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Cours d'Institutions juridictionnelles, licence 1. Semestre 1

Institutions Judiciaires (Université de Cergy-Pontoise)

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SEMESTRE 1
INSTITUTIONS JURIDICTIONNELLES

Bibliographie:
Maylis Douence, Marc Azavant; cours Dalloz
Marjorie Brusorio-Aillaud, Alain Héraud; aide mémoire Sirey

INTRODUCTION

I/ Généralités sur la justice

A) Le besoin de justice

Le point de départ de ce besoin est que l’ordre juridique est un droit construit. Il faut que l’état
construise cet ordre juridique donc cet ordre reflète le régime étatique. On dit que l’ordre juridique
fait parti du Droit objectif, ensemble des règles de droits qui sont à la fois générales et à la fois
abstraites dont le respect s’impose à tous au moyen d’une contrante étatique. Ex: s’arrêter au feu
rouge, règle du code de la route, fait parti du Droit objectif car c’est général et abstrait. Le Droit
objectif rassemble les règles générales et abstraites. Ce sont des règles que l’on doit respecter faite
de quoi l’état met en place une sanction. L’état décide de l’amende. Ce Droit objectif s’oppose au
droit subjectif, une règle de droit qui reconnaît aux individus des prérogatives ou des droits. Ex: j’ai
le droit de voter, j’ai le droit de me marier: ce n’est pas moi qui décide, c’est l’état qui fixe les
conditions. Pcq au sein d’une société les ind interagissent, il est imp que le droit formule des droits
subjectifs qui créent un ensemble de règles. Parfois les intérêts des individus divergent et il faut les
trancher. Parfois ils méconnaissent ou violent certaines règles donc il faut les sanctionner. Ce besoin
de justice est intemporel car à partir du moment où on a envisagé 2 ind qui pouvaient cohabiter, il a
fallu de mettre en place une justice qui permet aux ind de régler leurs problèmes, connaitre leurs
droits… Le besoin de justice va entrainer inévitablement le besoin d’ordonner la justice. Donc il
faut créer des juridictions, des procédures, veiller au bon fonctionnements de ces juridictions, doter
la justice de professionnels pour la faire fonctionner. Ces professions là doivent être encadrées. Tant
qu’il y a une société des H, il y a des juges, il faut organiser la justice.
Besoin de justice: Procès d’Adam et Ève.
Jugement de Salomon (le Différend opposait 2 femmes qui disputait la maternité du nourrisson)
Jugement dernier.
Explication du besoin de justice: la vie en société génère des conflits entre hommes. L’état ne peut
pas fonctionner s’il ne régule pas la société, les relations entre les ind. La relation sociale doit être
régulée. En tant qu’individu et en temps normal, c’est notre conscience morale qui nous guide (Ex:
faut pas que je vole…). Au sein d’une société, la conscience morale est différente d’un individu à
l’autre. Il faut qu’il y ait des contraintes qui doivent venir de l’extérieur: l’état. Ces contraintes vont
créer un ordre extérieur à la volonté que les individus doivent respecter. Ex: contrat de vente: deux
personnes ont une relation contractuelle et l’acheteur va prétendre que la livraison est incluse dans
le prix payée et le vendeur prétend que c’est un frais en plus. Donc il y a Différend. L’acheteur
pense que le droit lui accorde un délai de réflexion et le vendeur conteste. Donc s’il y a contestation,
il faut qlq pour trancher le conflit et il faut qu’une règle de droit soit édictée. La société dans son
ensemble nécessite d’être protégée en dehors de toute contestation.

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• Qui peut rendre la justice et trancher les litiges?


«Nul ne peut se faire justice à soi-même» Pour qu’une personne puisse rendre justice et que cette
justice soit reconnue et acceptée, il faut qu’elle soit neutre, objective et légitime aux yeux de tous
les partis, de la société et de l’état. Toute société organisée refuse la justice privée (justice que les
ind rentrent par eux-même). Dans tous les régîmes, on a recours à une tierce personne: le juge
(impartial et neutre) qui a une mission exclusive de rendre la justice.

• Que signifie rendre la justice?


Le mot clé c’est la justice. La difficulté, c’est que c’est une notion complexe qui tient compte aussi
bien de considérations politiques que morales.
Définition Larousse:
- principe moral qui exige le respect du droit et de l’équité
- droit de dire ce qui est légalement juste ou injuste, condamnable ou non, ce qui est le droit
- action par laquelle le pouvoir judiciaire, une autorité, reconnait le droit ou le bon droit de
quelqu’un
- fonction souveraine de l’état consistant à trancher les litiges entre sujets de droit et à définir, sur
le fondement des lois, de la société, les comportements antisociaux.

Définition Vocabulaire juridique, Gérard Cornu:


- ce qui est idéalement juste pcq conforme à l’équité et à la raison
- ceci est positivèrent juste pcq chacun peut y légitimement prétendre (Ex: je peux prétendre la
pension alimentaire)
- la fonction juridictionnelle
- le service public de la justice (l’état rend ce service dans toutes les sociétés pour éviter une
justice privée)
Ex: avant 1975 on pouvait obtenir le divorce pour cause d’adultère. L’adultère était un délit pénal.

Constats de ces différentes définitions:

La justice doit être objective, neutre et doit défendre les intérêts de la société dans son ensemble. La
justice ne peut pas être subjective. Les propres valeurs, considérables morales ou politiques du juge
ne doivent pas influencer ses décisions puisqu’il les rend au nom de la société. La décision du juge
doit se limiter à la bonne application de la règle de droit. Le juge doit être neutre, objectif et
impartial. Il arrive que le juge partage certaines opinions en rendant la justice. Donc la justice doit
être organisée. Si la justice répond à un besoin de manière objective, si le juge est considéré comme
une instance légitime, c’est pcq c’est l’état qui reconnait au juge le pouvoir de juger. C’est l’état qui
dote un juge du pouvoir de juger. Pour que le juge puisse rendre la justice, il faut que l’état lui
donne la possibilité de faire appliquer les lois lorsqu’il est saisit pour rendre la justice. C’est pq le
pouvoir judiciaire est très important et c’est le 3è pouvoir aux cotés du pouvoir législatif et exécutif.
L’état a le devoir d’org° le service public de la justice.

