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Méthodologie de recherche 2016-

2017

COURS PROPOSE PAR CELINE PAGANELLI –

Cours Méthodologie de la recherche en Information Documentation


Master 1
Volume horaire : 18 heures

I- RECHERCHE ET METHODE SCIENTIFIQUE


! Présentation générale
! Généralité sur la méthodologie de la recherche
! Spécificités de la recherche en Sciences de l’Information

RECHERCHE ET MÉTHODE SCIENTIFIQUE

I- PRÉSENTATION GÉNÉRALE

QU’EST CE QUE LA RECHERCHE ?

On peut définir la recherche de la manière suivante : c’est l’acquisition et le développement des connaissances
sur un objet, un évènement, un phénomène précis. La recherche doit faire progresser la science, enrichir et
approfondir les connaissances du savoir humain.

La recherche scientifique est également un processus systématique de collecte et d'analyse de données


empiriques (i.e. basée sur l’expérience, l’observation) visant à résoudre un problème de recherche. Toute
recherche implique ainsi l’existence d’une problématique, un plan et une méthode. Elle doit apporter de la
nouveauté dans son champ d’investigation mais doit également se fonder sur les écrits antérieurs existants.

La recherche universitaire concerne enfin des domaines très pointus et implique une investigation ayant pour
objet un phénomène ou une question précises.

Tout travail de recherche vise, selon les cas, à prédire, prescrire, comprendre et/ou expliquer. Il peut s’agir :

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• De l’analyse d’un phénomène nouveau,


• De l’interprétation, la critique de textes,
• De la discussion et de l’approfondissement d’une question (qui peut être récurrente) du domaine,
• De l’éclairement d’un débat ancien grâce à des éléments nouveaux,
• De l’étude d’un thème à partir de données empiriques,

La recherche vise donc à l’acquisition et au développement des connaissances.

TYPOLOGIE DE LA RECHERCHE

Par rapport à l’utilisation de la recherche

On distingue la recherche fondamentale de la recherche appliquée.

o Recherche fondamentale = Recherche pure, théorique qui vise à accroître le savoir, éprouver
des théories, des lois scientifiques.

Chercheurs scientifiques (universités, CNRS,…)

o Recherche appliquée : qui vise des solutions pratiques à des problèmes pratiques

Professionnels, chercheurs dans les organismes privés, consultants

•Les deux types de recherche se nourrissent l’un l’autre. Selon Babbie (1992), il s’agirait d’un seul
mouvement circulaire qu’il nomme : « roue de la science »

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Théorie : ensemble de généralisations portant sur des concepts et de propositions précisant des relations entre
des variables, destiné à expliquer et à prédire des phénomènes.

Démarche déductive, démarche inductive


La méthode inductive La méthode déductive

Elle part du terrain, de l’observation, pour essayer de Elle part d’une proposition théorique, en déduit des
dégager des régularités, des lois ou des mécanismes qui, hypothèses d’observation, va vérifier sur le terrain si
s’ils se confirment et se généralisent, acquièrent le statut elles se vérifient ou non. Elle est fondée sur une réflexion
de théories, lesquelles validées par une communauté théorique pertinente, disciplinairement située, actualisée
plus élargie de chercheurs, voire de disciplines, (état de la recherche) et sur une connaissance
consacrent un paradigme. préparatoire du phénomène étudié (enjeux autour des
Ce qui ne veut pas dire qu’on aborde le terrain avec des concepts à mobiliser).
yeux innocents et que l’on y recueille des « faits purs ». Elle correspond au schéma classique d’acquisition et de
Des théories déjà existantes guident l’observateur et construction des connaissances. La démarche
dessinent le contour des « faits » qu’il va voir. intellectuelle mobilisée est celle de l’inférence : opération
C’est une théorie de ce qu’est un insecte qui fait que logique par laquelle on admet une proposition en vertu

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l’entomologiste peut trier parmi les animaux qu’il de sa liaison avec d’autres propositions déjà tenues pour
rencontre. Si son modèle théorique (par exemple une vérifiées (établir un lien entre des propositions déjà
bête à six pattes) peut le faire passer à côté d’un insecte démontrée et de nouvelles propositions et définir la
non répertorié à cinq pattes, il lui permet d’exclure un nature de ce lien). Cf. Lien de causalité et lien de
ours ou une baleine. correlation.

Par rapport à l’objectif de la recherche

o Recherche exploratoire : phénomènes nouveaux ou peu ou pas étudiés

–Devenir familier avec des faits, des situations de base

–Formuler des questions pour des recherches futures

–Générer de nouvelles idées, conjectures, hypothèses

o Recherche descriptive : phénomènes que l’on connaît peu

–Fournir une image détaillée et très précise

–Trouver des nouvelles données qui en contredisent d’anciennes

–Clarifier une série d’étapes (processus)

–Documenter un processus ou mécanisme causal

o Recherche explicative : phénomènes connus

–Tester une théorie

–Élaborer et enrichir l’explication d’une théorie

–Supporter ou réfuter une explication

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Par rapport à la démarche

o Recherche quantitative

•Décrire, vérifier des relations entre des variables, examiner les changements quand les variables sont
manipulées.

C’est une approche positiviste qui repose sur l’idée de l’existence de faits objectifs, de phénomènes humains
prévisibles et contrôlables. Ce type d’approche considère que tout peut être mesuré.

Limites : Parfois un certain manque de pertinence (si l’on essaie de tout mesurer avec parfois des variables
inadéquates), et le risque de « faire dire n’importe quoi » (ou en tous cas ce que l’on veut aux chiffres.

o Recherche qualitative

•Comprendre un phénomène selon la perspective des sujets, et en contexte.

C’est une approche naturaliste qui considère que la réalité est multiple et se découvre dynamiquement en
interagissant avec l’environnement (connaissance relative ou contextuelle) et qui s’intéresse à des
phénomènes humains uniques et non prévisibles.

Limites : Les résultats sont liés au contexte étudié et sont donc difficilement généralisables, ils sont également
contraints par les méthodologies mises en œuvre (réponses déclaratives des répondants par exemple, biais
des chercheurs).

II- GénéralitéS sur la méthodologie de la recherche

Il n’y a pas recherche sans questionnement, et pas de questionnement rigoureux sans outils idéels, sans
réflexion théorique et donc sans déjà, en master 1, un débroussaillage de travaux déjà publiés, les uns liés

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directement au terrain pressenti, les autres liées aux différentes approches, interprétations théoriques et
critiques déjà produites à partir de ce terrain ou de terrains voisins
Et pas de recherche sans méthode. Il faut de la méthode pour la réflexion théorique, comme il en faut pour le
travail sur le terrain (enquêtes, études d’une réalité sociale)… Il faut aussi de la méthode propre au domaine
dans lequel l’étudiant travaille : littérature, philosophie, histoire…, et, en le cas présent, Sciences de
l’information et de la Communication. Il faut enfin se doter de méthodes à chaque phase de travail de
recherche : exploration, documentation, recherche proprement dite, rédaction.

La recherche est donc une démarche formalisée.

