RFG 231 0087

Peut-on faire mentir les chiffres ?
L'embellissement des informations financières par la comptabilité

d'intention
Nathalie Dagorn, Guillaume Biot-Paquerot, Aurélien Didierjean
Dans Revue française de gestion 2013/2 (N° 231), pages 87 à 101
Éditions Lavoisier
ISSN 0338-4551
ISBN 9782746245693
© Lavoisier | Téléchargé le 28/10/2023 sur www.cairn.info via Brest Business School (IP: 212.195.55.143)
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https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2013-2-page-87.htm
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DOSSIER
NATHALIE DAGORN
ICN Business School Nancy-Metz, CEREFIGE
GUILLAUME BIOT-PAQUEROT
Groupe Sup de Co La Rochelle, IRGO Bordeaux IV
AURÉLIEN DIDIERJEAN
Cabinet CFGS
Peut-on faire mentir

les chiffres ?
L’embellissement des informations
financières par la comptabilité d’intention
Cet article s’intéresse aux fondements des pratiques de

comptabilité créative, ou comptabilité d’intention, mises en
œuvre dans certaines entreprises, en soulignant notamment
l’opportunisme du dirigeant. À travers une étude de cas
menée dans le secteur automobile français, il montre les
effets de ces pratiques sur l’espace discrétionnaire des
dirigeants et la communication financière des entreprises non
cotées. L’article explique comment la comptabilité d’intention,
parfois à la limite de la fraude, implique une modification de
la réalité perçue par les parties prenantes.
DOI:10.3166/RFG.231.87-101 © 2013 Lavoisier

88 Revue française de gestion – N° 231/2013
D
ans l’inconscient collectif, la comptables dans le but de présenter les
manipulation des données comp documents de synthèse de l’entreprise sous
tables n’est jamais très éloignée du un jour plus favorable et/ou de légitimer
spectre de la fraude. Une requête « Fraude+ des décisions de gestion discrétionnaires
Comptabilité » tapée dans le moteur de (Colasse, 1991, 1995).
recherche Google donne 1 740 000 résultats Cette étude vise à établir dans quelle mesure
et « Accounting+Fraud » 43 400 000. Les la comptabilité d’intention permet au diri-
affaires survenues au cours des années geant de manipuler les informations finan-
2000 n’ont fait que renforcer cette per- cières de son entreprise, dont la diffusion
ception du grand public, les plus grands est pourtant réglementée, et par là même,
scandales financiers (Enron, Wordlcom, d’influencer la perception de celle-ci par
Parmalat pour les plus célèbres) ayant ses parties prenantes. Pour répondre à ces
été permis par le biais de l’interprétation questions, la première partie présente les
et du contournement des mécanismes de fondements de la comptabilité d’intention
contrôle, en particulier de mécanismes et explique l’intérêt dont elle fait l’objet
comptables. Si la fraude intègre la trom- dans le contexte actuel. La seconde partie
perie, comme mécanisme sous-jacent (le illustre le cadre théorique mobilisé à travers
dictionnaire Robert-Dixel propose une éty- un cas issu du secteur automobile.
mologie de la fraude à partir du latin fraus,
fraudis – tort, dommage résultant d’une
I – LA COMPTABILITÉ
tromperie –, quand Le Littré rapporte un D’INTENTION, MANTRA
lien avec le sanscrit dhru – tromper – et DES DIRIGEANTS
dhruti – séduction), Farell et Healy (2000)
l’intègrent dans une dimension sociale, La comptabilité est gouvernée par des
notamment au travers de sa composante principes et des règles qui garantissent
fonctionnaliste. Le comportement fraudu- l’éthique, la transmission en toute transpar-
leux serait ainsi induit par les conventions ence de l’information financière et per-
et les pressions sociétales, sous contrainte mettent au final la représentation compt-
culturelle. La comptabilité d’intention, able de l’entreprise au plus proche de sa
ou comptabilité créative (Stolowy, 1995), situation réelle (Genesse, 1995). L’image
en autorisant l’interprétation des règles fidèle permet de juger de la bonne applica-
comptables en fonction de l’intention des tion des principes comptables aux comptes
dirigeants, permet de modifier la percep- de l’entreprise (Stolowy et al., 2003). Elle
tion de la valeur créée par l’entreprise, et représente l’image la plus objective pos-
relève ainsi autant de la séduction que de sible qu’un acteur extérieur puisse avoir
la tromperie. En ce sens, elle intègre bien de l’entreprise. Mais, en tant qu’image,
la dimension fonctionnaliste décrite par elle présente forcément un certain degré
Farell et Healy (2000), en laissant une place de subjectivité. L’abandon de l’exigence
importante à l’interprétation des mesures d’exactitude dans la loi française en
comptables existantes (Bessard, 2002). 1983, et son remplacement par le principe
Les libéralités concédées permettent au d’image fidèle inscrit dans le code de com-
dirigeant d’exploiter certaines incertitudes merce, confirment l’existence d’un écart
Peut-on faire mentir les chiffres ? 89
entre la réalité économique de la situation par le marché et le secteur d’activité où