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B) La nécessité de l’organisation du service public et de la justice

Qui est à la charge de l’organisation? L’état


Comment? En créant et en organisant les juridictions.
Qu’est-ce que les juridictions? Racine latine: juridictio (le fait de dire le droit)
Vocabulaire juridique, Gérard Cornu: organe institué pour exercer le pouvoir de juridictions. Mais il
y a une variété de juridictions de classes, de degrés, de spécialités distincts. Il faut classer les
juridictions pour qu’on puisse avoir une vue d’ensemble de la carte judiciaire.
Généralement on les rassemble sous 3 grandes catégories et on les dote de services et de personnels
de fonctionnement.

• Juridictions civiles: Elles vont régler des litiges entre particuliers personnes physiques ou entre
des personnes morales de droit privé. Ex: des époux qui demandent le divorce, employé qui
refuse son licenciement…

• Juridictions pénales: Elles vont condamner la commission des infractions: les délits et les
crimes. Ex: homicide, viol, vol, crime…

• Juridictions administratives: Elles vont régler les litiges entre l’Administration et les
administrés. Ex: contestation d’une amende, d’un impôt…

L’état dote les juridictions de services.

Ministère de la justice
(chancellerie)

Garde des sceaux


(ministre)
Eric Dupont-Moretti
(ancien avocat pénaliste)

Juridictions civiles Juridictions pénales Juridictions administratives

Budget 2020: 9,4 milliards d’euros.


Les auxiliaires de justice ce sont les greffiers, les interprètes, les avocats…

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II/ Histoire des institutions juridictionnelles

A) À la Révolution française

De nombreuses imperfections ont été relevées à l’encontre de l’AR et notamment en ce qui


concerne l’org° juridictionnelle. Imperfections:
- multitude de juridictions (royales, seigneuriales, canoniques)
- compétences respectives peu claires
L’AR correspond à une vision et une org° de l’état qui ne correspond plus à la philosophie
révolutionnaire.

Dans l’AR la hiérarchie des juridictions était différente et ne pouvait pas respecter la séparation des
pouvoirs:
Au sommet de la hiérarchie, c’est les Parlements qui rendent des arrêts de règlement: des
jugements qui édictent aussi des règles à valeur de loi et qui pouvaient trancher les litiges.
=> confusion entre le législatif et le judiciaire
=> méconnaissance de la séparation des pouvoirs

Dans l’AR, lenteur de la justice qui était accessible qu’aux riches avec:
- une lenteur des décisions de justice car la justice était payante
- les justiciables devaient payer les juges
- les nobles avaient un privilège de juridiction: n’étaient pas jugés par les mêmes tribunaux que
les autres.
=> justice inégalitaire

Conséquences:
1789: États généraux:
- Louis XVI convoque les États généraux
- rassemblement du clergé, de la noblesse et du tiers état, convoqués par le roi pour régler la crise
financière
- réunion de la noblesse, du clergé et du tiers état (personnes qui n’appartiennent pas aux deux
premières catégories)
=>cahier des doléances: refonte totale des institutions juridictionnelles
=> 4 août 1780: abolition des juridictions seigneuriales et le privilège de juridiction des nobles
Il a fallu une refonte totale du pouvoir judiciaire.

Lois des 16 et 24 aout 1790:


- ont posé les jalons des institutions judiciaires actuelles
- contenu: principes fondamentaux qui continuent à s’appliquer encore ajd (séparation des
pouvoirs, égalité devant la justice, gratuité de la justice, double degré de juridiction), une
organisation géographique (carte judiciaire) pour s’assurer que la justice soit répandue sur tout le
territoire et une apparition de différents tribunaux
- tribunaux de district: ancêtre des tribunaux de grande instance ajd appelés Tribunaux judiciaires
- juges de paix: ancêtre des tribunaux d’instance
- les tribunaux de commerce, hérités de l’AR, sont maintenus.

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Loi du 1er décembre 1790:


- création du tribunal de cassation devenu ensuite cour de cassation ajd. Ancêtre de la cour de
cassation.

Création sous le consulat (1799-1804):


- conseil d’état: le rôle de l’époque était de conseiller le ministère en charge de la justice
administrative. Ajd c’est une juridiction supérieure en droit administratif.
- conseils de préfecture (ancêtre des TA (tribunaux administratifs))
- création des tribunaux d’appel (ancêtre des cours d’appel)

Création sous l’empire (1804-1815):


- conseil des prud’hommes: son rôle était de juger les affaires relatives aux relations de travail.

Loi du 22 ventôse an XII (12 mars 1804):


- rétablissement de la profession d’avocat (profession supprimée par une loi du 2 septembre 1790)
et exigence d’une licence en droit pour plaider. Philosophe révolutionnaire: tout homme doit
pouvoir se défendre lui-même. Supprimée par une loi du 2 septembre 1790. Rétablissement de la
robe d’avocat, symbole de la profession judiciaire. Les avocats portent la robe pour montrer qu’ils
représentent la justice. Cette loi rétablit la profession et exige une licence en droit pour plaider.

B) De 1810 à 1958

Caractéristiques:
- période de stabilisation
- institutions pérennes malgré quelques réformes (elles se sont stabilisées)
- systématisation de toutes les réformes antérieures

Loi du 20 avril 1810:


- «loi sur l’org° de l’ordre judiciaire et de l’administration de la justice»
- organise les institutions judiciaires en synthétisant toutes les réformes antérieures:
1. À l’échelle des arrondissements, on trouve un tribunal civil dans chaque arrondissement
2. À l’échelle des départements, on trouve une cour d’appel dans chaque département
3. À l’échelle nationale, il y a la Cour de cassation au sommet
4. À ces juridictions de droit commun s’ajoutent deux juridictions spécialisées: conseil des
prud’hommes et tribunaux de commerce. Juridictions de droit commun: juridiction qui ont
compétence de connaitre une affaire à chaque fois qu’une juridiction plus spécialisée n’existe pas.

Si la cour de cassation constate qu’il y a eu une erreur d’application de la règle de D, la cour casse
l’arrêt. Il n’y a que 2 degré de juridiction: instance et appel.

