).
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11. Le prix de l’école :
qui finance quoi ?
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7,8 % de 1990 à 1993 (du fait de l’effort des collectivités locales, suite
à la décentralisation, et de la revalorisation des salaires des personnels
enseignants décidée en 1989), mais diminue depuis 1993.
Évolution de la part de la DIE dans le PIB (%) de 1974 à 2003
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11. Le prix de l’école : qui finance quoi ?
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11. Le prix de l’école : qui finance quoi ?
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12. Avec les
décentralisations,
un financement qui se complexifie
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La décentralisation de l’éducation :
un délicat exercice de dévolution de pouvoir
Décentraliser en matière d’éducation est toutefois un thème encore
plus délicat que dans d’autres domaines : comment l’Éducation « natio-
nale » pourrait-elle accepter que certaines de ses compétences soient
déléguées, voire abandonnées ? Il s’est d’ailleurs agi, en matière
d’éducation, d’une décentralisation douce, et non d’un chamboule-
ment, d’une évolution d’une situation simple (l’État paye tout !) à une
situation complexe qui traça un nouveau paysage.
Car décentraliser un pouvoir d’État, cela implique de faire des
choix : va-t-on décider de confier tous les pouvoirs scolaires, et donc
la globalité des financements, à des collectivités territoriales, comme c’est
le cas en général dans l’Europe du Nord ? Ou bien seulement certains
de ces pouvoirs, les autres restant à l’État ? Va-t-on vouloir donner des
pouvoirs à ces départements et à ces régions nouvellement nées, ou bien,
au nom des mêmes motifs décentralisateurs, ne va-t-on pas vouloir
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12. Avec les décentralisations, un financement qui se complexifie
l’idée que l’école, c’est de l’« argent public », quoi qu’il advienne, de
l’argent presque mystérieux tant on ne sait pas d’où il provient, et
presque de l’argent sans responsable ni coût !
L’autre idée qui s’imposa fut celle qui consista à séparer les
dépenses et compétences pédagogiques de tout le reste. L’apparence
semble simple : l’État, conservant ses compétences « régaliennes » en
matière de « contenus d’enseignement », payait les professeurs chargés
de les mettre en œuvre et les crédits pédagogiques des établisse-
ments. Tout le reste était financé par les collectivités locales, selon la
répartition énoncée plus haut.
Un autre principe qui s’imposa, au moins dans les textes, dès la fin
des années 1980, fut de favoriser, dans le second degré public, l’émer-
gence d’une entité en route vers l’autonomie : l’établissement. Désignées,
à partir de 1985, sous le nom d’établissements publics locaux d’ensei-
gnement (EPLE), près de onze mille entités sur le territoire national
ont commencé à exister en se dotant d’un budget et en ayant donc,
en théorie au moins, des décisions à prendre en matière de ressources
et de dépenses.
Comme on peut s’y attendre, il ne sera pas facile de faire cohabi-
ter ces différents principes : si l’on prend les choses dans l’autre sens,
à partir de l’établissement, on voit qu’il a l’obligation de coordonner,
au sein de son budget, des ressources qu’il tient de l’État et de la ou
des collectivités territoriales, des dépenses réputées pédagogiques et
des dépenses qui ne le seraient pas, que l’État finance totalement – en
dehors du budget de l’établissement – la plus importante dépense, à
savoir la rémunération des personnels (enseignants et non ensei-
gnants), et que les collectivités interviennent aussi fréquemment hors
budget, par exemple sur le cadre bâti !
On aperçoit là une autre caractéristique des dépenses d’éducation
en France : leur très grande complexité, aussi bien quand on appré-
hende les principaux itinéraires de financement que lorsque l’on tente
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13. Comment mesurer
l’ efficacité de l’école ?
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
* Comme on sait, le système dual allemand combine, pour un grand nombre de jeunes, sco-
larité et formation en entreprise, comptabilisées comme scolarisation à temps plein.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
si l’objectif assigné est loin d’avoir été atteint et si, depuis le milieu des
années 1990, on observe une stagnation, voire une légère régression.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
* Il conviendrait bien entendu de prendre une connaissance exacte des épreuves et, comme
toujours, la problématique présidant à une enquête peut être critiquée.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
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qui a fait le succès, par exemple un bon niveau dans les disciplines
fondamentales ou bien une accumulation de points dans des épreuves
facultatives*.
Les limites des indicateurs officiels
Si l’on cherche à dépasser ces deux outils de mesure privilégiés par
les médias et les ministres, que peut-on dire des instruments dont on
dispose ou ne dispose pas pour tenter d’évaluer des résultats du sys-
tème, pour les rapporter à la dépense d’éducation ? Ils sont à la fois
très nombreux (une direction du ministère, la Direction de l’évalua-
tion et de la prospective, publie chaque année un grand nombre de
données et d’études), parfois très sophistiqués, et pourtant la plupart
du temps insuffisants à nous permettre de nous prononcer sur les
résultats du système.