d’une entreprise et sa représentation comp l’entreprise intervient, des failles exploita-
table. Selon Noel (2005), les méthodes de bles par les acteurs.
représentation comptable dépendent large- Dans ce contexte, le recours à la compt-
ment de la finalité assignée à l’information abilité d’intention permet de profiter de
comptable et du point de vue adopté. Pour l’asymétrie d’information qui existe entre
Mard (2005, p. 14), l’intégration de l’inten- le dirigeant et les parties prenantes de
tion dans les comptes entraînerait une irrup- l’entreprise (Jensen et Meckling, 1976). En
tion du futur dans la comptabilité, la comp- effet, les marchés financiers sont les util-
tabilité d’intention se situant « à la frontière isateurs finaux de l’information financière
entre la comptabilité et la gestion, dans la délivrée par l’entreprise ; en leur soumettant
mesure où elle vise à préciser les intentions des informations erronées ou retraitées,
stratégiques des dirigeants, et notamment le dirigeant d’entreprise est en mesure
de justifier les changements d’intention ». d’influencer tout ou partie des destinataires
Il illustre son propos par certaines décisions de cette information financière (Mintzberg,
de restructuration ou de cessions d’actifs, 2006).
et leur impact sur les comptes, rarement La notion de comptabilité créative (ou
exposées aux parties prenantes. Il appelle comptabilité d’intention), développée par
de ses vœux une évolution des pratiques l’école de Rochester dans le courant du pos-
comptables en la matière afin de protéger itivisme comptable, est définie par Watts et
davantage les actionnaires et plus large- Zimmerman (1986) comme l’ensemble des
ment, l’ensemble des partenaires. techniques de comptabilité utilisé par le ges-
tionnaire pour modifier ses comptes dans un
1. Les fondements de la comptabilité sens favorable à ses attentes. Colasse (2000,
d’intention
p. 67) y voit « les pratiques d’information
Les recherches portant sur les marchés comptable, souvent à la limite de la légalité,
financiers incorporent majoritairement de certaines entreprises, qui en se jouant de
l’hypothèse des anticipations rationnelles la réglementation et la normalisation, cher-
et celle conjointe d’efficience des marchés chent à enjoliver l’image que la comptabil-
(Fama, 1998). Dans une version simplifiée, ité donne de leur situation et de leurs per-
l’hypothèse des anticipations rationnelles formances économiques et financières ».
suppose que le prix d’un titre est égal à Ces définitions laissent entrevoir que le
l’espérance mathématique conditionnelle champ d’application de la comptabilité
du prix futur, évaluée à partir de l’ensemble d’intention peut être large mais ramène
des informations à disposition des acteurs toujours à la question de la légalité des
du marché. Ceux-ci sont donc considérés techniques utilisées. « Les options de la
comme rationnels et agissant de manière comptabilité créative peuvent se placer le
efficiente. Cependant, selon les travaux de long d’un continuum allant de la simple
Stolowy et Breton (2003), il serait pos- optimisation de la présentation des comptes
sible de les induire en erreur, de les influ- en valorisant l’image de l’entreprise à la
encer voire de les manipuler : il existe, fraude » (Chalayer Rouchon et al., 2005).
en effet, selon le degré d’efficience atteint La comptabilité d’intention constitue donc
un outil efficace dans l’atteinte des buts s’appuyant non pas sur des chiffres mais sur
du dirigeant. Casta et Ramond (2010, p. 3) des mots. » Dans ces deux cadres, la compt-
voient la construction du résultat comme abilité d’intention peut être utilisée pour
un mécanisme de gouvernance en tant que présenter certaines informations financières
tel. Ils suggèrent « qu’il existe une pro- sous un meilleur jour.
fonde congruence entre les modalités du Stolowy (1995) explique que les dirige-
gouvernement d’entreprise et la nature de ants d’entreprise en difficulté optent pour
l’information véhiculée par la comptabilité la mise en œuvre d’une politique compt-
financière. (…) les principes et les concepts able dans un objectif simple de gestion du
fondamentaux qui structurent la compt- résultat. Dans un tel contexte, la technicité
abilité financière — comme le principe comptable peut être poussée à l’extrême et
de prudence, les conventions d’évaluation l’utilisation des techniques de comptabilité
(coût historique vs. juste valeur), le concept d’intention se situe alors à la limite de
d’image fidèle ou celui de comptabilité l’abus, le facteur permettant justement aux
d’intention (management approach)… — dirigeants de modifier leur politique compt-
n’acquièrent une signification réelle qu’au able en fonction du risque de faillite étant
regard d’une perspective de gouvernement le profit qu’ils tirent de l’asymétrie infor-
d’entreprise. » Pour Escaffre (1999), la per- mationnelle à l’égard des parties prenantes
formance est une notion éminemment sub- pour sauvegarder leurs intérêts. Différentes
jective, dépendant directement des objectifs techniques peuvent être employées à cet
fixés par les dirigeants. Il rapproche la effet (Stolowy, 1995). Les plus courantes
traduction de sa mesure dans les comptes à concernent les flux de transaction entre
la comptabilité d’intention, la communica- les filiales, afin de faire transiter les profits