Évolution 1: apparition de plus en plus de juridictions spécialisées:


- Pourquoi? Certaines matières sont devenues très techniques et ont nécessité des juridictions
spécifiques

Ex: Domaine agricole: tribunaux paritaires des baux ruraux


Domaine de la santé: tribunaux des affaires de sécurité sociale
Domaine militaire: juridictions militaires
Domaine pénal: juridictions pour les mineurs
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=> multiplication des «juridictions d’exception» par opposition aux juridictions de droit commun

Évolution 2: Mise en place d’une justice administrative:


- résultat: apparition d’un ordre juridictionnel distincts aux cotés de l’ordre juridictionnel
Ex:
- La loi du 24 mai 1872: transformation du Conseil d’Etat en une véritable juridiction.
L’équivalent de la Cour de Cassation en matière administrative.
- Le décret su 30 septembre 1953: transformation des conseils de préfecture en tribunaux
administratifs.

Constats:
- période de stabilité et de structuration
- avec le temps, le justice ne parait plus adaptée au monde changeant:
1- Lenteur administrative alors que les moyens de communication se développent.
2- Le recrutement des magistrats devient de plus en plus compliqué car il fallait des
magistrats de plus en plus spécialisés.
=> Le temps des réformes s’impose pour des raisons différentes de celles qui avaient animé la
période post-Révolution.

C) Depuis 1958

4 octobre 1958:
- Annonce une nouvelle ère des institutions juridictionnelles
- Met fin au «légicentrisme»: considération selon laquelle la loi, qui est l’expression de la volonté
générale, dispose d’une autorité suprême dans l’ordre juridique.
=> se principe s’oppose au constitutionnalisme
Les pays qui s’appuient sur le légicentrisme sont appelés régimes légaux.
=> Absence de C° au sommet de l’Etat et de la hiérarchie des normes.
Les pays qui ont une C° au sommet sont appelés régimes consitutionnalistes.
=> La loi devient objet de contrôle pour s’assurer qu’elle est conforme à la C°.
=> La C° devient le texte clé, la norme de référence sous la Ve République.
=> Création du COnseil constitutionnel, cont le siège est au 2 rue de Montpellier, dans le 1er
arrondissement de Paris. «Juges de la rue Montpensier»
Rôle: controler que les lois sont bien conformes à la C° avant leur promulgation.

Évolutions 1: Modification du rôle du Conseil Constitutionnel depuis 1958:


- Loi du 23 juillet 2008: introduction de Q° prioritaire de constitutionnalité (QPC)
1- Apport: désormais, les justiciables peuvent saisir directement de Conseil constitutionnel
afin qu’il vérifie la conformité d’une loi à la C°, même si celle-ci est déjà entrée en vigueur.
2- Comment: les justiciables saisissent le Conseil constitutionnel par l’intermédiaire de la
Cour de cassation ou du conseil d’État. À l’occasion d’un procès, la QPC est soulevée puis la Cour
de cassation ou le Conseil d’État saisissent le Conseil constitutionnel avant de prendre leur décision.
3- Bouleversement: Avant cette réforme, une fois entrée en vigueur, nulle ne pouvait
contester la constitutionnalité d’une loi.

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Exemple d’une décision rendue:


15 février 2019: une personne conteste la conformité à la C° un article du Code des douanes datant
d’une loi de 2016 qui permet à certains agents des douanes de récupérer auprès des opérateurs
téléphoniques les données de connexion.
Le Conseil constitutionnel considère que cette loi n’est pas conforme au droit au respect de la vie
privée, auquel la jurisprudence du conseil constitutionnel a donné valeur constitutionnelle.
Pourquoi est-ce jugé contraire au droit au respect de la vie privée? Car il ne met en place aucune
limitation et garantie de ce droit octroyé par la loi aux agents des douanes.

Exemple d’une décision en attente:


La société Deliveroo a présenté des QPC pour contester la conformité à la C° d’une saisie par un
officier de police judiciaire sans possibilité de recours contre la décision de saisie ni d’un débat
contradictoire + la conformité de la saisie conservatoire des sommes provenant du travail dissimulé.
Le 29 juin 2021, la Cour de cassation a saisi le Conseil constitutionnel d’une QPC.

Évolution 2: Réorganisation des juridictions:


- Les tribunaux civils deviennent des Tribunaux de grande instance (TGI).
- Les juges de paix deviennent des Tribunaux d’instance
- 31 décembre 1987: Loi créant les Cours administratives d’appel
- 9 septembre 2002: Loi introduisant les juges de proximité pour les petits litiges de la vie
quotidienne (inférieurs à 4 000€)
- Loi du 1er juillet 2017: Suppression des juges de proximité
- 23 mars 2019: Loi de programmation et de réforme pour la Justice prévoit que : Les tribunaux
d’instances (TI) et de grande instance (TGI) situés dans une même commune fusionnent au 1er
janvier 2020 pour former le tribunal judiciaire;
Le TI situé dans une commune différente du TGI devient une chambre de proximité de ce tribunal
judiciaire, appelée tribunal de proximité.
=> Objectif: Mutualiser les compétences et offrir une juridiction de proximité de meilleure qualité.

R° Française Tribunaux civils Juges de paix

Tribunaux de Tribunaux civils


1958 grande instance (TI)
(TGI)

Loi du 23 mars 2019


Entrée en vigueur le Tribunaux judiciaires (fusion dans la Tribunal de proximité
1 er janvier 2020 même commune) (commune distincte)

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Évolution 3: Réorganisation des professions du droit:


- 1958: Création de l’École Nationale de la Magistrature (ENM) située à Bordeaux
Objectif: organiser et structurer la magistrature de l’ordre judiciaire
Accès sur concours
Projet de suppression en même temps que l’ENA mais l’ENM existe toujours
- 1992: suppression de la profession de conseil juridique et fusion avec la profession d’avocat
désormais ayant le monopole du conseil et du contentieux.
Pou absorber les conseillers juridiques: possibilité de devenir avocat sous réserve de l’ancienneté.
Aujourd’hui: Propositions de réformes pour créer le statut des avocats en entreprise.