III- SPECIFICITES DE LA RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION

Les Sciences de l'information et de la communication (SIC) recouvrent particulièrement :


A. Les études sur les notions d'information et de communication, sur leurs relations, sur la nature des
phénomènes et des pratiques ainsi désignés, de même que les différentes approches scientifiques qui s'y
appliquent.
B. L'étude, d'une part, des processus, des productions et des usages de l'information et de la
communication, d'autre part, de la conception et de la réception de celles-ci. Ainsi que l'étude des processus de
médiation et de médiatisation.
C. L'étude des acteurs, individuels et institutionnels, de l'information et de la communication, l'étude des
professionnels (dont notamment les journalistes) et de leurs pratiques.
D. L'étude de l'information, de son contenu, de ses systèmes sous l'angle des représentations, des
significations ou des pratiques associées.
E. L'étude des médias de communication et des industries culturelles sous leurs divers aspects.

Le champ de la section est résolument interdisciplinaire. Les méthodes mises en œuvre par les études qui en
relèvent peuvent être diverses mais chaque étude doit reposer sur une (des) méthodologie(s) bien
identifiée(s).

Spécificité de l'approche

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Cette définition du champ doit être complétée par la spécificité de l'approche. Est donc du ressort de
la 71e Section, l'étude des processus d'information ou de communication relevant d'actions contextualisées,
finalisées, prenant appui sur des techniques, sur des dispositifs, et participant des médiations sociales et
culturelles. Sont également pris en compte les travaux développant une approche communicationnelle de
phénomènes eux-mêmes non communicationnels.

Mots clés : Information-communication, acteur individuel, acteur institutionnel, processus de communication,


processus d'information, processus de médiation, processus de médiatisation, pratiques professionnelles,
médias de communication, industries culturelles, représentation de l'information, pratiques informationnelles,
institutions culturelles.

Quelques considérations sur la discipline

Les sciences de l’information sont considérées, en dehors de la France, comme une discipline à part
entière. C’est le cas aux Etats-Unis, au Canada ou dans les pays de nord de l’Europe qui font une séparation
scientifique et institutionnelle de deux branches : l’information ET la communication. Ainsi, aux Etats-Unis et
en Grande-Bretagne, la Library and Information Science est totalement séparée des Journalism and Medias
Studies. En France, et c’est donc une exception, les sciences de l’information et de la communication
constituent une discipline depuis leur institutionnalisation en 1972.
Les sciences de l’information sont considérées, en France comme Outre-Atlantique, comme
interdisciplinaires. Cette interdisciplinarité conduit certains chercheurs à évoquer, pour qualifier les sciences de
l’information, le terme de carrefour. C’est ce qu’indique notamment la définition de l’EBSI1 : « Les sciences de
l'information se situent au carrefour de plusieurs disciplines, notamment la bibliothéconomie, l'archivistique,
la communication, l'informatique, la linguistique, la sémiotique, les sciences cognitives et la gestion. ».Ce
caractère interdisciplinaire est également appliqué aux sciences de l’information et de la communication par
Bruno Ollivier lorsqu’il écrit : « Une première caractéristique des SIC est que, grâce à leur hétérogénéité
fondamentale, elles manifestent une capacité à intégrer les outils, méthodes et problématiques d’autres
approches » [Ollivier 2001 : 345]2.
Enfin, selon Tefko Saracevic [1999], les sciences de l’information présentent trois caractéristiques
majeures : une dimension technologique, une dimension sociale et un caractère interdisciplinaire.

1 Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Montréal. L’école est aujourd’hui (en 2012) dirigée par
Clément Arsenault.
2 Ollivier Bruno (2001). Enjeux de l’interdiscipline, L’année sociologique, Vol.51, n°2, 2001, p.337-354.

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L’interdisciplinarité consiste finalement à l’emprunt d’outils d’analyse, de cadres théoriques, de


méthodologies, à d’autres disciplines. Mais, si ces emprunts enrichissent les travaux menés au sein des
sciences de l’information, ils se doivent d’être définis et explicités et les concepts empruntés doivent être
réinterrogés, au risque sinon de « confusionnisme disciplinaire » [Charaudeau 2010]3, et de perte, pour la
discipline, d’une identité propre. Comme l’indique Bernard Miège en 20044, si l’interdisciplinarité est
constitutive de la discipline, elle ne peut se contenter de cette unique perspective.

Les sciences de l’information sont structurées autour de sous-champs qui oscillent entre sciences
exactes et sciences sociales. Howard White et Katherine Mac Cain [1998] abordent la discipline des sciences de
l’information par les sous-domaines qui la composent. Ils en distinguent deux : le champ technique qui
recouvre des préoccupations en lien avec la conception de systèmes d’information, la mise en œuvre d’outils et
de méthodes d’indexation, mais également l’étude des utilisateurs et de leurs interactions avec les systèmes.
Le champ social s’intéresse quant à lui d’une part au contexte social de production des documents et d’autre
part aux usages de l’information. Dans le premier sous-domaine, l’accès à l’information est envisagé sous
l’angle technique ou du point de vue de l’ergonomie ; dans le second, il est étudié dans sa dimension sociale.
Cette vision de la discipline est partagée notamment par Hubert Fondin [2001] lorsqu’il écrit que, parmi les
études consacrées à l’accès à l’information, un grand nombre d’entre elles se réfèrent à un paradigme
positiviste et considèrent l’activité informationnelle comme une simple transmission d’information de nature
mécanique ; la place de l’acteur humain n’y est pas envisagée, ou de manière très minime. Dans cette
approche, la manière d’aborder l’accès à l’information se rapproche alors des sciences exactes et notamment
de l’informatique.
Le cadre théorique de référence plus ou moins explicitement annoncé est celui de la théorie de
l’information et du modèle émetteur-récepteur. Les tenants de cette approche sont les héritiers des précurseurs
de la science de l’information aux Etats-Unis. Dans les années 50 et 60, ce sont des chercheurs issus la plupart
du temps des sciences exactes (physique, mathématiques, informatique,..) qui ont contribué à la constitution
de la science de l’information outre-Atlantique. A partir des années 60, ils sont rejoints par des professionnels
de la documentation dont les préoccupations sont essentiellement tournées vers les enjeux du moment :
explosion documentaire, informatisation des grands centres de recherche, développement de bases de
données spécialisées, notamment.

3 Charaudeau Patrick (2010). Pour une interdisciplinarité « focalisée » dans les sciences humaines et
sociales, Questions de communication, n°17, 2010, p.195-222.
4 Miège Bernard (2004). L’information-communication, objet de connaissance, Bruxelles, De Boeck, 2004,
248p.

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Toujours selon Hubert Fondin [2001], pour ces chercheurs, la science de l’information s’apparente à
une « documentation aux traits modernes », où l'accent est mis sur les techniques de traitement automatique
permettant d'assurer efficacement la récupération de l’information, et plus spécifiquement de l'information
scientifique et technique. Leurs préoccupations sont essentiellement à visée opératoire et ont pour objectifs le
développement ou l’amélioration de systèmes de recherche d’information. Ainsi, la proximité de ces
chercheurs avec les informaticiens est très forte.

