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1a b
Bactéries endodontiques
connaître nos ennemis
pour mieux les éradiquer
Sébastien Beun, Patrick Bogaerts, Julian Leprince
2a b
la capacité d’acquérir certains caractères de viru- 3. Exemple lement été mises en évidence par des méthodes de
de bactéries
lence auprès d’autres espèces [8]. Ces éléments ont mise en culture. Or les données récentes obtenues
anaérobies
mené à la conclusion tentante que cette bactérie retrouvées dans à l’aide de méthodes d’identification moléculaires
pourrait être l’agent étiologique principal des l’endodonte (e.a. PCR, sonde ADN) remettent en question
échecs de traitement endodontique, c’est-à-dire des dents ces tendances. De la même manière, les résultats
des parodontites apicales qui persistent après le infectées. obtenus avec ces techniques moléculaires remet-
traitement endodontique [15]. Cependant, cette tent en question la composition de la flore intraca-
conclusion doit être plus que nuancée au regard nalaire elle-même [6] ! Un exemple marquant de
des données récentes ayant trait tant à la détec- cette remise en question concerne de nouveau le
tion qu’à l’organisation bactérienne. Ces éléments cas d’Enterococcus faecalis. En effet, comme expli-
et nuances seront décrits plus loin. qué ci-dessus, cette bactérie était détectée à une
Par ailleurs, des associations entre certaines symp- fréquence nettement supérieure dans les cas d’in-
tomatologies et des espèces bactériennes particu- fection secondaire. En revanche, avec l’utilisation
lières ont été relevées. D’une part, des symptômes de PCR, sa fréquence de détection dans les cas
aigus (douleur, gonflement, etc.) pourraient être d’infection primaire est nettement augmentée,
associés à la présence de certaines bactéries ana- allant même jusqu’à dépasser celle qui est obser-
érobies Gram -. Une hypothèse explicative avan- vée dans les infections secondaires [6]. Ces diffé-
cée serait la présence d’endotoxines au niveau de rents éléments amènent à relativiser l’importance
la membrane de ces bactéries, lesquelles favori- accordée à certaines espèces bactériennes particu-
seraient la libération de bradykinine, un média- lières. Cela pousse également à s’intéresser à un
teur impliqué dans les mécanismes de la douleur. autre mécanisme de résistance des bactéries aux
D’autre part, des épisodes aigus ont également traitements endodontiques : la résistance collec-
été associés à des bactéries Gram +, dont la paroi tive, c’est-à-dire l’organisation des bactéries en
contient des peptidoglycanes et l’acide lipotéi- biofilm.
choïque potentialisant la réaction inflammatoire.
Un rôle synergique de ces deux groupes de bac- Organisation en biofilm
téries a également été évoqué [5]. Enfin, autre et résistances microbiennes
exemple intéressant, Bacteroides melaninogenicus et L’organisation bactérienne est en effet un facteur
asaccharolyticus, bâtonnets Gram - asaccharolyti- à prendre en compte et il n’est pas des moindres.
ques à pigmentation noire, seraient responsables La majorité des germes de l’endodonte se trou-
de lésions abcédantes [4, 21]. vent non à l’état planctonique, mais organisés en
Cependant, malgré ces éléments, le consensus biofilm, en contact intime avec les parois denti-
actuel est qu’il n’existe pas de preuves suffisantes naires du système canalaire [3]. Il convient donc
associant une espèce ou une combinaison d’espèces de considérer les bactéries de l’endodonte non pas
bactériennes particulières à un tableau clinique de comme une somme d’individus indépendants les
pathologie endodontique. De plus, il est impor- uns des autres, mais comme un ensemble struc-
tant de remarquer que ces tendances ont généra- turé et organisé. Cette organisation collective
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Auteurs
Sébastien Beun, Docteur en Science dentaire, École de Médecine Dentaire et Stomatologie, Université catholique
de Louvain, Bruxelles
Patrick Bogaerts, Cabinet Endodontie, Consultant invité, Université catholique de Louvain, Bruxelles
Julian Leprince, Docteur en Science dentaire, École de Médecine Dentaire et Stomatologie, Université catholique
de Louvain, Bruxelles