Évolution 4: Renforcement du principe de gratuité de la justice:


- La gratuité de la justice est un principe fondamental
- Sens: Les citoyens doivent avoir accès à la justice qui n’est pas réservée aux plus riches
- Difficulté: En pratique les frais de justice sont élevés (honoraires, enregistrement des actes, frais
de procédure, taxes…)
- Solution: 1971 —> Création d’une aide financière pour les revenus les plus faibles: Aide
juridictionnelle.
- Portée: Prise en charge totale ou partielle des honorâtes et frais de justice par l’État.

Bilan:
- Réformes continuelles de la Justice depuis la C° de 1958 alors que la C° reste identique mais
enrichie
- Cause: judiciarisation de la société: de plus en plus de recours à la justice
- Effets:
1- Engorgement des tribunaux: trop d’affaires, peu de magistrats, moyens insuffisants alors
que les magistrats sont soumis à la pression du chiffre et de la rentabilité de la justice.
2- Lenteur des procès qui obligent des magistrats parfois à aller plus vite alors que la justice
suppose sérénité.
3- Conditions difficiles de la fonction des magistrats: solitude du juge d’instruction, manque
d’expérience pour connaitre des affaires complexes.
=> dysfonctionnement de la justice révélé par des affaires complexes: Outreau (pédophilie 2004 à
2015), Gregory (assassinat d’un enfant de 4 ans depuis 1984)

Perspectives nouvelles:
- 2014: débat national sur la justice du XXIè siècle par Christine Taubira (Grade des sceaux,
Ministre de la Justice 2012 à 2016)
- A débouché sur la réforme J 21
- Objectifs:
1- Justice plus efficace: orienter les démarches des justiciables vers d’autres
professionnelles pour décharger les juges.
=> déjudiciarisation.
Ex: Divorce devant le notaire par acte d’avocats
Ex: PACS enregistré à la mairie
2- Justice plus accessible: 2014: Autoriser les actions de groupe en s’inspirant du modèle
US en droit de la consommation (Class Action). Films: Class Action, Erin Brockovich (lanceuse
d’alerte), Dark Waters.
=> Avant: Chaque victime d’un dommage devait faire une action individuelle en justice
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=> Après: Une association de consommateurs agréée peut exercer l’action.


2016: Extension aux domaines de l’environnement, santé, données personnelles, discrimination,
protection de la vie privé…
Condition et différence avec les USA: il faut que les victimes soient identifiées.
3- Justice plus indépendante: Rendre le juge des libertés et de la détention (JLD) devient
spécialisé, est nommé décret du Président de la République.
=> Spécialisation=formation à la fonction
=> Indépendance= garantie pour le justiciable
=> Nécessité de l’indépendance: missions importantes du JLD: ordonner ou prolonger une
détention provisoire, autoriser des perquisitions ou prolonger des GAV…
- Lire la synthèse de toutes les mesures sur le site justice.gouv.fr/Justice21

- 2018-2022: Loi de programmation pour 2018-2022 et de réforme de la justice, promulguée le 23


mars 2019.
- Objectifs: justice plus lisible, plus efficace, plus rapide.
- des décrets successifs consacrent ses dispositions
- Dispositions phares: dématérialisation de la plainte: la possibilité de porter plante en ligne.
Renforcement du Parquet: la création d’un Parquet National Antiterroriste (PNA) qui vient s’ajouter
au Parquet National Financier créé en 2013 suite au scandale de l’affaire Cahuzac. Fusion des TGI
et des TI dans un unique Tribunal judiciaire. Amélioration de l’immobilier carcéral: construction de
15 000 places de prison.
- 25 mai 2021: Projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire adopté en première
lecture par l’Assemblée Nationale.
=>Hausse du budget de la justice, au lieu de 6,7 milliards € en 2017 —> 8,3 milliards € en 2022.
- Objectifs: Faire connaitre et comprendre le fonctionnement de la justice en rapprochant
l’institution judiciaire des citoyens (enregistrement et diffusion des audiences). Renforcer leurs
droits des citoyens spécialement lorsqu’ils sont confrontés à la justice pénale. Mieux préparer la
réinsertion des détenus pour éviter la récidive. Assurer la qualité de la relation que les citoyens ont
avec les professionnels du droit.
Site justice.gouv: Projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire.

Conclusions:
- Chantier permanent en raison des profondes mutations de la société elle-même:
1- Affaires complexes
2- Contexte de l’internationalisation et de globalisation
3- Confrontation des corps politique et professionnel du droit
4- Infiltration des nouvelles technologies: permettent la célérité mais déshumanisent la
justice
5- Dysfonctionnement par non-respect de certains principes fondamentaux: secret de
l’instruction, conflit d’intérêts, impartialité
=> Toutes ces réformes et lois successives qui touchent à de nombreux domaines du droit
nécessitent aussi que l’on identifie les sources de la matière.

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III/ Sources des institutions juridictionnelles

Notion de sources:
- Définition: ensemble des règles applicables à un domaine à un moment donné, à l’instant T.
Toutes les règles qui permettent de comprendre une matière.
- Classification par catégorie:
1- Engagement internationaux: traités internationaux (conventions signées entre plusieurs
pays)
2- Lois
3- Décrets
4- Codes
5- Décisions de justice

Sources des institutions juridictionnelles:


- Difficulté: absence d’une réforme d’ensemble. Réformes par touches impressionnistes.
=> La matière puise ses sources dans différents codes qui ont vu le jour.

1- Code de l’organisation judiciaire (COJ): promulgué par une loi du 5 juillet 1972.
Contenu:
Organisation des juridictions judiciaires,
Ne traite pas du statut du personnel judiciaire qui figure dans les lois éparses, non codifiées,
Ne traite pas des juridictions spécialisées qui ne figurent pas dans ce code (tribunaux de commerce
dans le Code de commerce, prud’hommes dans le code du travail)
Ne traite pas des règles de procédure devant les juridictions judiciaires.

2- Code de justice administrative (CJA): créé par une ordonnance du 4 mai 2000.
Contenu: Complet rassemble tous les textes auparavant éparpillés sur les juridictions
administratives + la procédure devant ces juridictions, règles relatives au personnel de ces
juridictions.

3- Code de procédure civile (CPC): refonte en 1976


Contenu: Les règles de procédure applicables devant les juridictions civiles, commerciales et
sociales.

4 - Code de procédure pénale (CPP)


Contenu: Les règles relatives aux procédures applicables devant les juridictions pénales.