tion autour de la performance correspon- vers les zones les plus fiscalement attrac-
dant aux objectifs stratégiques, les choix tives. D’autres se concentrent sur le haut de
comptables représentent alors fidèlement bilan, notamment au travers du traitement
l’intention du manager. des amortissements ou de l’évaluation des
Dès lors, si la communication d’infor immobilisations, et de leurs éventuelles
mations financières reste une obligation réévaluations. Parmi celles-ci, on trouve la
légale, elle s’inscrit de plus en plus large- cession bail (lease-back) ou l’échange de
ment dans une démarche volontaire et de prêts. Toutes ces techniques impactent plus
contrôle pour les dirigeants, utilisée à des ou moins durablement le résultat.
fins d’embellissement ou de bruitage de la
réalité des entreprises (Observatoire de la 2. Une démarche adaptative, traduction
communication financière, 2012). Rivière comptable de la créativité financière
(2010, p. 131) rappelle que les « gestion- Dans un contexte économique difficile,
naires mènent une stratégie d’information le dirigeant a intérêt à exploiter toutes
volontaire active […]. Les entreprises fran- les possibilités qui lui sont offertes pour
çaises cotées sont en effet passées d’une satisfaire les attentes des différentes par-
publicité financière à une communication ties prenantes. Pour faire face à une crise
financière utilisée comme outil stratégique, mineure touchant le secteur dans lequel
dans une approche de marketing relationnel une entreprise intervient, son dirigeant
peut décider de modifier ses choix en financière1 ; une entreprise pourra ainsi
matière de politique comptable (Scheid, dégager un résultat comptable différent
2008). L’embellissement de l’image de selon le référentiel choisi. Cette pluralité
l’entreprise par la sélection et la pré- de référentiels et de choix au sein d’un
sentation d’informations avantageuses est même référentiel est l’un des fondements
l’un des choix de modération possibles, de la comptabilité d’intention ; compt-
en jouant notamment sur ��
quelques inter- abilité d’intention et vagabondage compt-
stices de la comptabilité concernant la able se rejoignent, en effet, sur leur but :
présentation des indicateurs comptables et donner l’image la plus flatteuse possible
financiers traditionnels de l’entreprise, en de l’entreprise afin d’influencer les utilisa-
appliquant des techniques de comptabilité teurs de l’information financière.
d’intention, essentiellement à des fins de Ces stratégies sont renforcées sous l’effet
communication et éventuellement par de la globalisation de l’économie et des
opportunisme fiscal. La position de com- évolutions rapides de l’environnement
munication des entreprises a été définie par économique, technologique, social et poli-
Gibbins et al. (1990) et varie entre deux tique qui conduit les entreprises à réa-
pôles : le ritualisme et l’opportunisme. gir vite et à adapter leurs comportements
Le ritualisme désigne une reproduction (Danet, 2008). Pour faire face à cet envi-
rigoureuse et non critique des règles et des ronnement instable, le dirigeant doit sans
normes prescrites ; l’opportunisme impli- cesse intégrer de nouvelles informations et
que un rôle actif des managers qui tirent peut, dans certains cas, avoir recours aux
un avantage de la communication finan- techniques de comptabilité d’intention pour
cière en direction des autres parties pre- remporter l’adhésion des parties prenantes
nantes. La comptabilité d’intention relève (Chavagneux, 2008).
expressément de cette seconde position et Toutes ces techniques permettent au dirige-
la variabilité des référentiels comptables ant d’adapter sa stratégie aux changements
permet certaines pratiques potentiellement environnementaux et sont impactées par la
déviantes, pouvant déboucher sur ce que communication financière de l’entreprise.
Barbu (2003) qualifie de « vagabondage Pour les entreprises non cotées, les infor-
comptable ». Celui-ci consiste pour un mations fournies par les documents compt-
dirigeant à choisir le référentiel comptables constituent souvent la seule source
able le plus approprié aux besoins de son d’information disponible traitant de la situ-
entreprise en termes de communication ation financière de l’entreprise.
1. Pour apprécier la notion de vagabondage comptable, il est nécessaire de distinguer plusieurs périodes. Jusqu’en
janvier 2005, les groupes établissant des comptes consolidés avaient la possibilité de choisir entre plusieurs réfé-
rentiels comptables pour publier leurs comptes consolidés (US GAAP, normes comptables internationales IAS,
normes nationales) ; le choix d’un référentiel comptable autre que le référentiel national pouvait être expliqué par le
caractère international des activités exercées ou la composition de l’actionnariat. L’année 2005 constitue une année
charnière où l’application des normes comptables internationales de l’IASB (International Accounting Standards
Board) a été rendue obligatoire pour l’établissement des comptes consolidés des grands groupes internationaux
de l’Union européenne ; ainsi le vagabondage comptable ne découlait plus du choix du référentiel mais des choix
opérés au sein d’un même référentiel comptable, celui établi par l’IASB.
II – UNE ILLUSTRATION PRATIQUE (http://www.anfa-auto.fr). Elle a connu de