On peut en effet naïvement imaginer que, pour mesurer le succès
d’une école, on va, dit très grossièrement, mesurer ce que les élèves
« savent » à la sortie, et par différence avec ce qu’ils « savaient » à l’en-
trée, et en déduire une sorte de « valeur ajoutée » de la scolarité. Or,
il se trouve que, pour différents motifs, l’Éducation nationale ne s’est
jamais donné les moyens de mesurer cela**. Les services du ministère
ont alors tenté de mesurer la valeur ajoutée, mais d’une façon bien
spécifique : en comparant les taux de succès obtenus par un établis-
sement avec ceux qu’il aurait « dû » obtenir par référence à une
moyenne, celle des établissements dont les élèves relèvent des mêmes
catégories socioprofessionnelles. Chacun sait l’importance de l’origine
sociale des élèves de seconde face à la scolarité, mais ne prendre en
* Depuis quelques années, au baccalauréat, la tendance, quand on rajoute une épreuve, est de
l’instaurer sous forme facultative ou ne permettant que de gagner des points au dessus de la
moyenne ! Ministre ou candidat, les intérêts convergent !
** Pour faire très vite, on peut dire, par exemple, qu’au collège, on mesure à peu près l’entrée
(évaluation des compétences des élèves à l’entrée en sixième), mais rien à la sortie (grande
déficience du brevet des collèges soulignée par l’avis n°2, juin 2001, du Haut Conseil de l’éva-
luation de l’école) ; de même, au lycée, on ne mesure rien à l’entrée, et si, à la sortie, existe
bien le baccalauréat, on n’en tire pas grand-chose de lisible.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
* Cf. p. 152.
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* On pourrait reprendre en ce sens toutes les mesures de réforme du collège depuis quinze
ans pour vérifier que quantité de mesures ont été décidées sans considération des coûts à
attendre, que ces derniers soient négligés, renvoyés aux collectivités locales ou à l’« autonomie
des établissements » et sans mesure programmée des effets.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
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* La France a jusqu’ici évité l’état de choc et répète donc à peu près les mêmes choix de poli-
tique éducative, à quelques variantes près, car toutes les majorités sont confrontées aux mêmes
« blocages ». Il n’y a pas, en France, de consensus sur l’école, sauf sur le fait de ne pas en
rechercher et de préférer les dysfonctionnements graves à l’épreuve de vérité.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
* On sait que certains systèmes éducatifs, comme ceux des pays scandinaves ou le système ita-
lien, s’interdisent d’attribuer des notes chiffrées ou en limitent fortement l’impact.
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* La marge de manœuvre d’un budget est d’autant plus faible qu’est importante la part de ce
budget consacrée à la rémunération de personnels titulaires.
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13. Comment mesurer l’efficacité de l’école ?
* Printemps 2005.
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14. Les coûts de la machine :
quelles anomalies ?
I l n’est bien sûr pas question ici de prétendre lister tous les dys-
fonctionnements à l’œuvre dans l’ensemble du système éducatif
français, mais seulement de repérer, à partir de quelques exemples,
de quelle façon ils se forment.
Puisque, en examinant les grands comptes, nous avons vu, par
exemple, que les études en lycée étaient en France particulièrement
onéreuses, il peut être intéressant de regarder plus attentivement ce
qu’on peut trouver à ce niveau d’enseignement comme dépense super-
flue, voire inutile ou contre-productive, et d’en rechercher les causes.
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* Comme il faut des noms pour désigner les choses, on appela cela des « modules ».
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14. Les coûts de la machine : quelles anomalies ?
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* Sous les noms de « maîtres auxiliaires », de « maîtres contractuels », de « vacataires », ces ensei-
gnants ont souvent été titularisés par vagues, ce qui signifie qu’un nombre important des profes-
seurs aujourd’hui titulaires l’ont été de cette façon. Il n’y a pas ici de jugement de valeur, seulement
deux questions : si ce mode bon marché de recrutement convient, pourquoi ne pas le générali-
ser ? S’il entraîne des effets négatifs sur les apprentissages des élèves, pourquoi les tolérer ?
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14. Les coûts de la machine : quelles anomalies ?
* Par exemple, donner une culture commune à tous, qu’il faudrait encore définir, préparer à la
vie, préparer aux études dans les sections générales des lycées, etc.
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* On, a selon les années, parlé de sensibilisation, d’initiation, d’enseignement, on a misé tantôt
sur les maîtres eux-mêmes, tantôt sur d’autres intervenants, tantôt sur des vidéocassettes mettant
en scène des sitcoms diffusées massivement dans toutes les écoles de France en quatre langues...