Dans la seconde approche, les chercheurs qui travaillent sur la recherche d’information s’inscrivent
clairement dans le champ des sciences humaines et sociales. Hubert Fondin [2001] estime que les travaux
appartenant à cette approche s'intéressent aux activités de recherche et d'exploitation de l'information mises
en œuvre par l'usager, et non pas aux techniques et outils de traitement qui, pour eux, ne sont que des
moyens. Ils cherchent ainsi à comprendre comment les acteurs agissent, comment ils construisent du sens et
comment ils situent leurs activités dans une réalité sociale.

Ces travaux sont proches des recherches menées en sciences de la communication, où le recours à
divers cadres théoriques ou méthodologiques issus la plupart du temps de la sociologie, mais également de la
psychologie ou de la gestion, est clairement assumé : la sociologie des usages, les cadres de Goffman5, les
communautés de pratique de Wenger6, la théorie de l’activité, la cognition située7 ou, en ergonomie, la
relation entre tâche et activité8.

Les sciences de l’information donnent lieu à un grand nombre de travaux dispersés et souvent menés
de manière cloisonnée. Cette structuration de la discipline en sous-domaines contribue à l’éclatement des
travaux qui y sont produits.
L’analyse des recherches publiées donne parfois l’impression d’une juxtaposition d’études, menées
souvent dans des contextes très précis, par exemple lorsqu’il s’agit d’études portant sur les usages de
l’information, et dont les résultats sont alors difficilement généralisables ou comparables et donc finalement
peu exploitables et peu enclins à favoriser l’établissement de liens entre les chercheurs du domaine. Robert

5 Goffman Erving (1991). Les cadres de l’expérience. Éditions de Minuit, 573 p.


6 Wenger Etienne (2005). La théorie des communautés de pratique. Presses de l’Université de Laval, 2005, 309p.
7 Conein Bernard, Jacopin Eric (1994). Action située et cognition, le savoir en place. Sociologie du travail, ,n°4,
1994, p.475-500.
8 Leplat Jacques (1997). Regards sur l’activité en situation de travail : contribution à la psychologie
ergonomique, Presses Universitaires de France, 1997, 263p.

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Boure, en 2002, déplorait l’éclatement des objets, des méthodes et des thématiques abordés dans le champ
disciplinaire [Boure 2002]9.
Selon Adrian Staii [2004], ce cloisonnement s’appréhende clairement lorsque l’on évoque les trois
paradigmes successifs qui irriguent la discipline : paradigme système, paradigme utilisateur et enfin
paradigme usager. Il semble également que les objets traités et les approches développées soient liés aux
parcours des chercheurs, à leur discipline d’origine, à l’établissement universitaire dans lequel ils ont effectué
leur doctorat, et enfin à la conception qu’ils développent de la discipline. Enfin, un certain nombre de travaux
sont de type applicatif. La discipline étant parfois considérée comme à visée essentiellement pratique
[Horjland 2000], certaines recherches se traduisent par le développement de systèmes de recherche
d’information ou par la mise en œuvre de traitements documentaires. Horjland pointe alors la faiblesse des
connaissances théoriques produites dans la discipline et met en évidence la nécessité de développer des
problèmes de recherche qui soient propres à la discipline et qui permettent l’établissement de connaissances
stabilisées.
Tout cela concourt à une impression d’accumulation d’études et de connaissances produites, plutôt
qu’à une capitalisation des travaux publiés dans la discipline. Howard White et Katherine Mac Cain [1998]
déplorent également le manque d’éléments fédérateurs au sein des sciences de l’information.

Enfin d’autres disciplines s’intéressent aux mêmes objets de recherche. Ainsi, en informatique, de
nombreux chercheurs s’intéressent également à la recherche d’information. C’est le cas de chercheurs
appartenant à l’IMAG10 comme Jean-Pierre Chevallet, ou à l’IRIT11 ou encore de Brigitte Grau, professeur en
informatique et membre du LIMSI12. Ces informaticiens affichent clairement la recherche d’information
comme le cœur de leurs préoccupations de recherche. Les objectifs visés sont le développement de systèmes de
recherche d’information : des systèmes questions-réponses13, de recherche multilingue ou de recherche
multimédia
Les questions fondamentales abordées dans les travaux menés en informatique sont de plusieurs
ordres :

9Boure Robert (2002). Quelle histoire pour les sciences de l’information et de la communication ? In Boure
Robert dir. Les origines des sciences de l’information et de la communication : regards croisés. Lille : Presses
Universitaires du Septentrion, 2002, p.16-44.
10 Institut de mathématiques appliquées de Grenoble.
11 Institut de recherche en informatique de Toulouse.
12 Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur.
13Grau Brigitte, Chevallet Jean-Pierre (2007). La recherche d'informations précises : Traitement automatique
de la langue, apprentissage et connaissances pour les systèmes de question-réponse, Hermès-Lavoisier, 224 p.

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• l’appariement entre une requête et un document ou une information,


• le stockage et l’indexation automatique de collections de documents,
• le développement de bases de connaissances et de langages pour représenter les informations
contenues dans les documents stockés,
• la modélisation de l’utilisateur par le biais de profils utilisateurs fondés, la plupart du temps, sur des
caractéristiques liées à l’expertise ou à la tâche de l’utilisateur et permettant un accès
« personnalisé » lors de la recherche d’information14.

Il apparaît clairement, à de rares exceptions, que ce sont les informaticiens qui se sont emparés du
champ de la recherche d’information dans sa dimension technique. Aujourd’hui, ils rajoutent à cette
dimension d’autres préoccupations : la prise en compte de l’utilisateur, du contexte de recherche, des
caractéristiques des documents15.
Certains travaux de recherche inscrits en sciences du langage sont également consacrés à la recherche
d’information et l’envisagent comme une application des traitements automatiques de la langue. Le postulat
de ces travaux repose sur l’idée que l’intégration de connaissances linguistiques dans les systèmes de
recherche d’information, amélioreraient les performances et faciliteraient l’accès aux informations
pertinentes16.
Enfin, en psychologie, de nombreux travaux sont consacrés à la recherche d’information. Ainsi, Jean-
François Rouet et André Tricot, chercheurs en psychologie cognitive ont développé un modèle cognitif de la
recherche d’information, le modèle EST (Évaluation, Sélection, Traitement).17Jérôme Dinet, maître de
conférences en psychologie à l’université de Metz, appréhende la recherche d’information sous l’angle des

14 Boughanem Mohand, Gallinari Patrick (2010). Recherche d'information : représentation, organisation et accès
personnalisé. Dans : Document numérique, Hermès Sciences Publications, Vol. 13 N. 1, 2010.
15 On se reportera par exemple à la page de Mohand Boughanem de l’IRIT qui affiche ses thématiques scientifiques autour
de la recherche d’information : http://www.irit.fr/~Mohand.Boughanem/Fr/index.htm
16 Quelques exemples :
Moreau Fabienne, Claveau Vincent, Sébillot Pascale (2007). Intégrer plus de connaissances linguistiques en
recherche d'information peut-il augmenter les performances des systèmes ? Actes de la 4ème Conférence en
Recherche d'Informations et Applications, CORIA 07, Saint-Etienne, France, Mars 2007.
Battistelli Delphine (2011). Linguistique et recherche d’information : la problématique du temps, Hermès, 2011,
250 pages (coll. Traitement de l’Information).
17 Tricot André, Rouet Jean-François (1998). Chercher de l'information dans un hypertexte : vers un modèle des
processus cognitifs In A. Tricot, J-F. Rouet dir., Les hypermédias, approche cognitive et ergonomique, Hermès
Sciences Publications, 1998, 231p.