DANS LE SECTEUR AUTOMOBILE nombreux mouvements de concentration
Notre étude a pour but d’analyser les pra- au cours des dix dernières années, et fait
tiques de comptabilité d’intention mises notamment face à une actualité sociale
en œuvre par des dirigeants d’entreprises complexe en raison d’une conjoncture
non cotées en vue d’améliorer la présenta- économique défavorable. Le marché de
tion de leurs documents comptables. Nous l’automobile français a ainsi connu depuis
nous sommes intéressés à cette fin à un trois ans une baisse régulière du nom-
secteur exposé au risque et aux fluctua- bre d’immatriculations, atteignant en 2012
tions de l’activité, susceptible d’offrir aux son niveau de… 1993. L’activité n’a pu
dirigeants une incitation forte au recours connaître une légère progression durant
à la comptabilité d’intention. Notre choix les dernières années que grâce à diverses
s’est porté sur le secteur automobile, et mesures gouvernementales (écobonus,
plus particulirement sur une holding et un prime à la casse, allègement ou exonéra-
réseau de concessions de l’est de la France. tion de TVA, etc.) destinées à accroître les
En 2012, la branche des entreprises de ser- ventes de véhicules neufs dans un contexte
vices automobiles regroupe plus de 90 000 économique morose ; mesures progressive-
firmes et près de 420 000 emplois salariés ment remises en question. Du fait de la
MÉTHODOLOGIE
Nous avons réalisé une étude de cas auprès d’une holding de l’est de la France (Automeca2)
en analysant des données secondaires (rapports de séances de travail, comptes rendus de
réunions de direction), suivie d’une analyse confirmatoire sous la forme d’entretiens semi-
directifs auprès de huit dirigeants de concessions françaises. Trente-cinq dirigeants de
concessions automobiles ont été solicités pour participer à cette étude, selon des critères
de volume d’activité (CA) et de localisation géographique. Sur l’ensemble des demandes
envoyées, huit réponses positives nous sont parvenues (soit un taux de réponse de 22,86 %).
Vingt-deux demandes sont restées sans réponse, cinq réponses négatives pour des questions
de confidentialité ou de coût d’opportunité. La composition du panel de dirigeants interro-
gés, au cours du mois de mai 2010, est la suivante :
– cinq directeurs de concessions établies dans la région Lorraine (Vosges, Meurthe-et-
Moselle, Moselle) ;
– un directeur de concession établie dans la région Franche-Comté (Jura) ;
– un président d’un groupe de concessions (basées exclusivement en région Lorraine) ;
– un directeur commercial quart est d’un groupe national.
Les dirigeants ont été interrogés en direct et individuellement, selon un guide d’entretien ; la
durée des entretiens a varié de trente à quarante-cinq minutes.
2. Pour des questions de confidentialité, les noms de cette holding et de ses filiales sont modifiés dans cet article.
diminution du nombre de véhicules vendus des économies d’échelle tout en les refac-
et des marges depuis dix ans, la rentabilité turant aux diverses concessions. Enfin,
des concessions automobiles françaises a Automeca a depuis peu mis en œuvre une
chuté (Becherra, 2010). La comptabilité gestion centralisée de la trésorerie pour ses
d’intention peut apparaître dès lors, pour concessions.
certains dirigeants de concessions auto- L’organisation en groupe de sociétés per-
mobiles, comme un moyen de masquer ces met de rassurer les différents partenaires
difficultés et faire face à l’accroissement de financiers en termes de garanties et de
l’incertitude. surface financière. La gestion centralisée
1. Étude de cas de la trésorerie pour l’ensemble du groupe
permet également de réaliser des écono-
Automeca est la société holding d’un
mies de coûts de transaction, de bénéficier
groupe de quatre concessions automobiles
d’un effet de levier plus important et de
établies dans trois départements du quart est
conditions de financement plus favorables.
de la France (Meurthe-et-Moselle, Vosges,
Meuse). L’organisation de cette société Enfin, de par ce type d’organisation, le
holding est présentée dans la figure 1. groupe peut appliquer une fiscalité avanta-
geuse : en effet, il a pu mettre en place le
La société holding Automeca est une
société par actions simplifiée (SAS), elle régime fiscal des sociétés mères et filiales
joue un rôle important dans le groupe, en qui facilite la remontée de dividendes des
assurant notamment une unicité de décision filiales vers la société holding. La holding
pour la direction et la gestion du groupe est imposée uniquement sur une quote-part
de concessions ; cette unicité permet la de frais et charges évaluée forfaitairement
pérennité du groupe mais également la mise à 5 % des dividendes reçus par les filiales.
en œuvre d’une politique de croissance, Le groupe de sociétés dirigé par Auto-
de communication et de développement meca a fait le choix, pour la présentation
commune. Elle gère le parc informatique de ses états financiers, d’utiliser quelques
pour l’intégralité des entreprises du groupe techniques de comptabilité d’intention,
et facture des prestations de management en ayant recours notamment à des opéra-
à ses filiales en contrepartie ; elle effectue tions de désendettement, de cession-bail et
des commandes groupées pour permettre d’affacturage.
Figure 1 – Organisation du groupe Automeca (en % les parts détenues)
SAS Automeca
100 % 95 % 82 % 100 %
Api Auto Activcar Repar’auto Distri’auto