5 - Toutes les dispositions non codifiées

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PREMIÈRE PARTIE: LES PRINCIPES FONDAMENTAUX EN


MATIÈRE DE JUSTICE

CHAPITRE 1: Principes relatifs à la justice


- Séparation des pouvoirs
=> La justice est un pouvoir séparé
- Justice pour tous
=> La justice est accessible

SECTION 1: La justice est un pouvoir séparé


Ancien Régime: Confusion des pouvoirs dans la personne du roi. => Absolutisme royal

R° Française: Montesquieu: «Esprit des lois»: Principe de la séparation des pouvoirs est un
principe essentiel pour toute démocratie.
Idée de séparer:
- le pouvoir législatif (faire la loi)
- le pouvoir exécutif (exécuter la loi)
- le pouvoir judiciaire (appliquer la loi)
Justification: En confiant les pouvoirs à des organes différents, il y a toujours des contre-pouvoirs.
=> Absence d’abus du pouvoir. Montesquieu: «Le pouvoir arrête le pouvoir».
=> Article 16 DUDHC de 1789: «Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas
assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de C°»

I/ La justice est un pouvoir séparé du pouvoir législatif

Sens: Le juge et le législateur ne doivent pas empiéter sur leurs pouvoirs respectifs.

A) Le législateur ne dit pas empiéter sur le pouvoir judiciaire

Q°: Qui est le législateur?


Le Parlement dont le rôle est d’édicter les lois
Le gouvernement qui peut légiférer par voie d’ordonnances

1) Un principe

Idée:
- Le juge ne créé pas le doit, c’est le législateur qui le fait.
- Une fois que le législateur a énoncé une règle, c’est au juge de l’appliquer.
=> Si cette loi n’est pas tout à fait claire ou précise, le juge peut interpréter la loi.
=> Double pouvoir d’application et d’interprétation des lois pour le juge

Si le juge applique ou interprète plusieurs fois une loi de la même manière, sa décision fait
«jurisprudence».

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Q°: Qu’est-ce qu’une jurisprudence? C’est une position des juges, répétée plusieurs fois quant à
l’application ou l’interprétation d’une loi.
2ème sens: concret et abstrait
- Sens concret: Solutions rendues sur une Q° par une juridiction.
Ex: La jurisprudence de la Cour de cassation.
- Sens abstrait: Les décisions du pouvoir judiciaire par opposition à la loi.
Ex: La jurisprudence interprète la loi
Ex: La jurisprudence est unanime sur la Q°
Ex: La jurisprudence est-elle une source du droit?

Q°: Le législateur est-il tenu par l’interprétation du juge? Oui parce que le juge est indépendant,
sauf à réviser et réformer la loi.

Attention: Article 2 du Code Civil: Principe de la non-rétroactivité de la loi. La nouvelle ne


s’applique que pour l’avenir. La loi nouvelle ne s’appliquera qu’aux faits et aux procès après son
entrée en vigueur.

Ex: Affaire Perruche, Nicolas Perruche nait handicapé alors que les médecins auraient pu détecter
l’handicap lors de l’échographie. Ses parents demandent au nom de Nicolas des dommages et
intérêts pour faute (n’avoir pas pu mettre fin à la grossesse). La Cour de cassation accepte: Naitre
handicapé est un préjudice. Problème éthique.
=> Loi du 4 mars: Loi anti-perruche: nul ne peut se prévaloir d’un préjudice du seul fait de sa
naissance.
=> Le juge a interprété la loi de manière autonome. Le législateur a pu penser que le juge avait ainsi
dénaturé la loi. La loi ne s’applique qu’aux procès intentés après sont entrée en vigueur et ne remet
pas en cause les décisions antérieures.

2) Des entorses au principe

- Les lois ne sont pas rétroactives.


Or, certaines lois peuvent être exceptionnellement rétroactives
Attention: Les lois rétroactives sont rares. Elles doivent être justifiées par un «motif impérieux
d’intérêt général». La rétroactivité doit être prévue par la loi.
Ex: La loi accorde de nouveaux droits.
Loi du 3 décembre 2001 a accordé aux enfants nés de relations adultères un droit à la succession de
leurs parents de manière rétroactive, càd même applicable aux affaires en cours.

- Les lois pénales ne peuvent pas être rétroactives.


Or, les lois d’amnistie sont rétroactives: le législateur édicte une loi qui efface une peine prononcée
par le juge. Si on fait partie des personnes visées par une loi d’amnistie, on est reconnu comme
innocent pour les faits qui avaient entrainé les condamnations.
=> Le législateur va à l’encontre de ce qu’a décidé le juge.
Attention: Les lois d’amnistie sont rares.

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B) Le juge ne doit pas empiéter sur le pouvoir législatif


1) Un principe

• Rappel historique:
- AR: le roi concentre tous les pouvoirs. Les conseillers du roi sont des magistrats qui
rendent la justice. XVII: les conseillers du roi revendiquent leur indépendance
=> Création de Parlements = Cours de l’Ancienne France (Parlement de Bourgogne, Bretagne…)
=> Idée: les magistrats étaient associés à la fonction législative. Ils rendaient donc des arrêts de
Règlements: au-delà de l’affaire on formule une règle pour toute affaire similaire.
=> Ingérence des juges dans le pouvoir législatif. «Gouvernement des juges». Puissance des
Parlements.

- Lois des 16 et 24 août 1790: Prohibition des arrêts de règlement (devenu article 5 du code
civil en 1804) «Il est défendu aux juges de se prononcer par voir de disposition générale et
réglementaire sur les causes qui lui sont soumises».
=> Article pillier du principe de la séparation des pouvoirs
=> La solution, la décision du juge ne vaut que pour le litige qui lui est soumis et qu’à l’égard des
parties au litige.
=> Autorité relative de la chose jugée.
=> Le juge ne doit pas empiéter sur le pouvoir législatif.
=> Il doit seulement appliquer la loi même s’il la trouve critiquable.
=> Il peut l’interpréter. C’est indispensable car le législateur ne peut pas tout prévoir et la loi peut
parfois être obscure.