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comportements et processus mentaux sous-jacents lors d’interactions entre les usagers et les systèmes18.
Globalement les recherches en psychologie s’intéressent d’une part à la recherche d’information comme un
processus cognitif composé d’étapes influencées par certains facteurs et d’autre part aux comportements des
utilisateurs en fonction de certaines caractéristiques : expertise, âge, situation de handicap,…

Viviane Couzinet [2006]19 considère qu’en France, les sciences de l’information et de la


communication s’inscrivent en sciences humaines et sociales, alors que dans les pays anglo-saxons elles
s’apparentent à une « science dure ». Si effectivement ces tendances générales se vérifient, il apparaît
toutefois qu’un certain nombre de travaux menés aux Etats-Unis dans le cadre de l’information science
recourent à des cadres théoriques issus des sciences humaines et sociales comme l’indique notamment Michael
Buckland [2012], alors que des études françaises dans la discipline cherchent plus volontiers une proximité
avec les sciences et techniques.

Enfin, en ce qui concerne la France, même si des confusions subsistent, parfois, sur les spécificités de
la discipline, aujourd’hui la cohésion semble plus forte autour d’une inscription claire en sciences humaines et
sociales20 et autour de l’affirmation d’une identité « info-communicationnelle ».

18 Dinet Jérôme (2009). Pour une conception centrée-utilisateurs des bibliothèques numériques. Communication
& langages, n°161, p59-74.
Dinet Jérôme, Passerault Jean-Michel (2004). La recherche d’information et informatisée à l’école. Hermès, n°
34, 2004, p. 127-133. Disponible en ligne : http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/9031 (consulté le 13
juillet 2012)
19 COUZINET Viviane (2006). Les connaissances au regard des sciences de l'information et de la
communication : sens et sujets dans l'inter-discipline. Semaine de la connaissance, 26-30 juin 2006, Université
de Nantes, vol. 1 p.1-6.
20 Comme l’indique notamment la présentation de la discipline par le CNU :
http://www.cpcnu.fr/section.htm?numeroSection=71 (consulté le 13 juillet 2012)

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II- PROCESSUS DE LA RECHERCHE


! Eléments conceptuels
! Questions de méthodologie

PROCESSUS DE LA RECHERCHE

I- ELEMENTS CONCEPTUELS : LES ÉTAPES DE LA PHASE CONCEPTUELLE

La démarche de recherche s’organise autour de plusieurs étapes :

1. L’identification d’un sujet / Formulation d’une question préliminaire


2. l’Etat de l’art
3. La problématisation
4. Les choix méthodologiques (cf. partie II)

1- Le choix du sujet

En soit, il n’y a ni bon, ni mauvais sujet (sauf à s’engager sur un terrain disciplinaire totalement étranger, ou
à se tromper dans la nature du travail (poésie, enquête journalistique au lieu de recherche scientifique). Il
peut y avoir, en revanche, des travaux mal engagés.

L’étudiant doit cependant distinguer projet, sujet et objet. L’objet de recherche n’est jamais donné : il doit être
construit. Cette construction passe par plusieurs étapes.

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Les étapes Le principe

Le projet Il concerne la démarche générale, les objectifs du travail et se


caractérise par un ensemble de mots-clés.

Le sujet Il résulte d’un travail de construction plus approfondi. Il s’agit, dans le


cadre du projet ci-dessus, de préciser le sujet et de l’inscrire dans la
discipline et de le relier à un ensemble de connaissances. Ce travail
nécessite des premières lectures et une capacité de prise de distance
notamment au sein de la discipline.

L’objet Il s’agit ici de la mise en place d’un dispositif de recherche, à partir d’un
sujet déjà construit. L’objet met en relation les bases théoriques, des
choix méthodologiques, le recueil et l’analyse des données et
l’interprétation des résultats. L’étudiant détermine précisément la
manière dont il va traiter le sujet précédemment élaboré (choix d’un
cadre théorique, d’une approche méthodologique,…)

Sont fortement déconseillés, les sujets trop larges, qui ne consacrent en réalité qu’un projet (« Les
bibliothèques numériques », « La politique culturelle en Europe», « Les métiers de la documentation en
free lance »).

L’idéal est de choisir un sujet portant sur un point spécifique, un aspect crucial de la question étudiée :
«La médiation numérique : qu’est ce que les bibliothèques peuvent apporter au web ? » « Les
bibliothèques numériques, outil de démocratisation ? »

Il est primordial de délimiter le sujet :


- En fonction de la discipline. Le travail doit être ancré en SIC et non en psychologie ou sociologie par
exemple. Pour s’y inscrire, l’étudiant peut s’appuyer sur ses cours et sur les ouvrages consacrés à
la discipline.
- Quant au domaine théorique couvert. Les principaux auteurs sur le thème doivent être référencés.
Ce que l’étudiant repère en lisant les revues scientifiques et les références des auteurs consacrés :
un auteur plusieurs fois référencé peut être un indicateur.

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- Quant à la période traitée. L’étudiant a tout intérêt à éviter tout sujet sur le futur. Il doit également
vérifier que la période choisie s’inscrit bien dans ses délais, cf. travail sur des élections qui auront
lieu en mai pour une remise du mémoire en juin. À éviter : les sujets d’actualité pure, qui le
privent de la prise de distance et le condamnent souvent au descriptif. L’étudiant a également
intérêt à éviter les périodes trop lourdes, qui ne sont peut-être pas significatives et l’impliqueront
au-delà des délais prévus pour un minimum de conclusions satisfaisantes.
-
Apprécier la faisabilité d’un sujet

temporelle - N’ai-je pas choisi trop grand par rapport à mes échéances de temps ?

pratique - N’y-a-t-il pas trop de freins à la collecte des données ? disponibilités des interlocuteurs,
confidentialité, objet chaud en terme d’actualité, contentieux entre l’objet et ‘université ou la
recherche

financière - Les frais de déplacements ne vont-ils pas rapidement devenir ingérables ? ma recherche ne
risque-t-elle pas d’être hypothéquée par ma recherche… d’équilibre financier ? aurais-je
facilement accès aux ouvrages incontournables ?

institutionnelle - Mon statut d’étudiant peut me fermer certaines entrées. Ex. inscription sur une liste de
diffusion réservée aux professionnels.

conceptuelle - Ai-je une bonne maîtrise des concepts que je pense déjà mobiliser ? mon travail offre-t-il déjà
une ouverture ou ne fait-il que reprendre un terrain maintes fois ou récemment labouré ?

psychologique - suis-je réellement motivé par ce thème ? mon environnement direct (familial) me soutient-il
dans ma démarche ? suis-je capable de m’astreindre aux disciplines de vie que suppose
l’investissement dans un mémoire, puis une thèse ? Le jeu en vaut-il la chandelle par rapport à
mon projet professionnel ?

culturelle - ai-je déjà un minimum de connaissance du terrain ? langue ? enjeux ? modes de


fonctionnement ? personnes ressources ? documentation ?