Le recours aux opérations bilan de l’entreprise Api Auto, engendrant

de désendettement une diminution de l’endettement figurant
Les opérations de désendettement ont deux dans ses documents comptables. Rappe-
finalités pour l’entreprise : la première est lons que le recours à une entité tierce pour
d’améliorer la présentation de son bilan et transférer une créance et une dette ne fait
la seconde d’influencer la détermination de pas partie des interdictions concernant les
son résultat comptable. Dans le cas étudié, compensations de créances et dettes défi-
Api Auto a souhaité sortir des dettes de son nies par la loi.
bilan afin de l’alléger et d’augmenter son Le recours aux opérations de cession-bail
résultat net annuel. Le principe de compen-
L’utilisation de la technique de cession-bail
sation des dettes et créances étant interdit
s’est déroulée dans un cadre particulier de
par la réglementation en vigueur (articles
prospection pour le groupe Automeca, afin
L.1289 et L.1299 du Code civil), l’entre-
d’analyser les impacts qu’aurait la prise
prise Api Auto a choisi de recourir légale-
d’une telle décision sur les comptes du
ment à une opération de désendettement.
groupe. Le cas d’espèce porte sur le fait
L’opération s’est déroulée de la façon sui-
que l’entreprise souhaitait recourir à une
vante : d’une part, l’entreprise était endettée
cession-bail immobilière, permettant d’une
à hauteur de 128 055 euros, dette rembour- part la diminution significative de l’endet-
sable par annuités constantes sur trois ans à tement figurant dans les documents de syn-
un taux de 4 %. D’autre part, elle détenait thèse du groupe et d’autre part l’augmen-
une créance à moyen terme résultant d’un tation du résultat de l’exercice. Le groupe
placement financier ; la créance s’élevait à Automeca a réfléchi à l’opportunité de cette
120 000 euros générant des revenus à un technique pour l’une de ses filiales Activcar
taux de 7,5 % (annuités constantes) sur après qu’un article de la loi de finances
une durée de trois ans. L’entreprise a donc rectificative pour 2009, adoptée le 20 avril
choisi de transférer sa dette et sa créance à 2009, a introduit une mesure fiscale avan-
une entité tierce s’assurant elle-même de la tageuse pour les entreprises ayant recours à
bonne gestion de la dette avec le paiement ce mécanisme. Jusqu’alors, cette opération
des échéances dues par l’entreprise grâce présentait un coût fiscal significatif pour le
aux revenus issus de la créance. cédant car la plus-value de cession dégagée
L’utilisation de cette technique de désendet- par l’immeuble était prise en compte immé-
tement a permis de dégager sur le résultat diatement dans le résultat imposable à l’im-
net de la SARL Api Auto une augmentation pôt sur les sociétés sur l’exercice au cours
du bénéfice de l’exercice : ce dernier a été duquel la cession-bail avait été réalisée.
constaté par anticipation par rapport à une L’article 3 de la loi de finances introduit
situation normale où la créance et la dette une dérogation optionnelle et temporaire au
auraient été menées à échéance. Certes, principe d’imposition immédiate et prévoit
ce résultat est « simulé » mais il a évité le que, désormais, le montant de la plus-value
provisionnement de créances douteuses. La de cession peut être réparti en parts égales
technique de désendettement a aussi permis sur les exercices clos pendant la durée du
de modifier radicalement la structure du contrat de crédit-bail sans pouvoir excéder
quinze ans. Toutefois, lorsque l’immeuble contre l’entreprise qui a cédé ses créances ;
est acquis par l’entreprise ou que le contrat c’est lui qui doit assumer l’intégralité du
de crédit-bail est résilié, le solde est imposé risque de non-paiement. L’affacturage pos-
immédiatement. sède d’autres avantages : simplification de
Il ressort de cette prospection que l’opéra- la gestion de trésorerie, amélioration de
tion de cession-bail constitue un très bon la fiabilité du portefeuille clients ou amé-
moyen de refinancement pour l’entreprise lioration de la présentation du bilan. En
Activcar et permet également de diminuer effet, l’affacturage n’apparaît pas dans les
l’endettement apparent dans ses états finan- documents de synthèse de l’entreprise (seu-
ciers ou tout du moins de ne pas faire appa- lement en annexe dans la rubrique « enga-
raître d’emprunt relativement au besoin de gements hors bilan ») car le risque de non-
financement de l’entreprise et ce, en toute paiement du débiteur n’est pas supporté par
légalité. L’ancien mécanisme de cession- l’entreprise mais par le factor. Cependant,
bail, pour lequel l’étalement n’était pas l’affacturage revêt quelques inconvénients :
prévu, aurait permis à l’entreprise d’amé- son prix est relativement élevé et il dispose
liorer significativement son résultat l’année encore d’une image négative auprès des
de constatation de la cession-bail ; cepen- dirigeants et de certaines parties prenantes.
dant, la disposition relative à l’étalement L’effet sur les comptes de l’entreprise Dis-
lui permet de faire face au coût fiscal lié à tri’Auto de l’opération d’affacturage menée
cette opération. est double. Elle a permis tout d’abord à
l’entreprise d’augmenter de façon significa-
Le recours à l’affacturage
tive sa trésorerie ; en ce sens, l’affacturage
Si l’affacturage ne représente pas de façon constitue un excellent moyen de finance-
formelle une mesure de comptabilité d’in- ment ; elle a en outre engendré un effet sur
tention, il a été utilisé par le groupe Auto- le besoin en fonds de roulement de l’en-
meca comme une technique de mobilisation treprise Distri’Auto : ce dernier a diminué
de créances pour sa filiale Distri’Auto. du montant correspondant aux créances
Cette technique de comptabilité d’intention cédées, soit 125 000 euros.
permet un transfert effectif des créances Afin de renforcer la robustesse de notre
à un établissement financier (dit factor) empire et de permettre une analyse plus fine
chargé d’en assurer le recouvrement. Dans des enjeux liés à l’utilisation de la compta-
ce cas précis, le factor choisi est une filiale bilité d’intention et son application concrète
d’un grand groupe bancaire français. Le dans le secteur automobile, nous avons
principal avantage du recours à l’affactu- interrogé huit dirigeants de concessions
rage (qui a largement pesé sur la décision automobiles dans une phase confirmatoire.
du dirigeant de recourir à ce type de recou-
vrement de créances plutôt qu’à d’autres 2. Entretiens confirmatoires
tels que l’escompte d’effets de commerce, Selon le guide établi, la première partie
la cession loi Dailly, etc.) est que le trans- de l’entretien s’intéresse au regard que les
fert des créances est effectif. En cas de dirigeants portent sur le marché français
défaut de paiement du débiteur, l’établisse- de l’automobile ainsi qu’aux impacts de la
ment d’affacturage ne peut pas se retourner crise économique. Les entretiens révèlent