2) Un principe relatif

• La prohibition des arrêts de règlement doit être en partie relativisée pour 2 raisons:
1- Le juge ne trouve pas de réponse dans la loi elle-même
=> C’est une lacune législative
=> Or le juge doit trancher un litige
=> Art 4 du Code civil, pour éviter cette situation, dispose: « Le juge qui refusera de juger sous
prétexte du silence de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme
coupable de déni de justice».
=> Pour expliquer cela, on parle souvent de déni de justice
=> Le juge va raisonner par analogie (argument a priori), par le contraire (argument a contrario) ou
rechercher un principe plus général qui peut servir de fondement.
=> Dans ces cas, le juge agit comme s’il créait le droit mais attention ses décisions sont toujours
fondées sur une loi, un texte, un principe prévu par un texte.
2- Un juge peut refuser d’appliquer une loi à un litige lorsque cette loi est contraire à
un Traité international.
=> Hiérarchie des normes: article 55 selon la C° qui dit que les traités internationaux sont au-dessus
de la loi.
=> Pouvoir explicitement confirmé pour le juge judiciaire depuis un arrêt de la Cour de cassation du
24 mai 1975: arrêt Jacques Vabre, et pour le juge administratif par un arrêt Nicolo du CE du 20
octobre 1989.

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Constats: Le pouvoir exécutif est une prérogative de gouvernement

II/ La justice est un pouvoir séparé du pouvoir exécutif


A) La protection du juge contre l’intrusion du gouvernement

• Dans une situation idéale: le juge ne reçoit jamais d’influence ou de pression de la part de
l’exécutif.

• Mais le juge est dans une situation un peu paradoxale par rapport au pouvoir exécutif:
- Les juges sont des fonctionnaires de l’État appelés à faire carrière.
- Le gouvernement les nomme, les affecte à une fonction, leur donne des avancements et même
sanctionnent leurs fautes.
=> Le pouvoir exécutif peut considérer que les juges sont ses subordonnés, qu’ils doivent obéir à
des ordres dans le sens d’une politique etc…
=> Comment soustraire les juges à l’emprise du Gouv?

1) Les textes formulant le principe de l’indépendance du juge

• Article 6.1 de la conv° européenne des droits de l’homme (CEDH) :


« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entende devant un tribunal indépendant et
impartial»
• Article 64 de la C°:
« Le Président de la République est garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire.»

Conseil constitutionnel, 22 juillet 1980: Pour les juges administratifs, de la même manière,
l’indépendance a valeur de principe fondamental reconnu par les lois de la République (cours
d’institutions administratives)

2) L’indépendance du juge en pratique

• Droit prospectif: la Q°de l’indépendance des magistrats a pris une ampleur exceptionnelle ces
dernières années.
François Molins, procureur général près de la Cour de cassation: « L’indépendance de la justice est
en danger»
Polémique: Le garde des sceaux Eric Dupont-Moretti a ordonné une enquête contre 3 magistrats du
Parquet National Financier soupçonnés de conflits d’intérêt.
=> La réforme s’impose comme une évidence à tous
=> Q°: Comment assurer la réforme car les juges subissent des pressions mais trop d’indépendance
pourrait à son tour nuire au pouvoir politique s’il est poursuivi à tort.
=> Équilibre subtile à trouver

• Droit positif: Comment l’indépendance es-elle assurée à l’heure actuelle?

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a- Distinction entre magistrats du siège et magistrat du parquet

• Les magistrats du siège:


- sont assis à la tribune
- rendent des jugements
- sont inamovibles: ne peuvent pas être révoqués, suspendus, mis en retraite en avance etc…
autrement que tel prévu par les textes.
- sont recrutés sur concours et certains sont élus
=> leur indépendance est garantie par une règlementation très stricte de leur carrière fondée sur des
critères objectifs.
=> Sont recrutés pour la plupart par concours donc sur la base d’un critère objectif. Certains d’entre
eux (prud’hommes ou Tribunal de commerce) sont élus mais ce sont des juges dits non
professionnels.

• Les magistrats du parquet (Ministère public):


- sont composés de Procureurs de la République
- sont debout sur le parquet à l’audience
- ne rendent pas de jugements mais défendent les intérêts de la collectivité
- sont directement dépendants du pouvoir exécutif car ils représentent l’État
- sont recrutés comme les magistrats du siège, souvent sur concours.
Mais:
- ne sont pas aussi inamovibles: leurs avancements ou nominations dépendent du gouv.
- sont des agents de l’État donc sous l’autorité hiérarchique du Garde des sceaux
=> peuvent recevoir des instructions pour que la défense de la collectivité soit harmonisée à
l’échelle nationale.
=> Attention: ils gardent quand même leur indépendance car l’exécutif ne peut pas leur donner une
instruction dans une affaire en particulier.

b- Organe d’indépendance: Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM)

• Rôle: jouer l’intermédiaire entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.


=> grande autorité morale, prestige…

• Organe constitutionnel: prévu par l’Art 65 de la C°


=> assiste le président de la république dans la mission de garant de l’indépendance de l’autorité
judiciaire.

• Formations:
1- formation plénière:
- se prononce sur la Q° de déontologie des magistrats
- se prononce sur les Q° relatives au fonctionnement de la justice

2- formation compétente à l’égard des magistrats du siège:


- donne un avis sur les nominations pour les magistrats du siège.
Le gouvernement ne peut jamais nommer qlq sans l’accord du CSM. Pour les plus hautes fonctions
(Cour de cassation par exemple), c’est le CSM qui fait des propositions.
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- prononce des sanctions disciplinaires


3- formation compétente à l’égard des magistrats du parquet:
- donne son avis sur les nominations des magistrats du parquet et les sanctions disciplinaires qui
les concernent.
- n’a pas de pouvoir disciplinaire donc ne sanctionne pas (pouvoir du Garde des Sceaux) mais
émet des avis qui appartient au Garde des Sceaux, mais émet des avis pour aider le Ministre.

• Composition:
- environ 20 personnes
- membres élus pour la plupart parmi les magistrats
- personnalités qualifies: professeurs, ambassadeurs,… Gage d’indépendance pour éviter le
corporatisme.

B) La protection du gouvernement contre l’intrusion du juge

Cette protection résulte de 2 principes

1) L’interdiction pour les juges de faire des actes d’administration

• Définition de l’acte d’administration:


Acte d’administration: acte relevant de la seule compétence de l’Administration.