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14. Les coûts de la machine : quelles anomalies ?
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15. Des mesures pour
réformer le financement
de l’école
* On trouvera tout l’argumentaire, qui ne relève pas directement de notre propos, dans le rap-
port du Haut Conseil de l’évaluation de l’école préalable au débat national sur l’école. On rap-
pellera seulement que ce ne sont, par exemple, aujourd’hui, que 40 % d’une classe d’âge qui
accèdent aux études supérieures en France, quand c’est 60 % aux États-Unis.
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Conclusion :
repenser l’ équité
L’Éducation nationale est dans l’erreur quand elle considère que le
financement de l’éducation consiste presque exclusivement à rému-
nérer des maîtres, sans prêter une attention véritable au financement
des outils, individuels et collectifs, de l’étude et de l’accès au savoir.
Agir en ce domaine peut contribuer à rapprocher la condition des
élèves qui disposent notamment de l’outil du livre chez eux et les
autres. Étant donné le sous-financement historique de ce type de
dépenses dans le système éducatif français, et ce qu’on sait de l’in-
égalité des familles en ce domaine, il est proposé de développer les
dépenses publiques visant le financement de matériel culturel et
pédagogique en direction des établissements et la fourniture gratuite
et généreuse, sous forme de dons et non plus de prêts, aux élèves, de
manuels et d’ouvrages de référence, sur tous les supports, éventuelle-
ment sous condition de ressources. Les collectivités territoriales
seraient les principaux financeurs.
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* Nous ne reprenons pas à notre compte le système des chèques-éducation ou vouchers, en rai-
son de ses effets pervers, revenant à mettre en concurrence les écoles transformées en simples
prestataires de services. En revanche, la notion de compte-éducation, ouvrant droit au finance-
ment de formations extérieures au strict cursus officiel, du type de celles que financent ordinaire-
ment les familles pour leurs enfants dans les milieux favorisés, nous semble devoir être favorisée.
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Conclusion : repenser l’équité
térêt public qu’il y aurait à ce que l’ensemble du privé hors contrat soit
soumis à un contrôle impartial de la qualité du service et des comptes.
Des bilans de compétences à la place
du système anxiogène de notation
L’institution ne doit pas, par ailleurs, se cacher qu’elle participe
elle-même fortement, par certaines de ses pratiques, à favoriser le
développement de certaines offres privées, fondées sur le terreau
d’une angoisse excessive des parents d’élèves. Agir sur la source de
cette angoisse inutile, au moins au cours des années d’enseignement
obligatoire, pourrait modifier en partie certains comportements qui
contribuent à creuser les inégalités : il est proposé de limiter aux
seules classes d’examen les classements et calculs de moyennes et
d’en proscrire l’usage dans tous les autres cas, en les remplaçant,
quand c’est nécessaire, par des bilans de compétences, à l’instar de ce
qui se pratique dans les pays scandinaves.
En ce qui concerne les différents financements apparus pendant la
dernière décennie dans les collèges et lycées sous formes de fonds
sociaux, nous pensons qu’il ne s’agit que d’un pis-aller et qu’il
conviendrait que la prise en charge sociale des familles soit le fait des
services spécialisés, extérieurs à l’école (bien sûr en rapport avec elle)
et non des établissements scolaires, dont ce n’est pas le métier. En
dehors de cela, il semble important de ne pas mélanger, au plan sym-
bolique, les financements individuels et collectifs des apprentissages,
c’est-à-dire l’investissement individuel et collectif de formation et
l’aide sociale. Masquer ou noyer le coût d’apprendre ne permet pas
de financer comme il convient les apprentissages.
Détruire tous les ghettos
Nous l’avons dit : la crise sociale sévit sur l’École de façon beau-
coup plus forte qu’il y a quinze ans. Du même coup, certains équi-
libres ou dispositifs qui n’étaient pas interpellés de ce point de vue le
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Conclusion : repenser l’équité
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financée et mise en place, d’abord tournée vers les milieux qui n’ac-
cèdent pas en général aux études longues.
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Conclusion : repenser l’équité
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Notes bibliographiques
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Notes bibliographiques
4. Idem, p. 9.
5. Cf. M. Lemosse, Le Système éducatif anglais depuis 1944, Paris, PUF, 2000.
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Notes bibliographiques
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française de pédagogie, n° 140, 2002, n° 146, 2004. Voir aussi D. Meuret, Les
Recherches sur la réduction de la taille des classes, rapport pour le HCEE,
Paris, MEN-HCEE, 2001.
4. On se reportera à l’étude d’Eurydice, « Questions clés de l’éducation en
Europe », vol. 2 : Le financement et la gestion des ressources dans l’ensei-
gnement obligatoire, 2000.