que la moitié des répondants pose un regard techniques de comptabilité d’intention per-
critique sur le marché de l’automobile mettant la présentation des comptes d’une
français et sur ses évolutions futures. Cette entreprise sous un jour plus favorable. Pour
situation est due notamment aux inquié- la moitié des répondants, la raison principale
tudes entourant les aides gouvernementales du recours aux techniques de comptabilité
qui ont eu un impact fort sur les volumes d’intention est la concurrence ; pour 25 %
de ventes de véhicules neufs depuis l’an- c’est l’optimisation du résultat comptable,
née 2009. La concurrence accrue dans les 25 % restants étant partagés entre les
le secteur automobile est, selon les trois mutations environnementales et les rému-
quarts des répondants, la source princi- nérations à base d’options. Enfin, le fait
pale des difficultés auxquelles un dirigeant pour les dirigeants d’influer sur la politique
de concession automobile doit faire face. comptable et d’avoir la possibilité de la
Pour cinq des individus interrogés, les modifier selon leurs souhaits constitue un
marchés financiers ont une incidence sur consensus pour six des huit répondants ;
les décisions prises, notamment en raison en effet, ils jugent que la situation doit être
de l’étroite relation qui existe dans les appréciée par rapport aux circonstances
entreprises managériales entre dirigeants dans lesquelles se trouve l’entreprise, de la
et actionnaires. Enfin, pour sept répondants position du dirigeant, etc.
sur huit, la crise économique généralisée à Les différents entretiens menés confirment
l’ensemble des secteurs économiques favo- que les dirigeants interrogés possèdent
rise l’optimisation du résultat comptable et de réelles connaissances en matière de
donc le recours à l’utilisation de techniques politique comptable, voire d’optimisation
de comptabilité d’intention. comptable. Cependant, ils sont également
La seconde partie de l’entretien interroge les au fait des risques liés à l’utilisation de la
pratiques des dirigeants en matière de comp- comptabilité d’intention et de l’impact que
tabilité d’intention. Les réponses obtenues peut revêtir la modification de la politique
révèlent tout d’abord que les dirigeants ont comptable sur l’entreprise et ses différents
une vision assez exhaustive de la politique partenaires.
comptable et de son impact sur la présenta-
tion des documents de synthèse de l’entre- 3. Discussion
prise. En effet, sept répondants reconnais- Les problèmes récents dus à la crise éco-
sent que la comptabilité est une technique à nomique, qui ont touché quasiment tous
part entière et jugent utile de recourir à des les secteurs, ainsi que les défis liés à la
experts pour établir des situations comp- problématique environnementale plus spé-
tables. Un paramètre encore plus significatif cifiques à l’industrie automobile, compli-
pour notre étude est mis en lumière : 62,5 % quent la mission des dirigeants de conces-
des répondants considèrent la comptabilité sion. Ceux-ci doivent composer avec le peu
comme une véritable variable d’ajustement de visibilité qui existe sur ce secteur et la
dont dispose le dirigeant dans l’exercice constante incertitude qui y règne. La tâche
de ses fonctions, à utiliser néanmoins avec du dirigeant s’avère donc compliquée par
mesure. Parmi les dirigeants interrogés, cette conjoncture spécifique. L’étude du
ils sont sept sur huit à connaître plusieurs cas Automeca confirme que le dirigeant
peut contribuer à modifier l’image de son avec les partenaires, etc. Un point qui n’a
entreprise en s’appuyant sur la comptabilité pas été directement abordé dans nos entre-
d’intention. tiens réside dans l’amélioration de la valeur
L’utilisation des trois techniques de comp- perçue (et ressentie) par les dirigeants du
tabilité d’intention décrite précédemment groupe sur le marché des dirigeants, au
a permis au groupe Automeca de dimi- niveau local, voire au sein de la branche
nuer son endettement apparent dans ses professionnelle.
comptes et d’améliorer significativement Le marché automobile précéde d’un mimé-
la présentation de ses états financiers. tisme certain par rapport à d’autres mar-
Sans l’utilisation de ces mécanismes, chés de biens d’équipement, notamment en
l’endettement apparent dans les comptes termes de perception du risque et d’adap-
du groupe aurait été bien supérieur ; un tation des dirigeants. Il en découle que
emprunt aurait été contracté pour rempla- l’usage des techniques de comptabilité
cer le moyen de financement que constitue d’intention identifié dans le contexte par-
la cession-bail (pour un montant d’environ ticulier du marché automobile pourrait être
300 000 euros). Par ailleurs, le recours à observé de façon comparable dans d’autres
la comptabilité d’intention a globalement secteurs d’activité.
amélioré la présentation et la structure Néanmoins, quelques limites inhérentes
du bilan des entreprises du groupe : le à cette étude susbistent. Les pratiques de
montant des créances clients a été réduit comptabilité d’intention ne sont pas dévoi-
du fait du recours à l’affacturage, ce qui a lées facilement par les dirigeants car elles
entraîné l’amélioration de la trésorerie et traduisent des décisions de gestion dis-
la diminution du besoin en fonds de rou- crétionnaires de leur part et une volonté
lement du groupe. Découlant de la volonté d’influencer tout ou partie des stakeholders
de modification et d’amélioration de la de l’entreprise. Pour la même raison, les
politique comptable de la part du dirigeant, réponses fournies par les dirigeants des
ces opérations ont donc eu un impact posi- filiales peuvent avoir été biaisées, notam-
tif sur les comptes du groupe. ment quant aux motivations sous-jacentes
Il en découle que le recours à ces tech- à l’emploi des techniques décrites, par
niques de comptabilité créative pour le opportunisme et/ou isomorphisme vis-à-vis
groupe Automeca, dont l’actionnariat est des autres parties prenantes.
concentré, n’est pas destiné à influencer les Nous pensons qu’il est possible de com-
actionnaires, qui sont, comme l’ont montré pléter notre étude de deux manières : la
les entretiens, parfaitement au fait de ces première consisterait à élargir les entretiens
pratiques et de leur effet sur les comptes à davantage de partenaires des concessions
du groupe. Il s’agit, dans le cas présent, de automobiles (clients, fournisseurs, ban-
permettre au dirigeant de présenter au tiers quiers, etc.) ; la seconde consisterait dans
(clients, fournisseurs, banques, etc.) une la triangulation au sens de Yin (2010) des
image plus favorable du groupe par l’utili- informations issues des entretiens, en s’ap-
sation de moyens légaux comptables en vue puyant par exemple sur des documents ou
d’une obtention plus aisée de crédits, d’une des publications d’instances représentatives
amélioration de la relation commerciale (chambre de commerce, conseil national
des Professions de l’automobile, conseil rence, du dirigeant, dont la rémunération