Les questions que l’étudiant peut se poser avant d’arrêter son choix définitif

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- L’état de la recherche : le thème est-il rebattu ? dans ce cas, il faut trouver le moyen de lui
redonner un angle particulier. Est-il possible de le traiter ? certains sujets ne le sont pas : absence
d’informations ; documents inaccessibles « secret défense », barrière de la langue et de la culture
- L’originalité : un débat existant sur lequel je peux apporter un éclairage nouveau ? un champ
nouveau qui mérite d’être investigué ? Il faut alors regarder les actes de congrès dans le domaine
(SFSIC, ACSI, ISKO), les revues scientifiques (cf. la liste des revues de la discipline :
http://www.cpcnu.fr/web/section-71/rapport-d-activites-et-documents -document CNU-
Revues2.pdf)
Le lien avec un projet professionnel. Il peut être intéressant de faire converger le terrain de la
recherche universitaire avec celui que je veux investir professionnellement.

2- L’état de l’art

La première étape consiste à définir la question de départ. Très souvent, cette question n’est pas immédiate.
Au départ, l’étudiant a un vague centre d’intérêt. Exemple : l’environnement à la TV/ les bibliothèques
numériques / les digital natives / l’évolution des métiers de l’information documentation.

Cette formulation est trop vague, la manière dont le sujet est posée est trop large, pour permettre un
traitement immédiat. Le sujet doit donc être restreint et problématisé.

Exemple : l’évolution des métiers de l’information documentation.


- de quels métiers s’agit-il ? à préciser.
- dans quel pays ?
- à quelle période ?
- avec quels enjeux ?
- qu’entend-on par évolution ?
- de quels points de vue ? (évolution des compétences, des salaires, évolution quantitative ?)

Exemple : les bibliothèques numériques


- de quelles bibliothèques s’agit-il ?
- dans quel pays ?
- à quelle période ?
- avec quels enjeux ? (politiques, économiques, documentaires ?

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Méthodologie de recherche 2016-
2017

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- selon quels points de vue ? les usages, les traitements, … ?

C’est déjà la perception des enjeux qui va permettre de dégager un


questionnement pertinent, inscrit dans le champ de la discipline (SIC)
On ne pose pas les questions de la même façon selon que l’on s’inscrit dans telle ou telle discipline. On ne les
traite pas de la même façon. Notamment parce que certaines disciplines visent à produire des lois (sciences
exactes), d’autres à comprendre des mécanismes (sciences humaines et sociales).

Après avoir précisé le thème étudié et avoir dégagé une formulation plus
pointue, il est indispensable d’éclairer la question via des lectures sur le
sujet.

À ce stade, il ne s’agit pas de tout lire. Ce n’est pas un état de la recherche, qui suppose une longue pratique
et une connaissance pointue des théories et auteurs, mais aussi de leur maillage, de leur évolution, de leurs
enjeux. Ceci peut être attendu pour une thèse. Là il s’agit d’explorer, de sonder, de prendre une vue
d’ensemble. Et de rédiger des notes de lecture, sous forme de fiches
Pour cela, il faut nécessairement commencer par une exploration systématique de la documentation publiée, à
partir des catalogues de bibliothèques, des bibliographies d’ouvrages, thèses, mémoires. (cf. Partie 3 du cours
sur l’IST)

Un premier point de départ


Prendre un auteur de référence dans le champ de la discipline, ou des SHS (car la discipline est jeune). Cela
peut être pour commencer une référence sur laquelle un des professeurs a particulièrement insisté.
La lecture pour un état de l’art est une lecture attentive, pour comprendre la thèse de l’auteur, découvrir des
concepts, percevoir comment il a pu les mobiliser, repérer des questionnements et avoir des pistes
bibliographiques. Pour qu’elle soit efficace, cette lecture s’accompagne d’une prise de notes.

La prise de notes de lecture

Ce travail de référencement constitue un élément important du travail. De


nombreux étudiants perdent du temps à rechercher des ouvrages lus en début de travail, mais référencés alors
de manière approximative.

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Méthodologie de recherche 2016-
2017

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Ce travail sert à :

" Élaborer mon propre questionnement : Un travail de recherche ne se construit pas ex nihilo. Il
s’appuie sur des auteurs, des théories, des expérimentations précédentes. Je ne peux pas ne pas les
connaître et je dois inscrire mon travail et le situer en fonction de mes prédécesseurs.

" Classer mes informations : Un travail de recherche suppose d’être organisé et cohérent. Je ne peux
pas me permettre d’être submergé par des informations recueillies au hasard, dont je ne me souviens
plus de l’intérêt et de l’apport pour mon travail. Au fur et à mesure où je trouve des informations
pertinentes, je prends des notes, je les organise de manière à les retrouver lors de la rédaction.

" Faciliter le travail de rédaction : lors de la rédaction du mémoire, je vais réutiliser mes notes pour
citer les auteurs, mettre en perspective leurs travaux mais aussi montrer que j’ai compris ce que j’ai
lu, que j’en retiens des informations pour mon travail et que, plus largement, je suis capable de
comprendre quels sont les auteurs, les écoles, les courants de pensée dans ma discipline.

Ci-dessous l’adresse d’un outil facilitant la prise de notes bibliographiques : http://sites.univ-


lyon2.fr/lettres/ndl/index.php

Informations à retenir lors de la prise de notes :

1. Localisation du document (adresse URL, bibliothèque,…)


2. Référence du document (titre, auteur, date, éditeur,…)
3. Date de lecture
4. Identité professionnelle de l’auteur (chercheur, professionnel, organisme de rattachement)
5. Contexte d’écriture (thèse, conférence invitée lors d’un colloque, intervention en tant que président
de la section,..)
6. Mots-clés
7. Pages + citations
8. Questionnement de l’auteur
9. Démonstration / résultats proposés
10. Concepts utilisés
11. Définitions importantes
12. Méthodologie mise en œuvre

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Méthodologie de recherche 2016-
2017

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13. Mes questions ou mon positionnement / à cet écrit


14. Mon avis

3- La problématisation

Construire une problématique, c’est mettre en œuvre un processus de questionnement systématique, en


s’appuyant sur les acquis des réflexions et des travaux menés dans un domaine déterminé. Nous ne sommes
plus dans le cadre de questions ou d’intuitions plus ou moins vagues. Il s’agit ici de formuler un
questionnement, des hypothèses, de choisir une méthodologie pour une étude de terrain ; tout cela en se
fondant sur les lectures assimilées lors de l’étape précédente. Cet état de l’art mené précédemment conduit
donc à formuler de manière plus construite quelques pistes de questionnements.

Un rappel : cette étape consacre définitivement la différence du travail de recherche de toute autre
approche :
- du témoin, qui décrit ;
- du journaliste qui construit en fonction d’imaginaires dont ceux concernant le niveau de savoir et
d’attente de sa destination ;
- du consultant qui conseille, proscrit, prescrit ;
- du juge, qui tranche ;
- du chercheur des sciences de l’ingénieur, qui cherche à déterminer des lois. Ici, il s’agit de révéler des
mécanismes, des tendances.