• Spécificités de l’acte d’administration:


- soumis au principe de légalité: doit naturellement respecter le droit, sinon celui qui subit l’acte
pourra faire un recours pour obtenir l’annulation de l’acte ou une indemnisation.
- tout recours se fait devant le juge administratif.
Exemples: refus de carte de séjour, refus de permis de construire, refus d’avancement d’un
fonctionnaire.
- le juge administratif ne peut en aucun cas prendre des actes d’administration.
Ex: Un juge administratif ne peut ordonner par ex la destruction d’un ouvrage public, même
construit illégalement.
Ex: Un juge administratif ne peut pad délivrer le permis de construire s’il considère que son refus
est illégal.
=> le juge ne fait que constater la légalité ou l’illégalité de l’acte mais ne peut pas prononcer l’acte
s’il constate son illégalité puisque cela révèle du seul pouvoir de l’Administration.

2) L’immunité juridictionnelle des actes du Gouvernement

• Certains actes pris par la tête de l’exécutif (président de la république, ministres) ne sont pas de
simples actes administratifs, mais de véritables «actes de Gouvernement»

• Notion d’acte de gouvernement: ce sont des actes graves car ils sont importants
Exemples: Actes diplomatiques, désignation des membres du conseil constitutionnel, décision
d’arrêter ou de reprendre des essais nucléaires, négociation d’un traité international.

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• Nature d’acte de gouvernement:


- nature politique
=> aucun recours ni devant le juge judiciaire ni devant le juge administratif, même s’ils sont
entachés d’illégalité.
=> ils bénéficient d’une véritable immunité juridictionnelle
=> actes rares car violent le droit au juge formulé par l’Art 6.1 de la CEDH
«Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un
délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial».

• Si la justice est un pouvoir séparé, il doit être accessible à tous.

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SECTION 2: L’accessibilité de la justice


L’accessibilité se justifie par le fait que:
- la justice est un service public
- la justice doit être à la portée de tous les justiciables

Sens:
- accessibilité matérielle
- accessibilité temporelle
- accessibilité intellectuelle

I/ L’ accessibilité matérielle: un service public gratuit

Que signifie gratuité?


Comment la gratuité est organisée?`

A) Le sens de la gratuité

• Objectif de la gratuité: rendre la justice accessible à tous

• Origine du principe: découle du principe d’égalité devant la justice


=> par opposition au privilège de juridiction de l’Ancien droit

• Principe consacré par l’Art L.111-2 du COJ:


« Le service public de la justice concourt à l’accès au droit et assure un égal accès à la justice. Sa
gratuité est assurée selon les modalités fixées par la loi et le règlement»

• Portée vaste de la gratuité: S’applique aux étrangers à condition que les tribunaux français
soient compétents.
=> Arrêt Patino, Cour de cassation, 21 juin 1948: la gratuité a été étendue aux personnes de
nationalité étrangère.

• Conséquence de la gratuité:
- les frais de fonctionnement de la justice sont pris en charge par l’État grâce aux impôts.

• Limites à la gratuité:
- certains frais restent à la charge du justiciable
- les honoraires des avocats, interprètes ou des experts
- les frais de déplacement des avocats ou des témoins (les débours)
- les émoluments: les honoraires des officiers ministériels
Exemple: huissier

• Répartition des frais à l’issue du procès: la partie qui perd le procès est condamnée aux dépens.
Article 695 du Code de procédure civile: donne la liste des dépens
Article 696 du Code de procédure civile: « La partie perdante est condamnée aux dépens» Être
condamné aux dépens, cela veut dire que la personne paye ces frais.

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=> celui qui obtient gain de cause peut être remboursé par la partie adverse de la plupart de ces
frais.
• Sauf:
Les honoraires d’avocats qui restent à la charge de chacune des parties.
Les frais de la justice pénale qui sont à la charge de l’État: Article 800-1 du Code de procédure
pénale: « Les frais de la justice criminelle, correctionnelle et de police sont à la charge de l’Etat et
sans recours contre les condamnés»
Pour autant les parties au procès peuvent ne pas avoir les moyens financiers de subvenir aux frais.
=> Organisation de la gratuité. Le droit a dû organiser la gratuité.

B) L’organisation de la gratuité

Comment? 2 façons:
- Aide juridictionnelle (AJ)
- Police d’assurance

a- aide juridictionnelle

• Domaine vaste:
Peut être obtenue en toute matière (pénale, civile, commerciale, administrative…)

1- conditions d’accès:

• Principe:
- ne pas avoir une assurance protection juridique qui couvre la totalité des frais de justice
- être de nationalité française ou européenne, ou résider de manière habituelle en France (un court
séjour est exclu)
- avoir un revenu fiscal de référence, un patrimoine mobilier et immobilier d’une valeur inférieure
à certains plafonds

• Procédure:
- demande au bureau d’AJ
- peut être faite avant ou pendant un procès
- le bénéficiaire peut choisir son avocat ou un avocat peut être commis d’office. Ils sont payés au
forfait par l’état à la hauteur de la décision du bureau d’AJ
- pour l’attribuer, le bureau évalue aussi les chances du succès de l’action en justice

Pour une personne seule:

Le revenu fiscal de référence et la valeur du patrimoine mobile et immobilier ne doivent pas


dépasser les plafonds suivants:
- revenu fiscal de référence: 11 262 €
- valeur du patrimoine mobilier: 11 262 €
- valeur du patrimoine immobilier: 33 780 €
=> Si la valeur du patrimoine dépasse un des deux plafonds du patrimoine, aucune AJ.
=> Si le revenu fiscal de référence dépasse le plafond de revenu, AJ partielle.

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2- Exceptions: certaines victimes sensibles

Victime d’actes criminels et terroristes AJ accordée à la victime et à ses ayants droits


(membres de la famille) sans examen de la
condition de revenus et de patrimoine.

Victime de violence conjugale AJ peut vous être accordée de manière


provisoire pour une procédure d’urgence. Pour
la suite il faut satisfaire les conditions de
revenu et de patrimoine sinon remboursement
de la provision.
Mineur non-délaissé AJ accordée de manière provisoire.
Pour la suite il faut vérifier si les parents
remplissent ou non les conditions de revenu
sinon ils doivent rembourser la provision

Mineur délaissé AJ accordée de manière provisoire.