national de la Comptabilité, Parlement). peut être liée aux résultats financiers de
l’entreprise). Cette définition nous renvoie
CONCLUSION à l’éthique des dirigeants et aux limites
qu’elle impose aux pratiques de compt-
Cette étude montre que les dirigeants abilité d’intention : sachant que le principe
d’entreprises peuvent user des techniques d’image fidèle doit être respecté dans toute
de comptabilité d’intention afin de légi- politique comptable, le fait de modifier
timer des décisions favorisant leur entre- sciemment l’image de l’entreprise constitue
prise ou de présenter les états financiers de un dépassement de la frontière éthique que
l’entreprise de manière plus attractive en le dirigeant doit assumer.
vue des interactions diverses avec leurs par- Sur le plan légal, la modification de l’image
ties prenantes. Dans ce contexte, la compt- comptable de l’entreprise n’est pas dénuée
abilité d’intention apparaît comme une vari- de risques (Gelard, 2008). Le dirigeant
able d’ajustement, une sorte d’interstice en doit être conscient que les décisions prises
management, que le dirigeant peut exploiter vont directement influencer les différen-
dans certaines circonstances. Si cette marge tes parties prenantes de l’entreprise. Ainsi,
discrétionnaire permet de lisser les effets la modification de la politique comptable
de marché, des situations économiques dif- par l’introduction de techniques de compt-
ficiles ou encore de masquer des erreurs, abilité d’intention entraîne des risques
elle n’est pas sans limites et inconvénients. comptables et financiers découlant du non-
En termes de marge de manœuvre, la respect de la réglementation en vigueur,
principale limite qui s’impose au dirige- voire le risque de faillite en présence de
ant est la loi : en effet, le dirigeant peut choix non judicieux. Ces choix peuvent
enjoliver l’image reflétée par son entreprise engager également la responsabilité pénale
mais seulement dans la stricte application des dirigeants si le délit de présentation
du cadre légal. Stolowy et Breton (2003) de comptes inexacts est constitué (articles
remarquent d’ailleurs que les différences L. 1741 du code général des impôts) : ce
entre gestion du résultat et fraude comp- dernier est consommé lorsque la présenta-
table sont ténues, intégrant dans les deux tion ou la publication des comptes annuels
cas une manipulation de l’esprit nécessitant ne donne pas une image fidèle des opéra-
l’intervention d’un auditeur externe pour tions de l’exercice, de la situation financière
trancher. En ce sens, la fraude en entreprise et du patrimoine de l’entreprise à l’issue
a également été caractérisée par l’Associa- d’une période donnée. Pour que la fraude
tion of Certified Fraud Examiners – ACFE soit caractérisée, son auteur doit avoir agi
(2012, p. 6) comme le recours à la publi- sciemment et l’inexactitude qui caractérise
cation d’états financiers frauduleux en vue la présentation de comptes inexacts doit
d’un enrichissement personnel (en l’occur- être connue3.
3. Ce délit est sanctionné de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à 500 000 euros pour
les personnes physiques et 1 875 000 euros pour les personnes morales.
Comme le souligne Mard (2005, p. 14), Le risque managérial concernant le recours