Définition d’une problématique :


C’est un ensemble construit autour d’une question principale, inscrite sans ambiguïté dans un champ
disciplinaire, avec des hypothèses de recherche et des lignes d’analyse qui permettront ensuite de mobiliser un
objet avec des méthodologies pertinentes, en vue de dégager des conclusions vérifiées et de passer du stade
de la croyance à celui de la démonstration.

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Méthodologie de recherche 2016-
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La problématique est la composante essentielle d’un travail de recherche puisqu’elle en constitue la légitimité
et la scientificité. Elle définit l’approche ou la perspective théorique adoptée pour traiter d’un sujet avec les
outils d’une discipline scientifique (théories et concepts, acquis et méthodologies, perspectives et
questionnements).

Elle est le résultat du double travail antérieur, à partir du choix du sujet et du débroussaillage du début du
travail : premier questionnement, nourri de lectures d’auteurs et exploration d’un terrain.

Il s’agit cette fois de dégager deux ou trois idées directrices fouillées, qui sont autant de pistes de
problématisation possibles. De ces questionnements principaux, l’un se dégagera (pour des raisons diverses :
facilité de traitement, intérêt..). Il fera alors l’objet d’une recherche bibliographique plus appuyée et plus
précise.

L’élaboration d’hypothèses
Dans le cadre d’un travail de recherche plus élaboré (2e année et thèse), qui suppose une démarche
hypothético-déductive, les hypothèses correspondent à des affirmations dont le chercheur va vérifier la
pertinence à l’aide de données collectées.

Une hypothèse est une proposition qui anticipe une relation entre deux termes qui peuvent être des concepts
ou des phénomènes. Une hypothèse est une proposition provisoire, qui demande à être vérifiée.

Comment formuler une hypothèse ?


Plusieurs méthodes :
- considérer que chaque hypothèse traite d’une entrée spécifique (la dimension historique, les
enjeux économiques, les orientations politiques…) ;
- choisir des propositions reposant sur une diversité de points de vue (ou d’acteurs). Il ne s’agit ni
d’un constat, ni d’un jugement personnel. Eviter « l’absentéisme dans les entreprises augmente
avec l’accroissement du nombre de femmes au travail » qui repose sur un préjugé.

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L’exercice dans l’indication des pistes possibles peut s’arrêter là dans le cadre d’un master 1 Sic, et consacrer
deux ou trois ouvertures problématiques, exposées ainsi de la même façon, avec indication de la piste
préférentielle en conclusion (où peut déjà être mentionné à titre indicatif l’objet envisagé pour l’étude).

Dans sa formulation, l’hypothèse doit être exprimée sous une forme observable et doit donc indiquer
(directement ou non) le type d’observations qui va permettre de la vérifier.

Exemple : Si notre question de départ est la suivante « les forums de


discussion de santé sur internet, première source d’information pour le
grand public malgré des informations non validées ? », l’état de l’art nous
permet de questionner plus précisément ce sujet de poser un certain nombre
d’hypothèses :

- Première hypothèse à vérifier : c’est notamment l’hétérogénéité des informations disponibles sur les forums
qui en fait le succès auprès du grand public.
Les forums permettent de « décloisonner » les circuits d’informations car plusieurs aspects liés à une maladie
(administratifs, médicaux, pratiques, etc.) peuvent y être abordés alors que les circuits d’information
classiques sont fortement compartimentés : information médicale (sources spécialisées, corps médical) ;
renseignements administratifs (organismes de santé, assurances) ; prise en charge psychologique et soutien
(groupes de parole, associations de malades), etc.

- Deuxième hypothèse : il y a bien sur le forum une validation des informations mais cette validation n’est pas
scientifique et repose sur la légitimité des intervenants.

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II- QUESTIONS DE METHODOLOGIE : CHOIX DES OUTILS METHODOLOGIQUES

On se situe dans le cadre d’une recherche empirique, considérant que l’expérience / l’observation est à
l’origine d’une connaissance du monde réel.

C’est une démarche inductive qui part d’observations pour mener à un modèle scientifique.
Il s’agit donc d’une généralisation à une classe d’objets ce qui a été observé sur quelques cas particuliers.

Intérêt de ce type d’études :


Partir du terrain / recueillir des données « réelles » / explorer un domaine peu connu / tester des
hypothèses précises

Inconvénients :
Généraliser à partir de quelques cas particuliers
Beaucoup d’études menées avec des méthodologies diverses donc qui sont difficilement comparables
Donc difficulté à élaborer des connaissances scientifiques stables

Pallier ces limites :


Inscrire cette démarche dans une cadre théorique / en s’appuyant sur d’autres travaux
Avoir suffisamment de données à recueillir
Répliquer des méthodologies/ des protocoles expérimentaux pour pouvoir comparer

La mise en œuvre des méthodologies présentées ci-dessous a pour objectif de recueillir des informations
exploitables, utilisables pour explorer un champ, tester des hypothèses, valider empiriquement un phénomène
supposé.

Il existe 3 types d’information qui peuvent être recueillies dans le cadre d’un travail de recherche :
o Le discours (entretien, questionnaire)
o Les faits (observation)
o Les « traces » (écrits, statistiques…)

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Ces méthodologies peuvent avoir deux types d’objectifs :


- L’exploration d’un champ / d’une activité,…
- La vérification d’hypothèses précises

En général, on commence par une étude de type exploratoire qui nous permettra ensuite d’énoncer des
hypothèses plus précises.

1- Le discours

Les outils de recueil de discours peuvent être individuels ou collectifs. Dans ce dernier cas,
l’analyse est plus complexe.

Ils sont de type quantitatif ou qualitatif.

Ces outils sont de 2 natures :

o Le questionnaire
o L’entretien

Et l’on distingue plus précisément :


Le questionnaire
L’entretien directif
L’entretien semi directif
L’entretien non directif

Entretien directif Questionnaire Entretien Semi Entretien Non


/ Questionnaire Directif Directif

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Questions fermées Questions Ouvertes / Thèmes Pas d’intervention de


Questions fermées Sous thèmes l’interviewer sauf pour
relance

1-1- Le questionnaire d’enquête.

Définition : Outil permettant de recueillir des informations de manière méthodique.


Les données permettent de vérifier les hypothèses de recherche.

Les 2 parties du questionnaire :

• Il permet de recueillir les pratiques, les opinions, les attitudes en regard d’un objet.
• Il prend en considération les déterminants sociaux : les caractéristiques des interviewés (age, sexe,
niveau de diplôme…)

Il peut intégrer des questions :


• concernant les faits (pour cibler les pratiques des enquêtés)
• concernant les opinions (le jugement personnel de l’enquêté, ses représentations)

Choix des personnes à enquêter : 3 principes permettent la constitution de la population à


enquêter :

• Exhaustivité = Population intégrale


• Représentativité = Population trop importante donc échantillon (modèle réduit de l’ensemble)
• Significativité = Diversifier les points de vue, échantillon significatif mais pas représentatif

2 Techniques :
• Soit par quota : Suppose une connaissance fine de la population
• Soit au hasard : Pas de connaissance précise de la population, principe défini (ex : 1 personne sur
10)

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L’élaboration du questionnaire : Les différents types de questions.