Pas de vérification des ressources des parents
pour la suite de la procédure

b- Police d’assurance

• Souscription auprès d’une compagnie d’assurance


• Caractère facultatif
• Protection juridique proposée par les compagnies d’assurance
Exemple: assurance automobile
Exemple: assurance habitation
• Attention: pas de cumul entre ces 2 moyens.

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II/ L’accessibilité temporelle: un service public continu et diligent


A) Un service continu

1) Principe

Article L 111-4 du COJ:


«La permanence et la continuité du service de justice demeurent toujours assurées».
=> La loi prévoit que le service public de la justice est continu, càd sans interruption
=> Les juridictions organisent des roulements afin qu’il y ait des permanences de juges.

2) Nuances

• Les juridictions fonctionnent parfois de manière intermittente:


Organisation de sessions
Exemple: les cours d’assises ne fonctionnent que par sessions et pendant une session sont jugées
plusieurs affaires.
• Durant les week-end et les vacances il y a une permanence où le service est allégé.
• Les magistrats ont le droit de grève sous réserve des limitations que peut leur apporter le
gouvernement pour le bon fonctionnement du service public.
Arrêt Dahène, conseil d’État, 7 juillet 1950.
=> Le gouvernement peut donc imposer un service minimum.

B) Un service diligent

• Difficulté: lenteur de la justice:


- raison économique: manque de moyens financiers, matériels (locaux) et engorgement avec
de plus en plus de litiges portés devant les juridictions.
- raison idéologique: refus de la justice expéditive pour éviter un État dictatorial.
=> Procédures à respecter
=> Article L.111-3 du COJ: « Les décisions de justice sont rendues dans un délai raisonnable».
Reste à savoir ce que signifie «délai raisonnable».
=> Dépassement dans la réalité du délai raisonnable.

• Remèdes:
- éviter le recours au juge (déjudiciarisation) par différents moyens:
Les MARL (modes alternatifs de règlement des litiges) dans différentes matières avec des tiers
indépendants.
Ex: l’arbitrage, la conciliation, la médiation.
Ex: PACS, divorce devant notaire
=> Les litiges sont réglés sans recourir au juge.
- Accélérer les choses (dématérialisation)
Ex: convocation par SMS, possibilité de porter plainte en ligne…
- simplifier les procédures:
Ex: jugements à juge unique et mise à l’écart de la collégialité.

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III/ Accessibilité intellectuelle: Un service public connu et lisible


A) Un service connu

La justice doit être connue des justiciables


Justification: pour qu’ils ne la craignent pas , qu’ils sentent qu’elle est à leur portée.

1) Le principe que la justice est un service public

- Les salles d’audience sont donc ouvertes.


- Pour les audiences très médiatiques, il y a même un système de retransmission dans plusieurs
salles d’audience.
- Les décisions importantes sont publiées sur légifrance.

2) Les limites du principe

- L’instruction est secrète pour protéger la personne mise en examen.


Ex: la Cour d’assises peut être à huis clos quand une affaire est sensible ou alors quand elle
concerne un mineur.
- Le délibéré n’est pas public. Privilège pour quelques stagiaires…
- La publicité ne va pas jusqu’à filmer les audiences pour conserver la solennité des débats
(brouillage des ondes dans les salles d’audience).

3) Les exceptions aux limites

Loi Badinter du 11 juillet 1985 autorise les enregistrements lorsqu’il y a « un intérêt pour la
constitution d’archives de la justice ».
Ex: Le procès Charlie Hebdo; procès Klaus Barbie; Maurice Papon, le génocide du Rwanda…
Mais Attention pas de visionnage avant 50 ans. Enregistrement à des fins d’archivage.
Normalement c’est interdit. 18 000 euros d’amende, d’où les dessinateurs judiciaires.

B) Un service lisible

Lisibilité c’est la bonne compréhension du droit.


• Difficultés:
L’écriture des lois les rend incompréhensibles aux non-juristes
Le droit suppose précision et raisonnement par syllogisme: la majeure, la mineure et la conclusion
Ex: Tout homme est mortel. Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel.

• Solutions ponctuelles:
1er octobre 2019 la rédaction des décisions de justice a été simplifiée: le style sera direct, sans les
«attendus que». Enseignement du droit dès le lycée.

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CHAPITRE 2: Les principes relatifs au fonctionnement de la justice

Les juridictions sont également soumises à certains principes de fonctionnement qui leur sont
applicables de manière générale.

SECTION 1: Les principes applicables à la composition des juridictions


La composition des juridictions obéit à 2 principes:
- La collégialité des juges
- La présence du ministère public

I/ La collégialité

Article L.121-2 du COJ: « Sauf dispositions particulières, les juges statuent en nombre impair ».
- la collégialité est le principe
- le juge unique est l’exception
- il appartient donc au législateur qui organise les juridictions de déterminer si les formations de
jugement qu’il créé statuent à juge unique ou obéissant au principe de la collégialité.

A) La justification de la collégialité

• La collégialité est un principe de bonne justice pour plusieurs raisons:


1e raison- Implique une discussion entre les juges
=> réflexion
=> concertation
2e raison- Assure la neutralité et l’impartialité de la décision
=> un contrepouvoir
=> une rencontre de points de vue
3e raison- permet l’anonymat de la décision et donc l’indépendance des magistrats car la
décision prise ne leur est pas personnellement imputée.

• De manière générale toutes les juridictions du second degré sont collégiales.


Justification: prennent les décisions les plus importantes pour le justiciable.
• Le juge unique présente néanmoins des avantages:
- il est davantage responsabilisé
- il absorbe le volume d’affaires plus important car cela va plus vite
- il offre une justice plus proche des citoyens, notamment pour les affaires les plus sensibles
(familiales par exemple)
• Le Conseil constitutionnel: le recours au juge unique n’est contraire à aucun principe
constitutionnel.
=> la collégialité n’est pas un principe constitutionnel
=> en matière pénale, Cons.Const, 22 octobre 2009
=> en matière administrative, Cons.Const, 14 octobre 2010

Constat actuel: déclin de la collégialité.

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B) Le déclin de la collégialité

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