le fait que l’intention puisse être consi- aux différentes techniques de comptabilité
dérée comme « une irruption du futur dans d’intention est donc avéré mais parfois
la comptabilité » autorise les projections, « accepté » par les dirigeants face à des
souvent optimistes, des dirigeants. Se fai- contraintes personnelles ou des objectifs
sant, elles contribuent à transformer les trop ambitieux. Watts et Zimmerman (1986)
comptes annuels en outils de communica- postulent que « la comptabilité est un sys-
tion. Il en appelle ainsi à l’émergence de tème d’information et en tant que tel elle
mécanismes de contrôle alternatifs (intro- est utilisée par les détenteurs d’enjeux pour
duction d’outsiders indépendants dans les servir leurs intérêts propres ». Le respect
conseils de direction, commissaires aux des principes fondamentaux de la compt-
comptes, renforcement du contrôle par les abilité n’est pas facilement conciliable avec
actionnaires, etc.) pour contrer ces libé- une problématique d’atteinte d’objectifs et
ralités ; pour lui, « la mise en place d’une de rentabilité toujours croissante (Lanoue et
structure forte de contrôle de l’entreprise Peltier, 2006). Cependant, la responsabilité
constitue également un moyen d’améliorer du dirigeant étant engagée en cas de non-
la transparence de l’information finan- respect de la réglementation comptable et
cière, et en particulier de limiter la gestion fiscale, on peut penser qu’il sera de fait
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DOI:10.3166/RFG.231.87-101 © 2013 Lavoisier

entre la réalité économique de la situation par le marché et le secteur d’activité où

II – UNE ILLUSTRATION PRATIQUE (http://www.anfa-auto.fr). Elle a connu de

Figure 1 – Organisation du groupe Automeca (en % les parts détenues)

Api Auto Activcar Repar’auto Distri’auto

Le recours aux opérations bilan de l’entreprise Api Auto, engendrant

des Professions de l’automobile, conseil rence, du dirigeant, dont la rémunération

Comme le souligne Mard (2005, p. 14), Le risque managérial concernant le recours

Stolowy H. (1995). « Comptabilité créative », Revue fiduciaire comptable, n° 212, octobre,

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