La question fermée

Fixe à l’avance les réponses possibles. L’enquêté doit répondre le plus souvent entre deux ou plusieurs
interrogations, mais
une seule réponse est possible.
Exemple : Travaillez vous : A/ OUI B/ NON

ou semi-fermées A/ OUI B/ NON C/ NE SAIT PAS

ou question filtre A/ OUI B/NON C/ SI OUI…

Avantages et inconvénients des questions fermées :


• facilitent le dépouillement, classement et analyse rapide.
• trop limitatives, ne permettent pas les nuances.

Les questions pré-formées (pré-codées)

Il est proposé une série de réponses parmi lesquelles l’enquêté choisit celle qui répond
le mieux à son opinion.
Exemple: Vous venez consulter le catalogue dans les murs de la bibliothèque. Pourquoi ?
A/ vous n’avez pas internet à la maison
B/ vous ne saviez pas que l’on pouvez interroger le catalogue à distance
C/ vous préférez vous déplacer pour disposer de l’aide des professionnels
D/Autres : Préciser.

Dans cet exemple, on parle de question semi-ouverte : Question pré-codée + 1 partie ouverte
(Autres).

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Il est possible de demander une seule réponse ou un classement par ordre de choix. (
1er, 2ème, 3ème choix. )

Avantages et inconvénients :
• Le choix permet des réponses plus précises.
• Le dépouillement est simple.
• Ce type de questions peut susciter des réponses auxquelles l’enquêté n’avait pas pensé.

Les questions ouvertes

Elles laissent la liberté à l’individu de s’exprimer comme il le souhaite.


Exemple : Qu’attendez-vous de ..., Selon vous, quel serait... ?

Avantages et inconvénients :

• Les problèmes délicats peuvent être abordés.


• La personne n’est pas influencée par des pré-réponses.
• Ces questions sont longues et difficiles à dépouiller, et il faut avoir recours aux techniques de
l’analyse de contenu.

Le vocabulaire à utiliser pour formuler les questions est fonction de la population retenue. Il doit être quoiqu’il
en soit précis, simple et le plus neutre possible (éviter les mots chargés affectivement et socialement).

Concernant l’articulation des questions, on essaiera de trouver une suite la plus logique possible.

• Alternance de questions simples et difficiles.


• Maximum de 15 à 30 questions ( moyenne 10 à 15 )
• Equilibrer les questions fermées et ouvertes.

Analyse des résultats :

Il ne suffit pas de comptabiliser des réponses et de faire des pourcentages. L’important est de les analyser,
d’en tirer des significations.

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Ce travail consiste donc à faire des liens, des croisements entre les différentes tendances... à la lumière des
éléments théoriques références (cadre conceptuel), en tenant compte des travaux antérieurs sur les mêmes
sujets et en se positionnant par rapport aux résultats précédents.

Avantages.

Le questionnaire, par rapport à l’entretien, permet la collecte de données auprès d'un grand nombre
d'individus.

A grande échelle, il à un coût moins élevé (prend moins de temps / possibilité éventuelle d’auto-
administration,..).

Le questionnaire favoriser une meilleure uniformité des données. Il n'y a pas de variantes dans
l'interrogation, ce qui peut se produire lorsqu'on a recours à divers intervieweurs lors d’entretiens.

Le questionnaire est également un peu plus neutre : il y a moins de possibilité pour l'intervieweur d'influer
sur les réponses (de façon intentionnelle ou non).

Inconvénients

Contrairement à l’entretien, il n’est pas possible, lors de l’administration, de clarifier certaines questions, de
s'assurer que le sujet comprend bien les réponses, de demander des éclaircissements ou des explications sur
des réponses, ou encore de s'assurer que le répondant répond à toutes les questions du formulaire.

Il peut être impossible de communiquer de nouveau avec le répondant si tous les renseignements nécessaires
pour étayer une conclusion n'ont pas été demandés ou fournis, ou s'il devient manifeste que les questions
n'étaient pas claires. Il n'est pas possible non plus, dans la plupart des cas, de demander une corroboration
des réponses.

Il n'est pas possible, en général, d'obtenir des renseignements aussi en profondeur à partir d'un questionnaire
qu'à partir d'une interview. En outre, les personnes qui répondent aux questionnaires doivent avoir les
compétences nécessaires en lecture et en écriture.

2-2- L’entretien

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L’entretien est une méthode de collecte qui vise à recueillir des données (informations, ressentis, récits,
témoignages...) appelés matériaux, dans le but de les analyser. Il s’inscrit dans un projet de recherche, obéit à
des règles strictes, prend place dans une démarche préparée.
L’effectif des personnes interrogées doit être restreint. Sa durée doit être comprise entre 30 à 90 minutes.

La directivité : Dans l’entretien, le thème est imposé, généralement révélé dans la première consigne. Il
est précisé en cours d’entretien. Cela constitue le guide d’entretien.

On distingue trois types d’entretien :

L’entretien non-directif : L’enquêté développe le thème proposé. L’enquêteur utilise les relances,
mais pas de nouvelles orientations.

L’entretien semi-directif : Il existe une consigne de départ fixe, puis les divers thèmes du guide
d’entretien sont introduits en fonction du déroulement de celui-ci, s’ils ne sont pas abordés par le sujet
spontanément.

L’entretien directif : Il s’apparente à la méthode questionnaire, mais il est différent dans la mesure
o u l ’ e n q u ê t é p e u t r é p o n d r e c o m m e i l l e s o u h a i t e
(forme et longueur)

La forme de questions ouvertes est ici préférée. Elle nécessitera une analyse de contenu thématique.

Objectifs de l’entretien :

• L’exploration : les entretiens de recherche réalisés dans la phase de pré-enquête peuvent dans ce cas,
aider à la construction du cadre conceptuel et à l’énoncé d’hypothèses.

• La vérification : collecte systématique de données, après la construction du cadre conceptuel et en
fonction des hypothèses.

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Les biais : Facteurs matériels (locaux) ; le temps ; l’expression verbale ; le thème, la relation avec
l’enquêteur (attitudes..), la connaissance du sujet, la motivation. La situation d’entretien n’est pas neutre,
c’est une situation sociale et le sujet n’est pas totalement « libre » de dire ce qu’il veut.

Inconvénients de la méthode : Elle prend du temps et doit être complétée par une analyse de
contenu. La même personne doit faire tous les entretiens.

Intérêts : Méthode permettant d’explorer avec pertinence et en profondeur la question qui préoccupe.

Entretiens et questionnaires permettent donc de recueillir du discours :


On recueille donc du déclaratif : ce que l’interviewé dit faire / dit
aimer ou ne pas aimer….

2/ Les faits

Il existe 2 types d’observation des faits ; ils dépendent de l’implication de l’observateur. On distingue :

o L’observation directe
• Qui peut être participante ou non
• Dans le premier cas, l’observateur partage les conditions de vie des observés / s’intègre
dans leur activité

• Si elle n’est pas participante, l’observateur est extérieur

o L’observation verbalisée
• Il s’agit d’observer un sujet en lui demandant de verbaliser ce qu’il fait / de verbaliser son
processus de décision

L’observation peut être :

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Méthodologie de recherche 2016-
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o « flottante » : il s’agit d’une observation large ;


o ou centrée : c’est alors une observation consacrée à un point particulier et qui nécessite une
grille d’observation précise.

L’observation est structurée de sorte à voir ce qui est adéquat par rapport à un projet de recherche, à un cadre
théorique.

Elle est peut être la seule méthode possible pour le recueil de données, de faits, si par exemple la population
étudiée est constituée d’enfants, de personnes non accessibles au langage (malades mentaux, étrangers...)

Elle permet d’enregistrer les comportements au moment où ils se produisent.

Elle aide notamment à mesurer la discordance entre le comportement sur le terrain (que l’on observe) et le
discours tenu au cours d’un entretien, ou un questionnaire.

L’intérêt de l’observation réside dans le recueil de données spécifiques :


• Les attitudes
• Les comportements
• Les pratiques

Elle suppose une grille d’analyse et nécessite que le relevé soit clair, précis complet (prise de note,
enregistrement vidéo,.. .

L’exploitation des résultats nécessite une analyse de contenu (ADC) (cf. plus bas).

Inconvénients :
Nécessite une grande attention pour la mise en place, (c’est lourd et couteux) + nécessite une
attention sans faille lors de l’observation elle-même
bien réfléchir au recueil d’informations (filmer ? prendre des notes ?)
ne pas oublier que le regard que l’on porte n’est jamais neutre et rester conscient de l’influence de la
présence de l’observateur (particulièrement qd adulte et enfants / adulte et ados)

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Méthodologie de recherche 2016-
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3- Les traces

Il s’agit de recueillir les traces d’une activité (essentiellement informatique).

Si l’on s’intéresse aux interactions entre un individu et un système (le catalogue, le portail,…), on peut
récupérer les traces laissées sur une plateforme informatique :

Dans les statistiques de connexion


o Sur un site web,
o Dans un forum
o Dans l’historique d’un wiki
o Dans les enregistrements d’un chat

L’évaluation porte sur :


o Le quantitatif : combien de fois ?
o Le qualitatif : pour faire quoi ? Avec quelle efficacité ?

On cherchera à savoir qui se connecte, combien de fois, quelle utilisation est faite, quel temps de connexion..

Exemple de la récupération des traces informatiques dans un catalogue de bibliothèques :


o On cherchera à récupérer le nombre de connexions
o et le parcours effectué pour chaque connexion : quelles recherches dans le catalogue (titre, mots-
clés,…), la durée de connexion,…

La consultation des statistiques de connexion :


o permet de voir qui ne se connecte jamais ou très peu.
o ne permet pas de juger de la qualité de l’activité de celui qui se connecte souvent.

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Pour une évaluation des contenus : posts sur un forum par exemple, on peut envisager une approche :
o Quantitative : le nombre de contributions.
o Mais également qualitative : pour cela, il faut lire les contributions et analyser le contenu en se
basant sur des critères d’appréciations élaborés en fonction de ce que l’on cherche à étudier.

Intéressant en complément d’un questionnaire ou d’entretien :


Mettre en regard ce qui est dit / ce qui est fait.

L’analyse de contenu (ADC)

L’analyse de contenu (ADC) est une démarche qui permet une recherche de sens ou une attribution de sens à
un discours.

L’ADC consiste donc à « décoder » un message.

Le support de l'analyse de contenu est donc le discours produit dans le processus de communication (suite à
entretien mais également écrit dans un forum ou dans un document plus largement…).

Analyser le contenu d’un document ou d’une communication, c’est :

⇒ « rechercher les informations qui s’y trouvent,


⇒ dégager le sens ou les sens de ce qui y est présenté,
⇒ formuler, classer tout ce que contient ce document ou cette communication »

L’objectif de l’analyse de contenu est également d’expliquer les activités cognitives du locuteur (ses
préférences thématiques, sa position idéologique, son attitude…)

Principes de l’ADC :

1. L’auteur d’un discours est dans le langage.

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Méthodologie de recherche 2016-
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a. Le langage est produit par un auteur qui a une pensée, un affect, des compétences.. chaque
individu a également une manière de s’exprimer, d'utiliser le langage

2. Rapporter le discours aux conditions de sa production :


a. Qui parle ? A qui ? Pour qui ? Quand ? dans quelle situation ? Sur quoi s’appuie t-on ?

3. Il n’y a jamais un discours mais des discours.


a. Ce discours s’adresse à quelqu’un, à qui ? est produit avec une intentionnalité ? laquelle ?

4. Dans un langage, il y a toujours pluralité de sens.


a. Ambiguité de la langue

Les 3 phases de l’analyse de contenu :

1. Constitution des catégories


2. Classer le contenu dans les catégories
3. Analyser

L’analyse catégorielle :

Il s’agit d’analyser des catégories ie des rubriques significatives, explicites.

Ex : Le mot : à répertorier ; les verbes actifs, les mots qui expriment un ressenti, l’emploi des pronoms
personnels ( je nous, ils, on.. )

Ex : Le thème (analyse thématique). Repérer les noyaux de sens, les concepts mobilisés. Le repérage d’un
thème peut être difficile, car il peut être contenu dans un mot, ou dans un paragraphe entier Ex : la culture.

Ex : L’objet ou le référent. Ex : Les moteurs de recherche. Il faudra repérer tout ce que le locuteur exprime sur
ce sujet.

Ex : La personne. Répertorier le nombre de fois où une personne est citée, où il est fait référence à... Ex : Le
bibliothécaire.

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Méthodologie de recherche 2016-
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Ex : L’événement : Les récits sont découpés en unités d’actions autour de l’événement.

Ex : L’unité numéraire : Etude portant sur la fréquence des mots (nombres), quantification.

Technique pouvant être associée à l’unité de contexte : ce qui permet de donner du sens.

L’analyse de contenu peut être quantitative ou qualitative.

Quantitative : Dans cette forme d’analyse, il est question de calcul de fréquence des éléments de sens
identifiés comme pertinents.

Il existe des outils logiciels qui permettent d’apprécier la fréquence d’un mot dans un document (ou corpus de
documents) / qui permettent de regrouper les termes autour d’une même catégorie thématique. (cf.
notamment Tropes).

Qualitative : A ce niveau, on considère les valeurs particulières des éléments linguistiques et les réseaux
de sens.

Dans la plupart des analyses de contenu, les deux aspects sont développés parallèlement.

Pour conclure,

Les critères de choix de la méthodologie à mettre en œuvre doivent répondre à :

• Quel outil utiliser ?


• A quelle étape du processus de recherche ?
• Pour quoi faire ?

Ces outils peuvent être utilisés à l’étape d’exploration, au moment où l’on prend connaissance du sujet,
parallèlement à l’état de l’art. Cette étape favorise l’utilisation d’outils ouverts, facilitant l’expression et le
recueil de données :

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Méthodologie de recherche 2016-
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• Entretien non directif


• Observation « flottante »
• Analyse de contenu des traces d’activité

Les résultats de ces premières études permettent ensuite de formuler des hypothèses.

Quand la méthodologie est mise en œuvre pour vérifier les hypothèses énoncées, elle nécessite l’utilisation
d’outils plus centrés, plus cadrés :
• Questionnaire
• Entretien semi-directif
• Observation centrée
• Analyse de contenu

La vérification d’hypothèses peut, dans certains cas, appeler l’utilisation de 2 outils.

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